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PARTIE 6 Interactions avec l’environnement

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P A R T I E 6Interactions avecl’environnement

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La configuration globale de lacirculation de l’air et de l’eau peutprovoquer des phénomènesclimatiques dans une partie du globeet toucher les écosystèmes partoutdans le monde.

■ MESSAGE PRINCIPAL

El Niño

Des événements catastrophiques ont touché laplupart des écosystèmes du monde entier. Lelong de la côte occidentale de l’Amérique du

Sud, les poissons dont dépendaient les oiseaux marinset les pêcheurs locaux ont disparu. Des milliers d’oi-seaux marins sont morts affamés. Plus au nord, le longde la côte californienne, les herbiers sous-marinsdominés par de longs filaments d’algues brunes, levarech, ont été détruits ou fortement endommagés parles tempêtes. Encore plus au nord, les côtes cana-diennes et celles de l’Alaska ont été touchées par uneélévation brutale et provisoire du niveau de la mer etpar des précipitations anormalement abondantes.

De l’autre côté de l’océan, sur l’ensemble du Paci-fique occidental, le niveau de la mer s’est abaissé, pro-voquant la mort des nombreuses espèces peuplant lesrécifs coralliens. Dans le Pacifique oriental, d’autresrécifs ont été gravement atteints et entre 50 à 98 % dedivers coraux sont morts. Des territoires séparés pardes milliers de kilomètres ont ressenti les fluctuationsde ces conditions météorologiques exceptionnelles etviolentes : certaines forêts pluvieuses à Bornéo ont étéravagées par la sécheresse et les incendies, et certainsdéserts du Pérou ont été inondés par des pluies torren-

tielles. Ces bouleversements météorologiques drama-tiques ont été désastreux sur certaines productionsagricoles et ont été à l’origine de l’apparition de mala-dies : les récoltes du maïs ont inexorablement dimi-nuées en Afrique du Sud, des champs de blé austra-liens ont été détruits et le choléra a ravagé plusieursrégions d’Amérique du Sud.

Cette liste de désastres ressemble à des scènes d’unfilm de science-fiction évoquant le jour du jugementdernier. Mais ces événements – et d’autres événementssemblables – ont réellement eu lieu en 1982 et 1983,ainsi qu’en 1997 et 1998. Ces catastrophes n’ont pas étéprovoquées par des envahisseurs étrangers, ni par deshommes. Elles ont été déclenchées par des change-ments naturels du sens des vents et des courants océa-niques, des changements dénommés de manière glo-bale sous le vocable du phénomène El Niño.

Dans ce chapitre, nous examinerons comment seforme le climat terrestre basé sur des schémas de cir-culation des vents et des courants marins. Le phéno-mène El Niño n’est qu’un exemple des effets profondsque la circulation de l’air et de l’eau provoquent sur levivant partout dans le monde.

La biosphèrechap i t re39

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Des millions d’espèces connues coexistent sur Terreet des millions restent à découvrir. Chacun de cesorganismes vit en un lieu ou en un habitat caracté-

ristiques. L’ensemble de ces organismes et de leurs habitatscomposent la biosphère, qui englobe la totalité des êtresvivant sur Terre ainsi que les environnements dans lesquelsils vivent. La biosphère est très complexe. Elle comprend,entre autres, les prairies, les déserts, les forêts pluvieusestropicales, les cours d’eau et les lacs. Elle renferme égale-ment les sols sur lesquels on marche et les bactéries quis’y développent, ainsi que les sources hydro-thermiques aufond des océans et les bactéries qui les colonisent.

Dans ce chapitre, nous traiterons du climat terrestre et deses effets sur la biosphère. Nous décrirons également lesbiomes terrestres et aquatiques et les principaux comparti-ments qui composent la biosphère. Mais en premier lieu, nousferons une brève révision de l’écologie, discipline scienti-fique consacrée à l’étude des interactions entre les organismeset leur environnement, qui fait l’objet de cette sixième partie.

L’écologie : l’étude des interactions entreles organismes et leur environnementTous les organismes interagissent avec leur environnement.Ces interactions vont dans les deux sens : les organismestransforment leur environnement (par exemple lorsqu’uncastor construit un barrage qui bloque l’écoulement d’uncours d’eau et crée un étang ou un lac), et l’environnementmodifie les organismes (par exemple lorsqu’une périodede sécheresse prolongée limite la croissance des espècesvégétales dont se nourrit le castor).

Les écologues étudient les interactions à plusieurs niveauxde la hiérarchie biologique dans la nature (voir le Chapitre 1) :les organismes isolés, les groupes d’individus appartenant àla même espèce (les populations), les groupes d’espèces dif-férentes (les communautés) et les écosystèmes. Ces derniersenglobent toutes les espèces présentes dans une zone déter-minée et l’environnement dans lequel elles vivent. L’ensemblede tous les écosystèmes sur la Terre compose la biosphère.

L’écologie est une discipline de grande portée et très com-plexe, allant de l’étude des différents organismes à l’étude

de la biosphère. C’est également un domaine important dela biologie appliquée. Comme nous l’apprendrons dans cettePartie, les hommes modifient la biosphère. Ces modificationssont souvent fortuites ou ont des conséquences inattendues.Un des principaux objectifs de l’écologie est de collecter lesdonnées sur les impacts des activités humaines sur la vie surTerre et de comprendre leurs mécanismes.

Pour donner un exemple, les chlorofluorocarbones (CFC),qui sont des produits chimiques synthétiques utilisés entreautres comme réfrigérants dans les bombes aérosols et dansla fabrication des mousses d’isolation, ont créé un « trou »dans la couche d’ozone de l’atmosphère. C’est typiquementun effet secondaire potentiellement dangereux de ces tech-nologies qui n’a pas été prévu (Figure 45.3). Le trou dans lacouche d’ozone est extrêmement dangereux parce quel’ozone absorbe la plupart des rayonnements UV du soleildans l’atmosphère et les empêche d’atteindre la Terre et, dece fait, protège les organismes des mutations de l’ADN pro-voquées par l’exposition à la lumière UV (Figure 14.9). Lesécologues cherchent à comprendre les mécanismes de la for-mation du trou d’ozone ainsi que ses conséquences sur lesorganismes vivant sur la Terre.

