prospective À l'ombre de l'ani et des contrats … · offrirait donc de nouvelles...
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Livre Blanc
Quelle sera la protectionsociale des Français en 2025 ?PROSPECTIVE À L'OMBRE DE L'ANI ET DES CONTRATS RESPONSABLES
JUILLET 2015
S O M M A I R E
Présentetfuturdelaprotectionsociale05
03 Éditorial
14Del'ANIàlaprotectionsocialegénéralisée:enjeuxetpremierbilan
19Impassesetsolutionsàladépendance
25Bouleversementsdumarché:au-delàdesfrontières
29Digitalisation,objetsconnectésetgénétique
36Présentationdesauteursetméthodologie
37 Lexique
04 Remerciements
ColombusConsulting
3 ColombusConsultingLivreBlancProtectionSociale
É D I TO R I A L
La protection sociale en France, question sensible et complexe, a déjà fait l’objet de nombreux ouvrages. Toutefois, dans la plupart d’entre eux, les industriels de l’assurance y sont peu sollicités alors même que leur rôle et leur responsabilité sont essentiels au fonctionnement et à la péren-nité du système.
Considérant qu’une analyse globale et prospective du sujet requiert la vision de l’ensemble des parties prenantes, nous avons donc souhaité nous entretenir avec des dirigeants de tout horizon, mutuelles, groupes de protection sociale, assu-reurs et courtiers. Ce Livre Blanc, co-écrit par Marc Nabeth et Laurène Tallon, est le produit des témoignages, analyses et questionnements de 20 dirigeants du secteur de l'assurance et de la protection sociale. Outre la riche diversité de ses intervenants, cette étude est inédite car elle met en cohérence les différents enjeux auxquels notre système de protection sociale est confronté : chômage de masse, éclatement des trajectoires professionnelles et familiales, vieillissement de la population, augmentation des coûts de santé, révolutions technologiques… Répondre à ces enjeux nécessitait de dépasser le simple constat de l’illisibilité du système. Le prisme de l’assurance santé sur fond de tensions réglementaires entre acteurs du privé et pouvoirs publics offre déjà un premier éclairage. Mais d’autres thématiques méritaient d’être explorées afin de dresser une vision d’en-semble de notre protection sociale dans un avenir proche. Ce Livre Blanc revient donc sur la faiblesse de la prévoyance, les difficultés de financement de la dé-pendance, les bouleversements du marché de l’assurance, la révolution digitale et les retours d’expérience de l’international. Nous remercions l’ensemble des intervenants qui, avec une réelle honnêteté in-tellectuelle, le désir de partager leurs expériences et une volonté d’adopter une démarche ouverte et innovante, ont permis de bâtir cette vision consolidée. Et s’il nous faut regretter que les pouvoirs publics n’aient pas souhaité s’associer à ce dialogue constructif, il en ressort des enseignements aussi riches qu’inédits. A l’heure où la majeure partie des Français s’estiment mal couverts en dépit d’un bon niveau de protection, que bien des pays nous envient, nous sommes convaincus que le devenir de notre système revêt un enjeu citoyen majeur, au cœur de notre démocratie libérale. C’est aujourd’hui que se tracent les grandes lignes du système de protection sociale de demain.
Catherine HélaineDirectrice Générale de Colombus Consulting
R E M E R C I E M E N T S
LivreBlancProtectionSociale
Ce travail a été possible grâce à la contribution passionnante des dirigeants
et spécialistes de l’assurance et de la protection sociale qui nous ont apporté
leur temps et leur éclairage. Recueillir leur témoignage et leurs analyses
fut un moment privilégié.
André Renaudin Directeur Général AG2R LA MONDIALE
Philippe Dabat Directeur Général Délégué AG2R LA MONDIALE
Sylvain Coriat Directeur Assurances de Personnes ALLIANZ
Philippe Barret Directeur Général APICIL
Philippe Risbourg Directeur Général ACTIL
Bruno Rousset Président Directeur Général APRIL
Didier Weckner Directeur Général Délégué AXA France
Lucie Taleyson Directrice Technique et Marketing AXA Solutions Collectives
Magaly Siméon Directrice Business Unit Protection Sociale et Services CNP Assurances
Stéphane Dedeyan Directeur Général Délégué GENERALI
Sylvain Merlus Directeur Général Adjoint de GROUPAMA Centre-Atlantique (lors des entretiens directeur assurances collectives Groupama Gan Vie et directeur Gan Eurocourtage)
Bruno Céron Directeur Général Adjoint HARMONIE MUTUELLE et Directeur Général KALIVIA
Isabelle Hébert Directrice Assurance MGEN
Arnaud Boudesseul et Gustave Pelzer Cofondateurs MIIIR
Patrick Degiovanni Directeur Général Adjoint PACIFICA
Frédéric Côme Directeur SMIP – Groupe MACIF
François-Xavier Albouy Vice-Président PLANET GUARANTEE
Edouard Bidou Directeur de la Stratégie et de la Transformation Groupe PREVOIR
Pierre-Alain de Malleray Directeur Général SANTIANE
Pascal Pigot Directeur Général UNEO
5 ColombusConsultingLivreBlancProtectionSociale
P R É SE N T
ET
F U T U R
DE L A
P R O T E C T ION
S O C I A L E
6 ColombusConsultingLivreBlancProtectionSociale
Le système social français n’a jamais été aussi
protecteur et a joué ces dernières années son
rôle traditionnel d'amortisseur de crise.
Toutefois, tous nos intervenants estiment que la
protection sociale, articulée historiquement
autour du cycle de vie classique – éducation,
travail, retraite –, ne correspond plus à notre
société post-industrielle et à la nouvelle diversité
des trajectoires humaines et professionnelles.
UneprotectionsocialesoustensionDes facteurs structurels fragilisent le système
de protection sociale français.
Tensiondémographique
En premier lieu, l’augmentation de l’espérance de vie et la possibilité de traiter efficacement les maladies chroniques ou invalidantes
n'étaient pas envisagées dans le système qui a
été mis en place en 1945. Désormais, la protection
sociale d’une famille doit être pensée sur trois
générations.
Tensionbudgétaire
Endetté structurellement, le système actuel n’est plus viable financièrement. Le niveau
actuel des prélèvements obligatoires interdit
toute nouvelle augmentation alors même que les
dépenses de santé augmentent. Dès lors, notre
protection sociale ne peut plus couvrir avec
autant de garanties structurées une population
très large.
Au-delà du problème crucial du financement (la
dette sociale augmentant de 10 milliards d’euros
par an), le système est devenu inefficient, illisible,
pesant sur la compétitivité des entreprises.
Tensionlégislative
Soucieux de faire perdurer le système actuel, les
pouvoirs publics transfèrent une partie des
engagements vers les ménages ou les opérateurs
du privé en contrepartie d’une activité plus
réglementée. La mise en place du contrat
responsable, la généralisation du tiers payant
pour 2017 et l’ANI témoignent de la
standardisation de la protection sociale. Or,
cette uniformisation pourrait se traduire par un
asséchement de la créativité. De plus, nos
intervenants déplorent une multiplication des
effets d’annonce et l’incapacité du législateur à
apporter de la stabilité.
Tensionsocio-économique
La crise économique et sociale ainsi que
l’augmentation progressive des cotisations
d’assurance affectent naturellement les
décisions d’achats des assurés. Ces derniers
effectuent des hyper-arbitrages financiers
drastiques au détriment de l’assurance.
PRÉSENT ET FUTURDE LA PROTECTION SOCIALE
7 ColombusConsultingLivreBlancProtectionSociale
Si nous ne réformons pas spontanément notre modèle, des
réformes dures nous seront imposées. Elles seront d’autant plus drastiques qu’elles seront
tardives et dictées par les organismes qui veillent à
l’équilibre des comptes publics, la BCE, le FMI (« big bang »).
Les assurés se posent clairement la question d’un arbitrage
au niveau des soins.
