poésiesla cigale et la fourmi jean de la fontaine 47. trois feuilles mortes raymond richard 48....
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Poésies
Lorsque tu as choisi une poésie ; tu l’emportes à ta
place pour la recopier sur ton cahier de poésies.
Puis lorsque tu as terminé, tu la remets dans le
classeur au bon endroit (dans l’ordre des numéros).
Tu dois ensuite l’apprendre par cœur.
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Sommaire :
1. L’école. Jacques Charpentreau
2. Rentrée des classes Gabriel Cousin 3. Les écoliers Maurice Fombeure
4. Ecolier dans la lune Alin Boude
5. Que se passe-t-il aujourd'hui ? Karine Persillet
6. Premier jour de classe Karine Persillet
7. Automne René-Guy Cadou
8. Jour pluvieux d'automne Michel Beau
9. Rentrée des classes John Durili
10. L’écureuil et la feuille Maurice Carême
11. Silence d'automne Fernand Gregh
12. Petite pomme Géo Norge
13. Ecoute Pierre Gamarra
14. Je n’ai pas de réveil Pierre Coran
15. Soyez poli Jacques Prévert
16. Automne Pierre Coran
17. Soleils couchants Paul Verlaine
18. Nuit de neige Guy de Maupassant
19. La neige Anne Hébert
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20. Bonjour monsieur l’Hiver Patrick Bousquet
21. Je te protège Régis Pontfort
22. J’écris ton nom Paul Eluard
23. Liberté Maurice Carême
24. La liberté Jacques Prévost
25. Avec l'encre couleur du temps... Germaine Beaumont
26. La vitre bleue Pierre Coran 27. Le miroir Michel Cordeobeuf 28. Giboulées Raymond Richard 29. Le bourgeon Paul Géraldy 30. L’hirondelle et le poète Michel Beau 31. Renaissance Karine Persillet 32. Petite fleur Karine Persillet 33. La neige tombe Jean Richepin 34. L’arbre Jacques Charpentreau 35. Vent léger Marie Tenaille 36. Les quatre éléments Claude Roy 37. L’air en conserve Jacques Charpentreau 38. Le loup Marie Tenaille 39. L’aurore en chaperon rose André Hyvernaud 40. Le petit chaperon rouge Maurice Bouchor
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41. Le petit chaperon rouge Maurice Carême 42. Conte revu et corrigé Anonyme 43. Sagesse Paul Verlaine 44. L’oiseau vert Marcel Bealu 45. Le corbeau et le renard Jean de La Fontaine
46. La cigale et la fourmi Jean de La Fontaine 47. Trois feuilles mortes Raymond Richard 48. Cher frère blanc Anonyme 49. Apothéose du point Andrée Chedid 50. Litanie des écoliers Maurice Carême 51. Le cerf-volant Anonyme 52. L’enfant qui battait la campagne Claude Roy 53. L’alphabet Yvon Le Men 54. La différence Jean-Pierre Siméon 55. Chaque visage est un miracle Tahar Ben Jelloun 56. L’albatros Charles Baudelaire 57. Mon hiver Veronik Leray
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1. L’école.
Dans notre ville, il y a Des tours, des maisons par milliers, Du béton, des blocs, des quartiers, Et puis mon cœur, mon cœur qui bat Tout bas.
Dans mon quartier, il y a Des boulevards, des avenues, Des places, des ronds-points, des rues Et puis mon cœur, mon cœur qui bat Tout bas.
Dans notre rue, il y a Des autos, des gens qui s'affolent, Un grand magasin, une école, Et puis mon cœur, mon cœur qui bat Tout bas.
Dans cette école, il y a Des oiseaux chantant tout le jour Dans les marronniers de la cour. Mon cœur, mon cœur, mon cœur qui bat Est là.
Jacques Charpentreau
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2. Rentrée des classes
Tous les deux habillés de neuf
Nous allons la main dans la main.
Sur les pavés du petit matin, l’eau du ruisseau brille
Et cela vaut la peine de mettre le pied dedans.
Nous regardons au moins et déjà
Nous avons vu les plus grand devenir
Un peu Gaulois
Un peu pluriel
Un peu Henri IV
Un peu de robinet
Un peu passé composé.
Un autre monde va s’ouvrir.
Peut-être est-il plus transparent que l’eau du ruisseau
Et plus beau que les escaliers où les cris rebondissent.
