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C OLLECTION T ECHNIQUE C IMBÉTON Cahier des modules de ConférenCe pour les éColes d’arChiteCture B90B CONCEVOIR EN BéTON, LIBERTé DES FORMES CONFéRENCES : BéTON, ARCHITECTURE,PERFORMANCES ET APPLICATIONS Mosquée du Vendredi, Rome P. Portoghesi, DR.

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COLLECTION

TECHNIQUE

C I M B É TON

Cahier des modules de ConférenCe

pour les éColes d’arChiteCture

B90B

c o n c e v o i r e n b é t o n , l i b e r t é d e s f o r m e s

conférences : béton, architecture,performances et applications

Mos

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du

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C O N C E V O I R E N B É T O N ,

L I B E R T É D E S F O R M E S

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Formes et espaces 4

Volumes 4

Structures 8

Soulevé, suspendu 10

Structure et lumière 11

Géométrie, composition, conception 13

Lignes, plans, abstraction, minimalisme 13

Courbes 17

Mouvements, jaillissements, éclatements 20

Diagonales, décalages 21

Précision et finesse 22

Enjeux contemporains et liberté de création 24

Écritures contemporaines 24

Dialogue avec le patrimoine 26

Intégration dans la ville et rénovation urbaine 28

Inscription dans le paysage 31

Sommaire

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Dans l’histoire de la construction, les innovationsformelles ont toujours été liées aux évolutions desmatériaux et à leur technique de mise en œuvre. Ledôme de la cathédrale de Florence représente parexemple l’adéquation parfaite entre la volonté for-melle de Brunelleschi et les avancées techniques enmatière d’assemblage de pierres. Depuis le débutdu siècle, avec l’arrivée de matériaux nouveaux, lesarchitectes ont eu la possibilité de concevoir desformes architecturales innovantes. Ainsi, le bétonest à l’origine des formes nouvelles inventées ouréinventées depuis le début du siècle, qui font larichesse et la diversité de l’archi tec ture contempo-raine. Cube, prismes, sphère, cône, coque, dôme,paraboloïde, etc. Que ces formes naissent a prioride la géométrie ou du défi technologique, le bétondonne les moyens de les réaliser dans la limite despossibilités du moment. Moulable à volonté, il per-met de les mettre en œuvre en continu ou par par-ties, s’offrant ainsi à l’architecte comme un véritablematériau de création.

Volumes

On peut dire qu’aucune forme n’est impossible au béton. La multitude des exemples laissés par les grands maîtres du siècle, Auguste Perret, Le Corbusier, Frank Lloyd Wrigth, Carlo Scarpa,confirme ce point de vue et témoigne du lyrismedes formes géométriques permises par ce maté-riau. Aujourd’hui encore, grâce aux évolutionstechnologiques du béton et au progrès permanentdes techniques de mise en œuvre ou de préfabri-cation, de nouveaux espaces de liberté sont ouvertsà l’imaginaire des architectes. Des ouvrages récentsmontrent l’étendue du champ des possibles.

Ainsi, l’architecte Christian Hauvette, avec la façadecomposée de panneaux préfabriqués en béton polidu Lycée Lafayette, à Clermont-Ferrand, donne une

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C O N C E V O I R E N B É T O N , L I B E R T É D E S F O R M E S

Formes et espaces

A. PerretMusée des Travaux Publics(aujourd’hui siège du ConseilÉconomique et Social) à Paris

Le Corbusier et J. Oubrerie, A. Duverger et Y. Perret, J.-F. Grange Chavanis(architecte en chef des MonumentshistoriquesÉglise Saint-Pierre à Firminy

Le CorbusierNotre-Dame-Du-Haut

à Ronchamp

F.-L. Wright, Musée Guggenheim à New-York

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relecture contemporaine d’une typologie ancienne:celle des arènes romaines. Le volume, bâti sur uneellipse, provoque l’émotion par la nouveauté deson image et la pureté de son écriture.

Réminiscence des projets utopiques de Ledoux, lasphère de béton du Lycée Jean Monnet àMontpellier élargit le domaine d’intervention dubéton et recrée une dynamique sur un thème où lagéode du Musée de La Villette semblait avoirapporté une réponse définitive.

Le béton armé est aussi le matériau privilégiéd’une architecture de l’abstraction. La plasticité dubéton armé permet au même voile de se plier, dese déployer dans l’espace, de créer des effets desoulèvement, de se fragmenter, en restant fidèleaux modulations subtiles d’un dessin aux tracésessentiellement orthogonaux. La forme, libérée ducarcan des règles de la composition classique,devient parfait équilibre géométrique. Tous les

thèmes de la réflexion théorique et la « recherchepatiente » menées par Henri Ciriani sont contenusdans la maison de plage. Deux images – un dessinà main levée de l’architecte et une photo du gros-œuvre achevé – illustrent avec force le concept quifonde le projet. L’un et l’autre montrent ce ruban debéton géométrique minimal (12,5 centimètres d’é-paisseur), presque abstrait, qui définit la « spatialitéfondamentale » et la permanence du bâtiment dontparle l’architecte. Le sentiment d’abstraction seressent intensément. L’architecture va au-delà dupremier usage, une maison de vacances qui estinstallée dans le « manteau de béton » fondateurpar les éléments de second œuvre (vitrage, menui-serie, cloisons, etc.) et le mobilier. « Pour la maisonde plage, le béton est au maximum de ses perfor-mances architecturales, assurant pratiquement tou-tes les particularités spatiales et la permanence del’architecture. Tout ce qui est de l’ordre du secondœuvre participe de la qualification du premierusage. On peut ainsi imaginer que, dans le futur, lamaison devienne le poste de secours ou la garde-rie de la plage, mais son architecture conserverason émotion, son rapport au site, au climat et à lagéographie du lieu, ainsi que sa logique program-matique définie par un socle intimiste support d’unvolume dilaté ouvert, accueillant et fraternel », pré-cise Henri Ciriani.

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C. Hauvette, Lycée Lafayette à Clermont-Ferrand

C. Scarpa Chapelle du cimetièreBrion à San Vito diAltivole

F. Fontes, Lycée Jean Monnet à Montpellier

H. Ciriani, Maison de plage au Pérou

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Pour l’école maternelle de la rue des Tourelles,Olivier Gahinet propose un bâtiment sculptural,dans un esprit proche des recherches développéespar H. Ciriani. En réponse aux contraintes ducontexte urbain et réglementaire, l’architecteOlivier Gahinet a conçu un bâtiment dont la volu-métrie générale se fonde en plan sur une figuresimple, celle de l’équerre. Fabriquant ainsi l’assisede l’édifice, cette équerre encadre la cour derécréation qui bénéficie d’un excellent ensoleille-ment. La figure fondatrice en plan définit la volu-métrie générale de l’édifice. Ainsi, le volume enéquerre est ancré au sol dans la cour par le corpsde bâtiment (R+1) qui borde la limite séparativeNord du terrain. Une autre aile de bâtiment (R+2)constitue la seconde branche de l’équerre. Elleapparaît comme soulevée du sol et vient en prouesur la rue donner son statut institutionnel à l’édifice.

Sur l’espace public, l’image du bâtiment est don-née par la proue qu’accompagne le jeu des volu-mes singuliers des salles d’activités ou dulogement du gardien. Leurs formes sculpturales enbéton s’articulent et s’enchaînent. L’aternance depleins et de vides dans l’espace dessine la façadesud qui singularise l’école, la représente et l’identi-fie. L’entrée de l’école se situe dans l’axe de laproue et s’inscrit dans le travail sculptural de lavolumétrie générale. Sous le porte-à-faux, unecourette assure la transition entre la rue et le halld’accueil qui se prolonge par une rue intérieure. Lecheminement depuis l’espace public vers l’inté-rieur de l’école se fait progressivement.

