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UNIVERSITÉ TOULOUSE II-LE MIRAIL École Doctorale Temps, Espaces, Sociétés, Cultures (ED 327) Laboratoire France méridionale et Espagne, thématique 4, atelier 2 (UMR 5136) Une histoire sociale des travailleurs de l’aéronautique toulousaine de la fin des années 1940 à la fin des années 1990. Sous la direction de Jean-Marc Olivier (Professeur à l’UTM, Directeur du laboratoire FRAMESPA UMR 5136) Projet de thèse présenté par Clair Juilliet 2012-2015

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UNIVERSITÉ TOULOUSE II-LE MIRAIL École Doctorale Temps, Espaces, Sociétés, Cultures (ED 327) Laboratoire France méridionale et Espagne, thématique 4, atelier 2 (UMR 5136)

Une histoire sociale des travailleurs de l’aéronautique toulousaine de la fin des années 1940 à la fin des années 1990.

Sous la direction de Jean-Marc Olivier (Professeur à l’UTM, Directeur du laboratoire FRAMESPA UMR 5136)

Projet de thèse présenté par Clair Juilliet

2012-2015

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Mon mémoire de master II était intitulé Défis industriels et mouvements sociaux en Haute-Garonne (1967-1978)1. Il s’agissait, en combinant approche chronologique et approche thématique, de mener une réflexion approfondie sur l’évolution économique et sociale de la Haute-Garonne entre 1967 et 1978. Nous souhaitions aussi observer les répercussions de « mai-juin 1968 » à court et moyen termes pour les acteurs de la vie haut-garonnaise, au premier rang desquels les ouvriers et les entreprises de plusieurs secteurs industriels (textile, électronique/informatique, BTP, chimie, papier-carton). L’aéronautique, branche prestigieuse, y tenait une place privilégiée de par son importance pour l’économie départementale et régionale.

Fort de cette première expérience de la recherche en histoire contemporaine, je désire parfaire ma formation par le biais d’un doctorat pour l’instant intitulé Une histoire sociale des travailleurs de l’aéronautique toulousaine, en priorité ouvriers et techniciens. Comme le remarque Jean-Marc Olivier dans sa contribution à l’ouvrage Mémoires plurielles de la Haute-Garonne, « il manque une histoire totale de l’aviation et de ses acteurs où les difficultés commerciales, les tensions internationales et les conflits sociaux ne seraient pas oubliés ou minorés. La mémoire privilégie l’épopée, avec ses drames et ses succès, mais elle accorde peu de place au quotidien des acteurs de base.2 » Je souhaite prendre modestement ma place dans cette entreprise novatrice de renouvellement des connaissances sur ce secteur très important de la vie économique et sociale française. En effet, il semble que les questions liées au travail et aux relations sociales restent très en retrait dans les choix des universitaires.

Ceux-ci ont mené de nombreuses recherches sur l’histoire des pionniers, des pilotes3 et des entrepreneurs4. Ils ont aussi beaucoup écrit sur les caractéristiques techniques des appareils et les innovations5, sur les politiques économiques et les enjeux stratégiques6, sur l’intervention de l’Etat à la fois client et donneur d’ordre7 ou encore sur l’implantation8 et l’ancrage territorial des entreprises9. Mais l’histoire sociale et culturelle des travailleurs de cette industrie reste très marginale et peu prise en compte. Pour Alain Boscus, « sont ainsi demeurés dans l’ombre ces centaines de milliers de salariés qui ont contribué depuis le début du XXe siècle à la croissance du secteur. Ils sont eux aussi des « oubliés de l’histoire », alors que rien n’aurait été possible sans eux ! En dehors de quelques rares exceptions (dont les recherches à Toulouse, d’Yvette Lucas [10], Herrick Chapman [11], Pierre Baghi [12]...), les

1 Clair Juilliet, Michael Llopart, Défis industriels et mouvements sociaux en Haute-Garonne (1967-1978), Sous la direction d’Alain Boscus, Mémoire de Master II, UTM, 2010, Quatre tomes, 1347 pages. Soutenu le 28 septembre 2010, Mention très bien et félicitations du jury, bénéficiaires de la bourse d’étude consulaire d’histoire économique de l’Association des Anciens Présidents des CCI et CRCI françaises. 2 Jean-Marc Olivier, « Les mémoires concurrentes de la conquête de l’air en Haute-Garonne » in Christian Almavi, Rémy Pech, Mémoires plurielles de la Haute-Garonne, Privat, Toulouse, 2011, p. 174. 3 Emmanuel Chadeau, Mermoz, Perrin, Paris, 2000, 365 pages. 4 Claude Carlier, Marcel Dassault : la légende d’un siècle, Perrin, Paris, 1992, 563 pages. 5 Jean Carpentier, Cent vingt ans d’innovations en aéronautique, Hermann, Paris, 2011, 733 pages. 6 Claude Carlier, L’aéronautique française (1945-1975), Collection Histoire et documents, Paris, 1983, 645 pages. 7 Ezra Suleiman, Guillaume Courty, L’âge d’or de l’État : une métamorphose annoncée, Éditions du Seuil, Paris, 1997, 334 pages. 8 Vincent Frigant, Med Kechidi, Damien Talbot, Les territoires de l’aéronautique, Géographies en liberté, L’Harmattan, Paris, 2006, 250 pages. 9 Guy Jalabert, Jean-Marc Zuliani, Toulouse : l’avion et la ville, Privat, Toulouse, 2009, 349 pages. 10 Yvette Lucas, Le vol du savoir, Mutations/sociologie, PUL, Lille, 1989, 255 pages.

