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TRANSCRIPT
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GUIDE DE L’UTILISATEUR _______________
PROGRAMME DE REDUCTION DE LA
PAUVRETE PAR LE TOURISME
GUI DE POUR LA REALISATION D’ETUDES
D’OPPORTUNITE
La présente étude explique comment mettre en œuvre un projet de tourisme inclusif ainsi que
les étapes clés qui le composent. Elle contient des indications sur les informations et
ingrédients indispensables à la mise en œuvre des projets pilotes de tourisme inclusif, à
savoir: les produits et services touristiques «gagnants» qui recèlent un potentiel de marché, de
même que l’identification de la communauté qui les produit ou pourrait les produire;
l’instauration de partenariats avec des institutions d’appui au tourisme pleinement engagées
en faveur de la réalisation des objectifs de tourisme inclusif et capables de reproduire le projet
pilote; l’élaboration d’un plan de travail.
Les appellations employées dans la présente publication et la présentation des données qui y
figurent n’impliquent de la part du Centre du commerce international aucune prise de position
quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones ou de leurs autorités, ni quant au
tracé de leurs frontières ou limites.
Si tout a été fait pour vérifier les informations contenues dans le présent document, l’ITC ne
saurait être tenu responsable des éventuelles erreurs qu’il pourrait contenir.
Les vues exprimées dans le présent guide sont celles du ou des auteurs et coauteurs et ne reflètent pas
nécessairement celles du Centre du commerce international. Le fait que des entreprises ou organisations et leurs
sites web, des produits commerciaux, des noms de marques, ou des procédés sous licence, soient mentionnés ne
signifie pas qu’ils ont l’aval du Centre du commerce international.
Le présent rapport n’a pas été officiellement publié sous la direction du Centre du commerce
international (ITC).
Guide pour la réalisation d’études
d’opportunité
Caroline Ashley
Jonathan Mitchell
Anna Spenceley
Droit d’auteur © Centre du commerce international 2009 Tous droits réservés : aucune partie de la présente publication ne peut
être reproduite, enregistrée dans une base de données ou transmise sous
quelque forme que ce soit ou par tout moyen électronique, électrostatique,
magnétique, mécanique, ou autre, ou sous forme de photocopie, sans
autorisation écrite préalable du Centre du commerce international.
ACRONYMES
ACL Approche du cadre logique
AFOM Atouts, faiblesses, opportunités, menaces
CA Chaîne d’approvisionnement
CV Chaîne de valeur
ETC Entreprise de tourisme communautaire
IAT Institution d’appui au tourisme
ITC Centre du commerce international
ODI Overseas Development Institute
OMT Organisation mondiale du tourisme
ONG Organisation non gouvernementale
RBP Revenu bénéficiant en priorité aux pauvres
PRPE Programme de réduction de la pauvreté par l’exportation
PRPT Programme de réduction de la pauvreté par le tourisme
SFI Société financière internationale
Remerciements
Les auteurs souhaitent remercier Fabrice Leclercq du Centre du commerce international pour
ses conseils et ses observations sur les avant-projets du présent rapport. Merci aussi à Pippa
Gray pour la conception et la mise en page, ainsi qu’à Jenny Laidlaw pour le contenu fourni.
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION AU GUIDE 1
Chapitre 1: Contexte 1
1.1. Centre du commerce international 1 1.2. Programme de réduction de la pauvreté par le tourisme (PRPT) 1
1.3. Principes de base du PRPT 2 1.4. Réduire la pauvreté par le biais du tourisme 3
Chapitre 2: Comment utiliser le présent guide ? 6
2.1 Objet du présent guide 6 2.2. Mise en œuvre de l’approche définie 6
2.3. Méthode 9
PHASE 1: DIAGNOSTIQUE DE LA SITUATION ET DU CONTEXTE DU MOMENT
10
Chapitre 3: Étape 1 – Préparation 12
3.1 Définir la portée de la "destination" 12
3.2 Définir le groupe cible et définir les « pauvres » 12 3.3 S’accorder sur les compétences requises et la composition de l’équipe 14
3.4 Établir un itinéraire 16
Chapitre 4: Étape 2 – Établir la cartographie de la chaîne de valeur et de son
contexte 21
4.1 Assimiler les informations disponibles 21
4.2 Cartographie des parties prenantes 24
4.3. Répertorier les politiques et plans pertinents 27
Chapitre 5: Étape 3 - Cartographie des points auxquels les pauvres interviennent29
Chapitre 6: Étape 4 – Travail sur le terrain avec les touristes, les entreprises et les
institutions d’appui pour recueillir données et points de vue 31
6.1 Études menées auprès des hôtels 31 6.2. Étude de la chaîne d’approvisionnement en denrées alimentaires des
restaurants 33
6.3 Chaîne d'approvisionnement en artisanat 33
6.4. Chaînes d’approvisionnement en excursions, loisirs/divertissements et
transport 34
6.5. Études menées auprès des touristes 35
Chapitre 7 : Étape 5 - Définir les flux de revenus, les revenus bénéficiant en
priorité aux pauvres et les obstacles auxquels se heurtent les pauvres 37
Chapitre 8 : Calcul des revenus bénéficiant en priorité aux pauvres 41
8.1. Calcul des revenus bénéficiant en priorité aux pauvres à partir des données
obtenues lors des entretiens avec les hôtels 41
PHASE 2: POSSIBILITÉS OFFERTES PAR LE PROJET, ÉTABLISSEMENT DE
PRIORITÉS ET FAISABILITÉ 46
Chapitre 9: Étape 6 – Indiquer les maillons de la chaîne de valeur pouvant être
modifiés 47
Chapitre 10: Étape 7 – Analyse des stratégies 48
10.1. Qu’est-ce qui ne fonctionne pas? – Analyse du problème 49
10.2. Quel est l’objectif visé? – Analyse des objectifs 50 10.3. Quels sont les obstacles potentiels? – Postulats et facteurs de risque 50 10.4. Quels sont les avantages et les inconvénients du projet – analyse AFOM ? 51
Chapitre 11: Étape 8 - Établir une liste détaillée des interventions possibles 54
11.1 Typologie des stratégies qui bénéficient en priorité aux pauvres 54 11.2 Que se passerait-il si...?: estimations des revenus bénéficiant en priorité aux
pauvres 58 11.3 Envisager des compromis entre les différents objectifs 58 11.4 Trouver des partenaires potentiels pour ces interventions 60 11.5 Conjuguer plusieurs types d’interventions 61
11.6. Résumé des étapes menant à l’établissement de la liste détaillée 63
Chapitre 12 : Étape 9 - Établir la liste restreinte 64
12.1 Conditions à remplir et critères de sélection 64
12.2 Consulter les parties prenantes pour l’Étape 8 66
PHASE 3: ÉTABLISSEMENT D’UN PLAN DE TRAVAIL 69
Chapitre 13: Étape 10 – Concevoir une idée de projet 69
13.1. Concevoir une idée de projet 69 13.2. Calendrier 70
13.3. Budget 71 13.4. Pérennité et reproduction 72
Chapitre 14: Étape 11 – Programmation du projet 74
ANNEXES 78
Annexe 1: Approche du cadre logique (ACL) 78
Annexe 2: Exemple d’enquête sur le secteur du tourisme 81
Annexe 3: Analyse AFOM 84
Annexe 4: Format des tableaux sur les budgets 92
Annexe 5: Format et organisation de la matrice du cadre logique 94
REFERENCE MATERIAL ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED.
OTHER TOOLS AND GUIDELINES 99
REFERENCES 101
1
INTRODUCTION AU GUIDE
Chapitre 1: Contexte
1.1. Centre du commerce international
Le Centre du commerce international (ITC) est le point focal des Nations Unies pour la coopération
technique avec les pays en développement et les économies en transition dans le domaine de la
promotion du commerce. L’ITC a été créé par l’Accord général sur les tarifs douaniers et le
commerce (GATT) en 1964 et est, depuis 1968, géré conjointement par l’Organisation mondiale du
commerce (OMC) et les Nations Unies (ONU). En tant qu’agence d’exécution du Programme des
Nations Unies pour le développement (PNUD), l’ITC est directement responsable de la mise en
œuvre des projets financés par le PNUD dans les pays en développement et les économies en
transition, dans le domaine de la promotion des échanges commerciaux.
Mission de l’ITC
L’ITC est une agence de coopération technique dont la mission consiste à soutenir les efforts des
économies en développement et en transition, particulièrement dans le domaine commercial, pour
leur permettre de réaliser pleinement leur potentiel de développement à l’exportation et
d’améliorer leurs importations.
1.2. Programme de réduction de la pauvreté par le tourisme (PRPT)
Afin de contribuer à la réalisation de l’Objectif de développement du millénaire de réduire de
moitié d’ici 2015 le nombre de personnes qui vivent dans l’extrême pauvreté, la mission du
Programme de réduction de la pauvreté par le tourisme (PRPT) du Centre du commerce
international (ITC) est de créer des liens entre les communautés pauvres offrant des produits et des
services prometteurs et les marchés, par le biais d’un soutien technique, et ce afin d’obtenir des
retombées directes sur leur développement économique. Le programme vise à aligner la demande
de produits et de services à forte intensité de main-d’œuvre donnés sur les capacités des
communautés pauvres, en créant de nouvelles possibilités d’emploi et de production de revenu.
Répondant aux demandes d’assistance technique formelles présentées par les pays, le PRPT
intervient pas le biais de projets pilotes dans les pays et les secteurs qui offrent les plus grandes
perspectives de réduction de la pauvreté, y compris le tourisme (ITC, 2005). Des projets du PRPT
sont actuellement en cours au Brésil, au Bénin, au Mozambique, aux Philippines et au Sénégal.
L’objectif ultime est de tirer le plus grand parti des ressources du tourisme pour les populations des
communautés hôtes tout en préservant leur intégrité culturelle et environnementale. Il s’agit pour
cela d’associer les populations locales aux décisions qui les affectent et ont des conséquences sur
les débouchés qui leur sont offerts. Le tourisme inclusif offre des avantages économiques directs et
indirects aux communautés qui y sont associées, d’où une amélioration de leurs conditions de vie et
une motivation commune.
Mission du PRPT
Le PRPT est un programme de l’ITC dont l’objectif est de créer des liens entre les communautés
pauvres offrant des produits et des services prometteurs et les marchés par le biais d’un soutien
technique, et ce afin d’obtenir des retombées directes sur leur développement économique.
1.3. Principes de base du PRPT
Tel qu’indiqué, le PRPT doit être envisagé comme un concept visant l’intégration de l’objectif de
réduction de la pauvreté dans les stratégies de développement du tourisme et l’assistance technique
connexe. Il repose sur sept principes qui constituent les facteurs d’impact et de durabilité du concept
du PRPT. Si des raisons impérieuses peuvent justifier l’adoption d’une approche pragmatique pour
la conception et la mise en œuvre des projets, ces principes doivent être pris au sérieux car ils
constituent l’épine dorsale de la réduction de la pauvreté par le tourisme.
Principes du PRPT:
1. Évaluation technique dans le cadre d’une étude d’opportunité préalable
2. Officialisation des relations professionnelles et facilitation de la mise en réseau
3. Mesures d’impact régulières
4. Passage à l’échelle et création d’effets multiplicateurs
5. Renforcement des capacités nationales
6. Interventions simultanées à plusieurs niveaux du processus décisionnel
7. Mise en œuvre progressive et stratégie de sortie claire.
1. Évaluation technique dans le cadre d’une étude d’opportunité préalable
L’étude d’opportunité doit être considérée comme une évaluation approfondie de la faisabilité du
projet ainsi que des besoins et de l’engagement des parties prenantes. Elle contribue à définir des
approches innovantes pour intégrer les communautés pauvres aux chaînes de valeur du tourisme et
facilite la sélection de produits et de services prometteurs de même que des partenaires pour le
projet, et ce sur la seule base de critères techniques. Elle facilite, par dessus tout, l’appropriation du
projet et l’obtention de résultats concrets.
2. Officialisation des relations professionnelles et facilitation de la mise en réseau
Dans les pays en développement, le fait est que les relations professionnelles sont souvent très
informelles et désavantageuses pour les petits producteurs pauvres. L’introduction de contrats
équitables et exécutoires détaillant les droits et obligations des parties favorise la transparence et la
responsabilisation et constitue, de ce fait, une condition sine qua non à la création de réseaux
professionnels avantageux pour toutes les parties. En vérité l’ITC se doit d’appliquer ce principe
dans les relations avec les bénéficiaires des projets en évitant de susciter des attentes irréalistes.
3. Mesures d’impact régulières
Pour prouver l’impact concret sur le développement, mais aussi parce que le PRPT vise à induire un
effet de démonstration, il est impératif de mesurer les progrès réalisés grâce au PRPT sur la voie de
la réduction de la pauvreté. Le PRPT s’est engagé à mesurer l’impact de ses projets sur la base d’un
ensemble d’indicateurs de la pauvreté, lesquels sont établis dans le cadre d’une étude menée au
début, du milieu et à la fin du projet pilote. Les mesures d’impact régulières contribuent aussi à
s’assurer du bon déroulement du projet.
4. Passage à l’échelle et création d’effets multiplicateurs
3
Une réduction réelle de la pauvreté ne peut être le fruit d’interventions isolées. Elle est la résultante
des efforts conjugués de différents groupes et institutions de la société. Le PRPT entend à ce titre
donner des exemples positifs au travers de ses projets, lesquels devraient par la suite être reproduits
par les agences gouvernementales, les ONG et le secteur privé. Ce passage à l’échelle et ces effets
multiplicateurs doivent être activement recherchés à l’heure de définir les projets du PRPT.
5. Renforcement des capacités nationales
Le renforcement des capacités nationales suppose de préférer à une approche unique, une approche
sur-mesure et par pays. La formation et les conseils prodigués devraient être aussi pratiques que
possible, pragmatiques, et permettre un apprentissage sur le tas. Les homologues nationaux doivent
être d’emblée associés aux activités essentielles du projet afin de faciliter l’apprentissage et
l’appropriation locale.
6. Interventions simultanées à plusieurs niveaux du processus décisionnel
Le débat sur l’approche «inclusive» versus l’approche «exclusive» n’a guère lieu d’être lorsqu’il est
question de réduction de la pauvreté et de développement local. En fait, tous les niveaux politiques
sont importants et devraient se compléter. Le renforcement des capacités au niveau micro, la
consolidation des institutions intermédiaires et des liens entre elles, de même que les politiques de
réplique au niveau macro sont autant d’éléments qui doivent être couverts par chaque projet du
PRPT en fonction des réalités du pays visé.
7. Mise en œuvre progressive et stratégie de sortie claire
Au regard de ce qui précède, c’est la mise en œuvre progressive du PRPT qui s’avère la plus
efficace: premièrement, les efforts devraient être concentrés sur la mise en valeur des capacités des
pauvres à l’exportation et leur mise en relation avec le secteur du tourisme. Deuxièmement, ces
exemples de réussites doivent être mis en avant auprès du gouvernement et autres donateurs
intéressés afin de permettre un passage à l’échelle et pour créer un effet multiplicateur.
1.4. Réduire la pauvreté par le biais du tourisme
À l’échelle mondiale, 1,2 milliards de personnes vivent dans l’extrême pauvreté. Plus de 800
millions de personnes (15% de la population mondiale) souffrent de malnutrition, et dans les pays
les moins avancés l’espérance de vie à la naissance est inférieure à 50 ans (27 ans de moins que
dans les pays développés) (PNUD, 2003). Il existe nombre de définitions de la pauvreté, mais elle
s’entend généralement d’une «condition humaine caractérisée par la privation durable ou chronique
de ressources, de capacités, de choix, de sécurité ou de pouvoir nécessaires pour jouir d’un niveau
de vie décent et des autres droits civils, culturels, économiques, politiques et sociaux» (ONU,
2001). Nombre de ces facteurs étant difficiles à évaluer de manière cohérente, les agences de
développement mesurent souvent la pauvreté en termes financiers, la situant par exemple au seuil
de $E.-U.- 1 par jour (UNHCR, 2002).
Nombreux sont les pays en développement qui cherchent à développer leur secteur du tourisme,
celui-ci ayant un impact sur plusieurs autres secteurs susceptibles de dégager des flux de devises
substantiels, et de compléter ainsi les exportations primaires. Le tourisme crée une large palette de
débouchés économiques en rapport avec de nombreux secteurs y compris les transports, les
communications, les infrastructures, l’éducation, la sécurité, la santé, l’immigration, les douanes,
l’hébergement, l’agriculture et la culture (OMT/Secrétariat de l’OMT, 2002).
Les agences de développement mettent de plus en plus l’accent sur le potentiel que recèle le
tourisme pour les pauvres, potentiel qui peut se résumer en cinq points (DFID, 1999; Ashley, Roe et
Goodwin, 2001):
Le tourisme est une industrie diversifiée, ce qui permet au plus grand nombre de s’y
associer, notamment dans le secteur informel.
Le client vient vers le produit, ce qui accroît les possibilités de créer des liens (pour la vente
de souvenirs, par exemple).
Le tourisme est largement tributaire des conditions naturelles (faune et flore, paysages et
culture). Certains pauvres bénéficient de ces atouts, même s’ils n’ont pas de ressources
financières.
Le tourisme exige dans certains cas davantage de main-d’œuvre que le secteur
manufacturier, mais moins que le secteur agricole.
Comparé à d’autres secteurs d’activité modernes, une part plus grande des bénéfices qui
découlent du tourisme revient aux femmes (emplois, possibilités de commerce à petite
échelle, par exemple).
Nombreuses sont les organisations qui ont tenté d’accroître l’impact du tourisme sur les pauvres ces
dernières années. Si dans un premier temps l’accent a été mis sur les «projets communautaires» de
niveau micro, nous comprenons mieux aujourd’hui les débouchés offerts par le tourisme
traditionnel susceptibles de bénéficier aux pauvres (Mitchell et Ashley, 2008).
Lorsque les chaînes d’approvisionnement locales et les entreprises autochtones sont solides,
et lorsque les dépenses des touristes sur place sont élevées, les revenus bénéficiant en
priorité aux pauvres peuvent atteindre d’un quart à un tiers des dépenses réalisées sur leur
lieu de vacances par les touristes (Mitchell et Ashley, 2007).
Les retombées positives sur les pauvres ne sont pas automatiques; des interventions
volontaires et délibérées peuvent considérablement les accroître. Pour leur offrir un accès au
marché, il est indispensable que le secteur privé, les experts et les pauvres eux-mêmes, ainsi
que les pouvoirs publics, œuvrent de concert dans le pays visé.
Les résultats obtenus par les entreprises de tourisme communautaire (ETC) ont souvent été
décevants (voir encadré 1).
Pour que les interventions aient un impact sur la pauvreté, les spécialistes en développement
doivent travailler avec les représentants du tourisme traditionnel.
Encadré 1: Passer du tourisme communautaire à la réduction de la pauvreté par le tourisme
Au fil des ans, de nombreuses organisations de développement et de conservation ont investi dans les entreprises
de tourisme communautaire. Cependant, le fait que les bénéfices qui en découlent ne soient guère significatifs
suscite de plus en plus de préoccupations. Parmi les problèmes communs identifiés dans le cadre d’une série
d’évaluations et d’exercices visant à tirer les enseignements des expériences menées figurent (Mitchell et
Ashley, 2008):
Des produits non viables au plan commercial, isolés du secteur privé et donc du marché et des flux touristiques
Une gestion collectiviste des affaires, plutôt qu’axée sur les entreprises
Des intrants coûteux et à long terme pour un produit n’offrant que des avantages très limités à une seule
communauté.
Bases factuelles concernant l’Afrique australe, l’Amérique du Sud et l’Asie À titre d’exemple, dans le cadre d’une étude portant sur 218 entreprises de tourisme communautaire (ETC)
opérant dans douze pays d’Afrique australe, Spenceley (2008) a mis en lumière plusieurs contraintes de taille
liées aux capacités des entreprises. Parmi les limitations relevées par les ETC figuraient l’accessibilité (pour
91% des entreprises interrogées), l’accès au marché (72%), la publicité (70%) et les communications (57%) –
5
bien que plus de la moitié des ETC bénéficiaient d’un soutien externe fournit par une tierce partie. Toujours en
Afrique australe, Dixey (2008) a constaté que seules 9 des 25 ETC zambiennes évaluées disposaient de
suffisamment d’informations sur leur revenu pour pouvoir comparer le niveau d’investissement des donateurs, le
nombre de visiteurs, les recettes brutes et le revenu net. Les facteurs de succès clés ont été les liens avec les
entreprises touristiques, la proximité des principaux circuits touristiques, l’avantage compétitif, la gestion
financière, l’accueil des visiteurs et la motivation de la communauté. S’interrogeant sur les raisons des
problèmes rencontrés, Häusler (2008) a constaté que dans les propositions de financement d’ETC en Amérique
du Sud et en Asie, les critères pris en considération par les donateurs étaient souvent la participation, les
questions de genre, l’autonomisation et le renforcement des capacités. En revanche, ils n’exigeaient pas que les
propositions contiennent des plans d’activité, portent sur l’administration, les stratégies de commercialisation, la
conception des produits, les groupes cibles, la coopération avec le secteur privé ou les canaux de
communication.
Repenser le lien Le PRPT reprend aujourd’hui les objectifs du tourisme communautaire, à savoir modifier la portée et les
modalités du lien entre le tourisme et les pauvres, pour passer à une approche davantage axée sur le marché dans
la chaîne de valeur du tourisme.
Différentes organisations (notamment multilatérales, bilatérales, non gouvernementales et de
recherche) sont en train de réévaluer leur manière d’aborder le tourisme en s’alignant sur la
nouvelle approche susmentionnée. Elles conçoivent aujourd’hui des interventions qui tiennent
compte de l’ensemble de la chaîne de valeur du tourisme et offrent aux pauvres un large accès au
marché, souvent en rapport avec le tourisme traditionnel. Dans le même temps, les choses changent
dans le secteur privé où les bonnes pratiques ne sont plus l’apanage des petites entreprises gérées
par leurs propriétaires ou des entreprises de niche. Les chaînes hôtelières, les voyagistes
internationaux et toute une palette d’ONG ou de réseaux commerciaux adoptent aujourd’hui des
pratiques plus socialement responsables, ou conçues au bénéfice de tous (inclusive business comme
on les appelle souvent). Les modèles entrepreneuriaux conçus au bénéfice de tous impliquent un
lien avec l’économie locale, que l’on parle de tourisme durable, de tourisme responsable, ou de
responsabilité sociale des entreprises/investissement social (Mitchell et Ashley, 2008).
Organisation mondiale du tourisme de l’ONU, Département du tourisme durable : www.unwto.org/sdt/index.php
Recherches sur la politique à mener dans le tourisme et la pauvreté ; www.odi.org.uk/tourism
Tourisme bénéficiant en priorité aux pauvres : www.propoortourism.org.uk
International Centre for Responsible Tourism : www.icrtourism.org
Chapitre 2: Comment utiliser le présent guide ?
2.1 Objet du présent guide
Pourquoi réaliser une étude d’opportunité ?
L’objectif de l’étude d’opportunité est de concevoir le projet du PRPT en mettant l’accent sur les
interventions les plus susceptibles d’être couronnées de succès, afin d’obtenir une réduction
concrète et mesurable de la pauvreté et de permettre aux citoyens du pays de reproduire
l’expérience au bénéfice d’autres régions/branches d’activité du pays.
Le présent guide vise à montrer, de manière pratique, comment reconnaître les projets viables qui
permettront d’adapter les chaînes d’approvisionnement du tourisme pour qu’elles favorisent la
réduction de la pauvreté. Cette approche du développement sous l’angle de la réduction de la
pauvreté par le tourisme favorise la création de liens et les contacts entre les différents intervenants
de l’industrie du tourisme ainsi que les partenariats avec le secteur privé, encourage l’économie
locale, intègre les femmes, et met l’accent sur la participation des communautés locales et de leurs
entreprises (École Hôtelière de Lausanne, 2008).
L’objectif global des interventions qui portent sur la chaîne d’approvisionnement du tourisme est
d’accroître les retombées positives du tourisme sur les pauvres. Il peut s’agir de supprimer les
obstacles qui empêchent les pauvres de pénétrer le secteur, ou d’améliorer leurs conditions de
travail, ou encore d’accroître les répercussions des opérations touristiques sur les communautés
environnantes. Les interventions peuvent être très variées et de nombreux exemples sont ici donnés
pour les illustrer. Le tourisme étant une activité qui relève essentiellement du secteur privé, les
activités qui constituent la chaîne d’approvisionnement impliquent invariablement de travailler
aussi avec des groupes autres que pauvres, mais l’objectif commun est d’accroître les bénéfices
revenant aux pauvres, si possible de manière significative.
Le présent document contient un ensemble d’instruments pratiques, précis et simples à utiliser,
lesquels ont été conçus et testés sur le terrain ces trois dernières années. Ce guide vise à faciliter la
réalisation des études de faisabilité, et assurer une certaine cohérence dans la réalisation des
évaluations, ce qui ne peut qu’en améliorer la fiabilité et la validité.1
Ce guide pourra être utile aux spécialistes, aux consultants, aux voyagistes, aux décideurs politiques
ainsi qu’aux cadres du secteur privé désireux d’appliquer les principes du tourisme inclusif dans
leur entreprise. Si le guide s’adresse à un public cible donné, à savoir les consultants chargés des
études de définition et de la planification des projets pour le Programme de réduction de la pauvreté
par le tourisme (PRPT) du Centre du commerce international, il se fonde sur l’expérience de
nombreuses organisations et pourra être utile à d’autres planificateurs de projets.
2.2. Mise en œuvre de l’approche définie
Le présent guide s’articule autour de trois phases, lesquelles peuvent se dérouler simultanément ou
séparément dans certaines situations afin de se ménager un temps de réflexion entre elles :
1 Le présent guide est la seconde génération du guide relatif à l’évaluation de la faisabilité et fait suite à la publication intitulée
« Lignes directrices : Réalisation d’une étude d’opportunité sur le tourisme communautaire » de 2005 ; il inclut le travail réalisé par
les étudiants de l’École Hôtelière de Lausanne sur l’analyse du tourisme inclusif.
7
Phase 1. Diagnostique de la situation et du contexte du moment: pour cette phase, des
outils sont disponibles pour établir la cartographie de la chaîne de valeur du tourisme (ou de
l’économie à destination) et de la participation des pauvres. L’objectif est ici de comprendre
les flux financiers et le fonctionnement actuel du secteur du tourisme. Elle facilite aussi la
compréhension du contexte de politique générale et réglementaire ainsi que le marché du
tourisme existant.
Phase 2. Opportunités offertes par le projet, établissement de priorités et faisabilité: il
s’agit d’établir, de manière systématique, une liste détaillée des options envisageables pour
le projet, laquelle débouchera ensuite sur une liste restreinte d’interventions hautement
prioritaires qui devraient être mises en œuvre selon des critères précis incluant l’impact
probable de l’intervention sur la pauvreté.
Phase 3. Planification du projet: il s’agit là de présenter les interventions proposées sous
forme de projets pouvant bénéficier d’un soutien bancaire et être évalués par les bailleurs de
fonds potentiels. Cette section permet de structurer les rapports d’activités et offre des
instruments d’aide à la préparation d’arrangements institutionnels, à la définition d’objectifs
et d’indicateurs de suivi, ainsi qu’à l’établissement de budgets.
Le Tableau 1 ci-dessous contient les principaux éléments constitutifs de l’évaluation de la chaîne de
valeur, leur justification, de même que les différentes étapes qui la composent.
Tableau 1: Éléments constitutifs de l’analyse de la chaîne de valeur bénéficiant aux pauvres
Phase Etape Que faire? Pourquoi?
Phase 1:
Diagnostique
Etape 1 Préparation Définir la destination, le groupe de
pauvres cible, et l’équipe du projet
Etape 2 Cartographie globale: les entreprises
et autres intervenants du secteur du
tourisme, les liens qui les unissent,
les données relatives à l’offre et à la
demande, et le contexte donné.
Mettre de l’ordre dans une situation par
ailleurs souvent chaotique, comprendre
l’ensemble de la chaîne de valeur
Etape 3 Cartographier les interventions
auxquelles prennent ou ne prennent
pas part les pauvres
Éviter les postulats erronés sur les
intervenants pauvres et tenir compte des
fournisseurs moins visibles
Etape 4 Mener des entretiens sur les travaux
sur le terrain à chaque maillon de la
chaîne, avec des touristes et des
fournisseurs de services, y compris
les participants actuels et potentiels
Obtenir des données et des informations
pour les Étapes 5 à 8
Etape 5 Localiser les flux de revenus et les
revenus bénéficiant en priorité aux
pauvres et estimer de quelle manière
les dépenses circulent dans la chaîne
et quelles proportions reviennent aux
pauvres. Tenir compte de leurs
bénéfices et des facteurs qui
accroissent ou limitent les recettes
Suivre le dollar tout au long de la chaîne
jusqu’aux pauvres, et se demander
comment accroître les bénéfices
Phase Etape Que faire? Pourquoi?
Phase 2:
Définir et
évaluer les
débouchés
Etape 6 Déterminer à quel(s) endroit(s)
opérer des changements le long de la
chaîne de valeur du tourisme: quel(s)
maillon(s)?
Utiliser les Étapes 1 à 5 pour
sélectionner les points mûrs pour le
changement pour s’assurer que les
Étapes 6 à 9 se concentrent sur les points
prioritaires
Etape 7 Analyse des stratégies: procéder à
une analyse AFOM pour analyser les
facteurs internes et externes qui
affectent les résultats du projet
Réfléchir de manière rationnelle à ce qui
doit être fait, de même qu’aux occasions
à saisir et aux risques encourus
Etape 8 Analyse des blocages, options, et
partenaires pour les maillons
sélectionnés, pour établir une liste
détaillée d’options possibles
Pour une réflexion transversale et
rationnelle destinée à définir la palette de
projets possibles
Etape 9 Établissement de priorités en
fonction de leur impact et de leur
faisabilité
Établir une liste des projets les plus aptes
à avoir un impact
Phase 3:
Programmation
Etape
10
Idée du projet : établir la structure du
projet de manière claire et logique, y
compris un budget et un calendrier
indicatifs
Structurer les faits présentés
Etape
11
Programmation du projet
Comment présenter les projets
sélectionnés pour les bailleurs de fonds
Note : ce processus divisé en plusieurs étapes doit être itératif et ne peut être mis en œuvre de manière totalement séquentielle.
