politique franÇaise contre la france...fait preuve le président de la cour d’assises à...

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2 0 0 0 L’ACTION FRANÇAISE 2738 61 e année du 20 décembre 2007 au 2 janvier 2008 Prix : 3 s (20 F) paraît provisoirement les premier et troisième jeudis de chaque mois 10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – Téléphone : 01 40 39 92 06 – Fax : 01 40 26 31 63 – Site Internet : www.actionfrancaise.net 3:HIKLKJ=XUXUUU:?m@r@d@i@a; M 01093 - 2738 - F: 3,00 E L'ESSENTIEL Pages 2, 3 et 4 POLITIQUE FRANÇAISE Le procès Colonna par Aristide LEUCATE La comédie des Droits de l’Homme par Michel FROMENTOUX Pages 4, 5 et 6 POLITIQUE ÉTRANGÈRE – Le mal belge par Luc BEYER DE RYKE – Christoph Blocher évincé en Suisse par Guy C. MENUSIER – L'indépendance du Kosovo par Patrick BARRIOT et François-Xavier SIDOS – Pourquoi ce déferlement de haine en Russie ? – Algérie-Liban : le retour du terrorisme par Pascal NARI – France-Algérie : Ombres et lumières par Henri FERLENS Pages 11, 12 et 13 ARTS ET LETTRES – La querelle des Bouffons par Jean-Baptiste CHAMPION – Lectures pour tous – Noël raconté aux petits et aux grands par Anne BERNET – Les enfants du Palatin par Michel FROMENTOUX – Introduction à Dominique de Roux par Pierre LAFARGE Page 14 LES GRANDS TEXTES – Le mythe de la liberté par Gérard BAUDIN Tout ce qui est national est nôtre LE B LE BANQ ANQUET UET DU 2 DÉCEMBRE 2007 DU 2 DÉCEMBRE 2007 «P ar f ar f idélité idélité à Pier à Pierr e Pujo e Pujo, le comba le comba t contin t contin ue ue » Les discours de Stéphane BLANCHONNET Philippe CHAMPION Paul-Marie COÛTEAUX Michel FROMENTOUX Aristide LEUCATE Thibaud PIERRE Romain VINDEX p. 7 à 10 P ersonne ne peut reprocher à l’Action française de ne pas avoir annoncé ce qui, in- évitablement, devait se produire. Ce n’est pas, on le sait, que nous ayons une quelconque tendresse pour le suffrage universel, mais le mépris de la volonté populaire, étalé maintenant par ceux-là mêmes qui se drapent noblement dans ses plis lorsqu’ils l’ont suf- fisamment manipulée pour lui faire approuver ce qu’ils ont pré- paré dans leurs officines, a quelque chose de stupéfiant. Car enfin, oui ou non, les Français ont-ils rejeté par réfé- rendum le projet de constitution européenne mis au point par le mondialiste Giscard d’Estaing ? Bien sûr, la démocratie moderne est ainsi faite que les gouverne- ments qui s’en réclament ont pris l’habitude de consulter le peuple souverain autant de fois qu’il le faudra pour que celui-ci donne la réponse qu’on en attend. On l’a vu pour la légalisation de l’avor- tement en Irlande et au Portugal ; on l’a vu justement pour l’Union européenne au Danemark. Mais là, le coup perpétré par Sarkozy est encore plus cynique, puisqu’il ne se préoccupe même pas des apparences de la démo- cratie. Le texte précédent, à peine modifié, et même encore plus en retrait que le précédent sur plu- sieurs points concernant notre sou- veraineté, ne sera pas soumis au peuple, toujours imprévisible, mais ratifié par le Parlement, dont on sait la souplesse d’échine de- vant les volontés de l’oligarchie qui fait la loi et les prophètes à l’échelle mondiale. On objectera que les électeurs, qui ont rejeté le projet de consti- tution, se sont donnés à un homme qui avait le plus ouvertement an- noncé qu’il ferait tout pour que cette volonté soit contournée, et qu’ainsi la volonté populaire est, en quelque sorte, respectée. C’est bien possible, mais le ressort qui les a fait choisir Sar- kozy n’a évidemment aucun rap- port avec celui qui les avait conduits à refuser la constitution européenne. Il faudrait peut-être que le président élu tienne compte de toutes les manifestations de la volonté de son souverain, et non pas seulement de celles qui l’ar- rangent. Pour nous en tout cas, l’es- sentiel n’est pas là. D’abord, les contradictions du suffrage uni- versel démontrent assez qu’il est un obstacle direct à la continuité nécessaire à toute politique digne de ce nom. Ensuite, la Nation est un bien suffisamment supérieur aux préférences aléatoires et chan- geantes des électeurs pour que nous ayons le droit de la défendre contre toutes les agressions. A.F. De Maëstricht à Lisbonne... La République toujours contre la France Le cynisme de Le cynisme de Nicolas Sarkoz Nicolas Sarkoz y y V V oir notr oir notr e ar e ar tic tic le le sur la signa sur la signa tur tur e e du tr du tr aité de Lisbonne aité de Lisbonne en pa en pa g g e 16 e 16

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Page 1: POLITIQUE FRANÇAISE contre la France...fait preuve le président de la Cour d’assises à l’endroit de l’accusé, en prenant soin, p ar exemple, de prononcer son nom à la corse,

2000

L’ACTIONFRANÇAISE

N° 273861e année

du 20 décembre 2007

au 2 janvier 2008

Prix : 3s (20 F)

paraît provisoirement les premier et troisième jeudis de chaque mois10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – Téléphone: 01 40 39 92 06 – Fax : 01 40 26 31 63 – Site Internet : www.actionfrancaise.net

3:HIKLKJ=XUXUUU:?m@r@d@i@a;M 01093 - 2738 - F: 3,00 E

L'ESSENTIELPages 2, 3 et 4

POLITIQUE FRANÇAISE

– Le procès Colonna

par Aristide LEUCATE

– La comédie des Droits de l’Homme

par Michel FROMENTOUX

Pages 4, 5 et 6

POLITIQUE ÉTRANGÈRE

– Le mal belge

par Luc BEYER DE RYKE

– Christoph Blocher évincéen Suisse

par Guy C. MENUSIER

– L'indépendance du Kosovo

par Patrick BARRIOT

et François-Xavier SIDOS

– Pourquoi ce déferlementde haine en Russie ?

– Algérie-Liban : le retour du terrorisme

par Pascal NARI

– France-Algérie : Ombres et lumières

par Henri FERLENS

Pages 11, 12 et 13

ARTS ET LETTRES

– La querelle des Bouf fons

par Jean-Baptiste CHAMPION

– Lectures pour tous

– Noël raconté aux petits et aux grands

par Anne BERNET

– Les enfants du Palatin

par Michel FROMENTOUX

– Introduction à Dominiquede Roux

par Pierre LAFARGE

Page 14

LES GRANDS TEXTES

– Le mythe de la liberté

par Gérard BAUDIN

Tout ce qui est national est nôtre

LE BLE BANQANQUET UET DU 2 DÉCEMBRE 2007DU 2 DÉCEMBRE 2007

«« PPar far fidélité idélité à Pierà Pierrre Pujoe Pujo,,

le combale combat contint continueue »»Les discours de

Stéphane BLANCHONNET

Philippe CHAMPION

Paul-Marie COÛTEAUX

Michel FROMENTOUX

Aristide LEUCATE

Thibaud PIERRE

Romain VINDEX

p. 7 à 10

Personne ne peut reprocher àl’Action française de ne pasavoir annoncé ce qui, in-

évitablement, devait se produire.Ce n’est pas, on le sait, que nousayons une quelconque tendressepour le suffrage universel, maisle mépris de la volonté populaire,étalé maintenant par ceux-làmêmes qui se drapent noblementdans ses plis lorsqu’ils l’ont suf-fisamment manipulée pour luifaire approuver ce qu’ils ont pré-paré dans leurs officines, aquelque chose de stupéfiant.

Car enfin, oui ou non, lesFrançais ont-ils rejeté par réfé-rendum le projet de constitutioneuropéenne mis au point par lemondialiste Giscard d’Estaing?Bien sûr, la démocratie moderneest ainsi faite que les gouverne-ments qui s’en réclament ont prisl’habitude de consulter le peuplesouverain autant de fois qu’il lefaudra pour que celui-ci donne la

réponse qu’on en attend. On l’avu pour la légalisation de l’avor-tement en Irlande et au Portugal;on l’a vu justement pour l’Unioneuropéenne au Danemark.

Mais là, le coup perpétré parSarkozy est encore plus cynique,puisqu’il ne se préoccupe mêmepas des apparences de la démo-cratie. Le texte précédent, à peinemodifié, et même encore plus enretrait que le précédent sur plu-sieurs points concernant notre sou-veraineté, ne sera pas soumis aupeuple, toujours imprévisible,mais ratifié par le Parlement, dont

on sait la souplesse d’échine de-vant les volontés de l’oligarchiequi fait la loi et les prophètes àl’échelle mondiale.

On objectera que les électeurs,qui ont rejeté le projet de consti-tution, se sont donnés à un hommequi avait le plus ouvertement an-noncé qu’il ferait tout pour quecette volonté soit contournée, etqu’ainsi la volonté populaire est,en quelque sorte, respectée.

C’est bien possible, mais leressort qui les a fait choisir Sar-kozy n’a évidemment aucun rap-port avec celui qui les avaitconduits à refuser la constitution

européenne.Il faudrait peut-êtreque le président élu tienne comptede toutes les manifestations de lavolonté de son souverain, et nonpas seulement de celles qui l’ar-rangent.

Pour nous en tout cas, l’es-sentiel n’est pas là. D’abord, lescontradictions du suffrage uni-versel démontrent assez qu’il estun obstacle direct à la continuiténécessaire à toute politique dignede ce nom. Ensuite, la Nation estun bien suffisamment supérieuraux préférences aléatoires et chan-geantes des électeurs pour quenous ayons le droit de la défendrecontre toutes les agressions.

A.F.

De Maëstricht à Lisbonne...

La République toujours

contre la FranceLe cynisme deLe cynisme de

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2 L’Action Française 2000 n° 2738 – du 20 décembre 2007 au 2 janvier 2008

10, rue Croix-des-Petits-Champs,75001 Paris

Tél. : 01-40-39-92-06 • Fax : 01-40-26-31-63I.S.S.N. 1166-3286

• Directeur : Philippe Champion• Rédacteur en chef :

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Yves Lenormand• Politique étrangère : Pascal Nari• Économie : Henri Letigre,

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François Leger• Rédacteur graphiste : Grégoire Dubost• Photos : François Tabary

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CHRONIQUE JUDICIAIRE

LE PROCÈS COLONNA

Une mascarade judiciaire

Réclusion criminelle à per-pétuité ! Le verdict esttombé, le 13 décembre,

sur l’échine d’un berger corse quinie toute participation personnelledans le commando qui a assas-siné le préfet Claude Érignac, un6 février 1998. Yvan Colonna, “na-tionaliste” corse, jugé par “l’Étatcolonial français” passera doncune partie de sa vie entre quatremurs avec, cependant, l’espoird’être élargi un jour ou l’autre, au-cune peine de sûreté n’ayant étéprononcée.

Un procèssous influence

Les avocats d’Yvan Colonnaont relevé appel de l’arrêt d’as-sises, peut-être pour calmer l’émoides divers représentants “natio-nalistes” présents au procès. Ma-dame la veuve Érignac, à laquellenous adressons notre soutiendans la douloureuse épreuve dedeuil qui est la sienne (car, sonmari fût-il, en tant que préfet, missidominici de la République, étaitavant tout un serviteur de l’État etne devait en aucun cas tombersous les balles d’énergumènes in-dépendantistes) peut-elle se sa-tisfaire de ce linceul judiciaire ?Rien n’est moins sûr. On relèvera,pêle-mêle, la mansuétude dont afait preuve le président de la Courd’assises à l’endroit de l’accusé,en prenant soin, par exemple, deprononcer son nom à la corse, laviolation caractérisée de la pré-somption d’innocence, lorsque Ni-colas Sarkozy, alors ministre del’Intérieur avait annoncé à lapresse la capture (après unelongue traque dans les maquis

corses) de “l’assassin du préfetErignac”, le manque cruel depreuves à charge contre Colonna,bref, des éléments substantielsqui militeraient pour la thèse d’unprocès carrément truqué, dans le-quel, les jeux étaient faitsd’avance. Une mascarade judi-ciaire supplémentaire venantgrossir le nombre des affairesglauques de la Ve Gueuse !

Les fauxnationalistes

Que l’on ne se méprenne passur notre propos, lequel ne viseabsolument pas à prendre le partide M. Colonna. S’il est de tradi-tion politique à l’Action française,de défendre les libertés provin-ciales, au nom de l’intérêt biencompris de l’État, lequel doit seconcentrer sur ses fonctions ré-galiennes en haut, tout en arbi-trant bienveillamment les répu-

bliques en bas, nous ne com-prenons guère, en revanche, lecombat des indépendantistescorses. Ou, tout au moins, nousle soutiendrions s’il s’inscrivaitdans une démarche plus prochedu félibrige fédéraliste maurras-sien (ou mistralien) que celle duterrorisme aveugle.

Le combat des Corses pour lareconnaissance de leur particula-risme, notamment du fait de leurinsularité géographique, noussemblerait plus légitime et plusporteur s’il était avant tout cultu-rel donc pacifique. Les Talamoni,les Angelini et autres Simeoni, de-vraient méditer les leçons de notredoctrine politique qui enseignequ’avant de vaincre il faut d’abordconvaincre et que si le simple faitincontestable d’avoir raison est,en soi, une force, celle-ci ne sau-rait résulter d’autres armes quecelles de la rhétorique.

Aussi, en aucune façon, les in-dépendantistes corses ne peuventse dire “nationalistes”, sauf à dis-créditer un peu plus un terme etune idée (le nationalisme) dont lacharge polémique ne cesse d’en-fler au fur et à mesure de son(mauvais) usage. S’il est regret-table que Yvan Colonna ait étécondamné par une Justice fran-çaise dont l’impartialité pourraitêtre débattue au regard de l’article6-1 de la Convention européennedes droits de l’homme, il est as-surément plus dommageable queles arguments des indépendan-tistes se limitent à des “nuitsbleues” ou à des plastiquages.

Nous renvoyons donc dos àdos Colonna et sa clique et la Jus-tice républicaine.

[email protected]

parAristide LEUCATE

Sus aux gallinacés

« Plus goûteuse que celleà crête rouge », « fleuron del’aviculture française » depuisprès de quatre siècles et « ré-putée pour ses vertus culi -naires », la gauloise blanche àcrête blanche, une poule bienhexagonale est en danger. Ma-rianne (1) nous apprend, en ef-fet, que la commission euro-péenne veut mettre fin à son éle-vage. Motif ? Les délireshygiénistes de Bruxelles dont onpeut se demander à juste titres’ils ne visent pas à n’avoir plusque des grands groupes agroa-limentaires pour nous nourrir. Les« normes kafkaïennes » et la« mont agne d’absurdités » ontl’air d’avoir eu raison d’un res-taurateur qui avait redonné vieà cette race depuis une quin-zaine d’années.

Le pharelumineux de

la vie médiatiqueDans son billet hebdomadaire

du courrier des lecteurs du Nou-vel Observateur (2), Jean-Mar-cel Bouguereau revient sur la“journée sans Sarkozy” dans lesmédias que certains souhaitaient.Soutien aux victimes, conflits so-ciaux, diplomatie, rien de ce quiest évoqué quotidiennement nepeut omettre de mentionner, tantpar les mots que l’image, l’actionde notre très (in)dispensable pré-sident de la République. Faceaux lecteurs exaspérés par l’om-niprésence de Nicolas Sarkozy,le journaliste du Nouvel Obs rap-pelle à juste titre que nous avonsà faire à un omniprésident et cependant encore quatre ans etdemi. « un feuilleton perma -nent dont chaque épisodechasse le précédent », selonFrançois Bazin, journaliste dumême hebdomadaire.

La présidentiellepermanente

Marianne, Le Nouvel Obser-vateur, Le Point ou L’Express,ces dernières semaines, nousont encore opposé l’actualité ré-cente des deux finalistes del’élection présidentielle. Certes,depuis le moi de mai, l’on saitqui est le vainqueur… Mais à encroire les unes ou les titres desarticles, l’on a l’impression quele plus important est la prochaineéchéance qui n’aura lieu qu’en2012… Alors, pour l’une l’on adroit aux bonnes feuilles de sonlivre sur la campagne de 2006-2007 et sa stratégie pour« conquérir » le Parti socialiste– « La deuxième vie de Ségo -lène » (3) – désormais mise enparallèle avec celle de BertrandDelanoë, pour Valeurs actuelles(4). Pour l’autre, on « enquêtesur l’Ét at Sarkozy » (5) ou l’ona droit à son « plan de bat aille »(6) pour 2008. Si l’hebdomadairedirigé par Jean Daniel revient,certes, cette semaine sur l’« épi-sode-affaire » Kadhafi, l’on peuttoujours et légitimement penser

qu’il faut déjà nous préparer àchoisir entre les finalistes à nou-veau « imposés » pour la pro-chaine élection présidentielle. Aumoins, le système se verrouilleet désormais l’on n’a plus rien àen attendre… Et tant mieux.

Sondomanie

Autre aspect qui nous faitvraiment penser à une électionpermanente, certaines revuesont décidé de mettre en placeencore plus de sondages, de« photographies de l’opi -nion », pour savoir ce que noscompatriotes pensent, là encore,de l’action de l’omniprésent etomnipotent (du moins le croit-il)président de la République. AinsiValeurs actuelles vient de lan-cer son baromètre de la réformeavec l’institut de sondage CSA,pour interroger « 1 000 Fran-çais » afin de « leur poser lesquestions essentielles ». Unefois de plus, cela va alimenter,et avec son consentement, lasoif d’action médiatique (et seu-lement médiatique) de l’hôte del’Élysée. Or médiatique et né-cessaire sont souvent incom-patibles…

Le silenceest d’or

Alors qu’à chaque accidentqui compte plusieurs morts,chaque catastrophe naturelle,chaque crime crapuleux, élus,ministres ou président de la Ré-publique se précipitent devantles micros et les caméras pourfaire part, au choix, de leur émo-tion, colère, tristesse, et le toutavec gravité, l’on a pu s’étonnerdu peu de réactions qui ont suivila mort d’Anne-Lorraine Schmitt,assassinée dans le RER par unvioleur récidiviste en se rendantà la messe un dimanche matin.À tel point que Le Nouvel Ob-servateur dans son « téléphonerouge » (7) nous indique que Mi-chèle Alliot-Marie a très « malpris que Nicolas Sarkozy luireproche de n’avoir p as assezréagi à l’assassinat de [la]jeune femme. Le ministre del’Intérieur n’a p as voulu mé -diatiser son émotion person -nelle. La jeune victime […] étaiten effet la fille […] de son an -cien collaborateur à la Dé -fense ». Il eût été mieux de pen-ser, comme l’écrit Guillaume Ro-quette dans Valeurs actuelles (8)que « les injonctions média -tiques – immédiateté et sen -sationnalisme – [comptent]moins que le respect de l’inti -mité d’une famille en deuil. »

Arnaud NAUDIN

(1) N° 555 du 8 au 14 décembre.(2) N° 2249 du 13 au 19 décembre.(3) Le Nouvel Observateur n° 2248du 6 au 12 décembre.(4) N° 3707 du 14 décembre.(5) Le Point n° 1838 du jeudi 6 dé -cembre.(6) L’Express n° 2944 du 6 au 12décembre.(7) N° 2248 du 6 au 12 décembre.(4) N° 3706 du 7 décembre.

Yvan ColonnaDes éléments substantiels

militeraient pour la thèse d’un procèscarrément truqué.

R E V U E D E L A P R E S S E

■ Nous vivons dans un monde dé-mocratique et aseptisé, dont cer-tains voudraient nous faire croirequ’’il ressemble à ces publicitésaux couleurs nauséeuses pourvoyages exotiques : cocotiersgarnis, plages de sable blanc etpunch à volonté ! Bref un para-dis terrestre. Pourtant, jamais cesiècle n’aura amené autant de vio-lence et de barbarie : des millionsd’hommes se sont étripés au nomde la sacro-sainte démocratie etnos bons dirigeants tentent tou-jours de nous faire croire que lesémeutiers de certaines cités sontdes gens policés.

Cruel paradoxe que celui denos sociétés ! Les citoyens n’ontjamais été aussi amorphes, me-nant une vie larvaire entre leur su-permarché et leur écran barbitu-ral de télévision, et la barbarie n’ajamais autant sévi sous les diffé-rents termes que les asservis mé-diatiques veulent bien lui donner,d’ “incivilité” au “mal être ur-bain”...De même il sera de bonton de s’indigner d’un article troposé sur les différents tabous quisont autant de névroses et detrous béants dans la liberté d’ex-

pression, mais on excusera sousdivers prétextes sociologiques lespires assassins... Où est la lo-gique ? Il n’y en a pas.

Nous qui sommes d’ActionFrançaise, nous ne cédons pasaux sirènes mortifères des frèressiamois que sont le libéralisme etl’archéogauchisme et préféronssuivre la belle maxime d’Ernst vonSalomon : « nous ne voulonspas de leur bonheur , nous vou -lons un destin ». C’est pourquoinous cautionnons l’emploi de lapolémique, sainte colère néces-saire pour briser les plus épaissescouches de silence et réveiller deleurs sommeils chimiques et hyp-notiques nos concitoyens.

Malgré l’arsenal légal qui sé-vit dans notre pays dit “libre” maisoù un grand nombre de libertéssont passées à la trappe (dontcelle de penser par soi-même),nous revendiquons l’emploi demots forts et justes, n’en déplai-sent à nos “confrères”. La polé-mique est un style à part entière,et l’Action française entend bienrevendiquer cet héritage.

Romain VINDEX

NÉCESSAIRE SAINTE COLÈRE

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L’Action Française 2000 n° 2738 – du 20 décembre 2007 au 2 janvier 2008 3

NOTRE SOUSCRIPTION POUR L’A.F.

SIGNESDES TEMPS

Bêlements droits-de-l’hom-mistes et juteux contrats com-merciaux se sont entremêlés

durant la visite à Paris du 10 au 15décembre du dictateur libyenMouammar Kadhafi, le tout or-chestré selon la flasque liturgie du“politiquement correct”...

Bien peu se sont posé la vraiequestion. Hormis le fait que le des-pote d’outre-Méditerranée a sou-vent soutenu le terrorisme, qu’il estresponsable de la mort de centsoixante Français dans un aviond’UTA en 1989, qu’il a récemmentmaintenu en otage dans des condi-tions affreuses un groupe d’infir-mières bulgares, est-il de l’intérêtde la France, passant sur toutesces horreurs, d’entretenir des rela-tions avec la Libye, qui occupe uneposition stratégique en Méditerra-née et qui semble vouloir se rap-procher de l’Occident ? Si la ré-ponse est oui, comme le veut le bonsens, elle entraîne une autre inter-rogation : était-il nécessaire de dé-ployer devant un chef d’État aussimal élevé tous les fastes de la Ré-publique, de lui passer tous ses ca-prices, de le faire entrer de plainpied et sans restrictions dans leconcert international ?

