politique fondée sur les lieux pour les populations marginalisées : questions de recherche de la...
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Politique fondée sur les lieux pour les populations
marginalisées : Questions de recherche de la région du
Grand Toronto et de Hamilton
James R. Dunn, Ph. D.Titulaire d’une chaire en santé publique appliquée des IRSC et de l’ASPCProfesseur agrégé du Département de la santé, du vieillissement et des
sociétés de l’Université McMaster Chercheur au Centre for Research on Inner City Health, de l’Hôpital St.
MichaelBoursier du programme Sociétés réussies de l’Institut canadien de
recherches avancées
Politique fondée sur les lieux : Aperçu• Ce type de politique a gagné en popularité depuis une
quinzaine d’années aux É.-U., au Royaume-Uni, en Australie… et maintenant au Canada.
• Le Royaume-Uni se distingue particulièrement par ses initiatives locales :
• P. ex. nouveau pacte avec les collectivités, zones d’action sanitaire
• Il s’agit de délimiter des zones aux fins d’investissement supplémentaire ou de mettre en œuvre des programmes visant à réduire les inégalités.
• Exemples au Canada : Quartiers en essor, Priority Neighbourhoods Strategy (Toronto); Vancouver Agreement.
• Recommandé dans le rapport sur les villes de l’OCDE; le rapport McMurtry sur la violence chez les jeunes, etc.
Arguments pour une politique fondée sur les lieux
• Les zones géographiques identifiables présentent un niveau élevé de problèmes sociaux :
• Les programmes à grand déploiement y sont moins efficaces
• Le handicap individuel est exacerbé par le handicap de la zone, ce qui amplifie le problème.
• Il est important pour des raisons sociales et politiques de combler les écarts entre les zones.
• Populations « difficiles à atteindre »? c.-à-d. nombre de personnes désavantagées concernées par ce type de politique?
Arguments pour une politique fondée sur les lieux
• Les programmes circonscrits à une zone sont le plus souvent fondés sur une approche de bas en haut, contrairement aux programmes à grand déploiement :
• Cela dépend des partenariats et des capacités• Est-il plus facile de cerner les problèmes et de trouver des
solutions?
• Les programmes locaux peuvent inspirer la confiance et accroître la capacité de la collectivité à participer.
• Les programmes fondés sur les lieux qui portent leurs fruits peuvent servir de pilotes et faire évoluer la prestation des programmes à grand déploiement.
(de Smith, G.R. (1999). Area-Based Initiatives: The Rationale and Options for Area Targeting)
Arguments contre une politique fondée sur les lieux
• La plupart des démunis n’habitent pas dans les zones défavorisées (autres formes de marginalisation?);
• Les politiques fondées sur les lieux ne sont pas équitables envers ceux qui n’habitent pas dans les zones circonscrites;
• Les politiques fondées sur les lieux déplacent, dispersent ou diluent les problèmes (p. ex. le chômage);
• Les politiques fondées sur les lieux peuvent atténuer l’urgence d’intervenir à d’autres niveaux.
(de Smith, G.R. (1999). Area-Based Initiatives: The Rationale and Options for Area Targeting)
« Effets du lieu » et santé• Depuis le début des années 1990, on constate un regain d’intérêt de la
recherche sur la manière dont le lieu affecte la santé et le bien-être :• On met très souvent l’accent sur les « effets de la composition »
— le lieu affecte la santé en raison de ceux qui l’habitent;• Macintyre a commencé à étudier les effets directs de
l’environnement local, social et physique qui pourraient affecter la santé.
• Le débat entre les effets du « contexte » et les effets de la « composition »
• Peut-on séparer ces éléments? Les éléments de composition peuvent-ils émerger comme effets contextuels?
• Il semble maintenant qu’il n’existe pas d’effet « universel » unique du lieu sur la santé
• P. ex. Les quartiers ont-ils un effet sur la santé? Il s’agit d’une question à laquelle on ne peut répondre
• Le lieu a un certain effet sur certaines populations, en certains endroits – l’image est complexe
• Tous déclarent qu’une meilleure théorie est nécessaire – complexité.
N Engl J Med, 345(2) : p. 99-106, 12 juillet 2001
Les quartiers en zone urbaine ont-ils une importance
quelconque?• La vie humaine est intrinsèquement territoriale • Les quartiers devaient initialement recréer la
dynamique de vie des petites localités• En dépit du romantisme, de nombreux habitants
apprécient l’anonymat des grandes villes• Wellman et Leighton (1979) arguent que la base
territoriale de la vie communautaire est désormais dépassée par les réseaux de relations sociales
• Toutefois, les quartiers semblent bénéficier d’un renouveau – quelle est leur importance?
Wellman, B. et Leighton, B. 1979. « Networks, neighborhoods, and communities: Approaches to the study of the community question ». Urban Affairs Quarterly, 14(3) : p. 363-390.
Quartiers, santé et développement humain
Théorie
L’importance des quartiers résidentiels
• Au centre du quartier résidentiel se trouve le lieu de résidence d’une personne. Le lieu de résidence est :– Un lieu pour entreposer ses biens/les accumuler– Un lieu de « reproduction sociale »– Un investissement majeur– L’exercice du contrôle– Le point de central d’activités devant être exercées
à l’extérieur – le travail, les loisirs, les services nécessaires, etc.