Gabriel Cousin
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3. Les écoliers
Sur la route couleur de sable,
En capuchon noir et pointu,
Le « moyen », le « bon », le « passable »
Vont à galoches que veux-tu
Vers leur école intarissable.
Ils ont dans leurs plumiers des gommes
Et des hannetons du matin,
Dans leurs poches du pain, des pommes,
Des billes, ô précieux butin
Gagné sur d’autres petits hommes.
Ils ont la ruse et la paresse
Mais l’innocence et la fraîcheur
Près d’eux les filles ont des tresses
Et des yeux bleus couleur de fleur,
Et des vraies fleurs pour leur maîtresse.
Puis les voilà tous à s’asseoir.
Dans l’école crépie de lune
On les enferme jusqu’au soir,
Jusqu’à ce qu’il leur pousse plume
Pour s’envoler. Après, bonsoir !
Maurice Fombeure
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4. Ecolier dans la lune
A l’école des nuages
On découvre des pays
Où nul n’est jamais parti
Pas même les enfants sages
Le soleil avec la pluie
L’orage avec l’accalmie
La météorologie
Bouscule le temps, les visages
Et les couleurs de nos cris
Dans la cour de nos éclaircies
Les oiseaux n’ont pas d’histoires
Les arbres n’ont pas d’ennuis
A l’école des nuages
Aucun enfant n’est puni
Les rêves tournent les pages
Aucune leçon t’ennuie
C’est l’école des nuages
Elle t’ouvre sur la vie
Alin Boudet
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5. Que se passe-t-il aujourd'hui ?
Que se passe-t-il aujourd’hui ?
De beaux habits, un joli cartable
De l’effervescence et du bruit,
Des cris, des rires c’est incroyable !
Mais c’est un jour particulier ?
Oui, le mois de septembre commence
Et c’est le jour de la rentrée !
Petits et grands, les enfants s’élancent.
Maîtres, maîtresses sont impatients.
Leurs nouveaux élèves vont arriver.
Plein de belles choses les attendent
En ce beau jour de la rentrée !
Karine Persillet
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6. Premier jour de classe
Les longues vacances se terminent
Tous les enfants ont bonne mine.
Dans le cartable neuf se cachent
Stylos, cahiers, feutres et gouache.
Chacun découvre, alors, sa classe
Et s’installe à sa nouvelle place.
On regarde de tous les côtés,
La maîtresse a tout préparé.
Elle se présente gentiment
Puis chaque élève en fait autant.
On sort les trousses et les cahiers.
C’est parti pour bien travailler !
Karine Persillet
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7. Automne
Odeur des pluies de mon enfance
Derniers soleils de la saison !
A sept ans comme il faisait bon
Après d'ennuyeuses vacances,
Se retrouver dans sa maison !
La vieille classe de mon père,
Pleine de guêpes écrasées,
Sentait l'encre, le bois, la craie
Et ces merveilleuses poussières
Amassées par tout un été.
O temps charmant des brumes douces,
Des gibiers, des longs vols d'oiseaux,
Le vent souffle sous le préau,
Mais je tiens entre paume et pouce
Une rouge pomme à couteau.
René-Guy Cadou
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8. Jour pluvieux d'automne
Une feuille rousse
que le grand vent pousse
dans le ciel gris-bleu,
l'arbre nu qui tremble
et dans le bois semble
un homme frileux,
une gouttelette
comme une fléchette
qui tape au carreau,
une fleur jaunie
qui traîne sans vie
dans la flaque d'eau,
sur toutes les choses
des notes moroses,
des pleurs, des frissons,
des pas qui résonnent :
c'est déjà l'automne
qui marche en sifflant sa triste chanson.
Michel Beau
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9. Rentrée des classes
Des souriants, des craintifs, des anxieux
Des pressés, des endormis, des heureux
Parfois quelques légers pleurs
Sur le visage ou cachés au fond du cœur
Premiers pas, nouvelle classe peut-être
La tête de la maîtresse ou celle du maître
Ribambelle de nouveaux cartables
Cahiers et classeurs neufs sur chaque table
Allez, en avant toute, nouvelle année !
On est tous sûrement super motivés !
Retour des copines et des copains
Ici la rentrée, c’est toujours bien !
John Durili
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10. L’écureuil et la feuille
Un écureuil, sur la bruyère,
Se lave avec de la lumière.
Une feuille morte descend,
Doucement portée par le vent.
