pré-lecture (screening) des frottis cervico-vaginaux : définition et méthodes
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PRi-LECTURE (SCREENING)
DES FROTTIS CERVICO-VAGINAUX: DiFINITION ET MiTHODES
Jacqueline Ferrand a, Colette Marsan b,*
R&urn@
La langue francaise n’a pas de mot pour traduire avec precision le
terme ‘[screening * des frottis cervico-vaginaux. C’est la raison pour
laquelle nous nous permettons de I’introduire tel quel dans cet
article, y compris dans son titre, soucieux que nous sommes d’ex-
primer sans ambiguite la difference entre la 1s pre-lecture )a des frot-
tis, terme a notre avis le moins mauvais, et le diagnostic cytologique
definitif.
Apres avoir defini le (‘screening ‘1, tel qu’il est habituellement concu
dans la terminologie anglo-saxonne, nous en presentons la metho-
dologie classique et les methodes nouvelles. S’agissant d’un theme
en pleine evolution - le depistage des lesions pre-can&reuses du
col - la formation continue des medecins anatomocytopatholo-
gistes et des cytotechniciens doit etre organisee. La tektransmis-
sion d’images, mise en place a I’aide d’une banque de donnbes, en
est un des elements les plus interactifs et les plus conviviaux.
Screening - diagnostic - frottis cervico-vaginaux.
Summary
There isn’t any convenient idiom to translate the word “screening” of
cervical/vaginal smears into the French language. That is the reason
why we are taking the opportunity to introduce it in English in this
paper as well in its fit/e, as we are wishing to claim the difference
between the so-called screening and the definitive diagnosis.
After having defined the screening, as it is usually understood in the
British language, we describe the ancillary as well as the new meth-
ods. As screening for precancerous lesions of the cervix is a devel-
oping technique, continuing education of pathologists and of
cytotechnicians has to be organised. Thanks to an image data bank,
the teletransmission of images is one of the most interactive and
friendly goals.
Screening - diagnosis - cervical/vaginal smears.
a Service central d’anatomie et cytologic pathologiques H8pital Lariboisikre 2, rue Ambroise-Pa& 75475 Paris cedex 10 b Facultb de mbdecine Paris VI DBpartement d’anatomie et cytologic pathologiques - Cerdec (Pr J. Diebold) 15, rue de I’Ecole-de-MBdecine 75006 Paris
l Correspondance
article recu le 4 mai, accept6 le 25 mai 1999.
%‘ Elsevier, Pans.
Revue Fran&e des Laboratolres, dkembre 1999, N” 318
1. Introduction
L a methode de Papanicolaou est appliquee depuis plus de 50 ans
dans le monde entier. Mais, dans de nombreux pays, dont la France,
les resultats du depistage des cancers et des lesions pre-can&reuses
du col n’ont pas atteint les objectifs esperes ; les don&es chiffrees
montrent une diminution progressive de I’incidence ces dernieres
an&es, de 13/l 00 000 a 8,6/l 00 000 [18] mais la mortalite demeure
encore elevee.
Depuis quelques an&es, les progres des techniques et de I’infor-
matique, associes a une meilleure prise en compte des notions de
controle de qualite, ont engendre une reflexion sur les eventuels
moyens d’ameliorer les resultats. Parmi les differentes &apes du depis-
tage : ciblage de la population concernee, prelevements, interpreta-
tion des frottis, suivi des patientes, etc., I’etape dite pre-lecture ou
screening, &ape de tri des images microscopiques, est un temps par-
ticulierement important. En effet, tout frottis presentant des cellules
atypiques qui n’aurait pas ete arrete ace stade de I’interpretation per-
mettrait a une patiente porteuse d’une lesion evolutive de ne pas etre
traitee dans les conditions optimales.