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questions liées au travail (...) et aux rapports sociaux (...) n’ont pas vraiment attiré l’attention, comme s’il s’agissait de thèmes secondaires ou anecdotiques.13 »

Herrick Chapman, dans son récent ouvrage, L’aéronautique : Salariés et patrons d’une industrie française (1928-1950)14, soutient que depuis les années 1930, la modernisation de l’économie par l’État va de pair avec une radicalisation politique et syndicale croissante des travailleurs, notamment au sein de l’aéronautique. Cette branche étant restée longtemps un bastion communiste et cégétiste, la confrontation sociale y a été vive car les syndicats, les dirigeants d’entreprises et les politiques n’étaient pas en accord quant à la politique sociale menée et quant aux stratégies industrielles déployées plus ou moins confusément par les responsables économiques privés et publics. Il sera captivant de prolonger la réflexion au-delà de 1950 pour observer si des transformations se produisent dans les rapports sociaux. Nous verrons plus bas que c’est bel et bien le cas au début des années 1970, lors du basculement du CE de Sud-Aviation. Il ne faut pas non plus oublier de mentionner L’industrie aéronautique en France : De Blériot à Dassault (1900-1950) d’Emmanuel Chadeau qui représente une étude importante pour la compréhension de l’effacement et des échecs de la branche durant l’entre-deux-guerres et de sa reprise en main par l’État15.

L’industrialisation de l’aéronautique et la massification du transport commercial après la Seconde Guerre mondiale16 ont des répercussions dans l’évolution du travail et de la régulation sociale. Les mutations profondes entraînent petit à petit un changement dans la sociologie des travailleurs mobilisés pour la production (modification du travail, technicisation des postes, formation accrue). En effet, si en 1960 à Sud-Aviation, on compte 55,3 % d’ouvriers, ils ne sont plus que 27,3 % au début des années 1980. Dans le même temps, les techniciens augmentent leur part dans les effectifs de 22,1 % à 41,9 %. Cela a des conséquences marquées tant dans l’identité professionnelle et culturelle des « compagnons » que dans l’évolution syndicale des établissements. La CGT (et le PCF) perd progressivement de son influence au profit de FO et de la CGC. L’affaiblissement général du syndicalisme à la fin des années 1970 renforce l’incapacité des travailleurs à peser sur les décisions des dirigeants. Les rapports sociaux se modifient profondément, se révélant à long terme moins conflictuels et plus consensuels, mais semble-t’il, non moins profitables aux salariés dès lors que l’activité de la branche est florissante.

Pour autant, à court terme, la situation a souvent été changeante et fragile, tant du point de vue social qu’économique. L’instabilité des carnets de commandes ou de la coopération internationale, les politiques d’investissement malaisées (notamment pour les prototypes) ou encore les incertitudes liées à l’évolution des cours du pétrole en font une

11 Herrick Chapman, L’Aéronautique : Salariés et patrons d’une industrie française (1928-1950), Histoire, PUR, Rennes, 2011, 430 pages. 12 Pierre Baghi, L’histoire du mouvement ouvrier en Haute-Garonne, VO éditions, IHS CGT Haute-Garonne, Toulouse, 286 pages. 13 Préface d’Alain Boscus à l’ouvrage de Martine Bernard-Roigt (coord.), L’aéronautique : une histoire sociale en Midi-Pyrénées, IRHS CGT Midi-Pyrénées, Toulouse, 2010, p. 8. 14 Herrick Chapman, L’Aéronautique : Salariés et patrons d’une industrie française (1928-1950), Op cit. 15 Emmanuel Chadeau, L’industrie aéronautique en France : De Blériot à Dassault (1900-1950), Fayard, Paris, 1987, 552 pages. 16 Claude Carlier, L’aéronautique française (1945-1975), Op cit.

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industrie à risque. Mais l’importance de ce secteur stratégique pour l’indépendance politique et économique de la France dans le concert des nations n’est plus à démontrer. Claude Carlier l’a très bien expliqué dans son ouvrage, L’aéronautique française (1945-1975). Pour lui, la reconstitution d’un pôle aéronautique puissant après la Seconde Guerre mondiale (Airbus est devenu le troisième constructeur mondial dès le milieu des années 1970) a été une priorité et une ambition majeures des gouvernements de la IVe et de la Ve République17. Certes, le génie des ingénieurs et des industriels ne doit pas être minimisé ni remis en cause, mais la participation de l’État à tous les échelons est un facteur essentiel de la réussite du secteur aérospatial, civil comme militaire.

C’est dans cette même période que la vocation toulousaine de « Terre d’envol18 » est confirmée, malgré les doutes, les hésitations et les tâtonnements qu’a bien mis en lumière Guy Jalabert dans sa thèse de géographie industrielle19. Celui-ci, en collaboration avec Jean-Marc Zuliani, a écrit un livre important pour la connaissance de l’industrie aéronautique haut-garonnaise. En effet, dans Toulouse, l’avion et la ville, les deux chercheurs révèlent que la croissance de la « ville rose » dans la seconde moitié du XXe siècle, repose en grande partie sur le développement des activités aérospatiales20, au point d’être quasiment devenue une terre de mono-industrie, très dépendante de l’action de l’État. Le rôle joué par les firmes, les relations entre les donneurs d’ordres et les sous-traitants locaux et régionaux, la collaboration entre les divers partenaires (industriels, chercheurs, formateurs, politiques locaux et nationaux) en ont progressivement fait la capitale, d’abord française, puis européenne de l’aviation. Et ces évolutions ont complexifié peu à peu les relations sociales de la branche, l’ensemble des acteurs, des organisations syndicales aux élus locaux en passant par l’opinion publique régionale, pouvant désormais plus ou moins peser directement, au moins jusqu’aux années 1980, sur son développement par le biais de l’Etat régulateur et social.

