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Contratavecunmilliardaire

DécouvrezlesaventuresdeJulietteetDarius,lemilliardaireauxmultiplesfacettes.Uneintriguesentimentaleintenseetsensuellequivoustransporterajusqu'auboutdevosrêveslesplusfous.

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Toi+Moi:l’uncontrel’autre

Toutlesoppose,toutlesrapproche.QuandAlmaLancasterdécrochelepostedesesrêvesàKingProductions,elleestdéterminéeàallerdel’avantsansseraccrocheraupassé.Bosseuseetambitieuse,elleévoluedanslecercletrèsferméducinéma,maisn’estpasdugenreàsefairedesfilms.Sonboulotl’accapare;l’amour,ceserapourplustard!Pourtant,lorsqu’ellerencontresonPDGpourlapremièrefois–lesublimeetcharismatiqueVadimKing–,ellereconnaîtimmédiatementVadimArcadi,leseulhommequ’elleaitvraimentaimé.Douzeansaprèsleurdouloureuseséparation,lesamantsseretrouvent.Pourquoia-t-ilchangédenom?Commentest-ilarrivéàlatêtedecetempire?Etsurtout,vont-ilsparveniràseretrouvermalgrélessouvenirs,malgrélapassionquileshanteetlepasséquiveutlesrattraper?

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Toutpourlui

AdamRichterestjeune,beauetmilliardaire.Ilalemondeàsespieds.EléaHaydensenestunejeuneetjolievirtuose.Complexéeparsesrondeurs,inconscientedesontalent,Eléan’auraitjamaispenséqu’unehistoireentreAdametelleétaitpossible.Etpourtant…uneattiranceirrésistiblelespoussel’unversl’autre.Maisentrelemanqued’assuranced’Eléa,lafougued’Adametlesembûchesquecertainsaimeraientmettresurlaroutedesdeuxjeunesgens,leurhistoired’amournevapasêtredetoutrepos!

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Mords-moi!

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LisaSwann

POSSÉDÉE

Volume5

1.Apprentisdétectives

QuandDavidm’ouvrit laportedesonappartementjeluitombaidanslesbrasenmeretenantdefondreenlarmes.Davidétaitcequiserapprochaitleplusdemonmeilleuramidepuisquelquesjours.Enplusd'êtreleplussympathiqueetcompréhensifdemescollègueschezGoodman&Brown,c'étaitchezluiquej'avaisposémesvalisesquandj'avaisdûquitterl'hôteloùSacham'avaitinstalléeetc'étaitdanssesbrasmaintenantquejem'effondrais.

Sachavasemarier...

Il avait frôlé lamort en accident dehors-bord àSaintMartin, il était tombédans le coma, puisquand il s'était réveillé, c'était d'Allisson, celle qui avait sûrement essayé de le tuer, dont il sesouvenait.Onmarchaitsurlatête!

Depuisquej’avaisquittéMargaretdevantlaclinique,depuisleshorriblesrévélationsquelamèredeSacham'avait faites, jebalançaisentre ledésespoir leplus totalet l’envie follededégainerunearme de destruction massive et d’exterminer la bande d’immondes parasites et comploteurs quientouraientSacha.Famillededingues,associéebelliqueuseetex-fiancéemachiavélique.

TOUS!

–Merde,Liz,qu’est-cequisepasse,tuasvulatêtequetuas?,s’exclamaDavidendécouvrantmamineahurie.

Alorsmeslèvressemirentàtrembler...

Non,necraquepas,reprends-toi,tuasuncombatàmener,magrande!Tudoisregagnerlecœurdel’hommequetuaimes.

–David,jenetedispasçasouvent,d’ailleursjecroisquec’estlapremièrefois,maisdonne-moiviteuntruccostaudàboireparcequejecroisquej’aibesoind’unénormeremontant.

Bien.Unechoseaprèsl’autre.

Sansdemanderplusd’explications,Davidfiladanslacuisinetandisquejemeposaissurlecanapédusalon.Ilréapparutavecdeuxverresremplisd’unliquidetransparent.

–Net’inquiètepas,ondiraitdel’eaumaisc’estautrementplusfort.Etcommejemedoutequecequetuvasmeraconterrisquedemesonner,tum’excuseras,maisjecroisquejevaist’accompagner.

Ilmetenditleverre.

–Nazdorovie!lança-t-il.

J’enbusunebonnegorgéequimebrûlalabouche,legosieretjusqu’àl’œsophage.Delavodka,uneboissondeguerrier!

Oudedésespérée...

Un raclement de gorge, je joignis les mains, fis un peu de rangement dans ma tête avantd’expliquertoutel’histoireàDavid.

Toutaufonddutiroir,bienplanquée,maplusgrossetrouille,celledeperdreSachaàjamais.Surledevantduplacard,bienprésentées,mesarmesetmatenuedeRambo.

JeluiracontaisalorsdansledétailladiscussionavecMargaret.

–IlfautquejetrouveunmoyenpourrappeleràSachacequenousavonsvécu,quec’estmoiqu'ilaimeetquejel'aime.Jenepeuxpasleperdrecommeça,dis-je,autantpourluiquepourmoi-même.

Davidbutunenouvellegorgéedevodkaetsaminesefitplussérieuse.Ilavaitétéjusque-làdanslacompassion, à l’écoute, mais je sentis cette fois que ce qu’il s’apprêtait à me dire n’allait pasforcémentmeplaire.

–Liz,jevaisêtrehonnête,jecroisqu’ilfautconsidérerleproblèmeautrement.Cenesontpastessentiments,ouceuxdeSacha,quicomptentdanscetteaffaire.

Commentçanossentimentsnesontpasimportants?

Envoyantmonairstupéfait,mesgrosyeux,messourcilsquisemirentàfroncer,Davidserepritaussitôt.

–Liz,calme-toi,jenesuispasentraindedirequ’onsefichedevotrehistoire,detonamouretdusien,jeveuxjustetefairecomprendrequecequivajouer,c’estdeprouveràSachaqu’ilestvictimed’une énormemachination. Et cela, sans tenir compte de votre histoire. Une fois que tu lui aurasapporté lapreuvede la culpabilité etdes intentionsmalveillantesde sachère futureépouse,de sesfrasques et de sa tentative d’assassinat, parce que c’est de cela dont il s’agit, on pourra parler desentiment.Toutd’abord,ilvanousfalloirprouverquelehors-bordaétésaboté.Jepeuxenquêterlà-dessus,quitteàalleràSaintMartin.Merde,c’estquandmêmegravecetteaffaire!

Jehochailatêtecommeunefigurinedechiensurlaplagearrièred’unevoiture.Jenesavaispastropsilavodkayétaitpourquelquechoseousic’étaitjustelecontrecoupdetoutcequejevenaisdemeprendredanslafigurecesderniersjours,maisj’avaislasensationd’avoirlatêtetouteengourdie.

Davidpoursuivitsesréflexionsàvoixhaute.

– Helen va pouvoir nous filer un coup de main, elle gère une grande partie des affairespersonnellesdeSachachezGoodman&Brown.Jecroismesouvenirqu’elles’occupenotammentdelavilladeSaintMartin,entouslescas,toutcequiatraitàsonentretien.ElleprévientquandSachaarrive,contactelepersonnelsurplace,cegenredetrucs.Ellesauranousdirequisecharge,ets’estchargédanscecasprécis,deréparerlehors-bord.

Nouveauxhochementsdetêtedemapart.Jerécapitulaimentalementlesderniersévénementsetlesactions à entreprendre : Helen qui était aussi une bonne copine de David et l'assistante de Sacha,l'accident de hors-bord à Saint Martin pendant notre week-end qui était censé être idyllique, lesréparationsqu'unmécaniciende l'îleétaitcenséfairesur lebateauet la raisonpour laquelleSachaétaitparti seulenmer,vérifierque les réparationsavaientbienété faites.Ajoutonsàça le faitqueNatalia, l'associéedeSachaetaccessoirementsonanciennemaîtresse,n'avaitcesséde l'appelerdèsnotredépartpourSaintMartin,commesielletenaitàtoutprixàseteniraucourantdumoindredesesmouvements.

Etn'oublionspasqu'AllissonetNataliasemblentêtrecommeculetchemisecesdernierstemps...

–Maisunechoseestsûre,Liz,poursuivitDavid,ilvafalloirqu’onsetrouved’autresalliés.–Richard,parexemple?avançai-je.

Bien sûr, Richard Brown, associé de Sacha mais aussi son meilleur ami depuis la fac. Voilàquelqu'unquinepourraitvouloirquedubienàSacha!SanscompterquelepauvreRichardavaitsubilespressionsd'AllissonetNataliapourcédersespartslorsduprochainconseild'administration.

–Évidemment!s’exclamaDavid.Etducoup,onrévèleaussilesmanigancesdeNatalia.Dequoi,nousdébarrasserdecesdeuxharpies.Bon,pourêtrefranc,çamegêned’allervoirRichardetdeluiparler des photos compromettantes avec la call-girl que j’ai trouvées dans son bureau, cellesqu'Allissonautiliséespourlefairechanter.

–Maismoi,j’aientenduladisputequ’ilaeueavecNataliadanssonbureau,criai-jeenlevantlamaincommeuneélèvequirépondjusteàlaquestionduprofesseur.Etmêmesijenesuispascenséesavoirquelestlemotifdeladispute,jesaisquandmêmequeRichardpensequeNataliaestunegarce.

–Bienvu,Liz!,ditDavidavantdes’envoyerunenouvellegorgéedevodka.

Àcerythme-là,onestpartispourdévoiler tous lescomplotsdupays,de l’assassinatdeJFKau11septembre...

–Récapitulons, lançaDavid qui se leva d’un coup et commença à aller et venir tel unGénéralPattonenpleinconseildeguerre.Moi,jem’occuped’Helen,deSaintMartinetduhors-bord.Toi,tuvasvoirRichardettudémasquesNatalia.

Davidcomptait sur sesdoigts,moi jeprenaisdesnotesdansma tête.On formaituneéquipedutonnerre.

D’accord,toutcelasemblaittrèsefficace,maisSachaetmoi,danstoutceplan,nossentiments,lesmiens,notrehistoired’amour...Àcettepensée,jeperdisunpeudemonassurance.Re-froncementdesourcils,mouetristeetregardquisebrouillesouslamontéesoudainedeslarmes.

Davidrelevaaussitôtlechangementd’expression.Ilréagitimmédiatement.

–Hé,Liz,pasd’affolement,çac’est lapartie indispensabledenotreenquêtepourquetupuissesapprocherSachaavecdespreuves.Maintenant,ilnefautpasoublierdeluidévoilerlavéritablenaturedesachèrefiancéeAllissonetsespetitesgalipettesclandestines.Pourcela,j’aiuneautreidée.

En gros, nous dûmes réveiller Maddie en pleine nuit à Paris pour lui exposer la situationcatastrophiquedu futurmariagedeSacha etAllisson ainsi quenotrepland’attaquedont elle allaitfairepartie.Jesentismatantemettreenunesecondesoncerveauaugarde-à-vous.

–Jet’écoute,Liz,queveux-tuquejefasse?Jesautedanslepremieravionetjesuislà.Tupeuxcomptersurmoi,m'assuraMaddie.

–Maddie,tuasdéjàfiléquelqu’un?,demandai-je.

EtjeluiexpliquaicequeDavidetmoiavionsprévu.

***

Lajournéedulendemainfutchargéepourtoutlemonde.PendantqueMaddietraversaitl’océanenavionencompagniedesadernièreconquête(Unmannequinde28ans,unamooouuursiserviableettotalementsoussoncharme),DavidetHelen,enfermésdanslebureaudecettedernière,donnaientdescoupsdefilàSaintMartin.Toutd’abordsouslecouvertdeprétextesbidonspuispassanttrèsvite–delapartdeDavid–àdesmenacesbeaucoupplusréellesetexplicites.

L’action nous sauvait tous de la douloureuses absence (pour moi, surtout) de Sacha dans lesbureauxdeGoodman&Brown.Quantàmoi,jefrappaiàlaportedubureaudeRichard.LefaitqueSachan’assureplussesrendez-vousluiimposaitunesurchargedetravailetsonstressétaitpalpabledepuislecouloir.

–Oui,entrez,cria-t-ilpresque,agacé.

Jefisunpasdanslapiècesansqu’ilrelèvelatête.

–Richard,jesuisdésoléedevous...

Ilposabrutalementsonstylosurlapiledefeuillesdevantlui,seredressapouraussitôtseprendrelatêteàdeuxmains.

–Ah,Liz,c’estmoiquisuisdésolé,jen’aimêmepasprisletempsde...enfin,voilà,deparleravectoi,aprèscequi...enfin...toutcelaesttrèsdifficileàgérer,jesuppose.Sacham’avaitmisaucourantpourvousdeux,etjetrouvaisça....enfin...

Il allait falloir que je mène cette discussion parce que ce monsieur m’avait tout l’air d’êtrecomplètementembrouillé.Maisj’avaisdequoiluiassénerunvéritableélectrochoc.

–Ça n’est pas grave,Richard, ça ne doit pas être simple pour vous non plus.Et je ne vais pastournerautourdupot,jeviensvousparlerdeSacha.

–Liz,jesuissincèrementdésolépourvousdeuxmaisjecroisquejenepeux...–Richard,c’estbiendevotreaidedontj’aibesoinmaispascommevouslepensez.

Ilmescruta,l’airintrigué.

Gagné!

Maintenantquej’avaiscaptétonattention,jenelelâchaisplus.Jepoursuivisaussitôt,ilallaitmefalloirunsacrésouffle.

–Richard,jesaisqueSachaetvousêtestrèsprochesdepuisdesannées,quevotreamitiéremonteàvosannéesdefac,toutcommelelienquivousunitàNatalia.

AunomdeNatalia,Richardsecrispaetdevintblême.

–Etc’estbien làquevousallezpouvoirm’aider.Parceque jecrois, jesuismêmecertaine,queNatalian’estpasétrangèreàcequivientd’arriveràSacha.Qued’unemanièreoud’uneautre,elles’estalliéeàAllissonpours’enprendreàSacha.

–Maisje...,bredouilla-t-il.–Etvousêtesaucourantdecequecesdeux-làmanigançaientcontreSacha.

Bonlà,j’yallaisunpeuauculotparcequejen'étaispascertainequelamenaceécritequeDavidavaittrouvéeétaitsignéed’Allisson,maisjetentaimachance.

Richardrestabouchebée.Ilattendaitlasuitedemesallégations.Ilcraignaitsansdoutequejeparledecertainesphotoslemontrantenpostureembarrassante.

–JevousaientenduvousdisputeravecNatalia,Richard.Jesaisqu’ellevousamenacéetcequiestarrivéàSachaestpirequ’unemenace,c’estunetentatived’assassinat.

Onestdansunbureaudejuriste,ouiounon?C’estgrave,là,cequejedisetcequis’estpassé!

Mais de toute évidence, Richard était trop impliqué personnellement pour me reprocher cesaccusations.Jelesentiscapituler,faiblir,têtebaisséeetlesmainsprisesdetremblementssubits.

