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Zone CFA: 2000 CFA Europe : 4 Euros. Belgique: 4 Euros. Maroc: 20 Dirhams. Tunisie: 3 Dinars. Mauritanie:1000 UM Nouakchott. Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. Johannesburg. NUMÉRO 47- DU 15 FEVRIER AU 14 MARS 2018 ASSURANCE Mohamed Hakim Soufi, PDG l de Macir Vie (Algérie) répond à nos questions. Samira Khamlichi promue PDG de Wafacash Scandale Doing Business: le chef économiste BM démissionne P. 13 P.2 P.2 P. 21 MANAGER NEWS CHRONIQUE LE MENSUEL DES AFFAIRES www.financialafrik.com Pages 8-9 Pages 5-13 3’:HIKLTB=UUYUU\:?a@a@o@r@a"; M 01910 - 47 - F: 4,00 E - RD SUPPLÉMENT VIVAFRIK Pages 22-23 L’essentiel de l’info sur le développement durable Page 3 Edito Disruption réinventer l’assurance S’unir et s’organiser Pour mieux lutter INTERVIEW Retrouver le supplément de 8 pages Tunisie-Afrique réalisé par La Presse Business dans le cadre du partenariat signé entre ce prestigieux organe gouvernemental, leader dans son pays, et Financial Afrik, leader de l’information financière en Afrique Trop de soleil cache la lumière AVENI-RE Une compagnie en phase avec les changements Dans un contexte marqué par les avantages et les contraintes imposées aux réassureurs par l’article 308 Nouveau du Code CIMA, AVENI-RE continue sa progression avec assurance. La compagnie enregistre des performances que certains médias et observateurs avisés ne tardent pas à qualifier de « success story à l’africaine ». «Entreprendre c’est y croire et se battre » Abdoulaye Elimane Dia, Kaladio pour les proches, fait partie de ces hommes qui ont su très tôt s’investir dans les affaires et s’impliquer plus tard dans la gestion de la cité. Abdoulaye Elimane Dia Pages 20 Seybatou Aw

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Page 1: P. 13 P.2 INTERVIEW Disruption · Afrik, leader de l’information financière en Afrique Trop de soleil cache la lumière AVENI-RE Une compagnie en phase avec les changements Dans

Z one CFA: 2000 CFA Europ e : 4 Euros . B e lg ique : 4 Euros . Maro c : 20 Dirhams . Tunis ie : 3 Dinars . Maur it anie :1000 UM

Nouakchott. Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. Johannesburg.

NUMÉRO 47- DU 15 FEVRIER AU 14 MARS 2018

ASSURANCEMohamed

Hakim Soufi, PDG l de Macir Vie (Algérie) répond à

nos questions.

Samira Khamlichi

promue PDG de Wafacash

Scandale Doing Business: le chef économiste BM

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MANAGER NEWS CHRONIQUE

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Pages 5-13

3’:HIKLTB=UUYUU\:?a@a@o@r@a";M 01910 - 47 - F: 4,00 E - RD

SUPPLÉMENTVIVAFRIK

Pages 22-23

L’essentiel de l’info sur le

développement durable

Page 3

Edito

Disruptionréinventer

l’assurance

S’unir et s’organiser Pour mieux

lutter

INTERVIEW

Retrouver le supplément de 8 pages Tunisie-Afrique réalisé par La Presse Business dans le cadre du partenariat signé entre ce prestigieux organe gouvernemental, leader dans son pays, et Financial Afrik, leader de l’information financière en Afrique

Trop de soleil cache la lumière

AVENI-REUne compagnie en phase avec

les changementsDans un contexte marqué par les avantages et les contraintes imposées aux réassureurs par l’article 308 Nouveau du Code CIMA, AVENI-RE continue sa progression avec assurance. La compagnie enregistre des performances que certains médias et observateurs avisés ne tardent pas à qualifier de « success story à l’africaine ».

«Entreprendre c’est y croire et se battre »

Abdoulaye Elimane Dia, Kaladio pour les proches, fait partie de ces hommes qui ont su très tôt s’investir dans les affaires et s’impliquer plus tard dans la gestion de la cité.

Abdoulaye Elimane Dia

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NUMÉRO 47- DU 15 FEVRIER AU 14 MARS 2018

Temps Forts 2Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

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Directeur général Dia El Haj Ibrahima, Nouakchott

Directeur de publication Adama [email protected]

Conseiller éditorialBenoît Ngom, Dakar

Rédacteur en chefMessanh Ledy, Lomé

Chef économisteFrancis Konan, New York

RédactionDaniel Djagoué, Paris, Lomé, Cotonou Messanh Ledy, LoméAmadou Seck, NouakchottNdeye Magatte Kébé, DakarMariata Dieng, NouakchottYoucef Maallemi, AlgerAdnane Choukri, TunisAlbert Savana, AbidjanJean-Mermoz Konandi, AbidjanAmadjiguène Ndoye, DakarAdama Wade, Dakar et CasablancaIbrahima Dia, Dakar

ChroniqueursMaria Nadolu, BucarestPierre Delval, Paris

Ambassadeur itinérantBalla Moussa Keita

Représentant à BruxellesMpany M’pongo Boli Tel: +32 485 133 [email protected]

Représentation MarocIbrahima Thiam

[email protected]ésentation Togo-BéninDaniel Djagoué

Annonces, publicité et abonnement Ariane Adissa, Dakar Abou Ba, Nouakchott Abibata Diallo, Dakar TechniqueConception & RéalisationDiye Sarr Webmaster Foulah BaldéMedoune Boye

DistributionPrestalis, France Sénégal, Mauritanie, Tunisie, Mali, Côte d’ivoire, Maroc, Gabon, Bénin,Togo, Brazzaville, Ethiopie

Dossier de presse2013/99Impression: Imprimerie Tunis Cathage

FinancialAfrik est édité par l’agence 3MC.com (Nouakchott) et Intermedia SARL (Dakar)contacts: [email protected]

LE MENSUEL DES AFFAIRES

Z one CFA: 2000 CFA Europ e : 4 Euros . B e lg ique : 4 Euros . Maro c : 20 Dirhams . Tunis ie : 3 Dinars . Maur it anie :1000 UM

Nouakchott. Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. Johannesburg.

NUMÉRO 47- DU 15 FEVRIER AU 14 MARS 2018

ASSURANCEMohamed

Hakim Soufi, PDG l de Macir Vie (Algérie) répond à

nos questions.

Samira Khamlichi

promue PDG de Wafacash

Scandale Doing Business: le chef économiste BM

démissionneP. 13 P.2 P.2 P. 21

MANAGER NEWS CHRONIQUE

LE MENSUEL DES AFFAIRES

www.

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3’:HIKLTB=UUYUU\:?a@a@o@r@a";M 01910 - 47 - F: 4,00 E - RD

SUPPLÉMENTVIVAFRIK

Pages 22-23

L’essentiel de l’info sur le

développement durable

Page 3

Edito

Disruptionréinventer

l’assurance

S’unir et s’organiser Pour mieux

lutter

INTERVIEW

Retrouver le supplément de 8 pages Tunisie-Afrique réalisé par La Presse Business dans le cadre du partenariat signé entre ce prestigieux organe gouvernemental, leader dans son pays, et Financial Afrik, leader de l’information financière en Afrique

Trop de soleil cache la lumière

AVENI-REUne compagnie en phase avec

les changementsDans un contexte marqué par les avantages et les contraintes imposées aux réassureurs par l’article 308 Nouveau du Code CIMA, AVENI-RE continue sa progression avec assurance. Depuis 2016, la compagnie enregistre des performances que certains médias et observateurs avisés qualifient de «success story à l’africaine».

«Entreprendre c’est y croire et se battre »

Abdoulaye Elimane Dia, Kaladio pour les proches, fait partie de ces hommes qui ont su très tôt s’investir dans les affaires et s’impliquer plus tard dans la gestion de la cité.

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Côte d’ivoire : la fondation Citigroup s’engage dans

l’entrepreneuriat Quelque 260 jeunes ivoiriens devront bénéficier d’un accompagnement de la fondation de Citigroup, un groupe bancaire américain, en vue d’une insertion professionnelle durable.Le projet dénommé “Citi payed Côte d’Ivoire” est piloté par l’ONG américaine Techno Serve, chargée de former ces jeunes à l’employabilité et à l’entrepreneuriat. Elle a retenu 140 jeunes filles et jeunes hommes entrepreneurs et 120 demandeurs d’emplois. Selon Mme Khady Ndiaye Touré, directrice de Citibank Côte d’Ivoire, également directrice régionale de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, ,« le projet a, au total, reçu 1.878 applications, dont 1.229 émanant de demandeurs d’emplois et 649 d’entrepreneurs ».

Directeur général de Wafacash depuis 2006, Samira Khamlichi sera bientôt PDG de cette structure spécialisée dans les services financiers et le transfert d’argent, devenant ainsi la première femme à présider une filiale du Groupe Attijariwafa bank. L’annonce a été faite récemment par Mohamed El Kettani, président-directeur général du Groupe. La promotion qui devrait être être validée en ce mois de février par le conseil d’administration récompense la constance et l’abnégation.

Abdoulaye Baba Diaw, propriétaire de la société de négoce International Trade and commodités(ITOC), a officiellement procédé, le 22 janvier 2018, au lancement du 25 ème établissement bancaire de la place financière dakaroise. La banque Outarde est dotée d’un capital initial de 14 milliards de FCFA. Les armures et le logo de la banque ont été homologués. Actionnaire majoritaire et Président du conseil d’administration (PCA), M. Diaw a ouvert le capital à d’autres privés sénégalais et à la banque ouest africaine de développement (BOAD). La BCEAO a validé le montage financier de la nouvelle institution financière. La banque sera dirigée par le français Olivier Santi, débauché de BNP Paribas. L’Association Professionnelle des Banques et Etablissements Financiers du Sénégal (APBEFS) s’est félicitée du démarrage des activités de la nouvelle banque.

Changement à Wafacash

Outarde, 25 ème banque de la place financière dakaroise

Togo : le directeur général du Trésor limogé sur fond de faibles souscriptions sur le marché

Sénégal: notée par Bloomfield, la Sénélec aux portes de la BRVM

Le directeur général du Trésor et de la comptabilité publique, Mashoud Yerima Amadou, a été révoqué de ses fonctions le 10 janvier 2018, et remplacé par Ekpao Adjabo, jusque-là inspecteur central du Trésor. Cette nouvelle nomination s’inscrit «dans le

cadre de la réorganisation» du ministère de l’économie et des finances, amorcée par un décret pris le 29 septembre 2017, «portant attributions, réorganisation et fonctionnement dudit ministère», selon un communiqué du conseil des ministres. Elle intervient surtout dans un contexte marqué par une forte baisse des souscriptions des bons et obligations du trésor sur le marché monétaire, depuis septembre 2017. Les derniers bons émis durant la semaine précédant le limogeeage n’ont permis de retenir plus de 5 milliards de FCFA contre une demande de 15 milliards, et-ce malgré un fort taux d’intérêt marginal (6,9%) et un taux moyen pondéré de 6,7%.

Nommé en mai 2016 en qualité de vice-président des ressources humaines et des services institutionnels, cet administrateur chevronné quitte l’institution panafricaine deux ans à peine après un limogeage qui s’est terminé par un «arrangement à l’amiable». Avant de rejoindre la BAD, M. Kacou avait passé 25 ans au sein du système des Nations unies où il s’est distingué comme «un dirigeant très respecté dans la gestion des personnes, des processus, des systèmes et des ressources », ainsi que l’affirmait la BAD lors de son recrutement.

Alberic Kakou viré de la Banque Africaine de Développement

Alberic Kakou

La démission , fin janvier 2018, de Paul Romer, chef économiste de la Banque Mondiale, suite à ses critiques portant sur le classement Doing Business, fragilise ce rapport qui fait autorité depuis quinze ans. Selon le célèbre économiste de l’Université de New York, connu pour sa théorie de la croissance endogène, des considérations parfois politiques ont motivé le classement de certains des 190 pays mis en exergue dans ce document particulièrement pris au sérieux en Afrique. Le cas du Chili illustre bien cet état de faits.Le pays d’Amérique Latine aurait été pénalisé volontairement depuis l’arrivée aux affaires de la socialiste Michelle Bachelet, en 2014. Accusant l’équipe Doing Business de mettre un «pouce sur la balance», Paul Romer relance un débat sur le caractère idéologique d’un rapport qui participe de l’uniformisation des politiques économiques dans le monde mais pas forcément de la mise en place de meilleures systèmes de répartition des revenus.

Scandale Doing Business: le chef économiste de la Banque Mondiale

démissionne

Samira Khamlichi

Maroc : Saham Assurance réceptionne sa Digital FactoryLa compagnie marocaine Saham Assurance a procédé, mardi 30 janvier à Casablanca, à l’inauguration de sa Digital Factory, une première dans le milieu des assurances au Maroc. Il s’agit d’un laboratoire dédié à la conception de solutions innovantes destinées à changer la vie des assurés. Ce nouveau département, lancé il y a six mois, est chargé de la transformation des process de la compagnie. L’objectif: fluidifier et dématérialiser tant ses relations en interne qu’avec les clients. Aussi, elle se donne comme missions, «de Faciliter et fluidifier la relation avec la Compagnie, quelque soit le canal employé, disposer d’une application ergonomique qui permet la géolocalisation en un clic, développer en un temps record de nouvelles applications à forte valeur ajoutée pour l’assuré, améliorer la connaissance clientèle, sont autant d’objectifs portés par la Digital Factory de Saham Assurance». La digital Factory de Saham se présente comme un laboratoire dédié à l’innovation, mais “tout ce qui se passe ici, c’est sur commande”, explique le directeur général de la compagnie, Moulay Mhamed Elalamy.

La Société nationale d’électricité du Sénégal (Sénélec) est à plusieurs crans au dessus du plancher de l’investment grade. Notée AA- sur le court et le long terme par l’agence Bloomfield, le concessionnaire de la production, du transport et de la distribution de l’électricité au Sénégal se donne les moyens de pouvoir faire une levée obligataire sans garantie, donc à moindre coût. Selon les informations, il est question d’une opération initiale de 30 milliards de FCFA au niveau du marché financier régional. Les SGI CGF Bourse et Impaxis arrangeront l’emprunt. Dans ses projections, la Sénélec n’exclue pas une introduction en Bourse en 2019. Une manière sans doute de préparer la libéralisation (inévitable) du transport et de la distribution de l’électricité au Sénégal.

Makhtar Cissé, directeur général de la Sénélec.

Mashoud Yerima Amadou

Paul Romer

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contre-jourTrop de soleil cache la lumière

Les projets solaires de 30 à 50 MW poussent un peu partout sur le continent africain. Il s’agit globalement d’une bonne nouvelle vu le nombre d’africains (600 millions, soit 50% des habitants) qui n’ont pas accès à l’électricité.

