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GEOHISTOIRE DES PROBLEMES D’ENVIRONNEMENT Partie Edwin ZACCAI 2014-2015.2

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GEOHISTOIRE DES PROBLEMES D’ENVIRONNEMENT

Partie Edwin ZACCAI 2014-2015.2

Plan de la 3ème partie

1  L'environnement comme problème(s) 2  Les précurseurs de l’écologie 3  Formation de la question environnementale moderne 4  Les courants de pensée du développement durable 5  Histoire récente des questions environnementales et du

développement durable (faits marquants) 6  Perceptions sociales des questions environnementales 7  « La société de consommation face aux défis

écologiques » 8  Croissance, environnement et crise économique

Géohistoire 2014. EZ2

Le  Club  de  Rome  :  industriels,  experts,  «  technocrates  »  Un  rapport  est  commandé  à  des    scien=fiques  du  MIT:  Forrester,    D.  et  D.  Meadows,  …  Scénarios  de  long  terme,  hypothèses  Impact  majeur  sur  les  débats  à  propos  de  la  croissance  économique  et  de  la  popula=on  

Follow  up:    "Beyond  the  limits"  1992  "The  30  years  update",  2004  "2052",  2012  Et  de  très  nombreux  livres  qui  s'inspirent  de  ceWe  vision    Club  de  Rome  encore  très  ac=f  hWp://www.clubofrome.org/  hWp://www.clubofrome.eu/  

Dynamique des systèmes de HC : Une modélisation du monde, avec un nombre limité de variables

"Overshoot  and    Collapse"  

"Dépassement  et    Effondrement"  

Pas de vision claire des limites !

C’est  pire  …  

Un bilan de Halte à la croissance ?

!  Innovante utilisation de l’informatique, scénarios comme vecteur de message,

!  Le monde en tant qu’unité: pas assez d’attention pour les différences entre régions du monde

! Surestimation de la croissance démographique (14,4 milliards en 2035) ! Accent trop fort sur les non renouvelables (métaux), et pas assez sur les

renouvelables (eau, forêts) !  Le problèmes de l’absorption des pollutions ("sink") est devenu croissant

par rapport à celui des ressources ("source") ! Pétrole (peu évoqué) et surtout climat (encore vague) ont pris de

l’importance ! Recommandations abstraites plus que politiques

! Une nouvelle actualité ? (ressources, terres, croissance)

3.5. Autres auteurs 1969 : P and A. Ehrlich : "The Population Bomb" : néo-malthusien.

Prédit des centaines de millions de morts pour pénuries alimentaires au tournant du Xxème siècle. Biologiste, insiste bp sur population. Mais environnementaliste critiquant aussi les entreprises, y compris la désinformation ("Betrayal of science and reason" 1988)

1968 : G. Hardin : "The Tragedy of the Commons" : comment respecter environt commun ?. Insiste bp sur limitation de la population "Lifeboat ethics". Anti-immigration, crainte envers les pauvres, … http://www.garretthardinsociety.org

1971 : B. Commoner : "The Closing Circle" : recyclage, technologies propres, appelle à la fin du productivisme. Pointe les liens avec justice sociale, encore peu mis en évidence (du fait de l'orientation naturaliste de grandes assoc écologistes US). Changera ds le Devt durable

1973 : KE Boulding : "The Economics of the Coming Spaceship Earth" : les ressources de la terre sont limitées (pas de Conquête de l’Ouest possible). “Celui qui croit qu’une croissance peut être infinie dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste”.

Craintes d'une croissance de la population et/ou d'une surexploitation des ressources

André Gorz

!  1923-2007 (co-fondateur du Nouvel Obs. 1964) !  Influencé par Marx, Sartre, Illich, Club de Rome !  Autonomie de l’individu !  Critique du capitalisme, de la productivité !  Prône une norme du suffisant (p/r à norme de

l’efficience) !  Partage du travail !  Lecture au cours: extrait de "Ecologie et

liberté" (1977) ! Mémoire S. Craps: « Les critiques écologistes de la consommation. La pensée d’Ivan Illich et André

