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Le grand reportage 54 L’ILLUSTRÉ 34/10 L’ILLUSTRÉ 34/10 55 LE LÉOPARD EN SON ROYAUME VIE SAUVAGE Passé maître dans l’art de la chasse, le léopard a la particularité d’emporter ses proies dans les arbres, à l’abri des autres carnassiers. Portrait d’un solitaire. PHOTOS CHRISTINE ET MICHEL DENIS-HUOT Agile et gracile, le léopard courbe sa longue et souple colonne vertébrale et plisse les yeux avant de s’en aller chasser. Celui-ci vit sur un «Kigelia africana», plus prosaïquement appelé «arbre à saucisses».

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le léopard en son royaume

vie sauvage Passé maître dans l’art de la chasse, le léopard a la particularité d’emporter ses proies dans les arbres, à l’abri des autres carnassiers. Portrait d’un solitaire. PhOTOS Christine et MiChel Denis-huot

Agile et gracile, le léopard courbe sa longue et souple colonne vertébrale et plisse les yeux avant de s’en aller chasser. Celui-ci vit sur un «Kigelia africana», plus prosaïquement appelé «arbre à saucisses».

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Capable de vivre sur de grands arbres, le félin passe avec une incroyable agilité d’une branche à l’autre, se servant de sa longue queue comme d’un balancier. Comme les chats, il adore dormir des heures sur une branche, sans jamais tomber! S’il lui arrive de chasser la journée, s’attaquant parfois à des girafes, le léopard attend surtout la nuit tombante pour aller se nourrir.

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Un léopard de 6-7 mois se délecte de l’herbivore que sa mère a tué. Sa langue, véritable râpe faite pour nettoyer les os, est recouverte de papilles cornées.

La femelle léopard rapporte une antilope à son petit de 3 mois environ, resté seul, sans protection, le temps d’une chasse qui peut durer longtemps. Transportée sur un arbre, la carcasse est ainsi à l’abri des autres prédateurs, et cachée des vautours.

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a défaut d’en être les rois, les léopards partagent, avec les guépards, le statut de princes de la savane, comme le

soulignent si justement Christine et Michel Denis-Huot. Ce couple de photographes ani-maliers parcourt régulièrement plusieurs pays d’Afrique pour nous ramener ces extraordi-naires images.

Alliant la grâce et la force, le léopard – nom utilisé en Afrique pour désigner en fait la panthère – est surtout un prince de la grimpe. Il a l’originalité de monter ses grosses prises dans un arbre, de préférence haut et vertical. S’aidant de ses griffes rétractiles, le redoutable carnivore peut ainsi emporter vers les hau-teurs un animal de son propre poids, voire plus lourd. Un réel exploit à saluer quand on sait que le poids moyen pour les mâles est de 60 kilos, avec des limites allant jusqu’à 90 kilos, et de 50 kilos pour la femelle, avec des limites à 60 kilos.

Mais l’animal s’est peu à peu adapté au fil de l’évolution jusqu’à disposer d’outils de plus en plus précis: sa denture s’est développée pour saisir, déchirer et mastiquer; son crâne s’est raccourci et arrondi en réponse au déve-loppement des muscles de ses mâchoires, devenues assez puissantes pour happer les proies dans la gueule, les soulever et les empor-ter dans les arbres; et les muscles de sa nuque se sont renforcés pour les mêmes raisons. Un tel effort pour grimper aux arbres est néces-saire. Car loin du sol, le léopard préserve sa nourriture des hyènes qui, avec les lions, comptent parmi ses ennemis héréditaires.

forMiDable MaChine à tuer Face à ces compétiteurs, qui vivent en clan, il part perdant. Car ce félin – de son nom scien-tifique Panthera pardus – est un solitaire. Mâle et femelle ne sont ensemble que le temps de l’accouplement. Ensuite, ils repren-nent leur vie seuls sur un territoire aux contours bien définis (alors que le guépard, lui, est plutôt nomade). Une fois mère, la femelle n’a aucune assistance de ses congénè-res, contrairement à la lionne qui profite du groupe. Quand la mère léopard va chasser, elle est obligée d’abandonner ses bébés qui restent énormément de temps seuls, avec tous les risques que cela comporte. Quel contraste avec les jeunes guépards du même âge qui ne quittent jamais leur mère!

