picard 1939 bch 63 hydrieschantilly

Upload: thanos-sideris

Post on 22-Feb-2018

219 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

  • 7/24/2019 Picard 1939 BCH 63 HydriesChantilly

    1/11

    Bulletin de correspondancehellnique

    Urnes cinraires sculptes, en bronze, de Grce et d'AnatolieCharles Picard

    Citer ce document Cite this document :

    Picard Charles. Urnes cinraires sculptes, en bronze, de Grce et d'Anatolie. In: Bulletin de correspondance hellnique.

    Volume 63, 1939. pp. 246-255.

    doi : 10.3406/bch.1939.2683

    http://www.persee.fr/doc/bch_0007-4217_1939_num_63_1_2683

    Document gnr le 15/10/2015

    http://www.persee.fr/collection/bchhttp://www.persee.fr/collection/bchhttp://www.persee.fr/doc/bch_0007-4217_1939_num_63_1_2683http://www.persee.fr/author/auteur_bch_848http://dx.doi.org/10.3406/bch.1939.2683http://www.persee.fr/doc/bch_0007-4217_1939_num_63_1_2683http://www.persee.fr/doc/bch_0007-4217_1939_num_63_1_2683http://dx.doi.org/10.3406/bch.1939.2683http://www.persee.fr/author/auteur_bch_848http://www.persee.fr/doc/bch_0007-4217_1939_num_63_1_2683http://www.persee.fr/collection/bchhttp://www.persee.fr/collection/bchhttp://www.persee.fr/
  • 7/24/2019 Picard 1939 BCH 63 HydriesChantilly

    2/11

    URNES CINRAIRES SCULPTES, EN RRONZE

    DE GRCE

    ET D ANATOLIE

    On

    a jusqu'ici confondu sous

    le

    nom

    inexact

    d hydries et gnralement

    nglig une classe de documents trs homognes,

    intressants

    pour

    l'volution de

    la

    toreutique

    grecque

    pr-hellnistique

    :

    les urnes

    funraires

    (ou cadoi)

    en

    bronze,

    trois anses,

    uniformment dcores

    de mdaillons-

    appliques

    souds

    sous l'anse

    verticale.

    Ces

    mdaillons ont t

    eux-mmes,

    lorsqu'on les a

    trouvs

    et

    tudis

    isolment, confondus tort,

    parfois,

    avec des dcors de miroirs (1), ce qui faussait l interprtation du dcor.

    On a

    perdu ainsi l'occasion offerte de

    meubler, l'aide

    de

    documents

    dats,

    la

    priode,

    si

    difficile

    connatre,

    de

    l art grco-ionien

    l'poque

    d'Alexandre ; une srie de pices sculptes

    s y rfre,

    instructives la

    fois

    pour

    l'esthtique

    et pour

    la religion hellnistique,

    et

    qui

    permettaient,

    comme

    on

    va

    voir,

    divers

    rapprochements.

    En prparant la publication,

    pour

    les Monuments

    Piot,

    37, 1940, de

    trois

    magnifiques

    cadoi achets en

    1882

    par le Duc d'Aumale,

    et

    conservs

    Chantilly (Muse

    Cond)

    o ils

    ont

    t parfaitement

    oublis

    depuis lors,

    j'ai t conduit

    reviser

    la

    liste

    des

    documents

    de la srie,

    leur dcor,

    leur histoire.

    Je regrouperai

    ci-aprs

    quelques-uns des rsultats auxquels

    j'ai pu parvenir au

    cours

    de ce

    travail

    prliminaire.

    Miss W. Lamb (2) reste seule

    jusqu'ici

    avoir consacr, en

    1929, une

    courte

    notice

    d'ensemble

    aux vases qu'elle a appels

    hydriae of

    Rhodian

    group . Mais

    il

    y a l

    non moins

    de deux erreurs, car les vases en question

    (1) Cf.

    P.

    Wolters,

    Arch.

    Zeit.,

    XLII, 1884,

    p. 1-22,

    pi. I.

    (2)

    Greek

    and

    Roman bronzes, p. 184-185.

