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Agence de la santé et des services sociaux de Montréal Trousse d’information Mars 2009 PHASE 2 La transformation des services en santé mentale La prévention du suicide LA FORCE DES LIENS

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Agence de la santé et des services sociaux de Montréal

Trousse d’information — Mars 2009

PHASE 2

La transformation des services en santé mentale La prévention du suicide

L A F O R C E D E S L I E N S

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Produit par l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal3725, rue Saint-DenisMontréal (Québec) H2X 3L9

Peut être reproduit ou téléchargé pour une utilisation personnelle ou publiqueà des fins non commerciales, à la condition d’en mentionner la source.

© Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, mars 2009ISBN 978-2-89510-584-8 (version imprimée)ISBN 978-2-89510-585-5 (PDF)Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2009

Ce document est disponible :n au centre de documentation de l’Agence : 514 286-5604 ;n sur le site Internet de l’Agence : www.santemontreal.qc.ca

Œuvres de la collection Les Impatients

NOTE Dans ce document, l’emploi du masculin est générique et désigne aussi bienles femmes que les hommes. Il est destiné à alléger le texte.

Table des matières PAGE

1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

2 Le suicide à Montréal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

3 La prévention du suicide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

n Les facteurs associés au suicide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

n Les personnes ciblées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

n Les services essentiels en prévention du suicide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

ANNExE 1Facteurs associés au suicide selon les groupes d’âge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

ANNExE 2 Composition du sous-comité de travail en prévention du suicide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

LisTE dEs ENcadrés ET dEs TabLEaux

Suicide, tentative de suicide et idée suicidaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

Le suicide à Montréal, selon l’âge et le sexe pour 100 000 habitants (2001-2005) . . . . . . . 5

Taux de suicide par territoire de CSSS (2001-2005) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

Les sentinelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

Suicide Action Montréal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

Le protocole MARCO. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

Le parrainage téléphonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

Le débriefing . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

cOuvErTurE

Suicide Action Montréal offre une multitude de services auxpersonnes touchées par la problématique du suicide dont un serviced’intervention téléphonique disponible 24/7.

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Introduction

e suicide est un phénomène social qui nous interpelle tous. Selon des données de l’Institut de la statistique du Québec publiées en septembre 2008, près de 14 % des Québécois de 15 ans et plus, soit 869 000 personnes, ont déjà eu des pensées suicidaires et 213 000

ont déclaré avoir déjà fait une tentative de suicide.1 De nombreuses études ont aussi démontré l’association étroite entre les troubles mentaux et le suicide. Pour cette raison, les services de prévention du suicide sont intégrés à l’offre de service en santé mentale.

Sur l’île de Montréal, comme partout ailleurs au Québec, le réseau de la santé et des services sociaux, de concert avec ses partenaires, doit assurer un accès constant à :

n des services de prévention ;

n des services d’intervention téléphonique 24 heures par jour, sept jours par semaine ;

n des services d’intervention en situation de crise ;

n de l’information et des services de soutien, notamment pour les proches ;

n des services de postvention ;

n des services aux personnes endeuillées à la suite d’un suicide.

L1

La Stratégie québécoise d’action face au suicide : s’entraider pour la vie, présente les actions et les mesures définies par le MSSS pour faire face à la problématique du suicide au Québec. Ce document peut être consulté en ligne au www.msss.gouv.qc.ca, section « Documentation ».

1. Troubles mentaux, toxicomanie et autres problèmes liés à la santé mentale chez les adultes québécois, Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (cycle 1.2), Gouvernement du Québec, Institut de la statistique du Québec, septembre 2008.

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À la demande de l’Agence, un groupe de travail2 formé de médecins et de professionnels travail-lant en prévention du suicide s’est penché sur la question du suicide à Montréal. Ce groupe a identifié différentes mesures qui permettraient d’améliorer les services aux personnes à risque et à leurs proches. Parmi ces mesures, on trouve :

n une meilleure connaissance, par les intervenants des CSSS, de la population de leur territoire ;

n la promotion des services d’aide ;

n la formation des intervenants de 1re ligne et des omnipraticiens ;

n la consolidation des liens entre les centres de crise, le centre de prévention du suicide et les établissements de santé.

