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Perspectives Economiques – Mai 2017 Philippe WAECHTER Directeur de la Recherche Economique Compte Twitter: @phil_waechter ou http://twitter.com/phil_waechter SoundCloud http://soundcloud.com/phil_waechter Blog: http://philippewaechter.nam.natixis.com

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Page 1: Perspectives Economiques –Mai 2017 - Dynamique de l ... · PDF fileQuelles sont les questions? (3/4) 6 • Où sont les risques ? (suite) Ce qui est surprenant ici est l'absence

Perspectives Economiques – Mai 2017

Philippe WAECHTER Directeur de la Recherche EconomiqueCompte Twitter: @phil_waechter ou http://twitter.com/phil_waechterSoundCloud http://soundcloud.com/phil_waechterBlog: http://philippewaechter.nam.natixis.com

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Cinq Points à Retenir

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• Le commerce mondial retrouve une allure haussière – Cela traduit la capacité pour l'économie globale de croître plus rapidement

• L'Asie est la principale source d'accélération des échanges. L'impulsion de la croissance globale est fortement conditionnée par cette région du monde.

• La zone Euro connait une période plus optimiste qui devrait se traduire par une croissance plus rapide avec plus d'emplois et plus d'investissement. La Banque Centrale Européenne maintiendra une politique accommodante tant que l'inflation ne convergera pas vers 2%; donc pas avant 2019 lorsque la hausse des salaires sera plus solide

• Le risque est américain. Le manque d'impulsion endogène forte et l'absence de politique économique sont des sources d'incertitude. La Fed va continuer sa stratégie de relèvement de ses taux d'intérêt avec une remontée dès juin. Le programme de gestion du bilan qui se traduira par un réinvestissement moindre des revenus du portefeuille de la banque centrale commencera vers la fin de l'année.

• Le risque est l'incertitude américaine, la mise en place effective des négociations sur le Brexit et le montant à payer pour Londres qui conditionnera le dialogue, l'inquiétude à nouveau sur l'endettement excessif en Chine qui s'est traduit par une dégradation de la note chinoise par Moody's.

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Synthèse

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• La croissance globale est plus robuste. Cela se perçoit par une amélioration dans la dynamique du commerce mondial

• L'allure de la croissance en zone Euro devient plus vertueuse et plus robuste avec des anticipations fortes sur l'investissement et l'emploi.

• Les politiques économiques plus lisibles en zone Euro expliquent cette amélioration de la conjoncture. La politique budgétaire est neutre et la politique monétaire est accommodante depuis un moment et va le rester notamment dans la zone Euro

• L'incertitude vient des USA où l'absence de politique économique implique un manque préoccupant d'impulsion sur la conjoncture. Celle-ci manque de robustesse en dépit d'un taux de chômage très bas.

• Accélération temporaire de l'inflation en raison de la stabilisation du prix du pétrole et d'un effet saisonnier en zone euro au mois d'avril. Convergence vers l'inflation sous-jacente dans la deuxième partie de l'année (autour de 1%)

• Stabilité des politiques monétaires qui ne réagiront pas à cette accélération temporaire de l'inflation – La BCE maintiendra sa stratégie

• La Fed va remonter son taux de référence à 3 reprises en 2017. Sa volonté de trouver des marges de manœuvre dans la gestion de la conjoncture et l'atteinte de ses objectifs expliquent ce choix.

• Risques politiques forts

� La mise en œuvre du Brexit sera pénalisant pour le Royaume Uni

� Incertitude sur la politique économique américaine

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Quelles sont les questions? (1/4)

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• Quelle est la dynamique de croissance de l'économie mondiale?Les signaux relatifs à l'activité économique sont robustes. Le décalage perçu entre les enquêtes auprès des chefs d'entreprise, très optimistes et les données réels de l'activité s'estompe. Les indicateurs de production industrielle ont été forts en zone Euro en mars et en avril aux USA. Du côté des ménages, la situation est aussi perçue comme plus optimiste. Cela relâche les contraintes sur la consommation. On perçoit aussi des indications suggérant une accélération du commerce mondial, notamment du côté des émergents (Asie) avec la stabilisation du prix des matières premières.