Sans remettre en cause le principe du test de Papanicolaou, qui
demeure, cela est universellement admis, le meilleur test de depistage,
on peut, nous semble-t-il, distinguer deux axes de reflexion : d’une part,
peut-on ameliorer la demarche du screening dans le cadre du test de
Papanicolaou tel qu’il est classiquement pratique ? ; d’autre part, les
progres des techniques recentes permettent-ils d’ameliorer le scree-
ning en I’appliquant autrement ?
Notre travail comportera deux parties : 1. le screening conventionnel de la methode de Papanicolaou ?
2. la place des methodes dites nouvelles d’aide au screening des frot-
tis cervico-vaginaux.
2. Comment ameliorer le screening classique ?
Pour le non specialiste, clinicien, patiente, le terme est ambigu. En ce
qui concerne les frottis, il s’applique tantot au depistage de masse,
tantot a la lecture initiale au microscope.
2.1. Definition du screening
En 1993, dans ses c‘ Recommandations europeennes pour l’assurance
de qualite dans le screening des cancers du col)) 121, la Communaute
europeenne (CE) avait deja insiste sur I’importance du screening, mais,
e cette periode, le terme etait generalement employe au sens de
recherche d’une anomalie au sein d’une population par ailleurs nor-
male. En 1996 encore, dans une lettre aux editeurs des Acta
Cytologica [4], I’auteur definit la population concernee et commente
les resultats. II s’agit alors d’un screening de masse et non d’une
demarche au microscope. Pourtant, des 1993, Koss [51 utilisait ce
terme au sens de pre-lecture au microscope et, dans un article
demeure celebre, evaluait les pourcentages de faux-negatifs attribues
au screening au microscope.
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L&ions pr&canc&euses du col
Frottis interprktable
Ceci in&t : - un Btiquetage et une identification approprk des pr&vements, - des renseignements cliniques complets,
- un nombre suffisant de cellules Bpith&les malpighiennes bien conser- v&es et analysables couvrant plus de 10 % de la surface de la lame,
- des Blbments en nombre suffsant provenant de l’endocol ou de la zone de jonction (chez une patiente ayant un col utkin). Ceci signifie la pr&
sence, au minimum, de 2 amas de cellules bien conserkes, endocer-
vicales et/au en m&aplasie malpighienne, chaque amas &ant compos8,
pour le moins, de 5 cellules.
Ftis Interpr&able mais limit& par
Ceci indique que 1’8chantillon offre des informations utiles. Cependant,
son interprbtation peut etre compromise. CBchantillon est ssatisfaisant,
i?terpr&able mais limit6 par* dans les conditions suivantes : - absence de renseignements cliniques pertinents (age et date des der-
nieres rbgles au minimum, toute autre information clinique appropride),
- une hbmorragie, une inflammation, un Btalement Bpais, une fixation
insuffisante, des artkfacts de fixation, un contaminant qui emp&hent I’in-
terprbtation d’environ 50 B 75 % des cellules Bpithkliales,
- I’absence de cellules endocervicales et/au de la zone de jonction
(comme il a 6% dbfini prk8demment).
Fwttis ininterpdtable
Ceci indique que l’khantillon n’est pas adapt4 k~ la detection d’anomalies Bpithbliales cervicales. II est done ininterprbtable dans les conditions sui-
vantes : - absence d’identification du patient sur l’khantillon et/au sur lafeuille
de demande d’examen ACP, - lame(s) techniquement inacceptable : lame(s) cas&e(s) et ne pou-
vant &re r&pa&e(s). - composante Bpithbliale malpighienne insuffisante (cellules Bpithbliales
malpighiennes bien consetvbes et analysables couvrant moins de 1 Oo/, de la surface de la lame),
- une hbmorragie, une inflammation, un Btalement Bpais, une fixation
insuffisante, des artbfacts de fixation, un contaminant qui empkhent I’in-
terprbtation de 75 ‘J/o ou plus des cellules BpithBliales.