2. La composition du sous-comité de travail en prévention du suicide est présentée à l’annexe 2 du présent document.

3. Stratégie québécoise d’action face au suicide : s’entraider pour la vie, MSSS, 1998.

suicidE, TENTaTivE dE suicidE ET idéE suicidairE

on parle de suicide, lorsqu’une personne commet un acte délibéré contre elle-même, causant sa propre mort.

La tentative de suicide fait référence au comportement d’une personne qui met sa vie en danger, avec l’intention de causer sa mort ou de faire croire que telle est son intention, mais dont l’acte n’aboutit pas à la mort.

enfin, l’idée suicidaire inclut les comportements qui peuvent être directement observés ou entendus et qui portent à croire à une intention possible de suicide, mais où l’acte létal n’a pas été accompli.3

suicidE, TENTaTivE dE suicidE ET idéE suicidairE3

on parle de suicide, lorsqu’une personne commet un acte délibéré contre elle-même, causant sa propre mort.

La tentative de suicide fait référence au comportement d’une personne qui met sa vie en danger, avec l’intention de causer sa mort ou de faire croire que telle est son intention, mais dont l’acte n’aboutit pas à la mort.

enfin, l’idée suicidaire inclut les comportements qui peuvent être directement observés ou entendus et qui portent à croire à une intention possible de suicide, mais où l’acte létal n’a pas été accompli.

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LE suicidE à MONTréaL, sELON L’âgE ET LE sExE pOur 100 OOO habiTaNTs (2001-2005)

15-24 ANS 25-34 ANS 35-44 ANS 45-54 ANS 55-64 ANS 65-74 ANS 75 ANS Et PLuS

2

35

30

25

20

15

10

5

0

FémininMasculinpopulation totale

Le suicide à Montréal

Les dernières données disponibles révèlent que, pour la période 2001-2005, le taux moyen de mortalité par suicide sur l’île de Montréal se situait à 12,4 pour 100 000 habitants, soit environ 232 personnes décédées par suicide par année. Dans l’ensemble du Québec, ce taux était de 16,5 pour 100 000 habitants au cours de la même période

Comme le montre le diagramme suivant, ce sont les hommes âgés de 35 à 44 ans qui présentent le plus haut taux de suicide. C’est dans cette même tranche d’âge que le taux de suicide chez les femmes est le plus élevé.

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Taux dE suicidE par TErriTOirE dE csss (2001-2005)

La carte suivante montre que les territoires des csss Jeanne-Mance et cœur-de-l’Île présentent les taux de suicide les plus élevés de l’île, soit respectivement 22,8 et 17,5 pour 100 000 habitants, alors que les taux les plus faibles se trouvent sur les territoires des csss de l’ouest-de-l’Île et cavendish.

VerdunVerdunVerdunVerdunVerdunVerdunVerdunVerdun

Corridors de services projetés pour la desserte en santé mentaleClientèle enfant et jeune, services anglophones

Ouest de l’île

Dorval

Verdun

Cavendish

Montagne

Bordeaux

Ahuntsic

Coeur

Jeanne mance

St-L LT Pointe

Ouest-de-l’Île6

Dorval-Lachine-LaSalle

11,7

Sud-Ouest—Verdun16,3

Cavendish7,1

de la Montagne9,8

Bordeaux-Cartierville—Saint-Laurent

8

Ahuntsic et Montréal-Nord

15 Cœur-de-l’Île17,5

Jeanne-Mance22,8

Saint-Léonard et Saint-Michel

9,1

Pointe-de-l’Île12,9

Lucille-Teasdale16,2

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Les facteurs associés au suicide4

Trois grandes catégories de facteurs peuvent prédisposer une personne au suicide.

1. Prédispositions individuelles : troubles mentaux (incluant abus et dépendance à l’alcool et aux drogues), maladie physique grave, problèmes d’adaptation, etc.

2. Facteurs liés au milieu social : milieu familial dysfonctionnel, conditions économiques difficiles, histoire familiale de suicide, isolement social, système de valeurs qui tend à considérer le suicide comme une solution acceptable à certains problèmes.

3. Facteurs environnementaux immédiats ou événements circonstanciels : décès, perte d’emploi, séparation, échec à l’école, hospitalisation, accessibilité à des moyens d’attenter à ses jours (armes à feu, médicaments, etc.).