    Ce

    classement

    a chapp ceux qui se sont en

    dernier

    lieu occups de l urne d Apolyond (p.

    ex.,

    P.

    Devambez, Grands bronzes du Muse de Stamboul,

    1937, p.

    57-63,

    pi.

    XV-XVIII.

  • 7/24/2019 Picard 1939 BCH 63 HydriesChantilly

    3/11

    URNES CINRAIRES

    SCULPTES,

    EN

    BRONZE, DE GRCE

    ET

    d aNATOLIE

    247

    n ont jamais contenu d'eau au vrai : des cendres

    et

    on ne peut plus

    parler pour

    eux

    d'un groupe rhodien ,

    uniquement,

    en raison

    de

    la

    dispersion

    significative

    des trouvailles. Or,

    en

    dehors de la rapide

    mention

    du livre

    de

    Miss

    W.

    Lamb

    si

    quelques-uns

    des

    cadoi retrouvs

    en

    Orient,

    ou certaines appliques

    dtaches s'y rfrant

    ont obtenu,

    l'occasion,

    des publications

    monographiques

    l n'a t trait qu'isolment

    des

    diverses pices, et

    souvent

    par des

    auteurs qui ignoraient l existence

    d'une partie du matriel de la

    srie,

    ou qui se sont

    mpris non seulement

    sur les interprtations proposer du rle des urnes en question, mais sur

    le sens,

    cru simplement dcoratif

    , de

    leurs motifs,

    aux

    appliques

    des

    anses.

    Je

    me bornerai donner

    ici,

    avec quelques

    commentaires

    sur

    l'un des

    documents

    mal

    connus

    de

    la

    srie,

    appartenant

    au

    Muse

    National

    d'Athnes en

    attendant

    la trs prochaine

    publication

    des trois cadoi

    de

    Chantilly

    quelques

    indications gnrales

    touchant le

    groupe

    que j'ai

    pu

    reconstituer.

    Il

    se compose actuellement au moins de dix

    pices

    compltes, quoi

    s'ajoutent diverses

    appliques

    connues

    isolment, plus

    d'une dizaine

    aussi.

    Ce

    dpouillement

    n est

    certainement pas

    exhaustif, et

    les complments

    qu'on voudra bien

    m'indiquer

    seront

    bienvenus

    (1) :

    Voici

    dj quelques

    documents

    qu'on

    peut

    soumettre

    l'tude

    :

    I.

    Urnes

    cinraires compltes

    Chantilly (2),

    Muse

    Cond

    I : haut.

    0,46.

    Applique

    :

    haut.

    0,16 : ros

    et Psych.

    Chantilly, Muse Cond II : haut. 0,51. Applique : haut. 0,13 : Groupe

    bachique.

    Chantilly,

    Muse Cond

    III

    :

    haut.

    0,51.

    Applique

    :

    haut.

    0,165 :

    Dionysos

    et

    Ariadne.

    Athnes, Muse National. Provenance rtrie. Haut. 0,475. Applique :

    haut.

    0,135

    : Groupe bachique.

    Berlin

    8086. Provenance Locride. Haut. 0,425. Provenance : ?

    Applique : haut.

    ?

    ros ail au fruit.

    British Museum 312. Provenance Chalc. Haut.

    0,47.

    Applique :

    haut. ?

    :

    Dionysos

    et Ariadne.

    (1) La

    liste de Miss W. Lamb

    n tait

    gure complte : cf. en outre, ci-aprs, p. 324-325.

    (2) [Ces

    trois

    vases

    indits

    sont

    publis

    dans

    les Monuments

    Piol,

    37,

    1940,

    p.

    73-103,

    pL

    VI-VIIL]

  • 7/24/2019 Picard 1939 BCH 63 HydriesChantilly

    4/11

    248 CH. PICARD

    British

    Museum 313. Provenance Tlos. Haut.

    0,425 :

    Applique : haut ?

    ros et

    Psych.

    Stamboul

    5310.

    Provenance Apollonie,

    prs Brousse. Haut. 0,48.

