propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de...

142
N° d’ordre 07ISALXXXX Année 2007 Thèse PROPAGATION DE FISSURES DANS LES CERAMIQUES PIEZO-ELECTRIQUES DE TYPE PZT : EFFETS DE DOPAGE AU POTASSIUM ET AU NIOBIUM présentée devant L’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon pour obtenir Le grade de docteur Ecole doctorale : Matériaux de Lyon Spécialité : Génie des Matériaux par Azeddine HIZEBRY Soutenue le 6 Novembre 2007 devant la commission d’examen J. CHEVALIER Professeur, (INSA de Lyon) B. DURAND Professeur, (CIRIMAT-LCMIE Université Paul Sabatier) G. FANTOZZI Professeur, (INSA de Lyon) A. LERICHE Professeur, (LMP Université de Valenciennes) M. SAADAOUI Professeur, (EMI Rabat, Maroc) Laboratoire MATEIS (Matériaux: Ingénierie et Science), INSA, Lyon

Upload: others

Post on 20-May-2020

1 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

N° d’ordre 07ISALXXXX Année 2007

Thèse

PROPAGATION DE FISSURES DANS LES CERAMIQUES PIEZO-ELECTRIQUES DE TYPE PZT : EFFETS DE

DOPAGE AU POTASSIUM ET AU NIOBIUM

présentée devant L’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon

pour obtenir Le grade de docteur

Ecole doctorale : Matériaux de Lyon Spécialité : Génie des Matériaux

par Azeddine HIZEBRY

Soutenue le 6 Novembre 2007 devant la commission d’examen J. CHEVALIER Professeur, (INSA de Lyon) B. DURAND Professeur, (CIRIMAT-LCMIE Université Paul Sabatier) G. FANTOZZI Professeur, (INSA de Lyon) A. LERICHE Professeur, (LMP Université de Valenciennes) M. SAADAOUI Professeur, (EMI Rabat, Maroc) Laboratoire MATEIS (Matériaux: Ingénierie et Science), INSA, Lyon

Page 2: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

2

INSA-Lyon DIRECTION DE RECHERCHE

Ecoles Doctorales 2007 SIGLE ECOLE DOCTORALE NOM ET COORDONNEES DU RESPONSABLE

CHIMIE

CHIMIE DE LYON

http://sakura.cpe.fr/ED206 M. Jean Marc LANCELIN Insa : R. GOURDON

M. Jean Marc LANCELIN Université Claude Bernard Lyon 1 Bât CPE 43 bd du 11 novembre 1918 69622 VILLEURBANNE Cedex Tél : 04.72.43 13 95 Fax : [email protected]

E.E.A.

ELECTRONIQUE, ELECTROTECHNIQUE, AUTOMATIQUE

http://www.insa-lyon.fr/eea

M. Alain NICOLAS Insa : D. BARBIER [email protected] Secrétariat : M. LABOUNE AM. 64.43 – Fax : 64.54

M. Alain NICOLAS Ecole Centrale de Lyon Bâtiment H9 36 avenue Guy de Collongue 69134 ECULLY Tél : 04.72.18 60 97 Fax : 04 72 18 33 83 [email protected] Secrétariat : M.C. HAVGOUDOUKIAN

E2M2

EVOLUTION, ECOSYSTEME, MICROBIOLOGIE, MODELISATION http://biomserv.univ-lyon1.fr/E2M2

M. Jean-Pierre FLANDROIS

Insa : S. GRENIER

M. Jean-Pierre FLANDROIS CNRS UMR 5558 Université Claude Bernard Lyon 1 Bât G. Mendel 43 bd du 11 novembre 1918 69622 VILLEURBANNE Cédex Tél : 04.26 23 59 50 Fax 04 26 23 59 49 06 07 53 89 13 [email protected]

EDIIS

INFORMATIQUE ET INFORMATION POUR LA SOCIETE http://ediis.univ-lyon1.fr M. Alain MILLE Secrétariat : I. BUISSON

M. Alain MILLE Université Claude Bernard Lyon 1 LIRIS - EDIIS Bâtiment Nautibus 43 bd du 11 novembre 1918 69622 VILLEURBANNE Cedex Tél : 04.72.42 44 82 94 Fax 04 72 44 80 53 [email protected] - [email protected]

EDISS

INTERDISCIPLINAIRE SCIENCES-SANTE

M. Didier REVEL Insa : M. LAGARDE

M. Didier REVEL Hôpital Cardiologique de Lyon Bâtiment Central 28 Avenue Doyen Lépine 69500 BRON Tél : 04.72.35 72 32 Fax : [email protected]

MATERIAUX DE LYON

M. Jean Marc PELLETIER Secrétariat : C. BERNAVON 83.85

M. Jean Marc PELLETIER INSA de Lyon MATEIS Bâtiment Blaise Pascal 7 avenue Jean Capelle 69621 VILLEURBANNE Cédex Tél : 04.72.43 83 18 Fax 04 72 43 85 28 [email protected]

Math IF

MATHEMATIQUES ET INFORMATIQUE FONDAMENTALE M. Pascal KOIRAN Insa : G. BAYADA

M.Pascal KOIRAN Ecole Normale Supérieure de Lyon 46 allée d’Italie 69364 LYON Cédex 07 Tél : 04.72.72 84 81 Fax : 04 72 72 89 69 [email protected] Secrétariat : Fatine Latif - [email protected]

MEGA

MECANIQUE, ENERGETIQUE, GENIE CIVIL, ACOUSTIQUE M. Jean Louis GUYADER Secrétariat : M. LABOUNE PM : 71.80 –Fax : 87.12

M. Jean Louis GUYADER INSA de Lyon Laboratoire de Vibrations et Acoustique Bâtiment Antoine de Saint Exupéry 25 bis avenue Jean Capelle 69621 VILLEURBANNE Cedex Tél :04.72.18.62.71.70 Fax : 04 72 18 87 12 [email protected]

SSED

SCIENCES DES SOCIETES, DE L’ENVIRONNEMENT ET DU DROIT Mme Claude-Isabelle BRELOT Insa : J.Y. TOUSSAINT

Mme Claude-Isabelle BRELOT Université Lyon 2 86 rue Pasteur 69365 LYON Cedex 07 Tél : 04.78.69.72.76 Fax : 04.37.28.04.48 [email protected]

Page 3: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

3

A mes parents

A ma femme et mes enfants

A mes frères et sœurs. A Tout ce qui vont lire un jour ce manuscrit.

Page 4: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

4

REMERCIEMENTS

Il est toujours difficile de terminer une étape, partagé entre la joie d’apercevoir le point d’arrivée, promoteur de nouveaux horizons, de nouvelles expériences et le regret de laisser derrière soi, un parcours souvent éprouvant autant physiquement que moralement mais tellement riche de sensations. La beauté d’un parcours et l’enrichissement personnel que l’on en tire sont dus aux rencontres que l’on peut y faire et au succès qui requiert plusieurs conditions. Dieu Merci d’avoir fait de mon parcours de thèse un parcours réussit et riche grâce à des personnes estimables que j’ai rencontré et que je tiens à remercier ici. Je tiens à exprimer mes plus profonds et sincères remerciements à Monsieur le Professeur G. Fantozzi pour m’avoir accueilli dans le groupe « Céramique et Matériaux Composites » du laboratoire MATEIS de l’INSA de Lyon et pour son soutien sur tous les plans. Il est d’une qualité scientifique et humaine exceptionnelle. J’exprime ma profonde gratitude au Professeur M. Saadaoui de l’Ecole Mohammadia d’Ingénieurs de Rabat, de sa contribution d’une manière extraordinaire à ce travail. Enfin je la remercie pour l’honneur qu’elle m’a fait en acceptant de présider mon jury de thèse. J’adresse également mes remerciements au Professeur J. Chevalier pour ses conseils éclairés, ses remarques très perspicaces dont il m’a fait part tout le long de mon travail. Je remercie vivement le Professeur Anne LERICHE de l’Université de Valenciennes et le Professeur Bernard DURAND de l’Université Paul Sabatier d’avoir accepter la lourde tâche de rapporteur de ce travail et surtout durant les grandes vacances d’été. Je tiens aussi à exprimer ma toute reconnaissance envers M. ElMostaf Bourim de m’avoir présenté pour la première fois au groupe et aux innombrables discussions fructueuses qui m’ont toujours aidé à progresser dans mon travail. De même je tiens à remercier M. Hassan El-Attaoui pour sa contribution à la réalisation de ce travail et son soutien indéfectible. J’associe à ces remerciements tous les membres du laboratoire MATEIS, chercheurs permanents ou non, thésards, stagiaires, techniciens et secrétaires pour leur aide et leur sympathie. Enfin je remercie toutes personnes qui ont de prés ou de loin contribué à ce résultat. Je pense notamment à A. Benayad, A. Hajjaji, O. Bouattan, M. Ait-haj et B. Bhrar.

Page 5: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

5

TABLE DES MATIERES

Page 6: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

6

INTRODUCTION Chapitre 1 ETAT DE L ’ART

I.1 LES CERAMIQUES PIEZOELECTRIQUES PZT………………………..

I.1.1 Généralités…………………………………………………………………

I.1.1.1 Piézoélectricité, pyroélectricité et ferroélectricité…………………

I.1.1.2 Polarisation et cycle d’hystérésis…………………………………..

I.1.1.3 Applications des matériaux piézoélectriques……………………..

I.1.1.4 Propriétés piézo-électriques, diélectriques et mécaniques…….

I.1.2 Structure des PZT………………………………………………………….

I.1.3 diagramme de phase………………………………………………………

I.1.4 Polarisation et domaines ferroélectriques des PZT…………………….

I.1.5 Dopage des PZT…………………………………………………………...

I.2 COMPORTEMENT A LA RUPTURE DES PZT……………………………

I.2.1 Ténacité……………………………………………………………………..

I.2.1.1 Effet de la composition et de la microstructure……………………

I.2.1.2 Effet de la polarisation : Anisotropie………………………………..

I.2.2 Résistance à la propagation de fissure…………………………………. I.2.2.1 Effet de courbe R……………………………………………………..

I.2.2.3 Mécanisme de renforcement………………………………………...

I.2.2.3.1 Principe et modélisation………………………………………

I.2.2.3.2 Zone d’orientation des domaines……………………………

I.2.2.4 Influence de la microstructure et de la composition………………

I.2.2.5 Effet de la polarisation………………………………………………..

I.2.3 Propagation sous critique…………………………………………………

I.2.3.1 la croissance sous critique dans les PZT…………………………..

I.2.3.1.1 Effet de l’environnement ………………………………….....

I.2.3.1.2 Effet de polarisation sur les courbes V-KI………………….

Conclusion…………………………………………………………………………..

Chapitre 2 ELABORATION ET CARACTERISATION DES PZT II.1. CHOIX DES MATERIAUX ………………………………………………...

II.2. Matières premières…………………………………………………………

II.2.1 Les oxydes de bases……………………………………………………

II.3. Procédé d’élaboration………………………………………………………

12

12

12

15

16

17

19

21

25

28

32

32

33

34

38

38

40

40

40

45

48

49

51

52

53

55

57

58

58

59

Page 7: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

7

II.3.1 Procédure d’élaboration sans liant…………………………………..

II.3.2 Procédure d’élaboration en utilisant un liant………………………..

II.3.3 Usinage et préparation des échantillons…………………………...

II.4 Caractérisation……………………………………………………………….

II.4.1 Analyse de la structure des phases par diffraction des rayons X

II.4.2 Microstructure des matériaux élaborés……………………………..

II.4.3 Densité………………………………………………………………….

II.5 Mesure des Propriétés Mécaniques……………………………………….

III.5.1 Propriétés Elastiques…………………………………………………

III.5.1.1 Par Grindosonic………………………………………………..

II.5.1.2 Par ultrasons……………………………………………………

II.5.2 Contrainte à la rupture………………………………………………..

II.5.3 Mesure de la dureté par indentation Vickers ……………………..

II. 6 Mesures des propriétés diélectriques…………………………………….

II.6.1 Cycles d’hystérésis……………………………………………………

Conclusion…………………………………………………………………………...

Chapitre 3 TENACITE ET RESISTANCE A LA PROPAGATION DE FISSURES

III.1 TENACITE…………………………………………………………………….

III.1.1 Méthode d’indentation simple………………………………………….

III.1.2 Méthode d’indentation composée……………………………………..

III.1.3 Ténacité des nuances non polarisées………………………………..

III.1.3.1 Méthode SENB…………………………………………………...

III.1.3.2 Indentation Vickers……………………………………………….

III.1.3.3 Résultats expérimentaux……………………………………….

III.1.4 Effet de la polarisation sur la ténacité mesurée par indentation…

III.1.4.1 Méthode Classique d’indentation……………………………….

III.1.4.1.1 Procédure expérimentale………………………………...

III.1.4.1.2 Résultats…………………………………………………...

III.2.2.2 Méthode de suivi de propagation stable : Effet de la

polarisation sur χ …………………………………………………………………...

III.2.2.2.1 Principe et procédure…………………………………….

III.2.2.2.2 Résultats…………………………………………………..

61

63

64

65

65

68

79

70

70

70

71

72

73

74

74

76

77

78

79

81

81

81

81

82

82

82

82

85

85

88

Page 8: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

8

III.2. Résistance à la propagation de fissures………………………………….

III.2.1. Méthode SENB…………………………………………………………

III.2.1.1. Procédure expérimentale……………………………………….

III.2.1.2. Courbes R………………………………………………………..

III.2.1.2.1 Effet du dopant……………………………………………

III.2.1.2.2 Effet de la polarisation……………………………………

III.2.2. Méthode d’indentation…………………………………………………

III.2.2.1. Principe………………………………………………..………..

III.2.2.2. Contrainte à la rupture et charge d’indentation………………

III.2.2.3. Facteur de forme effectif………………………………………..

III.2.2.4. Courbe KR par indentation……………………………………...

Conclusion…………………………………………………………………………..

Chapitre 4 PROPAGATION SOUS CRITIQUE

IV.1. CROISSANCE SOUS CRITIQUE…………………………………………

IV.1.1. Double torsion : Méthode de relaxation……………………………..

IV.1.1.1 Principe et procédure expérimentale…………………………..

IV.1.1.2 Résultats…………………………………………………………

IV.1.1.2.1. Effet du dopant…………………………………………...

IV.1.1.2.2. Effet de l’eau…………………..…………………………

IV.1.1.2.3. Effet de la microstructure………………………………….

IV.1.1.2.4. Effet de la polarisation……………………………………..

IV.1.1.2.4.1. Polarisation dans la largeur………………………...

IV.1.1.2.4.2. Polarisation dans l’épaisseur……………………….

Conclusion…………………………………………………………………………..

CONCLUSION GENERALE ANNEXE REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES………………………………………….

91

91

91

92

92

95

97

97

99

101

103

104

106

106

106

108

108

110

111

112

112

114

119

121

124

135

Page 9: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

9

INTRODUCTION

Les zircono-titanates de plomb dits PZT, de structure pérovskite Pb (Zr1-x Tix) O3, font

partie des céramiques ferroélectriques. Ils possèdent de bonnes caractéristiques

piézo-électriques et un excellent coefficient de couplage électromécanique, ce qui

explique leur rôle important dans le domaine de matériaux adaptatifs. Ils sont utilisés

dans de très nombreuses applications comme générateurs d’impulsion, transducteurs

ultrasonores, capteurs, actionneurs, dispositifs de positionnement ou moteurs piézo-

électriques. La plupart des défaillances de ces matériaux sont associées à la rupture

par propagation de fissures initiée dans des zones de concentration de champ

électrique ou mécanique au voisinage de défauts (cavité, hétérogénéité ou

électrodes pointues). Pour améliorer la fiabilité des composants, la compréhension

du comportement mécanique de ces matériaux, notamment les mécanismes de

propagation de fissures, est primordiale.

Ce travail a pour objet d’étudier le comportement à la rupture des nuances de PZT,

dopées et non dopées, élaborées, de composition voisine de la zone morphotropique.

Leur comportement est analysé en termes de courbes R (résistance à la propagation

de fissures), de lois de propagation sous critique V-KI (vitesse de fissure en fonction

du facteur d’intensité de contraintes appliqué), la ténacité intrinsèque et l’anisotropie

induite par la polarisation, et ceci en fonction, notamment, de leur composition

(dopage), leur microstructure et le milieu environnant. Une meilleure connaissance de

ces paramètres ne peut qu’améliorer la fiabilité de ces matériaux.

Le premier chapitre porte sur l’état de l’art des matériaux piezocéramiques (PZT)

d’une façon générale et leur comportement mécanique à la rupture, plus précisément

la résistance à la propagation de fissure et la propagation sous critique.

Dans le chapitre 2, nous présentons les matériaux étudiés, les procédures

d’élaboration et les caractérisations préliminaires. Les nuances élaborées sont une

Page 10: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

10

PZT au voisinage de la zone morphotropiques (Zr :Ti, 54 :46) qui présente des

meilleures caractéristiques piézoélectriques et deux autres nuances de la même

composition dopées : une PZT douce dopée à 2% de Niobium et une PZT dure

dopée à 1% de potassium.

Le chapitre 3 est dédié à l’étude de la ténacité intrinsèque des nuances élaborées, et

de leur résistance à la propagation de fissure. On y étudie l’effet du dopage et

l’influence de la polarisation en mettant en évidence, en cas d’effet de courbe R, le

mécanisme de renforcement (basculement des domaines ferroélectriques).

L’étude de la propagation sous critique de fissure dans les PZT fait l’objet du

chapitre 4. Elle porte sur l’effet du dopage, de la microstructure, de l’environnement

et de la polarisation. Les lois de propagation de fissure sont déterminées à partir du

diagramme V-KI (vitesse de propagation de fissure en fonction du facteur d’intensité

de contrainte).

Page 11: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

11

Chapitre 1

ETAT DE L ’ART

Nous allons présenter, dans ce chapitre, une étude bibliographique sur les

céramiques ferroélectriques de type zircono-titanate de plomb (PZT) et leur

comportement à la rupture. On y aborde notamment la ténacité, la résistance à la

propagation de fissure (courbes R), la croissance sous critique et le mécanisme

de renforcement dans ce type de matériaux.

Page 12: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

12

I.1 LES CERAMIQUES PIEZOELECTRIQUES PZT I.1.1 Généralités Les zircono-titanates de plomb (PZT) sont des céramiques à la fois pièzo-

électriques pyroélectriques et ferroélectriques (Figure I.1).

Figure I. 1 Les différentes classes cristallines. Les PZT se trouvent dans la classe des matériaux ferroélectriques.

I.1.1.1 Piézoélectricité, pyroélectricité et ferroélectricité

La piézoélectricité est l'aptitude de certains matériaux cristallins à produire une

charge électrique proportionnelle à la contrainte mécanique appliquée. C'est l'effet

piézoélectrique direct et ce phénomène est réversible: l'application d'un champ

électrique externe provoque une déformation mécanique (effet piézoélectrique

inverse). La figure I. 2 montre les deux effets.

Bien que l’effet direct fut observé pour la première fois en 1917 par l’abbé René

JUST HAUY, sa découverte est attribué aux frères Pierre et Jacques CURIE[1], qui

l’ont étudié théoriquement et expérimentalement en 1880. L’effet inverse fut

énoncé par LIPMAN, une année plus tard et confirmé expérimentalement par les

frères CURIE.

non piézoélectriques

1 non piézoélectriques

non ferroélectriques

ferroélectriques non ferroélectriques

32 classes cristallines

11 centrosymétriques 21 non centrosymétriques

10 non pyroélectriques

20 piézoélectriques

10 pyroélectriques

Page 13: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

13

Figure I. 2 Effets piézo-électriques

L'effet piézo-électrique revient à la structure cristalline du matériau. Il résulte

essentiellement de l'existence de dipôles électriques internes. Ces dipôles sont créés

par la séparation à l'échelle de la maille du centre de gravité des charges positives

de celui des charges négatives sous l'effet d'une contrainte externe. (Figure I.3)

Figure I. 3 Une contrainte de compression fait apparaître une polarisation non nulle dans le cas [b]

Parmi les 32 classes cristallines existantes, 20 présentent l'effet piézo-électrique.

Elles sont toutes dépourvues de centre de symétrie. Dix des vingt classes cristallines

piézo-électriques sont polaires, c’est à dire présentent une polarisation électrique

spontanée – ou moment dipolaire permanent – en l'absence de contrainte ou de

Page 14: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

14

champ extérieur. La polarisation est proportionnelle à la température et sa direction

correspond à l'axe polaire du cristal. On les appelle les cristaux pyroélectriques.

Les cristaux ferroélectriques forment un sous groupe des cristaux pyroélectriques

dont leur axe polaire, support d’un dipôle permanent, est mobile dans un réseau

cristallin sous l’influence d’agents extérieurs autres que la température : champ

électrique, contrainte [2].

Le terme ferroélectricité, fut employé pour la première fois par Muller en 1935 qui a

fait l'analogie entre le comportement hystérique de la polarisation électrique

macroscopique en fonction du champ électrique appliqué et celle de l'aimantation en

fonction du champ magnétique dans les substances ferromagnétiques.

Un matériau ferroélectrique est divisé en régions dans lesquelles les dipôles sont

orientés de façon unidirectionnelle. Chaque région, appelée domaine ferroélectrique, présente donc une polarisation spontanée homogène et uniforme.

Par contre l’orientation de la polarisation varie d’un domaine à un autre (figure I.4).

La frontière entre deux domaines est appelée parois ou mur de domaines. Suivant

la structure cristallographique du matériau, les domaines formés peuvent être 180° et

non-180° (90°, 71°, 109°..).

Comme la répartition des domaines est aléatoire, la polarisation globale du matériau

résulte d'une moyenne sur l'ensemble des domaines. En général, dans un matériau

non polarisé, possédant une symétrie sphérique (∞ ∞ m), le moment dipolaire

total est très faible voire nul.

Figure I. 4 Représentation en 2D des domaines ferroélectriques.

Page 15: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

15

I.1.1.2 Polarisation et cycle d’hystérésis Lorsqu'on applique un champ électrique externe, les domaines dont la direction de

polarisation est voisine de celle du champ vont croître en volume au détriment des

autres domaines moins favorablement orientés. Durant ce processus, appelé

polarisation, on observe un mouvement des murs de domaines. Le matériau

présente alors une polarisation macroscopique. Il devient anisotrope et possède une

symétrie conique (∞ m). La réorientation des domaines dépend donc de leur

configuration initiale.

La figure I-5 illustre le mécanisme d’orientation des différents domaines

ferroélectriques sous l’action d’un champ électrique extérieur E, et montre la

dépendance non linéaire entre la polarisation P et le champ électrique E (forme de

cycle d’hystérésis). En fait, sous l’influence d’un champ électrique externe, les

matériaux se polarisent jusqu’à une valeur de saturation appelée polarisation

spontanée PS, invariante pour l’ensemble des opérations de symétrie dans le cristal.

La polarisation existant pour un champ électrique nul, est dite polarisation rémanente

Pr. Le champ coercitif Ec est le champ électrique externe nécessaire pour la

réorientation des dipôles du cristal.

Figure I. 5 Cycle d’hystérésis P=f(E). Pr : polarisation rémanente, Ps : polarisation de

saturation ; et Ec : champ coercitif [ 3].

Page 16: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

16

I.1.1.3 Applications des matériaux piézoélectriques Les premières applications industrielles du phénomène piézoélectrique ont vu le jour

pendant la première guerre mondiale (1916-1917) lorsque Paul LANGEVIN a mis au

point le générateur d’ondes ultrasonores pour la mesure et la détection sous marine

en utilisant le quartz.

Aujourd’hui, différentes applications sont utilisées telles que la téléphonie,

l’automobile, l’aérodynamique…. Il est possible de distinguer trois grandes classes

d’applications selon qu’il s’agisse de l’effet piézoélectrique direct et/ou inverse

(Tableau I.1).

Tableau I. 1 Applications des matériaux piézo-électriques.

Applications basées sur l’effet piézoélectrique direct

Applications basées sur l’effet piézoélectrique inverse

Applications basées sur les deux effets

Générateurs d’impulsion haute

tension :

• Allumage des explosifs,

• Allumage des gaz,

• Briquets.

Transducteurs ultrasonores de

puissance :

• Perçage et soudage par

ultrasons,

• Nettoyage ultrasonore,

• Projecteur sonar.

Transducteurs

ultrasonores de faible

puissance :

• Contrôle non

destructif,

• Diagnostic médical,

• Lignes à retard.

Capteurs :

• Microphones, hydrophones

• Télécommande,

• Accéléromètres,

• Jauges de dureté, de

contraintes.

Dispositifs de positionnement :

• Contrôle des petits

mouvements en mécanique,

• Actuateurs pour

positionnement des miroirs.

Filtres

électromécaniques

Moteurs piézo-électriques Capteurs sonar

Imprimante jet d’encre

On rencontre les PZT dans les moteurs piézo-électriques, les transducteurs pour

filtres ou lignes à retard, les claviers à touches, les oscillateurs, les transducteurs

pour sonars, les applications électro-optiques, les détecteurs infrarouges…

Page 17: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

17

I.1.1.4 Propriétés piézo-électriques, diélectriques et mécaniques

La piézoélectricité est un phénomène de couplage entre l’énergie élastique et

l’énergie diélectrique dans certains cristaux ou solides anisotropes. Les équations

piézo-électriques découlent de considérations thermodynamiques (voir annexe I) qui

montrent qu’ une variable mécanique (déformation S ou contrainte T) est reliée à

une variable électrique (induction D ou champ E). On peut les expliciter par 8

équations (I.1-I.8) reliant les propriétés mécaniques électriques et piézo-électriques

définies dans le tableau I.2.

Grandeurs électriques Grandeurs mécaniques

D = εT .E + d.T (I. 1) S = sE.T + dt . E (I. 2)

E = βT .D – gT (I. 3) S = sD.T + gt.D (I. 4)

D = εs E + e.S (I. 5) T = CE.S – et.E (I. 6)

E = βs.D – h.S (I. 7) T = CD.S – ht.D (I. 8)

Dans ces équations, l’indice (t) indique la transposée et ( )x Indique que la grandeur

considérée est mesurée ou calculée à x constante ou nul. La nomenclature de toutes

ces caractéristiques est donnée au tableau I.2.

Diverses constantes piézo-électriques, diélectriques et élastiques peuvent être

déterminées comme par exemple le coefficient de couplage kp ou le facteur de

qualité mécanique Q. Dans le cas tridimensionnel, un coefficient de couplage (kij) est

associé à chaque coefficient (dij) en intégrant la forme de l’éprouvette et le mode de

vibration de celle-ci.