–Richard,parcequejesuisaucourantduchantagedontvousêtesvictime,jepeuxvousassurerquejeferaitoutcequim’estpossiblepourquecelanevousnuisepasdavantage.Etjesuiscertaineégalement–Là,Liz,tubluffes,attention...–quenousn’auronspasbesoindedivulguercetteaffaireetqu’elle n’aurait aucune importance pour Sacha si nous parvenons à lui prouver ce que Natalia etAllissonontcomplotécontreluipours'assurerlamain-misesurGoodman&Brown.

Richardparutpeserlepouretlecontre,mesondaduregardpourestimermondegrédesincéritépuisposalesmainsbienàplatsursesdossiers,plantasesyeuxdanslesmiensetdit:

– Je sais que tu n’es pas une menteuse, Liz, et je suis convaincu que tu n’essaies pas dem’entourlouper.Alorsoui,tupeuxcomptersurmoi.

BANCO!

Lesoirmême,lapetitetroupeseréunit.Maddiedébarquaittoutjustedel’aéroportencompagniede son petit ami,Mark.Helen venait faire le rapport des coups de fil qu’elle avait passés dans lajournéeetexpliquerl’absencedeDavid.

–Bon,onalocalisénotrehomme,commença-t-elle.

Elle s’exprimait sur le ton hyper efficace que nous adoptions tous depuis la veille et qui mepermettait, àmoi,denepas sombrerdansundésespoir larmoyantquim’auraitpermisd’exprimertoutmonamourpourSacha.

Sacha,tumemanques,jevaistesauver,jevaisNOUSsauver,toutça,c’estpournousquejelefais,jenet’oubliepas,nonjenet’oubliepas.

–C’est lemécanicienqui s’est toujours chargéde l’entretienduhors-bord, pasdifficile donc àpremière vue et surtout un bonmoyen pourAllisson de ne pas éveiller les soupçons. Sauf que lemécanicienenquestiona reçuunappelurgent lematinoùSachaestparti avecLizàSaintMartin,c’estsafemmequinousl’aappris.Parcontreimpossibledejoindrelemécanoqui,toujoursselonlesdires de sa femme, a disparu dans une grande virée le jourmême.Apparemment, ça n’est pas lapremière foismais on ne peut s’empêcher de penser que ça tombebien.L’épouse n’a pas l’air des’inquiéteroutremesured’autantquelapolicelocaleadécrétéquel’accidentavaitétécauséparuneauto-combustiondueàunajoutd’huileauquelauraitpuprocéderRichard.

Toutlemondesuivait,c’étaitclair.Helenpoursuivit.

–Davidaprisl’avioncetaprès-midipourSaintMartin.Ilvamettrelamainsurlemécanoetluifairecracherdesaveux.

Puisellefouilladanssonsac,poséparterreàcôtéd’elle,etensortitunappareilphotodetailletoutàfaitdiscrète,qu’ellenousprésenta.

–Pourladernièrepartiedesmanœuvres,maintenantqueLizs’estassuréel’appuideRichard,j’aiapportéça.Maddie,vouscroyezqueMarksauraseservirdecepetitbijoudetechnologie?

LeMarkenquestionronflait,lajoueécraséesurl’accoudoirducanapé.Helenposal’appareilsurlatableaumilieudesphotosdesprincipauxprotagonistesdel’affaire:Allisson,Natalia,ettoutelafamilleGoodman,Jesse,lepère,Margaret,lamèreetEthan,ledemi-frèredeSacha.

– Mon Iphone ne suffirait pas ? demanda ma tante en dégainant le joujou auquel elle étaitcontinuellementattachée.

– Je crains que non, réponditHelen.Cet appareil photo est à la fois professionnel, ce qui vousserviraàtouslesdeuxdecouverture,maisilfaitégalementofficedecamératrèsprécise,beaucoupplusprécisequenospetitesapplicationsdepoche.Aveclezoom,celavouspermettrad’enregistrercequinousintéressesanspourautantvousmettreenpositionsuspecte.

Maddiehochalatête,jehochailatête,Markronfla.

–Quandestprévuelafilatureenquestion?demandai-jeàHelen.–Jepensaisqu’onallaitdevoirtenternotrechanceunpeuauhasardmaisunebelleaubaines’est

présentéeaujourd’hui. Jedevaisconfirmer laprésencedeSachaauvernissaged’uneexpositionauGuggenheim.J’aiappeléAllisson,aprèstout,c'estsafiancéeetelles’estempresséededirequ’elles'yrendraitàlaplacedeSacha,qu’elleseraitpeut-êtremêmeaccompagnée.Jedoutequ’elleyailleavecfuturebelle-maman.EnrappelantleGuggenheimpourleurconfirmer,j’aidemandéuncartonsupplémentairepourdeuxjournalistesfrançais.Etvoilà!

Nousapplaudîmestoutes(Markseréveillad’uncoup)àcecoupdemaître.

Deuxième journée des opérations. La plus épuisante sans doute, puisque nous étions tous soustension,dansuneattentequisefaisaitpesante.Moij'attendaisdesnouvellesdeDavidquin’avaitpasdonnésignedeviedepuissondépartàSaintMartinetMaddie,quisepréparaitpsychologiquementdans sa chambred’hôtel et peaufinait son rôle de journaliste française spécialisée dans les arts.Etpuis je n'avais pas l'esprit en paix : mes pensées étaient constamment tournées vers Sacha et jedépensaisbeaucoupd'énergieàretenirmeslarmes.J’étaisenpermanencesurlepointdecraqueretseulelaperspectivedelaréussitedenotreplanm'aidaitàtenirencoredebout.

Sacha,oùes-tu?Avecqui?Quis’occupedetoi?

Qui embrassait son front, ses paupières, ses lèvres ? Restait-il dans un recoin de son cerveautraumatiséun souvenirdenous,denosmerveilleuxmoments amoureux,denos rires etde tout ceplaisirquenousavionspartagé?Peut-êtreunejeunefemmetombait-elledevélodanssesrêvesetilnecomprenaitpaspourquoi?Ilavaitoubliéquec'étaitainsiquenousnousétionsrencontrésàParis,qu'ilm'avaitaidéàmereleveretquec'estainsiquetoutavaitcommencé.

Difficiledeseconcentreravec la têtepleinede tantd’interrogations.Nataliapassaitde tempsentempsdevantlaporteouvertedemonbureau(ellenesedoutaitpasquej'étaisentraindetravailleràsaperte...), toujoursde sonpasprofessionnel, etme lançait à chaque foisun regardqui sevoulaitcertainementcompatissantmaisquiétaitplutôtmeurtrier,commesiellesedemandaitcequejefaisaisencorelàetqu’elleseréjouissaitparavancedel’éventualitéquejedégage.

Monportablesonnapeuavant18heures,alorsque j’étais sur lepointdequitter lebureauetderejoindreMaddiepourl’aideràseprépareretlamotiver.

–David,enfin...,dis-je.Jecommençaisàm’inquiéter.–Liz,c’étaitpourlabonnecause,jet’assure.Nousvoilàavecunepreuvedeplus!–C’estvrai?Raconte,dis-jeenfermantaussitôtlaportedemonbureau.–Non seulement j’ai retrouvé notre hommemais j’ai enregistré ses aveux, et j’ai également le

montant qu’il a touché ainsi que le numéro de téléphone du correspondant qui a commandité lesabotage.

–Laisse-moideviner...celuid’Allisson?–Tropfacilemaisuneévidenceeneffet.Allissonaquandmêmeétéla«patronne»dumécanicien

pendantquelquesmois,quandSachaaachetélavilla.Ettusaisquoi,j’aijusteletempsdemejeterunti-punchetdesauterdansunavion.JeseraicettenuitàNewYork.

Allisson,tuesbientôtdémasquée!

Je rassemblaimesaffaires et filai aussitôtdubureauenprenantbien soindenepas tomber surNatalia,depeurqu’ellenesenteleventtournerenvoyantmamineréjouie.

Je retrouvai Maddie et Mark à leur hôtel, tous les deux affublés de tenues classes et un rienextravagantes, justecequ’ilfallaitpourêtreidentifiéscommelajournalisteet lephotographepourqui ilsallaientse fairepassersansattirer tropdesoupçons.Ma tanteétaitexcitéecommeunepuce

maiségalementaniméedelamêmedéterminationquinoushabitaittous:révélerlescoupablespourlebiendel’amour.

Jelesregardaimonterdansuntaxiets’éloigner,lecœurserré,croisantlesdoigtspourqueleurmissionréussisseetqu’ilsnousrapportentl’ultimepreuvequ’Allisson,enfiancéeidéale,batifolantavecEthan,ledemi-frèredesonfuturépoux,commelesoiroùjelesavaissurprisauWaldorf.

Je regagnai l’appartement de David pour l’y attendre. Il fit tourner la clé dans la porte auxalentours de 23 heures, alors que j’avais fini de ronger les ongles de mes deux mains et que jeconvoitaisceuxdemesorteilsavecanxiété.Nousétionsentraind’écouterlesaveuxdumécaniciensursonpetitenregistreurvocalquandl’interphonesemitàsonnersansdiscontinuer.

David se rua sur l’interphone et à peine eut-il appuyé sur le bouton de communication qu’onentenditMaddiehurler:

–Bonsang,ouvrez-moivite,cettefemmeestunmonstre!

2.Touteslescartes,plusunatout!

À bout de souffle, Maddie entra en trombe dans l’appartement de David. Son amoureux dumoment,pourtantbienplusjeune,semblaitavoirdumalàsuivre.Ilmelançaunregardperdu.

–Cettefemmeestunmonstre!Unmonstre!vitupéraitmatantequilança,d’ungesterageur,sonsacàmainsurlecanapéavantdes’ylaissertomber.

Je voyais bien à sonvisagequ’elle était tendue, à cranmaisDavid,Mark etmoi étions commetroisnigaudsfaceàelle,àattendrelasuitedel’orage.DavidadressaunregardinterrogateuràMark,quienretour,levalepouceensignedemissionaccomplie.Jesoupiraidesoulagement.

–Jenesaispascommentj’aipumeretenirde...de...,balbutiaMaddie,toujoursénervée.Nonmaisc’estvrai,cettefillealefeuauxfesses,illesluifauttous!

Markgloussadansmondosetjemeretournai.

–LafameuseAllissonm’aaccostépendantlevernissage,j’aicruquetatanteallaitluiarracherlesyeuxdesorbites.,meglissaMarkàl'oreille.

–Etc’estpourçaquetutemetsdanstouscesétats?,demandai-jeàmatante.MonDieu,pourlacause,tuauraisquandmêmepusacrifiertonpetitami...

–Hého,j’aimonmotàdire?,objectaMark,rigolard.

Maddiesecoualatêteetseredressasurlecanapé.

–Non,Lizchérie,j’aidel’expérience,tusais,dit-elle.Cen’estpasunejeunettebienapprêtéequimeferapeur.Jesuisjustesincèrementoutréeparlecomportementdecettefemme–etelledésignal’appareil photo que tenait encoreMark –, comportement que nous pouvons dorénavant dénonceravecpreuvesàl’appui.

Davids’emparadel’enginpourenextrairelacartemémoirequ’ilentrepritaussitôtdeliresursonordinateurportable.Pendantqu’ilpréparaitnotre séance très spécialedevisionnagedesméfaitsdel’horribleAllisson,jem’installaisurlecanapéàcôtédematante.

– Maddie, quoi qu’on apprenne en regardant ce que vous avez filmé, je veux avant tout teremercierpourtoutcequetufaispourmoi,luidis-je,trèsémue.

Commecela faisaitdubiende se sentir entouréeet accompagnéequandceluiqu’onaimait étaitloin.

Sacha,monamour,j’espèrequ’ilyapourtoiaussiquelqu’unquiveillesurtoi.

Maddiepritmesdeuxmainsdanslessiennes.

–Liz,machérie, je ferain’importequoipour toi,m'assura-t-elle.Mais surtout jevais t’aider àsortirl’hommequetuaimesetqui,j’ensuissûre,t’aime–commentpourrait-ilenêtreautrement–desgriffesdecetteaffreusebonnefemme.

Davidtournal’écrandel’ordinateurfaceànousetseposa,commeMark,surunaccoudoir.

Séquence1:grosplansurl’afficheàl’entréedel’exposition,passagedevantl’accueildesinvitéset plan sur le cartond’invitation.Foulehétéroclite et colorée, ambiance élégante, onvoyait passerquelquesemployésavecdesplateauxchargésdecoupesdechampagneetdepetitsfours.

Parfait,ledécorétaitplanté,date,heure,lieupourconsoliderlaprisedevue.Duboulotdepro!

Séquence2:panoramadesinvitésetdestoiles,brouhahadediscussions,l’objectifsefigesurunefemme blonde habillée d’un tailleur jupe cigarette anthracite largement décolleté sur une blousevaporeuseunrientransparente.

Allissontoujoursautopdelaséductiondécidément.L’imminencedesonmariagel’embellissait.

Saletéd’Allisson,ouais,lasantédeSachan’apasl’airdetegâcherlasoirée...

–Çacommenceàdevenirintéressantàpartirdelà,commentaMaddie.

Lafemmediscutaitavecplusieurspersonnes,l’objectifzoomasurellequandunhommedegrandetaille,lescheveuxbouclés,s’approchad’elle.

Ethan!Quellesurprise!Difficiledevoirl’unsansl’autrecesdernierstemps.

Sans aucune gêne, la main d’Ethan, qui était posée sur le bas du dos d’Allisson, glissaostensiblementverssesfessesenungestepropriétaire.

Benvoyons,paslapeinedevouscachernonplus.

La caméra les suivit quelquesminutes pendant lesquelles nous avons eu droit à quelques gestesd’intimitéquiconfirmèrentcequenoussavionsmaisrienvraimentquinouspermettaitd’accusercesdeux-làdegalipettes.

–Onadûprendredesrisques,expliquaMark.Ons’estviterenducomptequ’onn’arriveraitàriensioncontinuaitàlesfilmerdeloin.

Séquence3:planmobile,lecoupleAllisson-Ethanétaitplusproche(ouc’étaientplutôtMaddieetMarkquiavaientdûserapprocher)puis,demanièretrèshabile,l’objectiffilmaauniveaudestaillesdes gens (Mark devait porter alors l’appareil sur l’épaule),mais les deux protagonistes identifiésétaientreconnaissables.Passageàlabandeson.

«Ethan:Plutôtrasoirtonrencarddecesoir,Allisson,onsetrouveunpetitcointranquillepourfairequelquechosedeplusintéressant?

Allisson:(rirediscret)Tunepensesqu’àça,Ethan…

Ethan:Nefaispastasainte-nitouche,tun’espasladernière.Jeterappellel’enviequit’apriseauWaldorf?Sijenet’avaispascédé,tum’auraisviolé.

Allisson:J’aidesbesoins,net’enplainspas,tuenprofites,non?

