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Paoli après Paoli Paoli après Paoli Le Musée de Morosaglia

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Paoli après PaoliPaoli après Paoli

Le Musée de Morosaglia

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Cet ouvrage a été publié avec le concours du Conseil Général de la Haute-Corse et édité par

le Centre Régional de Documentation Pédagogique/Centre Départemental de Documentation Pédagogique de la Haute-Corse

C’est à la suite du retour des cendres de Pascal Paoli, à la fin du XIXe siècle, qu’àMorosaglia, le lieu considéré comme la maison natale de l’illustre Général devient àla fois musée et lieu de sépulture. Cette maison musée, ouverte en 1954, présente non seulement une remarquableiconographie de Pascal Paoli, mais également de nombreux objets et collections dansleur contexte. Elle apparaît comme un document à lire pour mieux saisir le monde duXVIIIe siècle en Corse et en Europe.

AuteurAntoine MArchini

Directeur du cDDP de la haute-corse

PhotographiesJeAn-FrAnçois PAccosi

illustrationJeAn DelMotte

Mise en pageÉvelyne lecA

Selon le code de la propriété intellectuelle, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement du CRDP est illicite. Il en est de même pourla traduction, l’adaptation ou la trans formation, l’arrangement ou la reproduction par un art ou un procédé quelconque.Cette reproduction ou représentation, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.

N° ISBN : 978 286 620 235 4 Dépôt légal : octobre 2009

Sommaire

Du retour des cendres à la naissance d’un lieu de mémoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 03

De l’histoire au patrimoine, un musée dans son contexte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 04

En quatre salles, un musée-document . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 05

Arrêt sur l’image : Pascal Paoli à la bataille de Ponte Novu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 10

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Du retour des cendres àla naissance d’un lieu demémoire

Le 5 février 1807, Pascal Paoli, exiléà Londres, meurt à l’âge de 82 ans.Plus de 80 ans après, une longue etimportante mobilisation permet leretour de ses cendres sur sa terrenatale. En effet en 1865, les travauxde la voie ferrée Middland Railwaymettent en péril le cimetière SaintPancras où il repose. Cette menaceentraîne aussitôt la réaction des frèresCasabianca, deux corses, qui viventdans la capitale anglaise. Cesderniers décident de sensibiliserl'opinion publique insulaire. Maisalors que le tombeau est respecté,les appels demeurent. Des pétitionsse bousculent parmi lesquelles, celledu conseil municipal de Morosagliaadressée au Conseil Général de laCorse. Il faut néanmoins attendreprès d’un quart de siècle pour que legrand projet devienne réalité.

En 1889, Jean-Baptiste Franceschini-Pietri, dit Tito, petit neveu de PascalPaoli par sa sœur Chiara Maria,alors propriétaire de la maison Paoli,accepte de céder la demeure auDépartement de la Corse. Dès lors,toutes les conditions sont réunies pourentreprendre le retour du Généralen Corse.

Le 31 août 1889 le cercueil estexhumé. Il arrive à Marseille le3 septembre où il embarque à borddu paquebot Comte Bacciochi. Le 4septembre au matin, le bateauaccoste à L’Île-Rousse. Pendant deux jours, les populationsde Balagne lui rendent un vibrant etémouvant hommage. Le 6 septembre, le cercueil, posé surune prolonge d’artillerie, parée dedrapeaux, quitte la cité dont il fut lefondateur.Le convoi prend ensuite la directionde Morosaglia, empruntant unparcours symbolique : une premièrehalte à Belgodère, patrie de sonami Buonfiglio Guelfucci ; uneseconde à Palasca lieu de la

descendance Leoni par sa sœurChiara Maria.En fin d’après-midi, une fouleconsidérable l’attend à Ponte-Lecciapour l ’accompagner jusqu’àMorosaglia. Là, l’ensemble de lapopulat ion, de nombreusesconfréries, l’accueillent. Déposéesdans l’église du couvent, ses cendressont veillées toute la nuit.

Le 7 septembre, le cercueil, porté àbout de bras, rejoint définitivementle quartier de la Stretta. Il « estintroduit dans l’oratoire où il estdéposé tout à côté de la chambreoù fut dressé son berceau, dans sapropre maison convertie en untemple de gloire ! »*.