Et le vent balance la feuille
Juste au-dessus de l'écureuil ;
Le vent attend, pour la poser
Légèrement sur la bruyère,
Que l'écureuil soit remonté
Sur le chêne de la clairière
Où il aime à se balancer
Comme une feuille de lumière.
Maurice Carême
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11. Silence d'automne
C'est le silence de l'automne
Où vibre un soleil, monotone
Dans la profondeur des cieux blancs ...
Voici qu'à l'approche du givre
Les grands bois s'arrêtent de vivre
Et retiennent leurs cœurs tremblants.
Vois, le ciel vibre, monotone ;
C'est le silence de l'automne.
O forêt ! qu'ils sont loin les oiseaux d'autrefois
Et les murmures d'or des guêpes dans les bois !
Adieu, la vie immense et folle qui bourdonne !
Entends, dans cette paix qui comme toi frissonne,
Combien s'est ralenti le cœur fougueux des bois
Et comme il bat, à coups dolents et monotones
Dans le silence de l'automne !
Fernand Gregh
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12. Petite pomme
La petite pomme s'ennuie
De n'être pas encore cueillie.
Les autres pommes sont parties,
Petite pomme est sans amie.
Comme il fait froid dans cet automne !
Les jours sont courts ! Il va pleuvoir.
Comme on a peur au verger noir
Quand on est seule et qu'on est pomme.
Je n'en puis plus viens me cueillir,
Tu viens me cueillir Isabelle ?
Comme c'est triste de vieillir
Quand on est pomme et qu'on est belle.
Prends-moi doucement dans ta main,
Mais fais-moi vivre une journée,
Bien au chaud sur ta cheminée
Et tu me mangeras demain.
Géo Norge
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13. Ecoute
Ecoute les bruits de la nuit
Derrière les fenêtres closes.
On dirait que c'est peu de choses,
Un pas s'en vient, un pas s'enfuit.
Le dernier autobus qui passe,
Quelqu'un qui chante quelque part,
Un avion au fond de l'espace,
Un voisin qui rentre bien tard.
Un chien aboie. Un matou miaule,
On entend glisser un vélo.
La nuit est pleine de paroles
Qui viennent de l'air et de l'eau.
Pierre Gamarra
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14. Je n’ai pas de réveil
Je n’ai pas de réveil
Sur ma table de nuit
Et pourtant, je m’éveille
Dès que le matin luit.
Avant d’ouvrir les yeux,
Je sais s’il fait soleil
Et si le ciel est bleu
Ou moins bleu que la veille.
Je n’ai pas de réveil
Sur ma table de nuit
Mais j’ai dans les oreilles
Mieux qu’une sonnerie.
J’ai tant de chants d’oiseaux,
Le matin, dans mon être,
Que mon cœur fait le beau
Quand j’ouvre la fenêtre.
Pierre Coran
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15. Soyez poli
Il faut être poli avec la Terre
Et avec le Soleil
Il faut les remercier le matin en se réveillant
Il faut les remercier pour la chaleur
Pour les arbres
Pour les fruits
Pour tout ce qui est bon à manger
Pour tout ce qui est beau à regarder […]
Le Soleil aime la Terre
La Terre aime le Soleil
Et elle tourne
Pour se faire admirer
Et le Soleil la trouve belle
Et il brille sur elle
Et quand il est fatigué
Il va se coucher
Et la lune se lève […].
Jacques Prévert
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16. Automne
Quand les bois ont les cheveux courts,
La lune ceint son abat-jour
De brume pâle
Et le vent vole et le vent court
En tournoyant comme un vautour
Sous les étoiles.
Pourquoi mon cœur es-tu si lourd
Quand les bois ont les cheveux courts ?
Rivé aux cailloux de la cour
Le lierre étreint dans ses doigts gourds
Une hirondelle.
Entends-tu dans le petit jour,
Le gel affûter ses tambours
Et ses chandelles ?
Quand les bois ont les cheveux courts
Pourquoi mon cœur es-tu si lourd ?
Pierre Coran
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17. Soleils couchants
Une aube affaiblie
Verse par les champs
La mélancolie
Des soleils couchants.
La mélancolie
Berce de doux chants
Mon cœur qui s’oublie
Aux soleils couchants.
Et d’étranges rêves,
Comme des soleils
Couchants sur les grèves,
Fantômes vermeils,
Défilent sans trêves,
Défilent, pareils
À de grands soleils
Couchants sur les grèves.