Dans les différents chapitres de cette Partie, l’étude del’écologie nous amènera à considérer les organismes isolés,puis les populations, ensuite les interactions entre les orga-nismes, les communautés, les écosystèmes et, enfin, les chan-gements globaux provoqués par l’homme. Mais toutes lesinteractions écologiques, indépendamment de leurs niveauxbiologiques, ont lieu dans la biosphère. Aussi, commence-rons-nous l’exploration de l’écologie par une révision surla biosphère, afin de pouvoir utiliser les notions donnéesdans ce chapitre pour comprendre les différents niveaux dela hiérarchie biologique (des individus aux écosystèmes) quiintéressent l’écologie.

■ Les écologues étudient les interactions entre lesorganismes et leur environnement à différents niveaux,allant des individus aux écosystèmes. Un des objectifsprincipaux de l’écologie est de mettre en évidence etde comprendre de quelle façon les activités humainesaffectent la vie sur la Terre.

630 PARTIE 6 Interactions avec l’environnement

1. Les écologues étudient les interactions entre les orga-nismes et leur environnement. Toutes les interactions éco-logiques ont lieu dans la biosphère, qui est composée detous les organismes vivant sur Terre ainsi que des environ-nements dans lesquels ces organismes vivent.

2. Le climat a un effet capital sur la biosphère. Le climatest déterminé par le rayonnement solaire incident, lesmouvements globaux de l’air et de l’eau et les particulari-tés de la surface de la Terre.

3. La biosphère peut être divisée en zones biogéogra-phiques terrestres et aquatiques, appelées les biomes.

4. Les biomes terrestres couvrent de grandes régions géo-graphiques et sont habituellement désignés en fonctionde la végétation dominante. L’établissement de biomesterrestres dans une certaine région est déterminé par leclimat et par les activités humaines.

5. Les biomes aquatiques couvrent environ 75 % de la sur-face de la Terre. Ils sont habituellement caractérisés parl’état physique de l’environnement. Les biomes aquatiquessont fortement influencés par les biomes terrestres adja-cents, par le climat et par les activités humaines.

■ CONCEPTS CLÉS

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Le climat

Les conditions météorologiques englobent la température,les précipitations (les pluies et les chutes de neige), la vitessedu vent, l’humidité, la présence de nuages et les autres étatsphysiques de la basse atmosphère, propres à un endroit età un instant donné généralement de courte durée. Les condi-tions météorologiques, comme nous le savons, changentrapidement et sont difficilement prévisibles. Mais le climat,les conditions météorologiques d’une région pendant despériodes de temps relativement longues (30 ans ou plus), estprévisible. Le climat a un effet majeur sur les interactionsécologiques. En fait, dans la biosphère, les organismes sontplus fortement influencés par le climat que par les autresconditions environnementales. Sur la terre ferme, parexemple, les composantes climatiques,telles que la température et la pluvio-métrie, déterminent la formation desdifférents biomes, comme le désert, laprairie ou la forêt pluvieuse tropicale.

Dans cette section, les facteursdéterminants pour le climat seront ana-lysés : la quantité de rayonnementssolaires, les mouvements d’air et d’eauet les principales caractéristiques géo-logiques. Dans les paragraphes sui-vants, nous d’envisagerons de quellefaçon le climat influence la biosphère.

Le climat dépend des rayonnements solaires incidents

Les régions tropicales proches de l’équateur terrestre sontbeaucoup plus chaudes que les régions polaires. Cette dif-férence de température résulte de l’inégalité de la distribu-tion du rayonnement solaire. En effet, la lumière solaireatteint l’équateur perpendiculairement, et sous une certaineinclinaison à proximité des Pôles Nord et Sud. En consé-quence, les régions polaires ne reçoivent que 40 % du rayon-nement solaire qui atteint les tropiques (régions situées entre23,5° de latitude Nord et 23,5° de latitude Sud) ce qui leurdonne une température ambiante beaucoup plus froide(Figure 39.1).

La quantité de rayonnement solaire reçue par les régionsen dehors des tropiques change considérablement pendantl’année, cela provoque les saisons (Figure 39.2). Les varia-

CHAPITRE 39 La biosphère 631

Rayonnements solaires

Rayonnements solaires

Équateur

Atmosphère terrestre Pôle Sud

Pôle Nord

Terre

Dans les régions polaires, l’atmosphère reflète plus d’énergie solaire que les régions.

…que dans les régions équatoriales.

Dans les régions polaires, une quantité donnée d’énergie solaire est propagée sur des surfaces plus grandes…

Figure 39.1 Les rayonnements solaires agissent forte-ment sur le climatLes rayonnements solaires touchent la Terre sous un certain angleet donc moins directement dans les régions polaires que dans lesrégions tropicales. Cette différence a deux effets majeurs. Premiè-rement, les rayons solaires parcourent de plus longues distances àtravers l’atmosphère pour atteindre les régions polaires que laproximité de l’équateur. Puisque l’atmosphère reflète, absorbe etréfléchit la lumière solaire, plus la distance parcourue par lesrayonnements à travers l’atmosphère est longue, moins il y ad’énergie qui atteint la surface terrestre. Deuxièmement, la quan-tité d’énergie solaire qui atteint la surface terrestre est propagéesur de plus grandes surfaces dans les régions polaires que dans lesrégions équatoriales. Ces deux effets cumulés font que les régionspolaires ne reçoivent seulement que 40% du rayonnement solairetouchant les régions tropicales.

Sun

Équateur

Líaxe a utour duquel tourne la Terre

Inclinaison constante de 23,5°

Été

Automne

Hiver

Printemps

Pendant l’été, l’hémisphère Nord est incliné vers le Soleil.

Pendant l’hiver, l’hémisphère Nord est éloigné du Soleil.

Figure 39.2 L’inclinaison terrestre produit les saisonsDans l’hémisphère Nord, l’hiver commence officiellementle 21 décembre, quand les jours sont les plus courts et quel’hémisphère Nord est le plus loin du soleil. L’inverse a lieule 21 juin, le premier jour d’été, quand les jours sont lesplus longs et que l’inclinaison de l’hémisphère Nord parrapport au soleil est la plus grande.

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tions saisonnières de grande amplitude du rayonnementsolaire sont dues au fait que l’axe de la terre est incliné de23,5°. Lorsque la terre tourne autour du soleil, l’hémisphèreNord est dirigé vers le soleil en juin (et par conséquent ilreçoit plus d’énergie) et il est plus éloigné du soleil endécembre (et par conséquent il reçoit moins d’énergie). L’exa-men attentif de la Figure 39.2 montrera pourquoi c’est l’hi-ver dans l’hémisphère Sud (au Chili, par exemple) quandc’est l’été dans l’hémisphère Nord (au Canada, par exemple).