Comme toujours, M. Sarkozy avoulu jouer d’esbroufe et de déme-sure : pour obtenir de grands etsubstantiels contrats de ventesd’avions, il a comblé d’honneurs levieux campeur de l’hôtel Marigny(puisque c’est là que le visiteur avoulu planter sa tente...). Maiscomme le président de la Répu-blique excelle toujours à faire co-habiter thèse et antithèse, il a de-mandé à Mme Rama Yade de se sou-venir qu’elle est secrétaire d’Étataux Affaires étrangères et... auxDroits de l’Homme ! Lesconsciences étaient sauves : Ni-colas faisait des affaires, Rama fai-sait de la morale...

Ainsi s’est engagé un ubuesqueballet verbal frisant la surenchèreidéologique. La jeune secrétaire d’É-tat a tout de suite mis les pieds dansle plat : « Le colonel Khadafi doitcomprendre que notre p ays n’estpas un p aillasson, sur lequel undirigeant, terroriste ou non, peutvenir s’essuyer les pieds du sangde ses forfait s. » En avait-elle tropdit ? M. Sarkozy semble le lui avoirgentiment reproché, mais il ne l’apas mise à la porte du gouverne-ment, car son rôle était bien troputile pour rassurer les bien pen-sants. Le colonel Khadafi, quisemble s’être follement amusé du-rant ce voyage, a voulu en réponse

POLITIQUE FRANÇAISE

KHADAFI À PARIS

La comédie des Droits de l'HommeBonne nouvelle

Dans un entretien au Journaldu Dimanche, le ministre de l’É-conomie et des Finances, Chris-tine Lagarde, annonce une bonnenouvelle : grâce aux mesures gou-vernementales, les Français au-ront un gain de pouvoir d’achat« équivalant à un mois de sa -laire, voire davant age ». Refaitesles comptes. Si jamais vous ne bé-néficiez pas d’une telle manne,n’hésitez pas à écrire à Bercy !

Harkis

On ne peut que se féliciter quele président de la République, auretour de son voyage en Algérie,ait reçu à l’Élysée des associa-tions de harkis, leur rendant offi-ciellement « l’hommage solen -nel de la nation ». On peut s’éton-ner en revanche de l’annonced’une « politique de formation,une politique individualiséed’accès à l’emploi, d’accès aulogement, d’accès à la Fonctionpublique » spécifiquement dédiéeaux enfants de harkis. Si la Franceaurait dû, il y a quarante ans, ac-cueillir les harkis dans d’autresconditions, ce n’est pas en main-tenant leurs enfants dans un ghettocommunautariste que l’on pourralaver nos erreurs.

Kultur

Parce que le business est dé-cidément une valeur plus à la modeque la culture, Nicolas Sarkozy seprononce pour la libéralisation dela publicité télévisée pour les livres.« Si c’est favorable aux best-sel -lers, ce sera favorable auxlivres » répond-il aux petits édi-teurs inquiets de cette mesure.C’est en tous cas un pas de pluspour faire avancer la culture Bi-gard-Halliday...

Prisons

Human Rights Watch, l’orga-nisation de défense des Droits del’Homme, classe les États-Unisparmi les pays comptant le plusgrand nombre de prisonniers : 2,25millions de personnes, soit 751pour 100 000 habitants. C’estpresque 10 fois plus qu’en France(85/100 000) et bien plus qu’en Iran(212/100 000). Il faudra demanderaux zélateurs du “modèle améri-cain” en quoi cette tentation de l’en-ferment généralisé a permis d’amé-liorer la sécurité des Américains.

Guillaume CHA TIZEL

jouer au provocateur, affirmantqu’au cours de son entretien avecM. Sarkozy il n’avait pas été ques-tion des Droits de l’Homme. C’étaiten fait jouer sur les mots, car le pré-sident de la République lui avaitdonné le conseil de « progres -ser » sur la route desdits Droits, etle colonel était ainsi fondé à pen-ser qu’il était déjà reconnu commeétant sur la bonne voie et qu’iln’avait plus qu’à “progresser”...

Surenchèreidéologique

Toujours plus loin dans la pro-vocation, l’ami libyen est allé jus-qu’à reprocher à la France de don-ner des leçons quand elle-mêmetraite, selon lui, si mal les immigrésdans les banlieues... C’est là où l’onvoit combien la notion de Droits del’Homme est ambiguë et peut êtremise à toutes les sauces. Elle ap-paraît la plus belle des choses etse révèle la pire. Parler ainsi de laFrance qui a laissé entrer les im-migrés en masse depuis des an-nées, c’est passer totalement à côtéde la question. Nous avons sou-vent écrit dans ces colonnes queles immigrés ne sont pas victimesdu non respect des Droits del’Homme, mais d’un trop grand res-pect de cette fausse religion inver-tébrée au nom de laquelle d’unepart on n’a pas su contenir les en-trées d’étrangers dans des limitessupportables tant pour eux-mêmesque pour les Français, d’autre parton s’obstine à enseigner un indivi-dualisme exacerbé qui, divinisantles moindres désirs de chacun,conduit dès l’école à rejeter toutefierté nationale et toute tradition re-ligieuse morale ou familiale, et parcontre-coup décourage chez lesnouveaux arrivés tout désir de s’in-tégrer à une société qui se désin-tègre elle-même et n’a plus rien degrand à donner à respecter ou à ai-mer. Là est le vrai drame des ban-lieues, que ne peut pas comprendreM. Khadafi, qui lui, en Libye, metles homosexuels en prison...

Autre provocation du cher ami :devant l’Assemblée nationale, il adéclaré : « Si je suis encore aupouvoir après trente-huit ans,c’est que le peuple le souhaite !En outre, en Libye, il n’y a p as

besoin d’élections puisque c’estle peuple lui-même qui est aupouvoir . » Comme quoi vouloir im-poser partout le “modèle démocra-tique” français revient à manquertotalement du sens de la diversitéhumaine... Allons plus loin : s’ex-primant ainsi, le despote nord-afri-cain n’est pas si éloigné qu’il lesemble de l’idéologie des Droits del’Homme de 1789. Celle-ci, envisa-geant un Homme de partout et denulle part, sans racines et sanstranscendance, et écrasant souscette entité abstraite les hommesconcrets, les familles, les métiers,les régions, fait depuis plus de deuxcents ans le lit de tous les totalita-rismes. Robespierre eût pu parlercomme M. Khadafi, mais aussi Hit-ler, mais aussi Staline. On sait qu’auplus fort des atrocités communistes,l’URSS se référait aux Droits del’Homme dans sa constitution !

Il est évident que cette idéolo-gie vide et débile n’a jamais adoucinulle part les régimes ni les mœurs.Pire, elle a partout servi à donnerbonne conscience à ceux qui sepermettaient les plus lamentablesexactions. Et cela reste vrai de nosjours. Rien n’a jamais remplacé,pour établir dans et entre les na-tions, un peu de paix et de justice,la foi catholique que Maurras ap-pelait « la seule Internationale quitienne », « le langage communaux communications supérieuresdes hommes ».

Espérons que le séjour pari-sien de ce provocateur aura fait

comprendre aux dévots des Droitsde l’Homme l’inutilité de ces dé-bats qui tournent dans l’abstrait etqui ne font jamais avancer lamoindre réflexion.

Le droit d’êtrefrançais

En attendant, ce brouhaha mé-diatique aura éclipsé presque to-talement la forfaiture que, pendantmême le cirque khadafien, M. Sar-kozy est allé commettre à Lisbonneen cinq petites heures. Là il s’agis-sait de la France, de son avenir,de son existence. même. D’aucunsdiront qu’en signant le fameux mini-traité européen, il a porté atteinteaux Droits de l’Homme, dont l’undes premiers est pour un Françaisde pouvoir le rester. Mais là encoreapparaît le piège de cette notion ri-dicule. Dès la proclamation de1789, les Droits de l’Homme et ducitoyen ont été les Droits du citoyenen tant qu’Homme et non ceux del’homme en tant que citoyen. Ad-hérer à une conception prétendue“universelle” et cosmopolite del’Homme, c’est donc peu à peu re-lativiser son appartenance natio-nale au profit d’une conception élas-tique de la société à laquelle onappartient. Ainsi est-on mûr, via l’Union européenne, pour lemondialisme.

Après avoir flétri l’image de laFrance dans le monde en haus-sant sur le pavois un turlupin maldégrossi, M. Sarkozy se débarrassede la France elle-même. Les Droitsde l’Homme, eux, restent saufs. ■

parMichel FROMENTOUX

n En ces jours de Noël et de Jourde l’An, vous êtes naturellement por -tés à la générosité. N’oubliez p asque L’Action française 2000 est jus -tement en cette période de fêtes entrain de se transformer pour vousoffrir , en hommage à Pierre Pujo etdans la continuité de ses dernièresvolontés, un journal rénové, ouvertà de grandes signatures et pluscombatif que jamais (voir le compterendu de notre banquet du 2 dé -cembre, pages 7 à 10) . Attendez-vous à découvrir dès le jeudi 3 jan -vier une AF qui réveillera votre ar -deur au combat. Or , rien à l’AF nes’est jamais accompli sans l’aide denos lecteurs, nos seuls soutiens,

les seuls garant s de notre indé -pendance. Plus que jamais, aprèsla grande épreuve que nous venonsde traverser , nous avons besoin devous. L ’AF va de l’avant, vous n’avezpas de raison de vous découragerd’être généreux avec elle.

Michel FROMENT OUX

* Prière d’adresser vos dons à M me

Geneviève Castelluccio, L’ActionFrançaise 2000 , 10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris.

LISTE N° 17

Virement s réguliers : M.Derville, 7,62 ; Jean-Michel deLovet, 7,62 ; Mme Yvonne Peyrerol,15,24 ; Mlle Annie Paul, 15,24 ;Mme Bellegarde, 15,24 ; RaymondSultra, 17,78 ; Joseph Lajudie, 20 ;Mme Marie-Magdeleine Godefroy,22,87 ; Julien Thévet, (2 mois), 50 ;Mme Marie-Christiane Leclercq-Bourin, 30 ; Mme Françoise Bedel-Giroud, 30,49 ; MmeTatiana dePrittwitz, 45,73 ; anonyme, 152,45.

Hommage à Pierre Pujo : JacquesLamonerie, 150 ; Jean Chollet, 40 ;Olivier Grimaldi, 30 ; Jean-PierrePlénat, 10 ; Mme Marie-ThérèseGarçon, 40 ; Mme Carla Volkoff, 50 ;Mme Lucrèce Savelli, 15 ; Mme

Capet-Sellenet, 50 ; anonyme Metz,150 ; PAA, 300 ; Mme CorinneSchoch, 150 ; anonyme 150 ; Xavierde Lassus, 400 ; Fernand Estève,150 ; anonyme, 50 ; Mlle DominiqueDazin, 100 ; “à la mémoire de M.Pierre Pujo, avec l’expression de mareconnaissance”, Mme Pierre

Vuillerme, 150. Dons au Banquet :Mlle Christiane Hubert, 20 ; Mme

Simone Lépine, 20. Pour leurabsence au Banquet : P.A.A., 50 ;Mme Jeanne Kloos, 30 ; RobertThomas, 50 ; Jean Burghelle-Vernet,60 ; Vincent Claret-Tournier, 60 ;Philippe Prévost, 100 ; Hugues deMalval, 20 ; Jean-Luc Bailleul, 21 ;Gérald Wailliez, 30. Pour les “60Bougies” : Xavier Trabet, 60

Quête au Banquet : 3 802,92 sTotal de cette liste : 6 849,20 sListes précédentes : 34 884,24 s

Total : 41 722,77 sTotal en francs : 273 659,69 F

N’oubliez pas les étrennes de l’Action française

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4 L’Action Française 2000 n° 2738 – du 20 décembre 2007 au 2 janvier 2008

POLITIQUE ÉTRANGÈRE

Le Kosovo-Metohija (termesinséparables en langueserbe, Metohija signifiant

“terre de l’Eglise”) est une provincede Serbie peuplée majoritairementde Kosovars d’origine albanaiseou Shiptars qui jouissent d’une trèsgrande autonomie. Les Serbesveulent toutefois garder leur sou-veraineté sur cette province quireprésente le berceau de leur na-tion. Elle abrite en effet près de1 300 monastères orthodoxes (dé-truits en grande partie par les Ship-tars) et les tombeaux des premiersrois serbes. Depuis la fin des bom-bardements de l’OTAN, au moisde juin 1999, le Kosovo-Metohijaest administré par l’ONU confor-mément à la résolution 1244 duConseil de sécurité qui ne remetpas en cause la souveraineté dela Serbie. Malheureusement, lesShiptars, soutenus par une partiede la communauté internationale,ont décidé de proclamer leur in-dépendance hors du cadre légalde l’ONU. Cette sécession unila-térale menace bien évidemmentles derniers Serbes du Kosovo-Metohija (moins de 100000 per-sonnes) et leur patrimoine. Lorsdes pogroms anti-serbes du moisde mars 2004, ni la Mission inté-rimaire des Nations unies au Ko-sovo-Metohija (Minuk), ni la Forcede l’OTAN au Kosovo-Metohija(Kfor) n’ont été en mesure de pro-téger la minorité serbe contre lesactions terroristes des Shiptars.

Au mois d’octobre 2005, l’an-cien président finlandais Martti Ah-tisaari a été désigné par l’ONUcomme médiateur des négocia-tions entre Serbes et Shiptars surle futur statut du Kosovo-Metohija.Le plan proposé par Martti Ahti-saari, qui prévoyait une indépen-dance sous supervision interna-tionale (mission civile de l’Unioneuropéenne et troupes de l’OTAN),a été fermement rejeté par la Rus-sie au mois de mars 2007. La Mis-sion de la « troïka » (États-Unis,Russie, Union Européenne) char-gée de trouver un compromis entreSerbes et Shiptars sur le futur sta-tut du Kosovo-Metohija, s’est ache-vée le 7 décembre 2007 sur unéchec constaté dans un rapportremis au secrétaire général del’ONU, monsieur Ban Ki-Moon.Lors du débat qui se tiendra auConseil de sécurité le 19 décembreprochain sur le futur statut du Ko-sovo-Metohija, les États-Unis etl’Union Européenne demanderontl’application du « plan Ahtisaari »alors que la Russie exigera le res-pect des résolutions du Conseil desécurité. Or aucune résolution duConseil de sécurité ne pourra ava-liser l’indépendance du Kosovo-Metohija en raison du veto russe.

La diplomatie russe contesteen effet toute interprétation unila-térale et dévoyée de la résolu-tion 1244. Cette dernière prévoitune « autonomie subst antielle »du Kosovo-Metohija au sein de laSerbie et non l’indépendance. Lechef de la diplomatie russe a jugéqu’« une initiative unilatérale »ne tenant pas compte du droit in-ternational comporterait beaucoupde risques. La Russie de VladimirPoutine affirme son opposition àtoute solution qui n’aurait pas l’avalde la Serbie. Le ministre russe desaffaires étrangères, Sergueï La-vrov, a estimé qu’un règlement dustatut du Kosovo-Metohija hors du

cadre de l’ONU créerait un pré-cédent « aux conséquences im -prévisibles » conduisant l’Europesur « une pente glissante ». Ser-gueï Lavrov a jugé la situation« très alarmante » et ajouté :« Nous ne pouvons accepter lesincant ations selon lesquelles ils’agirait d’une situation excep -tionnelle et que l’indépendanceserait inévit able ». Les artisansde l’indépendance du Kosovo-Me-tohija ne cessent en effet de ré-péter que le Kosovo-Metohija neconstituera pas un précédent caril s’agit d’une situation très parti-culière qui n’a rien à voir avec lePays basque espagnol, l’île deChypre, la Corse, l’Abkhazie ou laTransnistrie. Or la situation dansces régions diffère peut-être auplan touristique mais certainementpas au plan du droit international.

Passe-passediplomatique

Le scénario mis au point entreAméricains et Européens pour sou-tenir l’indépendance des Shiptarsprévoit que l’Union européenne(UE) enverra début 2008 au Ko-sovo-Metohija une mission civileau titre de la politique européennede sécurité et de défense (PESD).Cette mission PESD, composéede 1800 policiers et juristes char-gés d’épauler le nouvel État indé-pendant, remplacera progressive-ment la Minuk. Le déploiement dela mission PESD ne relèvera doncpas d’une décision de l’ONU maisles planificateurs de ce scénariocomptent sur la « passivitéconstructive » du secrétaire gé-néral de l’ONU qui prendra actede la décision européenne. La tu-telle exercée par l’ONU sur le Ko-sovo-Metohija cèdera alors la placeà un État indépendant appuyé parune mission civile de l’UE. Souli-gnons que l’une des toutes pre-mières décisions des Vingt-Sept,peu après la cérémonie de signa-ture du traité de Lisbonne, concer-nait cette mission PESD. Parailleurs, l’Alliance atlantique a an-noncé le 7 décembre dernierqu’elle allait maintenir au Kosovo-Metohija les 16 500 hommes dela Kfor. Les ministres de l’OTANont estimé que l’Alliance pourramaintenir sa présence sans qu’ilsoit besoin d’une nouvelle résolu-tion des Nations unies !

Les États-Unis ont affiché leurintention de reconnaître l’indé-pendance aussitôt qu’elle sera dé-clarée par Pristina. L’indépendancesera ensuite reconnue par 22 paysde l’UE sur 27. Il existe en effetdes dissensions au sein de l’Eu-rope, Chypre, l’Espagne, laGrèce, la Roumanie et la Slova-quie exprimant de sérieuses ré-serves. Le ministre des affairesétrangères de Chypre a rappeléson opposition à l’indépendancedu Kosovo hors du cadre del’ONU : « Notre position restela même : nous soutenons unrèglement négocié, nous res -pectons la légalité internatio -nale, nous respectons les ré -

solutions du Conseil de sécu -rité ». Le sud de l’île de Chyprecraint bien évidemment qu’une dé-claration d’indépendance du Ko-sovo ne soit utilisée comme unprécédent par la République turquede Chypre du Nord. Le ministreespagnol, Miguel Angel Moratinos,a déclaré quant à lui : « Jamais,dans l’Histoire, une déclarationd’indépendance unilatérale n’aété positive ». Les pays euro-

péens qui refusent de reconnaîtreun Kosovo indépendant sans lefeu vert explicite de l’ONU ont ce-pendant consenti à ne pas bloquerpolitiquement le déploiement de lamission PESD. Javier Solana, lehaut représentant de l’UE pour lapolitique étrangère, l’homme quifit bombarder la Serbie, comptesur l’« abstention constructive »des Etats membres les plus réti-cents afin d’offrir l’indépendanceaux Shiptars.

Une ingérenceinacceptable

Hashim Thaci, ex-chef politiquede l’Armée de libération du Ko-sovo (UCK) et Premier ministreshiptar, a promis, après sa victoireaux élections législatives du 17novembre 2007, que le nouveauParlement proclamerait l’indépen-dance « juste après le 10 dé-cembre 2007 ». Mais la commu-nauté internationale prévoit quecette proclamation déclencheraune poussée de patriotisme enSerbie. Or les deux tours des élec-tions présidentielles serbes doi-vent se tenir le 20 janvier et le 3février 2008. Les Etats-Unis et lesEuropéens ont donc obtenu un ac-cord de principe du nouveau pre-mier ministre shiptar afin que l’in-dépendance ne soit proclaméequ’à l’issue du deuxième tour desélections présidentielles serbes.L’objectif des Occidentaux est defavoriser dans ces élections la coa-lition “démocratique” pro-occiden-tale, incarnée par l’actuel prési-dent Boris Tadic, et d’amoindrir leschances du mouvement patriotique(qualifié bien entendu d’« ultra-nationaliste »), représenté par leParti Radical de Tomislav Nikolic.Rappelons que le Dr. Vojislav Se-selj, président du Parti Radical, aété éliminé de la vie politique serbe

par le Tribunal pénal internationalde La Haye qui l’a inculpé uni-quement pour avoir tenu durant laguerre des propos patriotiquesqualifiés de « discours dehaine ». Si l’on suit cette logique,tout Français chantant La Mar-seillaise en période de conflit arméou lors d’opérations de maintiende l’ordre pourrait être poursuivipour propos haineux ! L’indépen-dance du Kosovo-Metohija seradonc probablement proclaméeaprès les élections présidentiellesserbes. Le Commissaire européenà l’Élargissement, Olli Rehn, a dé-claré le jeudi 13 décembre 2007que l’Union européenne prendrasa décision sur le statut final de laprovince serbe du Kosovo au dé-but du printemps (mars 2008).

La mannefinancière

La marge de manœuvre dunouveau gouvernement shiptar estcependant étroite. Pour les Ship-tars, la proclamation d’indépen-dance équivaut à un drapeau, àun hymne national, à un siège in-dépendant à l’ONU mais surtoutà la manne financière de l’UnionEuropéenne. Les promesses desadministrateurs de l’ONU qui sesont succédés à Pristina depuis1999, en particulier celles de Ber-nard Kouchner, les ont confortésdans l’idée que l’accession à l’in-dépendance était synonyme desolution à tous leurs problèmes,en particulier économiques. Il fautsavoir que depuis la mise en placede l’administration de l’ONU, lesclans mafieux prolifèrent à Pris-tina et détournent l’aide interna-tionale. Les Premiers ministres quise sont succédé avec le soutiende la communauté internationale(Ramush Haradinaj, Agim Ceku,Hashim Thaci) sont tous des an-ciens membres de l’organisationterroriste UCK et des criminels deguerre. La corruption gangrène laclasse politique au pouvoir et letrafic d’êtres humains, de drogueet d’armes n’a jamais été aussidéveloppé au Kosovo-Metohija.

Les futurs crédits de l’Unioneuropéenne sont donc convoitéset attendus avec impatience parces prédateurs. Des manifesta-tions sont organisées à Pristinapour exiger “l’indépendance im-médiate”. Hashim Thaci lui-mêmepourrait être débordé par des mou-vements radicalisés tel que celuid’Albin Kurti, leader indépendan-tiste du mouvement “autodétermi-nation”. En l’absence d’indépen-dance rapide, les Shiptars mena-cent de se soulever et denouveaux progroms antiserbes,identiques à ceux de mars 2004,pourraient se produire.

La réactionserbe

Dès la proclamation de l’indé-pendance, les autorités serbes me-nacent de suspendre leurs rela-tions diplomatiques avec les pays

ayant reconnu le nouvel Etat in-dépendant et de rappeler leurs am-bassadeurs. La Serbie pourrait fer-mer ses frontières avec le Kosovo-Metohija et décréter un blocuséconomique, voire couper l’ap-provisionnement en eau et en élec-tricité de la province. Les popula-tions serbes des enclaves n’au-ront pas d’autre choix que la valiseou le cercueil et des couloirs d’éva-cuation seront probablement or-ganisés. Le nord du Kosovo, à ma-jorité serbe, fera certainement sé-cession à son tour pour serattacher à la Serbie. Les Serbesmobilisés se masseront à Mitro-vica, au nord de la rivière Ibar etdes violences sont à redouter surle pont de Mitrovica.

Déstabilisationdes Balkans

L’indépendance du Kosovo-Metojiha viole les principes fon-damentaux du droit internationalet de l’organisation de l’Europe enmodifiant brutalement le tracé desfrontières. De nouveaux affronte-ments violents sont à redouterdans les Balkans car une grandeAlbanie se dessine qui s’étendrainexorablement au nord vers lavallée de Presevo, à l’est vers lapartie occidentale de la Macédoineet à l’ouest vers le Sandjak de NoviPazar. L’indépendance du Kosovo-Metohija aura également desconséquences en Bosnie car lesSerbes de la Républika Srpska au-ront de solides raisons de récla-mer à leur tour l’indépendance faceaux menaces qui pèsent sur leurentité. Les Serbes de Bosnieconstatent en effet que la com-munauté internationale, qui mani-pule la résolution 1244 pour livrerle Kosovo-Metohija aux Shiptars,manipule de la même façon lesaccords de Dayton pour dissoudreprogressivement la RepublikaSrpska dans une Bosnie unitaireà majorité musulmane. La boîtede Pandore pourrait donc s’ouvriravec l’indépendance du Kosovo-Metohija et répandre la violencedans les Balkans.