« L’architecture de Sol Madridejo et Juan CarlosSancho est le fruit d’une recherche intellectuelle,patiente et transculturelle, un dialogue permanentqui prend forme dans des œuvres expressives etabstraites, mais néanmoins ancrées dans la réalité.L’enjeu n’est pas de manipuler des formes ou desmatières, mais de travailler sur des concepts, d’établir l’idée préalable, qui sera le fil conducteur,la matrice de l’œuvre qui entrera en résonanceavec l’esprit du lieu. Une architecture de plis et de replis de la matière, de lumières et d’ombres,de vides et de pleins, entre raison et émotion... (inConstruction Moderne, n°122, article pp.31-35).La résidence à Valleaceron est construite en 2001 àAlmaden, dans la province de Ciudad Real, surfond de paysage vallonné et aride. La commandeportait sur un ensemble de constructions, compre-nant une villa principale, un pavillon de chasse, un

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O. GahinetÉcole maternelle rue des Tourelles à Paris

J.-C. Sancho et S. MadridejosChapelle de Valleaceron

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logement pour le gardien, et une chapelle, dans latradition espagnole des vastes propriétés terrien-nes. Le concept du « pli » est le fil conducteur duprojet. La chapelle se distingue de l’ensemble, parsa position et sa géométrie : située sur un point cul-minant à flanc de colline, elle sert de point de réfé-rence dans le paysage. Légèrement tournée sur unaxe est-ouest, c’est un objet que l’on contourne,avant d’y pénétrer sur sa face ouest dissymétrique.Le principe structurel de la chapelle est basé sur unpliage entièrement en équilibre. Il a été conçu d’abord à l’aide de maquettes d’études, à partird’une seule feuille de papier se repliant sur elle-même dans plusieurs directions. La mise au pointpar un logiciel 3D, a permis de définir les dimen-sions exactes des parois, pour un équilibre parfait.C’est une structure autoportante, permettant deréduire les épaisseurs de chaque plan, chacun étantlié géométriquement à l’autre. Dans cette concep-tion, « le béton est l’unique matériau possible »selon Sol Madridejos, qui ne conçoit pas le maté-riau comme un ornement que l’on vient ajouteraprès, pour rendre l’espace plus accueillant. « Lematériau doit exprimer l’idée, en même temps quela construction : il participe à l’élaboration d’un lan-gage. » Les parois de béton, épaisses de 20 cm,ont été coulées en place, dans des coffrages métal-liques doublés de contreplaqué à l’intérieur.L’espace intérieur de la chapelle est entièrementdéterminé par le jeu de pliages successifs de plans

de béton, qui permet aux surfaces planes de joueralternativement le rôle de murs, de toit, d’ouvertu-res et d’ornement. Les plis donnent naissance à un matériau, un béton brut de couleur dorée, dontles pans de verre constituent les joints clairs.L’architecture naît de cet équilibre de forcescontradictoires. La lumière joue le rôle d’un secondmatériau, dialoguant avec le béton.

Exemple atypique, le Stadium de Rudy Ricciotti, àVitrolles, est né des conditions extrêmes du lieu(une ancienne décharge) et de la destination del’ouvrage, considéré comme exutoire des tensionset des violences du monde contemporain. Dans unpaysage cru et dépouillé, cet équipement destiné àabriter concerts de rock, manifestations sportives etspectacles de variétés est un véritable monolitheen béton brut de décoffrage de couleur anthracite.Le Stadium revendique, comme l’affirme sonarchitecte : « ce que doit être la force du béton. » Labrutalité apparente de l’édifice et son expressionradicale sont une réaction poétique aux exigenceset aux contrevérités du site. La nudité extérieurede l’ensemble cache une construction sophistiquéesur le plan technique. En effet, le Stadium a étéréalisé en utilisant la culture, les méthodes et lestechniques du génie civil et des travaux publics.

Le projet de 48 logements sociaux, conçu parAlbéric Beckmann et Françoise N’Thépé, fait partidu nouveau quartier Masséna, dans le 13e arron-dissement de Paris, qui se développe à proximitéde la Bibliothèque Nationale de France. Le pland’aménagement est dirigé par Christian dePortzamparc, qui y met en œuvre son concept del’« ilôt ouvert ». Qualifié de « bout de ville de l’Age3 », ce lieu offre aux habitants comme aux passantsun tissu urbain novateur. Les nouvelles construc-tions répondent à de strictes règles d’urbanisme

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C. Beckmann et F. N’Thépé48 logements ZAC Masséna à Paris

R. Ricciotti, Le Stadium à Vitrolles

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tant en ce qui concerne les volumétries que lefonctionnement interne. Par exemple, elles ne doi-vent pas présenter une masse unique monolithiqueet les entrées de logements doivent s’effectuer encœur d’ilôt et non directement sur la rue. Les archi-tectes proposent un bâtiment-sculpture. Il se poseen réponse au contexte et à son échelle, en expri-mant une forme de densité par sa masse profondeet sombre et par le jeu des ouvertures. La base del’immeuble est à l’alignement sur les rues existan-tes, et occupée par des activités ouvertes surl’espace public ; elle se creuse en intérieur d’ilôt etabrite les accès aux logements. Au-dessus de cettebase, trois « tours » d’appartements s’élancent à laverticale. Sur le toit des commerces, un jardinsuspendu est ouvert à tous les locataires et offre lapossibilité de barbecues conviviaux. L’utilisationd’un béton autoplaçant brut de couleur brune(teinté dans la masse) renforce l’aspect sculpturalde l’édifice et sa dimension verticale. Le béton estcoulé en une levée sur deux hauteurs d’étages. Iloffre une surface lisse percée par la compositionplastique des fenêtres. La lecture des onze étagess’efface ainsi au profit de la volumétrie. « Le bétonautoplaçant assure la majesté du dessin et de sapureté. Les façades se développent alors commeune grande composition graphique, généreuse et

sans échelle. Il n’est plus possible de percevoir l’idéede niveaux de planchers, les rythmes des ouvertu-res sont systématiques et inattendus » précisent lesarchitectes. Enfin, un ruban de lasure dorée souli-gne le mouvement des volumes.

Structures

Durant tout le XXe siècle, le béton a donné nais-sance à des édifices et à des monuments emblé-matiques du développement technique etindustriel de notre époque. Grâce à ses nouvellesperformances, il renoue avec sa tradition de maté-riau de l’exploit, comme le démontre la mise enœuvre de la Grande Arche de La Défense, édificemonumental unique, devenu immédiatement lesymbole du Paris contemporain.

Santiago Calatrava renoue avec la tradition, délaisséeces dernières années, des architectes-ingénieursproduisant une architecture née du jeu des forces.Ses projets allient dans une même unité structureet volumétrie. Ainsi, pour la «galerie des trains» dela gare TGV de l’aéroport de Satolas, développe-t-

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J.-O. von Spreckelsen et P. Andreu, La Grande Arche à La Défense

S. Calatrava, Gare TGV à Satolas

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il une résille structurelle de béton dont la « finedentelle » renouvelle l’écriture des charpentes decouverture des espaces ferroviaires et marque laprésence du TGV sur le site.

À la Mosquée du Vendredi de Rome, PaoloPortoghesi propose une réinterprétation de formestraditionnelles empreinte des cultures romaines etislamiques. À partir de la colonne, base de l’ordreromain classique, il développe un système d’arcsentrelacés libres. Supportant la coupole de la salledes prières, l’ordre structurel transparent qu’ilinvente s’appuie sur des piliers formés par laréunion, autour d’un poteau central, de quatre élé-ments de sections carrées qui s’écartent en partiehaute pour donner naissance aux arcs. « J’ai cher-ché à distinguer une structure réelle et une struc-ture virtuelle. La structure réelle est celle qui tientla coupole grâce aux éléments placés au centre despiliers. La structure virtuelle est celle des arcs quin’ont pas de fonction statique mais seulement unefonction métaphorique. Elle doit exprimer la totaleliberté de la matière à travers l’espace sans aucunelimite » (Entretien avec P. Portoghesi in T&A n° 405page 44). Ces éléments en béton avec des granu-lats de marbre blanc ont tous été préfabriqués.Grâce à la préfabrication, l’exigence de liberté de lamatière recherchée par l’architecte fut très facile àmettre en œuvre.

Le bâtiment TOD’S de Tokyo est construit dans lequartier à la mode d’Omotesando. Son programmeest simple. Les étages inférieurs sont dédiés à lavente, tandis que les étages supérieurs accueillentles bureaux et un espace-multifonctionnel. Pourobtenir les mètres carrés désirés, la constructions’élève sur sept niveaux. Son architecte, Toyo Ito,

utlise pour ses façades -et sa structure- des « arbresde béton » dont les formes proviennent de dessinsépurés représentant des arbres japonais Zelkova.Composée d’un chevauchement et d’une répéti-tion de 3 silhouettes de Zelkova, cette résille enro-bante sert à la fois de support à ce graphismeparticulier et constitue la structure porteuse desplanchers. Elle est constituée d’éléments en bétonbrut de 300 mm d’épaisseur coulés en place et deverre posé sans menuiserie. La structure qui enrésulte supporte les poutres des planchers d’uneportée de dix à quinze mètres ; les espaces inté-rieurs sont ainsi libérés de tous points porteursintermédiaires.