À titre d’exemple, la réflexion initiale menée à l’Étape 6 (où se concentrer ?) vous guidera probablement sur les points qui exigeront
un examen plus détaillé à l’Étape 5. La réflexion sur l’activité des partenaires vous guidera à l’Étape 6, mais sera plus détaillée à
l’Étape 8.
Les ressources consacrées à la définition de la portée et à la planification du projet varient
considérablement d’une institution à l’autre. À titre d’exemple, des diagnostiques de chaînes de
valeur du tourisme ont été établis en 15-20 jours par l’organisation Netherlands Development
(SNV), et en plus de 1-2 ans par le Forum de développement du secteur privé du Mékong de la
Société financière internationale (SFI). L’ITC estime que les opérations ici décrites devraient être
réalisées en l’espace d’environ 40 jours. La Section 0 contient un calendrier illustratif de 20 jours
pour la visite initiale sur le terrain, laquelle comprend une analyse de la phase de diagnostique
(Phase 1) et les Étapes 6 et 7 de la Phase 2 qui devraient toujours être incluses dans la première
analyse et dans le premier retour d’informations. À partir de là, il est possible de marquer une pause
dans les travaux sur le terrain pour rédiger les constatations et organiser de nouvelles consultations
avant de passer à l’Étape 9 (établissement d’une liste restreinte et sélection) puis à la planification
des projets (Phase 3).
Les Phases 2 et 3 sont moins lourdes en termes de données à recueillir mais elles restent néanmoins
exigeantes tant en termes de consultation qu’en termes d’analyse.
Des instruments de collecte de données sont inclus dans le présent guide dont les appendices
contiennent des informations plus détaillées. Par ailleurs, à la fin du guide figure une liste utile de
Note : Il est important de ne pas surinvestir dans la Phase 1 aux
dépens des décisions devant être prises en Phases 2 et 3.
9
liens sur le web menant vers des instruments et des informations supplémentaires. Il s’agit
notamment d’un questionnaire et de cadres d’analyse, lesquels peuvent être adaptés à la situation
locale.
2.3. Méthode
L’approche du cadre logique (ACL) est un instrument de conception, de planification, de mise en
œuvre et de suivi des projets. Utiliser l’ACL à l’heure de rédiger une étude d’opportunité permet de
structurer et de valider les objectifs visés, les résultats intermédiaires, les activités requises et les
intrants du projet PRPT. Elle contribue aussi à définir des priorités et donne une vue d’ensemble du
projet pouvant être utilisée pour évaluer ou dresser la liste des problèmes.
Approche du cadre logique
1. Analyse du statu quo – Analyse de situation
2. Analyse des stratégies adaptées (y compris solutions de remplacement et facteurs de risque
compris) – Analyse de stratégie
3. Préparation de la matrice de planification du projet – Plan de mise en œuvre
Ces étapes orientent la personne concernée vers les questions les plus importantes à aborder
avant de lancer un projet, et ce de manière logique et organisée. Qui plus est, l’approche exige
une forte participation des parties prenantes au PRPT – en particulier pendant la première
phase d’analyse des produits potentiels, des communautés et des institutions d’appui.
L’étude d’opportunité doit être réalisée selon une méthode souple utilisant de nombreuses sources
d’information différentes :
- Étudier tous les documents et bases de données sur le tourisme en rapport avec les tâches
envisagées et accessibles par le biais des parties prenantes potentielles et du réseau du
consultant.
- Consulter des experts avertis du secteur du tourisme (des voyagistes et des fournisseurs de
services expérimentés, par exemple, ou des décideurs au sein des institutions d’appui, ONG,
donateurs et autres).
- Organiser des discussions de groupe ciblées et des réunions de réflexion avec les parties
prenantes concernées et réaliser des entretiens avec des spécialistes choisis.
- S’inspirer des bonnes pratiques en matière de recherche, en d’autres termes définir
correctement le problème et les paramètres/critères à mesurer, recueillir les données,
analyser et interpréter les informations rassemblées, compiler les résultats et constatations et
en tirer des conclusions et recommandations intelligentes tout en préparant les documents
finaux.
- Enfin et surtout : lire le document avec attention et utiliser l’approche par étape et les autres
instruments fournis !
Les chapitres qui suivent vous donneront une idée du type d’informations devant être recueillies
pour les trois études essentielles. Il convient de ne pas oublier que la structure proposée pour l’étude
d’opportunité présuppose que toutes les conditions sont réunies, ce qui n’est pas toujours le cas en
situation réelle dans de nombreux pays en développement. C’est la raison pour laquelle les
informations et données demandées devraient être recueillies de manière responsable, tout en
faisant preuve de souplesse et de pragmatisme.
PHASE 1: DIAGNOSTIQUE DE LA SITUATION ET DU
CONTEXTE DU MOMENT
Cette phase est destinée à permettre le recueil de suffisamment d’informations pour cartographier la
chaîne de valeur du tourisme (ou l’économie touristique à destination), à comprendre le contexte de
politique générale et réglementaire dans lequel elle s’inscrit, ainsi que le marché du tourisme à
destination. Le diagnostique vous aidera à voir où les pauvres interviennent actuellement, et de
savoir s’il existe des blocages à surmonter ou des possibilités à exploiter pour accroître les
retombées sur les pauvres.
Au terme de la Phase 1, vous devriez bien comprendre l’économie touristique à destination.
Utiliser les chaînes de valeur pour répondre aux questions clés
Les chaînes de valeur sont un moyen d’évaluer le fonctionnement et d’établir la cartographie d’un
secteur ou d’une chaîne d’approvisionnement. Le présent guide utilise l’analyse de la chaîne de
valeur comme outil de diagnostique pour définir les interventions touristiques qui bénéficient
réellement aux pauvres. L’analyse de la chaîne de valeur s’entend de l’établissement de la
cartographie de la chaîne de valeur, de la compréhension des interactions entre les intervenants, elle
permet de savoir qui retire de la valeur et pourquoi. L’approche de la chaîne de valeur bénéficiant
aux pauvres met précisément l’accent sur les pauvres, et sur la manière dont ils peuvent tirer parti
de son développement. Elle permet de répondre aux questions telles que :
À quel endroit de la chaîne de valeur les pauvres interviennent-ils ?
Quelles sont les principales parties prenantes de la chaîne de valeur, et quelles sont celles qui
façonnent les points auxquels les pauvres interviennent le long de la chaîne de valeur ?
Quelle est la part des revenus tirés des différentes activités de la chaîne qui bénéficient en priorité
aux pauvres ?
Quelle est la part de ce « revenu bénéficiant en priorité aux pauvres » (RBP) comparé au revenu
dégagé en d’autres points de la chaîne ?
Quelle est la part du RBP comparé au total des dépenses à destination, ou dans d’autres
destinations ?
Où se situent les blocages à la participation des pauvres ou à l’augmentation du revenu qui leur est
dévolu ?
Encadré 2 : Définir la chaîne de valeur
« La chaîne de valeur décrit l’ensemble des activités nécessaires pour mener un produit ou un service de sa
conception, à travers différentes phases de production (impliquant une succession de transformations physiques et
d’utilisations de divers services), à sa distribution aux consommateurs finaux, puis à sa destruction après
utilisation » (Kaplinsky et Morris, 2001).
Pour les produits primaires, cette chaîne comprend par exemple toutes les opérations depuis la culture du café,
jusqu’à sa vente de détail et le recyclage de la tasse en plastique utilisée pour le boire. S’agissant du tourisme, la
chaîne de valeur est une combinaison de services (hébergement, restauration, loisirs, transports), dans la fourniture
desquels les communautés peuvent jouer un rôle important (produits agricoles, artisanat, etc.), dont bon nombre
sont fournis presque simultanément à destination.
Le concept de « revenu bénéficiant en priorité aux pauvres » (RBP) est un élément clé de l’analyse
de la chaîne de valeur qui bénéficie aux pauvres. Ce revenu qui bénéficie aux pauvres inclut tous
types de revenus gagnés par les pauvres, que ce soit sous la forme d’un salaire, du fruit de ventes,
de pourboires, ou de revenus communautaires (location de terres communales à des entreprises). Si
l’intervention ne vise pas uniquement à accroître les bénéfices financiers pour les pauvres, savoir ce
11
qui rapporte aux pauvres et combien ils gagnent est important à l’heure de choisir les interventions
susceptibles d’avoir le plus d’impact.
Chapitre 3: Étape 1 – Préparation
La portée de l’étude peut déjà être énoncée dans vos termes de référence, mais assurez-vous que
l’équipe chargée de l’étude, l’ITC et les institutions partenaires clés soient sur la même longueur
d’ondes, notamment en ce qui concerne :
La définition de la « destination » ou de la zone géographique/fonctionnelle cible
Les groupes de pauvres cibles potentiels
La composition de l’équipe chargée de l’étude et les qualifications requises
Le cas échéant, le degré de détail des propositions à faire dans le cadre de l’étude
(faisabilité, plans – phases 2 et 3)
La nature précise des résultats du projet (aide-mémoire sur les moyens d’action pour les
décideurs ou proposition de projet accompagnée de coûts détaillés)
3.1 Définir la portée de la « destination »
La destination peut être définie en termes purement géographiques, comme par exemple une île, ou
le tourisme dans une ville donnée, à 100 km d’une station balnéaire, ou tout un pays. C’est souvent
un type de tourisme donné qui est ciblé : le tourisme de loisirs par opposition au tourisme d’affaires
dans une ville, les safaris dans une région sauvage, ou les séjours en hôtels tout-compris dans une
région balnéaire donnée. Dans d’autres cas, c’est un segment de touristes donné qui est ciblé,
lesquels peuvent se déplacer dans plusieurs régions géographiques, comme dans le cas des safaris
en Tanzanie.
Il est important de définir la « destination », et d’obtenir des données générales sur l’ensemble de la
destination. Avant de se concentrer sur des parties spécifiques, il convient, à tout le moins, pour
l’ensemble de la destination, de déterminer les tendances en matière d’arrivées, les dépenses des
touristes, les segments de marché, et les parties prenantes clefs. De la portée de la destination
dépendront les activités que vous pourrez réaliser dans le laps de temps dont vous disposez, de
même que la taille de l’équipe chargée de l’étude. Dans certains cas, la portée est définie au plan
national, afin de déterminer les zones d’intervention régionales. Dans d’autres cas, il est nécessaire
de définir une première portée approximative durant les premiers jours dans le pays, et ce pour
effectuer un choix entre la région ou la zone géographique sur laquelle portera ensuite l’étude
d’opportunité. L’approche suggérée ici part du principe qu’il y a déjà accord sur la destination
finale, l’étude d’opportunité ayant pour but de cibler de manière plus précise les points de la chaîne
de valeur à viser et les parties prenantes concernées. Dans la pratique, il est possible de prendre de
l’avance en définissant dans les grandes lignes le centre d’attention, et ce sur la base des besoins
exprimés par les partenaires et les donateurs, de même qu’en donnant une évaluation approximative
de la dynamique du tourisme.
3.2 Définir le groupe cible et définir les « pauvres »
Dans tout projet qui se veut rigoureux, l’étape la plus importante, et peut-être aussi la plus difficile,
consiste à définir le groupe cible potentiel.
L’approche axée sur la chaîne de valeur implique, pour commencer, une évaluation de l’économie
touristique pour savoir à quel(s) endroit(s) de la chaîne les pauvres interviennent déjà et où ils
pourraient intervenir davantage. L’approche est en cela différente de celle du tourisme
communautaire classique qui part généralement d’une communauté cible pour l’aider à concevoir
des produits touristiques. Le point faible de cette pratique tenait au fait que le groupe cible était
sélectionné avant que ne soit analysée la chaîne de valeur pour déterminer les sites d’intervention
les plus propices.
13
La sélection du groupe cible se fait en deux temps :
(i) Donner une définition générale des pauvres. Les critères retenus peuvent être les
personnes vivant avec $E.-U. 1 ou moins par jour, les personnes vivant sous le seuil de
pauvreté, les femmes, les minorités ethniques, les travailleurs non qualifiés ou semi-
qualifiés, ceux dont le logement n’a pas un toit en tôle, et ainsi de suite.
(ii) Sélectionner les groupes cibles qui réunissent tous les critères retenus. Les groupes
remplissent les critères retenus, et leur position dans la chaîne de valeur (ou leur
exclusion de celle-ci) est telle qu’ils ont une bonne chance de tirer un grand avantage
de l’intervention envisagée. À titre d’exemple, il peut s’agir de personnes en mesure de
fournir des biens et des services pour lesquels il existe une demande chez les touristes
et dans le secteur privé.
La première phase de définition des « pauvres » est généralement difficile et va déterminer
l’ensemble du processus. À titre d’exemple, l’emploi de la définition internationale de la pauvreté
extrême ($E.-U. 1 par personne par jour à parité de pouvoir d’achat ou PPA) signifie souvent que
tous les employés autres que de direction sont considérés comme des pauvres. Cependant, le seuil
de pauvreté national exclut nombre de travailleurs semi-qualifiés du groupe cible (voir l’exemple du
Rwanda dans l’encadré 3). Dans le cadre de cette étude, la question n’est pas simplement de savoir
« qui est pauvre » sur le seul critère du revenu, mais de savoir plutôt qui sont les groupes cibles
potentiels de l’ITC, de ses partenaires, ou d’autres clients.
Un juste milieu peut devoir être trouvé, situé à mi-chemin de la définition internationale très large,
et de la définition nationale très étroite. La question doit être posée dès le début, avec le client et les
partenaires principaux. Il est souvent nécessaire de procéder à l’analyse en prenant deux groupes
pauvres comme référence – en employant une définition large, mais en signalant les points le long
de la chaîne d’approvisionnement où des minorités particulières (femmes, groupes très pauvres, par
ex.) interviennent. Il importe également de sélectionner des bénéficiaires qui recèlent un potentiel
de succès, et qui disposent déjà, dans une certaine mesure, de capacités initiales et de compétences.
Encadré 3 : La définition des pauvres a une incidence sur l’analyse aux fins du diagnostique
Dans la plupart des pays, le seuil national de pauvreté est considérablement inférieur au seuil de pauvreté
international fixé à $E.-U. 1 par personne et par jour à parité de pouvoir d’achat de 1995.
Exemple du Rwanda
La limite supérieure du seuil de pauvreté du Gouvernement du Rwanda est la consommation de 250 FRW par
adulte par jour, soit un peu moins de $E.-U. 0,50 par personne, ou un revenu familial mensuel d’environ $E.-U. 68
pour une famille de cinq personnes. Le tourisme peut donc, par exemple, bénéficier aux pauvres sous la forme
d’un emploi non qualifié dans un hôtel de moyenne gamme dans une zone rurale payant à peu près ce niveau de
salaire.
Si, à l’inverse, nous prenons le seuil de pauvreté international, nous obtenons un revenu mensuel de $E.-U. 150
pour une famille de cinq personnes. Dans ce cas là, même les serveurs travaillant dans des hôtels 4 ou 5 étoiles à
Kigali (qui gagnent plus qu’un enseignant) seront considérés comme « pauvres ». si nous prenons le seuil de
pauvreté international plus élevé encore de $E.-U. 2 par jour, même la famille du chef de rang pourra être
considérée comme pauvre si elle vit sur son seul salaire.
Dans le Guide pour la réalisation des études d’opportunité, c’est le seuil de pauvreté international de $E.-U. 1 par
jour qui est utilisé, mais il est important de comprendre les différences qui existent d’une destination à l’autre.
Référence : Ashley, C. (2008) Creating pro-poor linkages around Rwandan tourism, ODI & SNV Summary Brief.
3.3 S’accorder sur les compétences requises et la composition de l’équipe
Les études diagnostiques peuvent être menées par différentes équipes. Certaines ont été réalisées
par des équipes de deux chercheurs ; par des équipes de spécialistes en agriculture, artisanat,
institutionnels et touristiques ; ainsi que par des équipes comptant jusqu’à 20 parties prenantes
locales. Il n’existe pas une approche plus simple que les autres, chacune a ses avantages et ses
inconvénients (voir Tableau 20), et dans la pratique les équipes devraient toujours compter dans
leurs rangs des homologues locaux.
Tableau 2 : Avantages et inconvénients des différentes configurations de l’équipe chargée de l’étude
Equipe chargée
de l’étude
Avantages Inconvénients
1 ou 2
chercheurs
professionnels
externes
Coordination remarquable, bonne
compréhension du projet, risque minimum en
termes de réputation
Absence de connaissances locales et
sectorielles
Absence de crédibilité au niveau local
Occasion manquée de donner les
moyens d’agir aux parties prenantes
locales
Solution technocrate
1 chercheur
professionnel
externe et 1
chercheur
professionnel
local
Combinaison de connaissances locales et
d’expérience externe et indépendante
Possibilité de mener des entretiens avec
les parties prenantes clés
Dépend de la crédibilité et de la
perception des différents membres de
l’équipe
5 ou 6
chercheurs
professionnels/de
terrain
Possibilité de pousser l’étude au-delà du
premier niveau de fournisseurs, d’aller
plus loin dans les chaînes
d’approvisionnement en denrées
alimentaires, artisanat, construction et
transport
Possibilité d’amener dans l’équipe des
individus possédant une expérience
nationale et régionale
Problèmes de coordination et de
communication
Difficultés possibles en termes de
contrôle de la qualité
Exercice
participatif
Excellentes connaissances locales et
appropriation
Souvent un important exercice de
renforcement des capacités
Constatations de beaucoup plus de poids
pour les politiques locaux
L’équipe a besoin de 2 jours de
formation avant d’entamer la collecte
des données
Les données doivent être recueillies sur
un formulaire standard pour éviter de
gros problèmes de coordination
Certains groupes de parties prenantes
clés risquent de ne pas participer
Les études diagnostiques de l’ITC sont généralement réalisées par un expert ou une équipe externe,
bénéficiant d’un appui dans le pays, partant du principe que l’analyse de la chaîne de valeur peut
15
être complexe et une nouveauté pour les partenaires locaux. En règle générale, l’expert international
possède une solide connaissance de l’analyse de la chaîne de valeur, une expérience des questions
de genre, du tourisme durable, ainsi qu’une certaine connaissance pratique et générale des cinq axes
opérationnels : intelligence commerciale, compétitivité à l’exportation, stratégie d’exportation,
politique commerciale et secteur privé, et renforcement des institutions d’appui au commerce
(IAC). Dans l’idéal, le consultant principal est assisté par un spécialiste de la chaîne de valeur du
secteur visé (alimentation, culture, etc.) une fois le diagnostique initial établi, puis par un consultant
national au moins pour garantir le transfert des connaissances locales.
Les diagnostiques peuvent être établis sur un mode participatif, le consultant externe assumant un
rôle de formateur et de coordinateur, de synthétiseur et de contrôleur qualité – plutôt que de
chercheur principal. Le contrôle des résultats finaux est moindre et l’on insiste davantage sur la
maîtrise de la qualité et le tact, mais une appropriation bien plus importante est nécessaire de même
que des connaissances supplémentaires que ne possède pas l’intervenant extérieur.
La portée et l’ampleur du diagnostique dépendront de la configuration de l’équipe et du type de
destination. Plusieurs évaluations de portée ont été réalisées par un professionnel chef de file
soutenu par des chercheurs dans le pays. Bénéficier du concours de spécialistes supplémentaires
peut cependant représenter une valeur ajoutée considérable. Ils sont particulièrement utiles à la
compréhension fine d’une partie de la chaîne de valeur donnée, et permettent de remonter en amont
de la chaîne jusqu’aux points d’intervention des pauvres. La question est de savoir si vous savez à
l’avance sur quels secteurs mettre l’accent, de manière à vous doter des compétences sectorielles
requises.
L’encadré 4 montre comment le manque de compétences en agriculture a débouché sur des
estimations très générales à Luang Prabang et au Rwanda, alors qu’en Éthiopie un spécialiste de la
chaîne d’approvisionnement en denrées alimentaires a permis d’aller jusqu’au niveau de détail qui
importe pour les pêcheurs pauvres du pays. De la même manière, un spécialiste de l’artisanat sera
bien placé pour aller au-delà des entretiens avec les points de vente de détail et mener ses
investigations plus avant avec les négociants et les producteurs.
Encadré 4 : Renforcer les compétences en agriculture fait toute la différence
L’agriculture est, de loin, la principale branche d’activité en Afrique, et l’analyse des chaînes de valeur de
l’agriculture et de leur lien avec le tourisme est très importante.
Le diagnostique de la chaîne de valeur qui bénéficie en priorité aux pauvres à Luang Prabang a permis d’estimer
que près de $E.-U. 3 millions sur les $E.-U. 7 millions dépensés chaque année par les touristes en alimentation et
en boissons bénéficient aux travailleurs semi-qualifiés et non qualifiés. Il a permis de conclure que ces dépenses
représentaient l’essentiel des revenus qui bénéficient en priorité aux pauvres, et que les possibilités d’expansion
étaient importantes. Il n’a cependant pas permis de ventiler cette somme entre les vendeurs sur les marchés, les
producteurs de viande, les vendeurs de poisson, ou les maraîchers, et ne présentait donc qu’un intérêt limité pour
savoir quels pauvres aider et par le biais de quel type d’intervention. Un problème semblable s’est posé au
Rwanda où les achats de denrées alimentaires par les hôtels de la ville ont été considérés comme le maillon de la
chaîne peut-être le plus important, mais la question de savoir si et comment les pauvres pourraient accéder à cette
chaîne a été l’élément déterminant de la mesure de l’impact sur les pauvres.
À l’inverse, en Éthiopie l’équipe chargée de l’étude diagnostique d’une chaîne de valeur comprenait un spécialiste
de la chaîne d’approvisionnement en denrées alimentaires, et elle s’est penchée sur la question de
l’approvisionnement des hôtels en poisson. Sans ce spécialiste, les chercheurs auraient pu estimer la quantité et le
coût du poisson acheté par les hôtels auprès des premiers fournisseurs, dont les prix avoisinaient les $E.-U. 3,7/kg.
En revanche, ils n’auraient pas pu déterminer les sommes perçues par les intervenants aux différents maillons de
la chaîne d’approvisionnement. Un spécialiste de la branche a donc permis à l’équipe de remonter en amont de la
chaîne d’approvisionnement jusqu’aux 2 000 pêcheurs qui perçoivent généralement $E.-U. 1/kg pour leurs prises
– livrées au Lac Chamo, à quelque 400km au sud d’Addis-Abeba (comme le montre la figure 1 ci-dessous).
La compréhension de cette chaîne était essentielle à la compréhension de la répartition du revenu qui bénéficie
aux pauvres. La plupart des intermédiaires entre les acheteurs des hôtels et les pêcheurs ne sont pas « pauvres » et
27% environ seulement du prix d’achat payé par les hôtels reviennent aux pauvres.
Figure 1: Utilisation de la chaîne de valeur-ventiler la valeur et les marges le long de la chaîne
d’approvisionnement en tilapia des hôtels d’Addis-Abeba, Éthiopie
Niveau 4 Niveau 3 Niveau 2 Niveau 1
Pêcheurs Association Entreprises de transformation et de commercialisation Détaillants/supermarchés
Prix $/kg: $1 $1.2 $1.8 $2.5–4.9
Référence: Mitchell et Coles (2009)
3.4 Établir un itinéraire
Une fois passé en revue le processus d’établissement de la cartographie de la chaîne de valeur, de
même que les instruments de collecte de données qui doivent être utilisés, il est utile d’établir un
calendrier général des activités relatives aux phases 1 et 2.
Phase 1:
AVANT QUE NE DÉBUTE LE TRAVAIL SUR LE TERRAIN
1. Définir la portée de la destination (Étape 1) :
En collaboration avec l’ITC, définir la portée géographique de la destination visée, les
parties prenantes clés à inclure, ainsi que les pauvres ou « groupes cibles » potentiels de la
région (ces informations peuvent être incluses dans les termes de référence). (Étape 1)
2. Utiliser les informations existantes (Étape 2) :
Recueillir des informations sur la politique générale en faveur du tourisme, et résumer.
Recueillir des informations sur l’offre et la demande actuelles en matière de tourisme, et
résumer.
SUR LE TERRAIN
3. Recueillir des informations sur le terrain :
Jour 1 : Arrivée à destination, réunions de mobilisation avec les partenaires pour régler les
questions de logistique et informer l’équipe locale (fin Étape 1 et début Étape 2).
Jour 2 : Analyse des parties prenantes : Ministère du tourisme, association des hôteliers,
maire, Ministère du commerce & de l’industrie, associations touristiques et de guides (Étape
2 et début Étape 3).
Jour 3 : Communautés locales : représentants d’organisations de producteurs, représentants
communautaires, et ONG (affiner Étape 2, approfondir Étape 3).
Résultats intérimaires : carte de la chaîne de valeur et participants identifiés.
GGrroouuppaaggee && TT
mmssffoorrmmaattiioonn
PPêêcchhee GGrroouuppaaggee &&
TTrraannssffoorrmmaattiioonn IIII TTrraannssppoorrtt
TTrraannssffoorrmmaattii
oonn IIIIII VVeennttee
eenn ggrrooss
VVeennttee ddee
ddééttaaiill
17
Les 10 jours suivants : Étape 4 (entretiens) dans la journée, et premières tentatives d’Étape 5 le
soir et entre les entretiens :
Jour 4 : réalisation des études touristiques, des études sur les guides et sur l’artisanat
Jour 5 : entretiens avec 4 hôtels
Jour 6 : entretiens avec 4 hôtels
Jour 7 : entretiens avec 4 hôtels
Jour 8 : voyagistes (bureaux des voyagistes internationaux et leurs représentants sur place)
Jours 9 et 10 : entretiens avec les restaurateurs, les marchés d’alimentation, les ministères en
charge de l’agriculture
Jour 11 : marchés et magasins d’artisanat
Jour 12 : excursions et attractions (loisirs et spectacles culturels)
Jour 13 : examen des études touristiques et des entretiens avec l’association des guides
Jour 14 : institutions d’appui (institution de formation en hôtellerie/restauration, police,
services de l’immigration, institutions financières, ONG, etc.)
Jour 15 : analyse (Étape 5) et établissement des cartes de la chaîne de valeur
Jour 16 : atelier de l’équipe en charge de l’étude et analyse plus poussée (Étape 5, voire
début Étape 6)
Jour 17 : atelier d’établissement de conclusions préliminaires (confirmation des Étapes 1 à 5,
discussion sur Étape 6).
Phase 2:
Jours 18-20, intervention de consultants et intervention de l’équipe/parties prenantes
Établir une liste détaillée et commencer à définir des priorités (Étape 7 et Étape 8)
Discuter de la liste et de l’établissement de priorités avec les parties prenantes.
Après Jour 20 :
Rédaction des constatations, rapport, résumé du diagnostique, recommandations
Discussion et modifications
Organisation d’un deuxième tour de réunions visant à confirmer les choix et à débuter la
planification.
Encadré 5 : Conditions préalables à la gestion d’une tâche colossale
Réaliser une analyse solide dans un délai de 40 jours et en suivant les lignes directrices proposées est un défi qui
ne peut être relevé que si certaines conditions préalables sont réunies :
o Appui à destination : votre partenaire à destination doit pleinement appuyer l’étude et avoir informé
les différentes parties prenantes de la réalisation de l’étude. À destination, la coopération est souvent
limitée si vous ne pouvez présenter une lettre des autorités expliquant qui vous êtes et ce que vous faites.
o Organisation des entretiens : il est très utile que les entretiens soient organisés par votre partenaire, le
Ministère du tourisme ou l’association des hôteliers. Vous aurez ainsi plus de chances de bénéficier de la
coopération des parties prenantes et vous éviterez de devoir mener les entretiens et en organiser d’autres en
même temps. Si vous avez l’intention d’organiser avec les participants un atelier de planification, vous
devrez les en informer à l’avance et prendre les mesures logistiques qui s’imposent (salle, etc.).
o Langue : si vous travaillez avec un interprète et/ou des homologues locaux, ils doivent être mobilisés
dès le Jour 1 et être disponibles au maximum pendant la durée du programme.
o Longues journées : attendez-vous à travailler 12 heures par jour pendant toute la durée de l’étude. Les
fournisseurs de services du secteur privé (responsables d’hôtels, guides, etc.) seront généralement
disponibles pour des entretiens le soir et le weekend, alors que les fonctionnaires auront bien moins de
temps à vous consacrer. Il est vraiment utile de pouvoir analyser les données quantitatives tout au long de
l’étude et de discuter chaque soir des constatations qui ressortent avec les autres membres de l’équipe.
o Durée des entretiens : ne surchargez pas votre programme d’entretiens. S’agissant des hôtels,
l’entretien devrait généralement se faire avec le Directeur général et durer au moins 90 minutes. Ces
entretiens s’achèvent souvent par une invitation à prendre un café et, en comptant les temps de déplacement
entre les hôtels, il est difficile de caser plus de quatre entretiens dans une journée.
o Adapter la technique de collecte des données à la personne interrogée : à titre d’exemple, le premier
entretien avec le Ministère du tourisme peut fort bien durer trois heures. Cependant, les questionnaires
touristiques de plus de cinq minutes sont très difficiles à gérer. Pour certains participants, les guides, les
agriculteurs et les artisans, par exemple, il est beaucoup plus facile d’organiser des entretiens en groupe
plutôt que des entretiens bilatéraux.
o Assistants de terrain : il peut être très utile d’engager des assistants locaux de terrain, les chercheurs
locaux pouvant en effet contribuer à la préparation du questionnaire, mener des entretiens avec la
population locale dans sa langue, et participer à l’analyse. Ce processus contribue aussi à améliorer la
compréhension locale du projet et permet de renforcer les capacités pour les études à mener dans les zones
rurales. Si vous décidez de vous attacher les services d’assistants locaux de terrain :
contactez les universités de la région, les écoles, les instituts de recherche et les chefs de la
communauté locale afin de trouver des assistants de terrain potentiels ;
formez-les à l’utilisation du questionnaire ; les jeux de rôle entre les chercheurs permettent de mettre
en lumière les questions ou concepts qui appellent des éclaircissements ;
établissez un contrat écrit que vous et le chercheur signerez, qui comprendra un calendrier, la portée
du travail à réaliser, et la rémunération prévue ;
après les études, préparer pour chaque assistant des références indiquant le travail effectué, et la
qualité de celui-ci ;
des réunions régulières avec les assistants de terrain seront nécessaires pendant toute la durée des
études sur le terrain pour vérifier que le questionnaire est correctement rempli, et régler les éventuels
problèmes qui pourraient se poser.
o Chronologie des activités : certains éléments du programme exigent une planification à plus long terme.
