prises de contre-pouvoir

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ARCHÉOLOGIE UN PILLAGE QUI EFFACE L’HISTOIRE Des sites mis au jour par les fouilles sur le tracé du futur canal Seine- Nord Europe ont été détruits. P.6 CULTURE LE STEAMPUNK, MACHINERIE À RÊVES La série BD culte « La Ligue des gentlemen extraordinaires » comme le jeu vidéo « Bioshock 2 » perpétuent une veine rétrofuturiste à l’esthétique inspirée de Jules Verne. P.16 STÉPHANE HALLEUX Imprimé sur du papier recyclé, ne jetez pas ce journal sur la voie publique : donnez-le. Merci ! D. CHARLET / AFP (Publicité) MARDI 17 JUIN 2008 N° 1429 www.20minutes.fr www.20minutes.fr JEUDI 18 FÉVRIER 2010 N° 1774 UNE PAGE SE TOURNE POUR LA HALDE, QUI MESURE LE CHEMIN PARCOURU La fin du mandat de Louis Schweitzer, premier président de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations, est l’occasion de faire le bilan de son action depuis cinq ans : les avancées, les critiques et les moyens nécessaires. P.8 PRISES DE CONTRE-POUVOIR Reportage à la raffinerie Total de Dunkerque, occupée depuis mardi, dans un contexte où les séquestrations de cadres et les occupations d’entreprises par des salariés en colère se multiplient. P.3 et 12 ÉDITION DE LILLE FOOTBALL LENS OBTIENT LE QUART À L’ARRACHÉ Les Artésiens ont bataillé ferme hier pour s’imposer (2-1, a. p.) contre Brest, dauphin de la Ligue 2, en Coupe de France. P.20 D. CHARLET / AFP

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Page 1: PRISES DE CONTRE-POUVOIR

ARCHÉOLOGIE

UN PILLAGE QUI EFFACE L’HISTOIREDes sites mis au jour par les fouilles sur le tracé du futur canal Seine-Nord Europe ont été détruits. P.6

CULTURE

LE STEAMPUNK, MACHINERIE À RÊVES

La série BD culte« La Ligue des gentlemen extraordinaires » comme le jeu vidéo « Bioshock 2 » perpétuent une veine

rétrofuturiste à l’esthétique inspirée de Jules Verne. P.16ST

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MARDI 17 JUIN 2008 N° 1429www.20minutes.frwww.20minutes.fr JEUDI 18 FÉVRIER 2010 N° 1774

UNE PAGE SE TOURNE POUR LA HALDE, QUI MESURE LE CHEMIN PARCOURULa fin du mandat de Louis Schweitzer, premier président de la Haute Autoritéde lutte contre les discriminations, est l’occasion de faire le bilan de son action depuis cinq ans : les avancées, les critiques et les moyens nécessaires. P.8

PRISES DE CONTRE-POUVOIR

Reportage à la raffinerie Total de Dunkerque, occupée depuis mardi, dans un contexte où les séquestrations

de cadres et les occupations d’entreprises par des salariés en colère se multiplient. P.3 et 12

ÉDITION DE LILLE

FOOTBALL

LENS OBTIENT LE QUART À L’ARRACHÉLes Artésiens ont bataillé ferme hier pour s’imposer (2-1, a. p.)contre Brest, dauphin de la Ligue 2, en Coupe de France. P.20

D. C

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/ AFP

Page 2: PRISES DE CONTRE-POUVOIR

JEUDI 18 FÉVRIER 20102 GRAND LILLE

Mauvaise pioche pour Gérard Dalonge-ville. En saisissant le Conseil d’Etat, l’ancien maire d’Hénin-Beaumont, ac-cusé de détournement de fonds publics, espérait faire un come-back magistral. Mais cela ne devrait pas être le cas car selon toute vraisemblance, la demande d’annulation du décret révoquant l’ancien maire devrait être rejetée. C’est ce qu’a prôné le rapporteur public, gé-néralement suivi par la juridiction (qui rendra sa décision dans plusieurs se-maines). Premier à réagir: Pierre Ferrari (PS), heureux d’échapper à « un scénario catastrophe ». Mais Didier Cattoir, l’avo-cat de Gérard Dalongeville, a décidé de brûler sa dernière cartouche en saisis-sant la Cour européenne de justice. L’avocat estime qu’on a violé les droits de la défense en communiquant tardi-vement une pièce. Le mémoire demandé au ministère de l’Intérieur n’avait été reçu que vendredi dernier. Trop tard pour Me Cattoir qui estime ne pas avoir eu le temps nécessaire pour bien dé-fendre son client. W G. T.

JUSTICE

DALONGEVILLE, DE RECOURSEN RECOURS

GILLES DURAND

Quand la « ville intense » s’étale dans la métropole lilloise. Annoncé hier dans La Voix du Nord, le projet de septième quartier va enfin voir le jour à Lambersart. Le député-maire (UMP) de la ville, Marc-Philippe Daubresse, a obtenu en début de mois l’accord de la communauté urbaine de Lille (LMCU) pour créer entre Saint-André et Verlin-ghem une zone d’activité économique et 450 logements.

Premiers coups de pioche en 2013Néanmoins, un point d’accord a dû être trouvé avec LMCU concernant le prin-cipe de « ville intense » voté l’an dernier, à savoir atteindre au moins 35  loge-ment par hectare. Or, sur les 20 hec-tares de ce futur quartier, on sera loin des 700 logements. « Ce n’est pas une obligation, simplement une incitation », plaide-t-on à LMCU. En revanche, les espaces verts seront en partie préser-vées : 15 hectares sur les 45 concernés par le projet. Reste désormais à chan-

ger le plan d’urbanisme de la ville et pour LMCU, à acquérir les terrains. « Si tout va bien, les premiers coups de pioches sont prévus début 2013 et le chantier devrait durer quatre ou cinq  ans  », explique Marc-Philippe Daubresse. Avec l’idée de faire d’une centaine de logements, la vitrine archi-tecturale du XXIe siècle, à l’image de l’avenue de l’Hippodrome. W

URBANISME Le projet va enfin voir le jour

UN SEPTIÈME QUARTIER SERA CRÉÉ À LAMBERSAT

La mairie a obtenu l’accord de la LMCU..

D. H

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ÉPIDÉMIELa gastro et la varicelleattaquent la régionMême si la gastro-entérite poursuit sa « décrue », dix-sept régions étaient encore au-dessus du seuil épidémique la semaine dernière, dont le Nord-Pas-de-Calais avec 481 cas pour 100 000 habitants. Par ailleurs, une forte activitéde varicelle a aussi été relevéedans la région  avec 281 cas pour 100 000 habitants.

TRANSPORTSPorts de Lille garde la têtehors de l’eauAnnée 2009 satisfaisante pour Ports de Lille. Malgré une baisse globale de 7,70 % des trafics,liée au déclin des modes routiers et ferroviaires, le mode fluvial a connu une évolution positive. Pour la première fois depuis le début des années 1970,la part de la voie d’eauest repassée au-dessus des 20 % de l’activité totale.

secondes20

Page 3: PRISES DE CONTRE-POUVOIR

« Nous ne communiquons pas, car rien n’est arrêté. » Pour l’instant, la SNCF préfère faire profil bas sur son projet de réaménagement du hall en gare Lille-Flandres. Un projet qui est pourtant en bonne voie  : en décembre dernier, la direction de la nouvelle agence de la SNCF, Gare et Connexions, chargée du développement des gares françaises, est venue présenter à la commission des transports du conseil régional son plan pour redynamiser la gare.« Le conseil régional va être amené à valider prochainement le projet mais ne participera pas financièrement », ex-plique Dominique Plancke (Verts), pré-sident de la commission transports. Selon lui, trois aménagements princi-paux sont prévus pour 2011. La gare sera tout d’abord dotée d’un nouveau garage à vélos d’une centaine de places, rue de Tournai. Situé dans la cour des loueurs de voitures, il comporterait un abri sécurisé avec accès par carte ma-gnétique. Ensuite, les guichets démé-nageront près des voies, pour laisser place à de nouveaux espaces commer-ciaux et bureaux. « Gare et Connexions

espère augmenter ses recettes grâce à cet espace », assure l’élu. Enfin, un es-calator supplémentaire sera installé pour accéder au métro.Depuis janvier 2010, le trafic des trains est ouvert à la concurrence. Le nouveau hall de la gare Lille-Flandres sera bien-tôt prêt pour accueillir de nouveaux opérateurs éventuels. W H. F.

URBANISME

LA SNCF PRÉPARE DISCRÈTEMENT UNE NOUVELLE LILLE-FLANDRES

LIB

ERT

/ ASA

-PIC

TURE

S / S

IPA

L’organisation du hall sera revue.

Dans la vie, il faut savoir prendre les virages au bon moment. En entrant à Lille aussi. Surtout par la bretelle de sortie Lille-centre quand on arrive par le sud sur la RN 356. Pas besoin de verglas pour que les voitures multi-plient les tête-à-queue à la sortie du virage au pied de l’hôtel de région. Quelques gouttes de pluie suffisent. « D’après les services techniques, six accidents ont eu lieu à cet endroit de-puis neuf mois, sans jamais faire de blessés. Mais nous ne sommes pas au courant de tous les dérapages », ex-plique la direction interdépartementale des routes (DIR). Seule certitude, le revêtement de la chaussée et l’inclinai-son du virage ne sont pas en cause.Reste l’explication du manque de visi-bilité à la sortie du tunnel. « Les gens arrivent sans doute un peu trop vite et sont surpris par le virage », avance la DIR. Pourtant, ils sont avertis par trois panneaux : virage dangereux, limitation de vitesse à 70, puis à 50. Alors, pru-dence. W G. D.

CIRCULATION

À LILLE, ÇA GLISSE MÊME SANS VERGLAS

JEUDI 18 FÉVRIER 2010 3GRAND LILLE

GABRIEL THIERRY

Chez le directeur, ils sont deux à dor-mir dans les fauteuils, les pieds sur le bureau envahi de documents. Devant eux, la table est encombrée de gobelets à café. A la raffinerie des Flandres de Total, à Dunkerque, les salariés occu-pent l’administration depuis mardi matin. Ils ont même monté deux petits chapiteaux, à l’entrée du site Seveso, pour se détendre, jouer aux cartes et s’informer via une télé. Ils veulent faire plier le géant du pétrole, qui pourrait fermer la raffinerie, 380 emplois, et la transformer en dépôt et centre de for-mation.