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P. Portoghesi, Mosquée du Vendredi à Rome

T. ItoMagasin TOD’S à Tokyo

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« Inévitablement dans une société industrialisée,transmettre au sol des charges uniformémentréparties par l’intermédiaire de supports régulière-ment répartis constitue économiquement la solu-tion la plus rationnelle. Quoique je m’en tienne àde telles règles en général, le déplacement déli-béré des supports par rapport à une telle grillem’est néanmoins sympathique. Un arrangementaléatoire des descentes de charges me semble nonseulement un moyen d’imiter l’environnementnaturel tels que les forêts mais aussi d’augmenterla fluidité de l’espace. Ceci est corroboré par le faitqu’une interaction entre symétrie et asymétriegénère la relation entre la forme et le mouvementdes organismes dans le monde naturel. Irrégularitéet instabilité induisent continuellement le mouve-ment. Introduire la fluidité dans l’architecture sert àinsuffler de l’air frais dans un espace stagnant et àcréer ainsi une continuité entre l’intérieur et l’exté-rieur, ce qui est le point le plus important de l’ar-chitecture aujourd’hui », précise Toyo Ito.

Le « Pavillon noir », Centre Chorégraphique natio-nal de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, de laville d’Aix-en-Provence et du département desBouches-du-Rhône est l’œuvre de Rudy Ricciotti.La structure fabrique ici l’esthétique architecturale.« Les dimensions mises à disposition pour cons-truire le CCN étaient limitées, l’on pourrait direlimites, mais c’est finalement une chance, affirmeRudy Ricciotti car le projet existe au travers d’unerétention de matière, il n’a que la peau et les os.

Au moment de la conception du bâtiment, nousavons pris le parti de réduire la matière de la struc-ture au minimum possible. Dès le départ, la volontéde plateaux libres, réellement libres de contraintes,exigeait le report des charges sur les façades, afind’éviter tout point porteur intérieur ce qui appelaitdes planchers de grande portée...» À ces contrain-tes fonctionnelles, s’ajoute le respect de la règleparasismique PS 92, qui s’impose à Aix-en-Provence. Dans cette réalisation, l’aspect brut dubéton et la puissance de sa matière sont des com-posantes à part entière de l’écriture architecturale.

Soulevé, suspendu

Le béton permet de libérer l’écriture architecturalede la pesanteur de l’enveloppe. L’espace peut êtreorganisé dans une continuité qui se développedans les trois dimensions et donne à l’architecte lapossibilité de maîtriser totalement la compositionde sa géométrie, le rapport des dimensions, l’en-chaînement des pleins et des vides, le jeu de la

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R. RicciottiLe « Pavillon noir »Centrechorégraphiquenational de larégion Provence-Alpes-Côte d’Azurà Aix-en-Provence

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lumière et celui des transparences, l’ouverture del’intérieur sur le paysage, le cadrage des vues.Matériau de conception et de composition, lebéton se fait matière de l’espace.

Loin de l’éphémère de la mode, Henri Ciriani déve-loppe et enrichit, en utilisant la plasticité du béton,les acquis du mouvement moderne sur le planlibre, la lumière, la continuité des espaces. Àl’Historial de Péronne, il dote l’espace intérieurd’une lumière entièrement reconstruite et quidonne naissance à un monde. Celui-ci, orienté parl’enchaînement en hélice des salles, trouve en lui-même ses propres principes de cohérence for-melle en jouant sur des oppositions, des équilibreset des complémentarités, comme par exempletransparences et opacités, ouvertures et fermetu-res, fluidités et arrêts, qui guident la pénétration dela lumière et cadrent les vues. Tout le travail dequalification de l’espace est marqué par lespoteaux, les plans verticaux, horizontaux ou cour-bes, les percements ou le retournement des voiles.

À Paris, dans le projet du centre universitaire Port-Royal-René Cassin, Jacques Ripault et DeniseDuhart ont pleinement utilisé le dialogue entre la structure et l’enveloppe des volumes. L’épure très plastique des « volumes amphithéâtres » déve-loppés dans l’espace et tenus en équilibre par lastructure définit le jeu des pleins et des vides carac-térisant l’édifice. Ici, le béton libère bien l’architec-ture des contraintes de l’attraction terrestre. Aucentre culturel Luxembourg de Meaux, conçu parles mêmes architectes, la structure en béton fran-chement exprimée est au service de la conceptionspatiale. Parois en béton brut ou en panneaux de

béton blanc poli expriment les volumes et enve-loppent l’espace. Reliant les différentes parties duprogramme, le continuum spatial du hall se déve-loppe dans tout l’édifice. Parois, voiles, voûtes,poteaux et portiques en béton organisent la fluiditédes espaces et des parcours.

Structure et lumière

Consacré à l’art français allant des années 50 jus-qu’à nos jours, le Musée d’art contemporain du Valde Marne (MAC/VAL) se présente comme un édi-fice à l’architecture moderne qui signale sa pré-sence sur le carrefour de la Liberté. Dans lepêle-mêle du paysage urbain, Jacques Ripaultconçoit un bâtiment dont l’écriture moderne sim-ple et rigoureuse décline un savant équilibre dansle jeu des volumes en béton clair laissé brut et dansles alignements sur les directions essentielles dusite. L’édifice s’ancre par de grands murs sur les

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H. Ciriani, Historial de la grande guerre à Péronne

J. Ripault et D. Duhart, Centre universitaire René-Cassin à Paris

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avenues H. Barbusse et C. Pelletan et vient s’ouvrirsur le carrefour en dégageant un vaste parvis, Aufond du parvis, le volume en béton clair brut conte-nant l’administration est soulevé et mis en porte-à-faux. Par sa position, qui semble en lévitation surl’esplanade publique, il attire le visiteur vers le halld’entrée.

L’ensemble du projet s’organise le long d’unegalerie qui dessert les différentes parties du pro-gramme et s’ouvre par de grandes baies vitrées à lafois sur le parvis et un jardin intérieur. Les poteauxronds de structure et le plafond en béton brut decette galerie en soulignent la présence dans tout lemusée. Chaque espace d’exposition est caractérisépar une lumière zénithale spécifique.

La grande salle d’exposition permanente dégageun généreux espace de 30 m x 30 m propice à lalibre déambulation entre les œuvres. Les shedsd’éclairage sont dessinés de façon à obtenir unealternance régulière de bandes lumineuses. Cesnervures de lumière horizontale, captée au nord,offrent une luminosité directe et homogène enaccord avec la volumétrie du lieu et l’ambiance destabilité souhaitée par l’architecte pour présenterles œuvres de la collection permanente.

Dans la salle des expositions temporaires, la lumièrezénithale, prise au nord, est diffusée par des plansinclinés de béton peint en blanc de titane. Ils off-

rent une lumière réfléchie et une volumétrie degrande halle plus dynamique, en accord avec lavariété des œuvres des expositions temporaires.« Dans ce projet nous avons effectué un travail surune géométrie orthogonale sans faille, qui estredéfinie et redécoupée en strates. On peut pensera priori que ce mode opératoire est un peu rigide.En fait, il s’avère d’une grande richesse et il génèreune vraie spatialité, un jeu varié de perspectives,de cadrages de vues, etc. Sur le plan formel et surla couleur, il n’y a aucune concession dans ce pro-jet. Ici, ce sont les œuvres qui sont majeures »,affirme Jacques Ripault.

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C O N C E V O I R E N B É T O N , L I B E R T É D E S F O R M E S

J. Ripault,MAC VAL

à Vitry-sur-Seine

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La géométrie est l’outil privilégié de l’architecte,pendant la phase de conception intellectuelle duprojet tant au niveau de l’organisation générale desespaces qu’au niveau de la forme. Bien qu’inscritsdans l’espace tridimensionnel euclidien, lignes etplans, qu’ils soient droits, courbes ou obliques, ontpermis de composer des architectures d’une infinierichesse allant du rationalisme rigoureux aubaroque exubérant.

Sans fondamentalement contrarier sa nature intrin-sèque, le béton est un des rares matériaux qui peutse mettre pleinement au service des expressionsgéométriques, des compositions et des concep-tions les plus diverses.

Lignes, plans, abstraction,minimalisme

Lignes et plans sont pour certains architectes lesupport d’un travail minimaliste ou d’abstractionqui recherche sans effet grandiloquent la perfec-tion de la composition et des proportions, l’absolude la beauté et la pureté de l’émotion. La matéria-lité du béton sait se mettre au service de cet idéal.

La chapelle du mont Rokko d’une grande simplicitégéométrique, provoque notre émotion par sonharmonie. Comme dans la plupart de ses projets,Tadao Ando y met magnifiquement le béton et lalumière au service de sa volonté projectuelle, quirecherche la vérité de l’architecture en affirmant larelation entre nature et culture. Dans une autreéglise à Osaka, l’écriture minimale et les parois enbéton de l’architecture de Tadao Ando mettent enscène la lumière naturelle. La pureté des formes etleur dépouillement, alliés à la présence quasidivine de la lumière inclinent au recueillement et àla méditation.