Paul Verlaine
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18. Nuit de neige
Oh ! la terrible nuit pour les petits oiseaux !
Un vent glacé frissonne et court par les allées ;
Eux, n'ayant plus l'asile ombragé des berceaux,
Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées.
Dans les grands arbres nus que couvre le verglas
Ils sont là, tout tremblants, sans rien qui les protège ;
De leur œil inquiet ils regardent la neige,
Attendant jusqu'au jour la nuit qui ne vient pas.
Guy de Maupassant
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19. La neige
La neige nous met en rêve
Sur de vastes plaines
Sans traces ni couleur.
Veille mon cœur,
La neige nous met en selle
Sur des coursiers d'écume.
Sonne l'enfance couronnée
La neige nous sacre en haute mer,
Plein songe, toutes voiles dehors.
La neige nous met en magie,
Blancheur étale, plumes gonflées
Où perce l'œil rouge de cet oiseau.
Mon cœur ;
Trait de feu sous des plumes de gel,
File le sang qui s'émerveille.
Anne Hébert
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20. Bonjour monsieur l’Hiver
-Hé ! bonjour monsieur l’Hiver !
Ça faisait longtemps…
Bienvenue sur notre terre,
Magicien tout blanc.
-Les montagnes t’espéraient ;
Les sapins pleuraient ;
Les marmottes s’indignaient ;
Reviendra-t-il jamais ?
-Mes patins s’ennuyaient ;
Mes petits skis aussi ;
On était tous inquiets ;
Reviendra-t-il jamais ?
-Hé ! bonjour monsieur l’Hiver !
Ça faisait longtemps …
Bienvenue sur notre terre,
Magicien tout blanc.
Patrick Bousquet
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21. Je te protège
Lorsque le crépuscule envahit mon atmosphère
Lorsque le vent de la haine souffle sur mon univers
Lorsque des vers de sang coulent sur ma lumière
Alors…
Je lève ma plume, de rimes et de chair
Gladiateur des lettres, je croise le fer
Pour atteindre mon équinoxe littéraire
Alors…
Je te protège, Liberté, pour te respirer
Je te protège, Liberté, pour t’embrasser
Je te protège… pour te sublimer !
Régis Pontfort
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22. J’écris ton nom
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom […]
Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom
Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom […]
Liberté
Paul Eluard
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23. Liberté
Prenez du soleil
Dans le creux des mains,
Un peu de soleil
Et partez au loin !
Partez dans le vent,
Suivez votre rêve ;
Partez à l'instant,
la jeunesse est brève !
Il est des chemins
Inconnus des hommes,
Il est des chemins
Si aériens !
Ne regrettez pas
Ce que vous quittez.
Regardez, là-bas,
L'horizon briller.
Loin, toujours plus loin,
Partez en chantant !
Le monde appartient
A ceux qui n'ont rien.
Maurice Carême
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24. La liberté
La Liberté,
Ce n'est pas partir, c'est revenir,
Et agir,
Ce n'est pas prendre, c'est comprendre, Et apprendre,
Ce n'est pas savoir, c'est vouloir,
Et pouvoir […]
La Liberté,
Ce n'est pas s'incliner, c'est refuser,
Et remercier,
Ce n’est pas un cadeau, c'est un flambeau, Et un fardeau,
Ce n'est pas la faiblesse, c'est la sagesse, Et la noblesse,
Ce n'est pas un avoir, c'est un devoir,
Et un espoir,
Ce n'est pas discourir, c'est obtenir,
Et maintenir.
Ce n'est pas facile,
C'est si fragile,
La Liberté.
Jacques Prévost
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25. Avec l'encre couleur du temps...
J'écris avec l'encre noire, les chagrins de tous les jours
et leur trame sans histoire, et leur éternel retour...
J'écris le deuil des saisons et le mal de la raison
et le jour près de s'éteindre.
J'écris avec l'encre verte un jardin que je connais.
J'écris les feuilles et l'herbe que le printemps remuait...
J'écris la lumière douce des chemins de mon pays...
Avec l'encre violette, j'écris les soirs de bruyères
sur les terres désolées et j'écris les âmes fières
de n'être pas consolées.
J'écris avec l'encre rouge tous les feux qui m'ont brûlée
et tous les rubis qui bougent dans le fond des cheminées,
et le soleil qui se couche sur les plus longues journées,
et toutes les roses qui sur la mer s'en sont allées...