Des documents compromettantsAutour de la table du directeur, cinq grévistes. Tous concentrés sur un télé-phone qui retransmet la chaîne de té-lévision France 3. Il est 15 h et c’est l’heure des questions au gouvernement, à l’Assemblée nationale, à Paris. Là-bas, Alain Bocquet (PC) prend la parole. «  Il est bon », murmure un gréviste. Réaction de Jean-Pierre, un solide agent de maîtrise à la barbe fournie, pas

convaincu du tout par la réponse du ministre de l’Industrie : « On ne sait rien de plus. Comment peut-on maintenir l’emploi sans projet industriel ? »Devant eux, un épais document relié. C’est le « projet d’adaptation de l’orga-nisation du raffinage en France » de Total. En investissant la direction, les grévistes ont mis la main sur des docu-

ments qui font désormais figure de tro-phées. Courriers annonçant l’augmen-tation de certains cadres, listing des futures affections prévues pour d’autres, et une note qui montre, selon David Cal-bet, un syndicaliste CGT, la volonté de Total de réduire très tôt l’activité. Lui a la gueule hirsute, après 36 heures de présence sur place. Dans le bureau du

directeur, il a mal dormi, « parce que ça puait trop le pognon ». La salle se rem-plit d’un coup de manifestants arrivés de la sous-préfecture, éberlués de pé-nétrer à l’intérieur de « Total land ». « C’est classe, ça fait réappropriation », rêve un miliant anarchiste. Les salariés comptent occuper le site jusqu’à ce qu’ils soient fixés sur leur sort. W

REPORTAGE Les salariés de Total ont engagé le bras de fer avec la direction du groupe prétrolier

DES GRÉVISTES DANS LE BUREAU DU DIRECTEUR

LEM

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SIPA

Les employés de la raffinerie occupent uniquement les locaux administratifs.

W VIGILESLes quatre-vingt-dix vigiles présents dans la raffinerie depuis mardi matin devraient partir : c’est l’une des avancées gagnée hier par les syndicats, qui ont rencontré le nouveau représentant de Total,Jean-Christophe Grivot. « Des gros bras source d’instabilité », a pointé Marcel Croquefert,du syndicat CGT. Mais la sécurité du site Seveso sera quand même assurée. Les syndicats ont demandé à la direction de Total de « donner plus de boulot » àla société de gardiennage locale.

LOI

DÉPUTÉ CONTRE MAL-LOGEMENT Lutter plus efficacement contre les « marchands de sommeil ». Le député (UMP) Sébastien Huyghe, a déposé lundi une proposition de loi visant à complé-ter le dispositif actuel en instaurant une astreinte de 50 à 500 € par jour de retard pris dans l’exécution des travaux en cas de condamnation du propriétaire indé-licat. « La procédure actuelle prend trop de temps, généralement entre deux et quatre ans », note Sébastien Huyghe. Cette proposition devrait faire l’unani-mité à l’Assemblée lorsqu’elle passera en discussion pour être adoptée. « Avant la fin de l’année », espère Sé-bastien Huyghe. W G. D.

LE CHIFFRE

112CAMIONS VERBALISÉS

SUR L’A 25 POUR INFRACTIONÀ L’INTERDICTION

DE DÉPASSER, PRISE LE 7/01.

Page 4: PRISES DE CONTRE-POUVOIR

JEUDI 18 FÉVRIER 20104 GRAND LILLE

ROUTE

Radars dans la métropoleLa police nationale a prévu d’installer ses radars mobiles ce matin à Wattignies et Faches-Thumesnil. Cet après-midi et cette nuit, ils seront disposés à Wasquehal et sur la D652 à Marcq-en-Barœul.

RECENSEMENT

Derniers jours pour remettre les questionnaires à RoubaixA Roubaix, les personnes concernées par le recensement ont reçu les questionnaires. Il est important qu’une fois remplis, ils soient remisavant le 27 février. Il est possiblede les ramener dans une mairie de quartier ou de les renvoyer par la poste à la mairie ou à l’Insee.

SOCIAL

Une permanencepour les demandeurs d’emploiL’association AC Métropole tient une permanence d’information pour les demandeurs d’emploi et précaires

cet après-midi, de 14 h à 16 h,à l’espace associatif, 17, rue de l’Epidème à Tourcoing. Rens. : 03 20 38 08 83.

RENCONTRES

Patrick Varetz au Bateau Livre de LilleL’écrivain nordiste Patrick Varetz présente son premier roman Jusqu’au bonheur ce soir à 19 h, au Bateau Livre, au 145, rue Gambetta à Lille.

Camille Laurens au Forum FnacCamille Laurens, qui s’était fait connaître en 1995 avec Philippe, livre autobiographique racontant la mort de son nouveau-né, sera cet après-midià 17 h 30, au Forum Fnac. Au 20, rueSaint-Nicolas à Lille, l’auteur dédicacerason nouveau livre Romance nerveuse.

INFO-SERVICES

20 Minutes Lille2, rue du Priez. 59000 LilleTél. 03 28 38 16 60 – Fax. 03 28 38 16 [email protected] commercial : Virginie François : 03 28 38 16 67 06 10 28 89 [email protected]

Aujourd’hui à Lille … et en FranceMATIN APRÈS-MIDI

LES DIEUX DE L’OLYMPE FONT TOMBER LA PLUIE SUR L’EST ET L’OUESTDe la pluie le matin en Alsace-Lorraine. A la mi-journée, les averses se généralisent près de l’Atlantique avant de gagner toutes les régions de l’Ouest. Ailleurs, on retrouve un temps calme et nuageux. Températures plus douces.

Demain à Lille

0 °C

APRÈS-MIDI MATIN

6 °C

0 °C 6 °C

météo

Page 5: PRISES DE CONTRE-POUVOIR
Page 6: PRISES DE CONTRE-POUVOIR

JEUDI 18 FÉVRIER 20106 FRANCE

LOGEMENTVers une taxe contreles marchands de sommeilSébastien Huygues, député UMPdu Nord, a présenté hiersa proposition de loi pour lutter contre « les propriétaires qui louent des logements insalubres » et qui refusent de faire des travaux exigés par arrêté préfectoral.Ceux qui auront dépassé la date limite seront contraints de payer50 à 500 € par jour de retard.

ALIMENTATIONQuick accuséde communautarismeLes députés UMP Jacques Myardet Lionnel Luca se sont élevés hier contre la chaîne Quick, qui propose exclusivement des sandwichs à base de viande halal dans huit de ses fast-foods. René Vandierendonck, le maire PS de Roubaix, où la seule enseigne du centre est un Quick halal, juge que « ça va trop loin. Quand on ne propose plus que cela, cela devient discriminatoire. »

secondes20POLITIQUE

JEAN-MARIE LE PEN, FIDÈLEÀ LUI-MÊME SUR PUBLIC SÉNAT

En dépit du temps qui passe, son discours ne

change pas d’un iota. Invité hier de l’émission « Face à nous » sur Public Sénat, Jean-Marie Le Pen, tête de liste aux régionales en Paca dénonce toujours « l’immigration de masse » et pointe son « lien très direct avec l’insécurité », cri-tiquant au passage le prénom [Solal] du petit-fils de Nicolas Sarkozy : « Ce n’est pas la meilleure manière de s’intégrer. » On l’attendait critique sur les déclara-tions de Marie-Luce Penchard ce week-end. Le président du Front national (FN) a pourtant relativisé les propos de la mi-nistre de l’Outre-mer : « Elle s’est lais-sée emporter par son patriotisme gua-deloupéen. » Plus vindicatif sur la décision de Quick de proposer des pro-duits halal dans dix de ses établisse-ments, Le Pen a mis en garde contre « le grignotage de mœurs » concédé par le gouvernement dans « une espèce de largeur d’esprit » et qui « se fait au bé-néfice de la communauté islamique ». A 81 ans, il a affirmé qu’il « ne se pré-

senterait probablement pas à l’élection présidentielle de 2012 ». Sa succession à la tête du FN ? Il refuse de l’arbitrer, même si sa fille Marine est candidate. Dans un ultime élan, Le Pen a confirmé son « mépris » pour le président Chirac, « le pire président que la République ait connu », considérant avec plus de délicatesse que Nicolas Sarkozy était, lui, « soit incapable, soit impuissant ». On ne se refait pas. W VIRGINIE RAMEL

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Le patron du FN a avoué qu’il ne se présentera probablement pas en 2012.

MICKAËL BOSREDON

« Ecœurée. » Une semaine après le pillage d’un site de fouilles archéolo-giques préventives à Noyon (Oise), sur le tracé du futur canal Seine-Nord Eu-rope – un ouvrage de 106 km qui ser-vira à la circulation de péniches à grand gabarit entre l’Oise et le Nord –, l’équipe de Jean-David Desforges, le responsable scientifique de cette opé-ration à l’Inrap (Institut national de la recherche archéologique préventive), accuse douloureusement le coup.