Inversement, il existe aussi des facteurs de protection qui réduisent l’impact des facteurs prédis-posant au suicide. Parmi ces facteurs, on compte : les bonnes habitudes de vie (alimen tation, exercice, sommeil, etc.), la maîtrise de soi, la capacité de faire face aux situations, la présence de modèles sains, le sens de l’humour et la connaissance des services d’aide.

La problématique du suicide exige une intervention globale, intense et durable fondée sur l’engagement soutenu d’un grand nombre d’acteurs.

Les personnes cibléesLes actions proposées en prévention du suicide visent principalement :

n les personnes à potentiel suicidaire élevé aux prises avec des troubles affectifs (dépression), des dépendances, des troubles de la personnalité ou celles qui ont déjà fait une tentative de suicide ;

n les jeunes des centres jeunesse ;

n les jeunes de 15 à 19 ans ;

n les personnes qui vivent une crise liée à l’orientation sexuelle ;

n les personnes autochtones ;

n les personnes âgées ;

n les hommes en situation de vulnérabilité ;

n les personnes endeuillées par suicide et les proches des personnes suicidaires.

3 La prévention du suicide

4. Stratégie québécoise d’action face au suicide : s’entraider pour la vie, MSSS, 1998. Voir annexe 1 pour connaître l’ensemble des facteurs associés au suicide selon les groupes d’âge.

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Les services essentiels en prévention du suicideLes services de prévention

Les services de prévention comprennent les mesures destinées à prévenir l’apparition des crises suicidaires en agissant directement sur les facteurs de risque. Parmi ces mesures, on compte les campagnes de promotion de la santé mentale et les actions destinées à contrer la tolérance sociale à l’égard du suicide, les activités de soutien et de formation offertes aux intervenants de 1re ligne et aux omnipraticiens afin de faciliter le dépistage des troubles mentaux, l’implantation de réseaux sentinelles (voir l’encadré Les sentinelles), la réduction de l’accès aux moyens utilisés par les personnes suicidaires (contrôle des armes à feu, clôture sur le pont Jacques-Cartier, etc.), ainsi que la connaissance et la surveillance de la population.

LEs sENTiNELLEs

Les sentinelles sont des personnes (enseignants, animateurs communautaires, etc.) qui, par la place qu’elles occupent dans la société, sont susceptibles d’être en contact avec des personnes suicidaires. Leur rôle est de dépister les idées suicidaires chez les personnes qui les entourent, d’établir un contact avec elles et de les mettre en lien avec des ressources d’aide. Les sentinelles ne sont pas des intervenants ; elles agissent sur une base volontaire et reçoivent une formation et du soutien par des professionnels pour être en mesure de jouer efficacement leur rôle.

L’ExEMPLE DE NICOLAS

Nicolas est animateur dans une maison des jeunes ; il est également sentinelle. Pour les jeunes, Nicolas est un ami, un confident, un modèle. De façon générale, les jeunes qui fréquentent la maison vivent les hauts et les bas de leur vie d’adolescent. Mais il arrive que certains démontrent une détresse plus grande. Nicolas a été formé pour reconnaître les signes suicidaires. Dans de telles situations, le rôle de Nicolas est d’orienter le jeune afin de le mettre en contact avec des professionnels qui pourront l’aider.

Les services d’intervention téléphonique 24 heures/7 jours

L’intervention téléphonique permet aux personnes en crise suicidaire ou aux prises avec des idées suicidaires ainsi qu’à leurs proches de sortir de leur isolement et de se confier à un intervenant. C’est un service confidentiel, accessible en tout temps. L’intervention téléphonique a pour but de désamorcer la crise suicidaire et, s’il y a lieu, de diriger la personne vers des ressources qui peuvent lui venir en aide (centres de crise, organismes communautaires, urgences psychiatriques, etc.). Ces services d’intervention téléphonique peuvent être offerts par des centres de crise, mais en prévention du suicide, on recommande de consolider une ligne téléphonique en particulier afin d’en optimiser la promotion et de faciliter la recherche d’aide pour les personnes en détresse.