Mais les connaissances que les universitaires ont des phénomènes sociaux à l’œuvre dans l’aéronautique et des dynamiques qu’ils suscitent sont encore fort limitées, se situant à la charnière entre l’imprécision, les erreurs d’appréciation et le rejet dans l’anecdote. Il est donc essentiel, dorénavant, de s’intéresser, notamment au moyen d’une micro-histoire socio-économique, aux conditions de vie et de travail, à la régulation sociale (conflits et consensus sociaux), à l’histoire des acteurs (salariés, syndicalistes, politiques...), au travail et à son évolution (techniques, savoir-faire et transmission, formation, qualifications, passage des « cols bleus » aux « cols blancs »), au développement de la sous-traitance, à l’éclatement des statuts et des solidarités ou encore à la vie hors travail et aux liens tissés entre l’aéronautique et la région toulousaine21.

L’importance des rapports, formels et informels, entre les divers protagonistes, sera une donnée à prendre en compte dans le traitement du sujet. En effet, les phénomènes sociaux prennent corps au sein de « réseaux de relations entre des personnes ou des collectifs [et]

17 Ibid. 18 Georges Baccrabère, Toulouse : Terre d’envol (1920-2007), Signes du monde, Toulouse, 1993, p. 722. 19 Guy Jalabert, Les industries aéronautiques et spatiales en France : étude géographique, Thèse d’État Géographie et aménagement du territoire, UTM, 1973, 919 pages. 20 Guy Jalabert, Jean-Marc Zuliani, Toulouse, l’avion et la ville, Privat, Toulouse, 2009, 349 pages. 21 Citons notamment Rosemary Wakeman, « La ville en vol : Toulouse and the Cultural Legacy of the Airplane », in French historical studies, n° 17, 1992, p. 769 à 790.

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forment une structure fondamentale de la vie sociale qui interagit en permanence avec des dispositifs matériels et des règles ou normes qui permettent d’interagir et de se coordonner22 ». C’est pourquoi, il est nécessaire de considérer l’ensemble des intervenants et des facteurs qui prennent part aux process de production, même si leur participation est parfois indirecte et voilée, notamment par des conventions idéologiques qui masquent la réalité. Par exemple, « le cadrage politique effectué par les gouvernants (...) constitue une donnée essentielle autant par les comportements qu’il impulse que par les résistances individuelles et collectives à l’origine desquelles il se trouve. Il en résulte [qu’il] est de plus en plus négocié et engendre des tensions entre acteurs collectifs et individus dans la production de l’organisation23 ». La contestation, aussi bien que les consentements ou les diverses formes de collaboration, méritent d’être mis en valeur par les chercheurs en sciences sociales. L’hypothèse que nous formulons est que c’est seulement par le biais de ces interrogations croisées que l’on sera à même, par exemple, de faire ressortir le rôle joué par les élus locaux ou par les différents syndicats de salariés dans le développement du pôle aéronautique toulousain.

Nombreuses sont donc les questions, fondamentales, qui réclament l’attention des historiens. Tout ne sera pas réalisable dans le cadre d’une thèse d’histoire en trois ans. Le temps à disposition est limité24, l’accès aux archives aussi. C’est pourquoi, les bornes chronologiques et les établissements englobés restent à définir clairement. Je reviendrai plus bas, lors de la présentation d’une esquisse de plan, sur les dates importantes de la période ; elles permettront d’affiner le sujet. Il conviendrait de prendre en compte l’ensemble de l’aéronautique toulousaine (les entreprises nationalisées puis Bréguet, Dassault, Latécoère et les autres PME) mais il est possible que je me limite à la seule SNCASE/Sud-Aviation/SNIAS/Airbus. Cela dépendra essentiellement de la quantité d’informations que j’aurai réussi à rassembler et de la possibilité d’ouverture des archives d’entreprises25, particulièrement importantes pour réaliser une réelle histoire industrielle et sociale.

J’ai d’ores et déjà obtenu l’accès aux comptes rendus des assemblées plénières du Comité d’Entreprise (CE) d’Airbus par l’intermédiaire de Jean-François Knepper de la CGT-FO. Cette source est inédite et est très importante par son volume, son contenu et sa continuité (de 1943 à aujourd’hui) ; elle constituera l’ossature de mon doctorat et permettra de mettre en avant les thèmes et sous-thèmes majeurs de la période, les acteurs principaux de la vie de l’entreprise, les interrelations qu’ils tissent entre eux, les problèmes et réussites sociales et économiques, afin de cerner au mieux les évolutions. Institué par l’ordonnance du 22 février 1945, modifié par les lois du 16 mai 1946 et du 28 octobre 1982, le CE, organe consultatif, a des attributions économiques et sociales26. Composé de manière tripartite, en intégrant des représentants du chef d’entreprise, du personnel et des syndicats, il a un double rôle de gestion des œuvres sociales et de lieu d’expression des travailleurs. Doté de plusieurs commissions

22 LabeEx SMS, Michel Grossetti, Structurations des mondes sociaux (réseaux, régulations, dispositifs, territoires), p. 11. 23 Ibid., p. 12. 24 Voir calendrier de travail, p. 13. 25 Il semble très compliqué d’obtenir l’ouverture des archives internes des entreprises de l’industrie aéronautique, je ferai néanmoins mon possible pour accéder à tout ou partie de celles-ci. 26 Jean-Pierre Le Crom, « La naissance des comités d'entreprise, une révolution par la loi ? », in Travail et emploi, n° 63, 1995, p. 58 à 76.