À titre d’exemple, les marchés d’alimentation n’ont peut-être lieu qu’une fois par semaine. Le meilleur
endroit pour mener les enquêtes de départ des touristes est souvent la zone de départ des aéroports, ce qui
exige une autorisation des autorités de l’aviation civile et une bonne connaissance des horaires de vol. Les
participants devraient être invités à l’atelier d’élaboration des constatations préliminaires en même temps
que les entretiens bilatéraux sont organisés.
o Informations de base : veillez à vous procurer un guide de qualité (Lonely Planet, Rough Guide, Petit
futé) sur la destination.
19
Tableau 3 : Survol de la phase 1 – étapes, activités, instruments, durées et préparation des rapports
Etape Activité Instruments Calendrier Reporting
Etape 1: préparatifs Définir la portée de la « destination »
Aucun instrument
particulier requis
Planification d’une ½
journée en collaboration
avec l’ITC et les
partenaires
Rédiger 1-2 paragraphes sur la
portée du projet
Définir les « pauvres » et le groupe cible
Convenir des qualifications requises et de la
composition de l’équipe
Etape 2:
Cartographie de la
chaîne de valeur et
de son contexte
Assimiler les informations existantes
1 journée de recherches et
de préparation de rapport
(en supposant que les
informations aient déjà
été recueillies par le pays
hôte)
Rédiger 1-2 pages sur l’offre et la
demande touristiques dans le pays
visé
Mettre en évidence les politiques et plans pertinents
Jusqu’à 1 journée de
recherches et de
préparation de rapport
(une petite partie de la
journée généralement
consacrée spécifiquement
aux mesures de politique
générale, de nombreuses
informations obtenues
dans le cadre d’autres
entretiens)
Le cas échéant, préparer un
résumé d’un paragraphe sur
chaque question de politique
générale, pertinente, tendance,
ou zone d’incertitude.
Rédiger 1-2 pages résumant le
contexte de la politique des
pouvoirs publics et les
tendances en matière de
tourisme
Établir une cartographie des parties prenantes et des
liens entre elles
Matériel nécessaire
pour les ateliers
(cartes, stylos, scotch,
etc.)
Atelier d’une ½ journée
avec les parties prenantes
ou l’équipe
Représenter la chaîne de valeur
des parties prenantes (comme
Figures 2, 3 ou 4)
Indiquer si d’autres parties
prenantes données devraient se
joindre à l’équipe de
consultants
Etape Activité Instruments Calendrier Reporting
Etape 3:
Cartographie des
points d’intervention
des pauvres et de
ceux dont ils sont
absents
Annoter la carte des parties prenantes pour indiquer à
quel endroit les pauvres et les groupes cibles
interviennent
Pendant l’atelier des
parties prenantes,
modifications apportées à
mesure que les
informations sont
recueillies dans le cadre
des entretiens
Annoter la carte représentant la
chaîne de valeur comme sur la
Figure 4
Etape 4: Entretiens à
chaque maillon de la
chaîne
d’approvisionnement
Recueillir des informations sur le terrain pour chaque
maillon de la chaîne d’approvisionnement et auprès des
touristes. Pour jeter les bases des étapes 5 à 8 :
Organiser des entretiens avec un échantillon
représentatif d’hôtels/restaurants/entreprises
artisanales/d’excursions/de transport/de
loisirs/culturelles
Adapter le questionnaire, si nécessaire
Après les entretiens, analyser les données et en
interpréter les résultats
Organiser et réaliser l’enquête auprès des touristes :
Choisir un échantillon de touristes et voir comment
y accéder
Adapter le questionnaire type
Interroger, analyser, interpréter
Orientations et
questionnaires pour
les entretiens avec les
hôtels, les
restaurants, les
artisans et les
responsables des
excursions
Questionnaire type
pour les touristes
Environ 12 jours
d’entretiens, ou plus selon
le contexte, les
partenaires, l’équipe, etc.
Conserver les données brutes et
les données des entretiens
analysées (sous format Excel,
par exemple)
Utiliser les résultats pour la
préparation des rapports aux
étapes 5 à 7
Etape 5: Repérer les
flux de revenus et les
revenus bénéficiant
en priorité aux
pauvres
Déterminer la proportion des dépenses des touristes qui
parvient aux pauvres aux différents maillons de la
chaîne
Entretiens
Environ 2 jours
d’analyses sur la base des
entretiens à l’étape 4 avec
les entreprises et les
participants pauvres, plus
les données sur les
dépenses – des entretiens
de suivi sont parfois
nécessaires
Modifier la chaîne de valeur afin
d’illustrer les flux de revenus
bénéficiant en priorité aux pauvres,
comme sur les Figures 5 ou 6
Etape 6: Définir le
mode de
participation des
pauvres
Au travers d’entretiens, définir les points de blocage
et les débouchés pour les pauvres, et voir en quoi
leurs revenus dépendent d’autres intervenants le
long de la chaîne
Mettre l’accent sur quelques points de participation
clés (et les interventions possibles) et non sur tous
Pour des maillons donnés de la
chaîne, analyser les liens clés, les
blocages, les débouchés, et les
bénéfices pour les participants
pauvres
21
Chapitre 4: Étape 2 – Établir la cartographie de la chaîne de valeur et de son
contexte
Établir la cartographie de la chaîne de valeur et de son contexte implique d’assimiler les
informations disponibles sur l’économie touristique, les parties prenantes, les partenaires potentiels,
et de désigner les politiques et plans pertinents.
4.1 Assimiler les informations disponibles
La quantité et la qualité des statistiques sur le tourisme varient considérablement d’une destination à
l’autre dans les pays en développement. Si des données sont disponibles, utilisez-les, avant même
de lancer les travaux sur le terrain. Les informations clés à rechercher sont les suivantes :
Offre touristique – nombre, type, taille et chiffre d’affaires des entreprises qui offrent leurs
services aux touristes
Demande touristique – nombre d’arrivées, durée des séjours, marchés d’approvisionnement,
dépenses
Tendances – tendances particulières qui ont une incidence sur la viabilité de l’ensemble de
la branche, ou sur la demande de produits fournis par les pauvres
Bien que les statistiques sur le tourisme soient généralement meilleures que sur d’autres secteurs de
services, il est surprenant de constater que ces informations de base sont souvent difficiles à obtenir.
Les informations sur l’offre et la demande touristiques peuvent être disponibles tant au niveau local
que national, même si l’on en trouve généralement plus au niveau national. L’idéal consiste à
analyser la chaîne de valeur pour une destination où un plan-cadre détaillé a récemment été adopté
en faveur du tourisme. La préparation de ce type de plan implique en effet souvent la réalisation
d’études d’envergure et très poussées, lesquelles permettent de recueillir des données de qualité fort
utiles à l’analyse de la chaîne de valeur. À titre d’exemple, en Gambie l’analyse de la chaîne de
valeur effectuée en 2006 a bénéficié de deux vastes enquêtes réalisées l’année précédente auprès de
2 000 touristes (l’une dans des hôtels et l’autre à l’aéroport). Elles ont permis de recueillir des
données statistiques très détaillées sur le comportement des touristes, leurs dépenses et leur attitude,
données qu’il n’aurait pas été possible d’obtenir dans le cadre d’une étude portant sur 50 touristes.
Même si les statistiques peuvent être obtenues avant que ne débute le travail de terrain, il est
nécessaire de les interpréter à la lumière des informations et du sens commun qui s’acquièrent
précisément sur le terrain. Les statistiques officielles sur le tourisme dans les pays en
développement ne doivent jamais être prises pour argent comptant. Il n’est en effet pas rare que ces
données soient erronées, voire franchement fausses.
Le meilleur moyen de savoir si les données sont erronées est d’étudier de très près le mode de
collecte des données et de toujours tester et valider les informations auprès de plusieurs sources. À
titre d’exemple, les entretiens réalisés avec des hôtels d’Addis-Abeba ont clairement fait apparaître
que les statistiques officielles sur les recettes de l’hébergement étaient particulièrement fausses
(Encadré 6). De la même manière, les informations relatives au nombre de visiteurs visitant un site
très connu ou le nombre d’arrivées de touristes obtenu auprès des hôtels (coefficient d’occupation
des chambres divisé par durée du séjour) peuvent être utilisées pour vérifier les chiffres officiels des
arrivées de touristes.
Encadré 6: Exemples de statistiques officielles du tourisme biaisées
Les statistiques primaires du tourisme du Vietnam sont parmi les plus riches au monde. Les propriétaires d’hôtels
doivent chaque jour informer la police des ressortissants étrangers qui séjournent dans leur établissement. Deux
angles morts peuvent toutefois biaiser ces données primaires par ailleurs excellentes. Premièrement, le Vietnam
est pour ainsi dire régi par des objectifs fixés par les autorités et la représentation du Ministère du tourisme au
niveau local subit peut-être de fortes pressions pour atteindre les objectifs du plan annuel en matière d’arrivées de
touristes. Deuxièmement, les établissements nationaux d’hébergement bas de gamme sont souvent accusés de
propager les «maux sociaux» (en d’autres termes la prostitution), ce qui fait qu’ils risquent de disparaître des
statistiques officielles.
Les statistiques du tourisme éthiopien sont souvent remarquablement fausses. À titre d’exemple, les statistiques
concernant Addis indiquent que le revenu hôtelier de la ville atteint $E.-U. 11,1 millions par an, chiffre établi à
partir des recettes déclarées par les hôtels - tout en admettant que les chiffres avancés par les hôtels sont
systématiquement sous-estimés pour des raisons fiscales. Les entretiens menés auprès des hôteliers ont démontré
que le chiffre de $E.-U. 11,1 millions représentait à peine moins de la moitié des revenus dégagés par un seul des
hôtels haut de gamme d’Addis. Il est ironique de constater que les deux hôtels dont les revenus sont supérieurs au
chiffre officiel pour l’ensemble de la destination appartiennent au gouvernement.
Référence: Mitchell et Coles (2009) et Mitchell, J. et Le Chi (2007)
Encadré 7: Comment le «touriste» est-il défini au plan statistique ?
Dans les statistiques officielles recueillies, est-ce la définition internationale du touriste qui est utilisée, ou une
définition plus large incluant les ressortissants étrangers franchissant la frontière, ou encore une définition plus
restreinte limitée aux voyageurs-loisir? Selon le point auquel sont recueillies les statistiques (postes frontières et
hôtels), les réponses varient.
Si l’on prend les définitions internationales, le touriste s’entend de toute personne qui passe entre une nuit et une
année hors de son lieu de résidence habituel et n’est pas rémunérée à destination. Ainsi, un vendeur ambulant qui
se rend dans sa capitale pour s’y approvisionner en marchandise qu’il revendra chez lui, est tout autant un touriste
qu’un Européen en vacances. Toutefois, si le vendeur vend de la marchandise dans la capitale, il n’est plus
considéré comme un touriste mais comme un travailleur migrant. À l’heure d’interpréter des données officielles,
assurez-vous de comprendre avec précision la nature des données recueillies.
Trouver les données plus détaillées qui se cachent derrière les comptes rendus publics succincts est
généralement précieux. À titre d’exemple, les données relatives aux dépenses journalières peuvent
avoir été résumées, et seule l’étude du questionnaire vous permettra de voir comment les touristes
ont pu interpréter la question: dépense individuelle pour l’ensemble de la famille/du groupe, ou part
des dépenses de la famille qui leur est attribuable, ou total des dépenses de toute la famille pendant
toute la durée de ses vacances.
23
Encadré 8: Comment procéder? Recueillir des informations contextuelles
Il convient de recueillir des informations auprès des pouvoirs publics et des organismes de gestion de la destination
(autorités en charge du tourisme ou offices du tourisme) pour avoir une vue d’ensemble de la situation. Parmi les
autres sources d’information figurent:2
les taux d’occupation des hôtels, motels, campings et hébergements chez l’habitant
le nombre de participants aux différentes manifestations
le nombre de visiteurs aux lieux d’intérêt locaux
les taxes de séjour et autres taxes perçues sur les ventes
les chiffres relatifs au trafic routier
le nombre de visiteurs des parcs locaux à proximité et des parcs nationaux
Estimez la validité de chaque donnée.
Utilisez les orientations contenues dans le Tableau 4 pour recueillir des informations sur l’offre et la demande, et
notifiez vos constatations en les classant sous les titres donnés.
Tableau 4: Informations relatives à l’offre et à la demande
Evaluation Informations à recueillir
Demande
touristique
Statistiques touristiques de base:
(sur une période de 10 ans)
Nombre de touristes
Croissance annuelle
Variations saisonnières (hautes et basses saisons au cours de l’année)
Touristes nationaux et internationaux
Principaux pays d’origine
Durée moyenne du séjour
Informations plus détaillées sur la demande:
Motif du séjour : visite à des amis ou de la famille (VFA), affaires (professionnel),
vacances, achats, conférences, religieux, etc.
Type d’hébergement préféré (nombre de nuitées vendues par type d’hébergement)
Activités réalisées (culturelles, affaires, plage, zones protégées, faune sauvage, aventure,
beauté des paysages, achats, etc.)
Type de voyageurs (routards, voyageurs indépendants, voyages organisés, etc.)
Où se situent les centres touristiques - zones d’activité touristique intense comprenant
hébergements, voyagistes, et autres fournisseurs de services touristiques?
Installations et structures d’accueil - quels sont les hébergements, restaurants, voyagistes
etc. utilisés par les touristes?
Prix pratiqués - quel est le niveau de prix actuel (bas, moyen et élevé)?
Taux d’occupation - quelles sont les installations qui marchent bien, combien de
visiteurs accueillent-elles par an ou par saison et comment évoluent les taux
d’occupation?
Chiffres d’affaires et profits - quels revenus les entreprises dégagent-elles et sont-elles
rentables ou, à tout le moins, viables au plan commercial?
Segments de marchés servis - qui visite actuellement ces centres touristiques et d’où
proviennent ces visiteurs, quelles sont les marques mises en avant, comment sont-elles
commercialisées?
Emploi - en quoi l’emploi a-t-il évolué au fil des ans et la branche d’activité prévoit-elle
une croissance ou une baisse de son activité?
2 Manuel TAP : p.44 (Linking Communities, Tourism and Conservation – A Tourism Assessment Process)
Durabilité - quelles sont les mesures adoptées pour minimiser les répercussions
socioculturelles et environnementales négatives et des problèmes se posent-ils déjà dans
ces domaines?
Services et
infrastructures
d’appui
Accessibilité des centres touristiques:
o Distance entre la principale ville d’entrée dans le pays et le site en question par
différents moyens de transport (voiture, bus, bateau, avion, train, par exemple), en
temps et en kilomètres/miles.
o État des routes
o Structure des routes (liaisons entre les résidences des communautés, les installations
touristiques et les sites potentiels)
Qualité et disponibilité de la nourriture, de l’eau de boisson et des sanitaires
Réseau électrique disponible
Moyens de communication disponibles:
o Téléphone, télécopie, bureau de poste, internet, téléphonie cellulaire
Soins de santé disponibles:
o Disponibilité et qualité des services médicaux
o Disponibilité et qualité des médicaments sur place ou à proximité
4.2 Cartographie des parties prenantes
Avant de planifier les interventions, il vous faut savoir «qui est qui?» dans le secteur du tourisme.
Les chaînes de valeur sont un bon moyen de représenter une réalité chaotique. La présente section
contient une analyse des parties prenantes un peu plus poussée afin de mieux organiser les résultats
le long de la chaîne de valeur.
La planification du tourisme passe souvent par l’établissement d’une cartographie des principales
parties prenantes du tourisme, et ce dans le cadre d’un exercice participatif mené dès le début de
l’étude. Les participants sont alors encouragés à nommer les groupes de parties prenantes
importantes pour le tourisme et à les représenter sur des cartes dans le cadre d’un atelier. Ces parties
prenantes sont ensuite regroupées en catégories, les liens entre eux sont expliqués, comme le
montre l’exemple donné ci-dessous tiré d’un exercice réalisé au Vietnam. Au centre de la carte
figurent les touristes et autour sont représentées les différentes catégories telles le secteur de
l’hébergement, les restaurants, les transports ainsi qu’une large palette d’institutions d’appui. Même
après avoir tout ordonné, la représentation visuelle du secteur reste intimidante (voir Figure 2). Figure 2: Représentation de la chaîne de valeur des parties prenantes au tourisme au centre du
Vietnam
Source: Mitchell, J. et Le Chi (2007)
25
Cependant, lorsque les informations sont organisées dans le cadre d’une chaîne de valeur, l’image
est beaucoup plus claire. La figure 3 illustre l’importance du rôle des chaînes de valeur pour
organiser cette réalité des plus complexes.
Figure 3: Utilisation de la chaîne de valeur pour représenter les parties prenantes au tourisme au
Vietnam
Remarque: les participants pauvres ne figurent pas encore sur cette carte d’ensemble.
Source: Mitchell, J. et Le Chi (2007)
Le graphique ci-dessus représente les éléments clés de la chaîne de valeur du tourisme, à savoir
notamment:
Les principaux «maillons» de la chaîne de valeur (flèches à deux têtes): comprennent
l’hébergement, l’alimentation, les loisirs, les achats, les excursions et le transport. Ces
maillons peuvent être représentés différemment selon les destinations, de sorte que si l’on
retrouve presque toujours dans les chaînes de valeur du tourisme l’hébergement,
l’alimentation, les achats et les excursions, le transport local est parfois inclus dans les
excursions, parfois les loisirs sont séparés des excursions, d’autres fois encore ils ne sont pas
applicables à la destination considérée.
Fournisseurs de services directs (bleu): dresser l’inventaire des fournisseurs de services
directs dans une destination donnée est une des premières étapes, parmi les plus importantes,
de l’analyse de la chaîne de valeur. Si l’exercice n’est pas réalisé avec minutie, la collecte de
données, comme pour choisir un échantillon d’hôtels, peut s’en trouver compromise faute de
représentativité. Pire encore, une catégorie entière de fournisseurs de services touristiques
risque d’être laissée de côté, comme par exemple les guides ou les services d’escale.
Institutions d’appui au tourisme (rose): il s’agit des organisations qui créent (ou ne
parviennent pas à créer) un environnement propice au bon fonctionnement du secteur du
tourisme.
Secteurs autres que le tourisme (jaune): la demande touristique se répercute normalement
sur l’économie locale, bien au-delà des hôtels, restaurants et bus touristiques qui composent
le «secteur du tourisme» dans les comptes nationaux. Établir la cartographie de la chaîne de
valeur contribue à se faire une idée précise des segments de l’économie à destination (autres
que le tourisme) qui dépendent aussi de la demande touristique, tels la construction
27
d’installations touristiques, l’artisanat et la chaîne d’approvisionnement en denrées
alimentaires.
Ainsi donc, les chaînes de valeur sont un bon moyen de mettre de l’ordre dans une réalité complexe
et de faire apparaître les liens entre différentes entreprises, voire entre différentes branches, de
l’économie. Même si l’approche axée sur la chaîne de valeur n’est pas retenue dans l’analyse
ultérieure, elle présente au moins cet avantage.
Encadré 9: Comment? Conseils pour l’établissement de la carte des parties prenantes
Si le contexte s’y prête, établir une carte des parties prenantes dans le cadre d’un atelier peut être la garantie d’une
bonne participation de bout en bout. Dans certains cas, il pourra s’avérer nécessaire de commencer par établir la
carte avec votre équipe restreinte.
La plupart des consultants et des partenaires se sont déjà essayés à la cartographie des parties prenantes. Profitez-
en! Demandez à chacun d’identifier toutes les parties prenantes de la branche sur de petites cartes, puis organisez-
les ensemble de manière logique. Pour cela, veillez à organiser les entreprises du secteur privé selon un ordre
logique qui ressemble à une chaîne de valeur, en d’autres termes, rassemblez-les par «maillons» principaux tels
l’hébergement, l’alimentation, les excursions, etc. Il est nécessaire de clairement distinguer les institutions d’appui
ou les organismes du secteur public, lesquels ne dégagent pas de revenus, contrairement aux entreprises.
Laissez-vous la possibilité de rediscuter de la carte et de l’affiner.
4.3. Répertorier les politiques et plans pertinents
Les politiques des pouvoirs publics constituent inévitablement le cadre dans les limites duquel
opèrent les professionnels de la branche et qui régit les projets mis en œuvre. Il est important de
s’interroger sur la stabilité politique, les stratégies, la législation, et les plans élaborés, ainsi que sur
leurs effets sur la chaîne de valeur du tourisme (en termes de réduction de la pauvreté, de gestion
environnementale, de stratégie de développement des entreprises, et de réglementation des activités
touristiques, par ex.). L’encadré 10 contient des orientations sur la collecte des données pour
l’Étape 2, alors que l’Encadré 11 met en garde contre deux situations extrêmes à éviter.
Encadré 10: Comment? Répertorier les politiques et plans pertinents
Décrire les principales priorités des pouvoirs publics en termes de développement du tourisme, qu’il s’agisse
de développement des aéroports, de croissance à l’exportation, d’intégration régionale ou de réduction de la
pauvreté.
Décrire les principaux problèmes politiques ayant une incidence sur l’adoption et la mise en œuvre de la
politique du tourisme: proximité d’élections, importance politique d’une région donnée du pays, ou des liens
entre un parti et des entreprises particulières. Il est parfois difficile de les coucher par écrit, mais leurs effets
doivent être bien compris à l’heure d’envisager les interventions futures.
S’interroger sur la stabilité du pays (actuelle et dans un passé proche) en termes de politiques adoptées, de
gouvernance, de démocratie, et décrire la situation en matière d’éducation, d’emploi, de criminalité, de santé
(VIH/SIDA, par ex.), de propriété foncière et d’industrie.
S’interroger sur la bonne gouvernance et les mécanismes disponibles pour faire face, le cas échéant, aux
problèmes de pots-de-vin et de corruption, gérer les lobbys et contributions politiques, et assurer la non-
discrimination au niveau stratégique. Définir, le cas échéant, tout problème clé affectant le tourisme.
Recueillir des informations auprès des ministères, dans les documents et sur les sites web sur les stratégies, la
législation, ainsi que les plans en rapport avec le tourisme et la chaîne de valeur. Elles peuvent concerner:
o La réduction de la pauvreté
o Le tourisme
o L’agriculture
o Le transport et les infrastructures
o Les zones protégées et les ressources naturelles (faune sauvage, forêts, eau, extraction minière, par ex.)
o La gestion environnementale
o Le patrimoine culturel
o Le développement durable
o Et toute autre question qui, d’après vous, a un rapport avec le projet. S’interroger sur la stabilité politique (actuelle et dans un passé proche) des pays voisins, ainsi que sur les
relations politiques entre les pays. Définir, le cas échéant, les problèmes clés qui affectent le tourisme.
Encadré 11: Deux extrêmes à éviter à l’heure d’analyser la situation du tourisme
Ne vous concentrez pas uniquement sur les entreprises qui bénéficient aux pauvres au détriment du reste de la
branche. Une analyse du tourisme uniquement axée sur la «part du gâteau» du tourisme qui revient aux pauvres, et
qui ne laisserait de côté le reste du «gâteau», serait trop restrictive. Accroître la dépendance des pauvres vis-à-vis
d’une branche d’activité susceptible de disparaître à tout moment ne favorise en rien le développement. Les
spécialistes du tourisme qui bénéficie aux pauvres doivent comprendre que les secteur du tourisme et les pauvres
partagent des intérêts communs.
Ne passez pas des jours entiers à évaluer les statistiques du tourisme et les plans nationaux qui peuvent ne
présenter qu’un intérêt indirect pour l’intervention envisagée. L’évaluation détaillée des arrivées de touristes
européens par rapport aux touristes de la région peut être bien moins utile qu’une évaluation détaillée des débours
des touristes à la destination visée.
29
Chapitre 5: Étape 3 - Cartographie des points auxquels les pauvres
interviennent
Nombre de cartographies de chaînes de valeur s’arrêtent aux entreprises du secteur formel, et ne
représentent pas les micro-entrepreneurs, les négociants indépendants, les travailleurs du secteur
informel, et le personnel des entreprises. C’est pourtant en bas de la chaîne que se concentrent
généralement le plus grand nombre de pauvres; ces points là doivent donc être cartographiés.
Dans l’exemple du Laos (voir Figure 4), plusieurs niveaux ont été ajoutés à la carte de base, pour
aller en-deçà du niveau des hôtels du secteur formel, des restaurants ou des magasins. En établissant
la cartographie des ouvriers, fournisseurs directs (1er
niveau) et fournisseurs indirects (2ème
niveau),
la carte a pu être annotée pour montrer où les pauvres interviennent. Elle a ensuite été annotée
différemment pour montrer à quel endroit les femmes interviennent (une couleur pour l’endroit où
la majorité intervient, une autre pour l’endroit où leur participation reste significative mais
inférieure à 50%). Pour finir, elle a une fois encore été annotée pour indiquer à quel endroit
interviennent les minorités ethniques.
Il convient, dans la mesure du possible, d’estimer le nombre total de pauvres concernés, même si
cela n’est pas toujours possible à tous les points de la chaîne, notamment lorsque l’on s’éloigne de
la destination.
Encadré 12: Comment? Conseils pour établir la cartographie des participants pauvres
Lorsque les informateurs clés établissent une carte des parties prenantes ou d’une première chaîne de valeur,
ils ne mentionnent généralement pas tous les participants pauvres. Les artisans ou les petits opérateurs de
transport apparaîtront peut-être, mais pas tous les ouvriers ou fournisseurs.
Une fois une carte initiale établie, concentrez-vous sur la partie qui concerne les entreprises (et non les
institutions d’appui). Incitez les participants à ajouter les ouvriers et les fournisseurs pour tous les maillons
de la chaîne. Utilisez ensuite une autre couleur, ou des autocollants, pour indiquer les nombreux points sur la
carte auxquels les pauvres interviennent.
Vous pouvez, le cas échéant, utiliser un code de couleurs pour les différents groupes cibles (pauvres à faible
revenu, pauvres des zones rurales, femmes, etc.) ou pour indiquer qu’ils sont majoritaires ou minoritaires.
Votre connaissance des points d’intervention des pauvres s’étofferont dans le cadre de cet exercice. Le
rapport de diagnostique définitif devrait contenir une chaîne de valeur représentant les pauvres là où ils
interviennent, et ce sur la base de toutes les contributions reçues.
Figure 4: Cartographie des maillons de la chaîne auxquels interviennent les pauvres en tant qu’ouvriers et fournisseurs à Luang Prabang, Laos
Figure 12 : Participation des pauvres à l’économie touristique à Luang Prabang, Laos
Maill
on
LÉGENDE: Sufficient = Suffisant « Ménage suffisant » vraisemblablement au-dessus du seuil de pauvreté du Laos Poor = Pauvre WiM = FeM - femmes en majorité WSP = FPS - femmes en proportion significative EMM = MEM - minorité ethnique dans la majorité
Entr
eprise
P
rop
riéta
ire
T
ravaill
eur
Fo
urn
isse
ur
direct
Fo
urn
isse
ur
indir
ect
Source : Ashley 2006
31
Chapitre 6: Étape 4 – Travail sur le terrain avec les touristes, les entreprises et
les institutions d’appui pour recueillir données et points de vue
Les étapes 5 et suivantes exigeront de recueillir une somme importante d’informations de toute une
palette de parties prenantes. Par le passé, nombre de diagnostiques ont été établis sur la base
d’entretiens menés avec les pouvoirs publics, des ONG, et des communautés. L’accent est ici mis
sur l’organisation d’entretiens avec des entrepreneurs (grands et petits) et avec des travailleurs de la
chaîne de valeur du tourisme, en plus d’entretiens avec le secteur public et des groupes d’intérêts
communautaires.
La présente section fournit des éléments d’orientation sur les entretiens à réaliser pour chaque
maillon (hébergement, restaurants, etc.). Toutefois, ne vous lancez pas avant de savoir exactement
comment vous allez utiliser les informations produites aux Étapes 5 à 8, faute de quoi les entretiens
ne pourront pas être productifs.
6.1 Études menées auprès des hôtels
Les hôtels sont le maillon le plus important de la chaîne de valeur du tourisme, et ce pour plusieurs
raisons :
L’hébergement est généralement le poste de dépenses le plus important pour les touristes dans le
pays et, à ce titre, le maillon le plus important de la chaîne de valeur au plan financier.
Les responsables d’hôtels passent toute leur carrière à côtoyer des touristes, ce qui fait qu’ils ont une
bonne idée de la manière dont la destination est perçue en dehors de l’hôtel (si les services des
compagnies aériennes sont ou non fiables ou si tel ou tel restaurant ou excursion sont appréciés des
touristes).
