politiques d'intégration et développement national dossou

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Ministre chargé de l’Evaluation des Politiques Publiques , de la promotion de la bonne gouvernance et du dialogue social POLITIQUES D’INTEGRATION ET DEVELOPPEMENT NATIONAL Bamako, le 02 mars 2015 Antonin S. DOSSOU

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Ministre chargé de l’Evaluation des Politiques Publiques , de la promotion de la bonne gouvernance et du dialogue social

POLITIQUES D’INTEGRATION ET DEVELOPPEMENT NATIONAL

Bamako, le 02 mars 2015

Antonin S. DOSSOU

Plan de présentation

• Introduction

• Education et formation, au service de l’intégration

• Education et formation, facteurs de développement

• Pour une meilleure intégration par l’éducation et la formation

• Conclusion2

INTRODUCTION (1/4)• 1960 : année de la concrétisation des rêves de

liberté en Afrique et au Bénin. L’indépendance aurait dû être le prolongement des combats menés depuis l’époque coloniale par des hommes qui avaient placé l’émancipation des peuples au cœur de leur action politique.

• 2015 : 55 ans après les indépendances, le rêve de voir une Afrique prospère n’est pas encore réalisé.

• En réalité, rien ne s’est passé comme prévu.

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INTRODUCTION (2/4)• Selon le Rapport sur le développement humain

2014 :– aucun pays africain ne se retrouve parmi les 49 pays

considérés à développement humain très élevé ;

– seulement 4 pays africains (Maurice, Seychelles, Tunisie et Algérie) sont classés parmi les 53 pays à développement humain élevé ;

– 12 pays africains sur 42 au total figurent dans la catégorie des pays à développement humain moyen ;

– 35 pays africains se retrouvent dans la catégorie des 43 pays à développement humain faible.

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INTRODUCTION (3/4)• Ces contreperformances s’expliquent notamment

par :– l’exploitation de rentes d’opportunité (matières premières)

qui fragilisent les économies africaines et empêchent leur diversification ;

– des activités de services à faible productivité ;

– la prépondérance des activités informelles dans la plupart des secteurs d’activité ;

– des spécificités sociologiques qui induisent plusieurs attitudes non favorables au développement.

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INTRODUCTION (4/4)• Le mal développement de l’Afrique s’explique aussi par

les faibles performances du système éducatif,notamment en terme d’efficacité interne et externe,qui produit des laissés-pour-compte de la société.

• Quelles politiques mettre en œuvre pour assurer une meilleure intégration des individus à la société et accroître ainsi leur contribution au développement national ? En d’autres termes, comment l’éducation et la formation peuvent elles être mises au service de l’intégration et du développement national ?

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EDUCATION ET FORMATION AU SERVICE DE L’INTEGRATION (1/4)

• L’intégration fait référence aux rapports entre systèmes sociaux. Elle s’oppose à d’autres situations sociales telles que la marginalité, la déviance, l'exclusion.

• Les politiques d’intégration sont les processus par lesquels les individus sont appelés à participer à la vie socio-économique, à travers leur l’activité professionnelle, l’animation des institutions sociales, la gestion de la cité et des comportements conformes aux standards familiaux et culturels.

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EDUCATION ET FORMATION AU SERVICE DE L’INTEGRATION (2/4)

• Cette intégration à la vie du groupe social est notamment favorisée par l’éducation et la formation.

• En effet, « l’éducation, ce n’est pas seulement l’enseignement ; c’est une institution, un système qui vise, à travers l’école, à faire dispenser une formation à la fois intellectuelle, morale et civique » (Gomez et Houanou).

• L’Ecole est donc un puissant vecteur de socialisation :

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EDUCATION ET FORMATION AU SERVICE DE L’INTEGRATION (3/4)

– elle inculque aux apprenants les valeurs et les normes fondamentales des sociétés démocratiques (égalité, laïcité, méritocratie,…) ;

– elle enseigne aux enfants et aux adolescents les éléments constitutifs de la culture nationale (langue, histoire, civisme, …) qui permettent aux individus d’avoir le sentiment d’appartenir à une même communauté, d’avoir la volonté de vivre ensemble et de tisser des liens sociaux ;

– elle assure l’égalité des chances et la promotion du mérite ;

– elle fournit des aptitudes pour faciliter l’insertion professionnelle des apprenants, élément fondamental d’intégration à la société.

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EDUCATION ET FORMATION AU SERVICE DE L’INTEGRATION (4/4)

• Ainsi, le système éducatif prend en charge l’être humain tout entier, le façonne aux plans intellectuel, social et culturel pour en faire un acteur du développement, un producteur au sens plein du terme dans son (ses) domaine(s) de compétence, un être épanoui, un citoyen conscient de ses droits et devoirs civiques et prêt à assumer les responsabilités qui en découlent.

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EDUCATION ET FORMATION, FACTEURS DE DEVELOPPEMENT (1/10)

• L'action de développement vise un objectif fondamental, celui de satisfaire les besoins essentiels de toute la population. Ces besoins sont matériels (nourriture, logement, éducation, santé, etc.) et non matériels (liberté de penser, d'agir, de s'associer, etc.).