Cependant, au vu des modèles économiques proposés, des montages financiers brandis et de la modestie des projets, il ne serait pas inconvenant de se demander si la production de l’énergie solaire sur la terre de Lucie est encore écologique ? S’il est rentable pour les porteurs de projets, les parties financières engagées, ces micro-centrales le sont -elles pour la collectivité, les communautés et l’État?Une centrale de 30 MW du genre de celles construites récemment en Afrique de l’Ouest nécessitent au moins 65 hectares de terres en moyenne là où des usines nouvelles génération, notamment américaines, présentent le ratio étonnamment ergonomique de 84 MW par 2 hectares avec, en prime, 36 000 litres d’eau pure produite. Or, en plus d’être peu économes dans le foncier, les centrales solaires africaines ont des imputs locaux faibles. Les matériaux sont importés. Le volet transfert d’expertise est faible. Le peu d’emplois créé, y compris dans le nettoyage, est généralement étranger.Ce n’est pas tout. Le montage financier induit très peu de banques et d’acteurs locaux. Il est étonnant que les banques, fonds d’investissements et compagnies d’assurance locales africaines ne puissent pas disposer, à défaut d’une majorité apparemment impossible, de minorités de blocage salutaires. Et comme si ce n’était pas déjà de trop, la plupart des montages financiers de projets solaires qui poussent un

peu partout en Afrique vendent le coût du KWH entre 14 et 20 centimes de dollars là où les USA le proposent entre 8 et 9 centimes. Un grand pays émergent comme l’Inde, qui présente le triple avantage d’une vision étatique cohérente de l’énergie renouvelable, d’une maîtrise technologique de la chose et d’une capacité financière, arrive à livrer le KWH à 2,5 centimes. En clair, les centrales solaires africaines, quasiment importées, sont onéreuses et auront du mal, à moins de corrections urgentes et salutaires, à combler le gap de l’électrification faute de compétitivité. Au stade actuel, l’implication de la puissance publique dans le processus nous semble nécessaire pour encadrer les contrats d’achat d’électricité et rétablir l’équilibre entre les intérêts privés (majoritaires ) et l’intérêt général. Si le Maroc a pu créer la plus grande centrale solaire au monde c’est avant tout grâce à l’implication de l’Etat, chef d’orchestre, à travers ses bras techniques et financiers.Un motif d’espoir cependant, le continent africain bénéficie d’une irradiation d’environ deux fois plus importante que les autres pays européens, soit de 2 000 kWh/m2, ce qui en fait l’un des continents les plus propices au développement de l’énergie solaire. L’avenir sera forcément solaire de l’avis de nombreux scientifiques et industriels qui estiment que le potentiel africain est imbattable. Seul bémol, les prix des installations solaires photovoltaïques continuent de baisser partout dans le monde ( de 62% depuis 2010 ) mais pas en Afrique. Attention à la reproduction, dans les énergies renouvelables, du paradoxe vécu par le continent dans l’industrie fossile.

Par Adama Wade

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Les centrales solaires africaines, quasiment

importées, sont onéreuses et auront du mal, à moins de

corrections urgentes et salutaires, à

combler le gap de l’électrification.

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5DOSSIER ASSURANCESAbidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

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L’assurance africaine à l’épreuve des disruptions

«Avec la diffusion rapide de la technologie, notre profession ne peut se permettre de refuser la disruption», déclarait le Gouverneur Dirk Kempthorne, Président de GFIA, la Fédération mondiale des Associations d'Assurances. Et de poursuivre: «prenons par exemple l'un des plus grands disrupteurs technologiques de la dernière décennie — le smartphone — et son impact positif sur le secteur de l'assurance. Le smartphone désenclave les populations isolées et facilite l'accès à l'assurance. Imaginez un agriculteur en Afrique rurale. Quand une de ses bêtes meurt, il peut la prendre en photo, ce qui lui sert de preuve lors de sa déclaration de sinistre à l’assureur. Les experts ne sont plus obligés de parcourir des centaines de kilomètres sur des terrains difficiles. La disruption technologique est ainsi au service du plus grand nombre », déclarait M. Kempthorne en marge d’une rencontre de la Fédération française de l’assurance (FFA).Les usages numériques révolutionnent les métiers de l’assurance et ont tendance à faire sauter les barrières d’entrée. De nouveaux entrants (spécilisés dans les big-data, des insurtech ou d’autres acteurs pouvant toucher plus facilement le client connecté) profitent des lourdeurs règlementaires et techniques d’une activité qui a peu évolué en fait. La montée d’une économie de partage et des objets connectés appellent à une adaptation et à une nouvelle définition du risque dans l’assurance. L’erreur serait naturellement de faire croire que l’Afrique n’est pas concernée par ces bouleversements à l’échelle mondiale. La part assurée de la population du continent dispose en général d’une connexion internet et d’un smarthphone, ce qui lui fait entrer dans les statistiques du dernier rapport du World Insurance Report de Capgimini, l’un des leaders mondiaux du conseil et des services informatiques ( un chiffre d’affaires de 12,5 milliards d’euros en 2016). Ainsi, plus d’un tiers (31,4%) des 8 000 consommateurs interrogés à l’échelle mondiale pour les besoins de ce rapport déclarent utiliser les InsurTech exclusivement ou en complément de leurs contrats d’assurance en vigueur. Ils estiment également que les InsurTech doivent leur succès à leur rapport qualité-prix, avec des services plus rapides et efficaces.Ces dernières ont su proposer des offres parfaitement adaptées aux besoins et aux exigences de la très prisée génération Y. Cependant, avertit le rapport, les clients connectés et les jeunes générations

sont généralement moins fidèles : il est donc important que les assureurs développent et renforcent leurs relations avec cette clientèle en proposant davantage de points de contacts digitaux conformément à leurs attentes.De manière générale, indique l’analyse Capgemini, les clients ne se sentent pas encore prêts à laisser derrière eux les acteurs traditionnels plébiscités en ce qui concerne la sécurité et la protection contre la fraude (45,9%), la réputation de la marque (43,7%) et les interactions personnelles avec leurs conseillers (41,6%).

les acteurs traditionnels se démarquent

De plus, 39,8% des clients interrogés indiquent faire confiance à leur assureur, contre seulement 26,3% chez les utilisateurs de services InsurTech.Selon les assureurs, la collaboration entre les InsurTech et les acteurs traditionnels pourrait s’avérer fructueuse. Parmi les 100 dirigeants de compagnies d’assurance issues de 15 marchés différents interrogés dans le cadre de l’étude, 75% estiment qu’une collaboration avec des InsurTech pourrait les aider à mieux répondre aux nouvelles demandes de leurs clients, ainsi qu’à développer plus rapidement des produits personnalisés (52,7%).Selon Jack Dugan, Executive Vice President en charge de la division assurance chez Capgemini, « de plus en plus d’acteurs envisagent aujourd’hui des partenariats pour faire face à la montée en puissance des InsurTech. Ces dernières peuvent en effet les aider à surmonter leurs difficultés, notamment

en ce qui concerne l’ancienneté de leurs systèmes et processus de travail. De leur côté, les InsurTech peuvent s’appuyer sur les acteurs traditionnels pour réduire des coûts d’acquisition client souvent élevés pour de nouveaux entrants sur un marché et bénéficier de leur expertise en matière de gestion du risque.»Vincent Bastid, secrétaire général de l’Efma, ajoute : « le fait que les consommateurs s’appuient de plus en plus sur les technologies digitales comme les applications mobiles, les réseaux sociaux et les services à la demande, prouve que nous entrons dans une nouvelle ère. Pour continuer à servir au mieux ses millions de clients, le secteur de l’assurance doit s’adapter à cette nouvelle réalité. La collaboration avec les InsurTech permettra de stimuler et d’accélérer l’innovation digitale. »Ce bouleversement technologique modifie la relation assureur/assuré et appelle à des ajustements de la part du régulateur. La Fédération mondiale des Associations d'Assurances, a, dans ce cadre, créé le Disruptive Technology Working Group, groupe de travail sur les technologies disruptrices.L’objectif est de discuter avec les autorités comme avec les régulateurs, de l’impact des innovations et des disruptions du secteur de l’assurance sur les politiques publiques. Des principes directeurs ont été définis pour guider ces discussions. Pour le le Gouverneur Dirk Kempthorne, qui intervenait à la neuvième édition de la Conférence internationale de la FFA, vendredi 27 octobre 2017, les régulateurs doivent élaborer des règles qui préservent la confiance des consommateurs, tout en aidant les assureurs à conserver

un «level playing field». Les normes internationales doivent tenir compte des priorités locales. Les discussions ouvertes entre régulateurs, experts et entreprises d’assurances permettront de mieux comprendre les besoins des consommateurs dans un monde en pleine disruption.« Il est difficile de prédire dans quel monde nous vivrons d’ici cinq, dix ou vingt ans — technologiquement, politiquement, économiquement ou autre. Mais ce dont je suis sûr, c’est que les familles auront toujours besoin d’assurance. Notre profession est unie pour continuer à se développer et accompagner, aujourd’hui comme demain, les femmes et les hommes qui comptent sur nous. »

Reste à définir la disruption.

"L’innovation disruptive est une innovation de rupture, par opposition à l’innovation incrémentale, qui se contente d’optimiser l’existant ", insiste Jean-Marie Dru, Président du groupe de communication américain TBWA et inventeur de la "Disruption". L’expression est une marque appartenant à TBWA depuis 1992, enregistrée dans 36 pays dont l’Union Européenne, les Etats-Unis, la Russie, l’Inde et le Japon."Dans le secteur de l’assurance, la disruption n’est pas synonyme d’une destruction créatrice mais plutôt d’une synthèse des modèles classiques et modernes. Ce dont on est pour le moins sûr est que la disruption du secteur va toucher le prix, le business modèle, la réglementation et la qualité.

Albert S.

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DOSSIER ASSURANCES 6

Sur le premier semestre 2017, le secteur marocain de l’assurance enregistre une forte croissance. Ainsi, la branche assurance-vie et capitalisation totalise 8 116, 6 millions de dirhams de chiffre d’affaires (882 millions de dollars), restant encore loin de la branche de l’assurance non vie. Celle-ci a engrangé 12 640 millions de dirhams de primes émises (1 374 millions de dollars). L’on remarque toutefois que la branche assurance-vie, qui représente 39,1% du chiffre d’affaires global du marché ( 2 256 millions de dollars), a encore creusé l’écart avec l’automobile (28,7% des primes émises) en signant une croissance de 49,3% entre le premier semestre 2016 et le premier semestre 2017. Faut-il le rappeler, l’assurance-automobile (effet de saturation), reste sur une faible progression (4,7%) sur la période. Au sein de la branche-vie, les dynamiques sont généralement fortes à l’instar de la capitalisation qui enregistre un bond de 214%, des acceptations-vie, en hausse de 44,2, et des contrats à capital variable en bond de 30,1%. Selon les résultats du premier semestre, le classement est dominé par le quatuor formé de Wafa Assurance (filiale du groupe Attijariwafa Bank), RMA Watanya (groupe BMCE Bank Of Africa), Saham Assurances et Axa. Le leader qui a réalisé 4 316,2 millions de dirhams (469 millions de dollars) au premier semestre, en progression de 14,7%, contrôle 20,8% des parts de marché. Quant à RMA Assurance, fort de 16,2% de parts de marché, elle reste un solide deuxième acteur du marché , avec un chiffre d’affaires de 3 353 millions de dollars (364 millions de dollars) en petite progression cependant comparé à ceux des poursuivants immédiats. En effet, Saham Assurances qui a ravi la troisième place à Axa depuis la fin 2016 a engrangé 2 482 millions de dirhams de primes ( 269 millions de dollars), en progression de 9,7% d’un semestre à l’autre. Quant à l’enseigne française, autrefois leader incontesté du marché, elle reste à un mouchoir de poche de son désormais rival direct, avec un chiffre d’affaires de 2 419,4 millions de dirhams (262 millions de dollars) et une croissance de 6,1%, insuffisante pour reprendre sa place sur le podium. Par ailleurs, le premier semestre 2017 est marqué par un coup de frein de la Mutuelle Taamine Chaabi qui subit une contraction de 33% de son chiffre d’affaires à 1 376,2 millions de dirhams (149,5 millions de dollars). La filiale du groupe Banque Populaire, particulièrement présente sur la branche-vie, a-t-elle épuisé son souffle après des débuts tonitruants dopés par l'externalisation d'une caisse interne du groupe Banque Populaire ?

Le Maroc consolide sa place de deuxième marché africain

RDC: démarrage de la libéralisation des assurances

Assurance Nigeria : une bien triste performance en 2017

Le ministre des Finances, Henry Yav Mulang, a donné le coup d’envoi, mardi 12 décembre 2017, de l’ouverture des guichets de réception de demandes d’agrément des sociétés d’assurances désireuses d’opérer en RDC. En marge de la cérémonie de lancement organisée par l’Autorité de régulation et de contrôle des assurances (ARCA), le ministre a rappelé que le processus de libéralisation a commencé il y a deux ans avec la promulgation du Code des assurances par le Président de la Ré- publique et depuis un an, la création de l’Autorité de régulation et de contrôle (ARCA) prévue par la loi. Mettant fin au monopole de la compagnie publique SONAS (Société Nationale d’Assurance), la libéralisation a démarré avec la mise en place de 6 assurances obligatoires, à savoir l’assurance responsabilité civile auto-mobile, l’assurance des risques de construction, l’assurance responsabilité civile des transporteurs aériens, l’assurance responsabilité civile des transporteurs maritimes et fluviaux, l’assurance incendie pour les immeubles à usage industriel commercial, administratif, culturel, sanitaire, scolaire les salles de spectacles les immeubles de rapport et enfin l’assurances des facultés à importation.

Le secteur de l’assurance au Nigeria a enregistré des primes brutes de 235 milliards de nairas (651 millions de dollars) entre janvier et septembre 2017 selon la Commission nationale des assurances du Nigeria (NAICOM). Une triste performance, vu qu’en 2016 ce chiffre était portant de 325 milliards de nairas (900 millions de dollars). Une contre-performance jugée tout de même «acceptable» par les acteurs du secteur qui évoquent un climat économique difficile en 2017. Selon les chiffres obtenus par la commission, la contribution de l’assurance au produit intérieur brut (PIB) en termes de pénétration n’est que de 0,48%. Les chiffres ont en outre montré que la plupart des activités de l’industrie étaient réalisées par des courtiers d’assurance, 75% des transactions étant réalisées par des entreprises clientes. A noter que l’ agence de notation financière internationale, Fitch Ratings, estime que le marché nigérian de l’assurance va revenir à la croissance réelle des primes brutes (GWP) en 2018, car les fondamentaux favorables soutiennent le développement du secteur à long terme. La consolidation et les améliorations technologiques pourraient entraîner une baisse des coûts d’exploitation et les assureurs qui parviendront à réduire leurs coûts pourraient gagner des parts de marché en offrant aux consommateurs des produits de meilleure qualité.

La commission nationale des assurances (NIC) a annoncé, le 19 décembre 2017, une forte augmentation du niveau de capital social minimum requis pour l’exercice de l’activité au Ghana.Selon la commission, les trois réassureurs du secteur doivent désormais, disposer d’un capital social d’au moins 150 millions GHC (environ 33 millions de dollars US), tandis que les sociétés d’assurances sont invitées à augmenter le leur d’environ 233%, soit 50 millions GHC (11 millions de dollars) contre 15 millions en vigueur. La mesure vise à développer, à renforcer et à moderniser le marché que partagent 52 compagnies implantées sur toute l’étendue du territoire.

Ghana : augmentation du capital social minimum des sociétés

d’assuranceAhmed Hadj Mahammed, Vice-Président GAM Assurance Algérie

«La GAM envisage de lancer la filiale assurance des personnes dès 2018»

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DOSSIER ASSURANCES

AVENI-REUne compagnie en phase

avec les changementsDans un contexte marqué par les avantages et les contraintes imposées aux réassureurs par l’article 308 Nouveau du Code CIMA, AVENI-RE continue sa progression avec assurance. La compagnie enregistre des performances que certains médias et observateurs avisés ne tardent pas à qualifier de « success story à l’africaine ».