Ethan:Ça,c’estsûr,j’enprofitebienplusquetonfuturépoux...

Allisson : (petit rire) Pauvre Sacha, je ne suis pas certaine qu’il se souvienne encore commentfaire...»

Lagarce!

J’eusenviequ’onarrêtelà.ÀenjugerparDavidquiserralespoingsd’unairvictorieux,cequenousvenionsdevoiretd’entendresemblaitsuffirepourcoincerl’infidèleAllisson.

–Attends,Liz,çan’estpas lemeilleur, intervintMaddie.NousavonssuiviAllissonunpeuplustard.ElleaplantélepauvreEthansansrienluidireetelleafiléversunhôtelvoisin.

Séquence suivante : plan sur l’enseigne et la façade de l’hôtel, le téléphone portable deMaddieapparut sur l’écran pour confirmer date et heure avant de sortir du champ. Entrée dans le hall etdirectionlebarloungedecepetithôtelcossumaisdiscret.Lumièretamisée,pianoenfondsonore.

–Ilfaisaitsombremaisonadûseplanquer,commentaMark.D’autantqu’Allissonm’avaitrepéréauvernissage.Maisjecroisquelademoiselleestbientroppréoccupéeparsesmanigancesetunpeutropsûred’ellepourseméfier.

Suitedelaséquencedanslebar:Allissons’approchedubaroùunhommel’attendait.Dedos,toutd’abord,ilsetourneàl’approchedelajeunefemme.

Merde, le beau-père de Sacha ! Après tout, c’était peut-être juste un rendez-vous pour discutercérémoniedemariage.

Maisbiensûr,commesiM.Goodmanétaitdugenreàsechargerdel’intendance.

Quand lamaindeGoodmanpèrese fitaussipropriétairequecelledesonfilsquelquesminutesplustôtetqu’ilsepenchaversAllissonpourl’embrasseràpleineslèvres,j’enrestaibouchebéeetjemetournaiversDavidavecunaireffaré.Ileutl’airsurpris.

–Benquoi,Liz?Tun’étaispasaucourant?,ditDavid.Toutlemondel’estpourtant.Pourmapart,jepensaisjustequecettehistoireétaitfinie.C’estjustementparcequeSachaasurpriscesdeux-làenpleineactionqu’ilarompusesfiançaillesavecAllisson.

Bordeldemerde,etpersonnenemeditrien?Etcesdeuxmonstresnesecachentmêmepas!

J’étaistoutsimplementsansvoix.

–Bon, ilyaencorequelquesminutesd’images,ditMaddie.On lesvoit sepeloterdiscrètement

puismonterdansunechambre.Elleressortdel’hôteluneheureetdemieplustard,unriendécoifféeetlespommettesrouges.Unesportive,notreAllisson!

Ouaisetunesacréegarcepriselamaindanslesac!

***

IlrestaitàtrouverlemoyendefaireparvenirtoutesnospreuvesàSachapourluiouvrirlesyeuxetm’engouffrerdanscettebrèchepouressayerdeluirappelercequenousavionsvécu.MaisDavidavait raison, ilne fallaitpasquemessentimentsprennent ledessus.Etcelan’allaitpasêtre simpleparceque,lelendemain,dèsmonarrivéeaubureau,j’entendislavoixdel’hommequej’aimais.

J’hallucineouquoi?

Helenseprécipitaversmoidèsqu’ellemevitpasserdevantsonbureau.

–Liz,Liz,Sachaestlà,mesouffla-t-elle.

Jerestaistupéfaite.Moncœursemitàbattreàtoutrompre,mesjambessedérobèrentsousmoi,mesmainstremblaient.

Sachaétaitlà...maisçafaisaitàpeineunesemainequ'il...

Etsoudain,ilapparutdansledosd’Helen,lentement,quelquesdossierssousunbras,appuyésurunecanne.

–Helen,jevaisprendrecesdeuxdossiersavecmoi,situveuxbienm’enfairedescopies...

Sonregards’arrêtasurmoiquirestaisfigéesurplace.Ilyeutcommeunvidedanssesyeux,puisun trouble, il inclina le visage d’un air interrogateur. Il n’avait pas l’air de savoir comment secomporter.

–Je...euh...Excusez-moi,vousêtes?,medemanda-t-il,embarrassé.

OhSacha,monDieu, nous ne sommespas des inconnus !Comment te faire comprendre que noscorpsseconnaissent,quenousavonspartagétantd’intimité...

Commejenebougeaistoujourspasetétaisencoremoinscapablederépondre,Helenintervint:

– C’est Élisabeth Lanvin,M. Goodman, notre nouvelle collaboratrice française. C’est vous quil’avezdébauchéed’uncabinetparisien.

Sachaeutunpetitsouriregêné.Onauraitditqu’ilétaitprisd’unsoudainvertige,commesilatêteluitournait.

Sacha,rappelle-toi,levélo,machute,commenttum’asaidéeàmereleveretlesoirmêmedequellefaçontum’asembrassée...Jet’enprie...

Je lui tendis lamain avec détermination, il fallait que j’amorce le contact et jeme forçai à luiadresserunsouriresincèresansrienlaisserparaîtredemondésarroi.

Quand il prit ma main dans la sienne, mon corps fut parcouru de frissons et je compris auxtremblementsdesesdoigtscontrelesmiensqu’ilressentaitlamêmechose.

–Sacha,euh...Raviedevousrevoirparminous,monsieurGoodman,balbutiai-je.

Ileutl’airterriblementintriguéetnelâchapasmamain.

– Il me semble me rappeler votre voix, mademoiselle Lanvin, me dit-il. Je suis désolé, messouvenirs sont encore trop flous,maisne changez rienàvoshabitudes, comportez-vousavecmoicommevouslefaisiezavant.Onsetutoyaitetvousm'appeliezSacha?Etbiencontinuonsainsi,etlamémoiremereviendra.

Bonsang,commec’estdurdenepasmejeterdanssesbras!

Jeréprimaiungrossanglotquim’obstrualagorge.

–Oui,eneffet,etvousm’appeliezLiz,parvins-jeàbafouiller,leregardtoujoursrivéausien.–Alorsçameva,Liz,répondit-ild'unevoixdouce.

J’entraperçusunlégersouriredelapartd’Helen.J’inspiraiprofondément.

Restecalme,Liz.

–TrèsbienSacha,murmurai-je.

Abandonnant Sacha et Helen, j’allai m’enfermer dans le bureau, les joues enflammées commeaprèsuncoupdefoudre.C’étaitcommesinousvivionsnotrerencontreunesecondefois.Ilnefallaitpas s’emballer, rien n’était gagné. Sacha était un homme d’honneur, il s’était engagé auprèsd’Allisson et il n’était pas du genre à batifoler en attendant sonmariage.Mais il avait été troublé.Impossibledelenier!

J’entreprisdememettreautravail,jerelusquelquesdossiersàproposdesquelsonmedemandaitdeproposerdesstratégies.J’avaisdumalàmeconcentrerettellementenviedemeprécipiterdanslebureaudeSachapourtoutluiraconter.

Pendantledéjeuner,Davidfuttrèsclair:

–Liz,çan’estpaslemomentdefaireuneconneriealorsqu’onatouteslescartesenmain.Toutdépendmaintenantdumomentetdelamanièredelesabattre,etcelanedoitpassefairesouslecoupdel’émotion.Ilfautquetouteslesconditionssoientoptimales.

–Jesais,David,maiscen'estsimpledeseretrouverenfacedel’hommequej’aimeenjouantlejeudelaquasiinconnue.Çan’estpascommesijepouvaisoubliertoutcequis’estpassé.

–Jecomprends,Liz,dit-ilenposantsamainsur lamienne.Jeveux justeque toutes leschancessoientdevotrecôté,àSachaettoi.

Enrentrantaubureau,j’allaitoutdroitàlasalledereposmeprépareruncafé.Maisils’ytrouvaitdéjàquelqu’un.

Sacha...

–Oh,Liz,deretourdedéjeuner?Jetefaisuncafé?,medemanda-t-il.–Oui,merci,répondis-jeenm’approchantsanstropsavoiroùmemettre.

Ilmetenditmatasseets’appuyacontrelemeubledecuisine.

–Excuse-moid’êtrefranc,Liz,maisjesuisobligédeprogresseràtâtonsdepuismonaccidentetquandjeressenscertaineschoses,ilfautquejesachesicequejeressensestjusteouerroné.Jepeuxteposerunequestion?

Moncœurs’arrêtadebattreetjefaillislâchermatasse.

–Oui,biensûr,Sacha.–Onétaitproche?Àquelpoint?Jenemesouviensderienmaisj'ail'impressiondeteconnaître.

Malgrémamineahurie,ilpoursuivit.

-Jesuisdésolé,Liz,maisj’aieulesentimenttoutàl’heurequejepouvaistefaireconfiance.Est-cequejemetrompe?

Pasdeconnerie,m’aditDavid,alorsjevaismesurerchacunedemesparoles.

– Sacha, je crois qu’on peut dire que nous avons été très proches et, oui, tu peux me faireconfiance.

Sesyeuxétaienttoujoursplongésdanslesmiensetilmesouritétrangement,maissisincèrement,commes’ilétaitsoulagédenepass’être trompéàmonsujet.Maiscetapartéprivéfutbrisépar lavoixsèchedeNataliadansmondos.

–Ah,Sachatueslà,dit-elle,jetecherchais.

Puiss’adressantàmoi:

–Liz,tonportablen’arrêtepasdesonnerdanstonbureau.Soittulecoupes,soitturéponds,maisc’estunevraiecacophoniedepuisdixminutes.

Vusonton,mieuxvalaitnepasluirépondreetjeretournaidansmonbureauaprèsavoirjetéundernierregardàSachaetréponduàsonsourireparunsourireencoreplusradieux.

Oui,eneffet,leportablen’avaitpascessédesonner.Unnuméroinconnuetpasdemessagemaisunappeltouteslesminutes,toutdemême!Jecomposailenuméroenquestion.Ondécrochaaussitôt.

–Liz,jevousremerciedem’avoirrappelée.–Margaret?

– Jevouspriedem’excuser,Liz, j’ai usédemes relationspour avoirvotrenuméropersonnel,maisilfallaitabsolumentquejevousparle.

Sa voix était chevrotante, elle faisait plus âgée. Et elle accrochait aussi sur certaines syllabes,commesiellen’étaitpasdanssonétatnormal.

–Margaret,vousallezbien?,demandai-je.–Ilafalluquejemedonneducourage,Liz,maisvoilàonyest.Pouvez-vousvenirmeretrouver

aprèsletravailàmonhôtel?

Comme je ne répondais pas, abasourdie –Bon sang, qu’est-ce qui m’attendait encore ? –, elleajouta:

–Liz,jevousenprie...

Sans riendire àDavidni àHelen, et aprèsun après-midi où je n’euspas àguetter les allées etvenuesdeSachapuisquecelui-ciétait reparti, jeme rendisdirectementà l’hôteloùMargaretavaitunesuite.Jefrappaiet,àlaréponsedeMargaret,j’entraidanslachambre.

Elle m’attendait, assise droite dans un fauteuil. Près d’elle, un verre rempli d’un liquidetransparent.

Elleaussicarbureàlavodka?

–C’estdel’eau,Liz,nevousenfaitespas,dit-ellequandelleremarquamonregardsursonverre.Jetiensàêtresobrepourcetteentrevue,ilesttempspourmoid’affronterleschosessansmedérober.Asseyez-vous,jevousenprie.

Je m’installai dans un fauteuil en face du sien mais, la chambre étant faiblement éclairée etMargaretétantassisedevantlafenêtre,sasilhouettefaisaitcommeunemystérieuseombrechinoisedouéedeparole.Jen’osaispasémettreunson.Jecraignaislepire.

–Jevaisvousraconterquelquechose,Liz,quelquechosedontjen’aijamaisparléàpersonneetquejesouhaitequevousgardiezvousaussisecrète.

Jehochailatête.

–Jeveuxvousraconterl’histoired’unejeunefemmeexubérantemaistriste,quiavaitbeaucoupdecharmes et beaucoup de succès auprès des hommes. Cette jeune femme était issue d’un milieumodeste et elle n’en faisait qu’à sa tête, l’argent l’attirait plus que tout. Elle était fascinée par leprestige,lepouvoir,l’opulence.Cettejeunefemmearencontrél’hommequ’ilnefallaitpas.

Jusqu’ici,çacollaitavecl’idéequejemefaisaisdelarencontreentreMargaretetM.Goodman.

–Unhommequiabusaitdesonpouvoir,quigravitaitdansleshautessphèresdelapolitique,quivoulait toujours plus. Et cet homme est tombé amoureux de cette jeune femme. Ils ont vécu unelongueliaison,maisçan’étaitpaslaseulequecethommeentretenait.Ilavait,enplusdesafemme,

plusieursmaîtresses,etilfallaitqu’ilsoittrèsprudentetdiscretcarilnedevaitpasmettreenpérilsesaspirationspolitiques.

Bon,là,jenesuivaisplus,jenesavaispasqueGoodmansenioravaitfaitdelapolitique.

Jem’apprêtaisàintervenirquandMargaretmesommademetaired’unpetitgestedelamain.

–Vous poserez vos questions ensuite, Liz. Laissez-moi continuer. Donc cet homme vivait cetteliaisonsecrèteaveccette jeunefemme,etcelle-ciestmalheureusement tombéeenceinte.Elleaprispeur. Parce qu’elle savait que l’homme serait prêt à tout pour éviter le scandale, y compris lessupprimer,elleetl’enfant.Elleadoncdisparu,aréussiàluiéchapperpendanttoutesagrossesseet,àlanaissancedesonfils,pour luiéviter toutmalheur futur,cette jeunefemmeaconfié lebébéàsasœur.

Le pire que je craignais n’est peut-être rien à côté de ce qui me pend au nez à la fin de cettehistoire...

–Maissasœurn’étaitpasbeaucoupplusfutéequ’elle.Ellen’étaitpasnonplustrèsclairvoyanteconcernantsesrelationsavecleshommes.Etellevoulaitàtoutprixmettreàl’abridubesoincepetitgarçondontelleavaitdorénavantlachargeetqu’elleconsidéraitcommesonfilsetqu’elleaimeplusquetout.

Margaretmarquaunepause,submergéevisiblementparl’émotion.

–Maiselleaussis’esttrompée,Liz,elleachoisilemauvaishomme.Richeetpuissant,certes,maisincapabled’amour,pourelleoupoursonfils.Capabledupiresurtout.

Ça,jem’endoutais,j’avaiseuunaperçudecedontilétaitcapableenmatièredeperversion...

Margaret,quisemblaitjusque-làparlerdanslevide,setournadirectementversmoi.

– Je n’ai pas su protéger Sacha, je n’ai pas su protégermon fils de son beau-père. Il l’a battucommeplâtre,Liz,etjen’avaispaslaforcenilesressourcespourm’enfuir.D’unecertainemanière,j’aiétébienpluslâchequemasœur.