Et la Francedans tout cela ?

La France prendra la prési-dence de l’UE au second semestre2008 et ce sont des généraux fran-çais qui devront mettre en œuvreau Kosovo-Metohija, dans le cadrede la Kfor, le « plan Ahtisaari ».La France sera donc chargée en2008 de faire appliquer une me-sure injuste, illégale et dangereuseà l’encontre d’un vieil État euro-péen souverain, allié historique dela France dans tous les combatspour la liberté. Qui pourra nousdire au nom de quel intérêt supé-rieur de la France nos dirigeantss’engagent dans un processus ha-sardeux et dangereux qui ouvreles portes de l’Europe aux mafiasalbanaises, au nom de quel inté-rêt supérieur de la France nousnous opposons ainsi à la Russiepour nous aligner sur la positionsuicidaire d’un président améri-cain discrédité et déjà jeté dansles poubelles de l’histoire, au nomde quel intérêt supérieur de laFrance nous trahissons nos al-liances et renions notre histoire ? ■

parPatrick BARRIOT

et François-Xavier SIDOS

L’indépendance du Kosovo-Metohija

est injuste, illégale et dangereuse !

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POLITIQUE ÉTRANGÈRE

F R A N C E - A L G É R I E

Ombres et lumièresAlgérie-Liban

LE RETOURDU TERRORISMEÀ Alger, deux attentats à

la bombe visant la Cour su-prême constitutionnelle etle siège du H.C.R., reven-diqués par El-Qaïda, ontfait de 30 (version officielle)à 71 (version donnée parles hôpitaux) victimesvoire plus d’une centainede morts (la rumeur, cer-tains journaux).. Les atten-tats perpétrés le 11 dé-cembre l’ont été par deuxkamikazes. L’un était unjeune homme, l’autre un“vétéran” islamiste depuispeu libéré de prison envertu de la loi de “réconci-liation nationale” de M.Bouteflika.

Ces forfaits appellentquelques remarques :

La politique de réconcilia-tion nationale n’a pas eul’effet escompté. Le terro-risme, éradiqué à la cam-pagne grâce aux opéra-tions de l’armée, se dé-place en tissu urbain,terrain autrement plus diffi-cile;Les discours anti-fran-çais, la campagne de “ré-conciliation” et les conces-sions faites aux islamistesne changeront rien à la si-tuation.

Désormais les pays duMaghreb sont sérieuse-ment menacés. Et le terro-risme s’approche de l’Eu-rope où la France est parti-culièrement visée. Lafermeté et la vigilance detous s’imposent plus quejamais.

Même phénomène, maispour d’autres raisons au Li-ban. Au moment où péni-blement les dirigeants poli-tiques du pays se rappro-chent d’une solution decompromis pour le choix dufutur chef de l’État et oùl’accession du maronite gé-néral Sleiman, actuel chefdes armées, se dessine àl’horizon plus ou moinsproche, le général El Hadj,autre maronite, le numérodeux de l’armée a été as-sassiné. On peu se deman-der à qui le crime profite.Les Syro-iraniens sont leplus souvent désignés.

En Algérie comme au Li-ban, pour ne citer que cesdeux pays, le terrorisme is-lamiste constitue le princi-pale menace, contre lespays musulmans pro-occi-dentaux, contre l’Occidentet surtout l’Europe etcontre la paix et l’équilibreun peu partout.

Disons-le une fois de plus,il serait criminel de traitercette menace par l’angé-lisme et la gesticulation. Ledanger est aussi dans nosmurs.

P.N.

Tout dépend du domaine quel’on veut privilégier pour por-ter un jugement sur le

voyage du président Sarkozy enAlgérie, le 3, 4 et 5 décembre der-niers. Contrats pétroliers ? projeteuroméditerranéen ? “réconcilia-tion franco-algérienne” ? codéve-loppement ? Autant d’enjeux stra-tégiques qui se déclinent eux-mêmes en sous-ensembles : ainsiles intérêts des grands groupesne coïncident-ils pas avec ceuxdes PME ; ou bien encore un pro-jet euroméditerranéen nous ren-voie-t-il à la difficile conciliation denos politiques marocaine et algé-rienne.

Le pétrole, le gaz,et l’atome, élixirs

d’oubli ?En bref la spécificité de la re-

lation franco-algérienne retentitdans tous les domaines où se ren-contrent les deux pays. Et com-ment mieux résumer cette spéci-ficité que par la déclaration du mi-nistre algérien des AnciensCombattants taxant le gouverne-ment français d’être le produit d’unlobby juif et cela à la veille de lavisite du président Sarkozy. Ja-mais une telle immixtion dans lavie politique française n’eût été en-visageable et a fortiori tolérée d’unquelconque autre pays. L’intrica-tion des relations entre les deuxpays conduit à des situations pa-roxystiques qui défient les lois ha-bituelles des relations entre États.

Il est tentant de se dire que lesimpératifs énergétiques ont ravaléle psychodrame franco-algérienau rang de rituel protocolaire. Pos-ture contre posture. Demande al-gérienne de repentance contre re-fus français de jeter l’eau du bain“colonialiste républicain” avec le

bébé “colonial”. Toujours est-il queTotal doit – à hauteur de 51 % -financer une usine pétrochimiqueà Arzew, pôle pétrolier de l’ouestalgérien, pour un montant de 2milliards d’euros. La Sonatrach(société nationale des pétroles al-gériens) intervient à hauteur de49 %. Toujours dans le domainede l’énergie c’est Alstom qui, pour1,7 milliards d’euros construira unecentrale thermique. Enfin, et c’estsans doute le plus important tantle domaine est sensible, c’est laFrance qui tente de damer le pionaux États-Unis dans un domainesensible : celui de l’atome. En ef-fet c’est toute la filière du nucléairecivil algérien, depuis la prospec-tion d’uranium, son exploitation,la recherche, la production, letransport, à laquelle est associéela France. Les critiques ne man-queront pas mais il faut savoir queles États-Unis, les Russes, Chi-nois et autres Iraniens sont en em-buscade.

Les sociétésciviles

Loin des impératifs de la rela-tion interétatiques peut-on de-mander aux sociétés civiles dejouer un rôle ? Le paradoxe estpatent. Malgré les difficultés poli-tiques ce sont les relations interétatiques qui donnent le ton. Enrevanche les difficultés se ren-contrent lorsqu’il s’agit de créerdes PME et singulièrement lors-qu’il s’agit d’implantations venantde France. On trouvera des té-

moignages intéressants defemmes algériennes dans le nu-méro de Regard Local Algérie quiont tenté d’implanter leur entre-prise de la rive Nord à la rive Sud.

Et puis bien sûr il faut s’inter-roger sur le rôle d’une véritablediaspora algérienne enracinée enFrance par le biais de couplesmixtes parfois fustigés par le pré-sident Bouteflika ou encore de ré-fugiés opposants politiques.

Qui s’est rendu à Bougie a puconstater à quel point la mixité dessociétés françaises et algériennes(essentiellement kabyles en l’es-pèce) n’est pas un vain mot.

Projet euroméditerranéen etcodéveloppement

L’avenir et la nature de la re-lation entre l’Afrique et l’Europeemportent une réflexion qui toucheaux équilibres futurs du monde.L’Afrique hante aujourd’hui lesrêves de la Chine, de l’Inde, duBrésil, et si les nations d’Europene construisent pas avec l’Afriquele partenariat du XXIe, ce conti-nent tombera sous la couped’autres puissances… Même si lecodéveloppement trouve sesmeilleurs points d’application enAfrique subsaharienne, il re-cherche aujourd’hui sa place dansle projet euroméditerranéen, en-core bien flou. En attendant quece projet se dessine plus préci-

sément, la relation franco-algé-rienne doit y marquer sa spécifi-cité. C’est ce qui a conduit le« Partenariat Eurafricain », pi-lier de la politique de “codévelop-pement” * à s’ouvrir aux cadresalgéro-français comme en a té-moigné leur participation au col-loque qui s’est tenu au Sénat le22 novembre dernier sur le thèmeEnjeux locaux et perspectives ducodéveloppement.

Nicolas Sarkozy ayant, commeil se doit, refusé de céder aux fa-cilités d’une repentance média-tique s’en est tenu au renforce-ment des liens entre deux Étatsque tout conduit à rechercher despolitiques communes. ■

* 103 avenue Parmentier 7501 1 Pa-ris. S’informer sur l’Algérie :www.toutsurlalgerie.com, un site di -rigé par Hamid Guemache,

parHenri FERLENS

Moins de deux mois aprèsles élections législativesmarquées par une nou-

velle progression du parti national-agrarien U.D.C., les deuxchambres du parlement helvétiquese sont réunies le 12 décembre enAssemblée fédérale (l’équivalentde notre Congrès) pour réélire ouélire les sept membres de l’exé-cutif, les conseillers fédéraux.

Comme nous le pressentionsau lendemain des élections, cetteséance solennelle, qui longtempsreleva du genre convenu, fut cettefois tout sauf sereine *. La ma-

nœuvre qui sedessinait depuisdes semaines aabouti : Christoph Blocher, figureemblématique de l’U.D.C., l’hommede la résistance aux empiétementseuropéens et de la rigueur en ma-tière d’immigration, a été évincédu Conseil fédéral où pendantquatre ans il a dirigé le départe-ment de la justice et de la police.

En revanche, les six autresconseillers fédéraux sortants, ycompris l’U.D.C. centriste SamuelSchmid, ont été confirmés dansleurs fonctions.

La coalitionanti-blochériennes¹est défendue

de mépriser la volonté des élec-teurs qui ont largement soutenul’U.D.C. en octobre dernier. Selonles conjurés (socialistes, écolo-gistes et démocrates-chrétiens),leur vote visait un homme, non unparti ; une explication assez spé-cieuse, dans la mesure où le suc-cès électoral de l’U.D.C. doit beau-coup à Blocher. Quoi qu’il en soit,au terme d’une machination évo-quant plus les mœurs florentinesque celles des Waldstätten, l’As-semblée fédérale a élu, à la placedu leader nationaliste, une U.D.C.grisonne qui n’avait rien demandé,Eveline Widmer-Schlumpf. Il lui a d’ailleurs fallu vingt-quatre heuresde réflexion avant d’accepter son élection.

Dans l¹opposition

La nouvelle conseillère fédé-rale se définit comme « unefemme U.D.C. de l’aile libérale ».Le problème est que le groupe par-lementaire, majoritairement blo-

chérien, affirme vouloir « entrerdans l¹opposition » et, ce faisant,priver de son soutien ses deux élusau Conseil fédéral. Dans le jeu dé-mocratique suisse, il n’est pas ex-ceptionnel qu’un parti dit de gou-vernement joue sur deux tableaux.Mais ce sera la première fois quela principale force parlementairese situera explicitement dans l’op-position, au risque toutefois de s’ex-poser à des scissions dans cer-tains cantons.

Reste à voir quelle forme re-vêtira cette opposition. Amer, Chris-toph Blocher entend mener la viedure au Conseil fédéral, sans douteen recourant fréquemment à la dé-mocratie directe. Son parti auraitdéjà « une vingt aine d¹initiativespopulaires sur le métier ».

Des inquiétudes se font doncjour au parlement, chez les radi-caux, partenaires naturels del’U.D.C., et surtout dans les mi-lieux économiques qui redoutentune nouvelle dégradation du pré-tendu consensus helvétique.Quand le génie suisse devient chimère. ■

* L¹Action française 2000 du 1er novembre.

parGuy C. MENUSIER

CHRISTOPH BLOCHER ÉVINCÉ EN SUISSE

La conjuration de Berne

Qui s’est rendu à Bougie a puconstater à quel point la mixité

des sociétés françaises etalgériennes n’est pas un vain mot.

Manifestation le 8 décembre appelant à la non-rééléction de Christoph Blocher

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6 L’Action Française 2000 n° 2738 – du 20 décembre 2007 au 2 janvier 2008

POLITIQUE ÉTRANGÈRE

R U S S I E

Pourquoi un tel déferlement de haine ?

Les élections législatives quiviennent de se dérouler enRussie ont donné une

confortable majorité à RussieUnie, parti du président Poutine.Avec une participation d’environ60 %, ce parti obtenu 315 siègessur 450. Trois autres formationspolitiques seront représentées auparlement dont les communistesavec 57 députés.

Ni le taux de participation, nile pourcentage des voix et dessièges obtenu par Russie Unie,n’ont un caractère “stalinien”. Per-sonne, même les pires adversairesde la Russie et de son président,ne conteste l’immense popularitéde Vladimir Poutine et son bilanexceptionnel. Au moment du dé-part d’Eltsine, la Russie était unpays livré à l’anarchie et à la cor-ruption, endetté, en régression surtous les plans; son armée était dé-composée, son économie livréeaux oligarques et aux multinatio-nales. Les Russes, peuple fier deson passé si glorieux, souffraientde ce déclin.

Il n’a fallu que moins d’une an-née pour que tout cela ne soitqu’un mauvais souvenir. LesRusses ont retrouvé leur fierté, laRussie est respectée. Le taux an-nuel de croissance dépasse ré-gulièrement les 6 %. La dette ex-térieure a été entièrement liqui-dée dont une partie paranticipation. Le budget est en équi-libre et un fonds de régulation deplus de 150 milliards de dollarsest constitué pour les années de“vaches maigres”, sage précau-tion. L’armée russe est réorgani-sée et reconstituée, la récente ma-nœuvre de la marine russe dans

délivrée du bolchevisme en ins-trumentalisant quelques oligarques.Poutine a mis fin à cette entreprisede pillage largement entamée. Oncritique les Russes, parfois avecraison, de transformer leur pétroleen instrument de leur diplomatienationale. Quel autre pays n’en apas fait ou ne fait pas de même ?Vaudrait-il mieux que l’État soit auservice des “grands intérêts” oul’inverse ? Il n’est même pas per-mis de poser cette question dansles grands médias.

Pis encore, la Russie prétendpratiquer une politique nationale,défendre et promouvoir son iden-tité, la foi de son peuple, revenir àses traditions. Autant de crimes im-pardonnables pour les mondialistes.Ils sont contre “tout ce qui est na-tional”. Voilà la clé du mystère.

Le 3 mars prochain, un scru-tin présidentiel aura lieu en Rus-sie pour désigner le successeurde Vladimir Poutine, inéligibleaprès avoir exercé deux mandatssuccessifs.

Après toutes les spéculationsimaginables des kremlinologuespatentés, voilà qu’en vue de sasuccession Poutine vient d’appor-ter son soutien à un candidat “sur-prise”, Dimitri Medevedev, jeune(il a quarante-quatre ans) techno-crate de l’aile libérale de l’entou-rage présidentiel, à l’intégrité re-connue et qui n’est pas issu de lafilière KGB. Voilà qu’on parle de“mystère”.

Ne vaudrait-il pas mieux res-pecter les Russes, leurs choix, leurpolitique et saluer un spectaculaireredressement national qui rééqui-libre les équations internationalesdans le monde actuel ? ■

Nous avons demandé àLuc Beyer de Ryke, ancien

présentateur du Journal télé -visé belge, auteur d’un livreparu il y a quelques jours à

Paris chez François-Xavier deGuibert La Belgique

en sursis , d’analyser lescauses du “mal belge”. À cet

effet, il a rencontré Pierre-Y vesMonette, ancien conseiller des

rois Baudouin et Albert II.

La crise belge s’est étirée,enflée, allongée démesurémenttel un serpent géant lové dans lessables mouvants de la politique.

Nous vivons sous le règne del’éphémère. Tout un temps véritéd’un jour n’était pas celle du len-demain. C’était encore trop. Bien-tôt vérité du matin se voyait dé-mentie l’après-midi. Lorsque pa-raîtront ces lignes que sera-t-elle ?Au moment où elles sont écrites,le “formateur” n’est autre que GuyVerhofstadt, l’actuel Premier mi-nistre chargé des affaires cou-rantes. Ne sachant plus où don-ner de la tête.... et de la couronne,Albert II l’a pressé de constituerun gouvernement provisoire.Tâche ardue et tout à fait inédite.Ce libéral flamand a pour qualitéd’être un esprit créatif et de nepas être un obsédé linguistique.Advienne que pourra...

Le mal belge

la Méditerranée en étant une écla-tante démonstration.

Une classe moyenne nom-breuse et prospère se développe.Elle constitue le principal soutiendu président. On n’a qu’à regar-der Moscou, Saint-Pétersbourg etd’autres grandes villes russes pourse rendre compte de cette remar-quable transformation qui n’en estqu’à ses débuts.

Tous les rapports fiables desorganisations internationales, lesstatistiques incontestables dé-montrent et prouvent ces réalités.Il est évidemment facile de mon-trer des taudis en Sibérie, la mi-sère de quelques-uns, des retards,hérités du communisme et del’époque Gorbatchev-Eltsine pourdénigrer la réalité. Mais dans etpour quel autre pays on ne pour-rait faire de même ?

Hors la filièreKGB

Les élections russes ont donnélieu à une véritable campagne dedénigrement et de haine envers cepays et Vladimir Poutine. Il a suffique l’ex-champion d’échecs Cas-parov soit interpellé pour manifes-tation illégale à la tête de quelquesdizaines de personnes, pour quela “grande” presse et les médias

audio-visuels parlent d’une dicta-ture de type nazi, que l’on com-pare Poutine à Hitler et à Staline,véritable lynchage médiatique. Onavait évidemment occulté qu’unesalle avait été affectée à cette ma-nifestation quelques pas plus loin,que le champion-candidat à la pré-

sidence et les siens étaient venusmanifester dans la rue pour êtredispersés devant les caméras dumonde entier justement pour pou-voir se poser en victimes.

On a vu et entendu à satiétéce même personnage dénoncer lamarche de la Russie vers le tota-litarisme. On oubliait de préciserque ces interviouves étaient ac-

cordées dans sa prison ! Belexemple du totalitarisme. Il a étéd’ailleurs libéré cinq jours plus tard.

Toute cette campagne est ou-vertement financée par un milliar-daire russe, l’oligarque Bérézovski,repris de justice et “réfugié poli-tique” à Londres, et par quelquesO.N.G. américaines. Qui le dit ?

On a même été jusqu’à vili-pender Nicolas Sarkozy pour avoir

félicité Poutine de la victoire de sonparti. Il fallait plutôt l’en féliciter

Quelles sont les raisons decette véritable campagne de haine,cette diabolisation médiatiquecomme l’aurait dit le regretté Vla-dimir Volkoff ?

Les multinationales étaient surle point de mettre la main sur lesimmenses fortunes de la Russie

parPascal NARI

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Ce sont là les péripéties auquotidien d’une crise qui, aprèsplus de six mois, se patine etprend la couleur vert de gris desillusions perdues, des rancœursrecuites et des ambitions non dis-simulées.

Si les heures, les jours, lesmois s’égrènent à l’horloge d’unpays qui “s’évapore” la raison enest due au “mal belge”.

Le hasard des rencontresnous a réservé un entretien avecPierre-Yves Monette. Il était venuparler à Gand, au Cercle RoyalArtistique et Littéraire de l’Avenirde la Belgique. Le propos méri-

tait d’autant plus d’être écouté etentendu que Pierre-Yves Monettefut, durant quelques années,conseiller du roi Baudouin puisd’Albert II. Une fonction exigeantde lui non un devoir de réservemais un mutisme absolu. Au-jourd’hui professeur au Collègede l’Europe à Bruges, il a retrouvéla parole.

Fédéralismede dislocation

Le temps est venu de soufflerdans la corne de brume. Il estvenu de faire résonner le tocsin.

Effectuant un retour sur lepassé, il se désole et s’indigneque le monde politique ait pu« vendre le Fédéralisme au RoiBaudouin. Le système a sesvertus mais dans l’équationbelge » « ce que nous avonsest un fédéralisme de dislo -cation ». Des réformes peuventêtre souhaitables. Elles sont àses yeux condamnables lors-qu’elles visent au démantèlementde l’État.

Trop souvent c’est dans cetesprit qu’elles sont conçues enFlandre. Pierre-Yves Monette

s’en prend à l’architecture com-plexe qui “castre” le pays. Elleest faite de divisions linguistiques,de dosages politiques, d’affron-tements larvés ou non, entre « lescathos et les trois-points » (lescatholiques et les francs-ma-çons). Le pays se trouve ainsienserré dans un maillage qui lerend prisonnier. La résultante enest une « mal gouvernance »sans exemple dans l’Union eu-ropéenne.

Notre interlocuteur connaît lesarcanes de l’administration pouravoir assumé les devoirs de mé-diateur fédéral.

Il sait le nombre de décisionssouvent importantes prises lorsde négociations nocturnes. Ellesle sont par des ministres ivres defatigue, d’alcool et de nicotine,se séparant au petit matin.

La mal-gouvernance atteintun point tel qu’en la matière laBelgique, confie Pierre-Yves Mo-nette, est devenue « la lanternerouge de l’Union européenne ».

En tenant ces propos Monetteest conscient de se voir accuséde “poujadisme”.

Il s’en défend. Avec vivacité.« Le poujadisme est aussi dan -gereux que le fascisme. Nonseulement je ne m’oppose pasaux partis politiques, mais jeles tiens pour nécessaires. Je

les soutiens. Ce que je metsen cause c’est l’importancedémesurée qu’ils ont prise. Ilsse substituent au processusinstitutionnel. Ce n’est plusune démocratie mais une oli -garchie. »

L’analyse venant de quelqu’unqui s’est trouvé dans les cou-lisses, au cœur du pouvoir, im-pressionne. Davantage encorelorsqu’il conclut : « Je ne sou -haite pas rester belge si cepays ne retrouve pas unebonne gouvernance ».

Il faut y voir la parole d’unhomme profondément blessédans l’amour de la patrie servieaux côtés du Roi.

Le désamour d’un pays où lavolonté des présidents de partisprennent le pas sur la paroleroyale. ■

parLuc BEYER DE RYKE

Qui sera le prochain hôte du Kremlin ? En vue de sa succession Poutine vient d’apporter son soutien à Dimitri Medevedevl.

Albert IILa volonté des partis prendle pas sur la parole royale.

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L’Action Française 2000 n° 2738 – du 20 décembre 2007 au 2 janvier 2008 7

LE BANQUET DU 2 DÉCEMBRE 2007

Au Palais de la Mutualité, cedimanche 2 décembre,Pierre Pujo était dans toutes

les pensées, dans tous les cœurs.Dès que les convives eurent prisplace, Michel Fromentoux a faitobserver une minute de recueille-ment tout de suite prolongée parla lecture du message (voir ci-contre) que Mgr le comte de Pa -ris , duc de France, nous avait faitparvenir par son conseiller poli-tique Denis About .

Le moment était alors venupour le rédacteur en chef deL’AF 2000 d’accueillir l’assistanceplus nombreuse que l’an dernieret de saluer les personnalités nousfaisant l’honneur de leur présence,notamment SAI la princesse V inhThuy, le duc et la duchesse deDoudeauville , Mme Denise CarlaVolkoff, le docteur Xavier Dor .