    Applique

    :

    haut. 0,14

    :

    ros

    et

    Psych.

    Sofia.

    Provenance Mesembria. Haut.

    0,51.

    Applique

    :

    haut. ?

    : Bore

    enlevant Oreithyia.

    Collection

    Loeb,

    J. Sieveking,

    p. 78, pi. 36-37.

    Provenance Cyzique

    (?).

    Haut.

    0,462. Applique

    :

    haut. ?

    :

    Bore enlevant Oreithyia.

    Tous les

    documents

    de cette srie,

    sauf

    le

    dernier

    qui

    a

    d'ailleurs t

    refait de divers morceaux, ont la mme

    forme

    essentielle. Seule l urne de

    la

    collection

    Loeb n'a pas

    les

    anses

    canneles,

    et elle ne parat

    pas

    actuellement avoir eu d'anse

    verticale

    (?)

    :

    le mdaillon

    y

    est soud

    directement

    sur

    la

    panse,

    l

    o

    l'anse

    aurait pris

    elle-mme

    son

    attache.

    C est

    que,

    comme J. Sieveking l'a observ

    (1),

    ce vase a t recompos de deux

    pices, assembles

    peu

    prs

    hauteur des

    anses horizontales ; et

    l'anse

    verticale

    s est perdue.

    [Pour une hydrie(?)

    de New-York, cf.

    ci-aprs,

    p. 324.J

    II faut

    prendre en

    considration,

    en outre, divers fragments, parmi

    lesquels

    on

    ne mentionnera

    ici que

    les

    appliques,

    et

    non

    les dbris de

    pieds,

    d'anses, etc., retrouvs

    et

    l.

    II. Appliques sculptes

    Metropolitan Museum New York,

    106, haut.

    : 0,14. ros verseur

    de libation.

    Berlin.

    Provenance Amisos.

    ros et

    Psych.

    Berlin.

    Provenance

    Locride

    (P. Wolters).

    ros et

    Psych.

    British Museum, 309.

    Provenance

    Cym d'olide. Fragment

    d une

    Psych

    (groupe jadis avec ros).

    British

    Museum, 310. Provenance Calymnos. Bore enlevant

    Oreithyia.

    British

    Museum,

    311.

    Dionysos

    et

    Ariadne.

    Myrina (E. Pottier et S.

    Reinach) :

    La Ncropole de Myrina, n 488.

    ros sur

    dauphin.

    Ibid.,

    n

    489

    0,26

    haut. (?) (2).

    ros

    verseur de libation.

    Cette

    note

    tant donne au Bulletin de Correspondance,

    on nous

    permettra d y reprendre au passage

    l tude du

    document un peu

    nglig

    que possde,

    pour

    cette srie, le Muse d'Athnes.

    Ce sera

    l'occasion de

    (1)

    J. Sieveking,

    Die Bronzen

    der

    Sammlung

    Loeb,

    Miinchen,

    1913, p.

    78,

    pi. 36-37.

    (2)

    Plutt

    0 m.

    16.

    On doit souponner une

    erreur typographique,

    ou de mesure.

  • 7/24/2019 Picard 1939 BCH 63 HydriesChantilly

    5/11

    URNES

    CINRAIRES SCULPTES,

    EN BRONZE, DE GRCE

    ET d aNATOLIE

    249

    rectifier quelques

    erreurs

    d interprtation gnralement commises,

    et

    de

    signaler des rapprochements instructifs (fig.

    1-2).

    Athnes,

    n 7913 :

    provenance rtrie.

    Signal et

    reproduit

    par Miss

    Fig.

    1. Urne cinraire en bronze

    (Muse

    National d Athnes).

    W. Lamb, Greek and Roman bronzes, 1929,

    pi. LXXI

    b,

    et

    p. 185 ; cf. aussi

    V.

    Stas,

    Calai, p.

    301 ; De Ridder,

    n29 ;

    Hermine Speier, Alhen. Mill., 47,

    1932, p. 78, pi. 26, n

    1

    (photo Alinari 24490). Pour

    l ensemble,

    cf. fig. 1.