Extrait de : The Bethesda system for reporting cemcal/vaginal cytologic diagnoses,
R. Kurman, D. Solomon, New York, Springer-Verlag Inc., 1994.
Le screening, ou lecture de premiere intention (il n’y a pas de mot fran-
Fais exactement Equivalent) et la lecture definitive des frottis cervico-
vaginaux (FCV) sont deux temps successifs de I’examen des frottis au
microscope, effect&s tant6t par deux personnes differentes, tantBt
par la msme personne. Le screening est souvent fait par un cyto-
technicien.
On admet habituellement que le screening d’un frottis compotie les
&apes suivantes : - apprkier la qualit de I’khantillon (tableau l) ; - examiner la totalitk de l’ktalement & la recherche d’anomalies
nuckaires ; - tenter de rbpet-torier ces anomalies selon une terminologie officiel-
lement reconnue (actuellement nomenclature de Bethesda) [7]
(tableaux I et II) ; - les pointer afin qu’il soit possible, pour lui-m&me ou pour un autre
lecteur, de les retrouver aiskment.
2.2. Mkthodologie du screening
Apr& avoir appr&& la qualit& technique du frottis, le lecteur doit rep&
rer et, s’il y a lieu, pointer, pour chaque lame, un nombre suffisant de
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cellules assez significatives pour Btre r&pertorikes. Plusieurs m&hodes
sont acceptables pourvu qu’il soit certain d’avoir balayk la totalite de la
surface de I’Btalement. II Iui est conseilk d’utiliser toujours la m&me : balayage de la lame longitudinalement ou transversalement (Etiquette
& droite par exemple), de man&e que les champs g lire recouvrent ceux
dbj& Ius, jamais obliquement, a fortiori jamais en suivant au microscope
les trainees cellulaires. Le rksultat de son observation est mention&
par Bcrit sur un document interne du laboratoire. S’il y a plusieurs lames
pour un cas, elles sont commentees skparkment. Cobservation est
confrontbe aux renseignements cliniques. Une synthkse est proposbe
(figures 7 B 6).
II Iui appartient aussi de verifier I’existence d’un Bventuel examen ant&
rieur, cytologique ou histologique, de le relire en cas de r&ultat cyto-
logique anormal (CINl ou au-dessus), de veiller aux corrklations cyto-
histologiques, et de confronter les deux skies d’examens (archivage
des lames : minimum 10 ans [14]. II doit se prr+occuper du suivi effec-
tif des patientes ayant un frottis anormal (Bdition rbguli&e de listes de
ces patientes g envoyer aux cliniciens concern&) [1 11.
2.3. Ergonomie du poste de screening
Le screening est une activitk fatigante et contraignante car rkpktitive.
II est indispensable que les conditions de travail soient aussi conve-
nables que possible.
II faut Studier la qualit& de I’environnement et du materiel : local calme,
plan de travail assez Btendu pour que les frottis & lire soient bien &pa-
r& de ceux dbj& Ius (risque de confusion en cas d’interruption du
screening), Bclairage adbquat, microscope de bonne qualitk muni des
objectifs xl 0, x25, x40, chaise confortable, t&phone.
La charge de travail de screening proprement dit a BtB dkfinie par les
c( Recommandations )p [14] : elle ne doit pas dbpasser 5 h/jour.
2.4. Diagnostic cytologique
Le diagnostic dkfinitif est ktabli par le mbdecin ACP en tenant compte
des indications du screening et en concertation avec celui qui en a
kte charge lorsqu’il s’agit d’une personne diffbrente.
2.5. Lkgislation Formation/ initlale et continue
au screening
Les normes varient selon les pays. En France, il existe plusieurs for-
mations de cytotechniciens, intbgrbes pour la plupart dans le cadre
de la formation continue. CESTAC (Enseignement spkialisk de tech-
niques anatomo- et cytopathologiques), dblivrant un DiplBme
d’llniversitk reconnu au niveau de la CE, s’adresse & des techniciens
de laboratoire titulaires du DELAM, d’un BTS ou, pour les plus jeunes,
du DETAB (diplBme d’ktat de technicien en analyses biom8dicales).
