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Renforcé.e.s par nos camaraderies, la diversité de nos lieux de vie et par nosexpériences de luttes, nous souhaitons mettre en lumière nos positionscommunes contre la doxa du monde électrique. Nous amenons ici desarguments non exhaustifs, sans concession, afin de bousculer le climat

consensuel et participatif actuel, alimenté par leur transition énergétique. On avoulu donner un petit coup de pied dans la fourmilière des mouvements écolo.

Certaines scènes caustiques sont donc susceptibles de heurter le publicsensible. Néanmoins, toute ressemblance avec des personnes existantes ne

saurait être que fortuite. On a fait le choix de parler depuis ce qu’on est, de cequ’on porte et pas forcément depuis des livres et des références intellectuelles.Il ne faudra donc pas s’étonner de ne pas trouver de notes de bas de page qui

auraient alourdi la lecture. Nous avons fait le choix d’utiliser l’écritureinclusive en grande partie dans le texte. Le genre masculin a été délibérément

conservé pour nommer les figures des dominants et des gouvernants.

Nous vous souhaitons une bonne lecture complice.

 

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« L’énergie est notre avenir, économisons-la », « Une électricité 100 % renouvelable, c’est possibleavec Enercoop », « Rejoignez Engie pour un monde bas carbone ».

On étouffe de votre énergie de partout, de tout le temps, on étouffe d’être là, pris.e.s dans vos câbleset vos lignes, votre bunker mental smart à chacun chacune instillé si subtilement, telle une applidans nos chairs.  Votre pouvoir  il  coule,  il  est fluide,  n’est-ce pas ? Comme vos autoroutes sontfluides, comme vos trains vont et viennent, vos datas circulent, c’est presque beau de loin, ça faitdes toiles d’araignées fluorescentes ou plutôt des constellations de LED. Tout un ordre, toute unehiérarchie, dont  l’électricité est  le cœur vibrant.  Votre organisme, comme vous dites, dont vouschérissez tant la santé économique, il carbure à la centrale, au transformateur, il se dispatche. Etvous  nous  avez   fait  malgré  nous   les  agents  et  opératrices  obéissantes  de ce  monstre   froid.  Lecourant passe si bien entre vos administré.e.s. Et le black-out qu’on nous brandit comme ultimerisque industriel n’est peut-être que votre peur de voir votre créature s’éteindre d’un coup, et quevous vous retrouviez seuls, à la merci de celles et ceux qui se retourneront contre vous. C’est votrecauchemar   ultime,   votre   pire   scénario   collapso.   Pas   étonnant   que   les   théories   d’effondrementintéressent autant le gouvernement. Votre société aurait-elle des airs d’île de Pâques ou de TwinTowers ? Il paraît que plus les réseaux sont complexes, plus ils sont fragiles. C’est ça non ? Eh benc’est maintenant, et vous avez la trouille.

 

Le désastre, les pandas, moiet les autres

On sait toutes et tous qu’on court à notre perte,qu’on va être englouti.e.s par la montée deseaux. Cette peur taraude Linda, 16 ans et tousses copains. Sa plage favorite où elle vientmanger des glaces italiennes au quatre heures,dans son beau bikini bleu à paillettes vadisparaître, et la cabane à gaufres avec. Elleangoisse de ce monde, de la mort des bébéspandas et de la fonte des glaces. Elle en parlesur Instagram avec toutes ses amies, tous lessoirs. Elle twitte « Trump est un con ». À partlui et son oncle, tout le monde reconnaît leréchauffement climatique.

Le   désastre   environnemental   est   clairementpalpable.   On   parle   souvent   du   réchauffementclimatique,   un   peu   moins   des   pollutionsgénéralisées de l’eau et  des  terres  causées parl’extractivisme.  On en parle  quand même.  Oncommence à savoir que le lithium extrait pourles   batteries   des   voitures   électriques   zéroémission,  pollue ;  que   l’extraction  du  graphiterend   malades   ses   ouvrier.e.s,   qu’ils   et   ellesattrapent   la   silicose,   que   les   terres   agricoles

deviennent   arides.   On   sait   que   l’air   estirrespirable   à   proximité   des   villes,  mais   aussiprès des centrales électriques au charbon. 

Les problèmes environnementaux découlent del’obsession des firmes de l’énergie à creuser lessols, à excaver encore et encore, à pomper lesressources   jusqu’à   la   moelle,   à   vider   cetteplanète   de   son   jus,   comme une  orange  qu’onpresserait   et  presserait   encore  et   encore  parceque le jus d’orange est le marché le plus juteuxqui   soit.  Électrifier   toujours  plus,  numériser  àl’excès   le   sapin   de   noël   planète   Terre !   Çaclignote :   Donuts,   Coca,   Caca !   Ça   parle,   çachante, c’est beau, c’est lumineux, c’est smart !C’est Walmart 

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   Cannes à sucre, extraction etcolonies

Le   désastre   n’est   pas   qu’environnemental.   Lemarché de l’énergie est détenu en grande partiepar des multinationales soutenues par les États.On nous vend le frigo connecté et  l’aspirateurqui fait le ménage tout seul, masquant une plusâpre réalité. Celle d’un monde violent, hérité del’aventure   coloniale   du   Nouveau   Monde,dominé par les pratiques mafieuses de Gasprom,Areva, Chevron, Total, EDF, Engie et consorts.Les milices paramilitaires sont leur bras armé.On nous a longtemps occulté l’horreur de notrehistoire,   celle  du   sexocide  des   femmes,   de   lacolonisation ou de l’esclavage ; de la haine del’autre et du sentiment de légitimité absolue quiguidaient   les   colons   blancs,   de   leur   soif   depouvoir   et   de   domination ;   de   leur   obsessiond’asservissement sanguinaire pour l’or. On nousa endormi.e.s avec la berceuse de l’abolition del’esclavage et de la décolonisation.

On entend la voix de De Gaulle, crachotée parun   transistor,   pour   l’autodétermination   dupeuple algérien. On serait tenté.e.s de reléguer lacolonisation   dans   les   oubliettes   de   l’histoire.Pourtant,   la   France   continue   de   déployer   sonarmée   pour   « pacifier »   des   territoires   enAfrique.   On   a   entendu   parler   des   minesd’uranium au Niger, de la souveraineté nucléairefrançaise : de la fierté de ses centrales et de labombe atomique. L’extraction des métaux raresest   en   expansion   et   les   prospections   serépandent comme la peste à travers  le monde.Des   entreprises   anglaises,   australiennes,canadiennes   exploitent   des  mines   en  Asie,   enAmérique   du   Sud   ou   en   Océanie.   Le   géantbrésilien Vale se gave du nickel des Kanaks enNouvelle-Calédonie.