Le nouveau show room pour les défilés de modesdu couturier Giorgio Armani est installé, dans labanlieue de Milan, sur le site d’une ancienne usinede chocolat dont le bâtiment sur rue est conservépar Tadao Ando. Sur la partie libre de construc-tions, l’architecte a conçu ce show room commeun théâtre de 900 à 1000 places modulables. Lebéton est là comme matériau de fond de scène

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Géométrie, composition, conception

T. AndoChapelle sur le

mont Rokko

T. Ando, Eglise à Osaka

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offert à la vie du lieu et au spectacle toujours mou-vant des défilés. Au changement perpétuel descollections, le béton oppose sa présence, sonaspect, sa permanence. Dans le passage condui-sant aux espaces de défilés, des colonnes viennentmarquer le lieu, tandis que la paroi courbe dessinel’espace du foyer.

Située à proximité de la place Stanislas à Nancy,l’école d’architecture de Livio Vacchini est un édi-fice à l’architecture pure et abstraite qui vit avec lalumière. Son écriture régulière, sa forme simple etlisible sont les clés de la compréhension de cetédifice et du plaisir que l’on a à le vivre. Le prin-cipe de composition basé sur la répétition est mis

en valeur par l’utilisation d’éléments préfabriquésen béton blanc, tant au niveau des façades que dela structure.

François Noël travaille l’individualisation et la miseen relation des plans qui composent l’écriturearchitecturale. Le jeu des plans dissociés, les volu-mes éclatés construisent les espaces et les formes.Les plans verticaux ancrés, les plans horizontauxsoulevés ou suspendus, les plans de toiture déta-chés comme en lévitation, l’approche progressivevers le bâtiment sont des points caractéristiques deses projets. Coiffé par une grande toiture plate enbéton brut, l’UFR STAPS (Unité de Formation et deRecherche Sciences Techniques Activités Physiques

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T. Ando « Teatro Armani », Show room Armani à Milan

L. Vacchini, Ecole d’architecture de Nancy F. Noël, UFR STAPS à Dijon

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et Sportives) de Dijon développe une organisationtrès expressive de plans et de volumes, soulignéspar les matériaux qui les construisent. Dans cettecomposition nourrie d’une analyse et d’uneréflexion sur le mouvement De Stijl, le béton grisbrut, le béton blanc, la pierre de Bourgogne et leverre servent l’écriture architecturale. La toiture seretourne discrètement en équerre au nord, ce quioriente la figure et renforce son élancement. Lesporte-à-faux et les poteaux de structure laissés visi-bles soulignent le soulèvement de la toiture. Alliantpuissance et légèreté, sa ligne définit un volumeglobal virtuel où se révèlent les effets conjugués dujeu des volumes, de la géométrie, de la lumière etdes matières.

À Plémet, Jean Guervilly a choisi de construire l’ex-tension du centre de rééducation fonctionnelle,parallèlement à la façade nord de l’ancien sanato-

rium. Cette extension se présente sous la formed’une boîte orthogonale de couleur anthracite lon-gue de 90 m, large de 6 m qui s’élève sur 4niveaux (R+3). Conçue comme une véritable« bande servante », elle se caractérise par le rythmede sa structure poteaux-poutres en béton expri-mée dans les trois directions de l’espace. Elle rep-rend la trame (10 m) de l’ouvrage existant et lesmêmes hauteurs de plancher à plancher (4,10 m),tandis qu’au centre et à chaque extrémité se trou-vent les circulations verticales. Les poutres préfa-briquées en béton précontraint offrent une solutionsimple et économique pour franchir la portée de10 m. La résille spatiale constituée par la structurecompose des volumes intérieurs simples facile-ment modulables, qui sont adaptés à un pro-gramme de type hospitalier. Constructive, spatialeet architectonique la structure donne sa forceexpressive et son unité au volume de l’extension.Soulignées par le béton, simplicité et rigueur géo-métriques participent à la cohérence de la réponseet à l’esthétique de l’édifice.

Le bâtiment de bureaux situé avenue René Coty àParis, sur une parcelle très étroite et très contrainte,réinterprète, dans une écriture architecturale etcréative, une typologie d’immeuble parisien enpointe. L’architecte Christian Hauvette développeà cet effet un travail de composition structurelle. Lamise en valeur et l’expression de la résille structu-relle se caractérise par un jeu savant de poteaux etde poutres en béton préfabriqué monté comme unmeccano. Cette résille orthogonale et rationnelleest à la fois le squelette de l’édifice et le support deson écriture architecturale. Entre le 1er et le 4e

étage, la structure s’exprime en façade, par unegrille en béton blanc formée de poteaux et de pou-

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J. GuervillyCentre de rééducation fonctionnelle à Plémet

C. HauvetteImmeuble de bureaux avenue René Coty à Paris

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tres de 64 X 64 cm avec 6,52 m d’entraxes et3,20 m de hauteur entre planchers. Aux étages 5et 6, le système constructif change. Des poteauxeffilés préfabriqués en béton brut viennent coifferl’édifice en attique et lui donner son élan vers leciel. Pour traduire cette idée, l’architecte a conçudes quilles porteuses en béton gris préfabriquéessur deux niveaux d’un seul tenant sur 7,6 m dehauteur, disposées tous les 1,09 m. Leur formeélancée est induite par leur dessin

À Pessac, l’Institut Européen de Chimie et Biologiede Bordeaux installe dans le paysage de longueshorizontales qui sont la traduction de ses fonctions.Conçu par Frank Hammoutène, l’IECB développetrois séquences parallèles. La bibliothèque, l’am-phithéâtre et toutes les fonctions les plus ouvertessur l’extérieur se déploient sous une avancée enauvent. En second plan, bureaux, administration etsalles de réunion et d’enseignement s’abritent der-

rière une équerre composée de panneaux préfabri-qués en béton blanc poli. Ses perforations souli-gnent l’horizontalité de l’édifice. Plus massif, plusmonolithique et plus secret, l’épais bloc des labo-ratoires vient en troisième position. Ses façadessont formées de panneaux préfabriqués en bétongris sablé, intégrant des granulats de gravierconcassé gris bleu des carrières des PyrénéesAtlantiques. La diversité des bétons mis en œuvreanime le bâtiment en créant de multiples contras-tes qui jouent dans la lumière et les transparences.La façade polie en béton blanc réfléchit la lumièretout en écartant la construction du sol ; celles enbéton gris dont le grain est plus rugueux l’ancrentau contraire dans le sol. En façade du bâtiment deslaboratoires, les mantilles créent un effet d’op-tique. À l’intérieur du bâtiment des laboratoires, lescolonnes structurelles en béton brut sablé consti-tuent les gaines techniques qui innervent ce typed’édifice.

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F. Hammoutène,Institut européende chimie et de biologie(IECB) de Bordeaux à Pessac

Le CorbusierParlement deChandigarh

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Courbes

Le béton, parfaitement et aisément moulable, peutdonner sa matière pour « faire vivre » nombre delignes et de formes courbes, dans des conditionséconomiques raisonnables.

Ainsi, pour la façade de la crèche de la rue Saint-Maur, à Paris, Christian Hauvette dessine-t-il unvoile courbe de béton, qui, frôlant l’alignement desfaçades, semble gonflé par un souffle léger. Évoca-tion des rondeurs de la fécondité, ce ventre miné-ral protège les enfants des turbulences de la ville.

La plasticité du béton peut aussi être utilisée pourcréer des jeux de courbes qui enrobent l’individu,comme le fait Henri Gaudin dans ses projets. Sonarchitecture est aussi celle d’un sculpteur. La masseentière de l’édifice est animée par des séries devolumes qui émergent de l’intérieur de la construc-tion. La continuité de la matière, offerte par lebéton, accompagne le mouvement des formesanimé d’une multitude de petits signes qui appel-lent l’œil et le guident d’une surface à l’autre pourun savoureux voyage de sensations.

Il est aussi possible de façonner le béton pour créerun signal ou un événement qui se distingue par larondeur de sa géométrie et le mouvement de sessurfaces galbées, comme le firent Le Corbusierdans certains des édifices de Chandigarh ou OscarNiemeyer à la Maison de la Culture du Havre.

Les bâtiments de Jean-Pierre Lott sont, par la plas-ticité de leurs formes, des événements dans le pay-sage. Ils se caractérisent par le mouvement deleurs volumes blancs et la géométrie de leurs cour-

bes généreuses, tout en s’inscrivant dans l’échellede l’environnement existant. Cette architecture demouvement répond aussi souvent à la topographiedu site et son aspect futuriste non conventionnels’inscrit dans la dynamique de rénovation et derevalorisation d’un quartier. L’architecte met enœuvre les qualités techniques et plastiques dubéton, qui donnent leur parfaite enveloppe et touteleur puissance esthétique aux volumes.