*PASQUALE PAOLI, L’ultime voyage, Jean-Baptiste Saliceti ADECEC-Cervioni 2007.

Itinéraire du retour des cendres.

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Né à Monticello en 1836, auditeurau Conseil d’Etat, secrétaireparticulier de Napoléon III, Jean-Baptiste Franceschini-Pietri suitl’empereur déchu après 1870,dans son exil anglais. Singulièredestinée, ce diplomate aviséparticipa au règlement du « destinaprès la mort » de deuxpersonnages majeurs de l’histoireeuropéenne, liés à la Corse :Pascal Paoli et Napoléon III.

Giacinto1681-1763

DionisiaValentini

Clemente Maria Chiara1713-1798

Daria Maria Donia Maria Antonia Pasquale FilippoAntonio

1728-1807 TaddeoLeonetti

Maria Luisa Felice (Guidice) Antonio1760-1794

Maddalena

Angela Felice Fabiani1772-1841 (Monticello)

Giovan Battista Leoni(Palasca)

Pasquale Fondacci (Sta

Reparata di Balagna)

Maria AntoniaDionisia 1792-1841

Giacinto

Anton GiovanniPietri 1783-1856

Maria Nunzia 1810-1834

Maria Vittoria

Angelo FeliceFranceschini1812-1889

Jean-Baptiste “Tito” 1834-1915

Le Conseil Général de la Haute-Corse et l'élan des années 2000.

En 1976, suite à la bidépartementalisation de la Corse, la maison nataledevient propriété du Département de la Haute-Corse. D’importants travauxde rénovation sont alors réalisés entre 1986 et 1991. A partir des années2000, une nouvelle démarche muséographique se met en place avec denouvelles acquisitions venues enrichir le fonds des collections d’origine.Désormais, le Département s'oriente vers trois directions :• dans le courant des « musées d’arts et de traditions populaires », desobjets évoquent la vie quotidienne ;• dans une visée plus biographique, se trouvent des effets ayant appartenuà Paoli : écrits et documents témoignant de la stature politique de l’homme ;• enfin, l’acquisition d’œuvres originales accorde au musée une place dansle réseau international des lieux où se montre « la peinture de l’histoirecorse ». L’année 2009 est encore consacrée à des travaux de réfection du toit.

De l’histoire aupatrimoine, un muséedans son contexte…

En 1888, après plusieurs années detergiversations, le département de laCorse confie au chanoine Jean-Baptiste Salicetti, conseiller général,la mission de négocier l’acquisitionde l’oratoire. Cet édifice, ainsi quela maison familiale de Pascal Paolisont, en effet, la propriété de l’un deses descendants, petit neveu ethéritier par sa mère : Jean-BaptisteFranceschini-Pietri.

Il donne immédiatement son accordmais l'assortit cependant d'unecondition, celle de créer un musée.Le 18 février 1889 à Ajaccio, lePréfet de la Corse, « au nom dudépartement », et le beau-frère deJean-Baptiste Franceschini-Pietri,André Baciocchi, signent l’acte decession. Des travaux de restauration sont alorsrapidement entrepris. Dans la

maison, la toiture et une partie de lacharpente sont renouvelées, lesboiseries remplacées. Un grandescalier en pierre est édifié. Dans lachapelle, le caveau est recouvertd’un carrelage en « marbre blanc et

noir de Belgique ». L’aménagementd’une place facilite l’accès àl’ensemble. En 1975, l’État inscrit le monumentsur la liste supplémentaire desMonuments Historiques.

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En quatre salles, un musée-documentLa maison Paoli est un document quiinstruit sur l’existence des notables dela Castagniccia au XVIIIe siècle. Lesobjets mobiliers portent sur la viematérielle, comme ils enseignent surles mentalités et les croyances del’époque. Les structures de la maison,fondations posées sur le roc, poutresen châtaignier, volume et dispositiondes pièces, renseignent sur lasociabilité familiale.

