Pierre Bataille1926-2009

Né au Plessis Belleville le 3 juin 1926, Pierre Bataille a vécu toute sa vie dans ce village ; et pourtant, comme il en a toujours rêvé, il a fait de nombreuses fois le tour du monde et visité presque tous les pays tant pour Poclain que pour Poclain Hydraulics.

Trois éléments ont marqué sa vie :

Pierre Bataille est né dans une famille de cultivateurs devenus entrepreneurs. Cette origine a marqué son ca-ractère volontaire et son goût pour aller toujours de l’avant et innover. C’est en voyant le débardage des betteraves dans son enfance qu’il a voulu rendre le travail de l’homme plus facile avec l’aide de machines qu’il fabriquerait.Innovateur, il a anticipé les marchés et les tendances dans de nombreux domaines. C’est sa connais-sance des machines et de la technique qui l’a poussé à reprendre Poclain Hydraulics à 59 ans.

Il est issu d’une famille nombreuse de 6 garçons et 2 filles. Ses frères ont toujours été proches de lui, tant dans les succès que les difficultés. D’abord Jacques, avec lequel il a eu des discussions nom-breuses et variées, tous deux étudiants à Lille à l’IDN, François, avec lequel il a partagé la même

belle famille d’entrepreneurs, la famille Pinet, Etienne avec qui il a eu de nombreux échanges, Claude toujours et encore ensemble jusqu’au bout chez Poclain puis Poclain Hydraulics, enfin Bernard, avec qui il a partagé la période faste de Poclain.

Ses débuts professionnels ont été marqués par de grandes difficultés dans l’entreprise Poclain qui fabriquait alors du matériel agricole : manque de commandes et manque de trésorerie. Ces débuts difficiles lui ont forgé un caractère fort et l’ont aidé à surmonter les crises qu’il a traversées dans sa vie professionnelle.

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Les grandes étapes de sa vieSa jeunesse et ses études :Pierre Bataille a appris à lire avec une institutrice dans la maison familiale. La lecture tous les soirs était obligatoire autour des parents. Il a été très tôt pensionnaire au collège de Juilly. Il en a toujours gardé un mauvais souvenir. Comme son père Georges il a eu une approche humaniste et la passion des Hommes toute sa vie.

Après son bac, en 1943, il part faire l’IDN à Lille comme son frère Jacques. 3 années d’école pen-dant et juste après la guerre. Il prend aussi le temps de faire une licence de Sciences. C’est une pé-riode difficile avec des allers et retours en vélo depuis le Plessis, y compris le jour du débarquement des alliés en Normandie. Pendant cette période il étudie la Doctrine Sociale de l’Église avec la JEC. Celle-ci alimentera de nombreuses discussions avec des condisciples et guidera ses engagements futurs.

Les débuts dans le monde du travail :Appelé par son père, Il arrive dans l’entreprise familiale directement après ses études en 1946. Les fabrications de Poclain à cette époque étaient exclusivement des matériels agricoles. Il prend la direction technique. 1947 est une année particulièrement difficile pour l’entreprise Poclain car les commandes ne rentrent pas, les stocks s’accumulent et la trésorerie est tendue. Il lui faudra pousser son père Georges à prendre des décisions douloureuses, c’est-à-dire réduire le personnel et diminuer les charges.

C’est la période des premiers engagements dans les mou-vements liés à la réflexion sur le rôle de chef d’entreprise (Centre des Jeunes Patrons, Centre Français de Patrons Chrétiens).En 1949, il se marie avec Geneviève Pinet, fille d’indus-triel. Il restera administrateur jusqu’en 2005 de Pinet SA, société de fabrication de charnières pour l’industrie.Comme directeur technique, il innove beaucoup pour

trouver de nouveaux produits à vendre et pour occuper le personnel de l’usine. C’est lui qui déve-loppe la première pelle hydraulique dès 1950.

