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Hynovations 85, FEVRIER 2019 N°85 FEVRIER 2019 ÉDITO par Fabio Ferrari, DG de Symbio et 1er Vice-Président de l'AFHYPAC C’est parti ! Après plusieurs années de petits pas, faits grâce au soutien de territoires et entreprises à l’âme pionnière, la mobilité hydrogène passe enfin en mode « grandes enjambées ». L’annonce du plan national hydrogène, en juin dernier, l’avait mise en piste. La mobilisation de la filière pour répondre à l’appel à projets de l’ADEME dès janvier a été un bon échauffement. En ligne avec le «coming out » de PSA sur l’hydrogène fin février, le fait que Michelin et Faurecia annoncent, le 11 mars, leur volonté de créer ensemble le leader mondial des systèmes hydrogène pour la mobilité démontre que nous sommes enfin sur les starting-blocks: la filière française est désormais prête à affronter la concurrence internationale et à se positionner sur un marché qui jusqu’à présent semblait perdu dans un avenir trop lointain pour être concret, celui des véhicules grand public. Peut-on gagner la course, ou au moins ne pas se laisser distancer par ces pays dopés aux plans étatiques ambitieux et à la volonté farouche de se libérer des énergies fossiles (Japon, Corée, Chine…) ? Parmi tous les facteurs de réussite, deux peuvent sans doute être distingués au regard de l’actualité : notre nécessaire mobilisation, d’abord, suite à la reconnaissance de l’hydrogène comme Chaîne de valeur stratégique au niveau européen. Une bonne collaboration, ensuite, entre des grands acteurs nouveaux sur le secteur de la mobilité hydrogène et plus petites structures, souvent expertes. Sur ce point, la manière dont est envisagée la joint-venture entre Faurecia et Michelin une fois passées les fourches caudines des autorités de la concurrence incite à l’optimisme. Il est en effet prévu que Symbio soit au cœur de la co-entreprise et conserve son autonomie de management. Signe que l’expertise de l’entreprise et les spécificités du marché sur lequel elle opère un marché immature, si différents de ceux des équipementiers traditionnels sont reconnus. Un facteur clef de succès, sans aucun doute. Fabio Ferrari Directeur Général de Symbio 1er Vice-Président de l'AFHYPAC

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Hynovations 85, FEVRIER 2019

N°85 – FEVRIER 2019

ÉDITO

par Fabio Ferrari, DG de Symbio et 1er Vice-Président de l'AFHYPAC

C’est parti ! Après plusieurs années de petits pas, faits grâce au soutien de territoires et entreprises à l’âme pionnière, la mobilité hydrogène passe enfin en mode « grandes enjambées ». L’annonce du plan national hydrogène, en juin dernier, l’avait mise en piste. La mobilisation de la filière pour répondre à l’appel à projets de l’ADEME dès janvier a été un bon échauffement. En ligne avec le «coming out » de PSA sur l’hydrogène fin février, le fait que Michelin et Faurecia annoncent, le 11 mars, leur volonté de créer ensemble le leader mondial des systèmes hydrogène pour la mobilité démontre que nous sommes enfin sur les starting-blocks:

la filière française est désormais prête à affronter la concurrence internationale et à se positionner sur un marché qui jusqu’à présent semblait perdu dans un avenir trop lointain pour être concret, celui des véhicules grand public.

Peut-on gagner la course, ou au moins ne pas se laisser distancer par ces pays dopés aux plans étatiques ambitieux et à la volonté farouche de se libérer des énergies fossiles (Japon, Corée, Chine…) ? Parmi tous les facteurs de réussite, deux peuvent sans doute être distingués au regard de l’actualité : notre nécessaire mobilisation, d’abord, suite à la reconnaissance de l’hydrogène comme Chaîne de valeur stratégique au niveau européen. Une bonne collaboration, ensuite, entre des grands acteurs nouveaux sur le secteur de la mobilité hydrogène et plus petites structures, souvent expertes. Sur ce point, la manière dont est envisagée la joint-venture entre Faurecia et Michelin – une fois passées les fourches caudines des autorités de la concurrence – incite à l’optimisme. Il est en effet prévu que Symbio soit au cœur de la co-entreprise et conserve son autonomie de management. Signe que l’expertise de l’entreprise et les spécificités du marché sur lequel elle opère – un marché immature, si différents de ceux des équipementiers traditionnels – sont reconnus. Un facteur clef de succès, sans aucun doute.

Fabio Ferrari Directeur Général de Symbio 1er Vice-Président de l'AFHYPAC

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FAIT MARQUANT

Coup d’accélérateur pour le taxi à hydrogène

Paris va bientôt détenir la plus grosse flotte de taxis à hydrogène au monde avec 500 voitures de plus fournies par Toyota à la STEP. Avec l’aide d’Air Liquide et d’un autre partenaire, ces acteurs ont décidé de se regrouper et d’aider les taxis et les VTC à se convertir à l’hydrogène partout dans le monde.

Air Liquide, Toyota, Idex et HYPE ont décidé de créer une société commune pour développer le taxi à hydrogène. Elle a pour nom Hysetco. D'un budget de 100 millions, la société est détenue à part égale par chacun des partenaires à hauteur de 25 %. Si vous ne connaissez pas Idex, il s’agit d’un acteur du développement durable au sein des territoires. Son Président, Thierry Franck de Préaumont, se dit « convaincu que l’hydrogène deviendra un élément important dans la chaîne de valeur énergétique ». Idex prête donc « une attention toute particulière aux technologies innovantes sur le stockage interactif des énergies à la maille locale en valorisant leurs interactions en temps réel ».

C’est un écosystème complet qui se met en place avec les véhicules, les stations et le service client. L’objectif est d’arriver à 600 véhicules avant la fin 2020, à Paris (contre 100* aujourd'hui). Toyota a obtenu la garantie de pouvoir obtenir la production de 500 exemplaires en plus de la Mirai. La prochaine capitale visée est Bruxelles, où HYPE a prévu de s'implanter. "C'est un très grand jour", a commenté Mathieu Gardies, le PDG de la STEP qui opère le service HYPE. C'est aussi le Président de la société commune. La structure va se servir de ces fonds pour acheter les voitures, financer les licences de taxi et construire les stations.

La flotte de taxis Hype pourra également compter sur l’agrandissement du réseau de stations, après l’ouverture récente d’un nouveau point de rechargement à Roissy près de l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle qui vient s’ajouter au maillage existant (Paris-Orly, Les-Loges-en-Josas, Pont de l’Alma). Cette station hydrogène à Roissy a été conçue et installée par Air Liquide avec le soutien du partenariat public-privé du FCH JU (Fuel Cells and Hydrogen Joint Undertaking). Pierre-Etienne Franc a précisé que 20 000 pleins avaient déjà été réalisés à ce jour sur l’ensemble des points de distribution. Pour alimenter une flotte de 600 véhicules d'ici fin 2020, il faudra au moins 10 stations à hydrogène.

La vocation d'Hysetco est de proposer des services. Les chauffeurs vont se voir proposer un leasing sur une durée de 3 ans et pour un kilométrage de 250 000 km. Le loyer serait de 800 à 1000 euros par mois. Toyota estime qu'il va pouvoir bientôt réduire le coût de la Mirai en augmentant les cadences de production, et encore plus quand la nouvelle génération de sa berline à hydrogène sortira en 2021. Celle-ci aura d'ailleurs plus de coffre, un défaut que l'on peut reprocher à l'actuelle version. Le souhait d'Hysetco est de recruter prochainement un partenaire financier. A terme, d'autres constructeurs pourraient rejoindre la société commune. Mais, "pas tout de suite", a averti Mathieu Gardies, son Président. La société commune proposera ensuite aux autres taxis et VTC de se convertir à l’hydrogène. Et sur un plan international.