Mais la colonisation forcenée par les entreprisesnord-américaines et européennes ne s’arrête paslà.   Les   mers   sont   de   nouveaux   territoires   àconquérir et exploiter. La force des vagues et levent marin font bander la startup nation et tousces  requins  que sont   les  grandes  industries  del’énergie.   Les   territoires   inhabités   sont   leursnouvelles   terres   de   fantasmes :  mini-centralesou îles artificielles au programme. Les sirènes,la baleine Moby Dick et Willy,  l’orque aduléepar   toute   une   génération   d’enfants   sont   ledernier îlot de légende et de rêve qui nous reste.La   lune   n’échappe   pas   non   plus   au   violgénéralisé de notre  rapport  sensible au vivant.Quand la Chine excave de la poussière lunaire,nos   cœurs   saignent.   Nos   flux   menstruelss’arrêtent, et l’on hurle notre colère à la nuit.

20 h 12, Patrick et Gisèle, après avoir mangéun bon petit plat bio surgelé écoutent DavidPujadas annoncer le prochain reportage : “LaChine vient d’excaver de la matière sur la luneafin de l’analyser.” « Ils sont quand même fortsces Chinois », s’exclame Patrick. Gisèle n’estpas d’accord. « Je trouve qu’on va un peu troploin, là. Quand même la lune, tu te rendscompte ! On imagine les répercussions, lesmarées perturbées tout ça, quoi ! Même surnous, nos cheveux, ton ongle incarné, et mêmepour nous, les… femmes, quoi ! »

 

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Far West, campagnes etconquête électrique

Cette   conquête   effrénée   des   territoiressubalternes ne s’est pas cantonnée à l’extérieurdes   frontières   de   l’État.   Pour   répondre   à   laboulimie de ses organes vitaux,  les villes,  il  afallu   encore   coloniser   les   terres   à   l’intérieurmême de son organisme. Avec moins de force etde   violence,   mais   en   répondant   aux   mêmeslogiques, il a fallu assujettir les campagnes. 

L’aristocratie et les grands propriétaires terriensavaient   déjà   soumis,   éduqué,   taxé,   dressé,marchandisé   et   standardisé   les   pratiques   deculture. Ils avaient contraint à la mécanisation,détruit   les   sols,   provoqué   l’exode,   brisé   lescommunautés. L’écosystème naturel et social deces   territoires   périphériques   n’avait   plus   lieud’être.   Ils   n’étaient   même   plus   les   organesannexes   d’un   cœur   urbain,   dont   il   s’agissaitd’assouvir la voracité de calories alimentaires.

Les campagnes n’avaient pas même eu le tempsde   s’adapter   à   cette   colonisation   interne   quiexigeait qu’elles réorganisent toute leur activitévers la production alimentaire à destination desvilles que déjà, ces dernières se découvraient unautre   appétit.   Un   nouveau   carburant,   qui   necroissait   plus   sur   la   terre,  mais   se   cachait   endedans. Le charbon.

Jaillissant  des   entrailles  de   la  Terre   en  mêmetemps   qu’elles   les   creusaient,   voici   surgir   lescités   ouvrières   minières   au   beau   milieu   descampagnes.   Achevant   de   prolétarisercultivatrices   et   fermiers,   elles   transformentpâtures   en   terrils   et   hameaux   en   ghettos.  Au

milieu   du   XIXe  siècle,   elles   absorbent   leursvoisines,  comme Le Creusot  qui  multiplie  partrois  sa superficie et  par sept sa démographie.Emblèmes   de   l’organisation   scientifique   dutravail  et  de son industrialisation,   les mines lesont hélas aussi  du mouvement ouvrier.  Alors,on   préfère   vite   importer   une   main-d’œuvreimmigrée pour mieux la discipliner. Puis, encoremieux,   on   choisit   l’extractivismenéocolonialiste, pour délocaliser au maximum 

l’exploitation   humaine   et   son   administrationtrop coûteuse. 

Mais   quand   les   mines   sortent   par   la   porte,l’électricité   rentre   par   la   fenêtre.   Après   laproduction   d’armes   pendant   la   guerre,   LeCreusot   peut   se   reconvertir   en   fabriquant   lespièces des centrales nucléaires. Le château de ladynastie   Schneider   qui   exploita   les   minesdevient un « écomusée »,  et  Schneider Electricrachète la branche distribution d’Areva. 

La   métastase   électrique   se   répand,   invasive,c’est le temps des couloirs de lignes Très HauteTension qui conquièrent les campagnes, dans lalignée   de   leurs   aînées   ferroviaires   ettélégraphiques.  Le   territoire   est   quadrillé.  Lescentrales, ces cathédrales modernes, s’imposentdans   les   espaces   ruraux   les   plus   disponibles ;quand   les   quartiers   périphériques  des   grandesvilles   voient   s’ériger   les   transformateurs   etdéchetteries   industrielles   et   se   déployer   larépression   policière.   Ce   sont   toujours   desouvrier.es qui sont exploité.e.s dans les usines,fabriquant et assemblant les pièces nécessairesaux infrastructures énergétiques, réduit.e.s à unsalariat misérable.

Il   faut   désormais   rendre   productives   lesdernières « zones à faible densité de population».  C’est   notamment   le   cas   du   territoire   de   laMeuse  et  de   la  Haute-Marne,  qui  grâce  à   sesélus locaux et au lobby du nucléaire, est promucomme   «   pôle   d’excellence   nucléaire   »spécialisé   dans   la   gestion   des   déchets   et   duvieillissement   des   centrales.   L’argent   duGroupement   d’Intérêt   Public   finance   ainsi   àhauteur   de   millions   d’euros   des   dizaines   deprojets liés à la filière nucléaire : maintenance,transport,   logistique,   formation,   quand   lesentreprises   locales   ferment   les   unes   après   lesautres   sans   être   soutenues   par   cette   instance,supposément « d’intérêt public ». EDF grandit,les usines crèvent. 

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Il faut acheter le consentement de la population,éduquer la génération nucléaire et convaincre dubien-fondé du projet.  Pour cela  les communesproches de Bure, village choisi pour être le lieud’implantation du projet Cigéo d’enfouissementdes   déchets   nucléaires,   sont   arrosées   desubventions   gérées   par   les   élus   des   conseilsdépartementaux   à   travers   les   GIP.   Celles-ciservent à équiper les bourgs de nouvelles sallesdes   fêtes,   lampadaires,   trottoirs   et   autreséquipements   urbains   dont   on   peut   largementdouter de l’utilité quand les commerces locauxferment   les   uns   après   les   autres   et   que   leterritoire   se   désertifie.   C’est   le   temps   del’accaparement des terres par EDF, auréolé de lamention   « service   public ».   Depuis   2007   parexemple,   l’Andra   bâtit   un   empire   foncierconsidérable grâce aux SAFER, évitant ainsi desprocédures   d’expropriation   trop   longues,   tropcoûteuses et néfastes sur le plan médiatique. 

Le modèle agro-industriel et  le remembrementavaient déjà optimisé les  rendements  agricolespour permettre de grignoter plus de terres. Il estdésormais   temps  de   spécialiser   les   territoires :nucléaire, renouvelable ou tourisme de masse ?Des   illusoires   enquêtes   publiques   dans   lesvillages jusqu’à la répression et  les expulsionsen banlieue,  tous  les  territoires sont désormaissubordonnés, destinés à assouvir ce cœur battanturbain affamé. 