Germaine Beaumont
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26. La vitre bleue
Sur la vitre bleue
Des fenêtres blanches,
Le ciel s'endimanche
Même quand il pleut.
Au gré des saisons,
La vitre protège
Tant de papillons
D'été ou de neige
Que la nuit aidant,
Parfois il me semble
Que le verre en tremble
Sans le moindre vent.
Quand le jour se lève
Dans la vitre bleue,
Le rêve s'achève,
Je cligne des yeux.
Au bout de la nuit,
Le soleil prend feu.
Et la maison bruit
Sous la vitre bleue.
Pierre Coran
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27. Le miroir
Dans un miroir
Est né un oiseau
Un oiseau tout bleu
Avec des plumes vertes.
Un oiseau tout jaune
Avec des plumes rouges.
Un oiseau tout violet
Avec des plumes orange.
Cet oiseau est né
Dans le miroir d'une mare
Où l'arc en ciel prenait son bain.
Michel Cordeobeuf
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28. Giboulées
La pluie éparpille un bouquet
De perles tièdes et légères.
On entend chanter les bergères
Et les oiseaux dans les bosquets.
Le soleil joue à cache-cache
Avec les gros nuages gris.
Les moutons blancs, les veaux, les vaches,
Dans les prés semblent tout surpris.
Et voici que parmi l’ondée,
Comme au fond d’un vrai pastel,
On voit monter, arche irisée,
Le pont joyeux de l’arc en ciel.
Raymond Richard
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29. Le bourgeon
Comme un diable au fond de sa boite,
Le bourgeon s’est tenu cache.
Mais dans sa prison trop étroite,
Il baille et voudrait respirer.
Il entend des chants, des bruits d’aile.
Il a soif de grand jour et d’air.
Il voudrait savoir les nouvelles
Il fait craquer son corset vert.
Puis d’un geste brusque, il déchire
Son habit étroit et trop court.
Enfin, se dit-il, je respire,
Je vis, je suis libre. Bonjour !
Paul Géraldy
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30. L’hirondelle et le poète
"Bonjour, bonjour"
dit l'hirondelle
qui revient nicher
sous mon toit.
"J'ai du printemps
au bout des ailes
et t'apporte
des fleurs nouvelles ;
je te suis fidèle"
"Merci, merci,
dit le poète,
de revenir auprès de moi
de l'autre bout de la planète."
et j'avais du bleu plein la tête
car l'hirondelle c'était toi.
Michel Beau
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31. Renaissance
Papillons de toutes les couleurs,
Déployez vos ailes de nacre
Car l’air est empreint de douceur
Grâce au printemps dont c’est le sacre !
Fleurs aux beaux pétales colorés,
Laissez planer vos doux parfums
Car cet hiver blanc s’en est allé
Après de longs mois, enfin !
Arbres aux longues branches nues,
Parez-vous de vos habits fleuris
Car à présent le moment est venu
De profiter d’une nouvelle vie.
Insectes, oiseaux et autres petites bêtes,
Réveillez-vous d’un lourd sommeil
Car le printemps est à la fête
Sous l’œil bienveillant du soleil.
Karine Persillet
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32. Petite fleur
Bonjour, bonjour, petite fleur !
A présent n’aie plus peur
Du froid, de la neige et du gel,
Et rejoins les hirondelles.
Elles volent en liberté
Car le printemps est annoncé.
Toute la nature est en émoi,
Enfin, le beau temps est là !
De légers parfums apparaissent
Aussi doux qu’une caresse.
Le ciel se teinte d’un bleu azur,
L’air, tout à coup, nous semble pur.
Bonjour, bonjour, petite fleur !
Dévoile aujourd’hui tes belles couleurs
C’est le moment tant attendu
Car le printemps est revenu.
Karine Persillet
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33. La neige tombe
Toute blanche dans la nuit brune
La neige tombe en voletant,
Ô pâquerettes ! une à une
Toutes blanches dans la nuit brune !
Qui donc là-haut plume la lune ?
Ô frais duvet ! flocons flottants !
Toute blanche dans la nuit brune
La neige tombe en voletant.
La neige tombe, monotone,
Monotonement, par les cieux ;
Dans le silence qui chantonne,
La neige tombe monotone,
Elle file, tisse, ourle et festonne
Un suaire silencieux.
La neige tombe, monotone,
Monotonement par les cieux.
Jean Richepin
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34. L’arbre
Perdu au milieu de la ville,
L’arbre tout seul, à quoi sert-il ?