Au second étage, sur le palier, unephotographie reproduit le monumentérigé en 1807, à Westminsterabbaye. C’est un buste en marbreblanc de John Flaxman, dans latradition classique, exécuté en1798. Cet te œuvre fu taccompagnée d’une compositionsaisissante, en terre cuite, pleine denuances, sortie des mains de l’artisteet posée dans une des pièces offerteà la visite. A Londres, ce monument surplombeune plaque, dont le texte précise laplace tenue par Paoli aux yeux desanglais.

« A la mémoire de Pascal Paoli, l’un des pluséminents et plus illustres personnages de sontemps. Il naquit à Rostino, en Corse, le 5 avril1725 ; à l’âge de trente ans il fut élu à l’una-nimité chef suprême de l’île et mourut danscette métropole le 5 février 1807, à 82 ans.Il consacra sa jeunesse et la plus grande par-tie de sa vie à la cause de la liberté, qu’il sou-tint noblement contre l’usurpation de la tyran-nie génoise et française. Par ses magnifiquesexploits, ses institutions utiles et bienfaisantes,son zèle national et patriotique manifesté entoute occasion, il a très justement mérité le titreglorieux et rare de « Père de la Patrie » .Contraint, par la force supérieure de ses ennemis, de quitter la Corse, il chercha refuge dans cette terre de Liberté et futici reçu avec la plus grande bienveillance (dans l’assentiment général d’unenation magnanime), sous la protection de Sa Majesté le Roi George III de lamain généreuse duquel, il obtint non seulement un refuge sûr et honorablemais put profiter, pour le restant de ses jours, de la compagnie de ses amis etfidèles partisans dans une retraite digne et confortable. Il exprima jusqu’à la finde sa vie, la plus grande gratitude envers la bonté paternelle de sa Majesté àson égard, priant pour la personne sacrée du souverain et la prospérité de sonEmpire ».

Monument de Westminster

Plaque fixée au-dessus de l’entrée dela chapelle.

Caveau de Pascal Paoli dans la chapelle.

Vue générale de la maison familliale devenuemusée.

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Salle 1

La vie quotidienne

Un mobilier de caractère localtémoigne des savoir-faire et desadaptations pratiques des « pievi »de Castagniccia : un coffre àcaissons du X V I e s iècle ou« cascione », une table, un fauteuilaustère et deux chaises« orezzinche » de la région voisined’Orezza. Il s’agit de banquettesrustiques de quatre places à l’assiseen paille, ailleurs qualifiées deradassiers.En vitrine sont disposés un servicede table et une cave à liqueur. Levisiteur peut également découvrir,détérioré par le temps mais associéà une copie récente, l’exemplaireoriginal de la selle offerte à Paoli dutemps de son généralat, par le beyde Tunis, dont il reçut un émissaire. Au mur, le tableau des armoiries dela famille Paoli expose un écu decouleur bleu azur, symbole de lafidélité et de la persévérance, por-tant un bras armé d’une épée d’ar-gent à la poignée d’or, surmontéd’une couronne synonyme de valeur. Une collection d’une vingtaine deportraits de Paoli, dessins, gravures,autant de variations, par les plusgrands maîtres de l’époque peutaussi être contemplée comme autantde regards posés sur le Général.

Coffre à caissons ou « cascione ».

Reproduction de la selle offerte à Pascal Paoli parle bey de Tunis (1768).

Banquette « Orezzinca ».

Armoiries de la famille Paoli.

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Salle 2

Les marques du pouvoir

Dans la pièce principale sontprésentées de l’orfèvrerie sacrée etdes armes parmi lesquelles des styletset une paire de pistolets. Cesderniers portent la prestigieusesignature de John Twigg (1732-1790), l’un des armuriers les pluscélèbres de l ’Angleterre du XVIIIe siècle. Les systèmes d’amorce àsilex, les canons juxtaposés, la crosseau pommeau finement décoré,l’embout prolongé par un visage,retiennent l’attention. Une épéed’honneur offerte par Frédéric II dePrusse les côtoie.La salle propose aussi des lettresportant l’autographe de Paoli et desécrits illustrant les contrastes violentsde sa vie : le texte de l´annonce deson élection au généralat faite auxpopulations par Giovanni Rocca(1755) ou encore le décret de laConvention le rendant hors-la-loi.Au mur figure la liste des électeursprésents lors de l’assemblée ducouvent d’Orezza, le 9 septembre1790. Cette réunion, au retour dePaoli, durant la période de larévolution française, devait aboutir àson élect ion comme premierprésident du Conseil Général,institution nouvellement créée. Les attributs du pouvoir tels que le