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suicidE acTiON MONTréaL

suicide action Montréal est l’organisme communautaire spécialisé en prévention du suicide à Montréal. il offre de nombreux services, dont l’intervention téléphonique pour les personnes suicidaires, leur entourage et les intervenants qui les côtoient. « Les bénévoles qui répondent aux 20 000 appels que nous recevons chaque année reçoivent tous une formation de 50 heures en intervention de crise suicidaire. Lors des appels, ils sont supervisés par des intervenants professionnels qui peuvent leur prêter main forte en cas de besoin. Le but de l’intervention téléphonique est de créer un lien de confiance avec la personne en détresse et de l’aider à entrevoir un futur possible. Les personnes qui nous téléphonent vivent diverses difficultés : peine d’amour, perte d’emploi, problèmes financiers, problèmes de santé mentale… Nous devons les aider à réaliser qu’aucune peine et qu’aucun défi n’est insurmontable. Notre but est de faire grandir l’espoir chez ces personnes. »

André Landry, directeur général, Suicide Action Montréal

Les services d’intervention en situation de crise suicidaire

L’intervention en situation de crise suicidaire consiste à intervenir et à prendre en charge immé-diatement la personne en détresse. Ce type d’intervention peut être entrepris à la suite d’une intervention téléphonique, de l’appel de détresse d’un proche, d’une rencontre avec un intervenant de 1re ligne ou un omnipraticien, etc. C’est alors tout un réseau qui se met en branle pour rejoin-dre la personne en crise et lui offrir rapidement les soins, le traitement, le soutien et le suivi nécessaires. Dans de telles situations, les liens et mécanismes de liaison entre les partenaires sont essentiels (voir l’encadré Le protocole MARCO).

LE prOTOcOLE MarcO

Le protocole Marco est un projet de concertation initié par suicide action Montréal en 2001. c’est une entente formelle entre quinze établissements partenaires (centres hospitaliers, centres de crise, csss, ressources en toxicomanie et en prévention du suicide) qui se sont engagés à appliquer des procédures de référence particulières pour les personnes suicidaires afin d’améliorer la continuité des services et la coordination des interventions. d’ici 2010, des mécanismes de liaison inspirés du protocole Marco seront implantés sur l’ensemble du territoire montréalais.

À titre d’exemple, une personne en consultation à l’urgence suite à une tentative de suicide pourrait consentir à recevoir rapidement un appel d’un organisme partenaire offrant des services adaptés à sa situation (suivi psychosocial, centres de crise, aide en toxicomanie, etc.). grâce au protocole Marco, la personne n’est pas obligée de refaire une demande d’aide ailleurs et de répéter son histoire personnelle, souvent douloureuse. ce partenariat donne aux intervenants une vue d’ensemble des services du réseau d’aide et prévoit les mécanismes de communication requis pour éviter que les personnes suicidaires ne tombent « entre deux chaises ».

Marco n’est pas un acronyme. c’est un prénom. il personnifie la personne en détresse afin de rappeler aux partenaires qu’ils travaillent au mieux-être d’un être humain. au-delà de son statut de patient ou d’usager, cette personne est également un père, une mère, un fils, un conjoint, un ami, etc.

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L’information et les services de soutien pour les proches

Bien que les proches soient les personnes les mieux placées pour aider les personnes en crise suicidaire, ils se trouvent souvent démunis. Afin de briser leur isolement et les aider à trouver des pistes d’intervention concrètes, les centres de prévention du suicide leur offrent divers services : intervention téléphonique, soirées d’information, groupes de discussion, parrainage téléphonique (voir l’encadré), etc.

LE parraiNagE TéLéphONiquE

dans le cadre d’un parrainage téléphonique, le proche d’une personne suicidaire reçoit un suivi téléphonique à raison d’un à deux appels par semaine. ce parrainage, qui peut durer jusqu’à huit semaines, permet un suivi personnalisé de la situation inquiétante, offre au proche l’occasion d’exprimer ses émotions et ses questions et permet de le sensibiliser, de l’informer et d’explorer avec lui les manières les plus adéquates d’aider la personne en souffrance.

Les services de postvention

Le mot postvention est formé à partir des éléments latins post- et venire et signifie « venir après ». Les services de postvention sont donc des interventions mises en place après un suicide, qui visent à en réduire les effets néfastes et le risque possible d’entraînement. Ils s’adressent à l’entourage immédiat des personnes qui se sont suicidées, mais également à d’autres milieux touchés par la problématique : travail, écoles, communautés. Parmi les services de postvention, on compte le « débriefing » (voir l’encadré), le soutien professionnel, la mise en place de méca-nismes de repérage des personnes vulnérables, etc.