J’étaisclouéesurplace, lesbrasm’entombaient,vraiment,quellefamilledecinglés!CommentSachapouvait-ilêtrecethommeaimantetattentionnéaprèsavoirvécuunetellehistoire.

–Margaret,vousêtesentraindemedirequeSachan’estpasvotrefils?Maisilm’aracontéunehistoirecomplètementdifférente.Commequoisonpèreétaitpartiavecvotresœurjustement.

–Liz,jevoulaisprotégerSacha.Jevoulaisqu’ilaitconfianceenmoi.Quelbienluiaurais-jefaitenluiracontantlavérité?C’estmonfils,jel’aitoujoursconsidérécommetel,jenevoulaispasqu’ilrechercheunpèrequiauraittentédelesupprimerouunemèrequiestsansdoutecomplètementfolle.

–Pourquoidites-vousceladevotresœur,Margaret?Vousn’avezplusdecontactavecelle?–Elleestvenuemetrouveraveclebébédanslesbras.Jenefaisquerépétercettehistoirequ’elle

m’a racontée. Je n’ai jamais voulu savoir, ni vérifier si ses propos étaient vrais. Mais elle étaittellementincohérenteàl’époquequejemegarderaisbiendecroirequetouts’estbienpasséainsi.Il

vautmieuxnepasfouillerlepasséparfois.–Nesesouvenirquedesbelleschoses,c’estça?,dis-jeen reprenantavec ironie lesproposde

Margaretquandellem’avaitconfiéqueSachas’étaitsouvenud’Allissonenseréveillant.

Margaretsecoualatête.

Pas simpledevivreavecsesmensonges tous les jours. Jecomprenaisqu'elleprenneparfoisunverredetrop.

–Margaret,comptez-vousunjourdévoilerlavéritéàSacha?–Non,non,paspour lemomentetpasmaintenantqu’ilaperdu laplupartdesessouvenirs. Ila

aujourd’huiunechancederecommencerunenouvelleviesanss’alourdirdupassé...–Alorspourquoimeconfiertoutça?–Parceque j’ai failli jusque-làà leprotéger.Je l’aimisentre lesmainsd’unbeau-pèreviolent,

d’undemi-frèrejalouxetd’unefiancéequicoucheavectousleshommes,ycomprissonfuturbeau-père!

Ellecriapresquecesderniersmots.

Bon,oui,là,toutlemondeestaucourant,pasdedoute.

–Liz,vousêteslapromessed’unevieheureusepourSacha.Jelesensdansmoncœurdemère.Etjeveuxenfinprotégermonfils,l’arracheràcettemeutedesauvagesqu’estlafamilleGoodman.

J’agitai les mains, désemparée. Ma tête était toute embrouillée, tout se bousculait. Margaret sepenchaversmoietpritmesmainsdanslessiennes.

–Liz,dit-elled’unevoixcalmeetrésolue,SachanesemarierapasavecAllisson,jelerefuse.Etjevaisvousaideràempêcherquecelaarrive.

3.MeilleurssouvenirsdeLongIsland

QuandjeracontaisàDavidquej’avaispasséunmomentavecMargaretetquecelle-civoulaitnousaideràempêcherlemariagedeSachaavecAllisson,ilfuttoutd’abordintrigué.

–Etpourquoicerevirementsoudainalorsqu’elleatoutacceptéjusque-là?,demanda-t-il.

Bonsang,Davidestmonmeilleurami,etjenepeuxrienluidire!

Jebaissaislesyeuxpouréviterd’êtretroplisibledansmonmensonge,quin’enétaitquelamoitiéd’un.

–Elleditqu’avecsonamnésie,Sachaaunechancederecommencerunenouvelleviequineseraitpas pleine demauvais souvenirs et elle veut empêcher qu’il renoue avecAllisson pour une bonneraison,ilmesemble,àcausedesaliaisonavecsonmari.Siçanesuffitpas!

–D’accord,convintDavid.Commentvoit-ellelachosealors?Vousenavezdiscuté?–Biensûr,répondis-je.Lemariagealieudansunesemaine,ilfautévidemmentqueSachasoitmis

au courant de tout ce que nous savons du complot avant ce jour. Elle suggère que je le rencontredemaindanssamaisondeLongIsland,àSouthampton.C’estlàqu’ilvitencemomentavecelle,enattendantlemariage.

–Bien,ilneresteplusqu’àcompilernospreuvesettelesrendrefacilementaccessiblespourquetulesluimontres.

Ilréfléchituneminute.Jenebronchaispas.Ilétaitbienplusfortquemoienmatièredelogistique.

– Je serais d’avis qu’onmette la vidéo d’Allisson et l’enregistrement audio dumécano sur unetabletteetqu’ongardeletémoignagedeRichardsouslecoude.Tuluienparleras,évidemment,parcequ’il est en lui-même une preuve de fiabilité et qu’il est en mesure de confirmer de vive voixl’implicationdeNataliamaisce seraàSachadechoisirde luiparlerounon.Ce sontdesamis, jecroisqu’ilnefautpasl’oublier.

Nepasoublier,serappelerde tout, toutprendreencompte,etmettredecôté lesémotionset lessentiments alors même que Sacha se souvenait de pas grand-chose, j’avais comme l’impressiond’êtreunéléphantdansunmagasindeporcelaine...

JelouaiunevoiturepourmerendreàSouthampton.C’étaituntrajetdeplusdedeuxheuresetjecomptaissurcetempspourbienpeaufinermonapproche.Maiscefutuneconcentrationbiendifficilecarjetremblaiscommepourunpremierrendez-vousamoureux.

Margaretm’avaitinvitéeàmeprésentervers17heures.Jetrouvaifacilementlamaisonquifaisaitpartiedesquelquesanciennesbâtissesdeborddemer,unpeuisoléesmaismajestueusesettypiquesdecetendroitdel’île,avecleurspasserellesdeboissurvolantlesdunespourconduireleshabitantssurlaplagedéserte.

Margaretguettaitmavoitureetsortitmerejoindredèsquejemegaraidansl’allée.

–C’estunesuperbemaison,Margaret.–C’estmonrefuge,Liz.Monmarimel’aofferteaudébutdenotremariage.Ilnevoulaitpasêtre

ennuyéparSachaquiétaitencorebébéàl’époque.Unemanièredesedébarrasserdecequilegênait,déjà.Mais c’est ici queSacha etmoi avons partagé les plus beauxmoments et cettemaison est lanôtre,c’estpourquoij’aidécidéqu’ilvalaitmieuxpourluiqu’illogeicipourlemoment.C’estunlieupropiceauxbonssouvenirs.

Et moi, j’arrivais comme un cheveu sur la soupe pour lui rafraîchir la mémoire avec dedésagréablesnouvelles...

Maisnon,jesuislàaussipourluirappelerdebelleschoses...Notreamour!

–Jevaisvouslaissertouslesdeux,Liz.J’aiprévenuSachaquequelqu’unviendraitlevoir.Jevaisallermarcherjusquechezunevoisineoùjeresteraiquelquesheures.

Ellemepritparlesépaulesetmeserracontreelle.Jefustoutd’abordsurpriseparsonétreinte,puisjemelaissaiaussialler.Aprèstoutj’étaistendue,j’avaismoiaussibesoinderéconfort.

–J’aiconfianceenvous,Liz.Sauvez-le,sauvez-nousdecettemascarade...

Puisellem’expliquaoùse trouvaitSachaetcomment l’y rejoindre,et je la regardaidisparaîtred’unpasprécautionneuxauboutdel’allée.

Jenem’étaispasparticulièrementapprêtéepourretrouverSacha.Jevoulaisqu’ilsesouviennedelaLiznaturellepourquiilavaiteulecoupdefoudreàParis.Unjean,unchemisierfinementfleurietdes ballerines en cuir comme de jolis chaussons de danse. Les cheveux lâchés, et pas besoin demaquillage, le tracm’enflammait les joues.Margaretm’avait dit qu’il était sur la plage.Depuis laterrasse,j’empruntailapasserelleenboispourpasserlesdunes.Aubout,surunesortedeponton,jem’arrêtai.

Sachaétaitàcinquantemètresdelà,surlaplage,marchantcalmementens’appuyantsursacanne.

Sacha,rienquetoietmoi...

Et commes’il avait entendumonappel silencieux, il s’immobilisa et se tournaversmoi.Etmesourit.Puisillevalamaindansungesteincertain,presqueincontrôlé.

Le cœur prêt à me sortir de la poitrine, les jambes comme de la guimauve, je descendis lesmarchesjusqu’ausableetmeretinsdecourircommeunedémenteversl’hommequej’aimais.Etquim’attendait,toujourssouriant,leregarddoux.Àquelquesmètresdelui,ilmetenditlamainetjelaserraifortentrelesmiennes,aussitôtprisedetremblementsprochesdelaconvulsion.

Etiléclataderire.

–Jecroisquetumefaisautantd’effetquej’ail’airdet’enfaire,Liz,dit-ilensouriant.Etjenesais

paspourquoi,maisjecroisqueçamefaitdubien.

Etàmoi,Sacha,situsavaisàquelpointcesimplecontactmefaitdubien...

–Sacha,commentvas-tu?,demandai-jed’unevoixaffectueusesanslelâcher.

Iln’avaitpasl’airsurprisdemevoir.Plutôtheureuxmême.

–Ehbien,jevaisbien.Lacanne,c’estpourleconfort,tusais.Jen’aiaucunedouleur,c’estplutôtpourmerassurer,l’amnésiemedonnel’impressiond’unvertigeconstant.

J’avaisenviedeprendresonvisageentremesdeuxmains,tendrement,etdel’embrasser...encoreetencore.

–Ça va peut-être te paraître étrange, Liz,mais quandmamèrem’a dit que j’allais avoir de lavisite,j’aiespéréquecesoittoi.Jenesaispaspourquoi,j’avaisenviequetuviennesmevoir.

Jeserraisamainencoreplusfortetluiadressaiunsourirequejevoulusleplusparlantpossible.

Regarde-moi,jet’aime,Sacha...

Illevalamainversmonvisagepourrepousserunemèchedecheveuxderrièremonoreilleetjefermailesyeux,retinsmarespiration.Constatantmaréaction,Sachaimmobilisasamain,inclinalevisage.

–Liz,depuisl’autrejouraubureau,j’entendstavoixdansmatêtedefaçoncontinue,jeterassure,çan’estpaslaseulequej’aientête,maisc’estlaplusdouceentouslescas.

MonDieuetdirequej'allaisdevoirbrisercemomentidylliqueavectoutesceshorreurs!

–Sacha,je...–Non,attendsLiz, jeneveuxpasquetuteméprennes, jesensquejepeuxêtresincèreavectoi,

tout te dire. Ici, jeme sens en sécurité pour laisser resurgir des émotions quime rapprochent decertainssouvenirs.Tusais,parexemple,jesensqu’ici,mamèreestbienetc’estuneautrevoixd’ellequej’entendsaussiparfois,uneautrevoixquimefaitpeur,ellepleure,ellecrie.Toi,c’estcommesitumemurmuraistoujoursdoucementàl’oreilledepuisl’autrejour.

Jelevaiversluimesyeuxdébordantdelarmes,j’avaistoujourssamaindanslamienne.

–MonDieu,Liz,qu’est-cequ’ilsepasse?

Etsoudain, ilnesutplusquoi faire, jesentissonélanversmoi, l’enviedemeprendredanssesbras,puissaconfusiondevantcetélan,laviolencequ’ilsefaisaitàseretenir,puisilcédaetm’attiracontrelui,m’étreignantfortcommes’ilvoulaitfaireentrermoncorpsdanslesien.

–Maisqu’ai-je fait,Liz, t’ai-jedoncfaitquelquechose?Quelhommesuis-jedonc?Jenesaisplus.Jeneressensaucuneculpabilitéàêtreattirépartoi,àvouloirteserrercontremoi,alorsquejevaisépouserunefemmequej’aime.

Je le repoussai, pas brutalement, mais juste assez pour pouvoir lever mon regard vers lui etplongermesyeuxdanslessiens.

–Sacha,tuaimesvraimentAllisson?,demandai-je.

Ilparutréfléchiravantderépondre.Sesyeuxfuyaientlesmiens.Puiss’yreplongèrentd’uncoup.

–Jenesaispas,Liz,merde,jenesaispas.Ilm’asembléquecemariageétaituneévidencequandjemesuisréveilléettoutlemondeparaissaittellementraviparcetteperspective!QuandjesuisavecAllisson,elleestattentionnéeetaimantemais jen’entendsquedescrisdansmatête...et jen’aipasenviedelaserrercontremoicommeavectoi,ajouta-t-ilavantdem’étreindreànouveau.

C'étaitlemoment,ilfallaitquejemelance.

JemedégageaidoucementetposaimesmainsàplatsurletorsedeSacha.

–Ilyauneexplicationàcela,Sacha.

Ilparaissaitsavourerlecontactdemesmainssursapoitrine.

Vas-y,Liz!

Maisjen’euspasletempsdedireunmotqu’ilm’embrassaitpassionnément,sesdoigtsdansmescheveux, puis il s’écarta d’un coup, se prit la tête à deuxmains et se laissa tomber dans le sable,abattu.

–Maisquelhommesuis-jedoncpourfaireunechosepareille,Liz?Dis-moi,toi,quelhommejesuissitulesais,jet’enprie!

Levoirsouffrirainsim’étaitinsupportable,jem’accroupisàcôtédeluietmerecroquevillaisursoncorpspourleprotéger.

–Sacha,jevaistedirequitues,jetelejure,jenetementiraijamais,maisilfautquetum’assuresd’abordquetuasconfianceenmoi,dis-lemoietjetediraitoutcequifaitdumalmaiscequiteferadubienaussi,ettoutseravrai,jetelejure.

Latêtetoujoursbaissée,sesdeuxmainsm’attrapèrentpourmeserrerplusfortcontrelui.

–J’aiconfianceentoi,Liz,dis-moitout,j’enaibesoin,jesuiscomplètementperdu.–Emmène-moidansunendroitoù tu te sensen sécurité,où tuas l’impressionque tunecrains

rien,chuchotai-je.C’estlemomentdevérité.

Nousquittâmeslaplagemaindanslamain,doucement,ilnefallaitpasbriserceliensiprécieuxquivenaitdeserenouer.Àunmoment,jefusprisedepaniqueàlapenséedel’épreuvedécisivequinousattendaitetunsanglotmeremontadanslagorge.Ils’arrêtapourmemurmurer.

–Moiaussij’aipeur,Liz,maisonestdeux.Onnecraintrienl’undel’autre,n’est-cepas?

Jesecouailatête.

Sachameconduisitàl’étagedelademeure.Devantuneporte,ilmarquaunepause.

–Tunetemoquespas,hein?,dit-ilavecunpetitsourire,histoirededétendrel’atmosphère.C’estmachambredejeunehomme.

Rien de très rebelle dans cette pièce qui avait été débarrassée de ses posters d’ado. Il Restaitquelquesphotospunaisées,destrophéesdediverssports,unmobilierunpeuplusmodernequeceluidurestedelamaison.