Le taxi à hydrogène est présenté comme la solution la plus pertinente, car le plein ne prend quelques minutes, contrairement à la recharge des batteries. Les taxis HYPE tournent en général 22 h sur 24 avec deux, voire trois chauffeurs.

*62 Hyundai ix35 FCV et 38 Toyota Mirai

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ZOOM SUR…

Le Morbihan s’engage pour l’hydrogène

Le 7 février, une journée a été consacrée à la mobilité hydrogène à Vannes. Elle a permis aux professionnels de découvrir les premiers véhicules disponibles et la future station hydrogène destinée au grand public qui devrait voir le jour à l’usine de Michelin d’ici la fin de l’année.

Organisée par Morbihan énergies, en association avec ENGIE Cofely, la Banque des Territoires et la Région Bretagne, « cette journée a été un beau succès succès », témoigne Edouard Céreuil, responsable du service énergies. Devant l’affluence (150 personnes), il a même fallu refuser de nouvelles

inscriptions. Préparée par Seiya Consulting et Alca Torda, deux prestataires qui accompagnent le syndicat d’énergies, la journée s’est déroulée en deux temps. Le matin, il y a eu d’abord une présentation de la filière hydrogène, puis des usages liés à la mobilité. Du vélo au train en passant par les poids lourds, les chariots élévateurs, et les remorques frigorifiques, les participants ont eu droit à un tour d’horizon complet. Le programme a enchaîné avec une table ronde autour de la future station à hydrogène de Vannes. L’après-midi a été consacrée ensuite à des rencontres entre professionnels.

En dehors de ces échanges, l’événement a été marqué également par la présence de véhicules sur site. On pouvait voir notamment les Hyundai ix35 FCV et Nexo, la Toyota Mirai, le Kangoo ZE H2 (qu’utilise ENGIE Cofely à Vannes) et le vélo de Pragma Industries.

La journée a permis de faire le point sur la station de remplissage. Il a été rappelé que ce projet est lié à l’usine Michelin de Vannes qui, pour les besoins de son process (la tréfilerie, une activité qui consiste à étirer le fer en fil pour le mettre dans les pneus) a besoin d’hydrogène. Plutôt que de se faire livrer avec des bouteilles, le manufacturier préfère investir dans la production d’hydrogène décarboné avec un électrolyseur. Ce dernier sera dimensionné au-delà des besoins propres de Michelin, de façon à ce que le surplus puisse venir alimenter une station de distribution qui sera installée en dehors de l’usine et qui sera accessible pour le public. L’objectif visé est une production de 100 kg par jour. « On finalise les discussions avec Michelin pour l’implantation de la station et les études administratives avant de pouvoir attaquer les travaux le plus tôt possible. On regarde aussi comment utiliser cet hydrogène pour alimenter d’autres stations, du vélo au bateau », indique Edouard Céreuil de Morbihan Energies.

Le syndicat d’énergie se félicite aussi du succès de la charte « Morbihan hydrogène », qui a été signée par des acteurs économiques du département pour participer à l’essor de la filière. Ils sont au nombre de huit. On retrouve bien évidemment Michelin*, deux acteurs du transport morbihannais, les entreprises Delanchy de Guidel et Rault de Pontivy ; Véolia, partenaire important des collectivités dans les métiers de l’eau ; Fidéli Courses, qui exploite depuis Saint-Avé une flotte de 180 véhicules de transports de petits colis ; l’entreprise Yves Rocher (déjà très impliquée dans la protection de l’environnement et dont les plates-formes logistiques pourraient être équipées de chariots élévateurs à hydrogène), ainsi que la CCI du Morbihan et le Parc de Branféré. « C’est un début, plus nous serons nombreux à nous associer à cette démarche, plus nous pourrons peser sur le développement de l’hydrogène », a souligné lors de cette signature Jo Brohan, président de Morbihan énergies.

*Sur le site de la zone du Prat, l’hydrogène sera produit par une SA composée d’ENGIE Cofely, Morbihan énergies, la Caisse des dépôts et la Région Bretagne

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TRIBUNE

« PPE : la transition énergétique se fera avec l'hydrogène » par Philippe Boucly, Président de l’AFHYPAC

Le Ministère de la transition écologique et solidaire vient de publier un projet de décret relatif à la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE), qui fixe les objectifs de la politique énergétique de notre pays pour les 10 prochaines années. Traduction réglementaire du projet de PPE actuellement en consultation, la place qu’il donne à l'hydrogène réaffirme la reconnaissance de ce vecteur énergétique polyvalent et de sa contribution pour relever les défis majeurs qui se présentent à nous : changement climatique, qualité de l'air, emploi industriel, gestion des déchets, etc....

Décarbonation de l’industrie, développement d’une filière de production d’hydrogène décarboné, déploiement de véhicules et de l’infrastructure de recharge associée, évaluation des services de flexibilité rendus par l’hydrogène aux réseaux électriques et gaziers, mise en place d’un cadre législatif et réglementaire adapté : les objectifs du Plan National Hydrogène annoncé par le gouvernement le 1er juin dernier figurent dans le projet de PPE, ce qui conforte notre filière sur la volonté de mettre en œuvre le plan de déploiement de l’hydrogène pour la transition énergétique. Notre Association salue en particulier l'intérêt à mettre en place d'ici 2020 un système de traçabilité de l'hydrogène décarboné.

Un soutien financier qui doit être clairement affirmé

Au-delà de l’inscription des objectifs du Plan national dans la PPE, notre vigilance se portera sur l'importance accordée au budget associé. Même s'il est jugé trop modeste au regard des enjeux et de la concurrence internationale, il est en effet important que le soutien au développement de l'hydrogène, à hauteur de 100 millions d’euros, soit clairement affirmé.

Le 11 janvier dernier, 24 dossiers ont été déposés auprès de l'ADEME à la suite de l’appel à projets "Ecosystèmes de mobilité hydrogène" ce qui illustre une fois encore, s'il en était besoin, la mobilisation des acteurs de la filière et le dynamisme des territoires. Le 25 février, l’ADEME a lancé un second appel à projets sur la « Production et fourniture d’hydrogène décarboné pour des consommateurs industriels » ouvert jusqu’au 18 juin, dans le cadre du Programme d’investissements d’avenir. Là encore nous attendons une forte mobilisation des industriels, et nous espérons que le financement sera à la hauteur des projets proposés.

Dans le même temps, nous mettrons également toute notre énergie pour mobiliser les institutions financières et associer financements privés et publics (dont la CDC, la banque des territoires, et BPI France) ainsi que pour faire émerger des modèles de cofinancement pour les déploiements d'écosystèmes dans les territoires.

Réorienter les investissements public et privé vers les besoins impérieux de la transition écologique est le grand défi qui accompagne cette PPE pour la décennie qui vient, si l’on ne souhaite pas qu’elle reste lettre morte. Gageons qu’à l’issue du Grand Débat National, des propositions ambitieuses et audacieuses soient capables de lever les freins et ainsi garantir le déploiement à grande échelle des solutions hydrogène. C’est une condition majeure pour valoriser notre ambition : construire une filière française de l’hydrogène compétitive.

