ECONOMIE E l i n a D É V O U É

Maître de Conférences de Sciences Economiques

à l'Université des Antilles et de la Guyane

PROBLÈMES ÉCONOMIQUES

CONTEMPORAINS

1994

1ère édition L'HERMÈS

ISBN : 2-85934-373-3

Dépôt légal - Janvier 1994 Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation

réservés pour tous pays

INTRODUCTION

La décennie 1980 est marquée par une dépression économique qui frappe les pays de l'O.C.D.E ainsi qu'un grand nombre de pays en développement, en particulier d'Afrique et d'Amérique latine. De nombreux pays développés découvrent alors ce que les pays du Tiers- Monde avaient déjà expérimenté, à savoir que la croissance économique ne suffit pas à elle seule à créer le plein-emploi et à réduire la pauvreté.

Le taux global de la croissance économique, le volume des échanges internationaux et les prix des matières premières baissent tandis que les taux d'intérêt réels et le poids de l'endettement international augmentent. L'Amérique latine, l'Afrique subsaharienne et certains pays asiatiques comme le Bangladesh voient leur revenu par tête diminuer de - 10 % à - 25 %. Le niveau de consommation privée par tête, de l'Afrique au sud du Sahara diminue de 15 % entre 1981 et 1987, et se retrouve désormais inférieur à ce qu'il était au milieu des années 1960. On est fondé alors de s'interroger sur le terme même de "développement". Le fossé Nord-Sud se creuse plus que jamais. Au total, 36 nations, dont 19 africaines, représentant plus d'un demi milliard d'êtres humains, sont en 1989 plus pauvres qu'en 1965, soit un africain sur deux, un latino-américain sur quatre, un asiatique sur vingt.

Par rapport aux années 1980, 1990 constitue une rupture. Les gouvernements tentent, avec des succès inégaux, de réformer le système économique mondial. Dans le domaine économique, chaque pays si puissant soit-il, n'a plus la possibilité de réguler l'ensemble du système mondial.

Deux séries de forces se manifestent alors. Les entreprises, voulant agir sur un espace élargi à l'échelle mondiale, poussent dans le sens de

la globalisation. Les nations, privilégiant les relations de proximité, vont dans le sens de la régionalisation. Ainsi, la progression de l'in- tégration européenne et la création de zones de libre-échange (NAFTA) constituent les signes d'une ère nouvelle dominée par des organisations commerciales régionales.

En outre, la Communauté Economique Européenne, les Etats-Unis et le Japon apparaissent comme trois pôles dont chacun a le devoir d'assumer les responsabilités qui découlent de sa place dans le monde. Pourtant la construction européenne doit s'adapter à un contexte trans- formé avec l'unification allemande, les bouleversements dans les pays de l'Est (rejet du communisme, transition vers l'économie de marché, marche vers la démocratie) et la nouvelle donne économique de l'ex Un- ion Soviétique... Le Japon entre dans une crise structurelle profonde alors que les pays capitalistes étaient fortement impressionnés par son rythme de croissance économique et par sa manière de lutter contre la crise. Tan- dis que la situation de l'Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada), de l'Asie (Japon excepté) et de l'Amérique du Sud semble s'améliorer, l'Europe s'enfonce dans la crise.

L'extension du chômage et de la pauvreté au Nord, de la misère au Sud, montre que le processus de développement commence à se blo- quer. La crise n'est pas un phénomène provisoire. C'est ainsi qu'en 1993, l'Europe toute entière est plongée dans une profonde récession, faite de chômage, de baisse de la production et des investissements, parfois même du niveau de vie. La construction politique de l'Europe, la création de l'Union Economique et Monétaire avec une monnaie unique sont profondément ébranlées. De plus, selon les prévisions, les pays de l'ocde compteraient environ 36 millions de chômeurs en 1994, représentant 8,6 % de la population active et correspondant au chiffre le plus élevé de l'après-guerre, enregistré en 1983. De 1990 à 1991, le nombre de pays les moins avancés (dont le revenu annuel par tête est inférieur à 200 dollars) est passé de 42 à 47. Les projections pour la décennie 1990 prévoient une aggravation des inégalités.

Cependant, certains auteurs (R. ALPHANDERY, H. DENT) prévoient à partir d'analyses des cycles économiques et des courbes de croissance, une phase de reprise qui s'affirmerait en 1994 en Europe et dans le monde.

Cet ouvrage décrit et analyse pour l'essentiel, ces principaux problèmes économiques contemporains à travers six thèmes traités de manière indépendante :

1 - Les relations Nord-Sud ; 2 - L'endettement des pays en développement ; 3 - La pauvreté dans les pays en développement et dans les pays

développés ; 4 - Le chômage dans les pays industrialisés ; 5 - La construction européenne ; 6 - Les problèmes économiques de l'ex-URSS.