Si nous n’assistons pas à un mouvement massif
de démutualisation ou d’auto-assurance, les
assureurs constatent des résiliations pour des
raisons financières. Ils observent également une
baisse de la prime moyenne en collectif, une
réorientation des assurés vers des garanties
moins protectrices ainsi que des comportements
opportunistes (prise de garantie pour couvrir des
soins dentaires puis retour à une garantie moins
élevée). Pour certaines mutuelles, le recours aux
fonds d’action sociale s’inscrit désormais dans le
cadre d’une demande de complément de
prestation plutôt que dans celui d’une aide sociale
temporaire.
LespistesderéformespréconiséesSix grands axes de développement de la
protection sociale ont été mis en lumière par nos
intervenants, chaque enjeu regroupant des
initiatives éprouvées et de nouvelles idées à
mettre en œuvre. Si la marge de manœuvre des
acteurs du régime complémentaire semble se
réduire devant l’arsenal réglementaire
aujourd’hui mis en place par l’Etat, différents
leviers d’innovation existent. Ils peuvent, sous
réserve d’être coordonnés et exploités,
démontrer la valeur ajoutée et incontournable du
régime complémentaire.
Sur la manière dont ces réformes doivent être
engagées, deux réponses envisageables sont
défendues dans ce Livre Blanc. La première
revient sur la nécessité de réformes structurelles
profondes, un « big bang » de la protection
sociale. La seconde vision préconise plutôt des
ajustements paramétriques pour des raisons
stratégiques, culturelles et financières.
La grande majorité des participants s’accorde à
penser que l’évolution du système relèvera plutôt
du glissement que du saut quantique, le corps
social français restant attaché à l’héritage de
1945.
PRÉSENT ET FUTURDE LA PROTECTION SOCIALE
Notre système a une capacité de résistance à une crise financière de 10 à 15 fois plus importante, si l’on se réfère aux proportions de
capital consacrées pour respecter les engagements ("ajustements
paramétriques")
C’est à nous d’être présent, d’agir comme si nous étions le voisin de la famille, à faire de
l’action sociale au sens propre du terme. Nous reconstituons
d’une certaine façon « la cellule familiale » désormais
éclatée géographiquement ou du fait de la recomposition des foyers…. Nous recréons un lien
social en nous préoccupant de la garde des enfants, du
plombier qui vient réparer des fuites, de tous ces éléments qui
soulagent à distance.
8 ColombusConsultingLivreBlancProtectionSociale
Enjeudepersonnalisationdesoffres:versdesagrégateursdeservicesdeproximité
Pour s’adapter aux besoins des assurés, les
assureurs souhaitent une plus grande
personnalisation de leurs offres. De nouveaux
services se créent, fondés sur l’utilisation des
nouvelles technologies (e-santé, télémédecine,
domotique, reconnaissance vocale, plateformes
digitales) ou des données comportementales
transmises par les objets connectés et réseaux
sociaux. Ces services devraient jouer un rôle
croissant dans la stratégie de différenciation des
assureurs (réseaux de soins, aide aux aidants,
etc.). En effet, les assurés demanderaient aux
assureurs de ne plus être seulement des payeurs
de sinistres mais des agrégateurs de services
susceptibles de les accompagner dans leur
parcours de vie et de santé.
Toutefois, alors que ces exigences de protection
et de services sont toujours plus élevées, le prix
demeure paradoxalement le critère d’achat
discriminant.
Certains produits et services se développent
également pour répondre à de nouveaux besoins
liés au vieillissement de la population ou aux
inquiétudes face au financement des retraites.
Des entreprises demandent déjà aux assureurs
d’intégrer dans leurs offres de nouveaux services
(télémédecine, services d’accompagnement sur
des sujets précis liés aux modes de vie) et sont
sensibles aux produits d’assurance dépendance
proposant des programmes d’aide aux aidants.
Enjeuderationalisationetdesimplification,pourl’Etat,l’assureuretl’assuré
Notre protection sociale est confrontée à un
enjeu de simplification et de rationalisation. Le
système français souffre en effet d’une grande
complexité : incompréhension des différents
niveaux de couverture possible (CMU/ACS/
PRÉSENT ET FUTURDE LA PROTECTION SOCIALE
9 ColombusConsultingLivreBlancProtectionSociale
Contrats responsables/Surcomplémentaires),
difficulté pour les assurés d’appréhender
l’architecture globale, illisibilité des contrats.
Gagner en clarté tout en optimisant le système
offrirait donc de nouvelles perspectives aux
assurés, aux assureurs et aux pouvoirs publics.
L’Etat gagnerait à stabiliser la réglementation
tant la législation volontariste et mouvante
complexifie régulièrement les offres et
l’ensemble des modèles opérationnels. Pour les
assureurs, il conviendrait d’industrialiser
processus et organisations pour réduire les coûts
et les inefficacités internes.
Le développement des réseaux de soins est
ainsi un levier central d’optimisation, voire pour
certains participants l’axe principal de
développement de l’assurance santé. En effet, en
sortant de la position imposée de payeur aveugle,
les assureurs peuvent enfin accompagner
l’assuré dans la diminution de son Reste à Charge
(RAC).
La prise en compte des réseaux serait d’ailleurs
fondamentale pour l’équilibre technique et
financier des programmes d’assurances santé,
notamment en dentaire et en optique. Véritable
outil de gestion de la charge de sinistre, les
réseaux permettraient de gagner de 6 à 7 points
de ratio combiné dans un contexte où les
assureurs sont souvent dans l’obligation
d’augmenter les cotisations ou de réduire les
niveaux de garantie.
Toutefois, certains acteurs relativisent fortement
l’apport des réseaux de soins. Perçus comme un
outil marketing, les réseaux de santé n’auraient
pas encore démontré leur efficacité. A titre
d’exemple, pour ce qui concerne l’optique, la
baisse du coût moyen des dépenses est
contrebalancée par une augmentation de la
fréquence entraînant une croissance du chiffre
d’affaire des opticiens. Ces derniers se seraient
donc parfaitement adaptés aux nouvelles grilles
tarifaires et règles du jeu. L’efficacité des réseaux
de soins est donc forcément tributaire des
niveaux de garanties définis par les assureurs.
Les assureurs s’accordent également sur la
nécessité de mieux se concerter et d’agir ensemble, plutôt que de se disperser en multiples fédérations. A l’inverse du lobby très
efficace du secteur bancaire, le morcellement
des instances représentatives rendrait en effet
inaudibles les arguments des assureurs.
PRÉSENT ET FUTURDE LA PROTECTION SOCIALE
Véritableoutildegestiondelachargedesinistre,lesréseauxpermettraientde
gagnerde6à7pointsderatiocombiné.
Quel gouvernement va faire des efforts pour
comprendre les subtilités entre la FNMF, la FNIMH, le CETIP, le GEMA, l’AFA,
la FFSA… ? Une telle complexité est absurde !
10 ColombusConsultingLivreBlancProtectionSociale17| ColombusConsulting
Enfin, l’enjeu pour l’assuré est bien d’accéder à la connaissance précise de la couverture à
laquelle il peut prétendre. En développant une
pédagogie auprès des assurés et du grand public,
Etat et assureurs gagneraient en productivité et
en satisfaction des citoyens tout en améliorant la
couverture sociale. Selon nos intervenants, l’accent pédagogique doit désormais porter sur la prévoyance.
Enjeud’éducationetdepédagogie:l’exempledelaprévention
Cet enjeu est un axe de développement à part
entière afin de responsabiliser et d’accompagner
l’assuré. Outre la sensibilisation à la finance
assurancielle et aux offres proposées, il regroupe
les démarches de prévention favorisant les
comportements vertueux.
La prévention, dont l’impact est encore limité,
est donc un axe de développement. Son efficacité
doit toutefois être prouvée. Les actions
préventives d’un assureur peuvent fort bien
bénéficier à un compétiteur moins investi au
regard de la durée moyenne de détention d’un
contrat : 3 ou 4 ans pour un contrat individuel, de
7 à 8 ans dans le cadre d’un contrat collectif, plus
de 8 ans pour un retraité.
La prévention en France se veut ciblée, à
l’exemple des maladies professionnelles telles
que la carie du boulanger ou la tendinite des
coiffeurs.