Tous les touristes sont hébergés d’une manière ou d’une autre – les études menées auprès des hôtels
peuvent fournir des données de qualité sur le nombre de touristes, les marchés d’approvisionnement,
la durée des séjours, la demande, etc.).
Échantillonnage
La méthodologie employée pour réaliser l’étude auprès des représentants des hôtels dépendra de la
taille et de la complexité de la destination, les destinations touristiques étant en effet très différentes
les unes des autres. Dans les pays en développement, nombre d’entre elles disposent peut-être de
dix hôtels et d’un ou deux lieux d’intérêt seulement. Cependant, pour les destinations plus
importantes – dont il est impossible de visiter tous les hôtels, chambres d’hôtes, restaurants,
marchés, magasins, voyagistes, etc. – il s’avère nécessaire de ne retenir qu’un échantillon de
fournisseurs de services. L’essentiel est de faire en sorte que l’échantillon retenu soit représentatif
de l’ensemble de la population.
S’agissant des hôtels, le présent guide suggère d’établir un échantillon stratifié. Il s’agit en d’autres
termes de diviser les fournisseurs d’hébergement en groupes homogènes, à savoir les établissements
haut de gamme, moyenne gamme et bas de gamme, en retenant un échantillon de chaque catégorie
(si possible au moins dix entreprises par catégorie, choisies de manière aléatoire). Les constatations
seront ensuite pondérées en fonction de la taille relative (nombre de chambres d’hôtel, par exemple)
de chaque établissement.
Questionnaire
Un questionnaire type est donné en Annexe 2 pour les entretiens avec les responsables du tourisme.
Ces entretiens peuvent être utilisés pour comprendre l’offre et la demande touristiques à destination,
ainsi que les flux directs qui reviennent aux pauvres par le biais de leur entreprise. Il vous faut, à
tout le moins, couvrir :
Les questions d’ordre financier :
Prix pratiqués – niveaux de prix actuels et prix perçus par rapport aux prix officiels
Taux d’occupation – annuel et saisonnier
Rémunération des employés, et des pauvres – salaires, pourboires, etc.
Paiement des fournisseurs – par type.
Données relatives à l’offre touristique et à l’ensemble de la branche :
Installations et équipements – logements, restaurants, magasins, etc., utilisés par les touristes
Comment se situe l’ensemble du secteur de l’hébergement par rapport à cette offre
Emploi – évolution et tendances, croissance ou recul prévus
Données relatives à la demande touristique :
Segments de marché servis – qui visite actuellement ces entreprises, d’où proviennent-ils,
quelles sont les marques mises en avant et comment sont-elles commercialisées
Voyagistes – principaux voyagistes et leurs représentants sur place, comment fonctionnent-
ils ?
Impact:
Liens bénéficiant aux pauvres – comment renforcer ces liens et supprimer les blocages ?
Pérennité – mesures en vigueur qui visent à minimiser les conséquences socioculturelles et
environnementales négatives et éventuels problèmes.
Les renseignements demandés dans le cadre de l’étude menée auprès des hôtels sont sensibles, et
les responsables ne les divulgueront que s’ils ont reçu l’assurance que les informations
communiquées ne seront pas transmises aux autorités locales ou à la concurrence, et que l’étude
pourra déboucher sur des changements bénéfiques pour l’hôtel en question. Il s’agit là d’un volet de
l’étude auquel il est parfois préférable de ne pas associer les parties prenantes locales – mieux vaut
parfois être un chercheur externe.
Le questionnaire prévoit un certain nombre de contrôles internes permettant de valider les réponses
données. À titre d’exemple, les recettes par chambre devraient équivaloir au nombre de chambres
multiplié par le taux d’occupation et le prix de la chambre. Les frais de personnel devraient
équivaloir au nombre d’employés multiplié par le taux de rémunération moyen. Il est essentiel
d’éviter d’utiliser dans le cadre de l’analyse des données que vous savez être erronées.
Obtenir le soutien des hôtels
Lorsque l’on travaille sur une nouvelle destination, il est important d’essayer de trouver un ou deux
hôtels coopératifs dès le début de l’étude. Démontrer que vous possédez déjà une certaine
connaissance du fonctionnement du marché local peut encourager les hôteliers à partager avec vous
des données sensibles (en leur disant, par exemple, «j’imagine que vous aussi devez accorder aux
plus gros voyagistes des rabais pouvant aller jusqu’à 30% en basse saison?»). Les hôtels les plus
coopératifs sont généralement ceux qui appartiennent au responsable de l’Association des hôteliers
- bien souvent l’opérateur privé le plus prompt à vous aider et aussi parmi les plus dynamiques et
sérieux.
Il arrive que les grandes chaînes hôtelières éprouvent des difficultés à remplir le questionnaire, et ce
pour diverses raisons. Tout d’abord, certaines chaînes se sont dotées de politiques internes pour la
gestion des informations pouvant ou non être divulguées. Qui plus est, certains responsables
d’hôtels n’ont tout simplement pas accès à l’information.
33
À titre d’exemple, la plupart des hôtels situés autour de l’Aire de conservation du Ngorongoro en
Tanzanie ont des bureaux à Arusha qui s’occupent de toutes les réservations et gèrent tout ce qui a
trait à l’approvisionnement, à la logistique et aux finances - les responsables des hôtels ne savent
donc parfois tout simplement pas à combien s’élèvent les recettes de leurs établissements et quel est
le coût des denrées alimentaires (ces renseignements doivent être demandés aux bureaux
compétents). De la même manière, les hôtels ACCOR de Dakar, Sénégal, ne disposent pas d’une
base de données centralisée des biens et services opérationnels qu’ils achètent.
6.2. Étude de la chaîne d’approvisionnement en denrées alimentaires des restaurants
La chaîne d’approvisionnement en denrées alimentaires peut constituer un canal de transmission
des dépenses des touristes à un grand nombre de ménages des zones rurales parmi les plus pauvres.
Il est toutefois tout à fait possible que de grandes quantités de denrées alimentaires soient achetées
par les hôtels dans les pays en développement et que leurs retombées sur les communautés locales
soient minimes. Ces denrées alimentaires peuvent être importées ou obtenues auprès de grandes
exploitations agricoles prospères. Même lorsque ces denrées sont achetées à des petits exploitants,
les producteurs n’en bénéficient pas nécessairement si seule une petite partie du prix de gros ou du
prix de détail payé par les hôtels leur revient.
Il est donc important, non seulement de chiffrer les dépenses en denrées alimentaires des hôtels et
des restaurants, mais aussi de savoir quels sont leurs fournisseurs. À titre d’exemple, pour les
safaris en Tanzanie, certains hôtels recourraient à des intermédiaires chargés de se rendre sur les
marchés locaux pour s’y approvisionner en gros (en regroupant les commandes) auprès de plusieurs
agriculteurs. D’autres hôtels s’approvisionnaient en intrants auprès du grossiste Shoprite à Arusha,
lequel importait l’essentiel de sa marchandise de grosses exploitations commerciales sud-africaines.
Encadré 13: Où se situent les pauvres le long de la chaîne d’approvisionnement en denrées
alimentaires?
Si l’étude est menée à la hâte et sans disposer des connaissances agricoles nécessaires, elle risque de ne pas
permettre de répondre à des questions importantes sur la participation des pauvres à la chaîne
d’approvisionnement en denrées alimentaires. Un survol rapide du tourisme au Rwanda a permis d’estimer qu’un
seul hôtel d’affaires dégage quelque $E.-U. 0,25 millions de revenus pour les agriculteurs, soit environ $E.-U. 10
par nuitée, un peu plus que le salaire perçu par nuitée par les employés de ces types d’hôtels. Il s’agit donc peut-
être là de la plus importante source de revenu pour les pauvres. Une chose n’est cependant pas claire, à savoir
dans quelle mesure l’approvisionnement en denrées alimentaires est-il l’apanage d’une minorité de gros
exploitants agricoles ou de la majorité des petits exploitants pauvres du Rwanda ? Toute intervention en faveur
des pauvres devra étudier la question de manière plus approfondie.
6.3. Chaîne d’approvisionnement en artisanat
L’achat d’artisanat peut avoir d’importantes retombées positives sur les pauvres à destination. À
titre d’exemple, à Luang Prabang au Laos, chaque touriste dépense plus de $E.-U. 30 en artisanat
sur une visite de trois jours et le secteur de l’artisanat est dominé par des femmes appartenant à une
minorité ethnique locale - une couche de la société traditionnellement parmi les plus pauvres. Même
si de la soie, du coton et de l’argent sont importés, des quantités significatives sont produites
localement et la fabrication est essentiellement locale. Sur le marché de nuit, la position des femmes
Hmong s’est également améliorée : de simples productrices, elles sont aujourd’hui devenues
détaillantes et vendent aussi directement aux touristes. Cette montée en grade leur a permis de
s’approprier de la valeur à différents maillons de cette chaîne de valeur dont la valeur de détail est
estimée à $E.-U. 4,5 millions par an.
Il est important de regarder au-delà de la simple vente de détail conclue entre l’artisan et le touriste
et, dans la mesure du possible, de se pencher sur les producteurs des marchandises vendues pour le
marché touristique. Le questionnaire sur la vente de détail de produits de l’artisanat donné en
annexe 4 n’est que le point de départ de l’enquête à mener sur la chaîne d’approvisionnement en
artisanat, et non une fin en soi. En l’absence d’informations sur le maillon «production» de la
chaîne d’approvisionnement et sur les grossistes, il n’est pas possible de déterminer comment
intervenir efficacement afin d’accroître la participation des pauvres à la chaîne
d’approvisionnement en produits de l’artisanat.
La synthèse détaillée du maillon «artisanat» doit couvrir:
Les différents types de points de vente d’artisanat (vendeurs de textile, boutiques vendant de
l’argent/des bijoux, marchés d’artisanat, etc.)
Les producteurs des produits visés
Les fournisseurs ou producteurs de matières premières (soie, bois, métal, etc.)
Les parties impliquées dans le transport, la vente de gros, le finissage, etc.
Ces intervenants peuvent être éparpillés dans tout le pays. S’il n’est pas possible de tous les
interroger, il convient de trouver au moins des informateurs clés capables de fournir des
informations sur chaque niveau de la chaîne.
6.4. Chaînes d’approvisionnement en excursions, loisirs/divertissements et transport
Les dépenses consacrées aux excursions varient considérablement d’une destination à l’autre. Dans
certains complexes hôteliers tout-compris, rares sont les touristes qui sortent de l’hôtel. Ailleurs, les
excursions font à ce point partie intégrante de l’expérience touristique que le nombre d’entrées de
touristes peut être un bon moyen d’estimer les arrivées de touristes.
Des loisirs/divertissements peuvent aussi être proposés pendant ces excursions, comme par exemple
des spectacles de chant, de danses traditionnelles, de musique, des démonstrations de savoir-faire, et
des conteurs. Ils peuvent également être proposés à l’hôtel. En améliorant la qualité et la diversité
des loisirs/divertissements proposés, les interventions peuvent contribuer à préserver la culture
locale, ainsi qu’à améliorer les revenus qui en sont retirés.
Comme avec toutes les autres chaînes d’approvisionnement, il est important de ne pas se contenter
d’étudier la transaction avec le touriste pour comprendre les retombées de leurs dépenses sur le
développement. En Gambie, par exemple, les dépenses des touristes en excursions classiques
proposées par les voyagistes n’avaient qu’un impact limité sur la communauté locale. Les marges
bénéficiaires sur les ventes de détail de ces excursions sont très importantes, les fournisseurs locaux
de services d’excursions ne percevant parfois que 20% du prix de détail de l’excursion. Toutefois,
parallèlement à ces excursions classiques, des produits bien plus favorables aux pauvres étaient
proposés, qui utilisaient les services de guides formés localement, les services de transport et autres
fournisseurs de services locaux. Pour ces excursions, la quasi-totalité des dépenses des touristes se
traduit en revenu pour les pauvres.
Il est important de s’interroger sur les différentes excursions proposées par les voyagistes, à savoir
celles qui sont proposées dans les brochures dans les pays d’origine, ainsi que celles qui le sont à
destination. Ne vous concentrez pas uniquement sur celles qui bénéficient de toute évidence aux
pauvres, l’intervention envisagée pouvant en fait consister à adapter celles qui ne bénéficient
actuellement pas aux pauvres. C’est précisément ce qui a été fait en Gambie dans le cadre d’un
précédant projet (Goodwin, 2002) qui a permis d’accroître les revenus des guides formés et agréés
localement qui travaillent à présent pour les hôtels et les touristes en vacances à forfait.
35
6.5. Études menées auprès des touristes
Selon les offices du tourisme locaux, obtenir des informations fiables des touristes à destination
peut s’avérer difficile, en particulier dans les pays en développement. Même si des études sont
réalisées auprès des touristes, il se peut qu’elles ne contiennent pas les données relatives aux
dépenses dont vous avez besoin. Vous pourrez alors devoir recueillir ces données vous-même
auprès des touristes.
Le recueil de données auprès des touristes peut être utilisé pour déterminer la demande actuelle et
potentielle pour les produits et services susceptibles d’être fournis par des pauvres. Ces données
peuvent être collectées à des points stratégiques, tels les aéroports, l’entrée des parcs, les offices du
tourisme, les sites touristiques populaires, ou les lieux d’hébergement.
L’étude réalisée auprès des touristes peut porter sur d’innombrables questions, probablement trop. Il
faudra, quoi qu’il advienne, qu’elle couvre les points les plus importants qui vont vous permettre
d’établir le type de touriste (nationalité, durée du séjour, but du voyage) et d’obtenir des
informations de base sur les dépenses engagées à destination (en vue de leur intégration aux
estimations des RBP). Pour le reste, tout dépend des questions et options que vous souhaitez
étudier, que ce soit pour revaloriser l’ensemble de la destination, développer certains types
d’excursions, renforcer la collaboration avec les voyagistes ou les hôteliers. Il n’est donc pas
nécessairement idéal de débuter l’analyse par une étude auprès des touristes, mais plutôt de la
réaliser à mis parcours du travail de terrain.
Encadré 14: Informations pouvant être recueillies auprès des touristes3
Profil démographique: Tranche d’âge, sexe, niveau d’éducation, pays d’origine, et nationalité des visiteurs? Qui
fait partie du voyage jusqu’à la destination? Combien rendent visite à des résidents étrangers et combien sont des
touristes?
But du voyage: S’agit-il d’un voyage d’affaires ou de tourisme? Rendent-ils visite à de la famille ou à des amis?
Le séjour a-t-il un but didactique ou humanitaire? Pourquoi avoir choisi cette destination ?
Dépenses: Quelle est la somme totale dépensée pour l’ensemble du voyage et à destination, ventilée, si possible,
par maillon de la chaîne de valeur? Quel est le montant des dépenses non obligatoires en achats et pourboires, par
exemple?
Services achetés: Quels types de circuits et de forfaits ont été achetés? À qui? Les billets ont-ils été achetés depuis
l’étranger ou dans le pays? Quels sont les autres services utilisés? Sont-ils satisfaits des services achetés? Qui tire
le plus grand parti des recettes découlant de ces achats? À combien s’élèvent généralement ces dépenses ?
Combien de touristes séjournent dans la zone cible par opposition à ceux qui ne font qu’y passer? Quels sont les
sites visités pendant le séjour?
Expériences et connaissances recherchées: Souhaitent-ils mieux comprendre la vie sauvage, la culture locale, ou
l’histoire de la région? Quels sont les lieux d’intérêt qu’ils ont l’intention de visiter ? Qu’ont-ils l’intention de
faire durant leur visite?
Approche du voyage: Quelle est la taille du groupe qui voyage? Certains visiteurs sont-ils déjà venus à la
destination? Comment se sont-ils informés pour le voyage/ont-ils réservé le voyage? Quel(s) moyen(s) de
transport ont-ils utilisé(s) pour parvenir à destination et une fois sur place? Combien de personnes se déplacent
d’un endroit à l’autre? Combien se rendent simplement à la destination?
Satisfaction globale: La destination répond-t-elle aux attentes des visiteurs? Y-trouvent-ils les expériences et les
connaissances recherchées? Celles-ci se déroulent-elles comme ils le souhaitent? Les services proposés
répondent-ils à leurs besoins et à leurs attentes? Quelles sont, le cas échéant, les lacunes qui pourraient être
comblées et les possibilités existantes pour répondre aux besoins et aux attentes des visiteurs? Reviendraient-ils au même endroit? Recommanderaient-ils la destination à d’autres personnes?
3 Manuel TAP : 46-47
Vous trouverez en Annexe I un exemple de questionnaire pour les touristes. L’analyse des résultats
obtenus peut vous permettre de comprendre la demande de différents services et d’installations liés
au tourisme qui pourront être développés ou consolidés dans le cadre du projet.
37
Chapitre 7 : Étape 5 - Définir les flux de revenus, les revenus bénéficiant en priorité
aux pauvres et les obstacles auxquels se heurtent les pauvres
Cette étape permet de voir comment les revenus circulent le long de la chaîne de valeur, et notamment de
déterminer les sommes qui reviennent aux pauvres. Elle met aussi en exergue les facteurs clés qui
favorisent ou entravent l’obtention de ces revenus. Il s’agit vraisemblablement là du volet le plus exigeant
de l’établissement du diagnostique. Des centaines de données devront être compilées, comparées,
ventilées et additionnées pour obtenir des résultats. Toutefois, dès lors que les chiffres sont disponibles,
ils sont un précieux atout pour comprendre les retombées financières de l’économie touristique sur les
pauvres.
Une fois le puzzle reconstitué, les chiffres peuvent être ajoutés à la carte de la chaîne de valeur. Pour cela,
il existe plusieurs solutions possibles comme le montre la présente section, mais il s’agit, en substance, de
représenter les flux des ventes qui bénéficient aux pauvres en différents points de la chaîne.
La figure 5 contient un exemple tiré de la Gambie. Elle montre que les achats sont la source de revenus la
plus importante pour les pauvres, tant en valeur absolue qu’en pourcentage. Elle montre aussi que le
transport et les excursions sont importants, en ce sens qu’une proportion importante du chiffre d’affaires
généré revient aux pauvres (ce qui laisse à penser qu’en les développant les retombées sur les pauvres
pourraient être encore plus grandes). L’alimentation et les boissons représentent une part beaucoup moins
importante des revenus des pauvres, mais en valeur absolue le chiffre est plus élevé (ce qui indique
qu’une augmentation même modeste de la part en pourcentage pourrait avoir un impact plus important).
Figure 5: Utilisation de la chaîne de valeur pour cartographier les flux de dépenses et la part qui revient aux
pauvres en Gambie, 2005
Source : Mitchell. et Faal (2008)
Au Laos, les revenus bénéficiant en priorité aux pauvres ont été estimés pour chaque groupe de pauvres
représenté sur la carte en Figure 4. Il en est ressorti que les principaux flux de revenus bénéficiant en
priorité aux pauvres n’étaient pas enregistrés dans les domaines sur lesquels se concentraient jusque là les
interventions de tourisme axées sur les pauvres, à savoir le tourisme de village. Les groupes de pauvres
dont les revenus étaient les plus élevés sont les producteurs et les vendeurs de viande et de poisson
(revenus estimés à $E.-U.2,4 m par an, sachant que cette estimation serait inférieure si l’on utilisait les
techniques d’évaluation de la chaîne de valeur les plus récentes). Plusieurs autres groupes enregistraient
aussi des revenus substantiels : producteurs de denrées alimentaires, tisserands, vendeurs d’artisanat,
conducteurs de tuk-tuk et employés des hôtels et chambres d’hôtes. Les résultats sont résumés en Figure
6, laquelle montre que ce sont l’alimentation et l’artisanat qui bénéficient le plus aux pauvres.
Si les chaînes de valeur peuvent être présentées de manière détaillée ou sous la forme d’un résumé, elles
ont en commun qu’elles permettent d’évaluer les revenus bénéficiant en priorité aux pauvres générés à
chaque maillon de la chaîne de valeur du tourisme.
Hébergement : 19,1%, $E.-U 36,6m
Alimentation et boissons dans les hôtels et
restaurants : 16,1%, $E.-U.30,2m
Services d’escale : 1,2%, $E.-U. 2,2m
Achats : 5%, $E.-U. 9,6m
Maillon de la chaîne de valeur
Chiffre d’affaires par maillon en % du chiffres
d’affaires total et en $E.-U. p.a.
Excursions : 4,7%, $E.-U. 9m
Transport local : 1,4%, $E.-U. 2,6m
Autres dépenses discrétionnaires : 3,5%,
$E.-U. 6,6m
Atterrissage et prise en charge des passagers :
2,4%, $E.-U. 4,6m
Compagnies aériennes : 33,6%, $E.-U. 64,4m
Voyagistes internationaux : 12,4%, $E.-U. 23,8m
Revenus bénéficiant en priorité aux
pauvres en % du chiffre d’affaires et
en $E.-U. p.a.
7% aux pauvres, $E.-U. 2,4m par an
11% aux pauvres, $E.-U. 3,4m par an
50% aux pauvres, $E.-U. 4,8m par an
25% aux pauvres, $E.-U. 2,2m par an
43% aux pauvres, $E.-U. 1,2m par an
39
Figure 6: Utilisation de la chaîne de valeur pour cartographier les flux de dépenses et la part qui revient aux
pauvres à Luang Prabang, Laos 2006
Source : Ashley C. (2006)
Maillon de la chaîne de valeur et chiffre
d’affaires p.a.
135 000 touristes à Luang Prabang,
dépenses : $E.-U.27,5m
Hébergement $E.-U. 8,7m
Alimentation et boissons $E.-U. 7m
Bibelots et artisanat $E.-U. 4,4m
Transport et excursions $E.-U. 1,8m
Revenus bénéficiant en priorité aux
pauvres en % du chiffre d’affaires et en
$E.-U. p.a.
6%, $E.-U. 0,55m
Employés hôtellerie ($E.-U. 0,29m)
Employés chambres d’hôtes ($E.-U. 0,22m)
45-50%, $E.-U. 3m
Producteurs/vendeurs de viande et de
poisson ($E.-U. 2,4m)
Producteurs de denrées alimentaires fraîches
(jusqu’à $E.-U. 0,8m)
40%, $E.-U. 1,8m
Tisserands ($E.-U. 0,55m)
Fournisseurs d’argent et autres ($E.-U.
0,51m)
Fournisseurs de soie ($E.-U. 0,27m)
Vendeurs ($E.-U. 0,20m)
33%, $E.-U. 0,6m
Conducteurs de tuk-tuk ($E.-U. 0,30m)
Propriétaires de bateaux ($E.-U. 0,11m)
Guides ($E.-U. 0,15m), hébergeurs des
villages ($E.-U. 0,1-0,2m)
Estimer les revenus bénéficiant en priorité aux pauvres (RBP) n’est pas une mince affaire. Des
questions doivent être posées avec précaution, et souvent des estimations au jugé doivent être
utilisées pour combler les blancs. L’encadré 15 contient davantage de conseils transversaux pour
examiner différentes questions liées à chaque maillon de la chaîne.
Encadré 15 : Estimation des flux de RBP
Les revenus bénéficiant en priorité aux pauvres couvrent tous les types de revenus gagnés par les pauvres dans le
cadre de leur participation à la chaîne touristique, que ce soit en tant qu’employés, entrepreneurs ou vendeurs.
Parmi les premières étapes essentielles de l’estimation des RBP figurent :
Préciser ce que vous entendez par « pauvres ». Tous les salaires versés aux serveurs des hôtels doivent-ils
être inclus, ou seuls les salaires inférieurs à un seuil donné, ou encore seuls ceux versés à un certain type
de personnes d’origine pauvre ?
Énumérer les différents types de RBP à estimer – honoraires des conducteurs de bateaux, salaires de
l’hôtellerie, revenu des artisans, des vendeurs de nourriture… Chacun doit être calculé séparément.
Évaluer le total des dépenses touristiques à l’extrémité supérieure de la chaîne. Quelles sont les sommes
moyennes dépensées pour ce maillon par voyage, ou par jour ? Ou encore, quel est le total des sommes
dépensées par an par l’ensemble des touristes ? Une fois déterminée la somme totale, il est possible
d’utiliser les pourcentages pour savoir ce qui revient au producteur, par exemple si vous savez que les
hôtels consacrent 5% de leur chiffre d’affaires au personnel autre que de direction, ou que les magasins
d’artisanat pratiquent des prix de détail environ 300% supérieurs au prix payé au producteur, alors le
revenu bénéficiant en priorité aux pauvres peut être déduit assez facilement.
Procédez à une analyse « en amont » (en d’autres termes en remontant jusqu’à la production) de la chaîne
d’approvisionnement, là où les pauvres sont actifs. Les magasins d’artisanat et les restaurants
n’appartiennent peut-être pas à des pauvres, mais ils s’approvisionnent en marchandises produites par des
pauvres, et souvent vendues par eux.
Ce qu’il faut faire : Estimer les RBP est une question de bon sens mais peut s’avérer complexe. En résumé :
Pour chaque maillon, définir les types d’entreprises dont vous allez estimer les RBP, ainsi que
l’échantillon que vous allez interroger.
À partir des entretiens, estimer les flux de RBP moyens pour un type d’entreprise.
Trouver comment, à partir de ce chiffre, calculer le total annuel. Pour cela, il suffit généralement de
multiplier le chiffre obtenu par le nombre d’entreprises dans l’échantillon. Parfois les informations
disponibles ne sont qu’une estimation par touriste ou par nuitée, auquel cas il vous faudra estimer le total
des dépenses différemment.
Les estimations et les totaux doivent être calculés pour tous les types d’entreprises du maillon.
Puis pour chaque maillon.
Lorsque vous disposez d’estimations, recoupez-les, voyez si elles correspondent à l’idée que d’autres s’en
font et aux résultats similaires obtenus ailleurs. Une fois les chiffres confirmés, ajoutez-les à la carte de la
chaîne de valeur.
Attention :
Les revenus officiels sont parfois faussés par les pourboires ou les pots-de-vin.
Parfois les entreprises génèrent différents types de RBP : un restaurant emploie des travailleurs non
qualifiés et injecte de l’argent dans la filière alimentaire. Vous devez poser toutes ces questions pendant
l’entretien.
Parfois les données sont données par employé ($E.-U. par mois, mais pour combien de personnes ?),
parfois ce sont des pourcentages qui sont donnés (20% du chiffre d’affaires sont consacrés aux achats
auprès des producteurs, mais à combien s’élève le chiffre d’affaires ?), et parfois les chiffres ne
correspondent pas (les revenus s’élèvent à $E.-U. 5 par repas et les achats de tomate s’élèvent à $E.-U.
120 par mois). Pour compléter le puzzle, l’évaluation des données doit être constante pour vérifier
qu’elles sont utilisables, et combler les lacunes.
Les revenus bruts et les revenus nets sont différents, même s’ils le sont parfois moins pour les
entrepreneurs individuels. Mais, à titre d’exemple, le chiffre d’affaires d’un conducteur de rickshaw sera
bien plus élevé que ses revenus réels, du fait des frais en carburant et en entretien.
Votre réponse finale ne doit pas être une simple estimation des RBP. N’oubliez-pas de tenir compte de tous les
facteurs dont dépendent ces revenus – les obstacles qui pourraient être surmontés, ou les maillons de la chaîne
susceptibles d’être renforcés ou consolidés.
41
Chapitre 8 : Calcul des revenus bénéficiant en priorité aux pauvres
8.1. Calcul des revenus bénéficiant en priorité aux pauvres à partir des données obtenues
lors des entretiens avec les hôtels
Le calcul de la part que représente l’hébergement, et qui bénéficie en priorité aux pauvres, peut être
réalisé de plusieurs manières :
Premièrement, la solution la plus simple consiste à partir du principe que tous les salaires
versés au personnel autre que de direction par les hôtels aux travailleurs de la branche de
l’hébergement (le personnel de restaurant et de cuisine fait partie de la filière alimentaire)
constituent des revenus bénéficiant en priorité aux pauvres (RBP). Cette approche est
quelque peu simpliste car elle part du principe que tout le personnel autre que de direction
perçoit un salaire de misère.
L’autre possibilité consiste à comparer les salaires de l’hôtellerie aux seuils de pauvreté
local et international et à déterminer quelle part des salaires autres que versés à la direction
ne permettrait pas de faire passer le salaire moyen des ménages au-dessus du seuil de
pauvreté.
Plus récemment, une évaluation dynamique de la pauvreté a été réalisée dans le cadre d’un
certain nombre d’analyses. Des responsables d’hôtels se sont vus demander d’estimer le
pourcentage d’employés autres que de direction qui venaient d’un milieu pauvre et ce
pourcentage était appliqué à la masse salariale autre que de direction. Cette approche a le
mérite d’éviter les difficultés rencontrées à l’heure de déterminer si les salaires sont des
salaires de pauvreté et évalue plutôt la capacité du secteur du tourisme à absorber les
pauvres et à améliorer leurs moyens de subsistance.
Dans tous les cas, obtenir une estimation des niveaux de salaires par catégorie d’employés est une
des opérations les plus importantes et les plus difficiles du questionnaire destiné aux hôtels. Savoir
combien de membres du personnel entrent dans la catégorie « pauvres » telle que vous l’avez
définie, et connaître leur salaire moyen (pourboires inclus) est essentiel. Déterminer le salaire
mensuel moyen type des employés non-qualifiés et semi-qualifiés risque de vous donner un chiffre
total erroné en cas de variation importante et inégale entre eux.
Quelle que soit la méthode retenue, les revenus bénéficiant en priorité aux pauvres (RBP) dans le
secteur de l’hébergement représentent généralement une faible proportion du chiffre d’affaires du
secteur de l’hébergement hôtelier – généralement entre 5% et 15% du chiffre d’affaires des
chambres. La part des RBP est généralement inférieure pour les établissements haut de gamme que
pour les établissements plus modestes, et ce en dépit des salaires relativement élevés et de la plus
forte intensité de main-d’œuvre des établissements haut de gamme. Le prix des chambres pratiqué
dans les hôtels cinq étoiles dans les pays en développement est souvent un prix international,
sachant que les salaires pratiqués sont eux considérablement inférieurs à ceux de New York ou
Tokyo, par exemple.