Un glossaire des principaux termes utilisés ainsi qu'une bibliographie figurent à la fin de chaque chapitre.

GLOSSAIRE

NAFTA ou ALENA : Accord de libre échange nord américain entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique (North American Free Trade Area), août 1992. OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique.

ORIENTATIONS BIBLIOGRAPHIQUES

BEAUD (Michel) "L'économie mondiale dans les années 80", Paris Editions La Découverte, 1989, 336 p. BILLAUDOT (Bernard)"1994 : année de la reprise ?" Alternatives économiques n° 110. sept.-oct. 1993, p 59 à 61. CEPII "Economie mondiale 1990 - 2000 : l'impératif de croissance", Paris, Economica, 1992, 517 p. CEPII "L'économie mondiale. 1993",Paris, Editions La Découverte, 1992, 125 p. CHAMBON (Guy) "Grands problèmes économiques contemporains", Paris, Mémentos Dalloz, 1988, 160 p. DENT (Harry) "Le grand boom de 1994 : la reprise du siècle démarre demain", Paris, Editions générales First, 1993,250 p. GAUTHIER (Yves) "La crise mondiale de 1973 à nos jours", Paris, Editions Complexe, 1989, 401 p.

GELEDAN (Alain) (sous la direction de)"Les mutations de l'économie mondiale. 1975-1991 "Paris, Le Monde Editions, collection La mémoire du monde, 1990, 358 p. LEVY-GARBOUA (Vivien), WEYMULLER (Bruno) " Macroéconomie contemporaine" Paris, Economica, 1989, 742 p. SIROEN (Jean-Marc) "L'économie mondiale", Paris, Armand Colin, collection U, 1988, 360 p. SIROEN (Jean-Marc) "L'économie mondiale. 1. Anciennes hégémonies, nouvelles puissances" Paris, Armand Colin, Cursus, 1993, 192 p.

LES R E L A T I O N S NORD-SUD

L'expression Nord-Sud s'est généralisée à partir des années 1970. Auparavant, les termes de métropole et de colonies, puis de pays développés et de pays sous-développés ou en voie de développement étaient employés. L'expression "dialogue Nord-Sud" est apparue au lendemain du premier choc pétrolier (1973) et a été utilisée dans un sens particulier pour désigner la Conférence sur la Coopération Economique Internationale. Il s'agit du processus de discussion et de négociation entre les pays du Nord (pays industrialisés) et les pays du Sud (pays en développement) sur l'aménagement des relations Nord- Sud. Les relations Nord-Sud désignent les relations entre pays inégalement développés.

Avec le temps, la structure des relations économiques entre le Nord et le Sud s'est modifiée et on peut parler de l'essoufflement ou de la crise du dialogue Nord-Sud.

I - LE CADRE DU DIALOGUE NORD-SUD

* Le dialogue Nord-Sud a pour cadre des réunions internationales : - les assemblées générales et les grandes conférences spécialisées

des Nations-Unies (1974 et 1975), - les réunions de la Conférence des Nations-Unies sur le Com-

merce et le Développement (CNUCED) en 1964 , 1968, 1972, 1976, 1979, 1983. La première réunion de la cnuced, présidée par R PREBISH

est à l'origine de la revendication d'un ordre international plus favorable aux pays en développement. Les grandes commissions de la cnuced ont eu pour thèmes : les produits de base, les produits manufacturés, le financement...

- les réunions du groupe de la Banque Mondiale (Banque Interna- tionale pour la Reconstruction et le Développement, Association Internationale pour le Développement et Société Financière Interna- tionale) et le Fonds Monétaire International.

- les réunions des comités (Comité Intérimaire du système monétaire international, Comité de Développement, Groupe des 24).

En 1975 paraît le rapport DAG HAMMARSKJÖLD "Que faire ?" qui définit une approche conceptuelle d'un autre développement et ap- porte une contribution aux discussions sur la coopération internationale et sur l'ordre économique mondial. La conférence sur la coopération économique internationale, dite Conférence de Paris ou Conférence du dialogue Nord-Sud, regroupant des délégations de 27 pays (8 de pays industrialisés non communistes, la Communauté Economique Européenne formant une délégation, et 19 PED dont 6 exportateurs de pétrole), se déroule sur deux périodes : du 16 au 19 décembre 1975 et du 30 mai au 2 juin 1977. En 1981, lors de la conférence de Cancún, 22 chefs d'Etat du Nord et du Sud reconnaissent la nécessité de négo- ciations globales.

* Les initiatives régionales sont représentées, - pour les relations Nord-Sud : . par l'Alliance pour le progrès, programme lancé par J-F KENNEDY,

Président des Etats-Unis, en 1962, financé par la Banque Interaméri- caine de Développement, pour aider l'Amérique Latine.