Murs et sépultures détruitsCe n’est pas tant le butin dérobé par les pilleurs – sans doute des monnaies et des fibules antiques, ainsi que des têtes d’obus de la guerre de 1914-1918 – qui attriste l’archéologue, que la destruc-tion du « contexte archéologique ». « Les dégâts sont plus importants que ce que l’on pensait, indiquait hier Jean-David Desforges. Des murs et des sé-pultures d’époque antique et mérovin-gienne ont été détruits à coups de pelle et de pioche. Nous avons relevé cent cinquante stigmates sur notre site. Cela

fait craindre le pire pour la suite. » Car cette opération archéologique, la plus vaste en France, est loin d’être achevée puisque le canal ne doit entrer en ser-vice qu’en 2015. Elle risque d’aiguiser les appétits de certains collectionneurs et revendeurs peu scrupuleux. « On ne peut pas installer des barrières tout le long, ni mettre des vigiles partout »,

reconnaît Marc Talon, directeur du pro-jet archéologique.Le ministre de la Culture, Frédéric Mit-terrand, a qualifié avant-hier les pillards de « Thénardiers de la mémoire ». Il veut créer un groupe de réflexion sur le sujet. Suffisant pour lutter contre un fléau qui prend de l’ampleur ? « On compterait en France 10 000 utilisa-

teurs actifs de détecteurs de métaux » relève Grégory Compagnon, président de l’association Halte au pillage archéo-logique. La revente des objets, essen-tiellement des pièces de monnaie, se fait sur des sites Internet spécialisés, voire sur e-Bay. « Mais il est très difficile de lutter contre ce réseau, car c’est un marché silencieux. » W

PATRIMOINE Vols et destructions sur le chantier archéologique du canal Seine-Nord Europe

PILLAGE D’UN VASTE SITE DE FOUILLES DANS L’OISE

D. G

LIKS

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Des murs et des sépultures d’époque antique et mérovingienne ont été détruits.

W RÉGLEMENTATIONL’utilisation des détecteurs de métaux à des fins archéologiques est réglementée et réservéeaux archéologues présentant un projet scientifique. L’association Halte au pillage archéologique relève que les magasins de vente de ces détecteurs explosent : « On est passé de 7 à 30 en dix ans ! » L’utilisation de ces engins sur un site archéologiqueest passible d’une peinede 100 000 €, et de sept ans de prison. « Sur les 2 000 plaintes déposées depuis vingt ans,50 ont débouché sur un procès. »

DANS LA PEAUD’UNE FEMME DE MÉNAGE

De grand reporter, elle est devenue le temps d’un livre « le fond de la casserole », ces chômeurs sans diplômes dont personne ne veut. Pendant

six mois, la journaliste Florence Aubenas s’est immergée dansle monde des salariés précaires.A Caen, elle devient « Madame Aubenas » : quadra titulaire du baccalauréat, reconvertie « dansla spécialité du nettoyage » surles conseils de Pôle emploi. A bord des ferries ou au camping du Cheval Blanc, elle raconte, avec sensibilité mais sans apitoiement, un monde dans lequel on ne trouve plusde travail mais « des heures »,et où un poste de caissière en CDI est un rêve inaccessible.Le Quai de Ouistreham de Florence Aubenas, Editions de l’Olivier, 19 €.

LE COIN DES LIVRES

Page 7: PRISES DE CONTRE-POUVOIR

FRANCEJEUDI 18 FÉVRIER 2010 7

CHARLOTTE MANNEVY

Les apiculteurs ne sont pas à la fête. Après le Gaucho, un pesticide accusé de tuer les abeilles, le ministère de l’Agriculture vient d’autoriser pour la troisième année consécutive l’utilisation du Cruiser. Il s’apprête à homologuer le Proteus pour les semis de printemps.

Empoisonnées en quelques minutesCes produits, destinés aux champs de céréales, de pommes de terre, et de colza, appartiennent à la famille des néo-nicotinoïdes, soupçonnés de s’attaquer au système nerveux des abeilles et dont les effets durent au-delà de leur disper-sion dans les champs. Ces insecticides dits à « haute persistance » se retrouvent du semis à la floraison mais aussi au stade de la « guttation », quand les plants secrètent un liquide devenu toxique qui tue les insectes butineurs en quelques minutes. « On retrouve alors nos abeilles mortes en plein champ. Mais pour les

pouvoirs publics, qui ne prennent en compte que les mortalités aiguës, ça ne compte pas », déplore Sophie Dugué, spécialiste des pesticides à l’Union na-tionale des apiculteurs français (Unaf) et apicultrice dans la Sarthe.L’Unaf demande le retrait immédiat du marché de tous les pesticides à base de néonicotinoïdes, s’appuyant sur une récente étude de l’Inra qui met en

cause ces produits dans la disparition des abeilles. Car depuis lles années 1990, les apiculteurs observent une surmortalité – de 20 à 30 % dans les zones de grandes cultures . En 2005, 32 000 des 40 000 tonnes de miel con-sommées en France étaient d’origine française ; trois ans plus tard, la pro-duction hexagonale atteignait pénible-ment les 20 000 tonnes. W

ENVIRONNEMENT Les apiculteurs dénoncent de nouveaux pesticides

LES ABEILLES TOUJOURS MENACÉES

O. G

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ND

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AP /

SIPA

Certains produits utilisés s’attaqueraient au système nerveux des abeilles.

W RESTRICTIONSSi l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments a donné un nouvel avis favorable au Cruiser, ouvrant la voie à son autorisation de mise sur le marché, il est assorti de « conditions strictes d’utilisation ». Les apiculteurs contestent la durée de cette homologation. « Le ministère n’étant pas capable de garantir l’innocuité du Cruiser pour la période normale de dix ans, il détourne la loi en l’autorisant un an », indique l’Unaf, qui veut en appeler au Conseil d’Etat.

ÉDUCATIONAppel à la grève le 12 marsUne intersyndicale réunissanthuit organisations du second degré, dont le Snes-FSU, premier syndicat des collèges et lycées,appelle à une journée de grèveet de manifestations le 12 mars.

Les Français inquietsde la violence scolaireSelon un sondage Harris pour RTL,90 % des Français estiment quela violence à l’école a augmenté ces dix dernières années. 61 %des parents et des grands-parents d’enfants scolarisés se disent inquiets pour leur sécurité.

FAITS DIVERSLe père d’Ibrahima avoueLe père d’Ibrahima a avoué hier le meurtre de la mère de l’enfant, retrouvée morte à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne). Le petit garçon a été retrouvé sain et sauf après avoir fait l’objet du plan Alerte enlèvement mardi soir.

secondes20

Page 8: PRISES DE CONTRE-POUVOIR

JEUDI 18 FÉVRIER 20108 FRANCE

LOUIS SCHWEITZERPrésident de la Haute Autoritéde lutte contre les discriminationset pour l’égalité (Halde).

A la fin de votre mandat, avez-vous le sentiment du devoir accompli ?La Halde a démontré sa capacité à agir contre les discriminations et a aidé les entreprises à changer de comporte-ment. D’ailleurs, le taux de notoriété de l’institution est de 54 % et 83 % des Français approuvent son action. Mais, par définition, sa mission ne sera ja-mais achevée.

Quelles sont vos déceptions ?La Halde pourrait être plus efficace si elle disposait de davantage de moyens. Et si nous avons réussi à mobiliser les grands groupes sur les questions de discrimination, nous y sommes moins parvenus avec les PME. Enfin, les par-tenaires sociaux doivent faire de ce sujet un thème de négociation, car ce n’est pas encore suffisamment le cas.

Regrettez-vous votre testingde 2008 sur les discriminationsà l’embauche, qui a ététrès contesté ?Non. Et d’ailleurs il y en aurait eu d’autres si notre budget avait été supé-rieur. Grâce à cette démarche, nous avons créé une dynamique dans les grands groupes qui sont désormais beaucoup plus nombreux à pratiquer l’auto-testing pour vérifier leurs procé-dures de recrutement.

Votre prochain rapport annuel démontre-t-il une progressionde vos actions ?Oui, car le nombre de réclamations re-çues a augmenté de 21 % (soit 10 545).

Mais seulement un sur cinqdonnent lieu à une instruction. Comment améliorer ce point ?C’est impossible car les personnes qui nous contactent considèrent toute in-justice comme une discrimination alors que juridiquement, cela n’est pas le cas. C’est pourquoi 70 % des réclamations

ne donnent pas lieu à une instruction car elles ne présentent pas d’éléments solides pour poursuivre l’action. Nous réorientons aussi 10 % des dossiers ne relevant pas de nos compétences vers d’autres instances.

Et comment parvenir à davantage de décisions de justice ?C’est déjà le cas, car 212 dossiers ont fait l’objet d’interventions devant les tribunaux civils ou administratifs en 2009 contre 64 en 2008, soit une aug-mentation de 200 %. C’est la voie de

l’avenir. Par ailleurs, 79 % de nos ob-servations sont suivies par les juges, ce qui prouve que notre avis est entendu.

Nicolas Sarkozy avait promisde vous autoriser à faire des visites inopinées dans les entreprises. Mais vous attendez toujours…En effet, cette proposition n’a pas dû susciter l’enthousiame des entreprises... Elle est pourtant essentielle par son effet dissuasif et pour éviter que certaines entreprises ne détruisent des preuves.

Le récent rapport Héran suggèrela création d’un Observatoiredes discriminations qui serait piloté par la Halde, qu’en pensez-vous ?Elle est excellente. Mais si cette mission nous est confiée, il faudrait nous donner plus de moyens.

Justement, le budget de la Halde était sur la sellette en 2009. Comment envisagez-vous l’avenir ?Nous allons entamer des discussions sur son budget pour les trois années à venir et nous espérons des moyens sup-plémentaires. Car, pour exemple, ceux de notre homologue britannique sont près de sept fois supérieurs.

Savez-vous déjà qui seravotre successeur ?Non pas encore. Mais je souhaite que ce soit une personnalité engagée, ayant une certaine autorité et visibilité.

Quelle feuille de routelui laissez-vous ?Il définira lui-même ses priorités, mais je pense qu’il faut encore faire progres-ser la notoriété de l’institution et sa capacité à traiter les réclamations. Et inviter les PME à s’engager davantage dans la lutte contre les discriminations. W RECUEILLI PAR D. B.

Pour succéder à Louis Schweitzer, les noms de Malek Boutih et Fadela Amara circulent.