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(économie, formation, logement, conditions de travail, égalité professionnelle...), il doit notamment être informé des questions touchant aux licenciements collectifs économiques, à la modification de la durée ou de l’organisation du travail, à l’évolution du règlement intérieur... Dans le cas de la SNCASE/Sud-Aviation/SNIAS/Airbus, le premier compte rendu date de juin 1943 et est l’œuvre d’un Comité Social (CS) instauré par le régime de Vichy suite à l’élaboration de la Charte du Travail en 1941. Même si son rôle est différent, il sera captivant d’observer s’il représente un « pré-CE » ou non, au même titre que les Comités Mixtes à la Production (CMP) créés par l’ordonnance d’Alger ou les Comités à la Production institués suite aux accords de Toulouse un peu moins d’un mois après la libération de la ville27. Ce sera d’ailleurs très prochainement l’objet d’un premier article.

Mais, il s’agira aussi de croiser habilement cette source avec d’autres, tout aussi importantes. D’abord, les archives des syndicats (CGT, CGT-FO, CFDT et CFTC) qui apporteront un complément utile aux différentes expressions des compagnons et aux stratégies de leurs représentants à moyen et long termes. Il sera particulièrement intéressant d’analyser les jeux d’influence auxquels se livrent les organisations ouvrières à partir de la scission de 1947 pour défendre et imposer leur vision du syndicalisme et de la protection des salariés. Deux axes se constituent progressivement, l’un formé autour de la CGT et de la CFDT (à partir de 1964) et qui soumet dans une très large mesure la négociation à la revendication et à la contestation ; l’autre, qui rassemble la CGT-FO et la CFTC autour d’une conception réformiste et contractuelle, plus gestionnaire et beaucoup moins radicale. Il sera nécessaire d’esquisser une sociologie de ces syndicats afin d’observer quelles catégories de personnel ils regroupent en majorité. Un fait essentiel devra aussi être pris en compte à la suite des travaux de master de Vincent Delpech28. Il s’agit du changement de majorité qui intervient au CE de la SNIAS le 8 mars 1972, après la signature de « l’accord société » en 1971 par l’axe FO/CFTC/CGC, et qui marque aussi bien un net déclin de l’axe revendicatif dans l’entreprise qu’une transformation majeure dans l’administration du CE.

Ensuite, il conviendra de fouiller les archives administratives, notamment les procès-verbaux des séances de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) de Toulouse qui constitue l’un des partenaires primordial du développement du tissu industriel départemental. Ainsi, je serai en mesure d’observer les continuités et les ruptures esquissées localement et qui ont un impact fort sur les trajectoires sociales. Les archives municipales (décisions du Conseil municipal), départementales (action du Conseil général et régional) et préfectorales (notamment les rapports des Renseignements Généraux) permettront de compléter les informations sur l’évolution économique et sociale du département de Haute-Garonne et les relations tissées par les différents acteurs au sein et en dehors des établissements aéronautiques. Tout en gardant à l’esprit qu’ils peuvent être déformés ou travestis, il ne faudra pas oublier de prendre en compte les témoignages des divers acteurs (syndicalistes, politiques, dirigeants, journalistes...). Ils restent essentiels pour comprendre le vécu et le ressenti des protagonistes et témoins de l’aventure aéronautique.

27 Rolande Trempé, « Aux origines des Comités Mixtes à la Production : les comités de libération d'entreprise de la région toulousaine », in Revue d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale, n ° 131, 1983, p. 41 à 63. 28 Vincent Delpech, La vie syndicale dans le département de Haute-Garonne de 1967 à 1978, Mémoire de Master II Histoire (sous la dir. d’Alain Boscus), UTM, juin 2010, 304 pages.

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En outre, pour un meilleur balisage chronologique et une compréhension plus juste des liens qui unissent la région toulousaine à l’aviation, l’utilisation de la presse locale s’avèrera fondamentale. En effet, La Dépêche du Midi est un support de communication très prisé des syndicats, des organisations patronales, des associations, de la CCI ou encore des autorités politiques et économiques locales. Pour Marc Martin, la presse régionale « cherch[e] à faire corps avec les hommes et les femmes (...) d’une région dont [elle a] l’ambition d’exprimer et de défendre les intérêts29 ». L’apport des publications internes aux entreprises (notamment les journaux et magazines patronaux) constituera un complément précieux dans la connaissance des firmes. Enfin, je ne négligerai pas les photographies et autres documents iconographiques qui donnent des indications sur l’évolution des usines, des productions, des techniques et de la construction d’une identité toulousaine marquée par l’importance accordée à l’aéronautique.