Dans le but de mieux s’adapter au contexte, Aveni-Ré a procédé à une nouvelle organisation de son management. C’est ainsi que lors du Conseil d’Administration tenu en août 2017 en Tunisie, les administrateurs ont décidé de confier la présidence du Conseil d’Administration à Monsieur Seybatou Aw, fondateur et précédemment Administrateur Directeur Général. Agé de 65 ans, Seybatou Aw est un ingénieur électromécanicien de formation, titulaire d’un Master of Science in Engineering et d’un Advanced Management Programme (AMP), filiale du très célèbre IESE de Barcelone en Espagne. Il a exercé de 1981 à 1986 comme professeur de robotique et d’automatisme à l’Université Paris XII avant de rejoindre le barrage hydroélectrique de Manantali au Mali où il a travaillé de 1986 à 1988 comme ingénieur chargé de la supervision et du contrôle des travaux d’équipements électroniques. Il a été pendant 14 ans (1988-2002) chef de Département de la Réassurance facultative à la Compagnie Commune de réassurance des Etats membres de la CICA (CICA-RE) à Lomé au Togo. Puis de 2002 à la fin 2004, il a été Directeur Central des Société Le Mans Assurances International (LMAI) IARD et Vie à Abidjan. Avant de devenir PDG, il était Administrateur Directeur Général d’AVENI-RE (première compagnie de réassurance privée en Afrique francophone) depuis sa création en 2004.

Seybatou Aw est désormais à la tête d’un Conseil d’Administration d’AVENI-RE constitué de 09 membres dont la composition reflète l’équilibre actionnarial. Cette instance a fait de la mise en œuvre des principes déclinés dans la charte de bonne gouvernance adoptée en 2011, la base de son action. De plus, la mise en place de ce document a permis à la compagnie de se conformer aux dispositions de l’International Association Supervisors (I.A.I.S.), organe qui promeut la coopération entre les autorités de contrôle et de régulation de l’assurance et la collaboration avec les autorités de contrôle des autres secteurs financiers dans le monde.

Seybatou Aw, nouveau PDG d’AVENI-RESeybatou Aw

Lorsqu’au cours de l’Assemblée Générale, réunie en sa session extraordinaire du 02 juin 2016 en Tunisie, celle-ci prend

l’initiative de porter le capital social d’AVENI-RE d’abord à 10 milliards de FCFA en 2016, ensuite à16 milliards de FCFA en 2017 et à 22 milliards à la fin 2018, nombreux sont sur le marché ceux qui ne croient pas à la réalisation de cet objectif à date, étant donné le contexte difficile de recapitalisation des compagnies d’assurances. Et pourtant, moins de 02 deux ans après, les chiffres sont suffisamment éloquents. Au cours de l’exercice 2016, AVENI-RE a procédé à l’augmentation de son capital social, l’établissant à 10 milliards de FCFA. Une deuxième étape d’augmentation est déjà clôturée en 2017 a porté ce capital à 16 milliards de FCFA. Une troisième opération déjà enclenchée pour le porter à 22 milliards de FCFA en 2018. Dans un amphithéâtre, une telle performance mériterait une forte mention avec les félicitations du jury. Surtout qu’elle intervient dans un contexte où la réassurance africaine fait face à de nombreux défis suscités par l’avènement de l’Article 308 Nouveau du Code CIMA (Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurance).

Article 308 Nouveau, défis nouveaux…

Dans une Afrique en phase d’émergence, l’entrée en vigueur de la réforme contenue dans le règlement n°5/2016 du 8 avril 2016 du Code CIMA va permettre aux compagnies d’Assurance de retenir le maximum de primes dans la région. Une véritable opportunité pour les compagnies africaines de réassurance qui jusqu’alors, étaient engagées dans une rude concurrence sur nos marchés, avec les réassureurs internationaux. Sur le plan macroéconomique, la rétention des primes émises sur le continent est une ressource additionnelle pour le financement de l’économie africaine.Par contre, pour que les économies de la zone CIMA tirent un meilleur profit de l’entrée en vigueur de la réforme, le défi le plus important est d’amener les compagnies d’assurances africaines à faire confiance aux réassureurs locaux. Un autre défi qui s’impose aux réassureurs est de garantir la disponibilité des capacités suffisantes pour couvrir les besoins du marché et des ressources humaines hautement qualifiées pour affronter les nouveaux défis. L’entrée en vigueur de la réforme interdisant la cession de certains risques majeurs à l’étranger a aussi favorisé d’une part, un renforcement

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L’assurance non-vie en zone CIMA plombée par la CEMAC

Assurance CIMA: l’éléphant creuse

l’écartL’année 2017 tire à sa fin. En raison de son mode de fonctionnement particulier, le secteur de l’assurance en zone CIMA vient tout juste de présenter les compilations de l’exercice 2016. Premier enseignement, la faiblesse de la croissance globale de l’activité.En effet, le chiffre d’affaires du secteur s’est élevé à 1046,86 milliards de FCFA (2 milliards de dollars), en croissance de 3,1%. Loin, bien loin de la croissance à deux chiffres enregistrée durant les exercices précédents.Le secteur a été plombé par la branche non vie, qui totalise 713,55 milliards de FCFA de primes, en baisse de 1,3%. Il faudrait remonter au début des années 90 pour voir un tel scénario. Ce coup d’arrêt de la branche IARD en zone CIMA est d’abord le fait des marchés du Congo Brazzaville (en baisse de 33,1%), du Gabon (-14,9%) et du Tchad (12,9%).A l’inverse, la Côte d’Ivoire, premier marché de la zone, enregistre une croissance de 7,6% à 171,89 milliards FCFA. Pour l’essentiel, l’assurance non vie reste prépondérante en dépit du coup d’arrêt enregistré. La branche -vie qui totalise 333,3 milliards de FCFA de chiffre d’affaires (soit 31,8% de la production globale ) a réalisé une progression de 14%, ce qui témoigne de son dynamisme.

Pays 2015 2016 EvolCAF 3,1 4,6 48,3%

TCD 14,4 12,4 -14,1%

NER 29,0 29,1 0,5%

MLI 34,8 41,2 18,2%

BEN 45,5 49,3 8,3%

TGO 47,6 51,5 8,3%

COG 92,5 63,8 -31,0%

BFA 57,0 65,6 15,1%

GAB 116,8 102,6 -12,1%

SEN 119,6 139,0 16,2%

CMR 175,9 183,3 4,2%

CIV 278,9 304,4 9,1%

Total 1 018,2 1 046,9 3,1%

Bien loin le temps où la Côte d’Ivoire s’était faite rejoindre par le Cameroun dans le hit-parade du classement des pays CIMA par les primes d’assurance émises. Avec 304, 4 milliards de FCFA de primes émises en 2016, la Côte d’Ivoire est le premier marché de la zone CIMA. La première économie de l’UEMOA a progressé deux fois plus vite (9,1%)que le Cameroun, deuxième marché de la zone CIMA, totalisant 183,3 milliards de FCFA. Un temps rattrapé par le Gabon, le Sénégal consolide sa place sur le podium grâce à un chiffre d’affaires de 139 milliards de FCFA en hausse de 16,2%.Libreville subit une sévère correction de 12,1% à 102,6 milliards de FCFA, témoignant de sa forte dépendance au secteur pétrolier.

des partenariats entre les réassureurs étrangers et les réassureurs locaux, et d’autre part un redéploiement des réassureurs internationaux à travaux l’ouverture des bureaux et des filiales sur le continent, créant ainsi une forte concurrence dans la zone CIMA. Par ailleurs, la maitrise totale des grands risques d’entreprise s’impose désormais aux assureurs en termes de prévention et de tarification. En ce sens, AVENI-RE a organisé du 25 au 29 septembre 2017, conjointement avec SCG-RE, un séminaire sur la prévention des risques d’incendie et des pertes d’exploitation des entreprises. Outre la transmission des connaissances aux participants, ce séminaire était aussi l’occasion de renforcer le partenariat entre réassureurs africains pour le

développement de l’industrie de l’assurance en Afrique.

Une performance sans cesse croissante

Malgré un contexte de forte concurrence, la gestion d’AVENI-RE s’est soldée au 31 décembre 2016 par un résultat net de 1.201,6 millions de FCFA, en hausse de 245,4 millions de FCFA par rapport à 2015. La compagnie a réalisé un chiffre d’affaires net de 16 225,5 millions de FCFA en 2016, contre 15 368,7 millions en 2015, soit une hausse de 856,8 millions en valeur absolue et 5,57% en valeur relative. De plus, les dividendes sont régulièrement distribués à hauteur de 40% du résultat depuis la 3e année d’activités

Par ailleurs, AVENI-RE est présente dans les programmes de réassurance de plus d’une centaine de compagnies et, accepte aujourd’hui les affaires en provenance de plusieurs pays dans le monde. La compagnie a aussi maintenu en 2016 et 2017 son capital confiance auprès des agences de notation. Avec le bouclage de la 2e phase d’augmentation de capital en 2017, les démarches ont déjà été entreprises auprès d’une agence de rating de renom en vue d’une notation financière internationale appréciable par les partenaires avant la fin de l’année 2018. Un autre défi à relever par le Réassureur de proximité qui a désormais les yeux rivés sur de nouveaux marchés internationaux.

L’ARC et l’ONU s’unissent pour accroître la couverture d’assurance

paramétrique en AfriqueLa Mutuelle panafricaine de gestion des risques (African Risk Capacity, ARC), une institution spécialisée de l’Union africaine, et la Commission économique pour l’Afrique des Nations Unies (CEA) ont annoncé un partenariat qui permettra aux deux organisations de conjuguer leurs efforts en vue de renforcer la couverture d’assurance contre les risques climatiques des États africains. L’accord multilatéral a été annoncé lors du Som-met annuel de l’Union africaine à Addis-Abeba et engage l’ARC et la CEA à renforcer les capacités de leurs États membres communs en intégrant les investissements de gestion des risques dans la planification gouver-nementale. L’ARC et la CEA vont collaborer dans les domaines de la recherche sur les risques économiques et climatiques afin de promouvoir les instruments de transfert des risques.L’ONU estime que l’Afrique verra les coûts d’adaptation du changement climatique atteindre 50 milliards de dollars par an d’ici 2050. “Ce partenariat marque une nouvelle phase de collaboration dans la lutte contre les effets du changement climatique en Afrique”, a déclaré M. Mohamed Beavogui, Directeur général de l’ARC. L’avenir de la gestion des risques des catastrophes est une question économique de plus en plus urgente, et l’expertise de la CEA renforcera le travail de l’ARC au service de ses États membres ainsi qu’à la résilience sur le continent.

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Contribution de la courbe des taux sans risque au développement de l’assurance dans

la zone CIMALes actuaires sont unanimes sur la contribution de la courbe des taux sans risque dans le développement de l’assurance. Pour preuve, le passage de Solvabilité I à Solvabilité II dans la zone EURO, en est une illustration. Dans la littérature, nous rencontrons deux courants de pensées : la méthode actuarielle traditionnelle et la méthode « Fair Value ».

La methode actuarielle traditionnelleDans l’approche actuarielle traditionnelle, les actuaires utilisent un taux d’actualisation fixe pour leurs calculs. En pratique, ce taux est égal au taux de rendement des actifs sur le long terme. Ainsi, nous comprenons que chaque compagnie peut disposer d’un taux d’actualisation unique, dépendant de la performance de ses actifs financiers. Si cette approche a comme objectif principal la stabilité du taux de cotisation et du ratio de solvabilité au cours du temps, en revanche, la prudence est généralement prise en compte par un ajustement à la baisse subjective de ce taux (cf. KORTLEVE et al. [2006]). Dans ce contexte, il n’existe pas de lien direct entre la solvabilité de la compagnie et les marchés financiers. Plus récemment, cette approche fut critiquée par de nombreux auteurs (cf. EXLEY et al. [1997], CHAPMAN et al. [2001], BADER et GOLD [2002]) car elle n’est pas en adéquation avec les nouvelles règles internationales4 de comptabilité et de surveillance, qui prônent une transparence accrue via la communication financière, basée sur les principes de «

juste valeur».Si cette approche a comme objectif principal la stabilité du taux de cotisation et du ratio de solvabilité au cours du temps, en revanche, la prudence est généralement prise en compte par un ajustement à la baisse subjective de ce taux (cf. KORTLEVE et al. [2006]). Dans ce contexte, il n’existe pas de lien direct entre la solvabilité de la compagnie et les marchés financiers. Plus récemment, cette approche fut critiquée par de nombreux auteurs (cf. EXLEY et al. [1997], CHAPMAN et al. [2001], BADER et GOLD [2002]) car elle n’est pas en adéquation avec les nouvelles règles internationales4 de comptabilité et de surveillance, qui prônent une transparence accrue via la communication financière, basée sur les principes de « juste valeur5 ».

La methode «juste valeur»

L’introduction récente du concept «juste valeur / Fair Value» ou «valeur de marché / Market Valuation» a changé les habitudes. Ce choix stratégique a permis d’harmoniser les pratiques des compagnies d’assurance de la zone Euro en vue d’une surveillance améliorée du secteur. Le concept de «juste valeur» implique que le passif actuariel peut être assimilé à un contrat financier. Autrement dit, la valeur du passif peut être valorisée comme une obligation. L’approche «juste valeur» repose sur des méthodes de la théorie financière et des techniques en vigueur sur les marchés financiers.En assurance, si l’objectif principal

est de faire une analyse plus fine de la solvabilité et des risques inhérents en vue du respect des engagements pris, en revanche, l’inconvénient de la méthode «juste valeur» réside dans la volatilité des marchés financiers. Dans ce contexte, l’approche «juste valeur» peut induire une volatilité dans la valeur des passifs ou des actifs sous gestion. Cette situation s’explique par le fait que, dans l’évaluation du passif, le taux d’actualisation est remplacé par une courbe des taux nominaux ou réels. En outre, l’avantage de cette approche réside dans la mise en place d’une politique de placement cohérente basée sur un adossement des flux actif / passif .

Apport de la courbe des taux au Développement de l’assurance dans la zone CIMA

Si l’approche actuarielle traditionnelle est appliquée dans la zone CIMA au regard de l’utilisation d’un taux d’actualisation fixé { 3,5% par le régulateur, en revanche, l’utilisation de la courbe des taux sans risque participera au développement de l’assurance dans cette zone12. En effet, elle permettra d’introduire le concept de « FAIR VALUE » ou de « juste valeur » dans le pilotage technique des compagnies d’assurance de la zone CIMA, améliorant ainsi les pratiques en terme de tarification, de provisionnement et de gestion actif-passif (cf. GBONGUE et PLANCHET [2017]). Notons que la juste valeur est une pratique recommandée par les règles comptables internationales (IFRS / IAS, etc.) et de surveillance (Bâle II, Solvabilité

II). Par conséquent, la courbe des taux est utile pour les assureurs de la zone CIMA car elle participera à la convergence rapide du dispositif prudentiel actuel vers le dispositif Solvabilité II13 . Autrement dit, elle constituera un outil actuariel, soutenant14 le passage progressif15 du dispositif de solvabilité de la CIMA vers le nouveau dispositif Solvabilité II, en vigueur dans l’union européenne.