• Quelles sont les principales raisons de cette amélioration?Il n'y a plus cette forme de précipitation dans les ajustements macroéconomiques après la crise de 2008 et celle de 2011/2012 en zone Euro. Au cours de ces périodes, il y avait à la fois de l'incertitude sur l'environnement et les politiques menées, des ajustements forts à mettre en œuvre chez les acteurs privés (ménages et entreprises) et la volonté de réduire trop rapidement les déséquilibres rapidement. Cela avait fonctionné en 2009 lors de la relance massive au sein des grands pays afin de limiter l'extension de la crise après Lehman. Par la suite, la volonté de contraindre l'activité via des politiques trop rapidement et trop fortement restrictives n'avait pas permis de maintenir une allure haussière de l'activité. Les obsessions ne sont plus les mêmes désormais et la nécessité d'ajuster le cycle économique et de réduire la dynamique de la dette publique n'est plus aussi marquée. En outre, les politiques monétaires très accommodantes dans la durée ont eu un rôle salvateur. Elles ont réduit les contraintes du moment et l'anticipation de taux d'intérêt durablement bas a conditionné les attentes de l'ensemble des acteurs de l'économie.Un autre aspect est que la réduction du prix de l'énergie a permis de dégager des marges du côté du consommateur et aussi des entreprises. Ainsi aux USA, la part des dépenses en essence dans les ventes de détail est passée de 11.5% entre 2012 et mi-2014, lorsque le prix du pétrole était voisin de 110 dollars, à 8.1% en moyenne depuis le début de l'année 2017. Cela laisse du pouvoir d'achat supplémentaire au consommateur. La rupture dans le prix à partir de la mi-2014 a favorisé le consommateur mais pénalisé l'investissement notamment aux USA. La stabilisation actuelle ne devrait plus être une contrainte notamment pour l'investissement.

• Peut on être plus optimiste dans la durée? Plutôt car la politique économique est devenue moins brutale. Chaque décideur est bien conscient aujourd'hui du risque associé à une rupture dans la politique économique. Chacun développe une forme d'orientations prospectives (forward guidance) pour indiquer l'allure à venir des choix qui seront faits. Sur ce point, la Fed est spectaculaire puisqu'elle annonce clairement ses intentions et les valide par la suite. Personne n'est surpris mais chacun ajuste ses choix et ses orientations en fonction de ce type d'information.

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Quelles sont les questions? (2/4)

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• Comment se situe l'économie de la zone Euro?La situation gagne en robustesse en raison notamment de cette lecture plus directe et moins incertaine des politiques économiques. Les politiques budgétaires seront au pire neutres et la politique monétaire restera accommodante dans la durée. Les enquêtes sont solides et les risques politiques moins marqués qu'en début d'année. Le risque sur l'institution qu'est la zone Euro s'est dissipé après le vote en Autriche, puis celui des Pays-Bas et enfin en France où le dernier débat et le dernier thème de la campagne présidentielle portait sur la question européenne et l'appartenance à la zone Euro. Les français ont clairement tranché en faveur de l'Europe et de la zone Euro. Le cycle de la zone Euro est plutôt vertueux car il provoque une dynamique d'emplois qui est solide alors que les entreprises investissent davantage. Les échanges s'intensifient au sein de la zone et la croissance devient plus autonome. La rythme de croissance sera durablement plus élevé que la tendance de 1.6% observée depuis la reprise qui débute au début de 2013.

• Comment se situe l'économie française?Elle s'inscrit parfaitement dans la dynamique de la zone Euro. Le risque d'une sortie de la zone Euro est écarté et l'objectif désormais doit être de caler l'économie française sur une dynamique d'emploi plus robuste afin de créer un profil de croissance plus fort. C'est l'enjeu du quinquennat qui s'ouvre. Pour l'instant la croissance en tendance (depuis le début 2013) est de 1%. J'attends des chiffres plus élevés en 2017 et 2018 au voisinage de 1.5% L'amélioration du marché du l'emploi doit permettre d'aller au-delà. Les premiers signaux du deuxième trimestre suggèrent une accélération significative de la croissance au printemps