Le bâtiment de la Chambre des Métiers de Sainte-Luce-sur-Loire dans la périphérie nantaise, signale,par la composition très plastique de ses lignes etde ses volumes, la présence de l’institution dans unpaysage périurbain déstructuré où dominent ensei-gnes commerciales, entrepôts et stations service.La forme se fait ici signal. La coque blanche en

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C. Hauvette, Crèche de la rue Saint-Maur à Paris

J.-P. Lott, Siège social de la chambre des métiers de Loire-Atlantique à Sainte Luce

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béton percée d’une porte indique au visiteur l’en-trée de l’édifice. Une fois le seuil franchi, on décou-vre le hall d’accueil dont l’espace généreux sedéveloppe sous toute la hauteur de la coque. À lasensation d’espace s’ajoute la présence envelop-pante de la lumière naturelle qui agrémente l’am-biance du lieu. Le jeu des lignes et des paroiscourbes accompagne le mouvement et la circula-tion des personnes. Véritable foyer spatial du pro-jet, le hall permet un repérage aisé des différentsniveaux et des différentes unités.

Un vaste portique finement ciselé en béton blancencadrant un dôme immaculé signale la présencedu nouveau siège de la CCI d’Eure-et-Loir. Le pay-sage est ici assez typique des périphéries de villesoù l’espace dilaté et vide est ponctué de « bâti-ments-boites » qui paraissent tous semblables àl’exception de leur enseigne et de leur logo.

Dans ce contexte, les architectes Jean Mas etFrançois Roux ont souhaité que « l’institution trouvedans ce nouvel édifice qui la représente, son pro-pre prestige et son propre rayonnement par laqualité d’une œuvre architecturale inspirée del’esprit des bâtisseurs de cathédrales. Audace,ardeur, rigueur, inventivité, finesse, élancement,sciences de la géométrie sont à travers le bâtimentl’expression de l’esprit d’entreprise. » Le bâtimentexprime en effet ces intentions dans ses formes, sagéométrie et sa spatialité. Événement singulierdans son environnement, il marque la présenceemblématique de l’Institution dans la nouvellezone d’activités et crée un signal d’entrée dans laville, sur l’axe historique conduisant à la cathédrale.

Le socle et le propylée en béton blanc encadrent ledôme parabolique de la coupole et créent dans lepaysage l’événement plastique qui fait de la façadeNord l’entrée symbolique de la Cité des Entrepre-neurs. L’image forte dégagée par cette façade vaau-delà d’un simple effet d’affiche, car elle est tra-vaillée dans la profondeur et révèle l’édifice danstoute sa dimension et sa richesse. Posé en retraitd’une vaste pelouse qui crée depuis la route natio-nale un espace de recul participant à la mise enscène de l’institution, le propylée se lit comme ungrand cadre. Il contient l’élément clé du dispositifarchitectural, le dôme parabolique dont le volumeblanc se détache devant la façade vitrée de l’aileSud à l’arrière plan. Le jeu des lignes droites etcourbes, des plans de béton autonomes ou qui seretournent, des volumes et des vides qu’ils tien-nent, l’élancement des formes, soulignés par lebéton de ciment blanc donne ici toute sa force à

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J. Mas & F. Roux, Siège de la Chambre de commerce et d’industrie d’Eure-et-Loir à Chartres

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l’écriture architecturale. Au fil de la journée, ombreet lumière mettent en valeur de façons différentesles éléments de la composition et créent de nom-breux effets qui animent l’édifice.

L’église Dives in misericordia réalisée par RichardMeier dans le quartier de Tor Tre Teste à 10 km ducentre de Rome devait être inaugurée en 2000pour le jubilé de l’Église catholique. Livrée en2003, elle a été dédiée au 25e anniversaire du pon-tificat du pape Jean-Paul II. L’église forme uneseule nef éclairée zénithalement, composée detrois grands voiles courbes en béton blanc qui sem-blent lancés en équilibre dans l’espace. Ces troisvoiles sont en fait des portions de sphères ayanttoutes le même rayon interne et externe. La miseen tension et la succession de ces trois coques debéton enveloppe l’espace de la nef. Les trois coques,dont la plus haute fait 26 mètres, sont réalisées enpanneaux préfabriqués en béton blanc à l’oxyde detitane (béton autonettoyant). L’architecte inventeici un espace liturgique inédit dont la richesse spa-tiale est caractérisée par la composition et le mou-vement des surfaces courbes.

Installée dans l’ancienne manufacture des tabacsd’Orléans, la direction générale des affaires cultu-relles du Centre signale sa nouvelle présence parun édifice atypique émergeant côté cour. Mi-archi-tecture, mi-sculpture, la nouvelle construction,courbe et aérienne, conçue par François Chochonassure la cohésion fonctionnelle entre deuximmeubles de la fin du XIXe siècle. La présence dubâtiment est d’autant plus forte que l’oppositiondes styles architecturaux est totale. Il met en scène

l’espace et la lumière à travers une superpositionde plaques horizontales dont l’accumulation romptl’échelle de la construction et provoque un déca-lage avec les bâtiments existants. Le bâtimentprend une « non-forme » par un entrelacs de plan-chers qui constituent sans cesse des écrans et descadrages, des protections et des mises en valeurs.Ainsi, à l’étage, depuis la salle de réunion, la courapparaît cadrée d’une manière contemporaine et leregard plonge dans les frondaisons des arbres ; lesvoitures sont oubliées. En rez-de-chaussée, le dispo-sitif de planchers débordants assure une lumière

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R. Meier, Église « Dives in misericordia » à Tor Tre Teste Rome

F. Chochon, DRAC du Centre à Orléans

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constante, notamment dans la salle de lecture.Sans avoir recours à un système d’occultationsophistiqué, il évite toute surchauffe ou éblouisse-ment malgré l’orientation Est/Sud-Est des locaux.

Mouvements, jaillissements,éclatements

Dans le registre d’une conception plus picturale ousculpturale, certains édifices expriment la tensiondes formes et le mouvement, d’autres trouventdans le jeu des volumes la force du jaillissement.La décomposition et l’éclatement de figures géo-métriques simples génèrent de nouveaux rapportsformels et de nouvelles situations spatiales, que lebéton sous ses multiples aspects accompagneconstructivement et plastiquement.

À Tamana au Japon, l’architecte Takasaki Masaharua réalisé un observatoire dont les formes insolitessont conçues pour faire participer l’usager à unerelation unique au paysage. « C’est un templeculturel qui reflète le passage du temps et le chan-gement des saisons. Il grave l’histoire au milieud’une riche nature », précise l’auteur du projet (inConstruction Moderne n° 88, 1996). Ici, tout angledroit est évité au profit de la liberté du jaillissementdes formes, que seul peut permettre le béton parsa capacité à épouser moules et coffrages com-plexes.

La caserne des pompiers de l’usine Vitra de Weil-am-Rhein est une véritable sculpture de béton cise-lée par l’architecte Zaha Hadid. L’édifice exprimeun mouvement figé, qui reflète la tension ressentieau déclenchement du signal d’alarme ou de lasirène, mais aussi la matière en fusion qui se pétri-fie en un beau béton lisse. Inspiré du suprématismede Malevitch, l’édifice développe une profusiond’angles aigus et de plans inclinés. Ils configurentun espace qui semble « exploser » sous la pression dela vitesse, de l’urgence et duquel fusent les secours.

L’école Martin Peller à Reims s’inscrit dans un envi-ronnement urbain morose et fade. L’architecteDominique Coulon prend le parti de décliner unensemble de formes simples, dont certains volu-mes présentent d’imposantes parois inclinées.L’objectif de D. Coulon est de donner à cet équi-pement l’échelle qu’il mérite et surtout une pré-sence, affirmée par ses volumes. L’effet estparticulièrement marquant le long de la rue PasseDemoiselles. Trois boîtes s’y succèdent, séparéespar deux failles. Elles semblent posées sur un soclecomposé de lames grises en bois peint. Aucun

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Takasaki Masaharu, Observatoire à Tamana

Z. Hadid, Poste d’incendie de l’usine Vitra

D. Coulon, Groupe scolaire Martin Peller à Reims

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signal autre que la présence de ces trois monoli-thes aux formes géométriques épurées n’annoncela présence du groupe scolaire. Son statut d’équi-pement public apparaît comme évident. Le projettire sa force émotionnelle du rapport entre lesvolumes ainsi que de la tension créée entre les élé-ments droits et les parois inclinées. La perceptionofferte à l’extérieur cache en grande partie cellesdu cœur du bâtiment réservé aux utilisateurs et quimérite d’être parcouru. Déambuler dans ce groupescolaire relève du plaisir pur en matière d’émotionsspatiales. Le parcours est fait de surprises, de per-spectives toujours différentes.

En termes d’apparence, peu de surface en bétonsont restées brutes. Seuls quelques soubassementssont en béton brut bouchardé. Le reste est recou-vert d’une peinture pliolite rose. Les murs roses dugroupe scolaire éclatent sous le soleil rémois et for-ment une harmonie joyeuse dans un univers gris laplupart du temps.

