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PChroniques_imaginaire_L.indb 2 2014-04-29 12:04

PETITES CHRONIQUES DE L’IMAGINAIRE


CONCOURS LITTÉRAIRE MORDUS DES MOTS

DÉJÀ PARUS

Petites chroniques du crime Nouvelles policières, 2010.

Petites chroniques de notre histoire Récits historiques, 2011.

Petites chroniques identitaires Récits et parcours, 2012.

Petites chroniques du futur Nouvelles de science-fiction, 2013.



CONTES URBAINS ET MERVEILLEUX

Collectif d’élèves

C O N C O U R S 2 0 1 3 - 2 0 1 4


Les Éditions David remercient le ministère de l’Éducation de l’Ontario pour sa contribution à cette publication.

Les Éditions David Téléphone : 613-830-3336 335-B, rue Cumberland Télécopieur : 613-830-2819 Ottawa (Ontario) K1N 7J3 [email protected] www.editionsdavid.com

Tous droits réservés. Imprimé au Canada. Dépôt légal (Québec et Ottawa), 2e trimestre 2014

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

Petites chroniques de l’imaginaire : contes urbains et merveilleux / Collectif d’élèves.

Publié en formats imprimé(s) et électronique(s). ISBN 978-2-89597-429-1. — ISBN 978-2-89597-463-5 (pdf). — ISBN 978-2-89597-464-2 (epub)

1. Nouvelles fantastiques canadiennes-françaises — Ontario. 2. Écrits d’élèves du secondaire canadiens-français — Ontario. 3. Nouvelles canadiennes-françaises — Ontario.

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Préface

Pour cette édition du concours « Mordus des mots », les Édi-tions David se sont lancé un grand défi en abordant un genre littéraire dont les frontières sont parfois floues et confuses. En effet, le conte est d’abord un genre oral, connu depuis des milliers d’années comme étant l’art de faire comprendre une philosophie de la vie ou une façon de voir le monde à travers un récit.

Un conte peut être à la fois poétique, amusant, magique et plein de rebondissements. C’est peut-être ce qui en fait un genre à part. Un genre qui en contient d’autres.

Au cours de l’automne 2013, j’ai eu le plaisir de parcourir la province pour offrir des ateliers d’écriture de contes. Il est toujours particulier de se pencher seulement sur l’écriture, surtout quand on est, comme moi, un artiste de l’oralité. Je crois parler d’une voix commune en disant que nous nous sommes bien amusés durant ces ateliers en plus d’exploiter certaines notions complexes, telles que la structure drama-tique et le développement des personnages.

Les contes explorent un monde en mouvance, réflé-chissent sur sa nature, décrivent le général à travers le par-ticulier en parlant de l’autre à travers sa propre expérience. Les textes qui suivent font état de la maturité de jeunes

Les Éditions David Téléphone : 613-830-3336 335-B, rue Cumberland Télécopieur : 613-830-2819 Ottawa (Ontario) K1N 7J3 [email protected] www.editionsdavid.com


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PETITES CHRONIQUES DU FUTUR

auteurs qui ont su, à travers des histoires originales, trans-mettre leurs préoccupations.

Les Éditions David ont reçu un nombre impressionnant de textes, soit plus de 150. L’aspect créatif du conte fait de lui un genre attrayant pour ces élèves à l’imagination très fertile. Bien sûr, il fallait choisir ! Voici donc les trente textes qui ont retenu l’attention du jury par leur construction, leur originalité et les idées qui y sont véhiculées.

Merci à tous les participants et à toutes les partici-pantes qui ont mis du cœur à l’ouvrage en livrant une partie d’eux-mêmes à travers leurs textes. Vous avez fait preuve de courage, d’audace et de créativité. Je transmets aussi ces compliments à ceux et à celles dont les contes ne figurent pas dans le recueil.

Aux lecteurs et aux lectrices, je souhaite une agréable lecture et autant de plaisir que j’en ai eu à découvrir l’esprit débridé de ces jeunes auteurs.

