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21 AOUT 14Hebdomadaire

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Chimie verteLamontée en puissancedes bioplastiques

Avec cf© l'amidondè maïs ou dë la

fécule de pommede terref

il est possiblede fabriquer

du bioplastique.Encore confiden-

tiels, ces nouveauxplastiques offrentde multiples avan-tages Jls sont plus

écologiques queleurs cousins issus

du pétrole, leurfabrication émet

moins de gax a êffetde serre et leur éli-mination en fin devie est simplifiée.Les bioplastiques

offrent de nouvellespossibilités, notam-

ment par la capa-cité qu'ont certains

d'entre eux à secomposter.

A vec l'essor de la chimie verte, les^plastiques entrent doucementdans le quotidien depuis une di-

zaine d'années À la différence des plas-tiques issus de la pétrochimie, les bio-plastiques sont fabriqués avec desmatériaux issus de ressources renou-velables comme le maîs, la patate douce,le blé, la canne à sucre ou l'huile de ri-cin C'est un débouché qui va petit à pe-tit prendre du poids pour les agricul-teurs. Selon l'association de promotiondes céréales, Passion céréales, la pro-duction de bioplastiques a utilisé entre50000 et 80000 tonnes de céréales enFrance en 2012 contre moins de 10000tonnes dix ans auparavantAinsi, la société Végéplast installée dansla région toulousaine utilise environ100 hectares de céréales par an pour fa-briquer des capsules de machine à caféEn France, la filière du bioplastique estassez étoffée par rapport à celle de sesvoisins européens Le chiffre d'affairesdu secteur reste modeste aujourd'huiavec 1U millions d'euros par an, maîs laréglementation pourrait accélérer le dé-veloppement de la filière Un décret duministère de l'Écologie devrait bientôtvoir le jour pour taxer les sacs plastiques

non biodégradables à hauteur de 10 eu-ros le kilo.

De multiples utilisationsLa famille des bioplastiques est assez di-verse Les produits se caractérisent parle fait que leur composition est à basede résine d'origine végétale, que le plas-tique est biodégradable, et les renfortssont remplacés par des fibres naturelles[chanvre, lm, sisal.jute] On trouve ainsides bioplastiques issus à 100 % de res-sources renouvelables agricoles et bio-dégradables en quèlques mois dans lanature Ils sont principalement utiliséspour les articlesjetables comme la vais-selle, les couverts, les pailles, etc Ilsservent aussi pour les sacs de déchetsorganiques, le contenant et le contenupeuvent être ainsi compostés ll n'existepas de filiere de recyclage pour ces bio-plastiquesDans la famille des bioplastiques, ontrouve également des résines issues deproduits agricoles, maîs qui contiennentles mêmes molecules que les plastiquesissus d'énergies fossiles Ils ne sont doncpas biodégradables « La chimie vertesait aujourd'hui fabriquer ies mêmes mo-lécules que la pétrochimie », explique

Focus VLa supercherie des plastiques "dégradables"Certains plastiques issus d'hydrocarbures sont dits "oxo-dégradabies". Grâce àdes additifs, la structure moléculaire du plastique est cassée sous les effets dusoleil. Le plastique se fragmente ainsi en petits morceaux et disparaît à l'œilhumain Cependant, le plastique va rester dans la terre pendant environ 400 ansDes films de maraîchage sont fabriqués avec des plastiques oxo-dégradables,laissant penser aux agriculteurs qu'ils ont disparu alors qu'ils se sont simple-ment fragmentés en minuscules morceaux L'Union européenne et la Francesont en tram de réfléchir afin d'interdire ces plastiques oxo-dégradables à causede la pollution diffuse qu'ils entraînent Une fois réduit en miettes, ils entrentdans la chaîne alimentaire des organismes terrestres ou marins De plus, enentrant dans la chaîne de recyclage, ces plastiques peuvent dégrader la qualitédu plastique recyclé lj e. P.




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Les bioplastiques se caractérisent par le fait qu'ils sont fabriqués à partir deressources végétales renouvelables telles le maîs, la canne à sucre ou encorela pomme de terre.