 Perte des savoir-faire et desimaginaires, réductionnisme et

réalité augmentée : bienvenue àl’ubertranshumain !

Exode rural  et  accaparement des  terres aidant,voici   poindre   les   exploitant.e.s   agricoles 2.0.Armé.e.s   de  drones   à   caméras   et   logiciels   decalcul de la productivité pour chaque centimètrecarré   de   surface,   ils   et   elles   ne   sont   pluspaysan.ne.s,   mais   industriel.le.s.   Les   petit.e.sfermes   n’existaient   déjà   plus,   les   moyen.ne.sdisparaissent.   Les   collèges   de   campagneproposent des visites  de  l’exploitation voisine.Vaches laitières par centaines, granules OGM etméthaniseur ou vignes, produits phytosanitaireset panneaux solaires ? « À chacun son segmentde marché, mon fils, tu choisiras quand tu serasgrand ! ».  Ces   industriels   d’un   nouveau   genrenous  vendent  même  l’écologie  de  demain.   Ilssont   si   proches   de   la   terre,   dans   leursusines 2.0 !   Ils   exploitent   chaque   ressource   àleur portée, sur leurs hectares à perte de vue. 

L’extension  des   réseaux  énergétiques  est   alléede   pair   avec   une   perte   d’usages   directs   del’énergie   mécanique   et   de   manièreconcomitante, de savoir-faire et de connexionssociales. Lorsqu’il devient si simple d’actionnerun   bouton,   d’appuyer   sur   une   pédale   ou   detourner la clef d’un engin, la traction animale,les moulins hydrauliques et à vent ne semblentplus avoir leur place, tout comme les métiers quigravitent autour.

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Ce   qu’on   a   aussi   perdu   avec   l’arrivée   del’électricité,  c’est le sens de faire en commun,nos liens d’interdépendance.  La machine les aremplacés dans les champs. On fait tout, seul.edevant son écran, assis.e sur son tracteur. On acréé des  multitudes  de solitudes à   la  place denos communautés. La centralisation de l’énergienous   a   fait   perdre   nos   usages   sociaux   etcommunaux.   S’il   reste   des   agricultrices   etmaraîchers qui entretiennent un rapport affectifet sensible à leurs bêtes, les grandes tablées desmoissons sont loin.

Les   barrages   hydroélectriques   intègrent   larivière   au   système   électrique,   à   l’exclusiond’autres   usages   qui   dessinaient   toute   uneorganisation sociale autour des bassins versants.Le  meunier   connaissait   le   cours   d’eau   ou   levent, il s’adaptait à ses variations saisonnières etquotidiennes. Il connaissait les rouages internesde   sa   machine :   le   bois   qui   la   compose,   lerythme des meules adapté  pour  la mouture degrain désirée. Même s’il n’était pas du côté dupeuple,  mais de ceux qui  taxaient les récoltes,son   savoir-faire   s’est   perdu.   L’irrationalité   decertains   choix   d’énergie,   dont   celui   duremplacement de la force vive de l’eau par  le

charbon   en  Angleterre   au  XIXe  siècle,   a   deséclairages   politiques.   Bien   que   payant,   ilincarnait   par   son   aspect   délocalisable   etaccumulable, au plus proche des « gisements demain-d’œuvre », l’énergie parfaite pour dompterles   prolétaires.   Le   charbon   impose   ainsi   unrythme   constant   et   régulier,   quand   lesfluctuations  de  l’eau rendaient   les   journées  detravail irrégulières. C’est l’ajustement du tempset  de   l’espace  à   la   temporalité  continue  de  laproduction.  C’est   le   temps   de   la   « révolutionindustrielle », de la centralisation du travail dansdes  usines  pensées  sur   le  modèle  des  prisons,véritables   instruments   de   domestication,assurant   hiérarchie   et   dépendances   desouvrières.  On pourrait  dire   la  même chose del’électricité.   Le   macro-système   électriquealimente   des   usager.e.s   finaux   lointain.e.s,passifs, atomisées dans leurs usines, logements,

bureaux   où   le   travail   est   rythmé   parl’interrupteur   électrique,   de   plus   en   plusdispensable dans un monde de veille générale. 

Thomas est ainsi complètement déconnecté desrythmes organiques et naturels, à ne plus savoiren quelle saison pousse la tomate puisquechaque jour, lorsqu’il se rend au supermarché,les étalages en regorgent. Pour traverser laville sur son vélo, il n’a qu’à demander à sonAssistant Personnel Virtuel de trouver lemeilleur itinéraire. Il n’est pas triste de ne plusutiliser sa connaissance de la ville, de ne plusse laisser surprendre par le hasard de larencontre en s’arrêtant demander sa route aupassant. Thomas n’a plus besoin de personne, ilest in-dé-pen-dant. Son Intelligence Artificielleapporte la réponse à toutes ses questions, luipermet de se faire livrer sa nourriture ou derencontrer l’amour. Thomas reçoit 15notifications par seconde. Sa vie est bienremplie. En étant noyé sous un fluxd’informations en continu, il est convaincu d’yprendre part, à ce monde, d’y être connecté. Ilpense même que la 5G c’est nécessaire, car ilpourra charger plus vite ses contenus vidéo et yaccéder en permanence depuis son machintechnologique, unique fenêtre sur son monde.

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Le   développement   de   l’électricité   airrémédiablement changé notre rapport au tempset   à   la   vitesse.   On   est   endoctriné·es   par   lesconcepts d’efficacité et de rendement et on a finipar   oublier   ce   que   « prendre   le   temps »signifiait.   Les   flux   incessants   d’énergie   etd’informations   assurant   la   continuité   de   laproduction sont basés sur un temps unifié : il estla   même   heure   à   l’horloge   des   bourses   dumonde   entier.   La   seconde,   définie   par   lavibration de l’atome de césium, est la plus petiteunité d’un temps disjoint des cycles cosmiques.On essaie de nous faire croire à l’idéal du tempsréel et unique : tout va toujours plus vite et doitaller   plus   vite.   Il   faut   optimiser   la   moindreseconde.   Les   informations,   actualisées   enpermanence,   sont   tout   de   suite   obsolètes.L’hétérogénéité   des   temps   sociaux   et   despulsations du vivant est lissée, car seul comptele   temps  contrôlé  et  comptabilisé  de   l’activitéproductive. Peu importe que Thomas, lorsqu’ilappuie   sur   l’interrupteur,   utilise   l’énergieproduite par une tempête en mer du nord ou parune canicule en Espagne. Tout est relié, tout estindifférencié.   Bien   que   notre   lien   au   mondes’appauvrisse de jour en jour, que des formes devies   disparaissent,   le   virtuel,   lui,   s’étend.   Lapeur de la déconnexion ou du manque de réseaudeviennent   les   nouvelles   angoisses   deshumain·es toujours plus connecté·es. C’est quela   numérisation   du   monde   et   les   prothèsesqu’elle   nécessite   (smartphone,   montreconnectée,   capteurs)   génèrent   de   nouvellesdépendances   et   modifient   nos   capacitéscognitives : ce sont ces machines qui désormaisnous permettent d’accéder au monde augmenté.L’humain   est   ainsi   la   nouvelle   frontière   àdépasser.   Il   n’est   pas   assez   rapide,   pas   assezintelligent   et   justifie   bien   que   l’on   fasseconfiance à des machines pour penser,  prédirece qui va arriver et prendre des décisions à notreplace.  Après   avoir   colonisé   nos   imaginaires,l’énergie et ses réseaux s’attachent désormais àcoloniser nos chairs. 