. par les accords CEE-pays ACP (Afrique - Caraïbe - Pacifique) avec les accords de Yaoundé (1963, 1969) et les conventions de Lomé (1975, 1979, 1984, 1989).

- pour le Nord : . les réunions de l'OCDE (Organisation de Coopération et de

Développement Economique) et les Sommets des pays industrialisés. - pour le Sud : . les conférences des pays non alignés, les réunions du "groupe des

77" à la CNUCED, les conférences des PMA (pays les moins avancés).

II - L 'EVOLUTION DU DIALOGUE NORD-SUD

Au cours de la période 1945-1960, c'est la fin du système colonial et l'établissement d'institutions appelées à participer aux relations Nord-Sud : les accords de Bretton-Woods (1944), l'Organisation des Nations-Unies (1945), le Fonds Monétaire International (1945), la Banque Mondiale (1945) et l'Accord Général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT, 1948).

De 1960 à 1973, de nombreux pays en développement accèdent à l'indépendance. Face à la rivalité entre l'Est et l'Ouest, ils tentent de s'organiser. Le mouvement des "non-alignés" est créé par la Con- férence de Belgrade en 1961.

Les relations coloniales cèdent la place à la coopération au dévelop- pement. La plupart des pays en développement adoptent des stratégies de développement mimétiques (imitant le développement des pays in- dustrialisés) et volontaristes.

J. BHAGWATI (1983) distingue cinq phases dans l'évolution du dialogue Nord-Sud :

- une première phase jusqu'en 1973 : le dialogue est soutenu par la croissance rapide et relativement régulière des économies industrialisées.

- une deuxième phase de 1973 à 1976 : cette période après le pre- mier choc pétrolier se caractérise par l'apparition de la solidarité et du militantisme des pays du Sud.

- une troisième phase de 1976 à 1978 : dans cette phase d'ajuste- ment au choc pétrolier, de stabilisation du cours du pétrole et de mise en place des programmes d'économies d'énergie, la solidarité des pays. du Sud perd de sa force.

.- une quatrième phase de 1978 à 1980 : la baisse de la production de pétrole déclenchée par la révolution iranienne entraîne un seconde grande hausse du cours de pétrole. Les PED recommencent à chercher à négocier en position de force et renouvellent leur demande d'ouver- ture de négociations globales sur les questions Nord-Sud.

- une cinquième phase de 1981 à 1983 : le Nord a peu à gagner à des négociations mondiales dans cette période de récession.

* Ainsi, de 1973 à 1982, les transformations profondes au sein de l'économie mondiale se sont accompagnées de modifications dans le dialogue Nord-Sud.

Les pays industrialisés qui connaissaient depuis plus de vingt ans une croissance rapide, un chômage faible et une inflation modérée, se trouvent aux prises dans les années 1970 avec des taux importants de chômage et d'inflation.

La revendication d'un Nouvel Ordre Economique International (NOEI) est adoptée par une déclaration officielle lors de l'Assemblée générale extraordinaire en mai 1974 avec la nécessité de la mise en oeuvre d'un programme d'action. Cette expression NOEI est couram- ment utilisée en des sens variés selon la nature des changements souhaités dans les relations économiques entre le Nord et le Sud .

Le NOEI et les propositions qui lui sont liées couvrent un vaste do- maine comprenant le commerce, les matières premières, l'aide, la dette, l'espace, les firmes multinationales, le journalisme, la naviga- tion... La conception d'un nouveau type de développement amène à considérer l'instauration de relations économiques internationales moins inégales comme la première exigence à remplir pour permettre un renforcement de la capacité des pays et en particulier des plus dominés, à s'orienter vers un développement endogène et auto-centré. Puis les chocs pétroliers amplifient l'internationalisation des écono- mies dominantes. Toutes les économies deviennent interdépendantes. La politique économique d'un pays ne peut être menée indépendam- ment de celle des autres. Cette interconnection économique au niveau mondial peut engendrer une diffusion générale de la croissance ou de la récession.

Le premier choc pétrolier, provoqué par la hausse brutale du prix du pétrole entre la fin de 1973 et le début de 1974, montre la disparition des réserves énergétiques bon marché et abondantes. Cette hausse est accrue à la suite de l'action concertée de l'OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole).

L'accroissement du prix du pétrole entraîne des conséquences fa- vorables pour l'économie américaine car le prix de l'énergie était plus élevé aux Etats-Unis qu'en Europe. Le rapport des prix s'inverse. Les bénéfices accrus des compagnies pétrolières américaines compensent pour partie le déficit américain en pétrole mais sont défavorables aux balances des paiements européennes. Les conditions de la concurrence internationale entre les pays développés sont bouleversées sur leurs propres marchés : chacun des pays industrialisés tente de rejeter sur les autres les difficultés d'équilibre des comptes extérieurs qu'il rencontre.