Stéphane GuertinAuteur-conseil

Concours de création littéraire « Mordus des mots » 2013-2014


La détermination et la générosité

n’ont pas de limite


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Mariko et le trésor de l’Empereur

Dans l’empire lointain de Kuniryu 1, vivait un jeune homme nommé Mariko. Sa famille, des marchands,

venait d’une île qui était étrangère aux citoyens de l’Empire. Ses cheveux blonds et ses prunelles, telles de petites éme-raudes, lui rappelaient tous les jours qu’il était différent des habitants aux yeux en amandes et aux cheveux de jais. Élevé dans la vie mouvementée des marchés, il était polyglotte et avait des mains rapides. Il était chanceux de nature, mar-chandant et gagnant à son profit de nombreux échanges qu’il effectuait au marché. Mariko n’hésitait jamais à aider son prochain et utilisait les surplus du marché ainsi que la nourriture qu’il achetait pour aider les démunis avant que les pauvres pêcheurs ne deviennent voleurs. Mais toutes les actions de Mariko semblaient être une extravagance pour Goman’na Senshi 2, le capitaine de la garde de la ville. Goman, un homme sans scrupules, provenait d’une famille de sang noble et il était d’ailleurs le 32e de sa lignée à devenir le capitaine de la garde. L’homme au regard froid gardait pour Mariko une rancune brûlante. Jadis, alors qu’ils étaient

1. Kuni ryu « 国龍 » qui signifie « pays des dragons » en japonais.2. Goman’na Senshi « 傲慢な戦士 » qui signifie « arrogant guerrier ».


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tous les deux de jeunes garçons, Goman, âgé de 15 ans, se croyant le plus vite et le plus fort, mit au défi le petit étranger aux « yeux de chat » à une course. Mariko distança aisément l’adolescent qui eut les joues rouges de honte et de l’effort qu’il dut mettre pour suivre le rythme du gamin. Depuis ce jour, Goman ressentait une colère sourde à l’égard de Mariko. L’haïssable Goman renversait donc les articles de Mariko et confisquait les chargements de marchandises qu’il trouvait suspects. Une fois, il réussit même à faire empri-sonner Mariko dans les cachots de la ville. Et puis un jour, alors qu’ils étaient tous les deux au marché, un messager de l’empereur arriva. Il grimpa sur une boîte et annonça :

— Sa Majesté Impériale a un message pour tous ses sujets.Le messager prit alors une grande inspiration et dit :

Précieux joyau, Perdu il y a longtemps, Reviens-moi donc.

J’ai laissé un trésor Dans des terres hostiles. Triste et las,

Sur mon lit de mort, Je mettrai sur le trône l’homme bon Qui me réunira

À ma bien-aimée, Qui me vaut plus que tout or. Que j’ai donc eu tort !

Et le messager continua :

« L’homme qui pourra retrouver le trésor perdu de l’em-pereur épousera sa fille Kaori. »


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MARIKO ET LE TRÉSOR DE L’EMPEREUR

Les gens se mirent donc à palabrer à propos de la belle Kaori 3 et de son droit à la succession : l’homme qui marie-rait Kaori deviendrait éventuellement empereur. Nombreux furent alors les hommes qui rêvèrent de revenir glorieuse-ment avec le soi-disant trésor perdu de l’empereur.

« Sa Majesté m’a confié l’endroit où il a perdu son trésor. Au sommet du mont Kurushimi 4 », rajouta le messager.

Le silence se fit dans le marché. Le mont Kurushimi était un endroit maudit. Pour s’y rendre, on devait passer à tra-vers la forêt Sanzoku 5, le refuge des bandits, des meurtriers et des exilés. Les braves qui s’y aventuraient ne revenaient jamais. La montagne demeurait éternellement froide et gla-cée. Certains murmurèrent alors qu’il faudrait être fou pour risquer sa vie de la sorte. On vit ensuite le capitaine Goman s’avancer vers la foule et hurler :

— Je suis le seul homme capable d’accomplir une telle tâche ! Kaori sera ma femme et je ramènerai le trésor de l’empereur !

On entendit alors des murmures de désapprobation, mais aussi des applaudissements devant le courage et le cran de cet homme. Il monta vite sur son cheval, qui n’était pas le plus rapide ni le plus beau, mais qui avait une férocité et une détermination que peu d’animaux possédaient. Il faisait la ronde, orgueilleusement, pour annoncer son dessein à tous les marchands, quand il vit Mariko qui finissait de ranger sa boutique. Mariko prit alors un sac de provisions et se mit à marcher vers la forêt Sanzoku. Stupéfait, il accourut vers le jeune homme et dit :

— Hé ! Où vas-tu comme ça ?