Les mouvements d’air et d’eau déterminent leclimat

Au niveau de l’équateur, la lumière intense du soleilréchauffe l’air humide et fait monter les couches d’air en alti-tude. En effet, l’air chaud s’élève car la chaleur provoque sadilatation et le rend moins dense, donc plus léger par rap-port à l’air plus frais. Pendant ce mouvement ascendant, l’airchaud et humide se refroidit. En conséquence, il libère del’humidité sous forme de pluies, car l’air frais ne peut pasretenir autant d’eau que l’air chaud (Figure 39.3). Naturel-lement, l’air frais redescend. Cependant, dans ce cas, il nepeut pas le faire immédiatement en raison de l’air chaud quis’élève dans les couches inférieures. Au lieu de cela, l’air frais

se déplace vers le nord et vers le sud et a ten-dance à redescendre à nouveau à la surface ter-restre autour de 30° de latitude. En descendant,l’air frais se réchauffe, ce qui lui permet de secharger davantage en eau. Lorsque la massed’air arrive vers l’équateur, il absorbe l’humi-dité provenant de la surface terrestre. Avant

qu’il n’atteigne l’équateur, l’air est encore une fois réchaufféet humide, alors il s’élève pour recommencer le cycle.

La Terre a quatre cellules de circulation atmosphériqueou cellules convectives composées d’air chaud et humideascendant et d’air frais et sec descendant (Figure 39.3). Deuxdes quatre cellules convectives sont situées dans les régionstropicales et deux dans les régions polaires, où elles créentdes vents prévisibles. Dans les régions tempérées (entre 30°et 60° de latitude), les vents sont plus variables et il n’existepas de cellule convective stable. Les vents variables se créentquand l’air frais et sec des régions polaires se mêle à l’airchaud et humide circulant des tropiques aux pôles.

Les vents créés par les quatre cellules convectives ne sedirigent pas directement vers le nord ou vers le sud (Figure39.4). En effet, la rotation de la terre entraîne une courbureou une déviation des trajets verticaux de ces vents lorsqu’ilsse déplacent à proximité de la surface de la terre. Parexemple, les vents qui sont dirigés vers l’équateur sontdéviés vers l’ouest. Quand c’est le cas, ils soufflent venantde l’est ; par conséquent on nomme ces vents, les vents d’est.De même, les vents qui se dirigent vers les pôles soufflenten venant de l’ouest et s’appellent les vents d’ouest. Ainsi,dans toutes les régions géographiques, les vents soufflentdans une direction prévisible ; ces mouvements d’air sontconnus en tant que vents dominants. Au Canada méridio-nal et dans une grande partie des États-Unis, par exemple,les vents soufflent en venant de l’ouest. C’est la raison pourlaquelle les orages dans ces régions se déplacent habituel-lement de l’ouest vers l’est.

Les courants marins ont également un effet essentiel surle climat. La rotation de la terre, les différences de tempéra-ture océanique entre les pôles et les tropiques et le mouve-ment des vents dominants dans toutes les directions, contri-buent à la formation des courants marins. Dans l’hémisphèreNord, les courants marins ont tendance à circuler entre lescontinents dans le sens des aiguilles d’une montre ; dans l’hé-misphère Sud, ils tendent à circuler dans le sens inversedes aiguilles d’une montre (Figure 39.5).

60°

30°

30°

60°

Cellule 2 nord

L’air humide monte.

Cellule 1 nord

Cellule1 sud

Cellule 2 sud

Pôle Nord

Pôle Sud

Toundra arctique

Forêts de conifères

Forêts et prairies

Forêts et prairies

Forêt tropicale pluvieuse

Forêts

Forêts

Désert

Désert

L’air sec et froid descend.

L’air sec et froid descend.

L’air chaud et humide se refroidit en s’élevant et produit la pluie.

L’air sec et froid descend.

L’air humide monte libérant de l’humidité

L’air sec et froid descend.

Figure 39.3 La Terre possède quatre cellules convectivesgéantesDeux cellules convectives sont situées dans l’hémisphère Nord etles deux autres dans l’hémisphère Sud. Dans chacune celluleconvective l’air relativement chaud et humide s’élève, puis libèrel’humidité sous forme de pluie ou de neige. Ensuite, l’air frais etsec descend vers la surface terrestre et s’écoule à nouveau dans larégion où l’air chaud s’élève.

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CHAPITRE 39 La biosphère 633

NORTHNORTHAMERICAAMERICA

EUROPEEUROPE

ASIAASIA

AUSTRALIAAUSTRALIA

AFRICAAFRICA

ANTARCTICAANTARCTICA

EquatorEquatorSOUTHSOUTHAMERICAAMERICA

AMÉRIQUE DU NORD

EUROPE

ASIE

AUSTRALIE

AFRIQUE

ANTARCTIQUE

ÉquateurAMÉRIQUE DU SUD

GGuullff SSttrreeaamm

Gulf Stream

Dans l’hémisphère Sud, la plupart des courants marins circulent dans le sens contraire des aiguilles d’une montre.

Dans l’hémisphère Nord, la plupart des courants marins circulent dans le sens des aiguilles d’une montre.

Courant duCourant duPérouPérouCourant duPérou

Vents de l’est

Vents d’est

Vents d’est

Vents d’ouest

Vents d’ouest

Vents d’est

Cellule 2 nord

Équateur

30° S

30° N

60° S

60° N

Cellule 1 nord

Cellule 1sud

Cellule2sud

La rotation terrestre entraîne l’orientation des vents vers l’Est où vers l’Ouest.

Les modèles principaux de circulation de l’air sont établis par quatre cellules convectives.

Figure 39.5 Les principaux courant marinsdu mondeLes courants marins froids figurent en bleu et lescourants marins chauds en rouge.

Figure 39.4 Les modèles globaux de la circulation de l’airLe mouvement de l’air dans les quatre cellulesconvectives caractérise le modèle fondamentalde la circulation de l’air sur la Terre. La rota-tion terrestre entraîne la déflexion des ventsvers l’est où vers l’ouest. La direction verslaquelle ils dévient dépend de leur localisa-tion, mais dans toutes les régions géogra-phiques du globe, les vents soufflent générale-ment dans des directions prévisibles.