Elle passe donc par un accès à la donnée :
engagement des entreprises, partenariats avec
les Big Six (Google, Amazon, Facebook, Apple,
Microsoft, Samsung), utilisation des objets
connectés. La personnalisation des tarifs
clarifierait la responsabilité de l’assuré.
Toutefois, dans le collectif, la notion très forte de
mutualisation véhiculée par les accords de
branche empêche le paiement d’une surprime
pour les comportements à risque.
De plus, pour une meilleure efficacité, les acteurs
de l’assurance pourraient se partager les risques
selon une segmentation définie ensemble
(endogènes, exogènes, etc.). Par exemple, les
actions de prévention du régime complémentaire
pourraient être ciblées sur la prévention des
comportements individuels, circonstanciels,
quand l’Etat prendrait en charge la prévention
des autres risques, plus structurels, liés à la
génétique par exemple.
Enfin, au-delà de la réduction des coûts de
couverture des aléas, la prévention peut être un
levier important de fidélisation si les assureurs
raisonnent en termes de profils de vie, en
proposant des parcours de vie génériques
associés à des contrats. Le repérage en amont
permet en effet la réversibilité (fracture du col du
fémur, cholestérol, tension artérielle) et la
possibilité de proposer des produits d’assurance
pertinents liés aux parcours de prévention.
PRÉSENT ET FUTURDE LA PROTECTION SOCIALE
11 ColombusConsultingLivreBlancProtectionSociale
Enjeudeluttecontrelavulnérabilité
Les notions de trajectoire de vie permettent de
mieux appréhender la vulnérabilité et la possible
paupérisation des assurés à la suite des accidents
biographiques. Les fluctuations de revenus qui
en découlent représentent un nouvel enjeu pour
les assureurs. Ces derniers doivent désormais
lutter contre le risque de décrochage de certains
assurés en comprenant mieux les hyperarbitrages
réalisés par les assurés et en proposant de
nouvelles couvertures. Une approche
assurancielle à la fois sociologique et technique
serait donc nécessaire. Elle pourrait commencer
par la mise en place d’entretiens individuels ou
collectifs avec les forces de vente, les clients, les
prospects ou les prestataires de services.
Toutefois, c’est bien le financement de certains
risques qui devient crucial. La santé, la
dépendance ou la retraite témoignent d’un même
souci de financement de la consommation future.
Or, à ce jour, évoquer à un individu de 35 ans le
risque de dépendance ou l’importance de se
projeter dans 25 ans reste inaudible. Certes,
l’inclusion d’une garantie dépendance minimale
existe déjà dans certains contrats santé. La GAV
est un produit qui s’achète de plus en plus. La
croissance des produits retraite (article 83, voire
le Perp) et l’augmentation des versements
individuels témoignent d’une prise de conscience
des Français sur la nécessité de préparer une
période de plus en plus longue de leur vie.
Cela reste insuffisant, et à l’instar de l’assurance
vie (dont la France est le plus grand marché), de
nouveaux produits innovants devraient être
développés pour financer la dépendance et la
retraite.
Un enjeu d’intégration : concentrationetrépartitionpublic-privéplusefficace
Anticiper les fluctuations de revenus et les
hyperarbitrages des Français invite à ne plus
cloisonner les risques en fonction de chacune
des branches de l’assurance. Une approche
transverse, moins traditionnelle, axée sur la
protection du pouvoir d’achat des assurés serait
donc nécessaire. Elle passe par la transformation
en acteur global de la protection sociale, ce qui
stimule des regroupements entre acteurs
d’horizons différents.
Une meilleure articulation entre le régime
obligatoire et le régime complémentaire constitue
une autre piste d’amélioration pour le système
français. Un consensus existe sur la nécessité de
revoir la répartition des rôles entre les pouvoirs
publics et le privé. Aujourd’hui, la prise en charge
par l’assurance maladie et l’Etat d’environ 76 %
des dépenses de santé ne permet toujours pas
une maîtrise des dépenses. Cette inefficience
invite à mieux détecter dans la répartition RO/RC
les mécanismes permettant une régulation de la
base. Un modèle de concurrence régulée à
l’horizon 2025 est également discuté, voire
souhaité par quelques participants.
PRÉSENT ET FUTURDE LA PROTECTION SOCIALE
12 ColombusConsultingLivreBlancProtectionSociale
Une analyse du coût global par habitant des
dépenses de santé, incluant les complémentaires,
montrerait que le système français manque d’efficacité en comparaison à d’autres pays ayant eu le courage ou
le souci du bien commun pour se réformer.
PRÉSENT ET FUTURDE LA PROTECTION SOCIALE
Pour la plupart des dirigeants interrogés, il
n’existerait aujourd’hui aucune stratégie
concertée ou réfléchie dans la répartition RO/RC.
Les assureurs ne seraient que rarement ou
tardivement impliqués dans les négociations, y
compris celles concernant les postes faiblement
remboursés par la Sécurité sociale, comme pour
Tant que les pouvoirs publics n’auront pas acté le fait que, sur
certains plans, les assureurs complémentaires sont les
principaux payeurs, nous ne progresserons pas !
Lapriseenchargedessoinsetbiensmédicauxpar
l’Etatetl’assurancemaladieresteenmoyenneautourde
77%.Maiscettemoyennedissimule
uneaugmentationdelapriseenchargedesALDparlasécuritésocialeetdoncdestransferts
plusmassifsversleRC.
13 ColombusConsultingLivreBlancProtectionSociale
Plus de féminité conduirait à une autre approche de la protection sociale… Nous
aurions également une vision prospective différente de la santé si notre regard sortait du champ franco-français.
Nous sommes impressionnés par le programme VITALITY
de l’assureur sud-africain Discovery. C’est un modèle gagnant-gagnant, censé,
logique, compatible avec le digital, et responsable
à l'égard des clients qui connaissent parfaitement
leurs droits et leurs devoirs.
l’optique et le dentaire.
Un changement de paradigme plusglobal
L’essoufflement de notre système de protection
sociale nous invite également à trouver d’autres
voies.
Nos intervenants sont ainsi favorables à un
management plus représentatif de la diversité de
notre société au sein de leurs entreprises (jeunes,
seniors, féminisation des cadres dirigeants).
Dans des entreprises de protection sociale
américaines, les dirigeants sont par exemple des
actuaires, secondés par des médecins.
Les expériences internationales apportent un
métissage d’idées et d’innovations qui
mériteraient d’être reproduites en France :
• L’utilisation plus importante des objets
connectés ou des smartphones, y compris
dans des pays en développement (Haïti,
Cambodge, Côte d’Ivoire, Kenya…) ;
• Le disease management et les
programmes de « Wellness » ;
• Les produits dépendance ou « critical
illness » comme en Asie du Sud-Est ;
• Les médecines alternatives traitées
aléatoirement en France ;
• Les garanties par épisode de soins qui
nécessitent d’avoir une agrégation de
données…
Il est frappant de voir que tous les contributeurs
appartenant à des groupes internationaux ou
ayant travaillé à l’international citent en exemple
l’acteur sud-africain Discovery.
PRÉSENT ET FUTURDE LA PROTECTION SOCIALE
DE
L'A N I
A L A
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GÉ N É R A L I SÉ E
E NJ E U X
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BI L A N
15 ColombusConsultingLivreBlancProtectionSociale
La protection sociale en France est régulièrement
l'objet d'ajustements réglementaires, comme
l'Accord National Interprofessionnel (ANI) signé
par les partenaires sociaux le 11 janvier 2013.
Cette législation mouvante rend le système
illisible pour les assurés, les assureurs et les
entreprises. Une seconde difficulté réside dans
la sortie parfois tardive des décrets d'application.
Sans occulter les répercussions de Solvency II, la
protection sociale en 2025 sera avant tout
marquée par les conséquences de l’ANI, des
contrats responsables ou de la généralisation du
tiers payant.
Lesenjeuxdel’ANIL’oublidelaprévoyance
L’ANI est censé réduire les inégalités entre les
grandes entreprises et les TPE, les cadres et les
non-cadres. Cet accord pourrait cependant
illustrer le décalage fréquent entre la théorie et
la complexité de la réalité opérationnelle. De fait,
l’ANI suscite des réactions contrastées parmi les
participants.