Thomas Lefèvre, président de la sociétéNatureplast spécialisée dans les bio-plastiques. Ces bioplastiques ont l'inté-rêt de ne pas utiliser de pétrole pour leurfabrication En revanche, ils sont plutôtréserves aux applications non jetablestelles que les boîtiers de teléphone mo-bile, les fibres de moquette, les inté-rieurs de voiture, les tuyaux en plastique,etc

Meilleur bilanenvironnementalGrâce à cette nouvelle utilisation desmatières agricoles, les bioplastiques af-fichent un bilan environnemental bienmeilleur que les plastiques issus des hy-drocarbures Ils émettent moins de gazà effet de serre lors de la production carles plantes ayant servi à la fabricationdu bioplastique ont absorbé du C02 pen-dant leur croissance La valorisation dubioplastique par le recyclage, le com-postage ou même la combustion est aussipossible, ce qui permet de diminuer le

bilan. Des etudes contradictoires exis-tent sur l'impact des bioplastiques llconvient de rappeler que les processusde fabrication des bioplastiques n'en sontqu'à leur début et qu'on les compare àdes usines de plastique optimisées grâceà plus d'un demi-siècle dè recherche etdéveloppement Certains s'inquiètent del'impact sur le prix des matières agri-coles utilisées pour les produire en casd'une généralisation rapide des bio-plastiques. Nous n'en prenons pas lechemin puisque, d'ici trois ans, les bio-plastiques ne devraient représenterque2 % de la production mondiale de plas-tiqueLa recherche travaille déjà à la produc-tion de bioplastiques grâce à des sous-produits agricoles via des micro-orga-nismes. Selon les spécialistes, d'ici cinqà dix, il sera possible de produire à grandeéchelle des bioplastiques à partir de dé-chets agricoles ou forestiers •

Camille Peyrache




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BIOMATÉRIAUX / Si le maïs est l'une des ressources renouvelables qui peut servir à la fabrication dubioplastique, cette céréale entre dans la composition de nombreux autres objets de notre quotidien.De la cuisine à la salle de bain en passant par l'armoire à pharmacie, le maïs est dans tous nos placards.

Du maïs dans toute la maisonans le savoir, nous utilisonschaque jour des produits conte-nantdumais Au niveau europeen,

3,2 millions de tonnes de maîs sontd ores et déjà utilisées pour des usageschimiques non alimentaires Papeterie,pharmacie, textile le maîs est utilisédans de nombreux secteurs industrielsOn retrouve en effet l'amidon de maîsdans les sacs en papier ma is égalementles emballages dè produits frais et dessacs en plastique jetables ou réutilisa-bles proposés dans certains super-marchésCes emballages en bioplastique sontune alternative écologique a la pétro-chimie Biodégradables, ils sont résis-tants et présentent la qualité de respi-rabilité indispensable à la bonneconservation des produits emballésLes industriels ont également recoursau bioplastique pourfabnquerdessacspoubelles à faible litrage pour un usagedomestique ou de plus grande capacitedans le cadre des collectes de dechets

organiques, notamment pour le com-postage. Si cet usage est aujourd huiplutôt bien connu du grand public, l'ami-don de maîs est utilise de maniere plusétonnanteToujours dans I emballage, ce dernierest utilisé, grâce à ses propriétés adhé-sives, dans le processus de fabricationet de collage des cartons ondulés Onle retrouve même dans les finitions deI emballage comme les étiquettes et lesrubans adhésifs.

PapeteriePlus étonnant encore, au niveau euro-péen, 28 % de l'amidon produit est uti-lisé en papeterie, de la fabrication au re-cyclage d'une feuille de papier En effet,I amidon de maîs assure la cohesion in-terne de la feuille de papier et amélioresa resistance, ll intervient égalementdans la phase de couchage du papier. Ilaide à lisser et à masquer les irrégula-rités de surface

