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PersuasionJane Austen

Fiche de lectureDocument rédigé par Cécile Perrel

maitre en lettres modernes(Université de Bretagne occidentale)

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RÉSUMÉ 3

ÉTUDE DES PERSONNAGES 6Anne Elliot

Frederick Wentworth

La famille Elliot

Lady Russell

Mrs Clay

CLÉS DE LECTURE 8Une représentation de l’Angleterre géorgienne

La place de la femme dans la société

La vie mondaine

PISTES DE RÉFLEXION 10

POUR ALLER PLUS LOIN 11

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2PersuasionFiche de lecture –LePetitLittéraire.fr –

Jane AustenÉcrivaine anglaise

• Née en 1775 à Steventon• Décédé en 1817 à Winchester• Quelques-unes de ses œuvres :

Orgueil et Préjugés (1813), romanEmma (1815), romanPersuasion (1818), roman

Jane Austen est une femme de lettres anglaise née en 1775 et décédée en 1817. Fille d’un recteur de l’Église anglicane faisant partie de la bonne société anglaise, elle grandit entourée de ses six frères et de sa sœur. Ses parents n’ayant pas les moyens de lui offrir de lon-gues études, elle doit son éducation à son père, à ses frères et à la bibliothèque familiale, particulièrement bien pourvue et à laquelle elle a un libre accès. Elle ne s’est jamais mariée et a vécu toute sa vie aux côtés de sa famille.

Ses œuvres contiennent souvent une critique des romans sentimentaux de la seconde moitié du xviiie siècle. Jane Austen y dénonce la dépendance de la femme par rapport à son mari. Les principaux romans publiés de son vivant sont Raison et Sentiments (publié anonymement en 1811), Orgueil et Préjugés (1813), Mansfield Park (1814) ou encore Emma (1815).

PersuasionUne histoire d’amour

à l’issue incertaine

• Genre : roman• Édition de référence : Persuasion, traduit de l’anglais

par André Belamich, Paris, Éditions 10/18, coll. « Domaine étranger », 2001, 256 p.

• 1re édition : 1818• Thématiques : amour, mariage, argent, mondanités,

éducation de la femme, féminisme

Persuasion est un roman publié en 1818, à titre posthume. Il raconte l’histoire d’Anne Elliot, une jeune Anglaise de vingt-sept ans, qui retrouve par hasard Frederick Wentworth dont elle a refusé la demande en mariage quelques années plus tôt. À l’époque, la jeune fille s’était laissée persuadée qu’une telle union ne présentait aucun intérêt économique. Mais aujourd’hui, Anne se rend compte qu’elle éprouve encore des sentiments pour Mr Wentworth et elle ne sait comment réagir, d’autant plus que des soucis familiaux chamboulent sa vie jusqu’alors bien réglée.

À travers ces retrouvailles dont l’issue demeure incer-taine tout au long de l’ouvrage, Jane Austen aborde la position de la femme dans la société géorgienne ainsi que la vie mondaine à Bath, ville d’eau très en vogue au xixe siècle.

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RÉSUMÉ

CHAPITRES 1-5Anne Elliot, une jeune Anglaise de vingt-sept ans, vit avec son père, Sir Walter Elliot, et sa sœur ainée, Elizabeth, sur les terres familiales de Kellynch. La benjamine de la famille, Mary, vit non loin de là, à Uppercross, avec son mari, Charles Musgrove.

Vaniteux et sot, Sir Walter s’entend particulièrement bien avec sa fille ainée, qui a hérité de son caractère. C’est donc chez Lady Russell, autrefois amie intime de sa défunte mère, qu’Anne trouve du réconfort et de l’affection.

Menant un grand train de vie et dépensant plus que ses ressources ne le lui permettent, Sir Walter est quasiment ruiné. La seule solution viable est de louer le domaine et de partir s’installer à Bath, où Lady Russell séjourne chaque hiver. Le château familial est alors loué à l’amiral Croft, qui sert dans la Royal Navy, et à son épouse, née Wentworth. Celle-ci n’est autre que la sœur de Frederick Wentworth qu’Anne a failli épouser quelques années auparavant. La jeune femme avait été contrainte de décliner sa demande en mariage, Sir Walter trouvant cette alliance déshonorante et Lady Russell la jugeant malheureuse : le jeune homme n’avait pas de fortune, aucune relation et son métier d’officier de la marine comportait trop d’aléas. Anne s’était rangée à l’avis de son amie malgré de profonds regrets. Huit ans après, Frederick Wentworth a acquis une solide fortune, il est monté en grade et sa situation est prospère.