• Où est le risque?Aux Etats-Unis. Je ferai trois remarques 1 – Le cycle est long et manque d'impulsion. En dépit d'un taux de chômage très bas il n'y a pas une activité soutenue. C'est probablement en raison du biais dans la distribution des revenus, biais en faveur des hauts revenus. C'est pour cela que je ne crois pas à une baisse du taux d'épargne. Il n'y aura pas de reprise par ce biais.2 – Il n'y a toujours pas de politique économique. L'abrogation d'Obamacare n'aura pas lieu et cela ne permettra pas de dégager des économies nécessaires pour financer la politique de réduction d'impôts. Comme celle-ci accentuait encore davantage le biais dans la distribution des revenus, ce n'est pas forcément un mal d'autant que cette baisse d'impôt ne se financerait pas par une accélération à venir de la croissance (l'impact sur l'activité ne compensera pas le coût de la mesure dans la durée). L'absence de politique économique peut se traduire par un changement radical des acteurs de l'économie. De très optimiste dans l'attente de la dérèglementation et de la baisse d'impôts il y a un risque de déception forte qui pénaliserait l'activité.

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Quelles sont les questions? (3/4)

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• Où sont les risques ? (suite)Ce qui est surprenant ici est l'absence de préparation des républicains dans les options de politique économique. Généralement, les principales mesures de politique économique sont prises au début d'un mandat pour marquer la rupture du nouveau président (cela n'est pas spécifique aux USA). Là après plus de 100 jours à la Maison Blanche aucune mesure tangible n'a été prise. C'est préoccupant.3 – Plus récemment, la possibilité d'une procédure d'impeachment a été évoquée. Donald Trump, après ses confidences aux russes sur des informations secrètes et après les révélations sur le FBI, pourrait faire l'objet d'une telle procédure. C'est une procédure qui doit être initiée par la Chambre des Représentants et qui s'achève par le vote des sénateurs. Ceux-ci pour valider l'impeachment et le retrait de la personne visée (ici le président) doivent avoir une majorité des 2/3. On en est loin car il faut des preuves mais si celles-ci sont fournies alors la situation pourrait évoluer rapidement car les élections de mid-term se rapprochent et cela pourrait hâter la procédure pour un président très impopulaire.

• Et le Brexit?Je pense toujours que c'est un élément qui pèsera dans la durée sur la conjoncture britannique. La première étape est l'acceptation par le gouvernement anglais du paiement de 60 à 100 milliards d'euros. La résolution de ceci conditionnera la suite et la possibilité d'un accord qu'il pourrait y avoir Theresa May et la Banque d'Angleterre maintiennent l'idée que finalement le Brexit, après quelques inflexions de court terme, sera finalement sans incidence grave sur la dynamique de l'économie britannique. Ces positions traduisent un positionnement politique et sont nécessaires pour la cohérence de la société britannique mais elles n'arrivent pas à convaincre les économistes.

• L'inflation est il un risque?Non. Je ne crois pas à une remontée des prix du pétrole en raison de stocks très importants et d'une offre toujours très volumineuse en dépit de l'accord signé par certains producteurs (Arabie, Russie notamment). Le prolongement de cet accord de 9 mois ne permet pas d'anticiper un prix durablement plus élevé.Cela veut dire que le profil de l'inflation restera dépendant, aux éventuels pics temporaires de volatilité liés au prix de l'énergie, du profil des salaires. Il y a peu de pressions à la hausse aux USA, il n'y en a pas en zone Euro. Cela veut dire que l'on ne peut pas s'attendre à une accélération rapide de l'inflation y compris aux USA.On doit anticiper, en zone Euro, que la maturité progressive du cycle économique engendre des pressions sur les salaires. Cela pourrait se dessiner en 2018-2019. Ce n'est donc pas avant cette date que l'on doit imaginer un changement de stratégie de la BCE.