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Les courants marins transportent une quantité énormed’eau et ont une grande influence sur les climats régionaux.Le Gulf Stream, par exemple, déplace un volume d’eau 25fois supérieur au volume total transporté par tous les fleuvesdu monde. En absence de l’effet de réchauffement de l’eauportée par ce courant, des pays comme les États-Unis et laNorvège auraient un climat subarctique à arctique. D’unefaçon générale, le Gulf Stream permet aux villes européennesoccidentales d’être beaucoup plus chaudes que les villesd’Amérique du Nord de même latitude, par exemple Romeet Boston, Paris et Montréal et Stockholm et Fort-Chimo (villede 1 400 habitants du Québec, au Canada).

Les caractéristiques principales de la surface dela Terre influencent aussi le climat

La chaleur est absorbée et libérée plus lentement par l’eauque par la terre ferme. Par conséquent, puisque par rapportà la Terre, les océans et les grands lacs assurent bien le main-tien de la chaleur, ils modulent le climat des terres qui lesjouxtent. Les montagnes peuvent également exercer un effetimportant sur le climat d’une région. Par exemple, les mon-tagnes produisent souvent un effet d’ombre de pluie quirepose sur le fait que les versants à l’abri des vents domi-nants d’une montagne reçoivent moins de précipitations(Figure 39.6). Dans la Sierra Nevada en Amérique du Nord,cinq fois plus de précipitations tombent du côté occidentaldes montagnes (exposé aux vents soufflant de l’océan) quedu côté est des montagnes à l’abri des vents. Les chaînesmontagneuses du Nord des États-Unis, d’Amérique du Sud,d’Asie et d’Europe créent également des ombres de pluie.

La formation des déserts

Les déserts sont des régions caractérisées par de très faiblesprécipitations. Bien que la plupart des déserts soient situésdans des zones très chaudes, il existe également des désertssous des climats plus frais. La formation des déserts illustrebien la façon dont le climat d’une région est régi par l’actioncombinée des rayonnements solaires incidents, des courantsd’air et d’eau et des principales caractéristiques de la surfacede la Terre.

Plusieurs des plus grands déserts du monde sont situésautour de 30° de latitude (Figure 39.7). Ils se trouvent sousces latitudes pour deux raisons : premièrement, l’air sec quidescend dans ces zones est peu chargé en humidité etapporte ainsi peu de précipitations (Figure 39.3). Deuxiè-mement, ces latitudes sont relativement proches de l’équa-teur et l’atmosphère y est donc chaude. Naturellement, destempératures élevées avec des précipitations faibles favori-sent la formation des déserts.

D’autres déserts, notamment ceux situés en zone tempé-rée, sont formés exclusivement ou partiellement par desombres de pluie créées par des montagnes. Les ombres depluie ont contribué à la formation du désert de Mojave et leGrand Bassin (désert relativement froid à haute altitude)en Amérique du Nord, ainsi que le désert de Gobi en Asie.Enfin, certains des déserts les plus secs dans le monde, telsque les déserts d’Atacama (en Amérique du Sud) et le désertdu Namib en Namibie (Sud-Ouest de l’Afrique), se sontcréés dans des régions où la trajectoire des vents dominantsvenant de la mer passe au-dessus des courants marins froids.L’air se refroidit lorsque les vents circulent au-dessus de l’eau

634 PARTIE 6 Interactions avec l’environnement

Océan

Sommet de la montagne

Région à l’ombre de pluie

Les vents prévalents s’imbibent de l’humidité des nappes d’eau.

Du côté de la montagne à l’abri des vents, l’air descend et se réchauffe en libérant peu de précipitations.

Sur le flanc de la haute montagne qui fait face aux vents, l’air monte et se refroidit. Puisque l’air froid contient moins d’eau que l’air chaud, la pluie ou la neige tombent.

Figure 39.6 L’effet de l’ombre de pluieLe côté d’une haute montagne, qui fait face aux vents dominants(versant exposé au vent), reçoit plus de précipitations que le côtéde la montagne à l’abri des vents (versant à l’abri des vents). Ondésigne celui-ci le versant à l’ombre de pluie.

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froide, libérant la pluie avant que les vents n’atteignent lesrégions côtières. Quand les vents frais et secs arrivent prèsdes côtes, ils se réchauffent encore et déversent peu de pluie,ils provoquent ainsi des conditions extrêmement arides ; ledésert d’Atacama, par exemple, ne reçoit seulement que 0,6centimètre de précipitation par an.

■ Le climat d’une région est la résultante de trois fac-teurs principaux : la quantité de rayonnement solaireincident, les mouvements de l’air et de l’eau et lescaractéristiques principales de la surface terrestre.

Les biomes terrestres

Après avoir introduit les facteurs influençant le climat, nousconcentrerons notre attention sur les effets du climat sur labiosphère. La biosphère peut être divisée en plusieurs zonesprincipales de vie terrestre et aquatique appelées les biomes.Le climat détermine les positions géographiques des diffé-rents biomes.

Les biomes terrestres, comme les prairies et les forêts tro-picales, couvrent de grandes régions géographiques et géné-ralement ils portent le nom de la végétation dominante danscette région. L’environnement terrestre de notre planète separtage en sept biomes principaux : la forêt tropicale, la forêttempérée, la prairie, la garrigue ou le maquis (ou chaparralaux États-Unis), le désert, la forêt boréale et la toundra (quienglobe les sommets des hautes montagnes) (Figure 39.7).La Figure 39.8 illustre chacun de ces biomes avec une photocaractéristique. Gardez à l’esprit, cependant, que les carteset les photographies d’un biome peuvent donner l’impres-sion erronée que la totalité du biome est homogène. Pourréaliser la carte mondiale des biomes terrestres comme cellequi est représentée sur la Figure 39.7, des régions réellement

très différentes, sont réunies dans un seul biome pour faci-liter la lecture de la carte.

Prenons les prairies, par exemple. Le biome de prairiescomprend les prairies arides (caractérisées par des herbesrases et résistantes à la sécheresse) du Sud-Ouest de l’Amé-rique du Nord, la prairie d’herbes hautes (caractérisée parde hautes herbes et de grandes quantités de fleurs sauvages)au centre-Nord d’Amérique du Nord et dans la savane afri-caines (ces prairies ont occasionnellement quelques arbres).Ce qui est vrai pour les prairies est vrai pour tous les biomes :soit les espèces poussant dans un biome et soit les conditionsécologiques de celui-ci peuvent considérablement changerd’un endroit à l’autre.

La localisation des biomes terrestres est détermi-née par le climat et les activités humaines

Le climat est tout simplement le facteur le plus important ducontrôle de l’emplacement possible ou normal de biomes ter-restres. Le climat d’une région – notamment, la températureainsi que l’abondance des précipitations et leurs périodes –permet à certaines espèces de prospérer tout en empêchantla survie d’autres. D’une façon générale, les effets de la tem-pérature et de l’humidité sur les espèces sont responsablesde la présence de biomes particuliers dans un ensemblecohérent de conditions (Figure 39.9).