8.2. Calcul des revenus bénéficiant en priorité aux pauvres dans la filière alimentaire
Les dépenses alimentaires constituent souvent un flux financier important dans la chaîne de valeur
du tourisme, ainsi qu’une source de RBP potentiellement significative. Il est donc important de
calculer la part des dépenses alimentaires qui revient aux pauvres (si le total des dépenses est élevé
de même que la part qui leur revient, les retombées globales seront majeures).
Il est nécessaire de ventiler la consommation totale de denrées alimentaires des hôtels en différentes
catégories (viande, poisson, légumes, fruits, céréales, produits laitiers et épicerie sèche, par
exemple, - voir le questionnaire destiné aux hôtels en Annexe 3). Cette ventilation est importante
pour deux raisons. Premièrement, selon les hôtels les denrées achetées peuvent varier du tout au
tout : dans les hôtels s’adressant aux touristes nationaux les féculents de base représentent une
grande partie de toutes les denrées alimentaires achetées, alors que dans les hôtels haut de gamme
ce sont les fruits et le poisson qui constituent des postes de dépenses importants. Deuxièmement, la
part de la chaîne de valeur qui bénéficie aux pauvres varie considérablement d’un type
d’hébergement à l’autre. À titre d’exemple, en Éthiopie les pêcheurs pauvres perçoivent environ un
tiers du prix payé par les hôtels pour leur production, comme le montre la Figure 1 plus haut. À
l’inverse, dans l’exemples des céréales donné plus bas, une part très élevée du prix de détail final
revient aux petits producteurs majoritairement pauvres qui produisent du teff – les intermédiaires
entre les producteurs et les hôtels percevant des marges très limitées.
Figure 7 : Cartographie de l’approvisionnement en céréales en Éthiopie pour évaluer les revenus
bénéficiant en priorité aux pauvres
Fourniture
d’équipements,
intrants
Culture, récolte,
transformation
primaire
Classification,
transformation,
conditionnement
Transport
Distribution,
vente
Préparation,
consommation
Acteurs
Fournisseurs
d’intrants
spécifiques
Agriculteurs
producteurs
primaires
Conditionneurs
(courtier)
industrie agro-
industrie
Négociants Consommateur
final
Prix Teff
$/tonne
$940 $980 $1,040 $1,080
Marge brute 17% 8% 6% 4%
Part du revenue
final
87% 4% 6% 4%
Source: Mitchell et Coles (2009)
L’établissement du profil des revenus bénéficiant en priorité aux pauvres le long de ces chaînes
d’approvisionnement exige, cependant, une analyse détaillée par un expert en agriculture depuis la
production jusqu’à la consommation finale.
Évaluation des RBP dans le secteur de l’artisanat
Tel qu’indiqué précédemment, dans le secteur de l’artisanat comme dans celui de l’alimentation,
lorsque l’on évalue les RBP, il est tout aussi important de remonter jusqu’aux producteurs primaires
et aux fournisseurs d’intrants. On ne peut partir du principe que, toutes proportions gardées,
l’artisanat bénéficie en priorité aux pauvres. L’évaluation des RBP dira ce qu’il en est réellement et
s’il est possible de faire changer les choses.
L’exemple de l’Éthiopie donné dans la Figure 8 illustre les contrastes marqués qui existent le long
de la chaîne de valeur de l’artisanat dans deux petites villes situées dans le circuit culturel de la
Intrant donné
Production
Transformation
Commerce
Consommation
43
partie septentrionale du pays, contrastes qui n’apparaissent que lorsque les flux financiers sont mis
en relief en amont et en aval de la chaîne. Les ventes d’artisanat aux touristes, tant à Axum qu’à
Lalibela, représentent environ $E.-U. 300 000 par an. Cependant, les retombées du secteur de
l’artisanat sur le développement des deux villes sont totalement différentes. À Lalibela, la
production locale d’artisanat est minime, de sorte que les bénéfices des ventes se limitent à la marge
de détail perçue par un petit nombre de vendeurs. Non loin de là, à Axum, non seulement la quasi-
totalité des articles d’artisanat vendus à destination sont produits localement, mais l’ensemble de la
branche exporte aussi une grande partie de sa production vers le marché beaucoup plus vaste
d’Addis-Abeba.
Figure 8 : Comparaison des estimations des RBP sur deux chaînes d’approvisionnement en artisanat
en Éthiopie : Axum et Lalibela
Source: Mitchell et Coles (2009)
Importation principalement d’Addis
Quelques gros magasins
64%
De nombreux petits magasins
36%
Touristes à Lalibela
$266.000
Production
locale
$266.000
$135.000
$13.500 $121.500
Producteurs locaux
Quelques gros
magasins 90%
De nombreux petits magasins
10%
Vendeurs
ambulants
Touristes à Axum
$300.000
Touristes à Addis
$400.000
Négoce des producteurs
5%
Importations
d’autres
régions
45% 45%
45% 45%
Addis Addis
Évaluation des RBP dans les secteurs des excursions, des loisirs et des transports
Les mêmes principes s’appliquent à l’heure d’évaluer les RBP découlant des excursions et des
transports. Mais au regard de la diversité des excursions proposées, les règles ne sont pas
immuables. Les RBP dégagés par une croisière de deux heures sur bateau à aubes dépend du tarif
pratiqué par le batelier (pauvre) moins les dépenses immédiates multiplié par le nombre de
passagers (ou par le nombre de voyages, selon que le tarif pratiqué est un tarif par personne ou par
bateau). À l’inverse, calculer les RBP dégagés par une excursion en 4x4 de trois jours dans le pays
est un processus complexe, et exige de procéder à une analyse des dépenses alimentaires,
d’hébergement, etc. En ce qui concerne les loisirs et les spectacles culturels, le prix peut être facturé
par personne.
La Figure 9 contient un exemple des RBP dégagés par une excursion au Kilimandjaro en Tanzanie.
Figure 9 : Ventilation des prix pratiqués pour la randonnée en montagne
Source: Mitchell et Keane (2008)
Cet exemple présente une difficulté supplémentaire, en ce sens que parce que plus de la moitié des
dépenses liées aux excursions reviennent au parc du Kilimandjaro sous la forme de droits d’accès,
comment ceux-ci doivent-ils être comptabilisés ? Ces droits d’accès pourraient être considérés
comme bénéficiant aux pauvres car ils reviennent à un gouvernement qui s’est engagé à réduire la
pauvreté – de sorte que les recettes du gouvernement bénéficient, par définition, aux pauvres.
D’autre part, l’autre solution consisterait à voir dans quelle mesure les communautés qui vivent
autour du parc tirent parti des droits d’accès à celui-ci, pour en déduire que les droits d’accès sont
un très bon moyen de transférer les ressources des touristes aux communautés pauvres. Le point
faible est ici que la fonction du gouvernement central consiste à redistribuer les ressources dans
l’ensemble du pays, de sorte que le fait que les bénéfices ne soient pas redistribués au plan local ne
démontre pas que les pauvres ne tirent pas parti des droits d’accès au parc. La question devra être
posée pour toutes les excursions en rapport avec la faune et la flore sauvages ou les ressources
naturelles sur lesquelles le gouvernement perçoit des droits significatifs.
Comprendre
Suivre l’évolution des RBP a deux objectifs. Tout d’abord, obtenir des chiffres annuels représentant
l’ensemble des revenus qui bénéficient aux pauvres, puis déterminer d’où ils tirent leurs revenus du
45
tourisme. Quels sont les maillons les plus importants pour les RBP ? Quels sont les maillons les
plus importants en termes financiers mais qui ne bénéficient guère aux pauvres ? Le deuxième
objectif est d’obtenir, aux points clés de la chaîne, une analyse plus détaillée de la manière dont les
pauvres retirent un bénéfice de la chaîne. Ces données permettent ensuite une analyse des
différentes solutions et facteurs qui favorisent ou entravent leur participation et l’obtention de
revenus.
L’évaluation des sommes qui reviennent aux pauvres est certes utile mais constitue un instrument
trop brut pour la planification des projets. En ce qui concerne les maillons de la chaîne qui
présentent un intérêt particulier, une enquête plus poussée est nécessaire pour déterminer le quoi, le
comment, le pourquoi, etc., comme dans le cas des filières alimentaire et artisanat. Si les revenus
sont très modestes, est-ce parce que les conditions de participation ne sont pas favorables aux
pauvres et pourraient être modifiées, ou cela est-il dû au simple fait qu’il s’agit d’un produit de
faible valeur ? Comment les pauvres perçoivent-ils les obstacles auxquels ils ont confrontés ?
Comment les autres parties prenantes les perçoivent-elles ? Quels sont les obstacles pouvant être
surmontés et les nouvelles tendances à exploiter ?
Une enquête détaillée ne peut de toute évidence pas être réalisée pour chaque point de la chaîne
auxquels interviennent des pauvres. Il est donc nécessaire de procéder par itération entre l’Étape 5
(calcul des RBP) et l’Étape 6 (déterminer les points de la chaîne sur lesquels se concentrer).
PHASE 2: POSSIBILITÉS OFFERTES PAR LE PROJET,
ÉTABLISSEMENT DE PRIORITÉS ET FAISABILITÉ
Il s’agit à ce stade d’établir une « liste détaillée » des possibilités offertes par le projet pour ensuite
passer à une « liste restreinte » d’interventions prioritaires qui devraient être mise en œuvre. À
l’aide des informations recueillies en Phase 1, vous devriez être en mesure d’évaluer l’impact
potentiel, la pertinence, la durabilité, ainsi que les risques et la facilité de mise en œuvre des projets
proposés.
Principes, ingéniosité et évaluation logique
Un des principaux dangers des enquêtes portant sur la chaîne de valeur du tourisme tient au fait que
les personnes responsables investissent du temps dans la description de la chaîne de valeur pour
finalement proposer le même type d’intervention qu’elles auraient proposé ailleurs.
Il n’est cependant pas facile de passer d’une analyse descriptive du secteur du tourisme à un
ensemble de recommandations normatives. Savoir quelles sont les parties de la chaîne de valeur du
tourisme qui bénéficient, ou non, actuellement en priorité aux pauvres ne suffit pas, en soi, à mettre
en évidence les points sur lesquels intervenir pour dégager davantage de bénéfices pour les pauvres.
Il est nécessaire pour cela de juger de la possibilité d’accroître les avantages et de supprimer les
blocages. En fait, le plus important dans le processus d’établissement du diagnostique et de
planification est d’utiliser judicieusement les informations recueillies pour établir une première liste
détaillée d’interventions possibles, laquelle sera suivie d’une liste plus restreinte.
L’erreur fréquemment commise dans le cadre des études diagnostiques consiste à allouer une trop
grande quantité de ressources à la cartographie initiale et à ne pas se ménager suffisamment de
temps pour étudier de près les implications. L’autre erreur consiste à passer trop vite aux
hypothèses : le fait qu’un maillon de la chaîne bénéficie déjà en priorité aux pauvres offre les
meilleures chances d’expansion (voir Encadré 13).
47
Encadré 13 : Travailler sur la base d’hypothèses
pour passer de la description du secteur aux
recommandations
Toutes sortes d’hypothèses peuvent aisément être
établies mais devraient être évitées, comme par
exemple :
Artisanat local en vente dans le nord du Rwanda.
« L’artisanat est, toutes proportions gardées, le
secteur qui bénéficie le plus aux pauvres et c’est donc
sur lui que devraient se concentrer les efforts
d’expansion ». Certes, c’est possible, mais il se peut
aussi que le secteur ne puisse pas être développé plus
avant (comme peut-être à Luang Prabang). Un
secteur qui ne bénéficie actuellement pas autant aux
pauvres (comme la filière alimentaire) offrira
davantage de chances de succès, de même que
l’augmentation du nombre d’arrivées permettrait
d’accroître davantage le revenu des artisans.
« Le secteur de l’alimentation et des boissons de cette
destination ne bénéficie guère aux pauvres, inutile
donc d’envisager des interventions s’y rapportant ».
Si les RBP sont actuellement minimes, ce qui importe
c’est de voir comment surmonter les contraintes
existantes (comme par exemple aux Maldives ou au
cap Vert où il serait difficile de modifier la part des
denrées alimentaires locales fraîches utilisées comme
intrants), ou de se demander si une intervention
pourra accroître le revenu des pauvres.
Chapitre 9: Étape 6 – Indiquer les maillons de la chaîne de valeur pouvant être
modifiés
C’est à partir de l’étude diagnostique que l’on va décider des points sur lesquels intervenir, et
comment, afin d’accroître les avantages revenant aux pauvres. La cartographie de la chaîne devrait
montrer où les pauvres interviennent déjà, s’il y a création de valeur, et pourquoi. L’étape suivante
consiste à dire s’il existe des perspectives de création de valeur supplémentaire par les pauvres et
quels sont les obstacles à surmonter.
Au terme des Étapes 1 à 5, vous devriez disposer d’une carte – ou de plusieurs – représentant la
chaîne de valeur du tourisme, notamment une sur laquelle figurent les différentes parties prenantes,
une qui indique où les pauvres sont présents, et une (probablement simplifiée et présentée sous
forme de maillons clés) représentant les flux de RBP.
Il s’agira ensuite d’identifier les maillons clés de la chaîne que vous pourriez essayer de modifier au
bénéfice des pauvres. C’est à partir de là que pourra être déterminée la portée des interventions
possibles.
Si les évaluations diagnostiques de la chaîne de valeur peuvent grandement varier en termes
d’approche adoptée et de recommandations formulées, cinq points méritent généralement que l’on
s’y attache :
1. Les parties de la chaîne de valeur qui
bénéficient déjà quelque peu aux pauvres (en
→ Est-il possible d’accroître la production ou de donner un rôle
plus important aux producteurs ?
%). Quels sont les obstacles à surmonter ?
2. Les parties importantes de la chaîne en
termes de création de valeur mais qui ne
bénéficient guère aux pauvres.
→ Est-il possible d’accroître la part qui revient aux pauvres ?
Même de façon marginale, un déplacement de 1% de la
production industrielle classique vers les pauvres peut
générer, en volume, des revenus bénéficiant en priorité aux
pauvres.
3. Les parties de la chaîne dont la part qui
revient aux pauvres est faible en
comparaison des normes internationales.
→ Pourquoi cette part est-elle faible ?
La situation est-elle immuable ou des changements sont-ils
envisageables ?
4. La partie de la chaîne de valeur sur
laquelle se concentrent les pauvres.
→ Est-il possible de les aider à améliorer leur production ou
leur rôle dans la chaîne ?
5. Les parties de la chaîne sur lesquelles des
changements sont déjà en train de s’opérer.
→ Si les volumes augmentent, peut-être sera-t-il plus facile
d’accroître la part qui revient aux pauvres. Si les structures
sont déjà souples, le moment est venu de procéder à des
aménagements qui bénéficieront aux pauvres.
La recherche-action des trois dernières années laisse à penser que les domaines d’intervention
retenus à titre prioritaire sont très variés. L’essentiel est de disposer d’un cadre qui permette de bien
comprendre toute la palette des interventions bénéficiant aux pauvres et de les évaluer avec rigueur.
Réfléchir aux différents moyens d’améliorer la place des pauvres le long de la chaîne de valeur
(Tableau 5) peut permettre une réflexion plus large avant de se prononcer définitivement sur les
changements à apporter.
Les domaines d’intervention retenus peuvent
être mis en exergue sur une carte, ou
simplement énumérés sous forme de liste. Les
raisons ayant motivé les choix doivent être
claires, puis être évoquées avec les parties
prenantes clés. Il s’agit là d’une étape
essentielle pour la Phase 2, laquelle débutera par
la planification des interventions dans les
domaines sélectionnés.
Note : À ce stade, mettre en évidence les changements à opérer le long de la chaîne de valeur pour
qu’elle bénéficie aux pauvres n’est pas la même chose que mettre en évidence les points auxquels il
convient d’intervenir. L’étude diagnostique peut aboutir à la conclusion qu’un changement clé à
opérer concerne les bénéfices tirés de l’artisanat par les pauvres. En Phase 2, vous pourrez
néanmoins planifier une intervention en collaboration directe avec les voyagistes pour atteindre cet
objectif.
Chapitre 10: Étape 7 – Analyse des stratégies
Les informations recueillies et les résultats obtenus dans le cadre des trois études importantes (étude
de produit/marché, étude des communautés pauvres, et étude de l’IAC) constitueront les intrants
nécessaires au lancement du projet de tourisme inclusif, à la planification et à la mise en œuvre.
Bien qu’il ne soit pas nécessaire de régler dans le moindre détail le projet proposé dans l’étude
d’opportunité, une analyse des principaux problèmes et stratégies nécessaires à la concrétisation des
résultats souhaités aidera l’auteur ainsi que le lecteur de l’étude d’opportunité à se faire une idée
plus claire de la chose.
L’important n’est pas tant de savoir ce qui bénéficie déjà en priorité aux pauvres, mais plutôt de surmonter les obstacles existants et d’accroître leurs débouchés.
49
Pourquoi analyser les stratégies possibles ?
Avant même de commencer à réfléchir à des résultats et à des activités concrets, il est bon d’avoir une idée
claire des conditions internes et externes dans lesquelles s’inscrit le projet de tourisme inclusif. Les besoins
et les exigences des partenaires au projet doivent ici être évalués et judicieusement conciliés. Ce type
d’analyse est également fort utile pour expliquer l’intérêt du projet pour le groupe cible, la région et le pays
visé. Enfin, elle contribue à expliciter ses intentions et à les rendre plus transparentes, ainsi qu’à éviter de
viser des objectifs et d’adopter des stratégies incompatibles.
Les différentes phases proposées ci-après pour l’élaboration de la stratégie vont dans le sens des
méthodes de gestion des projets en vigueur, telles l’approche du cadre logique ou la gestion axée
sur les résultats.
10.1. Qu’est-ce qui ne fonctionne pas? – Analyse du problème
Tout commence par l’analyse du problème. Les activités et les objectifs du projet de tourisme
inclusif ne devraient, en effet, pas être uniquement fonction de la manière dont le donateur perçoit
les problèmes et les besoins ou de son portefeuille traditionnel d’assistance. Ils devraient plutôt être
déterminés en fonction de problèmes précis et bien réels. Les parties prenantes au PRPT ayant peut-
être des problèmes et des priorités différents, il est nécessaire de parvenir à une perception
commune de la situation. Il est important de comprendre que pour obtenir une définition réaliste et
rationnelle des objectifs du projet, une identification et une évaluation détaillées des problèmes et
besoins prioritaires sont nécessaires.
La phase d’analyse devrait toujours débuter par un examen attentif des problèmes. La première
question à poser est quels sont les problèmes les plus importants qui doivent être réglés par le projet
et en quoi ces problèmes sont-ils liés les uns aux autres ? La question doit être posée lors d’un
exercice participatif rassemblant les principales parties prenantes au projet, exercice pouvant être
réalisé dans le cadre des études communautaire et des IAC.
L’analyse des problèmes/besoins devrait, par principe, être :
Axée sur les problèmes : limitez l’analyse aux problèmes/besoins les plus importants et en
examiner les causes profondes ;
mais tout en :
Comprenant le système : gardez une vue d’ensemble de la situation, en d’autres termes ne
perdez pas de vue les problèmes et facteurs connexes, mais aussi les restrictions imposées aux
projets de tourisme inclusif.
Un exercice de remue-méninges peut être utilisé pour définir les principaux problèmes/besoins. Il
est important de les définir en tenant compte du groupe cible du projet. Dans l’idéal, l’analyse
devrait aussi impliquer une évaluation des causes et des effets, en d’autres termes présenter le
problème de manière structurée en différents niveaux liés entre eux. Qui plus est, les études de base
peuvent contribuer à l’analyse des problèmes. En évaluant le lien entre les différents problèmes,
l’on pourrait se retrouver avec un « arbre à problèmes » pouvant aider à structurer l’analyse.
10.2. Quel est l’objectif visé? – Analyse des objectifs
Une fois les points faibles mis en lumière, l’étape suivante consiste logiquement à chercher des
solutions à ces problèmes. Il est à ce stade nécessaire d’identifier, de préciser, et de mettre en
balance les objectifs et les résultats escomptés. Il devrait en découler une stratégie qui précise les
besoins à satisfaire pour réaliser les objectifs fixés.
L’objectif général du projet de tourisme inclusif est, par définition, la réduction de la pauvreté et
l’amélioration des moyens de subsistance des communautés pauvres ciblées. En reprenant la même
structure que celle préparée pour l’analyse des problèmes, les points faibles identifiés (piètre qualité
des services touristiques, par exemple) devraient être reformulés en résultats ou en objectifs positifs
(amélioration de la qualité des services touristiques conformément aux normes internationales, par
exemple).
Il n’est toutefois par nécessaire de traduire en objectifs tous les problèmes identifiés, mais
simplement les plus importants et pertinents. Veillez aussi à faire très attention au lien entre les
différents résultats et objectifs, dont certains peuvent être considérés comme un moyen d’en réaliser
d’autres, ou dont d’autres encore peuvent être incompatibles.
Il est important de savoir que l’objectif est de contribuer, dans toute la mesure du possible, à la
réalisation de l’objectif général, en gardant à l’esprit les priorités des parties prenantes, les limites et
les possibilités de l’organisme chargé de la mise en œuvre.
10.3. Quels sont les obstacles potentiels? – Postulats et facteurs de risque
Les risques et les effets secondaires potentiels, qui peuvent avoir des conséquences négatives sur
l’environnement social, culturel et naturel des communautés pauvres (perte d’authenticité, par
exemple) et, par voie de conséquence, sur la réussite du projet, doivent être évalués avec attention.
Si ces risques constituent des goulets d’étranglement potentiels pour le projet de tourisme inclusif,
ils doivent être correctement gérés et maîtrisés de sorte que les communautés pauvres ne soient pas
plus vulnérables du fait d’effets indésirables sur leurs moyens de subsistance.
Pourquoi tenir compte des postulats et des risques ?
En cas de risque extérieur important ou si les conditions préalables n’ont guère de chance d’être réunies, il
peut s’avérer préférable de ne pas lancer le projet. Il est donc nécessaire de connaître ces menaces
imminentes susceptibles d’avoir des répercussions sur la réussite du projet pour les gérer comme il se doit.
Une gestion adéquate et opportune des postulats et des facteurs de risque contribue à éviter des conséquences
économiques, sociales et environnementales potentiellement négatives.
L’impact économique, social et environnemental sera déterminé par divers facteurs extérieurs, y
compris les tendances du marché national et international, la création d’institutions d’appui,
l’innovation technologique, l’incidence des catastrophes naturelles ou les risques politiques, etc.
Ces effets secondaires extérieurs constituent des postulats importants pour les initiatives de
réduction de la pauvreté par l’exportation, lesquels doivent être pris en compte au stade de la
planification. Ces considérations sont plus faciles à gérer dès le début du projet.
Parmi les risques et les postulats externes qui devraient être vérifiés afin de régler les problèmes
potentiels qui empêchent, entravent, ou retardent la mise en œuvre du projet de tourisme inclusif
figurent (entre autres) :
- Les conflits d’intérêts internes ou externes ;
51
- Les effets secondaires négatifs liés à la culture ;
- Les conflits potentiels avec l’agriculture ou la pêche ;
- Les effets secondaires inattendus liés à la redistribution de la main-d’œuvre ou des revenus ;
- La baisse des résultats positifs et une pression sur les ressources locales ;
- Une exploitation trop intensive de l’environnement naturel ;
- Les catastrophes naturelles, les troubles civils ou les récessions économiques ;
- L’attrait de l’emploi dans le secteur du tourisme au détriment du travail de la terre.
Liste de contrôle : gestion des risques
Quels sont les effets secondaires possibles du projet ?
Quelles sont les probabilités que ces effets secondaires se matérialisent ?
Constituent-ils une menace sur les retombées positives du projet de tourisme inclusif ?
Que faire pour maîtriser ces effets secondaires ?
Quelle est, le cas échéant, la condition préalable au succès du projet ?
Toutes les données de référence recueillies dans le cadre de l’étude d’opportunité devraient
renvoyer à l’impact des activités de projet envisagées sur les moyens de subsistance des hommes et
des femmes ainsi que sur l’environnement de la communauté ciblée.
Questions de genre et environnement : deux dimensions indissociables du PRPT
L’analyse des stratégies permet aussi d’aborder deux questions transversales liées au développement :
l’égalité entre les sexes et la protection de l’environnement.
Mettre en valeur le potentiel inexploité des femmes et l’exploiter pleinement est un élément important des
stratégies de réduction de la pauvreté. L’inégalité entre les sexes entraîne en effet une baisse de la
productivité économique et de l’efficacité des communautés pauvres, tout en exacerbant la distribution
inégale des revenus et des ressources. Elle a par ailleurs aussi une incidence sur des aspects non-monétaires
de la vie des pauvres – manque de sécurité, de débouchés et de moyens d’action – qui vont influencer les
moyens de subsistance des hommes et des femmes.
Tout en s’inscrivant dans le contexte culturel et social d’une communauté, le tourisme inclusif devrait tenir
compte de la contribution potentielle des femmes au processus de développement. Outre les retombées
économiques positives directes, les projets de tourisme inclusif jouent aussi une fonction de sensibilisation.
Ils peuvent faire prendre conscience de la nécessité d’éliminer les disparités entre hommes et femmes.
Dans le même ordre d’idées, pour que les résultats perdurent, un environnement naturel sain est
indispensable. Le tourisme peut être une raison de préserver l’habitat et les espèces, et donner les moyens
financiers de couvrir les coûts de la protection et de la conservation. Le tourisme exerce toutefois aussi des
pressions sur l’environnement (constructions, déchets, nuisances sonores, pollution, etc.)
Les projets devraient promouvoir la production respectueuse de l’environnement et préserver la diversité
biologique. Ainsi, les risques environnementaux liés à la production des biens et services sélectionnés
devraient être pris en compte et évités. Le tourisme durable est ici visé lui aussi, ce qui signifie que toute une
palette de questions devrait être examinée avec soin.
10.4. Quels sont les avantages et les inconvénients du projet – analyse AFOM ?
L’analyse AFOM (atouts, faiblesses, opportunités, menaces) s’entend d’une méthode de réflexion
visant à analyser les facteurs internes et externes qui influencent les résultats du projet. Le processus
implique de rapidement passer en revue, trier et classer par ordre de priorité les éléments moteurs
potentiels du projet et les risques qui peuvent y être liés.
À l’heure d’analyser les différentes stratégies, il est important d’établir un distinguo entre les
facteurs internes (qui peuvent être influencés par le projet) et les facteurs externes (qui ne le peuvent
pas). L’étude des facteurs externes – le cadre du projet – revêt une importance particulière pour
l’évaluation des conditions préalables au succès du projet et la gestion des risques.
L’analyse AFOM met en exergue les atouts et les faiblesses. Elle contribue aussi à identifier les
opportunités à saisir et les menaces existantes et à trouver le moyen de les gérer. Dans un deuxième
temps, une matrice est utilisée comme cadre pour déterminer les possibilités d’action. Lorsque l’on
réfléchi aux aspects positifs ou négatifs, tout ce qui vient à l’esprit devrait être couché sur papier, y
compris les cas de figure les plus invraisemblables ou les compétences requises les plus
élémentaires. Il est important que toutes les dimensions soient étudiées de manière à fournir un
maximum d’informations pour le processus décisionnel. Les quatre dimensions de l’analyse AFOM
peuvent être décrites comme suit :
Atouts : atouts internes tels les connaissances, un projet traditionnel, un savoir-faire ou la maîtrise
de l’accès à une ressources naturelle ou culturelle. Les atouts ne doivent pas être surestimés. Les
producteurs pauvres ne sont pas en mesure d’investir de l’argent, du temps ou d’autres ressources
dans les projets qui comportent un risque significatif.
Faiblesses : lacune interne susceptible de nuire à l’initiative, telle des produits de mauvaise qualité,
des services non fiables, le manque de connaissance des langues étrangères nécessaires pour les
segments de marché visés. Une évaluation honnête des faiblesses et des obstacles à surmonter est
essentielle.
Opportunités : circonstances externes qui favorisent les ventes de produits et de services locaux,
comme par exemple suffisamment de touristes internationaux sur les segments de marché choisis
prédisposés à acheter les biens et services proposés. L’avis de ceux qui appartiennent au secteur du
tourisme établi dans la région, de même que celui des voyagistes et des guides qui amènent les
touristes dans la région, revêtent la plus haute importance ; ces personnes peuvent brosser un
tableau objectif de la situation extrêmement important.
Menaces : les contraintes ou obstacles à la vente des biens et des services locaux comme, par
exemple, la durée trop courte du séjour des touristes internationaux dans la région qui ne leur
permet pas d’acheter des services locaux tels des visites guidées ou des expériences culturelles. Les
interventions externes constituent une des plus grandes menaces. Elles donnent en effet lieu au
lancement d’initiatives non pérennes une fois les financements initiaux épuisés. Ce ne sont pas alors
ceux qui ont lancé le projet qui sont perdants, mais bien les producteurs pauvres.
53
Vous trouverez en Annexe 3 un exemple détaillé d’analyse AFOM. Voici quelques astuces
importantes pour réaliser une analyse digne d’intérêt :
- Soyez réaliste quant aux atouts et aux faiblesses du projet ;
- Dans l’analyse, il est nécessaire de faire la distinction entre la situation actuelle de la
communauté et ce qu’elle pourrait être dans l’avenir ;
- Soyez précis et évitez les zones « grises » ;
- Essayez de classer et de regrouper les éléments qui présentent des similitudes ;
- Précisez si tel ou tel facteur exige une attention à court, moyen ou long terme ;
- Dans votre analyse, demandez-vous toujours si vous êtes meilleur ou moins bon que vos
concurrents.