ConclusionLa courbe des taux est un véritable outil au service de l’émergence de l’assurance et présente des avantages pour les pays de la zone CIMA. Comme dans les pays développés, le développement de l’assurance en zone CIMA16 entrainera de profondes mutations sur le long terme, notamment dans le pilotage technique de l’activité d’assurance. Ces mutations devront être accompagnées d’outils techniques et opérationnelles qui soutiendront la mise en place de ses réformes. A la lecture de l’expérience européenne, nous pensons que la courbe des taux, est un outil important du dispositif prudentiel de solvabilité en ce sens qu’elle contribue à la stabilité du secteur de l’assurance, leur offre une opportunité de pilotage technique de leurs activités et constitue un outil technique et opérationnel, participant à la convergence du dispositif prudentiel actuel vers le dispositif prudentiel Solvabilité II. Par conséquent, nous proposons son utilisation par les assureurs de la zone CIMA.

SUNU Assurances Burkina Faso construira un siège de six étages

Le Libéria relève le capital minimum

La compagnie Sunu Assurances poursuit son dévelop-pement à travers ses filiales. Ainsi, Sunu Assurances Burkina Faso érigera son siège dans un immeuble R+6 qui sera construit sur une superficie de 1200 mètres carrés.Montant de l’investissement, 2,5 milliards de FCFA selon Lefaso.net qui rapporte l’information. Pour le président du conseil d’administration (PCA) de SUNU Assurances Burkina, Seydou Diakité, qui s’exprimait le 29 décembre 2017 lors de la cérémonie de pose de première pierre, le bâtiment sera livré dans 12 mois.SUNU Assurances Burkina, membre du Groupe panafricain SUNU, dispose de deux branches d’assu-rances au Burkina Faso: SUNU Assurances IARD (précédemment Raynal assurance), détenue par un actionnariat local à hauteur de 55% et par le Groupe SUNU (45% des actions) et SUNU Assurance Vie Burkina en 2009, détenue à 60% par le Groupe SUNU et à 40% par des privés burkinabè.Le Groupe SUNU compte à ce jour 23 sociétés dans 15 pays en Afrique. A son actif, 1500 employés pour

un chiffre d’affaire d’environ 126 milliards de FCFA. La branche vie du Groupe SUNU est leader en Côte d’Ivoire et en Afrique Sub-saharienne.

La Banque centrale du Libéria (CBL) donne comme ultimatum le 31 mars 2018 pour toutes les compagnies d’assurance du pays afin qu’elles se conforment aux nouvelles exigences de fonds proprese. Selon la CBL, toutes les entreprises qui ne respecteraient pas la date limite verraient leur permis révoqué. Le nouveau règlement fixe l’exigence de fonds propres pour chaque caté-gorie d’activité d’assurance et exige que chaque compagnie d’assurance maintienne une exigence de capital minimum en fonction de la catégorie d’activité d’assurance. En clair, les compagnies spécialisées dans l’assurance générale / non-vie doivent maintenir un capital minimum requis de 1.5 million de dollars Us ; 750 000 dollars pour celles de l’assurance vie, et pour la Réas-surance, un capital minimum de 5 millions de dollars est requis. La CBL appellent d’ailleurs les entreprises non conformes à fusionner avec des sociétés viables ou à en faire l’acquisition.

Par Florent GBONGUE, actuaire & Risk-Manager et docteur en Actuariat de l’Université de Lyon.

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Capital minimum en Assurance: le casse tête centrafricain

La marche forcée de la zone CIMA (14 pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre) vers des minimums requis multipliés par 5 fait surgir des paradoxes et des anomalies. Sans doute pris en compte par le législateur? Dans les derniers chiffres sur l’exercice 2016, la Centrafrique cumule un chiffre d’affaires, toutes branches confondues, d’à peine 4,6 milliards FCFA, en dessous du nouveau capital minimum requis pour une compagnie d’assurance.Le petit poucet de la zone CIMA présente en outre des primes de l’assurance vie de 200 millions de FCFA. Au regard de la modestie de ces chiffres, est-il pertinent d’exiger d’une compagnie centrafricaine d’assurance un capital minimum

de 5 milliards de FCFA?La Centrafrique qui n’avait enregistré aucune souscription sur la branche vie en 2015 n’est pas le seul marché en souffrance par rapport aux nouvelles dispositions.Le Tchad, le Niger et le Congo présentent des primes de respectivement 900 millions FCFA, 5,3 milliards FCFA et 5,7 milliards FCFA. Demander aux compagnies de ces pays de passer à un capital minimum de 5 milliards c’est condamner leurs fonds propres à des ratios de performance trop bas et dissuasifs pour tout investisseur. Dans son immense mansuétude à l’égard de l’assuré qu’il faut protéger, le législateur semble avoir oublié l’assureur.

Réforme de l’article 308 du Code CIMA: quel bénéfice pour le réassureur ?

Le cabinet Finactu qui a déjà publié une étude sur les conséquences de la multiplication par cinq du capital minimum des compagnies d’assurance, revient avec un rapport sur la réforme de l’article 308 du Code CIMA. S’agit-il ou non d’une opportunité pour le marché africain de la réassurance? La réforme en question, contenue dans le règlement n°5/2016 du 8 avril 2016, introduit des changements importants. Ainsi, alors que l’on pouvait assurer à l’extérieur jusqu’à 75% des risques de pointe et risques plateformes pétrolières, cette proportion est ramenée à 50%. Au delà, une autorisation du ministère des Finances est nécessaire. Les très gros risques (paquebots, trains, avions) peuvent toujours être assurés à 100% à l’étranger.Au contrario, les petits risques (accident, maladie,) qui pouvaient être assurés jusqu’à 75% à l’étranger, doivent désormais être assurés localement à 100%. L’objectif affiché par la réglementation est d’augmenter un taux de rétention stationnaire à 28% (36,4% en non vie et 5,9% en vie). Ce taux de cession très bas plafonne le marché africain de la réassurance à 281 milliards de FCFA (535 millions de dollars). Le taux de cession (inverse du taux de rétention) est de seulement 8,4% dans le monde. Notons que 66% du marché de la réassurance de la zone CIMA est placé à l’étranger.Les auteurs de l’étude notent que les réassureurs ne sont pas concernés par l’article en question. Doit-on accuser la zone CIMA d’un excès de protectionnisme ou, au contraire, louer une mesure destinée non seulement à soigner les balances de paiement, mais aussi et surtout, à drainer les primes collectées vers le financement

des infrastructures du développement? Drapés dans une neutralité scientifique qui les honorent, les auteurs du rapport se refusent à trancher alignant les arguments pour et contre. Ainsi, 28 marchés ont adopté des mesures similaires à la CIMA. Pendant que le Maroc supprime la cession légale, l’Algérie l’augmente à 50%.Aux yeux des experts de Finactu, deux lectures peuvent être faites de l’article 308 destiné, précisons-le, à augmenter le taux de rétention des primes. La première consiste à y voir une simple mesure protectionniste au profit des 6 réassureurs de la sous-région. La seconde consiste à y voir un “coup de pouce” du législateur pour briser le cercle vicieux où est enfermé la réassurance africaine. Passant en revue le secteur à travers trois paramètres (crédibilité, consistance des fonds propres et technicité), le rapport dresse un diagnostic sans appel. Les réassureurs de l’espace CIMA sont petits “par le volume des primes”, indiquent les auteurs du rapport. La technicité des acteurs de la réassurance n’est pas optimale. Les capitaux ne sont pas suffisants, ce qui explique l’absence des acteurs africains sur les risques de pointe . D’où le cercle vicieux ajouté en préambule d’une étude qui, si elle ne fera pas l’unanimité, forcera sans doute à la prise de conscience d’une réforme capitale.Si la réglementation est respectée, il y aura mécaniquement plus de primes drainées en direction des 6 réassureurs. Sur les risques de masse (automobile), les cessions devraient passer de 33 à 93 milliards de FCFA. Sur les risques de pointe, les primes devraient passer de 53 à 75 milliards de FCFA. En tout, 68 milliards de primes supplémentaires

profiteront aux 7 réassureurs, les grands risques restant assurés à l’étranger. Et l’étude de s’interroger sur la capacité des réassureurs à absorber ces responsabilités additionnelles. Les réassureurs étrangers viendront-ils se positionner dans la zone? Le rapport livre une comparaison de coûts entre l’établissement d’une filiale, d’une

succursale ou d’un bureau. Les auteurs estiment que les coûtq de l’implantation en zone CIMA sont élevés en comparaison des enjeux financiers. Rappelant que la taille du marché CIMA est 1,2% du chiffre d’affaires de Munich Ré, ou encore 1,4% de Swiss Ré, les auteurs du rapport semblent inviter le législateur à plus de réalisme.

La filiale kenyane de l’assureur sud-africain Sanlam va renforcer la consolidation de son modèle de distribution de produits et de services unifiés à l’échelle du groupe.A noter que la consolidation des succursales sera entreprise dans le cadre d’un programme d’unification. Ce dernier fait suite à l’acquisition par Sanlam Kenya de l’ancienne Gateway General Insurance Company. Avec le programme de consolidation, le réseau de Sanlam Kenya va maintenant passer à 28 agences dans tout le pays. Le PDG de Sanlam Kenya Group, Mugo Kibati, a annoncé que diverses initiatives visant à unifier et à intégrer toutes les activités de l’entreprise sous une même marque afin de permettre aux clients de bénéficier de solutions et de services sont actuellement en cours dans le cadre de la stratégie de croissance quinquennale de l’assureur.

Sanlam Kenya consolide ses activités vie et assurances générales

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DOSSIER ASSURANCES

« Les assureurs vie pourraient jouer un grand rôle dans les mécanismes de stabilisation du marché »

M.Mohamed Hakim Soufi, Président Directeur Général de Macir Vie (Algérie)

Pouvez-vous nous faire une présentation de Macir Vie ?

Macir Vie est une compagnie spécialisée en assurances de personnes agréée par la Direction Générale du Trésor - Direction des Assurances au Ministère Algérien des Finances en date du 11 aout 2011, elle fête donc cette année sa septième année d’activité et nous sommes toujours en phase de croissance, Al hamdou Lillah (Dieu Merci) avec 12 % de parts de marché. Par ailleurs, nous sommes leaders sur la branche assurance voyage, mais pas que : • 1ére compagnie privée en assurances de personnes, • 1ére compagnie en termes de volumes de souscriptions sur le net et 18% de visites uniques sur notre site web par mois, • 1ére communauté de fans sur Facebook avec près d’un quart de millions de personnes qui suivent notre page, • 1ére compagnie en termes de réalisations marketing digital et d’affichages sur le marché, • 3éme compagnie en termes de densité de réseau de distribution • et 04éme compagnie du secteur en termes de chiffre d’affaires, Notre ADN repose sur le triptyque : innovation, digitalisation avec un focus sur l'expérience client, nous avons pour objectif de mettre notre client au cœur de nos préoccupations en « l’enveloppant » dans un écosystème tellement agréable qu’il souhaite y rester, nous faisons énormément d’efforts dans le cadre de la fidélisation clients. De plus, nous sommes une équipe jeune, motivée et travaillant à un rythme soutenu pour atteindre nos objectifs. Pour tout vous dire, le mérite de nos succès revient à mon équipe, nos agents généraux, toutes ces jeunes femmes et l’ensemble de ces Hommes qui ont fait de MACIR VIE ce qu’elle est aujourd’hui. Je ne peux que les remercier chaleureusement et leur rendre hommage car je vis avec eux la plus formidable aventure humaine que j’ai pu connaitre, je leur rends donc, encore une fois, un hommage appuyé car, sans eux, nous n’aurions pas pu avancer d’un iota, Macha’Allah. Par ailleurs, nous avons lancé depuis quelques jours le service de conciergerie dénommée « WHITELINE BY MACIR VIE » destiné à nos clients qui souhaiteraient avoir un panel de services de luxe à la demande, visible sur le web et sur Facebook en recherchant whiteline assistance company.

Quelle sont les produits commercialisés par Macir Vie ?

Nous avons un panel d’une dizaine de produits pour lesquels nous sommes autorisés à opérer sur le marché Algérien, mais en fait nous sommes focalisés sur 03 produits qui composent la plus large partie de notre portefeuille comme suit :

• L’assurance Voyage • L’assurance Groupe • L’assurance Temporaire au Décès annexés au crédit bancaire qu’il soit d’investissement, d’exploitation ou crédit à la consommation,

Ces garanties sont les produits phares de l’activité, non seulement de MACIR VIE mais aussi de la plupart des compagnies d’assurance de personnes du marché.

Est ce qu’il y a d’autres contraintes pour développer l’assurance de personnes en Algérie ?

Nous avons d’excellentes relations avec la direction des assurances au niveau du Ministère des Finances avec lesquels nous sommes en étroite collaboration au sujet de la mise en place de nouveaux services à forte valeur ajoutée ou des produits d’assistance complémentaires à notre activité et qui permettent d’offrir un large spectre de couvertures au bénéfice exclusif de nos clients, donc à ce niveau-là nous n’avons pas de contraintes particulières. Par contre, nous n’avons pas la possibilité aujourd’hui d’offrir nos services aux banques publiques qui sont déjà conventionnés avec d’autres compagnies d’assurances publiques, nous comptons énormément sur les orientations de Monsieur le Président de la République qui a exhorté les institutions publiques afin de lancer des partenariats avec le secteur privé, ce serait un fantastique mouvement positif que cela puisse se faire et nous sommes d’ores et déjà en discussions avancées avec certaines institutions financières publiques pour entrer dans une phase de collaboration étroite qui nous permettra d’élargir notre champ d’action. De plus, nous comptons beaucoup sur l’amélioration du cadre général des assurances qui est porté par le projet de loi sur les assurances afin, entre autres choses, d’élargir le type de réseau de distribution autorisée par la loi vis à vis des compagnies d’assurances. En effet, aujourd’hui, les compagnies d’assurance en peuvent vendre leurs produits que sur :

1. le réseau bancaire via la bancassurance 2. les courtiers via des conventions de courtage 3. le réseau des Agents Généraux

Du coup cela limite le taux de pénétration des assurances sur le marché national. Il serait donc nécessaire d’ouvrir ce volet afin que nous puissions vendre des assurances concomitamment à d’autres produits, ce qui permettrait non seulement d’en baisser le prix mais d’en assurer une large distribution sur le marché d’une part et sur toutes les couches de la population d’autre part. Enfin, la mise en place de nouveaux produits est nécessaire, surtout des produits de capitalisation et d’épargne en dynamisant la bourse d’une part et des produits fortement demandés comme la santé internationale d’autre part, ces deux options pourraient à terme jouer le rôle de capteur d’épargne nécessaire à la diminution de la masse monétaire mise en circulation. Ainsi, les assureurs vie pourraient jouer un grand rôle dans les mécanismes de stabilisation du marché et augmenter leur assiette fiscale au profit du Trésor public, nous en sommes parfaitement capables.

On dit souvent que les algériens n’ont pas la culture d’assurance. Quel est votre commentaire ?

Les Algériens ont connu l’assurance parce qu’elle était obligatoire, le législateur a bien perçu cet état de fait et a exigé la séparation des assurances dommages et vie en défiscalisant les produits en assurances de personnes pour justement les promouvoir. D’un autre côté, il faut cesser de croire que les algériens n’ont pas de maturité vis à vis des assurances, ils savent que c’est important la preuve les souscriptions en assurance groupe ont augmenté. Les gens prennent des crédits et veillent à ce que leur famille soit à l’abri en cas de décès, cela prouve qu’ils commencent à comprendre toute l’importance d’une couverture tant pour eux que pour leur famille. Par ailleurs, on parle souvent de clivages religieux mais bon nombre de compatriotes se sont adressés à des théologiens et de professionnels en leur demandant leur avis et il est apparu que ce type de produits ne va pas du tout à l’encontre de nos principes religieux. Bien au contraire, puisque les compagnies sont présentées pour aider financièrement les personnes malades ou qui subissent des accidents durant leur voyage ou qui décédent alors qu’elles ont pris des crédits, c’est une forme d’aide majeur basée sur des cotisations qui permettent de soutenir les familles et les personnes en cas de survenance d’un sinistre. Nous sommes plus dans l’entraide qu’autre chose, pour moi l’assurance à proprement parler prend tout son sens vu sous cet angle surtout dans notre Pays.