Afin de mener à bien ce travail de recherche ambitieux, je ne manquerai pas de m’inspirer de certains travaux novateurs. Pour ne pas alourdir trop mon propos, je n’en citerai que deux. Premièrement, la thèse de Gérard Vindt, Histoire sociale d’une entreprise : la compagnie Péchiney (1921-1973)30, dans laquelle celle-ci est présentée comme un système social produit par ses membres et leurs interdépendances (échanges sociaux, interactions internes et externes, gestion sociale...). L’auteur souhaite saisir les rapports entre les ensembles sociaux qui composent Péchiney, notamment au travers des réponses apportées aux politiques patronales. Il donne aussi des éléments de compréhension sur la gestion du personnel, l’organisation du travail, les consensus qui structurent l’entreprise et sur les marges de manœuvre des individus et groupes qui la composent. Deuxièmement, l’ouvrage de Nicolas Hatzfeld intitulé Les gens d’usine : 50 ans d’histoire à Peugeot-Sochaux31, dans lequel l’auteur s’interroge sur les notions d’usine, de travail et d’agencement des relations au sein de Peugeot-Sochaux. Pour lui, la manufacture est « un ensemble social riche de signification, pour peu que l’on ne sépare pas la technique, l’organisation et les rapports sociaux. En suivant l’usage qui est fait, par exemple, des outils et des installations, des bâtiments et des documents, on peut retrouver le rôle qu’ils jouent comme médiateurs des relations sociales [Girin, Akrich, Latour, Leroi-Gourhan], faire ressortir le sens social que prennent les activités techniques [Cohen et Pestre].32 » Il prend le parti « de ne pas dissocier les enjeux techniques et sociaux de la vie de l’usine [et] de voir les recompositions sociales qui se jouent à travers les transformations techniques33 ». Nicolas Hatzfeld définit le concept de « société de fabrication [qui] ne se limite pas au système de production. Entre les deux se trouvent les espaces créés par l’autonomie des différents individus ou groupes, par leurs compositions identitaires, par le jeu des trajectoires dans les institutions, par les traces que laissent les événements, par les interactions entre les mondes du dedans et du dehors.34 » Je souhaite me nourrir de ces deux approches assez complémentaires pour me livrer à une analyse solide et originale, appliquée aux usines toulousaines de l’aéronautique. Sera posée

29 Marc Martin, La presse régionale : des affiches aux grands quotidiens, Fayard, Paris, 2002, p. 9. 30 Gérard Vindt, Histoire sociale d’une entreprise : la compagnie Péchiney (1921-1973), Thèse de doctorat d’histoire, Université de Paris X-Nanterre, novembre 1999, 666 pages. 31 Nicolas Hatzfeld, Les gens d’usine : 50 ans d’histoire à Peugeot-Sochaux, Collection mouvement social, Les éditions de l’Atelier, Paris, 2002, 598 pages. 32 Ibid., p. 9. 33 Ibid., p. 10. 34 Ibid., p. 553.

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ultérieurement la question du « terrain » d’étude : l’ensemble des entreprises concourant à la fabrication aéronautique ou l’entité SNCASE/Sud-Aviation/SNIAS/Airbus. Bien entendu, de nombreuses autres lectures viendront agrémenter et enrichir cette recherche35.

Même si ma connaissance des tenants et des aboutissants de la période, tout comme des fonds d’archives disponibles, est encore limitée, quelques éléments de compréhension peuvent être apportés pour poser les jalons nécessaires à l’élaboration future d’un plan rigoureux. D’abord, le temps de reconstruction et de reconstitution du potentiel aéronautique qui suit la Seconde Guerre mondiale. Il faudra, entre autres, tenir compte des répercussions de l’exclusion des ministres communistes du gouvernement Ramadier (5 mai 1947) qui marque la fin de l’unité autour de la « bataille de la production » lancée par Benoît Frachon ; et qui préfigure, dans un contexte de grèves trop vite qualifiées d’insurrectionnelles, la scission au sein de la CGT et l’entrée dans la Guerre froide. La période des « Trente Glorieuses » marquera un autre des moments très importants. En effet, c’est durant celle-ci qu’intervient le redressement progressif de l’aéronautique française, privée comme publique. L’intérêt apporté à l’évolution du travail (mécanisation, informatique, matériaux, technicisation) tiendra une place de choix, car elle a une influence forte dans la transformation des conditions de vie et de travail des compagnons ; comme dans la stratégie de développement technique du secteur, très tournée vers l’innovation technologique (Caravelle, Concorde, Airbus). Toutefois, la portée que revêtent les nombreux conflits sociaux (1960, 1963, 1967, 1968...) ne sera pas minimisée et fera l’objet d’une analyse minutieuse et objective.

Les mutations rapides, tout autant que le manque de perspectives de la fin des années 1960 et des années 1970 (fin de Caravelle, difficultés d’Airbus, échec commercial de Concorde...), représentent un moment de crispation majeur. En effet, il faut garder à l’esprit que les salariés de l’aéronautique sont à l’origine de la poussée ouvrière de mai-juin 1968, comme ils l’avaient déjà été en 193636. Un cycle de contestation et d’insubordination s’affirme dans « les années 68 » pour reprendre une expression de Xavier Vigna37. Les stratégies syndicales adoptées autour de la question de « l’accord société », de la « nouvelle société » impulsée par Jacques Chaban-Delmas et autour de la prise du CE de Sud-Aviation par la CGT-FO (8 mars 1972) seront aussi à décrypter. L’année 1974 marque une rupture historique majeure (crise de l’énergie, fin des Trente Glorieuses, arrivée du libéralisme giscardien, épuisement progressif des groupes contestataires...). Pourtant, c’est dans ce contexte de crise que l’industrie aéronautique française s’ouvre à l’économie mondiale et rattrape son retard sur les entreprises britanniques et étasuniennes. Il sera intéressant d’observer comment évolue le statut de compagnon (entre formation, sous-traitance et travail intérimaire notamment) dans cette période très paradoxale pour le secteur aéronautique. Dans les années 1980 et 1990, la création de l’Aérospatiale (1984), l’envol des commandes d’Airbus (le cap des 1 000 commandes est franchi en avril 1987, le 500e est livré en juin 1989) ou encore la diversification de la gamme proposée (A310, A320, A330, A340), n’empêcheront pas des menaces de peser sur les usines et les travailleurs et entraîneront de

35 Voir bibliographie indicative, p. 9 à 12. 36 Patrick Fridenson (dir.), La France et l’aéronautique, Le Mouvement Social, n° 145, Éditions Ouvrières, Paris, Décembre 1988, p. 3. 37 Xavier Vigna, L’insubordination ouvrière dans les années 68 : Essai d’histoire politique des usines, Histoire, PUR, Rennes, 2007, 384 pages.