Résultats escomptés : analyse de situation
Mettez en lumière les principaux problèmes rencontrés par la communauté, leurs causes et
leurs effets.
Traduisez les problèmes en résultats prioritaires ou en objectifs pour le projet (y compris en
indicateurs pertinents pour la mesure du succès).
Réfléchissez aux facteurs de risque potentiels ainsi qu’aux postulats nécessaires (n’oubliez-pas
de tenir compte de l’impact sur l’égalité entre les sexes et des dommages causés à
l’environnement).
Réalisez une analyse AFOM.
Chapitre 11: Étape 8 - Établir une liste détaillée des interventions possibles
Une fois choisi un point de pression (ou un maillon ou une chaîne d’approvisionnement le long de
la chaîne de valeur) ou un groupe cible, soyez créatifs pour établir la liste détaillée des interventions
possibles. La carte de la chaîne de valeur fournit une description précieuse de la situation actuelle,
mais elle ne suffit pas, à elle seule, à établir la liste détaillée des interventions possibles. L’avis des
consultants en charge de l’étude diagnostique ne constitue pas non plus une base suffisante pour
établir cette liste longue. Il est essentiel de recourir à différentes ressources et techniques
analytiques:
L’avis des parties prenantes réunies pour établir la cartographie des obstacles et débouchés
perçus et des mesures qu’elles souhaiteraient prendre.
Les informations recueillies pour expliquer pourquoi la chaîne de valeur fonctionne comme
elle le fait à destination.
Toutes les options possibles, telle la typologie présentée au point 11.1 ci-après, pour garantir
un raisonnement créatif plutôt que se concentrer sur ce qui est évident.
Évaluation des facteurs de changement actuels.
Les normes tirées d’autres études qui indiquent en quoi la destination obtient de moins bons
résultats que prévu en termes de retombées positives sur les pauvres, et pourquoi.
Demandez-vous quelle pourrait être, grosso modo, l’ampleur des retombées possibles -
nombre de pauvres, ou encore les dizaines, centaines, ou milliers de dollars de revenus
bénéficiant aux pauvres, comme au point 11.2 plus bas.
Cartographie des alternatives entre les objectifs pour comparer les possibilités existantes,
comme au point 11.3 plus bas.
Ce que d’autres font pour influencer le fonctionnement de la chaîne de valeur et la part des
revenus qui revient aux pauvres, comme au point 10.4 plus bas sur la consultation avec les
partenaires.
11.1 Typologie des stratégies qui bénéficient en priorité aux pauvres
Il est important de garder à l’esprit que la participation des pauvres à la chaîne de valeur peut être
améliorée de nombreuses manières. Les participants actuels peuvent travailler davantage ou
augmenter leurs ventes, et donc leur revenu, ou ils peuvent trouver le moyen de se tailler une part
plus grande du gâteau du tourisme en changeant de travail ou en modifiant leur manière de
travailler. Il est également possible d’améliorer les retombées sur les pauvres non pas en travaillant
avec les producteurs existants, mais en aidant les nouveaux participants à pénétrer la chaîne de
valeur du tourisme. Les interventions possibles diffèrent sur les points suivants: bénéficiaires visés,
nombre de bénéficiaires, et dans quelle mesure elles vont influencer les revenus bénéficiant en
priorité aux pauvres par personne, au total, ou en pourcentage du bénéfice total.
1. Le Tableau 5 contient une typologie visant à aider à séparer et à analyser les différentes options.
Utilisez le tableau 5 pour: choisir, schématiquement, sur quoi mettre l’accent: un point de
pression, une stratégie de perfectionnement, un groupe cible, un maillon de la chaîne:
Faites preuve de sens commun et suivez quelques principes pour définir les différentes
options
Recourez à une analyse d’impact/de probabilité afin de retenir en priorité le ou les deux
«points de pression» sur lesquels axer vos interventions.
2. Utilisez votre connaissance de la chaîne de valeur pour évaluer les problèmes à surmonter et la
liste détaillée des interventions possibles pour le point de pression choisi:
Dressez la carte des obstacles auxquels sont confrontés les pauvres;
55
Interrogez-vous sur les déterminants clés
Envisagez différents types d’interventions et de points de pression pour le maillon de la
chaîne visé.
Table 5: Comment analyser les différentes options bénéficiant en priorité aux pauvres
Type de développement de la chaîne de valeur
bénéficiant en priorité aux pauvres
Exemple Augmentation du revenu
des participants actuels
Permet à davantage de
pauvres de pénétrer le
secteur du tourisme
1. Accroissement de la demande de produits et de
services offerts par les pauvres
= «Augmentation en volume» pour les participants
actuels
= «Entrée dans la chaîne» de nouveaux
participants
La progression générale du tourisme au Vietnam et au
Rwanda a débouché sur:
Une augmentation du revenu des participants
actuels; des employés saisonniers des hôtels, des
vendeurs d’artisanat, des vendeurs de nourriture; et
Possibilités pour un plus grand nombre de pauvres
d’entrer dans la chaîne
2. Amélioration du produit/procédé par les
participants pauvres
En Gambie, la formation a permis aux guides d’offrir un
produit de meilleure qualité et de gagner davantage. Les
vendeurs de jus de fruits ont amélioré leur produit et leur
chiffre d’affaires en ouvrant de petites échoppes sur la
plage.
3. Amélioration fonctionnelle par les participants
pauvres
En Tanzanie, la plupart des nouvelles petites entreprises
de services d’escale ont été créées par les anciens guides
de la région.
possible
4. Contractualisation afin d’améliorer les
modalités de la participation
Horizontale (entre producteurs)
Verticale (avec un hôtel, par exemple)
En Tanzanie, les porteurs des environs du Kilimandjaro
ont constitué une association pour promouvoir leurs
intérêts (contractualisation horizontale).
En Jamaïque, les agriculteurs ont bénéficié d’une aide
pour négocier des contrats d’approvisionnement régulier
avec la chaîne hôtelière Sandals, ce qui leur offre
davantage de sécurité (contractualisation verticale).
5. Entrée de nouveaux participants pauvres dans
la chaîne grâce à
- l’abaissement des obstacles à l’entrée et/ou
- l’investissement dans les capacités humaines des
pauvres pour garantir le respect des prescriptions
en vigueur
De nouvelles petites et micro-entreprises ont pénétré la
chaîne d’approvisionnement des hôtels de Spier grâce
aux changements apportés aux modalités d’achat (offre
de contrats de plus petite taille avec l’appui de parrains,
par exemple).
La formation des résidents locaux leur a permis
d’occuper 40% des emplois offerts par la station
balnéaire de Costa Sauipe, Brésil.
Possible
Possible
57
Type de développement de la chaîne de valeur
bénéficiant en priorité aux pauvres
Exemple Augmentation du revenu
des participants actuels
Permet à davantage de
pauvres de pénétrer le
secteur du tourisme
6. Sortie ou diversification de l’industrie du
tourisme
Les artisans deviennent exportateurs, comme à Hoi An
(Vietnam) où les textiles sont non seulement vendus aux
touristes mais aussi exportés, ce qui réduit la dépendance
vis-à-vis du tourisme.
7. Renforcement des liens entre la chaîne de
valeur et la société hôte
Meilleur accès aux infrastructures et aux services
Investissement dans le capital humain
Collaboration pour la gestion des ressources
Renforcement des institutions locales
En Namibie, les organismes en charge de la protection de
la nature utilisent dans d’autres domaines du
développement rural le savoir-faire et l’expérience acquis
dans le secteur du tourisme.
Les routes construites autour du Parc National des
Volcans au Rwanda bénéficient aux agriculteurs.
Au Cap Vert, le tourisme encourage le retour de la
diaspora, freine les migrations vers l’étranger et favorise
la renaissance culturelle.
En Namibie, les habitants des zones rurales qui tirent
partie du tourisme se chargent de la gestion des
ressources de la faune et de la flore sauvages
Le revenu des bénéficiaires dépasse celui de la
population économiquement active dans le secteur du
tourisme, y compris d’un grand nombre de résidents
locaux.
Notes pour chaque stratégie:
1. Accroissement de la demande: possible pour l’ensemble du secteur (augmentation du nombre d’arrivées), ou pour un segment précis relativement pauvre (artisanat, par exemple).
2. Amélioration du produit/du procédé: ce peut être un produit vendu ou un procédé de production qui est amélioré, les deux allant souvent de pair. Les produits à plus fort intensité de savoir-
faire et d’information sont vendus plus cher (cafés ou savons dont les étiquettes contiennent de nombreuses informations, les guides très complets).
3. Amélioration fonctionnelle: passer à des fonctions supérieures dans la chaîne est un moyen d’obtenir davantage de valeur. Bien souvent les pauvres ne changent pas de fonction dans la
chaîne mais en assument de nouvelles (un producteur d’artisanat emploie d’autres artisans, transporte les produits d’autres artisans ou les vend directement au détail).
4. La création d’une association de producteurs (contractualisation horizontale) est souvent un bon moyen de modifier les modalités de la relation avec ceux qui se trouvent plus haut dans la
chaîne, tels les acheteurs des hôtels (contractualisation verticale).
5. Abaisser les obstacles à l’entrée (les prescriptions commerciales, concernant l’accès au capital, les volumes, etc.) est le pendant du renforcement des capacités des producteurs pauvres pour
satisfaire aux prescriptions en vigueur.
6. Sortir purement et simplement de la chaîne de valeur peut constituer une stratégie qui bénéficie aux pauvres (les travailleurs du sexe qui trouvent d’autres moyens de subsistance, par
exemple).
7. Le bon fonctionnement du secteur du tourisme peut avoir de nombreuses retombées positives et imprimer un certain dynamisme à la communauté et à l’économie de la région. Ainsi, les
interventions ne portent pas nécessairement sur certaines fonctions de la chaîne du tourisme, mais sont axées sur les retombées, positives ou négatives, de la chaîne sur ceux qui n’en font pas
partie.
Comme le montre le tableau 5, si nombre d’améliorations apportées à la chaîne de valeur
bénéficient tant à ceux qui en font déjà partie qu’aux nouveaux venus, d’une manière générale, elles
bénéficient plutôt à un groupe ou à l’autre mais non aux deux en même temps. L’on a parfois
tendance à mettre l’accent sur ceux qui sont déjà dans la chaîne pour les aider à s’améliorer car ils
constituent un groupe cible évident. Cependant, aider d’autres pauvres à accéder au marché peut
être une stratégie en faveur des pauvres tout aussi efficace qui permet dans certains cas d’atteindre
davantage de pauvres ou même des personnes plus pauvres.
11.2 Que se passerait-il si...?: estimations des revenus bénéficiant en priorité aux pauvres
Estimations des revenus bénéficiant en priorité aux pauvres
La cartographie des flux qui circulent le long de la chaîne de valeur a ceci d’intéressant qu’elle
permet de produire des estimations, des simulations, pour voir où les retombées financières sur les
pauvres pourraient être les plus importantes. On peut, par exemple, se demander en quoi les RBP
s’en trouveraient modifiés si «x» était multiplié par deux? Au Rwanda, l’augmentation potentielle
des RBP du tourisme culturel a été comparée aux RBP actuels pour montrer que proposer des
circuits culturels pourrait considérablement accroître les RBP tout en ne représentant qu’une
augmentation mineure du prix total du voyage (voir Figure 10).
Figure 10: Augmentation potentielle des revenus qui bénéficient en priorité aux pauvres au Rwanda
Les circuits culturels, les visites de villages et les spectacles de danse sont autant d’activités proposées à une
minorité de touristes venus voir les gorilles du Rwanda. Elles ne représentent donc qu’une part modeste des RBP
découlant du tourisme dans le Parc national. Une analyse de simulation approximative a montré qu’ajouter le
tourisme culturel ou des contacts avec les communautés aux circuits standards ne représentait pas une grande
différence de prix pour les touristes mais que cela pourrait faire une énorme différence en termes de revenus
dégagés par le tourisme en rapport avec les gorilles.
Les chiffres approximatifs disponibles montrent que, en termes de RBP, l’intégration de visites de villages
équivaudrait à au moins une nuitée supplémentaire par visiteur:
Au jour d’aujourd’hui, les RBP
par nuitée autour du Parc
national (salaires, alimentation,
artisanat) se situent à $E.-U.
20.
Si chaque touriste qui visite le
Parc national participait à une
visite d’une demi-journée dans
une communauté, et si la
moitié d’entre eux assistait à
un spectacle de danse, alors les
RBP supplémentaires par visite
atteindraient $E.-U. 21 (par
nuitée).
11.3 Envisager des compromis entre les différents objectifs
Sur la base de quels critères les interventions envisagées devraient-elles être ajoutées à la liste
détaillée ? Certes, l’augmentation du total des RBP annuels est un critère important, mais ce n’est
pas le seul. Même à ce stade, il est important d’identifier les variables clés et d’envisager des
compromis. Cette approche sera étudiée de manière plus détaillée ultérieurement, lorsque le
moment sera venu de déterminer des priorités pour la liste détaillée et la liste restreinte.
Des compromis seront vraisemblablement nécessaires entre aider les participants actuels à accroître
leurs bénéfices, et permettre à de nouveaux participants de pénétrer la chaîne. La première solution
pourrait bien être la plus simple à mettre en œuvre. La seconde pourrait quant-à elle bénéficier à un
plus grand nombre de «plus pauvres parmi les pauvres». Certaines interventions peuvent déboucher
sur une augmentation impressionnante du RBP par personne et considérablement modifier la part de
59
la valeur qui revient aux pauvres, alors que d’autres n’influent que modestement sur le RBP, mais
bénéficient à des milliers de pauvres (comme le montre la Figure 11). De même, un compromis sera
peut-être nécessaire entre le nombre de pauvres bénéficiaires et le nombre de
femmes/minorités/pauvres parmi les bénéficiaires pauvres. Au plan local, le lien entre l’intervention
et ses retombées est relativement direct, même si les retombées sont modestes. Lorsque l’on
intervient au plan national, lorsque l’on agit sur les fonctions du marché, ou encore au plan
international, les risques sont plus grands mais les retombées sont potentiellement plus grandes
aussi. La plupart des listes détaillées contiennent une palette de possibilités qui conjuguent ces
différents facteurs, et le fait est qu’il faudra toujours combiner les projets qui offrent des «bénéfices
rapides» et les projets qui offrent des retombées plus importantes à plus long terme.
Une solution consiste à représenter certaines options sous forme de graphique, tel celui donné en
Figure 11. Représenter chaque option sous forme graphique n’est pas toujours une gageure. Si sa
place par rapport aux objectifs clés est contestable (comme dans le cas des nouvelles chambres
d’hôtels à Da Nang en Figure 11), alors le plus important est de savoir quels sont les acteurs
concernés clés et s’ils peuvent être influencés.
Figure 11: Illustration des compromis entre interventions et objectifs à l’aide de graphiques
Rapidité et probabilité d’impact
Augm
enta
tion d
u tota
l des
RB
P
Formation du
personnel d’accueil et
d’hébergement &
linguistique, Rwanda*
Déréglementation des
compagnies
aériennes pour les
excursions internes,
Éthiopie
Microcrédit pour les
transporteurs locaux,
Vietnam
Évaluation des compromis dans l’intervention bénéficiant aux
pauvres: moyens de subsistance versus échelle de l’impact
* Le Rwanda essaye de développer le tourisme bilingue, faisant fond sur ses traditions française et anglaise, mais
les compétences linguistiques ne sont guère développées et les personnes compétentes vont être très demandées.
Moyens de subsistance des ménages
les plus désavantagés bénéficiaires
Augm
enta
tion d
u tota
l des R
BP
Développement du
tourisme dans les
villages, Laos
Imposer des conditions de
travail minimum pour les
9 000 porteurs du
Kilimandjaro
5 000 nouvelles
chambres d’hôtel à
Da Nang
Évaluation des compromis dans les interventions bénéficiant
aux pauvres: dégager des RBP versus atteindre les plus
désavantagés
?
Dans certains cas il faudra envisager de conjuguer des solutions «de facilité», et d’autres offrant
potentiellement un plus grand impact à long terme. Cette approche va dans le sens de la stratégie du
PRPT qui vise l’obtention de résultats rapides pour imprimer un élan au programme, encourager les
parties prenantes et les partenaires, tout en mettant parallèlement en œuvre des interventions plus
complexes.
11.4 Trouver des partenaires potentiels pour ces interventions
Il n’est pas question d’agir en vase clos. Le choix du type d’intervention dans le secteur du tourisme
dépendra toujours de ce que font les autres. D’une part, vous aurez probablement besoin de
partenaires pour mener à bien l’intervention. De l’autre, il vous faudra identifier les lacunes et
définir le potentiel d’ajout de valeur.
Dans un premier temps, il est probable que la carte des parties prenantes couvre quelques
partenaires potentiels. À ce stade de l’établissement de la liste détaillée des interventions possibles,
les informations recueillies devraient être réexaminées, voire complétées si nécessaire. Une
évaluation rapide pourra permettre d’identifier les partenaires locaux engagés et en mesure de
soutenir le projet, de mesurer leurs interactions actuelles, et de voir s’ils pourront coopérer avec
l’équipe du projet pour l’établissement du diagnostique et la mise en œuvre du projet. Certaines des
parties prenantes n’appartiennent peut-être pas au secteur du tourisme. Quelques questions clés qui
doivent être posées sont données dans l’Encadré 14.
Il existe différentes types d’institutions partenaires, dont:
Les gouvernements (les organismes de promotion du tourisme, les centres de
développement des petites entreprises, les conseils en investissement, les institutions de
microfinance, les ministères et départements compétents, les organismes consultatifs public-
privé, les offices du tourisme, etc.)
Les agences de développement (la Banque mondiale, la Société financière internationale,
les institutions nationales de développement et les organismes d’aide, entre autres)
Les associations à vocation commerciale ou les ONG (les chambres de commerce et
d’industrie, les associations touristiques spécialisées, les ONG qui travaillent avec les
61
producteurs, les réserves naturelles et/ou offrant des services d’appui liés au tourisme, et les
organisations humanitaires)
Les fournisseurs du secteur privé (les sociétés de conseil, les institutions de formation au
tourisme, les voyagistes, les grosses chaînes hôtelières, etc.)
Les représentants de la communauté locale (les associations de producteurs, les petites
entreprises locales, les chefs de communautés, etc.)
La coopération avec d’autres institutions locales est un élément important qui doit être pris en
considération. La réduction de la pauvreté et la collaboration avec les petits producteurs étant au
cœur de nombreux programmes de coopération technique dans les pays en développement, d’autres
projets connexes - concurrents ou complémentaires - pourraient être en cours dans la région. Avant
de lancer un nouveau projet, il convient de faire l’inventaire des projets en cours ou achevés dont
les objectifs ou la structure sont similaires. La coopération et le réseautage avec d’autres partenaires
évitent les doublons inutiles et la concurrence entre les donateurs. Par l’échange d’expériences
utiles et de meilleures pratiques, des résultats plus ambitieux encore peuvent être escomptés et, par
là même, une plus grande pérennité. La coopération et le réseautage locaux peuvent permettre
d’élargir le marché pour les produits et services des communautés pauvres et contribuer à la
réalisation d’économies. Le lobbying pour l’amélioration des politiques et de services publics peut
aussi être utile.4 Il peut aussi aider à éviter les projets qui se chevauchent ou les conflits entre
projets (passés, présents ou futurs).
Encadré 14: Questions clés à poser aux partenaires potentiels
Qu’elles s’inscrivent dans le cadre de l’établissement de la cartographie initiale des parties prenantes ou qu’elles
interviennent plus tard au moment de l’évaluation des différentes interventions possibles, les questions clés à
poser aux partenaires potentiels sont les suivantes:5
1. Quels sont les projets connexes ou similaires dans le secteur du tourisme? (de par leurs objectifs, leurs activités,
leurs parties prenantes)
2. Quels sont leurs calendriers, leurs budgets, et les ressources humaines dont ils disposent?
3. Des synergies sont-elles envisageables? (partage d’informations, commercialisation croisée, savoir-faire
complémentaire, actions conjointes, etc.)
4. Pensez-vous que des activités conjointes pourraient être envisagées dans le cadre du projet? Si oui, lesquelles?
5. Existe-il un risque de concurrence entre institutions ou de doublons?
6. Comment les partenaires interagissent-ils? (avec les petits producteurs pauvres, avec les hôtels et les voyagistes,
par exemple)
11.5 Conjuguer plusieurs types d’interventions
Pour que s’opère un changement à quelque point de la chaîne que ce soit, plusieurs interventions
différentes devraient être envisagées. Il existe différentes manières d’influencer l’évolution de la
chaîne de valeur, que ce soit en travaillant sur l’offre (production), sur la demande (consommateurs,
achats) ou sur le fonctionnement du marché (échange d’informations, contrats) et l’environnement
du marché (réglementation, règles du marché). L’Encadré 15 illustre les différents «points
d’intervention» évoqués dans le guide sur la chaîne de valeur.
4 Guide initial, p.25 5 Guide initial, p.25
Encadré 15: Exemples de points d’intervention
Ces points d’intervention sont des points d’entrée ou des points de pression où des changements peuvent être
opérés. Parmi ces points figurent:
Un acteur de la chaîne donné (un acheteur potentiel, par exemple)
Un organisme (une coopérative, un groupe de producteurs, un programme d’agriculture sous contrat, par
exemple)
Un partenaire extérieur à la chaîne de valeur capable d’aider le groupe cible à exercer des pressions sur
les personnes ou les organismes dont la recherche-action vise à modifier les politiques ou les pratiques, en
d’autres termes les intervenants en aval de la chaîne, les instances publiques (le Département en charge
des forêts, par exemple) ou les organismes à activité normative (le Conseil supérieur de la marine, par
exemple). Le partenaire peut être intégré à l’équipe de recherche-action et peut être une ONG, une
association industrielle, une institution onusienne, etc. (voir Étape 6)
Une norme (qui sera modifiée et/ou certifiée) ou un organisme à activité normative
Un cadre réglementaire (pour la gestion des ressources communes, par exemple)
Une institution de marché (un dispositif de groupement et de stockage en commun, de calibrage des
produits, ou d’information sur les prix, une enchère, un contrat croisé portant, par exemple, sur l’octroi
d’un crédit saisonnier en échange d’un engagement d’achat de récolte)
L’identification d’un nouveau marché pour le produit existant
L’adoption d’une nouvelle politique ou d’un nouveau règlement.
Références : Extrait de Riisgaard, L., Bolwig, S., Matose, F., Ponte, S., du Toit, A. et Halberg, N. (2008) « A Strategic Framework
and Toolbox for Action Research with Small Producers in Value Chains », Institut danois d’études internationales, document de
travail 2008/17.
Pour chaque domaine d’intervention sélectionné, cartographiez les obstacles, le groupe cible, le
changement désiré, ainsi que différentes interventions possibles. Dans la dernière colonne vous
aurez alors votre « liste détaillée ». Le tableau 6 donne l’exemple d’une chaîne
d’approvisionnement en denrées alimentaires locales.
63
Tableau 6: Comment analyser les différentes options bénéficiant en priorité aux pauvres ?
Sélectionner une partie
de la CV à développer
(quelle chaîne
d’approvisionnement ou
quel maillon ?)
Obstacles et débouchés
Groupe
cible de
l’interventi
on
Changement
souhaité
dans le
fonctionnem
ent de la CV
Types
d’interventions
possibles
…pour les
participants
pauvres
…pour les
nouveaux
venus pauvres
potentiels
Augmentation de l’offre
de denrées alimentaires
locales
Importations
bon marché
Produit
saisonnier
Les chefs
préfèrent un
seul contrat
d’approvisionne
ment en gros
Transport
inabordable
Producteurs
de fruits et
de légumes
Augmentatio
n du % de
denrées
alimentaires
destinées aux
touristes et
achetées aux
producteurs
locaux
Développement
des exploitations
agricoles
Création d’une
association
d’agriculteurs
pour
commercialisati
on collective
Transport
et/financement
du transport
conjoint
Collaboration
avec les chefs
pour la
logistique de
l’approvisionne
ment au niveau
local
11.6. Résumé des étapes menant à l’établissement de la liste détaillée
À l’heure d’établir la liste détaillée des interventions potentielles, il convient de réfléchir à chacune
des considérations suivantes :
1. Analysez tout ce que vous avez appris sur la chaîne de valeur et sur la participation des pauvres
pour déterminer les points de la chaîne sur lesquels vous allez intervenir :
Certaines parties de la chaîne de valeur bénéficient-elles déjà, dans une certaine mesure, aux pauvres
(en pourcentage des revenus qui reviennent aux pauvres) tout en offrant des possibilités
d’expansion ? Comment ?
Quelles sont les parties de la chaîne de valeur qui bénéficient actuellement le plus aux pauvres (en
chiffre total et en nombre de pauvres) ? Une amélioration est-elle envisageable, même minime ?
Certaines parties de la chaîne bénéficient-elles moins aux pauvres qu’elles ne le devraient
normalement ? Des changements sont-ils envisageables ?
Quels sont les obstacles qui empêchent de nouveaux pauvres de pénétrer la chaîne en des points
précis ? Serait-il possible d’intervenir sur ces points ?
Quels sont les obstacles qui empêchent les participants pauvres actuels de gagner davantage ? Existe-
il un moyen de les aider à accroître leurs ventes, leur production et leurs bénéfices, ou d’ajouter des
activités à plus forte valeur ?
De nouveaux débouchés ou de nouvelles tendances peuvent-ils être exploités pour amélioration la
participation des pauvres?
2. Quels sont les domaines d’intervention recommandés par les parties prenantes ? Essayez de les
indiquer sur la carte et de les comparer.
3. Quels sont, approximativement, les mesures et les changements qui pourraient déboucher sur
une amélioration substantielle des revenus qui bénéficient en priorité aux pauvres ? Effectuez
des calculs de simulation pour comparer les résultats possibles si tel ou tel facteur était multiplié
par deux, si tel autre facteur augmentait de 10%, et si l’on empêchait un autre encore de chuter.
4. Une fois identifiés certains points le long de la chaîne où des changements pourraient être utiles,
réfléchissez aux obstacles à surmonter et aux différents types d’interventions qui pourraient être
efficaces. S’agirait-il de travailler avec les producteurs (contraintes liées à l’offre), avec le
secteur formel ou de l’information touristique (contraintes liées à la demande), sur le transport
et les infrastructures, d’interventions sur les marchés financiers, ou sur la réforme
réglementaire? Pratiquez la pensée latérale. Plusieurs activités sont généralement nécessaires,
sans tomber dans l’excès.
5. Communiquez aux parties prenantes les réflexions et idées concernant la liste détaillée,
discutez-en et révisez-la le cas échéant.
Chapitre 12 : Étape 9 - Établir la liste restreinte
12.1 Conditions à remplir et critères de sélection
La liste restreinte peut être établie à partir de la liste détaillée. Pour chaque intervention possible,
appliquez les critères de sélection contenus au Tableau 7. Ces critères se divisent en deux
catégories:
Conditions à remplir - conditions devant être réunies pour qu’un projet soit soumis à examen
Critères de sélection - utilisés pour la comparaison et le classement entre les différentes
solutions possibles.
S’agissant des conditions à remplir, le Tableau 7 contient une case intitulée «inacceptable». Si le
résultat de l’évaluation du volume des RBP ou de la viabilité commerciale entre dans la colonne
«inacceptable», alors l’option peut immédiatement être supprimée, sans poursuivre l’analyse plus
avant.
Les critères de sélection sont regroupés dans deux catégories:
Échelle de l’impact sur les pauvres
Probabilités d’obtenir cet impact.
Chaque catégorie couvre une douzaine de critères. Le tableau ne propose pas de pondérer chaque
critère pour parvenir au résultat final concernant l’impact et la viabilité, la démarche serait alors
arbitraire et probablement inappropriée. À moins que vous ne souhaitiez déterminer une
pondération avec les parties prenantes, mieux vaut évaluer les interventions en fonction des critères
en place, exercer votre jugement et demander l’avis de votre équipe, et ce pour déterminer le score
d’impact et la viabilité.
65
Tableau 7: Établir la liste restreinte d’options sur la base des critères clés
Critère Impact
Rédhibitoire Bas Moyen Elevé
Impact sur les pauvres
Augmentation totale des RBP, $E.-U. par an
Nombre de pauvres bénéficiaires (nouveaux participants ou
participants faisant déjà partie de la chaîne de valeur)
Groupes cibles/groupes désavantagés clés bénéficiaires
Durée de vie des avantages (en années)
Ratio bénéfice (RBP)/coût (coût en $E.-U. de chaque
intervention)
Probabilité de retombées indirectes grâce à la réplication/aux
enseignements tirés
Bénéfices non-financiers nets pour les pauvres
Impact global positif sur les pauvres
Note: en quoi l’impact dépend-t-il d’autres interventions?
Probabilité de l’impact
Facilité de mise en œuvre, probabilité d’obtention des résultats
escomptés
Viabilité commerciale des changements envisagés
Probabilités que les incitations de marché et politiques soient
suffisamment alignées sur l’intervention pour que les
changements opérés perdurent pendant le nombre d’années
escompté
Capacité d’atténuation des principaux risques d’échec
Disponibilité des ressources
Disponibilité/intérêt des partenaires adéquats
Probabilités d’impact
Notes:
Écarter les options pour lesquelles une case a été cochée
Pour chaque critère, marquer la colonne qui indique le score adéquat
Pour les critères financiers (RBP, par exemple, ajouter aussi la somme)
Pour le ratio coût/bénéfice, vous comparerez vraisemblablement un coût annuel et un flux de bénéfices sur plusieurs
années. Pour placer sur le même plan les coûts et les recettes enregistrés à des moments différents, un taux
d’actualisation est appliqué pour refléter le taux d’actualisation des coûts et bénéfices ultérieurs, en comparaison des
coûts et bénéfices actuels. Le taux d’actualisation varie selon le contexte, mais il se situe normalement entre 5% et
10% et en l’appliquant à la marge brute d’autofinancement du projet, l’on obtient une marge brute
d’autofinancement actualisée pour l’année 1, l’année 2, l’année 3, etc. En additionnant ces marges brutes
d’autofinancement annuelles actualisées l’on obtient la Valeur Actualisée Nette du projet. Utilisez la Valeur
Actualisée Nette à raison d’un taux d’actualisation de 7% pour les présenter sous une forme comparable.