CESTAC comporte 300 heures d’enseignement r&parties sur une
an&e (1 17 heures de tours thboriques, 183 heures de formation pra-
tique et technique) ; la moitib environ de I’enseignement est consa-
cr8 B la cytologic gyn&ologique.
Les cytotechniciens sont form& en particulier au screening. Mais leur
spkificiti! n’est actuellement pas officiellement reconnue. Ils paftici-
pent en g&n&al $I la mise en place et au suivi du contrBle de qualitk
en cytologic gynkologique.
A II&ranger comme en France, il existe Bgalement de nombreuses for-
mations ponctuelles d’actualisation des connaissances, sous forme
d’enseignements de 2 ti 3 jours sur des themes prkis : l&ions du col,
de I’endocol, techniques, etc. et les anatomo-cytopathologistes fran-
Fais ont rkemment exprimb leurs recommandations concernant la
nkessitb d’une mise g jour rbgulkre des connaissakes et le contrBle
interne de qualit& [14].
Revue Franqaise des Laboratolres, dkembre 1999, N” 318
L&ions pr6-can&reuses du col
3. Methodes nouvelles d’aide au screening
Le deuxieme axe de reflexions visant a ameliorer les conditions du
depistage des lesions evolutives du col s’ecarte resolument du pre-
mier. Do&avant, toutes les methodes d’adaptation du test de
Papanicolaou, qu’elles concernent le prelevement des frottis ou leur
lecture au microscope, font une place aux techniques informatisees
[3, 5, 8, 12, 151.
De multiples solutions ont ete proposees. La plupart sont en tours
d’evaluation. Mais une evaluation objective est difficile car, on le sait,
une dysplasie leg&e peut regresser spontanement ; quand elle s’ag-
grave, le delai de transformation en lesion severe est de I’ordre de une
ou deux dizaines d’annees, delai qui compromet serieusement des
etudes objectives de materiel ou de methodes.
Les methodes qui nous paraissent les plus interessantes ont pour
objectif d’essayer d’ameliorer I’un ou I’autre des temps de la methode
c( papanicola’ienne a) de base. Elles consistent : - soit $ eviter la production des artefacts d’etalement et de fixation
par un procede technique de recueil des cellules en milieu liquide, dit
en couche mince ; - soit a. offrir une aide informatisee au screening ; - soit enfin a proposer d’ameliorer le niveau de formation et le degre
de performance des lecteurs par I’edition d’un CD-Rom, outil a but
didactique, realise a partir d’une banque de don&es de cytologic,
banque egalement accessible par la t&transmission des images
numerisees.
3.1. Recueil des cellules en milieu liquide
La methode a pour but d’eviter les artefacts d’dtalement et de fixation
en recueillant les cellules en milieu liquide : methode ThinPrep Pap
test ou frottis en couche mince (Cytyc).
Le principe est de prevenir les artefacts en evitant l’etalement sur
lames : on recueille les cellules de la muqueuse du col par grattage
selon la methode classique (par exemple avec une Cervex-brush) ; ensuite, au lieu d’effectuer un etalement sur lames, on rince I’instru-
ment du prelevement dans un flacon renfermant un liquide dit de pr&
servation et on adresse le flacon tel quel au laboratoire de cytologic
avec les renseignements cliniques. Au laboratoire, le liquide renfermant
les cellules en suspension subit un traitement complexe dans I’auto-
mate ThinPrep [l, 91.
Cette methode exige un surcoirt d’investissement en materiel et un temps
de technique relativement long par rapport a la methode conventionnelle,
mais la lecture des frottis est beaucoup plus rapide puisque la surface
a lire est beaucoup plus limitee. Les auteurs font &tat d’une reduction
de plus de 50 % des cas difficiles a interpreter (lames SBLB, satis-
factory but limited by). Mais, pour le pathologiste, c’est une arme a
double tranchant, car elle supprime ipso facto les faux negatifs clini-
cien-d&pendants.