Alors que le départ pour Bath est imminent, Mary, souffrante, réclame la présence d’Anne à ses côtés. Il est donc décidé que la jeune femme restera auprès de sa sœur et qu’elle rejoindra sa famille plus tard.

CHAPITRES 6-13Le séjour d’Anne chez les Musgrove s’annonce sous les meilleurs auspices. Charles est un homme charmant, et Anne apprécie beaucoup ses parents et ses deux sœurs, Henriette et Louise, qui vivent à proximité.

Les Croft, les nouveaux occupants de Kellynch, arrivent dans leur résidence, et bientôt, on annonce la venue du frère de Madame, à la grande appréhension d’Anne qui redoute de se retrouver face à son ancien amour. La rencontre a finalement lieu : les deux jeunes gens sont froids et distants.

Au fil des jours, une relation amicale se tisse entre le jeune Wentworth et les Musgrove, et un secret espoir nait chez ces derniers : celui d’une union entre l’une des filles et Frederick, qui semble plus particulièrement attiré par Louise, Henriette étant déjà pratiquement fiancée à un voisin.




Alors que le départ d’Anne pour Bath approche, une excursion de quelques jours à Lyme, petit port voisin, est décidée. Là-bas, Anne croise à plusieurs reprises un homme qui semble s’intéresser à elle et qui la regarde avec insistance. Après avoir pris des renseignements, elle découvre qu’il s’agit de Mr Elliot, l’héritier présomptif de son père et qui n’est autre que son propre cousin. Elle ne le connait cependant pas car l’homme a autrefois coupé toute relation avec cette branche de la famille.

Alors que le groupe fait une dernière promenade avant le retour, Louise Musgrove chute et se blesse. Son état l’empêchant de voyager, les Harville, un couple d’amis du capitaine Wentworth, proposent de l’héberger. Mary reste pour veiller sur sa belle-sœur. Le reste du groupe quitte le petit port et Anne prépare son voyage pour Bath.

CHAPITRES 14-24Par une lettre d’Elizabeth, Anne apprend que Mr Elliot est en villégiature à Bath. Il a déjà rendu plusieurs visites à la famille, à leur grand étonnement étant donné son attitude passée. Là-bas, Sir Walter et Elizabeth retrouvent également Mrs Clay, une amie de la jeune fille dont la présence alimente les commérages : cherche-t-elle à épouser Sir Walter, veuf depuis de nombreuses années ?

Anne rejoint enfin la ville thermale. Elle y retrouve avec plaisir Mrs Smith, une ancienne camarade de pension, aujourd’hui veuve et presque ruinée.

Lady Russell est ravie du changement d’attitude de Mr Elliot envers sa famille. Elle est persuadée qu’il souhaite épouser Anne, qui ne sait que penser de son cousin, si ce n’est qu’il semble manquer de franchise.

Anne reçoit une lettre de Mary lui annonçant que les Croft vont également venir séjourner à Bath et que Louise, rétablie, va épouser le capitaine Benwick. Cette nouvelle la surprend, elle qui pensait la jeune fille éprise de Frederick Wentworth. Mais la pensée que le jeune homme est libre la comble de joie.

Peu de jours après, les Croft arrivent, accompagnés de Frederick. Anne et Frederick se fréquentent et, peu à peu, une nouvelle relation se tisse entre eux. Cependant, la présence continue de Mr Elliot, qui ne quitte pas Anne, rend toute relation plus intime impossible.

De plus, Mrs Smith fait bientôt à Anne une révélation qui éclaire la jeune femme sur la véri-table personnalité de son cousin : Mr Elliot était l’ami intime de son défunt mari. Pendant de nombreuses années, les Smith lui ont prêté de l’argent, lui permettant d’évoluer dans la bonne société. Mais quand ses amis ont commencé à avoir des soucis pécuniaires, il les a poussés à faire des investissements qui les ont ruinés. Aujourd’hui devenu riche, Mr Elliot ignore la veuve de son ancien ami et ne l’aide pas à récupérer une partie de sa fortune bloquée aux Indes. Anne est reconnaissante à Mrs Smith de lui avoir avoué la vérité. Elle sait dorénavant à quoi s’en tenir.

Quelques jours plus tard, Frederick Wentworth remet à Anne une lettre dans laquelle il lui avoue son amour. La jeune femme lui confie qu’elle l’aime encore elle aussi. Le mariage est décidé et, cette fois, personne ne s’y oppose.