Quelle est la part de l’assurance de voyage dans votre chiffre d’affaires ?

Près de 55% car c’est le produit phare sur le marché rendu obligatoire en vertu de l’article 15 du code des visas Schengen. Le volume de demandeurs de visas ne cesse d’augmenter chaque année de ce fait nous

répondons parfaitement à cette exigence via tant notre produit que notre assisteur qui est côté parmi les 05 meilleurs mondiaux en ce domaine.

Parlez-nous du partenariat entre Macir Vie et l’italien générali...

La relation conventionnelle entre Macir Vie et GENERALI permets à l’ensemble des sociétés assurés de par le monde par GENERALI d’être assurés par Macir vie du moment qu’ils ont une existence juridique et une activité dans notre Pays. Cette relation est stratégique à plus d’un titre car elle permet d’une part à Macir Vie d’entrer dans un Network mondialement reconnu, de bénéficier de formations et d’une clientèle additionnelle. De l’autre côté, GENERALI s’adjoint les services d’une des meilleures compagnies d’assurance de personnes sur le marché dont la stratégie se fonde sur l’expérience clients et qui se veut irréprochable sur les délais de remboursement et surtout sur la prise en charge de ses clients en temps et en heure avec des délais de réponse sous 72 heures lorsqu’elle est contactée par mail .

Quelle a été l’évolution de l’assurance vie en Algérie ?

Aujourd’hui, les assurances vie génèrent au 30/09/2017, selon la note de conjoncture du Conseil National des Assurances, 9,5 milliards de dinars (NDLR: 83,7 millions de dollars) qui représentent une évolution de 7,1% par rapport à la même période. Cela signifie que les compagnies d’assurances de personnes portent la croissance du marché des assurances en général. Ainsi, la structure de la production des assurances de personnes au 30 septembre 2017 se maintient de la même manière que celle observée durant le 2ème trimestre 2017 et reste dominée par la branche «vie-décès» qui accroit de 42,2% avec un chiffre d’affaires de 3,3 milliards de DA, suivie des branches «maladie» et «assistance» avec des taux de croissance respectifs de 5,4% et 3,7% par rapport au 30/09/2016. Ainsi, le segment des assurances de personnes se maintient bien au-delà de ce que nous pourrions croire mais il faut encore aller plus loin et lancer de nouveaux produits et services qui permettront de faire croître la branche au niveau qu’elle mérite. La santé étant un des postes de dépenses des ménages algériens, il est de notre devoir de proposer des couvertures qui répondent aux demandes du marché et surtout satisfaire aux exigences du consommateur algérien aussi en BtoB comme en BtoC . Macir Vie jouera pleinement son rôle, incha’Allah, dans cette noble mission et nous avons beaucoup de projets qu’il faudra mener à bien. L’Algérie est un marché en devenir et pays d’opportunités avec un potentiel énorme, c’est pour cela que notre philosophie est claire, nous ne devons vivre que pour notre Travail, nos Clients et pour délivrer un service de haute facture à nos souscripteurs.

M.Mohamed Hakim SOUFI, Président, Directeur Général de Macir Vie

Entretien réalisé par Youcef MAALLEMI – Alger

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NUMÉRO 47- DU 15 FEVRIER AU 14 MARS 2018

FINANCE CLIMAT 14Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

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La finance climat est une architecture mondiale dont le Fonds Vert pour le Climat (GCF) constitue la clé de voûte. L’objectif est, sur le plan climatique, de contribuer à réduire les emissions de CO2 de 2% d’ici la fin du siècle et, sur le plan économique, de trouver un terrain d’équilibre entre les investisseurs et les porteurs de projets. Basé à Séoul (Corée du Sud) et dirigé par Howard Bamsey, le Fonds vert pour le climat, fort de 194 pays membres, est censé mobiliser 100 milliards de dollars d’engagements des pays du Nord à accompagner les pays du Sud dans leurs politiques d’adaptation. Les initiatives du Fonds ont commencé en 2014 et ont permis de mobiliser 10,3 milliards de dollars dès la première année. Cette première souscription est ouverte jusqu’ à la fin 2018. Les premiers financements interviennent en 2015, l’année qui a vu le fonds érigé en mécanisme de réceptable des fonds dans le cadre de la COP 21 de Paris. En 2016, un total de 35 projets ont été approuvés pour un investissement total de 1,5 milliard de dollars realisé à travers les 48 entités accréditées du fonds. Le Fonds est sensé fonctionner selon les priorités des pays et le principe d’accès direct. Une priorité est accordée aux pays les plus pauvres et aux petits Etats insulaires. Dans sa déclaration de principe, le Fonds vert pour le Climat s’engage à fournir 50% de ses fonds à l’adaptation et le reste à

l’atténuation.Pour l’heure, ces engagements ont été faiblement respectés. Néanmoins, le fonds arrive à mobiliser l’argent auprès du secteur privé (à travers sa Facilité pour le Secteur Privé) sensé donner plus de répondant. C’est dans ce cadre qu’une récente émission de 500 millions de dollars libellée sous 350 bons et destinée au secteur privé a permis de «short-lister» 30 souscripteurs. Les concepteurs de l’opération tablent sur une mobilisation de 3 milliards de dollars en capital investissement pour chaque milliard de dollars investi dans les fonds publics et la mise en place de solutions innovantes pour permettre la réduction des émissions nocives et le développement durable.

Fonds Vert: les décaissements africains au jour d’aujourd’hui

Pour attirer l’argent logé dans le Fonds vert et les autres mécanismes mondiaux du climat, l’Afrique doit se soumettre à un certain nombre de processus. De la designation du point focal (National Designated Authority (NDA), à la présentation des projets dans la parfaite maîtrise des mécanismes et des procédures, beaucoup de pays se perdent. En termes de financement obtenu auprès du fonds vert, l’Egypte se positionne au tout premier rang en

Afrique avec 1 milliard de dollars via le canal de la Banque Européenne de développement (BERD). Objectif : augmenter les investissements dans les énergies renouvelables dans le pays. Le pays des pharaons cible un seuil minimal de 20% d’énergies renouvelables dans son mix énergétique d’ici 2022. En outre, l’Egypte a obtenu un financement de 105,2 millions de dollars via le PNUD pour protéger le Delta du Nil contre les inondations. L’Ile Maurice a mobilisé un important financement auprès du fonds. Il s’agit de 191,4 millions de dollars à travers l’agrément du PNUD et destiné à accélérer la transformation insulaire en une économie à faible émission de carbone. La Tanzanie a obtenu via la KFW un investissement de 168,7 millions de dollars pour protégerl'approvisionnement en eau et les conditions d'élevage dans la région de Simiyu. Le canal du PNUD a aussi été utilisé par l’Ouganda pour obtenir un financement de 44,3 millions de dollars du Fonds vert en vue de construire des communautés résilientes et des écosystèmes humides.L’Ethiopie a obtenu 50 millions de dollars via son ministère des Finances, entité accréditée auprès du Fonds vert. Objectif visé : fournir aux communautés rurales des approvisionnements en eau essentiels

Finance Climat en Afrique: vers la reproduction du statu quo

Un phénomène des vases communicants entre l’Aide publique au développement (APD) et la finance climat est entrain de se mettre en place. Au vu de l’architecture des financements du Fonds Vert pour le Climat, l’on est en effet frappé par la similitude avec les mécanismes de la coopération internationale. Pour cause, ce sont les mêmes acteurs de l’APD qui sont venus se positionner en intermédiaires du fonds basé à Séoul. Ainsi, le PNUD, la BERD, la BEI, l’AFD et, entrre autres, la Deutsche Bank ont pris de solides positions, faisant craindre un détournement de la finance climat. Les entités africaines agréées arriveront -elles à récupérer une partie des parts de marché déjà affectées à leurs partenaires ? Il y a péril en la demeure. D’autre part, il est à craindre, côté pays africains, le risque de l’affectation des ressources ainsi mobilisées dans le fonctionnement des structures publiques ou para-publiques. Le faible degré d’implication des acteurs du privé africain est préoccupant. Il est encore temps de corriger ces dysfonctionnements afin que la finance climat ne soit pas une contribution à l’inertie et à la bureaucratie. La complexité des procédures retarde la finalisation des contributions déterminées au niveau national (CDN). Sensées clarifier le processus et y apporter de la transparence, ces contributions sont devenues un gouffre à milliards. Quelque 4 000 milliards de dollars américains sont requis pour mettre en œuvre les CDN, d’après de récentes études. Seuls 15% des CDN africains sont financés par des budgets nationaux. Un gap de 85% est à trouver à l’extérieur, ce qui, opine-t-on, n’est pas le meilleur moyen de faire de la finance climat. Pour financer ce gap, les pays se tournent vers l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture des Nations unies (FAO), le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), la CEDEAO, le Fonds mondial pour la nature (WWF) et l’Institut international pour l’environnement et le développement (IIED) et le secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). L’Afrique n’est pas encore sortie de l’auberge.

Une prime à la bureaucratie

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NUMÉRO 47- DU 15 FEVRIER AU 14 MARS 2018

FINANCE CLIMAT 15Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

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pour l'eau potable toute l'année et l'irrigation à petite échelle.Toujours parmi les projets approuvés sur le continent, à relever SCF Capital Solutions, qui a obtenu 34,1 million de dollars du Fonds vert à travers l ‘entité sud-africaine agréée, à savoir DBSA (Development Bank of Southern Africa). Le financement, classé dans la rubrique « atténuation», est destiné aux PME actives dans les projets à caractère climatique. Pour sa part, le Malawi a décroché le financement, à travers le PNUD, d’un projet d’adaptation de 16,3 million de dollars portant sur la mise en place d’un système d’alerte contre les catastrophes climatiques. Après un premier financement de 83,5 millions de dollars à travers l’AFD et destiné, via le Ministère du Renouveau Urbain, de l’Habitat et du Cadre de Vie, à la lutte contre les inondations, le Sénégal a aussi décroché 8,2 millions de dollars pour un projet d’adaptation financé à travers l’agrément du Centre de suivi écologique (CSE) et portant sur l’amélioration de la productivité des terres affectées par l’avancée du sel. Sur l’année 2017, Dakar a aussi obtenu 10 millions de dollars via le World Food Programm (WFP) . Objectif, augmenter la résilience des ménages vulnérables au Sénégal aux risques liés au climat grâce à une meilleure gestion

des risques, à la conservation de l'eau et des sols. Le Rwanda et le Kenya ont été financés à 110 millions de dollars (atténuation et adaptation) à travers l’américain Acumen Capital Partners LLC pour un projet de production d’énergie solaire tournée vers la femme. Le fonds Kawi Safi créé à cette occasion sera le premier à cibler les populations à faible revenu.Pour sa part, le Maroc a décroché le financement de trois projets : il s’agit d’abord d’un financement de 89,4 millions de dollars à travers l’AFD pour l’adaptation des techniques d’irrigation en zone sémi-arides, suivi d’un financement de 243 millions de dollars via la Banque Européenne de Développement (BERD) pour améliorer la résilience climatique des systèmes agricoles dans la région de Saïs. Le royaume a aussi obtenu 49,2 million de dollars pour l’Agence nationale de développement des oasis dans le cadre d’un projet (adaptation –atténuation) de vergers d'arganiers dans un environnement dégradé. Le financement s’est opéré à travers l’Agence marocaine de de développement agricole (ADA). En dehors de certains projets spécifiques, notons que la plupart des fonds décaissés en faveur de l’Afrique sont pour des investissements de

moins de 30 millions de dollars et destinés souvent à financer des entités publiques. Cas de la Gambie, qui a décroché le financement d’un projet de 25,5 millions de dollars auprès du Fonds vert à travers le PNUD pour la mise en place d’un écosystème équilibré autour du fleuve Gambie. C’est le ministère de l’environnement qui est en charge de l’exécution du projet. Le Mali s’est fait approuvé un financement de 27,3 millions de dollars pour un projet d’alerte inondation (adaptation) et de sécurité alimentaire à travers l’agrément de la Banque Mondiale. La Namibie a obtenue deux financements. Un projet de 10 millions de dollars destinéaux trois regions agricoles les plus vulnérables du Nord du pays et sous l’agrément de l’Environment Investment Fund of Namibia, qui fut la seconde entité africaine à se faire agréer par le Fonds Vert . Le pays a obtenu un second financement de 10 millions de dollars via le même canal et destiné à augmenter la resilience des populations rurales face aux changements climatiques. De son côté, Madagascar a obtenu le financement d’un projet de 69,8 millions de dollars à travers l’agrément de la Conservation International Foundation (CI) et la Banque européenne d’investissement

(BEI) destiné à améliorer la resilience des petits exploitants agricoles.Les organismes de développement se sont bien positionnés dans le schéma de la finance climat. La banque européenne de développement BERD a ainsi sécurité 1,4 milliard de dollars auprès du Fonds vert pour un projet transcontinental qui concerne l’Afrique, l’Asie Pacifique et l’Europe de l’Est. Le programme vise à fournir à fournir des financements climatiques au secteur privé à grande échelle par l'intermédiaire des institutions financières partenaires dans 10 pays dont l’Egypte, le Maroc et la Tunisie pour l’Afrique . Autre grosse entité à se positionner, la Deutsche Bank, qui a mobilisé en co-financeur 301,6 milions de dollars auprès du Fonds Vert pour contribuer à l’accès universel à l’électricité en Afrique subsaharienne. Sur ce volet projet à caractère transcontinental, la BEI a débloqué 765 millions de dollars pour booster les investissements du secteur privé dans des projets d’énergie renouvelable et d’efficacité énergétique dans le monde en développement. Sur la partie africaine, le projet ciblera les Comores, la Côte d’Ivoire, la RDC, la Guinée Equatoriale, le Kenya, Madagascar, Maurice, l’Afrique du Sud, le Togo et l’Ouganda.

Finance verte: le parti fou de la Banque Mondiale, d’Axa et des autres

Au terme de la COP 23 tenue à Bonn en novembre 2017 et du One Summit Climat tenue dans la foulée à Paris, les résolutions concrètes prises par les Etats sont modestes. Dans ce grand flou, c’est la finance, présentée comme ennemi du climat, qui tire son épingle du jeu. La Banque Mondiale, l’asureur Axa, la banque hollandaise ING et 23 entreprises ont pris des engagements forts. La première citée a annoncé qu’elle arrêterait de financer l’explora-tion et l’exploitation de pétrole et de gaz dès l2019. La BM devient ainsi la pre-mière banque multilatérale à prendre un tel engagement dans ce secteur. En 2016, ses financements dans l’industrie pétrolière et gazière ont représenté près d’1,6 milliard de dollars, soit moins de 5% de la totalité des fonds accordés la même année. Par ailleurs, à partir de 2018, l’institution publiera tous les ans les émissions de gaz à effet de serre des projets qu’elle finance dans les secteurs les plus émetteurs, comme l’énergie. Elle entend aussi généraliser la prise en compte d’un prix interne du car-bone dans ses futurs investissements. Pour sa part, l’assureur Axa a annoncé qu’il renonçait à assurer et à investir dans toute entreprise impliquée dans la construction de centrales à charbon. Le groupe français compte aussi retirer près de 2,5 milliards d’euros d’investis-

sements dans le secteur. Axa a promis de se désengager à hauteur de 700 mil-lions d’euros des projets liés aux sables bitumineux. Il va en parallèle accroître de 9 mds d’euros ses investissements “verts” (infrastructures, etc.) d’ici à 2020. La banque hollandaise ING s’est engagée quant à elle à “accélérer la baisse” des financements alloués aux centrales à charbon. D’ici 2025, elle ne financera plus que les producteurs d’électricité utilisant moins de 5% de charbon et arrêtera de financer directe-ment les projets de centrales à charbon. Ces financements directs ont déjà

baissé de 9% l’an dernier. En revanche, le groupe juge “plus complexe” d’arrê-ter de financer l’industrie pétrolière et gazière. En tout, 237 entreprises ont décidé de mettre en place les recom-mandations d’un groupe de travail émanant du G20 pour améliorer leur prise en compte du risque climatique dans leurs activités. Parmi elles, 20 des plus importantes banques du monde et 80% des gestionnaires d’actifs, comme HSBC ou l’assureur Axa. Elles s’engagent à publier “non seulement leur stratégie pour gérer les risques (climatiques) mais aussi pour saisir les opportunités” qu’offre la lutte contre le réchauffement.