« 83 % DES FRANÇAIS APPROUVENT L’ACTION DE LA HAUTE AUTORITÉ »

« Les moyensde notre homologue britannique sontprès de sept fois supérieurs. »

HAL

EY /

SIPA

BILAN En cinq ans, la Haute Autorité de lutte contre les discriminations s’est installée dans le paysage

PAS DE HALTE À L’HORIZON POUR LA HALDEDELPHINE BANCAUD

Une page va bientôt se tourner. Le 8 mars, le mandat de Louis Schweitzer, premier président de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde), prendra fin. En cinq ans, l’ex-patron de Renault a su faire connaître l’institution comme un recours potentiel aux victimes de discrimination. Et grâce à son carnet d’adresses auprès des patrons du CAC 40, il a également réussi à imposer la Halde comme un garde-fou pour les entreprises qui ne

respecteraient pas le principe de l’égalité des chances. Un défi qui semblait au départ immense, la France accusant un fort retard dans la lutte contre les dis-criminations. Une telle institution existe par exemple en Grande-Bretagne depuis trente ans. De plus, la Halde a dû essuyer de nombreuses critiques, certains lui reprochant son manque d’efficacité, d’autres d’instruire toujours à charge contre les entreprises. Son testing à l’embauche en 2008, qui l’avait conduit à pointer du doigt trois grands groupes, lui a aussi valu une voilée de bois vert,

les accusés contestant la méthode utili-sée. Autre coup dur en décembre der-nier : la Halde a dû se battre bec et ongles pour obtenir une augmentation de son budget 2010 (12,6 millions d’euros contre 11,7 en 2009). Et ce après avoir vu sa gestion (dépenses de personnel, loyer…) remise en cause.

Des compétences élargies ?Malgré ces épisodes houleux, l’institu-tion garde la tête haute et espère même obtenir des compétences élargies. Car le rapport Héran rendu en début du mois

au commissaire à la Diversité, Yazid Sabeg, suggère la création d’un Obser-vatoire des discriminations qu’elle pilo-terait. Reste à savoir si le gouvernement lui accordera cette nouvelle prérogative, ainsi que le pouvoir d’organiser des vi-sites inopinées dans les entreprises pour récupérer des preuves de discri-mination. Une promesse faite à la Halde en 2008 et laissée lettre morte depuis. Le successeur de Louis Schweitzer (les noms de Malek Boutih ou de Fadela Amara circulent), aura donc lui aussi une pile de défis à relever. W

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JEUDI 18 FÉVRIER 201010 MONDE

ALGÉRIE Lynchées et violées, deux femmes de la ville de Hassi Messaoud racontent leur histoire

« CE JOUR-LÀ, TOUT ÉTAIT PERMIS AUX HOMMES »ARMELLE LE GOFF

Vivre la peur au ventre. « N’écrivez pas la date de notre retour en Algérie », nous demandent-elles. Pourquoi ? « On ne sait jamais… », lâchent-elles. Sauvagement attaquées un soir de juillet 2001 à Hassi Messaoud, ville du sud du pays, Rahmouna et Fatiha conti-nuent de se méfier. La majorité de leurs agresseurs courent toujours. Certains d’entre eux ont bien été condamnés

mais ils sont déjà sortis de prison. Au fond, c’est l’impunité qui l’a emporté dans cette affaire et elles n’en sont que trop conscientes. C’est sans doute pour cela qu’elles n’ont pas hésité à raconter leur histoire à Nadia Kaci. Leur récit, Laissées pour mortes. Le lynchage des femmes de Hassi Messaoud (éd. Max Milo), est une forme de réparation face aux crimes et à l’injustice subis.Hassi Messaoud, ville pétrolifère, attire de nombreux travailleurs. Parmi eux,

beaucoup de femmes, répudiées, divor-cées, abandonnées. Toutes ont en com-mun d’être forcées de subvenir à leurs besoins. Elles vivent seules, ou plutôt entre elles, en dehors de la compagnie des hommes, dans un pays qui les considèrent, depuis le Code de la famille de 1984, comme des mineures à vie. Or, une femme algérienne ne vit pas seule. A peine peut-elle se mouvoir dans l’es-pace public, depuis que les intégristes ont distillé leurs discours haineux à l’égard de celles qui auraient une vo-lonté d’indépendance. « Lors d’un sé-jour en Algérie, en 2005, j’ai été choquée par les prêches qui émanaient des mos-quées. A cause des femmes qui sor-taient dévoilées, la colère de Dieu allait s’abattre sur le pays. Tout était de la faute des femmes », raconte Nadia Kaci. La raison de la colère des reli-gieux ? Une éclipse… Pourtant, les jours qui ont précédé le lynchage des femmes de Hassi Messaoud, rien de tout ça ne s’était produit. Il aura suffi d’un appel lancé par un imam : « Le 13 juillet 2001, 300 à 500 hommes se sont passés le message. Ce soir, tout était permis ! Ceux qui n’avaient jamais vu de femmes nues verraient ; ceux qui n’avaient ja-mais forniqué forniqueraient. »

Un simulacre de justicePlusieurs jours durant, les corps des femmes de Hassi Messaoud leur ont servi de défouloir. Parmi elles, Fatiha et Rahmouna. Tour à tour agressées et violées. Leurs chemins ne se croiseront qu’à l’hôpital, où elles ne seront jamais soignées. « Je ne suis pas votre père », leur répondra le directeur de l’hôpital pour justifier l’inaction de son personnel. Au même moment, le quotidien El Kha-bar les présente comme des prostituées. Ces mauvais traitements et ces vexa-tions alimentent leur soif de justice. Face à elles, la justice va se montrer obstiné-ment sourde, réussissant à décourager

bon nombre de leurs sœurs d’infortune : seules 39 porteront plainte alors qu’el-les étaient des centaines.Moins d’un an après les faits, le 16 juin 2002, aura lieu un premier procès. Un simulacre de justice qui verra les vic-times transformées en coupables par les familles des accusés venues en force leur intimer d’abandonner toute poursuite. Sur 29 accusés, 10 furent acquittés parmi lesquels certains avaient été formellement reconnus par leurs victimes. Seize autres furent condamnés à un an de prison pour « attroupement ».

Elles en avaient reçu, pourtant, des pro-messes des officiels algériens. Aux len-demains du drame, les autorités algé-riennes avaient multiplié les déclarations de soutien. Mais, petit à petit, le discours s’est inversé. Ce n’étaient plus les faits qui étaient révoltants, mais l’insistance de Fatiha et Rahmouna à vouloir obtenir justice. De reports en rendez-vous man-qués, elles obtinrent un énième procès le 3 juillet 2005. Les condamnations res-tèrent peu satisfaisantes et une ving-taine furent condamnés par contumace. Fatiha et Rahmouna tentèrent une énième fois de conjurer leur peur. Elles proposèrent aux familles de leurs agresseurs de leur pardonner officiel-lement, une démarche appelée « Mous-salaha » fréquente dans ce pays déchiré par la guerre civile et soucieux de « concorde nationale ». Mais les familles refusèrent de les rencontrer. Et Fatiha et Rahmouna continuent aujourd’hui à vivre avec l’angoisse que ces hommes cherchent à se venger d’elles. W

Peu de victimes ont osé porté plainte. De gauche à droite : Nadia, une plaignante qui s’est désistée en 2006, Fatiha et Rahmouna devant le tribunal de Biskra en 2005.

Sur 29 accusés,10 furent acquittés, parmi lesquels certains avaientété reconnuspar leurs victimes.

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MONDEJEUDI 18 FÉVRIER 2010 11

ÉTATS-UNIS

OBAMA REÇOIT LE DALAÏ-LAMA Pékin n’a pas réussi à faire annuler la rencontre. Malgré les mises en garde répétées de la Chine, qui accuse le dalaï-lama de séparatisme, Barack Obama reçoit, aujourd’hui, à la Maison Blanche, le chef tibétain.Un geste qui ne devrait pas apaiser les relations entre les deux capitales, à cou-teaux tirés depuis plusieurs semaines. Côté tibétain, la rencontre est vue comme un « signal fort » à l’adresse de Pékin. Le leader tibétain n’avait pas été reçu par Obama lors d’un précédent passage aux Etats-Unis, en octobre 2009, afin de ménager Pékin avant la première

visite du président des Etats-Unis en Chine, un mois plus tard. W

W TIBETNi le dalaï-lama ni Washington ne réclament l’indépendance du Tibet. Ce territoire, revendiqué par Pékin depuis le XIIIe siècle, est occupé militairement par la Chine depuis 1950. Washington presse la Chine de protéger les traditions culturelles et religieuses du Tibet.

PAKISTANWashington et l’armée pakistanaise confirment la capture du mollah BaradarL’administration américaine et l’armée pakistanaise ont confirmé, hier, l’arrestation du mollah Baradar. Abdul Ghani Baradar, son vrai nom, est présenté comme le chef militaire des talibans afghans et le bras droit de leur dirigeant de l’ombre, le mollah Omar. Le New York Times, suivi par d’autres médias américains, avait annoncé la capture, quelques jours auparavant à Karachi, dans le sud du Pakistan, du mollah Baradar par des agents du renseignement américains et pakistanais.

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20

ARMELLE LE GOFF (AVEC AFP)

Nicolas Sarkozy a estimé hier que c’était « d’abord aux Haïtiens de définir un véritable projet national et ensuite de le conduire », lors d’une allocution à l’ambassade de France à Port-au-Prince. Le président français effectue une courte visite à Haïti, après le trem-blement de terre du 12 janvier, qui a fait au moins 217 000 morts.Il a été accueilli par son homologue haï-tien, René Préval, à son arrivée à l’aé-roport de Port-au-Prince. « Je suis venu dire au peuple haïtien et à ses dirigeants que la France, qui était la première sur le terrain après la catastrophe, restera solidement à leurs côtés pour les aider à se relever et à ouvrir une nouvelle page heureuse de leur histoire », a ajouté Nicolas Sarkozy, qui a annoncé une aide de 326 millions d’euros.

Haïti indépendante depuis 1804Pour le président français, le premier à se rendre en Haïti, « il ne s’agit pas de tourner le dos au passé, celui d’une his-

toire commune riche mais aussi dou-loureuse », en allusion à la colonisation française. Interrogé sur le sujet, René Préval avait dit, avant de le recevoir : « L’Histoire, c’est l’Histoire ». La France a accepté l’indépendance en Haïti, en 1804, à la condition qu’Haitï verse 150 millions de francs or, destinés à in-demniser les colons. Le pays a fini de verser cette somme en 1885. W

HAÏTI Nicolas Sarkozy était en visite sur l’île hier

LES HAÏTIENS APPELÉSÀ DÉFINIR LEUR PROJET

F. M

ORI /

AFP

Le Président a survolé l’île en hélicoptère.