Inutile voire contreproductif pour la majorité,
considéré comme une avancé sociale pour les
autres, ce dispositif témoignerait surtout d’une
focalisation sur les problèmes d’accès aux soins.
Alors que 96 % des Français disposent déjà d’une
complémentaire santé, ce sujet ne semblait pas
prioritaire. Selon certains participants de ce
Livre Blanc, favoriser l’émergence d’un régime
de prévoyance pour les non-cadres aurait été
plus judicieux.
Les acteurs privés de la protection sociale portent un
regard circonspect sur les dernières actions de l'Etat.
Les conséquences d’une paralysie à la suite d'une chute dans un escalier restent pour beaucoup de Français une vue de l’esprit. Cet évènement est pourtant peu couvert par la
Sécurité sociale.
DE L'ANI À LA PROTECTION SOCIALE GÉNÉRALISÉEENJEUX ET PREMIER BILAN
16 ColombusConsultingLivreBlancProtectionSociale
Certains participants à cette étude considèrent
l’ANI comme un premier pas vers la généralisation
de la prévoyance. La majorité des dirigeants
interrogés réfute cependant cette possibilité. La
prévoyance ne serait pas aujourd’hui une
préoccupation des pouvoirs publics et, dans une
certaine mesure, des entreprises. Sa
généralisation serait également trop coûteuse
pour l’Etat et les TPE incapables de supporter un
alourdissement des charges.
Le souhait du président de la République de
généraliser la complémentaire santé pour les
retraités montre cependant qu’un ANI prévoyance
n’est pas inimaginable (discours du 12 juin 2015
lors du 41ème Congrès de la Mutualité française).
Risquesetopportunités
Avec plus de 600 000 entreprises à équiper en
santé collective d’ici au 1er janvier 2016, l’ANI
suscite bien des convoitises. L’assurance santé
étant un produit d’appel facilitant le multi-
équipement, le transfert massif de portefeuilles
de l’individuel vers le collectif (entre 4 et 6
millions d’assurés) se traduit par une concurrence
redoutable. En proposant des offres santé à
moins de 18 euros par mois, alors que le prix
d’équilibre d’un contrat ANI serait d’environ 30-
35 euros/mois/salarié, certains acteurs
diffuseraient même l’idée d’une assurance santé
presque gratuite.
Un assureur propose actuellement un produit à 18 euros si vous êtes en région Parisienne, 12 euros si vous
êtes en province. Cela me semble particulièrement risqué. S’équiper à perte pour conquérir des parts de marché et rentabiliser
ultérieurement est une chose, exposer les clients en est une autre. A ce prix, ces assureurs
perdent obligatoirement de l’argent. Leur pari est donc de
déstabiliser le marché, prendre des clients à leurs concurrents et viser une rentabilité grâce à une politique agressive de multi-détention de contrats.
96%desFrançaisbénéficientd’unecom-plémentairesantémais
moinsde20%d’entreeuxsontcorrec-
tementcouvertsenprévoyance.
DE L'ANI À LA PROTECTION SOCIALE GÉNÉRALISÉEENJEUX ET PREMIER BILAN
17 ColombusConsultingLivreBlancProtectionSociale
LescontratsresponsablesDe l’avis unanime de nos intervenants, le nouveau
décret sur les contrats responsables aura un
effet plus structurant sur le marché que l’ANI.
L’imposition de plafonds et de planchers (la «
tunnelisation ») illustre la volonté de
normalisation du secteur de l’assurance par les
pouvoirs publics.
Selon certains dirigeants interrogés, cette
stratégie de contrôles des dépenses de santé
induite par le plafonnement des garanties
n’incitera pas les acteurs économiques à
dépenser moins. En effet, quel que soit le niveau
du plafond, le budget consacré à la santé croît
proportionnellement au revenu.
Le risque de surconsommation est également
évoqué, certains plafonds étant plus élevés que
dans les réseaux de soins (cas des unifocaux ou
des corrections simples). Enfin, le renoncement
aux soins en raison d’une augmentation du reste
à charge est également souligné. La mise en
place des contrats responsables devrait donc se
traduire par un fléchissement des protections et
de nouvelles inégalités.
D’autres dirigeants sont en revanche favorables
aux contrats responsables. Ces derniers
imposeraient une discipline auprès des
personnes, faciliteraient les négociations dans
les entreprises et éviteraient les dérives de coûts.
Le décret mériterait cependant quelques
ajustements : élévation des plafonds et prise en
compte des médecines douces, comme
l’homéopathie ou l’ostéopathie.
Les contrats responsables vont cadrer les garanties et
obtenir ce qu’aucun assureur ou courtier n’arrivait à
faire. En effet, lorsque nous essayions d’expliquer aux
employeurs qu’un plafond de 400 % du TC était trop élevé,
ces derniers répliquaient que les syndicats s’opposeraient
à une modification des garanties. Avec l’ANI et les
contrats responsables, nous pouvons enfin agir puisque ce sont justement les syndicats
ou les pouvoirs publics qui ont défini de nouvelles garanties plus limitatives.
Leprixd’équilibred’uncontratANIpourlesTPEsesitueraitentre30et
35eurosparmois,maiscertainsassureurspro-posentdéjàdesproduits
àmoinsde15euros.
DE L'ANI À LA PROTECTION SOCIALE GÉNÉRALISÉEENJEUX ET PREMIER BILAN
18 ColombusConsultingLivreBlancProtectionSociale
Derrière les contratsresponsables et l’ANI, nous trouvons une même idée fausse et inutile pour nos
concitoyens : celle que l’Etat, en régentant un secteur économique privé, serait capable de faire mieux.
TransparencedesfraisdegestionetgénéralisationdutierspayantL’obligation de publication des frais de gestion est
jugée très sévèrement par nos participants.
Cette mesure répondrait à un désir de contrôle
hégémonique et de standardisation du secteur
par l’Etat. Elle pourrait enfin entraîner une
stigmatisation de l'ensemble des assureurs, en
suscitant la suspicion chez les assurés à l’égard
de leur complémentaire santé.
La généralisation du tiers payant traduit
également la volonté de la Sécurité sociale de
contrôler les complémentaires santé.
DE L'ANI À LA PROTECTION SOCIALE GÉNÉRALISÉEENJEUX ET PREMIER BILAN
19 ColombusConsultingLivreBlancProtectionSociale
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20 ColombusConsultingLivreBlancProtectionSociale
Malgré l’absence de données statistiques sur le
coût des soins directs ou indirects liés à la
dépendance, quelques chiffres témoignent déjà
des difficultés vécues par de nombreux Français.
• Plus de 1,2 million de personnes sont
aujourd’hui dépendantes ;
• La moitié des personnes âgées de plus de
85 ans se trouverait dans un état de
dépendance partielle ou totale ;
• Deux Français sur trois connaîtraient ou
ont connu un proche en situation de
dépendance ;
• Entre 4 et 8 millions de personnes seraient
actuellement concernés par la dépendance
d’un proche en tant qu’aidant familial. La
moitié d’entre eux occupe un emploi salarié.
Ladépendance:unmarchéàconquérir?Unmicromarchéàfortenjeu
La dépendance entraîne des épreuves
individuelles et familiales majeures avec des
conséquences physiologiques, psychologiques et
financières. En effet, la prise en charge publique
(moins de 500 euros en moyenne pour l’aide
personnalisée d'autonomie), le revenu mensuel
médian (1 600 euros) et la retraite moyenne
mensuelle (1 200 euros - 850 pour les aidantes)
ne permettent pas de couvrir les coûts de la
dépendance (entre 2 000 et 3 500 euros par mois).
Cette situation douloureuse devrait stimuler le
marché de l’assurance dépendance. En effet, le
nombre de personnes au moins partiellement
dépendantes progressant fortement dans les
décennies à venir, l’Etat sera probablement
amené à recentrer ses aides sur les cas de
dépendance les plus lourds et en faveur des plus
bas revenus. Les coûts croissants de traitement
de la dépendance, pourtant déjà élevés, devraient
donc devenir insoutenables pour beaucoup de
citoyens.