La   biométrie   avait   servi   de   base   à   laphrénologie, aux théories racistes et à la policescientifique.   Elle   ouvre   une   voie   vers   laréduction   des   formes   du   vivant   à   leurscaractéristiques   mesurables.   L’ADN   serait   le« code »   du   vivant,   permettant   d’expliquertoutes   ses   caractéristiques.   C’est   dans   cecontexte   que   le   transhumanisme   organise   lafusion de l’humain avec la machine et le code.Les armées du monde occidental planchent surle   soldat   augmenté   via   exosquelette   etopérations   chirurgicales.   Les   investissementsmassifs   de   Google   font   converger   I.A.,biotechnologies   et   nanotechnologies   enréactualisant   les   vieux   délires   eugénistes.  Onprétend nous augmenter,  gommer  nos  défauts,on veut en fait lisser et contrôler ce qui restaitd’aléatoire et d’unique en nous. Cachée sous unvernis social, c’est bien d’une marchandisationde nos êtres dont il s’agit.

La déconnexion ultime,   la mort,  est   le dernierterritoire   à   conquérir   pour   ces   patronsrichissimes.   L’immortalité   sera   offerte   (ouvendue)   aux   plus  méritants   sur   l’autel   de   lascience et du progrès.

Smart world, datas etsurveillance

Les   technologies   numériques   sont   un   gloutonénergétique,   mais   leur   boulimie   peut   êtreassouvie   par   la   transition   énergétique.  Mieux,numérique   et   électrique   se   renforcent.L’avènement   du  smart world  opère   unréajustement en temps réel des flux d’électricitésur   le   réseau   international.   Il   repose   sur   unecapacité accrue de stockage et de transport desdonnées   très   gourmandes   en   électricité.  Alorsqu’elle sert à alimenter les data centers, ceux-ciservent en partie à collecter des données rendantcompte   de   la   consommation   électriqueinstantanée. Pratique !

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L’Intelligence Artificielle s’immisce aujourd’huidans tous les aspects de notre vie. Les capteurset   algorithmes   se   multiplient,   car   ils   sont   lasource d’une nouvelle gouvernance. L’I.A. noussauvera.   À   l’instar   de   la   main   invisible   dumarché,  censée réguler les différends entre  leshumains,  la main invisible du numérique nouspermettra, par sa capacité à réduire le réel à desdonnées   chiffrées   transitant   via   des   flux,   derendre le système plus fluide, mieux gérable. Ils’agit   d’optimiser   la   productivité   de   la   terredevenue   machine   et   de   ses   habitant.e.s.   Enévitant   embouteillages,   pics   de   pollutions,   deconsommation,   inflations,   comportementssuspects,   plus   rien   ne   fait   obstacle   aufonctionnement continu du système productif età la circulation de ses flux. Pas d’interruption,pas   d’intermittence,   l’ordre   électrique   s’enassure.   Il   est   la   condition  sine qua non  de   lapossibilité de la vie sur terre.

Dans   ce   monde   numérisé   et   électrifié,   lescaméras   se   répandent :   identificationautomatique   des   attitudes   anormales,reconnaissance faciale et vidéo-verbalisation.

  Les   drones   de   Frontex   et   détecteurs   demouvement aux frontières permettent une visionimmédiate des flux migratoires dans une tour decontrôle centralisée. Le panoptique s’étend. 

Les   compteurs   Linky   et   autres   capteurscollectent en temps réel de la donnée, établissentdes   profils   de   clientes   et   consommateurs,moralisent les pratiques et empêchent la fraude.Les GAFAM compilent des milliers d’heures dedémarches   internet   quand   les   smartphonesgéolocalisent.   L’assurance   Axa   offre   desmontres connectées à ses client.e.s pour vérifierleurs informations de santé. FranceConnect créedes profils numériques reconnus par l’État pourcentraliser toutes les démarches administrativesd’un.e   individu.e.   Pôle   emploi   peut   consultervos relevés bancaires pour savoir si vous étiez àl’étranger.  La  police   est  désormais   en  mesured’appréhender   une   boîte   de   nuit   qui   ouvreclandestinement en temps de confinement, en sebasant sur ses relevés Linky. Amazon crée uneapplication   de   fichage   consultable   sur   lessmartphones de flics, mise à jour en temps réelet   compilant   renseignement   humain,condamnations   judiciaires   et   activité  militantesur internet. 

Industriels,   multinationales,   États   et   forcesarmées se serrent les coudes. Ils parlent la mêmenovlangue :   le   FALC   (Facile   à   lire   et   àcomprendre),   qui   trouve   son   écho   dans   leursspots vidéo au design aseptisé. Tous vantent lemérite de la ville connectée et surveillée.

Si   le  Cloud  « dématérialisé »   prétend   nousassister   et   nous   servir,   ses   réseaux   etinfrastructures   encombrantes   envahissent   nossols.   Les   câbles   souterrains   et   sous-marinsenchaînent nos esprits, atrophient nos cerveaux.Nous devenons dépendant.e.s, avons besoin desécrans  pour  voir   les  autres,  des  capteurs  poursentir   notre   environnement   et   des   donnéesproduites sur nous-mêmes pour nous connaître.

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L’homme moderne et leventre de la terre

Le   système   énergétique   tel   que   nous   leconnaissons est indissociable du capitalisme quil’a   fait   naître,   nourri   depuis   des   sièclesd’expropriation, de destruction et d’exploitationdes corps et des territoires. L’extractivisme quil’alimente   est   fondamentalement   patriarcal   etcolonial.   Il   commence   avec   la   chasse   auxsorcières   en  Europe,   les   enclosures,   le   travailsalarié, la destruction de savoirs inscrits dans lemonde et d’organisations sociales autonomes –tout   autant   qu’avec   la   geste   colonisatrice   del’Europe  moderne,   qui   consiste   à   exproprier,faire table rase, planter, exploiter.

On voit trop souvent les XVIe  et XVIIe  sièclescomme une période de renaissance, de réformeet pas assez pour ce qu’ils ont été. À savoir, destemps de bûchers, de persécutions, de tortures,d’expropriation  des   classes   rurales   laborieuseshors des terres qu’elles cultivaient jusqu’à lors,de destruction de la culture paysanne et des lienscommunaux.   Les   classes   dominantes   ontcondamné  à   l’errance  et   aux  marges  celles   etceux   dont   elles   n’avaient   plus   besoin   pourgénérer  du profit.  Elles  ont  offert  des   salairesdérisoires   à   une   nouvelle   frange   dejournalier.e.s,  en compensation de la perte desterres et des droits de glanage. Le capitalisme apu se développer sur le dos de ces populationsen errance et  grâce à la relégation à la sphèredomestique de la force de travail des femmes,en s’appropriant leurs domaines de compétence

et en les excluant du savoir officiel comme desactivités   salariées.  À   l’instar   des   guérisseusesdes   classes   populaires   traquées   par   lesmédecins.   Pourvoyeuses   d’un   travail   gratuit,anéanties  par   les  persécutions.  Voilà  commentles   femmes  ont  nourri   le  pouvoir  naissant   ducapital. Paré de l’éthique de la propriété privée,du   droit   absolu   du   possédant,   il   a   justifiéégalement   le   commencement   de   l’expansioncoloniale   par   un   commerce   d’esclaves   sansprécédent   et   l’expropriation   des   populationsamérindiennes de leurs terres. 