3. Kaori « 香り » qui signifie « fragrance ».4. Kurushimi « 苦しみ » qui signifie « souffrance ».5. Sanzoku « 山賊 » qui signifie « bandits ».


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— Eh bien, tu as entendu le messager : « Celui qui rap-portera le trésor à l’Empereur mariera Kaori. » Et j’ai bien l’intention de le lui remettre, répondit-il avec conviction.

Goman, qui sentit monter en lui encore une fois son ancienne rancune, s’écria alors :

— Tu n’es qu’un petit marchand étranger ! Moi, je suis de la lignée des Senshi ! Je monterai sur le trône grâce à mon sang et à mon honneur !

Le guerrier partit à grands galops vers la forêt, renver-sant en même temps la caravane d’un vieil homme. Goman disparut dans les bois et n’eut même pas un regard pour l’étranger qu’il avait ainsi brutalisé. Mariko partit alors à la course, pas dans les bois, mais pour aider le vieillard. Reconnaissant, celui-ci lui prêta donc un de ses chevaux. Il lui chuchota aussi à l’oreille des passages secrets qu’il avait découverts alors qu’il était jeune homme et qui rendaient la forêt moins dangereuse. Ainsi, Mariko traversa la forêt sain et sauf et rencontra Goman à l’orée des bois. Blessé des nombreuses batailles qu’il avait menées contre des bandits et essoufflé de la course folle qu’il avait dû faire pour les semer, le guerrier avait piètre allure. Il vit Mariko et dit faiblement :

— Comment est-ce possible ? Je ne comprends pas… Je vais gagner. Je trouverai le trésor !

Pris d’un regain d’énergie, le capitaine des gardes repar-tit à la course vers le sommet de la montagne. Il passa devant un singe, prisonnier dans la trappe oubliée d’un chasseur. Affamé par sa longue captivité, le singe lançait des petits cris de supplication. Goman resta de glace devant l’animal captif et poursuivit sa route avec détermination. Mariko s’élança alors au secours du singe et sortit de son sac des mangues qu’il donna au macaque avide. Érudit, il savait que les macaques vivent au sommet du mont Kurushimi. Les intelligents animaux se réchauffaient avec l’aide des


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MARIKO ET LE TRÉSOR DE L’EMPEREUR

sources thermales enfouies profondément dans la montagne. Le petit singe partit soudainement vers une faille à la base du mont. Chagriné de laisser le cheval du vieillard en arrière, Mariko décida toutefois de suivre le singe dans les entrailles de la montagne. Parsemé de sources thermales, l’intérieur de l’ancien volcan était rempli de vapeur. En raison de ses sens confus, Mariko avait perdu la notion du temps. Il émergea finalement au sommet de la montagne. Sur la cime alimentée par la fonte des neiges et réchauffée par les entrailles bouil-lantes de la montagne, il y avait un cerisier solitaire. Dans ces conditions uniques, l’arbre fleurissait perpétuellement. On pouvait y lire, gravés dans l’écorce, les mots suivants :

Lisez ces lignes, Et sachez que moi, Utsukushı 6, épouse de l’empereur, exilée par ma propre volonté, Mourut de la honte et du déshonneur que j’ai apportés En négligeant de lui donner un fils, L’alliance que tu m’as si cruellement redonnée Demeure mon dernier réconfort, Mon dernier souvenir de toi Je le garderai près de mon cœur.

Sur une branche se trouvait accroché un simple anneau d’argent. Avec douceur, Mariko prit l’anneau et le déposa dans son sac. Il vit alors le cheval de Goman qui trottinait lentement sur le flanc de la montagne sans son cavalier. Mariko entreprit la descente de la montagne et sentit la mor-sure du froid. Près de deux cents mètres avant le sommet, il trouva Goman enseveli sous la neige, bleui par le froid et recroquevillé sur lui-même. L’homme délirait. Quand Mariko le plongea dans une des sources thermales, il se crut

6. Utsukushı « 美しいです » qui signifie « belle ».


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d’abord en enfer tellement l’eau chaude contrastait avec la froideur glaciale de son corps. Tranquillement, il sentit une douce chaleur se répandre dans son corps. Il lui sembla alors qu’un morceau de glace, logé il y a longtemps dans son cœur, se mettait à fondre.