Diagonales, décalages

L’architecte peut souhaiter lancer une diagonaledans l’espace pour créer un mouvement et initierun nouveau rapport entre l’usager et son environ-nement, ou matérialiser un plan oblique permet-tant de sortir de l’orthogonalité en créant desdécalages dynamiques en plan ou en façade.

En 2000, à l’occasion des travaux de rénovation etd’extension du Palais des Congrès de Paris,Christian de Portzamparc dessine une imposantefaçade inclinée, en béton poli bicolore, qui s’ouvresur la porte Maillot et donne une nouvelle identitéà l’édifice. Ce geste franc jette les bases de larequalification d’un des espaces majeurs de l’axehistorique parisien, entre la place de l’Étoile et laGrande Arche de la Défense. Longue de 156 m ethaute de 30 m, cette paroi inclinée à 30° présenteun dévers de 8 m en surplomb par rapport au sol.Malgré le faible recul existant, elle fabrique un véri-table parvis d’entrée pour le Palais des Congrès.Par sa configuration en dévers, cette façade, quiprotège le parvis d’entrée, permet de créer denouveaux espaces et de nouvelles surfaces deplancher. Elle est perforée par un porche monu-mental, qui abrite un cône inversé dans lequel sontaménagés trois nouvelles salles de conférences (de200, 400 et 650 places). Les panneaux de bétonpoli bicolore donne toute sa force et sa puissance àcette façade qui assume la grande dimension dulieu et tisse un lien entre Paris et Neuilly.

L’usage de l’oblique ou du décalage diagonalepeut aussi être de l’ordre de l’expression symbo-lique du fait de sa nature insolite ou devenir un

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C. de Portzamparc, Extension du Palais des Congrès à Paris

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signe à l’échelle territoriale par le jeu de son bas-culement ou de son soulèvement.

Ainsi, avec la façade inclinée du gymnase dePalliano, Massimiliano Fuksas met-il en scène lachute d’un édifice imaginaire, symbolisée par unefaçade en béton brut dont l’écriture évoque le stylebourgeois du XIXe siècle. Ce fronton de matièrebrute, privé de ses valeurs et coupé de la réalitécontemporaine, est figé à l’instant précis où il vientde céder et d’entamer sa chute. Derrière ce bascu-lement, métaphore de l’architecture en mouve-ment, naît une nouvelle peau enveloppant unédifice moderne utilisant en partie les structuresanciennes mais en sécrétant lui-même de nouvel-les. Le matériau et les décalages qu’il permet, ser-vent de support à un discours sur le transfertd’identité.

Précision et finesse

Actuellement, les images de synthèse nous don-nent une illustration plus que parfaite des « objets »encore au stade de la conception. Ils sont « plus vraisque nature ». Les industries spatiales, aéronau-tiques et de haute technologie en général, produi-sent des « objets » aux formes précises et parfaites.Les concepteurs souhaitent disposer de matériauxpermettant d’obtenir une construction aussi par-

faite que son image virtuelle ou conceptuelle. Laquestion est alors de savoir, si le béton possèdeune perfection et une précision qui puissent répon-dre à l’excellence de ce qui est imaginé.

La sphère du lycée Jean Monnet à Montpellierapporte une réponse positive et éclatante à cetteinterrogation. De même au CIO de Nantes, les archi-tectes Durand, Ménard et Thibault mettent en valeurune puissante structure orthogonale en béton poliqui assure l’unité architecturale de ce grand bâti-ment. « Elle est comme un grand échafaudage surlequel viennent se porter les planchers, s’appuyerles façades, s’organiser les transparences horizon-tales ou verticales à partir des évidements des par-ties non construites » (in Construction Moderne,n° 72). Composée d’éléments industrialisés, elle afait l’objet d’un assemblage « millimétrique » rigou-reux. La pureté géométrique de l’image initiale aété ici conservée jusqu’à la réalisation.

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M. Fuksas, Gymnase à Palliano

Durand, Ménard,Thibault

Siège du CIO (Créditindustriel de l’ouest)

à Nantes

Assemblage poteaux/poutres en béton poli

destiné à resterapparent

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Le béton offre avec générosité sa puissance et saforce dans certains grands ouvrages, mais il ne fautpas l’enfermer pour autant dans le carcan de lamassivité et du brutalisme. La richesse de samatière permet de l’employer pour réaliser deséléments tels que des panneaux de façade oud’habillage d’une très grande finesse, où il allierésistance et légèreté. Les nouveaux bétons,comme les bétons fibrés ultraperformants (BFUP),permettent de réaliser des panneaux d’habillaged’une grande finesse, avec des motifs très précis etdes parements de grande qualité.

Le centre bus de Thiais conçu par EmmanuelCombarec et Dominique Marrec (ECDM Architectes)montre le potentiel offert par les BFUP aux archi-tectes. Le projet nait de l’idée d’une constructionqui semble avoir grandi en soulevant le bitume –un volume sobre juste animé par quelques élé-ments colorés reprenant les teintes franches et

vives habituellement utilisées pour les multiplesenseignes voisines. L’ensemble du bâtiment esthabillé d’une peau de béton fibré à ultra-haute per-formance. Le BFUP s’est imposé très vite, pour sescaractéristiques physiques mais aussi pour sa plas-ticité et sa capacité à reproduire une série de petitspicots en surface qui focalisent l’œil et offre à lasurface un aspect proche des briques « Lego ».Cette matière ne nécessitant aucune armature niferraillage, elle a permis de réaliser de grands pan-neaux de 2 x 3,5 mètres en seulement 3 cm d’é-paisseur. Les pastilles de 7 mm d’épaisseur, 24 mmde diamètre et espacées de 12 mm, qui animentles panneaux, ont pu voir le jour grâce à la compo-sition du béton fibré à ultra-haute performance,dont les particules les plus grossières sont celles dusable de 0,6 à 0,8 mm de diamètre. Lorsqu’on obs-erve ce bâtiment, la précision de la réalisation estfrappante. Il apparaît comme une sculpture mini-maliste, avec ses aplombs et ses arrondis parfaits,ses coupes franches, ses arrondis, ses pièces deverre coloré qui viennent combler des vides quisemblent creusés au millimètre dans la matière.Les panneaux sont accrochés à la structure clas-sique du bâtiment, uniquement composée depoteaux et de poutres pour accompagner la fluiditédu plan.

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E. Combarel et D. Marrec (ECDMarchitectes)Centre busRATP à Thiais

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Écritures contemporaines

Dans la première moitié de ce siècle, le béton a lar-gement participé à l’émergence de l’architecturemoderne en permettant par sa plasticité et ses per-formances techniques la mise en place d’un voca-bulaire architectural nouveau et d’une nouvellemanière d’aborder la constitution de l’espace.

Après cette période pionnière où il a libéré l’archi-tecture des pesanteurs de l’ornement et du murporteur, le béton est maintenant devenu universel.L’expression brutaliste de sa présence n’est plus laseule façon de le mettre en valeur. Qu’il soit couléen place ou sous forme d’éléments industrialisés saplasticité et la variété de ses textures sont au ser-vice de la créativité de l’architecte. Au travers deleurs œuvres, toutes différentes: J. Ripault, I. Richard& F. Schoeller, D. Coulon et P. Richter, B. Valéro etF. Gadan, A. Schultes, S. Fiszer, B. Quirot et O. Vichard, F. Vialet et B. Ballus architectes asso-ciés, et de nombreux autres architectes contempo-rains démontrent que le béton peut parfaitementrépondre aux exigences esthétiques de notre temps.

De toute évidence, lebéton n’est pas lematériau d’un style,mais celui de la libertéde création. Il peuts’adapter à toutes lessituations constructi-ves. Ne supportantpas la médiocrité et lafacilité, il exige de lapart de l’architecteainsi que de celui quile met en œuvre uneconnaissance et unsavoir-faire indispen-sables pour utiliserses potentialités tech-niques ou formelles etles ressources expres-sives de sa matière.

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Enjeux contemporains et liberté de création

D. Coulon et P. RichterÉcole maternelle à Reims

J. Ripault, 85 logements à Gennevilliers I. Richard & F. Schoeller, École maternelle Robert Desnos au Kremlin-Bicêtre

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B. Valéro et F. GadanCollège Simone de Beauvoir à Créteil

A. Schultes, Crématorium de Baumschulenweg à Berlin

S. FiszerSiège social du groupe André

F. Vialet et B. Ballusarchitectes associésLaboratoires IRM du groupementd’intérêts publicCyceron à Caen

B. Quirot et O. Vichard, École primaire à Vieilley

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Dialogue avec le patrimoine

Le béton permet aussi d’établir un dialogue fécondentre l’architecture contemporaine et le patrimoinelégué par l’histoire.