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INGRID GALLOU

Blocage de la raffinerie Total dans les Flandres ou de l’usine Saupiquet dans le Morbilhan, séquestration des cadres d’Akers dans leur usine de Fraisses… Dans le sillage de 2009, le début 2010 est marqué par une radicalisation des conflits sociaux. Un phénomène pas si nouveau. Dès les années 1970, des cen-taines d’entreprises étaient occupées, des patrons séquestrés.Aujourd’hui, si la forme reste identique, le contexte est différent. « Nous ne sommes plus dans les Trente glorieu-ses, mais dans l’ère du chômage de masse », analyse Jean-Pierre Le Goff, sociologue et auteur de La France mor-celée (Ed. Folio-Gallimard). « Les sala-riés subissent, depuis 20 à 30 ans, des injonctions patronales à travailler plus. Or, les conflits éclatent lorsque les sa-lariés ont le sentiment d’avoir accepté beaucoup de sacrifices. » La crise financière et les bonus versés participent à la dégradation du climat social. « Le sentiment d’injustice et de révolte est très fort », insiste Jean-Pierre Le Goff. D’autant plus quand la sépara-tion se fait de manière sournoise, comme par lettre recommandée samedi dans le cas des salariés Philips, à Dreux.

En cause également, un « vide d’espé-rance » caractérisé par une absence de perspective. Plus que la perte d’un em-ploi, c’est la peur de ne pas en retrouver, dans un bassin déshérité, qui guide les salariés. « Chantage à la survie dans un monde chaotique », pour Jean-Pierre Le Goff, ces opérations s’apparentent à « des flammèches qui parcourent la société, et n’ont donc pas vocations à durer ». Des actions qui se révèlent en tout cas très franco-françaises. « Pour se faire entendre, les Français sont obli-gés de descendre dans la rue, contrai-rement aux Allemands pour qui la grève constitue la dernière limite. En France, nous créons d’abord un rapport de force, et, ensuite, nous négocions. » W

ÉCONOMIE JEUDI 18 FÉVRIER 201012

« LA TENDANCE NATIONALE EST À LA SURENCHÈRE »CHRISTINE DUCROS ET JEAN-YVES GUÉRINAuteurs du Management de la colère (Ed. Max Milo)

Les séquestrations de patrons et les occupations de locaux sont-ils de nouveaux moyens de pression pour les salariés ?C. Ducros. La séquestration et la vio-lence à l’égard des patrons existaient déjà dans les années 1970, mais pour des demandes d’augmentation de sa-laire.J.-Y. Guérin. Aujourd’hui, grâce à la médiatisation, cela permet d’obtenir une prime de départ plus élevée.

Y-a-t-il plus de souffrance au sein de l’entreprise ?C. D. Le dialogue est souvent rompu. Les salariés travaillent dans des filia-les, les patrons ne sont pas de la ré-

gion, et les décisions sont prises loin de la base. Les salariés ressentent un manque de considération. A l’image des ex-Philips, qui ont été avertis par courrier recommandé qu’il n’était pas nécessaire de venir travailler le lundi suivant. C’est très maladroit de préve-nir de cette façon.

Ces opérations ont-elles vocation à être pérennes ?C. D. Tant que la crise demeure pro-fonde, il n’y a pas de raison que cela s’arrête. Elles reprennent d’ailleurs par vagues.

On note un fort sentiment d’appartenance à l’entreprise chez ces salariés…C. D. Oui, ils parlent d’ailleurs de « leur » boîte. Les Conti ou les Molex étaient un peu les seigneurs de leurs régions. Ils travaillaient en famille et

de génération en génération dans l’en-treprise. Alors, quand leur usine ferme, c’est leur histoire personnelle qui s’ef-fondre.

La séquestration et l’occupation de locaux sont-elles des spécificités françaises ?J.-Y. G. Effectivement. Les syndicats français, très faibles et éclatés, ne fa-cilitent pas l’émergence d’un syndica-lisme gestionnaire. La tendance natio-nale est donc à la surenchère.

Quel est le regard des autres pays sur ce phénomène ?J.-Y. G. Ils sont très étonnés. De telles opérations seraient impossibles en Allemagne, un pays qui possède un vrai syndicalisme de cogestion, ainsi qu’aux Etats-Unis, pour des raisons culturelles. Tous risqueraient la prison ferme. W RECUEILLI PAR I. G.

W GRÈVEA l’appel d’une grève nationale lancé par l’intersyndicale CGT-CFDT-SUD-FO, 70 % à 80 % du personnel dans six raffineries Total a cessé le travail hier, d’après la direction, 95 % d’après la CGT. L’approvisionnement des stations services ne serait pas menacé, selon le pétrolier.

SOCIAL De plus en plus de salariés occupent leurs usines dans le cadre d’un conflit avec leur direction

PRIME À LA FORCE AVANT LA NÉGOCIATION

Les salariés de la raffinerie des Flandres occupent le site depuis mardi.

B. C

HIB

ANE

/ SIP

A

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GRILLE N° 1547

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2010

20 Minutes, 2 745 000 lecteurs, LNM 15+ 1er quotidien national (TNS Epiq 08/09)50-52, bd Haussmann, CS 10300 75427 Paris Cedex 09Tél. : 01 53 26 65 65 Fax : 01 53 26 65 10Fax rédaction : 01 53 26 65 68 E-mail : [email protected]é par 20 Minutes France, SAS au capital de 5 694 848 €, RCS Paris 438 049 843

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L’information est un droit

HOROSCOPEBélier du 21 mars au 20 avrilEn ce moment, l’amour est plus important que tout le reste dans votre vie, mais ne négligez pas le reste.

Taureau du 21 avril au 21 maiMême si vous avez l’impression de faire du surplace, gardez le moral, vous allez arriver à vos fins.

Gémeaux du 22 mai au 21 juinCanalisez votre énergie, surtout au point de vue relationnel. Vous êtes dans une période où tout vous réussit.

Cancer du 22 juin au 22 juilletLe doute est en train de s’emparer de vous, n’écoutez plus vos vieux démons et pensez plutôt à votre futur.

Lion du 23 juillet au 23 aoûtPréoccupez-vous plus de vos amours que d’une envolée professionnelle qui ne pourra pas venir tout de suite.

Vierge du 24 août au 23 septembreRestez tranquille et calme face à toutes les situations. Ce n’est pas le moment ni de craquer ni de vous braquer.

Balance du 24 septembre au 23 oct.Restez positif et ne marmonnez pas dans votre coin, ce n’est pas bon pour vous et cela surprend.

Scorpion du 24 octobre au 22 nov.Vous êtes en bonne forme. Calmez le jeu dans votre travail, cela ne vaut pas la peine d’être vindicatif.

Sagittaire du 23 nov. au 21 déc.Votre anxiété dirige trop votre vie en ce moment. Prenez les choses plus simplement, revoyez vos positions !

Capricorne du 22 déc. au 20 janv.Veillez à maîtriser votre impulsivité. L’ambiance pourrait devenir explosive ! Faites preuve de diplomatie.

Verseau du 21 janvier au 18 févrierVous avez envie de donner le maximum. Prenez du recul, ou vous pourriez avoir du mal à maîtriser la situation.

Poissons du 19 février au 20 marsLes circonstances vous sont favorables pour vous mettre en valeur. Ces occasions-là, ne les ratez pas.

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CULTUREJEUDI 18 FÉVRIER 2010 15

Plus vrai que SOPRANO.Plus violent que THE SHIELD

Basée sur des faits réels, UNDERBELLY retrace la guerre des gangs qui terrorisa Melbourne entre 1995 et 2004 et fit une trentaine de morts.

Un cocktail explosif de violence et de sexe. Les fans des AFFRANCHIS et de SCARFACE y trouveront leur compte.

« LA SÉRIE BRILLE PAR L'EXTRÊME RÉALISME DE SON IMMERSION DANS LE MONDE DU CRIME ORGANISÉ, DOSANT SUBTILEMENT VIOLENCE, SEXE ET ÉTUDE DE MOEURS »

LES ANNÉES LASER

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LA SAISON 1 EN COFFRET 4EXTRAITS SUR WWW.KOBAFILMS.FR

DR

EXPOSITION Une rétrospective pour découvrirAndrouet du Cerceau, architecte du XVIe siècle

ARCHI-MÉCONNUMAIS ARCHI-INFLUENTBENJAMIN CHAPON

Avec son nom à coucher dehors et sa réputation d’architecte qui n’a jamais rien construit, Androuet du Cerceau (1520-1586) avait bien besoin d’une ex-position d’ampleur à la Cité de l’archi-tecture et du patrimoine, à Paris (16e), pour se faire connaître et reconnaître. « Il faut arrêter de dire qu’il n’a rien construit, s’insurge Hervé Lemoine, commissaire de l’exposition. Son in-fluence est majeure sur les architectes néo-renaissance et il est l’inventeur du style français. »

Ruines et utopiesIl nous reste aujourd’hui plus de dessins que de bâtiments pour appréhender l’œuvre d’Androuet du Cerceau et réali-ser comment il créa un style architectu-ral national : un plan axial et symétrique, des colonnes en façade, des fenêtres hautes pour faire entrer la lumière jus-que sous les combles. « Sous l’égide de

rois comme François Ier, il incarna une volonté politique de se passer des architectes italiens », confirme Hervé Lemoine. Bien avant les romantiques, Androuet du Cerceau affirmait égale-ment un goût pour… les ruines. Il dessina des bâtiments imaginaires d’une Anti-quité fantasmée et les plans étonnement réalistes de constructions utopistes, d’une tour de Babel à un château-pa-gode… Loin du classicisme auquel on le circonscrit parfois. Hervé Lemoine em-ploie la jolie formule de « notoriété à éclipses » pour retracer le parcours d’Androuet du Cerceau. Mais celui-ci restera dans les mémoires grâce à son ouvrage Les Plus Excellents Bâtiments de France, best-seller de l’époque. Mais comme tout cela ne nourrissait pas son homme, Androuet du Cerceau inventa la vente de maisons modulables sur plan. « A partir du plan de départ d’un logis élémentaire, le propriétaire pouvait, la fortune venant, le transformer en château de cent soixante pièces. » W

Le Château de Chambord vu par l’architecte Androuet du Cerceau (en haut), qu’on peut voir dans l’exposition qui lui est consacrée à Paris, jusqu’au 9 mai.