Le climat peut exclure directement ou indirectement cer-taines espèces d’une zone géographique. Les espèces qui nepeuvent pas tolérer le climat d’une région en sont directe-ment exclues. Les espèces qui tolèrent ce climat, mais quisont dépassées par d’autres espèces mieux adaptées auclimat, en sont indirectement exclues.

CHAPITRE 39 La biosphère 635

Légende

Désert

Prairies

Garrigue et maquis

Forêt tropicale

Forêt tempérée

Forêt boréale

Toundra

Équateur

30° N

30° S

Figure 39.7 Les biomes terrestres principauxCette carte représente la distribution probable des principauxbiomes terrestres sur Terre. Cependant la répartition réelle est for-tement influencée par les activités humaines.

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(a) Forêt tropicale

(b) Forêt tempérée

(d) Garrigue et maquis

(e) Désert

( f ) Forêt boréale

Figure 39. 8 Les biomes terrestres(a) Les forêts tropicales se forment dans les régions chaudes etpluvieuses, elles sont dominées par une riche variété d’arbres,d’arbustes et de plantes grimpantes. (b) Les forêts tempérées sontdominées par les arbres et les arbustes qui poussent dans desrégions caractérisées par des hivers froids et des étés chauds ethumides. (c) Les prairies sont répandues dans le monde entier etsont dominées par des herbes et une riche variété de fleurs sau-vages. (d) La garrigue et le maquis sont caractérisés par desarbustes et des plantes non-ligneuses de petite taille qui poussent

dans des régions où les étés et les hivers sont doux et où les préci-pitations sont faibles à modérées. (e) Les déserts se forment dansdes régions où les précipitations sont très faibles, généralementinférieures à au plus 25 centimètres par an au moins. (f) Les forêtsboréales sont dominées par des conifères qui poussent dans lesrégions du Nord ou en hautes altitudes, caractérisées par deshivers froids et secs et des étés doux et humides. (g) Les toundrasse trouvent à de hautes latitudes et de hautes altitudes, elles sontdominées par les arbustes de faible hauteur et des plantes non-ligneuses qui tolèrent le froid extrême.

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Régions arctiques

Augm

entation de la température

Augmentation de la sécheresse

Forêt boréaleForêt boréale

PrairiesPrairies

ToundraToundraToundra

Forêt boréale

Forêt Forêt tempéréetempéréeForêt tempérée

Forêt Forêt tropicaletropicaleForêt tropicale

PrairiesPrairiesPrairies

Prairies

DésesrtDésesrtDésesrt

Guarrigue et maquisGuarrigue et maquisGuarrigue et maquis

DésesrtDésesrtDésesrt

Régions subarctiques

Régions tempérées

Régions tropicales

Bien que le climat soit un facteur limitant dans les positions géogra-phiques des biomes, l’ampleur ou la distribution réelle des biomes dansle monde à l’heure actuelle est très fortement influencée par les hommes(voir l’Encadré). Nous reviendrons à l’intervention des hommes sur lesbiomes naturels quand nous aborderons les changements globaux dansle Chapitre 45.

■ Il existe sept biomes terrestres principaux. Le climat peut empê-cher la survie d’une espèce dans une région de manière directe ouindirecte. Bien que le climat soit le facteur le plus important dansla sélection de la localisation probable des biomes terrestres, leuremplacement réel est fortement influencé par les activitéshumaines.

Les biomes aquatiques

Il y a des milliards d’années, la vie a évolué dans l’eau et les écosystèmesaquatiques couvrent environ 75 % de la surface de la Terre. On trouvehuit biomes aquatiques principaux : les cours d’eau importants (fleuveset rivières), les lacs, les zones humides, les estuaires, la zone intertidale,les récifs de corail, l’océan et la zone benthique (Figure 39.10). À la dif-férence des biomes terrestres, les biomes aquatiques sont généralementcaractérisés par des états physiques de l’environnement, tels que lateneur en sel, la température de l’eau, la profondeur de l’eau et la vitessedes flux d’eau.

Comme pour les biomes terrestres, les photographies de la Figure39.10 représentent seulement une petite partie de la diversité des biomesaquatiques. Les biomes de lac, par exemple, comprennent les eaux super-

CHAPITRE 39 La biosphère 637

(g) Toundra

(c) Prairies

Figure 39.9 La localisation des biomes terrestresdépend de la température et des précipitations

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ficielles continentales, qui vont des petits étangs aux lacsde très grande taille. En outre, les espèces rencontrées dansdeux types de biome aquatique sont souvent très différentes.Par exemple, les algues peuvent coloniser un lac qui ren-ferme de grandes teneurs en azote et phosphore. Quand lesalgues meurent, leurs résidus sont consommés par des bac-téries. Le développement des bactéries et leur reproductionpeuvent épuiser l’oxygène dissous dans l’eau, à un point telque cette anoxie relative entraîne la mort des poissons dulac. En revanche, une pièce d’eau pauvre en azote et phos-phore abrite peu d’algues, peu de bactéries, des niveauxélevés en oxygène et de nombreuses espèces de poissons.Ainsi, bien que les deux aires soient définies comme étantdes lacs, les espèces qui y vivent diffèrent énormément.

Les biomes aquatiques sont influencés par les biomes terrestres, le climat et les activités humaines

Les biomes aquatiques, notamment les lacs, les fleuves, leszones humides et les parties côtières des biomes marins, sontfortement influencés par les biomes terrestres qu’ils avoisi-

638 PARTIE 6 Interactions avec l’environnement

Localisez la région dans laquellevous vivez sur la Figure 39.7. Lebiome pointé sur la carte corres-

pond-t-il réellement à votre environne-ment ? Pour un bon nombre d’entrevous, la réponse est négative. La figure39.7 montre les biomes probables – lestypes de végétation qui pourraient s’ydévelopper d’après le climat pourchaque région particulière. Mais en réa-lité, les hommes ont converti la plusgrande partie de ces biomes potentielsen zones urbaines (logement et entre-prise industrielle) et agricoles. Devastes régions de l’Amérique du Nordn’ont plus leurs biomes originaux, dufait qu’elles ont fait l’objet d’une conver-sion presque complète des prairies ori-ginales en zones urbaines et agricoles.