Entreprises sous surveillanceUn groupement de plus de 200 grands investisseurs, dont HSBC et le plus gros fonds de pension public améri-cain (CalPERS), a décidé de mettre la pression sur 100 entreprises parmi les plus émettrices de gaz à effet de serre, pour qu’elles améliorent leur gouver-nance sur le changement climatique, réduisent leurs émissions et renforcent la publication de leurs informations financières relatives au climat.La liste des cent entreprises visées par cette initiative, baptisée “ClimateAction 100+”, comprend notamment de grands groupes pétroliers et gaziers (BP,

Chevron, Coal India, etc.), des acteurs du secteur des transports (Airbus, Ford, Volkswagen, etc), et des groupes miniers et sidérurgiques (ArcelorMit-tal, BHP Billiton, Glencore, etc.).Concrètement, pendant cinq ans, ces 225 investisseurs, qui représentent 26.300 mds de dollars d’actifs sous ges-tion, vont suivre de près ces entreprises. Si elles font des progrès suffisants, elles pourront être retirées de la liste.

Adaptation au changement clima-tique

L’Agence française de développement (AFD) a signé des accords avec l’île Maurice, les Comores, le Niger et la Tunisie, pour les accompagner dans l’adaptation aux impacts du dérègle-ment climatique (systèmes d’alerte, de lutte contre l’érosion, etc.). Ces signa-tures s’inscrivent dans le cadre d’un dispositif annoncé en mai 2017, destiné à accompagner 15 pays en dévelop-pement et doté de 30 millions d’euros sur quatre ans. Le directeur général de l’AFD, Rémy Rioux, a reconnu que “l’adaptation” était “le parent pauvre” de la finance climat, tournée jusqu’ici plutôt vers la réduction de gaz à effet de serre (énergies renouvelables, trans-ports propres etc).

Le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim , a pris des engagements forts en faveur du

climat.

Albert Savana

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L’engagement de la BOAD en matière

de Finance ClimatLa Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) développe des outils et des mécanismes efficaces de financement et de mobilisation de ressources pour soutenir la gestion environnementale et la lutte contre les changements climatiques en Afrique de l’ouest.

Yacoubou BIO SAWE, Directeur de l’Environnement

et de la Finance Climat à la BOAD

La Banque Ouest Africaine de Développement a fait siennes les préoccupations soulevées par les changements climatiques en élaborant une stratégie Environnement et Climat 2015-2019, dont l’objectif principal est de faire de l’environnement un nouveau pôle de croissance pour la Banque. Quels sont selon vous, les principaux enjeux et défis des changements climatiques dans les Pays de l’UEMOA ?

Les enjeux des Changements Climatiques sont liés aux importantes variations en terme de quantité et de périodicité des précipitations dans les pays sahéliens et dans les régions de forêts tropicales humides d’une part, et à une augmentation de la température (1,5 fois supérieure au niveau mondial), ainsi qu’une élévation du niveau de la mer (0,5 m et à 0,9 m d’ici 2100 sur les côtes de l’Union) d’autre part. Ces dernières années, les conséquences non maîtrisées qui découlent du dérèglement climatique dans la zone UEMOA sont par exemple : (i) les inondations récurrentes ; (ii) la sécheresse avec pour conséquences à moyen terme, la diminution des réserves en eau disponibles et des terres cultivables, la baisse des rendements agricoles de l’ordre de 20 à 50 % dans certains États, la réduction du potentiel de production hydroélectrique ; (iii) une élévation inquiétante du niveau de la mer sur les côtes de l’Union et des effets y afférents notamment, l’accentuation de l’érosion côtière (le recul de la côte peut atteindre 10m/an dans certains pays comme le Togo), la perte du plateau continental et les déplacements consécutifs des établissements humains, la perte des terres arables, la désagrégation du tissu professionnel, l’altération du milieu physique et des écosystèmes côtiers telle que la réduction des mangroves et autres zones de frayères, etc. Les coûts à supporter par les pays en développement au titre de l’adaptation sont très élevés selon les estimations et pourraient atteindre 150 milliards USD par an en 2020. Par exemple, entre 2000 et 2008, les effets des inondations enregistrées dans la zone UEMOA se sont caractérisés par plus de 1 200 000 personnes affectées, des dégâts matériels, l’augmentation des risques de maladies, les pertes d’infrastructures, etc. Les dommages ont été estimés à 189 et 388 millions de dollars US. Ces situations ont mis en exergue une vulnérabilité profonde des populations et des écosystèmes, dans un contexte

où les pays devaient prioritairement lutter contre la pauvreté, assurer une éducation de base de qualité pour tous, promouvoir la santé et l’emploi des jeunes, etc. en faisant au même moment face à des contraintes budgétaires au niveau national et à une rareté des ressources concessionnelles sur le plan international. Le défi pour les huit (08) Etats membres est donc, de mobiliser des ressources appropriées permettant de lutter contre les changements climatiques.

Comment la BOAD soutient-elle ses huit Etats membres de l’UEMOA à lutter contre les Changements Climatiques ?

Depuis sa création, la BOAD est un acteur majeur qui œuvre à promouvoir le développement équilibré de ses huit (08) États membres (Benin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo) et à réaliser l’intégration économique de l’Afrique de l’Ouest. Elle s’est engagée à fournir et à tirer parti des mécanismes financiers dédiés à l’atténuation et à l’adaptation, conditions sine qua non pour un développement durable de ses pays membres. A cet effet, la BOAD soutient l’accès des pays de l’Union aux Fonds Climat de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) destinés à promouvoir l’adaptation et l’atténuation en Afrique de l’Ouest en particulier. Cet engagement s’est traduit par l’adoption en septembre 2014 d’une stratégie Environnement et Climat 2015-2019, qui promeut une gestion rationnelle des ressources naturelles au profit d’un développement sobre en carbone et résilient aux effets adverses des Changements Climatiques dans les Etats membres.

La BOAD est accréditée aux mécanismes financiers de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC). Pouvez-vous -nous expliquer comment s’est déroulé le processus?

Conscients de la vulnérabilité des populations face aux effets néfastes des Changements Climatiques, et de la nécessité d’accroître le financement des actions de développement, les Etats de l’UEMOA ont saisi l’opportunité qu’offrent les mécanismes de la Convention, notamment le Fonds d’Adaptation (FA) et son approche d’accès direct, pour demander à la BOAD, lors de la 15ème Conférence des Parties

organisée à Copenhague en 2009, d’être leur Entité d’implémentation auprès dudit Fonds. Une fois les requêtes des Etats membres reçues, la Banque a soumis une demande d’accréditation au Secrétariat du FA en 2011 et a suivi le processus y afférent. A l’issue de ce processus, le Conseil du FA, par Décision B14/4 datée de Juin 2011, a approuvé l’accréditation de la BOAD comme entité d’implémentation du FA. Ladite accréditation a été renouvelée en juin 2016. La BOAD a également été accréditée au Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) en mai 2015 et au Fonds Vert Climat (FVC) en octobre 2016. Toutes ces accréditations se sont traduites sur le terrain par la formulation et le développement de projets d’adaptation et d’atténuation au profit des populations des Etats membres.

Justement, comment se concrétise l’accréditation de la BOAD comme entité d’implémentation du FA et quels sont les ressources mobilisées ou à mobiliser ?

L’opérationnalisation de l’accréditation de la BOAD s’opère à trois niveaux: - Au plan international : les actions sont réalisées dans le cadre de l’Accord de Paris sur les Changements Climatiques, des 17 Objectifs du Développement Durable (ODD) et de l’accompagnement des Etats membres dans la mise en œuvre de leur Contribution Déterminée au niveau National (CDN). A cet effet, la BOAD s’est engagée à accroître son portefeuille de projets Climat à soumettre aux mécanismes financiers de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC).

- Sur le plan opérationnel : en l’espace de deux (02) ans, le portefeuille de projets Climat en instruction par la BOAD comprend 24 projets à très fort impact sur l’adaptation et l’atténuation dont : dix-huit (18) pour le Fonds Vert pour le Climat (FVC) ; quatre (04) pour le Fonds pour l’Adaptation (FA) et deux (02) pour le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM). Cinquante (50) Millions USD de ressources dédiées aux projets climat sont définitivement mobilisés ; cent (100) Millions USD de financement sont envisagés d’ici 2020 pour les projets en préparation et trois (03) projets climat verront leur exécution physique lancée sur le terrain en 2018, respectivement au Togo, Niger et Guinée Bissau.

-Dans le cadre du partenariat : en adhérant à l’initiative Climate Action in Financial Institutions lancée en 2015 en marge de la COP21, la BOAD confirme qu’elle veut inscrire le climat au cœur de ses actions opérationnelles. Cette initiative rassemble plus de trente institutions financières publiques et privées qui se sont engagées à mettre en œuvre les cinq principes volontaires pour l’intégration du climat. Ces principes ont pour but d’aider et de guider les institutions financières à soutenir le développement à faible émission de carbone et résilient au climat. Il s’agit de : (i) élaborer une stratégie climat ; (ii) gérer les risques climatiques ; (iii) promouvoir les objectifs intelligents face au climat ; (iv) améliorer la performance climatique et (v) rendre compte de son action climatique.

Pour plus d’informationsDirection de la Communication, du Marketing, des Relations Publiques et du Savoir Tel : + 228 22 23 25 65Fax : + 228 22 23 24 38Email : [email protected]

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Les obligations vertes constituent une catégorie croissante de titres à revenu fixe, qui mobilisent des capitaux pour des projets présentant des avantages environnementaux. Le Nigéria est le premier pays africain à en émettre. Le Green bond du Nigeria émis le 17 décembre 2017 a rencontré du succès. Au 24 janvier 2017, l’offre était sursouscrite selon Yerima Peter Tarfa, directeur du département du changement climatique au ministère fédéral de l’environnement. D’un montant de 10,7 milliards de nairas (29,7 millions de dollars) pour une durée de 5 ans et un coupon de 13,48%, cette émission a été notée 'Excellente' par Moody et s’inscrit dans le cadre des nouveaux emprunts intérieurs du gouvernement fédéral. Le produit de l’opération servira à financer des projets respectueux de l’environnement dans le sens de l’Accord de Paris. Il s’agit notamment d’un programme éducatif portant sur les questions de l’environnement, des micro-entreprises d'énergie renouvelable et un programme de reboisement. Le Nigéria sest engagé à réduire ses émissions de 20% d’ici 2030. En 2017, Abuja fait partie des 10 nouveaux émetteurs aux côtés de l'Argentine, du Chili, des Fidji, de la Lituanie, de la Malaisie, du Nigéria, de Singapour, de la Slovénie, de la Suisse et des Émirats arabes unis. Le marché des green bond devrait atteindre 1000 milliards de dollars d’ici 2020. Un chiffre à rapporter aux 81 milliards de dollars émis en 2016 (en croissance de 92% par rapport à 2015), aux 155,5 milliards de dollars engrangés en 2017 et aux 250 à 300 milliards de dollars attendus en 2018 selon le Climate Bond Initiative (CBI), oganisation à but non lucratif basée à Londres et qui certifie les références vertes des obligations.

Nigéria, premier pays africain à émettre une obligation verte

Le programme des obligations vertes de la BAD favorise le financement de projets éligibles dans le cadre de la lutte contre le changement climatique. Les investisseurs peuvent ainsi faire la différence en investis-sant dans des solutions au changement climatique à travers les obligations vertes. Un montant égal aux fonds mobilisés grâce aux obligations vertes de la BAD est initialement affecté dans un sous-portefeuille du portefeuille de liquidité du département de la trésorerie de la Banque. Les fonds mobilisés grâce aux obligations vertes présents dans le portefeuille de liquidité sont alloués aux pools de prêts contenant les projets verts au fur et à mesure de leurs décaissements. Ce programme s'inscrit dans la Stratégie de la Banque pour la période 2013 à 2022 visant l’amélioration de la qualité de la croissance en Afrique.

L’objectif premier de cette stratégie consiste à réaliser une croissance plus inclusive, se traduisant non pas simplement par l’égalité de traitement et d’opportunités, mais par des réductions profondes de la pauvreté et un accroissement massif et correspondant des emplois. Le second objectif consiste à faire en sorte que la croissance inclusive soit durable, en aidant l’Afrique à faire la transition progressive vers la «croissance verte », qui protégera les moyens de subsistance, améliorera la sécurité hydrique, énergé-tique et alimentaire, favorisera l’utilisation durable des ressources naturelles et stimulera l’innovation, la création d’emplois et le développement économique. Les actions prioritaires à mener pour réaliser la croissance verte consistent notamment à renforcer la résilience face aux chocs climatiques, à mettre en place des infrastructures durables, à créer des services d’écosystème et à utiliser de manière efficace et durable les ressources naturelles – en particulier l’eau, qui joue un rôle central dans la croissance, mais qui est la plus affectée par le changement climatique.

Voici quelques types de projets éligibles via le canal de la BAD :-Construction de nouvelles capacités de production d’énergie renouvelable (ex. énergie solaire, éolienne, géothermale ou océanique); Amélioration de l’efficacité énergétique au niveau de la consom-mation pour des installations existantes ou pour de nouveaux projets (ex. amélioration de l’efficacité énergétique au niveau de l’éclairage et des équipements ; réaménagement des lignes de transmission, des postes électriques ou des réseaux de distribution pour réduire les pertes techniques);-Adaptation de la flotte de véhicules pour une meilleure efficacité énergétique ou changement dans les modes de transport urbain; Projets de préservation de la biosphère (réduction des émissions induites par la déforestation et la dégradation des écosystèmes); Gestion des déchets solides (ex. incinération des déchets, captage du gas de décharge et combustion du gas de décharge); Processus industriels (réduction des émissions de gas à effet de serre induite par l’amélioration des processus industriels et une production plus propre); ; Développement urbain (ex. réhabilitation et mise à niveau de réseaux de drainage d’eau en milieu urbain dans les zones vulnérables à haute fréquence et/ou sévérité de crues soudaines ou de marées de tempêtes liés au changement climatique);Approvisionnement et accès à l’eau (ex. Initiatives d’économie d’eau comme l’introduction de plantes moins consommatrices d’eau ou la conservation de l’humidité et de la fertilité du sol).