En résumé, pour analyser la liste détaillée en fonction des critères clés pour établir la liste restreinte
d’interventions à mettre en œuvre, différentes étapes doivent être franchies:
Supprimer les options qui ne remplissent pas les principaux critères de sélection
Évaluer le reste des critères clés (faible, moyen, fort)
Comparer les options pour retenir les plus adaptées
Se demander si une combinaison de plusieurs options pourrait être plus efficace, et si oui
comment?
Parachever la liste restreinte.
L’objectif est ici d’obtenir une liste restreinte d’interventions présentant le plus de chances de
fonctionner et qui, une fois mises en œuvre, auront le plus d’impact sur la pauvreté.
12.2 Consulter les parties prenantes pour l’Étape 8
L’idéal est de pouvoir recueillir les données et, avec les parties prenantes, préparer la liste détaillée
pour la fin de la première mission, puis de convenir des conditions à remplir et des critères de
sélection pour figurer sur la liste restreinte. Il est ensuite utile de faire une pause pour analyser les
données en profondeur et évaluer la faisabilité de la liste détaillée des interventions possibles. Lors
de la seconde mission, il est alors possible de présenter le rapport préliminaire, d’expliquer le
processus de sélection des interventions figurant sur la liste détaillée, et d’axer la discussion sur la
liste restreinte. Cette seconde mission implique généralement un atelier des parties prenantes que le
facilitateur utilisera pour produire un plan de mise en œuvre détaillé passant en revue et définissant
les rôles et responsabilités des différents acteurs. En temps normal, la seconde mission ne dure pas
plus que quelques jours car l’objectif premier est de permettre aux décideurs d’apporter leurs
contributions pour l’établissement de la liste restreinte et de s’approprier les recommandations. La
possibilité est aussi donnée à ce moment là de recueillir de nouvelles données nécessaires à la prise
de décisions sur la liste restreinte - et dont le besoin de se serait pas fait sentir pendant la première
mission. Une fois les données analysées après la première mission, il n’est pas rare que quelques
interventions supplémentaires apparaissent.
Lors de la présentation des résultats de l’analyse de la chaîne de valeur aux décideurs, il est
important d’admettre qu’ils ne s’intéressent pas toujours aux détails de la méthode employée et que
le temps dont ils disposent est parfois compté. C’est la raison pour laquelle les chercheurs devraient
s’efforcer de présenter leurs résultats clés de manière aussi parlante et succincte que possible.
67
À titre d’exemple, dans le cadre de l’analyse
d’une chaîne de valeur dans le centre du
Vietnam, il est apparu que les interventions
«traditionnelles» sur le tourisme en faveur des
pauvres (en d’autres termes pour le renforcement
des liens locaux par la vente d’artisanat et l’achat
de denrées alimentaires locales) n’auraient qu’un
impact limité sur les pauvres. Les liens locaux
étaient en effet déjà bien développés et des
obstacles de taille empêchaient l’achat de
produits locaux. L’analyse a fait apparaître un
autre ensemble de facteurs bien plus significatifs
qui n’étaient pas prioritaires dans l’esprit des
parties prenantes du secteur du tourisme à
destination. Premier facteur: la destination était
en perte de vitesse par rapport au reste de
l’économie de Da Nang. Deuxième facteur: ce
ralentissement était dû à la diminution de la part
jusque là importante des revenus tirés des
touristes étrangers. Troisième facteur: la principale difficulté pour les touristes étrangers était le
manque d’hébergement sur la plage en comparaison de l’hébergement plus axé sur les voyages
d’affaires offert en centre ville.
Pour représenter la palette des choix s’offrant aux décideurs, nous avons préparé un graphique
(Figure 12), qui illustre:
La nécessité urgente d’inverser la tendance des deux dernières années – menant à un
«scénario catastrophe» dans lequel la contribution du tourisme à l’économie locale chute en
fait en termes absolus.
Le fait que même dans le cas de figure plus optimiste où le secteur du tourisme reprend le
chemin d’une croissance lente - «statu quo» - cela représente une baisse régulière dans un
contexte local où les autres secteurs de l’économie enregistrent une croissance d’environ 9%
par an.
Le fait qu’avec les cercles ombrés du scénario le plus pessimiste et le plus optimiste, la
simple consolidation des liens locaux n’aura qu’un impact marginal sur les résultats.
Le fait que la décision stratégique clé pour le tourisme à Da Nang consiste à développer
l’hébergement sur la plage pour les touristes étrangers et nationaux haut de gamme. Ce
scénario permettrait non seulement de doubler la contribution du tourisme à l’économie
locale mais il doublerait aussi les bénéfices revenant aux pauvres.
Atelier avec des hôteliers de Da Nang, centre du
Vietnam.
Figure 12: Graphique à bulles des bénéfices qui reviennent aux pauvres: moyens de représenter les
possibilités d’intervention sur la chaîne de valeur
Source: Mitchell, J. et Le, P. (2007).
Clairement exposer ces choix aux décideurs locaux a été important car le principal obstacle au
développement de la plage était la réglementation relative à la délivrance de permis de construire le
long de la plage aux investisseurs touristiques (les investisseurs étrangers pouvaient conserver leur
permis de construction sans développer les terrains mais en espérant faire une plus value sur leurs
droits de construire).
Lorsque les décideurs locaux ont pris la mesure des conséquences de la non-limitation dans le
temps des permis de construire, ils ont fait savoir aux intervenants sur le marché que les droits de
construire qui ne seraient pas exploités seraient annulés. En l’espace d’une année, la construction de
5 000 chambres d’hôtel haut de gamme a débuté le long de la plage. Cet exemple montre qu’une
image peut parfois avoir beaucoup plus d’effet sur les décideurs que la plus sophistiquée des
feuilles de calcul.
69
PHASE 3: ÉTABLISSEMENT D’UN PLAN DE TRAVAIL
Chapitre 13: Étape 10 – Concevoir une idée de projet
Pourquoi avons-nous besoin d’une idée de projet claire ?
Une fois réalisée l’analyse stratégique, l’étape suivante consiste logiquement à concevoir une idée de projet
adéquate. Pour ce faire, différentes idées de stratégies de tourisme inclusif concurrentes doivent être évaluées
et mises en balance. Il est nécessaire à ce stade de donner présenter le projet de manière claire et logique, et
d’établir notamment un budget approximatif et un calendrier.
13.1. Concevoir une idée de projet
À l’heure de concevoir l’idée de projet, la priorité devrait être de déterminer de quelle manière le
tourisme peut contribuer à réduire la pauvreté au sein de la communauté sélectionnée. Les lieux
d’intérêt et les flux de touristes au plan local sont les fondations même du projet de tourisme
inclusif. L’objectif est ici de désigner les maillons manquants et les impératifs pour permettre à la
communauté de tirer parti des débouchés touristiques actuels. Ces lacunes devraient ensuite être
comblées grâce aux activités menées dans le cadre du projet de tourisme inclusif.
Il est important de donner aux communautés locales la possibilité d’intervenir dans le processus de
conception de produits et de services axés sur le marché, de même qu’il est fondamental d’associer
les pauvres à la planification et à la gestion de toute initiative de tourisme inclusif. L’impact de ce
dernier sera fonction de la conjugaison d’un grand nombre de facteurs différents et il convient de ne
pas oublier qu’il est difficile d’établir un distinguo entre l’impact des projets de tourisme inclusif et
celui des programmes de développement en général.
Il est bon d’avoir une idée des résultats escomptés et de la manière dont on va les obtenir. Ce type
d’analyse est très utile pour expliquer l’utilisation du projet en faveur du groupe, de la région et du
pays visés. Elle contribue aussi à faire connaître ses intentions en toute transparence et évite de
viser des objectifs et d’adopter des stratégies incompatibles.
En règle générale, à chaque problème correspondent plusieurs solutions. La plupart des objectifs et
des impacts prévus dans le cadre du projet de tourisme inclusif peuvent donc être réalisés de
différentes manières. Afin d’utiliser les ressources disponibles le plus efficacement possible
(ressources par définition limitées), il est important d’étudier d’emblée toutes les solutions possibles
et de ne retenir que les plus adaptées. L’analyse des différentes solutions permet aussi d’adapter le
projet plus facilement si certaines données devaient changer.
Liste de contrôle : différentes solutions possibles
Comment les différents services, produits, procédés de production, segments touristiques
visés, liens avec le marché, etc., peuvent-ils déboucher sur différentes stratégies en faveur de
la communauté pauvre visée ?
Quels sont les avantages et les inconvénients de ces stratégies ?
Quels sont les critères les plus importants sur lesquels fonder le choix des solutions à retenir ?
Classer les différentes stratégies sur la base des critères retenus !
Vous pouvez formuler l’idée de projet en vos propres termes, l’important est que l’idée de départ
soit claire et convaincante pour le lecteur. Il convient de se demander quels produits ou services
peuvent être associés aux offres touristiques existantes, s’il est réaliste de penser que la
communauté pauvre pourra les produire de manière rentable et ce qu’il faudra pour garantir la
viabilité et la pérennité du projet.
Vous pouvez recourir à l’approche du cadre logique (un outil d’élaboration, de suivi et d’évaluation
méthodiques des projets de développement) pour énoncer votre idée de projet. L’énoncé de cette
stratégie doit couvrir :
- Les objectifs ;
- Les produits et résultats immédiats attendus ;
- Les activités à mettre en œuvre présentées dans l’ordre logique de leur mise en œuvre ;
- La pérennité du projet ;
- Les intrants, les coûts et les prix ;
- Les facteurs de risque et les postulats de départ ;
- Un budget et un calendrier ;
L’utilisation de l’approche du cadre logique n’est toutefois pas essentielle à ce stade. Elle peut
servir d’outil, mais n’oubliez pas que pour énoncer l’idée de projet concrète, c’est la question de
savoir en quoi les offres touristiques pourraient aider les communautés pauvres à réduire la pauvreté
et à améliorer les moyens de subsistance des populations locales qui est fondamentale.
Il importe déjà à ce stade, lorsque vous réfléchissez aux objectifs, aux résultats escomptés et aux
activités à mettre en œuvre, de réfléchir à des indicateurs de mesure d’impact. En l’absence
d’indicateurs, il est pour ainsi dire impossible de vérifier que le projet avance bien et, à son
achèvement, de voir s’il a ou non porté ses fruits. Étant donné que certains indicateurs sont
particulièrement utiles pour comparer la situation avant, pendant et après le projet, il est
indispensable de recueillir des informations sur les indicateurs les plus indiqués dès le début, en
d’autres termes au moment de l’étude d’opportunité.
Indicateurs utiles
Des indicateurs quantitatifs et qualitatifs permettent de mesurer l’avancement des projets. Ceux-ci doivent
être objectivement vérifiables, en d’autres termes ils doivent être 1) mesurables, 2) pertinents, 3) précis, 4)
réalisables, et 5) traçables. Il est utile de fournir quelques conseils sur la manière de vérifier les indicateurs
retenus.
13.2. Calendrier
Un projet de tourisme inclusif prend généralement deux à trois ans. C’est pendant ce laps de temps
que la plupart des changements proposés doivent être opérés, que les pauvres doivent être formés et
que les nouvelles chaînes de production gérées par les communautés devraient être lancées. Au
terme du projet, les communautés sont censées commercialiser leurs produits et leurs services
seules.
Pour estimer le calendrier de mise en œuvre du projet, les considérations suivantes doivent être
prises en compte :
- Besoins en formation et modalités de la formation ;
71
- Déroulement logique des activités proposées et intrants demandés ;
- Délais de réalisation des activités promotionnelles ;
- Cycles de production (surtout pour l’agriculture) et caractère saisonnier du tourisme ;
- Soutien pour le suivi, par exemple par le gouvernement local, les ONG et autres IAT.
Bien que les activités menées dans le cadre du projet soient censées perdurer une fois le projet
pilote parvenu à son terme, le calendrier envisagé porte uniquement sur la période pendant laquelle
l’ITC apporte son soutien.
Le calendrier général du projet de tourisme inclusif sera établi en additionnant la durée estimative
de l’ensemble des activités prévues dans le cadre du projet (plus un laps de temps pour la
planification et le suivi). L’échelonnement des activités peut être représenté sur un plan de travail,
qu’il s’agisse d’un calendrier des résultats escomptés, des activités, des intrants requis et des parties
prenantes responsables.
13.3. Budget
Pour finir, il convient de s’assurer de la faisabilité financière du projet. Dans le cadre du PRPT, la
notion de faisabilité financière couvre essentiellement deux choses : premièrement, la rentabilité (à
long terme) des activités de tourisme inclusif réalisées par les pauvres. Le tourisme inclusif ne peut
être pérenne que s’il est financièrement rentable, qu’il est axé sur le marché, qu’il produit les
retombées escomptées, et qu’il bénéficie aux groupes les plus marginalisés ; deuxièmement, les
activités du projet exigent des financements de départ tant que les capacités d’offre nationales ne
sont pas renforcées. Pour cela, un budget doit être établi qui couvre les dépenses liées au projet,
lesquelles devront en partie être assumées par les homologues nationaux et en partie par les
donateurs internationaux.
L’évaluation du projet financier couvre principalement deux questions :
1. L’analyse de la viabilité financière (rentabilité) des activités liées au tourisme
sélectionnées ;
2. L’indication des investissements nécessaires et des ressources financières disponibles pour
le projet.
Viabilité financière et rentabilité
En règle générale, les banques et les investisseurs souhaitent que leurs prêts soient remboursés, de
sorte que le projet doit dégager des marges positives. La gestion financière devrait contribuer à
évaluer le potentiel du projet de générer des bénéfices (à long terme) et, partant, sa pérennité.
Tout cela implique des producteurs et des fournisseurs de services qu’ils s’organisent de manière à
engranger des revenus durables pour couvrir les frais d’exploitation futurs, à rembourser les prêts
contractés initialement et à constituer un stock de capital pour les investissements futurs. Pour
garantir la viabilité financière de l’intervention à l’achèvement du projet, il est important d’établir
dans les grandes lignes un plan d’activité dans lequel seront définies les ressources financières
requises et dégagées à chaque étape (comme pour une entreprise privée).
Pour établir ces prévisions, les points suivants devraient être pris en compte :
- Il n’est pas réaliste d’escompter une augmentation rapide et marquée des ventes. La plupart
des projets enregistrent une augmentation progressive des ventes, parfois sur une base
mensuelle. Un pic soudain inexpliqué semblera étrange et donnera l’impression que
l’évaluation de l’activité n’a pas été honnête.
- Dans toute projection, tenez compte du caractère saisonnier de l’activité et des cycles
conjoncturels. À titre d’exemple, dans le secteur du tourisme il vous faudra faire apparaître les
hautes saisons.
- Ne tombez pas dans le piège courant qui consiste à sous-estimer les besoins en marge brute
d’autofinancement. Cela risque d’entraîner une sous-capitalisation, en d’autres termes vos
fonds ne suffiront pas à couvrir vos obligations.
- Évitez de regrouper des recettes et des dépenses trop importantes sans fournir d’informations
complémentaires sur les éléments qui les composent.
Ressources financières supplémentaires pour l’investissement et le fonds de roulement
L’ITC est une agence des Nations Unies spécialisée dans l’assistance technique et, à ce titre, elle ne
fournit pas le soutien financier nécessaire à l’amélioration des équipements et des infrastructures. Si
l’ITC peut financer certaines formations et la coopération technique nécessaire à la mise en œuvre
du projet, il ne fournit pas de capitaux. Il est donc nécessaire de trouver le moyen de financer les
changements proposés dans le cadre du projet pilote.
Il est possible de se tourner vers différents types d’organisations pour obtenir un financement
supplémentaire. À titre d’exemple, les banques, les ONG et les IAT peuvent accorder des
microcrédits. Ceux-ci sont accordés pour aider la population locale à créer ses propres petites
entreprises, comme acheter un stand pour la vente de fruits aux touristes, ou pour permettre à la
communauté de produire des brochures d’information touristique. Les banques d’État et les banques
de développement peuvent accorder des prêts à des conditions préférentielles. Les institutions telles
l’Union européenne ou la Banque mondiale peuvent accorder des subventions pour le
développement du commerce et de l’industrie dans les pays pauvres. Il convient par ailleurs de ne
pas oublier que le secteur privé peut être une source de financement. Les grandes entreprises à
vocation touristique et les grands voyagistes peuvent financer des projets de tourisme inclusif en
travaillant avec les communautés pauvres sur une base préférentielle, comme par exemple dans le
cadre du projet PRPT-Berimbau à Bahia, Brésil, où la Banque du Brésil a accordé des microcrédits
à des entrepreneurs trop pauvres pour bénéficier des prêts des banques traditionnelles.
13.4. Pérennité et reproduction
Étant donné que les projets de tourisme inclusif sont uniquement considérés comme un succès
lorsque la communauté locale continue de se développer une fois le projet mené à son terme, il est
important d’évaluer le potentiel de croissance des activités liées au tourisme lors du choix du lieu
d’implantation du projet. Ce potentiel peut être mesuré sur la base des critères suivants :
- Attrait du lieu, non seulement au plan géographique, mais aussi en fonction des installations
existantes :
- La population locale prévoit-elle une importante évolution de la demande touristique, de
sorte qu’elle va savoir, par exemple, à quel moment de nouveaux investissements devront être
réalisés pour faire en sorte que l’endroit reste une destination touristique attrayante ? ;
- La population locale est-elle en mesure d’opérer les changements nécessaires afin de
dégager des revenus suffisants ; et
- Les ressources financières qui pourront être levées et dégagées à long terme aussi.
L’objectif final de chaque projet de tourisme inclusif est la pérennité du projet et sa reproduction
dans d’autres régions et communautés. Étant donné que ce sont les gouvernements qui demandent à
bénéficier du projet de tourisme inclusif et qui s’engagent à le reproduire ailleurs, ce sont aussi les
73
gouvernements qui doivent tirer les enseignements du projet afin d’en faciliter la reproduction et
d’améliorer les moyens de subsistance d’autres communautés pauvres :
- Le gouvernement doit être tenu informé, par le biais de rapports ou de visites réguliers sur
place, par exemple.
- Le gouvernement doit être associé de près au projet, en parrainant, par exemple, un volet
du projet comme l’étude d’opportunité.
- Le projet doit être transparent. Tous les résultats du projet de tourisme inclusif doivent être
visibles, de manière à encourager les autres communautés pauvres qui vont le reproduire et
pour faire en sorte qu’elles n’aient pas à « réinventer la roue ».
Résultats escomptés : idée de projet
Énoncer une idée de projet convaincante en y indiquant les résultats escomptés, les activités
prévues et les intrants nécessaires.
Établir le calendrier du projet, sous la forme d’un plan d’actions classées par ordre de priorité,
dans la mesure du possible.
Montrer que le projet est rentable en donnant des projections de marge brute
d’autofinancement ainsi qu’un relevé provisoire des investissements nécessaires (en indiquant
les sources de financement possibles).
Chapitre 14: Étape 11 – Programmation du projet
La présente section est consacrée à la présentation sous forme de projets bancables des interventions
proposées classées par ordre de priorité, à leur présentation sous une forme attrayante et qui puisse
être évaluée par les bailleurs de fonds potentiels. L’ITC élabore des propositions de projets à l’aide
d’une matrice divisées en différentes sections :
Page de titre
Programme de réduction de la pauvreté (Nom du projet)
par le tourisme :
DOCUMENT DE PROJET
Pays : (Pays)
Titre/No. du projet : (Nom)
Durée: (Nombre de mois)
Localisation: (Destination dans le pays)
Organismes homologues: (Liste)
Partenaires: (Liste)
Agence chargée de l’exécution : Centre du commerce international (ITC)
Budget estimatif: US$E.-U. (Chiffre)
Contribution des homologues: (Liste)
CONTENU
Le présent document devrait justifier les recherches menées par la présentation de la chaîne de
valeur actuelle et des questions fondamentales concernant le maillon production et le groupe
cible. Les activités à réaliser pour améliorer la chaîne de valeur, les intervenants et les risques
encourus, devraient être clairement présentées.
INTRODUCTION
Brève présentation de l’organisation et de la gestion de la mission.
Activités à réaliser pendant la phase de lancement – validation des stratégies d’amélioration
A. Logique de l’intervention de recherche
Description succincte du but premier de l’intervention. Pourquoi cette intervention de
recherche constitue-t-elle une utilisation adéquate des ressources peu abondantes pour faire
75
face aux problèmes auxquels est confronté le groupe cible en améliorant sa position dans la
chaîne de valeur ? Reportez-vous au Tableau 8.
Le Tableau 1 se veut aussi intuitif que possible et vise à faire le lien entre les problèmes
déterminants, les stratégies d’amélioration et les activités proposées. Il convient de relever les
points suivants :
Les deux colonnes intitulées «stratégies d’amélioration» permettent aux chercheurs de
définir le type de stratégie (fonctionnelle/de procédé/d’amélioration de produit) et offrent
une description plus claire de l’objectif précis visé (assurer la production durable de jigat).
Les «points d’intervention» est l’expression employée pour identifier les points de pression
ou points d’entrée de la chaîne de valeur sur lesquels des changements peuvent être opérés.
Les «produits» sont le résultat direct des activités sélectionnées, le «résultat» est la
conséquence des produits. Des indicateurs de suivi de l’évolution des produits, des résultats
et de l’impact (réduction de la pauvreté et durabilité environnementale mesurés à l’aune de
l’objectif global, par exemple).
Les risques et les postulats sont importants car ils mettent en évidence les écueils potentiels
cachés entre les colonnes sur les activités, les produits et les résultats.
B. Méthode de recherche pour l’étude diagnostique
Présenter dans les grandes lignes les méthodes utilisées au cours de l’étude diagnostique et
comment ces données ont été utilisées.
C. Résultats de l’analyse de la chaîne de valeur
Description et présentation de la chaîne de valeur avant la mise en œuvre des stratégies
d’amélioration et le lancement des activités. Elles devraient être données dans l’analyse de la
chaîne de valeur, le diagramme et la description. Elles devraient inclure les indicateurs qui
permettront de suivre les changements apportés à la chaîne de valeur au cœur du processus de
recherche.
D. Indicateurs de suivi et d’évaluation
Cette section devrait présenter les variables de référence à surveiller tout au long du processus
de recherche. Renvoyer à l’Instrument de mesure d’impact du PRPT sur Excel et SAS Graph.
E. Description du processus de consultation des protagonistes
Les discussions bilatérales et de groupe détaillées organisées par les chercheurs avec les
parties prenantes clés pendant l’étude diagnostique sont aussi importantes que les ateliers. Les
ateliers ne sont pas une méthode particulièrement efficace pour obtenir des informations sur
plusieurs catégories de parties prenantes (les dirigeants de grandes organisations du secteur
privé ou les pauvres). Des consultations doivent donc être organisées au stade de la collecte
des données.
F. Points d’intervention et protagonistes
Expliquer que telle ou telle intervention est nécessaire car elle constitue le point d’entrée le
plus efficace pour favoriser les changements progressifs sur une partie donnée de la chaîne.
Pourquoi la proposition prône-t-elle la collaboration avec les parties prenantes choisies?
G. Stratégies d’amélioration validées et révisées
Une fois les données recueillies, l’analyse réalisée et les consultations tenues pendant la phase
de collecte des données, comment les stratégies d’amélioration retenues ont-elles évolué à
partir des idées initiales énumérées sur la liste détaillée des interventions possibles? Tel est
vraiment l’objectif clé du rapport de validation.
H. Plan de travail détaillé des activités du projet Plan de travail comprenant un calendrier détaillé des activités à réaliser, des événements
(ateliers), rapports et outres produits.
I. Budget révisé
Résumé dans le texte et accompagné de tableaux détaillés en format standard tel que donné en
Annexe 4.
J. Matrice du cadre logique
Compléter une matrice du cadre logique pour le projet proposé, en incluant le ou les
problèmes et le ou les objectifs généraux en matière de développement, en descendant jusqu’à
l’objectif du projet, jusqu’aux résultats escomptés du projet, aux activités devant être mises en
œuvre pour obtenir ces résultats et enfin aux intrants requis pour pouvoir tout mettre en
œuvre.
L’Annexe 5 contient des orientations pour compléter la matrice du cadre logique, énoncer les
objectifs, les indicateurs, les instruments de mesure, et les postulats.
Note: Pour les orientations, viser un maximum de 25 pages du texte principal.
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77
Tableau 8: Exemple Objectif général: accroître les avantages économiques des femmes producteurs pauvres des zones rurales de Tripura, Inde,
appartenant à la chaîne de valeur de l’encens (agarbatti) à titre de ressource de base durable.
Groupe cible : femmes pauvres des zones rurales sans revenu ou dont le revenu est inférieur à $E.-U. 1 par jour
de travail dans la plaine de Tripura
ITC/DTCC/06/2792
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ANNEXES
Annexe 1: Approche du cadre logique (ACL)
L’approche du cadre logique (ACL) est un outil de planification et d’analyse qui aide à définir
les intrants requis et les activités à réaliser pour atteindre un objectif donné. Dans le même
temps, elle donne un aperçu du projet qui peut être utilisé pour évaluer et identifier les
problèmes.
Commencez par compléter la matrice, en incluant le ou les problèmes ainsi que le ou les
objectifs généraux en matière de développement, en descendant jusqu’à l’objectif du projet,
jusqu’aux résultats escomptés du projet, aux activités devant être mises en œuvre pour obtenir
ces résultats et enfin aux intrants requis pour pouvoir tout mettre en œuvre. Un exemple de
matrice de l’ACL figure après les définitions des termes.
La matrice de l’ACL type est inspirée d’une matrice élaborée pour un projet de tourisme
inclusif à El Salvador.
Définition des termes
Objectifs en
matière de
développement
Objectifs à long terme devant être atteints grâce au projet de tourisme inclusif.
Exemple: amélioration des conditions de vie des communautés pauvres.
Objectif(s) du
projet
Objectif du projet de tourisme inclusif.
Exemple: relèvement des niveaux de revenu des communautés cibles grâce à
leur participation active au secteur du tourisme.
Résultats
Biens et services reçus par le groupe cible.
Exemple: personnel hôtelier formé pour obtenir des revenus plus élevés et/ou un
meilleur emploi grâce à l’amélioration de leurs compétences en gestion et à une
meilleure utilisation des circuits de vente liés au tourisme.
Activités
Activités devant être mises en œuvre pour obtenir les résultats escomptés.
Exemple: formation à la vente et aux techniques de promotion.
Intrants
Ressources nécessaires à la réalisation des activités prévues.
Exemple: personnes, outils et matériels nécessaires à la formation des
communautés.
Logique
d’intervention
Intervention nécessaire dans la situation actuelle pour améliorer les moyens de
subsistance de la communauté.
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Indicateurs
Indicateurs mesurables et vérifiables permettant d’évaluer l’évolution, les
résultats et les activités.
Exemple: niveaux de revenu des familles; taux de mortalité; niveaux d’éducation
des enfants et des adultes.
Sources de
vérification
Matériel permettant de vérifier les résultats.
Exemple: Étude menée auprès de la communauté au début et à la fin du projet à
l’aide de notre Instrument de mesure d’impact du PRPE.
Postulats
Suppositions générales utilisées tout au long de la planification du projet.
Exemple: lien direct observé entre les indicateurs et les activités du projet.
Exemple de matrice de l’ACL
Logique
d’intervention
Indicateurs Sources de
vérification Postulats
Objectifs en
matière de
développement
Amélioration des
conditions de vie
des
communautés
pauvres
Niveau de revenu
des familles; taux
de mortalité;
niveaux
d’éducation des
enfants et des
adultes
Enquête ménage
à réaliser au
début et à la fin
du projet
Lien direct
observé entre les
indicateurs et les
activités du
projet
Objectifs du
projet (1)
Relèvement des
niveaux de
revenu des
communautés
cibles grâce à
leur
participation
active au secteur
du tourisme
Augmentation
d’au moins 20%
dans au moins 2
des domaines
suivants: revenus
de l’hôtellerie,
restaurants,
guides, artisanat,
salaires des
particuliers
Registres des
comptes des
différents
établissements
interrogés
Possibilité de
garantir une
distribution
égale des
revenus
supplémentaires
engrangés par le
biais du projet
Objectifs du
projet (2)
Augmentation du
nombre de
touristes et/ou
augmentation
des sommes
dépensées par les
touristes et qui
reviennent aux
communautés
pauvres
Augmentation
d’au moins 20%
du nombre de
touristes, de la
durée des séjours
et/ou des
dépenses
moyennes
Enquêtes et
registres des
touristes;
données
empiriques
Appui du secteur
formel et des
autorités locales
ITC/DTCC/06/2792
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Logique
d’intervention
Indicateurs Sources de
vérification Postulats
Résultats (2)
Élaboration (et
mise en œuvre
des éléments à
court terme) d’un
plan d’appui au
développement
du secteur de
l’agrotourisme
Création de
revenus
d’activités
touristiques
Documentation
du projet;
vérification
directe
Collaboration
avec les parties
prenantes
compétentes de
manière à
formuler et à
mettre en œuvre
le plan du projet
Activités (1)
Formation du
public visé à la
vente et aux
techniques de
promotion
Analyse écrite des chiffres des ventes
Les gens savent
lire et d’écrire et
sont motivés
Activités (2)
Apprendre au
public visé à
diversifier les
activités
agricoles locales
Plus large sélection de fruits et de
légumes disponible sur le marché
local
Les gens sont
motivés pour
diversifier leurs
cultures
Intrants (1)
Personnes,
instruments et
matériels
nécessaires à la
formation des
communautés
Intrants (2)
Graines,
équipement de
drainage
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Annexe 2: Exemple d’enquête sur le secteur du tourisme
Le présent exemple se fonde sur une enquête réalisée à La Palma et à San Ignacio, El Salvador,
pour analyser la situation actuelle du secteur du tourisme et les intérêts des touristes qui étaient
principalement salvadoriens.