Philippe Boucly, Président de l'AFHYPAC

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ACTUALITES FRANCE

Faurecia et Michelin vont créer un futur leader de la mobilité hydrogène

Par un communiqué de presse, publié sur le site des deux groupes, Faurecia et Michelin annoncent leur intention de créer une co-entreprise regroupant l’ensemble des activités dédiées à la pile à hydrogène. L'accord a été signé en présence de la Secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances, Agnès Pannier-Runacher.

L'ambition est de devenir un leader mondial des systèmes de piles à combustible, grâce aux apports des actifs existants des deux partenaires. Michelin apportera à cette co-entreprise les activités de Symbio, qui est devenue une filiale à 100 % du Groupe depuis le 1er février dernier. Auparavant, la firme de Clermont détenait 47 % de la PME aux côtés d'Engie (23 %) et du CEA Investissements (9 %). Symbio, a Faurecia Michelin Hydrogen Company devient d'ailleurs le nom de la co-entreprise, qui sera détenue à parts égales entre Faurecia et Michelin et créée d'ici la fin juin. Elle sera dirigée par Fabio Ferrari, le fondateur et actuel Président de Symbio.

La complémentarité de ces acteurs permettra à l'entreprise de proposer immédiatement une gamme unique de systèmes de pile à hydrogène couvrant tous les cas d’usage. Faurecia et Michelin rappellent que pour les véhicules électriques, la technologie de la pile à combustible est complémentaire à la technologie batterie, en particulier pour les cas d’usage nécessitant une forte intensité d’utilisation et une plus grande autonomie. Les deux partenaires ont pour ambition de détenir 25 % d'un marché estimé à 15 milliards d'euros en 2030. Ce qui aurait été difficile en agissant de façon séparée.

Selon Les Echos, Michelin conservera toutefois en propre ses travaux sur la membrane, un composant clé de la pile. Son partenariat avec Engie dans les stations à hydrogène, notamment en Auvergne-Rhône-Alpes, sera de même poursuivi. De son côté, Faurecia gardera dans son giron son activité dans les réservoirs à hydrogène (qu'il développe notamment avec Stelia Aeropace). Dans la pile à combustible, l'équipementier contrôlé par PSA a déjà signé un partenariat avec le groupe au Lion, et travaille avec Renault pour équiper, en plus des Kangoo, des Master ou des Trafic, croit savoir le quotidien économique.

A noter que cette transaction est en outre soumise à l’approbation des autorités compétentes en matière de contrôle des concentrations.

Nouvel appel à projets de l'ADEME pour l'industrie

Après celui sur la mobilité et les écosystèmes, l'ADEME lance un appel à projets "Production et fourniture d’hydrogène décarboné pour des consommateurs industriels". Comme son nom l'indique, il s’adresse à toute entreprise se positionnant comme maître d’ouvrage et supportant tout ou partie d’un investissement de production d’hydrogène décarboné ou, dans le cas de l’hydrogène fatal, supportant des investissements d’épuration, de conditionnement ou de stockage préalables à la commercialisation de l’hydrogène. Seront sélectionnés, dans une logique de pré-déploiement, les projets proposant les offres de valeur les plus compétitives pour la fourniture d’hydrogène décarboné à usage principalement industriel (production et livraison sur site). Les usages finaux visés, existants ou nouveaux, sont principalement liés à des besoins de processus industriels (chimie, électronique, verrerie, industrie agroalimentaire, etc.). Une faible partie de la production pourra néanmoins alimenter d’autres usages (mobilité, stockage, etc.). L’enveloppe indicative consacrée au financement des projets retenus dans le

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cadre de cet appel à projets pourra aller jusqu’à 50 M€. La clôture est prévue le 18 juin. Renseignements et détails sur le site de l'ADEME.

PSA de retour dans l'hydrogène en 2021

Ce n'est pas tout à fait une surprise : le constructeur français avait déjà fait savoir ces derniers temps qu'il s'intéressait à la pile à combustible. Mais, cela se confirme. A l'occasion de la présentation de la deuxième phase de son plan Push to Pass, sur la période 2019/2021, PSA a annoncé une accélération de l’électrification des gammes avec 50 % de l’offre en 2021 (pour un objectif de 100 % en 2025). Et dans ce mix, il comptabilise l’utilisation des premiers véhicules à hydrogène en condition réelle dans des

flottes de clients B2B. A ce stade, le groupe prévoit d'introduire en petite série des utilitaires avec pile à combustible. Même si c'est une introduction symbolique de la technologie, c'est quand même un signe fort envoyé au marché et à la filière. Pendant des années, le groupe a travaillé sur la PAC avec le CEA. Il a aussi développé des concepts, le dernier en date étant la 307 CC Fisypac, avec une combinaison de l'hybride rechargeable et de la pile à combustible. Pour parvenir à sortir ses premiers véhicules à hydrogène d’ici 2021, Peugeot va s’appuyer sur l’expertise d’Opel qui fait partie du groupe. Le constructeur allemand a acquis une expertise auprès de son ancien propriétaire, General Motors, et avait développé des prototypes. Le dernier en date était l'HydroGen4 sur la base d'un SUV. Les développements se feront sur le site de recherche et développement de Rüsselsheim, en Allemagne.

L'hydrogène évoqué aux 100 ans de l'OICA

A la mi-février, l'industrie automobile a célébré les 100 ans de l'OICA (Organisation Internationale des Constructeurs Automobiles). C'est une organisation basée à Paris et qui permet d'harmoniser au sein du secteur un certain nombre de sujets, techniques ou commerciaux, de même que le calendrier des salons à travers le monde. C'était donc l'occasion pour les différents représentants d'organisations locales de constructeurs de confronter leur vision de l'évolution de leur mobilité, à l'heure où les normes se durcissent. Devant plus de 500 invités, le 13 février, le Président Emmanuel Macron a évoqué un investissement de 700 millions en faveur d'une filière européenne de batteries. Ce geste fait suite au rapport commandé par l'Elysée auprès de deux experts, Patrick Pélata (ex-Renault) et Xavier Mosquet (Boston Consulting Group).Pour autant, le chef de l'Etat n'oublie pas l'hydrogène. Il a prononcé ce mot, au moment de parler des alternatives au moteur thermique. Par ailleurs, au cours des échanges qui ont suivi le 14 février lors des conférences, on a pu constater que certains acteurs voyaient d'autres solutions pour réduire les émissions de CO2. CNH Industrial et Hyundai ont par exemple clairement cité l'hydrogène dans leur feuille de route. Selon les pays, les choix technologiques peuvent différer. A travers la KAMA, la Corée du Sud cite spontanément l'hydrogène parmi les solutions, en raison des ambitions portées par le pays. Pour sa part, l'Inde mise plutôt sur l'électrique pour les deux-roues. Elle privilégie plutôt le gaz pour les voitures, et à plus long terme l'hydrogène. Quant au Brésil, il est plutôt sur les biocarburants. Cette diversité d'options explique sans doute l'accueil froid réservé à la ministre des Transports, Elisabeth Borne, qui a expliqué - en français - que l'avenir était à la mobilité électrique à batterie….