Pendant ce temps, Mr Elliot a bizarrement disparu. On apprend enfin la raison de son séjour à Bath et de son rapprochement avec sa famille : il craignait une union entre Sir Walter et Mrs Clay. En effet, si un fils naissait de ce mariage, Mr Elliot se trouvait définitivement évincé de l’héritage de Kellynch. Voyant que cette union ne se ferait pas, il avait décidé d’épouser Anne. Mais ses plans s’étaient trouvés contrecarrés et il s’était finalement enfuit à Londres en compagnie de Mrs Clay.




ÉTUDE DES PERSONNAGES

ANNE ELLIOTAnne Elliot est une jeune femme de vingt-sept ans, seconde fille d’un baronnet quasiment ruiné. Si elle a été très jolie dans sa jeunesse, elle est aujourd’hui un peu fanée, terne physiquement, mais toujours vive et intelligente. Dotée d’un grand esprit, c’est une personne sensée qui se retrouve un peu isolée entre son père et sa sœur ainée, tous deux particulièrement snobs et fats.

Se laissant persuader de refuser la demande en mariage d’un jeune officier de la Royal Navy, Anne ne semble pas présenter la force de caractère que l’on peut trouver chez d’autres per-sonnages féminins de Jane Austen – comme par exemple Elisabeth Bennet, héroïne d’Orgueil et Préjugés (1813), une jeune femme à la volonté de fer, bien résolue à trouver le bonheur et qui ne se laisse dicter sa conduite par personne. Ce n’est que huit ans plus tard, alors qu’elle a muri et souffert d’avoir écouté les conseils des autres (amour malheureux, jeunesse ruinée, beauté étiolée, etc.) qu’Anne acquiert de l’indépendance par rapport à son cercle familial et amical. Dorénavant, elle choisit elle-même ses amis, même si cela ne plait pas à son père (qui trouve assez dégradante la relation de sa fille avec Mrs Smith, ruinée et vivant dans un quartier populaire). Elle prend également seule la décision d’accepter la nouvelle demande en mariage de Frederick Wentworth, se moquant du sentiment de ses proches sur la question.

FREDERICK WENTWORTHOfficier en vue de la Royal Navy, volontaire, courageux et intelligent, Frederick Wentworth a fait fortune alors que sa naissance n’en laissait pas espérer autant. Autrefois éconduit par Anne, il n’a pas réussi à l’oublier, mais il est trop fier pour pardonner l’affront qui lui a été fait. Il retournera finalement vers la jeune fille en lui avouant qu’il n’a jamais cessé de l’aimer.

LA FAMILLE ELLIOT• Sir Walter Elliot est le père d’Anne. Veuf depuis de nombreuses années, il a élevé seul ses filles.

Vaniteux, se souciant beaucoup de son allure et des apparences, il a vécu jusqu’à présent bien au-dessus de ses moyens et se voit dès lors contraint de mettre en location son domaine de Kellynch et d’aller vivre ailleurs, plus sobrement.

• Elizabeth Elliot est l’ainée de la famille. Elle a le même caractère que son père et un seul but : épouser l’héritier présomptif de son père afin de rester la maitresse de Kellynch.




• Mary Elliot est la benjamine de la famille. Elle est la seule à s'être mariée, avec Charles Musgrove, qui avait auparavant demandé Anne en mariage et qui, devant le refus de la jeune femme, s’était contenté de sa sœur. Mary est hypocondriaque et réclame une atten-tion constante sous peine de langueur et de dépression. Elle a plusieurs enfants dont Anne s’occupe avec plaisir.

• Mr Elliot est le cousin de la famille et l’héritier présomptif du domaine puisque Sir Walter Elliot n’a pas de fils. Il a depuis longtemps cessé d'entretenir toute relation avec sa famille et s’est marié avec une femme très riche. Aujourd’hui veuf, il cherche à reprendre contact avec ses cousins, par intérêt : l’homme désire en effet s’assurer que les biens de la famille lui reviendront comme convenu. C’est un homme calculateur et profondément vénal.

LADY RUSSELLLady Russel était l’amie intime de Mrs Walter. Depuis la mort de celle-ci, elle est restée proche de la famille et plus particulièrement d’Anne en qui elle retrouve les qualités de sa mère. C’est une femme bienveillante, charitable et cultivée. Lorsqu’elle convainc Anne de repousser la demande de Wentworth, elle pense sincèrement que c’est la meilleure chose à faire pour la jeune femme.