L’idéologie sous-jacente au capitalisme alors enplein essor, est celle de l’homme moderne et sonmodèle,  celui  de  l’entrepreneur  bourgeois.  Cethomme parfait  voit   le  monde  par   ses   lunettesuniverselles   et   transcendantes.   Ce   regard   luisuffit  puisque seul  compte pour  lui  ce qui  estvisible.   La   lumière   lui   est   vitale,   il   détestel’ombre, il voit tout et loin et s’il le faut, élimineles   obstacles.   Il   n’hésite   pas   à   trouer   lesmontagnes,   raser   les   forêts,  combler   le   lit  desrivières   pour   rendre   lisible   et   accessible   leterritoire transformé en carte de ressources. Il serêve comme pur  esprit  et  oublie   son corps.   Iln’en   a   pas   besoin  d’ailleurs   puisque  d’autres,corps   subalternes   (peuples   colonisés,   femmes,non blanc.he.s,  non humain.es),  s’occupent  deproduire   les   biens   et   tous   les   services   quipermettent   à   sa   raison   de   se   déployer   pourpercer   les  mystères   de   la   nature.   Oui,   il   estobjectif,   il   sait   s’extraire   du   monde   pour   lecouper en petits morceaux et le disséquer. C’est

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ainsi   qu’il   le   comprend   et   qu’il   dévoile   laVérité, dont le nombre lui semble la plus purereprésentation. Ainsi distant du monde, il peut letransformer  à  volonté  pour   le  parfaire.  Car  cequ’il   valorise   par-dessus   tout,   c’est   l’activité,l’affairement. Sa hantise, c’est la perte. C’est lependant   de   son  obsession  pour   la   production.Jamais il ne perd de temps ! Le repos, oui, maisjuste ce qu’il  faut pour recharger les batteries.Quant aux déchets et aux pertes inhérentes à samanière de transformer, il les traque grâce à uneoptimisation   permanente   des   processus.Quelques astuces qui montrent son ingéniosité :l’utilisation   énergétique   des   déchets   via   leurincinération, qui résout à la fois le problème del’énergie   et   le   problème   des   déchets !   Ouencore,   les  smart grids,   ces   réseaux   dits   « intelligents »   qui   permettent   une   meilleurecorrélation entre offre et demande d’électricité.Un outil merveilleux de chasse au gaspi !

Au XIXe siècle, la thermodynamique a permis àcet   honnête   homme   d’assouvir   son   désir   depouvoir.  La  construction  du concept  d’énergieen   est   le   résultat.   Il   permet   de   mesurer   lacapacité au travail de toute chose et transformele monde en un vaste flux dont il est possible detirer une production. Il est désormais possible decomparer un cheval et un wagonnet de charbon,un fleuve et une parcelle ensoleillée, une forêtde chênes et un tas de déchets, selon un critèreobjectif et quantitatif. De la tonne d’équivalentcharbon   au   franc,   du   kilowattheure   à   l’euro,l’énergie   présente   un   équivalent   économiquedirect.   Le   réseau   électrique   concrétise   cetaplatissement   de   phénomènes,   de   matériauxéclectiques   et   capricieux,   en   ressourceshomogènes et manipulables. Elles sont la based’un investissement prometteur : l’énergie c’estle   sang de   l’industrie,   le  nerf  de  la  guerre,   lefondement   de   la   civilisation   moderne.L’entrepreneur de l’énergie contribue au progrèsgénéral   et   sert   la   Société   par   son   œuvrebienfaisante. L’électricité n’est-elle pas devenueun besoin   fondamental  de   l’humanité ?  Où enserait   l’Afrique   sans   cet   ingénieur   doué   et

audacieux ?  Notre   homme   doit   poursuivre   ceprojet humanitaire. Certains gisements d’énergiene   sont-ils   pas   encore   inexploités,   là   où   dessociétés misérables, ignorantes de cette richesse,vivent   encore   sans   électricité ?   Comme   ilfertilisa les déserts et ensemença le ventre rondde   la   terre   par   la   force   de   son   vit,   il   sauraengendrer l’énergie avec le soc adapté à chaqueterritoire.

Participation, mirages etdésillusion

Roger, sans être cet honnête homme bourgeois,a capitalisé toute sa vie et, face au poids de satrop grande culpabilité, veut investir dans un

20e de pale d’éolienne, d’un projet participatifet citoyen sur sa commune. Fort heureusementpas dans son jardin, mais à l’autre bout duvillage, chez les Dupont. Il a 60 ans, parle fort,coupe la parole aux voisin.e.s et bombe le torseà l’idée de sauver la France. Les retombéespermettraient de tondre le gazon devant lamairie ! En plus, il donnera un emploi à unenfant de 11 ans, dans l’extraction de lithium,preuve de son ouverture d’esprit face à laChine, qui a quand même fait du tort auxentreprises françaises. Un monde plus propreici et plus pollué là-bas. C’est ça l’avenir, lui a-

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t-on vanté. Et il a sorti le porte-monnaie,convaincu d’agir en héros écolo patriote.

On  aurait   pu   être   tenté.e.s   de   croire   en   la   « participation ».   De   croire   qu’avec   l’éolienparticipatif,   nous   aurions   la   possibilitéd’impacter la décision politique. On aurait pu serendre aux consultations publiques, lorsque desentreprises sollicitent notre voix, et donner notreavis   sur   les   lieux  où   implanter   cette  nouvellesource d’énergie. On aurait même pu devancerEDF. On aurait  mis des panneaux solaires surnotre toit. Mieux encore, on aurait carrément pumonter notre propre projet d’éolien, avec notrevillage. Quelle que soit la forme choisie parmices   trois-là,   on   aurait   pu   céder   à   l’appel   duparticipatif, puisqu’il est à la mode partout, danstous   les   nouveaux   projets   industriels   eturbanistiques.   On   aurait   pu   croire   que   celas’inscrivait   dans   une   démarche   d’autonomiepolitique,   de   renforcement   de   notre   pouvoird’agir. 

Malheureusement, on ne sait que trop bien quenos   attentes   sont   illusoires.   Ce   nouveau  motd’ordre  de   l’action  publique   la   légitime  en   lacouvrant d’un vague vernis démocratique. 