    Haut,

    totale

    0 m. 475 (1). La forme de

    la

    panse est assez

    allonge, d un galbe

    (1)

    Mon

    camarade mobilis, R. Martin, a bien voulu revoir et

    photographier

    le

    document, dont

    je

    lui

    dois

    aussi

    la description

    ;

    qu il

    veuille

    bien

    trouver

    ici

    mes

    remerciements

    trs

    cordiaux.

  • 7/24/2019 Picard 1939 BCH 63 HydriesChantilly

    6/11

    250 CH. PICARD

    moins heureux que

    sur les

    autres

    urnes dcouvertes du

    ct des rives asiatiques, et

    il y a

    l

    les indices, probables,

    d un

    atelier particulier.

    On retrouve

    les

    trois

    anses,

    deux

    horizontales, une

    verticale ; le pied

    semble, par comparaison

    avec les

    autres

    Urnes,

    plus

    trapu,

    d attache

    plus solide.

    La

    patine

    est uniforme

    ;

    une pice

    ronde

    de rparation

    au

    col ;

    haut,

    du col : 0

    m.

    13 ;

    larg.

    l embouchure : 0

    m.

    18 ; haut,

    de la

    panse : 0 m. 345.

    L attache des anses est dcore comme dans toute

    la

    srie : les feuilles qui

    s panouissent en

    retombant

    le

    long

    de la panse dans le haut de

    l applique

    et de

    cnaque ct, tiennent

    la fois

    de

    la feuille

    d acanthe et de

    la feuille

    de chne.

    L applique les

    recouvre

    en partie.

    Haut,

    du

    motif : 0 m.

    135, larg.

    la base :

    0 m. 093. L applique est de forme

    peu

    prs

    rectangulaire, avec angles

    arrondis

    ; les

    pieds

    des

    personnages posent

    sur une petite plinthe

    saillante,

    comme ailleurs : deux personnages masculins nus,

    la

    draperie servant

    de

    fond.

    L un est

    plus

    redress, gauche du groupe,

    prenant

    appui

    sur

    la

    jambe

    droite,

    la

    gauche

    lgrement

    flchie

    et

    ne

    posant que

    sur

    la

    pointe, ce qui dtermine le hanchement caractristique dans toute

    la

    srie : le bras

    droit

    retombe

    le long du corps,

    l avant-bras

    s cartant

    lgrement, vers

    l extrieur:

    la

    main, d un geste

    manir,

    retient,

    carte

    et soulve

    lgrement la fois la

    draperie,

    sorte

    de

    vaste

    manteau, dont

    le

    personnage semble

    loigner le

    pan.

    Le

    bras

    gauche

    passe, nonchalamment

    appuy,

    sur

    une paule

    du

    second

    personnage

    du

    groupe

    ; la main pose de ce

    ct

    est visible.

    Le

    compagnon qui occupe

    la

    droite de l applique est dans une attitude plus flchie et plus

    instable,

    en

    mouvement de marche vers sa

    gauche.

    La jambe droite disparat ici

    derrire

    la

    draperie, mais

    on la

    devine

    tendue

    obliquement, comme

    pour

    soulever avec effort.

    Le

    corps

    est

    pench

    vers

    la

    gauche

    o

    il

    prend

    appui

    sur

    la

    jambe

    largement

    carte

    et flchie : toute

    la posture souligne l effet

    :

    ce

    personnage

    soutenait

    et

    entranait

    l autre.

    Le

    bras droit disparat

    derrire

    le dos du compagnon ; la main

    gauche capte et retient le bras pos l paule.

    On peut

    carter

    sans discussion l erreur

    surprenante

    (fig. 2) de

    Miss

    W.