Ils’assitsurlelit,m’invitaàm’installeràcôtédeluietmepritànouveaulamain.

–Jet’écoute,Liz,dis-moitout.Tout.

Et je luidis tout.Depuis ledébut.Notre rencontreàParis, la façonautoritairequ’ilavaiteuederentrerdansmavie, toute la joieet lebonheurqu’ilm’avaitapportésetquenousavionspartagés,monarrivéeàNewYork,notrevoyageauJapon.Ilécoutasansm’interrompre,riantenmêmetempsquemoi,souriantdevantmonair rêveur, fronçant lessourcilsenapprenantquellehabitude ilavaittoujourseud’éviterdes’engager.Nousétionscommedeuxadolescentsapprenantànousconnaître.

–Sacha,c’estlabellehistoirelanôtre,maiscedontjesuisvenueteparleraussiaujourd’huin’ariend’agréable.Ilfautquetusachesquetamèrem’afacilitécetteentrevueparcequ’ellevoulaitquetuconnaisseslavéritésurtonaccidentetcequit’attendlesprochainsjours.

Jesortislatablettedemonsacàmain,laposaisurmesgenouxetl’allumai.AuvisagedeSacha,jecomprisqu’ilsepréparaitaupire.

–Sacha,crois-moi,jem’enveuxd’êtrecellequidoitteparlerdetoutcela.–Jetefaisconfiance,Liz,jetecrois.Continue.

Je lui parlai alors de notre séjour à SaintMartin. Il eut l’air abasourdi d’apprendre que jemetrouvaislà-basaveclui.Jeluiracontaicequ’ilm’avaitditd’Allissonlorsdenotrepromenadesurlaplage, qu'elle l'avait trompé. Ce que moi-même j’avais vu lors de notre soirée auWaldorf de saliaison avec Ethan. Et même de la discussion que j’avais eue avec Natalia quand celle-ci m'avaitdemandé dem'éloigner deSacha pour laisser la place au retour d'Allisson. Puis, je luimontrai lavidéo,etluifisécouterletémoignagedumécanicienincriminantAllissondanslesoi-disantaccidentdehors-bord.

Quand j’eus fini l’exposition des preuves, à moitié en sanglots mais sans jamais détourner leregard, Sacha se prit à nouveau la tête dans lesmains et je crus l’avoir complètement perdu. Leslarmescoulèrentsoudainavecplusdeforce.

Sachaseredressa.

–Liz,nepleurepas,jet’enprie.–Maisjem’enveuxtellementdetefairecettepeine.Pourtantjen’avaispaslechoix.

–Jesais,etjetecrois.Pasunesecondejenedoutedecequetuviensdemedire.Jelesenslà.

Ilpritmamainetlaposasursoncœur.Sonenviedem'embrasserétaitpresquepalpable.

Je restais figéesurplace, lesbattementsdesoncœurparaissaient résonnerdansmesdoigts,mapaume, puis remonter le long de mon bras, et mon cœur se mit au diapason du sien. Nos yeuxplongeaientdansleregarddel’autreetplusrien,uneseconde,nesemblaplusimportantquecelienquisenouaitentrenous.

–Liz,moncorpsmeditquecequinouslieestuneévidence.Etlessouvenirsnesontpeut-êtrepaslàmaistuvisenmoi.Toutmoncorpsréagitàtaprésence.

OhSacha...commec’estbondet’entendredireça.Jeteretrouveenfin!

Je me détendais progressivement, ma respiration s’apaisait et les larmes se tarirent. J’osai luisourire.

–Commetuesbelle,Liz.Entedisantça,j’ailesentimentd’entendremavoixrésonnercommesijetel’avaisdéjàditsisouvent.

Lamainquinetenaitpaslamiennecontresoncœurmecaressala joueet jefermailesyeuxdeplaisir.Jem’abandonnaicomplètementàsadécouverte.Sonpouceeffleuralégèrementmeslèvreseten suivit le contour, se pressant doucement contre elles. Etmoi aussi, j’osai enfin faire ce que jecrevaisdefairedepuistoutàl’heure,jeposaiégalementunemainsursonvisage,sursespaupièrescloses. Jeme rapprochai unpeude lui etmepenchai vers sonvisage. Je sentis son souffle et sonodeurs’échappantducoldesachemise.J’embrassaialorssoncou,desbaisersaériensdéposésçàetlà,commepourlebutineretretrouversongoût.

–Liz,Liz,Liz,jesaisetjesuissûr,c’estbientoi.–Oui,Sacha,jesuislà,c’estmoi,jeneteferaiaucunmal,jeveuxjustet’aimer.

Etcommesilemotétaitunesortedeformulemagiquequilelibérad’uncoup,ilpritmonvisageentre sesmains etm’embrassa brutalement, à la recherche sans doute de cet amour qui lui auraitmanquécommel’oxygènedepuissonaccident.

Seslèvresétaientvelouteusesetsauvages.Ellesétaientcequ’ilétait,unmélangedetendresseetdeforceetlesbaisersqu’ellesdonnaientparlaientautantdesonsentimentquedesondésir.

Mon Dieu, comme c’était bon, comme ses baisers m’avaient manqué, comme cela avait étédouloureuxdetairemonamourtouscesjours...

J’avaisfaimdesonparfum,del’airquisortaitdesabouche,desesdoigtsdansmescheveux,desabouchecontre lamienne,dugoûtdesasalive,de lamoiteurdesasueur.J’enavaisétéprivée troplongtemps.

Nosdentss’entrechoquaienttantnosbaisersderetrouvaillesétaientempressés.Sesmainsétaientpartoutsurmoi.Lesyeuxfermés,ilparcouraitmoncorpsàl’aveuglette,cherchantsansaucundoute

àranimerdessouvenirs,maislessensationsétaientlà,aumoins.

–J’aidéjàressenticela,Liz.Mesmainstereconnaissent.Cedésirsifortpourtoi,ilnemefaitpaspeur,j’ail’impressiondemeréveillerd’unlongsommeiloud’arracherdessanglesautourdemoi.

Ilmangeaencoremeslèvres,s’écartademoiunesecondepourmeregarderdroitdanslesyeuxetsoulignersesparoles.

–Tun’imaginespascombientumefaisdubien,Liz...

Toinonplus, tune sauras jamaisdequellemanièremondésirde toimedévaste, jenepeuxpaslutter...

Ilyeutuntempssuspendupendantlequel,nosbouchesgonflées,nousnesûmesplusvraimentcequ’ilfallaitfaire.

–C’estcommeunepremièrefois,murmura-t-ilensepenchantpourreprendrenosbaisersmaissesmainsselevèrentversmonchemisier.

Jedéglutis,j’avaispeur,oui,c’étaitbiencommeunepremièrefois.Ildéboutonnalentementmonchemisier, mes seins se soulevaient sous le coup de ma respiration affolée. Il écarta les pans duvêtement,sepenchaversmoipourdétachermonsoutien-gorge.Jenebougeaipasd’unmillimètre.Puisilsedébarrassadesvêtementsdéfaitsetsereculapourmecontempler.

–Commentaurais-jeput'oublier?,chuchota-t-il.

Sesdoigtsdessinaientsurmapeaudesbouclespartantdemesépaulespours’élargirjusqu’àmesmamelons.Jemecambraidevantlui,j’avaistellementenviedesescaressespasséesquemonventremefaisaitmald’attendre.

Duboutdesdoigts, il frôlamesmamelonstendus.Jelaissaiéchapperungémissement.Sesdeuxmains posées sur ma poitrine, il alternait fermeté et effleurement, il avait besoin de sentir mesvolumesautantquedesavourermesfrissons.Unseindanschaquemain,lespoucesroulantsurleurbout,ilsepenchapourvenirléchermeslèvres.

–Mmm,tongoût,tapeau,tonsoufflequandtuesexcitée,jemerappelle...

Jusqu’àprésent,jem’étaislaisséefaire,parcequejenevoulaispasqu’ilsesenteagresséparmondésir,maisj’avaisenviedeletouchermoiaussi.Etcommes’illisaitdansmespensées,ilsouffla:

–Touche-moi,Liz,jet’enprie,touche-moi,jen’aipaspeurdetoi.

Moi aussi, je lui ôtai sa chemise que je déboutonnai un peu plus vitemalgré tout.Moi aussi jecommençai tout d’abord par englober demes paumes l’arrondi de ses épaules, pour retrouver sacarrurevirile,puissentirsonodeurdanslecreuxdesclavicules,passerlamainsurladiscrètetoisondesontorse,l’effleureraussidemeslèvres.

Les mains de Sacha parcouraient mon dos nu et, quand, du bout de la langue, j’encerclai sesmamelons,jelesentissetendretoutentieretémettreungeignement.Ilmeredressad’uncouppourmebasculersurlelitetmedévorerlesseinsàpleinebouche.

Sapeaucontrelamienneétaitunesensationsidélicieusequequelqueslarmescoulèrentsurmesjoues,deslarmesdejoieetd’apaisement.Malgrélasituationet l’absence, toutétaitsinaturelentrenous.

Nousroulâmesd’uncôtépuisdel’autre,noslanguesluttantfurieusementenunbaiservorace,etquandnousreprîmesnotresouffle,Sachasourit.

–Liz,Liz,tumelibères,c’estdetoidontj’avaisbesoin,c’étaittoiquej’attendaissurcetteplage!

Je lui souris, je ne trouvais plus de mots pour exprimer mon soulagement. Cet échange duraquelquessecondesavantquelesmainsdeSachareprennentleuraventuresurmoncorps,sousmonregardconfiant.

Ilcaressamonventreetm’interrogeasilencieusementdesyeuxavantdedéboutonnermonjean.Jelelaissaifaireetildéfitmonpantalonpuisfitroulermapetiteculotte.

–Attends,dis-jealorsqu’ilallaitreprendresescaresses.

Jem’agenouillaietfislesmêmesgestesquelui.Nousétionsnusàprésentsurlecouvre-litdesonadolescence.Allongésdecôté, lesyeuxdans lesyeux, siproches l’unde l’autreque je sentais sonsexetendubattrecontremonventreetnousnoustouchionscommeoncâlineunchat.Nousrefaisionslentementconnaissanceaveclecorpsdel’autre.

LamaindeSachasavaitoùalleretsoncontactétaitceluid’unhommeexpérimentéquisavaitfaireconvergermonplaisirendiverspointsdemoncorps,s’emparantdemesfesses,puisjouantaveclapointed’unsein,oubiensurvolantd’abordmonsexeavantd’yplaquerlapaumeetd’yfaireglisserundoigt.

–Tuastoujoursétécommecelaavecmoi,Liz,n’est-cepas?–Oui,oui,gémis-je.Oui,j’aitoujourseuenviedetoi.

Je savais que malgré sa propension naturelle à tout contrôler, Sacha savait aussi en pareilsmomentsselaisseraller.

C’était lapremière foisque jepouvaisdiresanshonteque j’aimais le sexed’unhomme,que jen’éprouvaisaucunegêneàleconsidérer,meregarderlecaressersurtoutesalongueur,etj’acceptaisqueSachameregardefaire.Cetteconfianceetcetteintimiténepouvaientêtrefeintes.

Jemecouchaisur luipour l’embrasser,descendis le longdesoncorps touten leparcourantdecoupsdelanguepuis,parvenueàquatrepattesentresesjambes,jerelevailatêteverslui.

–Sacha,soufflai-jesimplementavantdeportermeslèvresàsonérectionetdelacâlinerduboutdelalangue,avantdelaléchersurtoutesalongueur.

–Liz...,gémit-ilencaressantmescheveuxquicouvraientsonventre.

J’auraispuledévorertoutentier,rienquepourlegardertoutentieràmoi.Àjamais.

Leplaisirquejeprisàavalersonsexe,àenentourer lesommetdemalanguetoutenjouantdemes doigts sur l’intérieur de ses cuisses, égala presque celui de l’orgasme.Mabouche n’était quel’échodemonventre,aussihumide,aussigourmandedecethomme.

Ils’assitd’uncoup.

– Liz, je veux que nous ayons du plaisir tous les deux, je veux retrouver cemoment avec toi,chuchota-t-ilenm’attirantàlui.

Ilm’allongeaetplanaunmomentau-dessusdemoi,sonérectionfrôlantmonpubis.Nosyeuxnesequittaientpas.Puis j’eusunesecondede luciditéetmepenchai rapidementpour tirermonsacàmaindusol.Ileutl’airintrigué.

–Je... j’ai toujours...enfindepuisquejeteconnais, jecroisquej’ai toujoursunpréservatifdansmonsac,aucasoù...enfin,ilfautdirequ’onavaitsouventenvietoietmoi...

Jemesentaisbêteàmejustifiermaisaprèstout,ilneserappelaitpastout,n’est-cepas?Ilmefittaireenm’embrassantetmepritl’étuiargentédelamainpourl’ouvrirtoutdesuite.

–Tusaisquoi,Liz?Ondiraitvraimentuneadolescente, là...,memurmura-t-il à l’oreille.Maisaprèscequetuviensdemefaire,jetedonneraisunpeuplusdedix-huitans.

J’étouffaiunpetitriredanssoncouetilrepritpossessionavecpassiondemoncorps.Non,iln’yavaitaucundoute,nousétionsbiendesadultes.Nousbasculâmessurlecôté,l’unfaceàl’autreetnoscuisses se chevauchèrent pour rapprocher nos sexes sans que nos regards ne s’éloignent l’un del’autre.

Son sexe appuyait maintenant contre le mien, déclenchant un début de jouissance sans aucunmouvement.

–Jeveuxtevoir,Liz,jeneveuxplusoublier.

Ilavança leshancheset jesentismonsexes’ouvrirpourenserrersonérection. Ilprogressaparpetitespoussées,toutenpassantundoigtentremeslèvresentrouvertescommepourmerappelerlesouvenirdesonsexedansmabouche.

C’étaitunhomme,pasamnésique,pasadolescent,non,justeunhomme,quisavaitetquisentaitcequim’excitaitetmefaisaitjouir.Ilfaisaittournersonbassin,enfoncémaintenanttoutàfaitenmoi,jesentais toute la longueur de son sexe dans le mien qui m’appartenait autant qu’il me possédait.Roulantégalementdeshanches,jefrottaismonclitorissursacuisse.

–Liz,Liz,jeveuxtevoirjouir,jeveuxt’entendre...

Savoixavaittoujourslemêmepouvoirérotiquesurmoi.Noustanguionsl’uncontrel’autre,l’unaufonddel’autre,etquandsondoigtquittamaboucheetquesamainseposasurmonseinpourenpincer lapointedéjà tendue, j’écarquillai lesyeuxdesurpriseetsentis toutmonventres’ouvrir telunefiguetropmûreetleplaisirserépandreenmoi.