Les PED les plus avancés commencent alors à apparaître comme une force économique qui compte. Les pays du Sud s'organisent pour présenter un front uni face aux pays du Nord moins assurés et désunis. Les relations Nord-Sud se dégradent peu à peu. Les pays du Sud reven- diquent une plus grande participation aux commandes et aux avantages du système mondial.

* 1982-1990 est la période financière, la décennie de l'endettement. 1982 est l'année de l'annonce par le Mexique de la suspension du

remboursement de sa dette extérieure et l'année de la guerre des Malouines entre un pays du Nord (le Royaume-Uni) et un pays du Sud (l'Argentine).

Les années 1980 sont celles de l'endettement des PED, de l'ajuste- ment structurel, des initiatives pour résoudre le problème de la dette (plan Baker, plan Brady...), du néo-libéralisme, du début des bouleversements dans les pays de l'Europe de l'Est (1989), de la fin du non-alignement des PED.

Le non-alignement présentait des ambiguïtés. Il se définissait comme un mouvement pratiquant l'équidistance entre les deux blocs Est et Ouest. Il était une sorte de technique de marchandage systéma- tique entre le plus offrant des deux blocs. La fin du non-alignement dans les années 1980 tient à la modification des rapports de force inter- nationaux.

En effet, les lignes de démarcation qui jusque là séparaient les pays industrialisés occidentaux à économie libérale, les pays du bloc de l'Est à économie planifiée et les pays en développement, s'estompent.

Cependant les PED ne se sont pas tous adaptés à la crise de la même manière, ce qui provoque la dislocation de cet ensemble en trois zones : l'Afrique Noire, l'Amérique Latine et l'Asie du Sud-Est. L'hétérogénéité croissante des pays des tiers mondes et la diversité des intérêts en présence entraînent le recul des relations Nord-Sud. La re- vendication d'un NOEI apparaît alors comme une utopie.

* Le début des années 1990 est marqué par la guerre du Golfe (1990-1991), la constitution de la NAFTA (1992), le projet de création d'une zone de libre-échange entre la Colombie, le Mexique et le Vénézuéla (1993), la poursuite des négociations de l'Uruguay Round commencées en 1986 et de celles du GATT.

Les PED cherchent à s'associer avec des pays développés, plutôt qu'uniquement entre-eux. En Septembre 1990, le Président des Etats-

Unis, Georges BUSH, s'exprimant devant le Congrès américain, parle de la création d'un nouvel ordre mondial. Les fondements de ce "nou- vel ordre" sont officiellement définis dans la "Directive pour la planification de défense", rendue publique par les Etats-Unis en mai 1992. L'objectif est de préserver et étendre le système d'alliances créé par les Etats-Unis depuis la seconde guerre mondiale (système qui a permis de construire une coopération soutenue entre les plus grandes puissances démocratiques). L'Amérique devrait y exercer son leader- ship naturel grâce à une vaste réforme de ses forces armées et à une stratégie permettant de "déterminer le futur environnement de sécurité" du monde. Les nations du monde peuvent oeuvrer de concert pour la sécurité collective, militaire, économique et écologique.

I I I - L E S E C H A N G E S I N T E R N A T I O N A U X

Les échanges extérieurs restent bien souvent une source de dif- ficultés pour les ped malgré les progrès réalisés par certains d'entre-eux.

§1 Les flux migra to i res L'accélération de la croissance démographique provient essentielle-

ment des pays du Sud : en 1992, sur une population mondiale de 5 436,946 millions d'habitants, l'Afrique en compte 656,108 ; l'Amérique Latine 451,169 ; l'Asie 3 291,269 ; alors que les pays développés d'Europe n'ont que 727,824 millions d'habitants. L'implosion démographique au Nord contraste avec l'accroissement démographique du Sud. Selon les prévisions, l'écart numérique continuera à se creuser entre le Nord et le Sud pendant plusieurs décennies. La crise de l'emploi dans le Nord interdit le recours aux mouvements migratoires intercon- tinentaux importants. Le blocage des flux migratoires contribue à durcir le dialogue Nord-Sud et laisse subsister les problèmes du déséquilibre mondial des effectifs humains et de ses conséquences au Nord comme au Sud.

§2 Les flux de marchand i ses * Dans les années 1950, les PED restent cantonnés dans la fourni-

ture de produits primaires. A la fin des années 1970, la part des exportations manufacturières représente un cinquième des exportations des pays du Sud. Cette part n'est due qu'à un petit nombre de pays : Corée

Achevé d'imprimer sur les presses d '

LYON Janvier 1994 - Code éditeur 1153