prÉsident et chef de la direction, cirque du soleil...

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DOSSIER : PRÉSIDENT ET DG UNE CIBLE COMMUNE, UN SEUL ARCHER. ENTRETIEN AVEC DANIEL LAMARRE ET GUY LALIBERTÉ MOT DE LA PRÉSIDENTE : P ASSER DU TANDE M À L’ÉQUILIBRE DES FORCES ÉDITO : L’ANN É E DE L ’INTERCOOP É R A TION A A LA REVUE DES D G DE CAISSES DESJARDINS DANIEL LAMARRE PRÉSIDENT ET CHEF DE LA DIRECTION, CIRQUE DU SOLEIL PP 41122582

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DOSSIER: PRÉSIDENT ET DGUNE CIBLE COMMUNE, UN SEUL ARCHER.ENTRETIEN AVEC DANIEL LAMARRE ET GUY LALIBERTÉ

MOT DE LA PRÉSIDENTE:PASSER DU TANDEM

À L’ÉQUILIBRE DES FORCES ÉDITO: L’ANNÉE DE L’INTERCOOPÉRATIONAA

L A R E V U E D E S D G D E C A I S S E S D E S J A R D I N S

DANIEL LAMARRE

PRÉSIDENT ET CHEF DE LA DIRECTION, CIRQUE DU SOLEIL

PP 41122582

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GUY LALIBERTÉ ET DANIEL LAMARRE

TANDEM À LA DIRECTIONDU CIRQUE DU SOLEILFRANÇOIS PRATTE

ENTRENTRENTRENTREEVUVUEE

Tout le monde connaît l’histoire du Cirque du Soleil, ses succès.

Mais peu de personnes sont familières avec le lien particulier

qui existe entre le p-dg de l’entreprise et son fondateur.

Est-ce que Daniel Lamarre est le double de Guy Laliberté, son général, son complément, son

alter-ego? Pour trouver la réponse, nous sommes allés aux sources,

question de savoir si leur relation pouvait inspirer les présidents

et directeurs généraux de nos caisses.

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ENTREVUVUE

L’ARRIVÉE DE DANIEL LAMARRE

En 2001, Guy Laliberté carburait aux idées et aux projets, et son cirque lui permettait de les réaliser. Le rêve ! Était-il un bon gestionnaire? Sans aucun doute, sinon le Cirque n’aurait pas été un succès. Mais il était un créateur avant tout. Irait-il jusqu’à chercher quelqu’un pour occuper les plus hautes fonctions afin d’avoir tout son temps pour développer de nouvelles idées? Lorsqu’il a offert la direction du Cirque du Soleil à Daniel Lamarre, Guy Laliberté savait très bien ce qu’il faisait.

En 1986, alors qu’il était l’un des associés principaux de la firme de relations publiques National, Daniel Lamarre avait réalisé un mandat pour le Cirque du Soleil, qui était alors une toute jeune entreprise. Facture en main, Guy Laliberté est allé le voir à son bureau: «Écoute, Daniel, désolé, je ne suis pas en mesure de te payer. On n’a pas d’argent.» Daniel Lamarre l’a regardé, a déchiré la facture puis lui a dit : «Guy, ce que t’essaies de faire, c’est tellement formidable… Je te souhaite bonne chance.»

Douze ans plus tard, Daniel Lamarre a été nommé président du réseau de télévision TVA. Aussitôt, il a appelé Guy Laliberté pour l’en informer. Il a profité de l’occasion pour lui manifester son intérêt pour l’obtention des droits de télévision pour le Cirque. Mais le hic, c’est que le Cirque était maintenant représenté par une firme internationale qui s’occupait de tout. L’obtention des droits de télé était, en principe, impossible. Du moins en théorie. Le lendemain, Guy Laliberté a envoyé une note à l’un de ses vice-présidents : « Il y a douze ans, Daniel Lamarre m’a aidé. Il veut les droits de télé. Faites ce que vous avez à faire pour qu’il les obtienne.»

Ils se sont vus à quelques reprises les deux années suivantes dans le cadre de projets télé pour le Cirque, mais sans plus. Puis un jour, alors qu’il était en voyage à Londres, Guy Laliberté a donné un coup de fil au président de TVA: «Daniel, j’ai eu un flash, hier soir : veux-tu te joindre à moi au Cirque du Soleil ?» Trois semaines plus tard, Daniel Lamarre quittait TVA.

Plus de dix années se sont écoulées depuis, et le duo formé de Guy Laliberté et Daniel Lamarre pourrait servir de modèle à toutes les organisations.