Unrâlem’échappa.Jecrusuninstantquej’allaisbrisermondostantjemecambrai,maisSachamerattrapaalorsquej’avaisl’impressiondechuter,et,s’enfonçantencoreplusloindansmonsexeruisselantdeplaisir,iljouitenpoussantuncrirauqueetlibérateur.Etsansdouteseréveillait-il,danscettejouissancequenousvenionsdepartager,d’uncauchemardeplusieursjours.

4.Qu'ilparlemaintenantousetaiseàjamais

J’ouvrislesyeuxausond’unemusiqueclassiqueprovenantdurez-de-chaussée,commelabandesond’unrêve.

Çapourrait,maisçan’enestpasun...

ParcequeSachaétaitbienallongéprèsdemoi,levisagedétenduetquelapremièrechosequ'ileûtfaitaprèsavoirouvertlesyeuxfutdemesourire.

–J’aieupeurquecenesoitqu’unrêve,chuchota-t-ilenmecaressantlevisage.

Jemeblottiscontreluietmemisàtremblerdetoutmoncorps.

–Quesepasse-t-il,Liz?– J’ai peur, Sacha, vraiment. Je suis terrorisée à l’idée de te perdre encore une fois. Je suis

terroriséeparcequinousattend.Jecroisque je relâcheaussi toute lapeurque j’aiaccumuléecesderniersjours.

–J’aipresquedelachancedenepasmesouvenirdetout,n’est-cepas?

Jel’embrassaidoucement,plongeaimonregarddanslesien.Jedevaistranspirerl’amourpartouslesporesdemapeau!

–TutesouviendrasSacha,j’ensuiscertaine,ettuasgardélemeilleur,àdéfautdesimages,ilterestelesémotionsetlessentiments.Jamaisnousnenousserionsretrouvéssanscela.

Ilm’attiracontreluipourmeserrertrèsfortetj’enfouismonvisagedanssoncoupourm’enivrerdesonodeur.

Et maintenant, qu'allait-il se passer ? Qu’allions-nous devenir ? Comment affronter la familleGoodman,AllissonetNatalia?

– Je croisquenousdevrions aller rassurermamère,ditSacha.Etprendre le tempsdediscuteravecelledelamanièredeprocéderpourmesortirduguêpierdecemariage,ajouta-t-il.Ainsiquedel’attitudequenousallonsdevoiradopterlorsdesprochainsjours.

J’acquiesçaietmeserraiencorecontreluicommesic’étaitladernièrefois.

Mais à partir de ce jour, ce serait tous les jours la dernière et chaque fois que nous ferionsl’amour,toujourslapremière...

La peur de te perdre encore, Sacha, et le bonheur d’être avec toi, tout cela transforme notrehistoire.

Margaretnousattendaitdanslesalon,assisesurlecanapé,levisagetournéverslamerau-delàdelafenêtre.Sachaetmoidescendîmesl’escalierdiscrètement,commedeuxadolescentssurprispardesparents–cequiestunpeulecas,finalement...–puisnouslarejoignîmesennoustenantlamain.

Ellesetournaversnousetunsourireapaisésedessinasurseslèvres.Sachasepenchaversellepourl’embrasseraffectueusementsurlajoue.

–Merci,maman.Mercidemepermettredemesouvenirdecequiestimportant,dit-il.

ElleposalamainsurlebrasdeSacha.

–Sacha,tucomptesplusquetoutpourmoi.

Puissetournantversmoi,elledit:

–Alorsquelleestlasuitedesopérations?

Jehaussailesépaules,j’avaisquandmêmebeaucoupfournid’effortsderéflexionetdemaniganceces derniers jours, et j’avais vraiment envie de passer le relais. Sacha était de retour, non ? Sonamnésieneleprivaitpasdesonintelligence,j’avaisconfianceenluicommeilm’avaitfaitconfiancequelquesheuresplustôt.

–C’estdemaviedontils’agit,ditSacha.MaintenantqueLizm’aapportélespreuvesnécessairespour que je prenne une décision, c’est à moi de choisir de quelle manière je veux empêcher cemariage.

Etdémasquerlescoupables,Sacha!

– Cela ne se fera pas sans dommages, commenta Margaret. Il te faudra montrer certainespersonnesdudoigt.

–Évidemment,maman,c’estpourquoiilfautéviterquecespersonnessedoutentdequelquechose.

Ilsetournaversmoietmecaressalajoue.

–Liz,ilvafalloirqu’onprennenotremalenpatience.Fais-moiconfiance.

Je repartisavecdifficultédeSouthampton,decemomenthorsdu tempsetmiraculeuxquenousvenionsdevivre.Jen’arrivaipasàmedétacherdel’étreintedeSachaetnousrestâmesainsienlacéspendant plusieurs minutes près de ma voiture avant que je parvienne à le quitter. J’avais à peineparcouruquelqueskilomètresquelapeuretlesdoutesreprirentpossessiondemespensées.

Etsi toutçanevenaitpasdesepasser?Etsi lebeau-pèredeSacha,sondemi-frèreetAllissontrouvaientunmoyendecontrernospreuves?Etsilemariageavaitlieu?EtsiSachayétaitobligépourjenesaisquelleraison?S’illuiarrivaitencorequelquechose?Ouàmoi?Ouànousdeux?EtsiMargaretnoustrahissait?Etsi...etsi...etsi...?

Je serrai les deuxmains sur le volant, il fallait que jeme reprenne et que je fasse confiance à

Sacha.

Nousnoussommesretrouvés,bonsang!Ilm’afaitconfiance,pourquoisuis-jedoncincapabledemefieràlui?

Parcequeçanedépendaitpasquedelui,parcequej’avaispeurquetoutecettehistoirem’échappeencoreunefois...Oui,maispourquoi?Pourquoitoujourscettepeurdeleperdre?Elleétaitjustifiéeparlesderniersévénements,c’estsûr,maisiln’yavaitpasqueça.Jenecroyaispasencettehistoire,c’étaitçaleproblème!Etpourquoidonc?Parcequejen’arrivaispasàcroirequej’avaislachancequ’unhommecommeSacha,unhommebeau, intelligentet riche,quiavait toutpour lui,aimeunefillecommemoi,ordinaire,passophistiquéepourunsousionneladéguisaitpas,passuperbrillantenonplus...Bon,jedevaiscesserdepensercommeça,ouautantsortirderoutetoutdesuite...

Sacham’aime!Saconfianceenestlaplusbellepreuveetlafaçondontilmefaitl’amouraussi.Alorsducalme,ducalme...

Etçan’étaitqueletrajetduretour.Onétaitvendredisoir,leweek-endallaitmeparaîtrelong.Etjen’auraisjamaisimaginéàquelpoint.

–Est-cequ’onpeutprendrelepetitdéjeunerendiscutantsansqueturegardesautrechosequetonportable?,grommelaDavidlelendemainmatindanslacuisine.

J’avaiseudumalàtrouverlesommeil,oscillantentreladouceurdusouvenirdesquelquesheurespassées avecSachaet toutes lesquestionspaniquéesque jenepouvais empêcherde faire resurgir.Alors j’avais des valises sous les yeux, le teint pâlot, les cheveux comme de l’étoupe à force dem’êtreretournéedanslelitetj’étaisincapabledemeconcentrersurautrechosequemontéléphoneetsonabsencedemessagesoud’appels!

Ma tante et son amoureux débarquèrent dans la matinée, tous les deux pimpants, heureux etensemble ! J’avais longuementdiscuté avecMaddie laveille, àmon retourdeSouthamptonet elleparaissait tout à fait confiante en mon avenir avec Sacha. C'était au moins une personne qui nestressaitpas!

–NoussommesallésprendreunbreakfastchezTiffany’s,déclara-t-elled’untonjoyeux.–SuperAudreyHepburn, etquel est leprogrammede la journée?,demandai-jeenessayantde

m’imprégnerdesagaieté.–Shopping!s’exclamaMaddiecommeunegamine.

Nouséclatâmestousderire.

Donc ce fut shopping l’après-midi, dîner de fruits de mer le soir, un club de jazz ensuite. Jem’obligeaisàprendrequelquesverrespourmepousserausommeilenprenantbiengardedenepassombrerdansl’ivresse.Etcetéléphonequinesonnaitpas...

Sacha,quefais-tu?Avecqui?

– Fais-lui confiance, Liz,me rassuraDavid le dimanchematin. Il doit prendre des précautions,

c’estnormal.–Hmmm,fis-jeenmeretenantdepleurerdedésespoir.

Etsicequis’étaitpassévendredinevoulaitriendire?Sic’étaitunjeudesapart?Ets’ilavaitdéjàtoutoublié?Ets’ils’étaitmisàdoutertoutsimplement?Voilà,c’étaitreparti...

Montéléphonebipal’arrivéed’unmessagealorsquej’étaissousladouche.Jerestaiunmomentpétrifiée puis pédalai sur place dans la cabine pour sortir le plus vite possible, manquant de mefracasserlecrânesurleborddulavabo,rienquepourlirecemessagedeMargaret:[Tumemanquestellement,Lizchérie.]

DeMargaret?

Laboucheouvertedesurprise,jenebougeaipas,puisunsecondmessagearrivadanslafoulée:[C’estSacha.Jeviensdepiquer le téléphonedemamèredanssonsaccommeunsalegamin:-)Jet’appelleplustard,Liz.<3]

Sachaquim’envoieunmessageavecunsmiley...Sonamnésiel’aunpeuchamboulé,disdonc,maiscommec’estmignon...

MaddieetMarkréapparurentendébutd’après-midietnousoccupâmes le restede la journéeenvisitesdemusées.Jesoupçonnaisquematanteessayaitdem’épuiseretdeparasitermespenséesdetouteslesfaçonspossiblespouréviterquejemefassedumauvaissang.Etenfindejournée,jedusreconnaîtrequ’elleavaitgagné.

–Merci,matanteadorée,luidis-jeenposantunbaisersurlajoue.

Mon téléphone sonna alors que j’étais déjà couchée, tenant l’appareil contre moi comme undoudouetpriantintérieurementqueSacham’appelle.EncoreunefoislenumérodeMargaret.

–Liz,c’estmoi,ditaussitôtSacha.–Sacha,soufflai-je.Sacha,jemesuisinquiétée.Commentvas-tu?

Ileutunpetitrire.

–Jemesenscommeunespionaumilieudestraîtres,ondevraitmedécernerl’Oscardumeilleuracteur...maisc’est fatiguant,Liz,si tusavais. Iln’yaque laperspectivede te retrouverquimefaittenir.Jesuisdésolédenepast’avoirdonnédenouvellesplustôt,maisAllissonestbiendugenreàconsulter mon portable dans mon dos et j’ai été complètement accaparé par ma chère future ex-épousepourlespréparatifsdumariage.

Moncœurcessedebattre.

–Jepeuxt’assurerqu’àvoirAllissonseréjouirdetoutcela,delacérémonie,delaréception,delalistedesinvitésetsurtoutdesarobe,jesuisravideluisaperlafête.

–Tucomptesallerjusqu’àlacérémonie,Sacha?demandai-je,angoissée.

Ets’iloubliaitdedire«non»aubonmoment!

–Liz,crois-moi,jeveuxqu’iln’yaitaucundoutepourtoutlemondeetquelescoupablessoientdémasquésenpublic.

Jen’arrivaiplusàparler.

–Liz, je t’enprie,n’aiepaspeur,c’estavec toique j’aienvied’êtreetabsolumentpasavecunemondainequialefeuauxfesses.Jeveuxmesortirdecettefamillededingues...

– C’est amusant, enfin en quelque sorte, parce queMaddie parle d’Allisson comme ça et c’estexactementcequejepensedetafamille,enfinpasdetamère,biensûr.Quandsevoit-on,Sacha?,nepus-jem’empêcherdeluidemander.

–Aubureau,sûrementmardi.–Aubureau,tureviensdéjàtravailler?Tuessûrquecen’estpastroptôt?Etlebureau,enfinje

veuxdire,çan’estpasvraimentl’endroitquej’imaginaispourqu’onseretrouve.–Jenerevienspascomplètementmaisjepasseraiplusieursfoisdanslasemaine.Ilfautquejevoie

HelenetDavidpourorganisercequej’aiprévu.–Dis-moi!–Liz, laisse-moifaire, jet’enprie,concentre-toisurtontravailetsurlefaitquepersonnenese

doutederiendenotreentrevueetdel’implicationdemamère.Tuenasdéjàfaitbeaucoup,machérie.– D’accord, mais c’est dur, j’ai encore peur qu’il t’arrive quelque chose et tu me manques

tellement.–Tusais,Liz,j’aipeut-êtreoubliénotrerencontreàParis,maisjemesouviendraitoujoursdece

momentoùjemesuisretournésurlaplageetoùjet’aivue.Toujours.Dors-bienmonamour...

Etjedormisbien.

La semaine se déroula dans une sorte d’engourdissement volontaire. Je me forçais à ne rienressentir,évidemmentpournerienlaisserparaître.J’eusmalgrétoutdeviolentssursautsdelucidité.Notammentquand,lemardimatin,j’entendislavoixdeSachadanslecouloir.Jerelevailatêted’uncoup,telleunedindeaffolée,avecl’impressiond’avoiroubliélafaçondontjedevaismecomporter.Ses pas approchèrent, mais il n’était pas seul. Allisson le suivait comme son ombre et quand ils’arrêtadevantmaporteouverte,ellemejetaunregardnoirdanssondos.J’étaisunestatuedesel,ils’avança vers moi en me tendant la main, les yeux plongés dans les miens, éclairés d’une lueurbienveillantequ’Allissonnepouvoirvoir.

–Bonjour,Liz,commentvas-tu?,medit-ilencaressantl’intérieurdemaindiscrètementaucoursdelapoignéequenouséchangeâmes.

Derrièrelui,Allissonbraquait toujourssesyeuxassassinssurmoiet,perdue, jeneparvinsqu’àformuleruneréponsetouteaussidigned’unedindequelatêtequejedevaisfaire.

–Euh,bien,monsieurGood...euhenfinSacha,etvous,euhnon,toi,commentçava?

Tuparlesd’unejuristehautdegamme,quelleminablej'étais...çaferaitplaisiràAllisson,etc’étaittantmieux!

Il ne fit que passer et repasser encore plusieurs fois dans la semaine, jamais seul. Nous nouscroisionsencompagnied’autrescollaborateurset,àplusieursreprises,j’eusl’impressionquenousimprovisions tousunepièceetqueseulesNataliaetAllissonn’enconnaissaientpas lescript.Nousétionstouscoincésparl’imminencedumariage,aveclapeurquenotreenquêteetleplandeSachasoientdivulguésavantl'heure.Richard,David,Helen,Sachaetmoiétionstousàl’étroitdanslemêmebateauetilnefallaitpastropbouger.

EtDavid,cedernierquin’étaitpassouventlà,refusaittoutbonnementdemedévoilercequiallaitsepasser.

Jefaillismevendredanslasallederepos,laveilledumariage.Quandj’entrai,Natalia,unetasseàlamain, était plantéedevant le tableaud’affichage sur lequel étaitpunaisé le faire-partdumariaged’AllissonetSacha.