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Zero Emission Valley : la région ARA investit dans Hympulsion

La région Auvergne-Rhône-Alpes a décidé de prendre une participation de 33 % au capital de la SAS Hympulsion, chargée de piloter le déploiement de 20 stations à hydrogène sur le territoire. Elle a débloqué en ce sens une enveloppe de 8 millions d'euros. Une décision qui reflète l'ambition de positionner le territoire en leader sur le développement durable et accélérer le déploiement de l'hydrogène

comme vecteur énergétique et propre. La SAS Hympulsion a été créé le 6 novembre dernier par Engie et Michelin. Suite à cet investissement, la région devient ainsi le premier actionnaire de cette entreprise, aux côtés du fabricant de pneumatiques Michelin (22,8 % des parts), de l'énergéticien Engie (22,8 %), de la Caisse des dépôts (16,9 %) et du Crédit Agricole (4,6 %). Le rôle de la société est d'installer et d'exploiter les 20 stations de distribution d'hydrogène prévues dans le cadre du projet ZEV (Zero Emission Valley). Lequel vise à déployer simultanément 1 000 véhicules et les stations de distribution qui fourniront de l’hydrogène 100 % renouvelable. Fruit d’un partenariat Public/Privé regroupant autour de la Région et de la Banque des Territoires (CDC), Michelin et Engie, le projet ZEV a été sélectionné par l'Europe et bénéficie d’une subvention européenne de 10,1 M€ sur un budget total de 50 M€. Le président LR de la région, Laurent Wauquiez, rappelle que 80 % des acteurs industriels de la filière hydrogène sont présents sur son territoire.

Une station multi-énergies à Riom

Toujours dans le cadre du projet ZEV, une station distribuant de l’hydrogène et du gaz naturel devrait voir le jour, sous l’impulsion de la communauté d’agglomération Riom Limagne et Volcans et la région Auvergne-Rhône-Alpes. 21 zones d'activités sont concernées par ce projet, dont deux majeures : le Parc Européen d'Entreprises, à vocation industrielle et logistique, qui regroupe plus de 1000 emplois et la zone du Biopôle, spécialisé sur les Biotechnologies. L’ouverture de la station est liée aux engagements des entreprises, qui sont incitées par des aides à convertir leur flotte en véhicules à énergie nouvelle. Ces aides financières peuvent atteindre 10 000 euros par camion équipé en gaz naturel et jusqu'à 18 000 euros pour l'hydrogène.

Seed-Energy : une start-up qui modélise la rentabilité des stations d'hydrogène

La société* a développé un logiciel de modélisation-simulation qui permet d'établir la faisabilité économique d'une station de recharge à hydrogène. Cette innovation tombe à pic, car dans le cadre du récent appel à projets H2-mobilité, l'ADEME demande à ce qu'une analyse économique de l'ensemble de la chaîne hydrogène soit réalisée. L'étude doit être faite de la phase de production jusqu'à l'utilisation, l'objectif étant de parvenir à évaluer finement les coûts, la rentabilité d'une station de recharge, et les besoins en investissements. Le logiciel a été utilisé récemment par la communauté de communes Entre Bièvre et Rhône (ex Pays Roussillonnais), dans l'Isère, dans le but d'évaluer la faisabilité économique d'une station de recharge hydrogène multi-énergies. Il en est ainsi ressorti que coupler la production d'hydrogène vert pour

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un usage industriel à un usage de mobilité urbaine était nécessaire afin d'optimiser les coûts, le coût de production de l'hydrogène étant ramené à 5 euros par kg contre 12 euros. Sa plateforme est labellisée par le pôle de compétitivité Tenerrdis. Il existe des outils similaires développés par ENGIE, Seiya Consulting, ou encore l’Ensiacet (L’école nationale supérieure des ingénieurs en arts chimiques et technologiques).

*Seed-Energy est une start-up essaimée du CEA-Liten. Créée en août 2017 par Benjamin Guinot, elle permet de valoriser le potentiel de la plate-forme de simulation Odyssey pour l'optimisation du dimensionnement et de la gestion énergétique.

Train à hydrogène : la SNCF en parle

Sur son site Internet, la SNCF consacre une page au train à hydrogène. La compagnie ferroviaire annonce son engagement de faire circuler de tels trains d'ici 2022 en exploitation commerciale. On y apprend que 25 % des TER roulent au Diesel et que ces locomotives représentent 75 % de la pollution. La transition est déjà engagée, puisque 20 % des TER sont bi-mode (thermique et électrique). Avec un train à hydrogène, l'autonomie passe à 600 km et il est possible de transporter 220 passagers à une vitesse de 160 km/h. Les premiers essais, menés à l'aide de trains fournis par Alstom, sont prévus en 2021 sur le réseau. L'article rappelle que de nombreuses régions sont intéressées par la technologie, dont la Bourgogne-France Comté.

Les Hauts-de-France intéressés par le train à hydrogène

Le site Vile, Rail et Transports croit savoir que Xavier Bertrand est tenté. La région qu’il préside, les Hauts-de-France, devrait se porter candidate au développement de la nouvelle technologie de pile à combustible développée par Alstom pour le TER. Le même site révèle que Valérie Pécresse a fait le choix contraire. La présidente de la région capitale a regardé le dossier pour la ligne P du Transilien. Elle préfère électrifier la ligne plutôt que d’investir dans un nouveau train.

La Normandie avance sur l’hydrogène

Moins de quatre mois après l’adoption du "Plan Normandie Hydrogène", la Région a réuni une centaine d’acteurs du territoire impliqués dans le domaine des énergies renouvelables et la préservation de l’environnement (collectivités, entreprises, associations...) pour réaliser un point d’étape sur la mise en œuvre du Plan. Sur les 46 actions à engager sur le territoire dans le cadre d’un calendrier entre 2 et 5 ans, une vingtaine ont déjà été engagées. Parmi ces projets, on peut notamment citer :

-Le projet DEPLHY VDS (Déploiement de l’Hydrogène en Vallée de Seine), piloté par Normandie Energies et financé par la Région dans le cadre de l’AMI CPIER Vallée de Seine, qui a pour objectif d’étudier pendant 24 mois le potentiel de développement de l’hydrogène en milieu industriel le long de la vallée de la Seine. Ce projet est important à plus d’un titre puisque cette connaissance est un préalable au dimensionnement d’équipements de production d’hydrogène renouvelable et que la stratégie nationale fixe comme objectif un taux d’incorporation d’hydrogène décarboné dans l’hydrogène industriel de 10 % en 2023 et 20 à 40 % en 2028.

-Le projet de recherche RAPHYD (Recherches pour les Applications Energétiques de l'Hydrogène) qui regroupe plusieurs partenaires scientifiques : CORIA – LSC – LSPC – CERTAM et qui traite des différents mécanismes physico-chimiques liés à l’utilisation de l’hydrogène comme vecteur d’énergie, dans la perspective du développement et du déploiement de nouvelles solutions à forte efficacité et faible impact environnemental à toutes les étapes de la filière énergie, depuis sa production jusqu’à son utilisation comme combustible. RAPHYD constitue une première structuration des actions de recherche menées en Normandie dans le domaine de la valorisation énergétique de l'hydrogène.

-Le projet ARTEMIS, porté par les universités de Caen, Rouen et Le Havre qui va travailler sur les questions d’acceptabilité des projets hydrogène par les citoyens en développant une réflexion hybride

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sciences (domaine énergétique – hydrogène) et étude sciences humaines et sociales (acceptabilité sociale et accompagnement).

-La Région Normandie et Caux Seine Agglomération se sont associées pour proposer et soutenir l’implantation du démonstrateur FENHYX de GRTgaz sur le territoire de l’agglomération qui présente l’environnement industriel et toutes les caractéristiques attendues pour ce projet. Ce démonstrateur d’envergure européenne a pour vocation d’étudier et de tester l’injection de différents gaz (dont l’hydrogène) dans les réseaux gaz. La décision de GRTgaz sur le site retenu est attendue pour le premier semestre 2019.