AU CŒUR DE L’EMPIRE

Nous avons rencontré Daniel Lamarre à Montréal, dans l’immense siège social de l’entreprise. Guy Laliberté, qui était alors à l’extérieur du pays, a accepté de répondre à nos questions dans un deuxième temps. Nous cherchions à connaître les secrets de ce duo gagnant qui permet au Cirque de se produire partout sur le globe et de multiplier les succès.

Daniel Lamarre se considère chanceux: « Je suis arrivé au moment où la marque du Cirque du Soleil était prête à éclater. Guy avait des visées très grandes et moi, j’avais le goût d’atteindre ces objectifs-là.» En l’écoutant, on comprend que l’adaptation s’est faite sur une période de deux ou trois ans, soit progressivement. A-t-elle été difficile pour Daniel Lamarre?Guy Laliberté lui-même a-t-il dû s’adapter à la présence d’un «étranger», d’un outsider à la outsider

tête de l’organisation?

Les premières années, ils ont appris à travailler ensemble. Ils ont cherché à cerner et à comprendre les forces de chacun, afin de développer et de respecter leurs rôles respectifs. Tous deux étaient conscients que le nouveau p-dg avait une première tâche à accomplir, colossale: apprivoiser le Cirque dans son ensemble. L’entreprise, absolument unique, ne se compare à aucune autre. Tout ce que Daniel Lamarre avait appris, à TVA ou ailleurs, ne s’appliquait pas au Cirque du Soleil : «Quand j’étais à la tête de TVA, c’était plus facile. Je

En ce moment même, le Cirque du Soleil présente un spectacle quelque part, peu importe si votre montre indique midi ou minuit. Les fuseaux horaires ne sont pas des frontières pour le Cirque mais des bornes, des étapes qu’il a franchies une à une depuis sa création, en 1984. Une petite recherche sur Google avec les expressions «Fierté du Québec»et «Cirque du Soleil» donne 300000 résultats. Près de trente ans après sa fondation, le Cirque est donc encore une source de fierté pour les Québécois. Mais son succès est d’abord dû aux personnes qui sont à ses commandes:son fondateur, Guy Laliberté, et celui qu’il a nommé p-dg en 2001, Daniel Lamarre.

Le premier, un homme de cirque, a la fibre entrepreneuriale et aime créer. L’autre, un gestionnaire, un homme de relations publiques, est un catalyseur d’entreprises : il leur donne un nouvel élan pour les propulser au-delà des frontières. Comme pour Apple et Steve Jobs, le Cirque a été fondé par un entrepreneur visionnaire sans diplôme mais exigeant, perfectionniste, acharné, gambler, capable de gamblergambler

traverser les pires tempêtes. Un homme assez doué et pragmatique pour avoir su s’entourer des meilleurs.

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s’imprégner complètement de sa culture

pendant des mois. Il devait d’abord vivre une

première production tout en établissant des

liens véritables avec le réseau mondial du

Cirque du Soleil, alors une entreprise de plus

de quinze ans encore en pleine croissance.

Et surtout, il devait s’adapter à un milieu de

travail qui ne se compare à aucun autre.

LES RÔLES DE CHACUN

Guy Laliberté est le fondateur et guide créatif

du Cirque du Soleil, et Daniel Lamarre en est le

président et chef de la direction (p-dg). Les rôles

sortais mon cardex et j’appelais l’un, j’appelais cardex

l’autre, j’organisais des rendez-vous, j’accueillais

des projets… J’avais un bon réseau. Mais

dorénavant, il ne me servait plus à rien parce

que le Cirque appartenait à un autre réseau.

Les contacts du Cirque n’étaient pas à Montréal.

Ils étaient à Las Vegas, au Japon, en Chine…

Je ne connaissais pas ces gens-là !»

Le nouveau p-dg a donc voyagé avec le

fondateur afin d’établir des liens et pour saisir

le fonctionnement de l’entreprise, comprendre

le milieu dans lequel elle évoluait. Il devait

du Cirque est sous sa responsabilité, et il faut

que ça marche: «Sur le plan opérationnel,

tous se rapportent à moi, nous a répondu

Daniel Lamarre, mais tout le monde sait, moi

le premier, que les choix de création sont faits

par Guy Laliberté. Il n’y aucune ambiguïté à ce

sujet. Ni entre lui et moi, ni pour personne.»