Pour les archives municipales et le nouveau centreculturel Saint Marc à Tolède (ville classée au patri-moine mondial de l’Unesco), le béton utilisé parl’architecte Igniacio Mendaro Corsini permet unelecture évidente des parties neuves et anciennes.L’aspect de surface et la couleur du béton (obtenueà partir de pigments naturels et de pierres locales)tissent des liens avec labrique et la pierre de l’an-cienne église du couventSaint Marc qui a étéconservée et intégréedans le nouveau projet.

Loin de se figer dans une image surannée le patri-moine architectural est vivant. La restructuration-extension du musée de l’Orangerie en est une belleillustration, trouvant un parfait équilibre entre his-toire et modernité. L’Orangerie des Tuileries a étéconstruite en 1852. En 1921, alors que les pouvoirspublics veulent en faire une annexe du musée duLuxembourg, elle est choisie par Claude Monet poury installer les Nymphéas. Cet ensemble décoratifmarque l’aboutissement de son œuvre et il entenden faire don à la France au lendemain de l’Armis-tice du 11 novembre 1918. Le projet de l’agenceB.L.P. (Brochet, Lajus, Pueyo) pour la restructu-ration et l’extension de l’Orangerie replace lesNymphéas de Claude Monet au cœur du parcours

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I. Mendaro CorsiniCentre culturel Saint Marc et archivesmunicipales à Tolède

Agence BLP Brochet, Lajus, Pueyo

Retructuration et extension du Musée

de l’Orangerie à Paris

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et ouvre le musée à nouveau sur laSeine et le jardin des Tuileries. Danscette réalisation, le béton structurelcomme matière ajoutée aux maté-riaux anciens conditionne le projetspatial et l’ambiance ressentie par levisiteur. Il offre un support inéditaux Renoir de la collection Walter-Guillaume et permet d’intégrer lesfonctions aujourd’hui indispensablesdans un musée (espaces d’exposi-tions temporaires, salle audiovi-suelle, salle pédagogique, librairie,etc). Implanté, au niveau de l’en-trée, dans l’espace libéré de la cons-truction originelle, le volumeabritant les services administratifsest un « bâtiment pont », présentant un porte-à-faux de 9 m, en béton banché coulé en placecomme une « boîte dans la boîte ». Il se décolle,structure l’allée et cadre les vues.

En restructurant, au cœur de Montpellier, trois bâti-ments datant du XVIIe au XIXe siècle, et en greffantsur cet ensemble une aile contemporaine, deuxagences d’architectes, Brochet Lajus Pueyo etEmmanuel Nebout ont métamorphosé le muséeFabre. Dans un ensemble architectural hétéroclitecomposé d’un ancien collège des jésuites, d’unancien hôtel particulier néo-classique et de l’an-cienne bibliothèque, le projet met en place un par-cours muséal fluide et organisé. Grâce à cetteintervention, le musée est désormais un monde destyles et d’ambiances où le béton brut tient un rôlede premier plan, dans la mise en scène du parcoursde visite. Les architectes ont tiré parti d’un déni-velé de plus de 6 mètres entre le cœur historiquede la ville et l’esplanade Charles de Gaulle, grandmail arboré qui prolonge la place de la Comédie et

sa théâtralisation. Jadis en partie haute, l’entrée dumusée est désormais tournée vers l’esplanade. Lenouveau hall d’accueil est creusé sous une courexistante. Véritable crypte de béton éclairée zéni-thalement, le hall d’accueil est le pivot du musée etle lieu de référence qui organise les circuits de visi-tes. Il se prolonge par la salle des expositions tem-poraires, elle aussi excavée sous une courexistante. Le traitement architectural du hall estmis en valeur par des prismes de lumière zénithaletaillés dans la masse du béton du plafond. Ce pla-fond est un caisson plénum constitué de deuxdalles de béton raidies par une poutraison intermé-diaire coulée en place. Son épaisseur soulignel’effet de crypte du hall en conduisant la lumièrezénithale à travers les lanterneaux épais, préfabri-qués dans le même béton que les murs et leplafond. Point d’orgue du projet, le pavillonSoulages est l’unique bâtiment neuf du musée. Lesœuvres se détachent sur le béton des murs, dansune ambiance douce et ouatée qui les met envaleur.

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Agence BLP Brochet, Lajus, Pueyo et Atelier d’Architecture E. NeboutRestructuration et extension du Musée Fabre à Montpellier

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Intégration dans la ville et rénovation urbaine

Ayant maintenant atteint la plénitude de ses capa-cités formelles et esthétiques, le béton participe àl’intégration des bâtiments contemporains dansnos villes chargées d’histoire et à la mise en valeurdes édifices résidentiels, publics ou tertiaires. Il estdu fait de la diversité de ses aspects de surface etde ses parements, le matériau qui permet le mieuxde construire la ville sur la ville sans la blesser. Ainsià Poitiers, l’architecture moderne de la nouvellemédiathèque tisse des liens avec le patrimoineurbain environnant. Le béton blanc des façadesrenvoie à la pierre de Chauvigny, très présente encentre-ville. La composition des façades et la volu-métrie générale de la médiathèque, marquées parl’écriture des grands brise-soleil en béton, s’inscri-vent dans l’esprit du lieu et dans l’architecture desédifices majeurs proches, aussi bien que dans cellecourante des immeubles avoisinants.

À Orbay-l’Abbaye, près de Reims, l’usine AxonCâble joue la carte de l’intégration au cœur duvillage. Située dans le périmètre de protectiond’une abbatiale du XIIe siècle, elle est à peine déce-lable de l’extérieur. La nouvelle usine respecte l’é-chelle des lieux et se niche dans un cloître deverdure en annexant un édifice renaissance et deusanciennes écoles. La volonté de s’intégrer va de

pair avec une écriture contemporaine. La construc-tion neuve se présente sous la forme d’un bâtimentsemi-enterré surmonté de toitures recouvertes deverdure. La structure en béton et notamment lespoutres précontraintes de grande portée permet-tent de limiter le nombre de poteaux et de libérerau maximum la halle de production tout en sup-portant le poids de la toiture plantée. Ponctuée parun patio accueillant le jardin d’Orient et par le jar-din (intérieur) d’Occident, la construction bénéficied’une agréable lumière naturelle et de vues sur lesplantations qui agrémentent l’ambiance de l’unitéde production.

Au cœur du quartier Bargemon à Marseille, près del’Hôtel-Dieu et des immeubles de Pouillon sur leVieux Port, l’extension de l’Hôtel de ville, signéepar Franck Hammoutène, se développe sous uneplace publique minérale. Le projet porte sur l’amé-nagement d’un site de deux hectares qui répond àun double objectif. Il s’agit d’une part de créer unespace public et une mise en scène urbaine de plusde 20000 m2 d’esplanades et de jardins et, d’autrepart, d’agrandir l’hôtel de ville historique en ledotant d’un espace muséal pour les expositionsmunicipales, d’une salle du conseil, de bureaux etd’un ensemble d’équipements annexes. L’architectea opté pour une construction essentiellement sou-terraine parce qu’il héritait des fondations et desexcavations d’un projet abandonné : la FondationCésar dont le chantier avait été lancé quelquesannées plus tôt. En se réappropriant ces ouvrages,Franck Hammoutène installe la totalité du pro-

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C O N C E V O I R E N B É T O N , L I B E R T É D E S F O R M E S

L. Beaudouin, S. Giacomazzi, H. BeaudouinMédiathèque François-Mitterrand à Poitiers

Studio Maréchaux, Usine Axon câble à Orbay-l’Abbaye

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gramme requis en sous-sol, dans un équipementtraversant éclairé par la verrière d’entrée, un patioet des failles horizontales dissimulées entre les dal-les dans le pas d’âne de la nouvelle place publique.La nouvelle construction laisse libre des vues aux-quelles les Marseillais se sont attachés. Dans lesespaces intérieurs, la présence du béton qualifiel’atmosphère du lieu où l’architecte met en évi-dence la structure comme un élément essentiel del’esthétique de son projet.

L’ensemble du béton a été coulé en place. S’ilparaît blanc quand le soleil pénètre dans l’édifice, ils’agit en fait d’un béton très clair composé deciment gris (ciment CHK 45.2), de sables blancs etde granulats de l’Estaque. Malgré leur apparentelégèreté, les poteaux structurels de l’espacemuséal reprennent à leur tête quelques 180 tonnes

de charge. Tous les autres ouvrages en béton brut(voiles, poteaux, poutres et dalle) ont été sablés etrevêtus d’une lasure transparente mate. Un grandvoile courbe de 7,50 m de haut sur 35 cm d’épais-seur sépare la salle du conseil de l’espace muséal.Réalisé à l’aide de coffrages cintrables toute hau-teur, il reprend la charge de la couverture de laSalle du conseil (poutres de 24 m de portée).L’autre élément remarquable est une résille depoutres horizontale en béton brut qui marque leniveau de référence à l’intérieur de l’espacemuséal. Sur le plan structurel, cette résille diminuela hauteur de flambement des poteaux les plushauts tout en butonnant la paroi moulée. Ces pou-tres entrecroisées peuvent aller jusqu’à 24 m deportée.