Dans certaines parties du monde, leshommes ont tellement modifié le pay-sage et depuis si longtemps que nousconsidérons, maintenant, que ce pay-sage modifié est « naturel ». Considérezles landes d’Angleterre et d’Écosse,sites célèbres grâce aux récits sur Sher-lock Holmes et aux annonces publici-taires de voyage. Bien que nombreux

sont ceux qui considèrent la landecomme un merveilleux paysage natu-rel, ils ignorent que ces régions main-tenant couvertes de landes furent, dansle passé, recouvertes de bois de chêne.En fait, les landes doivent complète-ment leur existence aux hommes – ellesont été constituées au moment où leshommes ont coupé les arbres et ont uti-lisé la terre pour le pâturage.

Les landes sont un simple exemplede ce qui est en réalité un phénomène

courant : dans de nombreux cas, l’ac-tion de l’homme a consisté à créer ou àmaintenir des paysages que l’on estimeaujourd’hui beaux et naturels. Les pay-sages qui ont été façonnés par les acti-vités humaines sont-ils naturels ?Qu’est exactement « la nature » ? Est-cequ’il s’agit d’un état primitif dans lequell’homme est exclu ? Ou « la nature »inclut-elle, au moins en partie, leshommes et leurs impacts sur lemonde ?

■ LA BIOLOGIE DANS LA VIE QUOTIDIENNE

Qu’est ce qu’un « biome naturel » ?

Figure 39.10 Les biomes aquatiques(a) Les fleuves sont des pièces d’eau douce relativement étroitesqui se déplacent continuellement dans une seule direction. (b) Leslacs sont des pièces d’eau douce stationnaires de tailles variées,dont la superficie varie de quelques mètres carrés à plusieurs mil-liers de mètres carrés. (c) Les zones humides sont caractérisées pardes eaux peu profondes qui traversent les terres fermes et quicôtoient les fleuves, les lacs ou les océans. (d) Les estuaires sont lesécosystèmes par lesquels les fleuves se jettent dans la mer et oùles marées sont de grande amplitude. (e) Les zones intertidales setrouvent dans des régions côtières où les marées ont un cycle quo-tidien, elles sont donc périodiquement submergées et émergées.(f) Les récifs coralliens se forment dans des eaux chaudes et peuprofondes situées sous les tropiques, ils doivent leur nom auxcoraux dont dépendent la plupart des autres organismes peuplantces biomes. (g) Les océans couvrent la plus grande partie de la sur-face terrestre. Ils sont constitués d’une zone peu profonde(euphotique) (de 100 à 200 m de profondeur) dans laquelle a lieula photosynthèse, et de zones plus profondes dans lesquelles peude lumière pénètre. (h) Les zones benthiques, situées dans les pro-fondeurs des autres biomes aquatiques sont peuplées d’unegrande variété d’organismes.

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(c) Zone humide

(d) Estuaire

(a) Rivière

(b) Lac

(g) Océan

(h) Zone benthique

Un poisson des eauxprofondes de l’océan

( f ) Récif coralien

(e) Zone Intertidale

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nent ou au milieu desquels leur eau circule. Par exemple,l’altitude plus ou moins élevée de la terre ferme déterminela position des lacs ainsi que la vitesse et la direction del’écoulement de l’eau. Par ailleurs, quand l’eau va d’unbiome terrestre à un biome aquatique, elle apporte avec elleles nutriments dissous (tels que l’azote ou le phosphore) quifaisaient partie du biome terrestre. Puisque les nutrimentsne sont qu’en faibles quantités dans de nombreux biomesaquatiques, les nutriments importés du biome terrestre envi-ronnant ont souvent un effet significatif. Par exemple, dansun lac, l’apport excessif de nutriments provenant d’uneexploitation agricole riveraine peut influencer le dévelop-pement des algues et la vie des poissons, comme nousl’avons signalé précédemment.

Les biomes aquatiques sont aussi fortement influencéspar le climat. Dans les régions tempérées, par exemple, leschangements saisonniers de la température font que, dansun lac, les couches d’eau superficielle s’enfoncent enautomne et au printemps, ce qui apporte de l’oxygène aufond du lac. Dans les régions tropicales, les variations sai-sonnières de la température ne sont pas assez prononcéespour provoquer un panachage semblable des couches d’eausupérieures vers les couches inférieures d’un lac. L’absencede ce type de mélange se traduit par une certaine hypoxiedans les eaux profondes des lacs tropicaux, à laquelle rela-tivement peu de formes de vie résistent.

Le climat a également des effets importants dans l’océanouvert. Par exemple, le climat participe aux changementsthermiques, au niveau de la mer et à la salinité des océanspartout dans le monde. Comme nous l’avons vu au débutde ce chapitre, les conditions physiques de l’océan ont deseffets dramatiques sur les organismes qu’y vivent ; ainsi, leclimat a-t-il un effet prépondérant sur la vie marine.

En définitive, tout comme les biomes terrestres, lesbiomes aquatiques sont fortement affectés par les activitéshumaines. Des régions considérables de certains biomesaquatiques, comme les zones humides et les estuaires, sontsouvent détériorées lors de la réalisation de projets de déve-loppement. Les fleuves, les zones humides, les lacs et lesbiomes littoraux sont altérés par la pollution, dans la plupartdes régions du monde. Les biomes aquatiques souffrent éga-lement de la destruction ou de la modification par l’hommedes biomes terrestres situés à leur proximité. Par exemple,lors du déboisement des forêts à des fins agricoles ou pourle bâtiment, les niveaux d’érosion des sols peuvent aug-menter considérablement car les arbres ne les retiennentplus. Une érosion accrue peut obstruer des rivières et desfleuves avec la vase, ce qui nuit ou tue les invertébrés, lespoissons et de nombreuses autres espèces.

■ Il existe huit biomes aquatiques fondamentaux.Généralement caractérisés par les conditions phy-siques de l’environnement, les biomes aquatiques sontfortement influencés par les biomes terrestres envi-ronnants, par le climat et par les activités humaines.

COUP DE PROJECTEUR

Un mondeOn dit que les conquistadors espagnols refroidissaient leursflasques d’eau dans les eaux exceptionnellement fraîches aularge de la côte péruvienne. Ces eaux froides arrivent dansles régions du Sud avec le courant du Pérou (Figure 39.5).Les températures froides des eaux superficielles de cetterégion viennent également des eaux froides et riches ennutriments qui s’élèvent des profondeurs océaniques vers lasurface. Elles procurent une nourriture et une températureconvenables à un très grand nombre de petits organismesmarins, que constitue le plancton. Ce plancton alimente unevariété très riche de poissons. Avant son effondrement en

640 PARTIE 6 Interactions avec l’environnement

WesternWesternequatorial Pacificequatorial PacificPacifique équatorial occidental

Normalement, le courant froid du Pérou (ou de Humbolt) circule vers l’ouest, à proximité de l’équateur et se réchauffe au cours de son trajet.