Les deux hommes quittèrent ensemble la montagne hos-tile. Mariko remit l’anneau argenté à l’empereur qui le mit doucement sur son doigt. On vit alors le visage stoïque de l’empereur se figer et une larme coula sur sa joue. Une grande sérénité envahit son visage et il nomma Mariko son succes-seur avant de se retirer dans ses quartiers privés. L’empe-reur mourut paisiblement quelques heures plus tard, comblé d’avoir retrouvé son amour perdu. Mariko épousa Kaori et devint empereur. Il fit construire pour l’ancien empereur et sa femme une sépulture au sommet de la montagne afin qu’ils soient réunis pour l’éternité. À partir de ce moment, Goman’na Senshi fut un capitaine bon et loyal envers son nouvel empereur et il fit honneur à sa lignée. Le règne de Mariko 1er se prolongea plusieurs décennies et il fut un diri-geant juste et généreux. Depuis ce jour, tous les dirigeants de Kuniryu portent une couronne d’or en l’honneur de la chevelure dorée de cet étranger qui devint empereur.

Pour changer, il faut parfois accepter son passé et tra-vailler vers l’avenir. Pour avoir un cœur noble, on ne doit pas nécessairement avoir le sang bleu.

Ghislain Racine École secondaire catholique de Casselman

Ghislain est un étudiant de 12e année qui souhaite poursuivre des études en droit pour devenir avocat. Quand il n’est pas à l’école ou au travail, on peut le trouver en train de lire un bon livre ou bien jouant à Payday 2 avec ses amis.


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Le chevalier Blackberry

Dans un petit village situé au bord d’une rivière, résidait un jeune garçon nommé Fredo. Fredo vivait dans ce

village nommé Testostérone depuis sa naissance. Ce nom avait été choisi, car seulement des hommes y habitaient depuis plusieurs années. Fredo, comme tous les autres gar-çons du village, vivait avec son père sur une ferme laitière. D’autres étaient boulangers, laitiers, mécaniciens, bouchers, menuisiers ou peintres afin d’assurer le bon roulement du village. Cependant, une grande tristesse régnait à Testosté-rone puisque depuis quinze ans aucune femme ou fille n’y habitait.

Un bon matin d’automne gris, froid et brumeux, des centaines de guerriers avaient pris le contrôle du village et avaient amené avec eux toutes les femmes et jeunes filles, sans aucune explication. Les villageois étaient en colère et surtout bouleversés par cet enlèvement. Avec le temps, la tristesse était encore présente, mais l’instinct de survie avait aussi fait en sorte que la vie avait repris son cours.

Fredo avait appris à vivre sans la présence de sa mère. Heureusement, lui et son père avaient développé une belle complicité puisqu’il était le seul enfant de la famille. Il tra-vaillait à la ferme avec lui depuis qu’il était tout petit. Il


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adorait faire la traite, nourrir les petits veaux, faire les foins et surtout utiliser la machinerie de la ferme. Il apprit très vite à conduire tracteurs, VTT, motocyclettes et les autres véhicules de la ferme. Il était aussi très habile à les conduire. D’ailleurs, il se vantait souvent d’être le meilleur à ses amis du village : « Ça ne vous donne rien d’essayer les gars, c’est moi le meilleur conducteur de tous les temps. » Heureusement, Fredo avait de bons amis et ils le prenaient en riant. En plus de travailler à la ferme, il avait aussi la chance de s’adonner à plusieurs sports. Il jouait au hockey, au golf, au soccer, au ballon-volant et pratiquait l’athlétisme avec ses amis. Son père voulait le tenir occupé pour qu’il s’ennuie moins de sa mère et évite les problèmes. Mission accomplie, car, comme de raison, Fredo excellait dans toutes ces disciplines.