• Le développement apparaît comme un mouvement qui trouve sa source première dans la société. Il est axé sur l'accomplissement du potentiel humain et l'amélioration du bien-être économique et social de la collectivité.

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EDUCATION ET FORMATION, FACTEURS DE DEVELOPPEMENT (2/10)

• Une condition fondamentale du développement est la croissance économique. Elle indique l'augmentation de la richesse nationale dont l'utilisation judicieuse permettra non seulement de générer de nouvelles richesses (investissement) mais aussi d'améliorer le bien-être de la population (consommation).

• Cette condition n’est pas suffisante : d’autres préalables sont nécessaires pour créer de nouvelles structures (économiques, sociales, politiques, mentales) permettant de franchir le cap qualitatif vers le développement.

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EDUCATION ET FORMATION, FACTEURS DE DEVELOPPEMENT (3/10)

• Ces préalables sont relatifs notamment à :

– l'émergence d'une conscience nationale et d'un esprit patriotique ;

– la garantie des libertés individuelles et collectives (la démocratie) ;

– l’élévation de la capacité d'épargne et d'investissement de la nation ;

– la facilité d'accès à l'instruction et aux soins ;

– le développement de la science.13

EDUCATION ET FORMATION, FACTEURS DE DEVELOPPEMENT (4/10)

• Ces préalables, dont la liste n'est pas exhaustive, créent un environnement permettant de tirer le meilleur parti de la croissance économique. Leur réalisation dépend notamment de la qualité du capital humain dans le pays concerné.

• Le capital humain s’entend comme l’ensemble des capacités productives qu’acquièrent les individus par accumulation de connaissances générales ou spécifiques et de savoir-faire, permettant ainsi à un pays de prendre en charge son développement économique.

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EDUCATION ET FORMATION, FACTEURS DE DEVELOPPEMENT (5/10)

• Le capital humain s’acquiert par l’éducation, la formation mais également par l’expérience. Sa qualité se reflète aussi à travers l’état de santé de la population.

• Des travaux économétriques ont permis d’estimer la contribution du capital humain à la croissance économique.

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EDUCATION ET FORMATION, FACTEURS DE DEVELOPPEMENT (6/10)

Période Production par travailleur

Contribution du capital physique

Contribution de l’éducation

Productivitédes facteurs

Côte d’Ivoire

1960-70 6,3 2,7 0,1 3,4

1970-80 3,3 3,0 0,2 0,0

1980-86 -0,7 0,1 0,3 -1,1

1986-92 -3,7 -1,2 0,3 -2,8

Cameroun

1960-70 0,2 1,2 0,1 -1,1

1970-80 6,0 2,7 0,3 2,9

1980-86 5,5 3,9 0,4 1,2

1986-92 -7,0 0,7 0,4 -7,9

Sources de la croissance dans certains pays (1960-1992)

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EDUCATION ET FORMATION, FACTEURS DE DEVELOPPEMENT (7/10)

Période Production par travailleur

Contribution du capital physique

Contribution de l’éducation

Productivitédes facteurs

Nigeria

1960-70 0,6 1,7 0,2 -1,3

1970-80 1,5 3,8 0,1 -2,4

1980-86 -4,1 -0,1 0,3 -4,3

1986-92 2,3 -1,2 0,4 3,1

Bénin

1960-74 1,6 1,8 0,2 -0,4

1975-92 -1,2 1,3 0,6 -3,1

Source : Bosworth et Collins (1998) cité par Dossou et Sinzogan (2002)

Sources de la croissance dans certains pays (1960-1992)

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EDUCATION ET FORMATION, FACTEURS DE DEVELOPPEMENT (8/10)

• La qualité du système éducatif est essentielle pour assurer celle du capital humain. Des cadres et une main-d'œuvre bien formés constituent en effet un atout de poids pour la compétitivité de l’économie et la productivité.

• Or, les systèmes éducatifs en Afrique demeurent marqués par l’héritage colonial. Ils se sont révélés inefficients et inefficaces car inadaptés aux réalités socioculturelles et économiques des pays africains.

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EDUCATION ET FORMATION, FACTEURS DE DEVELOPPEMENT (9/10)

• L’état des lieux établi par les ministres de l’éducation, réunis à Johannesburg en décembre 1999, dans le cadre de la préparation du Forum Mondial de Dakar d’avril 2000 sur l’Ecole pour tous (EPT), souligne qu’en Afrique « l’accès à l’éducation est limité, la qualité de l’enseignement reste médiocre et les programmes scolaires sont souvent éloignés des besoins des apprenants et impropres à contribuer au développement social, culturel et économique ».

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EDUCATION ET FORMATION, FACTEURS DE DEVELOPPEMENT (10/10)

• Quinze années plus tard, la situation a-t-elle fondamentalement évolué ?

• Le principal défi à relever est celui d’un système éducatif qui ne creuse pas davantage les inégalités d’une part entre les pays et d’autre part à l’intérieur de chaque nation.