-Le programme EAS-HyMob, réseau normand de 15 stations de recharge hydrogène pour véhicules léger, porté par la Région Normandie et les sociétés Symbio et Serfim, va connaître en 2019 l’implantation de 11 stations dans l’Eure, le Calvados, la Manche et la Seine Maritime. Après la station de Rouen, les prochaines seront implantées Cherbourg, Louviers, Vernon et Evreux puis à Pont L’Evêque, Caen ou encore Le Havre.

-Dans le cadre du projet Road, financé par la Région et dans lequel sont notamment impliquées les entreprises normandes Chereau et Carrier, le premier prototype de remorque frigorifique alimentée par hydrogène sera testé en conditions réelles sera resté au premier semestre 2019.

En complément des montants déjà engagés avant la préparation et l’adoption du plan Normandie hydrogène (plus de 5 millions d’euros pour des projets tels que EAS-HyMob ou encore ROAD), la Région consacrera 15 millions d’euros sur les 5 prochaines années.

H2V avance sur la production d'hydrogène vert

Selon Les Echos, H2V a signé un partenariat avec avec le norvégien HydrogenPro pour la fourniture d'électrolyseurs pour son projet de Port-Jérôme, en Seine-Maritime. Il vient compléter celui déjà conclu en octobre dernier avec la même société pour son installation de Dunkerque, dans le Nord. Ces électrolyseurs vont permettre de produire à partir de l'eau de l'hydrogène vert qui sera utilisé pour des débouchés industriels. L'usine de Port-Jérôme, qui doit être construite à côté de la raffinerie d'Exxon, ciblera les industriels de la pétrochimie pour désulfurer les carburants ou fabriquer des engrais. A Dunkerque, le projet consiste à introduire l'hydrogène dans le réseau de gaz naturel - « power to gas » - pour le chauffage, la cuisine et de la mobilité (avec du GNL). H2V prévoit de produire 28.000 tonnes d'hydrogène vert par usine, avec un investissement de 230 millions d'euros par site. Les électrolyseurs seront alimentés par de l'électricité 100 % renouvelable pour Port-Jérôme. A Dunkerque, l'électricité proviendra du futur parc éolien offshore. La société d'ingénierie envisage de déposer ses permis de construire à l'automne 2019 et table sur une mise en service en 2022.

Retour sur BePositive

Dans le cadre de BePositive2019, le salon de la transition énergétique et numérique des bâtiments et territoires, qui s’est déroulé du 13 au 15 février à Lyon (parc Eurexpo), des H2 Meetings ont été organisés pour les acteurs de la filière hydrogène. Cet événement dans l’événement était une déclinaison de Hyvolution, le grand salon européen de l'hydrogène (organisé par GL Events). En tout, 40 exposants et plus de 400 visiteurs étaient attendus par les organisateurs. Sur place, il y avait notamment l’AFHYPAC ainsi que des entreprises et des collectivités. Sur le site de BePositive, on peut revoir en replay des émissions du plateau TV. Certaines traitaient plus spécifiquement de l’hydrogène, en tant que vecteur de la transition énergétique des bâtiments et des territoires (en deux parties le 15

février : l’autoconsommation et l’interconnexion des réseaux). A noter que la région Auvergne-Rhône-Alpes a organisé sa propre conférence (« un territoire qui se mobilise pour la filière hydrogène ») le 13 février et que l’ADEME et l’AFHYPAC ont coanimé une conférence le 14 février (« Plan National Hydrogène : mettre en œuvre pour passer à l’échelle ».

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ACTUALITES FRANCE

L’hydrogène s’affiche au salon de Genève

Malgré l’absence remarquée de Hyundai cette année, la pile à combustible était présente dans les allées du salon. Elle s’affirme de plus en plus comme un complément utile à l’électrique à batterie.

Pour cette édition 2019, Toyota était le meilleur ambassadeur de la technologie, avec sa Mirai. « La voiture qui n’émet que des gouttes d’eau », indique un panneau juste à côté. Il faut noter que le constructeur japonais profite du salon pour mettre en avant son partenariat avec Energy Observer. Il y a une maquette en miniature du catamaran à hydrogène et on peut le découvrir en réalité augmentée à l’aide d’une tablette. Pour sa part, Honda avait choisi de mettre l’accent sur l’électrique à batterie (e Protoype). Pas de Clarity donc sur le stand. La surprise est venue de PSA. Dans le cadre du salon, et lors d’une conférence technique, le patron de l'ingénierie et de la qualité du groupe, Gilles Le Borgne, a estimé que l’hydrogène était nécessaire pour relever le défi lié à la réduction des émissions de CO2 (près de 40 % en 2030). L'expert de PSA a rappelé que le groupe avait développé la pile GENEPAC en 2005 avec le CEA. Les travaux de recherche ont redémarré dans l'hydrogène, avec le concours des équipes d'Opel à Rüsselsheim en Allemagne. PSA a décidé d'intégrer la technologie dans des utilitaires (domaine dans lequel il est leader en Europe). Ce ne sera pas une pile "full power", mais une pile de moyenne puissance combinée avec de la batterie afin de réduire les coûts. Sans donner de noms, le groupe a affirmé travailler avec un consortium. Il a aussi un partenaire pour la recharge en hydrogène. Les véhicules seront utilisés dans une logique du laitier, avec une tournée qui les ramène au même endroit. PSA précise que la technologie est "significativement" plus chère que la batterie à ce stade.

Toujours dans l’automobile, le salon a été l’occasion de découvrir la version course de la RG Nathalie. Les initiales RG désignent Roland Gumpert, célèbre artisan de la voiture de sport. Nathalie est sa fille. Après une voiture de route*, c’est donc la version « Race » qui a été dévoilée au salon de Genève. Associé à la start-up chinoise Aiways, Roland Gumpert a choisi l’hydrogène. Mais, c’est à travers des piles au méthanol que le courant électrique est produit à bord pour entraîner ce bolide qui roule à 300 km/h. Pour cela, le fabricant s’est rapproché de Blue World Technologies, une entreprise danoise spécialisée dans le développement de piles à combustible au méthanol.

Enfin, on peut découvrir un espace station-service du futur, sur le stand de l’Industrie Pétrolière suisse. Celui-ci met en scène une Hyundai Nexo et une station à hydrogène. Mais, la surprise vient d’un vélo à pile à combustible. Linde présente en effet le H2 Bike. Il s'agit d'un concept, qui affiche un poids de 23,6 kg (dont 3,7 kg pour la partie à hydrogène). L'intégration n'est pas optimale, puisque la pile et le réservoir sont placés de part et d'autre du cadre. Avec 33 g d'hydrogène, stocké à 340 bars, ce vélo revendique une autonomie supérieure à 100 km. Le temps de remplissage est annoncé entre 1 et 7 mn. Le H2 Bike apporte une assistance jusqu'à 25 km/h. Annoncé comme un prototype,

illustrant la vision de Linde, ce vélo pourrait peut-être demain venir concurrencer Pragma Industries.

*La Nathalie est la première d'une gamme complète de voitures en série limitée de Gumpert Aiways et signe le lancement officiel de la marque sur le marché européen. La RG Nathalie est propulsée par quatre moteurs électriques montés à proximité des quatre roues, qui les entraînent par l'intermédiaire de deux boîtes de vitesses spéciales à deux rapports afin d'offrir des performances à grande vitesse. La batterie se recharge durant la conduite grâce à une pile au méthanol unique en son genre, permettant d'obtenir un meilleur rendement. Avec cette technologie, la GT afficherait une autonomie de 1 000 km.