L’assurance dépendance permettrait alors de
compléter les aides de l'État sur les cas les plus
lourds et de prendre en charge les dépendances
les plus légères.
La réalité de mise en œuvre est toutefois plus
complexe. La dépendance reste un micromarché
de 660 millions d’euros, soit moins de 0,30 % du
marché de l’assurance en 2013, pour diverses
raisons.
Faute de s’adosser à une obligation et donc à un
périmètre de mutualisation suffisamment large,
les contrats privés d’assurance dépendance sont
onéreux et peu accessibles. Le segment de
population susceptible d’acquérir ces produits
Ladépendanceresteunmicro-marchéde
660millionsd’euros,soitmoinsde0,30%du
marchédel’assuranceen2013.
IMPASSES ET SOLUTIONSÀ LA DÉPENDANCE
21 ColombusConsultingLivreBlancProtectionSociale
est une « classe moyenne » dont les revenus
varient entre 3,5 et 7 fois le SMIC. Les plus aisés
(au-dessus de 7 fois le SMIC) privilégieraient
plutôt l’utilisation de leur épargne ou la vente
d’une résidence pour assumer les 30 000 à
40 000 euros annuels nécessaires à une prise en
charge optimale de leur dépendance totale. Quant
aux classes populaires ou plus défavorisées, elles
arbitreraient budgétairement pour l’alimentaire,
le logement, l’habillement et l’éducation.
La dépendance est un risque suffisamment
angoissant pour qu’on refuse de s’y projeter.
Malgré l’enjeu de société, l’inertie demeure.
La couverture du risque de dépendance inquiète
les assureurs qui manquent de données
suffisantes. Les produits d’assurance dépendance
sont donc similaires (une rente faible, quelques
services, au mieux de l’aide aux aidants) et ont
peu d’attrait auprès des particuliers et des
distributeurs d’assurance.
Des facteurs d’incertitude freinent également le
développement de ces produits, comme le mode
de revalorisation des rentes et des cotisations,
ainsi que la transférabilité de la garantie
permettant à l’assuré de pouvoir changer
d’assureur en cours de contrat (collectif vers
individuel inclus).
Enfin l’absence d’orientation claire des pouvoirs
publics favorise l’inertie des agents économiques
et des citoyens. Les retours d’expérience
d’assureurs particulièrement actifs sur le marché
de la dépendance illustrent parfaitement l’impact
de l’indécision politique. Ainsi, l’annonce en 2007
de l’instauration future d’une cinquième branche
de la Sécurité sociale s’est aussitôt traduite pour
certains d'entre eux par une chute de 50 % des
ventes de produits d’assurance dépendance.
Si vous retirez tous les contrats à faible valeur (et
finalement pas très sérieux) proposant un capital décès en
dessous de 100 000 euros, vous arrivez au constat suivant :
20 % seulement des Français sont couverts en prévoyance. Ce sont essentiellement des
cadres qui en bénéficient à travers un régime de prévoyance collective
particulièrement avantageux.
L’annonceen2007del’instaurationfutured’unecinquièmebranchedela
Sécuritésociales’estaussitôttraduitepourdesassureursparunechutede50%des
ventesdeproduitsd’assurancedépendance.
IMPASSES ET SOLUTIONSÀ LA DÉPENDANCE
22 ColombusConsultingLivreBlancProtectionSociale
Avec l’éclatement géographique des familles, les aidants
interviennent le plus souvent à distance et sont perdus dans les méandres administratifs
des différentes aides. Les aidants sont débordés, épuisés par un soutien chronophage et
coûteux. Il est donc essentiel d’organiser et de structurer
les formes d’accompagnement des aidants pour se préoccuper efficacement du financement
[…]. Il est de notre rôle de prendre en charge ou de
déléguer cette responsabilité à travers un référencement
d’opérateurs spécialisés dans les services d’accompagnement
aux adhérents.
Desassureurspionniers
Pour autant, certains assureurs n’ont pas attendu
une prise en charge publique pour proposer aux
Français des contrats d’assurance dépendance.
Des produits existent depuis plus de 20 ans et les
assureurs progressent nettement dans la
connaissance de ce risque et de ses statistiques.
Le développement probable de produits plus
innovants (rentes temporaires et non viagères,
garanties dépendances via de l’assurance vie
avec possibilités de rachat) concrétise cette
évolution. Leur présence dans les activités de
soins ou dans le médico-social les alerte chaque
jour sur les enjeux d'une meilleure prise en
charge de la dépendance. Les progrès en termes
de sensibilisation auprès des personnes ou des
entreprises sont également manifestes.
Les aidants – principalement des femmes - font
désormais l’objet d’une attention soutenue. Leur
accompagnement est une nécessité qui incite les
assureurs à développer des projets dédiés allant
au-delà du seul versement d’une prestation
financière.
Entre4et8millionsdeFrançaisseraient
concernésdirectementparladépendanced’unprocheentantqu’aidantfamilial(lamoitiéétant
dessalariés).
IMPASSES ET SOLUTIONSÀ LA DÉPENDANCE
23 ColombusConsultingLivreBlancProtectionSociale
De nouveaux produits à moins de 10 euros par
mois, actuellement lancés pour répondre aux
difficultés majeures rencontrées par les
populations disposant de faibles revenus et dès
lors particulièrement exposés aux conséquences
d’une dépendance, suscitent d’ailleurs un réel
intérêt chez la plupart des participants.
Cependant, au regard des conséquences
financières et psychologiques de la dépendance
sur les personnes dépendantes et leurs familles,
les dispositifs actuels ou prévus ne seront pas
suffisants.
LessolutionsenvisageablesPour répondre à cet impératif éthique et
économique, plusieurs pistes de solutions sont
examinées dans ce Livre Blanc, bien au-delà de
la simple approche financière.
Lacréationd’unecinquièmebranche
Cette solution serait peu envisageable au regard
du déficit actuel. Elle est jugée peu souhaitable
par les acteurs du privé inquiets des difficultés
des pouvoirs publics à gérer les provisions et
honorer leurs engagements.
Ledéveloppementetlapromotiondel’auto-assurance
La durée moyenne de dépendance étant
relativement faible (moins de quatre ans), les
classes moyennes pourraient résoudre le
problème du financement de leur dépendance en
allouant entre 500 et 800 euros par mois aux frais
de dépendance. Toutefois, ce raisonnement basé
sur une moyenne ne peut être généralisé, la
dépendance pouvant durer cinq voire vingt ans et
la capacité d’épargne lors de la vie active étant
plus faible chez les classes populaires.
Leconditionnementd’uneallocationàtauxpleinoupartielàl’acceptationd’unemiseengagesurunepartiedesonpatrimoinefinancierouimmobilier
La circonscription de cette mesure aux ménages
relativement aisés et le risque d’image, ainsi que
le viager charriant des connotations négatives,
limitent la portée de cette solution.
L’inclusionautomatiquedegarantiesdépendancedanslacomplémentairesanté,commecelafutpratiquéenIsraël
Cette solution, développée déjà par certaines
mutuelles 45, permettrait une plus forte
sensibilisation au risque et apporterait une
couverture au moins partielle aux assurés.
IMPASSES ET SOLUTIONSÀ LA DÉPENDANCE
24 ColombusConsultingLivreBlancProtectionSociale
L'efficacité de cette solution dépend néanmoins
d'une large mutualisation et d'une pédagodie
exemplaire.
Lamiseenplaced’uneassurancequasi-obligatoire,commeàSingapour
Fondé sur un partenariat public-privé, ce
système, géré par des assureurs préalablement
sélectionnés dans le cadre d’un appel d’offres
public comportant un cahier des charges très
précis, reposerait sur de fortes incitations
financières, administratives ou fiscales à la
souscription. La spécificité politique et
géographique de l’Etat insulaire relativise
cependant l’opportunité d’appliquer cette solution
en France.