• Comment alors mieux intégrer dans le circuit productif les « laissés pour compte » actuels des systèmes éducatifs africains ?

• Comment améliorer l’efficacité externe du système éducatif à travers une meilleure adéquation entre la formation et l’emploi ?

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POUR UNE MEILLEURE INTEGRATION (1/7)

• Plusieurs situations méritent d’être prises en compte pour une meilleure intégration par l’éducation et la formation.

• Par exemple, en Afrique, des centaines de milliers de jeunes n’ont jamais été scolarisés. Plusieurs de ceux qui en ont eu l’opportunité par ailleurs sont amenés à quitter précocement le système éducatif, sans diplôme ni qualification, ce qui induit des situations d’exclusion sociale prononcée et une faible qualité du capital humain.

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POUR UNE MEILLEURE INTEGRATION (2/7)

Répartition de la population active selon le niveau d’étude

Niveau d’études Bénin 2006 Moyenne des pays africains (2005) (23 pays)

15-59 ans 25-34 ans 15-59 ans 25-34 ans

Aucune scolarisation 54,2% 58,6% 51,8% 49,9%

Primaire 22,6% 25,3% 28,8% 29,6%

1er cycle du secondaire général 14,1% 8,3% 10,6% 10,6%

2nd cycle du secondaire général 4,8% 3,0% 5,1% 6,0%

Technique et professionnel 1,7% 1,7% 1,9% 2,2%

Supérieur 2,5% 3,1% 1,7% 1,8%

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POUR UNE MEILLEURE INTEGRATION (3/7)

• Une solution expérimentée au Bénin : l’école de la deuxième chance.

• Actuellement, environ 2.500 jeunes (entre 10 et 17 ans) reçoivent en trois ans, avec des horaires flexibles, une formation en français et en mathématiques équivalente à celles des six années de l'enseignement primaire. Ils obtiennent à la fin du cursus le Certificat d’Etudes Primaires (CEP), qui leur permet de s’inscrire au collège ou dans une filière professionnelle.

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POUR UNE MEILLEURE INTEGRATION (4/7)

• Un autre défi à l’intégration est celui de la cohorte des diplômés sans emploi. Il ne peut être relevé que par le renforcement de l’enseignement technique et professionnel ainsi que par la professionnalisation de l’enseignement supérieur.

• Or, l’enseignement supérieur en Afrique est marqué notamment par une faible adaptation qualitative et quantitative de l’offre de formation au marché de l’emploi.

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POUR UNE MEILLEURE INTEGRATION (5/7)

• Au Bénin, 94% des étudiants sont inscrits dans des filières « à redistribution de la richesse » (sociologie, droit, histoire, anglais, économie, lettres modernes, etc.) au détriment de filières considérées comme « créatrices de la richesse » (agronomie, sciences et techniques, formations d’ouvriers spécialisés et d’ingénieurs, etc.).

• Il se pose alors clairement la question des incitations à mettre en place pour une orientation optimale des étudiants, en phase avec les besoins de développement.

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POUR UNE MEILLEURE INTEGRATION (6/7)

• Il est important, pour la stabilité sociale, que nos universités ne soient pas des « usines à fabriquer des diplômés sans emploi », qui viennent grossir par ailleurs les rangs des effectifs employés dans les activités informelles.

• Il convient à cet égard de travailler à faire acquérir aux étudiants des connaissances et des compétences à la dimension des exigences de l’émergence économique face à une concurrence mondiale de plus en plus rude.

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POUR UNE MEILLEURE INTEGRATION (7/7)

• D’autres questions doivent être prises en charge par l’éducation et la formation pour assurer une meilleure intégration :– Comment mettre plus de filles à l'école ? Et

comment nous assurons-nous qu'elles finissent leur cursus et qu’elles sont intégrées ?

– Comment apportons-nous l'école aux milieux ruraux ou éloignés/déshérités, notamment dans la perspective du développement équilibré de l’espace national ?

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CONCLUSION (1/3)

• Les ressources humaines qualifiées, en tant que facteur de production, constituent un gage d’amélioration de la productivité et donc des performances économiques des pays africains.

• Or, la faiblesse de la scolarisation et les forts taux de déperdition scolaire entraînent in fineabsence d’instruction d’une large part de la population active, d’où une augmentation de la propension à travailler dans le secteur informel.

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CONCLUSION (2/3)

• Pour assurer le développement national des pays africains, à travers notamment la promotion d’une croissance économique soutenue, il est impérieux d’engager la réforme du système éducatif.

• Il faudra particulièrement modifier l’offre de formation pour la mettre en adéquation avec les besoins et la structure de l’économie nationale.

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CONCLUSION (3/3)

• Au-delà, il convient d’envisager la promotion d’une éducation de développement qui fera émerger un citoyen africain de type nouveau, moulé au fil des années par l’éducation, la formation et la culture.

• Un accent particulier doit être accordé à la promotion de la réflexion autonome pour bien prendre en compte les attentes et les spécificités des pays africains.

• L’émergence économique de l’Afrique est à ce prix.30

Je vous remercie

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