Isolation, décorationet propreté...Le maîs est également un matériau à partentière de l'habitat. Un fait souventignoré, l'amidon de maîs peut être em-ployé comme additif pour lier les maté-riaux de construction Excellent gélifiantet stabilisateur d émulsion, il est éga-lement un additif courant dans les pein-turesC est grâce a lui que la peinture adhèreparfaitement aux murs Déplus, en dé-coration comme en isolation, l'amidonn'est pas le seul dérivé du maîs qui estutilise La partie centrale de l'épi, la ra-fle, est également mise à contributionPulvérisée, elle permet d'isolerthermi-quement et phoniquement les bâtimentsElle est utilisée également pour polirl.esmétaux et les materiaux de constructionLe pouvoir anti-calcaire des produits defermentation issus de l'amidon de maîsest aussi exploite pour rendre les car-relages étmcelants D'autres dérives

biodégradables issus de l'amidon rem-placent salutairement les phosphatesdans les lessives, limitant ainsi la pol-lution des eaux. Le maîs permet égale-ment de garder la cage des animaux decompagnie propre La rafle de maîs pul-vérisée entre dans la composition deleur litière.

Soins et cosmétiquesPar ailleurs, au niveau europeen, 5 % deI amidon produit est utilise en pharma-cie L'industrie pharmaceutique a sou-vent recours à I amidon et à ses dérivéspour la fabrication de médicaments etde vaccins ll est utilise comme exci-pient, liant ou principe actif et égale-ment dans I encapsulation des gelulespour une meilleure assimilation dansI organisme ll permet également de soi-gner son apparence. L'amidon de maîsapporte en effet des propriétés épais-sissantes, liantes ou humidifiantes a denombreux produits cosmétiques commedes cremes, du gel ou encore du denti-




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Le maïs entre dans la composition denombreux objets du quotidien.

frice Par ailleurs, k % de l'amidon pro-duit au niveau européen est utilisé pourles textiles L'amidon est donc, sans quenous nous en rendions forcémentcompte, au service de notre quotidien •

Marie-Cécile ChevrierSource : AGPM

INNOVATION/

Imprimer des objetsen trois dimensionsL'impression tridimensionnelle est unetechnologie innovante permettant deréaliser des objets de petite taille (20 cmsur chaque axe) par superposition decouches de matière plastique A l'ins-tar d'une imprimante classique en deuxdimensions, une buse dépose descouches de filament plastique sur unplateau pour obtenir (a forme souhai-tée Modélisés sur un ordinateur, les ob-jets ainsi créés permettent de réaliserdes prototypes de pièces mécaniquesou de design, voire des éléments di-rectement utilisables comme des pro-thèses médicalesSi les imprimantes classiques utilisentde l'encre, les imprimantes SD néces-sitent du plastique afin de réaliser lesobjets désirés Ce « consommable »est majoritairement issu de la pétro-chimie, à l'image du fil plastique «ABS».Cependant, les consommables en bio-plasttque pourraient à terme devenirune alternative aux dérivés du pétroleLe fil « PLA » par exemple est issu del'amidon de maîs Chauffe à une tem-pérature comprise entre 160 et 220 de-grés, le fil de bioplastique permet deréaliser des objets biodégradables Leproduit fmi est moins resistant à l'eauque ceux fabriqués en plastique « clas-sique » En revanche, il peut être poncé,peint ou verni. Comme le rapporteGuilhem Peres, co-fondateurde la so-ciété eMotion Tech, l'amidon de blé oude pomme de terre peut également êtreutilisé pour la réalisation d'objets Lesvolumes ainsi créés sont donc com-postables, se décomposant en matièreorganique et en eau. En utilisant lesproductions agricoles locales, les im-pressions SD permettent ainsi de limi-ter l'empreinte de ces objets sur I en-vironnement •

J.B.P

DÉCOUVERTE/Un continentde plastique

Le principal continent de plastiquese situe dans le Pacifique Nord.

Au cœur de l'océan Pacifique Nord, unimmense amas de plastique flottejustesous la surface de l'eau et jusqu à SO mè-tres de profondeur Ce septième conti-nent est constitué d'environ sept millionsde tonnes de plastique sur une surfaceestimée à trois ou six fois la taille de laFrance Sur les 265 millions de tonnesde plastique produits chaque année, en-viron 10 % finissent leur vie dans la mer70 % d'entre eux coulent, tandis que lereste flotte au fil des courants.Ces plastiques, impossibles à digérer etdifficiles à éliminer, s'accumulent ainsidans les estomacs des poissons, mé-duses, tortues et oiseaux marins Qua-tre autres zones de grands bassins océa-niques ou se rencontrent des courantsmarins, appelées gyres océaniques, ontété identifiées comme contenant éga-lement de grande concentration de pe-tits morceaux de plastique •

O.P.