Daniel Lamarre n’a pas de faux orgueil. Il

n’essaie pas de prétendre auprès des gens qui

l’entourent qu’il a un pouvoir décisionnel sur

la création: «Ce serait risible ! Ils savent très

bien que c’est Guy, le guide créatif. Et cette

Daniel Lamarre, François Pratte etManon Goudreault en discussion.

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ENTREVUVUE

définition précise des rôles est probablement l’une des principales raisons du succès de notre relation. Je ne suis pas dans ses jambes quand on arrive au contenu créatif. Si on va voir un spectacle ensemble, ce ne sont pas mes commentaires que les gens voudront entendre mais ceux de Guy. C’est très clair. Pour être heureux, un président du Cirque du Soleil doit avoir la lucidité d’accepter ce rôle. Si je ne l’acceptais pas, je serais malheureux, Guy serait malheureux, et notre relation serait un échec. Je ne serais pas au Cirque aujourd’hui.»

Le tandem fonctionne parce que la complémentarité semble parfaite. Daniel Lamarre fait en sorte que les rêves créatifs de Guy Laliberté soient réalisés, et que le Cirque continue de provoquer les sens et de susciter l’émotion, comme le dit sa mission. Mais il est vrai que le fondateur du Cirque a pris un certain risque en l’embauchant.

Daniel Lamarre : «Guy a pris un risque, et moi aussi. On ne peut pas dire que nous nous connaissions très bien. Nous n’étions pas des intimes. Guy a seulement suivi son intuition, celle qui l’a très bien servi dans sa vie. Beaucoup de gens qui nous connaissaient séparément, qui savaient que nous avions chacun un tempérament assez fort, étaient convaincus que notre relation serait un échec, qu’il y aurait des étincelles, des confrontations, que ça n’irait pas du tout. Mais ils se sont trompés. Ce n’est jamais arrivé en plus de dix ans.»

Guy Laliberté : «Le Cirque du Soleil était à une étape charnière de son développement. Je me souviens qu’à l’époque, en 2001, nous avions appelé les premières années du Cirque le "Tome I" et que nous allions démarrer le "Tome II" de son développement. Daniel est arrivé à ce moment-là. J’avais une vision claire mais l’organisation était fragilisée avec ces changements. Je connaissais les qualités de Daniel et je savais que nous aurions une belle complémentarité. Mais il fallait se donner du temps.»

Émettre des idées est une chose, mais les réaliser en est une autre. Ce défi, Daniel Lamarre le relève quotidiennement. À l’impossible, nul n’est tenu, dit l’adage. Mais au Cirque, tout semble possible. Le rôle du p-dg n’est donc pas de freiner le guide créatif mais de lui donner les moyens de ses ambitions, en réunissant les bonnes ressources. Ils se parlent tous les jours, peu importe où ils se trouvent. Guy Laliberté a besoin d’être éclairé et de se faire donner l’heure juste. Provocateur, il s’assure que Daniel Lamarre a tout essayé et exploré toutes les possibilités avant de prendre des décisions. Il est exigeant et sait ce qu’il veut, ce qui force son président à produire des dossiers complets, détaillés. Les décisions du Cirque sont fondées sur du béton.

Comment deux hommes de tête, deux personnalités fortes, font-elles pour diriger une entreprise telle que le Cirque sans qu’il y ait friction? Chacun doit trouver sa place, et Daniel Lamarre reconnaît bien la sienne: «Si Guy est dans une salle avec moi, c’est lui que les gens veulent voir. Pas moi. C’est lui la vedette. Pas parce qu’il le veut, pas parce qu’il est comme ça. Mais parce qu’il est le fondateur du Cirque. Son principal porte-parole. Ma job, c’est de l’amener en avant. Ça ne veut pas dire que je n’ai pas d’ego. Mais mon ego, je le comble autrement, par les projets que je conduis, par les gens que je rencontre…»

De son côté, Guy Laliberté assume bien son rôle de gardien de la qualité des spectacles du Cirque su Soleil : «Mon rôle de guide créatif est de déterminer le thème ou l’idée générale à développer, et d’assigner un metteur en scène au projet. Par la suite, une équipe de création est mandatée. Tout au cours du développement, il y a des moments très précis où je valide les orientations créatives, mais je laisse les équipes de concepteurs faire leur travail et démontrer leurs talents. À mesure qu’on s’approche de la première du nouveau spectacle, mes validations sont plus fréquentes mais mon rôle est le même, soit celui de poser un regard "extérieur" de l’équipe de création qui baigne quotidiennement dans le projet. J’ai la distance requise et la perspective du spectateur. C’est ma valeur ajoutée.»