Ce grand banquet des Amis del’Action française ne devait nulle-ment refléter la tristesse, il étaitévident pour tous que le meilleurhommage à rendre à Pierre Pujoétait, pour nous les héritiers del’œuvre à laquelle il avait donnésa vie, de manifester notre volontéde maintenir notre Action françaiseplus vivante que jamais. C’est cequi ressortait des discours de Mi-chel Fromentoux , puis de Sté-phane Blanchonnet , nouveauprésident du Comité directeur del’Action française.

Restructurationde l’Actionfrançaise

Ce dernier a alors laissé la pa-role à notre ami l’ancien secrétairegénéral de la Restauration natio-nale des années 1992-1997, plusfier que jamais de son engage-ment au sein de l’AF, le plus àmême de témoigner des craintesde Pierre Pujo au moment où sesforces l’abandonnaient, que les en-nemis de l’Action française s’ap-prêtent à porter de nouveaux rudescoups à cette grande aventurefrançaise.

Mais « aujourd’hui, une p aged’histoire de France est à écrireensemble. C’est sur les p as dePierre Pujo mais en continuantla route qui doit être celle del’Action française au XXI e siècleque je souhaite plaider pour unegrande renaissance de l’espé -rance royaliste. [...] Oui l’Actionfrançaise a perdu son chef maisle combat qui a animé t ant ettant de générations de roya -listes, de p atriotes sincèrementamoureux de notre beau p aysdoit continuer et va continuercar, une jeunesse est là pour re -prendre le drapeau tombé àterre. [...] Oui Pierre vous êtesparti rejoindre la lumière éter -nelle de notre Rédempteur maisvous pouvez compter sur cettejeunesse de France pour quevotre combat, notre combat, lecombat de tous les Français sepoursuive inlassablement ! »

Et voici le message délivré aunom de tous les cadres du jour-nal et du mouvement : « L’Ac -tion française n’est p as morte.Et après une mobilisation ex -ceptionnelle et sans faille detous les milit ants durant cesjournées d’épreuve, je peuxvous dire que tout est désor -mais en ordre de marche pour

que nous illuminions ces jourssombres dans lesquels notrepays est plongé de toute la lu -mière de notre révolte contredes dirigeant s qui bradent de -puis trop longtemp s la France.

Qu’avons-nous fait ces der -nières semaines avec MariellePujo, Monique Lainé, Michel Fro -mentoux, S téphane Blanchon -net, Philippe Champion, Gré -goire Dubost, Denis About, Jé -rôme Besnard, BernardBonnaves, Philippe et GiovanniCastelluccio, Jean-PhilippeChauvin, Adrien Charvet, Sé -bastien de Kerrero, AlexandreCugnache, V index, Cheverny ettant d’autres sans oublier biennaturellement Thibaud Pierre ?Eh bien, nous avons tout sim -plement œuvré pour que l’Ac -tion française ne sombre p as.[...] Partout en France des chu -chotement s se sont fait en -tendre : que va devenir l’Actionfrançaise sans le fils de Mau -rice Pujo ? Les plus pessi -mistes, ces oiseaux de mauvaisaugure qui en rajoutent quandtout va mal, ont proclamé p ar-tout que l’AF n’en avait plus quepour six mois. [...] Je veux vousfaire comprendre que c’est au -jourd’hui qu’il faut nous faireconfiance, c’est maintenant qu’ilfaut se réabonner , c’est immé -diatement qu’il faut verser à lasouscription. C’est tout de suiteque vous devez rappeler vosamis pour leur dire “ne déses -père pas, une équipe solide etpleine d’avenir se remet au tra -vail”. Sans vous l’Action fran -çaise pourrait effectivement dis -paraître car Pierre incarnait lelien avec la grande AF d’avant-guerre. [...]

Mais je veux vous redonnerconfiance et vous annoncerqu’avec ce banquet commenceréellement la nouvelle aventuredu royalisme français au XXIe siècle. »

La “restructuration” est enmarche : « Depuis hier le Co -mité directeur a à sa tête unjeune nouveau président en lapersonne de S téphane Blan -chonnet. Ami de Pierre et de Mi -chel Fromentoux, S téphaneavec ses qualités d’hommeposé, réfléchi, empreint d’uneforte et grande culture d’AF ,saura rester fidèle à la pensée

d’Action française. Je sais aussiqu’il réussira à ap aiser les in -évit ables conflit s.

[...] Un Comité directeur enordre de marche et à ses côtésun mouvement royaliste, leCentre royaliste d’Action fran -çaise que dirige un duo dechoc : Philippe Champion entant que président et qui sauraavec toute son expérience deprofesseur et de milit ant roya -liste, redonner des bases so -lides à la formation des jeunesmilit ants, et Thibaud Pierre, Se -crét aire général. »

Fidélitéet espérance

« Je peux témoigner de latrès forte confiance que PierrePujo accordait, malgré sesjeunes années, à Thibaud. Thi -baud est aujourd’hui le chef mi -lit ant dont l’Action française abesoin. Dévoué, méthodique,consciencieux et attentif auxautres, Thibaud Pierre saura, jen’en doute p as un inst ant, avecvotre aide et celle de tous sesaînés et sous le regard attentifde Philippe Champion, remon -ter une école de formation politique qui a t ant apporté àtous ceux qui ont fait p artie de la grande famille d’Actionfrançaise. »

Et voici le “signe fort” de lavolonté de continuité, qui « s’in -carne aujourd’hui dans uneéquipe renouvelée, enthou -siaste et soudée de la rédactionde L’Action Française 2000. » Ils’agit par « la qualité rédaction -nelle du journal et la nouvelledynamique éditoriale » de pro-voquer « un vérit able tremble -ment de terre dans cette droitefrançaise tot alement hypnoti -sée par Nicolas Sarkozy ».

« Oui, aujourd’hui commehier nous allons ramener ànous tous ceux qui ont encorel’âme de la France chevillée aucorp s et nous allons ramenerdans la mère p atrie tous ceuxqui s’égarent dans de faux es -poirs, de terribles chimèrescomme les appelait Maurras,des chimères qui ont aujour -d’hui pris la forme de nuées eu -ropéennes. Oui, chers amis, lestyle et l’insolence seront de

nouveau d’Action française.Pour réussir ce p ari d’avenir ,l’esprit qui nous anime est ce -lui, de la fidélité, du sursaut, del’espérance, de la détermina -tion et de l’unité… »

Il faut refaire de l’Action fran-çaise « une solide école de pen -sée et un journal reconnu et at -tendu dans lequel les grandesplumes du XXI e siècle vont ve -nir se battre pour noircir lespages de notre journal. [...]C’est pourquoi, dès demain,Philippe Champion deviendradirecteur de la rédaction dujournal. Michel Fromentoux quia passé t ant d’années aux cô -tés de Pierre Pujo sera rédac -teur en chef.

Mesdames, Messieurs,chers amis, faites-le savoir au -tour de vous, une jeunesse dé -terminée, pleine de t alent s, selève, elle va embraser la plainede France de ses mot s et desses idées pour redonner sonlustre à la France et prép arer lavenue de son roi.

Oui chers amis, soyez prêt sà découvrir le 3 janvier prochaindans les colonnes de L’ActionFrançaise le début d’une grandeaventure collective française.Faites savoir cette espérancequi nous anime, abonnez-vous,faites abonnez vos amis, en -voyez le journal à vos relations,adhérez au Centre royalisted’Action française, versez vosdons, nous en avons plus quejamais besoin car , chers amis,un tremblement de terre s’an -nonce. Et les secousses qu’ilva porter aux ennemis de laFrance ont un nom. L ’Actionfrançaise revient. »

Les applaudissements nourrisont aussitôt montré l’adhésion sansfaille à cette volonté de faire brillerplus que jamais l’Action françaiseen hommage au grand disparu.

La même espérance émanaitdes discours qui se sont succédéau dessert. D’abord PhilippeChampion (voir page suivante),puis François-Marie Algoud , ad-hérent à l’AF depuis 1932 : sonévocation d’un haut fait des ca-melots du Roi a déchaîné l’en-thousiasme de toutes les généra-tions de convives. Mais attentionà la leçon finale : « Agir , bien sûr , mais en ét ant doctrinale -ment sûr . »

On lira page suivante le dis-cours d’Aristide Leucate , lequela été suivi d’Élie Hatem , notregrand ami avocat qui, dans uneplaidoirie de haute volée a exaltéà la fois la personnalité de PierrePujo et le rôle que l’Action fran-çaise doit aujourd’hui jouer pourdéfendre nos traditions, notre his-toire, notre patrimoine : « LesFrançais trép assent, la Francedemeure, elle demeurera à ja -mais. » Il revenait à Paul-MarieCouteaux (page 10) de marquerle point d’orgue de cette belle jour-née de patriotisme et d’amitié.

Pendant les discours, le pro-duit de la quête - le double de l’andernier - a éloquemment montréque le message avait été entendu.Puis le moment vint de sa quitter,non sans qu’ait jailli une fièreRoyale, entonnée au micro parGrégoire Lacroix. À ce moment-là, Pierre était plus présent que ja-mais et nous appelait à l’actionpour la France.

S’attardant quelques instantsautour des stands de livres et d’ob-jets royalistes, en quête de si-gnatures d’auteurs, les convivesse donnaient rendez-vous en touteconfiance pour l’an prochain. ■

Le message de Mgr le Comte

de Paris Duc de France

Présent le vendredi16 novembre aux obsèques

de Pierre Pujo, j’ai voulurendre hommage au

courage d’un homme deconviction.

Il a su maintenir safidélité au principe royal,

que j’incarne aujourd’hui,dans la tourmente et

l’incertitude de ce début detroisième millénaire.

Par-delà les tactiquespolitiques qui se

développent et s’af frontentau fil des lieux et des

temps, existentheureusement des hommes

qui investissent leur cœurdans l’œuvre d’une vie.

Pierre Pujo a été de ceux-là.C’est cela que le chef de

la Maison royale de Francereconnaît et comprend. Leslys que j’ai déposés au pied

de sa dépouille mortelleétaient le témoignage de

mon respect.Je remercie Pierre Pujo

d’avoir su servir le principeroyal avec abnégation etloyauté. Je souhaite que

ses successeurspoursuivent cette œuvre entoute indépendance et dansl’intégrité, pour que vive la

France.

HENRIComte de ParisDuc de France

Par fidélité à Pierre Pujo

le combat continueLes convives observant Les convives observant

une minute de recueillementune minute de recueillement

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8 L’Action Française 2000 n° 2738 – du 20 décembre 2007 au 2 janvier 2008

LE BANQUET DU 2 DÉCEMBRE 2007

MICHEL FROMENTOUX

Directeur de l'Institut d'Action française

Garder à l'AF son entière liberté d'action

Madame,Chers amis,Pierre Pujo n’eût pas voulu que

ce banquet fût triste. Bien que j’aieencore le cœur gros et qu’il mesoit douloureux d’être à sa placeà ce micro je ne vais pas vous te-nir un discours de deuil. Il faut quece banquet soit l’expression de lavie qui continue. Permettez-moide vous rappeler ce que Pierreavait écrit l’an dernier, dans sonmessage envoyé de l’hôpital Bi-chat alors qu’aucun de nous nepouvait croire qu’il ne serait pasrevenu à ce micro cette année. Jecite ce texte : « Charles Maur -ras n’ a jamais dit que l’Actionfrançaise devait s’arrêter aprèssa mort. L ’œuvre de salut pu -blic qu’il avait fondée avec sescomp agnons devait se pour -suivre. Les conclusions aux -quelles il ét ait parvenu conser -vent toute leur valeur pour laFrance de maintenant. » EtPierre ajoutait : « Il nous faut ap -pliquer la méthode que nosmaîtres nous ont enseignée auxdonnées politiques actuelles. »Voilà notre ligne désormais tracéeaprès la mort de Pierre Pujo.Pierre Pujo fut essentiellement unmainteneur, un de ceux à proposdesquels Maurras disait « main -tenir c’est créer », car Pierre,comme jadis les tout premiers Ca-pétiens, dans des circonstancesrien moins que favorables, a com-pris qu’il était essentiel de garderintact coûte que coûte l’héritagereçu de ses maîtres dont sonpropre père, avec l’espérance che-villée au cœur qu’à plus ou moinslong terme cet héritage serait pourla France la planche de salut. Ànous maintenant, comme Pierre,de continuer l’Action française enrestant imperturbables sur les prin-cipes tout en ayant l’intelligencede tenir compte des situationsnouvelles. Cela veut dire aussi as-sumer sans repentance tout lepassé de l’Action française, sanslaisser dire la moindre contre-vé-rité historique, mais sans que lespartis pris, les rancunes, les réti-cences d’autrefois ne viennent in-terférer dans nos choix politiques

d’aujourd’hui. En somme rester fi-dèles aux leçons de nos maîtresen gardant pour notre Action fran-çaise l’entière liberté d’action, sansqu’elle ne soit jamais inféodée àquelque parti ou groupe d’intérêtque ce soit, de droite comme de gauche.

Le bien commun

[...] Il est dans la mission del’Action française en ces tempsoù le désenchantement se gé-néralise de réveiller le sentimentnational, car il apparaît plus quejamais que la nation est allègre-ment oubliée par ceux qui nousgouvernent alors que nous sa-vons, par toute l’expérience his-torique, qu’elle est essentielle tant à la sauvegarde des libertésfrançaises qu’à la paix dans le monde.

À ce sujet, je me souviensque rien n’agaçait Pierre autantque d’entendre parler de choc descivilisations. Il voyait juste : uneidéologie aussi puérile amène àposer les rapports internationauxen termes de bien et de mal et àcamoufler de sordides intérêtsmercantiles sous le cache-sexedu moralisme. Le gâchis causépar M. Bush en Irak donne unaperçu des succès d’une telle po-litique. Mais cette même idéolo-gie invertébrée du choc des civi-lisations est un poison dans lesnations, car elle engendre despeurs irraisonnées qui rendent in-certaine toute politique d’intégra-

tion. Ce qui fonde la civilisationce sont les nations, car elles sontdes réservoirs de sagesse hu-maine, d’expérience politique, detraditions façonnées dans l’habi-tude d’hommes d’horizons diversde vivre ensemble et d’élaborerune façon originale d’être aumonde, donc de s’élever à l’uni-versel. Face aux impérialismesdominateurs, les nations sont deséléments de mesure.

Volonténationale

L’embrasement soudain de Vil-lers-le-Bel, qui, Dieu merci, nesemble pas devoir pour le mo-ment s’étendre à d’autres ban-lieues montre bien la fragilité dela politique d’intégration d’un paysqui ne sait plus se poser en tantque nation. Un pays repentant etapostat, qui croit si peu en lui-même qu’il tue dans le sein desmères les enfants qui devraientrenouveler les générations, qui,érigeant les Droits de l’homme etle laïcisme en religions de sub-stitution se prive de toute réfé-rence aux grands vérités ayantforgé son âme, peut-il être de tailleà gérer les questions d’intégra-tion posées par l’afflux d’unemasse de gens déracinés qu’unepolitique inconsidérée d’immigra-tion a laissé s’entasser dans nosbanlieues délabrées ? Pour inté-grer il ne faut pas se désintégrersoi-même, donc il faut se montrerfiers d’être français et par là fairedès l’école respecter et aimer laFrance, expliquer que s’y intégrerest un honneur et non le fait duhasard. Cette volonté nationalen’existe pas ; résultat : les“jeunes” déracinés n’apprennentqu’à haïr cette culture françaisedont ils ne voient jamais les gran-deurs mais seulement les sous-produits : les familles qui se dis-loquent, la pratique religieuse quis’étiole, les films de violence, defric et de fesse...

Hélas comment un chef d’É-tat qui s’apprête lui-même à re-noncer à la France en tant que

nation pourrait-il exalter la dignitéde la France tant dans le mondeque devant les générations mon-tantes ? Là est le drame que nousallons devoir affronter hélas sansPierre. On a remarqué que sontout dernier éditorial était titré« Non c’est toujours non ». Ilsavait, lui, ce que dit l’Évangile :« Que votre oui soit un oui, quevotre non soit un non. » En cesens Pierre était l’anti-Sarkozy. Ils’agissait de dire non à la Consti-tution européenne rebaptiséetraité simplifié qui doit être signéele 13 décembre prochain et quifondrait notre nation dans unfourre-tout économiste fort éloi-gné des réalités concrètes despopulations.

Souveraineté

Dans ce combat pour la sou-veraineté de la France, nous conti-nuerons, cela va de soi, la réflexioncommencée par Pierre Pujo avecnos amis naturels, les souverai-nistes dont le plus brillant repré-sentant est Paul-Marie Coûteauxqui nous fait l’honneur de sa pré-sence ici avant d’honorer tout àl’heure cette tribune et bientôt lescolonnes de L’Action Française2000. Comme aux premiers tempsde l’Action française, il nous fautaujourd’hui aller à la rencontre detous les Français qui acceptent deposer « d’abord l’idée de laFrance » , comme disait Maur-ras, et de les amener à uneconception enrichie de la souve-raineté, celle du nationalisme in-tégral, qui n’a pas son origine dansla simple volonté générale toujoursaléatoire et changeante au gré deshumeurs, mais qui s’incarne dansles siècles dans une lignée royaleincarnant le bien commun au-des-sus des idéologies et des clans,et se prolongeant par les loismêmes qui assurent la pérennitédu genre humain. Une familleroyale en laquelle l’intérêt nationalse fond dans l’intérêt de sa des-cendance est la meilleure des ga-ranties contre les atteintes à lasouveraineté.

Pierre a donné l’exemple d’unefidélité sans faille à la Famille deFrance même dans les momentsdifficiles. Rien ne saura nous écar-ter de cette route qui, comme ja-dis celle de sainte Jeanne d’Arc,ne peut être que celle qui nousconduira vers Reims, pour quevive le Roi ! ■

[...] Certes, la douleur nousétreint, la peine nous submerged’avoir perdu le gardien politiquehistorique de notre noble et vieillemaison, mais le combat pour larestauration nationale doit malgrétout et nécessairement se pour-suivre car le combat fait partie dela vie et la vie est la seule armevalable que nous autres, humblesmortels, pouvons opposer à lamort. L’AF doit vivre, en effet, etcontinuer à être ce phare qui brilledans la nuit, de cette lumière si

particulière. Elle se doit d’être en-core et toujours à la pointe de lalutte pour la conservation de laFrance et de son indépendance.Éloignons de nous les vaines etviles querelles pichrocholines, lesluttes intestines... Il est impérieuxde ne pas perdre de vue notresens du devoir, lequel consiste àplacer l’intérêt supérieur de notrepays bien au-dessus de nos am-bitions égoïstes. Souvenons-nous des camelots du Roi despremiers temps de l’AF. Plus qu’un

nom, plus que des hauts faits, nosaïeux nous ont légué l’esprit “ca-melot” fait d’abnégation, de désin-téressement et de combat. Quandtous trahiront, nous resterons fi-dèles, fidèles à la France et à sonhistoire ! La route est longue etpendant ce temps, la Républiquedétricote notre nation, la mèneaveuglément vers de dangereuxrécifs. Les chantiers demeurentnombreux, dans lesquels, dequelque façon que ce soit, l’AF ettous les patriotes sincères doivent

être à l’avant-garde de la vigilancetout en étant une force de pro-position et de contre-propositionpolitique. Nous devons être pré-sents sur tous les fronts : la dé-fense de la souveraineté de laFrance, de nos services publicsd’intérêt national, de l’autorité del’État à l’intérieur comme à l’ex-térieur, la défense de notre éco-nomie, de notre justice que l’onéloigne des justiciables, de la fa-mille, du travail, la défense aussid’une politique d’immigration rai-sonnée... Soyons réalistes et, enattendant l’héritier, défendonsâprement l’héritage, la Franced’abord, l’intérêt national d’abord !Patriotes de toutes les provincesde France, unissons-nous pourque celle-ci vive ! Vive La France !Vive l’AF ! Vive le Roi ! ■

ARISTIDE LEUCATE

Pour que vive la France :l’Action française

OUTRE LES NOMS DÉJÀ CITÉS, ON REMARQUAIT NOTAMMENT :

M. et Mme Denis About, M. et MmeFrançois Algoud, Mme Bernadetted'Alton, Romaric d'Amico, colonel

et Mme Louis Assier dePompignan, Emmanuel Astier, M.

et Mme Claude Baudart, Gaston deBeaucourt, Gilles de Beaupte,Komnen Becirovic, Mlle Céline

Belin, M et Mme Paul Bénard, MmeGermaine Benech, Mlles Marie-Élisabeth et Marie-Suzanne deBenque d'Agut, Charles-Henri

Bernard, docteurs Jean-Pierre etFrançoise Bex, Pierre-Philippe

Blancher, Mme Renée-Margueritede Boisset-Glassac, Pierre

Bonnefont, M et Mme BernardBonnaves, M. et Mme Jean

Bourguigne-Buisson, Mme AgnèsBourin, Alain Bouton, Mlle Sophie

Bouts, Mme Maguy Brun, M. etMme Michel de Cacqueray et leurs

enfants, Mlle Marie Carière, MmeGeneviève Castelluccio, Giovanni

et Philippe Castelluccio, docteurAndré Charles et Mme, Mlle Émilie

Charles, M. et Mme Charvet,Adrien et Alexis Charvet, Guy

Clouet, Mlle Jacqueline Cousin,Henri Couteau-Bégarie, Alexandre

Cuignache, M. et Mme RobertDaffos, M. et Mme Jacques

Dalibert, M. et Mme Olivier Dejouy,Mlle Hélène Dejouy, Jean-Baptiste

Favier, M. et Mme Jean-PhilippeFournier, Jean Foyard, MmeYordanka Frangova, Olivier

François, Mme Pierre François, M.et Mme Gérard Frémiot, Daniel

Gabé, Maurice de Gatellier, MmeClotilde Gauchy, Patrick Gofman,

Patrick Gorre, Pierre Hervieux,André-Marie Hongre, Mlle

Christiane Hubert, Mlle AnneJacqmin, Max Jalade, François-

Guillaume Jarry, Jean-MarcJoubert, Sébastien de Kerrero,Olivier Kimmel, Mlle Christiane

Kooper, M. et Mme Olivier Krafft,M. et Mme Grégoire Lacroix, Pierre

Lafarge, Mlle Monique Lainé, M.Michel Lamy, Mme Marie-

Christiane Leclercq-Bourin, MmeSimone Lejard, Mme Micheline

Lépine, Allen Le Yoouanc, Jean-Michel Lovet, Jean-Claude

Martinez, Guy Menusier, MichelMesbah, M. et Mme Meynet-Piret,

Cédric Milhat, M. et Mme Jean-Marie Morice et bébé, Paul

Mougenot, M. et Mme NorbertMulteau, Arnaud Naudin, Mme

Gisèle Naudin, PhilippeNaderman, Philippe Nolland, Mme

Juliette Parisot, Mlle Annie Paul, M.et Mme Christian Pépin et leurs

trois filles, Henri Peter, MichelPierchon, Jean-Baptiste Pierchon,M. Frédéric Poretti et ses enfants,

M. Sébastien de Pouzols de Saint-Phar, Me Franz Quatrebœufs, M. et

Mme Joël Ragot, M. DanielRenoud-Martin, M. et Mme MichelRessaire, Alain Ribaut, Jean-MarcRigal, Jean-Baptiste Rolland, MmeAnne-Marie Rouffignac, Mlle NellyRuffier d'Épenoux, Charles Sadlet,

Jacques de Sansonnetti, JosephSanta Croce, M. et Mme CharlesSchépens, Jean-Claude Sendou,

André du Temple, Mlle Anne-MarieTranié, Marc Van de Sande, MmeHélène Verdier, Bernard Verny, M.et Mme Hervé Véron, Mme Agnès

Vestiel et son fils Mathieu, BernardVincenti, Philippe Watremez,

Hervé, Olivier, Thierry de Weck,Alain Waelkens, Jean-Michel

Weissgerber.