Quelle   qu’en   soit   la   source,   la   productiond’électricité   contribue   aux   désastres   en   cours.Le   terme  même   de   transition   énergétique   estusurpé.   « Transition »   supposerait   le   passaged’une   source  de  production   à   une   autre   alorsqu’en réalité, les nouveaux modes de production

d’électricité   (biomasse,   photovoltaïque,éolienne, méthaniseur, hydrogène, etc.) ne fontque  s’ajouter  aux  anciens  et   s’appuient  mêmelargement   sur   eux.   Déjà,   les   acteurs   ducapitalisme  vert   étendent   leurs  griffes  vers  denouveaux   territoires   à   conquérir.   Des   firmeseuropéennes   comme   l’Espagnole   Guascor   ouEDF   Énergies   Nouvelles   implantent   descentaines   et  des  centaines  d’éoliennes   sur  desmilliers d’hectares dans toute l’Amérique latine,avec la même obsession que nos ancêtres pourla canne à sucre et le tabac.

On   a   du   mal   à   concevoir   l’ampleur   de   laviolence qui accompagne l’appropriation de cesterritoires  par  des  entreprises  qui  nous sont  sifamilières.

L’ÉDF se met aux éoliennes, c’est l’progrès,quoi ! Faut bien évoluer avec son temps !Surtout si on n’veut plus de nucléaire ! Et puisça leur apporte le progrès aux autochtones ! Ahqu’elle est belle l’ÉDF si chère au cœur desFrançais. L’État mexicain lui aussi doit bienl’aimer pour l’avoir si chaleureusementaccueillie. Un quatrième parc de plus de 4000hectares rien que pour elle, pour environ 62éoliennes ! Mais ça doit être de très grosseséoliennes, ça dites donc ! Hein Jamie ? Fred,dis-nous tout, comment se passent cestractations ?

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« Hé bien Jamie, la population autochtone estinformée dans de grandes “consulta” proposéespar l’État mexicain, en espagnol et même dansleur langue ! Tout le monde est réuni sur lagrande place du village. Une estrade est dédiéeà tout le gratin : du président du projet d’EDFau Mexique, aux associations des droitshumains en passant par le syndicat de l’énergie.Ils présentent rapidement tous les bienfaitssociaux et économiques du projet pour lacommunauté. Puis, la population en débat.C’est pas beau, ça la démocratie occidentale ?»

On y est allé.e.s, on peut vous dire que c’est unemise en scène grotesque devant laquelle ce beaumonde se régale à la vue de la communauté quis’étripe sous ses yeux, quatre heures durant. Etles éoliennes ne sont pas si grandes que ça ! Lespots de vin, qui visent à assurer l’acceptation duprojet par la population, finissent inévitablementpar   provoquer   tensions,   conflits   et  in fine,déchirements des communautés locales. Le butétant de faire des terres communales la propriétéprivée  de   l’entreprise,   via   la   corruption,  maisaussi par des assassinats si la population résistetrop.   C’est   le   cas   emblématique   de   BertaCáceres,   dirigeante   Lenka   au   Honduras,   quimenait   la   résistance   à   un   projet   de   barragehydroélectrique, assassinée en 2016. Le recoursaux   pistoleros   et   à   des   groupes   armés   estmonnaie   courante.   Les   entreprises   de   BTPlocales   se   mènent   une   guerre   acharnée   pourobtenir   les   contrats   de   construction.  On   peutaffirmer   que   l’État   français,   avec   sa   filialeélectrique,   poursuit   sans   vergogne   son  œuvrecolonisatrice :   même   soutien   étatique   à   desentreprises   extractives,   mêmes   relationsasymétriques   entre   blancs   et   autochtones,mêmes désastres humains et environnementauxau   final…   Il   participe   à   la   destruction   desstructures sociales et des modes de vie locaux.Le vide laissé par cette déliquescence favoriseles   narco-trafiquants   dans   l’exercice   de   leurdomination.  L’État   français  est   responsable  demeurtres au nom d’une écologie mondiale. Et en

ce   sens,   on  peut   bien   affirmer   que   la   Franceparticipe à l’éco-techno-fascisme ambiant.

Crises, individus etresponsabilités

En   plus   de   savoir   que   le   renouvelableparticipatif   ne   tient   aucune   de   ses   promessessociales, on sait trop bien qu’il ne tient pas nonplus   ses   promesses   écologiques.   Qu’uneéolienne EDF installée sur notre territoire ne faitpas   baisser   notre   facture   et   ne   nous   confèreaucune autonomie supplémentaire. On sait tropbien que nous sommes dépendant.e.s d’EDF etde ses sous-traitants pour construire, transporter,installer  cette   éolienne  ou  ce  panneau  solaire.Que nous en sommes aussi dépendant.e.s pourl’entretenir,   la  démanteler,   la   recycler.  On saittrop bien que nous n’aurons aucune maîtrise decet   outil,   aucun   nouveau   savoir-faire,   aucuneautonomie. Et que l’énergie ainsi produite serade  nouveau  balancée  sur  un   réseau   très  hautetension,   qu’elle   ne   nous   appartiendra   jamais,mais sera vendue sur le marché, pour alimenterdes infrastructures bien loin de chez nous, quifabriquent des produits polluants.

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Finalement, si on dépensait notre énergie danscette illusion de participation et d’autonomie, ceserait  offrir  notre  énergie  humaine  à  EDF,   luiprémâcher le travail. 

On aurait pu écouter celles et ceux qui militentpour un « Green New Deal ». Se féliciter du faitque   l’écologie   était   enfin   inscrite   à   l’agendapolitique.   Du   fait   que   le   réchauffementclimatique   était   enfin   pris   en   compte   par   lesCOP 21 et suivantes. On aurait pu se dire quetoutes ces mesures étaient positives et incitaientdes entreprises polluantes à se reconvertir dansle   renouvelable,   les   contraignaient   à   agir   enrespectant davantage la planète. On aurait pu sedire qu’on était sur la bonne voie, même si celan’était   pas   assez   radical,   militer   dans   desgroupes   partisans   d’une   réforme   de   l’actionpublique et privée. On aurait pu vouloir protégercertains   espaces   au   Costa   Rica   pour   qu’ilsrestent   « naturels »   afin   d’y   faire   del’écotourisme 15 jours à l’année. On aurait puignorer   qu’exploiter   et   protéger   ne   sontfinalement   que   les  deux   facettes   d’une  mêmepièce. 

Mais   nous   avons   compris   que   derrière   lesdéclarations   d’intention,   la   critique   desémissions   carbone   n’était   qu’une   mutationtechnologique,   une   révolution   industrielle   deplus.   Nous   avons   vu   comment   un   marchéspécialisé dans l’échange de « crédits carbone »permettait   aux entreprises  du monde entier  depolluer   toute   la   planète   et   de   perpétuer   lacolonisation   sous   une   nouvelle   forme.   Nousavons  vu  que   tout   en   creusant   des  mines,   enfissionnant   des   atomes,   des   entreprises   serachetaient en rasant des forêts africaines pouren   faire   de   la   monoculture   d’arbres   commel’hévéa,   expropriaient   les   populations   etbénéficiaient,   comble   suprême,   d’unereconnaissance pour leur action écologique. 