Le rôle du p-dg n’est donc pas de freiner

le guide créatif mais de lui donner les

moyens de ses ambitions, en réunissant

les bonnes ressources.

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UNE ENTREPRISE FONDÉE SUR LA CRÉATIVITÉLa créativité du Cirque est visible sur scène, sous les chapiteaux. Mais elle existe aussi dans les bureaux et à tous les niveaux de l’entreprise. C’est là que Daniel Lamarre joue un rôle-clé. L’armée imposante des milliers de personnes qui forment le Cirque du Soleil, c’est lui qui la commande. Tous les départements relèvent de lui au quotidien. Connecteur et régisseur, il s’assure que le Cirque forme une entité dont les nombreuses ramifications restent branchées au cœur de l’entreprise. Tout est réglé au quart de tour, même si des imprévus peuvent arriver à toute heure du jour ou de la nuit. Chacun doit jouer son rôle à la perfection. Les réunions avec Daniel Lamarre commencent à l’heure dite. Les échéanciers sont courts. Il faut être efficace.

Pour tous les employés, le défi est de sortir continuellement des sentiers battus et de se réinventer. Le danger que courent l’organisation et son personnel est de tomber dans des patterns, dans des zones de confort et d’y rester. La véritable créativité, c’est de combattre ce risque tout le temps. L’effort est très exigeant mais stimulant. Il oblige à se renouveler et à être à l’affût des tendances. Au Cirque, un groupe d’employés ne fait que ça. Il s’agit du groupe Tendances. Ces personnes font tous les jours le plein d’idées qu’elles voient, lisent ou entendent sur la musique, la mode, l’architecture, le cinéma, les jeux… Le plein de tout, et de partout sur la planète ! Et tous les trois ou quatre mois, elles se réunissent avec les gens de création et leur montrent le fruit de leurs recherches en disant : «Voici les trésors que nous avons découverts ces derniers mois !»

De loin, vu l’originalité du Cirque et de ses spectacles, beaucoup de gens croient que plus les idées sont flyées, plus Guy Laliberté se montrera réceptif. Ils se trompent. Les idées les plus originales du monde le laisseront froid si elles ne sont pas soutenues par un raisonnement logique et implacable. Nous lui avons demandé sur quoi il se basait pour donner le feu vert :

« Il faut absolument rêver. Il faut courir des risques. Mais mes risques sont toujours bien calculés et donnent naissance à beaucoup d’ "opportunités". Si je n’avais pas cru aux rêves et aux risques, nous n’aurions pas pris le pari de Los Angeles, en 1987, ni créé Mystère ou O. Quatre critères guident ma prise de décision. Le premier est le défi créatif : Est-ce que le projet m’allume en terme de création, ai-je envie d’y travailler ? Le deuxième est celui du partenaire : Avons-nous un défi commun, sommes-nous de véritables partenaires, partageons-nous des valeurs? Le troisième est financier. Il est en troisième place mais pas unique. Le dernier critère n’est pas le moindre:Est-ce que le projet s’inscrit dans une démarche citoyenne ou sociale?»

Si ces quatre critères sont respectés, Guy Laliberté présente le projet à Daniel Lamarre qui en évalue la faisabilité. Puis le signal «Go !» est donné.

TRAVAILLER AVEC UNE ÉQUIPE COMPOSÉE DE MILLIERS D’EMPLOYÉSÊtre à la tête d’un empire culturel comme le Cirque du Soleil, qui se produit littéralement sur toute la planète, est un poste exigeant, voire surhumain, comme en témoigne Daniel Lamarre:«À n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, il y a toujours un spectacle du Cirque du Soleil en présentation sur la Terre, quelque part. Ça signifie qu’en tout temps, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, on peut recevoir un appel parce qu’un incident vient de se produire. Je planifie mon agenda en sachant très bien qu’un événement peut venir perturber mon horaire. Et je ne suis pas le seul. C’est dans la culture du Cirque d’être sur le qui-vive !»

Où en sera le Cirque dans dix ans? Nous avons posé la question à son fondateur et voici ce qu’il nous a répondu: «Le Cirque du Soleil a déjà vingt-huit ans. C’est difficile à croire ! Cela peut sembler beaucoup mais tout s’est déroulé à une vitesse grand V: notre développement, notre réputation, la reconnaissance de notre marque à l’échelle mondiale. Je souhaite vraiment que dans dix ans, nous aurons une nouvelle génération de rêveurs prêts à relever des défis et une troisième génération en gestation !»