Toutefois, malgré une enfance assez heureuse et calme, son travail à la ferme et ses nombreuses activités, Fredo pensait souvent à sa mère. Il aimerait bien la retrouver un jour. Il aimerait bien aussi trouver et ramener au village les autres femmes et jeunes filles pour que tout le monde soit finalement heureux. Fredo y pensait depuis plusieurs mois : il devait absolument faire quelque chose pour mettre fin à cette situation. Lui, son père et le reste des hommes et jeunes garçons avaient assez souffert.

Fredo discuta de la situation avec son père qui ne se doutait de rien. Il était triste d’apprendre que le départ de sa femme avait affecté à ce point son fils. C’est alors que le père de Fredo lui avoua un grand secret. Après le départ des guerriers avec les femmes et les jeunes filles, un drôle de colis arriva un jour à la poste du village. Il était adressé au postier. Il trouva un message écrit sur un bout de papier. Le message s’adressait à tous les habitants du village. Un défi était lancé à quiconque voulait braver les guerriers et leur


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LE CHEVALIER BLACKBERRy

territoire afin de libérer les femmes et les jeunes filles. Si la personne échouait, les guerriers garderaient les femmes et les jeunes filles et en plus ils prendraient possession du village Testostérone au complet. Après la lecture de ce mes-sage, le postier convoqua une assemblée de tous les hommes du village, pères et célibataires. Aucun ne se porta volon-taire pour relever le défi. Certains avaient peur, d’autres ne pouvaient pas quitter leur travail ; plusieurs étaient malades et les pères de famille ne voulaient pas abandonner leurs enfants. Ils s’étaient tous mis d’accord pour ne rien dire aux plus jeunes. C’était leur secret. Fredo était furieux lorsqu’il apprit la nouvelle. « Pourquoi tu ne m’as rien dit, je ne peux pas croire que vous avez caché cette information à tout le monde ! » Son père lui répondit qu’à ce moment-là il pensait avoir pris la bonne décision parce qu’il aimait son fils et voulait le protéger.

Après quelques semaines de réflexion, Fredo pardonna à son père. Cependant, il lui annonça qu’il allait quitter le village pour relever le défi des guerriers et que personne ne pourrait le faire changer d’idée. Son père, très inquiet, lui donna quelques conseils et lui dit au revoir en espérant le revoir un jour.

Fredo partit le jour de ses 18 ans. Avant son départ, il alla voir le vieux sage du village pour obtenir quelques conseils et directives. Cet homme était le plus vieux du village et tout le monde allait le voir pour lui demander son aide. Certains disaient qu’il avait des dons et des pouvoirs. Ikonet Toute donna plusieurs conseils et informations à Fredo et lui dit où il croyait que les guerriers avaient amené les femmes et les jeunes filles. Fredo quitta le vieil homme en le remerciant. Puis il partit à leur recherche.


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Après plusieurs jours de marche, Fredo arriva au pied de la montagne où Ikonet Toute lui avait dit d’aller. Cette mon-tagne était de l’autre côté de la rivière et on pouvait la voir de la ferme. Fredo ne pouvait croire que bientôt il retrouverait sa mère et peut-être même sa future femme.

À l’entrée de la forêt, Fredo vit une pancarte où un mes-sage était accroché. Il y était écrit : « Montagne de la mort ». Fredo eut un frisson dans le dos. Il prit son courage à deux mains et jeta un coup d’œil au message. Fredo était découragé. Pour délivrer les femmes du village, il devrait relever trois épreuves toutes aussi dangereuses les unes que les autres. Il avait peur, mais il était bien décidé à réussir sa mission.

Sa première épreuve fut de traverser une terre remplie de mines et de serpents venimeux. La sueur au front, les mains et les jambes tremblantes, Fredo commença à avancer. Mal-gré la peur, il devait penser vite. Il sortit une épée de son sac et décida de trancher la tête de tous les serpents. Après, il sortit un détecteur de métal pour trouver les mines. L’épée dans sa main droite et le détecteur dans la gauche, Fredo tua les serpents et évita les mines. Épuisé, il se pencha près d’un ruisseau pour boire un peu. Soudain, il vit une bouteille qui flottait sur l’eau avec un message à l’intérieur.