Les parkings, c’est pour stationner,
Les camions pour embouteiller, Les motos pour pétarader,
Les vélos pour se faufiler.
L’arbre tout seul, à quoi sert-il ?
Les télés, c’est pour regarder,
Les transistors pour écouter,
Les murs pour la publicité,
Les magasins pour acheter.
L’arbre tout seul, à quoi sert-il ? […]
Il suffit de demander
À l’oiseau qui chante à la cime
Jacques Charpentreau
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35. Vent léger
Qui passe sur mon nez
Caresse ma joue
Joue dans mes cheveux
Frôle mes yeux ?
Le vent malicieux !
Qui chuchote à mon oreille
Agite les feuilles
Souffle sur le gazon
Pousse mon ballon ?
Le vent vagabond !
Qui touche ma main
File entre mes doigts
Sans que je le vois ?
Le vent coquin !
Où est-il passé ?
Léger, léger…
Il s’est envolé
Et revient me chatouiller !
Marie Tenaille
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36. Les quatre éléments
L’air c’est rafraichissant
Le feu c’est dévorant
La terre c’est tournant
L’eau – c’est tout différent.
L’air c’est toujours du vent
Le feu c’est toujours bougeant
La terre c’est toujours vivant
L’eau – c’est tout différent.
L’air c’est toujours changeant
Le feu c’est toujours mangeant
La terre c’est toujours germant
L’eau – c’est tout différent.
Et combien davantage encore ces drôles d’hommes
espèces de vivants
qui ne se croient jamais dans leur vrai élément
Claude Roy
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37. L’air en conserve
Dans une boîte, je rapporte
Un peu de l'air de mes vacances
Que j'ai enfermé par prudence.
Je l'ouvre ! Fermez bien la porte !
Respirez à fond ! Quelle force !
La campagne en ma boîte enclose
Nous redonne l'odeur des roses,
Le parfum puissant des écorces,
Les arômes de la forêt...
Mais couvrez-vous bien, je vous prie,
Car la boîte est presque finie :
C'est que le fond de l'air est frais…
Jacques Charpentreau
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38. Le loup
Au fond du couloir
Le loup se prépare
Il met ses bottes noires…
Qui a peur du loup ?
Pas nous !
Au fond du couloir
Le loup se prépare
Il prend son mouchoir…
Qui a peur du loup,
Pas nous !
Du fond du couloir
Le loup vient nous voir
A pas de loup noir…
Qui a peur du loup ?
C’est nous !
Sauvons-nous !
Marie Tenaille
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39. L’aurore en chaperon rose
L'aurore en chaperon rose
brin de lune sur les talons
s'en allait offrir à la ronde
sa galette et ses chansons.
Mais le loup profile son ombre
avalant galette en premier.
Sauve-toi Chaperon rose
car c'est toi qu'il va croquer.
Matin gris matin mouillé
Que cette histoire est décevante
il faudra la recommencer
heureusement la terre est ronde
demain c'est le loup -peut-être
le loup qui sera mangé.
André Hyvernaud
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40. Le petit chaperon rouge
Fort gentille, elle est coiffée
D'un mignon coquelicot.
On croirait voir une fée
Qui trottine en fins sabots.
« Où vas-tu, Chaperon rouge,
Gazouillant comme un oiseau ? »
« Je m'en vais bien loin, seulette,
Sous l'ombrage murmurant,
Et je porte une galette
A ma bonne mère-grand. »
Maurice Bouchor
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41. Le petit chaperon rouge
Chaperon rouge est en voyage,
Ont dit les noisetiers tout bas.
Loup aux aguets sous le feuillage,
N'attendez plus au coin du bois.
Plus ne cherra la bobinette
Lorsque, d'une main qui tremblait,
Elle tirait la chevillette
En tendant déjà son bouquet.
Mère-grand n'est plus au village.
On l'a conduite à l'hôpital
Où la fièvre, dans un mirage,
Lui montre son clocher natal.
Et chaperon rouge regrette,
Le nez sur la vitre du train,
Les papillons bleus, les fleurettes
Et le loup qui parlait si bien.
Maurice Carême
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42. Conte revu et corrigé
Le grand méchant loup
Louche
Est-ce une mouche en l’air
Ou une mèche lourde ?
Le grand méchant loup
Lèche
Et mâche sans relâche
Est-ce du chou mol et cher
Ou de la chair de moule ?