La methode a recu aux Etats-Unis I’approbation de la Food and Drug
Administration en 1996. En France, elle est en tours de validation.
3.2. Aide informatisbe au screening
Caide informatisee au screening s’est tot developpee aux Etats-Unis [El
du fait du manque de cytotechniciens et aussi avec le sentiment que le
screening aide par I’ordinateur pourrait ameliorer le screening humain.
Plusieurs systemes ont ete mis sur le marche aux Etats-Unis : AutoPap
300 (Neopath), Papnet (Neuro Sciences Inc.), Autocy-te (Roche).
La methode la plus experimentee en Europe, que nous avons per-
sonnellement etudiee, a et& le systeme Papnet, systeme de lecture
informatisee utilisant le principe des reseaux neuronaux, Bduque pour
selectionner les cellules anormales des frottis cervico-vaginaux [61.
Revue Franpise des Laboratares, dkembre 1999, N” 318
Frottis interpretable Frottis interpretable mais limite par..
Frottis ininterpretable
categoric
Dans les limites de la normale Modifications cellulaires benignes
Anomalies des cellules epitheliales
Diagnostic desrxiptif
l Modifications cellulaires benignes : - infection (7iichomonas vagina/is, mycose de type Candida,
actino-mycose, herpes, autres),
- Inflammation, atrophie, radiotherapie, DIU, autres.
l Anomalies des cellules epitheliales malpighiennes : - cellules malpighiennes atypiques de signification indeterminee
(ASCUS), - lesion malpighienne intra-epitheliale de bas grade comprenant : lesion a HPV, dysplasie IegerelCINl , - lesion malpighienne intra-epitheliale de haut grade comprenant : dysplasie moderee et severe, ClSlClN2 et CIN3,
- carcinome epidermoide.
l Anomalies des cellules Bpitheliales glandulaires : - cellules endometriales, benignes, de la femme menopausee,
- cellules glandulaires atypiques de signification indeterminse
(AGUS), - adenocarcinome endocervical, - adenocarcinome endometrial,
- adenocarcinome extra-uterin, - adenocarcinome.
l Autres lesions malignes
Utilise en complement de la lecture manuelle effect&e au laboratoire,
il etait eduque pour r&examiner, dans un centre de test Papnet par-
fois geographiquement distinct du laboratoire, les frottis color& selon
la methode conventionnelle de Papanicolaou qui Iui Btaient adresses.
Apres avoir selectionne, sur chaque lame, les 128 cellules conside-
rees comme les plus anormales, il numerisait les images de ces cel-
lules et les renvoyait ensuite au laboratoire demandeur ; celui-ci pou-
vait les visualiser sur un moniteur couleur, sous forme de deux champs
de 64 images chacun, qu’il Iui appartenait d’interpreter. Au total, ce
systeme de screening assiste par ordinateur realisait done, comme tout
screening, un tri mais non un diagnostic, celui-ci demeurant a la charge
du praticien. En fait, bien qu’ayant recu aux Etats-Unis I’homologation
de la Food and Drug Administration, d’abord limit&e a la relecture des
frottis, puis &endue a I’ensemble du screening initial, le systeme Papnet
n’a pas repondu aux attentes. Nous avons nous-mbmes montre, d&s
1995 [17], que le screening informatisi! n’etait pas supkieur a celui d’un
medecin ou d’un cytotechnicien bien form& En outre le cout d’un exa-
men Btait augment& de pres de 50 %. La France a ete le premier pays
d’Europe a exprimer sa reticence apres une evaluation serieuse. A pre-
sent, la methode est en voie d’abandon tant en Europe qu’aux Etats-Unis.
Le systeme Autocy-te (Roche) est probablement plus seduisant.