Page 18: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

18

Tableau I. 2 Glossaire des symboles dans la piézoélectricité

Abréviations Définitions Type d’énergie

T Contrainte mécanique (Pa) S Déformation relative (m/m)

s Compliance ou susceptibilité élastique (m2/N)

c Raideur ou constante élastique (N/m2)

MECANIQUE

D Déplacement électrique ou induction(C/m2)

E Champ électrique ε Permittivité électrique (F/m)

β Constante d’imperméabilité diélectrique (m/F)

ELECTRIQUE

d

Constante piézoélectrique qui traduit la proportionnalité entre la charge et la contrainte à champ constant ou nul. (C/N ou m/V)

e

Coefficient piézoélectrique qui traduit la proportionnalité entre la charge et la déformation à champ constant ou nul.(C/m2 ou N/V.m)

g

Coefficient piézoélectrique qui traduit la proportionnalité entre la contrainte et le champ résultant à induction constante ou nulle (V.m/N ou m2/C)

h

Coefficient piézoélectrique qui traduit la proportionnalité entre la déformation et le champ résultant à induction constante ou nulle (V/m ou N/C)

PIE

ZOE

LEC

TRIQ

UE

Page 19: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

19

I.1.2 Structure des PZT Les PZT, élaborées sous forme de céramiques polycristallines, ont une structure

perovskite de formule générale ABO3. Le nom de la structure vient du minéralogiste

russe L. A. Perovski et la formulation est celle de l’oxyde de calcium et de titane

(CaTiO3). La valence des cations A est comprise entre +1 et +3 et celle des cations B

entre +3 et +6. (Si les cations A et B sont de taille proche, on a une structure anti

pérovskite).

Ces céramiques PZT ont une formulation chimique générale Pb (Zrx-1 Tix) O3. Le

cation A est Pb2+ de grand rayon et de coordinence douze, le cation B est soit un ion

Zr4+ , soit un ion Ti4+. Huit cations A forment la maille cubique (Figure I.6). Les ions

oxygène sont au centre de chaque face et forment un octaèdre au centre duquel se

trouve le cation B qui doit, de part ce fait, avoir un rayon très faible. Il est tétravalent

et de coordinence six. Ainsi, la structure pérovskite est constituée par des octaèdres

BO6 liés par les sommets le long des trois axes cristallographiques, les atomes B

étant placés dans les sites laissés vacants par les octaèdres (Figure I.7).

Figure I. 6 Structure pérovskite de la maille du PZT

Au dessus de la température de Curie, le matériau est paraélectrique et présente

une symétrie cristalline centrosymétrique ; dans ce domaine de température, le

matériau est non-piézoélectrique. Par contre, en dessous de la température de

Curie, le matériau est non-centrosymétrique. La distorsion de la maille cristalline

engendre la déformation des octaèdres BO6, et créent une distance entre les

barycentres des ions positifs et des ions négatifs. Ces centres de masse, ne

coïncidant plus, créent un dipôle électrique élémentaire dans chaque cellule

Page 20: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

20

cristalline. Les ions n’occupent plus respectivement le centre et les sommets de la

maille (Figure I-8) ils sont décalés dans l’une des directions principales du réseau

cristallin ; il en résulte alors la majeure partie de la polarisation spontanée à l’échelle

de la maille, tandis que le reste de la polarisation spontanée est dû au caractère très

covalent des liaisons Pb-O.

cation Ti4+ ou Zr4+

cation Pb2+

anion O2-

(a)

(c)

(b)

Figure I. 7 Structure perovskite cubique (a) avec Ti ou Zr au centre (b) avec Pb au centre

(c) réseau d’octaèdres

Page 21: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

21

Figure I. 8 Structure cristalline quadratique de PbTiO3

I.1.3 diagramme de phase Les céramiques PZT résultent de la solution solide entre le zirconate de plomb

(PbZrO3) et le titanate de plomb (PbTiO3). Elles sont obtenues à partir de trois

oxydes de base: l'oxyde de plomb (PbO), l'oxyde de zirconium (ZrO2) et l'oxyde de

titane (TiO2). La figure I.10 illustre leur diagramme de phase.

Le titanate de plomb (PbTiO3) est ferroélectrique à l’ambiante. Sa température de

transition de la phase ferroélectrique à la phase paraélectrique est de 490 °C. Il

devient alors cubique à structure non polaire. En dessous de cette température, sa

phase ferroélectrique à structure moins symétrique est quadratique. Cette

quadraticité augmente avec la diminution de la température.

Le zirconate de plomb (PbZrO3) est un matériau antiferroélectrique à structure

orthorhombique à la température ambiante. Sa polarisation est nulle: deux mailles

adjacentes ont leurs polarisations parallèles mais de sens opposés. Le zirconate de

plomb présente une transition de phase à 230 °C. En dessous de cette température,

la structure est orthorhombique et correspond à l’état antiferroélectrique. Au-dessus,

il devient paraélectrique avec une structure cubique.

Dans les solutions solides PZT, la transition de phase ferroélectrique- paraélectrique

est de type displacif. Lors de la transition de Curie, la maille perovskite subit des

déformations et peut donner naissance à trois phases distinctes en fonction de la

composition du mélange PbTiO3 et PbZrO3: quadratique, rhomboédrique ou

Page 22: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

22

orthorhombique (Figure I.10). La dissymétrie apparaissant lors du déplacement

des ions, provoque la polarisation spontanée.

La substitution d’ions Zr4+ aux ions Ti4+ dans PbTiO3 réduit la distorsion du réseau

quadratique et provoque l’apparition d’une autre phase ferroélectrique à structure

rhomboédrique.

0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0-200

-150

-100

-50

0

50

100

150

200

250

300

350

400

450

500

RHOMBOHEDRAL TETRAGONAL

CUBIC

Jaffe et al. GEM PPM

A(tetr)

A (orth)

FLT(rh)

FHT(rh)

F (tetr)

P (cub)

PbTiO 3PbZrO 3

Tem

pera

ture

(°C

)

x(PbTiO 3)

P Z T 5 0 /5 0

P Z T 5 2 /4 8

P Z T 5 4 /4 6

P Z T 5 6 /4 4

M

N o h e d a e t a l .

R a g in i e t a l .

Figure I. 9 Diagramme de phase des solutions solides PZT [4], P(cub) : paraelectrique

cubique, FR( HT, LT) : ferroelectrique rhomboédrique (HT :haute température) (LT :basse température), FT :ferroélectrique quadratique, A : antiferroelectrique. M :phase monoclinique.

Page 23: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

23

Figure I. 10 Distorsions de la structure perovskite

Sur le diagramme de phases (Figure I.9), la limite entre les phases quadratique et

rhomboédrique constitue une frontière pratiquement verticale et quasiment

indépendante de la température, selon Weston et al.[5]. Cette région, située vers

52,1% de PbZrO3, est appelée « frontière de phase morphotropique » (FMP).

Plusieurs définitions de la FMP ont été proposées [6 7 8 9]. Pour Cao et al. [10], cette

zone correspond à une composition pour laquelle les énergies libres des phases

adjacentes sont égales. Selon Jaffe et al.[11] la composition morphotropique

correspond à un mélange de phases adjacentes en quantité égale. Cependant deux

types de mélange sont possibles :

mélange de deux phases de compositions différentes dont la quantité est définie

par la règle des mélanges

mélange de deux phases de compositions identiques mais de structures

cristallines différentes.

Les compositions de cette zone présentent une polarisation rémanente importante

du fait de la coexistence simultanée des deux phases (rhomboédrique et

quadratique). Cela explique les propriétés exceptionnelles des céramiques PZT et

pourquoi la majorité des applications industrielles se font avec des compositions

chimiques autour de cette zone morphotropique.

Page 24: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

24

Pour expliquer le maximum de l’activation piézo-électrique dans la FMP, plusieurs

auteurs [12 13] considèrent ce maximum comme une conséquence du maximum de la

constante diélectrique associée à une polarisation rémanente importante [14]. En

effet, dans la zone morphotropique, la polarisation est facile sous faible champ

électrique car la polarisation spontanée peut se faire suivant l’une des 14 orientations

permises par la coexistence des deux phases (figure I.11):

6 directions possibles pour la phase quadratique,

8 directions possibles pour la phase rhomboédrique.

Figure I. 11 Dispositions des axes de polarisation spontanée dans les différents systèmes

cristallins a) Quadratique (6 directions) b) Rhomboédrique (8directions) c) Orthorhombique (12diections possibles)

Des études récentes montrent que la FMP ne serait pas constituée d'un simple

mélange de phase quadratique et rhomboédrique mais qu'il existe également une

phase monoclinique [15] pour une valeur de x comprise entre 0.47 et 0.51 (x

pourcentage de Ti dans la composition Zr/Ti) (Figure I.12).

a b c

1

2

3 1

23

4

21 3

45

6

Page 25: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

25

Figure I. 12 Existence de phase monoclinique[15]

I.1.4 Polarisation et domaines ferroélectriques des PZT Pour la plupart des matériaux ferroélectriques soumis à des sollicitations

mécaniques, électriques ou thermiques répétées, les dipôles ne conservent plus leur

orientation initiale au cours du temps. La polarisation rémanente se modifie au cours

du temps et décroît sensiblement suivant les conditions d’utilisation du matériau.

Cependant, dans le cas de solutions solides de PZT, la polarisation du matériau se

stabilise vis-à-vis des sollicitations extérieures.

La polarisation spontanée est limitée aux domaines ferroélectriques, mais la

polarisation spontanée globale d’un cristal ferroélectrique est la somme vectorielle de

la polarisation spontanée de tous les domaines. Généralement dans les PZT, une

polarisation macroscopique est faible voire nulle (Figure I.13 (a)), d’où la nécessité

d’une polarisation artificielle (figure I.13 (b)) permettant d’introduire l’anisotropie

nécessaire à l’existence de la piézoélectricité, c'est-à-dire, la céramique est soumise

à un champ électrique externe intense supérieur au champ coercitif (Ec) sous

certaines conditions spécifiques de température et de durée (figure I.13 (c)).

Page 26: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

26

(a) (b) (c)

Figure I. 13 Polarisation d’une céramique pour générer l’effet de piézoélectricité

D'après Berlincourt [16], dans les matériaux de structure perovskite, le basculement

des domaines à 180° est total car il ne nécessite pas de déformations structurales,

contrairement aux réorientations des domaines à 71°, 90° et 109° dits ferroélastiques

qui entraînent des distorsions de la maille.

M. Demartin [17] précise que les domaines ferroélectriques correspondent au cas où

l'orientation des domaines est d'origine électrique (le sens de polarisation joue un

rôle), alors que les domaines ferroélastiques correspondent au cas où le sens du

dipôle électrique n'intervient pas et quand seule l'orientation de la maille

cristallographique joue un rôle lors de l'application d'une force mécanique (figure

I.14).

Les domaines ferroélectriques se forment généralement pour minimiser l’énergie

élastique associée aux contraintes mécaniques subies par le matériau lors de la

transition de phase paraélectrique ferroélectrique, et forment entre eux des angles

qui diffèrent selon la phase en présence.

(Les domaines à 90° minimisent l’énergie élastique alors que les domaines à

180°minimisent l’énergie électrique).

Page 27: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

27

Figure I. 14 Mouvement des parois de domaines ferroélectriques et

ferroélastiques. Cas d’une maille quadratique. Les domaines à 180° sont uniquement ferroélectriques, les domaines à 90° sont ferroélectriques et

ferroélastiques [17]

Plusieurs modèles existent pour expliquer le mouvement des murs de domaines

notamment ceux fondés sur l’évolution des moments dipolaires [18 19]. Yakunin et al. [18] supposent que l’intensité du moment dipolaire est nulle au plan médian entre

deux domaines ferroélectriques adjacents (Figure I.15(a)), alors que Cao et Cross [19] supposent une rotation du moment dipolaire avec diminution de son intensité

sans pour autant qu’il s’annule dans cette région (Figure I.15 (b)). Le premier modèle

est confirmé par Bourim [20] en montrant par diffraction des rayons X (DRX) qu’aux

environs 2θ = 45 il y a une distance entre (002) et (200) qui représente la largeur du

mur.

Page 28: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

28

Figure I. 15 Exemple de modélisation des murs de domaines à 90°

(a) Yakunin et al. [18] (b) Cao et Cross [19]

I.1.5 Dopage des PZT Les propriétés diélectriques et piézo-électriques remarquables des céramiques PZT

dans la zone morphotropique, peuvent être considérablement modifiées par la

substitution des ions Pb ou (Zr et Ti ) par d’autres ions appelés « dopants », dont la

valence peut être identique ou différente de celle de l’ion substitué. On modifie la

formulation simple des PZT par l’ajout d’un ou plusieurs cations étrangers qui vont

se substituer au Pb2+ en sites-A de la structure perovskite (ABO3) ou au couple

(Zr4+/Ti4+) en sites-B et parfois des anions en remplacement de l’oxygène. Le rayon

ionique du dopant doit être voisin de celui de l’ion auquel il se substitue. Il est à

noter que les substitutions font appel à différentes affinités liées surtout à la

différence de taille entre deux ions (rayon ionique) ou à leur différence

d’électronégativité. Ils entraînent l’apparition de distorsions dans la maille. Il existe

deux paramètres principaux qui rendent compte de la stabilité de la structure

perovskite : le facteur de Goldschmidt et l’ionicité des liaisons.

Les dopants sont généralement classés en trois catégories selon leur valence et

celle de l’ion substitué [11 21] : PZT durs, PZT doux et PZT à dopants isovalents.

Page 29: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

29

a) Les dopants de valence inférieure à celle de l’ion substitué (dopants

accepteurs ) : PZT durs

Les dopants rencontrés dans la littérature sont Na+, K+ (site A) ou Fe2+/3+, Mn2+/3+,

Zn2+, Sn2+, Ni2+/3+ (site B). L’électroneutralité du PZT est assurée par l’apparition de

lacunes d’oxygène (figure I.16), par conséquent une contraction de la maille

perovskite.

Ces lacunes d’oxygène diffusent jusqu’aux murs de domaines et les piègent ce qui

réduit leur mouvement et rend la polarisation ou dépolarisation de ces matériaux

difficile. C’est pourquoi on les appelle aussi des PZT durs. Elles provoquent

également une augmentation :

- du facteur de qualité mécanique,

- du champ coercitif,

- de la conductivité

et une diminution : - de la permittivité,

- des pertes diélectriques,

- des coefficients de couplage,

- de la taille des grains de la céramique.

Il est à noter que le mouvement des murs de domaines est réduit sous l'application

du champ mais leurs caractéristiques restent stables sous un champ élevé ce qui

permet de les utiliser dans une application de puissance (émission sous-marine,

nettoyage ultrasonore…)

b) Les dopants de valence supérieure à celle de l’ion substitué (dopants

donneurs) : PZT doux

L’excès de charge positive apporté par les dopants donneurs comme La3+ en site A

ou Nb5+, Sb5+ et W6+ en site B est compensé par des lacunes cationiques comme des

lacunes de Pb2+ en site A (figure I.16) ou un changement de valence de Ti4+ en Ti3+.

Les matériaux PZT ainsi obtenus sont dits doux. Ils sont facilement polarisables car

les lacunes de Pb n'interdisent pas le déplacement des parois de domaines

contrairement aux lacunes d'oxygène. Elles entraînent généralement une

augmentation:

Page 30: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

30

- de la permittivité,

- des pertes diélectriques,

- des coefficients de couplage,

- de la compliance élastique.

On observe également une diminution:

- du facteur de qualité mécanique,

- du champ coercitif,

- de la conductivité,

- du point de Curie.

Ces céramiques sont utilisées dans les actionneurs et transducteurs de faible

puissance (Contrôle non destructif, échographie médicale, dispositifs de

positionnement…)

c) Les dopants de valences égale à celle de l’ion substitué (dopants

isovalents)

C’est le cas par exemple de Ba2+, Sr2+, Ca2+ en site A et de Ce4+en site B de la

perovskite. Ces dopants augmentent le caractère ionique de la maille, stabilisent la

structure, augmentent la permittivité (ε) et abaissent la température de curie Tc .

On peut aussi avoir des substitutions multiples par plusieurs ions à valences

multiples instables ou plusieurs ions à valence stable. L'influence globale sur les

propriétés dépend de la concentration et de la valence de chaque ion.

De même, on peut substituer l'ion d'oxygène par l'ion fluor, en associant une

substitution cationique par ion sous-valence, ce qui permet d'obtenir des matériaux à

fort facteur de qualité mécanique (Q) présentant une grande stabilité de d33 sous

contrainte uniaxiale [22].

Page 31: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

31

a) dopage donneur (matériaux doux) b) dopage accepteur (matériaux durs)

Figure I. 16 Défauts créés dans le réseau PZT après substitution par des ions donneurs ou

accepteurs [23]

Le tableau I.3 [24] donne un ordre de grandeur des paramètres essentiels pour une

PZT non dopée (P), une PZT dure (HP) et une PZT douce(SP).

Tableau I. 3 Propriétés diélectriques et piézoélectriques de trois types de PZT (P, HP,SP)[24]

PZT Ceramiques Pb(Zr0.52Ti0.48)O3 PZT dure PZT-4 PZT douce PZT-5

Point de Curie (°C) 386 328 365

Constante diélectrique K * 730 1300 1700

Pertes mécanique * 0.004 0.004 0.02

Constante diélectrique (d 33)

220 289 374

Kp 0.52 0.58 0.60 Facteur de couplage

piezoélectrique K33 0.67 0.70 0.60

PZT-4 :Pb0.94Sr0.06(Zr0.53Ti0.47)O3 PZT-5 : Pb0.988(Zr0.52Ti0.48)0.976Nb0.024O3 (*) paramètre déterminé pour une fréquence de 1Khz (Voir annexe pour définition des différents paramètres)

Page 32: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

32

I.2 COMPORTEMENT A LA RUPTURE DES PZT

La plupart des défaillances des PZT sont associées à la rupture fragile. Cette rupture

est souvent initiée aux lieux de concentrations de champs électrique et mécanique :

défauts, cavités, hétérogénéités ou électrodes pointues. L’analyse et la

compréhension de leur comportement à la rupture sont nécessaires pour améliorer

leur fiabilité.

Ce comportement dépend de la microstructure mais la présence des domaines

ferroélastiques complique son interprétation. Dans la suite, on va se focaliser sur

certains aspects du comportement à la rupture des PZT : la ténacité, la résistance à

la propagation de fissure (courbes R) et la croissance sous critique.

Il est bien connu que l’énergie de rupture des matériaux PZT est beaucoup plus

élevée dans l'état ferroélectrique que dans l'état paraélectrique où il n’y a pas de

domaines [25 26].

I.2.1 Ténacité La ténacité (KIc) correspond au facteur d’intensité de contrainte critique pour lequel

une fissure se propage de façon catastrophique ou brutale. Elle lie la résistance à la

rupture, fσ , et la taille du défaut critique, ac, par la relation (I.9) où ψ est un facteur

de correction qui dépend du rapport de la largeur de l’échantillon par la taille du

défaut.

= σ ψIC f cK a (I. 9)

La ténacité des matériaux PZT est très faible et varie entre 0.7 et 1.2 MPam1/2 [27 28].

Elle dépend de plusieurs paramètres tels que la composition qui conditionne la

structure cristalline, la nature et le taux de dopants (donneur, accepteur, mixte), la

taille de grains, et l’état de polarisation (les conditions électriques aux bords,

l'orientation de la fissure par rapport à la direction de la polarisation…).

Le tableau I.4 regroupe les valeurs obtenues par différentes méthodes pour

différents types de PZT.

Page 33: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

33

Tableau I. 4 Différentes valeurs de ténacité pour différentes nuances PZT.

Références Matériaux KIC (Indentation) KIC (SEVNB)

63/37 + 4%Nb 0.89

53/47+ 4%Nb 0.78 [17]

43/57+ 4%Nb 1.00

PZT dur 1.1 1.0

PZT 1.2 0.94 [29]

PZT doux 1.0 1.02

I.2.1.1 Effet de la composition et de la microstructure La ténacité des matériaux proches de la zone morphotropique est nettement

inférieure à celle des PZT purement orthogonaux et rhomboédrique. Cet effet de la

composition a été constaté par plusieurs auteurs [17 30].

D’autres aspects ont été étudiés tels que l’effet de la taille de grain et l’effet du taux

de dopage. Demartin [17] a montré que la ténacité d’une PZT douce dopé à 2% de

Nb présente un minimum autour des tailles de 3 μm. Et que son augmentation, dans

les deux cas gros grains et petits grains, est probablement due à la présence de la

microfissuration. Tandis que dans une PZT à structure quadratique, Garg et al. [31]

montrent que la ténacité maximale (2.05 MPaM1/2) est obtenue pour 2% du dopant

utilisé (Nd+3).

Figure I. 17 Dépendance apparente de la ténacité avec la taille de grain.

(PZT 53/47 2%at Nb) [17].

Page 34: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

34

I.2.1.2 Effet de la polarisation : Anisotropie

Une polarisation électrique induit une anisotropie de la ténacité dans les PZT. Cet

effet a d’abord été observé lorsque la ténacité est déterminée à partir des de fissures

surfaciques crées par indentation [17 28 29]. Dans une PZT non polarisée, une

indentation Vickers crée des fissures surfaciques de même longueur suivant les

diagonales de l’indenteur. Lorsque le matériau est polarisé, les fissures sont plus

courtes dans la direction parallèle à la direction du champ de polarisation (Figure

I.18), ce qui entraîne une ténacité supérieure à celle observée dans la direction

orthogonale. L’expression de KIC est en effet donnée par la relation (I.10).

χ iIC 3/2

PK =c (I. 10)

Dans laquelle Pi représente la charge d’indentation et χ est un facteur caractérisant la

force motrice d’indentation donné par l’expression :

2/1

HE

⎟⎠⎞

⎜⎝⎛α=χ (I. 11)

avec E le module d’Young ; H la dureté du matériau et α un facteur de

proportionnalité.

Figure I. 18 Anisotropie des longueurs de fissures induites par indentation dans un PZT polarisé dans la direction A [32]

Page 35: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

35

La figure I.19 illustre l’effet de la polarisation (anisotropie) pour différentes

compositions étudiées par [30], confirmé par d’autres auteurs [17].

Figure I. 19 Effet de la polarisation pour differente composition Zr/Ti (méthode d’indentation) pour différentes directions de la polarisation : perpendiculaire à la direction de la

propagation de fissure ( ⊥), et parallèle à la direction de propagation de fissure (//) [30]

Certains auteurs [33 34] attribuent cette anisotropie à des contraintes internes induites

au refroidissement, d’autres [35] la lient à des contraintes internes dues à la

fragilisation des joints grains mais l’hypothèse qui semble bien vérifiée, est celle

avancée par Mehta et Virkar [32]. Il s’agit du basculement des domaines

ferroélectriques (voir cf I.2.2.3 mécanismes de renforcements).

En effet dans le cas d'une polarisation // le taux de domaines susceptibles de

changer d'orientation augmente : Les domaines initialement orientés dans la

direction du champ électrique basculent dans la direction perpendiculaire sous l'effet

du champ de contrainte engendré en fond de fissure. Par contre, dans le cas d'une

polarisation ⊥ le taux de domaines susceptibles de se réorienter sous contrainte est

plus faible que dans l'état non polarisé.

Page 36: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

36

L’anisotropie a également été observée dans le cas où la ténacité est mesurée en

utilisant différents types d’éprouvettes entaillées (SENB, DT, …). Pour évaluer cet

effet, Calderon et al. [27] ont introduit la variation relative de la ténacité ΔK définie par

la relation (I.12) :

−Δ = ICP ICNP

ICNP

(K K )KK (I. 12)

Dans laquelle KICNP représente la ténacité du matériau non polarisé et KICP celle

mesurée dans le cas d’une polarisation parallèle à la direction de la propagation de

fissure (Figure I.20)

ELèvre de la fissure

Z

Y

X

Direction de propagation de fissure

(a)

Autre sens possible de E

ELèvre de la fissure

Z

Y

X

Direction de propagation de fissure

(a)

Autre sens possible de E

ELèvre de la fissure

Z

Y

X

Direction de propagation de fissure

(b)

ELèvre de la fissure

Z

Y

X

Direction de propagation de fissure

(b) Figure I. 20 Sens de polarisation (a) polarisation perpendiculaire

(b) polarisation parallèle

Le tableau I.5 regroupe les valeurs obtenues par différentes méthodes. Il montre que

l’anisotropie apparaît beaucoup plus importante lorsque la ténacité est mesurée par

la méthode d’indentation (jusqu’à 70%), comparée à celle obtenue avec des

éprouvettes entaillées (de l’ordre de 25%). Cette surestimation est attribuée à un

artefact de mesuré lié à la méthode d’indentation [29]. Elle est due à une modification

du champ des contraintes résiduelles d’indentation non pris en compte dans le calcul

de la ténacité. Nous reviendrons sur ce point dans le chapitre 3.

Page 37: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

37

Tableau I. 5 Anisotropie de la ténacité selon différentes méthodes

Technique ΔK Référence 0.15 [36]

Double Torsion 0.10 [37]

0.25 -1,08 [33]

0.45 – 0.54 [37]

0.23 – 0.53 [37]

0.50 [32]

0.33 – 0.42 [38]

Indentation

0.68 [28]

Flexion 4 points 0.20 [37]

I : indentation, DT :double torsion et B : flexion quatre points (SENB)

De même, cette anisotropie est observée dans le cas des PZT durs et doux. Pour

trois types de PZT (non dopée (P), dure (HP) et douce (SP)), Calderon et al. [29], ont

étudié l’effet de la polarisation (cf. figure I.20 et figure I.21), sur la ténacité de ces

matériaux, en utilisant deux méthodes : SEVNB (éprouvette à entaille à chevron

chargée en flexion 4points) et l'indentation. Les résultats de cette étude sont

regroupés dans le tableau I.6.

Figure I. 21 Différentes orientations de propagation de fissure par rapport à la direction de la polarisation pour la méthode d’indentation [29]

Page 38: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

38

Figure I. 22 Géométrie de l’entaille et direction de la polarisation de l’éprouvette (SEVNB)[29]

Tableau I. 6 Ténacité déterminée par la méthode d’indentation (I) et de SEVNB (B) (PZT non dopée (P), PZT dure (HP) et PZT douce (SP)) [29]

I

1CK (C1) I1CK (C2) I

1CK (C3) B1CK B

1CK (C1) B1CK

PZT dure 1.9 0.7 1.0 1.1 1.1 1.0

PZT 2.0 0.8 1.4 1.2 1.18 0.94

PZT douce 1.4 0.5 1.1 1.0 1.05 1.02

I.2.2 Résistance à la propagation de fissure I.2.2.1 Effet de courbe R La rupture peut s’effectuer de manière contrôlée lorsque la résistance à la

propagation augmente avec l’allongement de la fissure. Cette résistance est due à

des mécanismes absorbeurs d’énergie tels la déformation plastique, la

microfissuration, la transformation de phase, la réorientation des domaines dans le

cas des PZT ou le glissement aux interfaces dans le cas des matériaux composites à

fibres. L’importance de ces mécanismes dépend de l’accroissement de fissure, ∆a.