G. B

ERGE

RET

/ CAP

A

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JEUDI 18 FÉVRIER 201016 CULTURE

JOËL MÉTREAU

Jules Verne engendre toujours de nombreux fils et des filles spirituels, au point d’être le père d’un genre artis-tique : le steampunk. Les films de Jeunet et Caro, les jeux « Bioshock », les BD « La ligue des gentlemen extraordinai-res », le manga Steamboy… Tous em-pruntent à une esthétique commune : machineries à engrenages, objets en cuivre, ballons à vapeur, hu-blots… Pour Patrick Gyger, directeur de la Maison d’ailleurs, musée de la science-fiction (Suisse), « c’est une forme de rétro-futurisme. Le steam-punk repose sur l’idée que le présent aurait pu être différent si,

dans le passé, un choix technologique différent avait été suivi. Par exemple, la vapeur au lieu de l’électricité. » D’où un genre d’histoire alternative, qu’on dési-gne sous le terme d’uchronie. « L’une des raisons pour laquelle ce mouvement plaît autant, suggère Patrick Gyger, c’est aussi le manque d’images positives du futur. En se substituant à des visions apocalyptiques ou hypertechnologiques, le steampunk présente un futur plus simple et qui fait appel à des visuels qui nous sont déjà familiers. » Peut-être un

antidote à l’avènement du numérique et de la technologie trop désin-

carnée.

Un art de la récupLe mouvement steampunk plonge sa tuyauterie, dans le XIXe siècle, à l’apogée de l’âge industriel, plutôt du côté de l’époque victoriennne au Royaume-Uni. En Grande-Bre-tagne, à Oxford, s’achève

d’ailleurs ce week-end la première ex-position d’art « Steam Punk ». Au musée d’Histoire des sciences, elle a été vue par 80 000 personnes ces derniers mois et a notamment accueilli un défilé de fans déguisés. « Ce n’est pas pour autant de la nostalgie pour l’époque victorienne, insiste Jim Benett, directeur du musée. Il y a même un côté “vert” dans le steam-punk. Car ses adeptes fabriquent leurs

choses eux-mêmes, ils réparent de vieux instruments. C’est du recyclage. » En témoignent les œuvres présentées à l’expo : lunettes à triple foyer, bras articulés, cadrans sertis dans le bronze ou cosmonaute scaphandrier (voir photo). Avec un peu d’imagination, un baromè-tre dans un cadre en bois, une pompe à air, quelques fils et un phonographe, et hop ! Voilà un joli iPhone. W

TENDANCE Ce type de science-fiction rétro-futuriste imprègne l’art contemporain, la BD, le jeu vidéo...

LE STEAMPUNK BRICOLE D’AUTRES MONDES

STÉP

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E H

ALLE

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Un cosmonaute créé par l’artiste belge Stéphane Halleux.

« LA LIGUE DES GENTLEMEN » VIENT DE QUITTER LE XIXe SIÈCLELa cultissime série de bande dessinée, « La Ligue des gentlemen extraordi-naires », a largement contribué au steampunk. Même si elle entreprend de s’en éloigner avec le premier tome de « Century », sa nouvelle mini-série. Car si 1910 (éd. Delcourt) ne se déroule en effet que dix ans après la fin de la précé-dente aventure des célèbres justiciers, les deux prochains épisodes devraient se situer en 1968, puis de nos jours… Pour l’heure, les Anglais Alan Moore et Kevin O’Neill continuent d’exploiter leur fascinant concept à base d’uchronie, animée par des héros tirés de la littéra-ture populaire du XIXe siècle. Mais Exit l’Homme invisible, le Docteur Jekyll, Allan Quatermain et le capitaine Nemo…

Ces deux derniers sont remplacés par leurs rejetons, fils Quatermain et fille Nemo – autour de laquelle s’articule discrètement la trilogie. Seuls Orlando et Miss Murray survivent à la série mère ; et c’est assistés de Carnacky, un chas-seur de fantômes et du voleur repenti Raffles qu’ils mènent l’enquête sur une secte visant à détruire le monde… Ponctuée de chansons détournées de L’Opéra de quat’sous de Brecht, cette aventure aux atours ultraviolents dépeint un Londres crasseux et noir. Ultrapro-metteuse, Century réinvente une Ligue dont la remarquable impuissance rend ses protagonistes plus « humains » face à des événements qu’auraient sans mal maîtriser leurs ainés. W OLIVIER MIMRAN

DR

« La ligue des gentlemen extraordinaires » s’aventure hors de l’époque victorienne.

D’Inspiration steampunk, le Protecteur qu’on incarne dans le jeu vidéo « Bioshock 2 »

« BIOSHOCK 2 », BOCAL IMMERGÉLe steampunk connaît de multiples va-riantes : le Biopunk, influencé par la biotechnologie, l’Atompunk, marqué par la conquête spatiale et la fascination pour l’atome ou encore le Diesel Punk, avec un aspect très film noir. Dans son décor, le jeu vidéo « Bioshock 2 » mêle un peu tout ça. Car le véritable protagoniste de ce titre, c’est d’abord Rapture, bâtie au milieu du XXe siècle par le mégalomane Andrew Ryan. Une ville engloutie vingt mille lieux sous les mers, et dont l’es-thétique mélange mouvement Art déco, Jules Vernes, New York des années 1930 et iconographie très fifties. Sitôt quitté le bathysphère qui nous em-mène d’un niveau à l’autre, on se perd dans la contemplation des lieux : parc d’attractions de propagande, musée suintant l’eau de mer, salle des fêtes à l’abandon, publicités criardes… La direc-

tion artistique est superbe. Bercé par la magnifique BO de Garry Schyman ou absorbé par une bande-son inquiétante, toute de chuchotements et de glouglous et de grincements, on en oublierait que « Bioshock 2 » est aussi un jeu d’action. Il faut y manier aussi bien les armes de poing que les « plasmides », des pou-voirs nés de mutations génétiques (télé-kinésie, pouvoir de changer en glace ou de piéger avec des vortex de vents…). De quoi se frayer son chemin à travers la cité qui continue de sombrer dans un chaos périlleux. Dans ce second volet, le joueur incarne un Protecteur (voir ci-des-sus), un gardien de la ville, brutalement tiré de sa léthargie. Un monstre s’éveille dans ce rêve utopique de Rapture, qui tourne pour le joueur au délicieux cau-chemar. W J. M.

« Bioshock 2 », sur PS3, Xbox 360 et PC.

DR

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JEUDI 18 FÉVRIER 201018 TV-MÉDIAS

VOTRE SOIRÉE TÉLÉ

ANNE KERLOCH

Bonjour, je m’appelle Dexter, je suis serial killer. J’aime les taches de sang, les chemisettes tendance fraîcheur-du-bord-de-mer et vous m’adorez. Ce soir, Canal+ programme la saison 4 à 20 h 45 et TF1 tente à 23 h 25 la saison 1 de cette série de Showtime, dérangeante jusque dans son générique, mais qui a séduit le grand public. Les raisons d’une attrac-tion ? « Dexter n’est pas un simple serial killer, estime Aline Marrache-Tesse-raud, directrice des acquisitions fiction pour Canal+. En apparence, c’est le gen-dre idéal. Il a une part de normalité, mais surtout une part obscure, qui dirige la narration. » Un vernis de banalité qui suscite même l’identification. Pour Mar-jolaine Boutet, docteur en histoire et auteur des Séries télé pour les Nuls (Ed. First), « son itinéraire ressemble à celui d’un homme ordinaire. La première sai-son explore son rapport au père. Dans la seconde, il affirme ses choix d’adulte, puis il y a le mariage, la paternité dans la saison 4 ». L’utilisation de la voix off retraçant ses pensées renforce la proxi-mité. « Shakespeare avait inventé ces

monologues dans Richard III, reprend Marjolaine Boutet. Cela rendait le crimi-nel plus humain ! »

Raisonnablement goreDexter peaufine ses scènes de crime… et les scénaristes leur narration, tra-vaillée avec minutie, la série « est d’une modernité et d’une qualité d’écriture

rare, souligne Rémy Jacquelin, direc-teurs des acquisitions de TF1. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de l’acheter alors qu’elle était conçue au départ pour une chaîne câblée payante, Showtime, au public plus restreint, et pas pour une grande chaîne généraliste. » Ils ont beau passer de rebondissement en rebondissement, les ressorts drama-

tiques ne se distendent pas d’une saison à l’autre – exception faite de la trois, un peu ramollie – et ils arrivent toujours à faire sursauter le public. « C’est une des séries qui se renouvelle le plus narrati-vement, particulièrement dans la sai-son 4 avec l’arrivée du bébé », note Aline Marrache-Tesseraud. A chaque fois, Dexter peut aussi compter sur un adver-saire qui a du corps. Et bien sûr des tri-pes. Question entrailles, la fiction réussit en plus à exposer l’horreur sans être gore. Le sang est souvent traité de ma-nière abstraite, comme un symbole plus qu’un élément de terreur. En bon père de famille, Dexter n’effraie pas quand il repeint les murs. Même aux artères. W

MORTELLE ! La série troublante est diffusé ce soir en saison 4 sur Canal+ et en saison 1 sur TF1

« DEXTER », MON SERIAL KILLER BIEN-AIMÉ…

CBS

STU

DIO

S

« Dexter » (Michael C. Hall) ou la vie presque ordinaire d’un tueur en série.

W PROMO CRÉATIVEFontaines de sang, photos de bébés avec bavoir « My Dad is killer », la chaîne américaine Showtime déploie une créativité folle dans son marketing. En France, Canal+ a pris le relais avec des affichages 4 x 3 et de la pub virale sur Internet.