LE débriEfiNg

Habituellement, un débriefing a lieu dans les 24 à 72 heures suivant l’événement. il vise, d’une part, à permettre aux personnes touchées de partager leur expérience et leurs sentiments et, d’autre part, à les renseigner sur les réactions de deuil, la gestion du stress ainsi que sur les ressources d’aide disponibles. Les séances de débriefing sont animées par un ou plusieurs professionnels de la santé mentale. L’intervention comporte habituellement une ou deux séances, lesquelles peuvent être collectives ou individuelles.

Les services pour les personnes endeuillées

Des services doivent être accessibles pour aider spécifiquement les personnes endeuillées par le suicide d’un proche qui vivent souvent des émotions difficiles (culpabilité, tristesse, colère). Ces services peuvent comprendre du suivi téléphonique, des rencontres de groupe, de famille ou individuelles, etc.

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Conclusion

Dans le cadre de ses travaux de planification, le sous-comité de travail en prévention du suicide de l’Agence a identifié une série d’avenues prometteuses afin d’assurer, d’une part, une meil-leure connaissance de la population et, d’autre part, une intervention globale et concertée entre partenaires de services. Les principales recommandations sont présentées à la suite.

Pour mieux connaître et surveiller la population à risque

Mettre en place un système de monitoring régional des personnes à risque et des interventions des CSSS en matière de prévention du suicide, incluant, entre autres :

n un comité régional de partenaires (Agence, médecins, établissements dont les centres jeunesse, organismes communautaires, groupes de recherche et représentants de personnes utilisatrices) ;

n le développement et le suivi annuel d’un tableau de bord ainsi que le développement d’indicateurs pour connaître et suivre la population à risque ;

n la mise à jour et la diffusion régulière d’un état de situation sur les suicides et les tentatives de suicide à Montréal.

Pour soutenir les médecins dans le suivi de la clientèle

Développer un projet pilote permettant de soutenir les omnipraticiens dans le suivi de leur clientèle et prévoyant :

n des mécanismes de sensibilisation des médecins à la problématique du suicide ;

n des outils communs de dépistage et d’évaluation du risque suicidaire ;

n l’identification des ressources et des activités des partenaires ;

n l’établissement de mécanismes de référence et de liaison ;

n des activités de formation.

Pour former les intervenants

Déployer un plan régional de formation générique et spécifique développé par l’Hôpital Douglas et ses partenaires.

Pour assurer la création de mécanismes de liaison et de coordination

Poursuivre l’implantation de mécanismes de liaison et de coordination inspirés du protocole MARCO sur l’ensemble du territoire montréalais.

pour en apprendre davantage sur la prévention du suicide à Montréal, les documents de référence qui ont servi à la rédaction de ce feuillet peuvent être consultés sur le Web :

n Plan d’action 2005-2010 en santé mentale : Planification de la phase II à Montréal www.santemontreal.qc.ca, section « grands plans régionaux »

n Plan d’action en santé mentale 2005-2010 : La force de liens www.msss.gouv.qc.ca, section « publications »

n Stratégie québécoise d’action face au suicide : s’entraider pour la vie www.msss.gouv.qc.ca, section « publications ».

4

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ANNExE 1

Facteurs associés au suicide selon les groupes d’âge*

prédispOsiTiONs iNdividuELLEs MiLiEu sOciaL évéNEMENTs circONsTaNciELs

ENfaNTs n conception plus ou moins mature

de la mortn lacunes dans la capacité de résolution de

problèmesn présence de désordres psychiatriques

JEuNEs

n peu d’aptitudes à développer des mécanismes d’adaptation

n tentative antérieure de suiciden problèmes d’apprentissage et d’impulsivitén désordres psychiatriques associés à une

dépression, à une conduite antisociale ou à l’abus de certaines substances

n problèmes chroniques dans les relations avec les pairs

n attachement pathologique aux parentsn perte d’un parent tôt dans la vien difficulté de reconnaissance ou

d’acceptation de l’orientation sexuelle

aduLTEs

n manque d’aptitudes à résoudre certains problèmes

n tentative antérieure de suiciden être détenu ou prévenun désordres psychiatriques, tels que

dépressions (particulièrement uni polaires), schizophrénie, troubles d’anxiété et troubles de la personnalité

n facteurs génétiques et biologiquesn traits de personnalité (anxiété,

sentiment de perte de contrôle, faible estime de soi, traits névrotiques)

n abus de certaines substances (alcool et drogues)

n difficulté de reconnaissance ou d’acceptation de l’orientation sexuelle

pErsONNEs âgéEs

n désordres psychiatriques associés à une comorbidité physique

n maladies chroniques (dépendance, douleur)

n problèmes d’abus d’alcool

* Stratégie québécoise d’action face au suicide : s’entraider pour la vie, MSSS, 1998.