Ainsi, dans ces conditions un critère unique KIc ou GIc est insuffisant pour

caractériser le comportement à la rupture du matériau. On est alors amené à étudier

les variations de la résistance nécessaire à la propagation de fissure, ou du facteur

d’intensité de contrainte, KR, en fonction de ∆a. La courbe qui représente ces

variations est appelée courbe R ou courbe KR (Figure I.23). Elle permet de mettre en

évidence la valeur de facteur d’intensité de contrainte à l’amorçage de la propagation

de fissure KR0 et l’augmentation de la résistance à la propagation de fissure ΔKR

(différence entre KR et KR0). Ces paramètres sont liés par la relation (I.13) qui

Page 39: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

39

découle de la mécanique linéaire de la rupture (MLR) et ils sont déterminés à partir

d’un essai de propagation stable de la fissure.

R I R 0 RK K K K= = + Δ (I. 13)

Avec

KI : Facteur d’intensité de contrainte appliqué.

ΔKR : Contribution du renforcement qui peut résulter de plusieurs mécanismes.

L’effet de courbe R a été observé dans les PZT par certains auteurs [39 40 41]. Le

facteur d’amorçage KR0 est compris entre 0.4 et 0.7 MPam1/2, et ΔKR peut

dépasser les 100% de KR0 [42 43] . La figure I.23 montre la courbe R obtenue par

Chen et al. [43] dans le cas d’une PZT douce (de composition 65/35 dopé avec 8% de

La).

KR,MAXI ou Kplateau

KR0

ΔKR,maxi

KR,MAXI ou Kplateau

KR0

ΔKR,maxi

Figure I. 23 Courbe R d’une PZT douce (de composition 65/35 dopé avec 8% de La) [43]

La forte amplitude de l’effet de courbe R observé est attribué au renforcement par

orientation de domaines [44 45 46]. D’autres mécanismes de moindre importance tels

que la transformation de phase rhomboédrique-quadratique sous l’action des

contraintes en pointe de fissure [47] ou la microfissuration [48] ont également été

évoqués. L’aspect des microfissures dépend de la taille de grain et de l’importance

de contrainte spontanée due à la transition de phase [49 50].

Page 40: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

40

Pour les céramiques ferroélectriques, la résistance à la propagation de fissure est

plus complexe à analyser que dans les autres céramiques. En plus de l’effet de la

géométrie et du type de chargement rapportés par Munz [51 52], la courbe R est

influencée par la composition, la microstructure, l’état de polarisation [53 46], le temps

et donc les vitesses de chargement et de déformation.

En outre, les déformations anélastiques sont présentes dans la plupart de ces

céramiques piézoélectriques même pour des faibles efforts.

I.2.2.3 Mécanisme de renforcement 1.2.2.3.1 Principe et modélisation Dans les PZT, les domaines changent d’orientation sous l’effet d’une contrainte

mécanique engendrant une déformation anélastique. Les domaines à 90° sont

orientés dans la direction de la contrainte. Dans la phase quadratique, les contraintes

internes sont minimisées par orientation des domaines de telle sorte que les axes c

(plus long que les axes a) soient le plus proche possible de l’axe de contrainte en

tension (Figure I.24).

Orientation aléatoire des domaines ferroélectriques

Fissure

σ

σ

Domaines basculés induisent des contraintes de compression Orientation aléatoire des

domaines ferroélectriques

Fissure

σ

σ

Domaines basculés induisent des contraintes de compression

Figure I. 24 Schématisation de l’orientation sous contrainte des domaines ferroélectriques.

Un modèle basé sur la formation d’une zone active (process zone) a été proposé par

analogie avec le renforcement par transformation de phase de la zircone [32].

1.2.2.3.2 Zone d’orientation des domaines Lors de la propagation de fissures, les éléments déformés par orientation des

domaines se retrouvent dans le sillage de la fissure où ils engendrent des contraintes

de compression qui s’opposent à l’ouverture de fissure. Ces contraintes jouent un

rôle d’écran vis-à-vis de la contrainte appliquée. Ainsi, il est nécessaire d’appliquer

Page 41: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

41

un facteur d’intensité de contrainte (FIC) plus important pour un nouvel incrément de

fissure : partie croissante de la courbe R. Ce mécanisme arrive à saturation lors de

la propagation de fissure : plateau de la courbe R (figure I.25). On attribue cette

saturation au fait qu’à partir d’une ouverture critique de la fissure (δc) les contraintes

de compressions n’ont plus d’effet.

Figure I. 25 Zone d’orientation de domaines et définition des paramètres [ 54].

Le FIC en fond de fissure Ktip, est inférieur à celui engendré par la contrainte

appliquée, KI :

tip I R 0K K K ( a ) K= − Δ = (I. 14)

KR représente la contribution de l’orientation des domaines qui dépend de la taille de

la zone anélastique. C’est le paramètre qui caractérise la résistance à la propagation

de fissure. Et K0 est la ténacité intrinsèque du matériau (à l’état paraélectrique).

Contrairement au cas de la zircone, l’orientation des domaines ne s’accompagne

d’aucune augmentation de volume. La forme de la zone frontale est par conséquent

différente. La contribution ΔKF, de cette zone au renforcement est constante pour

Page 42: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

42

une intensité de champ électrique (E) donné. La courbe R peut être décrite comme

suit :

R F wK ( a ) K K ( a )Δ Δ = Δ + Δ Δ (I. 15)

Où ΔKw la contribution des domaines orientés dans le sillage de la fissure. La valeur

au plateau du renforcement maxwKΔ est donnée par :

max 1/2w TK hΔ =α ε (I. 16)

avec

h: largeur de la zone dans laquelle l'orientation de domaines se produit (figure I.24)

α : constante incluant le module d’ Young

εT : déformation reliée à (c-a)/a les dimensions de la maille quadratique.

La taille de la zone d'orientation est donnée par [55]:

⎛ ⎞= ⎜ ⎟σ⎝ ⎠

2

R0c0

Kh A (I. 17)

Où 0cσ est la contrainte critique pour la polarisation des domaines appelés aussi

contrainte cœrcitive.

Toujours par analogie avec la transition de phase de la zircone, la longueur lp, de la

zone d'orientation des domaines (OD) saturée (au plateau de la courbe R) est

considérée proportionnelle à h:

∝pl 5h (I. 18)

Les études expérimentales du renforcement par OD se sont particulièrement

focalisées sur la mesure des contraintes de compression engendrées dans le sillage

sur la forme de la zone, la distribution de l’orientation des domaines et de l’effet du

temps, i.e la cinétique de l’OD [54].

Généralement la contrainte cœrcitive est de l’ordre de 25 à 220 MPa, la zone

d’orientation des domaines lp est 200μm (polarisé) 650 μm (non polarisée), la demi

largeur de la zone du processus h est environ 60 à 80 μm tandis que le taux de

domaines susceptible de basculer varie de 1% à 19%.(Tableau I.8) en utilisant des

essais de compressions in-situ.

Page 43: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

43

L’OD peut être mise en évidence par diffraction de rayons X (DRX) ou en effectuant

un recuit de dépolarisation.

a- Recuit de dépolarisation

Un recuit au-dessus de la température de Curie a pour effet de supprimer la

polarisation induite sous contrainte, lors de la propagation de fissure. Dans le cas de

BaTiO3, Meshke et al.[53] montrent qu'après recuit, la propagation de fissure reprend

avec la même valeur initiale KR0, indépendamment de la longueur de la fissure

(analogie avec le renforcement par transformation de phase dans le cas de la

zircone). Le recuit réoriente les domaines dans leur position initiale et supprime l’effet

du renforcement par OD

b-Diffraction des rayons X (DRX)

La DRX permet de distinguer deux effets :

Effet extrinsèque (basculement des domaines ferroélectriques)

Effet intrinsèque déformation de la maille.

Les deux effets opèrent à une échelle microscopique. En présence d’un effet

intrinsèque, un champ électrique provoque un déplacement des ions d'une maille

PZT et par la suite, modifie la distance dhkl par conséquent l'angle de diffraction

correspondant. Le basculement des domaines (OD) correspond à un effet

ferroélectrique (effet de texture) qui modifie l'intensité des pics.

L'OD induite sous contrainte peut être mise en évidence en effectuant une analyse

par diffraction des rayons X et en comparant les intensités relatives des raies

associées à un doublet, proportionnelles, chacune au nombre de domaines

correspondant à une orientation précise.

Pour les PZT quadratique par exemple, on peut utiliser, le doublet (002/200) pour la

phase quadratique (Figure I.26). Pour un matériau non polarisé, les intensités de

ces pics sont dans un rapport I(002)/I(200) proche de 0.5. Ce rapport varie lors du

basculement de domaines sous sollicitations (électrique ou mécanique) de telle

façon que le pic I(002) augment et I(200) diminue. Et inversement, une

dépolarisation par recuit au-dessus de la température de Curie se traduit par une

diminution de I(002) et une augmentation de I(200).

Page 44: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

44

Pour une fissure se propageant en mode I, l'intensité I(002) correspond au nombre

de domaines polarisés dans la direction perpendiculaire au plan de fissure qui

contribuent au renforcement.

Figure I. 26 Spectre de diffraction des rayons X sur les PZT

avant l’application de la contrainte, (b) après l’application de la contrainte(c) après recuit. [56]

Glazounov et al.[57] ont étudié comment l’OD dans des PZT dures et douces de

différentes compositions (Zr/Ti). Les doublets utilisés pour les phases relatives aux

différents rapports Zr/Ti sont précisés dans le tableau I.7. Les auteurs ont déterminé

la contrainte nécessaire à l’orientation des domaines pour ces matériaux et l’ont

corrélée à la courbe R. Ceci leur a permis de conclure que plus le matériau contient

un taux élevé de domaines susceptibles de se réorienter sous contrainte, plus il

présente une forte résistance à la propagation de fissures.

Tableau I. 7 Paramètres des matériaux PZT utilisés pour l’étude de l’orientation des domaines par DRX [51]

Zr/Ti Dopant (mol%) Modification

cristallographiqueRéflections mesurées

Taille moyenne de grains (µm)

60/40 2% La Rhomboédrique )111/()111( et )222/()222( 1.8

45/55 2% La Quadratique )200/()002( 1.6

54/46 0.7% Ag Rhomboédrique )111/()111( 4.8

45/55 0.7% Ag Quadratique )200/()002( 6.0

Page 45: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

45

Tableau I. 8 Corrélation entre l’effet de courbe R et les paramètres d’OD : cσ contrainte d’orientation de domaines, et sSΔ taux de déformations.

Zr/Ti Dopant (mol%)

δ (%)

δ en termes de domaines

réorientables (%)

ΔKR (MPa.m1/2)

σc

(MPa)

60/40 2% La 14 19 0.56 55 45/55 2% La 11 17 0.20 120 54/46 0.7% Ag 3 5 0.16 170 45/55 0.7% Ag 1 1.5 0.10 220

( )( )'

1 1 'R RR R

δ −=

+ + (I. 19) où R et R’ sont respectivement le rapport de l’intensité des pics (tableau

I.7) après la rupture et après le recuit de 4h à une température de 500°C. Certains auteurs ont recours à la microdiffraction in situ dans le but de déterminer

plus précisément la taille de la zone d’OD et la quantité d’orientation de domaines

tels que Hackmann et al. [39]. Ils ont pu montrer en utilisant la technique de XRD au

cours de l’essai de flexion 4 points, que le rapport d’ordre 5 (relation I.18) entre la

longueur de la zone d’orientation des domaines (lp) et la taille de la zone h, ne peut

être déterminé pour le matériau ferroélectrique étudié (PZT douce PIC 151), car la

longueur de la zone est de 400 millimètres et la taille du processus de zone est

environ 300 millimètres.

I.2.2.4 Influence de la microstructure et de la composition sur la Courbe R Tous les travaux actuels [39 51] affirment que le renforcement est dû au basculement

des domaines et qu’il est lié à d’autres paramètres tels la composition, la

microstructure, la direction de la polarisation…. Parmi ces auteurs ceux qui essayent

d’apporter des informations quantitatives en faisant recours à des mesures in situ et

à des moyens plus précis tels que l’AFM [52].

Effet de la nature du dopant et du rapport Zr/Ti Glazounov et al. [51] ont étudié les courbes R de PZT dopées pour différentes valeurs

du rapport Zr /Ti. La figure I.27 (a) correspond à une PZT douce dopée à 2% de La.

Dans ce cas, l’augmentation de la fraction de Zr n’a pas d’effet sur la valeur

d’amorçage, KR0, mais augmente d’une manière significative la valeur du plateau,

Page 46: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

46

KRmax. Dans le cas d’une PZT dure dopée à 0.7% de Ag (figure I.27 (b)),

l’augmentation de la fraction de Zr, diminue à la fois les valeurs de KR0 et de KRmax.

Figure I. 27 Courbes R de PZT dopées pour différents rapports Zr/Ti

(a) PZT douce dopée en La (b) PZT dure dopée en Ag [51]

Effet de la géométrie et du type de chargement : La figure I.28 montre des courbes R déterminées pour une PZT douce

(commerciale) en utilisant différentes méthodes.

La différence importante entre les trois courbes obtenues peut être attribuée soit

aux différences entre les interactions entre les surfaces de la rupture dans le sillage

de fissure (pontage), soit aux différences entre les états des domaines

ferroélectriques [51]. Il est à noter que les procédures sont celles utilisées

usuellement pour les matériaux idéalement fragiles [41].

Figure I. 28 Courbe R pour trois types d’essais [51].

Page 47: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

47

Effet de la taille de grains sur la résistance à la propagation de fissure. La taille de grains a une influence sur les deux mécanismes qui peuvent intervenir

simultanément dans les PZT à savoir le pontage et l'OD (orientation des domaines).

Glazounov et al.[57], ont étudié l’effet de la taille de grains d’une éprouvette CT en

choisissant deux BaTiO3 : H9 et B3, de taille de grains (φ) respectivement égale

15μm et 0.7μm, et une PZT commerciale PIC-151 (PI) pour laquelle φ est à égale 7

μm.

En comparant les deux courbes R de H9 et B3 (figure I.29), on observe que l’effet de

courbe R est plus prononcé dans le matériau à gros grains, pour lequel

l’augmentation de la résistance à la propagation est d’environ 40%. Bien que sa taille

de grains soit plus faible que celle du BaTiO3 à gros grains, le PZT (PI) présente un

renforcement plus important.

Figure I. 29 Effet de la taille de grain sur la courbe R de H9 B3 et PI [57].

D'après Meschke et al. [56], le renforcement augmente avec la taille de grain, φ. L'une

des raisons est que les domaines sont bloqués par les joints de grains dont la

proportion est plus importante dans un matériau à petits grains. Dans ce type de

céramiques les domaines ont plus de difficulté à changer d'orientation sous

contrainte et donc contribuent moins au renforcement.

Pour des PZT commerciales, Karastamatis et al.[58] montrent qu'une faible

augmentation de φ (de 5.2 à 6.4 μm) engendre une augmentation de la déformation

rémanente et du renforcement sous l'effet d'un champ électrique E parallèle.

En somme le mécanisme de renforcement le plus dominant dans les PZT reste le

basculement des domaines.

Page 48: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

48

I.2.2.5 Effet de la polarisation L’effet de la polarisation et son orientation par rapport à la direction de la propagation

de fissure sur la courbe R ont été étudiés par certains auteurs [41 45]. La figure I.29

montre les résultats de Lucato et al.[59] : une polarisation parallèle à la propagation de

la fissure augmente à la fois la valeur d’amorçage, KR0, et la valeur du plateau de la

courbe R.

Figure I. 30 Effet de la direction de la polarisation sur les courbes R [59] (X non polarisé, A B

et C représentent les trois cas de figures pour la direction de polarisation, indiqués sur le graphe)

Cet effet est confirmé par les travaux récents de Fett et al.[52] pour une PZT douce

(commerciale) près de la zone morphotropique.

Cependant cet effet n’est pas général. En effet, dans le cas d’une PZT douce,

Hackemann et al.[39] qui confirment l’existence d’un renforcement dû seulement à

l’orientation de domaines ferroélectriques, n’ont observé aucun effet de polarisation

même lorsque sa direction est favorable au basculement de domaines.

Kolleck et al. [54] ont étudié l’effet de l’intensité d’un champ de polarisation parallèle

au front de l’entaille de l’éprouvette CT en choisissant deux céramiques

piézoélectriques de type BaTiO3 (H9 et B3), et une PZT commerciale PIC-151 (PI).

L’augmentation de l’intensité d’un champ de polarisation (Ez) parallèle à l’épaisseur

des éprouvettes (Figure I.31), augmente à la fois la valeur d’amorçage, KR0, et la

valeur du plateau (KRmax). Par contre elle diminue l’extension de la fissure lp avant le

plateau de la courbe R (cf figure I.30).

Page 49: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

49

Figure I. 31 Effet de l’intensité de champ de polarisation parallèle au front de la fissure[]

I.2.3 Propagation sous critique Il est bien connu que la propagation des fissures dans les céramiques peut

apparaître pour des facteurs d’intensité de contrainte inférieurs à la ténacité. Ce

phénomène est souvent appelé propagation « sous critique » ou propagation lente

des fissures, ce qui conduit à l’une des limitations majeures de la durée de vie des

céramiques.

Ce phénomène est caractérisé par des courbes V-KI (vitesse de fissuration en

fonction du facteur d’intensité de contrainte), souvent décrites par des lois en

puissance (I.20).

= nIV AK (I. 20)

où A et n sont des paramètres dépendants du matériau et de l’environnement.

Deux phénomènes en série interviennent lors de la propagation lente des fissure :

d’abord le transport de molécules corrosives jusqu’au fond de fissure, puis la réaction

chimique entre l’eau et la céramique. Cette réaction se traduit par la rupture des

liaisons fortes de la céramique, et donc la propagation d’une fissure. La séquence

de rupture figureI.32 d’une liaison céramique, rompue par les contraintes appliquées

avec le support d’une molécule d’eau, est la suivante :

Une molécule d’eau s’attache à une liaison M-O-M (M représentant l’ion

métallique de l’oxyde, l’ion Silicium dans le cas du verre). La molécule d’eau

est alignée par la formation d’une liaison hydrogène avec un oxygène de la

céramique et l’interaction entre l’orbitale libre de l’oxygène de l’eau et l’ion

métallique.

Page 50: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

50

Un transfert de proton intervient à partir de l’oxygène de l’eau et l’ion

métallique M, et de l’hydrogène à l’oxygène de la liaison céramique.

La liaison originelle M-O est alors rompue.

Michalske et Freiman [60] ont montré que la présence de l’eau n’est pas

indispensable, mais toute molécule polaire peut jouer le même rôle (c’est le cas de

l’ammoniaque).

S i

O

S i

H

O H

S i

OH

H

O

S i

O

S i

S i

O

HH

(1) (2 ) (3)

Figure I. 32 Mécanisme de corrosion sous contrainte proposé dans le verre (d’après

Michalske (1982)).

La figure I.33 représente schématiquement un diagramme V-KI. Elle fait apparaître

trois stades correspondant à différents mécanismes intervenant en fond de fissure [61].

Le stade I correspond à des vitesses de propagation des fissures contrôlées par la

vitesse de réaction de l’eau. Un seuil de propagation, noté KI0 peut exister aux faibles

charges. Il correspond à un facteur d’intensité de contraintes en dessous duquel

aucune propagation n’a lieu, ce qui permet de définir un domaine de travail

parfaitement sûr. Dans le stade II, la vitesse de réaction devient plus grande que la

vitesse d’arrivée des espèces corrosives en fond de fissure : c’est donc le transport

de l’eau le long de la fissure qui gère le stade II. Dans le stade III, la charge

appliquée est suffisamment forte pour que la rupture se produise dans les conditions

du vide.

Page 51: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

51

Facteur d’intensité de contrainte (MPa√m) ) -Echelle log.

Vite

sse

de p

ropa

gatio

n de

fiss

ures

(m/s

) -E

chel

lelo

g.

KI0 KIC

Vide

Air

Stade IIVitesse contrôlée par diffusion des molécules d’eau.

Stade IVitesse contrôlée par la réaction.

Stade IIIRupture dans les conditions du vide

Facteur d’intensité de contrainte (MPa√m) ) -Echelle log.

Vite

sse

de p

ropa

gatio

n de

fiss

ures

(m/s

) -E

chel

lelo

g.

KI0 KIC

Vide

Air

KI0 KIC

Vide

Air

Vide

Air

Stade IIVitesse contrôlée par diffusion des molécules d’eau.

Stade IIVitesse contrôlée par diffusion des molécules d’eau.

Stade IVitesse contrôlée par la réaction.

Stade IVitesse contrôlée par la réaction.

Stade IIIRupture dans les conditions du vide

Stade IIIRupture dans les conditions du vide

Figure I. 33 Propagation lente des fissures dans les céramiques

I.2.3.1 Croissance sous critique dans les PZT

La croissance sous critique de fissure est largement étudiée dans les verres et un

bon nombre de céramiques mais très peu abordé dans les céramiques

piézoélectriques, en particulier les PZT.

Bruce et al.[62], après Freiman et al.[60], ont étudié ce phénomène dans les PZT pour

des vitesses de propagation entre 10-4m/s et 10-7 m/s, dans différents

environnements. Bruce et al. [63] ont conduit des essais de Double torsion dans une

PZT dure dopée au Sr, de structure quadratique, dans deux milieux différents: eau

distillée et toluène.

Dans le premier milieu (eau distillée) seul le stade I a été observé avec un coefficient

égale à 56. Par contre dans le toluène, les trois stades ont été mise en évidence

avec un coefficient n de 132 pour le stade III. par rapport au resultats de Freiman et

al.[. Ces auteurs notent aussi que le coefficient n, dans l'eau distillée, diminue

lorsque la température augmente entre 15 et 75 °c.

La figure I.33 montre la courbe V-KI d'une céramique commerciale PZT(PI) non

dopée, déterminée sur des éprouvettes CT par Lucato et al [63]. On retrouve les trois

stades. Le stade I (1.1 à 1.2 MPam1/2) est caractérisé par une forte dépendance

entre V et KI. Le stade II (1.2 - 1.4 MPam1/2) correspond à une dépendance moins

Page 52: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

52

importante. La transition du stade III n'est pas bien définie mais on peut la

considérer à partir de 1.4 MPam1/2.

Figure I. 34 Courbe V-KI d’une PZT non polarisée [63]

Différents paramètres sont susceptibles d'influencer les courbes V-KI des PZT tels

que l'environnement, la polarisation et sa direction par rapport à celle de la

propagation de fissure, la microstructure …

Effet de l’environnement : L’effet de l’environnement sur le seuil de la propagation sous critique (SCC), KI0,

d’une céramique commerciale (PZT –5) polarisée, a été étudié par Wang et al.[64] ,

dans trois environnements différents : eau distillée, méthanol et formiamide. Les

résultats sont indiqués sur le tableau I.9.

Tableau I. 9 Les valeurs de KI0 /KIC et KI0 dans différentes solutions.

Environnement Eau Méthanol Foriamide

KI0/KIC 0.66 0.73 0.75

KI0 0.88 0.98 1.0

Page 53: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

53

Effet de polarisation sur les courbes V-KI La courbe V- KI dépend de la polarisation et de sa direction.

En générale, une polarisation perpendiculaire (⊥) à la direction de propagation de

fissure conduit à une chute des valeurs de KI. Par contre une polarisation parallèle

(//) décale les courbes V- KI vers les valeurs plus élevées de KI [27 17 28] .

Mais très peu d’études menées sur l’effet de la polarisation sur la courbe V-KI. On

cite les travaux de Bourim et al. [65] qui ont été effectués sur deux nuances de 54/46,

52/48 non dopées, en utilisant la méthode de double torsion. Pour la nuance PZT

52/48 avec une polarisation // au plan de fissure, ils ont observé un décalage vers

les faibles valeurs de KI qui reste inférieur à celui de la polarisation perpendiculaire.

Ils ont attribué cette différence au fait que le PZT 54/46 est plus facilement

polarisable que le PZT 52/48.

Pour une céramique (PZT- 4), Su et al. [66] ont repris les essais présentés dans le

paragraphe ci-dessus, pour étudier l’influence de l’intensité du champ de

polarisation et celle de son signe sur le seuil KI0, noté par ces auteurs KISCC, en

combinant le chargement mécanique et électrique. La figure I.36(a) montre que le

seuil de propagation sous critique sous l’action d’un champ électrique KISCC(E) varie

linéairement avec l’intensité du champ. Il passe par un maximum puis diminue quand

l’intensité du champ augmente. La figure I.36 (b) montre que ce seuil est

indépendant du signe du champ.

Figure I. 35 Effet de la direction de polarisation sur le diagramme V- KI

Page 54: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

54

Figure I. 36 L’effet du champ électrique sur le seuil de propagation sous critique dans une solution d’huile de silicone

Il importe de souligner que l’utilisation de l’AFM in situ ouvre de nouveaux horizons.

Elle permet de déterminer de la courbe V - KI pour des vitesses de l’ordre allant à

10-13 m/s ainsi que le seuil des PZT (0.49 MPam1/2). La figure I.38 montre, les

résultats des travaux récents de Felten et al. [52] décrivent des courbes V-KI d’une

PZT non dopée, dont les vitesses sont déterminées soit par microscope optique, soit

par AFM.

Figure I. 37 Courbes (V–KI) d’une PZT non polarisée.

Page 55: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

55

Conclusion

L’étude bibliographique montre que les propriétés mécaniques des PZT, en

particulier leur comportement à la résistance à la propagation de fissures sont moins

connues que leurs caractéristiques diélectriques et piézoélectriques.

La ténacité, la résistance à la propagation de fissures et la croissance sous critique

des PZT sont influencées par leur microstructure (composition, nature et taux de

dopant, taille de grain…) et leur état de polarisation.

On constate aussi que la polarisation induit une anisotropie. Cette anisotropie est

observée pour les structures rhomboédrique, mixte et quadratique. Dans le cas de la

ténacité, elle est plus grande pour les structures mixte et rhomboédrique que pour la

structure quadratique. Elle dépend aussi de la direction de propagation de fissure

par rapport au sens de la polarisation. Mais la présence des domaines

ferroélastiques complique l’interprétation des comportements.