sceau du gouvernement, le crucifix, laconque marine, « u culombu »,longtemps employée comme outil decommunication en Corse et ledrapeau de l´Indépendance sontégalement présentés. Cette salle propose enfin la plusimportante collection de portraits peintsde Paoli y compris dans des scèneshistoriques : les portraits de RichardCosway, Thomas Lawrence , mais aussiPaoli à Ponte Novu et la rencontred’Orezza entre Paoli et Bonaparte(Ignace-Louis Varese, 1840).

Richard Cosway (1742-1821). Portait de Pascal Paoli (1784)Artiste anglais dont les miniaturessont parmi les plus brillantes del’époque. Dès l’âge de 28 ans,il expose à la Royal Academypour en devenir rapidement l’undes membres est imés. Sonmariage en 1781 avec MariaHardfield, elle aussi miniaturiste,rajoute à son intérêt. En effet,celle-ci devenue Maria Coswayfut longtemps l’amie de cœur dePaoli durant son exil anglais. Lepeintre innove par un procédésubtil d’application des peinturesà l’eau transparentes sur l’ivoirevégétal afin d’en favoriser l’éclat.

Paire de pistolets Twigg (1773).

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Salle 3

La dimension politique

Dans cette pièce où est né Paoli, setrouvent plusieurs documents quiéclairent sur sa dimension politique :

- un exemplaire original de laGiustificazione della rivoluzione diCorsica de Gregorio Salvini(1758), texte majeur qui assure lathéorie politique de l’état paolisteindépendant ;

- un plan de L’Île-Rousse dont il estl’inventeur ;

- une carte de la Corse ;

- une gravure de W.Ward, relatantune scène peinte par RichardWestall, « The young Corsicanconvinced by General Paoli of thenecessity of the uncle death »(1791).

Thomas Lawrence (1769-1830)Le général Paoli (1788 environ)Ce portraitiste anglais succèdeà Reynolds et Gainsborough.Son style fondé sur la mise enscène du régistre des comporte-ments et des poses aristocra-tiques en fait le témoin de la« gentry ». Il peint tout ce quel’Europe compte de têtes couron-nées et marque l’histoire du por-trait en Angleterre et en Europe.La Waterloo Gallery deWindsor présente une collectionde ses œuvres dont l’apport his-torique reste majeur. La Francefut très sensible à sa peinture. LeLouvre en renferme des chefsd’œuvres. Le tableau qui saisit Paoli, en exil, vers 1788, dépeint une imageréaliste. Œuvre d’envergure, elle garde une valeur documentaire essentielle oùle contraste assuré par le fond noir laisse ressortir des traits volontaires, unregard aussi dense que transparent…

Exemplaire de laGiustificazione.

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Salle 4

La scène des origines

Ici les témoignages rappellentquelques-uns des points forts del’existence du « père de la patrie ». Le visiteur y découvre certainsaspects de la mental i té, descroyances de la famille Paoli.Une gravure de la ville de Naplesévoque l’exil napolitain (1739-1755), étape majeure de la viefamiliale où Giacinto emporte son filsde 14 ans.L’apparat des habits témoigne dupouvoir du « prince » : un gilet clairdécoré de discrètes fleurs brodéesaux contours mordorés mais aussiune canne au pommeau d’ivoirefinement travaillé. La vieillesse dans le magnifique busteréal isé par John F laxman estégalement présente.Mystérieux, quatre tableaux illustrentles stations d’un chemin de croix. Ilspor tent le nom de leur com-manditaire. Parmi eux surgit celui deNobile Giacinto, père du Général.Cette suite d’icônes liées à desscènes de la souffrance du Christsignale la volonté des Corses du XVIIe

et du XVIIIe siècles d’immortaliser pardes images, les moments marquantsde leur vie, et de se lier à l’au-delà.