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MissionH24 annonce la création de l’écurie H24Racing

Fruit d’une collaboration entre GreenGT et l’Automobile Club de l’Ouest, réunis au sein du projet MissionH24, H24Racing a vocation à faire courir dès que possible en endurance la LMPH2G, un prototype de course électrique-hydrogène, qui prépare le futur des compétitions automobiles.. Pendant cinq saisons, l'écurie va s’engager dans des épreuves de moyennes et longues distances pour éprouver la technologie. En 2024, les 24 Heures du Mans accueilleront pour la première fois sur leur grille de départ une catégorie dédiée à des prototypes de course propulsés à l’hydrogène aux côtés des voitures à moteur thermique.

L’Automobile Club de l’Ouest travaille actuellement à l’introduction de cette nouvelle classe, qui utilise une énergie inédite à ce niveau de compétition.

Le Luxembourg s’intéresse aussi à l’hydrogène

Le cluster AutoMobility (géré par Luxinnovation) a organisé récemment une conférence sur l’hydrogène. Le paysz se positionne avec différents acteurs. Par exemple, l’institut de recherche List travaille sur des matériaux entrant dans les piles à combustible. Le groupe Rotarex a son centre de développement dédié à Lintgen, où la production de réservoirs pour l’industrie automobile est envisagée d’ici 2022. «On voit des opportunités de développement pour nos industriels, pas que dans la mobilité, mais aussi pour la production. Une autre solution est le stockage d’énergie lors de pics de production, en transformant l’électricité en hydrogène par exemple. L’idée est de monter des projets-pilotes », souligne Anthony Auert, manager du cluster automobile.

Certifhy : une plateforme pour garantir de l'hydrogène vert

Sous l'égide du FCH-JU, qui finance ce projet initié par la Commission Européenne, une plateforme du nom de Certifhy a été mise en place. Elle regroupe une centaine de membres, dont Air Liquide, ENGIE, EDF, Shell et des constructeurs automobiles comme BMW, Daimler, Renault et Toyota. Si la Garantie d’Origine (GO) a déjà été mise en place en Europe pour garantir la provenance de l’électricité verte ou du biométhane, c'est nouveau pour l'hydrogène. Il existe désormais deux types de labels :

- CertifHy Green Hydrogen (hydrogène vert) si celui-ci est bas carbone et produit à partir d’énergies renouvelables (biomasse, hydraulique, éolien, solaire) ;

- CertifHy Low-Carbon Hydrogen (hydrogène bas carbone) s’il est produit à partir d'énergies non renouvelables avec une empreinte carbone faible (60 % plus basse que les procédés conventionnels de production par reformage de gaz naturel).

A noter que le site de production de Port-Jérôme-sur-Seine, en Normandie (et qui est exploité par Air Liquide) fait partie des sites retenus en Europe dans le cadre de cette phase-pilote.

Nouvel appel à projets du FCH-JU

Le partenariat public-privé Piles à combustible et Hydrogène (FCH JU) a publié un nouvel appel à propositions. Un montant de 80,8 millions d'euros est disponible pour développer des projets de recherche et de démonstration. L'accent est mis sur l'intégration à travers les "vallées de l'hydrogène". Le but est de développer des chaînes de valeur de l'hydrogène locales / régionales et d'intégrer l'utilisation des technologies des piles et de l'hydrogène dans différents secteurs et applications. Une

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coopération à l'échelle internationale est vivement encouragée pour mener à bien à ce type de projet. La contribution maximale que le FCH-JU peut apporter à un projet est de 20 millions. L'appel à projet est en cours jusqu'au 23 avril.

L’Allemagne continue d’étoffer son réseau

Selon le site spécialisé H2stations.org, qui est animé par le Ludwig-Bölkow-Systemtechnik (LBST) et le TÜV SÜD, l’Allemagne est devenu le deuxième pays au monde pour son parc de stations à hydrogène. Il en compte 60 ouvertes au public, ce qui le place devant les USA (42 stations) mais derrière le Japon (96). Sur les 48 nouvelles stations qui ont ouvert l’an dernier dans le monde, 17 l’ont été outre-Rhin. A titre de comparaison, on compte 152 stations en Europe et 369 à l’échelle de la planète. L’Allemagne prévoit d’ouvrir 38 stations de plus, dont 34 pour le réseau H2 Mobility Germany.

Honda attend plus de stations avant de lancer la Clarity en Europe

Toyota et Hyundai sont les deux constructeurs dont on parle le plus dès lors qu'on évoque la voiture à hydrogène. Il ne faut pas oublier Honda, qui adopte il est vrai une attitude plus discrète. En Europe, le constructeur japonais assure le service minimum en se contentant, pour le moment, de participer avec sa Clarity à des programmes de démonstration (HyFIVE* et H2ME2**). C'est ce qu'il a prévu de faire jusqu'en 2021. Pour le moment, Honda considère que l'infrastructure de remplissage n'est pas suffisante. Dès lors que les stations à hydrogène feront leur apparition, la marque pourra reconsidérer le calendrier.Les tests actuellement en cours permettent de contribuer à l'émergence d'un réseau de stations et de mesurer l'accueil réservé par les clients potentiels (entreprises et acheteurs privés) à la Clarity à pile à combustible.

*Projet visant à déployer 185 véhicules à hydrogène en Europe avec 15 partenaires

**Cofinancé par l'Union Européenne via le FCH-JU

160 stations d’hydrogène au Japon en 2020

Selon l’agence de presse Kyodo, qui a consulté des documents gouvernementaux, le Japon prévoit de mettre en service 160 stations à hydrogène dans la perspective des JO de Tokyo en 2020. Le pays veut profiter de la couverture médiatique des Jeux Olympiques pour montrer qu’il investit dans l’énergie propre. Certaines de ces stations seront

automatisées. Le gouvernement japonais veut même doubler ce chiffre de 160 stations d’ici 2026, une date à laquelle il espère que 200 000 véhicules à hydrogène rouleront dans le pays. On n’en dénombre que 3 000 aujourd’hui.

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Hyundai va installer une station d’hydrogène au parlement coréen

Hyundai a reçu le feu vert du gouvernement pour installer une station distribuant de l’hydrogène au Parlement coréen et deux autres au sud de Séoul. La station prévue à l’Assemblée nationale sera construite d’ici au mois de juillet et elle pourra fournir de l’hydrogène à plus de 50 véhicules par jour, selon le constructeur coréen et le ministère coréen du Commerce, de l’Industrie et de l’Energie. 16 stations pour les véhicules à hydrogène sont actuellement opérationnelles en Corée du Sud. Quelque 70 stations supplémentaires seront construites cette année et 310 devraient être en place d’ici à 2022, selon le ministère.

Une première station à hydrogène en Arabie Saoudite

C'est une première très symbolique. Si l'hydrogène a déjà fait son apparition dans les Emirats, c'est un phénomène nouveau en Arabie Saoudite, l'un des principaux pays producteurs de pétrole. Saudi Aramco et Air Products ont signé un accord visant à développer conjointement une station de remplissage dans le parc scientifique de Dhahran Techno Valley. L'ouverture est prévue au deuxième trimestre.La collaboration entre les deux entreprises a pour but d'associer les compétences technologiques d'Air Products dans le domaine de l'hydrogène avec les installations et les capacités de recherche et développement de Saudi Aramco. La nouvelle station utilisera la technologie exclusive SmartFuel développée par Air Products, et les données collectées dans le cadre du projet permettront d'évaluer les applications futures de cette nouvelle technologie. Un parc de véhicules pilotes sera mis en place. Il sera constitué de Toyota Mirai fournis par la firme japonaise.