Le principal mécanisme de renforcement qui intervient dans ces céramiques est le

basculement des domaines mis en évidence soit par DRX soit par un recuit à une

température supérieure à Tc.

La variété de procédures inhérentes d’élaboration des PZT et leurs paramètres,

leurs diverses compositions ainsi que leur comportement anélastique compliquent

l’étude de leur comportement à la rupture, et fait que plusieurs résultats ne sont pas

bien établis.

Dans cette étude, nous présentons une contribution pour éclaircir certains aspects

du comportement à la résistance à la propagation de fissures des PZT plus

précisément l’effet du dopant et l’influence de la polarisation sur la ténacité, la

résistance à la propagation de fissures et la propagation sous critique.

Page 56: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

56

Chapitre 2

ELABORATION ET CARACTERISATION DES PZT

Ce chapitre est consacré aux procédures d’élaboration et à l’ensemble des

techniques expérimentales utilisées pour la caractérisation préliminaire des

matériaux élaborés. Les principaux paramètres physiques et mécaniques seront,

donc, déterminés.

Page 57: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

57

II.1. CHOIX DES MATERIAUX

Nous avons choisi une composition de PZT située dans la zone morphotropique

(Zr :Ti = 54 :46) et pour étudier l’effet de dopage nous avons choisi pour la même

composition le Nb comme élément additif pour avoir une PZT douce et le potassium

pour avoir une PZT dure. Les matériaux élaborés (Tableau II.1) par voie solide

répondent aux compositions chimiques suivantes :

Zircono-titanate de plomb non dopé Pb (Zr0.54 Ti0.46)O3 désigné par PZT 54/46. (PZT pur)

Zircono-titanate de plomb dopé au potassium K+ à 1% atomique :

Pb0.99K0.01(Zr0.54 Ti0.46)O3 désigné par PKZT (PZT dur). L’ion potassium

K+ vient se substituer au plomb Pb2+ dans les sites-A de la structure

pérovskite. Son rayon ionique (r K+ = 1.33 Å) est voisin de celui du Pb2+

(r Pb2+= 1.20 Å). L’introduction du dopant potassium augmente la

concentration en lacunes d’oxygène, puisque les ions oxygène quittent

leurs sites pour maintenir l’electro-neutralité perturbée par le déficit de

charges dans les sites-A. Nous savons que ce genre de défauts

ponctuels (lacunes d’oxygène) est une entité très citée dans divers

travaux comme responsable des phénomènes de pertes mécaniques et

diélectriques [67 68 69] par son interaction avec les parois de domaines

ferroélectriques.

Zircono-titanate de plomb dopé au niobium Nb5+ à 2% atomique : Pb

[(Zr0.54 Ti0.46)0.98 Nb0.02] O3 désigné par PNZT (PZT doux). L’ion niobium

Nb5+ vient se substituer au couple zirconium-titane (Zr, Ti)4+ dans les

sites-B de la structure pérovskite. Le rayon atomique (r Nb5+ = 0.69 Å)

est voisin de celui du couple (rZr4+ = 0.79 Å, rTi4+ = 0.68 Å).

L’introduction du niobium dans les sites-B de la structure pérovskite

permet de compenser l’éventuel défaut de stoechiométrie dû à la

création de lacunes de plomb lors du frittage (départ du plomb par

sublimation). Sans la présence du niobium, ce sont les ions oxygène

qui se déplacent pour assurer l’électro-neutralité en laissant derrière

elles des lacunes. Donc l’introduction du niobium diminue la

concentration en lacunes d’oxygène.

Page 58: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

58

Tableau II. 1 Composition et désignation des matériaux choisis.

matériaux % atomique en dopant

Formule chimique Désignation

PZT pure 0 %

Pb(Zr0.54Ti0.46)O3 PZT

PZT dopée au potassium K+

1% Pb0.99K0.01(Zr0.54Ti0.46)O3 PKZT

PZT dopée au niobium Nb5+

2% Pb(Zr0.54Ti0.46)0.98Nb0.02O3 PNZT

II.2. Matières premières

II.2.1 Les oxydes de base

Les matériaux ont été élaborés à partir des oxydes de base suivants : oxyde de

plomb (PbO), dioxyde de zirconium (ZrO2) et dioxyde de titane (TiO2) dont les

caracteristiques sont données dans le tableau II.2.

Tableau II. 2 References et caracteristiques des oxydes de base.

caractéristiques PbO ZrO2 TiO2 Fournisseur références

PENARROYA LITHARGE (C)

HULS DYNAZIRCON(F)

DEGUSSA TITANDIOXID P25

Phases cristallographique

MASSICOT orthorhombique

BADDDELEYITE monoclinique

70 % ANATASE 30% RUTILE quadratique

Diamètre moyen des grains (µm)

9.5 5.75 Approx. 3.7

Masse volumique (g/cm3)

3.5 0.15 0.021

Distribution granulométrique (µm)

0<Ø<40 0<Ø<40

Surface spécifique (m2/g)

0.8 67.32 50 ±15

Pureté chimique

99.70% Fe % maxi 0.0025 Cu % maxi 0.0025 Bi % maxi 0.0025 Ag % maxi 0.0025 Zn % maxi 0.0025 Sb % maxi 0.0025 As traces Sn traces

Al2O3 : 0.05 SiO2 < 0.05 TiO2 < 0.005 Fe2O3 < 0.02 MgO : 0.05 Na2O : 0.03 K2O : 0.01

>99.50% Al2O3 < 0.3% SiO2 < 0.2% Fe2O3 < 0.01% HCl < 0.3%

Page 59: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

59

Pour le dopage au niobium, on utilise comme poudre de départ le Nb2O5 avec comme principales caractéristiques :

- une pureté de 99,9 % - une distribution granulaire 0<Ф<40 µ m.

Pour le dopage au potassium, on utilise le K2CO3 avec comme principales caractéristiques :

- une pureté > 98% - une distribution granulaire 0<Ф<40 µ m

II.3. Procédé d’élaboration On distingue communément deux voies d’élaboration des poudres de PZT : la voie

solide conventionnelle [5-7] qui est utilisée industriellement et la voie liquide ou voie

chimique (synthèse et caractérisation des poudres PZT) telle que le procédé sol gel [70 71] la synthèse hydrothermale [72] ou la coprécipitation [73 74].

Nous avons opté pour la méthode d’élaboration par voie solide « dite méthode

classique » qui consiste à faire réagir à haute température (vers les 900°C) un

mélange pulvérulent d’oxydes et/ou de carbonates des espèces à introduire. Les

réactifs de départ (ou précurseurs) sont l’oxyde de plomb (PbO), le dioxyde de

zircone (ZrO2 ) et dioxyde de titane (TiO2 ). Elle est facile à mettre en oeuvre et peu

couteuse.

Le procédé suivi pour élaborer les diverses compositions de cette étude est décrit

par l’organigramme de la figure II.1 qui résume les différentes étapes.

Pour étudier l’effet de la microstructure, et afin d’optimiser et de faciliter l’usinage des

échantillons, on a utilisé une deuxième procédure d’élaboration décrite par

l’organigramme de la figure II.2. Il s’agit d’introduire un liant organique sous forme

d’une solution aqueuse d'alcool polyvinylique (PVA) à 1% en masse dans le but de

faciliter le compactage par pressage uniaxial à l’aide d’une matrice

parallélépipédique en acier permettant d’approcher les dimensions finales

souhaitées de la céramique.

Page 60: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

60

Ajout de dopant :K2CO3 ou Nb2O5

Oxydes de départ PbO, ZrO2, TiO2 Mélange 3h dans l’éthanol (200tr/min)

Étuvage 12hCalcination

5°C/min 900°C/2h 5°C/min

Broyage 6h dans l’éthanol Etuvage 12h Tamisage

Frittage5°C/min 1250°C/4h 5°C/min

Usinage des échantillons

Tamisage

Pressage isostatique

Ajout de dopant :K2CO3 ou Nb2O5

Oxydes de départ PbO, ZrO2, TiO2 Mélange 3h dans l’éthanol (200tr/min)

Étuvage 12hCalcination

5°C/min 900°C/2h 5°C/min

Broyage 6h dans l’éthanol Etuvage 12h Tamisage

Frittage5°C/min 1250°C/4h 5°C/min

Usinage des échantillons

Tamisage

Pressage isostatique

Figure II. 1. Protocole d’élaboration sans liant des céramiques dopées et non dopées

Figure II. 2. Protocole d’élaboration avec liant.

Ajout de dopant : K2CO3 ou Nb2O5

Oxydes de départ PbO, ZrO2, TiO2 Mélange dans l’éthanol

Etuvage Calcination

900°C

Broyage dans l’éthanol (200tr/min) Etuvage Tamisage

Tamisage

Pressage (uniaxial puis isostatique) Déliantage 500°C 4h

Introduction du liant Tamisage Etuvage

Frittage 1150°C ou bien 1250 /4h

Usinage des échantillons

Page 61: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

61

II.3.1 Procédure d’élaboration sans liant 1) Dosage Le dosage des compositions céramiques, se fait selon la loi des mélanges dans des

jarres en agate. La poudre sèche est mise en suspension avec de l’éthanol comme

solvant et des billes d’agate comme médias de broyage. (l’agate, très dur,

évite la contamination des céramiques).

Pour une jarre, on compte donc un volume utile de 80%, dont 25% sont occupés par

la poudre, 25% par de l’éthanol et 50% par des billes de broyage. La quantité de

matière préparée pour chaque composition est 0.5 moles soit environ 160 g. 2) Mélange Le mélangeage des oxydes dans l’éthanol est effectué dans un broyeur planétaire

pendant une durée de 3 heures à une vitesse de 200tr/min, afin d’obtenir un

mélange homogène. Le mélange par rotation s’accompagne d’un broyage à l’aide

de billes céramiques. 3) Etuvage Cette étape consiste à sécher le mélange obtenu à une température de 110°C

pendant 12h afin d’évaporer l’éthanol. Le composé est de nouveau sous forme de

poudre. 4) Tamisage On fait passer la poudre successivement à travers des tamis de 200 et 100

µm afin d’avoir une taille de grain de la poudre homogène. Un jeu de billes est prévu

pour briser les agglomérats formés durant l’étuvage. 5) Calcination Elle consiste en un traitement thermique du mélange d’oxydes suivant trois étapes :

une augmentation de la température à une vitesse de 5°C/min jusqu’à 900°C

(inférieure à la température de frittage pour éviter une densification prématurée),

suivie d’une stabilisation à 900°C pendant 2 heures pour permettre la réaction

chimique puis d’une diminution de la température jusqu’à l’ambiante, suivant la

même pente. 6) Broyage On réalise ce deuxième broyage afin de réduire les agglomérats formés lors

de l’étape de calcination et pour affiner la poudre. Sa durée est de 6 heures à une

vitesse de 200 tr/ min.

Page 62: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

62

7) Séchage Le mélange est séché à 110°C pendant une durée de 12h, suivie d’une nouvelle

étape de tamisage à travers des tamis plus fins de 100, 80 et 40 µm

successivement. 8) Pressage isostatique Le but du pressage isostatique est d’augmenter fortement la densité des

échantillons élaborés pour les renforcer avant de les soumettre au four de frittage.

La pression est transmise, par l’intermédiaire d’un liquide, aux plaquettes

enfermées sous vide dans des sachets étanches (pour plus de sécurité, on utilise

deux sachets par échantillon). Il est important que les sachets ne contiennent ni air,

ni huile, à la fin de l’opération pour être sur de l’absence d’échange des échantillons

avec le milieu.

L’ensemble est immergé dans l’huile contenue dans l’enceinte de la presse. Les

conditions de pressage sont les suivantes : montée en pression rapide jusqu’à

350MPa, palier de 5 min pour permettre homogénéisation de la pression dans

l’échantillon, descente contrôlée afin d’éviter une libération brutale des contraintes

internes qui pourrait provoquer la rupture de l’échantillon cru. 9) Frittage Les comprimés de poudre obtenus par pressage isostatique, sont frittés sous air

selon le cycle de frittage suivant :

Une montée en température à une vitesse de 5 °C/min jusqu’à la température 1250

°C suivie d’un palier de 4 heures, puis une descente jusqu’à l’ambiante à une vitesse

de 5 °C/min. Pour avoir une microstructure différente (taille de grain plus petite) on a

appliqué le même cycle où le seul paramètre modifié est la température de frittage qui

est de 1150°C.

Pour remédier aux pertes de plomb par sublimation lors du frittage, nous effectuons le

frittage dans une atmosphère riche en plomb en utilisant le PbZrO3 [75 76] comme lit

de poudre (poudre d’enrobage ou poudre d’atmosphère) pour maintenir une tension

de vapeur en PbO supérieure à celle de la céramique à fritter.

Le dispositif de frittage constitué d’un double creuset et d’un couvercle en alumine

permettant de maintenir une atmosphère sursaturée en plomb est présenté dans la

figure II.3.

Page 63: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

63

Figure II. 3. Schéma du dispositif de frittage II.3.2 Procédure d’élaboration en utilisant un liant

La démarche est quasiment la même que celle décrite ci-dessus, avec des étapes

supplémentaires relatives à l’ajout du liant et au pressage unixal qui nous permet

d’avoir des dimensions et des formes proches des échantillons souhaités. On se

contente de présenter les dites étapes. 1) Ajout du liant Pour assurer la cohésion de la poudre lors du pressage, il est nécessaire d’ajouter un

liant. Sans cela, les échantillons pressés se briseraient trop facilement. Le liant utilisé

est l’alcool polyvinylique. Ce composé, sous forme solide au départ, est dilué dans de

l’eau distillée.

La quantité de liant à introduire dans la poudre n’est pas une donnée aisée à

déterminer. Seule la pratique nous a permis de trouver les bonnes valeurs. Ainsi, des

échantillons de PZT et de PKZT se brisaient régulièrement au cours du pressage

isostatique. On a donc légèrement augmenté la quantité de liant (0.5%) dans ces

poudres. Il ne faut pas que cette quantité soit trop grande car il y aurait des risques de

rendre le matériau poreux. Les quantités de liant, en pourcentage massique, sont les

suivantes pour chaque nuance de poudre : 1% pour PNZT et 1,5 % pour PZT et

PKZT qui ont nécessité plus de liant pour avoir finalement un matériau plus cohérent.

Page 64: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

64

Après avoir mélangé la poudre avec la solution de liant, on place le mélange à l’étuve

pour faire évaporer l’eau. On broye ensuite manuellement les poudres agglomérées

et on réalise un tamisage avec un tamis de 200µm. 2) Pressage Le but du pressage est de compacter la poudre élaborée pour permettre le frittage.

On effectue deux pressages successifs : uniaxial puis isostatique.

Pour le pressage uniaxial, la poudre de PZT est introduite dans une matrice en métal

qui donne une forme de parallélépipèdique à l’échantillon, puis la force est appliquée

dans la direction verticale. Les conditions de pressage sont les suivantes :

montée progressive en pression jusqu’à 40 MPa

palier de 1 min pour permettre l’homogénéisation de la pression dans

l’échantillon

descente progressive 3) Déliantage :

Afin de faire disparaître le liant, on place les échantillons pressés au four pour leur

faire subir le cycle thermique suivant :

une montée en température à une vitesse de 2,5°C/min jusqu’à 500°C

un palier de 4 heures à 500°C

une descente jusqu’à l’ambiante à une vitesse de 2,5°C /min. II.3.3 Usinage et préparation des échantillons

Le « lopin » obtenu après frittage est découpé de manière à avoir les échantillons

souhaités tels que les éprouvettes de double torsion ou de flexion.

Les échantillons sont rectifiés aux dimensions finales en laissant quelques dixièmes

de mm pour le polissage pour avoir un état de surface correct et les spécifications

géométriques.

Des contraintes internes ayant pu être engendrées pendant les opérations d’usinage

sont relaxées par un traitement thermique consistant en une montée en température

à 5°C/min, suivie d’un palier de 4h à 500°C précédant une descente à 5°C/min. Cette

température est supérieure à la température de Curie (Tc). Ce traitement sert en

outre à éliminer toute l’histoire thermomécanique.

Le tableau II.3 regroupe les désignations des différentes nuances obtenues par les

deux procédures d’élaboration.

Page 65: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

65

Tableau II. 3 Désignation des matériaux étudiés

Température de frittage

Elaboration avec liant Elaboration sans liant

1250°C PZT PKZT PNZT PZT1 PKZT1 PNZT11150°C PZTf PKZTf PNZTf

II.4 Caractérisation II.4.1 Analyse de la structure des phases par diffraction des rayons X Le diffractogramme permet l’enregistrement de l’intensité diffractée en fonction de

l’angle 2 θ, angle entre les faisceaux incident et diffracté des rayons X.

L’analyse des raies obtenues permet d’obtenir un certain nombre d’informations sur

les caractéristiques structurales des échantillons telles que : les phases en présence,

leur proportion, leur structure cristalline, les paramètres de maille, la taille des

cristallites etc…On compare par la suite les raies de diffractions obtenues à celles

des fiches ASTM, empreintes signalétiques, de corps connus, ou celles de la

littérature.

La diffraction est effectuée à l’ambiante avec un diffractomètre Rigaku-Geiger-Flex

dont le monochromateur graphite [0002] utilisant la radiation Cukα (λ=1.5418). La

tension du tube à rayons x est de 40 Kv, le courant est de 25 mA. Les diagrammes

de diffraction sur nos poudres calcinées et frittées sont enregistrés lors d’un

balayage de 2θ = 15°- 80° à une vitesse de 1°/min et un pas de 0.05°.

On effectue la diffraction X sur nos matériaux calcinés et frittés et la poudre PbZr03

calcinée qui va nous servir de poudre d’enrobage pour maintenir une tension de

vapeur en PbO supérieure à celle de la céramique à fritter.

Seuls les spectres des matériaux élaborés sans liant sont représentés (figure II.4 et

Figure II.5).

La Figure II.5 montre qu’il s’agit bien d’une structure pérovskite pour les différentes

nuances. On se focalise sur la présence simultanée d'un doublet de raies (002)/

(200) et d'une raie simple (200) indiquant la coexistence de deux phases quadratique

et rhomboédrique pour les céramiques non dopées, dopées au potassium et au

niobium ; on confirme donc que l’on est bien dans la zone morphotropiques pour les

trois nuances élaborées.

De même, le triplet de raies présent à 2θ=44° est mieux mis en évidence sur les

diffractogrammes représentant les matériaux frittés suite à l’éclatement des raies

après frittage (Figure II .5) [20 77 78 79]

Page 66: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

66

PZT calcinée

15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80

Inte

nsité

(a.u

)

PKZT calcinée

15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80

Inte

nsité

(a.u

)

PNZT calcinée

15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80

Inte

nsité

(a.u

)

Figure II. 4 Spectre de diffraction X après calcination des nuances élaborées PZT1, PKZT1

et PNZT1 ( sans liant)

Page 67: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

67

1

1

1

1

1

1

Figure II. 5 Spectre de diffraction X après frittage des nuances élaborées PZT1, PNZT1 et

PKZT1 (sans liant)

II.4. 2 Microstructure des matériaux élaborés La microstructure des matériaux élaborés (figure II.6) a été observée par

microscopie électronique à balayage (JOEL 200CX). Un polissage soigné et de plus

en plus fin (métallodisque puis pâte diamantée de granularité décroissante 6, 3,

1 µ m) permet l’obtention d’un état de surface satisfaisant. Une attaque chimique à

l’acide fluoro-silicique (H2SiF6 à 25 %) permet de révéler les joints de grains de la

céramique. Enfin une métallisation sous vide d'une très fine couche d'or évite

les problèmes de charges électriques pendant l'observation au MEB.

(a)

PNZT1 PZT1

PKZT1

Page 68: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

68

(b)

PNZT PNZTf

PZT PZTf

PKZT PKZTf

Figure II. 6 Microstructures des céramiques élaborées sans liant (a) avec liant (b).

La taille moyenne des grains est obtenue par la méthode d’interception linéaire sur

des micrographies représentatives. Sur le tableau II.5 est indiqué la taille de grains

des nuances élaborées.

Page 69: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

69

Tableau II. 4 Taille moyenne des grains des différentes nuances élaborées.

On constate que les nuances PNZT présentent des tailles de grains relativement

plus faibles par rapport aux autres nuances et ceci quelle que soit la méthode

d’élaboration utilisée. Le dopage au Nb permet de diminuer la taille de grain et

d’augmenter la densité en particulier pour une solubilité de 2% mol comme le montre

Pereira et al.[80].

II. 4. 3 Densité La mesure de la densité se fait sur des échantillons de forme géométrique

parallélépipédique, avec un micromètre et une balance de grande précision (Mettler

AE 100). La méthode utilisée est celle d’Arthur (basée sur le principe d’Archimède).

Son principe consiste à peser l’échantillon dans l’air puis dans l’eau distillée dont on

connaît la densité.

L’échantillon préparé est d’abord pesé dans l’air (ma) et ensuite pesé dans l’eau dont

on relève sa température (me). La densité apparente est calculée par la relation

suivante :

(% ) 1 0 0 a e

a e th

m ddm m d

= × ×−

(II. 1)

Où d : densité; de : densité de l’eau à la température de l’essai ; dth

ma : la masse de l’échantillon dans l’air ; me : la masse de l’échantillon immergé

dans l’eau. Les valeurs moyennes des densités sont données dans le tableau II.5.

Matériau Température de frittage (°C)

Taille de grains (µm)

PZT1 1250 3.8

PNZT1 1250 2.4

Sans liant

PKZT1 1250 13.7

PZTf PZT

1150 1250

4.4 8.2

PKZTf PKZT

1150 1250

2.4 6.8

Avec liant

PNZTf PNZT

1150 1250

1.1 2.3

Page 70: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

70

Tableau II. 5 Densités des différentes nuances.

Procédure d’élaboration Matériaux Densité (g.cm-3) Densité relative

(%) PZT1 7.38 94.2

PKZT1 7.49 93.9

procédure sans liant

PNZT1 7.47 95.2

PZT 7.42 94

PZTf 7.29 93

PKZT 7.23 92

PKZTf 7.02 89

PNZT 7.67 97

Procédure avec liant

PNZTf 7.62 97

L’ajout de liant diminue la densité relative du PKZT d’environ de 2%. Par contre,

pour le PNZT, on note une augmentation de la densité qui reste quasiment la même

pour la nuance non dopée.

II.5 Mesure des Propriétés Mécaniques III.5.1 Propriétés Elastiques III.5.1.1 Par Grindosonic Les valeurs du module d’Young ont été mesurées avec un appareil de type

Grindosonic.

Cet appareil permet l’obtention des paramètres élastiques à partir d’une analyse du

comportement vibratoire du matériau. Le module élastique est donné par la formule :

⎛ ⎞ ⎛ ⎞= ν⎜ ⎟ ⎜ ⎟⎝ ⎠ ⎝ ⎠

32m L wE 0 .9 4 6 4 2 f T ( , )

B w L(II. 2)

avec

2 4

2 2 4

2 4

w8.34(1 0.02023 2.173 )( )w w w LT( , ) 1 6.585(1 0.0752 0.8109 )( ) 0.868( ) wL L L 1 6.338(1 0.14081 1.536 )( )L

+ ν+ νν = + + ν+ ν − −

+ + ν+ ν

(II. 3)

Page 71: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

71

où m est la masse de l’échantillon (grammes), f la fréquence de vibration mesurée,

B, L et W respectivement les valeurs en mm de la largeur, longueur et

épaisseur, et T un facteur correctif dépendant du rapport épaisseur /longueur,

valant 1.075 pour la géométrie de nos éprouvettes.

Tableau II. 6 Module d’Young, par Grindosonic, des différentes nuances élaborées sans liant

Nuances PZT1 PNZT1 PKZT1

E (GPa) 74.8 66.1 74.9

II.5.1.2 Par ultrasons La caractérisation par ultrasons des matériaux anisotropes est basée sur la mesure

des vitesses de propagation des ondes ultrasonores pour différentes directions de

propagation. Les mesures ultrasonores sont alors effectuées sous incidence en

transmission (Fig. II.7).

Figure II. 7 Mesure de la vitesse en immersion sous incidence; emetteur (E), récepteur (R),

onde longitudinale (OL) et onde tranversale (OT).

Les vitesses de propagation des ondes longitudinales et transversales sont

déterminées par mesure du temps de vol par intercorrélation entrée (signal de

référence)-sortie (signaux de mesure) (Fig. II.7) [81].

Dans le cas d'un matériau isotrope, deux constantes d'élasticité (le module d'Young

E et le coefficient de Poisson ν ) caractérisent le matériau. Pour cela, deux vitesses

Page 72: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

72

de propagation (une longitudinale et l'autre transversale) suffisent alors à identifier

les paramètres mécaniques du matériau.

Nous avons utilisé deux capteurs de type ‘Panametrics’, V10-9 et V15-5. Le premier

pour la mesure des fréquences longitudinales et le second pour les fréquences

transversales. Une tolérance géométrique sévère du parallélisme des deux surfaces

de l’échantillon mises en jeu est exigée. Seule l’épaisseur de l’échantillon intervient

dans le calcul des vitesses de propagation des ondes longitudinales VL et

transversales VT. Elles sont déterminées par Vi=2e/Δt où Δt est la mesure du temps

de vol par intercorrélation entrée (signal de référence)-sortie (signaux de mesure), e

l’épaisseur de l’échantillon et i correspond soit à l’indice L (longitudinale) soit à

l’indice T (transversale).

Le module d'Young et le coefficient de Poisson d'un matériau isotrope s'expriment

simplement en fonction des vitesses de propagation longitudinale notée VL et

transversale notée VT, qui ne dépendent plus de la direction de propagation :

( )ρ −=

2 2 2T L T

2 2L T

V 3 V 4 VE

V V (II. 4)

( )( )

2 2L T

2 2L T

V 2 V

2 V V

−ν =

− (II. 5)

Tableau II. 7 Module d’Young et coefficient de Poisson mesurés par ultrasons (des matériaux élaborés sans liant)

Nuances PZT1 PNZT1 PKZT1

E (GPa) 77.6 66.7 77.9

ν 0.33 0.33 0.34

II.5.2 Contrainte à la rupture Les valeurs de contrainte à la rupture ont été mesurées sur une machine de traction

compression universelle hydraulique INSTRON 8502. La méthode utilisée est la

flexion 4 points (Figure II.8). Les entraxes sont respectivement L=35mm et l=10mm ;

B correspond à la largeur de l’éprouvette et w à son épaisseur.