Unchoixdecivilisation
En conclusion, pour les pouvoirs publics et
certains dirigeants ayant contribué à ce Livre
Blanc, ce sujet semble moins déterminant que
celui des retraites, du chômage et des déficits
publics. Pourtant, la question de la dépendance
renvoie à la gestion de la vieillesse, au rapport
intergénérationnel, au « tabou » psychologique,
à la peur du handicap et de la mort. La gestion de
la dépendance serait alors le reflet d’un choix
civilisationnel.
IMPASSES ET SOLUTIONSÀ LA DÉPENDANCE
25 ColombusConsultingLivreBlancProtectionSociale
B OU L E V E R SE M E N TS
DU
M A R C H É
AU-DE L À
DE S
F R ON T I È R E S
26 ColombusConsultingLivreBlancProtectionSociale
Nous assistons depuis plusieurs années à une
concentration particulièrement importante du
secteur. Entre 1995 et 2012, nous sommes ainsi
passés de 593 à 339 compagnies d’assurance, de
87 à 49 institutions de prévoyance. Les
regroupements au sein du secteur mutualiste est
encore plus spectaculaire (de 3 519 à 630
mutuelles de livre II).
Versunrapprochementgénéralisé:l’exempledusecteurmutualistePlusieurs contributeurs au Livre Blanc estiment
que les mutuelles ne pourraient être qu’une
soixantaine d’ici à 2020. Le plancher de dix
mutuelles est également annoncé.
Certaines mutuelles sont trop petites pour
pouvoir assumer toutes les évolutions juridiques,
prudentielles (Solvency II), fiscales, techniques et
technologiques actuellement en cours. Si les
mutuelles restent les acteurs majoritaires des
complémentaires santé avec 54 % du marché,
elles perdent du terrain (0,5 % par an) car trop
souvent ancrées sur un territoire géographique,
socioprofessionnel ou technique (la santé
individuelle).
Dans un contexte d’érosion du lien affinitaire,
certaines rejoignent donc des groupes de
protection sociale, des sociétés d’assurance
mutuelles et nouent des relations privilégiées
avec des assureurs multiproduits ou
multiréseaux.
Perspectived’uneréductiondrastiquedunombredemutuellesd’icià2020:ilensub-sisteraentre10et80,selonlesprojections.
BOULEVERSEMENTS DU MARCHÉAU-DELÀ DES FRONTIÈRES
27 ColombusConsultingLivreBlancProtectionSociale
Un salarié sera assuré à la fois chez une Institution de
prévoyance, une mutuelle et une compagnie d’assurance. Car, au-delà des typologies,
un client cherchera surtout à être respecté et à bénéficier
d’une qualité de service irréprochable en échange
d’une cotisation d’assurance adaptée à ses revenus.
En regardant l’assurance depuis l’Europe ou d’autres
continents, les tensions entre les trois familles d'assureurs
semblent infondées.
Conscientes de la force et de la menace des
assureurs et bancassureurs sur leur marché
historique, certaines défendent une approche
plus globale avec comme axe stratégique le
développement de la prévoyance. La volonté de
devenir un acteur complet de la protection sociale
explique donc la création, la consolidation et la
croissance des unions mutualistes de groupe
(UMG).
Lesrapprochementstranscodes
Les rapprochements « transcodes » intéressent
également la plupart des acteurs car, si des
lignes de clivages persistent, les frontières entre
mutualistes, groupes de protection sociale et
assureurs (code des assurances) seraient de
moins en moins étanches. La coexistence de trois
codes et de nombreuses fédérations constituerait
même une aberration au regard de tous ces
rapprochements.
Toutefois, l’uniformisation comporte certains
risques que l’on aurait tort de minimiser, comme
l’éloignement du client, les tensions sociales
internes, l’augmentation des coûts de structure
ou le manque de réactivité.
Sans évoquer les montages financiers, certains acteurs
pourront prendre des postures, défendre des
idéologies, ou faire des grands discours, mais la réalité est
tout autre. Les professionnels de l’assurance pratiquent le même métier, témoignent
de la même application pour couvrir leurs assurés, et
n’hésitent plus à travailler dans différents environnements.
Les séparations entre familles d’assureurs sont donc devenues virtuelles et ne correspondent
pas à la réalité des métiers.
BOULEVERSEMENTS DU MARCHÉAU-DELÀ DES FRONTIÈRES
28 ColombusConsultingLivreBlancProtectionSociale
A force de se positionner sur tous les sujets, les assureurs s’uniformisent et assèchent
leur créativité. Cette uniformisation stérilisante est particulièrement claire
depuis l’accord du 11 janvier, qu’elle soit liée ou non à l’ANI.
Nous appliquons tous les mêmes méthodes pour nous
développer. Des mots ou des fonctions ne sont plus
tabous. Je pense notamment aux directions marketing qui prennent de plus en
plus d’importance dans le monde des mutuelles et des institutions de prévoyance.
LesenjeuxopérationnelsdetransformationCouvrir toute la protection sociale ne s’improvise
pas. Pour plusieurs dirigeants, il s’agirait même
d’un saut qualitatif majeur car tous ces métiers
exigent une maîtrise par des spécialistes.
Dans un contexte économique difficile pour les
assurés et hautement concurrentiel pour les
assureurs, l’efficacité opérationnelle est devenue
un enjeu majeur. L’optimisation des coûts de
gestion et d’acquisition sont essentiels, ce qui
renvoie naturellement aux stratégies de
fidélisation et de multi-équipement des
assureurs. Et sur ce point, la marge de
progression est importante, les taux moyens de
détention variant de 1,2 à moins de 3 contrats par
client.
Comme souligné dans le premier chapitre de ce
Livre Blanc, le métier est appelé à
considérablement évoluer dans les années à
venir. La partie assurantielle devrait prendre de
moins en moins d’importance en termes de
différenciation. En revanche, les services
joueraient un rôle croissant et permettraient aux
assureurs de devenir des assembleurs de
solutions pour accompagner leurs clients dans
leur parcours de vie et de santé.
BOULEVERSEMENTS DU MARCHÉAU-DELÀ DES FRONTIÈRES
29 ColombusConsultingLivreBlancProtectionSociale
DIGI TA L I S AT ION,
OB J E TS
C ON N E C T É S
ET
GÉ N É T IQU E
30 ColombusConsultingLivreBlancProtectionSociale
Pour l’ensemble des participants à ce Livre
Blanc, la révolution digitale est une évidence dont
les innovations assurancielle devraient
s’amplifier et s’enrichir.
La digitalisation constituerait d’abord un outil
d’amélioration de la relation client (voir aussi
l'étude "La digitalisation au service de
l'expérience client" de Colombus Consulting,
2015). L’hyper-segmentation permettrait
notamment un meilleur équipement et des offres
mieux ciblées au bénéfice de l’assuré et de
l’assureur. Toutefois, la transformation digitale
ne peut faire l’économie d’une simplification des
process et des services. Elle ne doit pas se
limiter à l’aspect commercial. La chaine de
service est tout autant sinon plus essentielle.
UnedigitalisationprogressiveDigitalisationetréseauxphysiques:unequestiondemétissage
La transformation numérique du monde de
l’assurance pourrait être plus complexe et lente
que prévue.
Nous sommes passés en six mois d’une vision floue sur la digitalisation à un consensus
général sur l’existence même d’un phénomène qui bouleversera nos modèles.
En effet, l’assurance ne s’achète pas comme un
bien de consommation courant et ne relève pas
d’un acte compulsif. De plus, l’acquisition d’un
contrat d’assurance et la fidélisation d’un assuré
repose essentiellement sur la confiance. Dans un
monde où les arbitrages financiers face aux
risques sont particulièrement serrés, il est
déterminant de savoir à qui s’adresser en cas de
sinistres. La digitalisation, pierre angulaire de
l’omnical et de la multi-proximité, est donc avant
tout une question de métissage.
Nous devons faire fonctionner ensemble le Web, les plateformes
téléphoniques, les boutiques et les agences de courtage. De nombreuses personnes
(70 % environ) font du ROPO (Research Online, Purchase
Offline). Ils se renseignent dans un premier temps via le Web et les forums avant d’écouter la
voix rassurante de leur courtier. La digitalisation est une question
de métissage et ceci est encore plus vrai pour l’assurance qui
n’est pas un achat d’impulsion.