Nous ne sommes donc pas de celles et ceux quimilitent  pour  un « état  d’urgence  climatique ».Les   décideurs   ne   se   découvrent   pas,soudainement,   une   brèche   d’humanisme.   Ils

nous annoncent surtout qu’il faudra déléguer àun   pouvoir   centralisé   et   paternaliste   lemonopole   de   la   gestion   d’une   nouvelle   crisequ’ils   ont   largement   provoquée   eux-mêmes.Lorsque les dominants admettent une partie duproblème   en   le   qualifiant   de  « crise »  ou  d’« urgence écologique », ce n’est certainement paspour   le   résoudre,   mais   plutôt   se   déclarercompétents pour la prendre en charge. Et on voitbien   que   la   crise   sanitaire   actuelle   n’appellenullement   les  États  à  endiguer  ses  causes  quesont   la   déforestation,   l’industrialisationagressive   ou   les   élevages   concentrationnaires.La seule réponse qui est donnée à toutes ces « crises »,   qu’elles   soient   économiques,sécuritaires  ou  sanitaires,  ce   sont  des  mesuresrestrictives pour les libertés, des violences, et debrutales   avancées   dans   la   centralisation   dupouvoir  politique.   Il  n’y  a  pas  de   raisons  quilaissent penser qu’il en sera autrement pour lacrise climatique.

Émilie est « zéro déchet ». Elle a découvert lemouvement Zéro en répondant à un défi sur lesréseaux sociaux. Depuis, elle achète sescéréales à l’épicerie vrac en centre-ville. Etquand elle va au marché bio le dimanche, elleapporte ses propres contenants en verre, qu’elletransporte dans son sac en coton. Elle fait duvélo électrique. Mais c’est pas de sa faute si unepartie est alimentée par les centrales. Elle, elleest à Enercoop. Elle reçoit trois notificationspar minute, sur son fairphone dont le Cobaltvient des mines du Congo. Mais Émilie est « zéro déchets », elle voudrait bien que Apple

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produise local. Et les métaux rares de son ordi,ça compte pas dans ses déchets : c’est pas desemballages qui s’entassent dans sa cuisine.C’est pas sale, c’est loin.

On aurait pu se  laisser séduire par le discoursappelant   à   l’éco-responsabilité.  Se   prendre   aujeu   du  « consom’acteur »,   de   la   responsabilitéindividuelle. On aurait pu croire au smart world.Télécharger   les   nouvelles   applications   poursignaler   les   déchets   autour   de   chez  nous.  Onaurait pu se faire la police morale de nos rues,sous couvert d’écologie. Essayer d’éduquer lesquartiers et utiliser l’argument écologique pourverdir  une domination de classe. On aurait  puaccepter   le   Linky,   se   dire   que   réguler   nosconsommations,   contrôler   les   pics,   c’étaitpositif,   quand   bien  même   c’était   au   prix   dedonnées personnelles.  On aurait  pu stigmatiserles pauvres qui ne refont pas leur isolation. Etceux qui roulent au gasoil. On aurait voté pourque   les   voitures   électriques   bénéficient   destationnements   gratuits   et   de   réduction   auxpéages. Même si elles sont aussi polluantes queles autres en amont, lors de leur fabrication. Onaurait pu voter pour la smart city, participer auxdébats   en   lignes,   soutenir   les   poubellesconnectées dans lesquelles il est impossible defouiller   pour   se   nourrir.   On   se   serait   faitécocitoyen.ne.s.  On   aurait   dit   que   cet   « éco »renvoyait autant à l’écologie qui nous animait,qu’à la volonté de faire des économies ; et qu’ence sens, c’était un truc inclusif pour les classespopulaires. On aurait pu se mentir en soutenantle  greenwashing :   le   label  bio  payant,   le  vraclivré en container, l’électricité produite au prixd’expropriations.  On   aurait   pu   nier   toutes   lesconséquences   sociales   et   extractivistes   de   cecapitalisme   « vert »   et   nous   targuer   sur   lesréseaux sociaux d’en être les pionnier.e.s. Maisnous avons choisi de nous construire contre lui.

Objets objectifs et Chosemouvante

Le désastre que l’on vit n’est pas un problèmed’ingénieur.e.s   qui   nécessiterait   une   ou   dessolutions pour nous sortir d’affaire. Ce n’est pasune   externalité   que   les   gestionnaires   doiventprendre   en   compte   et   intégrer   dans   leursalgorithmes  pour  pouvoir   continuer   comme  side   rien   n’était.   Notre   manière   de   vivre   ledésastre   consiste   à   accepter   d’aller   versl’inconnu. On ne sait pas comment nous vivronssans la production actuelle d’électricité. Nous ensommes   pour   l’instant   dépendant.e.s,   certes,mais cela ne nous empêche pas de nous opposerà ce qui nous détruit. 

Si aujourd’hui  les gouvernements assument deplus en plus une dérive autoritaire claire, c’estque des mouvements sociaux remettent de plusen  plus  en  question   le  patriarcat,   la  police,   leracisme,   etc.  Nous  pensons  que  c’est  aussi   lemoment   d’attaquer   l’ordre   électrique.Aujourd’hui   assis.e.s   autour   d’une   table,   descomplicités se révèlent et nous nous prenons àrêver d’une chose… 

Cette   Chose   a   pris   naissance   il   y   a   bienlongtemps   déjà,   dans   les   luttes   autonomespassées, dans les luttes antinucléaires lorsqu’ony trouvait encore une critique radicale de l’Étatet   de   l’armée,   avant   de   s’enfermer   dans   unargumentaire   purement   écologique   quiaujourd’hui   prône   l’industrie   du   renouvelable.On   a   pu   la   trouver   au   détour   de   chantierscollectifs   se   réappropriant   savoirs   et   savoir-faire. Elle a ouvert des squats, cultivé des terrescollectives   ou   fait   du   pain   à   Calais.   Plusrécemment on l’a retrouvée au pied d’un pylôneen   train   de   le   déboulonner,   construisant   descabanes   ou   se   baladant   dans  un   bois   occupé.Elle se confrontait directement à ce monde enprenant   la   rue   avec   joie   et   détermination ;laissant   derrière   elle   les   réformistes   et   leursoutils de contrôle de sa colère. Les ronds-pointslui ont appris qu’une multitude de pratiques, derencontres et de bousculements étaient en cours,

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que   la   mise   en   lien   de   tout   ça,   que   le   faitd’accepter de se laisser percuter par l’autre, loinde   son   confort   politique,   participe   d’unprocessus d’émancipation collectif difficilementrécupérable. 

Pour nous, les luttes écologiques n’ont de senset ne peuvent réellement avoir un impact que sielles  sont  menées  non seulement  en  lien  avecd’autres   luttes   s’attaquant   aux   systèmes   dedomination,   mais   aussi   en   acceptant   d’êtretraversées par ces dernières.