Océan Pacifique

Le courant du Pérou affaibli

Pendant un phénomène El Niño, l’eau chaude circule de l’ouest vers l’est et n’interfère pas avec le courant du Pérou.

Figure 39. 11 Les phénomènes El NiñoPendant un phénomène El Niño, les vents d’ouest repoussent leseaux superficielles chaudes du Pacifique oriental vers le Pacifiqueoccidental. Le changement de température à la surface des eauxmarines qui en résulte provoque ensuite le bouleversement descourants marins, du sens des vents, du niveau de la mer et desprécipitations, tout autour du globe. Les courants marins froidsfigurent en bleu et les courants marins chauds en rouge.

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1972 (causé par El Niño), la pêche d’anchois au Pérou étaitla plus importante au monde ; en 1970, le rendement de cetteespèce de poisson correspondait à environ 20 % de l’en-semble des poissons récoltés au niveau mondial.

Chaque année, la période de pêche péruvienne se terminequand un courant d’eau chaude, connu des pêcheurs locauxcomme une manifestation d’El Niño (littéralement, « l’en-fant », ainsi appelé parce qu’il apparaît souvent à la périodede Noël), circule vers le sud le long de la côte de l’Équa-teur. Habituellement, cette eau chaude a un effet temporaireet local. Mais une fois tous les 2 à 10 ans, la présence d’eauchaude indiquant la fin de la période de pêche représente ledébut d’un phénomène El Niño : une série de changementsmétéorologiques qui déclenche des inondations, des incen-dies, des pluies torrentielles, des sécheresses, des maladies,des échecs culturaux et d’autres événements, comme ceuxdécrits au début de ce chapitre (Figure 39.11).

Pendant un phénomène El Niño de grande ampleur, lesvents qui soufflent habituellement de la côte de l’Amériquedu Sud vers l’ouest changent de direction et soufflent versl’est. Lorsque ces vents soufflent vers l’est, ils poussent l’eauchaude du Pacifique occidental à l’est. L’arrivée de cette eauchaude venant du Pacifique occidental change les tempéra-

tures des eaux superficielles, causant des modifications auniveau des courants marins (dont l’affaiblissement du cou-rant froid du Pérou), des systèmes de vents, des niveaux dela mer et de la pluviométrie dans la majeure partie dumonde. Ceux-ci et d’autres changements météorologiquesperturbent sérieusement les systèmes naturels décrits audébut du chapitre et illustrés par la figure 39.12.

Les phénomènes El Niño illustrent également un pointgénéral important : les modèles globaux de la circulationde l’air et de l’eau peuvent se manifester dans une partie dumonde, mais affectent des écosystèmes partout dans lemonde. Comme nous le verrons dans les chapitres suivants,il peut être difficile de comprendre les interactions écolo-giques qui se produisent localement. Dans de nombreux cascependant, ce que les écologues (et les politiciens) doiventvraiment comprendre ce sont les interactions locales ainsique les effets d’événements éloignés. De telles notions exi-gent une connaissance pointilleuse de la biosphère – tâchemonumentale et complexe. À tous ce qui prétendent qu’iln’existe plus de frontières scientifiques à explorer, la bio-sphère donne une preuve formidable de leur erreur.

CHAPITRE 39 La biosphère 641

Tahiti

Îles des Galápagos

Affecte les populations des oiseaux

Érosion côtière

Affecte les récifs de corail

Sécheresse Incendies Affecte les organismes

marins

Tempêtes tropicales

Maladies transmises par

des animaux

Inondations Maladies transmises

par l’eau

Légende

Figure 39.12 Les phénomènes El Niño ont des effetsconsidérables et variés dans le monde entier

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■ Une fois tous les deux à dix ans, un courant d’eauchaude plus fort que d’habitude circule le long de lacôte occidentale de l’Amérique du Sud et signale ledébut d’un phénomène El Niño, une série de change-ments qui modifient les modèles de conditions météo-rologiques et affectent les écosystèmes dans le mondeentier.

RÉSUMÉL’écologie : l’étude des interactions entre les organismes etleur environnement■ Les écologues étudient les interactions entre les organismes

et leur environnement à différents niveaux qui vont des indi-vidus aux écosystèmes.

■ Le but principal de l’écologie est de rapporter et de com-prendre les conséquences sur la vie sur Terre des activitéshumaines dégradant la biosphère.

Le climat■ Le climat dépend du rayonnement solaire incident. Les

régions tropicales sont beaucoup plus chaudes que lesrégions polaires, car la lumière du soleil touche la Terre per-pendiculairement à l’équateur mais sous un angle incliné àproximité des pôles.

■ Le climat est fortement influencé par quatre cellules convec-tives qui créent des vents relativement prévisibles à traversle globe.

■ Les courants marins transportent une énorme quantité d’eauet peuvent avoir un effet considérable sur des climats régio-naux.

■ Les climats régionaux sont également affectés par les carac-téristiques principales de la surface terrestre. Par exemple,les montagnes peuvent créer des ombres de pluie, et contri-buent, de ce fait, à la formation des déserts.

Les biomes terrestres■ Il y a sept biomes terrestres principaux : la forêt tropicale, la

forêt tempérée, la prairie, le chaparral (appelé garrigue oumaquis en Europe), le désert, la forêt boréale et la toundra.

■ Le climat est le facteur principal qui définit l’emplacementpossible des biomes terrestres. Le climat peut empêcher lasurvie d’une espèce dans un certain territoire de manièredirecte ou indirecte.

■ La localisation réelle des biomes terrestres est fortementinfluencée par les activités humaines.

Les biomes aquatiques■ Il y a huit biomes aquatiques principaux : le fleuve, le lac, la

zone humide, l’estuaire, la zone intertidale, le récif de corail,l’océan et la zone benthique.

■ Les biomes aquatiques sont habituellement caractérisés pardes conditions physiques de l’environnement, comme latempérature, la salinité et le mouvement de l’eau.

■ Les biomes aquatiques sont fortement influencés par lesbiomes terrestres environnants, par le climat et par les activi-tés humaines.