    Lamb

    qui a considr les deux personnages m asculins nus comme

    un groupe Dionysos- riadne ( ). Plus valable pourrait tre

    l interprtation

    d Hermine

    Speier,

    parlant (1) d'un

    symplegma

    Dionysos

    et

    Satyre . Je crois toutefois, en

    raison

    de la comparaison

    que

    j'ai pu faire

    avec

    un

    des

    cadoi

    de

    Chantilly,

    publis

    dans

    les

    Monuments

    Piol,

    1940,

    et avec certains documents de

    Tarente

    (2),

    qu'il

    s agit au vrait de deux

    simples bacchants,

    propoloi

    dionysiaques. Le personnage gauche du

    groupe

    n'a pas en

    effet

    les

    attributs

    symboliques qui feraient

    srement

    de lui le

    dieu

    matre du

    thiase.

    Les

    attitudes abandonnes, ce qu'on

    appellerait la marche chancelante et soutenue, taient traditionnels

    pour

    tout cortge bachique.

    (1)

    L. L; cf. ci-dessus, bibliographie.

    (2) P. Wuilleumier,

    Tarente, 1939,

    p.

    351

    sqq.

    (Canthare

    de

    la Coll.

    E.

    de Rothschild).

  • 7/24/2019 Picard 1939 BCH 63 HydriesChantilly

    7/11

    URNES

    CINRAIRES SCULPTES, EN BRONZE, DE GRCE

    ET

    d aNATOLIE

    251

    l ig.

    2.

    Urne

    cinraire en bronze avec

    groupe dionysiaque

    (Muse National d Athtnes).

  • 7/24/2019 Picard 1939 BCH 63 HydriesChantilly

    8/11

    252 CH. PICARD

    J'ai indiqu ailleurs les rapprochements faire, notamment avec le

    monument

    chorgique de

    Carystios

    Dlos, dat

    d'aprs

    son inscription

    de

    la fin

    du

    ive

    sicle

    ou

    du dbut du 111e :

    environ 300, semble-t-il (1).

    A

    cette

    occasion,

    j'ai

    revis partiellement l interprtation qui

    avait

    t

    fournie,

    pour

    le personnage

    sur

    lequel le

    Dionysos

    de

    l ex-voto

    dlien

    s'appuie familirement (ct droit

    du cippe).

    Plutt qu'une jeune

    Mnade

    , comme

    on

    avait cru,

    c'tait

    aussi,

    semble-t-il,

    un jeune serviteur

    mle,

    drap de

    vtements

    fminins.

    Les jambes et

    les

    pieds

    semblent

    caractristiques.

    Le motif

    nous

    oriente vers les reprsentations de Thiases dionysiaques

    qui

    seront

    la mode Pergame notamment (groupe de l entre de l'Autel

    de la Gigantomachie) et dans ces Epiphanies

    du dieu

    qu'on a longtemps

    interprtes tort comme Visites chez

    Icarios(2). Il

    n est

    pas

    sans intrt

    de. constater qu'un cados de bronze

    d'rlrie,et

    le

    symplegma

    de l'ex-voto

    dlien

    peuvent tre replacs dans la srie des

    prototypes,

    attestant une

    fois

    de plus combien la

    Mysie

    des

    Attalides

    a t

    tributaire

    de l art de la

    Grce

    centrale.

    Mme

    H. Speier a justement signal un groupe

    inachev

    en marbre

    (ronde-bosse)

    d'Athnes

    comme le plus ancien de ceux

    o

    Dionysos reoit

    l'appui d un

    jeune

    Satyre

    (3).

    Ce symplegma, o

    le

    mouvement de marche

    est

    recherch

    avec

    insistance,

    date

    des

    environs

    de

    340

    encore, de

    l'poque

    des

    dbuts

    des

    fils

    de Praxitle, ainsi

    (4).

    Mme

    H.

    Speier

    y a

    rattach

    l'applique

    du cados d'Athnes-rtrie

    (5),

    notant justement l lgance

    ddaigneuse

    de celui

    des deux

    personnages qu'elle considre comme Dionysos, et

    le

    mouvement d'lan

    du

    jeune

    compagnon. Il

    semble

    que,

    faisant ce

    rapprochement

    Mme

    H.

    Speier ait ignor du

    moins

    la plupart des autres

    documents

    de la toreutique, dans la srie des cadoi

    cinraires, o elle aurait

    pu trouver

    une confirmation

    pour

    les dates proposes.