Gorz » ! http://mem-envi.ulb.ac.be/Memoires_en_pdf/MFE_07_08/MFE_Craps_07_08.pdf

Ivan Illich

!  1926-2002: Grande influence en Europe !  La société industrielle et la perturbation de l’équilibre vital de

l’homme !  L’exportation de la logique productiviste via le concept de

"développement" !  La modernisation de la pauvreté, qui devient "misère" !  La contre-productivité: impacts de la productivité diminuent les

progrès. Ex. la "vitesse généralisée" d'un véhicule qui tient compte du temps utilisé pour gagner l'argent nécessaire à le payer

!  La Convivialité !  Le renversement des institutions (école, santé, …) et la sortie de

l’expertocratie !  Se réclament en partie d'Illich : André Gorz, Serge Latouche, Jean-

Paul Dupuy, Wolfgang Sachs, …

Conclusions sur les précurseurs

!  Presque tous les ingrédients sont là: approches scientifiques, systémiques, montrant l'influence inédite de l'homme sur Terre, et appelant à des réformes

!  Réformes demandées en sciences, en gestion de la population, des techniques, de l'économie, de la participation

!  Changements sociaux importants à partir des années 60 en occident, qui portent ces évolutions, mais sans changements très sensibles ds la réalité

!  L'époque post '70 va amener des politiques d'environnement, des reconfigurations sous l'angle du développement durable, et une extension de ces thèmes dans d'autres pays du monde

Lacroix et Zaccai 2010, d'après Boy et Eurobaromètre

Les hauts et les bas de l’inquiétude climatique en Europe (Eurobaromètres 1982-2009)

• Tous les pays, sauf la Grèce et la Suède de temps à autre, par moments suivent le même « canal ».

Grèce  

Suède;  39%  

30%  

38%  

62%  54%  

37%  39%  45%  

75%  

68%  63%  

30%  

18%  

17%  

0%  

20%  

40%  

60%  

80%  

100%  

120%   France  

Belgique  

Pays-­‐Bas  

Allemagne  -­‐W  

Italie  

Luxembourg  

Danemark  

Irlande  

UK  

Grèce  

Espagne  

Portugal  

Finlande  

Suède  

Autriche  

Chypre  

Rép.  Tchèque  

Estonie  

Hongrie  

LeZonie  

Lithuanie  

Malte  

Pologne  

Slovaquie  

Slovénie  

Total  

%  de  très  inquiets  du  changement  clima=que    

%  de  ceux  pour  qui  le  problème  est  «  le  plus  sérieux  »  d’une  liste  

JP Bozonnet, 2010

4. Les courants de pensée du développement durable

4.1. Développement durable 4.2. Modernisation écologique 4.3. Critiques radicaux du développement 4.4. Risques et relations sciences-sociétés 4.5. Ecologie profonde (hors développement durable) 4.6. Economie et technologies sans remise en cause

environnementale 4.7. Synthèse et courants : formes de soutenabilité;

question des inégalités

4.1. Développement durable

Dans tout ce qui suit (point 4), le développement durable est pris comme un concept englobant qui succède aux tentatives des précurseurs en environnement (point 3). Il y a de nombreuses interprétations du développement durable, qui vont se placer dans le graphique (ellipse)

Dans ce point 4.1. nous allons voir particulièrement le Rapport Brundtland, lui-même situé dans les définitions du DD au niveau de l'ONU

Sur le site du cours on trouvera un texte de support sur le développement durable, et un autre sur le Rapport Brundtland.

B. Hopwood et al., "Mapping Sust Devt", 2005

Articulation des travaux sur le DD

1987: Commission Mondiale pour l’Environnement et le Developpement (Rapport Brundtland)

1992: Conférence des NU sur l’Environnement et le Développement (Sommet de la Terre, Rio)

1997: Protocole de Kyoto (Convention cadre des NU sur les changements climatiques)

2002: Sommet Mondial du Développement Durable (Rio+10, à Johannesburg)

2007: Prix Nobel de la Paix à Al Gore et au GIEC (4ème rapport)

2009: Sommet de Copenhague (CCNUCC)

2012: « Rio+20 »

1987 1992 1997 2002 2007 2009 2012

Au niveau international les politiques climatiques sont liées au DD, car le CNUCC a été lancée à Rio, qu'elles sont formulées en référence au DD, et que ces problèmes sont devenus capitaux pour le DD

Développement durable : repères au niveau ONU (1987-2014)

Géohistoire 2014. EZ2

Commission Mondiale pour l’Environnement et le Développement: « Rapport Brundtland »

!  C'est le rapport fondateur du développement durable et celui où l'on trouve des définitions officielles (chap. 2).