=> son lieu relatif revêt une importance
En quoi les effets du lieu et du quartier sont-ils sans
importance?• Exemples de questions à poser :• Comportements relatifs à la santé – Est-ce que la
proximité de la restauration rapide, par exemple, est importante?
• Est-ce que l’importance du quartier pour donner des chances dans la vie est différente d’un quartier à l’autre?
• En fonction des schémas de différentiation résidentielle, de la géographie du marché du travail, des transports en commun, du système d’éducation publique, de la structure des autorités municipales, etc.
• Est-ce que le quartier a plus d’importance pour certains que pour d’autres?
• P. ex. les personnes âgées, les jeunes enfants, les jeunes, les personnes à faible revenu, les immigrants.
Théories des effets de quartier• Miasme
• Théorie de la concurrence
• Quartiers défavorisés• Quartiers cossus• Capital social• Efficacité collective• Désorganisation sociale• « Fenêtres brisées »• Biens collectifs• Services publics • Réputation du quartier• Structures d’opportunité
• Criminalité et délinquance• Enfance et jeunesse • Développement de la
petite enfance• Santé mentale• Comportements relatifs à
la santé• Maladies coronariennes• Anomalies du tube neural• Poids faible à la naissance • Revenus• Résultats scolaires
Environnement des quartiers et règles pour un accès aux
ressources
Source : Bernard, et coll. 2007
Politique fondée sur les lieux au Canada
Deux exemples
Quartiers en essor à Toronto
• Renforcer l’influence des habitants• Donner des moyens aux habitants peut faire toute la
différence• Émergence de leaders communautaires en possession de
leurs moyens• Soutien fiable des politiciens, de la police et des écoles
• Rehausser la qualité de vie dans les quartiers• Permettre aux résidents de nouer des liens et de compter
les uns sur les autres• Partager des espaces publics bien entretenus et utilisés• Activités pour les enfants et les jeunes, soutien aux
personnes âgées, accueil des immigrants
• Meilleur accès aux ressources• Nouveaux services et infrastructures pour les zones peu
desservies• Les quartiers doivent offrir une série de services réactifs
Quartiers en essor à Toronto comme politique fondée sur les
lieux• Quartiers en essor à Toronto propose :
• De changer les structures d’opportunité locales• D’améliorer l’accès aux ressources pour les groupes
marginalisés, notamment les immigrants
• On peut utiliser le modèle Bernard pour évaluer la portée de Quartiers en essor à l’aide d’une liste à cocher :
• Domaine physique (proximité) • Domaine économique (prix) • Domaine institutionnel (droits) • Domaine des organisations communautaires (réciprocité
informelle) • Domaine des rapports sociaux de voisinage (réciprocité informelle)
Réaménagement de Regent Park • Logeait 2 178 ménages et 7 500 personnes avant la démolition
– La phase 1 permettra de passer de 418 à plus de 800 ménages• L’un des plus anciens et des plus importants groupements de
logements sociaux au Canada • Construit vers la fin des années 1940/début des années 1950,
selon les principes de la « ville jardin »;• Plus de 400 M$ attribués à la démolition et au réaménagement
pour les 10 à 12 prochaines années, en six phases; la nouvelle communauté :– Sera de revenus divers – propriétaires (60 %) et locataires
subventionnés (40 %)– Utilisera des principes modernes de conception urbaine
(urbanisme nouveau)– Créera des institutions de gouvernance participatives
Revitalisation de Regent Park
Plan d’urbanisme et phases
Regent Park – Intervention d’une politique fondée sur les lieux
• Mécanismes probables pour bâtir une communauté saine :
• Mixité sociale (différents régimes fonciers/revenus)• Conception urbaine (rues de transit, utilisation diversifiée du
terrain)• Développement social (p. ex. formation/emploi)• Participation de la communauté (gouvernance)
• Liste à cocher du modèle Bernard :• Domaine physique (proximité) • Domaine économique (prix) • Domaine institutionnel (droits) • Domaine des organisations communautaires (réciprocité
informelle) • Domaine des rapports sociaux de voisinage (réciprocité
informelle)
Stratégies de recherche et d’évaluation
• Les données longitudinales sur les individus « exposés » à l’intervention et les groupes comparatifs sont essentielles
• Conséquence imprévue de la politique fondée sur les lieux : cela change la structure incitative pour un changement de domicile (ou rester)
• Connu également sous le nom de « roulement démographique »
• Le nouveau pacte pour les collectivités (Royaume-Uni) est exemplaire pour son évaluation
• L’organisation responsable est la Joseph Rowntree Foundation
• En l’absence d’une évaluation rigoureuse => nous sommes piégés dans des projets pilotes perpétuels / l’expérimentation
Conclusions• Vaste potentiel pour une politique fondée sur les lieux• Le Canada a adopté cette politique relativement tard et
peut donc s’informer auprès des autres pays• Il serait utile de se préoccuper du « comment »
(gouvernance) et du « quoi » (contenu)• Le modèle Bernard est très utile, car il porte
essentiellement sur les lieux aussi bien que sur les structures d’opportunité
• Il serait utile d’examiner les domaines d’activité et les règles qui régissent l’accès aux ressources de façon complète
• Nécessité d’une recherche et d’une évaluation rigoureuses, ainsi que d’un véhicule pour apprendre par expérience