John Flaxman (1755-1826)Buste de Paoli, en terre cuite bronzée.Figure marquante du néoclassicisme, l’artiste appartient aux courants anglo-saxons qui puisent en Italie (séjour entre 1787 et 1794) les sourcesd'une inspiration fondée sur les modèles del'antiquité. C'est à Rome qu'il compose desillustrations de l'Iliade et de l'Odyssée quiresteront célèbres tout comme celles de laDivine Comédie de Dante et des Tragédiesd'Eschyle. Il enseigne la sculpture à la RoyalAcademy de Londres et se démarque desexpressions maniéristes de ses prédécesseurs.

Quatre stations d’un chemin de croix.

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Arrêt sur l’image : PascalPaoli à la bataille dePonte Novu (1769)

Lecture de l’œuvreLe tableau combine une diagonalequi partage les personnages (angleinférieur droit/premier plan) et lepaysage (arr ière -plan/anglesupérieur gauche) avec uneperspective où les protagonistes sontdécrits en pied, rapprochés, tandisque le paysage s’é loigne etreprésente l’action. L’œuvre est en « mouvement » : lepersonnage qui se trouve contre ladiagonale tourne le dos auspectateur. Situé en pivot, il s’appuiesur sa jambe droite, s'adresse àPaoli, tout en montrant le « paysage »,de sa main gauche armée d’un« cornu ». Il est en action alors queles quatre autres personnages restentstatiques. Il fait le lien entre l’idée demouvement, de combat (partiegauche) et celle de l'observation, dela réflexion et du pouvoir (partiedroite de la diagonale).Des contrastes renforcent la mise enscène : sur la partie droite, la lumièrefocalise sur les personnages etéclaire de couleurs vives. À gauche,elle se combine à des couleurs plusnuancées.Le premier plan représentant lespersonnages, est subdivisé selondeux principes :

Américain, Henry Benbridge (1743-1812) ne pouvait paspeindre un « héros de la liberté » sans penser au climat quirégnait alors dans les treize colonies du nouveau monde etqui, en 1776, amènera la déclaration d’Indépendance.Spécialiste du portrait, artiste majeur dans l’histoire de l’artaméricain, il est issu d’une famille aisée de Philadelphie.Premier peintre à étudier en Europe (Rome), sa renommée luipermet de représenter Benjamin Franklin. De style néo-classique, sa carrière est emportée dans la Révolutionaméricaine. Son travail y trouve source de maturité malgrél’exil en Floride (1780) auquel il est contraint par les anglais,en rétorsion de son ferme engagement patriotique. Actepolitique, ce tableau relève de la « peinture historique » etrend compte d’un événement dramatique : la défaite destroupes corses à la bataille de Ponte Novu, le 8 mai 1769,annonciatrice de la fin de l’État Corse indépendant (1755-1769) et du premier exil anglais de Pascal Paoli.

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Paoli après Paoli : Le musée de Morosaglia

- l’opposition entre mouvement(personnage de gauche) etimmobilité (personnages de droite) ; - le contraste entre les couleurs desvêtements. En effet, le personnagerelais (celui qui dit) et Paoli (quiécoute), à l'extrémité droite, portentdes habits de couleurs vives. Lepremier est habillé d'une veste rouge,l'autre d’une redingote bleue sur ungi le t blanc brodé d'or. Lespersonnages placés entre les deuxsont en revanche, vêtus de noir. L'arrière-plan offre des repères sur lecontenu de l'évènement dont parlentles personnages. En contrebas, àflanc de coteaux, des troupes sont enmouvement avec au fond le pont,théâtre de la bataille, elle-mêmefigurée à travers des nuages depoussière, de fumée et de feu.

Les personnages : le militaire, le prêtre, le prince Paoli est représenté « en majesté »orné de tous les attributs de sonpouvoir mais en posture attentiste. Letricorne sous le bras, appuyé sur unbâton, la main gauche posée sur lahanche, il apparaît légèrementrelâché et le regard attentif. Lesattitudes contrastent : Paoli écoutetandis que le militaire désigne, deson bras gauche, la scène descombats. Il est physiquement aussimassif et trapu que Paoli est élancé.