MRS CLAYMrs Clay est la fille du régisseur de Kellynch. Déjà mariée puis divorcée, elle a des enfants dont le roman ne fait cependant pas état. C’est l’amie intime d’Elizabeth, au grand dam de Lady Russell qui trouve cette relation déplacée, étant donné la naissance de Mrs Clay et son rang inférieur dans la société.

La venue de Mrs Clay à Bath chez les Walter fait beaucoup parler car on lui prête le secret désir de se faire épouser par Sir Walter. Sa psychologie n’est pas détaillée dans le roman, mais tout laisse à croire que c’est une femme calculatrice puisqu’elle n’hésite pas à s’enfuir avec Mr Elliot à la fin de l’œuvre. Son amitié pour Elizabeth était certainement feinte, son seul but étant de se hisser dans la bonne société.




CLÉS DE LECTURE

UNE REPRÉSENTATION DE L’ANGLETERRE GÉORGIENNETous les romans de Jane Austen ont pour cadre temporel la période géorgienne, époque qui couvre la fin du xviiie siècle et le début du xixe siècle, soit du début du règne de George Ier (1660-1727) à la fin du règne de George IV (1762-1830). Ces années recouvrent exactement la vie de Jane Austen. La romancière fut donc un parfait témoin de l’Angleterre de cette époque.

Ce fut une période riche en évolution à bien des niveaux :

• la couronne d’Angleterre connut plusieurs années de guerre contre l’armée napoléonienne. La Royal Navy se distingua particulièrement et c’est à ce corps d’armée que l’Angleterre dut sa victoire. Persuasion propose ainsi une image particulièrement positive de la Royal Navy. Les deux principaux officiers dont il est question dans le texte, Croft et Wentworth, possèdent les mêmes qualités : ils sont francs, cordiaux et directs. Tout le contraire de la famille Elliot dont les principales caractéristiques sont le snobisme et la prétention. Ce sont des hommes qui doivent leur réussite uniquement à leur valeur personnelle et non à leur naissance ou à leur fortune, contrairement au milieu qu’Anne a l’habitude de fréquenter ;

• l’instruction féminine se développe et se démocratise. Anne Elliot incarne cette évolution : c’est une jeune fille cultivée, qui connait les auteurs et qui est capable de soutenir une conversation sur la littérature. On peut notamment penser à ses conversations avec le capitaine Benwick lors de son séjour à Lyme : « Ils eurent rapidement passé en revue leurs plus grands poètes et tâché d’établir si l’on devait préférer Marmion ou La Dame du Lac, quelle était la valeur du Giaour et de L’Épousée d’Abydos… » (p. 120) ;

• les prémices du féminisme commencent à apparaitre, notamment avec Mary Wollstonecraft (plus connue sous le nom de Mary Shelley, 1759-1797) et son ouvrage Défense des droits de la femme paru en 1792. Jusqu’à cette époque, la femme était placée sous le joug de son père, puis de son mari, sans aucune liberté, même concernant le choix de son époux. Jane Austen considère cela comme une coutume à abolir puisqu’elle écrit au début du dernier chapitre : « Quand deux jeunes gens se mettent en tête de se marier, on peut être sûr qu’à force de persévérance, ils finissent par avoir gain de cause, si pauvres, si imprudents, si peu nécessaires qu’ils puissent être chacun au bonheur de l’autre. Ce serait, pour conclure, une triste moralité, mais je la crois vraie… » (p. 290)

LA PLACE DE LA FEMME DANS LA SOCIÉTÉComme on vient de l’évoquer, dans la société géorgienne, la femme se trouvait dans une situation complexe. Elle était totalement soumise à l’autorité masculine et le patrimoine d’une famille était transmis uniquement à un héritier mâle. Le cas de la famille Elliot est particulièrement représentatif de ce schéma : Sir Walter a trois filles mais aucune d’elle n’héritera du domaine de Kellynch, qui reviendra à un lointain cousin, Mr Elliot.




Par ailleurs, même mariée, la femme a une situation relativement précaire : elle n’a aucun droit. Prenons le cas de Mrs Smith, l’amie qu’Anne retrouve à Bath. Cette femme est veuve et son mari est mort en la laissant criblée de dettes. Elle sait qu’un fonds financier est disponible aux Indes, mais il lui est impossible de l’obtenir. Il faudra l’intervention de Frederick Wentworth pour qu’elle entre en possession de ce qui constitue pourtant son bien. Comme on le constate, les femmes n'ont donc aucun pouvoir.