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Quelles sont les questions? (4/4)

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• Quid des politiques monétaires?Je crois qu'il n'y a toujours pas de hâte à avoir dans le changement des stratégies monétaires. On perçoit néanmoins que la BCE est partagée entre les tenants d'indications plus fortes concernant une inflexion possible dans le futur compte tenu de la reprise économique (Benoit Coeuré) et ceux qui considèrent qu'i y a encore du temps, tant que l'inflation n'est pas plus forte (Peter Praet)Cette discussion est celle qu'il y a eu aux USA et qui arrive désormais en Europe compte tenu de l'amélioration du profil conjoncturel. Aux USA, les investisseurs et certains membres des Fed régionales poussaient la banque centrale à intervenir pour ne pas être en retard dans la gestion de l'inflation. Pendant ce temps, le Board de la Fed à Washington prenait son temps considérant qu'il était urgent d'attendre les premiers signes d'inflation pour agir plutôt que de prendre le risque de pénaliser l'activité. La Fed a eu raison d'attendre.La BCE doit suivre le même chemin. L'inflation est toujours réduite même si en de début d'année il y a des effets d'accélération (temporaire sur le pétrole, saisonnier sur le prix des services). En raison de la progression limitée des salaires, il n'y a pas fondamentalement de pressions sur les prix.La BCE doit probablement modifié son langage car la conjoncture est plus robuste désormais. Elle pourrait par exemple commencer par retirer la possibilité qu'elle se donne de réduire ses taux d'intérêt. Ce propos figure toujours dans le propos introductif de Mario Draghi lors de la dernière conférence de presse suivant une réunion du comité de politique monétaire.La BCE ne va pas remonter ses taux avant un bon moment, tant que les pressions inflationnistes ne seront pas plus fortes. Au regard de la configuration cyclique, on peut s'attendre à ce que les pressions salariales démarrent progressivement à partir de 2018-2019. Ce n'est qu'à partir de là que la BCE pourra envisager une action, pas avant, même si elle peut modifier son langage d'ici là.La Fed reste sur 2 hausses de taux cette année, dont une possible dès juin et aussi trois hausses l'an prochain. A la fin de l'année elle aurait atteint certainement le niveau souhaité pour pouvoir commencer la gestion de son bilan. La Fed ne va pas arrêter du jour au lendemain ses achats d'actifs. Elle réduira progressivement les montants achetés. Elle ne veut en aucun cas brusquer les investisseurs et la dynamique des marchés. Le moment clé sera probablement 2019, année durant laquelle l'effet quantitative easing deviendra probablement négatif. C'est à ce moment là que l'alerte sur les taux d'intérêt sera significativeLa Banque d'Angleterre est partie sur le schéma d'un Brexit qui se passera bien et qui n'aura qu'un effet temporaire sur l'économie britannique. Si c'est le cas, effectivement elle devrait pouvoir imaginer de remonter son taux de référence. Mais ce n'est pas le scénario auquel nous croyons. Je pense que les taux britanniques ne remonteront pas de si tôt.

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Dynamique Globale

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• La croissance de l'économie globale s'est prolongée au premier trimestre de 2017. La seul inquiétude est le profil de l'économie américaine. Le manque d'impulsion résultant de l'absence de politique économique nous parait préjudiciable.

• C'est à mon sens le facteur d'incertitude sur la conjoncture globale en 2017. Cela sera d'autant plus important que le risque de procédure d'impeachment grandira outre-Atlantique.

• Les indices relatifs à l'activité, vue par les chefs d'entreprise, restent robustes suggérant notamment une accélération de l'activité manufacturière au cours des prochains mois. C'est toujours un signal fort sur la croissance globale et sur le profil du commerce mondial.

• Celui-ci, sous l'impulsion des pays émergents, a retrouvé depuis quelques mois une allure plus solide. Ce n'est pas encore suffisant pour lui donner le rôle qui était habituellement le sien dans la croissance mondiale mais c'est une première étape importante.

• L'Asie mais aussi l'Amérique Latine sont à l'origine de cette amélioration des échanges. C'est peut être enfin un bon signal pour le continent sud-Américain? Pas certain au regard de l'activité manufacturière et des incertitudes politiques

• L'Asie sous l'impulsion de la Chine est toujours sur une dynamique robuste. Les autorités chinoises feront le nécessaire pour que la croissance reste solide dans la durée.