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L’Action Française 2000 n° 2738 – du 20 décembre 2007 au 2 janvier 2008 9

LE BANQUET DU 2 DÉCEMBRE 2007

Mes amis, […] La confiance que je ne

peux m’empêcher d’éprouver au-jourd’hui face à vous vient de ceque deux points m’assurent im-médiatement d’être fidèle aux in-tentions de Pierre Pujo.

Tout d’abord, Pierre avait ras-semblé et maintenu au cœur del’Action française un groupe dejeunes gens auxquels il a voulu, enla personne de Thibaud Pierre, quefussent transmis pouvoirs etmoyens en vue de diriger notremouvement. C’est pourquoi, en ac-ceptant, à leur demande, de prê-ter mon concours, selon mesmoyens, à cette transmission denos espérances françaises etroyales, je ne peux douter d’êtreun continuateur de l’œuvre entre-prise. C’est à ce titre qu’au nom deMichel Fromentoux, au nom de tousceux dont les âges se succèdentde génération en génération jus-qu’à eux, je dis aujourd’hui à Thi-baud Pierre : nous sommes avecvous, nous sommes pour vous, etnous ferons tout pour que vousréussissiez !

PHILIPPE CHAMPION

Directeur de L’Action Française 2000

Du patriotisme désintéressé au nationalisme intégral

C’est plus directement à la po-litique que se réfère le second point.Vous connaissez cette phrase dela déclaration du ligueur d’Actionfrançaise, que j’ai entendue dèsmon enfance récitée par mon père :« La république, en France, estle règne de l’étranger . »

Eh bien ! Je dis que jamais laFrance n’a été sous le règne del’étranger autant qu’elle l’est au-jourd’hui. Non pas l’étranger commeennemi extérieur, facilement défi-nissable, mais l’ennemi étrangerinstallé en maître à l’intérieur ducorps social français.

Or, Pierre Pujo avait donné àcet égard un exemple ardent ethardi – je dis hardi parce que beau-coup de gens avaient mal comprisla raison de cet engagement-là. Il

s’était engagé à côté d’autres Fran-çais ne partageant pas nos convic-tions monarchistes, il avait décidéde travailler avec des républicainssincères attachés d’abord à la dé-fense de l’identité et de la souve-

raineté de la France, afin que cesidées maîtresses acquièrent lemaximum de force.

Il m’avait demandé de l’ac-compagner à ces réunions et jel’eusse fait si son accident ne l’avaitempêché en fin de compte de conti-nuer de s’y rendre. Mais, dans cetteaffaire, quelque chose me frappe ;et ceux qui sont familiers de l’his-toire de l’Action française l’ont peut-être aussi remarqué : cet enga-gement de Pierre Pujo, certes àcôté de républicains, mais pour unecause engageant l’existence mêmede la France, ressemble, je diraimême reproduit, trait pour trait, l’en-gagement du jeune Charles Maur-ras nouvellement monarchiste auxcôtés de ces deux républicains debonne foi, d’abord soucieux de l’in-

térêt national face aux entreprisesétrangères, qu’étaient Henri Vau-geois et Maurice Pujo.

Sans cet engagement de Maur-ras, notre Action française n’exis-terait pas ; personne n’aurait faitpasser un patriotisme désintéresséau nationalisme intégral qu’incarnela monarchie. C’est pourquoi PierrePujo devait, au nom de l’Action fran-çaise, nous devons nous-mêmes,être présents sur ce terrain, carc’est actuellement le seul moyenpour que les meilleurs des Fran-çais comprennent, à notre exemple,qu’il ne saurait y avoir pour le pays,ni indépendance, ni souverainetévéritables sans la restauration denotre monarchie nationale, tradi-tionnelle, héréditaire, antiparle-mentaire et décentralisée. ■

Jacques Bainville, Léon Dau-det, Charles Maurras, Mau-rice Pujo, Maxime Real del

Sarte, Pierre Juhel, et maintenantPierre Pujo, tant d’hommes qui ontfait l’Action française, et dont la présence sera à jamais ir-remplaçable...

Et pourtant, la vieille maisons’est toujours relevée, a toujoursrelevé les défis, parfois dans ledeuil et la douleur. Ce combat quePierre a mené depuis l’âge dequinze ans, et dont il fut le pro-tecteur, c’est à nous, à nous tousmaintenant, de le reprendre.

Ses amis d’Action françaiseétaient nombreux à ses obsèquespour lui rendre un dernier hom-mage. Dans les jours qui ont suivi,nombreux étiez-vous à venir auxlocaux pour nous proposer votreaide, je tiens à vous en remercier.

Durant ces dernières se-maines, de nombreux projets ontvu le jour, certains qui comptaientparticulièrement pour Pierre,comme le centenaire de L’ActionFrançaise quotidienne. Le 21 mars1908, avec le premier numéro deL’Action Française quotidienne,c’était la naissance de l’Action fran-çaise politique, avec l’article,chaque jour plus pertinent, deCharles Maurras. Le 22 mars

2008, cent ans plus tard, nous or-ganiserons un Carrefour royal, quisera un tremplin pour le renou-veau de l’Action française.

Renouveau qui est dignementincarné par l’actuelle générationmilitante. Avec une centaine departicipants au Camp Maxime Realdel Sarte. Cette année, nous tra-vaillons plus que jamais pour l’ave-nir, avec l’espoir d’un réveil natio-nal. Dans nos temps difficiles, etdans l’attente d’un recours à cettemonarchie de salut public quenous appelons de nos vœux, nousavons à maintenir l’héritage pourramener l’héritier.

[...] La seule France que nousayons à défendre, c’est la Francecapétienne. Ce royaume de Francetoujours vivace, dont on nouscache si bien l’existence. La Francene pouvant être elle-même que sielle est royale. Tant que la Francesera, l’espoir perdurera, car leroyaume reste sous nos pieds etdans nos cœurs. En incarnant plus

tard sa souveraineté dans la per-sonne de son roi, la France re-couvrera la place qu’elle mérite,en se réconciliant avec son passé,prête à embrasser son avenir.

[...] Depuis plus de cent ans,l’Action française mène ce com-bat pour la France, et continuera

de la mener tant qu’il sera néces-saire. Bien sûr, cela demande dechacun de nous un travail ans re-lâche et de la persévérance, maisune cause aussi cruciale mériteles sacrifices les plus grands.

Quel que soit le dévouementdont nous ayons à faire preuve,c’est avec la conscience que ceque nous défendons est plus grandque nous que nous devons agir.

C’est en tout cas dans cet es-prit que tous ceux qui participentactuellement à la reconstructionde l’Action française travaillent, lajeune génération et ses aînés, lesecrétariat étudiant, les respon-sables de province, et enfin de-puis quelques mois une dyna-mique équipe de jeunes salariés.

J’aimerais saluer tout particu-lièrement le travail remarquablede Thomas R., qui a remonté unesection étudiante à Saint-Étienne,de Frédéric Lefranc qui préside aurenouveau du Cercle JacquesBainville. Ils ont fait preuve d’un

grand esprit politique en réussis-sant à transmettre les fruits de leurtravail à de plus jeunes qu’eux. Ilssont des modèles d’humilité et desacrifice pour chacun d’entre nous.Et c’est en partie par leur travailacharné que les plus anciens quinous ont rejoints ont eu l’envie defranchir ou de refranchir la portequi mène au service de la Franceet de son roi. J’aimerais ensuitesaluer le travail et la fidélité de Gio-vanni et Philippe Castelluccio quipermettent de maintenir et déve-lopper l’AF. par leur persévérance.

Je souhaite enfin vous fairepartager mon optimisme. Avec l’ar-rivée d’une nouvelle direction dujournal et une équipe de rédactionrenforcée, nous espérons voir l’Ac-tion française rayonner plus en-core et ainsi intéresser à notrecombat des Français toujours plusnombreux. Je remercie PhilippeChampion, Michel Fromentoux etPaul-Marie Coûteaux de nous of-frir cette espérance.

Il est plus que jamais néces-saire de mener cette action pourla France, de la mener tous en-semble, dans l’unique but de ser-vir les intérêts de la nation.

Vive l’Action française, vive laFrance et vive le Roi. ■

THIBAUD PIERRE

Secrétaire général du Centre royaliste d’Action française

Le combat pour la France

Depuis les quelques mois de2002 au cours desquelsnous pûmes assister aux

ébats fougueux entre les deux te-nants du système dans les rues denos villes, j’avais décidé de suivreles prochaines poussées libertairesd’un certaine frange de notre jeu-nesse avec l’acuité d’un commen-tateur sportif puisque la réflexionpolitique ne semblait pas à la por-tée de ces molles gouapes enqueue de puberté.

La loi Pécresse était un bonprétexte pour ces hordes cheve-lues de quitter les repères d’anal-phabètes que sont certaines denos facultés pour aller hanter lespavés de nos villes, pâle copie deleurs parents soixante-huitards. Carsi ceux-ci s’étaient mis au serviced’une idéologie abjecte, ils avaientau moins le petit mérite, en tout

cas pour certains, de connaîtrequelques vagues notions de poli-tique. Car, je l’avoue j’ai tenté desuivre le pourquoi du comment dela contestation, de connaître le fondde leurs “pensées”. Quelle dé-ception : c’était le néant absolu.Pourtant ce n’était pas faute d’avoirparcouru les divers organes de “ré-flexion” des frondeurs en herbe.J’y ai découvert un fouillis de motsjetés là pèle-mêle au mépris des règles élémentaires de la syn-taxe et de la grammaire, mais desidées : nada.

Je suis donc retourné étudiercette loi : pauvre coquille vide pa-rée des atours vertueux de la ré-forme et du changement tout justebonne à satisfaire la petite soif d’ac-tion des libéraux. J’ai vite été fati-gué, je l’avoue, par les chantresextasiés de ce texte qui, s’il contientdes aspects positifs, a vite été ré-duit à l’état d’enduit bien incapablede replâtrer les failles béantes del’université.

Car, malgré la rhétorique vic-torieuse et le bougisme du pitrehongrois les reculades se sont

succédé à un rythme lent certes,mais sûr ! Tout d’abord, la sélec-tion à l’entrée de l’université, pi-lier de la réforme, a été suppri-mée. Or sur ce point nous aurionsapplaudi des deux mains. Là unvéritable changement serait ad-venu ! La fin de l’idéologie égali-taire qui pourrissait notre ensei-gnement ! Quel bonheur ! Ledésengorgement des bancs denos facultés où stagnaient des mil-liers d’étudiants sans avenir parla faute de ce système ! Quellejoie cela eût été de voir les mines

déconfites de ceux pour qui l’ac-cès à l’université est un droit (unde plus me diriez-vous).

Il est vrai que ceux-ci auraientalors perdu le plus gros de leurstroupes qu’ils recrutent allègre-ment dans les masses désœu-vrées. Tant bien que mal se sontmaintenus l’autonomie budgétaireet autres mesures positives certes,mais insuffisantes. Il est à craindrequ’elles soient tout de mêmeamoindries après l’entrevue dejeudi entre l’ectoplasme Julliardet la cruche Pécresse.

Bref, c’est encore beaucoupde bruit pour peu de choses. Legouvernement a fait croire à uneépreuve de force. Les syndicatsde toutes les tendances se sontébroués à grands cris. Maintenanttout va rester dans l’ordre et rien,non rien n’aura changé. ■

ROMAIN VINDEX

Loi Précresse : beaucoup de bruit pour rien...

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LE BANQUET DU 2 DÉCEMBRE 2007

Mesdames et Messieurs, Mes chers compatriotes, Une nouvelle fois, vous

m’avez invité à votre banquet an-nuel et vous m’y accueillez cha-leureusement, ce dont je vous re-mercie. Je me trouve parmi vousavec d’autant plus d’émotion cetteannée que je réponds ainsi à uneinvitation que Pierre Pujo m’avaitadressée par lettre la veille mêmede sa mort. Je ne peux manquerà cet instant d’évoquer la mémoired’un homme qui m’aura beaucoupmarqué par sa rectitude morale.

Souveraineté et légitimité

Pierre Pujo n’a jamais faillidans la tâche qu’il s’était fixée,défendre une tradition qu’il avaithéritée d’une part d’une grandeculture personnelle et d’autre partde l’exemple de son père. Par sonpère, il avait pu mesurer le rayon-nement intellectuel de ce que l’ona appelé l’”école d’Action fran-çaise”, école qui forma plusieursgénérations ; il partagea sesheures et ses malheurs, mais cequi fut le plus hautement remar-quable, c’est qu’il sut la perpé-tuer. Il sut en effet repérer l’es-sentiel au milieu de l’accessoire,et cet essentiel que j’ai plusieursfois appelé “la politique capé-tienne”, et qui parcourt toute notrehistoire, est certainement ce quirestera de plus durable. Je dis du-rable, non pas en pensant aupassé mais à l’avenir : il y a dansl’histoire de France des invariants,je veux dire une constante dansles principes, une logique, on di-rait aujourd’hui un “logiciel”, quiconstitue certainement ce que lesFrançais, beaucoup plus attachésà la France qu’on ne le croit, ont

de plus précieux dans les tempstourmentés que nous connais-sons, et les temps plus tourmen-tés encore que nous allonsconnaître.

Ce logiciel, il ne faut pas selasser de le formuler : tout part,je crois, de la revendication desouveraineté, qui est la sourcemême de l’autorité de l’État ; onpourrait dire selon les termes lesplus classiques que, en France,quel que soit le siècle que l’onconsidère, la souveraineté est àla source de toute légitimité. J’es-père ne pas faire de contresensdevant M. Pillorget, dont j’admiretant les travaux, en évoquant lestrès émouvantes circonstancesde l’année 1124, telles que lesdécrit si bien Jacques Bainville,tandis que l’empereur germaniqueOthon s’avançait dangereusementsur nos terres de l’Est vers Pa-ris : Louis VI hésitait à appeler à“l’ost royal”, c’est-à-dire à de-mander aux grands féodaux demobiliser leurs troupes pour seporter au devant de l’ennemi ; ilhésitait parce qu’il avait peur dene pas être obéi. Son précieuxconseiller Suger développa alorsun raisonnement d’une magni-fique actualité - et je devrais dired’une parfaite permanence : si leroi Louis décide de se porter audevant du Germanique, end’autres termes s’il affiche claire-ment son intention de défendre lasouveraineté, alors il sera reconnulégitime par tous et obéi.

La Républiques’abandonne

Même chose au siècle sui-vant avec Philippe-Auguste aujour de Bouvines : c’est toujoursl’affirmation selon laquelle « le

roi doit être empereur en sonroyaume ».

Voilà bien l’une des leçons quedevrait méditer notre président dela République s’il avait uneconnaissance quelconque de l’his-toire nationale : l’autorité de l’É-tat, dont dépend le succès de sesréformes, tient elle-même à l’ac-tion qu’il mènera ou ne mènerapas pour défendre la souverainetéde la France. Si, comme on le voitaujourd’hui, il persistait dans sondessein de la jeter au ruisseau,notamment en signant le funestetraité de Lisbonne qui ne fait quereprendre la non moins funesteConstitution Giscard rejetée parles Français, et qui abandonneencore un peu plus de ce qui nousreste de souveraineté, alors im-manquablement il torpillera ce quireste d’autorité de l’État et la pos-sibilité pour les Français de re-connaître où que ce soit un biencommun, une res publica, de s’yconformer et d’accepter en sonnom les réformes et les sacrificesque celle-ci suppose.

Oui, mes chers compatriotes,voilà bien tout l’enjeu des annéeset même des mois que nous vi-vons : en abandonnant la souve-

raineté nationale, la Républiques’abandonne elle-même. En aban-donnant l’indépendance de la na-tion, l’État se ruine lui-même, etc’est l’ensemble de nos institutionsqui pourrait finalement glisser versl’abîme. Cela hélas se voit pério-diquement dans notre histoire, etil est fort probable que nous levoyons de nouveau à terme plusrapproché qu’on ne le croit.

Mais, comme je le disais, ilreste cette espérance magnifi-quement rappelée, venue du fondmême de notre peuple avec lenon au référendum de 2005, cetteespérance qui est pour nous lameilleure promesse d’avenir : lesFrançais tiennent à la France -comme disait Jaurès, la nation estle seul bien de ceux qui n’ont plus rien.

C’est notre meilleur atout aumilieu d’un bon nombre d’inquié-tudes : car à par cela, nous pou-vons être pessimistes quant auxannées à venir, principalement àcause de l’erreur cardinale qu’estla prétendue “construction euro-péenne”, dont tout dépend et jus-qu’à l’autorité voire finalementl’existence d’un État impartial etdonc légitime. Je suis d’autant plusinquiet que le président de la Ré-publique paraît tout ignorer de cesprincipes cardinaux et que sa po-litique n’est déjà plus qu’une er-rance, allant de coups médiatiquesen coups médiatiques, d’effetsd’annonces qui ne sont le plus sou-vent que des annonces non sui-vies d’effets, et par-dessus tout desmensonges honteux. Si, commeje le crains, la situation de notrepays venait à empirer, alors nuldoute que les Français ressenti-raient de plus en plus intensémentle besoin de la France, c’est-à-dired’abord de la politique tradition-nelle de la France et des principes

PAUL-MARIE COÛTEAUX

Le besoin de la France et de sa politique traditionnelle

cardinaux de souveraineté de lanation et de légitimité de l’État dontil se trouve que vous êtes parmiles meilleurs dépositaires ; c’est-à-dire que, peu à peu, perdus dansle brouillard, ils se tourneront pro-bablement vers vous.

L’AF relèvele gant

De ce point de vue, j’observeavec le plus grand plaisir, à tra-vers le chagrin que nous a causéla disparition de Pierre Pujo, avecquelle vitalité vous entendez re-lever le gant et perpétuer l’idéed’une tradition politique françaisemultiséculaire. Vous pouvez êtrefière de votre frère, Mlle Pujo, etaussi de vous-même, d’ailleurs,puisque vous entendez préserveret même poursuivre son œuvre ;vous pouvez être fière en voyantcette belle assemblée, le trèsgrand nombre de jeunes qu’ellecomporte, fière aussi de voir as-surée la bonne marche du jour-nal. La réussite de Pierre Pujo estici éclatante, ce qui certes n’allaitpas de soi il y a quelques décen-nies. Félicitations à Michel Fro-mentoux pour l’énorme travail qu’ilabat, félicitations à vous tous quiavez compris la nécessité de pour-suivre votre route sous une formerénovée, grâce notamment à l’ar-rivée de Philippe Champion queje salue, grâce aussi à l’énergieet la fougue dignes d’admirationdu jeune Thibaud Pierre désignépar Pierre Pujo ; et félicitationsaussi à Stéphane Blanchonnetpour son élection d’hier ! Félici-tations en un mot à vous tous quimontrez si bien ce courage su-perbe en un temps où peud’hommes et de femmes l’osentencore, le courage d’être fidèlesà vous-mêmes, le courage d’êtrevous-mêmes.

Soyons chacun ce que noussommes, chacun à sa place, cha-cun à son poste, et soyons sûrsque le jour approche où les Fran-çais auront besoin de retrouverles principes millénaires de la po-litique de la France ! ■

Madame, mes chers amis,Puisque les membres du Co-

mité directeur de l’Action françaisem’ont fait l’honneur de m’élire àleur tête hier, je souhaite vous rap-peler en quelques mots l’impor-tance et le rôle de ce comité, sansoublier de vous présenter dans lesgrandes lignes comment je conçoisle mandat qui m’a été confié.

Il faut d’abord rappeler que de-puis les origines de l’AF – et celaPierre Pujo ne perdait jamais uneoccasion de le rappeler – le Co-mité directeur a toujours été consi-déré comme l’instance supérieureprésidant aux destinées du jour-nal autant que du mouvement.Mais cette fonction de direction nes’est jamais appliquée aux détailsde la vie quotidienne de ces deuxorganes. L’autorité du Comité di-recteur porte en effet sur la ligne

générale et non sur la part la pluscontingente de la vie de l’Actionfrançaise. En fait, son rôle essen-tiel est de maintenir cette subtilesynthèse qu’est le mouvementmaurassien.

Il s’agit très précisément deveiller aux grands équilibres denotre économie doctrinale. L’équi-

libre entre une grande liberté deton, un accueil du fait, une sym-pathie à l’égard de tout ce qui estvrai et utile même dans des idéo-logies adverses et la nécessairerigueur qui fait poser des principesclairs et des choix nets. Équilibreentre la réflexion et l’action. L’AFest une école de formation maiselle est aussi un mouvement mi-litant. Elle ne doit donc tomber nidans un intellectualisme dessé-chant, ni dans un activisme in-sensé. Équilibre entre notre na-tionalisme et notre royalisme ; lesecond étant la conséquence dupremier mais le premier ne trou-vant son accomplissement quedans le second. Équilibre entre lecompromis nationaliste qui nousfait un devoir de rechercher l’al-liance de tous les patriotes pourdéfendre l’existence de la nation

et le combat contre-révolutionnairequi nous fait rejeter la républiqueet la société individualiste et dé-mocratique issue des Lumièrespour défendre une société tradi-tionnelle, organique, hiérarchique,différenciée. Une société d’ordre.Équilibre entre le passé et le pré-sent. Il ne faut en effet ni oublierles combats d’hier, ni verser dansla nostalgie ou le royalisme de mu-sée. Équilibre enfin entre la jeu-nesse et l’expérience. Les que-relles de générations nous ont sou-vent coûté cher et il faut sans douteque nous fassions un effort parti-culier pour les éviter à l’avenir.

Pour finir, je voudrais dire quedans mon esprit le mandat qui m’aété confié est précis et limité. Laparaphrase d’une célèbre formuleen résumera l’esprit : le Comité di-recteur doit être traditionnel dansson principe et moderne dans sesinstitutions. C’est-à-dire que dansla continuité de la mission qui atoujours été la sienne, il devra évo-luer dans son fonctionnement etdans les modalités concrètes deses relations avec les autres or-ganes du mouvement. [...] ■

STÉPHANE BLANCHONNET

Président du Comité directeur de l’Action française

Maintenir la subtile synthèse d’AF

PARMI LES EXCUSÉS :Patrick Amiard, Jean-Luc Bailleul,

Roger Beaudeloche, Gérard Bedel,Jean Burghelle-Vernet, Théophile

Chaussonnaud, Vincent Claret-Tournier, Maurice Coudèrc,

Jacques Debect, Chahisse Dhoiffir,Guy Drouard, M. et Mme Gilles

Ebroussard, Mme Paule Eustache,Mlle Anne-Marie Grancher, Gilbert

Huret, Philippe Jaunâtre, MmeColette Jublin, Mme JeannineKloos, Jean-Pierre Lagrange,

Xavier de Lassus Saint Geniès,Mlle Hélène Ligan, M. et MmeGérard de Ligny, Mlle Chantal

Mallard, Hugues de Malval, MmeNicole Maurras, Pierre Milloz,

Houchang Nahavandi, MlleGeneviève Perrot, Mme Peyrerol,

Jean-Louis Pichery, M. et MmeGérard Pouysegur, Louis Pozzo di

Borgo, Philippe Prévost, CharlesSaint-Prot, François de SainteMarie, Geoffroy de Seguins dePazzis, Mme Jeannine Simon,

Robert Thomas, Raymond Verdier,Mme Robert Vuibert-Ulmer, MmePierre Vuillerme, Gérald Wailliez.