Elles doivent dès lors se montrer particulièrement prudentes dans leur choix marital, et c’est ce qui prive Anne du bonheur dans un premier temps, Wentworth n’étant alors pas considéré comme un parti convenable : « Le capitaine Wentworth n’avait pas de fortune. Il avait eu de la chance dans son métier, mais, dépensant largement ce qui était venu largement, il n’avait rien ramassé. […] Cela ne faisait que donner au jeune homme un caractère dangereux. » (p. 35)

Par la suite, alors qu’Anne aime encore Wentworth, c’est à lui que revient le rôle de faire le premier pas et, par orgueil et parce qu’il a été blessé par le refus passé, il ne se décide que tardivement à avouer son amour. Les femmes sont donc toujours tributaires du choix des hommes.

LA VIE MONDAINEPersuasion évoque les rapports sociaux selon deux points de vue distincts : d’abord les rap-ports dans un milieu habituel, puis les relations dans une ville d’eau, Bath, que Jane Austen fréquenta elle-même.

Dans leur milieu d’origine, les Elliot n’ont pas vraiment de relations sociales dans les alentours de leur domaine de Kellynch, même pas avec leur voisinage, hormis Lady Russell et Mrs Clay. Kellynch n’est pas le lieu de fêtes ou de réunions auquel on pourrait s’attendre, comme on en retrouve dans d’autres romans de Jane Austen (pensons par exemple à Orgueil et Préjugés ou à Emma). La vie sociale des Elliot à Kellynch est quasi inexistante.

Par ailleurs, Kellynch n’est pas un lieu de vie agréable : on peut en effet penser à la cheminée qui fume dans la pièce du petit-déjeuner ou à la porte de la blanchisserie qui dérange tant l’amiral Croft qu’il s’empresse de la faire réparer.

À Bath, Sir Walter loue une jolie demeure dans un secteur huppé de la ville. Les Elliot ne fré-quentent que la bonne société. Ils courent constamment après les rencontres, dans l’optique de frayer avec les personnages les plus en vue. Peu de temps après l’arrivée d’Anne à Bath, la ville va regrouper tous les acteurs de l’histoire : les Musgrove, les Croft, Frederick Wentworth. Tous se fréquentent chaque jour dans des salons privés ou lors de concerts en petit comité. La ville est le théâtre idéal pour le dénouement de l’intrigue puisque tout le monde s’y croise à tout moment. Frederick Wentworth ne pouvait trouver un meilleur endroit pour enfin faire sa déclaration à Anne.




PISTES DE RÉFLEXION

QUELQUES QUESTIONS POUR APPROFONDIR SA RÉFLEXION…• Comparez Anne Elliot aux principales héroïnes de Jane Austen (Elizabeth Bennet,

Emma Woodhouse, etc.). En quoi leur ressemble-t-elle ou s’en différencie-t-elle ?• Les romans de Jane Austen font une large place à la condition féminine dans l’Angleterre géor-

gienne. Connaissez-vous d’autres romans qui traitent de ce thème ? En quoi se rapprochent-ils ou s’éloignent-ils de ceux de notre auteure ?

• Jane Austen a pu être comparée aux sœurs Brontë, Charlotte et Emily, auteures notamment de Jane Eyre et des Hauts de Hurlevent. Pensez-vous que cette comparaison soit justifiée ? Expliquez votre position à l’aide d’exemples précis tirés des principales œuvres de chacune des auteures.

• Quelle image de l’amour Jane Austen propose-t-elle dans son roman ?• Ce roman nous donne beaucoup d’indications historiques. Peut-on dire pour autant qu’il

s’agit d’un roman historique ?• Jane Austen vit dans une époque en pleine évolution qui voit, notamment, les premiers balbu-

tiements du féminisme. En posant au centre de sa narration une héroïne féminine, Persuasion est-il pour autant un roman féministe ? Développez.

• Expliquez le choix du titre, Persuasion. Développez votre réflexion à l’aide d’arguments précis et d’exemples tirés de l’œuvre.




POUR ALLER PLUS LOIN

ÉDITION DE RÉFÉRENCE• Austen J., Persuasion, traduction d'André Belamich, Paris, Éditions 10/18, coll. « Domaine

étranger », 2001.

SUR LEPETITLITTÉRAIRE.FR• Fiche de lecture sur Orgueils et Préjugés de Jane Austen

© LePetitLittéraire.fr, 2013. Tous droits réservés.www.lepetitlitteraire.fr




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