Coup de projecteur : Un monde■ Le phénomène El Niño montre comment les modèles glo-

baux de la circulation de l’air et de l’eau font que des événe-ments qui se produisent dans une partie du monde ont desconséquences de grande portée.

TERMES FONDAMENTAUX

RÉVISON DU CHAPITREAuto-évaluation

1. Parmi les termes suivants, lequel n’est pas un niveau dehiérarchie biologique généralement étudié par les éco-logues ?a. l’écosystèmeb. l’individuc. l’organited. la population

2. Parmi les événements suivants, lequel contribue à la for-mation d’un désert ?a. les vents qui soufflent au-dessus de courants chaudsb. l’air frais et sec qui descend vers la Terre à environ 30°

de latitudec. les ombres de pluied. b et c

3. Londres en Angleterre et Winnipeg au Canada sont desvilles situées à une même latitude, pourtant Londres a unclimat beaucoup plus chaud que Winnipeg. Pourquoi ?a. Le Gulf Stream réchauffe l’Europe.b. Le courant du Pérou maintient le froid au Canada.c. Les vents d’est soufflent à Londres, et les vents d’ouest

à Winnipeg.d. Il y a un effet d’ombre de pluie à Winnipeg.

4. La biosphère se composea. de tous les organismes vivant uniquement sur la Terre.b. seulement des environnements dans lesquels vivent les

organismes.c. de tous les organismes vivant sur Terre et des environ-

nements dans lesquels ils vivent.d. aucune des réponses ci-dessus.

5. Quel(s) aspect(s) du climat influence(nt) le plus fortementles emplacements des biomes terrestres ?a. les ombres de pluieb. la température et la précipitationc. uniquement la températured. uniquement les précipitations

Biome p. 000

Biosphère p. 000

Cellules convectives p. 000

Climat p. 000

Conditions météorologiquesp. 000

Écologie p. 000

Écosystème p. 000

Ombre de pluie p. 000

Phénomène El Niño p. 000

642 PARTIE 6 Interactions avec l’environnement

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Questions de révision

1. Argumentez votre point de vue sur la différence entre lesemplacements potentiels et réels des biomes. Quels fac-teurs déterminent les emplacements potentiels et réels desbiomes ?

2. Expliquez en utilisant vos propres mots comment lesmodèles globaux de la circulation locale de l’air et de l’eauproduisent des événements locaux dont les conséquencesécologiques se manifestent dans des lieux éloignés.

Donnez un exemple qui montre comment des interactionsécologiques locales peuvent être bouleversées par des évé-nements se déroulant en des lieux éloignés.

3. Expliquez comment le climat peut empêcher la survied’une espèce dans certaines zones des biomes terrestres etaquatiques.

4. À étudier individuellement : pourquoi fait-il plus froid au-dessus d’une haute montagne (qui est plus près du soleil)qu’aux pieds de cette montagne (plus loin du soleil) ?

CHAPITRE 39 La biosphère 643

1. Une autre manière de réduire les émis-sions des gaz à effet de serre seraitl’utilisation de diverses sortes destransports en commun. Pourquoid’après vous le transport public est-ilsi peu utilisé aux États-Unis ?

2. En termes de coût annuel et des effetssur l’environnement, comment votre

voiture supporte-t-elle la comparaisonavec un HEV ? Conseil : vous pouvezcomparer votre voiture à deux HEVs,le Honda Insight ou le Toyota Prius,sur le site Internethttp ://209.10.107.169/tailpipetally/

3. Pensez-vous que les personnes quiachètent des voitures et des camions

qui émettent des gaz à effet serre à unniveau élevé devraient être pénalisés ?Par exemple, devrait-il exister un« impôt sur le réchauffement global »prélevé lors de la vente de SUVs etd’autres véhicules qui émettent degrandes quantités de CO2?

Questions soulevées par l’actualité

39

Les Européens sont de plus en plusdépendants de leurs voitures. Nousaimons nos voitures et nous aimonssillonner les routes. Le problème,c’est qu’à chaque kilomètre parcouru,de l’anhydride carbonique (CO2) estlibéré dans l’atmosphère. C’est unproblème parce que l’anhydride car-bonique est un gaz à effet de serre,ce qui signifie qu’il fonctionnecomme les fenêtres de votre voiture :il laisse passer le soleil mais piège lachaleur. Les scientifiques annoncentque si nous ne réduisons pas la quan-tité de CO2 rejeté dans l’atmosphère,la température de la planète va s’éle-ver considérablement, modifiant ainsiles écosystèmes naturels et agricolesde la biosphère.

En France, sur le total des rejets deCO2, les automobiles et les camionsen représentent un tiers. Si l’on consi-dère l’évolution du parc mondialévalué à 700 millions de véhicules

motorisées qui devraient passer à 1,2milliards en 2020, il devient vital dediminuer les émissions de CO2 d’au-tant que les dégâts d’effet de serresont en partie irréversibles.

Malheureusement, les émissionsde CO2 s’additionnent rapidement.Par exemple, si vous possédez unSUV classique et que vous conduisezplus de 4 kilomètres par jour, vouslibérez dans l’air plus que «votre justepart » de CO2 (la « juste part » desémissions de CO2 d’une personneétant la quantité qu’elle peut émettredans l’atmosphère sans contribuer auxémissions globales de CO2 perturba-trices du climat à l’échelle mondiale).

Que devrions-nous faire ? Vouspourriez attendre environ 10 ans pouracheter des moteurs de voitures équi-pés de nouvelles technologies(comme des piles à combustible).Mais si vous voulez vous différencierplus tôt plutôt que trop tard, certaines

marques vendent déjà les véhiculesélectriques hybrides (VEH) avec uneconsommation d’environ 4l/100 kmet que l’on qualifie d’« admirablesvéhicules à basse émission». Ces voi-tures infligent un minimum de dom-mage à l’environnement, en offrantdans un certain sens « le beurre et l’ar-gent du beurre ».

D’autres constructeurs de voituresont des VEH en cours de fabricationou de mise au point. Ainsi, pour unbon nombre d’entre nous, un « VEHde rêve » est disponible dès mainte-nant ou le sera prochainement. LesVEH sont beaux, ont une bonne puis-sance et sont faciles à utiliser (vousn’avez pas à les brancher, ils serechargent lorsque vous conduisez).Les VEH économisent votre argent etaident à préserver l’environnementglobal. Y a-t-il une raison quelconquede ne pas les aimer ?

Éditorial : Protégez notre biosphère,achetez une voiture hybride essence – électricité

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