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ARTS-LETTRES-SPECTACLES

LES "LUMIÈRES" CONTRE L’ANCIEN RÉGIME

L’exemple de la querelle des BouffonsLe 1er août 1752, la troupe des

“Bouffons italiens”, de pas-sage à Paris, joue sur la

scène de l’Académie royale, unopéra de Pergolèse : La ServanteMaîtresse. Dans un contexte his-torique où l’opéra français tradi-tionnel est déjà en déclin, cet évé-nement va constituer un détona-teur dans le déclenchement d’unequerelle esthétique qui secouerala France pendant plusieurs an-nées. Le monde musical va se par-tager aussitôt entre deux camps,celui des fidèles de la musiquefrançaise et celui des partisans dela musique italienne. La disputesera longue, âpre et passionnéede part et d’autre. Il y aura mêmedes duels. Les encyclopédistes, etnotamment Rousseau, vont sefaire dès le début les championsde l’italianisme et s’opposer natu-rellement au plus grand composi-teur français de l’époque, le pauvreRameau, qui se retrouve sans levouloir dans le mauvais camp. Cetépisode est connu sous le nomde Querelle des Bouffons.

L’idéologie entre dans l’art

Cette célèbre polémique qu’onprend souvent à la légère consti-tue, au milieu du XVIIIe siècle, unelutte acharnée entre l’ordre ancienet l’ordre à venir. Deux acteursprincipaux s’opposent : le grandRameau d’un côté, et, de l’autre,Rousseau et l’équipe de l’Ency-clopédie. Rameau, c’est l’Ancienrégime, c’est l’héritage artistiqueet culturel des anciens, l’ancienne

parJean-Baptiste CHAMPION

conception de l’art, l’alliage du tra-vail et du génie qui mènent à laperfection. Rousseau, c’est l’es-prit des “Lumières”, esprit de l’in-dividualiste et nombriliste qui sefait tout seul, sans héritage, qui secrée un monde idéal décollé duréel. Avec lui, l’idéologie entre dansl’art. Tout oppose ces deux per-sonnages. Ceci explique d’ailleurscela. Rameau est français et ca-tholique ; Rousseau est suissecalviniste. On se demande com-ment un tel personnage a pu de-venir la coqueluche de certains mi-lieux parisiens.

Rameau l’ennemià abattre

Le néfaste Grimm (1) (de na-tionalité allemande !) et lui, ne ces-sent de nuire par leurs écrits etleurs déclarations à l’art français.Il n’est que de lire, dans ce contextede la querelle des Bouffons, la cé-lèbre Lettre sur la musique fran-çaise (2) de Rousseau, tissu d’at-taques gratuites contre un art dontla perfection était admirée de l’Eu-rope entière. Car en réalité, ce n’estpas à Rameau qu’ils en ont, maisau régime. Les encyclopédistes, nivrais artistes ni vrais philosophes,sont des idéologues. Tout ce qui,de près ou de loin, représente laFrance de l’Ancien régime devientpar le fait même leur ennemi.

est interdit !) En novembre 1763,la famille Mozart arrive à Parisavec le petit prodige de sept ans,au terme d’une tournée euro-péenne de cinq mois dans lesvilles du nord. Finances épuisées,ils espèrent rencontrer en Franceun succès compensateur. Mal-heureusement, leur arrivée ne sou-lève aucun enthousiasme et l’ac-cueil français est plus que tiède.Grimm intervient alors personnel-lement pour introduire le jeune Mo-zart à la cour. Et le 1er janvier 1764,l’enfant peut se produire devantle roi Louis XV et la reine Marie,rencontrant enfin le succès es-compté par ses parents. SousLouis XVI, bien-sûr, c’est le com-positeur allemand Glück qui auratoutes les faveurs. ■

(1) Frédéric-Melchior , baron deGrimm (1723-1807). Il ne s’agitpas d’un des deux frères Grimmqui ont écrit les fameux Contespopulaires de l’Allemagne auXIXème siècle et qui ont marquénotre enfance. Le baron Grimm,qui était de Ratisbonne, est uncélèbre littérateur et critique duXVIIIe siècle, grand ami des en -cyclopédistes et de Mme d’Epi -nay. Il a laissé une Correspon -dance littéraire d’un grand inté -rêt sur l’époque, mais neconstitue en aucune façon un amide la France.(2) Écrite en novembre 1753, ellese termine par cette phrase pé -remptoire célèbre, bijou de pré -tention rousseauiste : « d’où jeconclus que les Français n’ont pointde musique, et que s’ils en ont une,ce sera tant pis pour eux ».

tresse de Pergolèse contre l’opératraditionnel français, alors qu’au-cune comparaison n’est mêmepossible entre les deux composi-teurs. Le piètre baron Grimm sepermet alors, dans sa correspon-dance littéraire, des réflexionsmontrant nettement ou bien qu’iln’a pas compris l’esprit de l’opérafrançais, ou bien qu’il est de mau-vaise foi. Ainsi critique-t-il, dansles tragédies lyriques, la présencedes chœurs qui viennent faire échoaux sentiments des héros :« Avec quelle vraisemblanceune assemblée entière ou toutun peuple pourra-t-il manifes -ter son sentiment en chant antensemble ? Il faudra donc sup -poser qu’ils se soient concer -tés d’avance» . Quelle primaireabsurdité ! Sans parler du choeurde la tragédie grecque, n’a-t-il pascompris que l’opéra est un spec-tacle irréel destiné à divertir, avecdes personnages imaginaires ?

Grimmet l’étranger

Quelques années plus tard,leur esprit n’a pas changé. Lemême Grimm, après avoir détruitverbalement tout ce qu’il pouvaitde la civilisation française, conti-nue de favoriser systématique-ment ce qui est étranger (Tout rap-prochement avec l’esprit actuel

Dans un premier temps, ils cru-rent que Rameau servirait leurcause car, face aux tenants deLulli, il s’était présenté comme unartiste novateur. En 1733, lors dela représentation de sa premièretragédie lyrique, Hippolyte et Ari-cie, il avait été la victime de la ca-bale des lullistes, qui jugeaient samusique beaucoup trop compli-quée. Certains de ses musicienset chanteurs, même, avaient re-fusé de se produire. Mais il avaitaussi ses défenseurs, nommés pé-jorativement les “ramoneurs”, dontVoltaire faisait notamment partie.

Tout naturellement donc, Ra-meau s’était vu proposer de par-ticiper à l’Encyclopédie pour lesarticles musicaux. Mais lorsqueMessieurs les encyclopédistescomprirent que Rameau n’étaitpas l’idéologue qu’ils croyaient,que son indépendance d’espritétait totale, qu’il ne s’occupait quede musique, et que, finalement,il était bien davantage un repré-sentant de l’ordre ancien, il devintlui-même l’ennemi à abattre. Lepassage en France de cettetroupe italienne constituait une ex-cellente occasion.

On voit soudain Rousseau, Di-derot et leurs amis - à l’exceptionde Voltaire - prendre feu etflammes pour la Servante Maî-

La laïcisation croissante de lafête de Noël occulte la nais-sance de l’Enfant Dieu. Si

vous souhaitez retrouver le sensdu mystère de la Nativité, quelqueslivres peuvent y aider.

La Vraie Histoire de Noël, deLoïc Joncheray, illustrée par Chris-telle Fargue, est une leçon de ca-téchisme en images. Elle com-mence avec l’apparition dans leciel d’une étoile qui éveille la cu-riosité de trois mages, au pointqu’ils se décident à la suivre, et àvoir où elle les mènera.

Le texte est fidèle au récit desaint Luc, mis à la portée des plusjeunes. Soixante questions, par-fois difficiles, aident à vérifier quel’histoire a bien été assimilée. Desconseils sont donnés pour célé-brer le mystère autrement quedans l’atmosphère fébrile descourses et du repas sur fond detélévision. Le sens véritable destraditions est rappelé. Quant auxdessins, très colorés, très gais, ilsfont penser aux albums des an-nées soixante-dix, ce qui éveillerades nostalgies chez les parents.

Récit tendre et naïf

Poupa, un ourson malicieux,s’éveille étonné un matin d’hiver :la forêt est déserte, tous les ani-maux l’ont quittée. Que se passe-t-il ? Un vol d’oies sauvages lui

donne la réponse : tous ont étéconviés par un ange à adorer l’en-fant divin dans la crèche. Poupadoit se hâter s’il ne veut pas man-quer l’événement. Hélas, Bethléemest très loin, et l’ourson est si pe-tit ! Arrivera-t-il jamais à temps ?

Le Noël de Poupa le petit ours,de Guillaume Mabille du Chesneet Arnaud de Cacqueray-Valmé-nier, délicieusement illustré par lessœurs de l’abbaye Sainte-Mariede Rieunette, est l’un des pluscharmants albums pour les petitsque vous puissiez vous procurer.C’est touchant, tendre, naïf, et vrai-ment irrésistible.

Pourquoi fait-on une crèche ?Quand la coutume s’en est-elleinstaurée ? Qui sont les person-nages représentés ? Commentles fabrique-t-on ? Voilà quelques-unes des questions auxquelles ré-pond Maïtena Chavaribeyre avecL’Origine des santons, de la Ju-

dée à la Provence, illustré parJean-Dominique Longubardo.

Il ne faut pas chercher ici desréponses élaborées ; il ne s’agitpas de faire œuvre d’historien,d’ethnologue, de folkloriste ou decritique d’art, mais cette approcheintelligente et respectueuse don-nera aux plus jeunes l’envie d’ensavoir davantage et les aidera àcomprendre les traditions pro-vençales.

Fraternité

L’on doit à Gosselin Lenotreun volume de Légendes de Noël,jamais réédité depuis 1964, augrand dam de tous ceux que celivre avait enchantés. Cet oublivient d’être réparé.

De ces nouvelles, situées entre1793 et 1816, l’auteur affirmaitqu’elles s’appuyaient sur des faitsvéridiques. L’on y croise une pa-trouille bleue dans la forêt bre-tonne, qu’une sonnerie de clochesplonge dans une émotion qui in-cline même les plus durs à la com-passion ; des fillettes dont leslarmes fendent le cœur de Fou-quier-Tinville, lui arrachant sonunique bonne action ; deux pères,un Bleu et un Blanc, communiantdans l’amour de leurs enfants, jus-qu’à oublier ce qui les divise ; une

jeune fille solitaire qui trouve dansses souliers l’amour qu’elle n’at-tendait plus ; quatre sans-culottesqu’une étoile, dans un sanctuairede Judée, métamorphose ; etd’autres récits, plus légers parfois,mais tous merveilleusement dits.Ils ont bercé plus d’une veillée deNoël, donné le goût de l’histoire àbeaucoup de lecteurs, et empê-ché de désespérer tout à fait del‘humanité.

Ce n’est pas dans une sem-blable optique que Christian Ca-rion a publié, sous le titre JoyeuxNoël, un roman historique, aussi-tôt adapté, sans grand succèsd’ailleurs, au cinéma. S’inspirantd’un épisode de fraternisation dansles tranchées dans la nuit du25 décembre 1914, il s’est livré àune dénonciation convenue deshorreurs et de l’absurdité de laguerre ; quant aux sentiments quipoussèrent ces soldats ennemisà refuser quelques heures de s’en-tretuer, ils échappent complète-ment à l’auteur.

C’est qu’il faudrait en revenir àcet enfant couché sur de la pailledont la naissance bouleversa ledestin du monde. L’Enfant Jésusde Prague, de Philippe Beitia, ex-plique comment la dévotion auxmystères de l’enfance du Sauveurs’est répandue, d’abord grâce àSaint Bernard, puis aux mystiquescarmélitains, à travers la catholi-cité, et a débordé la période del’année qui lui était consacrée. Une

statue miraculeuse vénérée dansun sanctuaire pragois allait ainsidevenir mondialement populaire.Histoire et spiritualité se rejoignentafin de permettre au lecteur d’ap-profondir les grâces de Noël, et deles vivre tout au long de sa vie. ■

Noël raconté aux petits et aux grandspar

Anne BERNET

* Loïc Joncheray et ChristelleFargue : La Vraie Histoire de Noël .Salvator , 40 p., 12 euros (78,71 F).* Guillaume Mabille du Chesne etArnaud de Cacqueray-V alménier :Le Noël de Poup a le petit ours . Té-qui, 22 p.,7,80 euros (51,16 F).* Maïtena Chavaribeyre : L’Originedes santons . Ouest-France, 64 p.,10 euros (65,60 F).* Gosselin Lenotre : Légendes deNoël . Via Romana, 240 p., 16 euros(104,95 F).* Christian Carion : Joyeux Noël .Perrin, 180 p., 14 euros (91,83 F).* Philippe Beitia : L’Enfant Jésus dePrague . Téqui, 156 p., 9 euros(59,04 F).

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JOURNÉEDE LECTURELES FILMS

DE DÉCEMBREl AUBERGE ROUGE – Unechose est sûre : en cette findu XIX e siècle, les tenan -ciers de l’Auberge des Croû -teux, à savoir Martin, Chris-tian Clavier, Rose sonépouse, Josiane Balasko, etleur fils débile “V iolet”, FretÉpaud, n’ont rien de Pau -lette Merval et Marcel Mer -kès dans La Belle aubergedu Cheval blanc ; Martin etRose, c’est plutôt Ténardieret compagnie. Pire même,puisque les malheureuxvoyageurs qui font haltedans leur établissementperdu au cœur des mon -tagnes du massif des Pyré -nées ne finissent jamais leurvoyage. Du moins pas ce -lui escompté. Et pourcause : le couple d’auber -gistes les zigouille ; plusexactement, leur rejeton,tendance “leatherface” fa-çon Massacre à la tronçon -neuse , se charge desbasses-œuvres, pour volerleurs biens. Une fois es -tourbis, les malheureuxvoyageurs, quand ils ne fi -nissent pas en épouvantailsà corbeaux, sont soit en -terrés à la sauvette, soitdonnés en pâture aux co -chons. Lorsqu’une diligencedont un essieu s’est briséest prise sous l’orage , in -utile de vous dire que lespassagers, cocher compris,ont un sacré mouron à sefaire. Seul à échapper auxmauvaises intentions ducouple, et ce grâce à uneRose très croyante, le PèreCamus, Gérard Jugnot. Pro-blème pour ce dernier :Rose s’étant confesséepour soulager sa lourdeconscience, le Père Camus,obligé pour cause de secretde la confession de taire leshorreurs perpétrées par lecouple d’aubergistes, va es -sayer de prévenir et de sau -ver ses compagnons devoyage. Du moins ceux quipeuvent encore l’être, car lemassacre est déjà com -mencé... Était-il nécessairede faire un vrai-faux “re -make” du célèbre film deClaude Autant-Lara (1951),inspiré d’un fait réel et in -terprété à l’époque notam -ment par Fernandel, Fran-çoise Rosay, Carette ? Mêmepour les futures généra -tions, même en faisant abs -traction du film original, ilest dif ficile d’apprécier cettefarce énorme, aux “gags”répétitifs, aux grimaces “cla -viéresques” et aux petitscoups de grif fe contre la re -ligion catholique, réaliséepar Gérard Krawczyk. Le pire,c’est que cette grosse “co -casserie” farcie, même sielle est moins pire que l’onpouvait le craindre, risqued’attirer un large public in -fluencé par la promotionqui, n’en doutons pas, serafaite autour de cette aubergedes loufoques !

Alain WAELKENS

Il est très heureux que le dé-partement des Yvelines ait ac-quis en 1997 le dernier élément

de ce qui constituait la résidencede Madame Élisabeth, sœur deLouis XVI, son Orangerie. Cettecréation de La Brière, architectedu Roi et du comte d’Artois a faitl’objet d’une restauration de grandequalité, laquelle, sans modifier lafaçade, l’a transformée en espaced’exposition.

Depuis le 14 novembre et jus-qu’au 27 janvier prochain, l’Oran-gerie présente une exceptionnellerétrospective de l’œuvre graphiquede Joseph Bernard (1866-1931).Organisée par le Conseil généraldes Yvelines, avec le concours dela Fondation Coubertin, qui prêtel’ensemble des œuvres exposées,elle a été placée sous la directionscientifique de Mme Pascale Gré-mon-Gervaise, conservateur deces collections.

De son vivant, Joseph Bernardfut surtout connu et appréciécomme sculpteur. Fils d’un artisantailleur de pierre, élève des Beaux-Arts de Lyon puis de Paris, il avaitété marqué à ses débuts par l’in-fluence de Rodin, mais sans sup-porter, dit-on, la tyrannie de cemaître. Joseph Bernard fut un ac-teur majeur de l’après Rodin, etses œuvres figurent dans de nom-breux musées (Orsay, Luxem-bourg), à l’Hôtel-de-Ville de Pariset à sa Chambre de Commerce,et à Vienne, en Dauphiné, sa villenatale. Joseph Bernard fut l’un desrénovateurs de la sculpture en tailledirecte, sans modelage préalable...Méthode qui suppose une parfaite

maîtrise du dessin. Dès 1912, ilécrivait: « dessiner le plus qu’onpeut, acquérir la même maîtrised’exécution, qui est la genèsedes art s plastiques... dessineren sculpt ant et sculpter en des -sinant » . En effet, comme le ditPaul-Louis Pinuy (1), sculpter « estmodifier les dessins sur lapierre, au fur et à mesure quele ciseau les efface ». On ne peutdonc séparer, dans l’univers ar-tistique de Joseph Bernard,l’œuvre sculptée et l’œuvre gra-phique. Il fut un dessinateur pas-sionné, utilisant des techniquestrès diverses : crayon, fusain, la-vis, aquarelle.

Sa première inspiration appa-raît marquée par une certaine vi-sion tragique : ainsi son Marcheursur une route, et surtout sa Jeunefille s’enfuyant devant des visageshostiles. Mais, comme ses sculp-tures, les dessins de Joseph Ber-nard montrent une évolution de leurauteur vers le classicisme (2). Ladanse devient très vite son sujetde prédilection. Le thème du Faunedansant, qui nous fait souvenir quece fut en 1912 que fut créé avecNijinski le ballet de L’après-midid’un faune. D’autres dessins évo-quent des « jeunes femmes auxformes pleines et frémissantesde vie, souriantes » ainsi queleurs « enlacements harmo -nieux ». À la fin de sa vie, JosephBernard illustra, pour un groupe debibliophiles lyonnais, une éditionde L’âme et la Danse de Paul Va-léry. Puis, après la naissance deson fils, on voit apparaître sous soncrayon, le thème de la maternité -

et là encore, il évoque de jeunesmères faisant danser leurs enfants.

Enfin, le thème de La Victoire,l’un des archétypes classiques dis-pensés dans l’enseignement desBeaux-Arts, n’est pas seulementrepris par lui après 1918. Il avaitvoulu l’utiliser, bien avant, dans unmonument à la gloire de l’Aviationet de ses pionniers.

Cette belle exposition permetde redécouvrir un artiste solitaire,dont la vie fut marquée par degraves ennuis de santé, mais quifut soutenu par sa femme et pardes amis fidèles, comme Rünil-mann, le créateur du mobilier dit“art déco” ! Joseph Bernard alaissé une œuvre assez impor-tante, exercé une influence réelletant au plan stylistique que tech-nique; montré que « l’art robusteseul a l’éternité » et qu’il arriveque « le buste survive à la Cité ».

René PILLORGET

(1) Cf. catalogue de l’Exposition,pages 6 à 9.(2) Cf. Gina Severini : Du cubismeau classicisme. Esthétique du com -pas et du monde (1921). K.S. Sil -ver : Vers un retour à l’ordre.L’avant- garde p arisienne et la Pre -mière Guerre mondiale 1914-1918(Paris, 1991).

* Orangerie du domaine de MadameÉlisabeth, 26 rue Champ Lagarde,78000 Versailles. Tél. 01 39 07 71 83www .yvelines.fr Ouverte de 13 à18 heures tous les jours sauf lundi,fermée le 25 décembre et le 1 er jan-vier . Entrée libre.

LIVRE D’ENFANT

Les enfants du Palatin

Anne Bernet excelle dansl’art de captiver les grands,mais aussi les petits. Son

dernier roman est destiné auxjeunes de douze ans bien qu’ilpuisse enchanter des lecteursbien plus âgés.

Nous sommes en l’an 79. Unjeune esclave, Alexamenos, seforme à la rude et implacableécole des pages installée dansle palais par l’empereur Vespa-sien. Or sa vie va être transfor-mée par la rencontre du jeuneTitus, fils de Clemens et de Do-mitilla, cousins de l’empereur.Celui-ci est chrétien et a remar-qué le pendentif représentantl’Ichtus, signe de “Christos”, queporte Alexamenos, sans savoirlui-même ce que signifie cet ob-jet hérité de sa mère morte enesclavage.

Au fil des pages, on ne peutque se prendre d’affection pource garçon intelligent et sensiblequ’Anne Bernet entraîne dansde multiples péripéties en toutgenre, lui faisant notamment dé-couvrir la face cachée de Rome,celle qui croupit dans une misèreeffroyable que tentent d’adoucirdans le plus grand secret les

chrétiens soutenus par une foi àrenverser les montagnes. Unequinzaine d’années après lespersécutions de Néron, il est tou-jours difficile d’être chrétien dansune Rome qui ne connaît pas leprix de la vie humaine.

Alexamenos, tiraillé au fondde lui-même entre l’attrait duchristianisme et la peur des per-sécutions, en vient un jour à re-nier le Christ par trois fois de-vant ses impitoyables camaradesde l’école des pages qui lui ten-

dent un piège affreux auquel iléchappe en s’enfuyant, incon-solable, avec un jeune Gauloisépris de liberté. Les voici sur laroute de tous les dangers : l’ex-pédition pleine de rebondisse-ments s’achève dans lesflammes et les poussières dePompéi croûlant sous l’éruptiondu Vésuve. « Christos sauvenous », s’écrie Alexamenos.Nous laissons nos lecteurs dé-couvrir l’écho de ce cri déchi-rant : le Dieu miséricordieuxn’avait pas abandonné Alexa-menos.

Aventure pleine de rebon-dissements palpitants parfois tra-giques, parfois drôles, illustrantune belle page d’histoire romaineet religieuse. La description del’éruption du Vésuve est poi-gnante. On se prend à penserque ce récit d’Anne Bernet pour-rait fournir un excellent scenariopour un grand et beau film .Àoffrir à vos enfants tout de suite.

Michel FROMENTOUX

* Anne Bernet : Les Enfant s du Palatin.

Éd. Clovis, 267 p., 1 1 euros.

Exposition de dessins de Joseph Bernard

à l'Orangerie de Madame Élisabeth

Introduction àDominique

de Roux■ Étonnant destin que celuide l’œuvre de Dominique deRoux ! Pamphlétaire, ro-mancier et éditeur horsnormes, disparu il y a trenteans, régulièrement rééditémalgré un silence récurrentdes médias et autres jour-naux officiels à son égard.

Petit-fils du marquis deRoux, historien et avocat del’Action française, Dominiquede Roux fut autant hommede lettres qu’activiste. Fon-dateur des Cahiers del’Herne et des Dossiers H,éditeur aux Presses de laCité puis chez Christian Bour-gois, il se prit de passion pourle dernier empire colonial eu-ropéen, celui du Portugal.Présent à Lisbonne lors dela révolution des Œillets, sou-tien de Jonas Savimbi dansle maquis anti-communistede l’Angola, il succomba àun accident cardiaque à l’âgede quarante et un an.