En connaisseur des dangers dumaniement de l'arme hors du champde tir, il porte le fusil à l'épaule,canon pointé vers le bas. La main gauche sur la hanche, lepeintre fait-il émettre à Paoli un signede « fermeture » à l'autre ? Le place-t-il en recul par rapport au guerrier ?Lui attribue-t-il un signe de maîtrise desoi ? Les trois personnages intermédiairestournent leurs yeux vers Paoli,interrogateurs. I ls scrutent sesréactions. L'un d'eux, le prêtre etintime, P. Buonfiglio Guelfucci,consigne, dans un rôle d'historiende l ' instant, le contenu de laconversation. Le pied posé sur unecaisse en bois, i l prend noteappuyant sa feuille sur le dessus desa cuisse. Entre le militaire et le prêtres’insinue Clemente, le frère, austère. Que voulut dire Benbridge, lui quivint en Corse peindre Paoli ? Dans ladéfaite celui-ci reste majestueux. Il setient en retrait, éloigné de seshommes et de l'action. A ses côtésson chien fidèle. Par terre, jonchantle sol, une cuirasse, un fût de canon.Le représente-t-il résigné ? Paolis’éclaire au moment où la Corselibre se perd, comme pour dire queson message survit aux vicissitudesmilitaires…

1725 (5 avril)Naissance de Pascal Paoli à Morosaglia

1729Début de la « Révolte des Corses »

1739Fin du cycle des premières révoltes. Exil deschefs : Giacinto Paoli quitte la Corse pourNaples accompagné de son fils Pascal

Quelques dates

1739-1755Exil napolitain (Premier exil)

1755-1769Généralat de Paoli :

indépendance de l'Etat Corse

13-14 juillet 1755, élu « Capo generale » au couvent de A Casabianca

1769 (8-9 mai)Bataille de Ponte Novu

1769-1790Exil anglais (second exil)

1790 (9 septembre)Paoli est élu président duConseil Général de la Corse (le premier des présidents)

(couvent d'Orezza)

1793 (17 juillet)Paoli dénoncé, par décret,

comme traitre à la « République Française »

Retour

1794-1807Exil anglais (troisième exil)

1807 (5 février)Décès de Pascal Paoli

(inhumation au cimetière Saint Pancras de Londres)

1880 Retour des cendres

(31 août-7 septembre)

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Je me félicite de l’initiative de l’équipe du Centre Régional de Documentation Pédagogique et deson directeur, Jean-François CUBELLS, qui, en concevant cette brochure sur le musée de Morosaglia, incitentles scolaires à visiter cette grande bâtisse.

Elle abrite des objets de la vie quotidienne, des documents, des tableaux acquis pour nombred’entre eux par le Conseil Général. On y trouve du mobilier et des armes qui ont appartenu à l’illustregénéral tout comme des lettres autographes, Pascal PAOLI entretenait en effet une abondantecorrespondance.

L’Assemblée départementale poursuit d’ailleurs sa politique d’acquisition et elle envisaged’agrandir l’espace muséographique en procédant à l’achat du bâtiment attenant. Dans l’immédiat, ellea entrepris d’importants travaux de réfection de la toiture et de la partie haute de la maison natale. Celaa ainsi permis la découverte d’une magnifique fenêtre gémellée de la fin du XVe siècle.

L’engouement que suscite Pascal PAOLI ne cesse de croître et il justifie l’investissement que notreinstitution consacre à ce personnage emblématique.

Dans l’immédiat, j’invite le lecteur à débuter, avec cette plaquette, une visite virtuelle qui, nuldoute, le conduira très vite sur les routes escarpées du Rustinu pour mieux connaître la vie et l’œuvre decelui que d’aucuns considèrent comme un authentique homme des Lumières.

PAUL GIACOBBI

DéputéPrésident du Conseil Général de la Haute-Corse

SERVICES CULTURE ÉDITIONS RESSOURCES POUR L’ÉDUCATION NATIONALE

CRDP CORSEwww.crdp-corse.fr

Le musée de Morosaglia est ouvert toute l’annéedu 2 mai au 30 septembre : de 9 h à 18 h et du 1er octobre au 30 avril : de 9 h à 17 h

fermé les 1er janvier, 1er mai, 1er et 11 novembre et 25 décembreHameau de la Stretta - 20 218 Morosaglia

Tél. : 04 95 61 04 97

Réf. : 200 B 9975