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Matières Premières et Taux d'Intérêt

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• Le prix du pétrole n'a plus une contribution négative sur l'inflation comme cela pouvait être le cas depuis la mi-2014.

• On voit bien sur le premier graphique que depuis la fin 2016 le prix de l'or noir est calé autour de 50 – 55 dollars. Cela a traduit à la fois une demande un peu plus robuste mais aussi une offre qui a été resserrée de la part de plusieurs pays producteurs dont l'Arabie Saoudite et la Russie. Cependant comme les stocks sont toujours considérables et que la production américaine est toujours très importante, l'impact sur le prix du pétrole est limité.

• La volonté de réduire la production pour 9 mois supplémentaires de la part de l'Arabie Saoudite est un moyen de limiter le risque de repli du prix. Mais il apparait peu probable que l'on ait une dynamique haussière au cours des prochains mois. La baisse de la production ne sera pas suffisante pour compenser les stocks et la production américaine.

• L'accélération de l'inflation liée à l'effet pétrole depuis l'été 2016 se lit dans le profil des taux d'intérêt de long terme. On note cependant que depuis cette inflexion il n'y a plus de profil haussier de ces taux.

• C'est lié au fait que les anticipations d'inflation restent réduites partout dans le monde. Les investisseurs n'intègrent pas d'inflation dans le futur. Tant que cela sera le cas les taux d'intérêt de long terme ne progresseront pas.

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Les Etats-Unis

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• L'économie américaine manque d'impulsion. C'est ce qu'indique le profil de croissance de cette économie tant en 2016 qu'au premier trimestre 2017. Le paradoxe vient de ce qu'on pourrait attendre davantage d'une économie qui crée de nombreux emplois et dont le taux de chômage est à 4.4% en avril 2017.

• Il y a clairement une dynamique de distribution des revenus qui pénalise les revenus les plus faibles. La part dans l'ensemble des revenus des 5 déciles ayant les revenus les plus faibles a diminué et est au plus bas depuis 1970 selon les études disponibles. Elle est plus réduite que cele du 1% ayant les revenus les plus élevés depuis la fin des années 90

• Cela permet d'expliquer les raisons d'une croissance réduite de la consommation des ménages, le taux d'épargne élevé et le fait qu'il restera fort et qu'il n'y ait pas de tensions sur les salaires en moyenne.Sur le premier point, la progression réduite des revenus des personnes ayant les revenus les plus faibles ne permet pas de dynamiser la consommation surtout si ces gens sont contraints sur leur capacité à emprunterLe taux d'épargne est celui des personnes les plus aisées. Il n'a pas de raison de se réduireLa nécessité d'accepter n'importe quel emploi fait que les tensions salariales de masse sont réduites

• Les politiques préconisées par Trump (remplacement d'Obamacare, baisse d'impôts) accentueraient ces distorsions sans engendrer d'impulsion globale. On ne peut qu'être préoccupé par la situation américaine

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La dynamique de la zone Euro

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• La zone Euro continue de croitre à un rythme relativement stable mais significatif.

• Depuis 2013, le rythme annualisé de progression de l'activité est de 1.65% et tous les pays de la zone, à l'exception de la Grèce y participent.

• Cela se traduit par une réduction des contraintes sur la demande pour les entreprises. Cela s'observe dans le deuxième graphique de cette page.

• C'est une incitation forte pour les entreprises à investir et à créer des emplois.

• C'est le caractère vertueux du cycle observable actuellement en zone Euro. Il bénéficie ainsi des améliorations au sein de chaque pays, de l'intensification des échanges entre les pays de la zone et d'un contexte global plus porteur.

• C'est pour cela que l'on doit s'attendre à une croissance relativement robuste en 2017 et 2018.

• Progressivement cela se traduira par des pressions salariales plus fortes mais pas avant 2018-2019. C'est pour cela que la BCE ne doit pas se presser dans la gestion de sa politique monétaire.

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Le cycle plus vertueux en zone Euro

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• L'allure du marché du travail s'observe sur le premier graphe à droite. Les deux indicateurs, enquêtes et créations d'emplois, ont le même profil. Les chefs d'entreprise suggèrent que l'emploi va continuer de progresser.