Toujours en mouvement,il pouvait tour à tour aiderVladimir Dimitrijevic à créerl’Âge d’Homme lors d’unefoire aux livres de Francfortet converser des meilleuresméthodes de guérilla avec lePrince Sixte-Henri de Bour-bon-Parme dans un bar d’hô-tel de Luanda.

A la fois gaulliste révolu-tionnaire et défenseur de l’Al-gérie française, ce feu folletdes lettres avait compris quele sort de la vieille terre fran-çaise se jouait désormais surles cinq continents. Défen-seur de Céline, d’Ezra Poundet de Bernanos, l’auteur duCinquième empire était tou-jours du côté du talent contreles “bien-pensants”. Sa sym-pathie pour nombre de ré-prouvés lui valut de solidesinimitiés. Un de ses livres futmême brûlé en place pu-blique à Nancy par des par-tisans de Jean-Jacques Ser-van-Schreiber qu’il égratignaitau passage.

Brillante et visant le plussouvent juste, l’écriture dePhilippe Barthelet, qui signecette introduction à l’œuvreet la vie de Dominique deRoux, cède parfois à la faci-lité. Ainsi définir Maurras, fé-déraliste pétri de penséeclassique comme un « ja-cobin disciple d’AugusteComte » est une absurdité.Sa belle introduction à unpasseur littéraire hors pairnous pousse à lui pardonnercette injustice.

Pierre LAFARGE

* Philippe Barthelet, Dominique de Roux ,

Éd. Pardès, 128 p., 12 euros.

ARTS-LETTRES-SPECTACLES

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parAnne BERNET

RELIGION

Lectures pour tousIl est de plus en plus difficile, àl’heure du triomphe de HarryPotter et de ses nombreux ava-

tars ésotériques, de trouver pourles enfants et les adolescents deslivres qui ne véhiculent pas, de fa-çon plus ou moins insidieuse, desmessages ou des moralités dan-gereux. Les ouvrages suivantssont, eux, garantis à mettre entretoutes les mains.

Une brebis égarée

Blanchette l’agnelle en a as-sez des pérégrinations du trou-peau. Un jour de transhumance,elle reste volontairement à la traîne,puis elle comprend son impru-dence et cherche à retrouver sonmaître. Hélas, elle s’égare, seblesse, et se retrouve sans dé-fense en pays inconnu tandis quela nuit tombe… Pendant ce temps,le berger s’aperçoit qu’il lui manqueune bête et, laissant les quatre-vingt-dix-neuf autres, il court,anxieux, à la recherche de la déso-béissante.

sœurs de l’abbaye Sainte-Mariede Rieunette avec leur talent ha-bituel. C’est très réussi.

Clochettehéroïque

Pâques approche dans le vil-lage breton de Pommerit-le-Vi-comte, mais, cette année, la pe-tite clochette de l’élévation ne par-tira pas pour Rome le Jeudi saint :elle est trop vieille, trop fatiguée,et le sacristain a même failli la je-ter parce qu’elle sonnait un peufêlé. Pourtant, avant de mourir, laclochette voudrait tant, une der-nière fois, revoir la place Saint-Pierre ! Alors, rassemblant soncourage, juste avant le lavementdes pieds, elle a réussi à s’envo-ler vers l’Italie, elle aussi. Elle nesait pas que son héroïsme et safidélité vont lui valoir une extraor-dinaire récompense.

Après Le Noël de Poupa le pe-tit ours, Arnaud de Cacqueray-Val-ménier signe, avec La PetiteCloche de Pommerit-le-Vicomte,une histoire exquise, émouvante,illustrée à ravir, là encore, par lessœurs de Rieunette.

« Le petit dauphin est ma -lade, le petit dauphin va mou -rir . » Quel lecteur n’a gardé dansun coin de mémoire cette formule,écho de Bossuet, qui inaugure l’undes contes les plus graves et lesplus profonds des Lettres de monmoulin d’Alphonse Daudet ?

Historiquement parlant, il estimpossible d’identifier l’enfant prin-cier qui inspira ce récit car, s’ilsfurent nombreux à mourir en basâge aux XVIIe et XVIIIe siècles, laplupart, petits-fils ou arrière-petits-fils de Louis XIV ou de Louis XV,ne portaient point le titre delphi-nal. Seul l’aîné de Louis XVI cor-respondrait, s’il n’était mort, nonpoint à Versailles mais à Meudon,et dans le grand bouleversementdes États Généraux, de sorte quesa disparition passa quasi in-aperçue, sinon de ses parentsdésespérés. C’est à lui, pourtant,avec quelque vraisemblance, queMarie-Claude Monchaux a identi-fié le petit agonisant stupéfait dese découvrir mortel quoique desang royal. Cela donne, sur ungrand texte, des dessins nostal-giques et beaux, qui racontent auxplus jeunes les mystères de lamort et du salut.

Feuilleton

Autre cadeau propre à inspireraux petits l’amour de la lecture, unabonnement à la revue Patapon,« le mensuel catholique des en -fants dès cinq ans ». J’en ai sou-vent dit tout le bien qu’il fallait enpenser. L’on y retrouve chaquemois un feuilleton en bande des-sinée, des vies de saints, des in-formations, des jeux, parfois aussides nouvelles, tel, en octobre, letrès joli texte de l’abbé Lemar-chand, Jaquine et la Vierge au sou-rire, et les illustrations de l’abbayede Rieunette.

Pour les plus de huit ans,pourvu qu’ils aiment lire, existeune nouvelle série, signée Véro-nique Duchâteau, qui compte déjàdeux titres et, au temps de Charlesle Gros, met en scène le quoti-dien, parfois agité ou dramatique,des jeunes oblats de l’abbayeSainte-Croix.

Récemment arrivé, voué à Dieupar ses parents, Martial, un cadetde famille noble, est fort intriguépar la conduite d’un autre garçon,entouré d’égards étranges et quisemble cacher un lourd secret. Ilfaudra l’annonce de l’approched’une troupe de Vikings sangui-naires, et un miracle, pour éluci-der le mystère Philibert.

Si sainte Ozanne, la patronnedu monastère, veille diligemmentsur ses protégés, d’autres moinesont moins de chance. Tels ceuxde la Sainte Montagne, victimesd’un raid hongrois et dont les sur-vivants ne savent où aller. Leur ar-rivée à Sainte-Croix perturbe lequotidien et surtout celui de Mar-tial, depuis peu admis à com-mencer son apprentissage d’en-

n’était pas un enfant mais undiacre d’une vingtaine d’années.Peu importe d’ailleurs puisqu’il in-carne la foi en la présence réellequi préfère la mort à la profana-tion de l’eucharistie.

Odile Haumonté ne craint pasde proposer aux adolescents desromans qui parlent de la souf-france, de la maladie, de la mort,sujets d’ordinaire soigneusementoccultés par notre époque. SonSaint Tarcisius, martyr de l’eu-charistie, fidèle aux anciennes tra-ditions, a onze ans ; il en toucheradavantage son public. Moins an-cré dans le contexte historique,moins dramatique que l’était, surle même sujet, La Couronne depierre de Serge Dalens, son livreest cependant touchant. Il a sur-tout le mérite de rappeler ce qu’estle corps du Christ, mystère tropsouvent dévalué, et de dire sansfard qu’être chrétien peut, toujourset en tous lieux, conduire au té-moignage sanglant.

Qui n’a lu, autrefois, les albumsde la série Belles Histoires, BellesVies, qui proposait en bandes des-sinées d’excellentes hagiogra-phies ? C’est dans le même espritque paraît, en couleurs, réalisé pardeux Espagnols, Ricardo AlvarezFerrera et Miguel Quesada Cer-dan pour les dessins, un Jean-Léon Le Prevost, fondateur desreligieux de Saint-Vincent de Paul.

Intéressant destin que celui dece Cauchois né en 1803, monté àParis à la suite de revers de for-tune familiaux, devenu discipled’Ozanam, et qui, en 1844, eutl’idée de fonder un institut de reli-gieux laïcs, choix paradoxal,consacré au soulagement et àl’évangélisation des plus défavo-risés. La principale difficulté, dansson cas, était d’être marié... Cesaspects, forcément délicats, de laquestion, entraînent des omissionsprudentes qui nuisent un peu aurécit, mais l’essentiel passe etdonne envie d’en savoir davan-tage sur l’homme et sur l’œuvre.

Japon,XVIe siècle

J’ai déjà évoqué la série de laromancière sino-américaine Len-sey Namioka que son mariageavec un Japonais incita à se pas-sionner pour l’histoire troublée duXVIe siècle nippon. À travers lesaventures de Zenta, jeune noblequ’un drame familial a contraint àse faire rônin, et celles de son dis-ciple Matsuzo, elle initie ses lec-teurs à la civilisation japonaise.Dans ce troisième tome, LesDiables au long nez, les deux gar-çons, qui cherchaient à se faireenrôler par Nobunaga, seigneurde la guerre sur le point de réuni-fier le pays à la force de son sabre,se retrouvent, interloqués, atta-chés à la protection rapprochéed’un missionnaire portugais et desa suite. Passé un moment de flot-tement, il leur faut constater queces étrangers sont fréquentables,et qu’ils ont vraiment besoin d’aide.En effet, leur voisin, hostile à leur

présence, vient d’être assassinéà coup de fusil. Or, seuls les Oc-cidentaux sont en possessiond’armes à feu.

Dans les années soixante-dix,la mode n’était pas encore venuede la violence gratuite ni des si-tuations scabreuses, du moins pasdans la littérature pour la jeunesse.Aussi l’intrigue policière, ronde-ment menée et sans mièvrerie, toutcomme les coups de cœur despersonnages, sont-ils traités avechonnêteté mais sans jamais cho-quer. Quant au discours de fondsur l’ouverture aux autres, iléchappe au politiquement correctaujourd’hui en vigueur, ce qui lerend beaucoup plus intelligent etrecevable.

Sur la parabole du Bon Pas-teur, Louise André-Delastre réus-sit, avec La Petite Brebis qui s’étaitperdue, un conte délicieusementédifiant qui ravira les enfants. Lestrès belles illustrations de Joëlled’Abaddie achèvent de faire de cetalbum une vraie réussite.

Damemagnifique

Le 8 décembre 1947, fête del’Immaculée Conception, troisfillettes du village tourangeau del’Île-Bouchard entrent dans l’églisepour prier. Soudain, dans un rayonde lumière, apparaissent une damemagnifique et un ange. Pendantune semaine, l’apparition se pro-duira chaque jour, accompagnéed’une exhortation à prier pour laFrance « qui, ces jours-ci, esten grand danger ». Or, tropjeunes, les enfants ignorent la si-tuation insurrectionnelle de ce dé-but d’hiver, et le risque, pris trèsau sérieux, d’un coup d’État com-muniste, désormais jugé inévitablepar les observateurs. Or, contretoute attente, au lendemain de l’ul-time visite de la dame, le 14 dé-cembre, et sans qu’aucun événe-ment politique puisse justifier cerevirement, la crise s’apaise, le pé-ril rouge est conjuré.

En ce soixantième anniversairedes apparitions de Notre-Dame àl’Île-Bouchard, Francine Bay enpropose, sous le titre « Dites auxpetits enfants de prier », un récitintelligent et clair, illustré par les

lumineur et soudain suspecté, bienqu’il clame son innocence, d’avoirendommagé le magnifique travaild’un des frères. Qui a bien pu dé-truire le manuscrit et laisser ac-cuser le jeune garçon et quelle estexactement la mission de Frère Li-phard ?

Il faut un talent certain pourrendre vivante et passionnantel’existence au sein d’un monastèrecarolingien. À travers des person-nages bien campés, touchants,pleins de vertus, Véronique Du-château réussit un beau travail dereconstitution historique et fait dé-couvrir à ses jeunes lecteurs laréalité de la vie monastique et dela spiritualité bénédictine. Les des-sins, là encore, sont dus aux sœursde Rieunette.

Témoignagesanglant

Depuis le concile, l’on nedonne plus guère en exemple auxpremiers communiants Tarcisius,lapidé à Rome en 257 pour avoirrefusé de livrer aux païens lessaintes espèces. Au vrai, tous lesspécialistes le savent, le martyr

Peut-on faire lire les Pères del’Église à tous, même aux ado-lescents ? L’abbaye de Rieunetteen apporte la preuve avec son édi-tion illustrée du second livre desDialogues de saint Grégoire leGrand, ici intitulé Vie et miraclesdu saint abbé Benoît, ce qui en ré-sume exactement le contenu. Ils’agit, certes, d’un texte facile, vi-vant, et d’une incommensurablevaleur car, sans lui, on ne sauraitrien de l’abbé du Mont Cassin. Iln’empêche qu’il peut, dans seséditions ordinaires, rebuter, et passeulement les plus jeunes. Enl’illustrant d’abondance, avec hu-mour, tendresse et talent, les Bé-nédictines ont relevé un défi. Etl’ont gagné ; leur album est unevraie réussite. ■

* Louise André-Delastre et Joëlled’Abbadie : La Petite Brebis quis’était perdue . Téqui. 30 p., 9 euros(59,04 F).* Francine Bay : « Dites aux petit senfant s de prier ». Téqui, 30 p.,12,50 euros (81,99 F).* Arnaud de Cacqueray-V alménier :La Petite Cloche de Pommerit-le-V i-comte . Téqui, 21 p., 8 euros(52,48 F).* Alphonse Daudet, Marie-ClaudeMonchaux : La Mort du Dauphin .Clovis, 37 p., 12 euros (78,71 F).* Patapon . Téqui, douze numérospar an, 42 euros (275,50 F).* Véronique Duchâteau : Le Mys -tère Philibert - La Mission de FrèreLiphard . Téqui,140 p., 10,80 euros(70,84 F) et 12 euros (78,71 F).* Odile Haumonté : Saint Tarcisius,martyr de l’eucharistie . Téqui, 80 p.,9 euros (59,04 F).* Ricardo Alvarez Ferrera et MiguelQuesada Cerdan : Jean-Léon LePrevost . Téqui, 40 p., 8 euros(52,48 F).* Lensey Namioka : Les Diables aulong nez . Le Rocher , 225 p., 12 eu-ros (78,71F).* Saint Grégoire le Grand : Vie etmiracles du saint abbé Benoît . Té-qui, 110 p., 10 euros (65,60 F).

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14 L’Action Française 2000 n° 2738 – du 20 décembre 2007 au 2 janvier 2008

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1. Premier abonnementFrance (un an) . . . . . . . . . . . . . . . 76 s

2. Premier abonnementÉtranger (un an) . . . . . . . . . . . . . . 85 s

3. Abonnement ordinaire (un an) . 125 s4. Abonnement de six mois . . . . . . . 70 s

5. Abonnement de soutien(un an) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150 s6. Étudiants, ecclésiastiques,

chômeurs (un an) . . . . . . . . . . . . . 45 s7. Outre-mer (un an). . . . . . . . . . . . 135 s8. Étranger (un an) . . . . . . . . . . . . . 150 s

BULLETIN D’ABONNEMENTNom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Entourez le numéro correspondant à votre abonnementBulletin à retourner à L’Action Française 2000

10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – C.C.P. Paris 1 248 85 A

LLEE TTRÉSORRÉSOR

DEDE LL’A’ACTIONCTION FRANÇAISEFRANÇAISE

Sous la direction de Pierre PUJO

Avec Sarah BLANCHONNET, Stéphane BLANCHONNET, Grégoire DUBOST,Michel FROMENTOUX, Vincent GAILLÈRE , Pierre LAFARGE,

Aristide LEUCATE, Alain RAISON, Francis VENANT

Depuis sa fondation en 1899, l'école d'Action française a produit un nombre considérable d'ouvrages de critique historique, politique,

littéraire, qui, ensemble, constituent un trésor. Trente et un de ces ouvrages ont été sélectionnés pour faire l'objet d'articles publiés dans L'Action Française 2000 en 2004 et 2005...

Éd. de l’Âge d’homme, 138 p,, 20 s. Disponible à nos bureaux : 22,11 s franco (chèque à l’ordre de la PRIEP).

CHRONIQUELES GRANDS TEXTES POLITIQUES

Pour le temps des polars

et des pulsions

Théophi leporte lep r é n o m

d’un mien aïeul du début du sièclevingtième ; et il est, comme moi,un ami de l’érudit sagace et caus-tique Polydore : double titre à unecertaine sympathie même si jen’ai pas, comme Théophile, unpenchant pour le pessimisme gri-sâtre ou noirâtre. Encore dois-jeaccorder à Théophile, commed’ailleurs à Polydore, et à moi-

même, le droit à une irritation quo-tidienne, une vraie démangeai-son mentale à la lecture de notrejournal réputé bien-pensant, ouà peu près...

Nous dégustons chaque ma-tin notre ration de viols, et d’as-sassinats, sans parler demoindres incidents qualifiés d’”at-touchements”. Hier, en un col-lège de pays étranger, un élèveou un hors-venu avait mitraillégénéreusement tous les infortu-nés se trouvant sur son passage.Et l’on va ressortir, entre autres,pour un jugement fort souhai-table, l’histoire des pauvresfemmes assassinées au couteaude boucher: On ne sait si le dé-lit sera considéré comme atté-nué, sinon aboli, par la déclara-tion théâtrale du tueur faisant étatde la puissance incoercible deses “pulsions”.

Notre ami Théophile accueilleces faits-divers avec une sombreamertume, en consignant les plusignobles sous la forme de “no-tules” inscrites sur le carnet qu’ilappelle “son notulier”. Polydorelui a conseillé d’utiliser lesdites“notules pour rédiger les pré-mices d’un roman policier – ou

de plusieurs –pour rendre uneoriginalité et une

vigueur nouvelles à un genre lit-téraire, ou prétendu tel, qui aprèsle livre de poche constitue le tré-sor des films télévisés.

On doit sans doute sacrifieraux dieux innommables d’un pan-théon gluant et grimaçant. Lamalheureuse clientèle des vic-times intellectuelles est-elle uni-formément influencée par les fa-meuses “pulsions” ? Quitte à dé-signer par un barbarismeprobable les lecteurs ou specta-teurs, je fabriquerais pour eux lenom de “pulsifs”.

Au Calvaire dela Pauvre-Croix

“Des polars pour les pulsifs !”Les recettes en sont désormaisconnues au point de paraître ano-dins. Tel film dans une série té-lévisée commence rituellementpar les soins éclairés que l’ins-pecteur Maigret prodigue à sapipe, avec sans doute une totaleindifférence apparente pourl’apostolat anti-tabagique à lamode. Après cette opérationquasi-sacramentelle, on peut s’at-tendre à retrouver les visions cou-tumières des “polars” : des es-caliers déserts, des couloirs in-terminables, à donner le frisson,en attendant la découverte ducadavre ensanglanté, puis la vi-site à la morgue avec les propospéremptoires de l’homme deblanc vêtu qui préside à l’am-biance du lieu...

L’ami Théophile nous confiantqu’il cherche depuis quelquetemps un remède à ces évoca-tions vénéneuses. Un bon cha-noine que nous fréquentons par-fois lui a conseillé malicieuse-ment d ‘en appeler au Saint-Espritqui, dit-il, « a l’excellente habi -tude de s’occuper de ce qui,aux dires de certains, ne le re -garde pas ! » Polydore, enveine d’écologie, lui a proposéun recours à la Fée Chlorophylle,végétale purificatrice et dispen-satrice de cures bucoliques...Quant à moi, je ne sais trop pour-quoi, je lui ai discrètement vantéce pèlerinage au carrefour désertdu calvaire-de-la-Pauvre-Croix,pour une méditation au crépus-cule sur les landes... ■

parJean-Baptiste MORVAN

Le mythe de la libertén Jeune homme au Quartier Latin, je fustrès intrigué p ar une inscription sur le murnoir et triste de la prison devant laquelle jepassais p arfois. Avec une joyeuse incons -cience de la propriété des termes, lespeintres avaient tracé, au-dessus du por -tail et sur les grands murs sinistres, la de -vise de la République : Liberté, Egalité, Fra -ternité. Le mot Liberté me choqua en un tellieu, et je commençais à formuler des doutesà son égard. Pourt ant, il exerce un effet ma -gique sur les esprit s qui n’ont p as atteintleur maturité. Au lieu de l’inviter , selon lemot de Dante, à perdre l’espérance en en -trant dans ces lieux, on demandait au mal -heureux criminel à menottes de méditer surl’illusoire promesse de Liberté qui l’avaitexpédié dans cette prison, ainsi que sur lesplaisirs qu’il allait connaître dans l’étroiteLiberté de sa cellule. Je suis cert ain qu’iln’y avait là aucune intention ironique. Onest si bien habitué à ce mot qu’on ne voitpas pourquoi il ne servirait p as à orner lemur d’une prison. Les “immortels principes

de 89” sont excellent s dans les péroraisons;ils n’ont jamais été mis en pratique – ils nepeuvent p as l’être. Le chimiste Lavoisier , lepoète Chénier , l’homme d’Ét at Malesherbes,le philosophe Condorcet, pour ne p as par-ler des politiciens et de la racaille de la Ré -volution, purent lire sur leur mandat d’ar -rêt le mot magnifiquement inscrit de Liberté.Lavoisier mendia quelques jours de surviepour terminer sa dernière grande expé -rience. Ainsi que le sait chaque écolier , ilreçut l’ “immortelle” réponse que la Répu -blique n’avait besoin ni de savant s, ni dechimistes. Le vrai symbole de la Liberté,c’est la guillotine, et je voudrais qu’à l’en -trée du port de New-Y ork, à la place de ladéesse à la torche, on mît l’échafaud où ontfini toutes les revendications humaines aunom de la Liberté.

Sisley HUDDLESTON *Le Mythe de la Liberté

entretiens en temps de guerre, Lyon, Lardanchet, 1943

Le point de départ ironique decette réflexion politique estparticulièrement ingénieux :

le mot Liberté écrit sur les mursdes prisons de la République !Étudiant à Paris, Sisley Huddles-ton fréquentait alors des milieux“avancés”. Un jour qu’il s’indignaitde l’arrestation de quelques ma-nifestants de gauche pour lesquelsil éprouvait de la sympathie, uncamarade lui dit : « Quand nousserons au pouvoir , nous met -trons les autres en prison. Cha -cun son tour ! »

Les illusions s’évanouirent. Lejeune Anglais étudiant en Francecomprit ce jour comment les par-tisans de la “Liberté” la conçoiventpour les autres. Il se rappela queles socialistes, partisans ombra-geux de la “Liberté”, lui sont hos-tiles dans les questions écono-miques, qu’ils dénoncent la “libertédu travail” et veulent imposer leursgrèves par la violence à ceux quine partagent pas leurs idées. Il serappela que le libéralisme écono-mique est souvent pour l’ouvrierla liberté de mourir de faim.

Il se rappela que dans laFrance républicaine, la devise “Li-berté” était mise au service desformes les plus intolérantes de l’an-ticléricalisme, que la démocratiedétruit la liberté des personnes enles soumettant à la loi du nombreet que le terrorisme révolutionnaireétait son ultima ratio, son ultime

argument pour assurer le Bonheuret la Liberté : « La Liberté ou laMort », on ne sort pas de ce di-lemme dans une logique démo-cratique.