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nombreuses réactions différentes. Enfin, mon analyse prendra fin à l’horizon des années 2000 et plus précisément aux alentours du 14 février 1999, lorsqu’est annoncé dans le Journal Officiel le « transfert du secteur public au secteur privé de la majorité du capital de la société Aérospatiale ».

En définitive, j’aspire à contribuer utilement, au travers de l’analyse des continuités et des ruptures, des mutations et des évolutions, à l’histoire sociale des entreprises telle que l’a définie Michel Pigenet : « Faire l’histoire sociale de l’entreprise revient à envisager cette dernière sous l’angle des coopérations, tensions et antagonismes qui s’y forgent, en sa qualité de creuset d’une histoire partagée de pratiques, de résultats, de valeurs, de cultures et d’identités. À l’opposée du repli monographique, la démarche n’oblige pas seulement à reconsidérer les champs respectifs de l’économique, du social, du culturel et du politique, mais encore à faire bouger les frontières trop bien tracées entre l’entreprise et son environnement, le travail et le hors-travail.38 »

38 Michel Pigenet, « Jalons pour une histoire sociale et politique », in Histoire et sociétés, n° 14, 2005, p. 6.

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Bibliographie indicative + Historiographie et méthodologie : - BEAUD Michel, L’art de la thèse, Guides, Grands repères, La Découverte, 2006, Paris, 202 pages. - DELACROIX Christian, DOSSE François, GARCIA Patrick, Les courants historiques en France (XIXe-XXe siècle), Folio Histoire, Paris, 2007, 724 pages. - PROST Antoine, Douze leçons sur l’histoire, Histoire, Points, Paris, 1996, 341 pages. - LEPETIT Bernard (dir.), Les formes de l’expérience. Une autre histoire sociale, Albin Michel, Paris, 1995, 338 pages. + Évolution politique, économique et sociale : - BECKER Jean-Jacques, ORY Pascal, Crises et alternances : 1974-2000, Nouvelle histoire de la France contemporaine, Tome 19, Points Histoire, Seuil, Paris, 2002, 944 pages. - BELTRAN Alain, Un siècle d’histoire industrielle en France : industrialisation et sociétés (1880-1970), Regards sur l’histoire, Histoire contemporaine, SEDES, Paris, 1998, 169 pages. - BERNSTEIN Serge, La France de l’expansion. La République gaullienne : 1958-1969, Nouvelle histoire de la France contemporaine, Tome 17, Points Histoire, Seuil, Paris, 2006, 375 pages. - BERNSTEIN Serge, RIOUX Jean-Pierre, La France de l’expansion. L’apogée Pompidou : 1969-1974, Nouvelle histoire de la France contemporaine, Tome 18, Points Histoire, Seuil, Paris, 2004, 319 pages. - CARON François, Le résistible déclin des sociétés industrielles, Histoire et décadence, Perrin, Paris, 1985, 330 pages. - ECK Jean-François, Histoire de l’économie française depuis 1945, Cursus, Armand Colin, Paris, 1990, 192 pages. - LEVY-LEBOYER Maurice, Histoire de la France industrielle, Larousse, Paris, 1996, 550 pages. - MURACCIOLE Jean-François, Histoire économique et sociale du XXe siècle, Transversale, Ellipses, Paris, 2006, 395 pages. - PARODI Maurice, LANGEVIN Philippe, OPPENHEIM Jean-Pierre, RICHEZ-BATTESTI Nadine, La question sociale en France depuis 1945, U-Histoire, Armand Colin, Paris, 2000, 233 pages. - RIOUX Jean-Pierre, La France de la Quatrième République, I. L’ardeur et la nécessité (1944-1952), Nouvelle histoire de la France contemporaine, Tome 15, Points Histoire, Seuil, Paris, 1980, 315 pages. - RIOUX Jean-Pierre, La France de la Quatrième République, II. L’expansion et l’impuissance (1952-1958), Nouvelle histoire de la France contemporaine, Tome 16, Points Histoire, Seuil, Paris, 1983, 385 pages. - TOUCHARD Jean, Le gaullisme (1940-1969), Points Histoire, Seuil, Paris, 1978, 381 pages. - WORONOFF Denis, Histoire de l’industrie en France, Points Histoire, Seuil, Paris, 1998, 674 pages. - ZANCARINI-FOURNEL Michelle, DELACROIX Christian, 1945-2005 : La France du temps présent, Histoire de France, Belin, 2010, 655 pages. + Syndicalisme, monde du travail, entreprises et mouvement ouvrier : - ANDOLFATTO Dominique (dir.), Les syndicats en France, Les Études de la documentation française, La Documentation française, Paris, 2007, 190 pages.