Nikola va proposer une offre électrique en plus de l'hydrogène

Dans le cadre de Nikola World, l'événement qu'il organise le 16 avril prochain à son siège de Phoenix (Arizona), le constructeur américain de camions va annoncer des versions à batterie pour le Nikola Tre. Il prévoit en effet des capacités de 500 kWh, 750 kWh et 1 Mwh. Pourtant, la marque ne renonce pas à l’hydrogène. Sur son fil Twitter, elle explique que c’est la solution la plus adaptée pour le transport de longue distance. La chaîne de traction avec pile à combustible est moins lourde que celle qui mise exclusivement sur les batteries. Et elle est plus performante. L'offre électrique à batterie représente donc une alternative pour les transporteurs qui font de courtes distances. Pour Nikola, l'hydrogène et l'électrique à batterie ne devraient pas être opposés. L'ennemi, c'est le moteur à combustion interne, proclame la compagnie qui accompagne ses tweets du hashtag #dieselisdead.

Air Liquide installe le plus gros électrolyseur PEM au monde au Canada

Le groupe annonce la construction au Canada du plus grand électrolyseur PEM (Membrane Échangeuse de Protons) au monde, d'une capacité de 20 mégawatts (MW) pour la production d'hydrogène décarboné. Grâce à cet investissement, l'industriel augmentera ainsi de 50 % la capacité actuelle de son site de production d'hydrogène située à

Bécancour, dans la région de Québec. Ce nouvel électrolyseur PEM, doté de la technologie de Hydrogenics, sera le plus grand au monde et permettra de répondre à la demande croissante en hydrogène décarboné. La proximité de Bécancour avec les principaux marchés industriels au Canada et aux États-Unis contribuera à assurer l'approvisionnement en hydrogène bas carbone de l'Amérique du Nord, que ce soit pour des usages de l'industrie ou la mobilité. Cette nouvelle unité de production

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permettra d'éviter le rejet de près de 27 000 tonnes de CO2 par an - ce qui équivaut aux émissions annuelles d'environ 10 000 voitures.

De l’hydrogène extrait de l’eau de mer au Canada

La société d’électricité du Nouveau-Brunswick s’est associée à une entreprise de la Floride, Joi Scientific, pour développer des centrales qui utiliseraient comme combustible de l’hydrogène extrait de l’eau de mer. Traver Kennedy, le PDG de cette compagnie, explique que sa compagnie a mis au point un nouveau procédé pour extraire l’hydrogène de l’eau de mer

non traitée. Il soutient que la combustion d’hydrogène pour produire de l’énergie n’émet que de la vapeur d’eau. Des scientifiques d’Énergie NB et un chercheur indépendant de l’Université du Nouveau-Brunswick ont consulté les résultats. Le président d’Énergie NB, Gaétan Thomas, a précisé qu’il pourrait s’écouler deux ou trois ans avant que de petits prototypes soient prêts. Le coût de ces centrales à l’hydrogène serait à peu près équivalent à celui d’une centrale au gaz naturel.

Un yacht de luxe à l’hydrogène aux Etats-Unis

Conçu en Caroline du Nord par Daedalus Yachts, le catamaran Daedalus* D80 est premier voilier de plaisance à être équipé d’un système de stockage d’électricité et de propulsion faisant appel à de l’hydrogène, avec électrolyseur et pile à combustible. A la différence d’Energy Observer, ce n’est pas un navire expérimental. C’est un yacht de luxe de 24 mètres, tout en carbone. Parmi les partenaires, on retrouve BMW, mais aussi Powercell et Swiss Hydrogen. Sur ce catamaran, dont le premier exemplaire est déjà en construction, les énergies renouvelables sont collectées depuis trois sources différentes : hydrolienne (avec des moteurs électriques réversibles de 2 x 15 kilowatts qui jouent le rôle d’hydrogénérateurs), éolienne (2 x 2 kilowatts) et solaire (88 m2 de panneaux photovoltaïques). Le système d’électrolyse installé sur le Daedalus 80 est directement inspiré de celui embarqué sur les sous-marins nucléaires américains. Le grand catamaran va pouvoir stocker jusqu’à 150 kilos d’hydrogène, dans des bonbonnes en aluminium monobloc avec revêtement extérieur en carbone-époxy, fabriquées par Steelhead Composites, dans le Colorado.

*Plus connu sous le nom de Dédale, personnage de la mythologie grecque qui a conçu le labyrinthe abritant le Minotaure et qui aurait conçu les ailes avec lesquelles Icare a tenté de fuir.

L’Arctique pourrait devenir producteur d’hydrogène

Ce vaste territoire* pourrait jouer un rôle important dans la « transition énergétique » mondiale selon Mikaa Mered, professeur de géopolitique à l’Institut libre d’étude des relations internationales (ILERI). Outre ses ressources en terre rares, il aurait la capacité de produire de l’hydrogène vert. Le projet « HYPER », mené par le centre de recherche SINTEF, envisage par exemple de produire de l’hydrogène à partir de différentes ressources énergétiques provenant de Norvège : d’une part à base d’électricité d’origine renouvelable (par électrolyse, notamment en utilisant la production éolienne excédentaire) mais aussi à partir de

gaz naturel (par vaporeformage en captant les émissions de CO2 associées à ce procédé).

*L’Arctique désigne la vaste région entourant le pôle Nord et s’étendant sur une partie de 8 pays : le Danemark (avec le Groenland), l’Islande, la Norvège, la Suède, la Finlande, la Russie, les États-Unis (avec l’Alaska) et le Canada.

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TechnipFMC associé à un projet en Ecosse

Le gouvernement britannique vient d'annoncer le financement d'études amont pour le premier projet de captage et de stockage de carbone au Royaume-Uni. Le bénéficiaire de la licence est Pale Blue Dot Energy pour le projet Acorn de captage et de stockage de carbone. Genesis, le bureau de conseil en ingénierie amont de TechnipFMC, et TechnipFMC Process Technology, ont réalisé les études de préfaisabilité et de faisabilité pour le piégeage du CO2 à St Fergus en Écosse, la réutilisation du pipeline atlantique et les évaluations technologiques pour la conversion de gaz naturel en hydrogène. Un pan ultérieur du projet couvrirait le piégeage du CO2 collecté avant combustion dans le cadre de la conversion du gaz naturel en hydrogène.

De l’hydrogène combustible à partir de cyanobactéries

Une équipe de chercheurs de l’Argonne National Laboratory du DOE (US Department of Energy) annonce avoir réussi à produire de l’hydrogène gazeux à partir de cyanobactéries. Elles peuvent produire du H2, en présence de soleil et de nanoparticules de platine agissant comme catalyseur. Ces travaux ouvrent peut-être une nouvelle voie vers la fabrication de cellules de production d’hydrogène en continu, ce qui résoudrait le problème du stockage d’hydrogène gazeux pour alimenter les piles à combustible. En outre, les cyanobactéries, tout comme les métaux de transition utilisables comme catalyseur, se trouvent en abondance sur terre. Néanmoins beaucoup de travail reste encore à accomplir pour arriver à un tel résultat.