Travaillant sur des frottis recueillis en milieu liquide, il est Bgalement
base sur le principe d’un tri cellulaire automatise, mais il est entiere-
ment g&e au sein du laboratoire, qui demeure maitre de la totalite de
la procedure. De ce fait, le lecteur est lib&e de la demarche ennuyeuse
du screening initial et I’examen devient plus interactif.
55
Lesions pre-canc6reuses du co/
56 Revue Fran£aise des Laboratoires, decembre 1999, N ° 318
1. Principe
Le principe de la methode est de prevenir les artefacts en evitant l’etalement sur lames par recueil des cellules de la muqueuse du col en
milieu liquide.
Cette methode exige un surcorjt d’investissement en materiel non negligeable et un temps de technique relativement long par rapport B
la methode conventionnelle, mais la lecture des frottis est beaucoup plus rapide, les erreurs d’interpretation seraient moins nombreuses
et le pourcentage de lesions detectees plus eleve. Au microscope, les cellules ont un aspect different : leur interpretation necessite un
apprentissage.
La methode a regu aux Etats-Unis I’approbation de la Food and Drug Administration en 1996.
En France, elle est deja appliquee dans de nombreux laboratoires.
2. Phase pr&anaiytique
Recueillir les cellules de la muqueuse du col par grattage selon la methode classique (par exemple avec une Cervex-brush) ; ensuite, au
lieu d’effectuer un etalement sur lames, rincer I’instrument du prelevement dans un flacon renfermant un liquide dit de preservation etadres-
ser le flacon tel quel au laboratoire de cytologic avec les renseignements cliniques.
3. Phase anslytique
Au laboratoire, le liquide renfermant les cellules en suspension subit un traitement complexe dans I’automate ThinPrep 11, 91.
- Disposer le flacon renfermant les cellules en suspension dans I’automate ThinPrep avec un filtre et une lame adaptee.
- Mettre en route la machine : au tours de la rotation, les cellules se deposent sur le filtre.
- &and la richesse cellulaire voulue est atteinte, les cellules sont automatiquement transferees du filtre sur la lame, sous forme d’une pas-
tille (comparable a celle que l’on obtient apres une cyto-centrifugation) qui est immediatement fixee (alcool methylique).
- Une coloration de Papanicolaou peut etre effectuee automatiquement a la fin du processus.
4. Lecture
La lecture Porte sur une pastille comparable a celle que I’on obtient apt& une cyto-centrifugation ; le sang et le mucus ont ete lyses au tours
de la technique de sorte que le fond des preparations est toujours propre. Ainsi, la lecture est beaucoup plus rapide (environ deux fois). Mais
elle necessite un apprentissage car les cellules sont plus petites qu’avec la methode par etalement classique et les noyaux paraissent plus
actifs, de sorte que le risque d’evaluation par exces de la part d’obsetvateurs insuffisamment entrain& n’est pas negligeable.
Les publications recentes font &at d’un pourcentage de detection de lesions can&reuses et p&can&reuses (neoplasies cervicales intra-
epitheliales de grade 1 ou CIN 1 et au-dessus) nettement plus eleve qu’avec la methode classique.
3.3. Aide a la formation : CD-Rom et tolotransmlsslon d’rmages
Cobjectif est d’offrir un document visuel de reference concu selon later-
minologie de Bethesda, permettant a tous les cytopathologistes qui le
souhaiteraient de denommer et de classer de la m&me maniere les
memes lesions.
D’abord exploitable uniquement par des centres equip& de systemes
de t&transmission d’images, la banque d’images numerisees est
depuis 4 ans diffusee sous forme d’un CD-Rom [131 bilingue fran-
cais/anglais lisible sur un simple PC sous Windows 95 (ICG-Memoire
directe). La configuration minimale recommandee permettant de tra-
vailler dans de bonnes conditions est la suivante : - pour le micro-ordinateur, un PC equipe d’un processeur Pentium
133 Mhz et du systeme d’exploitation Windows 95 ou 98, dune
memoire vive de 32 MO au minimum et d’un disque dur de 1 Go ; - pour une bonne definition d’image, un &ran couleur de 17 pouces
avec une resolution de 1024 x 768 avec 256 niveaux de gris.