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- BECKER Jean-Jacques, BERNSTEIN Serge, CARON François, CRIBIER Françoise, FRIDENSON Patrick, LOYER François, MERRIMAN John, PERROT Michelle, PROST Antoine, Ouvriers, villes et société : Autour d’Yves Lequin et de l’histoire sociale, Nouveau Monde, Paris, 2005, 296 pages. - BEVORT Antoine, LALLEMENT Michel, JOBERT Annette, MIAS Arnaud, Dictionnaire du travail, Quadrige, PUF, Paris, 2012, 860 pages. - BRON Jean, Histoire du mouvement ouvrier français : tome III : la lutte des classes aujourd’hui (1950-1981), Les Éditions Ouvrières, Paris, 1982, 318 pages. - CAIRE Guy, Les syndicats ouvriers, Science politique, Thémis, PUF, Paris, 1971, 602 pages. - DEGENNE Alain, FORSE Michel, Les réseaux sociaux, Collection U sociologie, Armand Colin, Paris, 2004, 294 pages. - DE TERSSAC Gilbert (dir.), La théorie de la régulation sociale de Jean-Daniel Reynaud, Recherches, La Découverte, Paris, 2003, 448 pages. - DEWERPE Alain, Le monde du travail en France : 1800-1950, Série histoire, Cursus, Armand Colin, Paris, 1998, 170 pages. - HEDAN Marc, Fonctionnement et organisation du Comité d’Entreprise, CEDROF, Hondouville, 2012, 239 pages. - LE GOFF Jacques, Du silence à la parole : une histoire du droit du travail : des années 1830 à nos jours, L’Univers des normes, PUR, Rennes, 2004, 621 pages. - NOIRIEL Gérard, Les ouvriers dans la société française : XIXe et XXe siècles, Points Histoire, Seuil, Paris, 2002, 287 pages. - PROST Antoine, Autour du Front populaire : aspects du mouvement social au XXe siècle, L’Univers historique, Seuil, 2006, 350 pages. - REYNAUD Jean-Daniel, Le conflit, la négociation et la règle, Collection Travail, Octare éditions, Toulouse, février 1999, 268 pages. - SELLIER François, La confrontation sociale en France (1936-1981), PUF, Paris, 1984, 240 pages. - SIROT Stéphane, La grève en France. Une histoire sociale (XIXe-XXe siècle), Odile Jacob, Paris, 2002, 306 pages. - VERRET Michel, L’ouvrier français : L’espace ouvrier, Collection U sociologie, Armand Colin, Paris, 1979, 231 pages. - VERRET Michel, L’ouvrier français : Le travail ouvrier, Collection U sociologie, Armand Colin, Paris, 1982, 230 pages. - VERRET Michel, La culture ouvrière, Logiques sociales, L’Harmattan, Paris, 1996, 296 pages. - VERRET Michel, Chevilles ouvrières, Collection mouvement social, Éditions ouvrières, Paris, 1995, 254 pages. - VIGNA Xavier, Histoire des ouvriers en France au XXe siècle, Pour l’histoire, Perrin, Paris, 2012, 404 pages. - WILLARD Claude, La France ouvrière, Histoire de la classe ouvrière et du mouvement ouvrier français, Tome I : Des origines à 1920, Les éditions sociales, Paris, 1993, 493 pages. - WILLARD Claude, La France ouvrière, Histoire de la classe ouvrière et du mouvement ouvrier français, Tome II : De 1928 à 1968, Éditions ouvrières, Paris, 1995, 368 pages. - WILLARD Claude, La France ouvrière, Histoire de la classe ouvrière et du mouvement ouvrier français, Tome III : De 1968 à nos jours, Éditions ouvrières, Paris, 1995, 267 pages. + Aéronautique : - BECKOUCHE Pierre, La nouvelle géographie de l’industrie aéronautique européenne, Géographies en liberté, L’Harmattan, Paris, 1996, 222 pages.

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- BERGER Luc, CARLIER Claude, Dassault : 1945-1995 : 50 ans d’aventure aéronautique, Tome I : l’entreprise, Tome II : les programmes, Éditions du Chêne, Paris, 1997, 200 pages. - CARLIER Claude, L’aéronautique française (1945-1975), Collection Histoire et documents, Paris, 1983, 645 pages. - CARLIER Claude, SCIACCO Gaëtan, La passion de la conquête : d’Aérospatiale à EADS (1970-2000), Éditions du Chêne, Paris, 2001, 303 pages. - CHADEAU Emmanuel, De Blériot à Dassault : histoire de l’industrie aéronautique en France : 1900-1950, Fayard, Paris, 552 pages. - CHAPMAN HERRICK, L’Aéronautique : Salariés et patrons d’une industrie française (1928-1950), Histoire, PUR, Rennes, 2011, 430 pages. - FRIDENSON Patrick, La France et l’aéronautique, Le Mouvement Social, Éditions Ouvrières, Paris, 1988, 150 pages. - FRIGANT Vincent, KECHIDI Med, TALBOT Damien, Les territoires de l’aéronautique, Géographies en liberté, L’Harmattan, Paris, 2006, 250 pages. - GUERIN Patrick, MAOUI Gérard, Le ciel en héritage : un siècle d’industrie aéronautique et spatiale française, Ciels du monde, Le Cherche Midi, Paris, 2002, 287 pages. - JALABERT Guy, Les industries aéronautiques et spatiales en France : étude géographique, UTM, 1973, 919 pages. - LATREILLE Bernard, VILLE Georges, Un demi-siècle d’aéronautique en France Les avions civils. Tome I : La conduite des programmes civils. Tome II : Les programmes Airbus, COMAERO, Centre des hautes études de l'armement, Département d'histoire de l'armement, Paris, 2005, 169 pages. - LUCAS Yvette, Le vol du savoir, Mutations/sociologie, Presses Universitaires de Lille, Lille, 1989, 255 pages. - MARC Yves, Airbus : Passion et savoir-faire, Privat, Toulouse, 2010, 139 pages. - MARCK Bernard, Histoire de l’aviation, Flammarion, Paris, 1997, 598 pages. - MARCK Bernard, Dictionnaire universel de l’aviation, Tallandier, Seuil, Paris, 2005, 1 129 pages. - MULLER Pierre, Airbus : l’ambition européenne : logique d’État, logique de marché, Logiques sociales, Commissariat général du Plan, L’Harmattan, Paris, 1989, 254 pages. - NOETINGER Jacques, NOETINGER Liliane, Histoire de l’aéronautique française : hommes et événements (1940-1980), Éditions France-Empire, Paris, 1983, 118 pages. - SEIDEN Bernard (dir.), Toulouse, des avions et des hommes : un siècle de succès aéronautiques, Éditions Midi-pyrénéennes, Toulouse, 2010, 142 pages. + Travaux centrés sur Midi-Pyrénées, la Haute-Garonne et Toulouse : - AMALVI Christian, PECH Rémy, Mémoires plurielles de la Haute-Garonne, Privat, Toulouse, 2011, 335 pages. - BACCRABERE Georges, Toulouse : Terre d’envol (1920-2007), Signes du monde, Toulouse, 1993, 784 pages. - BAGHI Pierre, L’histoire du mouvement ouvrier en Haute-Garonne, VO éditions, Institut CGT d’histoire sociale, Toulouse, 286 pages. - COPPOLANI Jean, Toulouse au XXe siècle, Privat, Toulouse, 1963, 436 pages. - JALABERT Guy, ZULIANI Jean-Marc, Toulouse : l’avion et la ville, Privat, Toulouse, 2009, 349 pages. - TAILLEFER Michel (dir.), Nouvelle Histoire de Toulouse, Histoire des villes, Privat, Toulouse, 2002, 383 pages. - WAKEMAN Rosemary, « La ville en vol : Toulouse and the Cultural Legacy of the Airplane », in French historical studies, n° 17, printemps 1992, p. 769 à 790.