Page 73: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

73

l

L

w

B

Figure II. 8 Géométrie et la mise en position de l’échantillon

Les essais ont été effectués en asservissement du déplacement de la traverse à

vitesse constante égale 5mm/mn. La valeur de la contrainte à la rupture est

déterminée à l’aide de la relation suivante :

( )R 2

P. L l32 B.w

−σ = (II. 6)

Où P est la charge à la rupture en N.

Les valeurs obtenues pour les différentes nuances sont regroupées au tableau II.9.

II.5.3 Mesure de la dureté par indentation Vickers Le principe de cette méthode est d’appliquer un indenteur Vickers à la surface de

l’échantillon soigneusement polie avec différentes charges (la charge est appliquée

pendant 10 secondes). Il crée un système de deux fissures principales

orthogonales. On mesure la longueur des diagonales de l’empreinte la longueur de

fissure dans les deux directions. Cela permet de déterminer la valeur de la dureté

ainsi que la ténacité qu’on présentera dans le chapitre suivant. la dureté est évaluée

par :

V 2F FH 1.8544S d

= = (II. 7)

HV : la dureté du matériau, F : la charge appliquée d : la diagonale de l’empreinte

S : surface de l’empreinte.

Page 74: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

74

Tableau II. 8 Caractéristiques mécaniques des différentes nuances de PZT sans liant

Nuance

E (GPa)

σR (MPa)

HV (GPa)

PZT1 74.8-77.6 92.5-113 2.26-3.47

PNZT1 66.1-66.7 66-85.7 2.01-3.54

PKZT1 74.9-77.9 58.6-100 1.97-4.18

PZT 73 93 2.16

PKZT 67 66 1.79

PNZT 70 59 2.35

PNZTf 2.66

II. 6 Mesures des propriétés diélectriques

II.6.1 Cycles d’hystérésis Les matériaux ferroélectriques présentent une polarisation rémanente, que l'on peut

inverser par l'application d'un champ électrique de signe opposé. On rappelle que

cette caractéristique est à l'origine d'un cycle d'hystérésis ferroélectrique. C’est la

variation de la polarisation en fonction du champ électrique appliqué. Le but de cette

étude est:

de déterminer le champ coercitif (Ec), champ minimum nécessaire pour que le

matériau se polarise, pour les trois céramiques élaborées.

de déterminer la polarisation rémanente (Pr), valeur de la polarisation à

champ nul (E=0) et la polarisation de saturation souvent appelée polarisation

spontanée (Ps) qui est la valeur maximale de la polarisation que l’on peut

atteindre.

de montrer que la nuance PNZT est facilement polarisable (une PZT douce),

tandis que les deux autres nuances PKZT (une PZT dure) et PZT sont plus

difficilement polarisables.

Les mesures du cycle d’hystérésis ont été effectuées sur des échantillons métallisés de dimensions environ égales à 10*9*2 mm3. La figure II.9 et figure II.10 montrent la

Page 75: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

75

variation de la polarisation P en fonction de champ électrique E pour les différents matériaux.

On constate que le PZT et PKZT sont difficilement polarisables alors que le PNZT

est facilement polarisable. On note que Ec pour les PZT douce (PNZT) est moins

important que celui de PZT pure et PZT dure (PKZT).

Des mesures des propriétés électriques ont été réalisées en mode disque (annexe)

pour différentes nuances. Ces mesures ont permis de déterminer les différents

paramètres piézo-électriques des trois nuances. Les valeurs obtenues pour les

différentes propriétés diélectriques montrent bien que la nuance PNZT correspond à

une PZT douce alors que celle dopée au K est une PZT dure (cf I.1.5 Dopage).

-2 -1 0 1 2

x 106

-0.4

-0.3

-0.2

-0.1

0

0.1

0.2

0.3

0.4 PNZT

Champ électrique (V/m)

Pol

aris

atio

n (C

/m²)

-2 -1 0 1 2

x 106

-0.4

-0.3

-0.2

-0.1

0

0.1

0.2

0.3

0.4 PNZTf

Champ électrique (V/m)

Pol

aris

atio

n (C

/m²)

-2 -1 0 1 2

x 106

-0.25

-0.2

-0.15

-0.1

-0.05

0

0.05

0.1

0.15

0.2

0.25PZT

Champ électrique (V/m)

Pol

aris

atio

n (C

/m²)

-2 -1 0 1 2

x 106

-0.4

-0.3

-0.2

-0.1

0

0.1

0.2

0.3

0.4 PKZT

Champ électrique (V/m)

Pol

aris

atio

n (C

/m²)

Figure II. 9 Cycles d’hystérésis de PZT élaborées avec liant

Page 76: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

76

-2 -1 0 1 2

x 106

-0.4

-0.2

0

0.2

0.40.4

Champ électrique (V/m)

Pol

aris

atio

n(C

/m²)

PNZT1

-2 -1 0 1 2

x 106

-0.5

-0.25

0

0.25

0.50.5PZT1

Champ électrique (V/m)

Pol

aris

atio

n (C

/m²)

Figure II. 10 Cycles d’hystérésis de PZT élaborées sans liant

Conclusion Les matériaux élaborés (avec ou sans liant), présentent des bonnes caractéristiques

physiques.

Le dopage au niobium conduit bien à une PZT douce. Par contre le dopage au

potassium mène à une PZT dure. L’ajout de liant facilite l’usinage et permet

d’augmenter la densité pour PNZT mais celle de la nuance non dopée reste

quasiment la même. Par contre, pour le PKZT, on note une diminution de la densité.

L’étude a été réalisée essentiellement en utilisant des matériaux élaborés avec liant.

Dans le cas contraire on l’indique dans le texte en utilisant la désignation mentionnée

au tableau II.4.

Page 77: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

77

Chapitre 3

TENACITE ET RESISTANCE A LA PROPAGATION DE FISSURES

Dans ce chapitre, on aborde l’étude de la ténacité et la résistance à la propagation de fissures dans les céramiques PZT élaborées : pure, douce et dure.

L’anisotropie de la ténacité induite par une polarisation électrique est quantifiée par différentes méthodes et la contribution des contraintes résiduelles d’indentation est mise en évidence.

D’autre part, l’étude de la résistance à la propagation de fissures est analysée en terme de courbes R en mettant en évidence le mécanisme de renforcement.

Page 78: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

78

III.1 TENACITE L’indentation est une méthode très utilisée pour déterminer la ténacité des céramiques piézo-électriques. La ténacité est mesurée soit directement à partir de l’empreinte et des longueurs des fissures radiales (méthode d’indentation) [82], soit à partir de la contrainte à la rupture après un essai de rupture (méthode d’indentation composée) [83], soit à partir d’un suivi de propagation stable des fissures induites par indentation au cours d’un essai de flexion [84].

III.1.1 Méthode d’indentation simple :

Lors d’un chargement, Il y a déformation plastique sous l’indenteur. Cette déformation plastique hémisphérique se fait avec conservation de volume. Le volume de l’indenteur est accommodé par une déformation élastique. Une fois l’indenteur enlevé (déchargement), la zone plastique empêche la relaxation de la déformation élastique. Il en résulte un système de contraintes résiduelles. Lawn et al.[85] montrent que ces contraintes résiduelles sont des contraintes de tension dans la direction tangentielle et de compression dans la direction radiale.

Les fissures créées lors de l’indentation sont donc soumises à cet état de contrainte. Ce sont les contraintes de tension qui agissent sur les fissures radiales et agissent comme une force motrice à la propagation de fissure.

En termes de facteur d’intensité de contraintes appliqué aux fissures radiales, Lawn et al.[85] montrent que ces contraintes sont équivalentes à une contribution résiduelle du facteur d’intensité de contrainte (Kres) donnée par la relation III.16 où c représente la longueur de la fissure radiale (mesurée en surface), P la charge d’indentation et χ une caractéristique intrinsèque du matériau.

res 3 / 2

PKC

= χ ⋅ (III. 1)

2/1

HE

⎟⎠⎞

⎜⎝⎛α=χ (III. 2)

avec

E : module d’Young ;

H : dureté du matériau exprimée par Hv= 1.8544*P/a2 (III. 3)

α : facteur de proportionnalité.

Page 79: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

79

Figure III. 1 Les paramètres pour la détermination de la ténacité par indentation Vickers

Anstis et al. [82] proposent une calibration pour la détermination de KIC. La longueur des fissures radiales d’indentation correspondent à un équilibre mécanique ; leur longueur est atteinte lorsque Kres= KIC. Elles vérifient donc théoriquement la relation III.3.

IC 3/2χ PKc

⋅= (III. 4)

III.1.2 Méthode d’indentation composée : Lors d’un chargement, les éprouvettes indentées sont soumises à la contribution de

deux champs de contraintes : les contraintes appliquées et les contraintes résiduelles

d’indentation. Le facteur d’intensité de contrainte total, KI, est donné par la relation

suivante :

Itot I résK K K= + (III. 5)

où Krés est le facteur d’intensité de contrainte résiduel lié à la charge d’indentation P,

et KI le facteur d’intensité de contrainte dû au chargement extérieur. Dans le cas d’une

flexion (la plus utilisée en céramique) KI est donné par :

IK c= ψσ (III. 6)

avec σ : contrainte appliquée,

ψ : facteur géométrique de forme,

a : profondeur de fissure, égal à c dans le cas de fissures semi – circulaires.

Page 80: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

80

2 3 4a a a a1.99 2.47 12.97 23.17 24.80w w w w

⎛ ⎞ ⎛ ⎞ ⎛ ⎞ ⎛ ⎞ψ = − + − +⎜ ⎟ ⎜ ⎟ ⎜ ⎟ ⎜ ⎟⎝ ⎠ ⎝ ⎠ ⎝ ⎠ ⎝ ⎠

(III. 7)

La propagation de fissure se produit lorsque KI atteint KIC, c.a.d :

3/2Ic iK σ c P c−= ψ + χ ⋅ ⋅ (III. 8)

Que l’on peut mettre sous la forme :

3/2Ic iσ c K P c−ψ = − χ ⋅ ⋅ (III. 9)

Ou encore

3/2Ici

Kσ c P c −χ= − ⋅ ⋅

ψ ψ (III. 10)

La courbe ψ = σ√c=f (P.c-3/2) est théoriquement une droite de pente –χ et d’ordonnée

à l’origine KIC. Il est alors possible de déterminer à la fois KIC et χ à partir de longueurs

de fissures mesurées pour différentes charges d’indentation appliquées, dans un

domaine de longueurs de fissures où la propagation est stable. Il est souvent proposé

de mesurer différents couples (σ, ci(σ)) en réalisant un chargement très rapide jusqu’à

une contrainte donnée, puis déchargement à nouveau très rapide et mesure de la

longueur de fissure ci(σ) sur un microscope optique. Cette procédure est appelée la

méthode de suivi de propagation stable.

La même expression (III.4) est généralement utilisée pour la ténacité avec un facteur

de contraintes résiduelles χ constant indépendamment de l’orientation et de la forme

des fissures.

On procède, dans la suite à l’évaluation de la ténacité des matériaux étudiés polarisés

en étudiant l’effet d’une polarisation sur le facteur χ. Mais dans un premier temps, on

détermine la ténacité par la méthode d’indentation classique (Indentation Vickers) et

la méthode de flexion 4 points pour les trois nuances non polarisées. On utilise la

méthode du suivi de la propagation stable des fissures d’indentation, qui permet une

détermination directe de la ténacité et du facteur χ dans le cas du matériau polarisé et

non polarisé.

Page 81: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

81

III.1.3 Ténacité des nuances non polarisées : La ténacité est mesurée par la méthode de l’indentation Vickers, et celle de flexion 4

points (SENB) sur des éprouvettes non polarisées.

III.1.3.1 Méthode SENB C’est la méthode de flexion 4 points utilisée pour la détermination de la contrainte à

la rupture sauf que dans ce cas on introduit dans l’échantillon une entaille de taille

connue a (figure III.2). On mesure la contrainte à la rupture et on en déduit par par

relation III.6, où on pose KI=KIC, le facteur d’intensité de contrainte critique du

matériau en mode I (KIC en MPam1/2). Dans notre cas, les échantillons utilisés de

dimensions ( 40 x 6 x 4 mm3) ont été entaillés, à l’aide d’une meule diamantée de

largeur de 1.5 mm, jusqu’à une profondeur relative, a/w, de 0.4. La vitesse de

traverse est fixée à 5 mm/min.

Figure III. 2 Essai SENB. Géométrie de l’éprouvette.

III.1.3.2 Indentation Vickers Le principe de cette méthode est d’appliquer un indenteur Vickers à la surface de

l’échantillon soigneusement polie avec différentes charges (la charge est appliquée

pendant 10 secondes). Il crée un système de deux fissures principales orthogonales

On mesure la longueur de fissure dans les deux directions. Cela permet de

déterminer la valeur de la dureté et de la ténacité par les relations respectivement

III.3 et III.4.

III.1.3.2.1 Résultats expérimentaux: Le tableau III.1 compare la ténacité mesurée des trois nuances non polarisées

élaborées sans liant, par le deux méthodes présentées ci-dessus.

Page 82: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

82

Tabeau III. 1 Caractéristiques mécaniques des différentes nuances de PZT selon la première procédure d’élaboration

Nuances PZT1 PNZT1 PKZT1

Par flexion 1 1.2 0.9 K

IC

(MPa

m1/

2 ) Par indentation 1.13 1.32 1.25

On constate que la méthode d’indentation surestime les valeurs de la ténacité par

rapport à la méthode de flexion. En effet les ténacités, par la méthode d’indentation,

des 3 nuances (PZT1 PKZT1 et PNZT1) sont respectivement 1.13 MPam1/2 1.25

MPam1/2 et 1.32 MPam1/2 ; alors que les valeurs par flexion trois points sont

respectivement 1 0.9 et 1.2 MPam1/2. Des résultats similaires existent dans la

littérature [28].

III.1.4 Effet de la polarisation sur la ténacité mesurée par indentation III.1.4.1 Méthode Classique d’indentation III.1.4.1.1 Procédure expérimentale Pour les trois matériaux PZT, PNZT et PKZT, des éprouvettes ont été découpées et

polies sur une face puis recuites à 500°C et enfin indentées à différentes charges.

Pour chaque nuance, un lot a été polarisé avant l’indentation dans la direction 1 en

appliquant un champ électrique de 2KV/mm pendant 30min. La figure III.3 montre

bien le sens de la polarisation et défini les longueurs c1 et c2 qui correspondent

respectivement à une polarisation parallèle (//) et à une polarisation ( ┴).

La ténacité est calculée, pour les matériaux polarisés ou non, par la relation (III.4) en

considérant les longueurs de fissures radiales d’indentation c1 et c2.

III.1.4.1.2 Résultats La figure III.4, représente la charge d’indentation en fonction de (c-3/2) pour différentes

nuances de PZT polarisées ou non. La ténacité est déterminée à partir des pentes

des droites d’interpolation linéaire de ces courbes (lignes continues sur les figures) en

tenant compte des propriétés des matériaux et en prenant α = 0.016 (eq. III.2)

Lors que le matériau est polarisé on observe une anisotropie des longueurs (figure

III.3) par conséquent celle de la ténacité. Pour évaluer cette anisotropie, nous avons

Page 83: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

83

utilisé le paramètre ΔK qui représente la valeur apparente de KIC observée dans une

direction, comparé à l’état non polarisé. Ce paramètre est donné par la relation (III.11)

les valeurs correspondants sont dans le tableau III.2.

( )ICP ICNPapparente

ICNP

K - K K

KΔ = (III. 11)

KICNP : Ténacité de la nuance étudiée non polarisée

KICP : Ténacité de la nuance étudiée polarisée

E

c1

c2

Non polariséPolarisé

c1 c1□ c2 ■ c2

E

c1

c2

Non polariséPolarisé

c1 c1□ c2 ■ c2

c1

c2

Non polariséPolarisé

c1 c1□ c2 ■ c2

Figure III. 3 Définition des fissures d’indentations et de la direction de la polarisation

Page 84: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

84

PZT

0

50

100

150

200

250

300

350

0.00 0.50 1.00 1.50 2.00 2.50 3.00 3.50

C1 C2

Cha

rge

(N)

C3/2(mm3/2)

Non polarisé PZT

0

50

100

150

200

250

300

350

0.00 0.50 1.00 1.50 2.00 2.50 3.00 3.50

C1 C2

Cha

rge

(N)

C3/2(mm3/2)

Non polarisé

Non polarisé

Cha

rge

(N)

C3/2(mm3/2)

PKZT

0

50

100

150

200

250

300

350

0.00 0.50 1.00 1.50 2.00 2.50 3.00 3.50 4.00 4.50

C1C2

Non polarisé

Cha

rge

(N)

C3/2(mm3/2)

PKZT

0

50

100

150

200

250

300

350

0.00 0.50 1.00 1.50 2.00 2.50 3.00 3.50 4.00 4.50

C1C2

Cha

rge

(N)

C3/2(mm3/2)

PNZT

0

50

100

150

200

250

300

350

0.00 0.50 1.00 1.50 2.00 2.50 3.00

C2C1

Non polarisé

Cha

rge

(N)

C3/2(mm3/2)

PNZT

0

50

100

150

200

250

300

350

0.00 0.50 1.00 1.50 2.00 2.50 3.00

C2C1

Non polarisé

Figure III. 4 Effet de la polarisation sur les longueurs de fissures radiales d’indentation

pour les trois nuances.

Page 85: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

85

Les valeurs de ΔK obtenues dans la direction // sont comprises entre 0.56% et 0.77%. Elles sont proches de celles de la littérature et montrent que la méthode basée sur la mesure des longueurs de fissures après indentation conduit à une surestimation de l’anisotropie pour les matériaux polarisés [28].

Ce résultat peut être dû à une modification du champ de contraintes résiduelles

d’indentation non prise en compte dans les calculs de la ténacité et que l’équilibre est

atteint sous des champs de contraintes différents dans la direction parallèle et

perpendiculaire à celle du champ électrique.

Tableau III. 2 Anisotropie de ténacité calculée pour les trois nuances

KICNP : Ténacité de la nuance étudiée non polarisée

KICP : Ténacité de la nuance étudiée soit parallèle ( // ) soit perpendiculaire ( ⊥)

Dans la suite, nous nous intéresserons à l’anisotropie intrinsèque des PZT en étudiant

l’influence de la polarisation sur le facteur χ, non prise en compte dans la méthode

classique d’indentation.

III.2.2.2 Méthode de suivi de propagation stable : Effet de la polarisation sur χ

III.2.2.2.1 Principe et procédure

Le principe de la méthode de suivi de propagation de fissure, consiste à soumettre

des éprouvettes contenant des fissures créées par indentation à un essai de flexion.

Ces essais sont effectués sur des barreaux de PNZT non polarisés et polarisés dans

le sens de la largeur « B » (figure III.5).

La procédure est d’appliquer une contrainte σ, qu’on augmente progressivement et de

mesurer, pour chaque valeur, la nouvelle longueur de fissure, c, résultant de la

PZT PKZT PNZT KICNP 1.44 1.54 1.5 KICP// (C1) 2.55 2.71 2.33 ΔK (//) 77% 76% 56% KICP⊥(C2 ) 0.85 0.7 0.93

Inde

ntat

ion

ΔK (⊥) -0.41% -0.55% -0.38%

Page 86: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

86

propagation stable. Pour une charge d’indentation donnée, le tracé de KI = ψ σ c en

fonction de 3/2P c−⋅ est une droite dont la pente et l’ordonnée à l’origine correspondent

respectivement à χ et KIc .

Les essais sont réalisés sur un équipage de flexion 4 points d’entre axes 35 mm et

10 mm. Apres un recuit à 500°C pour tous les échantillons, certains ont été polarisés

par un champ 2KV/mm suivant la largeur « B » (figure III.5) avant d’être indentés.

Trois indentations équidistantes ont été introduites à la même charge (30N) au centre

de la face polie, de manière à ce que les diagonales de l’empreinte soient orientées

parallèlement aux axes de l’éprouvette. Les longueurs de fissures initiales ont été

mesurées à l’aide d’un microscope optique, puis les éprouvettes ont été centrées par

rapport à l’équipage de flexion (face polie en tension et fissures dans la zone de

contrainte de tension maximale). On applique par la suite une première charge faible

d’environ 15N à une vitesse de 6000 N/min charge puis on mesure les longueurs de

fissure relatives à chaque indentation par microscope optique puis tant qu’on n’a la

rupture de l’échantillon, on refait l’essai en incrémentant la charge d’environ 5N. Une

fois l’éprouvette est rompue suivant l’une des trois indentations, on arrête le test et on

mesure les longueurs de fissure de deux autres indentations. Cette procédure est

détaillée sur la figure III.5.

La contrainte appliquée lors de chaque charge est calculée par la relation suivante :

( )2

3P L L'σ

2BW−

= (III. 12)

Page 87: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

87

Essai de flexion 4 pointsl

L

w

B

Mise en position de l’échantillon dans le dispositif de flexion à 4 points ;

Choisir les parametres de l’essai : Charge P (choisir une charge minimum possible pour commencer)

Une vitesse de montée et de descend plus rapide V( V= 6000 N/min ).

Indentation

Apres recuit, 3 indentations centrées sur la

face polie espacées de x (x=2,5 mm); Charge d’indentation Pi (Pi=3N) pendant

une durée t (t=10s).

Rupture ?

Rupture suivant l’indentation i ?

Mesurer les longueurs Ck

Incrémenter la charge P= P+ ΔP

Tracer la courbes de kσ c en fonction 3/2kP c −⋅

0

1

2

3

4

5

6

7

8

9

0 2 000 000 0 40 000 000 600 000 00 8 000 00 00 1 00 000 000 1 200 000 00 14 000 000 0 160 000 00 0

Mesurer Cj pour j ≠ i

Essai non valide NON

NON

Figure III. 5 Procédure de la méthode de suivi de propagation stable

Page 88: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

88

III.2.2.2.2 Résultats

La figure III.6 montre le tracé de (ψσ c ) en fonction de P*(c-3/2) pour les deux

échantillons de PNZT polarisé et non. Bien que les deux échantillons se prêtent au

modèle décrit par l’équation (III.9), ils ont un comportement différent. Les deux

graphes montrent que la propagation débute presque à partir du même facteur

d’intensité de contrainte mais pas pour la même longueur initiale. De même la

linéarisation des deux courbes polarisé et non polarisé n’ont pas les mêmes

paramètres (KIC et χ ). Le tableau III.3 regroupe les valeurs obtenues pour le matériau

polarisé et non polarisé, en considérant la relation (III.10). On peut remarquer que le

rapport ψ

χ (pente de la courbe) n’a pas la même valeur pour le matériau polarisé et

non polarisé.

Si l’on considère que ψ n’est pas modifié par la polarisation, on constate d’abord que

l’anisotropie évaluée par ΔK est très faible relativement aux valeurs obtenues par

indentation. Ensuite le facteur de contraintes résiduelles d’indentation χ est fortement

diminué par la polarisation. On obtient :

χ polarisé = 0.4 χnon polarisé (III. 13)

Ce résultat permet de conclure que l’anisotropie observée par indentation n’est pas

seulement due au basculement de domaines ferroélectriques. Dans la direction où la

fissure a le moins propagé, direction parallèle à la direction de la polarisation,les

contraintes résiduelles sont plus faibles (χ est moins élevé que dans le cas non

polarisé). Cette diminution de χ engendre une augmentation apparente de la ténacité

qui s’ajoute aux effets du basculement de domaines. Cependant lors des essais de

chargement, une variation de ψ n’est pas à exclure.

A la suite de ces résultats, nous avons conduit les mêmes essais mais sur des

échantillons indentés d’abord, puis polarisé par la suite dans les mêmes conditions.

On constate que le modèle est toujours vérifié et que le diagramme correspondant

(Figure III.7) débute de la même valeur de la longueur initiale que pour le matériau

non polarisé avec une légère hausse de la valeur de KIC et la linéarisation de la

courbe tend vers une valeur approchée de la ténacité du matériau polarisé puis

indenté. ΔK est de l’ordre de 7% et Δ χ est 20%.

Page 89: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

89

0

0.4

0.8

1.2

1.6

0.E+00 5.E+06 1.E+07 2.E+07 2.E+07

PNZT_NP PNZT_PI

P*c-3/2 (N.m-3/2)

σ * c

-1/2 (M

Pa.m

-1

/2 )

Figure III. 6 Tracé ψ σ c en fonction de 3/2P c−⋅ pour les PNZT non polarisées (PNZT_NP)

et polarisées puis indentées (PNZT_PI)

Tabeau III. 3 Les valeurs obtenues de ψ

χ et KIc / ψ

Avec ( )P NP

NP

- χ χΔχ =

χ

Matériau PNZT Non polarisé 1.48

Polarisé puis Indenté 1.35

KIc / ψ

Indenté puis Polarisé 1.38

ΔΚ (Polarisé puis Indenté) 9%

ΔΚ (Indenté puis Polarisé) 7%

Non polarisé 1. E-07

Polarisé puis Indenté 4. E-08

χ/ψ

Indenté puis Polarisé 8. E-08

Δχ (Polarisé puis Indenté) 60%

Δχ (Indenté puis Polarisé) 20%

Page 90: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

90

0

0.4

0.8

1.2

1.6

0.E+00 5.E+06 1.E+07 2.E+07 2.E+07

PNZT_NP PNZT_PI PNZT_IP

P*c-3/2 (N.m-3/2)

σ * c

-1/2

(MPa

.m-1/2 )

0

0.4

0.8

1.2

1.6

0.E+00 5.E+06 1.E+07 2.E+07 2.E+07

PNZT_NP PNZT_PI PNZT_IP

P*c-3/2 (N.m-3/2)

σ * c

-1/2

(MPa

.m-1/2 )

0

0.4

0.8

1.2

1.6

0.E+00 5.E+06 1.E+07 2.E+07 2.E+07

PNZT_NP PNZT_PI PNZT_IP

P*c-3/2 (N.m-3/2)

σ * c

-1/2

(MPa

.m-1/2 )

Figure III. 7 Tracé ψ σ c en fonction de 3/2P c−⋅ pour les PNZT polarisées puis indentées (PNZT_PI), indentées puis polarisées (PNZT_IP) et non polarisées (PNZT_NP)

Page 91: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

91

III.2. Résistance à la propagation de fissures

L’étude de la résistance à la propagation de fissures est analysée dans cette partie

en terme de courbes R déterminées par la méthode de flexion en utilisant :

Des éprouvettes entaillées (SENB) sollicitées en flexions 3 points ;

Des éprouvettes indentées chargées en flexion 4 points

L’étude a été réalisée sur les nuances élaborées (sans liant) : PZT1, PKZT1 et

PNZT1. Seul l’effet de la polarisation qui a été conduit sur des nuances dopées au

Nb avec ajout du liant (PNZT).