On parlera de l’hypocrisie dumythe de la Liberté car la civilisa-tion est essentiellement une re-nonciation à la liberté au sensvague et absolu du mot. Bonaldobservait, par exemple, que la li-berté de la presse ne concernaitque les hommes qui écrivent :« Qu’est-ce qu’une liberté pu -blique qu’il faut entourer de t antde précautions et dont l’exer -cice doit être l’objet d’une sur -veillance continuelle, t ant l’abusest voisin de l’usage ? »

Dans un État sain, la libertéde la presse est inconcevable carune presse “libre” peut empoi-sonner une nation et mettre lemonde à feu et à sang. Les phar-maciens ont-ils le droit de vendren’importe quel poison à n’importequi dans n’importe quelle condi-tion ? La seule liberté du clerc c’estd’élever le public et non de flatterses instincts les plus bas, de nour-rir ses curiosités malsaines, d’en-tretenir son ignorance et ses idéeserronées. Il n’existe donc pas de“Liberté’, en politique, mais des li-bertés concrètes, précises, hié-rarchisées, ayant pour corollairesdes devoirs. Une société saine,dirigée par un État sain accordedes libertés bien définies, bien li-mitées pour éviter à la fois l’anar-chie et la dictature.

Gérard BAUDIN

* Sisley Huddleston (1883-1952) étaitun journaliste et écrivain britan -nique. Après avoir travaillé à unjournal des forces britanniques pen -dant la Première Guerre mondiale,il s’installa à Paris après la guerrejusque dans les années 1930. Pen -dant la Seconde Guerre mondiale,il prit la nationalité française. Il pu -blia un entretien avec le maréchalPétain. Il fut emprisonné par les Al -liés en 1944. Il laisse une œuvre va -riée de réflexions sur les lettres,l’histoire et l’époque où il a vécu.

« La Liberté ou la Mort »On ne sort pas de ce dilemme

dans une logique démocratique.

Polydore, en veine d’écologie, a proposé un recours

à la Fée Chlorophylle...

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L’Action Française 2000 n° 2738 – du 20 décembre 2007 au 2 janvier 2008 15

L’ACTION FRANÇAISE EN MOUVEMENT

CENTRE ROYALISTE D’ACTION FRANÇAISE

LE MONDEET LA VILLE

10, rue Croix-des-Petits-Champs,75001 Paris

TÉL : 01-40-13-14-10 – FAX : 01-40-13-14-11Dans la ligne du mouvement fondé

par Pierre JUHELPRÉSIDENT PAR INTÉRIM :

Stéphane BLANCHONNETSECRÉTAIRE GÉNÉRAL : Thibaud PIERRE

CHARGÉS DE MISSIONFORMATION : Pierre LAFARGE

SECRÉTARIAT GÉNÉRAL DES ÉTUDIANTS :Alexandre Apreval

Adrien CharvetRomain VindexADMINISTRATION :

Mlle de BENQUE d’AGUT

COTISATION ANNUELLE :MEMBRES ACTIFS (32 L),

ÉTUDIANTS, LYCÉENS, CHÔMEURS (16 L),BIENFAITEURS (150 L)

C.R.A.F.a s s o c i a t i o n d é c l a ra s s o c i a t i o n d é c l a r é eé e

NAISSANCE

C’est avec plaisir que nousavons appris la naissance deCharles , le 27 septembre 2007, aufoyer de nos amis François BEL-KER, ancien responsable de la sec-tion Auvergne du C.R.A.F., et Clé-mence, née Daeschler. Nous adres-sons nos meilleurs vœux à Charlesavec toutes nos félicitations aux pa-rents et grands-parents.

Guy DEVYLERRE

C’est avec tristesse que nousvenons d’apprendre la mort de M.Guy Devylerre le 8 décembre à Lam-bersart, à l’âge de 81 ans. Hommebon, généreux, vif, M. Devylerre réus-sit là où beaucoup d’autres ontéchoué : il transmit non seulementà sa famille et à ses proches, maisaussi aux jeunes camelots du roi quiont eu la chance de le rencontrer,l’amour de la France. Malgré l’âgeet la maladie, qui l’avaient rendu plusdiscret ces derniers temps, il s’étaitinvesti jusqu’à la dernière heure enpatriote et en chrétien, ne refusantjamais de donner de sa personnepour un combat qu’il savait juste.Nous unissons nos prières à cellesde son épouse, de ses enfants etpetits-enfants, ainsi qu’au reste dela famille, pour que ce royaliste in-fatigable repose en paix, et que sondévouement serve d’exemple,comme il a pu l’être pour moi, auxnouvelles générations de militants.

Pierre CAR VIN

Pierre Pujo aimait tout parti-culièrement les dîners ducercle Alexis de Tocqueville,

qu’anime à Paris notre ami DidierBéoutis, lequel a voulu qu’un belhommage soit rendu à notre di-recteur ce mardi 11 décembredans les salons du Grenadier dela gare d’Austerlitz, juste avant dedonner la parole à l’orateur invitéce soir-là, Ghislain de Diesbach,

venu présenter son ouvrage très“politiquement incorrect” Petit dic-tionnaire des idées mal reçues.

S. A.R. le prince Sixte-Henride Bourbon Parme, attenduailleurs, a évoqué dès l’apéritifPierre Pujo tel qu’il l’a connu, soncourage, la sûreté de son juge-

ment, puis au cours du repas, oùassistait S.A.I. la princesse VinhThuy, Didier Béoutis a rappeléavec émotion entre autres grandsmoments vécus ensemble le com-bat de Pierre pour Mayotte fran-çaise, avant que Michel Fromen-toux évoque avec une tristesse

contenue mais non sans humourles trente-six années qu’il a vé-cues auprès de Pierre comme sonprincipal collaborateur.

Un tour de table a alors per-mis à chacun, toutes opinions po-litiques confondues , de dire com-bien il avait été marqué par le di-recteur de L’Action Française 2000,grand défenseur de la France par-delà tous les clivages. ■

Une quinzaine de militants del’Action française étudiante,ainsi que six camelots de la “Géné-

ration Maurras” et quelques sympathisantsse sont retrouvés à Saint-Étienne le mer-credi 28 novembre 2007. Ils se sont d’abordréunis place Bovin, au pied de la statue deJeanne d’Arc, pour rendre hommage à PierrePujo. Thibaut C., militant de l’AFE Forez, aprocédé à la lecture de l’éloge rédigé parPaul-Marie Coûteaux. Une gerbe de lysblancs a été déposée au pied de la statue.Pierre Richard, secrétaire général de l’AFEForez, a clôturé cet hommage par un dis-cours au nom de la section du Forez :

« Roger Nimier disait que le ciel segagnait l’épée à la main ; Pierre lui a ga -gné le ciel la plume à la main. Mais quelleplume ! Une plume insolente d’une raremajesté ! Le roi des camelot s est mort,vivent les camelot s du Roi, et pour quevive la France, vive le Roi ! » Dans tout

le quartier de la Comédie Saint-Étienne, cetultime hommage fit trembler les murs...

La soirée s’est poursuivie dans un res-taurant du centre ville avec un dîner-débat

autour de l’Union européenne.Dans la convivialité et la bonne hu-

meur, des camelots de toutes générationsont partagé leurs souvenirs militants et dé-veloppé leurs projets, en vue, par exemple,d’organiser de futures journées royalistesd’Action française...

Les jeunes royalistes foréziens, par lebiais de leur responsable, ont présenté lacampagne étudiante locale “Libertés et Sou-veraineté” : « Il nous faut refuser l’ar -chaïsme soixante-huit ard qui s’app arenteà une forme de conservatisme, toutcomme il nous faut refuser la marchan -disation de l’enseignement. Pour résu -mer, nous ne sommes ni des jeunesloup s arrivistes de l’UMP , ni de jeunesbloqueurs manipulés. Ni billet vert, nidrapeau rouge ! »

Cette journée royaliste du Forez fut unvéritable succès !

AF Forez * Plusieurs messes ont été célé-brées pour le repos de l’âme dePierre Pujo : par l’abbé Botta de laFraternité Saint-Pierre àPerpignan ; par l’abbé AntoineContamin de la Fraternité Saint-Jean-Cassien d’Occitanie, le12 novembre à Albi, le 13 àLectoure, les 14 et 17 à Toulouse,le 15 à Nérac, le 16 à Tarbes ; parle père Marziac, supérieur de laCongrégation des Coopérateurs duChrist-Roi, le 7 décembre.

Pierre Pujo mettait souventl’accent sur la vente à lacriée du journal. C’est en

effet un excellent moyen de dif-fuser nos idées et d’engager ledébat avec les Français sur lamonarchie. C’est également uneexcellente méthode de formationpersonnelle pour les jeunes militants.

Afin de donner dès le mois dejanvier un nouveau dynamisme ànotre journal, seul et unique jour-nal royaliste en kiosques, nouscomptons sur toutes les sectionsdu mouvement pour relancer d’unepart les ventes à la criée, et d’autrepart les abonnements. La rédac-

tion s’active et se renforce – vousle constaterez dans les semainesà venir –, le mouvement ne doitdonc pas être en reste. Le CRAFcompte sur vous pour relever le défi !

Thibaud PIERRESecrét aire général du CRAF

Les militants d’Action française se mobili-sent pour accompagner la restructura-tion du journal, annoncée en page 7 de

ce numéro. Ils s’investissent notamment dansla rénovation de nos locaux. Pour les aider,vous pouvez bien sûr verser à la souscription

(voir page 3) et apporter un soutien finan -cier aux étudiant s dont les économies per-mettent d’acheter moquette ou pots de pein-ture... Vous pouvez aussi nous apporter uneaide matérielle directe , par exemple en nousfournissant un ordinateur port able - la ré-

daction en a un besoin impérieux ! - ou dumobilier d’entreprise . Par ailleurs, l’AF ac-ceptera bien volontiers les archives que vousseriez disposés à lui transmettre ; elles trou-veront tout naturellement leur place dans lesrayons de notre salle d’archives ! ■

L’AF compte sur vous !

La section Béarn-Bigorre-Paysbasque-Landes de l’Actionfrançaise a organisé, le 8 dé-

cembre 2007, une soirée d’hom-mage à Pierre Pujo. Le seul nom,combien honorable, de son pro-moteur, maître Philippe Fortabat-Labatut, garantissait que l’am-biance y serait à la fois digne etchaleureuse.

Après la projection du filmémouvant d’une conférence pro-noncée en 2003 à Biarritz, où l’on

retrouvait la figure tant aimée dePierre Pujo, Michel Fromentouxévoqua la vie héroïque et les durscombats d’un homme qui aurait puaspirer comme tant d’autres à jouirde son grand nom, à se complaireen mondanités et à faire carrièredans la haute banque.

C’est en restant ferme sur lesprincipes, « sans changer un mot

de la doctrine », qu’il surmontales scissions, les attentats, les in-terdits du pouvoir. Cela a pu lui va-loir une réputation de dureté et derigidité, mais qu’ont fait de mieuxceux qui l’ont critiqué ? Commel’ont prouvé les succès du sauve-tage de Mayotte et du combatcontre l’« Europe-puissance »,« maintenir , c’est créer » (Maur-

ras).On notera que le 12 décembre,

une messe a été célébrée pour lerepos de son âme à l’initiative dela fédération Aquitaine, en présencede nos nombreux amis, en l’égliseSaint-Éloi, dont Pierre Pujo avaitadmiré la restauration par l’Institutdu Bon-Pasteur lors de son dernierséjour à Bordeaux. Au terme decelle-ci, un éloge funèbre fut éga-lement prononcé.

L’hommage à Pierre Pujo du cercle Tocqueville

BiarritzHommage à Pierre Pujo

ÉDITORIAL MILITANT

Diffusons notre journal !

Première Journée royaliste du Forez

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Édité par PRIEPS.A. au capital de 59 880euros – 10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – Imprimerie RPN – 93150 Le Blanc-MesnilNuméro de commission paritaire 0407K86761 – Directeurde la publication : M.-G. Pujo

L’absence du Premier ministrebritannique n’aura pas em-pêché la signature du traité

de Lisbonne le 13 décembre der-nier, dans le cloître du monastèredes Jeronimos datant du XVIe

siècle, où le Portugal avait déjà si-gné son traité d’adhésion à l’Unioneuropéenne en 1985. Program-mée pour le 1er janvier 2009, l’en-trée en vigueur de ce texte n’estpas acquise : une nouvelle périoded’incertitude vient de s’ouvrir, cellede la ratification par les vingt-septÉtats membres de l’UE.

Bernard Kouchner, ministre desAffaires étrangères et euro-péennes, l’avait rappelé le 11 dé-cembre devant les députés : « LaFrance souhaite montrerl’exemple [...] : dès le lendemainde la signature, le Conseilconstitutionnel sera saisi. » Fi-nalement, cela aura été fait le jourmême. Un projet de loi constitu-tionnelle devrait être présenté enConseil des ministres début jan-vier, puis examiné par l’Assembléenationale et le Sénat, respective-ment, les 14 et 28 janvier 2008,avant une adoption par le Congrèsle 4 février, à la majorité des troiscinquièmes. Ce préalable est rendunécessaire par la référence expli-cite de la Constitution française audéfunt traité constitutionnel euro-péen : paradoxalement, bien qu’ilconsacre la primauté “effective” dudroit communautaire, le traité deLisbonne reste soumis à notre loifondamentale, qui ne saurait s’enaccommoder sans une énième révision... L’Assemblée et le Sé-nat devraient entériner la ratifica-tion par une loi votée entre les 5et 8 février.

Sarkozy tient ses promesses

Ce processus arrivera vrai-semblablement à son terme sansencombre. Confronté à la frondedes “nonistes”, qui sont prompts àdénoncer un « coup d’Ét at », legouvernement pourra s’abriter der-rière les promesses de campagnedu président de la République. Le21 février 2007 à Strasbourg, Ni-colas Sarkozy avait clairement pro-clamé ses intentions : « Déblo -quer l’Europe institutionnelle -ment, ce sera le sens de ma

Depuis sa proclamation à Nice le 7 décembre2000, la Charte des droits fondamentaux avait étécomplétée par des explications de texte et desnotes de bas de page. Avant la signature définitivedu traité de Lisbonne, elle devait être publiée ànouveau au Journal Officiel de l’Union européenne,après une seconde proclamation devant le Parle-ment européen.

À cet effet, celui-ci s’est réuni en session so-lennelle le 12 décembre. « Pendant que les pré -sidents du Parlement, du Conseil et de la Com -mission prononçaient leurs discours, rapporteLe Monde (14 décembre 2007), une centained’élus [...] en tête desquels les Français Phi -

lippe de V illiers et Paul-Marie Coûteaux, ont crié“ré-fé-rendum, ré-fé-rendum !”, déployant desbanderoles pour protester contre la ratificationdu traité de Lisbonne par la voie parlementaire. »Leur témérité pourrait leur valoir quelques ennuis...De son côté, Martin Schulz, le chef de file des so-cialistes européens, a comparé ces protestationsaux « méthodes utilisées par le groupe politiqued’Adolf Hitler au Reichstag » (!) ; plus mesuré,le centriste britannique Graham Watson a dénoncéune ambiance digne d’un « stade de football ».Pourtant, c’est à cette assemblée que les partisansdu traité modificatif entendent conférer des pou-voirs supplémentaires ! ■

La partie n'est pasencore gagnée

pour les promoteurs

du traité de Lisbonne.

TRUBLIONS SOUVERAINISTES

« pour cert ains analystes, ce se -rait également une manière dene pas ratifier “trop tôt”, pourne pas compromettre la prési -dence tchèque de l’UE au pre -mier semestre 2009 » ; en effet,l’entrée en vigueur du traité de Lis-bonne mettrait fin à la présidencetournante du Conseil européen ré-unissant les chefs d’État et de gou-vernement.

Gordon Brown, quant à lui, de-vra compter avec l’euroscepti-cisme partagé par l’opinion bri-tannique et nombre de ses parle-mentaires : les dérogationsobtenues par Londres – sur laCharte des droits fondamentauxou le renforcement de la coopé-ration judiciaire et policière – n’ontpas suffi à les rassurer. Le Sun,qui milite en faveur d’un référen-dum, met en garde le Premier mi-nistre, qui doit s’attendre « à uneâpre révolte à la Chambre desCommunes lorsqu’il tentera defaire p asser en force le traité auParlement » (cité par letemps.ch,14 décembre 2007).

En Irlande, la tenue d’un réfé-rendum sera inévitable. Au préa-lable, suivant la terminologieconsacrée, un actif travail de “pé-dagogie” devra être entrepris : unsondage réalisé par l’institut TNSpour le quotidien Irish Times avaitrévélé le 5 novembre 2007 queseuls 25 % des Irlandais pensaientvoter “oui”, tandis que 12 % se-raient certains de voter “non”, lesindécis représentant 62 % des son-dés. En 2001, l’Irlande avait déjàperturbé le processus de ratifica-tion du traité de Nice, rejeté lorsd’un premier référendum.

Qu’adviendra-t-il, enfin, si lacrise se poursuit en Belgique, ousi le pays éclate ? « L’arrivée d’uncabinet provisoire mené p ar GuyVerhofst adt, l’ancien Premier mi -nistre, ne fait que déplacer laquestion selon Sylvain Lapoix(marianne2.fr, 6 décembre 2007) :en droit constitutionnel, un gou -vernement provisoire ne peuten effet traiter que des ques -tions relevant des “affaires cou -rantes”. D’où le débat qui, de -puis le retour en fonction de V e-rhofst adt, agite les p ages duquotidien Le Soir : l’adoptiond’un traité européen est-elle uneaffaire courante ? Entre juristes,la bataille fait d’aut ant plus ragequ’un précédent existe : le 2 fé -vrier 1992, le traité de Maastrichtfut signé alors que le gouver -nement issu des élections du24 novembre 1991 n’avait p asété formé. La situation est icisensiblement différente dans lamesure où ce n’est p as le délaide formation du nouveau gou -vernement qui ret arde la miseen place d’un cabinet mais unecrise politique majeure qui em -pêche tout accord... » La partien’est pas encore gagnée pour lespromoteurs du traité de Lisbonne !

D’ailleurs, comment est-ellecensée se dérouler ? Le 14 dé-cembre, lendemain de la signa-ture du traité, le Conseil européens’est à nouveau réuni. Il a salué

l’entrée, le 21 décembre, de neufÉtats membres dans l’espaceSchengen (Estonie, Hongrie, Let-tonie, Lituanie, Malte, Pologne, Ré-publique tchèque, Slovaquie et Slo-vénie). À la demande de la France,il a décidé la création d’un “groupede réflexion” présidé par l’ancienPremier ministre espagnol FelipeGonzalez, chargé d’examiner l’ave-nir de l’Union à l’horizon 2020-2030. Ce “comité de sages” netraitera pas des questions institu-tionnelles ou budgétaires ; etcontrairement au souhait du pré-sident de la République, son man-dat ne mentionnera pas explicite-ment la question des frontières. Ildevrait commencer ses travaux ausecond semestre 2008, et rendreses conclusions en 2010.

Gouvernementdes juges

D’ici là, au cours du secondsemestre 2008, la présidence fran-çaise de l’UE aura pour tâche,entres autres, de mener les dis-cussions sur la définition du rôledu futur président du Conseil eu-ropéen, ou sur la mise en œuvrede l’action du représentant pourla politique étrangère. Dans sonrapport d’information, le sénateurHubert Haenel souligne que l’in-certitude demeure quant aux mo-dalités d’application du nouveautraité : « On ne peut p as, parexemple, savoir a priori com -ment se fera le p artage des res -ponsabilités entre le présidentdu Conseil européen, le HautReprésent ant et le président dela Commission. On ne peut p assavoir non plus jusqu’où ira leParlement européen dansl’usage de ses nouveaux pou -voirs. Le nouvel équilibre insti -tutionnel se dégagera avec le temp s. »

La révision des objectifs assi-gnés à l’Union suscite égalementdes interrogations, comme l’ex-plique Nicolas Gros dans le nu-méro spécial d’Europolitique :« Ce renversement de valeurspourrait ne p as être cosmétique.Placer les valeurs sociales,d’environnement et de déve -loppement durable au même ni -veau que les valeurs d’écono -mie libérale, voire légèrementau-dessus est un geste politiquefort. [...] Les conséquencespourraient être juridiques, esti -ment plusieurs analystes. Ellespourraient donner aux magis -trat s de la Cour , l’occasion ded’opérer une hiérarchisationentre les valeurs sociales et lesprincipes de la libre circula -tion. » Autrement dit, la balle estdans le camp des juges. Uncomble pour un traité qui se veutdavantage politique !

Grégoire DUBOST

* À défaut de se plonger dans la lec -ture du traité de Lisbonne, particu -lièrement ardue pour un profane,les plus curieux pourront se référerau numéro spécial d’ Europolitique(www.europolitique.info) ainsi qu’aurapport d’information du Sénat(n° 76, déposé le 8 novembre 2007,www.senat.fr). En dépit d’une rela -tive complaisance à l’égard du texteprésenté, ces synthèses en donnentun aperçu plutôt objectif.

TRAITÉ DE LISBONNE

Incertitudes européennes

POLITIQUE ÉTRANGÈRE

première initiative européennesi je suis élu. Dans ce but je pro -poserai à nos p artenaires denous mettre d’accord sur untraité simplifié qui reprendra lesdispositions du projet de traitéconstitutionnel. [...] Je propo -serai not amment de mettre finà la règle de l’unanimité. [...] Cetraité simplifié, de nature insti -tutionnelle, sera soumis pour ra -tification au Parlement. » Dans

sulte un document beaucoupmoins lisible, mais c’était l’objec-tif poursuivi si l’on en croit ValéryGiscard d’Estaing. « Quel est l’in -térêt de cette subtile ma -nœuvre ? D’abord et avant toutd’échapper à la contrainte du re -cours au référendum, grâce à ladispersion des articles, et au re -noncement au vocabulaireconstitutionnel. » (Le Monde,26 octobre 2007)

ces conditions, comment prétendreque la démocratie a été bafouée ?Les électeurs ont librement re-nouvelé leur soutien à ceux dontils avaient apparemment désavouéla politique par référendum deuxans plus tôt... Point de putsch der-rière tout ça ! Ce phénomèneillustre simplement le conserva-tisme du suffrage universel et té-moigne des aberrations inhérentesà la démocratie. Les souverainistesrépublicains finiront par en tirer lesconséquences... De toute façon,il est vain de courir après une sou-veraineté privée de souverain !

À la limite, on reprochera à Ni-colas Sarkozy d’avoir parlé abusi-vement d’un traité « simplifié ».Alors que la Constitution euro-péenne se proposait de réintégrerles traités existants dans un nou-veau texte, le traité de Lisbonneamende les traités en vigueur(Rome, Euratom, Maastricht) poury apporter – à quelques détailsprès, exception faite des symboles– les mêmes innovations. Il en ré-

Le traité de Lisbonne supprimeles “Communautés européennes”appelées à se fondre dans l’Union,et met à jour quelques termes dé-passés, en remplaçant par exemplela mention de l’écu par celle del’euro. La lecture de la versionconsolidée des traités ainsi modi-fiés s’en trouvera un peu moinsconfuse... Tout au plus s’agit-il d’untraité légèrement “simplificateur”.

Qui sera le mouton noir ?

À l’étranger, la ratification s’an-nonce parfois plus délicate. En Ré-publique tchèque, par exemple, lePremier ministre Mirek Topolaneka prévenu que cela ne serait « passi simple » ; l’ODS, sa formationpolitique, a déjà signalé qu’elle fe-rait examiner la conformité du nou-veau traité avec la loi fondamen-tale tchèque par le Conseil consti-tutionnel. Selon Radio Prague(www.radio.cz, 14 décembre 2007),

Le monastère des Jeronimosoù a été signé le traité de Lisbonne