Le grand méchant loup
Dans son chalet se douche
Et ce grand mou léchant
Se mouche
En se séchant
Loup-garou déluré
Loup-ragout gai-luron
Le petit Chaperon
Saura te dévorer.
Anonyme
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43. Sagesse
Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme
Un arbre, par-dessus le toit,
Berce sa palme.
La cloche, dans le ciel qu'on voit,
Doucement tinte.
Un oiseau sur l'arbre qu'on voit
Chante sa plainte.
Mon Dieu, Mon Dieu, la vie est là,
Simple et tranquille.
Cette paisible rumeur là
Vient de la ville.
- Qu'as-tu fait ? ô toi que voilà,
Pleurant sans cesse,
Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse ?
Paul Verlaine
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44. L’oiseau vert
J'ai connu un oiseau vert
Qu'on appelait Arnica.
Il mangeait du seringa
Dans une assiette à dessert.
J'ai connu un éléphant
Qui s'appelait Souris Blanche.
Il se mourait d'amour pour
Un âne appelé Dimanche.
Il y eut un petit pape
Qu'on appelait Papillon,
Il avait le bras si long
Qu'on en fit une soupape.
« Oiseau, bel oiseau joli,
Qui te prêtera sa cage ?
La plus sage
La moins sage,
Ou le roi d'Astragolie ? »
Marcel Bealu
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45. Le corbeau et le renard
Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l'odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :
"Hé ! bonjour, monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois. "
A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ;
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le Renard s'en saisit, et dit : "Mon bon monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute :
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute."
Le Corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.
Jean de La Fontaine
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46. La cigale et la fourmi
La Cigale, ayant chanté
Tout l'été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue :
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la Fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu'à la saison nouvelle.
"Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l'oût, foi d'animal,
Intérêt et principal."
La Fourmi n'est pas prêteuse ;
C'est là son moindre défaut.
"Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
-Nuit et jour à tout venant je chantais, ne vous déplaise.
-Vous chantiez ? j'en suis fort aise :
Eh bien ! dansez maintenant."
Jean de La Fontaine
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47. Trois feuilles mortes
Ce matin devant ma porte,
J'ai trouvé trois feuilles mortes.
La première aux tons de sang
M'a dit bonjour en passant
Puis au vent s'en est allée.
La seconde dans l'allée,
Au creux d'une flaque d'eau
A sombré comme un bateau.
J'ai conservé dans ma chambre
La troisième couleur d'ambre.
Quand l'hiver sera venu,
Quand les arbres seront nus,
Cette feuille desséchée,
Contre le mur accroché
Me parlera des beaux jours
Dont j'attends le gai retour.
Raymond Richard
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48. Cher frère blanc
Quand je suis né, j’étais noir
Quand j’ai grandi, j’étais noir,
Quand je vais au soleil, je suis noir,
Quand j‘ai peur, je suis noir,
Quand je suis malade, je suis noir,
Quand je mourrais, je serais noir
Tandis que toi, Frère Blanc,
Quand tu es né, tu étais rose,
Quand tu as grandi, tu étais blanc,
Quand tu vas au soleil, tu es rouge,
Quand tu as froid, tu es bleu,
Quand tu as peur, tu es vert,
Quand tu es malade, tu es jaune,
Quand tu mourras, tu seras gris.
Et c’est encore toi qui as le toupet
De me traiter d’homme de couleur !
Anonyme
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49. Apothéose du point
"Foin, de tout ce qui n'est point le Point !"
Dit le Point, devant témoins.
"Sans Moi, tout n'est que baragouin !
Quant à la Virgule !
Animalcule, qui gesticule
Sans nul besoin,
Je lui réponds à brûle-pourpoint :
Qui stimule une Majuscule ?
Fait descendre les crépuscules ?
Qui jugule ? Qui férule ?
Fait que la phrase capitule ?
Qui ?
Si ce n'est : le Point !
Bref, toujours devant témoins :
Je postule et stipule
Qu'un Point c'est Tout ! "
Dit le Point.
Andrée Chedid
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50. Litanie des écoliers
Saint Anatole,
Que légers soient les jours d'école !
Saint Amalfait,
Ah ! que nos devoirs soient bien faits !
Sainte Cordule,
N'oubliez ni point, ni virgule.
Saint Nicodème,
Donnez-nous la clé des problèmes !
Saint Tirelire,
Que grammaire nous fasse rire !
Saint Siméon,
Allongez les récréations !
