peinture
DESCRIPTION
Peinture 2005 2010TRANSCRIPT
2005/2006
1. Projet
Ce travail a été une évolution permanente, un chantier, des recherches, un monde en perpétuel mouvement où les figures se transforment, fusionnent dans une matière presque magmatique. Un processus artistique qui allait m’amener à épurer les formes et les figures. L’établissement en devenir d’une embryologie picturale en laquelle et par laquelle naissent à chaque fois de nouvelles humani-tés hybrides. Ces dernières naissent par le milieu de la surface pic-turale et vont jusqu’à s’en nourrir. Chaque « tableau » est une scène sans représentation, elle produit la scène. Nous sommes ailleurs et pourtant dans la chair, des saignées nous conduisent, la profondeur est devant et dedans. Pas d’addition sans soustraction.
Texte issus du livre « la béance du ruban »
Encre, scotch et calqueFormat : 12/12cm
LA BÉANCE DU RUBAN
TRAVAIL SUR LE CORPS
2. Conception
J’ai créé ici trois groupes d’encres sur papier dont les procédés diffèrent. Ces trois groupes sont présentés dans un ordre progressif. Une quasi-constante de l’ensemble des présentations picturales : des corps s’insèrent dans des couches de matière, ils fusionnent avec elles, jusqu’à ne presque plus apparaître parfois. La matière picturale a été préparée spécialement pour le tableau, elle ne représente pas une autre matière ( terre, pierre, bois ou autres ).
3. Création
3.1 groupe 1
Dans un premier groupe, le procédé a consisté tout d’abord à étaler au rouleau des pans d’encres sur des feuilles annexes. Sur ces pans j’ai tracé des lignes, des coups de crayon les ont grattés puis des motifs ont été imprimés par monotypes. J’ai ensuite prélevé des parties en les photographiant ( soit à taille réelle, soit en les agran-dissant ). Sur ce premier prélèvement seront ensuite sur-imprimées photographiquement ( blocage du défilement de la pellicule ) des parties de photos de nus réalisées antérieurement puis parfois s’y ajoutera une troisième couche sur-imprimée de motifs typographiques. La photo finale inclut ainsi deux, trois couches superposées.
C’est le premier procédé, par surimpression photographique. Ce procédé est destiné à évaluer des préparations. Je teste des alliances de corps et de matériaux, de matériaux et de signes, de matériaux entre eux. Il n’y a pas de visage, ceci pour éviter toute destination expressive qui serait adressée à une vie extérieure au tableau ( nous les spectateurs, un personnage fictif ) ou à une histoire comme pourrait l’être le passé ou l’avenir du modèle dont l’expression du visage en témoignerait l’incidence ( par exemple un regret ou une attente ). Les matériaux se fusionnent par transparence et les découpages géométriques permettent des variations de ces fusions, faisant res-sortir dans une bande tantôt plus tel matériau que tel autre ou l’in-verse dans une autre. Cela forme des jeux de va-et-vient entre le fond et la surface qui laissent planer une sorte d’indécision dans une profondeur maigre.
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3.2 groupe 2
Le deuxième procédé du deuxième groupe délaisse la photographie. La visibilité du corps coïncide avec des zones de visibilité vague ( zones blanches, tachetées, grisées, perlées ). Elles sont produites par tampon-nage, frottements de tissus chiffonnés humides. Ces zones s’insèrent selon un à peu près, un « voir juste assez » dans un matériau pictural qui se les approprie en les faisant communier avec son colori, ou en leur renvoyant seulement un écho dans les triptyques. D’où la pré-sentation de corps fantomatiques, spectraux. Ce deuxième procédé fait ressortir une sorte de matière-peau constituée par des coloris variant du noir aux gris-bleutés ou par des rouges souvent mats. Coloris seuls ou formés par des séries de cadrages. C’est une ma-tière-peau car on ne sait pas trop si les corps s’extirpent de cette matière ou y rentrent.
3.3 groupe 3
Le troisième procédé abandonne la visibilité vague du « voir juste assez » pour la visibilité économique du « voir juste ce qu’il faut ». La technique est proche de celle du deuxième groupe, j’ai retiré de la matière. La grande différence est que cette soustraction s’effec-tue maintenant avec mes doigts. Chaque ligne soustractive est un geste, une danse des doigts. Parfois la profondeur des fresques de figurines-doigts est conjurée par une ligne d’horizon qui devient un trait libre à l’avant plan, la profondeur doit venir vers la surface. Des écritures surgissent, dans certaines encres des lignes courbes ou bouclées viennent se mêler aux scènes.
4. Contribution et participation
J’ai partagé ce travail avec Philippe Roy avec qui j’ai échangé des idées. Son analyse et sa lecture philosophique m’ont nourri et permis d’avoir une autre approche sur mon travail.