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Le chiffre d'affaires de la filiere bioplastique resteencore modeste (24 M€/an) mais la réglementationpourrait accélérer son développement.




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, .es bioplastiques vont prendre de plus en plus de place avec une production qui^.ër d'ici trois ans, explique Thomas Lefèvre, président de Natureplast, une entrepriseÎ006 pour accompagner les industriels souhaitant utiliser des bioplastiques.

"Les bioplastiques apportent de nouvelles fonctionnalités"

II

Les bioplastiques représentent une très faibleproportion des plastiques produits dans le monde.Quelle est leur place actuelle et celle que vous an-ticipez à l'avenir?Thomas Lefèvre: «Le marché des bioplastiques croîtdo 20 % par an depuis 10 ans. Aujourd'hui, les bio-plastiques représentent 0,5% de la production mon-diale avec environ 1,4 million de tonnes produitespar an. La production en 2016 est estimée à 5,8 mil-lions de tonnes. Comparées aux 265 millions detonnes de plastique produites chaque année, ce seraencore très minoritaire. L'Europe produit peu de^plastiques. À l'échelle mondiale, les plus gros pro-ducteurs sont l'Asie et l'Amérique du Nord et du SudI67 % de la production mondiale]. Ces deux blocsdevraient produire plus de 90 % du bioplastique en2016.»

Quels sont les freins au développement des bio-plastiques?T. L. : « ll y a plusieurs types de freins. Le premierréside dans le prix des bioplastiques. Lin kilo de bio-plastique coûte entre 2 et 8 euros en fonction desmatières, alors qu'un kilo de plastique issu du pé-trole coûte environ 1,50 euro. Le deuxième frein estdans la propriété des matériaux. Nous ne sommesqu'au début de l'histoire des bioplastiques, qui sontglobalement moins performants que les plastiquesclassiques. Un autre frein vient du fait que nousmanquons de données sur le cycle de vie et le re-cyclage des bioplastiques. Enfin, les bioplastiquesactuels sont essentiellement produits avec des pro-duits agricoles tels que l'amidon de maïs, ce quipourrait à terme faire concurrence avec ('alimenta-tion animale et humaine. Si la production venait àdevenir importante, il faudrait veiller à développer

Thomas Lefèvre, fondateuret directeur de Natureplast,une société spécialisée dansles bioplastiques quiaccompagne les industrielsdans leurs choix debioplastiques.

et trouver de nouvelles ressources. Une actiQn déjàentérinée par plusieurs futurs producteurs de bio-plastiques. »

Quels sont les avantages des bioplastiques?T.L. : « Le premier avantage, c'est de commencer àse séparer du pétrole. Pour les bioplastiques bio-dégradables et compostables, il apporte égalementune meilleure gestion en fin de vie des emballages.Certains industriels utilisent tes bioplastiques pourdévelopper de nouvelles propriétés et utilités à leursproduits. Par exemple, 11 existe aujourd'hui des f ilmsde paiUage pour le maraîchage biodégradables, cequi permet de ne pas enfouir de plastique dans laterre, d'économiser sur le ramassage du plastique,et de ne pas avoir à le recycler puisqu'il va se dé-grader dans le champ en quèlques mois. Autre avan-

tage, grâce aux bioplastiques, les industriels peu-vent faire du marketing et de la communication pouraméliorer leur image ou souligner les nouvelles pro-priétés de leurs produits. »

Qu'attendez-vous comme innovation dans ce do-maine?T.L. : « Dans le futur, nous devrions être en mesurede fabriquer quasiment tous les plastiques actuelsavec des bioplastiques. Une généralisation des bio-plastiques sera bien meilleure pour l'environne-ment, techniquement, c'est faisable, maîs ce serontles conditions réglementaires et l'écart de prix en-tre les plastiques traditionnels et les bioplastiquesqui leur permettront de s'imposer. » •

Propos recueillispar Camille Peyrache

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