INTERVIEW

« Nous allons pouvoir lancer la production d’électrolyseurs sous pression » par Patrick Paillère, Président d'Ergosup

Basée dans la Drôme, la société vient de procéder à une nouvelle levée de fonds pour un montant de 11 millions d’euros. Elle fait le point sur ses activités.

C’est votre deuxième levée de fonds. Est-ce un signe que les investisseurs font confiance à votre technologie ?

Nous avions déjà eu une levée de fonds de 2,7 millions d’euros à l’été 2015 avec des partenaires historiques que sont Aliad (Air Liquide), Demeter, GO Capital et Arkéa. Dans le cadre d’un nouveau tour de table, géré par Bpifrance dans le cadre du Fonds PSIM (Programme de soutien à l’innovation majeure) qui est lié au Programme d’Investissements d’Avenir, les mêmes partenaires ont investi de nouveau, avec en plus la participation d’AP Ventures, Kouros et Normandie Participations. C’est une reconnaissance de notre concept.

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Pouvez-vous justement nous expliquer en quoi consiste votre technologie ?

Nous avons développé une électrolyse de l’eau fractionnée pour produire de l’hydrogène décarboné. En principe, dans le cadre d’une électrolyse classique, le courant électrique permet de libérer en même temps de l’oxygène et de l’hydrogène. Notre concept est différent. Dans un premier temps, nous réalisons l’électrolyse de l’eau en libérant seulement l’oxygène. L’hydrogène reste piégé sous forme de protons dans l’eau. Nous le libérons ensuite sans apport énergétique grâce à l’ajout dans l’eau d’un sel de zinc. Cette alternative permet de simplifier l’électrolyse, mais aussi d’éviter que les gaz ne se recombinent. Ainsi notre procédé fractionné sous pression évite des étapes de purification de l’hydrogène vis-à-vis de l’oxygène et aussi de séchage de l’humidité résiduelle. L’autre intérêt est d’avoir des machines plus compactes, grâce à une fonction intégrée de compression électrochimique. Notre technologie permet d’avoir une pression d’équilibre très élevée, de l’ordre de 350 bars en laboratoire, et 200 bars sur nos premières machines. L’approche d’Ergosup lui a valu d’être lauréat à trois reprises du concours mondial de l’innovation, en 2014, 2015 puis en 2017.

Comment mesurez-vous le chemin parcouru ?

Nous avons démarré en 2012 cette démarche innovante pour la production d’hydrogène par électrolyse sous pression. Nous avons ressenti à partir de 2014 un intérêt croissant pour l’hydrogène avec l’entrée en bourse de McPhy, puis en 2015 avec le positionnement fort d’Air Liquide. Ces deux dernières années, les acteurs de la filière hydrogène bénéficient toujours du soutien de l’Europe et aussi aujourd’hui de la France, même si ce dernier est plus modeste. Au-delà des soutiens publics, il est important de constater des investissements industriels nouveaux comme ceux d’EDF ou ENGIE dans le secteur.

Quelles sont vos ambitions à présent ?

Ergosup achève une première étape centrée sur le développement de la technologie. Nous avons une équipe de 20 personnes, qui sont essentiellement des ingénieurs avec une compétence en électrochimie et en mécanique haute pression. Il va y a voir 10 recrutements de plus en 2019, avec des techniciens, mais aussi des chefs de projet et des commerciaux. Nous opérons une transition pour la mise sur le marché de nos premiers produits. Nous avons développé un premier système pour de production d’hydrogène pour un usage de gaz industriel à une pression de 120 bars. Nous proposons des générateurs d’hydrogène qui peuvent libérer à la demande de l’hydrogène décarboné. Nous visons de monter la pression de 200 à 350 bars, l’objectif étant de se rapprocher des 700 bars. Aujourd’hui, nous concevons et assemblons des machines de démonstration qui seront implantés sur des « sites clients amis ».

Vous avez aussi des activités dans le domaine de la mobilité….

Oui. Nous avons mené un travail avec Pragma Industries pour collaborer sur une station permettant d’alimenter une flotte de vélos à hydrogène. Nous étions ensemble au CES de Las Vegas. La volonté est de développer à partir de la même base technologique des systèmes décentralisés de ravitaillement au plus près des clients, pour une production de 1 puis 5 à 40 kg d’hydrogène par jour. Par ailleurs, nous avons aussi un projet dans le domaine des drones à hydrogène, en partenariat avec la société toulousaine Delair. L’objectif est de fournir de l’hydrogène à 300 bars sous la forme de cylindres composites légers qui se remplissent sur la

station puis se connectent sur le drone. La valeur ajoutée de l’hydrogène est importante pour les drones car il permet d’augmenter par un facteur 4 l’autonomie de vol.

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Comment voyez-vous votre avenir ?

Dans les 3 ans, nous allons procéder à de l’assemblage d’électrolyseurs avec des partenaires sous-traitants et en interne pour faire de la petite série. Notre métier sera de concevoir, fabriquer et vendre ces appareils. Pour des petits systèmes, nous pourrons aller jusqu’à livraison de stations intégrées. Sinon, le cœur de l’activité reste l’électrolyse. Au début, Ergosup ciblera des systèmes de capacité petite à moyenne de l’ordre de 1 à 100 kg/j, avec l’ambition de monter au maximum en pression sans compresseur mécanique : c’est un positionnement spécifique, même si d’autres acteurs en Europe et aux États-Unis travaillent également sur ce créneau.

Interview réalisée par Laurent Meillaud

A LIRE

TOUT SAVOIR SUR...

Plusieurs fiches "Tout savoir sur..." ont été mises à jour sur notre site :

3.2.3 - Photo-électrolyse de l'eau

4.3 - L'hydrogène liquide

5.2.3 - Les piles AFC

ILS NOUS ONT REJOINTS

Avec environ 550 000 habitants répartis sur 49 communes, la Métropole Nice Côte d'Azur est l'une des principales collectivités de France. Soucieuse d'accélérer sa transition énergétique et d'assurer son dynamisme économique sur l'arc méditerranéen, la Métropole s'intéresse de plus en plus aux solutions hydrogène, notamment pour la mobilité urbaine.

En tant qu’autorité Organisatrice de la Distribution publique d’électricité dans le département, Territoire d’Energie Tarn est, de par ses activités, un véritable aménageur départemental. Le défi environnemental de l’intégration dans nos territoires d’une mobilité plus

vertueuse amène notre syndicat à envisager, pour le compte de ses collectivités adhérentes, un mix énergétique complet à envisager pour tous les usagers, notamment en encourageant l’emploi de solutions hydrogène autour de flottes captives et véhicules lourds, à partir de ressources énergétiques locales. Egalement, l’hydrogène peut être envisagé comme solution de stockage pour des projets ENR portés par le syndicat.

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Fondée en 2008, Natureo Finance est une banque d’affaires spécialisée dans les services aux petites et moyennes entreprises des domaines des énergies renouvelables et de l’hydrogène. L'intérêt de la société se porte sur les aspects mobilité mais également sur les marchés industriels, la production et le stockage d’hydrogène, le financement de l’écosystème en général.

Basée à Grenoble, EnerKa a pour objectif d’accélérer le développement de l’hydrogène en Auvergne Rhône-Alpes par des services de gestion de projet, de business development et d’étude de faisabilité. Comptant déjà plusieurs expériences (étude pour le Syndicat d’énergie de la Haute-Savoie, projet ZEV, etc.), EnerKa travaille également dans d'autres régions selon les opportunités.

Lettre d'information mensuelle de l'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à Combustible

Réalisée avec le soutien de l'ADEME

En collaboration avec Laurent Meillaud