La Palma – San Ignacio
1. Où la présente enquête est-elle réalisée?
La Palma San Ignacio
2. Comment voyagez-vous?
Seul En famille En groupe En couple
3. Si vous voyagez en famille ou en groupe, de combien de personnes se compose
votre groupe?
____________________
4. Quelle est la profession du chef de famille ou du groupe?
Etudiant Salarié Représentant ONG/diplomate
Agriculteur Négociant Indépendant
Retraité PDG/Directeur général
5. Quel est votre pays ou votre ville d’origine?
San Salvador Santa Ana Pérou El Tunel
Suisse Chalatenango Canada USA
Autre, à savoir ___________________________________________
6. Quel est le dernier endroit que vous ayez visité avant d’arriver à La Palma/San
Ignacio?
San Salvador Honduras Guatemala
Autre, à savoir _____________________________________
7. Quel est le prochain endroit que vous allez visiter?
San Salvador Honduras Guatemala
Autre, à savoir _____________________________________
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8. Si vous êtes à La Palma: vous êtes-vous rendu à San Ignacio pendant votre
voyage?
oui non
9. Si vous êtes à San Ignacio: vous êtes-vous rendu à La Palma pendant votre
voyage?
oui non
10. Comment avez-vous voyagé jusqu’à à La Palma / San Ignacio?
Transport public Transport privé
11. Quel est le motif de votre visite ?
Achat d’artisanat Montagne Politique Famille ou amis Affaire
Climat Voyage
12. S’agit-il de votre première visite à La Palma / San Ignacio?
oui non
13. Si vous n’en êtes pas à votre première visite, à quelle fréquence venez-vous à La
Palma/San Ignacio?
3-4 fois par mois 2 fois par mois une fois par mois
4-5 fois par an 6-11 fois par an moins souvent
14. Quelle est la durée de votre séjour à La Palma / San Ignacio?
0 nuit 1 nuits 2 nuits 3 nuits 4 nuits à 1 semaine
2 semaines 3 semaines à un moins ou plus
15. Où séjournez-vous?
Famille ou amis Hôtel Camping Auberge Complexe hôtelier
16. Où avez-vous pris votre déjeuner?
Restaurant Pique-nique Complexe ‘Entre Pinos’ Cantine
Famille ou amis Déjeuner pris avant d’arriver
17. Où avez-vous trouvé des informations sur La Palma / San Ignacio?
Famille ou amis Presse (journaux, magazines, guide touristique, etc)
Bouche-à-oreille Guides Institutions internationales
Institutions nationales Sur mon lieu de travail Connaissances géographiques
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18. Pour vous le séjour idéal dans cette région doit offrir…
Pas
im
port
ant
du t
out
Moyen
nem
ent
import
ant
Import
ant
Trè
s im
port
ant
Indis
pen
sable
Températures clémentes
Propreté
Office du tourisme
Animations pour enfants
Activités pour jeunes (discothèque, par exemple)
Sécurité
Large choix de légumes
Large choix d’hôtels de catégorie intermédiaire à
haut de gamme
Large choix d’hôtels à prix modéré
Restaurants offrant de la cuisine internationale
Restaurants offrant de la cuisine régionale
Excursions guidées
Visites d’endroits où l’on fabrique de l’artisanat
Bonne offre de moyens de transport pour touristes
Points de vente d’artisanat
Autre, à savoir
19. Sur une échelle de 0 à 10, comment noteriez-vous votre voyage d’aujourd’hui, 0
étant la note la plus basse et 10 la plus haute
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
20. Quelle est votre nationalité?
Ressortissant du pays Ancien ressortissant du pays, aujourd’hui à l’étranger
Etranger
Ancien ressortissant étranger, aujourd’hui ressortissant national
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Annexe 3: Analyse AFOM
La présente Annexe expose de manière détaillée la méthode d’analyse des Atouts, Faiblesses,
Opportunités, Menaces (AFOM). Lors de la réflexion sur les aspects positifs ou négatifs, tout
ce qui vient à l’esprit devrait être consigné par écrit, y compris les cas de figure les plus
improbables ou les compétences les plus évidentes. Il est important que toutes les dimensions
soient étudiées de manière à obtenir le plus d’informations pour alimenter le processus
décisionnel.
Atout: ressource interne comme par exemple des connaissances, un projet traditionnel, un
savoir-faire ou la maîtrise de l’accès à un patrimoine naturel ou culturel. Les atouts ne
doivent pas être surestimés. Les producteurs pauvres ne sont pas en mesure d’investir de
l’argent, du temps ou d’autres ressources dans les projets qui comportent un risque
significatif.
Faiblesse: lacune interne susceptible de saper l’initiative, comme par exemple des produits
de piètre qualité, des services non fiables, le manque de connaissances des langues
étrangères nécessaires pour le segment de marché. Une évaluation objective des faiblesses
et des obstacles à surmonter est indispensable.
Opportunités: circonstances externes propices à la vente de produits et de services locaux,
comme par exemple un nombre suffisant de touristes internationaux en provenance des
segments de marché considérés comme prédisposés à l’achat des biens et services
proposés. L’avis des parties prenantes au secteur du tourisme de la région et celui des
voyagistes et des guides qui amènent des gens dans la région sont particulièrement
importants; ils peuvent donner une image objective essentielle de la situation.
Menace: contrainte ou obstacles au succès de la vente locale de biens et de services,
comme par exemple la durée de séjour trop courte des touristes internationaux dans la
région qui ne leur permet pas d’acheter les services locaux tels que les visites guidées ou
les expériences culturelles. Les interventions extérieures constituent une des principales
menaces, en ce sens qu’elles conduisent à lancer des initiatives qui ne sont pas durables une
fois les financements initiaux épuisés. Ce ne sont alors pas ceux qui lancent le projet qui
sont perdants, mais bien les petits producteurs pauvres.
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Etape 1
Préparez une grille suffisamment grande telle celle donnée ci-dessous. Intitulez les différentes
cellules comme suit: supérieure gauche «Atouts», supérieure droite «Faiblesses», inférieure
gauche «Opportunités», et inférieure droite «Menaces». Marquez la partie supérieure de la
grille «Situation interne» et la partie inférieure «Situation externe».
Situation interne
Atouts Faiblesses
Opportunités Menaces
Situation externe
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Etape 2
Notez tous les aspects positifs de la situation des petits producteurs pauvres, de leurs produits et
services, dans la cellule «Atouts». À titre d’exemple, le fait que le poisson soit toujours frais
car pêché et vendu le même jour, et que 90% des membres de la communauté savent lire et
écrire.
Situation interne
Atouts Faiblesses
Poisson toujours frais
90% de la population sait lire et écrire
Opportunités Menaces
Situation externe
ITC/DTCC/06/2792
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Etape 3
Notez tous les aspects négatifs de la situation des petits producteurs pauvres, de leurs produits
et services, dans la cellule «Faiblesses». À titre d’exemple, les agriculteurs ne disposent pas de
moyen de transport pour amener leurs légumes jusqu’aux installations touristiques, ou les
femmes ne sont pas disposées à confier leurs enfants en bas âge à des tiers pour aller travailler.
Situation interne
Atouts Faiblesses
Poisson toujours frais
90% de la population sait lire et
écrire
Pas de moyens de transport pour les
agriculteurs
Refus de confier les enfants à des
tiers
Opportunités Menaces
Situation externe
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Etape 4
Notez tous les aspects de l’environnement qui bénéficient aux communautés pauvres et à leurs
produits et services dans la cellule « Opportunités ». Il convient de relever que
l’environnement s’entend de la nature, de la culture, du gouvernement, des touristes
internationaux, etc. À titre d’exemple, les propriétaires d’installations touristiques recherchent
des employés, ou il existe un temple ancien dans la région.
Situation interne
Atouts Faiblesses
Poisson toujours frais
90% de la population sait lire et
écrire
Pas de moyens de transport pour les
agriculteurs
Refus de confier les enfants à des
tiers
Opportunités Menaces
Les installations touristiques
recherchent de la main-d’œuvre
Temple ancien (lieu d’intérêt
touristique)
Situation externe
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Etape 5
Notez tous les aspects de l’environnement qui ont une incidence négative sur les communautés,
leurs produits et services dans la cellule « Menaces ». Il convient là encore de relever que
l’environnement s’entend de la nature, de la culture, des institutions, du secteur formel, etc. À
titre d’exemple, des inondations frappent régulièrement la région, un aspect de la culture locale
empêchent les femmes de travailler contre rémunération, ou la mise en œuvre de projets non
durables.
Situation interne
Atouts Faiblesses
Poisson toujours frais
90% de la population sait lire et
écrire
Pas de moyens de transport pour les
agriculteurs
Refus de confier les enfants à des
tiers
Opportunités Menaces
Les installations touristiques
recherchent de la main-d’œuvre
Temple ancien (lieu d’intérêt
touristique)
Inondations en septembre
La culture décourage les femmes de
gagner un salaire
Projets non-durables
Situation externe
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Etape
La matrice donne à présent un aperçu des atouts, faiblesses, opportunités et menaces liés au site
choisi et aux communautés pauvres locales. L’analyse de cette matrice fait la lumière sur les
produits et services qui pourraient être vendus, les formations requises, ainsi que les obstacles
potentiels à la mise en œuvre d’un projet de tourisme inclusif.
Situation interne
Atouts Faiblesses
Poisson toujours frais
90% de la population sait lire et
écrire
Pas de moyens de transport pour les
agriculteurs
Refus de confier les enfants à des
tiers
Opportunités Menaces
Les installations touristiques
recherchent de la main-d’œuvre
Temple ancien (lieu d’intérêt
touristique)
Inondations en septembre
La culture décourage les femmes de
gagner un salaire
Projets non-durables
Situation externe
Analyse:
Le poisson frais peut facilement être vendu aux touristes et aux installations touristiques.
La population peut trouver du travail dans les installations touristiques.
Des formations peuvent être organisées par les employeurs.
Possibilité de proposer une excursion d’une demi journée au temple ancien ; formation des guides : o en langues. o à l’histoire du temple.
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Etape 7
Pour un aperçu plus clair, l’analyse AFOM peut être présentée en se fondant sur les indicateurs
économiques, sociaux, environnementaux, financiers et de marché tels que présentés dans le
tableau ci-après. Une fois le tableau complété, la personne en charge de l’évaluation peut tirer
des conclusions et formuler des recommandations pour le projet de tourisme inclusif.
Cadre AFOM
Situation interne Contexte extérieur
Atouts Faiblesses Opportunités Menaces
Economiques
Sociaux
Environnementaux
Financiers
De marché
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Annexe 4: Format des tableaux sur les budgets
Des estimations concernant les intrants requis pour la planification et la mise en œuvre du
programme sont données dans le Tableau A1 ci-dessous.
Tableau A1: Cadre budgétaire
Poste de dépenses Quantité Prix ($E.U.) Total ($E.U.)
1: Ressources humaines (XX mois) Mois
Permanents (exemples)
Coordination
Suivi et évaluation
Secrétaire
Temporaires (exemples)
Spécialiste local en droit des contrats
Spécialistes locaux (en formation, tourisme, PME, etc.)
Assistants sur le terrain (pour les études)
Assistant saisie de données (pour les études)
Spécialiste local en marketing et promotion
Auditeur technique
Journées experts internationaux
Sous-total 1
2: Déplacements (XX months)
Location de véhicule/voyage
Essence
Vols (internationaux et intérieurs)
Sous-total 2
3: Equipements et matériels
Ordinateurs portables
Télécopieur et téléphone
Imprimante
Photocopieuse
Entretien du véhicule/de l’équipement
Sous-total 3
4: Dépenses engages pour le bureau/projet local
Location de locaux à (lieu)
Meubles
Assurance (véhicule, équipement)
Eau et électricité
Télécopies et téléphones
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Poste de dépenses Quantité Prix ($E.U.) Total ($E.U.)
Fournitures de bureau
Sous-total 4
5: Autres coûts, services
Réunions du comité de direction (participants,
honoraires/pauses)
Planification de la participation des parties prenantes
locales
Réunion de planification participatives avec les
associations de producteurs
Mise en place des infrastructures du projet
Ateliers de formation
Sous-total 5
6: Autres dépenses connexes
Promotion et marketing
Activités de vulgarisation
Sous-total 6
Totaux Prix ($E.U.) Total ($E.U.)
Total (somme 1 à 6)
7: Imprévu (5% du total)
Total général
Notes concernant le budget : décrit les contributions financières et en nature du partenaire du projet.
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Annexe 5: Format et organisation de la matrice du cadre logique
L’approche du cadre logique (ACL) est une méthode de planification et d’examen qui aide à déterminer les intrants et activités nécessaires à la réalisation de l’objectif visé. Dans le même temps, elle donne une vue d’ensemble du projet qui peut être utilisée pour évaluer et identifier les problèmes.
Tableau B1: Définition des termes employés dans les approches du cadre logique
Terme Description et exemple
Objectifs en matière de développement
Objectifs à long terme devant être atteints grâce au projet de tourisme inclusif.
Exemple: amélioration des conditions de vie des communautés pauvres.
Objectif(s) du projet
Objectif du projet de tourisme inclusif.
Exemple: relèvement des niveaux de revenu des communautés cibles grâce à leur
participation active au secteur du tourisme.
Résultats
Biens et services reçus par le groupe cible.
Exemple: personnel hôtelier formé pour obtenir des revenus plus élevés et/ou un
meilleur emploi grâce à l’amélioration de leurs compétences en gestion et à une
meilleure utilisation des circuits de vente liés au tourisme.
Activités
Activités devant être mises en œuvre pour obtenir les résultats escomptés.
Exemple: formation à la vente et aux techniques de promotion.
Intrants
Ressources nécessaires à la réalisation des activités prévues.
Exemple: personnes, outils et matériels nécessaires à la formation des communautés
Logique d’intervention
Intervention nécessaire dans la situation actuelle pour améliorer les moyens de
subsistance de la communauté.
Indicateurs mesurables
Indicateurs mesurables et vérifiables permettant d’évaluer l’évolution, les résultats et les
activités.
Exemple: niveaux de revenu des familles; taux de mortalité; niveaux d’éducation des
enfants et des adultes.
Moyens de vérification
Matériel permettant de vérifier les résultats.
Exemple: Étude menée auprès de la communauté au début et à la fin du projet à l’aide
de notre Instrument de mesure d’impact du PRPT.
Postulats
Suppositions générales utilisées tout au long de la planification du projet.
Exemple: lien direct observé entre les indicateurs et les activités du projet.
L’exemple de matrice d’ACL donné en page suivante s’inspire d’une matrice préparée dans le
cadre d’un projet de l’ITC mené à El Salvador.
Utilisez le même cadre pour préparer votre cadre logique.
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Tableau B2: Exemple de matrice d’analyse du cadre logique
Logique
d’intervention
Indicateurs
mesurables
Moyens de
vérification
Postulats
importants
Objectifs de
développement
Améliorer les
conditions de vie
des communautés
pauvres
Revenus des
familles, taux de
mortalité, niveau
d’éducation des
enfants et des
adultes
Étude menée auprès
des ménages au
début et à la fin du
projet
Relation directe
observée entre les
indicateurs et les
activités du projet
Objectifs du
projet 1
Augmentation des
revenus des
communautés cibles
grâce à leur
participation active
au secteur du
tourisme
Augmentation d’au
moins 20% dans au
moins deux des
domaines suivantes :
revenus des hôtels,
restaurants, guides,
artisans, salaires des
particuliers
Comptes des
différents
établissements,
entretiens
Possibilité de
garantir une
répartition égale des
revenus
supplémentaires
dégagés grâce au
projet
Objectifs du
projet 2
Augmentation du
nombre de touristes
et/ou augmentation
des sommes
dépensées par les
touristes et qui
reviennent aux
communautés
pauvres
Augmentation d’au
moins 20% du
nombre de touristes,
de la durée de leurs
séjours, et/ou de
leurs dépenses
moyennes
Études et registres
des touristes,
données empiriques
Soutien du secteur
formel et des
autorités locales
Résultats 1
Résultats 2
Élaboration (et mise
en œuvre des
éléments à court
terme) d’un plan
d’appui au
développement du
secteur du tourisme
Création de revenus
par les activités liées
au tourisme
Documentation du
projet, vérification
directe
Collaboration avec
les parties prenantes
compétentes pour
l’élaboration et la
mise en œuvre du
plan du projet
Activités 1
Formation des
populations aux
techniques de vente
et de promotion
Analyse écrite des
chiffres des ventes
Grand-livre des
ventes
Les gens savent lire
et écrire et sont
motivés
Activités 1.1
Activités 1.2
Activités 2
Formation à la
diversification de
l’agriculture locale
Plus large palette de
fruits et légumes
disponibles sur le
marché local
Étude du marché
Les gens sont
motivés pour
cultiver des produits
divers
Activités 2.1
Activités 2.2
Intrants 1
Personnes,
instruments et
matériels pour
former les
communautés
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Page 96 Logique
d’intervention
Indicateurs
mesurables
Moyens de
vérification
Postulats
importants
Intrants 2
Graines, équipement
de drainage
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MATERIEL DE REFERENCE
A Les instruments du PRPT*
Titre Année
Les modules de formation du PRPT
o Module de base – Recerre pour le succès du Tourisme Inclusif dans le PRPT
o Module de formation pour l’agriculture
o Module de formation artistico-culturel
o Module de formation à la Gestion de l’Accueil
2009
Manuel et Instruments de mesure de l’impact o Questionnaire de diagnostic de pauvreté
o Instruments de mesure d’impact (basé sur MS Excel)
o Guide d’utilisateur des instruments de mesure d’impact
2005
Kit des outils de formation du PRPE
o An integrated training manual for trade support networks, communities and producers
2003
L’équipe du PRPE peut fournir des informations sur ces instruments. Si vous souhaitez en savoir plus ou
si vous avez des questions au sujet de ces instruments, merci de contacter l’équipe du PRPE à
B Références externes
Titre Auteur Organisation/Editeur Année
AUSGuide – Gestion des projets à
travers le cycle d’activité
Australian
Government
Oversees Aid
(AusAID)
www.ausaid.gov.au/ausguide/contents.cfm 2000
Design, contrôle et evaluation des
programmes de cooperation technique et
des projets: un manuel
OIT
Unité
d’Evaluation
Organisation Internationale du Travail, Genève 1996
Gestion Financière pour le
Développement: comptabilité et finance
pour les non-spécialistes dans les
organisations de développement
John
Cammack
INTRAC (www.intrac.org/publications.php) 1999
Gestion de l’économie des organisations Paul Hersley
and Kenneth
Blanchard
Prentice-Hall 1993
Gestion de la mise en œuvre des projets
sur les sites
GTZ
Allemagne
www.gtz.de/english 1989
Méthodes pour une participation active:
expériences du développement rural dans
l’Afrique de l’est et de l’ouest
Terry D.
Bergdall
Université d’Oxford University, Presse 1994
La participation pour le développement
des projets
Peter Oakley INTRAC (www.intrac.org) 1995
Interventions stratégiques pour les
managers dans le domaine du
développement, Développement
environnemental. Processus, Vol. II
Eduardo A.
Morató Jr.
Asian Institute of Management 1993
Le challenge de la durabilité Ranjit Kumar
et al.
Fondation pour la formation internationale 1993
ITC/DTCC/06/2792
Page 98
C Les sites web liés
Organisation URL
Danida, Denmark www.um.dk/en/menu/DevelopmentPolicy
DFID, Royaume-Uni www.dfid.gov.uk
EuropeAid (Commission Européenne) www.europa.eu.int/comm/europeaid
Centre européen de gestion des politiques de développement www.ecdpm.org
FAO www.fao.org
GTZ, Allemagne www.gtz.de/english
Université d’Harvard www.ksgcase.harvard.edu
IFAD www.ifad.org
INTRAC UK www.intrac.org
OCDE www.oecd.org/dac
SECO, Suisse www.seco-cooperation.ch
Sida, Suède www.sida.se/Sida/jsp/polopoly.jsp?d=107
SNV, Pays Bas www.snvworld.org
Nations Unies www.un.org/millenniumgoals
CNUCED www.unctad.org
PNUD www.undp.org
USAID www.usaid.gov
Banque Mondiale www.worldbank.org
Organisation Mondiale du Commerce (OMC) www.wto.org
Organisation mondiale du tourisme www.world-tourism.org
ITC/DTCC/06/2792
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99
Autres instruments et indications
Evaluations de
la chaine de
valeur
bénéficiant aux
pauvres (ODI)
Faire une carte de l’économie du tourisme, des secteurs d’ensemble, des participants, par répartition
hommes-femmes, et par flux de revenus.
http://www.odi.org.uk/tourism/resources/longerpapers/0709-da-nang-report.pdf
http://www.odi.org.uk/tourism/resources/longerpapers/0806-ppt-rwanda.pdf
http://www.odi.org.uk/tourism/resources/longerpapers/0705-development-southern-africa.pdf
Questionnaires
pour les hôtels
et modèles
d’analyse (SNV
ODI)
Questionnaire et plan excel conçus pour l’analyse de la chaine de valeur des flux de revenus des
pauvres dans les hôtels
Manuel de
chaîne de
valeur (Gtz)
Manuel d’analyse de la chaîne de valeur (générique, mais rigoureux, conseil technique)
http://www.value-links.de/manual/distributor.html
Instruments
d’analyse de la
chaîne de
valeur Spier
Un outil pour entreprise qui vise à évaluer la performance de ses propres fournisseurs avec critère clé.
Processus
d’évaluation du
tourisme
(Conservation
International /
Université de
George
Washington)
Analyse des parties prenantes
Inventaire des attraits (naturel, culturel, histoire et héritage, loisir)
infrastructure et services (transport, accès, services publics)
Analyse de la demande de marché (questionnaire auprès des visiteurs, comment interpréter
les résultats)
Offre et compétitivité (outils d’enquête pour le logement, les voyagistes, activités artisanales
et artistiques, etc.)
Outils pour dimension socio-économique, culturelle et utilisation des ressources naturelles
(outils pour cartographier les communautés, directives pour le groupe cible, outils d’enquête pour
les résidents, comment analyser et interpréter ces résultats)
Impact sur l’environnement et la biodiversité (comprendre ces impacts, directives pour les
évaluer, matrice)
Analyse des coûts et bénéfices (feuille de question pour CBA, mesurer les coûts/bénéfices
difficilement mesurables, évaluation)
Accessible à:
www.gwutourism.org/images_comm/TAPmanual_2meg.pdf
Indicateurs de
développement
durable des
destinations
touristiques
(UNWTO)
Inclut:
Enquête sur les résidents locaux
Enquête sur les touristes
Accessible à:
http://pub.unwto.org/epages/Store.sf/?ObjectPath=/Shops/Infoshop/Products/1369/SubProducts/1369-
1
Indications
pour
évaluation du
tourisme
communautair
e Guidelines
(WWF)
Inclut des informations générales et schéma de flux sur la plannification, développement du tourisme
et renforcement des bénéfices
Accessible à:
assets.panda.org/downloads/guidelinesen.pdf
Comment ? Kit Tableaux des flux et listes de contrôle pour activités du secteur privé sur le business inclusive.
ITC/DTCC/06/2792
Page 100
outils
(Partenariat
PPT)
Accessible à:
http://www.propoortourism.org.uk/howto.htm
ITC/DTCC/06/2792
Page 101
101
REFERENCES Ashley, C. (2008) ‘Creating pro-poor linkages around Rwandan tourism’, ODI and SNV Summary Brief.
Ashley C. (2006) ‘Participation by the Poor in Luang Prabang Tourism Economy: Current Earnings and
Opportunities for Expansion’, Overseas Development Institute and SNV Working Paper 273.
Ashley, C., Roe, D., et Goodwin, H. (2001) ‘Pro-poor tourism strategies: Making tourism work for the poor: A
review of experience’, Pro-poor tourism report No. 1, April 2001, ODI/IIED/CRT.
Bah, A. et Goodwin, H. (2003) ‘Improving Access for the Informal Sector to Tourism in The Gambia’, PPT
Partnership Working Paper 15.
Commission du développement durable (CDD) (1999) Rapport sur les travaux de sa septième session. 1er mai et
27 juillet 1998, et 19-30 avril 1999, Conseil économique et social, Documents officiels, 199, Supplément No.
9, Nations Unies, New York, 1999, Droit d’auteur © Division du développement durable des Nations Unies
02/09/1999.
Department for International Development (DFID) (1999) Tourism and poverty elimination: untapped potential,
DFID, avril.
Dixey, L. (2008) ‘The Unsustainability of Community Tourism Donor Projects: Lessons from Zambia’, dans
Spenceley, A. (ed.) Responsible Tourism: Critical issues for conservation and development, Earthscan:
Londres.
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international (ITC), Programme de réduction de la pauvreté par l’exportation (PRPE).
Goodwin, H. (2002) ‘Harnessing Tourism for Poverty Elimination: A Blueprint for The Gambia’. Rapport à
l’intention du Département du développement international du Royaume-Uni.
Gutierrez, E., Lamoureux, K. Matus, S. et Sebunya, K. (2005) Linking Communities, Tourism and Conservation –
A Tourism Assessment Process. Conservation International et l’Université George Washington.
Häusler, N. (2008) ‘Community-based Tourism (CBT) – What works and what does not work? Drawing on
experiences in South America and Asia’, Exposé fait lors de la 2ème Conférence sur le tourisme responsible à
destination, 21–24 mars, Kerala, Inde, cite dans Spenceley, A. (In press) op. cit.
Centre du commerce international (ITC) (2008) Inclusive tourism: A triple bottom line approach for today’s
private sector, Centre du commerce international: Genève.
Centre du commerce international (ITC) (2005) Réalisation d’une étude d’opportunité sur le tourisme
communautaire: Lignes directrices, Centre du commerce international, Programme de réduction de la pauvreté
par l’exportation, Centre du commerce international: Genève, INT/W2/11.
Kaplinsky, R. et Morris, M. (2001), A Handbook for Value Chain Research. Institute of Development Studies,
University of Sussex and School of Development Studies, University of Natal.
Mitchell, J. et Ashley, C. (2009) ‘Can value chain approaches help scale up impacts on poverty reduction?
Experience from tourism’. Overseas Development Institute Briefing Paper.
Mitchell, J. et Ashley, C. (2008) Strategic review of the Export-led Poverty Reduction Programme ‘Communities
Benefiting from Tourism’ Approach, Rapport final destine au centre du commerce international, 30 janvier
2008, ITC projet No. INT/W2/11.
Mitchell, J. et Ashley, C. (2007) ‘Can tourism offer pro-poor pathways to prosperity? Examining evidence on the
impact of tourism on poverty’, Overseas Development Institute Briefing Paper 22 (June).
Mitchell, J et Coles, C. (2009) Enhancing private sector and community engagement in tourism services in
Ethiopia. Rapport destine à la Banque mondiale.
Mitchell, J. et Faal, J. (2008) ‘The tourism value chain in The Gambia and the prospects for pro-poor tourism’,
Overseas Development Institute Working Paper 289.
Mitchell, J. et Keane, J. (2008) ‘Tracing the Tourism Dollar in Northern Tanzania’, Overseas Development
Institute Report for SNV.
ITC/DTCC/06/2792
Page 102 Mitchell, J. et Le Chi, P. (2007) ‘Participatory Tourism Value Chain Analysis in Da Nang, Central Vietnam’.
Overseas Development Institute and MCG Management Consulting Report for the Vietnam Private Sector
Support Programme.
Secrétariat de l’OMT. (2002) Les pays les moins avancés et le tourisme international, Organisation mondiale du
tourisme.
Riisgaard, L., Bolwig, S., Matose, F., Ponte, S., du Toit, A. et Halberg, N. (2008) ‘A Strategic Framework and
Toolbox for Action Research with Small Producers in Value Chains’, Danish Institute for International
Studies Working Paper 2008/17.
Roe, D., et Urquhart, P. (2002) Pro-poor tourism: Harnessing the World’s largest industry for the world’s poor,
International Institute for Environment and Development, World Summit on Sustainable Development
Opinion.
Spenceley, A. (2008) ‘Local impacts of community-based tourism in southern Africa’, dans Spenceley, A. (ed)
Responsible Tourism: Critical issues for conservation and development, Earthscan: Londres.
Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) (2003) Rapport sur le développement humain
2003. PNUD.
Haut Commissaire aux Droits de l’Homme des Nation Unies (UNHCHR, 2002) Pauvreté, Haut Commissaire aux
Droits de l’Homme des Nation Unies – Genève, Suisse © Droit d’auteur 1996-2002. Consulté à l’adresse
http://www.unhchr.ch/development/poverty-02.html8 février 2008.
Nations Unies (2001) Questions de fond au regard de la mise en œuvre du pacte international relative aux droits
économiques, sociaux et culturels : la pauvreté et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux
et culturels, Déclaration adoptée par le Comité des droits économiques, sociaux et culturels le 4 mai 2001, La
pauvreté et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels: . 10/05/2001.
E/C.12/2001/10. (Autres documents relatives aux traités).
Nations Unies (1992) Programme d’action 21, Sommet de la terre, disponible à l’adresse:
http://www.un.org/esa/sustdev/documents/agenda21/english/agenda21chapter1.htm12 (consulté le 15 janvier
2003).
Organisation mondiale du tourisme (2002) Tourisme et allègement de la pauvreté. Madrid: Organisation mondiale
du tourisme.
Organisation mondiale du tourisme (1997) Code mondial d’éthique du tourisme, Organisation mondiale du
tourisme.