La seule mission de Daniel Lamarre et Guy Laliberté est

d’accomplir celle du Cirque du Soleil. Ils vivent ensemble

ses échecs et ses succès parce qu’ils travaillent ensemble,

même s’ils sont parfois à des milliers de kilomètres l’un

de l’autre.

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ENTREVUVUE

Depuis cette rencontre d’un matin de janvier, les propos de Daniel Lamarre nous reviennent régulièrement en tête, nous guidant même dans certaines situations. Il nous a donc marqués. Nous avons compris que la complicité était essentielle au succès, que l’ego pouvait être un moteur ou un frein, et que pour en tirer le maximum, il devait être au service d’une cause, d’une vision ou d’une entreprise plutôt qu’au service de lui-même. Nous avons été inspirés par l’ouverture et l’humilité dont font preuve le fondateur et le p-dg du Cirque du Soleil. Leurs deux personnalités, fortes, ne s’affrontent pas mais se complètent, faisant mentir ceux qui croyaient, il y a dix ans, que leur relation à la tête de l’entreprise ne pouvait être viable. Mais elle l’est.

En 2010, le Cirque du Soleil a vécu un échec avec le spectacle Banana Shpeel. Après seulement trois semaines en salle, il était retiré de Broadway. Une perte de 20 millions de dollars qui a fait mal. Mais le propre de l’homme est d’apprendre de ses échecs. Le Cirque n’est pas une entreprise dirigée par des perdants. Piqués au vif par l’humiliation d’un échec, Guy Laliberté et Daniel Lamarre se sont lancé le défi de se produire de nouveau à New York en se donnant la mission de conquérir le public de la Grosse Pomme de façon spectaculaire, l’été dernier: «Daniel, ce qui est trop fort ne casse pas. Même si on a besoin d’une seule planche, on va en mettre trois épaisseurs !»

Mégaproduction de 57 millions de dollars, Zarkana rassemble sur scène 75 artistes provenant de Zarkana

partout. Un spectacle délirant qui a accueilli, à ce jour, plus de 550000 spectacteurs. Présenté également à Moscou, il sera de retour à New York l’été prochain.

Au début des années 1980, les membres d’une troupe de théâtre de rue fondée par Gilles Ste-Croix (Les Échassiers de Baie-Saint-Paul) déambulent sur des échasses, jonglent, dansent, crachent le feu et jouent de la musique. Ces jeunes amuseurs publics, dont Guy Laliberté, impressionnent les résidents de Baie-Saint-Paul. La troupe fonde ensuite Le Club des talons hauts puis, en 1982, organise La Fête foraine de Baie-Saint-Paul, un événement culturel où des amuseurs publics de partout se donnent rendez-vous pour échanger et animer pendant quelques jours les rues de la petite municipalité. En 1984, c’est dans le cadre des fêtes entourant le 450e anniversaire de la découverte du Canada par Jacques Cartier que Guy Laliberté convainc les organisateurs d’accueillir son projet de spectacle Cirque du Soleil. L’entreprise n’a jamais cessé ses activités depuis !

Quelques données

pour le Cirque du Soleil.

5000 employés dans le monde entier, dont plus de 1300 artistes.

Montréal, compte à lui seul près de 2000 employés.

au Cirque du Soleil.

au sein de l’entreprise, et 25 langues différentes sont parlées parmi les employés et les artistes.

vu un spectacle du Cirque du Soleil depuis 1984.

un spectacle du Cirque du Soleil en 2011.

plus aucune subvention gouvernementale ou privée pour ses opérations.

simultanément 22 productions distinctes. Son défi est de continuer à croître tout en offrant à ses concepteurs la liberté nécessaire pour imaginer les rêves les plus fous et les réaliser. L’activité principale du Cirque du Soleil demeure la création de spectacles, présentés sous chapiteau, en aréna ou dans des théâtres fixes, pour lesquels près de 200 concepteurs de partout dans le monde ont déjà mis leur talent à contribution depuis 1984.

Amaluna, sera présenté au Vieux-Port de Montréal du 19 avril au 3 juin, au Port de Québec, du 25 juillet au 19 août, et au Port Lands de Toronto, du 5 au 30 septembre.

LE CIRQUE DU SOLEIL EN BREF1

1 Données tirées du site web du Cirque du Soleil

Site web du Cirque du Soleil :www.cirquedusoleil.com

L’entrevue a été réalisée par Manon Goudreault et François Pratte.

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