    Elle mentionne

    seulement, aux

    environs de 336, l'applique de Berlin (Altes Mus. 30071), ros et

    Psych

    au

    miroir

    (6),

    et,

    pour

    une

    date

    un

    peu

    plus

    basse,

    une

    autre

    applique

    du

    mme Muse de

    Berlin, n

    7806 (7),

    avec un

    groupe de mme composition,

    (1) BCIL, XXXI, 1907, p. 504-511,

    pi.

    XIII.

    (2) Cf.

    l-dessus Ch. Picard,

    AJA.,

    XXXVIII,

    1934, p. 137-152,

    pi. XV.

    Cf.

    aussi

    Coll.

    Loeb,

    p.

    55, pi. XXII ;

    les sarcophages romains

    dvelopperont et perptueront

    le

    thme.

    (3 ) Rom . Mill.,

    47, 1932, p. 77 et

    note

    3 : Athnes, Mus. Nat. 245, photo Alinari, 24 233.

    (4) C. Bliimel,

    Bildh. Arbeit, n 27, pi.

    35.

    (5)

    L.

    /.

    p.

    78.

    (6) L. L, p. 79,

    pi.

    XXVI,

    n

    3. C est le document publi dans les

    Mlanges Ramsay

    par

    Th. Wiegand.

    (7)

    L.

    l,

    p.

    83

    sqq.,

    pi.

    XXX,

    n

    2.

  • 7/24/2019 Picard 1939 BCH 63 HydriesChantilly

    9/11

    URNES CINRAIRES SCULPTES, EN

    BRONZE,

    DE GRCE ET d aNATOLIE 253

    mais tmoignant d'une volution de la donne

    initiale.

    Du Monument

    dlien

    de

    Carystios

    qu'elle croit

    par

    erreur

    au

    Muse de l le

    (1),

    Mme

    H.

    Speier

    a

    eu le mrite de rapprocher

    une

    attache de

    bronze

    de

    Paris, reprsentant

    un

    Silne,

    cette

    fois,

    soutenu

    par

    un

    jeune

    Satyre,

    ce

    qui

    rappellera

    un dtail du thiase dans les Epiphanies dionysiaques dites jadis

    de la Visite chez Icarios (2). On peut aussi comparer une amphore

    vernis noir orne

    de

    reliefs,

    de la

    Bibliothque

    Nationale

    (3), dont

    la date

    suffirait prouver qu'il n y a pas lieu de faire descendre l'ex-voto dlien

    de Carystios jusque

    dans

    la

    premire

    moiti du ine sicle.

    Il reflte

    encore l esprit de

    Praxitle

    et de ses directs descendants.

    De

    la ronde-bosse au relief,

    et

    du

    bas-relief

    de marbre l'applique de

    toreutique

    rtrienne,

    nous saisissons les drivations,

    et

    nous pouvons

    aussi

    fixer

    des

    dates.

    La production des cadoi cinraires, en Grce aussi

    bien qu'en

    Anatolie,

    a

    appartenu,

    pour toute la srie

    qui nous occupe

    ici,

    la

    seconde

    moiti

    du

    ive

    sicle

    et au dbut

    du

    nie. J ai

    montr,

    dans ma

    publication des

    Monuments Piot, quoi ces

    urnes faisaient suite

    elles-

    mmes, et les imitations

    qu'elles

    ont

    trouves

    dans la cramique

    alexandrine ou

    campanienne,

    de la Ncropole

    d'Hadra

    toutes celles de

    la

    rgion

    napolitaine.

    Je

    voudrais,

    en

    terminant, insister

    sur certaines conclusions que j'ai

    tent

    de

    fonder,

    au cours

    de

    mes tudes

    sur

    cette

    catgorie

    trop

    nglige

    d urnes

    cinraires

    en

    bronze.

    Avec les

    quelques

    cadoi que j'ai pu rassembler

    et

    classer, reparat toute

    une industrie

    sans

    doute trs dveloppe jadis chez les Hellnes d'Asie et

    de Grce

    propre.