1er groupe. Format : 15/15cm
2e groupe. Format : 18/24cm
3e groupe. Format : 10/10cm
Livret « la naissance est dans le geste »
Chimère nº60, Esthétique
Texte philosophique de Philippe ROY.
LA BÉANCE DU RUBAN
2007/2008
Des toits à la verticalité
Je me propose d’exposer ici un extrait de mon travail en peinture réalisé entre 2007 et 2008. Série de 31 tableaux , un ensemble qui inaugure un autre monde, un monde sans représentativité. Le passage entre les encres de 2006 et cette série s’est déroulée par paliers. Un ensemble d’une centaine de dessins et de tableaux ont préparé l’arrivée des personnages filaires. Cette série se termine ici, en trois groupes.
Une des réalisations transitoires vers les personnages filaires. Format : 60/80cm
Vous pouvez retrouver l’ensemble de ces tableaux dans le livre « La béance du ruban » voir page 74
LA BÉANCE DU RUBAN
PERSONNAGES FILAIRES
1. Conceptions
Les personnages filaires.Début 2007, essais, composition, recherche.
Conscient de l’importance du fond, j’ai dessiné les personnages en privilégiant l’expression, l’attitude et l’intention d’un simple trait énergique. De nombreux dessins sont nés après mon travail sur le corps, suite sans doute logique à cet affinage corporel. Dans cette série des toits, je me suis essayé timidement, on en trouve quelques uns plus ou moins fins, plus ou moins expressifs. Ils sont très discrets dans cet ensemble. Les dessins réalisés sur papier blanc ( ci-contre ) m’ont permis surtout de travailler la gestuelle. L’expression des personnages et l’efficacité du geste sont contenues dans l’épaisseur du trait sur ces fonds de matières pigmentées ( ils vont s’épanouir dans la dernière série page 63 ).
2. Création
2.1 Les fonds
Il est intéressant de constater l’utilité des fonds travaillés, colorés. Effectivement, ces plates-formes vont apporter aux personnages fi-laires une dimension « sensible », une peau en dehors des corps. Peut être une peau commune, une peau élastique et compressée à la fois. Les simples personnages filaires dessinés sur papier fond blanc trou-vent toute leur dimension dans cet agencement texturé.Il est important de signaler que pour moi, ces personnages ne cherchent pas à communiquer avec nous un message précis. Ils ne racontent pas d’histoires bien définies, ils vivent juste l’instant. Ils ne sont pas dans l’illustration d’un monde imposé mais plutôt évoluent dans leur propre monde, leur propre corps. Du sensible granuleux, de l’émotion tendue vers nous. Nous sommes ailleurs et pourtant dans la chair, des saignées nous conduisent.
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2.2 Les toits, septembre, octobre, novembre 2007
Cette série de tableaux est issue d’une seule et même image ( nº1 ). Un tableau rectangulaire de 100/50 cm avec des aplats de couleur sans personnages. Une matrice dans laquelle j’ai pu me glis-ser, me perdre, découvrir plusieurs lieux de créations. Elle m’a servi de terrain expérimental, une vue aérienne qui m’a permis d’y poser mes idées et mes envies. Je me suis rapproché, accroché pour en extraire des parcelles. Un zoom ( cadrage ) pour y voir autre chose. Je voulais faire une série de tableaux dans le tableau. J’ai très vite découvert que ce terrain de jeu allait m’offrir de nombreuses pistes d’envol. Il y avait ces lignes qui sortaient du cadre offrant au lecteur un éventuel « autour », le gras du trait ( zoom puissant ) et les détails qui nous en rapprochaient encore plus. Je me suis laissé entraîner au delà des limites ( limites physiques imposées par la toile ). Prolonger un peu le tableau. Inviter l’œil au delà des frontières.
La série de 12 tableaux qui découle de ce terrain spécialement préparé, favorise les échos, les échanges, des liens multi-direction-nels. En ce qui concerne la préparation des toiles, j’ai apprêté tous ces fonds d’une peinture poreuse et pigmentée. Je préfère depuis très longtemps le grain mat aux peintures brillantes.
Ci-contre 6 toiles de la série de 12
1. la matrice, format 100 / 50 cm
2.3 Passage à la verticalité, les filaires s’imposentmars / avril / mai 2008
Passage au plan vertical, profondeur, couches superposées, mul-tiples. Toujours de la matière de fond avec une couche de flou en plus. Des aplats colorés indiquant une profondeur. Ces derniers tableaux sont pour moi plus élaborés, plus fins. On retrouve tout ce qui m’intéressait auparavant avec plus de mouvement, de danse, d’énergie. Les tableaux son construits sur la même idée que la pre-mière série sans que j’aie eu besoin d’une matrice.