FRANCE 5FRANCE 4 W9 NRJ 12TMC DIRECT 8

Julie Lescaut : Contre la montre Réalisation : J. Navarro (Fr., 2009). 1 h 30. Avec Véronique Genest. Julie Lescaut enquête dans le monde du sport.

Envoyé spécial Présenté par Guilaine Chenu, Françoise Joly. « TV, hi-fi, électroména-ger... le grand bluff ». « Elie Semoun, le comicologue ».Portrait de l’acteur.

Jeux olympiques 2010 7e jour. En direct. Chefs de file du biathlon français, Vincent Defrasne et Sandrine Bailly ont une carte à jouer.

Dexter « Morphée contre Trinité ». (USA, 2009). Avec Michael C. Hall, Jennifer Carpen-ter. Dexter s’intéresse à un serial killer, le Tueur de la Trinité.

Blue Velvet Thriller de David Lynch (USA, 1986). 2h. Avec Kyle MacLachlan, Isabella Ros-sellini, Dennis Hopper. Un homme découvre les dessous d’une petite ville.

Europa Ligue 16e aller. Copenhague-Marseille. En direct. Les joueurs de Deschamps sont opposés à une équipe invaincue à domicile en Ligue Europa.

20.45 Téléfilm 20.35 Magazine 19.55 Sport 20.45 Série 20.35 Film 20.50 Football

22.20 Alice Nevers, le juge est une femmeSérie. « Faute d’ADN ». Avec M. Delterme.

22.55 Vancouver 2010Jeux olympiques 2010. 7e jour. En direct. Présenté par L. Luyat.

23.00 Soir 323.25 Ce soir (ou jamais !)

Magazine. Présenté par F. Taddeï. Direct.

21.40 DexterSérie. « Et les restes alors ? »

22.30 Weeds (2 épisodes).

22.30 Isabella RosselliniDocumentaire.

23.30 Le Secret de Veronika Voss

22.55 Danger immédiatEspionnage de Phillip Noyce. (USA, 1994). Avec Harrison Ford.

20.35 HeroesSérie. « La naissance du mal ». « Contrecoup ». « Ententes et mésententes ». Avec Adrian Pasdar.

20.35 La grande librairie Mag. Présenté par François Busnel. Avec Arnaud Molinié, Yasmina Khadra, Philippe Claudel...

20.35 Shall We Dance ? Comédie de Peter Chelsom (USA, 2004). Avec R. Gere. Un avocat découvre en secret la danse de salon.

20.35 Tellement vraiMagazine. Présenté par Matthieu Delormeau. « Shanghai : nouvel eldorado chinois ? »

20.40 La Tour Montparnasse infernalede C. Némès (Fr., 2000). La Tour Montparnasse, à Paris, est prise d’assaut.

20.40 Tendre voyoude Jean Becker (Fr., 1966). Avec J.-P. Belmondo. Deux hommes vivent des largesses de femmes.

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REVUE DE PRESSEJEUDI 18 FÉVRIER 2010 19

« L’EXPRESS »

LES BANQUES FONT LA NOUBAAh ben voilà. C’est reparti, c’est signé, non, fran-chement on ne peut pas leur faire confiance, même L’Express le dit, alors. Les banques, c’est comme les ados. Ça promet en pleurnichant, juré, juré, plus de bêtises, de règles enfreintes, de spécula-tion et d’actifs financiers toxiques. Et on est à peine parti en week-end qu’ils mettent le souk dans le salon avec leurs copains traders, boivent du champ’ à s’en tortiller la cravate, dansent le pogo dans les salles de marché, s’adonnent à des jeux que la morale réprouve (notamment à « ce sera toi qui aura le plus maousse bonus » entre autres). Tsss, tsss. W A. K.

« GRAZIA »

DES FEMMES BIEN ARMÉES On a beau être réac, on n’en est pas moins femme. Aux Etats-Unis, on cultive son moi profond en ad-hérant à la National Rifle Association, qui milite pour le port d’armes, sans pour autant négliger le style. C’est entre copines qu’on choisit ce délicieux flingue M16 couleur fuschia ou que l’on s’adonne en pouffant à des « taser parties » pour choisir son arme d’autodéfense so chic, customisée léopard et bicolore (peut-être même assortie à ces « Waouh ! 60 shoes à tomber », à voir en page 97). Cette se-maine, on peut aussi apprendre à « parler coiffeur ». C’est bien, aussi. W ANNE KERLOCH

LA NOUNOU DE MOUNDIR« Je l’ai trouvé un peu trop scolaire. Le soir, après le tournage, je n’ai pas eu à l’empêcher une seule fois de sortir ! »Thomas, « nounou » de Moundir cherchant sa Moundirette, dans « L’aventurier de l’amour » sur TMC (Closer, 12/2).

« COURRIER INTERNATIONAL »

LES PARISIENS, ILS LES DÉTESTENTAmi parisien masochiste, Courrier International t’aime et va donc te mal-traiter comme tu le mé-rites, en te listant tes défauts de fabrication, vices de forme et disgra-cieuses aspérités échap-pées au contrôle qualité. D’abord, inutile de le nier, tu t’épanouis « dans la capitale des obsédés », surtout la rive gauche, où une simple promenade féminine suffit « pour obtenir rapidement son quota de vieux pervers » en journée.

Le soir, en revanche, tu transformes les rues en trottoirs funèbres. Car oui, Parisien, tu es un casanier sans flamme, qui se cou-che à 23 h, ta ville va entrer bientôt dans un état céré-bralement inquiétant « sans doute bientôt morte la nuit ! », lance le New

York Times. Quant aux bistrots typi-ques, il s’agit pour The Daily Shame de clones du célèbre « Café des connards », avec plat froid et service désagréable. W A. K.

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UN CLUB BOUILLANT ET FORT COMME UN TURCSurtout, ne pas s’y tromper. Fenerbah- çe n’a certes jamais gagné de compé-tition européenne, mais l’imposant club d’Istanbul est un gros morceau. Sa ré-putation récente, cette équipe l’a construite en Coupe d’Europe. Ces der-nières saisons, le SK Fenerbahçe s’est

offert Chelsea et le FC Séville. Certes, à chaque fois, le « Fener » s’est imposé à domicile, dans sa bouillotte du stade Sükrü Saraçoglu. Cela situe le niveau d’une équipe qui a perdu Roberto Car-los, mais qui s’appuie aujourd’hui sur les internationaux turcs (Volkan, Ugur

Boral, Semih Sentürk…) et une forte colonie brésilienne (six joueurs). Si leur blason représente la pureté et le cou-rage, sur le pré, la tendance est à l’at-taque : en championnat, les hommes de Christoph Daum carburent à deux buts par match. W W A. M.

JEUDI 18 FÉVRIER 201020 LILLE SPORT

Ça commence à sentir bon. Hier, Lens s’est ouvert les portes des quarts de finale de la Coupe de France, en venant à bout de Brest (2-1, a. p.). Avec qua-torze points d’avance sur la zone rouge en L1, les Artésiens peuvent même faire de cette compétition un objectif. Prochaine étape, fin mars, avec la ré-ception de Saint-Etienne. En attendant, les Lensois ont tout de même sérieu-sement galéré contre la petite terreur de la L2. Sans trois parades décisives de Kasraoui, le Racing aurait même dû être mené avant le repos. Mais après 45 minutes, Lens était devant, grâce à Hermach (1-0, 30e), dont la frappe s’était faufilée entre les jambes du gar-dien armoricain. Les Lensois étaient loin d’être à fond, et ce minimum syn-dical ne pouvait pas suffire très long-temps. C’est même un ancien de La Gaillette, Nolan Roux, qui a profité d’une erreur de Sartre pour égaliser (1-1, 57e). Maoulida (72e) et Roudet (80e) ont eu chacun une balle pour éviter les prolongations, à chaque fois vendan-gée par maladresse. C’est Marco Ramos, un défenseur, qui a fini par

taper dans le mille (2-1, 101e). Mais personne ne saura jamais si ce but providentiel était valide : sans diffu-seur, aucune caméra n’était placée derrière le but brestois. Dommage pour Ramos, qui n’aura jamais de vidéo de son seul but chez les pros. W A. M.

FOOTBALL

LENS SORT BREST À L’USURE,SANS TONNERRE ET SANS ÉCLATS

D. C

HAR

LET

/ AFP

Samba Sow et les Lensois sont en quarts.

FOOTBALLLe Cameroun appelle Bedimo et écarte ChedjouFortunes diverses pour les internationaux camerounais de la région. Si le Lensois Henri Bedimo a été retenu pour disputer le match amical contre l’Italie le 3 mars prochain à Monaco, Aurélien Chedjou ne sera pas du voyage. Le défenseur lillois paie sans doute une Coupe d’Afrique des Nations ratée en janvier dernier.

FOOTBALLVAFC : Audel et Pujol de retour à l’entraînementAbsents samedi dernier contre Nice, Johan Audel (cuisse) et Grégory Pujol (mollet), les attaquants valenciennois, ont repris l’entraînement. En revanche, c’est encore trop juste pour Mamadou Samassa (péroné) toujours aux soins. Touché à la cheville, Gael Danic est, lui, incertain pour le déplacement à Grenoble ce samedi.

secondes20BASKET

ASTROBALLE TRAGIQUE POUR GRAVELINES C’est une malédiction qui dure depuis quinze ans. A chaque fois que Gravelines se déplace à la salle de Villeurbanne, la défaite est toujours au rendez-vous. Pas bon à savoir avant de débuter ce soir la semaine des As organisée… à l’Astro-balle. Pire, le BCM devra se coltiner l’Asvel, l’hôte de la compétition, dès les quarts de finale. « C’est le plus mauvais tirage qu’on pouvait espérer », déplore Christian Monschau, le coach graveli-nois. Mais le tableau n’est pas si noir. Alors que Gravelines (3e) a retrouvé de la confiance en championnat, l’Asvel se traîne à une sixième place indigne de son rang de tenant du titre. « Sur ce match-là, on doit être favoris », reconnaît Hervé Beddeleem, directeur exécutif du club nordiste. En cas de succès, le BCM pour-rait même viser la victoire, dans une compétition qu’il n’a jamais gagnée. « Il y a trois matchs à jouer en trois jours avec une belle timbale à décrocher », conclut Monschau. A condition de trou-ver le chat noir qui rôde sur le parquet de l’Astroballe. W FRANÇAIS LAUNAY

ANTOINE MAES

Au moins, ils assument. Ce soir, les Turcs de Fenerbahçe seront au Stadium pour y défier le Losc, en 16es de finale aller de la Ligue Europa. Le vainqueur de cette confrontation devrait s’offrir Liverpool, qui défie les Roumains d’Ur-ziceni. Et coté stambouliote, on ne fait pas trop dans la langue de bois. « Même si Lille est une équipe difficile, je suis sûr que nous allons passer », expliquait cette semaine Christoph Daum, le coach du « Fener ». A Lille, on n’a pas fait de bonds gigantesques à la lecture de cette petite pique. « Déjà, je ne l’ai pas lue. Mais on essaiera de ne pas lui faire goûter à An-field Road [le stade de Liverpool] », sou-rit Pierre-Alain Frau.