    La relative raret des documents conservs ne

    doit pas

    faire

    illusion

    :

    elle s'explique

    par le caractre mme des urnes,

    dont

    le

    bronze a

    d

    susciter

    particulirement la convoitise des lymborychoi. Encore

    reste-t-il

    assez pour

    nous

    permettre

    de

    reconnatre

    l homognit de la

    production

    (les cadoi

    rpondent peu prs, comme le

    tableau

    ci-dessus

    l a

    montr

    deux

    modles

    de

    grandeur),

    et

    sa

    qualit,

    et

    sa

    valeur

    symbolique.

    Dans

    les supplments de l'Odysse,

    ,

    chant

    XXIV

    partie du

    texte

    condamne par Aristarque, parce qu'il y

    est

    question de

    (1)

    L. /. p. 85,

    pi.

    XXXI, n 3 : Dionysos et Mnade: Le monument

    reste

    au

    Dionysion.

    (2)

    L. L, p. 87 sqq.,

    pi.

    XXXI,

    n

    4. Il est parl l du

    document

    comme tant

    tantt

    au Louvre,

    tantt la

    Bibliothque

    Nationale (ce qui est seul

    exact)

    : photo

    Giraudon,

    8284 ; Babelon-

    Blanchet, Br.

    Bibl.

    Nat.,

    n

    409.

    (3) L. /. p. 85,

    n

    3

    (Giraudon, 18942). Sur

    le rpertoire de ces vases, O. Deubner,

    Arch.

    Jahrb., 54,

    1939, A.

    col.

    340

    sqq.

  • 7/24/2019 Picard 1939 BCH 63 HydriesChantilly

    10/11

    254 CH. PICARD

    l'Herms du

    Cyllne

    comme Psychopompe (1) Agamemnon fait aux

    Enfers,

    Achille, un rcit

    des

    funrailles

    commandes

    par Thtis (2) pour

    son

    propre fils

    et

    Patrocle :

    V. 73 :

    (sic)

    ,

    .

    On

    s'est parfois (2) gauss, bien tort, de cette indication du prsent de

    Dionysos. Eh quoi, disait

    V. Brard,

    les

    ossements

    blanchis d'Achille et

    de

    Patrocle

    dans un rcipient

    vin, tout ainsi

    que le

    clbre

    tonneau

    de

    Malvoisie aurait servi

    de

    dernire demeure un

    buveur

    trs

    illustre

    Mais

    c'est

    trop

    oublier

    qu'

    l'poque

    o

    ces

    parties

    rajoutes

    de l Odysse

    ont vu le jour quelque part en

    Ionie,

    la

    religion

    de Dionysos tait

    tout

    autre

    chose qu affaire de

    beuveries.

    Le dieu thraco-phrygien tait dj

    le

    matre

    des ombres

    qu'il allait

    tre

    de

    plus

    en plus,

    grce la propagande

    leusinienne. L'Orient ionien qui

    a

    fait la gloire de

    Bacchos comme

    gnie

    des morts s'apprtait lui

    garder

    ce rle. Le mot qui n'apparat pas

    avant

    Archiloque,

    notons-le, est

    smitique

    d origine : comme , ou

    (3).

    Les hydries-urnes

    de bronze

    appliques

    sculptes reprennent

    et

    conservent

    une

    ancienne

    forme

    chre

    la

    cramique

    ionienne.

    N'voquent-

    elles pas les hydries de

    Caer,

    propres la cte tyrrhnienne d Anatolie,

    l trurie : par leur

    galbe

    et par

    le

    systme

    de

    leurs trois anses,

    deux

    verticales, une

    horizontale ?

    Il est prcieux de reconnatre

    une

    industrie qui a eu

    ses

    centres de

    production on le voit maintenant groups tout au long de la cte

    d'Asie

    Mineure,

    et dans la Grce

    du

    Nord, d'rtrie

    Mesembria,

    travers

    le domaine

    thraco-phrygien

    du Dionysos

    mystique,

    des

    traditions

    nes en Ionie.

    Ce

    qui explique la

    diffusion,

    la vogue de ces

    urnes

    funraires,

    certainement

    connues aussi l'Occident, o elles seront tt ou tard rvles.