La BAD s’engage dans les obligations vertes

La plus grande centrale photovoltaïque privée en

Afrique de l’OuestLa Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), Emerging Africa Infrastructure Fund (EAIF), géré par Investec Asset Management et leurs partenaires, le FMO, la Banque Nationale de Développement Agricole du Mali (BNDA), Green Africa Power (GAP) et GuarantCo, ont clô-turé, le 18 janvier 2018, le financement d’un montant de 77 millions d’euros ‘pour la mise en œuvre du projet d’implan-tation et d’exploitation d’une centrale photovoltaïque de 50 MWc en Build-Own-Operate and Transfer (BOOT) à Kita par la société AKUO KITA SOLAR SA au Mali.Le financement a été co-arrangé par la BOAD et EAIF. Man-datée pour la levée de la tranche en Francs CFA de la dette senior, d’un montant de 13,1 milliards de FCFA, la Banque y a elle-même contribué à hauteur de 11 milliards de FCFA. La centrale de Kita sera la première centrale photovoltaïque détenue et exploitée par un producteur indépendant au Mali, et la plus grande centrale solaire en Afrique de l’Ouest. Le projet contribuera au renforcement de l’offre énergétique du Mali et à la réduction des émissions de gaz à effet de serre du pays. Ainsi, il est attendu, une réduction des émissions de 1 400 000 tonnes de CO₂ sur la durée du projet. A ce sujet, Eric Scotto, président et co-fondateur d’Akuo Energy, Sponsor du projet, a déclaré : « L’énergie renouvelable est essentielle pour l’Afrique, en termes de croissance économique, d’indé-pendance et d’éducation. Elle l’est particulièrement pour le Mali où les attentes de la population sont très fortes. La signature de ce financement majeur est une première étape, et nous sommes reconnaissants à EAIF et à Investec Asset Management pour leur soutien. Nous sommes également très reconnaissants à la BOAD, qui a dirigé la structuration de la tranche franc CFA, à FMO, BNDA, GAP et GuarantCo pour avoir rendu possible ce financement ». L ’intervention de la BOAD s’inscrit dans le cadre de son plan stratégique 2015-2019 qui a pour objectif entre autres, le soutien aux projets de production indépendante d’électricité, en matière d’infrastructures d’énergie. Elle s’insère plus spécifiquement dans sa stratégie Environnement-Climat 2015-2019, qui vise à promouvoir les projets à forts bénéfices environnementaux, sociaux et climatiques.

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om Chroniques

La mesure concernerait en particulier le ministre de la Direction des Grands Travaux, Jean-Jacques Bouya, interpellé récemment au parlement pour le projet d’une route de 137 km, entièrement financée mais jamais livrée, aux dires du député Jean Claude Ibovi, président du Mouvement pour la Démocratie et le Progrès.Mis à rude épreuve par la saillie de ce député d’un parti pourtant membre de la mouvance présidentielle, Jean-Jacques Bouya reste, malgré tout, un dispositif central des négociations entre Brazzaville et les institutions de Bretton Woods.Pour s’offrir le maximum de visibilité dans ces négociations délicates, le ministre congolais s’est attaché les services de l’ivoirien Eustache Ouayoro, ancien directeur des opérations de la Banque Mondiale pour la RDC et le Congo, licencié à quelques mois de sa retraite pour de graves violations des règles d’éthique et d’intégrité.Parmi les sanctions qui lui ont été infligées en 2015, figurait l’interdiction formelle de ne plus travailler avec la Banque Mondiale comme traitant ou sous-traitant. Pourtant aux dernières assemblées de la Banque Mondiale, le même Eustache Ouayoro a pu assister au titre de membres de la délégation du Congo. Recruté par le ministre Bouya, le voilà directement ou indirectement impliqué dans les négociations entre la Banque Mondiale, le FMI et le Congo.Mais est ce la faute du Congo ou, plutôt, celle du système complexe de la Banque Mondiale ? Dans les réunions avec le Congo, Eustache Ouayoro se présente en face de Makhtar Diop et Jan Walliser, respectivement vice-président de la Banque pour l’Afrique subsaharienne (il est le premier francophone à occuper ce poste) et ancien directeur Stratégie et Opérations promu au poste de vice-président en charge de la croissance équitable et des institutions. Makhtar Diop et Jan Walliser, deux piliers de la vision africaine de l’institution, avaient été dûment notifiés du renvoi de leur

subordonné.D’où cette question que l’on se pose dans les couloirs de la banque : pourquoi les deux poids lourds de la vision subsaharienne de la Banque Mondiale n’ont pas averti le gouvernement congolais et le FMI, institution d’où ils sont issus, du cas Eustache Ouayoro? Qui protège qui dans cette affaire où le Congo, qui joue son destin, n’a pas beaucoup de visibilité?En fait, Eustache semble bénéficier d’une clémence, passive tout au moins, de la part de ses deux supérieurs. Ancien représentant de la banque au Congo, le haut cadre ivoirien a vu ses ennuis commencer quand son dossier a atterri sur le bureau du président la Banque Mondiale. C’est de là qu’est partie l’enquête qui a abouti à son limogeage.

Les trains de la mort Dans cette affaire encore non élucidée, un consultant congolais, René Bauman, sorte de lanceur d’alertes, a été limogé.

Celui-ci avait dénoncé des affaires de corruption, y compris dans l’acquisition par la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC) de locotomotives usagers en violation des procédures de la banque.Tout est parti de la volonté du gouvernement congolais, épaulé par la Banque Mondiale, de développer le transport ferroviaire dans la province du Katanga dans le cadre de son projet de développement du transport multimodal commencé en avril 2011 et financé par la Banque Mondiale pour plus de 200 millions de dollars. En tout, le projet à lequel prend part la Chine était estimé à 600 millions de dollars et englobait aussi la réparation de 700 km de chemins de fer. Seulement !L’Empire du Milieu n’a pas finalement suivi le programme, sensé, selon le plaidoyer servi à profusion, permettre l’évacuation optimale du cuivre des Mines du Katanga. Le 3 octobre 2013, lors d’une conférence de presse, Vincent Tshiongo, Administrateur de la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC), déclarait dans une conférence de presse que le projet d’acquisition de 35 locomotives neuves grâce à un financement de la Banque mondiale au profit de la SNCC et de la Société commerciale des ports et des transports (SCPT) était sur les rails. L’option chinoise est donc abandonnée.A l’époque, le type de locomotive neuve ciblé devait coûter environ 1,5 million de dollars. Sous les conseils de la Banque Mondiale, les représentants de la RDC, sans doute motivés par le souci d’épargner l’argent du contribuable, se rabattent sur des locomotives usagers à raison de 1,3 million de dollars l’unité. L’économie de 200 000 dollars réalisée par locomotive est à mettre en rapport avec l’âge de la machine, soit 65 ans. En fait, le fournisseur sud-africain, (revendeur intermédiaire pour le compte d’une entreprise australienne?)réalise l’affaire du siècle.Seul bémol, le dossier des locomotives du Katanga a soulevé une véritable

levée de boucliers parmi les cadres et représentants locaux de la Banque Mondiale. Ainsi, le chef du projet, Michel Mulungo, se serait opposé à l’utilisation de l’argent de la banque pour l’acquisition des locomotives sud-africaines.Qu’à cela ne tienne, Eustache Ouayoro demandera à la société qui exécutait le contrat d’écrire directement à Makhtar Diop pour le lui demander. Ce dernier a écrit pour donner son accord, violant les règles de la Banque Mondiale. Car un Vice-Président ne doit pas se mêler du procurement (acquisitions de biens et de services), réservé aux avocats et aux responsables du service sensés donner leur accord d’objection ou de non objection.Eustache participera à la réception des locomotives à Lumumbasbi en compagnie du Premier ministre Matata Ponyo.L’affaire des trains katangais en serait restée là si en avril et en mai 2014, des déraillements et accidents dans le sud du pays n’avaient pas fait des dizaines de morts et de blessés. Les premières hypothèses sur les causes des accidents avaient, entre autres, évoqué un emballement des locomotives récemment acquises.Pour rappel, la SNCC disposait dans un premier temps de dix véhicules usagers acquis en Afrique du Sud, dont un seul fonctionnant normalement. Les 9 autres servaient de pièces de rechange. La Banque Mondiale qui a financé les activités d’exploitation de la SNCC dans le cadre de ce projet opaque a joué un rôle que les gouvernements du Congo (RDC) et de l’Afrique gagneraient à élucider. Car, sous nos cieux, tout conseil de la Banque Mondiale ou du FMI est pris pour argent comptant.La direction de la SNCC qui a vu Sylvestre Ilunga Ilunkamba succéder à Vincent Tshiongo, le 17 mars 2014, a sans doute une partie de la réponse à ces questions complexes. A son arrivée à la tête de l’entreprise ferroviaire, le constat était terrible: 30 locomotives d’une moyenne d’âge de 40 ans, 68 mois

Les négociations laborieuses qui se déroulent en ce moment entre le Congo et les institutions de Bretton Woods offrent un petit concentré des limites des politiques de développement appliquées en Afrique. Alors que les travaux se déroulent, l’on apprend que les principaux ministres en charge du dossier font l’objet d’un audit présidentiel.

Enquête : les petits deals de la Banque Mondiale sur les deux rives du Congo

Pour rappel, la SNCC disposait dans un premier temps de dix véhicules usagers acquis en Afrique du Sud, dont un seul fonctionnant normalement. Les 9 autres servaient de pièces de rechange.

Adama Wade

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om Chroniquesd’arriérés de salaires pour le personnel et 245 millions de dollars de dettes et, sur le plan technique, 1,5 déraillement par jour.

L’aveuglement de la Banque MondialeComment la Banque Mondiale s’est-elle retrouvée à financer 35 millions de dollars de carburant et lubrifiants (une demande d’audit de ce poste restera sans suite )au profit de la SNCC dans le cadre du projet de transport multimodal (PMT)? Comment, étant engagée dans le financement de l’exploitation de la compagnie congolaise, la reine des institutions de Bretton Woods a-t-elle laisser s’accumuler autant de mois d’arriérés de salaires ? Il convient de dire que cette affaire de la SNCC n’a pas eu des suites à la hauteur du préjudice subi par le Congo, les congolais et les africains en général.

L’omerta En bonne vieille institution, jalouse de sa réputation, la Banque Mondiale a étouffé l’affaire en essayant de se débarrasser de tous ceux qui ont eu le culot d’en parler; certains ont résisté et leur font des cauchemars. Viré en novembre 2013 après plus de 8 ans de collaboration et-ce alors que

son contrat venait d’être reconduit trois mois plutôt (août 2013) , René Bauman officiait au bureau de Kinshasa au moment des faits. Consultant sans histoires, il avait évoqué des irrégularités avec ses supérieurs et s’était vu suspendre quelques mois plus tard sous le prétexte qu’il avait émis des critiques à l’encontre de Eustache Ouayoro.Dans un univers institutionnel où le silence et l’écrasement servent lieu d’assurance-vie, le congolais qui s’est vu notifier une brusque suspension, avait porté plainte pour «représailles» devant le tribunal administratif de la Banque et obtenu gain de cause au terme d’une longue et intimidante procédure.Dans son délibéré datant de mai 2016, le tribunal de la Banque Mondiale a donné raison au consultant congolais tout en signalant qu’Eustache était à chaque fois au courant des plaintes que Bauman adressait à son encontre à Makhtar Diop. Au terme d’une enquête interne, de confrontations et d’audiences devant les juges, René Bauman a gagné son procés et a été indemnisé. Le tribunal n’est pas parti loin dans les affaires évoquées par Bauman faute, argue-t-il, « de preuves substantielles », selon la formule classique qui accompagne l’enterrement

des affaires embarrassantes.Mais, en dépit des procédures et de l’omerta, des questions demeurent en suspens. Pourquoi Makhtar Diop et Jan Walliser, deux anciens du FMI, ferment-ils les yeux sur le cas Eustache Ouayoro, banni de la banque puis recyclé au Congo pour revenir par la grande porte?Les changements intervenus au département «Ethics» (EBC, Ethics and Business Conduct) avec l’arrivée d’Ousmane Diagana, vice-président, et de Sylvie Dossou, adjoint d’Eustache Ouayoro au moment des faits, comme directrice, ont-ils un lien direct avec la tentative de musellement en cours depuis 2014? Notons que ce même département d’Ethics avait débouté René Bauman en janvier 2014 avant d’être désavoué deux ans plus tard par le tribunal administratif de la Banque.Avant le verdict du tribunal, le département EBC pensait avoir enterré le dossier Eustache Ouayoro en RDC, en août 2014, pour «preuves insuffisantes». C’est finalement le 30 mars 2015 que ce département a conclu à l’abus d’autorité et à une mauvaise utilisation des ressources de la banque. L’épineux dossier Eustache Ouayro a été transmis au département des Ressources Humaines.

Banque Mondiale-FMI, deux faces d’une même pièce ?Devenue une sorte de FMI bis sur le continent avec les ressources de l’Association Internationale pour le développement (IDA), l’institution reine du système de Bretton Woods a réduit le rôle des économistes chargés de l’Afrique à la connaissance des conditionnalités. La gestion de la carrière (théorie de la bureaucratie) l’emporte sur l’innovation et l’audace.Dans leurs missions éclairs en Afrique, les cadres de la Banque Mondiale sortent rarement des sentiers battus et font face à des gouvernements qui prennent leurs conseils pour de l’argent comptant… Il n’y a pas d’expertise en matière de politique de diversification économique au sein de la Banque Mondiale, au moment où les pays africains et leurs partenaires comprennent que sans diversification économique, l’Afrique continuera d’exporter ses chômeurs en Occident et d’alimenter des mouvements irrédentistes. Le cas du projet de transport multimodal en RDC est évocateur des carences et de l’opacité d’une institution gangrenée par la bureaucratie.

Adama Wade

88% des enfants africains entrent dans l’âge adulte sans pouvoir lire

Une étude de l’Unesco particulièrement révélatrice interpelle les acteurs de l’aide internationale dédiée à l’éducation. Beaucoup d’argent pour peu de résultats.