n banalisation du suicide par les médiasn histoire familiale d’abus d’alcool

et de droguesn suicide ou tentative de suicide

chez les parentsn psychopathologie chez les parentsn violence parentale ou abus sexuel

n isolement social et perte d’intégration sociale

n manque d’aptitudes familiales à aider les jeunes suicidaires

n psychopathologie chez un des parentsn antécédents suicidaires dans la famillen taux de chômage élevé et pauvreté

des enfants et des jeunesn sensationnalisme dans la présentation

du suicide par les médiasn suicide considéré comme un

comportement jugé acceptable ou « privé »

n abus et négligence

n absence d’un réseau social et isolement associé au divorce, au veuvage ou à une séparation

n taux de chômage élevén suicide considéré comme

un comportement acceptablen abus sexuel ou physique chez la femme

n isolement social des personnes âgéesn pauvretén télédiffusion des comportements

suicidaires des personnes âgéesn suicide chez les personnes âgées

jugé socialement acceptable

n séparation, divorce ou décès d’un parent

n décès ou divorce des parentsn accès facile aux moyens d’attenter

à sa vien consommation d’alcool et de droguesn conflit sérieux avec un membre

de la famillen imitation ou contagion des

comportements suicidairesn perception d’un rejet par la famillen rejet par les pairs ou perte

d’une relation significativen échec scolaire, expulsion de l’école

et pressions pour réussir

n accessibilité à des armes à feun consommation d’alcool et de droguesn présence d’une maladie grave

(sida, personnes séropositives)n événements humiliantsn fin d’une relation significative ou

problèmes interpersonnels importants

n abus ou mauvais usage de médicaments

n veuvage chez les hommesn placement dans un centre d’accueil

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ANNExE 2

Composition du sous-comité de travailen prévention du suicide

Les personnes suivantes ont participé aux travaux de planification relatifs à la prévention du suicide à Montréal dans le cadre de la mise en œuvre du Plan d’action en santé mentale 2005-2010 : La force des liens. Nous tenons à les remercier et à souligner leur engagement et leur disponibilité tout au long du processus.

(au 1er juin 2008)

L’Agence tient également à remercier les chercheurs du Centre de recherche et d’intervention sur le suicide et l’euthanasie de l’Université du Québec à Montréal (CRISE).

Mme françoise alarie, adjointe au responsable du secteur Écoles et Milieu en santé, Direction de santé publique, Agence de MontréalMme Michèle bérubé, responsable de la planification, Direction des ressources humaines, de l’information et de la planification, Agence de MontréalMme carina cyr, conseillère clinique, Info-Social, CSSS de la Montagnedre Lise dauphin, omnipraticienne, CSSS du Sud-Ouest–VerdunMme anne duret, coordonnatrice du soutien clinique spécialisé, Direction des services professionnels et des Affaires universitaires, Centre jeunesse de Montréal Mme isabelle ferland, directrice, Centre de crise L’Autre Maison Inc.Mme sylvie giard, coordonnatrice par intérim, Santé mentale, dépendances et organismes communautaires, CSSS de la Pointe-de-l’Île

Mme Marie gibeault, directrice,Services généraux et santé mentale, CSSS de la MontagneM. Jean-claude Judon, utilisateur de servicesM. andré Landry, directeur général, Suicide Action Montréaldr Yvan pelletier, psychiatre, Hôpital du Sacré-Cœur de MontréalMme Jeanne-Mance pilon, chef de projets, Direction associée gestion de projets, Agence de MontréalM. stéphane sabourin, chef d’administration, Programmes DI-TED, santé mentale jeunesse et responsable de l’équipe pivot, CSSS de la Pointe-de-l’ÎleM. françois sainte-Marie, directeur, Centre de crise de l’Ouest de l’Île Mme Johanne Trépanier, conseillère, Direction des ressources humaines, de l’information et de la planification, Agence de Montréal

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