    Qui sait si

    on n'en

    trouvera pas un jour ou l'autre

    Marseille,

    colonie des

    Phocens, ou ailleurs (4)

    ?

    La

    supriorit bien marque

    des ateliers

    d'Ionie et d'Attique

    dans le

    (1)

    C est la seule mention dans

    Homre.

    (2)

    d.

    V.

    Brard, Odyss. III, p. 173.

    (3)

    H. Krahe, Die Antike, XV, 1939, p. 188.

    (4)

    P.

    Jacobsthal et Alexander

    Langsdorff,

    Die Bronze

    Schnabel

    kannen :

    ein

    Beitrag

    zur

    Gesch.

    d.

    vorromischen Importe

    nb rdlich

    der

    Alpen,

    Berlin,

    1929.

  • 7/24/2019 Picard 1939 BCH 63 HydriesChantilly

    11/11

    URNES

    CINRAIRES SCULPTES, EN BRONZE, DE GRCE ET d aNATOLIE 255

    travail du mtal prcieux,

    partir

    de

    la

    seconde moiti

    sdu

    ve

    sicle, a

    pu

    imposer

    nos urnes leur aspect

    et leur

    dcor canonique (2) ;

    mais

    c'est la

    religion dionysiaque

    qui

    garde une

    unit

    spirituelle

    interne

    leurs dcors

    souvent

    rpts.

    Je

    l'ai

    prouv

    propos

    des

    cadoi

    de

    Chantilly

    publis

    dans les

    Monuments

    Piot.

    Je crois avoir montr, l

    aussi,

    la

    convenance

    symbolique du dcor, o

    l'on avait t bien mal inspir en ne

    voulant

    apercevoir

    que

    libre fantaisie

    dcorative.

    Il rpond

    une

    srie

    de dogmes sur l immortalit de

    l'me

    garantie

    par la

    mystique dionysiaque,

    tout

    ainsi

    et

    j'ai fait allusion

    aussi

    cette

    comparaison ncessaire

    que

    le

    dcor

    des prtendus

    chars

    thraces

    (3) ; ceux-ci

    n ont

    t compris

    que

    grce

    Alfldi,

    rcemment (4),

    selon ce

    qu'ils sont

    en vrit :

    des

    manires de corbillards,

    des

    chars

    funraires

    destins

    des morts

    conus

    comme

    initis

    et

    immortels.

    Le

    dcor

    de

    ces chars

    qui

    rpondent, leur

    date,

    un symbolisme dj apparu

    au

    temps

    de la larnax d'Haghia Triada dans

    l'Ege

    fait place

    aussi,

    en rgle,

    aux

    sujets intentionnellement

    bachiques

    de nos urnes

    cinraires

    (5).

    Ch. Picard.

    (2)

    L tude

    rcente

    de

    Mme

    Dorothy

    Burr

    Thompson, Mater

    caelalurae,

    Hesperia, VIII, 1939,

    p. 285-316, ne tient

    malheureusement

    aucun compte des appliques de

    cadoi; mais

    elle relve,

    p.

    311,

    l importance

    du nom du

    toreute Akragas, la clbrit

    de

    ses skyphoi

    de

    Rhodes

    ,

    avec

    Centaures et Bacchantes, caelati ;

    sur

    le

    dcor

    des

    arulae de Grande

    Grce, E. Jastrow,

    Opusc. archaeol. Il, 1

    1939,

    p. 1-28.

    (3) Cf. les publications de M. G. Seure,

    BCH, 1925.

    Ces

    tudes n ont

    jamais prcis exactement

    la valeur du dcor des chars, et leur rle funraire : on

    les

    croyait plus ou moins

    de

    combat

    (4) UAnl. class.,

    VIII, 1939,

    p. 347-359,

    pi.

    XXXII ;

    cf. Rev.

    arch. 1940, (104-105).

    (5)

    [Cf. ci-aprs, p. 324-325, pour divers

    complments

    ajouts pendant la correction des

    preuves. Ch.

    P.].