Saint Espongien,
Effacez tous les mauvais points.
Sainte Clémence
Que viennent vite les vacances !
Sainte Marie
Faites qu'elles soient infinies !
Maurice Carême
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51. Le cerf-volant
Soulevé par les vents
Jusqu'au plus haut des cieux,
Un cerf-volant plein de superbe
Vit, qui dansait au ras de l'herbe,
Un petit papillon, tout vif et tout joyeux.
-Holà ! minable animalcule,
cria du zénith l'orgueilleux,
Ne crains-tu pas le ridicule ?
Pour te voir, il faut de bons yeux
Tu rampes comme un ver...
Moi je grimpe je grimpe
Jusqu'à l'Olympe,
Séjour des dieux.
- C'est vrai, dit l'autre avec souplesse,
Mais moi, libre, à mon gré,
je peux voler partout,
Tandis que toi, pauvre toutou,
Un enfant te promène en laisse.
Jean-Luc Moreau
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52. L’enfant qui battait la campagne
Vous me copierez deux cents fois le verbe :
Je n'écoute pas. Je bats la campagne.
Je bats la campagne, tu bats la campagne,
Il bat la campagne à coups de bâton.
La campagne ? Pourquoi la battre ?
Elle ne m'a jamais rien fait.
C'est ma seule amie, la campagne,
Je baye aux corneilles, je cours la campagne.
Il ne faut jamais battre la campagne :
on pourrait casser un nid et ses œufs.
On pourrait briser un iris, une herbe,
On pourrait fêler le cristal de l'eau.
Je n'écouterai pas la leçon.
Je ne battrai pas la campagne.
Claude Roy
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53. L’alphabet
Quand tu apprends l'alphabet
Ne laisse pas tomber une lettre
Car si elle se blesse
Tu ne trouveras plus le mot pour appeler
Quand tu apprends l'alphabet
Et que le Z te paraît bien loin du A
Demande à ta maman une chanson
Pour finir le chemin
Quand tu apprends l'alphabet
N'oublie pas le W
Car même s'il est le plus costaud
Il ne sort pas souvent et se sent un peu triste
Quand tu apprends l'alphabet
Rappelle-toi qu'avec vingt-six lettres
On peut faire beaucoup de mots
Et tu pourras les partager
Avec tes parents, tes amis, tes secrets
Yvon Le Men
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54. La différence
Pour chacun une bouche deux yeux
deux mains deux jambes
Rien ne ressemble plus à un homme
qu’un autre homme
Alors
entre la bouche qui blesse
et la bouche qui console
entre les yeux qui condamnent
et les yeux qui éclairent
entre les mains qui donnent
et les mains qui dépouillent
entre le pas sans trace
et les pas qui nous guident
où est la différence
la mystérieuse différence ?
Jean-Pierre Siméon
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55. Chaque visage est un miracle
Chaque visage est un miracle
Un enfant noir, à la peau noire, aux yeux noirs,
aux cheveux crépus ou frisés, est un enfant.
Un enfant blanc, à la peau rose, aux yeux bleus ou verts,
aux cheveux blonds ou raides est un enfant.
L'un et l'autre, le noir et le blanc, ont le même sourire
quand une main leur caresse le visage,
quand on les regarde avec amour et leur parle avec tendresse.
Ils verseront les mêmes larmes si on les contrarie, si on leur fait mal.
Il n'existe pas deux visages absolument identiques.
Chaque visage est un miracle.
Parce qu'il est unique.
Deux visages peuvent se ressembler, ils ne seront jamais tout à fait les mêmes.
La vie est justement ce miracle,
ce mouvement permanent et changeant qui ne reproduit jamais le même visage.
Vivre ensemble est une aventure où l'amour,
l'amitié est une belle rencontre avec ce qui n'est pas moi,
avec ce qui est toujours différent de moi et qui m'enrichit.
Tahar Ben Jelloun
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56. L’albatros
Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à coté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
Charles Baudelaire
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57. Mon hiver
Mon hiver est parfumé
De cendres, de feux de cheminées.
D’encens et de lavande,
Pour tous mes enrhumés...
Mon hiver est beau
De blanc et de glace
De givre sur les arbres,
De palais transparents.
Mon hiver je l’entends
Grincer dans les branches,
Craquer sous mes pas
Souffler dans les ruelles...
Je colle mon nez à la vitre
Mon hiver est bué
A nouveau il m’invite,
A me recroqueviller.
Veronik Leray