!  "Our common future" ("Notre avenir à tous"): Reformulation des problèmes de développement, avec promotion de l'environnement

!  "Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre à leurs propres besoins" ( = l'une des définitions)

!  Mandat de l'ONU. en 1982 à un groupe de 21 experts internationaux, présidé par Mme G.H. Brundtland, la Commission Mondiale pour l'Environnement et le Développement (CMED). Pour tracer une stratégie mondiale conciliant environnement et développement.

!  Auditions publiques (1985-1987). Inclusion de remarques dans le rapport. 

Table des matières Avant propos de la présidente

Une Terre , un monde

Première Partie : Préoccupations communes

Un avenir compromis

Vers un développement durable

Le rôle de l’économie mondiale

Deuxième Partie : Problèmes communs

Population et ressources humaines

Sécurité alimentaire : soutenir le potentiel

Espèces et écosystèmes: les ressources au service du développement

Énergie : des choix pour l'environnement et le développement

Industrie : produire plus avec moins

Le défi urbain

Troisième Partie : Efforts communs

La gestion du patrimoine commun

Paix, sécurité, développement et environnement

Vers une action commune

Lecture

!  Extrait du chapitre introductif "Un défi mondial", dans la section 2, "Des crises qui s'imbriquent"

!  Texte sur site du cours et texte complet du rapport sur

http://fr.wikisource.org/wiki/Notre_avenir_%C3%A0_tous_-_Rapport_Brundtland

! Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion :

! le concept de « besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité, et

! l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir.

! Ainsi, les objectifs du développement économique et social sont définis en fonction de la durée, et ce dans tous les pays – développés ou en développement, à économie de marché ou à économie planifiée. Les interprétations pourront varier d’un pays à l’autre, mais elles devront comporter certains éléments communs et s’accorder sur la notion fondamentale de développement durable et sur un cadre stratégique permettant d’y parvenir.

! Le développement implique une transformation progressive de l’économie et de la société. Cette transformation, au sens le plus concret du terme, peut, théoriquement, intervenir même dans un cadre sociopolitique rigide. Cela dit, il ne peut être assuré si on ne tient pas compte, dans les politiques de développement, de considérations telles que l’accès aux ressources ou la distribution des coûts et avantages. Même au sens le plus étroit du terme, le développement durable présuppose un souci d’équité sociale entre les générations, souci qui doit s’étendre, en toute logique, à l’intérieur d’une même génération.

Chapitre 2: « Vers un développement durable »

!  Le principal objectif du développement consiste à satisfaire les besoins et aspirations de l’être humain. Actuellement, les besoins essentiels de quantité d’habitants des pays en développement ne sont pas satisfaits : le besoin de se nourrir, de se loger, de se vêtir, de travailler. Qui plus est, au-delà de ces besoins essentiels, ces gens aspirent – et c’est légitime – à une amélioration de la qualité de leur vie. Un monde où la pauvreté et l’injustice sont endémiques sera toujours sujet aux crises écologiques et autres. Le développement durable signifie que les besoins essentiels de tous sont satisfaits, y compris celui de satisfaire leurs aspirations à une vie meilleure.

!  Un niveau supérieur au minimum vital serait envisageable à la seule condition que les modes de consommation tiennent compte des possibilités à long terme. Or, nombre d’entre nous vivons au-dessus des moyens écologiques de la planète, notamment en ce qui concerne notre consommation d’énergie. La notion de besoins est certes socialement et culturellement déterminée; pour assurer un développement durable, il faut toutefois promouvoir des valeurs qui faciliteront un type de consommation dans les limites du possible écologique et auquel chacun peut raisonnablement prétendre.

Le Rapport Brundtland en 7 principes

1.  Reprise de la croissance

2.  Modification de la qualité de la croissance

3.  Satisfaction des besoins essentiels en ce qui concerne l’emploi, l’alimentation, l’énergie, l’eau, la salubrité

4.  Maîtrise de la démographie

5.  Préservation et mise en valeur de la base de ressources

6.  Réorientation des techniques et gestion des risques

7.  Intégration des considérations relatives à l’économie et à l’environnement dans la prise de décision

SOCIAL Insertion-exclusion Santé des pop.