De Melo out de quatre à six semainesLes Dogues savent bien qu’il ne faudra pas laisser passer grand-chose au match aller. « Parce que là-bas, ça peut être compliqué pour nous », suggère l’attaquant lillois, déjà trempé dans le bain turc en 2004 avec Lyon. Chez lui, le Losc reste tout de même sur onze vic-toires de rang, toutes compétitions

confondues. Sera-ce suffisant pour sor-tir cet habitué de la scène européenne ? Pas sûr. « C’est une équipe qui sait jouer au ballon, qui joue beaucoup en attaque placée. Ils ont des joueurs de talent, mais collectivement, il y a un vrai bloc équipe », dit le coach, Rudi Garcia. Les Nordistes aussi connaissent leur force, celle qui leur permet de « marquer contre n’im-porte qui », explique Rio Mavuba. Ne pas laisser trop de travail à Mickaël Lan-dreau, et planter quelques banderilles, c’est l’objectif de Lille, qui sera privé de Tulio De Melo. Victime d’une fissure du ménisque, le Brésilien va se faire opérer, et sera absent de quatre à six semaines. Si ses potes font le boulot, il jouera peut-être contre Liverpool. W Pierre-Alain Frau retrouve Fenerbahçe, qu’il avait déjà rencontré en 2004 avec Lyon.

FOOTBALL Le Losc se verrait bien à Liverpool en 8es de finale de Ligue Europa... mais il n’est pas le seul

LILLE ET FENERBAHÇE ONT DES ENVIES D’ANFIELD

B. C

HIB

ANE

/ SIP

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DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIALÀ VANCOUVER, ROMAIN SCOTTO

Pas besoin d’être expert en lecture la-biale pour traduire le supplice de Brian. « Putain, j’y arrive pas. Les Jeux, c’est pas fait pour moi. » Le Poitevin vient de livrer un programme court indigent, en-taché d’une chute rédhibitoire. Une fâ-cheuse habitude olympique pour celui qui a déjà anéanti ses rêves de médaille (18e place). « C’est une putain de bonne question , répond Laurent Depouilly, le coach, quand on lui demande ce qui a cloché dans la préparation mentale de son poulain. C’est une paralysie. Pour moi, c’est la blessure des autres Jeux qui ressurgit. Il revit un cauchemar. »

« D’habitude, je contrôle »Le stress olympique fait des ravages chez les leaders. Pierre Vaultier, ainsi que certains biathlètes comme Sandrine Bailly ont aussi explosé sous la pression. « D’habitude, je contrôle comme si tout

était au ralenti autour de moi, » lâche Vaultier. Archi-favori du boardercross (quatre victoires en Coupe du monde et une deuxième place en cinq épreuves), éliminé dès les quarts, l’une des plus grandes chances de médaille d’or fran-çaise se fait voler la vedette par Tony Ramoin, zéro finale en Coupe du monde mais une médaille de bronze. Caméras, public, encadrement, les at-tentes sont très fortes autour des favoris. A Vancouver, 10 000 journalistes sont accrédités. Pas facile à gérer pour ceux dont le sport est peu exposé. A moins de prendre le contre-pied, comme l’anti-conformiste Bode Miller : « Parfois, j’ai-merais dire que les autres courses sont comme les Jeux. Mais je les trouve beau-coup moins drôles. Je suis là pour jouir de l’excitation. Vous devez accepter le fait que tout est vraiment différent. » W

D. J

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JEUX OLYMPIQUES Brian Joubert, Pierre Vaultier, Sandrine Bailly : tous ont mal géré la pression…

L’ESPRIT OLYMPIQUESOUFFLE TROP FORT

« Putain, j’y arrive pas. Les Jeux, c’est pas fait pour moi, » se désolait hier Brian Joubert.

JEUDI 18 FÉVRIER 2010 21SPORT

sur 20minutes.fr Suivez les coulisses des JO sur le blog de nos envoyés spéciaux In Bed with Miga. 

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JEUDI 18 FÉVRIER 201022 SPORT

Cela ne date pas de ce matin, la presse sportive espagnole aime sortir le séca-teur en cas de défaite des siens. Le re-vers du Real mardi soir à Lyon (1-0), en huitième de finale aller de la Ligue des champions, n’échappe pas à la règle. « Madrid n’a pas été à la hauteur », tranche en une le quotidien sportif AS pour qui « cette équipe revient de Lyon sans aucun air d’aspirant au titre ».

Pellegrini et Kakà dans le viseurMarca n’est pas beaucoup plus tendre avec les coéquipiers de Cristiano Ro-naldo. « Le Real a été surpassé dans tous les aspects du jeu par une équipe dynamique, travailleuse et mordante en contre-attaque », analyse le journal. La presse espagnole à l’unisson ressort

déjà du placard la malédiction des hui-tièmes de finale où le Real échoue de-puis cinq ans.Les journaux se montrent également très critiques envers les choix de l’en-traîneur Manuel Pellegrini (Mahama-dou Diarra préféré au milieu à Lassana Diarra, remplacement de l’attaquant Higuain) et de la star brésilienne Kakà, qui n’a pas su orienter le jeu d’un Real pris à la gorge par Lyon.Et histoire de remuer le couteau dans la plaie, Marca se demande si la place du nouvel ambassadeur du club, Ziné-dine Zindane « n’était pas plutôt sur le terrain que dans les tribunes ». Si ja-mais le Real passe à la trappe au match retour, ce sont les retours de Di Stefano et Kopa qui vont être exigés. W A. P.

FOOTBALL

LA PRESSE RENVOIE LE REAL DANS SES BUTS

DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL À VANCOUVER, ROMAIN SCOTTO

Le jour où Lindsey Vonn se présentera en pleine possession de ses moyens lors d’une grande compétition, ses ad-versaires ne prendront peut-être plus la peine de se rendre au départ. Blessée au tibia au point de ne plus pouvoir mar-cher il y a quelques jours, elle s’est remise en jambes pour décrocher, hier, sa première médaille d’or au Canada. Sur la piste Whistler Creekside, per-sonne n’est en mesure de rivaliser avec la puissante Américaine, la seule ca-pable de se jeter dans la pente avec des skis réservés aux hommes.

Elle soigne son tibia au fromageDans l’aire d’arrivée, sa mine renfro-gnée des jours derniers a laissé place à un sourire Colgate, comme NBC en rêvait. Le diffuseur américain a tout misé sur celle qui est censée suivre la trace de Michael Phelps, en raflant tout ce qui se présente à elle. Les Jeux de « Vonncouver » sont bien lancés. Et on n’a pas fini de parler de son état de santé. Il y a deux semaines, celle qui vient de poser en bikini dans Sports Il-lustrated était si handicapée qu’elle aurait envisagé un forfait aux Jeux. Pour certains, il y avait peut-être un peu d’intox autour de ces différents bulle-tins de santé. La grande Lindsey cher-chait-elle à se disculper, en cas de raté ? « Je n’y ai jamais pensé. Cette blessure, j’aurais préféré ne jamais la subir. » Reste que ses méthodes de soins ont aussi de quoi interpeller. A

Whistler, Vonn a révélé qu’elle tentait un traitement naturel en posant du fro-mage sur son tibia. Venant d’une cham-pionne réputée pour son obsession de la maladie, cela peut faire sourire. Mais si l’Américaine souffre d’une maladie aujourd’hui, c’est bien celle de la vic-toire. W

JEUX OLYMPIQUES La grande favorite américaine a remporté la descente

TROP BONNE, LINDSEY VONN

G. B

RELO

ER /

AP /

SIPA

Vonn a relégué la deuxième, sa compatriote Julia Mancuso, à 56 centièmes.

FOOTBALLMarseille affrontera Bordeaux en finale de Coupe de la LigueLes Girondins ont assuré leur présence en finale en battant Lorient hier (1-4). Les hommes de Laurent Blanc ont offert une prestation peu rassurante avant d’affronter Olympiakos mardi prochain en 8es de finale de la Ligue des champions.

Lens en quarts de finale de la Coupe de FranceLes Artésiens sont difficilement venus à bout (2-1 a. p.) hier soir de Brest, valeureux dauphin de la Ligue 2. C’est le défenseur Marco Ramos qui a donné l’avantage aux siens à la 101e minute d’un match laborieux.

Le FC Porto domine les GunnersArsenal s’est heurté hier soir à une défense portugaise parfaitement en place, s’inclinant finalement (2-1) en 8e de finale aller de la Ligue des champions.

secondes20 W CÔTÉ FRANÇAIS

Marie Marchand-Arvier est la seule Française à avoir réussi à dompter la piste de Whistler. Elle a pris la 7e place. Aurélie Revillet est 16e et Ingrid Jacquemod 20e. Quant à Marion Rolland, elle a chuté trois mètres après le départ et s’est blessée au genou gauche.

L. C

IRON

NEA

U /

AP /

SIPA

Le gardien madrilène Iker Casillas.

sur 20minutes.fr Suivez les Jeux olympiques en live comme-à-la-maison

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