Je fiscommeside rienn’était,meversaiuncaféetm’apprêtaià filer, têtebaissée–À forcedemarchertêtebaisséetoutelasemaine,j’enaichopéuntorticolis!–quandNataliaricana:

–Tuvoisbienquej’avaisraison,Liz.Tun’étaispasfaitepourlui.

Puisellesetournaversmoiavecunsourirevictorieuxetpervers.

–Çanedoitpasêtresimplepourtoi,hein,d’accepterqu’ilenépouseuneautre...

Quellegarce!

–Tout lebureauest invité,poursuivit-elle.Tuferaismieuxdenepasyaller.Tropdurpourunepauvrepetitechosecommetoi...

Jeluitournailedosensilence.

–Aufait,tusaisquejesuislatémoind’Allisson?,l’entendis-jediredepuislecouloir.

***

L’après-mididujourfatidiquearriva.J’étaislividedenepasavoirdormidelanuit.Sachan’avaitpum’appelerlaveilleetDavids’étaitchargédemetransmettreunmessagedesapart:«Jet’aime.Aieconfiance.»

Ilnemel’avaitjamaisécrit,àpeineditjusque-là...

Moiaussi,jet’aime,Sacha.

Davidetmoinouspréparionspourlacérémonie.Jen’avaispaslecœuràmesentirjolieetencoreplusdemalàmesentirbelle.MêmesijemedoutaisquelajournéenesefiniraitpascommeAllisonlesouhaitait,jemedoutaisquecemariagecontrariéallaitêtreunesacréeépreuve.MaddieetMarkneseraientpaslà,celaauraitévidemmentparutropsuspicieux.

J’arrivai avec David devant l’église de la Holy Trinity dans l’UpperWest Side, à deux pas deCentralPark.Devantl’édificeàlafoismédiévaletexotique,jemesentisécrasée.

Davidmepritparlebras.

–Allez,c’estladernièrelignedroite,Liz,medit-il.Fais-luiconfiance,ilsaitcequ’ilfait.– Il y a vraiment très peu de monde, c’est bizarre, non ? Mondaine comme est Allisson, je

m’attendaisàvoirunefouled’invités.– Sacha a bien négocié, il a cédé sur tout, sauf sur ça, m'expliqua David. Il a prétexté sa

convalescence,qu’ilvoulaitunecérémoniecalme.Tuparlesqueçavaêtrecalme...

Dansl’égliseoutrageusementfleurie,jerestaienretraitettentaid’identifierlesunsetlesautres.JesseGoodman, lebeau-pèredeSacha,digneetdroitcommeunpilier, tenait fermementMargaretparlebrasetparaissaitdeforteméchantehumeurpourunsibeaujour.Ethansepréparaitàseplacerprèsdel’auteletjemecrispaiendevinantqu’ildevaitêtreletémoindeSacha.

Quelbandedecrapules...ilsn’ontvraimentpeurderien!

JesupposaiquelesquelquespersonnesprèsdeGoodmanpèrereprésentaientlafamilleproche.Del’autre côté de la travée, ce devait être la famille d’Allison, aussi peu nombreuse. Les deux clansdevaient avoisiner à eux deux une petite trentaine de personnes. Il y avait également tous lescollaborateurs de Goodman & Brown. Helen, digne et très élégante, ne transparaissait aucunenervosité.Ce qui n’était pas le cas deRichard qui semblait porter un costume qui le grattait et necessaitdesetortillerdanstouslessens.

Natalia, dans une robe perle trèsmoderne, rejoignit Ethan devant l’autel et le prêtre qui devaitofficiersepositionnapouraccueillirlesfutursmariés.

SoudainSacha,enqueuedepieetcolcassé,surgitd’uneportelatéraleetpritplacedevantl’unedes deux chaises dorées disposées devant l’autel. C’était si furtif comme arrivée, pas du toutcérémonial,commes’ilvenaitjustederéglerdeuxoutroistrucsquiluiavaientfaitpresqueoubliersonmariage.LesdeuxtémoinséchangèrentundrôlederegardperversdansledosdeSachaquandlamariée et son père apparurent à l’entrée de l’église au son des premières notes des canons dePachelbel.

Jevaistomberdanslespommes...

Allisson, vêtued’une robe fourreau en taffetasblanc rehaussédeperles, superbement coiffée etmaquillée,donnait l’impressiondeglisseraubrasdesonpèrequejevoyaispourlapremièrefois.C'étaitunhommeaussiimpressionnantd’autoritéetdefroideurquel’étaitGoodmansenior.Çadevaitalleraveclafortuneetlestatut...

Jefusd’uncoupcouverted’unesueurfroide,terroriséeparcequisejouaitsousmesyeuxalorsmêmequemoncerveauluttaitvaillammentpourmerassurer.

Toutçan’estqu’unemascarade,toutçan’estqu’unemascarade...

Affolée,jecherchaidesyeuxquelqu’unquipuissemeréconforter.Davidmecouvaitduregardetfronçalessourcilspourquejemecalme.Misàpartlui,personneneparaissaits’êtrerenducomptedemaprésence,aufonddel’église,dansl’ombred’unecolonne.

À part peut-être cet homme à l’air lugubre, habillé comme pour un enterrement et qui, commemoi,s’étaitréfugiédel’autrecôtédelatravéedansl’ombre.Certainementdecestypesquiassistaientàtouteslescérémonies,enterrementscommemariagespourjouerlespique-assiettesetoccuperleurjournée.Iln'allaitpasêtredéçuduspectacleaujourd’huientouscas!

Sacha, tourné vers Allisson qui s’approchait de lui, semblait calme mais ne respirait de touteévidencepaslebonheur.

Ilfautquejemecalme,toutvabiensepasser.

La célébration commença.Mon esprit était embrouillé, je n’entendais rien,mes oreilles étaientpleinesd’unbourdonnementnerveuxetdesbattementsamplifiésdemoncœur.Leprêtreparla,jenecomprisriendecequ’ildisait,puisMargaretlutaupupitreetjenesuspasdequoiils’agissait.Ilyeutdes chants auxquels jeneparticipait pas.Sacha était dedos, aucunede ses émotionsnem’étaitaccessible,j’étaisperdue.Leprêtreamorçal’échangedesconsentements.

MaispourquoiSachaneditrien?C’estbientôttroptard!

Leprêtres’adressaàl’assemblée:

–Voicicesdeuxpersonnesqui seprésententpour formercette sainteunion.Siquelqu'unparmicetteassembléeestcontrecetteunionlégitime,qu’ilparlemaintenant,ouqu’ilsetaiseàjamais.

Toujoursaucuneréactionde lapartdeSacha.Les larmesmemontèrentauxyeux.MonDieu,cen’étaitpasvrai,c’étaitmoilavictimedecettemascarade!Devais-jeparleroumetaire?

J’étaisparalysée,muette.Leprêtrepoursuivitens’adressantcettefoisauxfutursépoux:

–Jevousadjuretousdeux,commevousdevrezenrépondreaujourterribledujugementoùlessecretsdetouslescœursserontrévélés,sil’und’entrevousconnaîtquelqueempêchementàcequevouspuissiezêtrelégitimementmariés,deledéclarermaintenant.

–Jedéclarequecemariagenepeutêtrecélébré,lançaSachad’unevoixforte.

5.L'hommedel'ombre

Jecrusquemoncœurallaitcesserdebattre.Etc’est sansdouteceque tout lemondecrutaussidansl’église.AllissonsetournabrutalementversSachaetresserrasamaincommedesgriffesautourdubrasdesonhypothétiquefuturépoux.Ilyeutdes«Oh»etdes«Ah»surpris,paniquésoufurieux,en tous les cas, une sacrée cacophonie que le prêtre essaya d’atténuer en s’exprimant d’une voixforte:

–S’ilvousplaît,jevouspriedevouscalmeretdevoustaire.

PuisàSacha:

– Sacha Goodman, j’espère que vous avez pesé vos propos et que vous êtes enmesure de lesjustifier.Expliquez-moienquoiilestimpossibledecélébrercemariageauquelvousconsentiez.

JeretrouvaileSachasûrdelui,confiantetmaîtredesesémotionscommejeleconnaissais.Ilsetournaversl’assemblée.

–J’ailapreuvequelafemmequidésireêtremafutureépousem’estdéjàinfidèleavantmêmequelemariagesoitcélébréetqu’elleaattentéàmavie.

«Oh»et«Ah»redoublésdansl’égliseoùtoutescesexclamationsrésonnèrentcommeunchœurdepassagersaffoléssurunpaquebotenpleinnaufrage.

–David, tu veux bienmettre en route la projection, s’il te plaît, dit Sacha en s’adressant à soncollaborateurquipritl’airsurpris.

Oscardumeilleursecondrôle,David,bravo!

C’est seulement à cemomentque je remarquai l’écranqui était installé sur le côtéde l’autel. Iln’avaitdûintriguerpersonnedel’assemblée,c’étaitassezcommundenosjoursdeprojeterunfilmoudesphotosracontantl’histoired’amourdedeuxêtresprêtsàunirleursvies.C’étaitsûrementcequeSachaavaitprétextéauprèsd’Allissontoutenayantuneautreidéeentête.Onseseraitcrudansunesalledetribunalalorsquel’accusations’apprêteàprésenterlespreuvesàcharge.Toutlemondeattendaitlesoufflecoupé.

Etsurl’écran,lepetitfilmpassiamateurqueçadeMaddieetMarksemitàdéfiler.Avecleson.Auxpremiersfrôlementsd’Ethansurlesfessesd’Allisson,certainsmembresdelafamilleGoodmanplièrentbagages.Lamèred’Allissonsemitàpleurer.Lesdeuxcoupables fixaient l’écrand’unairahuri. Natalia regardait dans tous les sens comme si elle craignait de voir débarquer des flics.J’arrivais de nouveau à respirer.Le film continuait avec le son, c’était presque sacrilège.Certainsinvitésavaientdisparu.JesseGoodmansortitdurangetmarchad’unpasfurieuxverssonbeau-fils.

–Espècedepetit...

Mais il fut contré par le prêtre qui, bien que dépassé par les événements, bataillait pour que la

situationnetournepasàlabagarrecollective.

–Nem’approchepas,ilyabienlongtempsqueçanemarcheplusavecmoi,sifflaSachad’unairmauvaisàl’adressedesonbeau-père.

Puisilrepritd’unevoixclaireetsansappel:

–NonseulementAllissonGreenestlamaîtressedemondemi-frèremaiselleestaussicelledesonfuturbeau-père!

Nouseneûmesaussitôtlapreuvesouslesyeux.

– Quel homme sain d’esprit prendrait une telle femme comme épouse, mon père ?, s’exclamaSacha.

Ethan en était arrivé auxmains avec son père,Margaret pleurait,Allisson qui étouffait dans sarobefourreauserraitlespoingsetsemblaitêtreauborddeshurlementssauvages.Sachanebronchaitpas,ilétaitlecapitainestoïqueàlaprouedunavireàladérive.

–Et j’aiégalement lapreuveformellequ’elleapayéunhommepoursaboter lehors-borddanslequelj’aifailliperdrelavie!

Lenoirsefitsurl’écranetlespremiersmotsdumécanicienrésonnèrentdansl’église:«AllissonGreenm’aappelétôtlematinetm’ademandédem’arrangerpourmettretropd’huiledanslemoteurdubateaudemonsieurGoodman.»

Les hurlements devinrent incompréhensibles. Le père d’Allisson se précipita vers sa fille et lagifla, le prêtre tomba à genoux lesmains jointes,Allisson se débattait pour se jeter à la gorgedeSacha,Ethanétaitàterre,Nataliaregardaittoujoursàdroiteetàgauchesurlepointdefuiràtoutesjambes.Enfin,lepèred'Allissontraînasafilleparlebrasloindel’auteletsemitàremonterlatravéeenoubliantqu’ilvenaitdeladescendreausond’unemarchenuptiale.

Derrièrelui,lesinvitéscommencèrentàfuirentrottant,àdéfautdecouriràtoutesjambes.JevisSachaadresserunsignedetêteàDavidetcedernierseprécipitaalorsversmoi.

–Ilnefautpasqu’ontevoie,medit-ilenmeprenantparlebras.

Davidmefitsortirenquatrièmevitessedel’église,dévalerl’escalieretgrimperdanslalimousineblancheauxvitresteintéesquiétaitgaréedevantleparvis.Ilsepostaensuitedevantlaportièretelungardeducorps.

Depuis l’intérieur immense de la voiture, j’observais les invités sortir au compte-goutte del’église, s’arrêtant sur leparvis sans savoiroùaller, ayantperdu tous leurs repères.Helenapparutaccompagnée de Richard qui était blême. Ils se dirigèrent tous les deux vers la limousine et merejoignirentàl’intérieur.Personnen’osaitparler.Nataliadétalasurletrottoirsansregarderderrièreelle.

Sacha,quefais-tu?Viens...

Ilapparutenfin,maisiln’étaitpasseul.L’ordinateurquiavaitserviàlaprojectionsouslebras,iltenaitMargaret de l’autremain, alorsque JesseGoodmanagrippait lui aussi sonépouse.Onavaitl’impression qu’ils allaient la déchirer en deux s’ils se mettaient à tirer chacun de leur côté.Finalement,Sacha sembla avoir lederniermot et il filavers la limousine avec samère.David luiouvritlaportièreets’engageaàleursuiteàl’intérieur.Lechauffeur,detouteévidenceavertidetoutel’opération,démarraaussitôt.

Personne,àpartmoi,neremarquasurleparvisl’hommesinistrequiavaitassistéàlacérémonieetrestaunesecondeimmobileàregarderlalimousines’éloigner.

JemeblottiscontreSachaetsentissoncorpsraidecontrelemien.

–Oùva-ton,Sacha?,demandai-jed’unetoutepetitevoix.–Chezmoi.Auloftetonrestetouslàletempsquel’oragepasse,dit-ild’unevoixtendueavantde

mecaresserlescheveux.

***

LerestedelajournéefutcalmechezSacha.Malgrélesévénementsdramatiquesdel’église,nousn’avionspasbesoind’enparler.Tousavaient faitpartiede l’élaborationde l’opération–enfin pasmoipourladernièrepartieet,pourlecoup,j’aieumonquotadesueursfroides!,ettousétaientaufaitdecequiavaitétérévélé.Ilétaitplutôtquestiondelagestiondelacriseàvenir.

C’est là que jeme rendis compte quemonhistoire amoureuse avecSacha était peut-être ce quigénéraitlemoinsdecomplications.

Sacha,Richard,HelenetDaviddiscutèrentlonguementduconseild’administrationdeGoodman&Brownquisedérouleraitlasemainesuivante,assezrapidementpourquelesprotagonistesconcernésn’oublientpascequivenaitjusted’êtrerévélé.

–Jecroisquenousdevrionsproposerauconseild’administrationledésaveud’Allisson,qu’ellequitteleconseiletquesespartssoientredistribuéesentrelesactionnairesprincipaux,déclaraSacha.Richard,qu’enpenses-tu?