À   travers   les   luttes   qu’on   a   vécues,   on   s’estprêté.e.s   à   maintes   pratiques.   Certainesheureuses, d’autres moins. On a joué le jeu duspectacle   médiatique,   on   a   cherché   à   « massifier » et à « sensibiliser », à faire de joliesactions   non   violentes   symboliques,   délaissanttrop   souvent   les  actions  directes  bien  qu’ellessoient   indispensables   à   la   construction   durapport de force. On a parfois su mieux que lesautres, et on s’est laissé.e.s cloisonner dans unentre-soi militant (mais pas seulement). Avec lenumérique on a aussi pu devenir des rebelles decanapé,   croyant   agir,   mais   ayant   perdu   toutancrage dans  le  réel.  On a pétitionné,  fait  desprocès ou essayé de changer des lois ; ça n’a passuffi.  On  a   trop   souvent   été   sommé.e.s  de   sejustifier :   « vous   êtes   contre   le   nucléaire   etl’éolien ? Très bien, mais que proposez-vous ? ».Ce   monde   est   incohérent,   absurde,   nous   nechoisirons ni le SRAS ni la grippe H1N1 ! Leurs

solutions ne sont que de nouveaux problèmes etnous ne serons plus les technicien.ne.s de leurdésastre. On ne veut plus passer notre temps àapporter des pansements à ce système de mort.

La   Chose   s’attaque   à   EDF,   à   son   ordreélectrique,  ses infrastructures et sa propagandeverte.  Nous  cherchons  à  nous   réapproprier   cequi, au cœur même de nos vies, est contrôlé etgéré   par   la   force  de   l’État   et   du   capital.  Lesréseaux   électriques   sont   indispensables   à   leursuprématie  et  à   toutes   les  dominations  qui  endécoulent.   Nous   voulons   fouiner,   creuser,enquêter, pour anticiper les projets destructeursque les aménageurs de l’énergie cachent le pluslongtemps   possible.   Nous   exposerons   leursabus,   leurs   déboires   et   nous   fracturerons   leurcommunication   rassurante.   Nous   montreronsque nous sommes capables de connaître dans lesmoindres   recoins   ces   réseaux   qui   nousenferment,   que   nous   sommes   capables   d’enidentifier   les  brèches  et  de  nous  y  engouffreravec fracas.  Nous  leur  ferons savoir  que nousles voyons. Que nous les traquerons. Que nousne   les   laisserons  pas   continuer   sans  vergogneleur   délire   techno-mégalo-maniaque.   Parcequ’elles   sont   partout,   les   infrastructures   sontfaibles   et   indéfendables :   pylônes,transformateurs,   compteurs   et   concentrateursLinky,   antennes 5G,   aucun   de   ces   nœudsénergétiques ne peut tenir sans le consentementde la population. 

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Partout,   nous   serons   la   rupture.   L’ingénierie,l’agriculture,   l’enseignement   ne   sont   pasl’apanage   d’une   société   gestionnaire.   Il   nousfaut en faire les outils d’une contre-propositionradicale  et  conviviale.  Ensemble,  au chantier !Contre   l’éolien,   fabriquons   des   éoliennes !Abreuvons-nous   de   savoir-faire   artisanaux,laissons  la  neutralité  carbone aux partisans dustatu quo.  Dotons-nous   de   technologiessuffisantes, mais surtout transmettons les outils,la   capacité   et   l’envie   de   nuire.   Construirel’alternative   n’a   de   sens   que   pour   ébranlerl’existant.

La lutte ne peut se renouveler qu’en comptantsur   notre   capacité   à   nous   reconnaître,   à   nousréunir ; mais aussi à supporter l’inconfort de ladiversité   idéologique.   Écologistesconsciencieux,   anarchistes   irréductibles,   âmeserrantes   terrifiées   par   l’effondrement   de   notresophistication ; profitons des camps pour saisirces   connivences,   pour   participer   auvrombissement   immémorial   des   luttes   quiessaiment.

La  Chose  n’est  pas  un  collectif  ni  un  groupefermé. C’est un ensemble de personnes qui serencontrent,   issues   d’horizons   multiples,déterminées   à   en   découdre   avec   l’ordreélectrique et à cultiver l’autonomie énergétiqueet politique. La Chose demeure dynamique, elleest  un processus qui consiste à mettre du lienentre   les   gens   de   lutte,   les   rompus,   lesincrédules.   Elle   existe   contre   leurs  objets,connectés,   soi-disant   autonomes,   maisaffectivement distants.  Elle appelle plutôt  à  serencontrer à l’occasion de camps, de chantierscollectifs,  d’actions ;   théâtres  d’une connexionvivante   et   concrète   entre   les   êtres   voulantretrouver   prise   sur   leurs  moyens   d’existence.Elle   est   prête   à   échapper   encore   à   leursnormalisations   et   à   leurs   récupérations.   Àrefuser  de   se   laisser   enfermer.  Elle   cherche   à

construire   un   rapport   de   force.   Elle   crée   del’autonomie,   parfois   incohérente,   toujourspartielle,   mais   néanmoins   concrète   et   ancréedans  des   pratiques   locales   et   collectives.  Ellen’est   pas   construite,   elle   croît.   Elle   estmétamorphoses   et   force   d’ouverture   auxpossibles.

Ceci   est  une   invitation.  Nous  ne   sommes  pasdupes, mais nous y croyons quand même. Ils ontcru qu’on serait dépassé.e.s par leurs systèmestoujours   plus   complexes,   au   contraire !   Onembrasse   la   complexité,  mais   la   nôtre !  Cellequi  relie  chaque chose vivante,  celle qui nouspermet de créer des complicités, celle qui nousbouscule   dans   nos   constructions   sociales   etpolitiques,   celle   qui   nous   permet   d’avancer,d’apprendre,   d’évoluer.   Rétorquons   à   leurcomplexité  quelque  chose  que   les  algorithmesne   sauront   jamais   décrire :   la   force   que   l’onnourrit   en   se   comprenant,   en   construisant   etrésistant   ensemble   et   de   toutes   les  manières.Émilie ! Prends ton sac en coton bio, glisses-yune clef à molette et viens voir la Chose et cequ’elle construit au prochain chantier collectif !Thomas !  Et  si   tu disais  à Siri  d’aller  se fairevoir   ?   Ingénieur.es,   désertez !   Venez   vousconfronter   au  monde   réel,   celui   des   gens   quivivent,   qui   se   battent   contre   vos   systèmes   etprocédés.   Électriciennes   et   électriciens   quipètent  des  câbles,  n’avez-vous  pas  des  petitesidées pour les débrancher ? Hackers, hackeuses,quelles  failles  critiques saurez-vous exploiter ?Copaines, copines, copains, où que vous soyez,si ce texte a fait résonner quelque chose en vous,créons   et   recréons   ces   espaces,   ces   lieux   dedéconnexions, de vie et de résistances, relions-les pour constituer cet archipel vibrant qui ne selaissera   pas   numériser,   virtualiser,   électrifier,écraser. Qui veille et réagira sans détour à leurstentatives   totalisantes.   Enrageons   de   joie   etlibérons-nous   de   l’emprise   de   ces   réseaux   demort. La Chose existe. Faisons-la vivre. 

Coordination Hétéroclite pour l’Obturation des Systèmes Electriques = C.H.O.S.E.

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Bibliographie

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Filmographie

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