Le décollage avec la pelle hydraulique et la période faste de Poclain :Très vite la pelle hydraulique est un succès. Elle répond à un besoin sur les chantiers et dans l’agri-culture. Beaucoup d’entrepreneurs s’équipent et grâce à elle, gagnent de nombreux chantiers.Avec son frère Jacques, ils donnent deux impulsions qui s’avéreront fondamentales pour la crois-sance future. D’abord d’être un spécialiste mondial de la pelle hydraulique et non un généraliste local. Ensuite ils poussent à la standardisation des engins par taille. Cette standardisation s’avérera très apprécié des clients.Ces années sont aussi des années de joies avec les naissances des enfants qui se succèdent.

Claude rentre dans l’entreprise en 1960 et Bernard en 1963. Sous l’impulsion des 4 frères, l’entre-prise connaît un essor exceptionnel tant en France que dans le monde. C’est une période de recon-naissance par les média et les écoles de management de l’histoire exceptionnelle de Poclain et de la famille. Le départ de Jacques en 1966 l’affectera profondément. Il est nommé Président Directeur Général en 1967. Durant cette période, il n’hésitera pas à prendre des risques pour acccompagner la croissance très forte.Au même moment, Il s’engage dans la Chambre de Commerce et d’Industrie de l’Oise qui le nom-mera président par la suite. Il consacrera aussi beaucoup de temps à la Fédération de la Mécanique pour défendre l’industrie en France.

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Les années difficiles :En 1974, la crise du pétrole fait chuter les commandes de 50% et brise la croissance de l’entreprise, Ses frères et lui se battent pour sauver Poclain. En 1978, Bernard quitte l’entreprise, il se retrouve avec Claude au Conseil d’Administration. En 1983, la transformation de la société avec un Conseil de Surveillance voit Claude quitter définitivement Poclain. Il doit travailler avec une direction opé-rationnelle américaine. Cette période est aussi difficile sur le plan familial, son père Georges meurt en janvier 1975 et sa fille Marie-Pierre en juillet d’un accident de montagne. Il en parle peu mais le vide laissé par cette disparition restera toujours profond.Ce sont aussi des années de joies avec les mariages des enfants et les premières naissances des petits enfants.Les engagements extérieurs continuent à la Chambre de Commerce et d’Industrie, la Fédération de la Mécanique et les syndicats professionnels.

Le rachat de Poclain Hydraulics :En 1985, Case met en vente Poclain Hydraulics et PPM, il prend le risque de se lancer à 59 ans dans une nouvelle aventure. Il a l’intuition que la nouvelle génération de moteurs à came répond à un marché très large, conforté en cela par l’encadrement de l’entreprise. L’enjeu pour lui en vaut la peine. La lutte sera longue et âpre, elle lui demandera beaucoup d’énergie et de persévérance. Les fonds seront difficiles à réunir mais il trouvera les appuis nécessaires autour de lui. Face aux autres repreneurs potentiels, il est le seul à proposer de garder tout le personnel. La signature a lieu le 13 août. Il est heureux que l’aventure familiale de Poclain se perpétue ainsi, d’autant plus que son fils Laurent le rejoint pour l’aider.C’est une période d’engagement avec Yvon Gattaz au sein de l’ASMEP pour la défense des entrepri-ses familiales et dans l’Institut de l’Entreprise.

La croissance de Poclain Hydraulics : Fort des expériences passées, la gestion de l’entreprise est prudente et son attention est particulièrement vigilante sur la trésorerie. Laurent prend rapidement part à la direction générale. Ils ont de nombreuses discussions au cours desquelles s’établit une véritable complicité entre eux ; Jérôme puis Guillau-me le rejoignent dans les années 90.

Dès le départ, l’entreprise se définit une vi-sion basée sur quatre valeurs : les hommes, la mondialisation, l’indépendance et l’innova-tion. La subsidiarité est au coeur de l’organisation.