La deuxième épreuve était de sauter sur de hautes et très étroites colonnes de roches pour traverser une immense rivière. Une fois arrivé à la rivière, Fredo ne se sentait pas très brave ; il avait le vertige depuis qu’il était tout petit. Il était bon nageur, mais s’il tombait à l’eau, il risquait de mou-rir. Il fouilla dans son sac et trouva ses souliers de ballon-volant. Avec ces souliers, il ferait des sauts extraordinaires. Pour le vertige, il devrait se concentrer et ne pas regarder en bas. À mi-chemin, un vent violent le fit presque tomber d’une


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LE CHEVALIER BLACKBERRy

des colonnes. Une heure plus tard, Fredo arriva de l’autre côté de la rivière. Ses jambes lui faisaient mal et ses doigts étaient en sang à cause des colonnes de roches. Il ne savait pas comment il ferait pour continuer, mais il devait le faire. Il lui restait une seule épreuve et sa mission serait accomplie.

Le message pour la troisième épreuve était écrit sur un bouleau prêt de la rivière. Il devait escalader une montagne de glace afin d’atteindre le sommet où se trouvait une grosse porte d’acier. Fredo, maintenant un peu plus rusé, sortit ses souliers de soccer pour l’aider à grimper. Il prit deux bâtons de golf qu’il avait apportés et les frotta sur une roche pour qu’ils soient très pointus afin de les piquer dans la glace. Fredo était très heureux d’avoir apporté tout cet équipe-ment avec lui. L’escalade de la montagne était difficile. Il commençait à manquer d’énergie et il avait de plus en plus froid. Il leva la tête et le reflet du soleil lui permit de voir la grosse porte d’acier un peu plus loin. Il était presque arrivé. Un effort de plus et Fredo serait enfin au pied de la porte. Il était très content et fier, car il pourrait enfin retrouver sa mère et ramener la joie dans son village.

Fredo poussa l’énorme porte d’acier. Il faisait très noir dans la pièce, mais un petit trou au plafond éclairait un objet lumineux dans un coffre transparent. Fredo avança et vit un cellulaire Blackberry en or. Il brisa le coffre avec son poing et prit le Blackberry. Un numéro était gravé en arrière. Il le composa et attendit avec impatience. Une voix de femme lui répondit. C’était sa mère ! En suivant ses directives, Fredo alla délivrer les femmes et les jeunes filles du village.

Après presque six mois, Fredo retourna à Testosterone avec sa mère et les autres femmes. Depuis ce jour, c’est la fête dans le village. Fredo a rencontré la femme de sa vie et a été nommé Chevalier Blackberry.


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Mandel Jean-Louis École secondaire publique Le Sommet

Adolescent de 17 ans passionné par les sports et son Blackberry, d’où il tient l’inspiration pour son conte, Mandel est un jeune sociable, énergique, drôle et loyal envers ses amis. Il fait ici ses premiers pas en littérature, un monde très éloigné de sa zone de confort !


Table des matières

Préface .................................................................................................. 7

Stéphane Guertin, Auteur-conseil

LA DÉTERMINATION ET LA GÉNÉROSITÉ N’ONT PAS DE LIMITE

Mariko et le trésor de l’Empereur .................................................11

Ghislain Racine École secondaire catholique de Casselman

Le chevalier Blackberry ..................................................................17

Mandel Jean-Louis École secondaire publique Le Sommet

Sélène ..................................................................................................23

Kim Letendre École secondaire Étienne-Brûlé

Vision ..................................................................................................28

Ganise G. Clermont École secondaire publique De La Salle

Sans mes mitaines ............................................................................34

Mélanie Kappel École secondaire catholique Nouvelle-Alliance


Le magicien qui savait tout ............................................................40

Nicholas Séguin École secondaire catholique régionale de Hawkesbury

À la croisée des chemins .................................................................45

Myriame St-Arnaud École secondaire catholique de Hearst

L’orphelin et le plat doré ................................................................49

Audrey Kemzang École secondaire catholique Sainte-Famille

IL NE FAUT PAS SE FIER AUX APPARENCES

L’harmonica ......................................................................................55

Annalysa Pilon École secondaire catholique de Casselman

Haut comme trois pommes ............................................................59

Felicity Cole École secondaire Le Caron

Le garçon au cœur de baleine .......................................................63