Qu’à cela ne tienne, le léopard dispose de sens qui font de lui une formidable machine à tuer: odorat, ouïe et vue sont extraordinai-rement aiguisés. Il possède les plus grands yeux de tous les carnivores. Placés de façon assez rapprochée sur le devant de la tête, ils lui permettent une évaluation très juste des dis-tances. Ses pupilles ont une extrême aptitude à se dilater. La nuit, elles s’élargissent au maxi-mum afin de laisser passer le plus de lumière possible. Doté ainsi d’une vue perçante adap-

Letextes’inspiredulivrephotodeChristineetMichelDenis-huot,Les princes de la savane. Léopards&Guépards,Ed.WhiteStar,2006,215pa-ges.L’éditionestépuisée,maisonpeutacheterl’ouvrageenlignesurwww.priceminister.com(occasion:22euros;neuf:24euros).DécouvrezletravaildeChristineetMichelDenis-huotsurleursite:www.denis-huot.comParailleurs,ilsexposentjusqu’au4sep-tembre,àVillepinte(France),leursphotosd’animauxd’Afrique.www.ville-villepinte.frSurlesitewww.imineo.com,vouspouveztéléchargerpour6eurosleDVDintituléLions, Guépards, Léopards: le monde féroce des prédateurs.

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tée à la vision nocturne, le léopard est avant tout un tueur des ténèbres, même s’il est pos-sible de le voir chasser le jour, quand la cha-leur n’est pas trop forte. Son heure à lui cor-respond au coucher du soleil. Il cherche alors une proie jusqu’à 22 heures environ. Puis il se repose durant deux ou trois heures avant de reprendre sa traque. Chasseur opportuniste, charognard si nécessaire, le carnivore s’atta-que à une grande diversité de proies, allant des termites à un grand nombre d’espèces d’antilopes, de préférence jeunes, âgées, mala-des ou blessées.

à proxiMité De sa proieLa traque se déroule en silence. Les coussinets élastiques qui garnissent les doigts et la plante des pattes du léopard étouffent parfaitement le bruit de ses mouvements. Dans l’obscurité, le prédateur navigue au son, à l’odorat, et en utilisant la sensibilité de ses vibrisses. Les poils sensoriels de sa moustache, écartés latérale-ment, entrent en contact avec la végétation qui l’entoure et lui permettent d’évaluer la largeur d’un passage. Lors de l’attaque, les vibrisses se hérissent en avant; il peut alors sentir sa victime et la mordre au bon endroit.

Maître dans l’art de la chasse, le léopard réussit à se glisser bien plus près de ses victi-mes que ne le fera jamais le guépard, ou même le lion. Lorsque la distance qui le sépare de sa proie lui semble la meilleure, moins d’une dizaine de mètres, il déclenche l’attaque en prenant appui sur ses pattes postérieures. Ce n’est que dans la dernière fraction de seconde que sa victime l’aperçoit, quand, lancé à 60 km/h, il tombe sur elle et la fait rouler à terre sous son poids, même si elle est bien plus lourde que lui, et lui saute à la gorge. La morale de l’histoire: contrairement au cor-beau de la fable, ne comptez pas sur le léo-pard, sur un arbre perché, pour lâcher sa nourriture. _

La vie dans la réserve de Masaï-Mara (Kenya) est rythmée par la migration des gnous, qui s’étend de juillet à octobre. Une femelle léopard fixe ici un troupeau en plein midi, étudie longuement ses déplacements et essaie de se mouvoir pour se retrouver sur son passage.