III.2.1. Méthode SENB III.2.1.1. Procédure expérimentale Des essais de rupture contrôlée ont été réalisés en flexion 3 points (Figure.III.1.)

avec une distance entre axes de 35 mm. Les éprouvettes utilisées (40×4×3mm3) ont

été entaillées jusqu’à une profondeur relative a/w de 0.4 puis recuites à 500°C à fin

de relaxer les contraintes d’usinage et d’assurer l’isotropie du matériau.

Figure III. 8 Schéma d’une éprouvette de flexion 3 point entaillée.

Les essais ont été réalisés en chargement monotone, dans les conditions optimales

permettant de contrôler la propagation de fissure et en asservissement du

déplacement, à vitesse de déplacement constante égale à 3 μm/mm. La

détermination de la courbe de résistance à la propagation de fissure se heurte à la

difficulté de réaliser un essai de rupture contrôlée et nécessite la mesure de la

longueur de fissure au cours de l’essai.

Nous avons utilisé la méthode de complaisance qui permet d’avoir la longueur de

fissure à partir de l’expression itérative suivante :

Page 92: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

92

( )( )n 1 n n 1n n 1

n

w a c ca a

2c− −

− −= + (III. 14)

an et Cn représentent respectivement la longueur de fissure et la complaisance au

nième point de la courbe charge – déplacement.

Le facteur d’intensité de contrainte (FIC) est calculé en différents points de la courbe

de chargement en utilisant la relation :

R 23P aK L Y a

2BW W⎛ ⎞= ⋅ ⋅ ⋅⎜ ⎟⎝ ⎠

(III. 15)

avec

P : charge appliquée ;

a : longueur de fissure ;

Y : facteur de forme en flexion 3 points ;

L : distance entre – axes ;

B et W : largueur et la hauteur de l’éprouvette.

III.2.1.2. Courbes R

III.2.1.2.1 Effet du dopant

La rupture se fait d’une manière contrôlée pour le PZT dopé au niobium (PNZT1)

comme en témoigne l’enregistrement de la courbe charge–déplacement (Figure

III.9). Par contre pour le PZT pur et celui dopé au potassium (PZT1 et PKZT1) la

rupture est brutale malgré toutes les précautions prises lors des essais, ce qui

implique à priori l’absence de renforcement lors de la propagation de fissure.

La courbe KR relative (figure III.10) aux PZT1 et PKZT1, montrent que les deux

nuances ne présentent pas d’effet de courbe R. Ils sont caractérisés par leur

ténacité d’environ 1.1 MPam1/2.

Par contre pour le PNZT1, on observe une augmentation importante du facteur

d’intensité de contrainte au début de l’extension de la fissure à partir d’une valeur

initiale de 1.1 MPam1/2 , suivie d’une saturation autour de 1.8 MPam1/2 pour un

accroissement de fissure de 0.5 mm.

Page 93: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

93

Cha

rge

(N)

Déplacement (mm)

0

3

6

9

12

15

18

0 0.01 0.02 0.03

PZT1

Cha

rge

(N)

Déplacement (mm)

0

3

6

9

12

15

18

0 0.01 0.02 0.03

PZT1

Cha

rge

(N)

Déplacement (mm)

PKZT1

0

3

6

9

12

15

0 0.01 0.02

Cha

rge

(N)

Déplacement (mm)

PKZT1

0

3

6

9

12

15

0 0.01 0.02

Cha

rge

(N)

Déplacement (mm)

PNZT1

0

6

12

18

0 0.025 0.05

Cha

rge

(N)

Déplacement (mm)

PNZT1

0

6

12

18

0 0.025 0.05

Figure III. 9. Charge en fonction du déplacement pour les différentes nuances de PZT.

Page 94: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

94

Accroissement de fissure Δa (mm)

KR

(MPa

.m1/

2 )

0

0.5

1

1.5

2

2.5

0 0.3 0.6 0.9 1.2 1.5

PZT

PNZT

PKZT

111

Accroissement de fissure Δa (mm)

KR

(MPa

.m1/

2 )

0

0.5

1

1.5

2

2.5

0 0.3 0.6 0.9 1.2 1.5

PZT

PNZT

PKZT

111

Figure III. 10. Courbes KR déterminée en flexion 3 points pour les différentes nuances de

PZT La résistance à la propagation de fissure dans les matériaux PZT est attribuée au renforcement par orientation des domaines ferroélectriques [53 58]. Sous l’effet de la contrainte engendrée en fond de fissure, les domaines changent d’orientation (Figure III.11) entraînant une déformation anélastique au voisinage du front de fissure. Lorsqu’ils se retrouvent dans le sillage de la fissure (à l’arrière du front) les domaines orientés exercent des contraintes de compression qui s’opposent à l’ouverture de fissure (effet d’écran).

Figure III. 11 : Schématisation du renforcement par orientation des domaines

ferroélectriques ; les domaines orientés exercent des contraintes de compression qui s’opposent à l’ouverture de la fissure.

Page 95: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

95

Compte tenu de la nature de son dopant, la nuance PNZT1 est douce. Elle est donc

facilement polarisable sous contrainte. Cela explique le renforcement important

observé, lié à la facilité d’orientation des domaines qui intervient à des contraintes

faibles dans ce matériau.

L’origine du renforcement observé dans la nuance PNZT1 a été vérifiée en étudiant

l’effet d’un recuit de dépolarisation sur la courbe de résistance à la propagation de

fissures [86]. Une fissure est propagée jusqu’à ce que le plateau de la courbe R soit

atteint (Figure III.12), puis l’éprouvette est déchargée et subit un recuit à 500°C, qui

a pour effet de dépolariser le matériau (retour de l’orientation des domaines à l’état

initial avant la propagation de fissure). L’essai de propagation est alors repris et la

courbe R déterminée après recuit. Nous observons que la valeur de KR à laquelle la

propagation est amorcée après recuit est identique à la valeur initiale KR0. Cela veut

dire que le recuit a entièrement détruit le mécanisme à l’origine de la résistance à la

propagation de fissures et on peut par conséquent conclure qu’il s’agit bien de

l’orientation de domaines ferroélectriques.

0

0.6

1.2

1.8

0 0.3 0.6 0.9 1.2 1.5

Accroissement de fissure Δa (mm)

KR

( M

Pa m

1/2 )

avant recuit après recuit

Figure III. 12 Effet d’un recuit sur la courbe R du PNZT1.

III.2.1.2.2 Effet de la polarisation

On a réalisé des essais de chargement sur des barreaux de PNZT frittés à 1250°C polarisés et non polarisés. La direction de polarisation est parallèle à l’entaille et donc parallèle à la direction de propagation de fissure (figure III.13). On a appliqué un champ électrique de 2 kV / mm pendant 30 min.

Page 96: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

96

EE

Figure III. 13 Direction de la polarisation par rapport au chargement

Figure III. 14. Charge en fonction du déplacement pour le PNZT

Figure III. 15 Effet de la polarisation sur le PNZT.

Page 97: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

97

On observe une rupture contrôlée dans les deux cas (Figure III.13). Cependant, dans le cas de l’échantillon polarisé, le renforcement est relativement plus faible (Figure III.14). En effet la courbe R montre un accroissement d’environ 0.6 pour le cas de PNZT non polarisée alors la PNZT polarisée présente un KR d’environ 0.35. Cela ne correspond pas à nos attentes puisque la polarisation a orienté les domaines ferroélectriques dans une direction favorable au renforcement. Il est à noter que le même effet est observé lors de l’étude de la propagation sous critique qui fera l’objet du chapitre 4 et où l’on présentera une discussion.

III.2.2. Méthode d’indentation

III.2.2.1.principe

La courbe KR est décrite par l’expression analytique de Krausse qui a proposé une

loi en puissance permettant une analyse simple [87] :

m

R 00

aK Ka

⎛ ⎞= ⎜ ⎟

⎝ ⎠ (III. 16)

Dans un premier temps on suppose que la forme de la fissure est invariante, c'est-

à-dire semi circulaire (a = c), la contrainte à la rupture, σ, peut s’écrire sous la forme :

( )iP −βσ = α (III. 17)

où α et β sont des constantes reliées aux paramètres de la courbe R. en particulier,

la pente logarithmique de la courbe est donnée par :

( )1 3m

2 1− β

=+ β (III. 18)

Et 1/

00

⎛ ⎞α= ⎜ ⎟σ⎝ ⎠

(III. 19)

où 0σ est la contrainte à la rupture du matériau et 0P , la charge d’indentation en

dessous de laquelle la rupture n’est plus initiée à partir des fissures d’indentation.

Page 98: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

98

Les essais ont été réalisés sur un équipage de flexion 4 points d’entre axes 35 mm et

10 mm. Trois indentations équidistantes ont été introduites à la même charge au

centre de la face polie (Figure III.16), de manière à ce que les diagonales de

l’empreinte soient orientées parallèlement aux axes de l’éprouvette. Les charges

minimales d’indentation ont été choisies de manière à créer des fissures de

longueur (en surface) au moins égales à deux fois la diagonale de l’empreinte

d’indentation. Cette condition, nécessaire au développement des fissures radiales,

est recommandée pour les mesures de ténacité à partir de fissure d’indentation.

Les longueurs de fissures ont été mesurées à l’aide d’un microscope optique, puis

les éprouvettes ont été centrées par rapport à l’équipage de flexion de manière à ce

que les trois fissures se situent dans la zone de contrainte maximale.

L

l

Figure III. 16. Disposition des fissures d’indentation sur la face en tension

lors d’un essais de flexion.

Nous avons utilisé un essai de chargement monotone : les éprouvettes indentées à

différentes charges (50N – 200N) de dimension 40×4 ×3 mm3, ont été chargées

jusqu’à rupture, à une vitesse de déplacement de 5mm/mn. Pour chaque charge

d’indentation nous avons déterminé la contrainte à la rupture par la relation suivante :

( )m2

3P L l2BW

−σ = (III. 20)

Avec Pm la charge maximale atteinte à la rupture.

Après les essais, les faces indentées ont été observées au microscope optique pour

vérifier que la rupture a bien été initiée à partir d’une fissure d’indentation. Les

longueurs finales des deux autres ont été mesurées, afin d’évaluer la longueur de

fissure au point d’instabilité. Dans le cas où la rupture s’est initiée en dehors des

Page 99: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

99

empreintes, la résistance à la rupture intrinsèque du matériau, σ0, a été déterminée à

partir de la charge maximale atteinte.

III.1.2.2. Contrainte à la rupture et charge d’indentation

La détermination des paramètres K0, m et a0 définissant la courbe KR, nécessite une

série de mesure de la contrainte à la rupture σ, pour différentes charges

d’indentation Pi : le tracé de la courbe de log σ en fonction de log Pi, pour Pi > P0 est

une droite dont la pente a l’origine donnent les coefficients β et α. La comparaison de

la pente – β, et de l’ordonnée de la courbe log σ - log Pi avec la droite de pente – 1/3

donne directement une information sur l’effet de courbe R dans le matériau : si β =

1/3, la pente logarithmique, m, de la courbe KR est nulle (équation III.18); par

conséquent le matériau ne présente pas l’effet de courbe R. Pour des valeurs de β

inférieurs à 1/3, le matériau présente un effet de courbe R d’autant plus important

que ce paramètre est faible.

La figure III.17 montre le logarithme de la contrainte à la rupture des éprouvettes

indentées en fonction de la charge d’indentation, Pi, pour les trois nuances des PZT

étudiées. Les rectangles noir définissent la résistance à la rupture, σ0. D’après les

essais effectués, la charge d’indentation, P0, en dessous de laquelle la rupture est

initiée en dehors de la fissure d’indentation vaut 10 N pour les trois nuances et les

contraintes à la rupture valent respectivement : 71 MPa pour le PZT1, 53 MPa pour

le PNZT1 et 50 MPa pour le PKZT1.

Pour le PNZT1 la courbe Log σ en fonction de Log Pi à une pente de – 0.15 donc on

observe un écart par rapport à la droite de – 1/ 3, compatible avec l’existence d’un

effet de courbe R dans ce matériau. Pour les deux autres nuances PZT1 et PKZT1

on trouve des pentes respectivement – 0.41 et – 0.36 ce qui implique que ces deux

nuances ne présentent pas d’effet de courbes R.

Page 100: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

100

PZT1β = 0,41

0

0.4

0.8

1.2

1.6

2

0.5 1 1.5 2 2.5log(Pi)

log(

σ)

PKZT1

β= −0,36

0

0.4

0.8

1.2

1.6

2

1.5 1.7 1.9 2.1 2.3log(Pi)

log(

σ)

PNZT1

β = −0,15

1

1.2

1.4

1.6

1.8

2

1.5 1.7 1.9 2.1 2.3log(Pi)

log(

σ)

Figure III. 17 Contrainte à la rupture en fonction de la charge d’indentation pour les

différentes nuances étudiées.

Page 101: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

101

III.2.2.3. Facteur de forme effectif

En réalité la forme de fissure est semi–elliptique (figure III.18), d’où l’intérêt

d’introduire un facteur de forme effectif, ψE , pour déterminer la courbe R de la

nuance PNZT qui présente un effet de courbe R. Ce facteur dépend de la dimension

de la fissure et par conséquent de la charge d’indentation appliquée.

2c

B

2ci

ai

a W

Figure III. 18. Forme de la fissure en surface et en profondeur

Les valeurs de σ seront remplacées dans la relation (III.17) par σ.ψE :

( ) ( )E ilog log log Pσψ = α − β (III. 21)

Les valeurs des coefficients α et β ne sont pas les mêmes que celles définies par la

relation (III.17). La pente logarithmique m de la courbe R est donnée par la même

relation (III.18). La charge minimale d’indentation P0 est donnée par :

1/

00 0

⎛ ⎞α= ⎜ ⎟ψ σ⎝ ⎠

(III. 22)

où ψ0 est la valeur du facteur de forme au point d’instabilité, pour une fissure de taille

initiale c0. En combinant les relations III.17 et III.22, on obtient la contrainte à la

rupture normalisée en fonction de la charge d’indentation, Pi , relation (III.23).

E i

0 0 0

PP

−β⎛ ⎞σψ

= ⎜ ⎟σ ψ ⎝ ⎠ (III. 23)

Page 102: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

102

La figure III.19 montre les courbes ⎟⎟⎠

⎞⎜⎜⎝

00

logψσ

σψ E en fonction de ⎟⎟⎠

⎞⎜⎜⎝

0

logPPi des trois

nuances. Les résultats confirment l’effet de courbe R dans la nuance PNZT (β est

faible).

PNZT1

β= 0,14

-0.3

-0.2

-0.1

0

0.5 1 1.5log(Pi/Po)

log(

ΨΕσ /

Ψοσ

ο)

PKZT1

β = 0,248

-0.3

-0.2

-0.1

0

0 0.5 1log(Pi/Po)

log(

ΨΕσ/

Ψοσ

ο)

PZT1

β = 0,39

-0.5

-0.4

-0.3

-0.2

0 0.5 1 1.5log(Pi/Po)

log(

ΨEσ

/Ψοσ

ο)

Figure III. 19 Courbe logarithmique de la contrainte à la rupture normalisée

en fonction de la charge d’indentation.

Page 103: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

103

III.2.2.4. Courbe KR par indentation

La valeur initiale de la courbe KR, K0, est calculée par la relation suivante :

( )11/ 2

0 0 0

1K a

β

+ β= σ

β (III. 24)

La figure III.20 montre la courbe KR en fonction de la taille de la fissure pour le

PNZT1. On observe une augmentation de KR qui passe de 1.5 MPam1/2 à 1.9

MPam1/2 pour un accroissement de fissure de 350 μm.

PNZT1

0

0.5

1

1.5

2

2.5

0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5Longeur de fissure c (mm)

KR

(MPa

m1/

2 )

PNZT1

0

0.5

1

1.5

2

2.5

0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5Longeur de fissure c (mm)

KR

(MPa

m1/

2 )

Figure III. 20 Courbe KR de la nuance PNZT obtenue à partir de la contrainte à la rupture en

utilisant le facteur de forme effectif ψE.

Page 104: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

104

Conclusion

Les deux études de la résistance à la propagation de fissures, montrent que le PZT

dopé au Niobium présente un effet de courbe R relativement important. L’ajout du Nb

induit des lacunes de Pb2+ qui facilitent le mouvement des domaines ferroélectriques

et rendent le matériau facilement polarisable comme le montre le cycle d’hystérésis

où le champ coercitif Ec est faible. Ceci nous a amené à attribuer le mécanisme de

renforcement observé, dans cette nuance, au basculement des domaines

ferroélastiques et de prouver cette hypothèse par un effet de recuit.

En revanche aucun renforcement n’a été démontré dans le PZT dur où la présence

potassium génère à des lacunes d’oxygène qui bloquent les domaines

ferroélectriques.

La polarisation induit une anisotropie de la ténacité surestimée par la méthode

d’indentation simple et le facteur de contraintes résiduelles d’indentation χ est

fortement influencé par cette polarisation.

Par contre la valeur de la ténacité du PZT dopée au Nb est sous-estimée et on

pense que dès l’application de la charge d’indentation, les domaines basculent, il y a

fissuration mais pas de renforcement confirmé par la courbe R.

Page 105: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

105

Chapitre 4

PROPAGATION SOUS CRITIQUE Dans cette partie, nous présentons les résultats expérimentaux de l’étude de la

propagation sous critique des trois nuances élaborées de PZT. Les lois de

propagation de fissure sont déterminées à partir du diagramme V-KI (vitesse de

propagation de la fissure en fonction du facteur d’intensité de contrainte) à partir de

l’essai de double torsion (méthode de relaxation). L’effet du dopage, de

l’environnement, de la microstructure et de la polarisation sont présentés et

discutés.

Page 106: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

106

IV.1. CROISSANCE SOUS CRITIQUE

Les lois de propagation sous critique ont été déterminées par l’essai de double

torsion.

Deux exploitations sont possibles pour cet essai, selon que l’on cherche à mesurer

des vitesses faibles (< 10−6 m/s, essai à charge constante) ou élevées (> 10−6 m/s ,

essai de relaxation).

Dans cette étude, nous avons utilisé la méthode de relaxation. L'intérêt principal de

cet essai est qu'il peut fournir une mesure directe de la longueur de la fissure (la

fissure est visible sur une des faces).

IV.1.1. Double torsion : Méthode de relaxation

IV.1.1.1 Principe et procédure expérimentale. Les courbes de propagation sous critique V-KI (vitesse de propagation de fissure en

fonction du facteur d’intensité de contrainte) ont été déterminées par la méthode de

relaxation en double torsion selon la procédure détaillée dans la référence [88]. La

géométrie des éprouvettes et le mode de chargement sont présentés sur la

figure IV.1.

P

Wm

T=3mm

L = 40 mm

P/2 P/2

20 mm

Figure IV. 1 Géométrie et chargement de l’éprouvette de double torsion.

Le facteur d’intensité de contrainte KI est donné par la formule suivante qui tient

compte de la dépendance de ce facteur avec la longueur de fissure :

Page 107: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

107

632

I0

aK H Pa

⎛ ⎞= ⋅ ⋅⎜ ⎟⎝ ⎠

(IV. 1)

avec

P : la charge appliquée ;

a : la longueur de fissure ;

a0 : la longueur de l’entaille ;

H : un facteur tenant compte de la géométrie de l’éprouvette et des

caractéristiques intrinsèques du matériau (notamment le coefficient de poisson

ν) donné par :

( ) 1/ 2

m2

3 1WHT W

⎛ ⎞+ ν= ⎜ ⎟

ψ ⋅⎝ ⎠ (IV. 2)

avec

2T 2T _ W1 0.6302 1.2 expW W 2T

π⎛ ⎞ψ = − + ⎜ ⎟⎝ ⎠

(IV. 3)

L’essai de relaxation est en fait un essais à déplacement constant durant lequel on

enregistre la charge P(t) en fonction du temps((en effet, la fissure se propageant va

relaxer la charge, qui diminue avec le temps).

L’analyse repose sur l’hypothèse que la complaisance C (déplacement divisé par la

charge P) est une fonction linéaire de la longueur de la fissure a :

yC Ba DP

= = + (IV. 4)

Or on travaille à déplacement constant. Donc :

( ) ( )( ) ( )fy Ba D B.a t D P t= + = + (IV. 5)

Pf et af étant la charge à la fin d’essai et la longueur de fissure mesurée après

l’essai. D’où l’expression de la longueur de la fissure en fonction de la charge :

( ) ( )( )

f fP Ba D1a t DB P t

⎛ ⎞+= −⎜ ⎟⎜ ⎟

⎝ ⎠ (IV. 6)

Page 108: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

108

en dérivant la relation (IV.6) par rapport au temps, on obtient une expression de la

vitesse :

( ) ( )f

f2y

Pda D dPV t adt P t B dt

− ⎛ ⎞⎛ ⎞= = +⎜ ⎟⎜ ⎟⎝ ⎠⎝ ⎠

(IV. 7)

Enfin, en remplace la longueur de la fissure, a, donnée par l’expression (IV.6) dans

l’équation (IV.1), on obtient le facteur d’intensité de contrainte KI (t). Ainsi, pour

chaque point du diagramme P = f (t) on obtient le facteur d’intensité de contrainte et

la vitesse correspondante. On réalise plusieurs essais de relaxation sur la même

éprouvette pour obtenir toutes les parties de la loi V – KI du matériau. La dite méthode est utilisée pour étudier l’effet de dopage, de la microstructure, de la

polarisation et celui de l’environnement sur les courbes V-KI de céramiques PZT

élaborés. Les essais ont été réalisés sur des éprouvettes élaborées avec et sans liant, de

dimensions (2x20x40 mm3), polies miroir pour faciliter l’observation des fissures. Une

entaille de longueur a0 ≈ 10 mm est usinée avec une meule de rayon 0.3 mm et une

indentation Vickers est réalisée à une charge de 50 N en fond d’entaille pour induire

une fissure naturelle. Puis une préfissure est créée par un chargement très lent pour

obtenir une fissure de géométrie stable de longueur a1≈ 12 mm. Enfin les

échantillons sont recuits pour éliminer les contraintes résiduelles. Pour les

éprouvettes polarisées, leur polarisation a été réalisée dans un bain d’huile à une

température de 120°C, en appliquant un champ électrique cœrcitif de 2 kV/mm

pendant une durée de 30mn.

IV.1.1.2 Résultats IV.1.1.2.1. Effet du dopant

La figure IV.2 présente trois diagrammes V-KI obtenues pour PZT1, PKZT1 et

PNZT1. Seul le stade I a été observé pour les trois nuances mais les courbes sont

différentes et dépendent du type de dopant. Pour PZT1 et PKZT1, elles sont très

proches. Par contre, celle de PNZT1 est décalée vers des valeurs plus élevées de KI.

Ce décalage est en correlation avec la forte augmentation de la résistance à la

propagation de fissures (effet de courbe R) mis en évidence dans la PNZT1 (cf.

chapitre 3). On rappelle ici que cet effet est lié au renforcement engendré par le

basculement de domaines ferroélastiques. Sous l’effet de la contrainte appliquée, les

Page 109: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

109

domaines basculent entraînant une déformation anélastique au voisinage du front de

fissure. Lorsqu’ils se retrouvent dans le sillage de la fissure (à l’arrière du front) les

domaines qui ont basculé exercent des contraintes de compression qui s’opposent à

l’ouverture de fissure. Ce phénomène est plus important dans la nuance douce PNZT

facilement polarisable.

Dans ce cas le facteur d’intensité de contrainte local, en fond de fissure, Ktip (c'est-à-

dire celui qui participe réellement à l’avancée de la fissure) est lié au facteur

d’intensité de contrainte appliqué et à celui qui s’oppose à la propagation par :

tip I RK K K= − Δ (I. 14)

KItip

KI est le facteur d’intensité de contrainte appliquée

ΔKR est la contribution du basculement de domaines. Elle est en fonction de KItip.

Lorsque ΔKR augmente, le FIC apparent augmente.

1.E-08

1.E-07

1.E-06

1.E-05

1.E-04

1.E-03

1.E-02

0.5 0.7 0.9 1.1 1.3 1.5 1.7KI (MPam1/2)

V (m

/s

PZT1 PKZT1 PNZT1

Figure IV. 2. Effet du dopant sur la propagation sous critique des PZT

Les mêmes résultats ont été obtenus par des essais sur des échantillons élaborés

avec liant (figure IV.3). On constate que l’ajout du liant permet aussi d’augmenter la

ténacité de la nuance PNZT, alors qu’il n’a pas d’effet sur les deux autres nuances

Page 110: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

110

PZT et PKZT où ils sont presque confondues. Cela revient à l’augmentation de la

densité dû à l’ajout du liant.

1.E-07

1.E-06

1.E-05

1.E-04

1.E-03

1.E-02

0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 2

KI (MPa.m1/2)

PZT PKZT PNZT

V(m

/s)

Figure IV. 3 Effet du dopant sur la propagation sous critique des PZT avec liant.

Les paramètres de la relation classique V=AKn déterminés à l’aide des courbes

V-KI des différentes nuances avec ou sans liant sont donnés dans le tableau IV.1.

Tableau IV. 1 Paramètres de la loi V-KI des différentes nuances

IV.1.1.2.2. Effet de l’environnement (eau)

Dans le but de comprendre les mécanismes de propagation sous critique en

particulier le rôle de l’eau, nous avons réalisé des essais, de double torsion, dans

l’eau pour les différentes nuances. Pour limiter la dispersion due à l’effet géométrique,

les essais ont été conduits, pour chaque nuance, sur les mêmes éprouvettes en

commençant par l’essai dans l’air. Les résultats sont comparés à ceux obtenus dans

dans l’air sur la figure IV.4. Toutes les nuances sont sensibles à la corrosion sous

PZT PNZT PKZT n 22 40 20 KIC 1.09 1.97 1.12

Page 111: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

111

contrainte par l’eau, comme en témoigne le décalage des courbes V-KI vers les

faibles valeurs de KI en présence d’eau.