Sandrine Pageau École secondaire catholique régionale de Hawkesbury

La faible souris ..................................................................................69

Samuel Hébert École secondaire Macdonald-Cartier

TOUT S’EXPLIQUE

Origine de la caricature...................................................................75

Nicole Bennett École secondaire catholique Père-René-de-Galinée


La vache à Ti-Jean ............................................................................80

Jean-Christophe Yelle École secondaire catholique de Plantagenet

Les étoiles filantes ............................................................................86

Jean-Philippe Héroux École secondaire catholique d’Embrun

Les haches de guerre .......................................................................91

Christine Patry École secondaire catholique L’Escale

La légende des trèfles à quatre feuilles ........................................96

Danielle Regan École secondaire publique Mille-Îles

L’aventure du sorcier Xavier ........................................................101

Skyler Savage-Perreault École secondaire catholique L’Horizon

LE BONHEUR N’EST PAS TOUJOURS OÙ L’ON CROIT

La Perle ............................................................................................107

Christopher McDonell École secondaire catholique Béatrice-Desloges

La Noix d’or ....................................................................................113

Angelina Jongepier L’Académie de la Seigneurie

La chute immortelle .......................................................................117

Renée St-Jean École secondaire catholique régionale de Hawkesbury

Changement de mentalité .............................................................123

Myriam Boisvert École secondaire catholique de Plantagenet


La boîte d’Augustin ........................................................................128

Lauren Desroches École secondaire Le Caron

TOUTE ACTION A DES CONSÉQUENCES

À la rencontre de l’ennemi ...........................................................135

Daphnée Lévesque École secondaire catholique Sainte-Marie

Le berger et ses moutons ..............................................................140

Alanis Rodriguez-Beaudoin École secondaire Macdonald-Cartier

Quatre vies .......................................................................................144

Sophie Pellerin École secondaire catholique Nouvelle-Alliance

Au purgatoire ..................................................................................150

Élissa Khalifé-Sayah École secondaire Jeunes sans frontières

Le Roi Soleil et la Reine de Glace ..............................................155

Marie-Ève Cordbin École secondaire catholique Sainte-Marie

Le procès de Fatin ..........................................................................160

Tristan Joanette École secondaire publique Le Sommet

L’oriole printanier ..........................................................................166

Joaquim de Tibeiro École secondaire Gabriel-Dumont


Illustration de la couverture : © forkART Photography - Fotolia.comCoordination : Isabelle Moncion

Maquette et mise en pages : Anne-Marie Berthiaume

Achevé d’imprimer en mai 2014 sur les presses de Marquis Imprimeur

Montmagny (Québec) Canada

Imprimé sur papier 100 % fibres postconsommation certifiées FSC

Certifié ÉcoLogo, Procédé sans chlore et FSC RecycléFabriqué à partir d’énergie biogaz.

Couverture 30 % de fibres postconsommation Certifié FSC®

Fabriqué à l’aide d’énergie renouvelable, sans chlore élémentaire, sans acide.


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Un peintre royal obsédé par la perfection, une reine obnubilée par son désir de vengeance, un homme d’affaires dont les cheveux deviennent subitement verts, une paire de mitaines qui porte chance à tous ses propriétaires, un jeune garçon mystérieusement transporté dans le futur, un écureuil en quête d’une noix spéciale… Tels sont quelques-uns des héros imaginés par ces explorateurs de l’imaginaire.

Les contes urbains et merveilleux réunis dans ce recueil incitent à la réflexion. Ils posent un regard neuf, celui de la jeunesse franco- ontarienne, sur les conséquences de nos actions, sur la manière dont nous nous com-portons et remettent en question les idées reçues sur le bonheur, et ce, tant avec humour que sensibilité.

Le concours de création littéraire Mordus des mots a été mis sur pied par les Éditions David dans le but d’encourager l’imagination et

la créativité des jeunes et de stimuler leur intérêt pour l’écriture et la lecture en français. Tous les élèves de 11e et 12e années des écoles secondaires franco-ontariennes ont été invités à participer à cette cinquième édition du concours, consacrée au conte. Parmi les textes soumis, une trentaine ont été retenus et vous sont présentés dans ce recueil.

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