La banque d’images a ete realisee sur le systeme Transpath (Transpath
2, Leica), sous l’egide de I’ADICAP (Association pour le developpe-
ment de I’informatique en anatomie et cytologic pathologiques). Elle
a pu etre entreprise grace a un contrat de la Communaute europeenne.
57 Revue Franqaise des Laboratoires, dkembre 1999, N” 318
La banque actuellement diffusee inclut plus de 800 images numeri-
sees concernant tous les aspects, normaux et pathologiques ; elle com-
Porte des images de frottis completees, chaque fois que cela est
necessaire, par des images d’histologie ou de colposcopie et des
textes enoncant les principaux caracteres cellulaires ou les diagnos-
tics differentiels. Elle sera completee d’ici a fin 1999 a 2500 images
(ICG et Springer), avec suppression des images mediocres et adjonc-
tion de nouvelles images (ASCUS, frottis en couche mince etc.) et de
chapitres consacres a la cytologic de I’endometre, des kystes fonc-
tionnels de I’ovaire, des epanchements peritoneaux.
3.4. Applrcations pratiques de la banque d-images
D’abord utilisee comme outil d’aide au diagnostic, par la transmission
a un expert, en temps reel ou differe [lo, 16, 191, d’images numeri-
sees, la banque d’images permet au demandeur d’adresser a un
consultant de son choix les images de ses cas personnels qu’il hesi-
terait a classer. Cette application nest pas la plus utilisee aujourd’hui,
entachee de plusieurs contraintes que nous avons soulignees des notre
premiere publication [16] : en particulier le choix des images transmises
par le demandeur et non par I’expert qui ne peut Btre assure d’avoir
examine les champs les plus significatifs d’un frottis et I’inegalite de
l’epaisseur des frottis incompatible avec une mise au point constante
57
Lesions prh-can&reuses du col
du microscope. Les autres problemes, deontologiques, d’anonymat...
sont les memes qu’en histologie.
Caide & la formation, en revanche, parait de plus en plus seduisante
a mesure que le public devient demandeur du support visuel plut8t que
de documents papier. La circulation a travers la banque, un peu com-
plexe dans la 1 re edition, est simplifiee par le classement en chapitres,
comme pour un livre.
Enfin, le CD-Rom peut s’appliquer au contrBle sous forme d’auto-
contrale de qualite. Cutilisateur peut selectionner, B son gre, dans le
disque, des series d’images de lesions simples, classiques, que tout
lecteur se doit de savoir reconnaltre et classer, ou, au contraire, des
images de lesions plus rares, plutat destinees a tester les lecteurs plus
experiment&. Cette derniere application, qui ouvre des perspectives
encore peu exploitees et qui n’est pas un contrBle au sens coercitif
du terme, est peut-&tre plus aisement acceptable qu’un contrble
humain du fait de son evident caractere convivial, voire ludique.
4. Conclusion
0 n peut penser que, en particulier dans les pays ou les methodes
classiques de depistage des cancers du col par les examens
cytologiques n’ont pas donne tous les resultats qu’on pouvait en
esperer, et egalement dans les pays a forte incidence de cancer du
col et a forte expansion demographique, la cytologic de depistage
des cancers du col ne pourra plus longtemps etre geree comme elle
pouvait l’etre du temps de Papanicolaou, c’est-a-dire par la forma-
tion et le controle artisanal d’un personnel fiable a la lecture dite
‘( manuelle )a des frottis. On doit des lors faire appel a des moyens
materiels et humains complementaires pour assurer la lecture de
grandes quantites de frottis avec une organisation rationnelle, sans
doute plus ou moins informatisee, mettant en ceuvre de nouvelles
methodes de prelevement, de screening, de diagnostic et de for-
mation.
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