1.E-08

1.E-07

1.E-06

1.E-05

1.E-04

1.E-03

1.E-02

0.5 0.7 0.9 1.1 1.3 1.5KI (MPam1/2)

PZT1 PKZT1 PNZT1PZT1-eau PKZT1-eau PNZT1-eau

V (m

/s)

Figure IV. 4 Effet de la présence d’eau la propagation des fissures pour les trois nuances

(PZT1, PNZT1,PKZT1)

IV.1.1.2.3. Effet de la microstructure

Dans l’optique d’étudier l’effet de la microstructure sur la propagation sous critique, nous avons déterminé des diagrammes V- KI pour les matériaux élaborés avec liant, mise en forme simple, frittés à deux températures différentes: 1150°C et 1250°C. Nous constatons que les courbes obtenues sont différentes et dépendent de la taille de grain. Lorsque la taille de grains diminue, on note un décalage des courbes vers les faibles valeurs de KI pour les trois nuances lié par conséquent à une chute du renforcement du facteur d’intensité de contrainte. Ce décalage est d’environ 0.4 MPa.m1/2. Ceci correspond aux prédictions théoriques de Arlt et Pertsev [89] qui indiquent que les parois de domaine des céramiques à grains fins sont moins mobiles que celles des céramiques à gros grains.

Page 112: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

112

1.E-07

1.E-06

1.E-05

1.E-04

1.E-03

1.E-02

0.5 0.7 0.9 1.1 1.3 1.5 1.7 1.9

KI (MPa.m1/2)

PZT1 PKZT1 PNZT1

PZTf PKZTf PNZTfV

(m/s

)

1.E-07

1.E-06

1.E-05

1.E-04

1.E-03

1.E-02

0.5 0.7 0.9 1.1 1.3 1.5 1.7 1.9

KI (MPa.m1/2)

PZT1 PKZT1 PNZT1

PZTf PKZTf PNZTfV

(m/s

)

Figure IV.5 Effet de la microstructure pour les trois nuances

IV.1.1.2.4. Effet de la polarisation

Afin d’étudier l’effet d’une polarisation sur la propagation de fissures dans les PZT,

des essais de relaxation ont été réalisés sur des éprouvettes de double torsion

polarisées de deux manières différentes :

Polarisation ┴ (suivant la largeur de l’éprouvette) : le champ électrique est

perpendiculaire aux surfaces de la fissure et la propagation de fissures.

Polarisation // (suivant l’épaisseur de l’éprouvette) : le champ électrique est

parallèle au front et aux surfaces de la fissure ainsi qu’à la direction de

propagation de fissure

IV.1.1.2.4.1. Polarisation dans la largeur

A priori, la polarisation (┴) oriente la majorité des domaines ferroélectriques dans la

direction de la contrainte appliquée (Figure IV.6). Ceux-ci ne peuvent donc pas

basculer sous l’effet de la contrainte, ce qui réduit le renforcement par basculement

des domaines et par conséquent le facteur d’intensité de contrainte apparent.

Page 113: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

113

La figure IV.7 montre les résultats expérimentaux obtenus à partir des essais de

double torsion pour les trois nuances frittées à 1250°C et polarisées dans le sens de

la largeur (┴) avec une tension de 1.5KV/mm pendant 30 min.

Ces résultats sont comparés sur la même figure à des nuances similaires mais non

polarisées. On observe une diminution de KI de l’ordre de 0.7 MPa.m1/2 pour la

PNZT et de l’ordre de 0.1 MPa.m1/2 pour les deux autres nuances PZT et PKZT.

La polarisation dans la largeur diminue donc le renforcement par basculement de

domaines. Ceci est en accord avec la bibliographie et confirment bien l’hypothèse

avancée.

On note aussi que, relativement aux nuances non polarisées, la chute de KI est

faible pour PZT et PKZT alors qu’elle est importante pour PNZT. Mais le décalage

vers les plus grandes valeurs de KI qui est toujours présent entre le PNZT et les PKZT

– PZT non polarisées, laisse supposer qu’il y a encore du basculement de domaines

pour le PNZT.

E

Polarisation ⊥

Pas de renforcement

s s

EE

Polarisation ⊥

Pas de renforcement

s s

Pas de renforcement

s s

Figure IV.6 Direction de polarisation.( E :champ , s : contrainte). Basculement des domaines ferroélectriques sous contrainte

Page 114: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

114

1.E-07

1.E-06

1.E-05

1.E-04

1.E-03

1.E-02

0.5 0.7 0.9 1.1 1.3 1.5 1.7 1.9

KI (MPa.m1/2)

V (m

/sPZT PKZT PNZT

PZT_polarisé PKZT_polarisé PNZT_polarisé ┴┴┴

1.E-07

1.E-06

1.E-05

1.E-04

1.E-03

1.E-02

0.5 0.7 0.9 1.1 1.3 1.5 1.7 1.9

KI (MPa.m1/2)

V (m

/sPZT PKZT PNZT

PZT_polarisé PKZT_polarisé PNZT_polarisé ┴┴┴

Figure IV.7 Effet d’une polarisation ┴ pour les trois nuances.

IV.1.1.2.4.2. Polarisation dans l’épaisseur

Nous avons réalisé des essais, de double torsion, sur des échantillons (PZT, PKZT et

PNZT), polarisés dans l’épaisseur (polarisation //) en appliquant une tension de 1.5 kV

par mm pendant 30 min.

Les courbes V-KI obtenues sont comparées à celles des nuances non polarisées sur

la figure IV.9. Le PZT et PKZT montrent tous les deux un décalage vers les plus

grandes valeurs de KI de l’ordre respectivement de 0.5 MPa.m1/2 et 0.3 MPa.m1/2.

Ce renforcement est dû au fait que la polarisation a orienté les domaines

ferroélectriques dans la direction perpendiculaire à celle de la contrainte appliquée

(figure IV. 8) susceptibles de basculer sous l’effet de la contrainte. La polarisation

dans l’épaisseur augmente donc le renforcement par basculement de domaines. Par

contre pour PNZT on note une diminution KI d’environ 0.4 MPa.m1/2. Cette chute ne

correspond pas aux mécanismes de renforcement attendus.

Page 115: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

115

Es s

renforcement

Polarisation //

EEs s

renforcement

Polarisation //

Figure IV. 8 Direction de polarisation.( E :champ , s : contrainte). Basculement des domaines ferroélectriques sous contrainte

1.E-07

1.E-06

1.E-05

1.E-04

1.E-03

1.E-02

0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 2KI (MPa.m1/2)

PZT PKZT PNZT

PZT_polrisé // PKZT_polarisé // PNZT_polarisé //

V(m

/s)

1.E-07

1.E-06

1.E-05

1.E-04

1.E-03

1.E-02

0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 2KI (MPa.m1/2)

PZT PKZT PNZT

PZT_polrisé // PKZT_polarisé // PNZT_polarisé //

V(m

/s)

Figure IV.9 Effet de la polarisation (//) sur les trois nuances.

Pour vérifier ces résultats, on a donc réalisé un autre essai sur un échantillon de

PNZT à petits grains, dans les mêmes conditions de polarisation. On regroupe les

résultats pour les deux tailles de grains dans la figure IV.10.

Page 116: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

116

1.E-07

1.E-06

1.E-05

1.E-04

1.E-03

1.E-02

1 1.1 1.2 1.3 1.4 1.5 1.6 1.7 1.8 1.9 2

K (MPa.m̂ 1/2)

PNZTF PNZT PNZT // PNZTf //V

( m/s

)

Figure IV. 10 Effet de la polarisation (//) sur les trois nuances PNZTf

On assiste encore à une chute du renforcement de 0.3 MPa.m1/2. Ces essais de

double torsion sur les PNZT polarisés dans l’épaisseur sont donc en accord avec la

baisse de renforcement observée lors de l’essai de flexion sur le barreau de PNZT

polarisé (cf figure III.10).

Donc, dans le cas de la polarisation dans le sens de l’épaisseur, les courbes V- KI du

PZT et PKZT sont décalées vers des valeurs plus élevées de KI alors que celle du

PNZT est décalée dans le sens inverse. Le comportement des deux nuances PZT et

PKZT, observé par d’autres auteurs, est lié à une possibilité d’orientation des

domaines sous l’effet d’une contrainte, qui a pour effet d’augmenter la ténacité ou de

la résistance à la propagation de fissures. Par contre, le comportement du PNZT,

dans lequel le renforcement est plus important, n’était pas prévisible.

Le tableau IV.2 regroupe les résultats expérimentaux de l’effet de la polarisation sur

la ténacité par la méthode de double torsion évaluée par l’expression ΔK donnée par

expression (III.11). On constate qu’il y a bien une anisotropie induite par la

polarisation est que nos valeurs sont voisines de celles de la littérature dans le cas de

la polarisation ┴ : 0.15 [35] et 0.10 [36].

Page 117: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

117

Tableau IV. 2 Anisotropie dûe à la polarisation : méthode de double de torsion

ΔKIC ┴ ΔKIC//

PZT 0.09 -0.40

PKZT 0.13 -0.25

PNZT 0.35 0.21

Dans la suite de cette partie nous nous sommes intéressés à l’effet inattendu observé

dans cas de la polarisation //.

En comparant les cycles d’hystérésis des trois nuances, on constate que lors de la

polarisation des PZT et PKZT, on n’atteint pas la polarisation de saturation, alors que

dans le cas du PNZT, on atteint la polarisation de saturation. On a supposé que ceci

peut être à l’origine de cette différence de comportement entre les PZT - PKZT et le

PNZT. En d’autres termes, pour le PNZT, la contrainte appliquée lors de l’essai de

double torsion ne serait alors pas suffisante pour faire basculer les domaines, car la

polarisation est trop importante. Les domaines sont comme « bloqués ». En revanche,

pour le PZT et le PKZT, le basculement peut se produire sous l’effet de la contrainte

appliquée car ils ne sont pas polarisés jusqu’à saturation.

Pour vérifier cette hypothèse, nous avons conduit des essais pour des échantillons

de PNZT à différentes valeurs de champ.

Les résultats (figures IV.11) montrent que la courbe V-KI se déplace toujours vers les

plus faibles valeurs de K, et que le décalage augmente avec l’intensité du champ

électrique.

Page 118: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

118

1.E-08

1.E-07

1.E-06

1.E-05

1.E-04

1.E-03

1.E-02

1 1.1 1.2 1.3 1.4 1.5 1.6 1.7 1.8K (MPa.Vm)

PNZTF

PNZTF // 2KV/mm

PNZTF // 0.5KV/mmPNZTF // 1KV/mm

V(m

/s)

1.E-08

1.E-07

1.E-06

1.E-05

1.E-04

1.E-03

1.E-02

1 1.1 1.2 1.3 1.4 1.5 1.6 1.7 1.8K (MPa.Vm)

PNZTF

PNZTF // 2KV/mm

PNZTF // 0.5KV/mmPNZTF // 1KV/mm

V(m

/s)

1.E-08

1.E-07

1.E-06

1.E-05

1.E-04

1.E-03

1.E-02

1 1.1 1.2 1.3 1.4 1.5 1.6 1.7 1.8K (MPa.Vm)

PNZTF

PNZTF // 2KV/mm

PNZTF // 0.5KV/mmPNZTF // 1KV/mm

V(m

/s)

Figure IV. 11 Courbes V-KI de PNZTF polarisé à différentes valeurs de champ électrique

La polarisation peut diminuer le facteur d'intensité de contrainte au début de la

progression de la fissure si les efforts de tension sont présents au fond de la fissure.

D'autre part, l’existence d’une composante de contrainte parallèle à la direction de

propagation de fissure peut réorienter les domaines au sillage de la fissure comme le

décrit Fett et al. [51] réduit ainsi le facteur d'intensité de contrainte pendant la

propagation de fissure. L'observation de la zone du basculement des domaines

ferroélastiques et la détermination de la distribution de contrainte dans la zone

frontale et au sillage de la fissure seraient utiles d'accomplir l'analyse de l'influence de

polarisation sur les PZT doux en particulier PNZT.

Page 119: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

119

Conclusion Pour tous les matériaux étudiés nous avons observé pour les courbes V-KI

uniquement le stade 1.

Un dopage au Nb favorise le renforcement par basculement des domaines

ferroélectriques qui se traduit par un décalage de la courbe V-KI vers des valeurs plus

élevées de KI.

Lorsque la taille de grains diminue, le renforcement du facteur d’intensité de contraint

par basculement de domaines diminue suite à un blocage de domaines

ferroélectriques. ( diminution de l’effet de courbe R)

Après une polarisation (┴) , l’orientation sous contrainte des domaines ferroélastiques

est limitée, ce qui a pour effet de décaler les courbes V-KI vers des valeurs plus

faibles de KI. Une polarisation (//), facilite l’orientation des domaines ferroélectriques

sous contrainte, ce qui a pour effet de décaler les courbes vers des valeurs plus

élevées de KI dans le cas du PZT et PKZT. Par contre un effet inverse a été observé

dans la nuance PNZT.

Page 120: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

120

CONCLUSION GENERALE

Page 121: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

121

Ce travail concerne l’étude du comportement mécanique à la rupture des céramiques

piézoélectriques de zircono-titanates de plomb (PZT), de structure pérovskite Pb (Zr1-x

Tix) O3.

Les matériaux étudiés sont trois nuances élaborées de composition voisine de la

zone morphotropique (Zr :Ti, 54 :46) : non dopée (PZT), dopée à 2% at. de Niobium

(PNZT) et dopée à 1% at. de potassium (PKZT). Deux procédés d’élaboration ont été

utilisés avec et sans liant.

Leur comportement est analysé en termes de courbes R (résistance à la propagation

de fissures), de lois de propagation sous critique V-KI (vitesse de fissuration en

fonction du facteur d’intensité de contraintes appliqué), la ténacité intrinsèque et

l’anisotropie induite de la polarisation, et ceci en fonction, notamment, de leur

composition (dopage), de leur microstructure et du milieu environnant.

Cette étude a montré que le basculement des domaines ferroélectriques contribue au

renforcement du PZT dopé au niobium. Ce renforcement important mis en évidence,

est dû à l’ajout du Nb qui crée des lacunes de plomb. Ces lacunes facilitent le

mouvement des parois des domaines et par conséquent rendent le matériau

facilement polarisable. Un recuit a bien montré qu’il s’agit bien d’un renforcement par

basculement des domaines (phénomène réversible). Par contre l’ajout du potassium

crée des lacunes d’oxygènes qui bloquent le mouvement des murs de domaines et

rendent le matériau difficilement polarisable ce qui explique probablement l’absence

de l’effet de courbe R pour la nuance PKZT.

La polarisation a un effet sur la résistance à la propagation de fissure. La courbe R de

la nuance PNZT non polarisée est au dessus de celle de la nuance PNZT polarisée,

mais les deux courbes ont la même valeur d’amorçage (KR0).

La polarisation induit aussi une anisotropie de la ténacité surestimée par la méthode

d’indentation simple. Le facteur de contraintes résiduelles d’indentation χ est

fortement influencé par la polarisation ( χ polarisé = 0.4 χnon polarisé pour PNZT).

Les lois de propagation sous critique V-KI déterminées pour les trois nuances, ont

montré un décalage vers les fortes valeurs de KI pour la nuance PNZT alors que les

deux nuances PZT et PKZT sont presque confondues. Ces résultats sont en

corrélation avec ceux de la résistance à la propagation de fissure.

Page 122: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

122

Ces lois V-KI sont influencées par la polarisation et sa direction. Elles se décalent vers

les faibles valeurs de la ténacité dans le cas d’une propagation perpendiculairement

au sens de la polarisation : les domaines sont déjà orientés dans le sens de la

contrainte.

Mais lorsque la propagation de fissure est parallèle au sens de la polarisation, on

favorise le nombre de domaines susceptibles de basculer sous l’effet de contraintes

traduit par plus de renforcement. Ceci est vérifié pour les nuances PZT et PKZT

mais pas pour la nuance PNZT.

L’effet de la microstructure et de l’eau sur les courbes V-KI a également été étudié.

Lorsque la taille de grains diminue, un décalage vers les faibles valeurs de KI est

observé pour les trois matériaux. Ceci peut être attribué à une chute du

renforcement, due au blocage des domaines ferroélectriques lorsque la taille de

grains diminue. Pour l’effet de l’eau, les trois nuances sont sensibles à l’humidité.

Enfin, il est à noter que la pluridisciplinarité et le temps limité alloué à un travail de

thèse font des résultats obtenus, des résultats partiels. Ils peuvent être complété par :

Etude de la fatigue cyclique pour la nuance présentant l’effet de courbe R

(PNZT),

La détermination du facteur de contraintes résiduelles d’indentation pour les

nuances PZT et PKZT ainsi que la proposition d’un modèle de calcul du dit

facteur pour les céramiques piézoélectriques.

Le calcul de la contrainte de basculement des domaines ferroélastiques en

effectuant des essais mécaniques in-situ pour les trois nuances et en essayant

d’expliquer l’effet du sens de la direction de polarisation.

Page 123: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

123

ANNEXE

Page 124: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

124

Propriétés piézo-électriques, diélectriques et mécaniques

La piézoélectricité est un phénomène de couplage entre l’énergie élastique et

l’énergie diélectrique dans certaines cristaux ou solides anisotropes. Les équations

piézo-électriques découlent des considérations thermodynamiques qui montrent que

piézo-électriques relieront donc une variable mécanique (déformation S ou contrainte

T) et une variable électrique (induction D ou champ E).

Soit G le potentiel Thermodynamique de Gibbs, les quatre grandeurs (S, T, D et E)

peuvent être décrites comme dérivées partielles de celui-ci :

kkijij DETSUG −−= (A. 1)

U est l’énergie interne, T la contrainte mécanique, S la déformation, E le champ

électrique et D l’induction électrique. En négligeant les phénomènes thermiques et

pour une transformation adiabatique et réversible, on a :

kkijij SEdSTdU −= (A. 2)

d’où, kkijij dEDdTSdG −−= (A. 3)

Le développement au 1er ordre du potentiel de Gibbs G donne [3]:

kTk

ij

Eij

dEEGdT

TGdG ⎟⎟

⎞⎜⎜⎝

⎛∂∂

+⎟⎟⎠

⎞⎜⎜⎝

∂∂

= (A. 4)

Par identification des équations I.5 et I.6 ona :

Tk

k

Eijij dE

GDetdT

GS ⎟⎟⎠

⎞⎜⎜⎝

⎛ ∂=⎟

⎟⎠

⎞⎜⎜⎝

⎛ ∂−= (A. 5)

En exprimant les dérivées totales de la déformations et de l’induction, on :

kkij

klklij

dEET

GdTTT

GdSij ⎟⎟⎠

⎞⎜⎜⎝

∂∂∂

−⎟⎟⎠

⎞⎜⎜⎝

∂∂∂

−=22

(A. 6)

nkn

ijijk

k dEEE

GdTTE

GdD ⎟⎟⎠

⎞⎜⎜⎝

⎛∂∂

∂−⎟

⎟⎠

⎞⎜⎜⎝

∂∂∂

−=22

(A. 7)

Page 125: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

125

Ainsi, les coefficients pièzoélectriques sont définis comme suit :

Tji

Tij

klij

kijkl

ijkijk EE

GetTT

GSTE

Gd ⎟⎟⎠

⎞⎜⎜⎝

∂∂∂

−=⎟⎟⎠

⎞⎜⎜⎝

∂∂∂

−=⎟⎟⎠

⎞⎜⎜⎝

∂∂∂

−=222

,, ε (A. 8)

Les équations peuvent se réécrire :

klEijklnijnijlmklmj

Tijk TsEdSetTdED +=+= ε (A. 9)

Par conséquent on a :

ijkn

ij

ij

n dTES

ETD

=∂

∂=

∂∂

(A. 10)

De la même manière, on peut exprimer d’autres couples de variables indépendantes.

Ce qu’on peut l’expliciter par les équations mentionnées dans le chapitre 1 :

Grandeurs électriques Grandeurs mécaniques

D = εT .E + d.T (A. 11) S = sE.T + dt . E (A. 12)

E = βT .D – gT (A. 13) S = sD.T + gt.D (A. 14)

D = εs E + e.S (A. 15) T = CE.S – et.E (A. 16)

E = βs.D – h.S (A. 17) T = CD.S – ht.D (A. 18)

Indice t: indique la transposée ;

( )x Indique que la grandeur considérée est mesurée ou calculée à x

constante ou nul

Page 126: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

126

Tableau A-1 Glossaire des symboles dans la piézoélectricité

En raison de la dépendance directionnelle des propriétés du matériau (anisotropie),

les paramètres des équations constitutives de la pièzoélectricité doivent être

présents par des tenseurs généralement contractés. En d’autre exprime par exemple

les Sij et Tij (i et j de 1 à 3), comme étant Sk et Tk avec k=i si i=j, et k=9-(i+j) si i≠j.

On distingue ainsi trois types de tenseurs : élastique (cij ou sij), électrique (εij ou βij) et

piézo-électrique (dij, eij, gij ou hij).

Abréviations Définitions Type d’énergie

T Contrainte mécanique (Pa) S Déformation relative (m/m)

s Compliance ou susceptibilité élastique (m2/N)

c Raideur ou constante élastique (N/m2)

MECANIQUE

D Déplacement électrique ou induction(C/m2)

E Champ électrique ε Permittivité électrique (F/m)

β Constante d’imperméabilité diélectrique (m/F)

ELECTRIQUE

d

Constante piézoélectrique qui traduit la proportionnalité entre la charge et la contrainte à champ constant ou nul. (C/N ou m/V)

e

Coefficient piézoélectrique qui traduit la proportionnalité entre la charge et la déformation à champ constant ou nul.(C/m2 ou N/V.m)

g

Coefficient piézoélectrique qui traduit la proportionnalité entre la contrainte et le champ résultant à induction constante ou nulle (V.m/N ou m2/C)

h

Coefficient piézoélectrique qui traduit la proportionnalité entre la déformation et le champ résultant à induction constante ou nulle (V/m ou N/C)

PIE

ZOE

LEC

TRIQ

UE

Page 127: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

127

A-1 Les coefficients piézo-électriques : Chacun des tenseurs piézo-électriques (dij, eij, gij ou hij) forme une matrice de 3

lignes et 6 colonnes traduisant le couplage entre les grandeurs électriques et

mécanique. Des équations précédentes, on peut déterminer les relations entre les

coefficients piézo-électriques [6]

Djimjni

Tnmmi

Ejimjni

Snmmi

Djimj

Tnmmi

Ejimjni

Tnmmi

cgeh

cdhe

Shdnig

Segd

==

==

==

==

β

ε

β

ε

(A. 19) avec i, j= 1 à 6 et m,n = 1 à 3

Les deux indices des coefficients piézo-électriques désignent respectivement

la direction de l'axe de polarisation et celui de la déformation de l'échantillon. Les

indices i, j, m et n respectent la notation tensorielle de la Figure A.1.

Figure A.1. Notation tensorielle utilisée dans les équations (I.4) (axe de polarisation suivant l'axe 3).

Ainsi pour une céramique polarisée suivant l’axe 3, la matrice des coefficients piézo-

électriques d (de même pour g e et h) s’écrit :

a) Définition des coefficients piézo-électriques:

La constante de charge d. Elle traduit la proportionnalité entre la contrainte et l'induction électrique à champ nul

ou constant (en C/N ou m/V).

Page 128: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

128

La constante de tension g. Elle traduit la proportionnalité entre la contrainte mécanique et le champ électrique à

induction nulle ou constante (en Vm/N ou m2/C).

La constante piézo-électrique e. Elle traduit la proportionnalité entre la déformation et l'induction électrique à champ

nul ou constant (en C/m2 ou N/Vm)

La constante piézo-électrique h. C'est le coefficient piézo-électrique traduisant la proportionnalité entre la déformation

et le champ électrique à induction nulle ou constante (en V/m ou N/C).

b) Quantification du couplage :

A chacune des fréquences d'excitation d'une céramique piézo-électrique est associé

un mode de vibration. La nature de ces modes autrement dit la distribution

géométrique selon laquelle se déforme la céramique considérée, dépend de ses

dimensions, de la direction du champ d'excitation E& et du vecteur polarisation P&

.Les principaux modes sont illustrés dans la Figure A.2.

Figure A.2. Modes de vibrations fondamentaux d'une céramique piézo-électrique.

c) Coefficient de couplage électromécanique

En pratique, au lieu les tenseur pour caractériser le couplage élasto-électrique, par

on préfère un paramètre scalaire que l’onappele coefficient de couplage [90 5]. Il

définit l’aptitude de la céramique pièzoélectrique à transformer l’énergie électrique en

énergie mécanique (ou inversement).Sa définition en accord avec les norme IRE[4 6]

est donnée par :

Page 129: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

129

= m

E D

UkU U

(A. 20)

UE l’énergie élastique

UD l’énergie électrique

Um l’énergie d'interaction (ou mutuelle) élastoélectrique

Ce coefficient de couplage est obtenu à partir d'une étude thermodynamique du

système considéré comme linéaire en négligeant les effets thermiques. Ainsi, on

peut quantitativement écrire :

2 =

énergietransforméekénergiefournie (A. 21)

L'expression du coefficient de couplage dépend de la forme de la céramique et de

son mode de vibration.

Le tableau A.2. donne la définition des principaux coefficients de couplage utilisés en

fonction des coefficients élastiques, diélectriques et piézoélectriques.

Page 130: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

130

Tableau A-2. Variation du coefficient de couplage en fonction de la forme de vibration de

l’éprouvette

k33 pour la vibration des pièces épaisses suivant la direction de polarisation,

k31 pour la vibration transversale (perpendiculaire à l’axe de polarisation),

kp pour la vibration planaire ou radiale d’un disque mince,

kt pour la vibration des pièces minces suivant la direction de polarisation (suivant

l’épaisseur).

Page 131: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

131

d) Le facteur de qualité mécanique Q

Le facteur de qualité mécanique appelé aussi coefficient de surtension mécanique,

traduit les pertes mécaniques dans les céramique. Ce facteur est défini de la façon

suivante :

max sin=

énergie imale emmaga ée pendant une periodeQénergie dissipée pendant une periode (A. 22)

En disposant d’échantillons de formes bien déterminées, on a accès à l’ensemble

des caractéristiques en mesurant les fréquences de résonance fs et d'antirésonance

fp et en utilisant les relations inter-matrices des constantes piézo-électriques,

diélectriques et mécaniques [91 92 93]

Ainsi diverses constantes piézo-électriques, diélectriques et élastiques peuvent être

déterminées comme par exemple le coefficient de couplage k ou le facteur de

qualité mécanique Q.

A-3 Différents Coefficients des céramiques élaborés : Le tableau A-3 regroupe les différents coefficients déterminés pour nos céramiques en mode disque.

Page 132: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

132

Tableau A-3 Différents coefficients de nos céramiques déminées en mode disque.