• Ce comportement traduit la réduction de l'incertitude des chefs d'entreprise et des ménages. Cela tient à la lecture plus facile dans la durée des politiques économiques. Elles ne créent plus de chocs négatifs sur l'activité comme cela avait pu être constaté de 2011 à 2013.

• Ce changement dans l'appréhension de la politique économique et notamment le volontarisme de la BCE sont à l'origine de cette progression plus stable de l'activité.

• Néanmoins, les conditions ne sont pas les mêmes d'un pays à l'autre. On observe bien la divergence entre les pays qui ont retrouvé une allure presque normale et qui se situent en haut à droite du deuxième graphe et les pays qui comme l'Italie, le Portugal et la Grèce conservent un retard considérable et ne raccrochent pas à la tendance européenne.

• C'est ici le problème majeur de la politique économique de la zone et de la coordination de celles-ci entre les pays.

• Comment permettre par exemple à l'Italie de recoller aux autres pays? L'absence de réponse claire oblige la BCE à maintenir des taux d'intérêt très bas.

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La France

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• L'économie française progresse à un rythme plus réduit que la zone Euro. L'accélération de l'investissement et de l'emploi devrait permettre de caler la croissance française sur une trajectoire plus élevée au cours des prochains mois.

• Ce changement d'allure par rapport à la période d'avant crise traduit une réactivité insuffisante du marché du travail.

• Quand on regarde le profil du PIB par tête on relève que la France ne retrouve son niveau de 2007 qu'en 2016 alors que l'Allemagne l'a retrouvé en 2010, les USA en 2014 et le Royaume Uni en 2015. En revanche l'Italie et l'Espagne sont toujours très éloignés de ce niveau d'avant crise.

• Ce qui différencie la France de ces principaux partenaires ce n'est pas l'allure de la productivité depuis 2007. Selon les données de l'OCDE, le profil est le même entre la France et l'Allemagne.

• La différence s'observe sur la réactivité du marché du travail à l'évolution de la conjoncture. Le volume d'heures travaillées a franchement augmenté chez nos partenaires alors que ce n'est pas franchement le cas en France.

• Il y a donc des mesures à prendre sur le marché du travail afin de le rendre plus réactif et capable de s'adapter plus vite à un environnement nouveau. C'est le cadre de la flexicurité que le gouvernement souhaite développer.

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L'inflation s'est accélérée

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• L'inflation s'accélère dans les pays développés depuis la fin de l'automne 2016. L'impact négatif résultant de la baisse du prix du pétrole s'est estompé. Depuis l'été 2016, les prix sont comparables à ceux de l'année précédente voire un peu plus fort. De la sorte la contribution de l'énergie est devenue positive poussant l'inflation à la hausse. Ce mouvement haussier va s'estomper puisque le prix du pétrole est proche désormais de celui observé il y a un an (voir graphe page 9)

• Les autres prix progressent peu et ne sont pas une explication de l'accélération de l'inflation. Cette inflation sous-jacente n'est que de 0.9% en zone Euro en tendance. Cela s'explique par la pression limitée sur les salaires. L'accélération du mois d'avril sur le prix des services en zone Euro est saisonnier et ne se reproduira pas. L'inflation sous-jacente devrait à nouveau converger vers un chiffre voisin de 1% ou en-dessous. L'effet des salaires est encore insuffisant pour pousser à la hausse l'inflation. Cela viendra mais pas avant 2018-2019.

• Aux USA, l'inflation n'accélère plus et les composantes de l'indice des prix ont tendance à régresser. C'est ce que montre le graphe ci contre. En outre, le logement, principal facteur de hausse de l'indice sous jacent américain (sur le CPI) se stabilise. L'inflation ne s'accentuera pas aux USA

• L'inflation (globale et sous-jacente) s'accélère vivement au Royaume Uni. C'est une conséquence du Brexit et de la chute de la monnaie. Ce phénomène va pénaliser le pouvoir d'achat des ménages et peser rapidement sur la demande interne.

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Stabilité des politiques monétaires

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• Les politiques monétaires restent accommodantes y compris aux USA après déjà trois hausses de taux d'intérêt.