DIGITALISATION, OBJETS CONNECTÉSET GÉNÉTIQUE
31 ColombusConsultingLivreBlancProtectionSociale
La digitalisation devrait effectivement contribuer à des gains de productivité...
Mais tous ceux qui nous annoncent une grande
révolution pour ces cinq prochaines années sont certains de se tromper car, à chaque fois, les
bouleversements annoncés mettent plus de temps que
prévu à se concrétiser.
L’assurance a également des procédures et des
contraintes juridiques spécifiques. Cette situation
expliquerait un certain attentisme au regard des
spécificités des contrats d’assurance qu’on ne
retrouve pas dans les produits bancaires ou de
consommation classique sur Internet. Enfin, si la
digitalisation facilite la relation client et la
connaissance de ses trajectoires de vie et de
parcours de santé, les clients peuvent rejeter la
sollicitation des assureurs ou leur intrusion dans
une intimité des risques.
Leparadoxefrançais
La souscription par Internet en France est l’une
des plus faibles d’Europe de l’Ouest : la part de
marché sur l’assurance des particuliers par
Internet est comprise entre 4 et 6 %. La France
est donc loin derrière le Royaume-Uni (plus de
50 % sur certains produits), l’Espagne, l’Italie ou
les pays scandinaves. Pourtant, le taux de
pénétration du Web et l’utilisation des réseaux
sociaux en France se situent au-dessus de la
moyenne des pays européens (83 % vs 68 % de
taux de pénétration, 42 % vs 40 % pour l’utilisation
des réseaux sociaux). Les Français passant plus
de 4 heures par jour sur Internet, ce retard ne
peut pas s’expliquer par une moindre utilisation
de la Toile.
Les raisons du retard français s'expliquent
probablement plus par la spécificité d'un marché
français caractérisé par la force et l'hétérogénéité
des réseaux physiques, la puissance de la marque
et un sentiment encore marqué d'appartenance
chez des assurés (notamment les sociétaires).
Pour autant, le digital modifie déjà le secteur de
l’assurance et le taux de souscriptions en ligne
devrait évoluer positivement dans les années à
venir, accélérant la transformation des réseaux
de distribution.
DIGITALISATION, OBJETS CONNECTÉSET GÉNÉTIQUE
32 ColombusConsultingLivreBlancProtectionSociale
Au système traditionnel d’un assureur proposant
à l’assuré des produits à travers un réseau de
distribution assumant la relation client,
succédera un modèle fondé sur des relations
beaucoup plus tripartites qui s’appuiera sur une
fluidité de circulation d‘informations entre
l’intermédiaire, l’assureur et le client. Ce nouveau
modèle nécessitera la mise en place d’un système
vertueux de transferts d’informations.
Jusqu’à présent, les assureurs ne pouvaient se baser que sur
des évènements liés aux statuts des personnes. Si
demain, on s’intéresse aux trajectoires de vie, le big
data et les outils du digital permettront de suivre
les personnes dans leur parcours de vie, au quotidien, et plus uniquement sur des problématiques de sinistres. L’assurance s'inscrira dans
une relation plus intime.
DefutursapportsconsidérablesGainséconomiquespourl’opérateur
Les outils digitaux facilitent déjà le travail des
réseaux de distribution en les déchargeant
d’opérations quotidiennes chronophages. Elle
permet également le suivi des clients dans la
durée et donc la fidélisation en tenant compte des
trajectoires de vie des personnes.
Les souscriptions par Internet de contrats collectifs ne sont
pas du tout significatives. Certains de nos courtiers ont lancé de telles offres. Elles ne se vendent pas nécessairement bien.
N’oublions pas, en effet, que nous sommes dans un secteur
particulièrement complexe mêlant à fois de l’assurance,
du juridique, du fiscal et du social. L’intermédiaire
physique a donc toute sa place en termes de conseil.
DIGITALISATION, OBJETS CONNECTÉSET GÉNÉTIQUE
33 ColombusConsultingLivreBlancProtectionSociale
Les objets connectés permettent d’avoir des éléments médicaux
facilement disponibles et permettront de changer le mode de tarification. Des
expérimentations sont d’ailleurs en train d’être réalisées.
Les frontières du possible reculent en permanence et nous ouvrent des champs de possibilités immenses
pour inventer de nouveaux services et créer de la
valeur pour nos adhérents et nos entreprises.
La digitalisation réduit également les coûts
d’acquisition et de gestion. Le développement
d’extranets permet déjà aux TPE, dans le cadre
de l’ANI, de souscrire et de faire des affiliations
en ligne.
Au-delà du gain économique induit par la
dématérialisation, l’interactivité en temps réel et
la mise à jour régulière des droits constituent un
apport majeur tant pour les assurés que les
opérateurs de tiers payant et les professionnels
de santé.
Versuneplusgrandepersonnalisationdes offres et des services grâce auxobjetsconnectés
Se conformer au plus près aux besoins des assurés est désormais permis grâce au digital et
à l’utilisation des données comportementales. Le
développement par des assureurs d’applications
digitales afin de localiser les établissements de
santé, permettre les visites virtuelles, connaître
le taux d’occupation et le nombre de places libres
dans les EHPAD, s’inscriront dans cette évolution.
De même, des applications téléchargeables sur
iPhone permettent actuellement de scanner les
lésions suspectes et de préconiser ou non une
consultation auprès d’un dermatologue. Ces
types d’application par iPhone permettront de
résoudre certains problèmes liés aux coûts des
examens ou consultations ou au manque de
médecins dans les déserts médicaux.
De nouveaux services se créent donc, fondés sur
l’utilisation des nouvelles technologies. Les
données collectées – parfois en temps réel –
devraient notamment faciliter la prévention, les
politiques de disease management ainsi que le
suivi et l'accompagnement des patients atteints
de maladies chroniques.
DIGITALISATION, OBJETS CONNECTÉSET GÉNÉTIQUE
34 ColombusConsultingLivreBlancProtectionSociale
Les objets connectés pourraient modifier les
services d’assurance, la sélection ou la
tarification des contrats, sous réserve d’une
confidentialité de l’accès aux données. Cette
tarification tiendrait compte des comportements
comme cela est déjà le cas dans le « Pay how you
drive » qui va bien au-delà du « Pay as you drive ».
L’assurance constituerait ainsi un pan de
l’économie comportementale. Le Dossier
Médical Personnalisé est également un outil
pertinent pour améliorer le suivi et la traçabilité
des données.
LimitesetmenacesLe monopole du contrôle des données de santé
par la CNAM se traduit cependant par un sous-
investissement des assureurs sur le sujet du
disease management.
L’exploitation des objets connectés, à des fins
d’assurance, n’est pas plus aisée. D’une part, ces
objets ont un coût non marginal qui renchérit les
cotisations d’assurance, notamment en collectif
où l’assureur est dans l’obligation juridique de
traiter tous les salariés de façon égalitaire. D’autre
part, la diffusion des objets connectés dépend
fortement des spécificités socioculturelles et
juridiques des pays.
Le développement de ces objets aux Etats-Unis
dans le cadre de l’assurance santé ne préfigure
pas nécessairement leur succès en France. La
réticence des assurés ou le constat que le service
rendu ne vient pas de l’objet en lui-même posera
la question du maintien de ces outils connectés.
Enfin, les litiges peuvent réfréner à terme la
diffusion de ces objets et leur utilisation par les
assureurs. Les analyses de données peuvent en
effet être contestées. L’utilisation croissante des
objets connectés par les assureurs ou les assurés
soulève également des questions éthiques en
raison des risques potentiels d’anti-sélection ou
d’exclusion qu’ils sous-tendent.
PuissancedesBigSixetcraintedesassureurs
Nos interlocuteurs soulignent l’importance de
conserver une relation client forte afin de ne pas
devenir, à terme, tributaires des grands collecteurs
de données : les « Big Six » (Google, Apple,
Facebook, Amazon, Microsoft, Samsung), qui
pourraient envisager une relation totalement dés-
intermédiée avec les assurés. Le risque de devenir
sous-traitants invite les assureurs à la
concertation voire à la mutualisation des efforts,
d’autant que ces derniers pourraient fort bien être
dépassés par la puissance financière et
l’innovation des GAFA.