L’entreprise se concentre dès 1986 sur la nouvelle gamme de moteurs. Compacts, ces moteurs sont conçus pour entraîner tout organe exigeant de la puissance. Le nombre de machines équipées croît rapidement, ces moteurs se révélant incontournables pour les récolteuses, pulvérisateurs, chariots élévateurs, compacteurs, pelles, engins miniers et autres.

Au-delà de la fabrication des moteurs, Poclain Hydraulics se positionne comme un fournisseurs de systèmes complets, incluant la gestion électronique, pour répondre le mieux possible aux besoins des clients, être leur seul interlocuteur dans le domaine des transmissions hydrostatiques.

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Des valeurs l’ont toujours animé :La famille :Sa famille était importante, son épouse a toujours été un soutien appréciable particulièrement dans les moments difficiles. Il consacrait beaucoup de temps à ses 9 enfants dont 3 sont malheureusement partis trop tôt, puis à ses 28 petits enfants et enfin à ses 19 arrières petits enfants.

La Doctrine Sociale de l’Église :Dès le départ, il a consacré sa vie professionnelle au développement de l’économie au service de l’Homme. Il espérait que le progrès matériel par une vie plus facile favoriserait sa dimension spiri-tuelle. L’Homme était au centre de toute ses actions et de ses préoccupations, il a écrit « Il faut, dans l’entreprise, organiser une vraie participation. Mettre en œuvre toute la personne et lui donner le maxi-mum de liberté et de responsabilité ».L’entreprise : « Nous sommes là pour construire, nous pour qui le mot entre-preneur prend sa pleine signification ».Pierre Bataille était un vrai libéral, hu-maniste et social. Ces mots juxtaposés peuvent paraître opposés, ils sont pour-tant complémentaires.Toute sa vie, il a œuvré pour le dévelop-pement de l’entreprise et des hommes en mettant en pratique cette pensée.Pour lui, les progrès de l’humanité ne devaient pas passer seulement par l’État. Ces progrès devaient se faire autour d’hommes et de femmes engagés dans la société civile en tant qu’entrepreneurs, spécialistes, chercheurs, éducateurs, etc.…Très tolérant, il était à l’écoute de chacun.

L’innovation :Au-delà d’être une valeur, c’était pour lui une véritable culture. Sur le plan technologique, il a l’in-tuition dès 1958 que la haute pression est une solution d’avenir pour les composants hydrauliques et jette toutes ses forces R&D dans cette direction. Il aura fallu 20 ans pour que le principal concur-

rent parvienne à mettre sur le marché un produit semblable. En moins de 2 décennies, un million de moteurs MS ont été mis en service grâce à un principe de fonctionnement étonnamment simple qui en fait des composants très robustes. Cette prouesse a été également possible grâce à l’attention continue portée à l’optimisation des procédés de fabrication et la structuration du groupe, que ce soit à l’international ou au sein même des entités.

Il a été Chevalier puis Officier de la Légion d’Honneur distinction qui lui a été remise par Yvon Gattaz le 14 mai 1990.

Il n’a pas compté son temps dans ses engagements externes :

CJP (Centre des jeunes patrons) �CFPC (Centre Français du Patronat Chrétien) qui deviendra �

les EDC Président de la CCI de l’Oise de 1967 à 1989 �Président de la CRCI �Vice président du Centre Français du Commerce Extérieur �Président d’Expomat devenu par la suite Intermat �Membre de l’Institut de l’Entreprise �Membre du Conseil Economique et Social �Membre du Conseil d’Administration du Crédit Agricole de �

l’Oise Membre de l’ASMEP (Association des Moyennes Entreprises �

Patrimoniales)Président de l’Union Patronale de l’Oise �Administrateur de la Fédération des Industries Mécaniques �Président d’Honneur du Comité Européen des Constructeurs �

de Matériel de Génie CivilPrésident de l’Association Française de NORmalisation �

Le 18 mai 2010

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