• Tant que l'inflation ne s'accélèrera pas davantage ou que les pressions inflationnistes restent réduites les banques centrales ne se précipiteront pas pour changer de stratégie

• Le changement récent est le sentiment que le cycle économique est plus robuste et qu'il devient probablement nécessaire de changer de communication pour les banques centrales.

• La Fed pour l'instant a résolu le problème en indiquant clairement ce qu'elle veut faire afin de ne pas prendre à revers les investisseurs. D'ailleurs les taux longs américains ont été peu affectés par les hausses de taux de la Fed. L'autre intérêt de ces annonces est de limiter le risque de sudden stop vis-à-vis des pays émergents. Le rapatriement rapide des capitaux vers les USA après chaque hausse de taux non anticipée de la Fed est préjudiciable pour les pays émergents. C'est pour cela que la Fed indique bien ce qu'elle fera afin d'éviter ses situations. Là aussi cela fonctionne plutôt bien

• La BCE reste dans la même tendance de stabilité des taux à un niveau très bas. C'est pareil pour le Japon

• Seul le Royaume Uni pense que l'avenir est rapidement à une hausse des taux. Mais la BoE pense aussi que le Brexit ne sera qu'un phénomène temporaire et d'ampleur limité.

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Différenciation marquée entre les USA et la zone Euro

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• On voit sur le premier graphe le changement dans les attentes relatives à la politique monétaire américaine après l'élection de Donald Trump. Ces attentes se dissipent en raison de l'absence d'impulsion liée à la politique budgétaire.

• La politique de la BCE est attendue comme restant très accommodante pendant encore un bon moment.

• L'écart entre ces deux indicateurs d'anticipation des politiques monétaires des deux banques centrales est très bien corrélé avec la parité entre le dollar et l'euro.

• Le statu quo récent suggère qu'il ne faut plus attendre d'appréciation du billet vert. La tendance serait même à la baisse relative de la monnaie américaine.

• On voit sur le deuxième graphe que ce changement dans les anticipations se traduit par une parité euro contre dollar qui ne passe plus sous l'unité

• Cela se maintiendra tant que la politique économique américaine ne sera pas plus claire. C’est-à-dire pas avant un certain temps. Tablons sur une parité plutôt au dessus de 1.1 pour les prochains mois.

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Prévisions

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Croissance et inflation

Taux d'intérêt

Source : Recherche économique / Natixis AM

Fin d'année Politique Monétaire Taux d'intérêt de long Terme (10 ans)

2012 2013 2014 2015 2016 2017 2012 2013 2014 2015 2016 2017

USA 0-0.25 0-0.25 0-0.25 0.25-0.5 0.50-0.75 1.25-1.5 1.7 3 2.2 2.27 2.45 2.5-3

Japon 0.1 0.1 0.1 0.1 -0.1 -0.1 0.8 0.7 0.3 0.25 0.05 -0.2;0.2

Zone Euro 0.75 0.25 0.05 0.05 0 0 1.2 1.95 0.5 0.63 0.3 0.3 - 0.8

Royaume Uni 0.5 0.5 0.5 0.5 0.25 0.25 1.8 3.1 1.8 1.96 1.2 1.8-2.1

2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

USA 2.2 1.7 2.4 2.6 1.6 2 1.8 1.9 1.3 1.5 0.3 1.1 2.1 2.1

Japon 1.5 2.0 0.2 1.2 1 1.4 1.1 -0.1 0.3 2.8 0.8 -0.1 0.3 0.3

Zone Euro -0.9 -0.2 1.2 1.9 1.7 2 2 2.5 1.4 0.4 0.0 0.2 1.2 1.5

Royaume Uni 1.3 1.9 3.1 2.2 1.8 1.2 0.8 2.8 2.6 1.5 0.0 0.7 3.0 2.5

Chine 7.8 7.5 7.4 6.8 6.7 6.4 6.4 2.6 2.6 2.0 1.4 2.1 2.5 2.5

France 0.2 0.6 0.7 1.2 1.1 1.6 1.6 2.0 0.9 0.5 0.0 0.2 1.1 1.4

Croissance moyenne Inflation Moyenne

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