A-2 Température de curie La figures A.3 pressente la variations de la température en fonction de ε relatif

respectivement pour PNZT1. Ces mesures ont été réalisées à différentes fréquences

(0.1 KHz, 1 KHz, 10 KHz et 100 KHz), à l’aide d’un analyseur multifréquences LCR

meter (HP4194A) combiné à un four thermolyne. On a présenté que le cas de la

fréquence 1KHz car on a pas observé d’effet de relaxation. Ce qui est normal

puisque que Les perovskites à base de Pb(Byα+C1-y

β+)O3 qui présentent dans la

grande majorité un effet relaxeur.

La première variation est due à la transition ferroélectrique – ferroélectrique de la

phase R à la phase T tandis que le maximum correspond un peu près à la

température de Curie environ moins que 10°C.

PZT1 PNZT1 PKZT1

Capacité (pF) Cbf 199.80 504.15 75.32

Pertes (%) 0.93 3,47 3,45

Constantes de couplage kp=0.414

K33T=0.429

kp = 0.442

K33T=0.385

kp = 0.273

K33T=0.553

Mode planaire Fmp =194261 Fnp =208821

Fmp = 132369

Fnp= 143898

Fmp= 287173

Fnp = 295982

Fréquences de résonance (Hz) Mode

épaisseur Fm= 1306641

Fn= 1421500

Fm = 1014168

Fn=

1083342

Fm= 1188895

Fn= 1385500

Constantes diélectriques (1e-9F/m)

Eps33T= 3.06

Eps33S =2.07

Eps33T=5,13

Eps33S =

3.51

Eps33T =2.14

Eps33S =1.38

Constantes élastiques (1e10N/m²))

Cd = 13,29

Ce = 10.84

Cd = 12,45

Ce = 10.60

Cd = 12.52

Ce = 8.69

Facteur de qualité Q = 394 Q = 72 x

Constantes piézoélectriques E33 (C/m²)) =

7.12

H33(1e8V/m²)=

34.38

E33 (C/m²)) = 8,05 H33 (1e8V/m²) = 22,89

E33 (C/m²)) =

7.25

H33 (1e8V/m²)

= 52.73

Page 133: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

133

Figure A-3 Variation de ε la en fonction de la température

Page 134: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

134

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Page 135: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

135

Références bibliographiques [1] CURIE P., CURIE J., Développement par compression de l’électricité polaire dans les cristaux hémièdres à faces inclinées. C. R. Acad. Sci. Paris, 1880, Tome 91, 294 p. [2] GRANGE G., Matériaux Piézoélectriques à faible pression de transition ferro-antiferro-électrique utilisables en conversion d’énergie mécanoélectrique, Thèse Lyon : Institut National des Sciences Appliquées de Lyon, 1984, 200p. [3] BAILON J. P., DORLOT J. M., Des matériaux, 3e Ed. Presses Internationales Polytechnique : Ecole Polytechnique Montréal, 2000, 736p. ISBN : 2-553-00770-1. [4] BOUZID A., BOURIM E.M., GABBAY M., et al., PZT Phase Diagram Determination By Measurement Of Elastic Moduli ,p.J. European Ceramic Society, In Press. [5] WESTON T.B., WEBSTER A.H., NAMARA V.M.Mc., Variation in properties with composition in lead zirconate titanate ceramics, Canad. Ceram. Soc. J., 1967, Vol. 36, pp.15-20. [6] SAWAGUCHI E., Ferroelectricity versus antiferroelectricity in the solid solutions of PbZrO3 and PbTiO3 ,J. Phys. Soc. Japon, 1953, Vol. 8, N°5, pp. 615-29. [7] BENGUIGUI L., Thermodynamic theory of the morphotropic phase transition tetragonal-rhomboedral in the pervskite ferroelectrics, Solid State Comm.,1972, Vol.11, pp.825-28 . [8] ISUPOV V.A., Dielectric polarization of PbTiO3-PbZrO3 solid solutions, Soviet. Phys. Solid. State, 1970, Vol. 12, N°5, pp. 1084-88. [9] JAFFE B., ROTH R.S., MARZULLO S., Properties of piezoelectric ceramics in the solid-solution series lead titanate-lead Zirconate-lead oxide and lead titanate-lead hafnate, J.Res.Nat.Bur.Stand.,1955, Vol.55,N°5, RP2626, pp.239-54. [10] CAO W., CROSS L. E., Theoretical model for the morphotropic Phase boundary in PZT solid solution, Physical review B-Condensed matter, 1993, Vol.47, N°9, pp. 4825-30. [11] JAFFE B., COOK W.R., JAFFE H., Piezoelectric ceramics, London : Academic Press, 1971, 317p. [12] CARL V., HARDTL K.H., Polarization, electrostriction and piezoelectric activity of Pb(ZRX T1-X]O3 ceramics, J. de Physique, 1972, Tome 33, N°4, C2, pp. 251-53. [13] CARL K., HARDTL K.H., On the origin of the maximum in the electromechanical activity in Pb(Zrx Ti1-x]O3 ceramics near the morphotropic Phase boundary, Phys. Stat. Sol. (a), 1971, Vol. 8, pp. 87-98. [14] SAWAGUCHI E., Ferroelectricity versus antiferroelectricity in the solid solutions of PbZrO3 and PbTiO3 , J. Phys. Soc. Japon, 1953, Vol. 8, N°5, pp. 615-29.

Page 136: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

136

[15] NOHEDA B., COX D.E., SHIRANE G., et al., Stability of the monoclinic phase in the ferroelectric perovskite PbZr1−xTixO3. Phys. Rev. B 63 (1), 2000, pp. 14103–11. [16] BERLINCOURT D., KRUEGER H.H.A., Domain processes in lead titanate zirconate and barium titanate ceramics. J. Appl. Phys., 1959, vol. 30, n°11, pp. 1804-10. [17] DEMARTIN M., Influence de l’élaboration et de la microstructure sur le déplacement des parois de domaine et les propriétés electromecaniques de céramiques de Pb(Zr,Ti)O3, et BaTi03, Thèse de doctorat :Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne,1996, 221p. [18] YAKUNIN S. I., SHAKMANOV V. V., SPIVAK G. V., et al., Microstructure of domains and domain walls in single crystal of barium titanate, Sov. Phys. Solid State, 1972, Vol. 14, N° 2, pp. 310-313. [19] CAO W., CROSS L.E., Theoretical model for the morphotropic Phase boundary in PZT solid solution, Physical review B-Condensed matter, Vol.47,N°2, 4825-4830 p. [20] BOURIM E.M., Contribution à l’étude par spectrométrie mécanique du comportement anélastique de céramiques piézo-électriques de type Pb(Zr1-x Tix)O3, Thèse Lyon : Institut National des Sciences Appliquées de Lyon, 1998, 212p. [21] BERLINCOURT D., Piezoelectric ceramic compositional development. J. Acoust. Soc. Am., 1992, vol. 91, n°5, p 3034-3040. [22] LEBRUN L., GUIFFARD B., AUDIGER D., et al., Dielectric and Piezoelectric Properties of (La,Mg,F) and (Mg,Mn,F) doped PZT ceramic under low high solicitations, J Europ. Ceram. Soci., 2001, Vol. 21, pp 1441-44. [23] KOBOR D., Synthèse, dopage et caractérisation de monocristaux ferroélectriques type PZN-PT par la méthode du flux, Thèse Lyon : Institut National des Sciences Appliquées de Lyon, 2005, 152p. [24] CLIVE A. R., NAMCHUL K., KUCERA J. P., et al., Intrinsic and Extrinsic Size Effects in Fine-Grained Morphotropic-Phase-Boundary Lead Zirconate Titanate Ceramics, J. Am. Ceram. Soc., 1998, Vol. 81 [3], pp. 677–88. [25] POHANKA R., SMITH P. L., FREIMAIN S. W., Strength, Fracture, and Fractography of Piezoelectric Ceramics, in Electronic Ceramics, Edit by L. Levinson. Marcel Dekker, New York, 1987, pp. 51-138 [26] ZHANG Z., RAJ R., Influence of grain Size on Ferroelastic Toughening and Piezoelectric Behavior of Lead Zirconate Titanate, J. Am. Ceram. Soc., 1995, 73(3), pp. 3363-68 [27] CALDERON-MORENO J.M., GUIU F., MEREDITH M., et al., Fracture Toughness Anisotropy fo PZT, Mat. Sci. Eng. A234 , 1997, pp. 1062–66.

Page 137: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

137

[28] GUIU F., HAHN B.S., LEE H.L., et al., Growth of Indentation Cracks in Poled and Unpoled PZT, J. Europ. Ceram. Soc., 1997, pp. 505–12. [29] CALDERON-MORENO J.M., MONICA P., Fracture toughness anisotropy by indentation and SEVNB on tetragonal PZT polycrystals, Materials Science and Engineering, 2001, A319–321, pp. 692–696. [30] PFERNER R. A., THURN G., ALDINGER F., Mechanical properties of PZT ceramics with tailored microstructure, Materials Chemistry and Physics,1999, 61, pp. 24-30 [31] GARG A., GOEL T. C., Mechanical and electrical properties of PZT ceramics (Zr:Ti=0.40:0.60) related to Nd3+ Addition, Materials Science and Engineering: B, 1999, Vol. 60 N° 2, pp. 128-32. [32] MEHTA K., VIRKAR A.V., Fracture Mechanisms in Ferroelectric-Ferroelastic Lead Zirconate Titanate (Zr:Ti = 0,54:0,46) Ceramics", J. Am. Ceram. Soc., 1990, vol. 73 [3], pp. 567-574. [33] OKASAKI K., Mechanical behaviour of ferroelectric ceramics, Ceramic Bull 63, 1984, pp 1152–1157. [34] OKASAKI K., NAGATA K., Effects of Grain Size and Porosity on Electrical and Optical Properties of PLZT Ceramics, J. Am. Ceram. Soc., 1973, 56 [9], pp. 82-86. [35] KIM S.B., KIM D.Y., Effect of Grain Size and Poling on the Fracture Mode of Lead Zirconate Titanate Ceramics, J. Am. Ceram. Soc., 1990, vol. 73 [I], pp. 161-63. [36] BRUCE J.G., GERBERICH W.W., KOEPKE B.G., in: D.P.H. Hasselman, F.F. Lange (Eds.), Fracture Mechanics of Ceramics, 1978, vol. 5, Plenum, New York, 687 p. [37] PISARENKO G.G., CHUSHKO V.M., KOVALEV S.P., Anisotropy of fracture toughness of piezoelectric ceramics J. Am. Ceram. Soc., 68, 1985, pp. 259–265. [38] BAIK S., LEE S.M., R-curve behaviour of PZT ceramics near the morphotropic phase boundary, J. Mat. Sci., 1994, Vol. 29 N° 23, pp 6115–6122. [39] HACKEMANN S., PFEIFFER W., Domain switching in process zones of PZT: characterization by microdiffraction and fracture mechanical methods, J. Europ. Ceram. Soc., 2003, vol. 23, pp.141–51. [40] W. CHEN, D.C. LAPASCU, J. RODEL, C.S. Lynch, Short crack R-curves in ferroelastic and electrostrictive PLZT, J Am. Ceram. Soc., 2001, vol. 84 [5], pp. 593-97 [41] FlLTEN F., SCHNEIDER G. A., KNOBLAUCK V., In situ investigation of subcritical crack growth in lead zirconate titanate ceramics using atomic force microscopy, Acta materialia, 2005, Vol. 53, pp. 4051-56

Page 138: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

138

[42] FETT T., MUNZ D., R-Curve for a Lead Zirconate Titanate Ceramic Obtained from Tensile Strength Tests with Knoop-Damaged Specimens, J Am. Ceram. Soc., 2000, vol. 83 [12], pp. 31199-201. [43] CHEN W., LAPASCU D. C., RODEL J., et al., Short Crack R-curves in Ferreletric and Electrostrictive PLZT, J Am. Ceram. Soc., 2001, vol. 84 [3], pp. 593-97. [44] JONES J. L., HOFFMAN M., R-Curve and Stress–Strain Behavior of Ferroelastic Ceramics, J. Am. Ceram. Soc., 2006, Vol. 89 [12], pp. 3721–27 [45] SALZ C. R.J., HOFFMAN M., WESTRAM I., et al., Cyclic Fatigue Crack Growth in PZT Under Mechanical Loading, J. Am. Ceram. Soc., 2005, Vol. 88[5], pp. 1331-33. [46] DOS SANTOS e LUCATO S. L., LUPASCU D. C., RODEL J., Effect of Poling Direction on R-Curve Behavior in Lead Zirconate Titanate, J. Am. Ceram. Soc., 2000, 83 [2], pp. 424–26 pp 424–26 [47] COOK R. F., FREIMAN S. W., LAWN B. R., et al., Fracture of ferroelectric ceramics, Ferroelectrics, 1983, Vol. 50, pp. 267-72. [48] MUNZ D., FETT T., Ceramics: Mecanical Properties Failure Behavior Material Selection, Springer-Verlag, Berlin, Germany, 1999, 308p. ISBN 3540653767 [49] JAFFE B., COOK W., JAFFE H., Piezoelectric Ceramics. Academic Press, New-York and London, 1971. [50] POHANKA R., SMITH P. L., FREIMAN S. W., Strength Fracture and Fractography of Piezoelectric Ceramics, Electronic Ceramics, Edited by L. Levinson. Marcel Dekker, New York, 1987, pp. 51–138. [51] F. FETT, GLAZOUNOV A., HOFFMANN M. J., et al., On the Interpretation of different R-curves for soft PZT, Engineering Fracture Mechanics, 2001, 68, pp. 1207-18. [52] KOUNYA NJIWA A. B., FETT F., LAPSCU D. C., et al., Effect of geometry and electrical boundary conditions on R-curves for Lead Zirconate Titanate ceramics, Engineering Fracture Mechanics, 2006, 73 , pp. 309-317 [53] F. MESCHKE, KOLLECK A., SCHNEIDER G. A., R-Curve Behaviour of BaTi03 due to Stress-Induced Ferroelastic Domain Switching, J. Euro. Cerami. Soci., 1997,17, pp. 1143-49. [54] KOLLECK A., SCHNEIDER G. A., MESCHKE F., R-Curve Behaviour Of BaTio3- And Pzt Ceramics Under The Influence Of An Electric Field Applied Parallel To The Crack Front, Acta mater., 2000, 48, pp. 4099–113.

Page 139: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

139

[55] BECHER P. F., SWAIN M. V., Grain-size-dependent transformation behaviour in polycrystalline tetragonal zirconia. J. Am. Ceram. Soc., 1992, vol. 75(3), pp. 493-502. [56] MESCHKE. F., SCHNEIDER A. G., R-curve behavior and crack-closure stresses in Barium Titanate and (Mg,Y)-PSZ ceramics. J. Am. Ceram. Soc., 2000, Vol. 83, n° 2, pp 353-361. [57] GLAZOUNOV A., KUNGL H., RESZAT J. T., et al., Contribution from Ferroelastic Domain Switching Detected Using X-ray Diffraction to R-Curves in Lead Zirconate Titanate Ceramics, J. Am. Ceram. Soc., 2001, vol. 84 [12], pp 2921–29. [58] KARASTAMATIS T., LUPASCU D. C., Dos Santos e LUCATO S.L., et al., R-curve of lead zirconate titanate (PZT), J. Europ. Ceram. Soci., Vol. 23, 2003, pp.1401-08. [59] DOS SANTOS e LUCATO S. L., LUPASCU D. C., RODEL J., Effect of Poling Direction on R-Curve Behavior in Lead Zirconate Titanate, J. Am. Ceram. Soc., 83 [2], 2000, pp 424–26 [60] MICHALSKE T. A., FREIMAN S. W., “A molecular mechanism for stress corrosion in vitreous silica”, J. Am. Ceram. Soc.,1983, Vol. 66, n° 4, pp. 284-288. [61] EVANS A. G., A method for evaluating the time-dependent failure characteristics of brittle materials- and its application to polycrystalline alumina, J. of Mater. Sci., 7, 1972, pp. 1137-46. [62] BRUCE. J.G., GERBERICH. W.W., KOEPKE. B.G., Subcritical crack growth in PZT. Honey Corporate Material Sciences Center Bloomington, Minnesota 55420, 1978, Vol. 4, pp 687- 709. [63] DOS SANTOS e LUCATO S.L., Crack-growth-Velocity-Dependent R-curve behaviour in Lead Zirconate Titanate, J. Am. Ceram. Soc., 2003, 86 [6], pp. 1037-39. [64] WANG Y., CHU W.Y., SU Y.J., et al., Stress corrosion cracking of a PZT piezoelectric ceramics Mater Lett., 2003, pp. 1156: 59 [65] BOURIM E. M., TANAKA H., CHEVALIER J., et al., Internal friction and subcritical crack growth in piezoelectric PZT ceramics, Proc.6th Japan International Sampe Symposium Oct. 26-29,1999, pp 187-192. [66] SU Y.J., WANG Y., CHU W.Y., et al., Combined effect of electric and mechanical loading on fracture of the PZT-5 ferroelectric ceramics, Acta Materialia, 2004, 52, pp. 3753–59. [67] POSTNIKOV V. S., PAVLOV V. S., GRIDNEV S. A., e t a l . , Interaction between 90° domain walls and point defects of the crystal lattice in ferroelctric ceramics, Soviet. Phys-Solid State, 1968, Vol. 10, n° 6, pp.1267-70.

Page 140: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

140

[68] GRIDNEV S. A., POSTNIKOV V. S., PRASOLOV B. N., e t a l . , Attenuation of low-frequency elastic oscillations in ferroelastic KH3(SeO3)2, Ferroelectrics, 1978, Vol. 21, pp. 597-99. [69] WANG C., FANG Q. F., SHI Y., ZHU Z.G., Internal friction study on oxygen vacancies and domain walls in Pb (Zr, Ti)O3, Vol. 36, 2001, pp. 2657-65. [70] DOSCH R.G., Lead zirconate-titanate (PZT) ceramics from organic–derived precursors. In Proceedings of the Symposium of Material Research Society, vol. 32. Amsterdam : Elsevier, 1984. pp. 199-204. [71] SCHÄFER J., SIGMUND W., ROY S., et al., Low temperature synthesis of ultrafine Pb(Zr, Ti)O3 powder by sol – gel combustion. J. Mater. Res., 1997, vol. 12, n°10, pp. 2518-2521. [72] CHENG H., MA J., ZHU B., et al., Reaction mechanismsin the formation of lead zirconate titanate solid solutions under hydrothermal conditions. J. Am. Ceram. Soc., 1993, vol. 76, n°3, pp. 625-629. [73] CHOY J., HAN Y., KIM J., Hydroxide coprecipitation route to the piezoelectric oxide Pb(Zr, Ti)O3 (PZT). J. Mater Chem., 1995, vol. 5, n°1, pp. 65-69. [74] RAO K. R. M., PRASADA RAO A. V., KOMARNENI S., Reactive PZT precursor powder by coprecipitation. Mater. Lett., 1996, Vol.28, pp. 463-67. [75] HÄRDTL K. H., RAU H., PbO vapor pressure in the Pb(Ti1-x Zrx)O3 system, Solid state commun., 1969, Vol. 7, n° 1, pp. 41-45. [76] KINGON A., CLARK B., Sintering of PZT ceramics : I, Atmosphere control, J. Am. Ceram. Soc., 1983, Vol. 66, n° 4, pp. 253-56. [77] BOUTARFAIA A., BOUAOUD E., Tetragonal and rhombohedral phase co-existence in the system: PbZrO3-PbTiO3-Pb(Fe1/5, Ni1/5, Sb3/5)O3, Ceramics Internationnal, 1995, Vol. 22, pp. 281-86. [78] FERNANDES J. C., HALL D. A., COCKBURN GREAVES G. N., Phase coexistence in PZT ceramic powders, Nucl. Instr. And Meth. in Phys. Res. B97, 1995, pp. 137-41. [79] BOUTARFAIA A., BOUDAREN S. E., MOUSSER A., et al . , Study of phase transition line of PZT ceramics by X-ray diffraction, Ceramics Internationnal, 1995, Vol.21, pp. 391-94. [80 ] PEREIRA M., PEIXOTO A. G., GOMES M. J. M., Effect of Nb doping on the microstructural and electrical properties of the PZT ceramics, J. Europ. Ceram. Soci., 2001,Vol. 21[10-11], pp.1353-56. [81] EL GUERJOUMA R., MOUCHTACHI A., et al., Non destructive evaluation of graphite by ultrasonic velocity measurement using cross correlation and Hilbert

Page 141: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

141

transform method. In : IEEE Ultrasonic Symposium, Tucson, USA Oct. 1992, p. 829-32. [82] ANSTIS G.R., CHANTIKUL P., LAWN B.R., et al., Acritical Evaluation of Indentation Techniques for measuring Frature Touphnness :I, direct crack measurements, J. Am. Ceram. Soc., 1981, Vol. 64, N° 9, pp. 533-38. [83] ANSTIS G.R., CHANTIKUL P., LAWN B.R., et al., Acritical Evaluation of Indentation Techniques for measuring Frature Touphnness :II, Strength method, J. Am. Ceram. Soc., 1981, Vol. 64, N° 9, pp. 539-43. [84 ] PAJARES A., GUIBERTEAU F., STEINBRECH R. W. Et al., Residual Stresses Around Vickers Indents, Acta metalL mater, 1995, Vol. 43, No. 10, pp. 3649-59 [85] LAWN B. R., FULLER E. R., MARSHALL D. B., Elastic/plastic damage in ceramics: The median/radial Crack system, J. Am. Ceram. Soc., 1980, Vol. 63, N° 9-10, pp. 574-580. [86] HIZEBRY A., EL-ATTAOUI H., SAADAOUI M. et al., Effect of Nb and K doping on the crack propagation behaviour of lead zirconate titanate ceramics, J. Euro. Cerami. Soci., 2007, 27, pp. 557-560. [87] KRAUSE R.F., Flat and rising-curves for elliptical surface cracks from indentation and superposed flexure, J. Am. Ceram. Soc., 1990, Vol.77, n°1, p. 172-78. [88] CHEVALIER J., OLAGNON C., FANTTOZZI G. and al., Crack Propagation Behavior of Y-TZP Ceramics, J. Am. Ceram. Soc., 1995, Vol.78, n°7, p. 1889-94. [89] ARLT G., PERTSEV N.A., Force constant and effective mass of 90° domain walls in ferroelectric ceramics, J. Appl. Phys., 1991, 70, pp.2283. [90] MASON W. P., Physicals acoustics, Principales and Methods, 1964, vol 1, part A, New York, Academic Press, [91] IRE Standards on Piezoelectric Crystals-Measurments of piezoelectric ceramics, Procedings of IRE, 1961, vol. 49, n° 7, pp 1161-1169. [92] IEEE Standard on Piezoelectric, ANSI/IEEE std, 176, 1987, 54 p. [93] European Standard Piezoelectric Proprieties of Ceramic Materials and Components, P25EN 50324, Cnelec, 2001.

Page 142: Propagation de fissures dans les céramiques piézo-électriques de …docinsa-breves.insa-lyon.fr/these/2007/hizebry/these.pdf · 2008-07-02 · dans de très nombreuses applications

FOLIO ADMINISTRATIF

THESE SOUTENUE DEVANT L'INSTITUT NATIONAL DES SCIENCES APPLIQUEES DE LYON NOM : HIZEBRY (avec précision du nom de jeune fille, le cas échéant)

DATE de SOUTENANCE : 06/11/ 2007

Prénoms : Azeddine

TITRE : PROPAGATION DE FISSURES DANS LES CERAMIQUES PIEZO-ELECTRIQUES DE TYPE PZT : EFFETS DE DOPAGE AU POTASSIUM ET AU NIOBIUM

NATURE : Doctorat Numéro d'ordre : xxxx

Ecole doctorale : MATERIAUX DE LYON EDA 034 xxxx

Spécialité : Génie des matériaux : Microstructure, Comportement Mécanique, Durabilité.

Cote B.I.U. - Lyon : et bis CLASSE :

RESUME : Ce travail concerne l’étude du comportement mécanique à la rupture des céramiques piézoélectriques de zircono-titanates de plomb (PZT), de structure pérovskite Pb (Zr1-x Tix) O3. Les matériaux étudiées sont trois nuances élaborées de composition voisine de la zone morphotropiques (Zr :Ti, 54 :46) : non dopée (PZT), dopée à 2% at. de Niobium (PNZT) et dopée à 1% at. de potassium (PKZT). Deux procédés d’élaboration ont été utilisés avec et sans liant. Leur comportement est analysé en termes de courbes R (résistance à la propagation de fissures), de lois de propagation sous critique V-KI (vitesse de fissure en fonction du facteur d’intensité de contraintes appliqué), la ténacité intrinsèque et l’anisotropie induite par la polarisation, et ceci en fonction, notamment, de leur composition (dopage), leur microstructure et le milieu environnant. Cette étude a montré que le basculement des domaines ferroélectriques contribue au renforcement important observé pour la nuance PNZT alors qu’il n y a pas d’effet de courbe R pour PZT et PKZT. De même que l’anisotropie observée lors de l’indentation pour les trois nuances étudiés n’est pas du seulement dû au basculement des domaines mais aussi a une diminution des contraintes résiduelles dans le sens de propagation de fissure lorsque celui-ci est parallèle à direction de la polarisation en supposant évidement que le coefficient de la forme de l’empreinte est constante. Abstrat : The aim of this study is to investigate the fracture mechanical behavior of piezoelectric lead zirconate-titanate ceramics (PZT), with perovskite structure Pb (Zr1-x Tix) O3. Three compositions close to the morphotropic zone (Zr:Ti, 54:46) have been prepared: undoped (PZT), doped with 2% at. of Niobium (PNZT) and doped with 1% at. of potassium (PKZT). Two processing routes have been used with and without binder. Their behavior was analyzed in terms of R-curves (resistance to the propagation of cracks), laws of propagation under critic V-KI (speed of crack according to the stress intensity factor applied), intrinsic tenacity and anisotropy induced by polarization. This last property has been studied as a function of the composition (doping), the microstructure and the testing atmosphere. This study has shown that the switching ferroelectric domain contributes to the significant shielding for PNZT materials whereas there is no R-curve effect for PZT and PKZT compositions. The anisotropy observed in cracks developed by indentation is not only due to switching ferroelectric domain. By supposing a constant shape coefficient of indentation print a decrease of the residual stresses along the crack propagation when it is parallel to polarization direction has been stated.

MOTS-CLES : PZT, Dopage au Nb et K, Courbe R, Basculement des domaines ferroélastiques. Laboratoire(s) de recherche : MATEIS INSA Lyon Directeurs de thèse : Prs Gilbert Fantozzi et Jérôme Chevalier Président de jury : Pr Malika Saâdaoui Composition du jury : J. Chevalier, B. Durand, G. Fantozzi, A. Leriche, M. Saâdaoui.