ENVIRONNEMENT Chgts climatiques Ressources envirtales

ECONOMIE Capacités productives Inserst°ds Mondialis. Innovat°, Recherche

DURABLE

Equitable Inégalités/solidarité

Vivable Santé-environnement

Viable Modes de prod/conso

Autre définition : Le développement durable est un équilibre entre trois types d'objectifs

NB. Sur le site du cours voir texte de support à ce sujet !  Une notion aussi peu connue qu'influente !  Initiée par des chercheurs dans les années 80 aux Pays-Bas,

en Allemagne et aux USA. !  Selon la ME un certain nombre de sociétés modernes ou

postmodernes capitalistes ont progressivement intégré des objectifs de protection de l'environnement, via des changements institutionnels et surtout technologiques. Ces derniers ont été développés par des entreprises constatant l'intérêt économique à avancer dans ce sens, encouragées par des incitants des pouvoirs publics et la demande de consommateurs plus conscients des problèmes écologiques

!  La Croissance verte est dans cette lignée (voir PNUE)

4.2. Modernisation écologique

Géohistoire 2014. EZ2

Profil de la ME

Géohistoire 2014. EZ2

!  Gagnant-Gagnant !  Pragmatique et rationaliste. Réformer les marchés !  Approche holistique des impacts (ACV), et des acteurs

(nouvelle gouvernance) !  Importance des choix des consommateurs et de la demande

"verte" !  Limites: Effet Rebond: consommer des produits plus verts

mais en plus grande quantité ne résout pas le problème (cf IPAT)

!  De plus certains prob ont peu de solutions techno de marché (biodiversité par ex.)

!  Par rapport au DD, les questions de justice sont peu abordées. NB. Chez Laurent et Fitoussi "La nouvelle écologie politique"(2008) oui (v.+loin)

Limites de la ME selon les pays

Géohistoire 2014. EZ2

!  Limite ds pays riches : il faut une politique favorable à cette orientation (secteurs verts comme porteurs de devt) et pas une opposition à l'écologie. C'est plus le cas en Allemagne qu'aux USA, mais cela peut évoluer

!  Autre problème: les nouveaux marchés "verts" peuvent aussi être saisis par des pays concurrents

!  Limite ds pays en devt. On retrouve cette orientation dans de nouveaux pays émergents: très présent en Chine notamment. Mais ds pays à dominance agricole, la ME est peu pertinente : les solutions ne sont pas dans de nouvelles technologies avancées. Au contraire, la ME tend à imposer l'importance des problèmes du Nord et ses critères technologiques

Prolongements de la ME et lectures

Anthologie : The Ecological Modernisation Reader (Earthscan)

1992 : A. Gore,"Earth in the Balance : Forging a New Common Purpose". Al Gore est un représentant éminent de la modernisation écologique: solutions techniques, sciences, entreprises, instruments économiques, de même que A. Lovins (USA)

1997: Von Weiszacker et al., "Facteur 4" (autre rapport au Club de Rome). Prouver que des solutions technologiques sont rentables, modifier l'enseignement, diffuser

Remarquer que le Club de Rome lui-même est sensible à cette approche

1992: Le 5è programme européen pour l'environnement "Vers un développement durable" s'inspire de cette approche.

1992 : S. Schmidheiny, "Changing Course" (Business for Sustainable Development) Ce milliardaire suisse, lié à entreprise d'amiante (Eternit), a vu le poids des risques du passé. A été condamné en juin 2013 à Turin à 18 ans de prison pour plus de 1000 victimes en Italie. Signe de l'importance motivante des risques issus des entreprises ds leurs évolutions (en plus des incitants de nouveaux marchés). NB. En novembre 2014: acquitté en appel

Le BCSD est créé à l'époque de la conférence de Rio. Il défend une vue proactive du rôle de entreprises, "parties de la solution"

2002 : WBCSD, "Walking the talk". Présentation d'exemples de réalisations. Mais le WBCSD comprend environ 200 très grandes multinationales de tous ordres (ex. Gazprom), soit 12 Mio de salariés (en 2007)

ME: encore des applications

Pour la séance prochaine

Géohistoire 2014. EZ2

!  Prenez connaissance des théories et positions de Bjorn Lomborg et du Copenhagen Consensus Center.

Ce sera discuté au cours sur les principes et sur des exemples.