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- ZULIANI Jean-Marc, JALABERT Guy, LERICHE Frédéric, Les villes européennes de l’aéronautique : Système productif, Réseaux internationaux de villes et dynamiques urbaines, CNRS, CIEU, UTM, Novembre 2002, Toulouse, 343 pages.

+ Thèses et mémoires de master :

- Mémoires : - DELPECH Vincent, La vie syndicale dans le département de Haute-Garonne de 1967 à 1978, Mémoire de Master II Histoire (sous la dir. de Alain Boscus), UTM, juin 2010, 304 pages. - JUILLIET Clair, LLOPART Michael, Défis industriels et mouvements sociaux (1967-1978), Mémoire de Master II Histoire (sous la dir. d’Alain Boscus), UTM, septembre 2010, 1 347 pages. - LASSERRE Pauline, Les dirigeants syndicaux en Haute-Garonne dans les années soixante-dix, Mémoire de Master II Histoire (sous la dir. de Alain Boscus), UTM, juin 2010, 304 pages. - SPIELMANN Jacques, Le mouvement syndical dans l’industrie aéronautique toulousaine de 1934 à 1939, Mémoire de Maîtrise Histoire (sous la dir. d’Anne Lacroix-Riz), UTM, 1996, 86 pages. - VIAL M-C, Naissance et développement de l’industrie aéronautique toulousaine de 1919 à 1940, Mémoire de Maîtrise Histoire (sous la dir. de Rolande Trempé), UTM, 1980, 154 pages. - Thèses : - DELPOUX Yannick, Étude sur la scission de la CGT et la naissance de la CGT-FO en Haute-Garonne (janvier 1936-décembre 1948), Thèse de troisième cycle Histoire, UTM, 1990, 1 733 pages. - DUGUE Bernard, La négociation collective d’entreprise : négociation du travail et travail de négociation, Thèse de troisième cycle Sociologie, UTM, 2004, 347 pages. - JALABERT Guy, Les industries aéronautiques et spatiales en France : étude géographique, Thèse d’État Géographie et aménagement du territoire, UTM, 1973, 919 pages. - LOURDOU Henri, La crise et l’avenir du mouvement ouvrier : industrie et mouvement syndical en Midi-Pyrénées (1974-1981), Thèse de troisième cycle Histoire, UTM, 1985, 463 pages.

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Calendrier de travail

« Pré-semestre »

janvier à mai 2012

Semestre 1 juin à décembre

2012

Semestre 2 janvier à mai

2013

Semestre 3 juin à décembre

2013

Semestre 4 janvier à mai

2014

Semestre 5 juin à décembre

2014

Semestre 6 janvier à juin

2015

Dépouillement des archives

- PV des séances du CE d’Airbus (Gérard Ribet) - Archives CGT (Alain Rumeau, Yvon Cazes)

- Archives d’Airbus (Gaëtan Sciacco) - Archives Dassault et Bréguet, Latécoère (Alain Rumeau) et autres entreprises

- Archives nationales - Archives nationales du monde du travail (Roubaix) - Archives Aérospatiale (Paris, Gaëtan Sciacco)

Compléments

- Archives départementales (Pascal Gaste) et municipales - Archives CCI (Maria Hameurlain) - Archives CGT-FO (Éric Ziegler) - Archives de la Dépêche du Midi (Christian)

Entretiens avec des acteurs de l’aéronautique (notamment Yves Marc, Jacques Arino, Yvon Cazes, Michel Loubet, Édouard Pivotsky, Alain Rumeau...)

Publications et communications

Publication d’articles et participation à des communications

Formation Participation aux formations proposées par l’école doctorale TESC

Avancement de la thèse

Rédaction du projet de thèse, historiographie, critique des sources, chronologie

Première ébauche de plan

Plan et problématisation

définitifs Rédaction

Divers Lecture d’ouvrages et enrichissement de la bibliographie

Inscription (septembre)

Soutenance

(juin)