Dans les grandes métropoles, le terrain libre pourconstruire de nouveaux équipements ou de nou-veaux logements devient de plus en plus rare.Après avoir été longtemps délaissés ou occupés pardes entrepôts, certains sites souffrant d’importantesnuisances sont aujourd’hui les seuls à pouvoir êtreencore investis pour de nouvelles constructions. Leterrain sur lequel se dresse la Résidence universi-taire Croisset porte de Clignancourt à Paris(Architecture Studio) est bordé sur sa limite nordpar le boulevard périphérique dont le trafic intensegénère d’importantes nuisances sonores (prochede 90 dBA) et visuelles, ainsi qu’une forte pollutiondue aux gaz d’échappement. Architecture Studio aconçu son projet de façon à ce que les 351 cham-bres de la résidence soient intégralement proté-gées de ces nuisances. Ce résultat remarquable estobtenu grâce à un imposant ouvrage en béton noirqui se dresse entre le boulevard périphérique et lestrois plots de logements. Cette paroi courbe cons-

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F. Hammoutène, extension de l’hôtel de ville et aménagementurbain du quartier Bargemon à Marseille

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titue un bouclier protecteur de 100 m de long et30 m de haut. Ce mur courbe d’une épaisseur de30 cm est construit avec des panneaux préfabri-qués en béton strié de cannelures horizontales. Cespanneaux d’un noir intense sont teintés dans lamasse et recouverts d’une lasure noire brillante,qui leur donne densité et brillance. Comme le sou-lignent les architectes : « Le bouclier accepte etrépond à la violence du contexte urbain en cadrantce que l’on peut voir et en protégeant de ce quel’on ne veut pas subir. »

Dans de nombreuses villes, les zones périphé-riques sont en mutation et font l’objet d’opérationsde restructuration et de rénovations. Le quartier duPort Saint Martin se situe à la périphérie immédiatedu centre-ville de Rennes, dans un secteur en redé-veloppement marqué par différentes échellesallant de la maison de ville à l’immeuble collectif.L’ensemble de 83 logements en accession à la pro-priété, dessiné par Michel Kagan prend place à lacroisée de deux axes importants, la route de Saint-Malo et le canal d’Ille et Rance. Dans un contexterelativement éclaté, le lieu se présente initialementcomme un carrefour sans structure et sans identitéurbaine affirmée. Mais il bénéficie de la présencedu canal, dont les berges font l’objet d’un travail dereconquête et d’aménagement en promenadespubliques plantées. L’ambiance y est bucolique. Leprojet est conçu pour donner une dimension et unequalité urbaine au carrefour tout en signifiant lavocation de porte d’entrée du site vers le centre-ville. Avec ses trois corps de bâtiment, la volumé-trie générale de l’édifice répond aux différentes

échelles et lignes de force existantes. Sur l’ensem-ble du projet, la typologie des logements, privilégieles appartements traversants et les terrasses. Les 5niveaux de logements donnant sur le canal domi-nent la composition architecturale. Occupant lesdeux derniers étages, les duplex viennent couronnerle bâtiment. Tous traversants, ils sont conçuscomme de véritables maisons sur le toit. La struc-ture de l’édifice participe à l’écriture architecturaledu projet et est particulièrement exprimée sur lafaçade en front de canal. Dans une géométrie sim-ple et maîtrisée de lignes et de plans en béton,cette façade se lit comme une composition abstraiteà la modénature recherchée et élégante. L’édificeaffiche ici sa modernité et sa relation à l’environne-ment proche et lointain par les différentes échellesde lecture qu’il propose. Les autres façades décli-nent les mêmes principes modulés en fonction destypes de logements et de leur situation urbaine.

Inscription dans le paysage

Le parement du béton sait aussi parfaitement jouerla carte de l’intégration dans un paysage naturel etdu dialogue avec la topographie, les couleurs d’unsite ou d’une région.

La nouvelle faculté des sciences et des techniquesde Tours est installée dans le cadre boisé du cam-pus. Pour l’architecte Franck Hammoutène, « le but

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C O N C E V O I R E N B É T O N , L I B E R T É D E S F O R M E S

Architecture Studio, résidence universitaire Croisset à Paris

M. Kagan, 83 logements et commerces ZAC du Port Saint Martin à Rennes

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était de laisser la prééminence à l’environnementplus qu’au bâtiment. Pour cela, il fallait une matière« sans âge » qui ne monopolise pas la lumière ». Lebéton noir brut de décoffrage permet d’intégrer l’é-difice à l’ombre des sous-bois. La structure en bétonest conçue pour ne pas avoir de façade porteuse.Ainsi, à l’intérieur, les usagers sont dans des espa-ces ouverts qui semblent « baigner » dans les arbres.

À Saint-Fortunat dans la région lyonnaise, la villadessinée par Clément Vergély est fortement liée aucadre campagnard, où elle est implantée. Elle lerespecte, y trouve sa raison d’être, son ancrage etpropose à ses habitants une immersion dans lepaysage naturel. Le projet se fonde sur un mur enbéton qui longe un chemin rural existant. Cetteparoi minérale constitue l’épine dorsale du projetet est fondatrice de l’ensemble des murs de façadede la maison. Toutes les façades sont donc enbéton brut dont le parement est rythmé par l’em-preinte des planchettes de coffrage en sapin dehaute montagne. Le béton à base de ciment blancet de sable jaune du Mont-d’Or présente une teinteproche de celles des pierres naturelles de la région.La couleur « terre » des murs en béton se fond dansle paysage, tandis que la modénature des plan-chettes de coffrage tisse des liens avec les murs depierres de l’architecture vernaculaire.

Les nouveaux bétons apparus depuis quelquesannées ouvrent de nombreuses perspectives decréation et de mise en œuvre à l’imagination desarchitectes. Les BAP connaissent un incontestabledéveloppement et ne sont plus réservés à desréalisations exceptionnelles. L’extension de l’écolede la Sentellette, à Saint-en-Amiénois, dessinéepar les architectes Philippe Deprick et Jean-LouisManiaque se présente comme une fenêtre allon-gée dont le cadre est fabriqué par un large rubande béton brut. Les trois classes et le préau, qui s’ylogent, s’ouvrent généreusement sur un arboré-tum. Le parti volontaire des architectes estexprimé par le béton brut autoplaçant, qui fabriquedans une même unité la structure et l’architecturedu bâtiment. La qualité de mise en œuvre, liée auBAP, donne toute sa force au ruban continu debéton qui qualifie le projet.

Les BFUP vont permettre dans un futur proche d’i-maginer de nouveaux types de structures et defaçades comme nous le laisse supposer le projet del’architecte Rudy Ricciotti pour le MUCEM àMarseille.

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F. Hammoutène, faculté des sciences de Tours

C. Vergely, villa à Saint-Fortunat

P. Deprick et JL. Maniaque École maternelle de la Sentelette à Sains-en-Amiénois

R. Ricciotti, Projet pour le MUCEM à Marseille

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Crédit photographique

H. Abbadie [26M, 26HD, 27HG, 27HD, 27MD] - ACEBP [195HD] - Tadao Ando [13HD,14HG, 14HD] - B. Bernier/Fotolia [4MHG] - L. Boegly [25MHG, 25BG, 25BD] - N. Borel[19 MD] - D. Boy de la Tour [15HG, 31HD] - L. Casals [26BG] - B. Fougeirol [23MG] - A. Fouquez [25MBG] - W-Huthmacher [25MD] - A. Karchmer-Esto [19HD] - J.-M. Landecy[17HD, 17MD] - S. Lucas [7BG] - Matsuoka Mitsuo [13MD] - G. Maucuit-Lecomte [14BD,28HD] - C. Michel [10BG,10BD] - M. Moch [8BD, 30HG] - J.-M. Monthiers [5MG, 6HG,12HG, 12HD, 12MD, 15HD, 18H, 18MG,20BD, 21BG, 24MD, 24 BD, 25H, 30MD] - CCI[5HG] - P. Muller [24BG] - Nacasa & Partners [9HD, 9MD] - P. Ruault [10MD, 23H] - E. Saillet [4MG, 4MD, 31MG] - Suzuki [6HD, 6MD] - O. Wogensky [16MG, 16B, 29H,29MG] - Tous droits réservés.

Illustration de la couvertureMinibus

Mise en page et réalisationAmprincipe ParisR.C.S. Paris B 389 103 805

Édition juin 2009

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ÉCOLE FRANÇAISE DU BÉTON

7, place de La Défense

92974 Paris-La-Défense CEDEX

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