Richardacquiesça,sansdévelopper.

–Jetesuis,Sacha.

Jetesuis,etc’esttout?J’auraiscruqueRichardseraitplusagressifaprèslechantaged’AllissonetdeNatalia.

Jenevouluspasmemêlerde leur conversationd’associés, jen’avais aucune légitimitépour lefaire,maisdèsquejelepus,j’écartaiDaviddugroupepourdiscuterdiscrètement.

–EtNatalia,alors?, luidemandai-je.Elles’ensortcommeça?JesuisétonnéequeRichardne

diseriendesapossibleimplicationdansl’histoireduchantage.–Lesouci,réponditDavid,c’estqu’iln’atoutsimplementpasévoquélechantagequandilaparlé

avecSacha.EtSachan’apasbesoindepreuvesdelapartdeRichard,cesontdesamisdelonguedate,illuifaitconfiance.Richardauraitjusteracontéqu’Allissonavaitfaitpressionsurluipourqu’illuicèdesespartsducabinetetqu’ilvotel’évictiondeSacha.

–Maispourquoin’a-t-ilriendit?,insistai-je.– Tu sais, je le comprends un peu, poursuivit David. Pas facile cette histoire de photos

compromettantes.Etpeut-êtrepréfère-t-ilcroirequeNataliaasubilamauvaiseinfluenced’Allisson,jen’ensaisrien,Liz.

–Oui,oualorsilestcoincéparquelquechosequenousnesavonspas...–Commentça?–Jen’ensaisrien,maisc’estuneintuition,David.Richarddevraitêtresoulagéetilnel’estpaset

enplus,parsonsilence, il sait trèsbienqu’ilcouvreNatalia.Quisaitceque leuramitiéà tous lestroiscontientcommesecrets...

Je jouai un peu la maîtresse de maison chez Sacha. Je proposai à boire, préparai quelquessandwichesavecHelenalorsqueSachapassaitunmomentàréconforterMargaret.Elleétaitéploréeetparaissaitinconsolable.

–Maman, je t’enprie, c’est fini.Nous avons réussi à annuler cemariage, c’était bien ceque tuvoulais,non?

–Biensûr,Sacha.Cesontdes larmesd’émotionmaisaussidechagrin, tusais.Quelgâchis toutcela.Quellefamilleterribleestlanôtre...Maisjesuissoulagéeaussiquetuaiesréussiàéchapperàleursmanigances.Jen’oubliepascependantquej’aiunautrefils.Commejeregrettequ’ilsoitaussimauvaisquesonpère...

–Maman,net’inquiètepaspourEthan.Ilestencorejeune,ilpeutencorecomprendrequ’ilaprisla mauvaise route. Tout d’abord, je vais m’assurer que tu puisses dorénavant vivre dans unenvironnementsain,loindecesmanigances,commetudis.TuastamaisonàSouthampton,tuyesbien,non?

–Oui,oui,c’estmonrefuge,convint-elleenhochantlatêteetenessuyantseslarmes.–Bien,ettuasvucommeJesses’estcalméd’uncoupquandjeluiaiparlédudivorce?Ilfautdire

qu’avec les preuves qu’on a contre lui, et comme la liaison avecAllisson n’est pas anodine, il nepourrapas refusergrand-chosedenos conditions.Ne t’en faispas,maman,Richard etmoi allonsnousoccuperdetout.N’est-cepas,Richard?

Encoreunefois,Richardnefitqueconfirmermaisonavaitl’impressionqu’ilavaitperdutoutesses capacités. Il était gris. Il s’excusa d’ailleurs peu de temps après en prétextant qu’il préféraitretrouversafemmeetsesenfants.

Helenprofitadesondépartpournousquitteraussi.SachaallainstallerMargaretdansunechambred’ami. Elle allait loger là quelques jours, le temps que Sacha soit sûr qu’elle ne risque aucunesreprésaillesouaucuncoupdesangdesonfuturex-époux.

QuandSacharéapparutauboutdequelquesminutes,ilnousrejoignitDavidetmoisurlescanapésoùnousnousétionsécroulés,abattusparl’après-miditrèschargéenémotions.SachatenditlamainàDavidquandilselevapourallerluiaussiretrouversespénates.

–Merci,David,pour toutceque tuasfait, jen’aurais rienpuorganisersans toi.Etmerciaussid’avoirveillésurLiztouscesderniersjours.Jeneteseraijamaisassezreconnaissant.

–Jesuiscontentquetoutsefinissebienpourvousdeux,Sacha,réponditDavid.

DavidétaitsincèrementtouchéparlesparolesdeSacha,çasevoyait.IlmelançaunpetitregardinterrogateurqueSachacompritaussitôt.

–JecroisqueLizpréfèreresterici,non?,dit-ilenm’enlaçantetmeserrantcontrelui.Deuxjoursde calme à l’abri de tout nous feront le plus grandbien. J’enverrai quelqu’unprendre ses affairescheztoidemain,siçanetedérangepas,David.

Quoi?Alorsplusquestiondesuiteàl’hôtel?J’emménagechezSacha?

–Après tout ce qu’on vient de traverser, je préfère l’avoir tout près demoi, ajouta-t-il enmeserrantencoreplusfortcontrelui.

Dès que David fut parti, Sacha m’entraîna dans sa chambre, referma la porte derrière nous etm’attiraaussitôtcontrelui.

– Ça n’est peut-être pas notre nuit de noces, mais elle sera belle, Liz, je peux te l’assurer, mechuchota-t-ilavantdem’embrasserpassionnément.

***

Deux jours de calmene furent pas de trop pour nous remettre de l’épisode dumariage annulé,nous retrouver et nous préparer à affronter les événements futurs. Nous vivions avec Margaretcommedansuncocon.LamèredeSachadisparaissaitrégulièrementpournouslaissersavourer,lesyeuxdanslesyeuxetunsourirebéatauxlèvres,notreamourquirenaissaitencorepluspuissant.

Je m’absentais juste deux heures le dimanche pour retrouver Maddie et Mark pour bruncher.Comme ils n’avaient pas été là lors de la cérémonie avortée, j’en profitai pour leur en faire uncompte-rendudétailléetlesrassurersurlesjoursàvenir.

–JereparsàParisrassurée,memurmuramatanteenmeserrantfortdanssesbrasaumomentdenousquitter.

–Markettoiavezbeaucoupfaitpourmoietsijesuisheureuseaujourd’hui,jen’oubliepasquec’estaussigrâceàvous,répondis-je.

Jehélaiuntaxipourretournerauloftet,aumomentdemonterdanslevéhicule,monregardfutattiréparunesilhouettedel’autrecôtédelarue,enfacedel’endroitoùnousavionsbrunché.

J’aidéjàvucetypequelquepart...Sonalluremerappellequelquechose.Maisquoi?

Cependant, la joie de retrouver Sacha me détourna vite de cette devinette. Rien n’avaitd’importancedèsquejepensaisàlui.Jen’arrivaispasàcroirequenousavionstraversétoutescesépreuves.C’étaitmerveilleux.C’étaitdoncvraiquel’amourétaitplusfortquetout.

Le lendemain matin, il fallut malgré tout réintégrer la vie active. Après avoir consulté sonmédecin, Sacha avait décidé qu’il pouvait envisager de reprendre tranquillement son activité.Tranquillement, mon œil, Sacha était incapable de faire les choses à moitié. Et à voir de quellemanièrenousavionsfaitl’amourcesderniersjours,j’avaiscommel’impressionqu’ilétaitenpleineforme...

–Detoutefaçon,ilesthorsdequestionquejetelaisseallerseuleaubureau,meconfirmaSachaavantd’enfourneruntoastcouvertdebeurreetdemarmelade,lelundimatin.

Bendisdonc,çadonnefaim,l’amour

–Onnesaitpascequipeutsepasser,toutecettehistoireestencoretropfraîcheetjen’aiaucuneenvie qu’on t’importune. De plus, le conseil d’administration est dans trois jours, ça n’est pas lemoment pour prendre des vacances supplémentaires, ajouta-t-il plus tard dans l’ascenseur presquesansreprendresonsouffle.Tunedisrien,Liz?

Jelevaiversluimesyeuxenamourésetjeplaquaiunbaisersurseslèvres.

–Si,jet’aime,Sacha.

Ils’arrêtasurpris,uneseconde,tantilétaitimprégnédesonraisonnementàvoixhaute,puisilmesourit.

–Moiaussi,Liz,tunepeuxpassavoircombienjetiensàtoi.

Danslavoiturequinousemmenaitversl’immeubledeGoodman&Brown,Sacha,toutenserrantmamaindanslasienne,semblaitincapabledes’arrêterdeparler:

–Bon,mêmesitoutlemondesaitquenoussommesensemble,Liz,j’aimeraisqu’aubureau,cetterelationnesoitpastropvisible,tropsensibletuvois,jeneveuxpasqu’ondonnepriseàquiquecesoit.

J’acquiesçai,jen’avaisplusaucunepeur.

– Devant les autres, j’aimerais qu’on soit exemplaire et efficace. Après, quand on est tous lesdeux...Euh,tum’écoutes,Liz?

Cen’estpasletypequej’aivuhier?Là,prèsdel’entréedel’immeuble?

–Oui,oui,c’estjustequej’aicruque...Non,rien,justeuneimpression,fis-je.

Aucune raison en effet d’être trop démonstratifs au bureau. Sacha était très occupé, je meplongeaismoiaussidansmesdossiers,nousn’osionsquelesplussubtilesmarquesd’affection.Oh,Sachaeutbienuneoudeuxfoislamainbaladeusealorsquenousétionsseulsdanssonbureauet,unaprès-midi,ilentradanslemien,refermalaportederrièreluietseruasurmoipourunlongbaiserpassionné qui nous laissa à bout de souffle et contentés, etmoi, complètement échevelée surtout !,maisnoussavionsnousteniretnoussavionségalementquenousnousretrouvionstouslessoirs.

–Celaressembleàunevraieviedecouple,tusais,c’estétrangemaistellementbon,confiai-jeunmidiàDavidpendantnotrepausedéjeuner.

–Jesuisvraimentravipourvous,Liz,merépondit-ilensouriant.Touts’arrangefinalement:nousavons transmisnospremièrespropositionsaubeau-pèredeSachapour ledivorce.Margaretestensûreté,ladécisionduconseild’administrationestacquised’avance,quepeut-onesp...

–Attends,David,regardecetype,là,lecoupai-jeendésignanttoujourslamêmesilhouettegrisequisetrouvaitcettefoisentraindetéléphonersurletrottoirdevantlavitrineducaféoùnousétions.

–Oui,etalors?–Ehbien, j’ai l’impressionquecethommemesuit,çafaitplusieursfoisque je levoisetçane

peutpasêtreunecoïncidence.Ilétaitmêmelàlejourdumariage.–Liz,jecroisquemalgrétoutcequetumedisdetonbonheur,turestesunpeuàcran,cequiest

toutàfaitcompréhensible.

Àcran,oui,çam’estarrivé, surtout le lendemaindenotre retouraubureau,quandNatalia s’estplantéedevantmoialorsque j’essayaisencoreune foisdeprendreuncafé tranquille.Visiblement,elleavaitleflairpoursavoirquandj’avaisbesoindemadosedecaféine.

–J’aicrucomprendreque lesdeux tourtereaux filaient leparfaitamouralors?,me lança-t-elleavecunsouriremauvais.

Aucuneraisonquejeluiréponde.

–Vousaveztousbienmontévotrepetiteopération,vraiment,c’étaitsoignéetfuté,maisjenesuispascertainequecelavousassureraunavenirradieuxàvie,poursuivit-elle.

Jem’arrêtaietlaregardaidroitdanslesyeux.

–Natalia,sachequejesaistoutcequetuasfait.LaraisonpourlaquelleSachan’enapaseuventou te fait encore confiancem’échappe,mais je ne te laisserai pas nousmettre des bâtons dans lesroues.

–Tupeux toujours te braquer,Liz, ricana-t-elle.Tu feraismieuxde composer avecmoi, parcequ’uneamitiécommecellequenouspartageonsavecSachaestà touteépreuveetmêmetongrandamourdecontedeféen’ypourrarien.

–Dois-jeconsidérerquetumemenaces,Natalia?,rétorquai-je.

Cefutàsontourdenepasmerépondre.Elletournalestalonsets’éloignadesonpasagressif.

Peste!

J’évoquaicettediscussionavecSachalesoir-même.Nataliarestaitleseulsujetdecontrariétéetdedésaccordentrenous.Ilsemblaittoujourslaprotéger.

–Nataliaestpartiederien.Mêmesijenemesouvienspasdetout,lestracesquej’airetrouvéesdecette amitiém’empêchent tout bonnement depenser qu’ellemeveut dumal.C’est tout simplementimpossible.

–Alorsjelalaissemenarguercommeellelefait,c’estça?Etsous-entendrepleindechosesquejenecomprendsmêmepas?Onfaitça?

Sachapritmonvisageentresesmainsetapprochasabouchedelamienne.

–Non,onfaitautrechose,j’aiunebienmeilleureidée,Liz...

Évidemment,vusouscetangle...

Voilà,ilsuffisaitd’unregard,d’unmotdoux,desoncontactetj’oubliaistout,jusqu’àlaprésenceperturbantedel’hommeengrisdontjevoulaisluiparler.

Ilsuffisaitquejerentrelesoirdubureauetquejetrouveunesomptueuserobeaccrochéedanslachambre,deschaussuresdeprincesseetunpetitmotdeSachaquidisait«Liz,fais-toibelle,plusbelleencore,appellelechauffeur,ilsauraoùt’emmener.Jet’attends.Sacha»,pourquerienn’importeplusquelemomentoùnousallionsnousretrouver.

Larobeécarlateaccentuaitlarousseurdemescheveuxetmedonnaitl’aird’unvéritableincendie.Jememaquillais,meparfumais,grimpaissur lesstilettosvertigineux–Heureusementque jene lerejoinspasàpied,jefiniraisàquatrepattessurletrottoir...–etappelail’accueildel’immeublepourquelechauffeurm’attende.

Underniercoupd’œildanslaglacedel’ascenseur.

Unevraiestarhollywoodienne,lanouvelleRitaHayworth!

Quandl’ascenseurs’immobilisa,jemeretournaiverslesportesquis’ouvrirentbien,maispassurlehalldel’immeuble...

Merde,jemesuisplantéed’étage!

J'arrivaisausous-soldonnantsurleparking.Pasgrave,ilsuffisaitderemonter,quoi,medis-jeenm’apprêtantàappuyersurlebouton.Quandunemainmesaisitparlebrasetmetraînabrutalementendehorsdelacabine.

Puiscefutlenoiretladouleurd’uncoupportéàlatête.

***

Quandjereprisconscience,couchéesurlecôté,lesgenouxremontés,jecompristoutdesuitequenousroulions.

Nousroulions,oui,maiscertainementpasdanslalimousinedeSacha.

J’étaisligotéedanslecoffred’unevoiture.

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