On est passé de l’horizontalité à un terrain vertical où j’ai ajouté des personnages filaires au trait ( épaisseur et densité variés ) sur les toiles talquées et brossées. J’ai ajouté ensuite des points d’ancrage ( typographie ). Ces lettres posées sur la toile permettent de fixer des zones, accentuant l’effet de flou et de mouvement au reste du tableau. Ces points d’ancrage nous renvoient également à l’écriture. Ces lettres ici dénuées de sens fixent au mieux la toile pour créer un lien vers l’extérieur. Ils ont donc beaucoup d’importance. Je les définis comme une accroche visuelle qui nous mène au plus pro-fond du tableau. Les personnages filaires sont maintenant posés et en mouvement. Ils poussent, s’étirent, s’épanouissent. Une sorte de poussée végétale, une idée de naissance, de germination. Le fond est effectivement essentiel comme je l’ai dit plus haut. Le fond apporte une dimension organique. Le filaire reste lui dans l’intention. Une expression dans la matière.
A signaler également l’évolution des tableaux vers le « plus clair ». Les premiers de la série ont des aplats noirs qui finissent par se fondre dans le décor, voire disparaître dans le dernier ( nº11 ).
Ci-contre 6 tableaux de la série de 11
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2.4 Dernière série de tableauxseptembre /octobre / novembre 2008
Dans cette série j’ai continué sur ma lancée avec des fonds capa-bles de soutenir, de connecter toutes les nouvelles « dispositions » de la matière et des filaires. Ce creusement, c’est un creusement topo-logique, une sorte de mobilité des matières, qui se mettent à claquer comme des fouets, et les êtres filaires - qui se font de plus en plus envahissants, comme la levée d’une ethnie révolutionnaire. L’espace des tableaux plus sombre est comme une sorte de grande « envelop-pée contrapuntique ». Cette dernière série s’affirme par les trouées noires qui dévorent et mettent en branle le milieu, comme l’aspirant et générant tous une électricité qui parcourt les échines des filaires et qui irriguent les cloisons d’une « ville » qui se met à flamber dans une allégresse et horreur tout à la fois.
3. Analyse
Vous trouverez dans le livre « La béance du ruban » les écrits de Joachim Dupuis ainsi que ceux de Philippe Roy « La naissance est dans le geste », revus et augmentés pour l’occasion.
Stéphane Blondeauœuvres 2005-2008
Stéphane Blondeau est artiste peintre, graphiste designer et plasticien. Né le 8 octobre 1969 à Besançon il a commencé à peindre dans les années 80. Autodidacte, l’artiste a accumulé les expériences artistiques, son travail est aujourd’hui reconnu. Il a donné lieu à une publication dans la revue Chimères (n°60) en 2006 « La naissance est dans le geste ». Un séminaire du groupe « Gilles Châtelet » lui a été consa-cré en 2007 à Paris, les textes philosophiques de ce livre sont les restitutions revues et augmen-tées de deux des interventions.
Peintures : stephaneblondeau.com
Instalations 2009 : labo25.com
Photographie/vidéo : etredieu.com
La b
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Tirage limité à 100 exemplaires.
Ce livre contient 4 dessins originaux.
Cet ouvrage est un « catalogue raisonné » référençant toutes les œuvres de Stéphane Blondeau allant de 2005 à 2008 (plus de trois cents tableaux). Ce livre nous montre l’évolution de l’artiste, un monde en perpétuel mouvement où les figures se transforment, fusionnent dans une matière presque magmatique. « La béance du ruban » est le processus artistique de cet artiste humanoïde. Elle est l’établissement en devenir d’une embryologie picturale en laquelle et par laquelle naissent à chaque fois de nouvelles humanités hybrides. Ces dernières naissent par le milieu de la surface picturale et vont jusqu’à s’en nourrir. Chaque oeuvre est une scène sans représentation, elle produit la scène (au deux sens, ici indiscernables, du terme). On a l’impression que le vif des gestes appelés par Artaud fait battre le coeur d’univers dignes de Michaux. Nous sommes ailleurs et pourtant dans la chair. Des saignées nous conduisent.
La profondeur est devant et dedans. Au fil des pages, des oeuvres, le ruban des matières opère, se transforme, s’évide, se mutile, s’effile. Il déroule sans que rien ne soit déroulé. Avec lui nous gagnons ce qui nous prend.Pas d’addition sans soustraction.
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lond
eau
œuv
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série limitée
Livre couleur 160 pages.
Série limitée et numérotée ( 200 exemplaires ) + une encre originale
Prix : 50 euros