Letauxd’équipementenpodomètresconnectés
estpasséde0à10%enunan,concrétisantsen-siblementlesbénéfices
apportésparladigitalisation.
DIGITALISATION, OBJETS CONNECTÉSET GÉNÉTIQUE
35 ColombusConsultingLivreBlancProtectionSociale
LaGénétiqueQuant aux progrès de la génétique (et de la
technologie médicale, en général), ils sont
également perçus comme étant à l’origine de
bouleversements potentiels majeurs. Si les
risques d’anti-sélections sont clairement
soulignés, des initiatives spectaculaires sont
également mentionnées. La start-up Diagnostic
for all développe ainsi des systèmes d’analyse
génétique à base de microfluides accessibles aux
finances d’un village de brousse.
L’action conjointe et contemporaine des assureurs et des professionnels de santé
conduit déjà à des comportements particulièrement sains, sans
passer par la génétique. Aujourd’hui, par exemple, nous avons d’excellents résultats sur
l’assurance des diabétiques. Ces derniers, très suivis
médicalement, anticipent correctement les risques.
Nous devons tous investir sur ce marché, nous
pourrions mutualiser nos efforts. Le maintien à
domicile, par exemple, passe par les objets connectés.
Rendre l’adhérent acteur de sa santé est essentiel et d’une utilité incontestable. Nous devons très vite jouer ce rôle car sinon, dans les douze prochains mois, les opérateurs comme Apple ou Google transformeront
les assureurs en sous-traitants. Et nous savons ce que devient un sous-traitant
dans la chaîne de valeur.
Il reste que les assureurs n’ont pas attendu la
révolution génétique pour entreprendre des
actions concrètes et obtenir des résultats très
encourageants grâce au suivi médical et la
prévention des risques.
Certainsexamensgénétiquespourraient
valoirseulement
1$àl'horizon2020.
DIGITALISATION, OBJETS CONNECTÉSET GÉNÉTIQUE
M É T H O D O LO G I E
36 ColombusConsulting
Pour élaborer ce Livre Blanc, l’équipe de Colombus Consulting
s’est appuyée sur les entretiens qui ont été menés auprès de
plus de 20 professionnels de l’assurance et de la protection
sociale, entre juin 2014 et février 2015.
Au cours de chaque entretien, cinq volets ont été successivement
abordés selon la trame suivante :
• la fragilité et la pertinence de notre système hérité de
l’après-guerre ;
• les enjeux et impacts des nouvelles réglementations ;
• le sujet de la dépendance ;
• le bouleversement du marché et son devenir ;
• la révolution digitale et l’impact de la génétique.
A l'issue d'une retranscription intégrale des verbatim, validés
par les participants, ceux-ci ont été communiqués à l’ensemble
d’entre eux. Ils ont alors été conviés à des réunions de travail
chez Colombus Consulting, pour construire le dialogue qui a
permis d’élaborer les préconisations de ce Livre Blanc.
PRÉSENTATION DES AUTEURS
Marc Nabeth, Senior Manager chez Colombus Consulting, a conçu et conduit l’intégralité des entretiens de ce Livre Blanc. Consultant depuis plus de 17 ans dans le secteur de l’assurance et de la
protection sociale en France et à l’international, diplômé du MBA de l'Ecole nationale d'assurances (ENASS) il est l'auteur de plusieurs publications et ouvrages sur l’Assurance et la Protection Sociale.
Laurène Tallon, Consultante chez Colombus Consulting, a co-écrit ce Livre Blanc. Au sein du secteur de l’assu-rance et de la protec-tion sociale, elle a
conduit des missions de transformation et d’appui au pilotage, auprès notam-ment d’acteurs mutualistes. Diplômée de Sciences Po et d’HEC, elle accom-pagne également des entreprises publiques.
L E X I Q U EACS Aide pour une Complémentaire Santé
Dispositif réservé aux personnes dont les ressources sont légèrement supérieures au plafond d’attribution de la CMU-C.
AFA Association Française de l’Assurance Groupement créé en juillet 2007 à l’instigation de la FFSA et du GEMA.
ALD Affection de Longue Durée Au 31 décembre 2013, 9,7 millions de personnes du régime général bénéficient de l'exonération du ticket modérateur au titre d'une affection de longue durée (ALD), soit moins d'une personne sur six.
ANI Accord National Interprofessionnel L’accord négocié prévoit la généralisation de la complémentaire santé à tous les employés du secteur privé. Une décision qui concerne les 3 à 4 millions de salariés qui ne bénéficient pas actuellement d’une assurance complémentaire santé.
APA Allocation Personnalisée d’Autonomie L'allocation personnalisée d’autonomie (APA), entrée en vigueur le 1er
janvier 2002, s’adresse aux personnes âgées de 60 ans ou plus, résidant à leur domicile ou en établissement et qui sont confrontées à des situations de perte d’autonomie.
CTIP Centre Technique des Institutions de Prévoyance représente 51 institutions de prévoyance.
CMU Couverture Maladie Universelle Dispositif mis en œuvre depuis 2000, géré par l’URSSAF, permettant l’accès à l’assurance maladie pour toute personne qui n’est pas couverte par un régime de sécurité sociale.
CMU-C Couverture Maladie Universelle Complémentaire (voir CMU).
CNAM Caisse Nationale d’Assurance Maladie (ou CNAMTS : Caisse Nationale d’Assurance Maladie des Travailleurs Salariés) Établissement public national dont l’organisation a été modifiée à la suite de la loi de réforme d’août 2004, donnant à l’assurance maladie de nouvelles responsabilités en matière de régulation du système de soins.
CNAV Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse Établissement public national créé en 1967 qui gère la retraite de base des salariés du secteur privé.
EHPAD Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes Établissement médico-social de prise en charge de personnes âgées.
LivreBlancProtectionSociale
L E X I Q U E
FNIM Fédération Nationale Indépendante des Mutuelles Organisation de représentation et de défense des mutuelles indépendantes, dont l’origine remonte à mars 1999.
FNMF Fédération Nationale de la Mutualité Française Organisation créée en 1902 pour tenir un rôle de représentation des mutualistes auprès des institutionnels.
GAV Garantie Accidents de la Vie Contrat d’assurance qui couvre les dommages corporels accidentels de la vie privée.
GEMA Groupement des Entreprises Mutuelles d’Assurances Syndicat professionnel connu sous le nom de GSACM jusqu’en 1989.
IARD Incendies, Accidents et Risques Divers Contrat d’assurance qui couvre les dommages et la protection des biens (en opposition aux assurances de personnes et aux assurances vie).
RAC Reste À Charge Part des dépenses qui reste à la charge de l’assuré social après le remboursement de l’assurance maladie obligatoire.
RO/RC Régime Obligatoire / Régime Complémentaire Système de répartition de la prise en charge des frais d’assurance (le régime obligatoire étant également connu sous le nom de régime de base).
ROPO Research Online, Purchase Offline Terme utilisé pour évoquer les actes d’achat qui s’initient sur Internet et qui se finalisent dans les points de vente physique.
RSA Revenu de Solidarité Active Allocation distribuée sous conditions pour assurer aux personnes sans ressources ou disposant de faibles ressources un niveau minimal de revenus, variable selon la composition du foyer.
SCR Solvency Capital Requirement (ou marge de solvabilité) Ratio défini dans le cadre de la réglementation Solvency 2, relatif au capital requis ou imposé aux sociétés d’assurances pour garantir leur solvabilité.
SMR Service Médical Rendu Outil de mesure de l’efficacité d’un médicament qui prend en compte à la fois la gravité d’une pathologie et les données propres au médicament lui-même.
MRH Multi Risques Habitation Contrat d’assurance obligatoire depuis la loi du 6 juillet 1989, dans lequel figure au moins la responsabilité civile locative.
FFSA Fédération Françaises des Sociétés d'Assurances Syndicat professionnel créé en 1937.
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Le cabinet, créé en 1999 et qui compte 150 consultants, est dirigé par Valérie Ader et ses huit Partners.
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