Six des 10 enfants et adolescents dans le monde ne parviennent pas à atteindre les niveaux de base de l'apprentissage, prévient un rapport des Nations Unies. L'ONU estime la situation «alarmante» et parle de «crise d'apprentissage». La majeure partie de l'aide internationale à l'éducation est consacrée au manque d'accès aux écoles, en particulier dans les pays d'Afrique subsaharienne ou dans les zones en conflit. Mais cette nouvelle recherche de l'Institut des statistiques de l'Unesco met en garde contre le manque de qualité au sein des écoles – en révélant que plus de 600 millions d'enfants en âge scolaire n'ont pas de compétences de base en mathématiques et en lecture. Cette crise se limite-t-elle aux pays en déve-loppement ? S’agit-il d’un phénomène répandu ? En Afrique subsaharienne, la recherche estime que 88% des enfants et des ado-lescents entrent dans l'âge adulte sans une compétence de base en lecture. Et en Asie centrale et australe, 81% n'atteignent pas un niveau adéquat d'alphabétisation. «Beaucoup de ces enfants ne sont pas

cachés ou isolés de leurs gouvernements et de leurs communautés - ils sont assis dans les salles de classe», a déclaré Silvia Montoya, directrice de l'Institut des statistiques de l'Unesco. Elle estime que le rapport milite pour des investissements beaucoup plus importants dans la qualité de l'éducation». Ce problème de «scola-rité sans apprentissage» a également été souligné par la Banque Mondiale dans un récent rapport.En changeant de continent et d’étape d’évolution, Dany Dorling signale dans The Guardian, dans un article de 2016 qu’«au lieu de chercher des façons d'amé-liorer le bien-être, l'éducation en Angle-terre se développe dans de nouveaux extrêmes d'élitisme. Le message secret est qu'une petite élite, composée d'individus supérieurs, devrait nous diriger.» Les examens scolaires sont de plus en plus «rigoureux»; les cours universitaires sont de plus en plus coûteux. Nous nous diri-geons vers ce que le critique académique et littéraire Terry Eagleton appellait «stations-service pour le néocapitalisme». L'enfant est le client, l'étudiant est le consommateur, l'enseignant est une dent dans la machine qui doit être évaluée en permanence, et tout le monde - enfant, étudiant, enseignant, établissement, même chaque pays - doit être classé. Sr. Ken Robinson, l’expert dans l’éduca-tion, créativité et l’innovation, tire un signal d’alarme : en Amérique, 30% des enfants qui commencent le 9ème ne terminent pas le 12 éme. On note l’ina-déquation de l’éducation, par rapport au

besoin d’un monde en changement et un marché de travail conduit par la techno-logie numérique, l’internalisation etc. ou les emplois deviennent plus souples et complexes. On cherche du personnel doté des capacités nécessaires pour gérer des informations complexes, penser de façon autonome, être créatif, utiliser les res-sources de manière intelligente et efficace, ainsi que communiquer efficacement. Elon Musk, le magnat visionnaire Sud-Africain, en tant que papa concerné, viens d’ouvrir une école pour ses 5 enfants, tout en reconnaissant l’inadéquation de l’éducation à la réalité, comme il le perçoit ; et il aura ses raisons en sachant que son succès en business est organiquement connecté à sa vision de changer le monde avec Paypal ; OpenAI ; SolarCity ; Tesla etc. Sa petite école, appelée AdAstram (« Vers les étoiles » en latin) ; n’a pas de classes, et son curriculum est conçu en concordance avec les aptitudes et capacités des enfants; et orientée vers la résolution des problèmes pratiques, et pas que sur l’étude théorique. De l’Afrique Subsaharienne aux Etas Unis, on note que ce n’est pas que la qualité de l’éducation qu’il faut revoir; mais aussi, reconsidérer les principes ; le grand défi de reconfigurer l'éducation. Sadhguru, le leader spirituel qui est en train de reformer l’éducation en Inde, avec sa fondation Isha, révèle une perspective rafraichissante : « Les enfants sont nés avec des possibilités infinies. Ils aiment apprendre; mais ils ont un problème avec l'éducation...

Par Maria Nadolu

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Le manager en question 20

Qui est Abdoulaye Elimane Dia ?Je suis sénégalais, originaire du Fouta (Nord du Sénégal). J’ai fait l’école primaire à Matam où j’ai eu mon baccalauréat. Je suis ensuite allé à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar poursuivre des cours de droit, sanctionnés par une maîtrise.Tout de suite, à la fin de mes études uni-versitaires, je me suis dit que je vais créer une entreprise, qui était, à vrai dire, un GIE (Groupement d’intérêt économique). Déjà étudiant, je taquinais les affaires et ceci dès ma deuxième année universitaire. Etant issu d’une famille modeste, on est obligé de se prendre en charge mais aussi d’appuyer ses parents. Donc, le virus de l’entreprenariat m’a très tôt piqué et, juste après ma maîtrise, j’ai monté mon entreprise avec des hauts et des bas. Après 23 ans d’entreprenariat, nous avons réussi à construire ce que nous sommes en train de faire et on rend grâce à Dieu. Aujourd’hui, je suis chef d’entreprise d’une holding spécialisée dans l’agrobusi-ness et l’immobilier.

Quelle a été la première entreprise que vous avez mise en place ? La première entreprise que j’ai mise en place s’appelait GIE Bamtaaré, (nom issu du Poular qui veut dire développement ou progrès). Evidemment, je cherchais de petits marchés, je bricolais, je participais aussi à des appels d’offres. Mon entreprise était un GIE spécialisé dans l’hydraulique et l’assai-nissement, vous voyez un peu le paradoxe. Il faut aussi dire que je me suis entouré d’une équipe de techniciens et d’ingénieurs qui m’aidaient à faire évoluer mon business. Et c’est ce GIE qui a évolué et qui a mené aujourd’hui à la création de toutes ces entre-prises. Le goût pour l’entreprenariat nous a poussé à chercher des marchés un peu partout. C’est dans ce sens que nous avons fait énormément de stations de pompage de l’Office nationale d’assainissement du Sénégal (ONAS), nous avons fait beaucoup de réseaux hydrauliques dans toutes les régions du Sénégal. Poursuivant cette lancée , nous avons mis aujourd’hui en place une entreprise de BTP, en faisant carrément de la promotion immobilière.

Quand avez –vous gagné votre premier million de Franc CFA?

J’ai gagné mon premier million pendant ma deuxième année à l’université. Etant fils d’un enseignant, mon père était directeur d’école et ce n’était pas évident. Donc, pour moi, il fallait réussir dans les études. Et pour réussir dans les études, il fallait des ressources financières. Ainsi, j’étais obligé de me surpasser pour trouver des ressources. Je prenais par exemple de petits marchés de désherbage pour les entreprises qui en avaient besoin à la fin de l’hivernage. J’enga-

geais des gens et je mettais aussi la main à la patte. C’était aussi quelques services de réparation de serrures, dans les entreprises. Ce sont des boulots comme ça qui m’ont permis de gagner de l’argent. Pour l’anecdote, à la fin de cette deuxième année à l’université, je me suis dit que je vais aller au village passer de très belles vacances avec mon million aux cotés de mes parents. Sauf qu’une fois là-bas j’ai trouvé ma mère malade et il fallait l’évacuer à Dakar pour la soigner. Et c’est ainsi que, fort heureusement, l’argent m’a été utile. C’est après ça que j’ai réellement compris que c’était utile de travailler parallèlement aux études.

Pourquoi avez-vous, tout au début, choisi de vous activer dans la filière de la noix de cajou ?Nous sommes un groupe qui intervient aussi bien dans l’agrobusiness que dans l’im-mobilier. Je me suis beaucoup investi dans la filière de la noix de cajou en Guinée Bissau et en Casamance (sud du Sénégal) et cela pendant plus d’une dizaine d’années. C’est un secteur d’activité que j’ai beaucoup aimé et j’aime encore aujourd’hui. La noix de cajou est un produit très recherché de par le monde et nous avons exporté des quantités extrêmement importantes et on rend grâce à Dieu car cela a été très déterminant dans le cadre de notre business.Aujourd’hui, je suis toujours dans le secteur mais pas autant qu’avant. Nous développons un projet qui nous permettra de passer à une autre étape, c’est-à-dire à la transfor-mation. Nous estimons qu’aujourd’hui, exporter des produits bruts n’a pas réelle-ment de plus-value. Donc nous sommes sur un projet d’implantation d’une usine de transformation de noix de cajou. En attendant cette seconde étape nécessaire, nous avons mis une petite parenthèse sur ce marché devenu du reste compliqué.

Trouvez-vous l’environnent économique du Sénégal propice à l’entreprenariat privé?Vous savez , rien n’est facile, il faut seule-ment y croire et se battre. Il y a énormé-ment de goulots d’étranglement pour les personnes qui veulent entreprendre. C’est d’autant plus vrai si vous partez de rien et que, souvent, les soutiens ne sont pas là. A mon avis, il n’y a pas une véritable politique d’accompagnement des entreprises qui dé-marrent au Sénégal. Evidemment, l’Etat fait des efforts dans les abattements fiscaux par exemple. Mais pour qu’une entreprise puisse aller de l’avant, il faut un accompagnement financier. Une entreprise sans trésorerie, sans fondement c’est extrêmement difficile. On se rend compte aujourd’hui que le sys-tème bancaire accompagne difficilement ou accompagne mal les entreprises. Je pense que c’est là un goulot d’étrangle-ment qu’il faut revoir. Les idées sont là, chaque jour nous rencontrons des porteurs de projets intéressants pour le développe-ment de notre pays. Alors j’estime que nos gouvernants doivent avoir une politique beaucoup plus volontariste pour aider ces milliers d’entrepreneurs sénégalais qui ne cherchent qu’à être accompagnés pour rele-ver leur challenge.

Selon vous, comment arriver à un secteur privé plus épanoui ?

La solution résiderait à deux niveaux. Pour l’entrepreneur d’abord, il faut qu’il apprenne les règles de gestion. Je pense que c’est très important de s’entourer de professionnels dans la gestion et dans la prévision. Souvent on a tendance à confondre chiffre d’affaires et profit. Cette mauvaise gestion, elle est là, c’est clair, c’est inhérent. S’entourer de tous ces prérequis, c’est au niveau individuel.Au niveau étatique, il faut une volonté politique pour mettre en place des instru-ments d’accompagnements. Vous savez ce que le Sénégal est entrain de faire avec le FONSIS (Fonds souverain d'investisse-ment stratégiques), le FONGIP (Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires), la BNDE (Banque Nationale de Développe-ment Economique), seulement il faut doter ces institutions de ressources extrêmement importantes. Parce que, vous le savez, pour qu’une entreprise se développe, il lui faut des ressources sur le long terme. Sans cela, les entreprises sont asphyxiées, les taux d’intérêts qui sont aujourd’hui énormes ne permettent pas le développement de ces dernières. Donc, derrière, il faut cette volonté politique pour accompagner dura-blement les entreprises, parce qu’un projet de société, pour le concrétiser, il faut miser sur le long terme. Je pense qu’à ce niveau il faut revoir les choses, car ces projets peuvent apporter une importante plus-value à l’économie sénégalaise.

Les banques accompagnent-elles suffisam-ment les startups naissantes ?

Il ne faut pas se voiler la face, les banques n’accompagnent pas les projets au démar-rage. Celles qui le font exigent énormément de garanties, à la limite des sur-garanties. Aussi, les accompagnements, souvent à court-terme, ne favorisent pas la consolida-tion de nos entreprises. Alors, à ce niveau, il faut changer de méthodes d’orientations. Les banques doivent pouvoir accompagner un projet jusqu’à la concrétisation. Il faut donc des rapports beaucoup plus structu-rés et permanents entre l’entrepreneur et la banque, pour que cette dernière puisse comprendre les problèmes de l’entrepreneur et l’accompagner. Même dans les moments difficiles, la banque doit pouvoir accompa-gner l’entrepreneur, il suffit d’un geste pour pouvoir assurer la pérennité de l’activité. Saut qu’aujourd’hui, ce qu’on remarque c’est que les banques accordent des crédits à court terme. Au premier retard de paie-ment, c’est le contentieux, la saisie. Celà ne permet pas le développement d’un pays. Il faut donc se mettre à la place de l’entrepre-

neur, le comprendre, l’écouter et essayer de trouver des solutions. C’est ce qui se passe un peu partout dans le monde. Les rapports ne doivent pas être seulement entre banque et client, mais ces rapports doivent être pro-fonds. Il faut que l’Etat puisse encadrer ces rapports et créer les conditions d’accompa-gnement des entreprises qui ne cherchent qu’à être soutenues. Etes-vous présent dans la sous-région ?Forcément, quand on est dans l’agrobusiness on est un peu partout. En dehors du Séné-gal, nous sommes dans la sous-région dans le cadre de nos activités d’agrobusiness mais aussi de trading. Dans les prochains mois, vous verrez concrètement les actes que nous sommes entrain de poser pour mieux nous étendre dans la sous-région et profiter un peu de l’espace Uemoa. Nous sommes sur ces projets là et ils devraient bientôt aboutir.

Abdoulaye Elimane Dia, milliardaire et philanthrope. La richesse a du bon ? La richesse n’est pas le plus important. Tout se passe dans la tête. Pour moi la richesse ce sont les ambitions que l’on nourrit pour le développement de l’Afrique et de notre pays. Je ne résonne pas en terme financier, mais en terme d’ambitions, de volonté, mais aussi de création d’emplois et c’est ça la fierté.

Quelle serait la solution miracle pour arri-ver à avoir des entreprises championnes ?

Pour porter des entreprises, il faut des cadres assez outillés, compétents et motivés. C’est un gros point pour nos entreprises car souvent les cadres ne donnent pas assez d’eux même pour pousser les choses. Il faut ainsi de l’expertise à un certain niveau de l’entreprise. Et cela, j’en appelle aux cadres africains très compétents à venir dévelop-per nos pays et maîtriser notre économie pour prendre notre destin en main. Nous devons nous même faire l’Afrique, le Séné-gal en particulier. Aujourd’hui, quand vous regardez tous les secteurs d’activités il y a principalement des entreprises étrangères, même dans l’agrobusiness, aussi dans le secteur bancaire. Ce qui a mon avis n’est pas normal, il devrait y avoir une préférence na-tionale. Donc il faut qu’on ait des entreprises championnes pour pouvoir développer le Sénégal. Il faut donc développer le secteur privé national, c’est fondamental. A mon avis, le chef de l’Etat est en train de prendre d’importantes mesures allant dans ce sens, ce qui ménera le Sénégal à l’émergence.

Abdoulaye Elimane Dia

«Entreprendre c’est y croire et se battre »

Propos recueillis par Amadjiguène Ndoye

Abdoulaye Elimane Dia

Ablaye Élimane DiaOriginaire du Fouta Toro (Séné-gal), Ablaye Élimane Dia s’est lancé dans l’entrepreunariat dés sa maîtrise à l’université. Plus de 20 ans plus tard, son holding qui prospère sur l’Agrobusiness et l’im-mobilier fait partie des symboles du renouveau d’un pays sur la voie du développement. Entretien :

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Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

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Chronique 21

S’UNIR ET S’ORGANISER POUR MIEUX LUTTER

Dans une civilisation dont les assises matérielles sont constituées par l’uti-lisation de techniques constamment renouvelées à chacune des étapes du cycle de l’activité économique, les professions et les professionnels doivent être associés de façon efficace à la vie politique et administrative de la nation. Sans une telle association, il n’existe pas de véritable démocratie économique et les conditions d’une expansion harmonieuse de l’économie ne sont pas réunies.Or, en matière de concurrence dé-loyale, le problème de la représentation professionnelle - d’une représenta-tion qui tienne compte à la fois des branches d’activités, de leur implan-tation territoriale et des catégories sociales qui participent aux activités productrices - est difficile à résoudre. De même, l’adhésion à une cause com-mune comme la lutte contre le com-merce illicite, et tout particulièrement la contrebande et les contrefaçons, ne fait pas toujours l’unanimité. Et même si tous les adhérents d’une même fédé-ration professionnelle affichent leur détermination contre ces fléaux, dans les faits l’omerta règne en maître et l’ac-tion citoyenne disparaît au profit d’un individualisme exacerbé. Pourtant, ne dit-on pas que l’union fait la force !La lutte contre la concurrence déloyale est abordée - quand elle l’est - sur le continent africain comme européen par fragments et avec l’esprit centra-lisateur qui marque tous les aspects de la vie collective de nombreux pays. Pour saisir les données de ce problème si complexe d’une union trop souvent absente, il faudrait examiner les types d’institutions et leurs assises territo-riales et professionnelles par filière, ce que nous ne pouvons faire dans l’espace contraint d’une chronique. C’est donc par deux exemples que nous en dresserons les grandes lignes afin qu’émerge, en l’absence de l’Etat providence, une conscience interpro-fessionnelle.La Fédération française du bâtiment (FFB) rassemble près de 55 . 000 entreprises. Forte de son poids éco-nomique sur le territoire national, ce syndicat patronal a tous les moyens à sa disposition pour représenter et protéger les intérêts de ses adhérents. Bien encadrée et bien organisée, elle joue auprès des pouvoirs publics un rôle considérable dans l’orientation de la politique économique de la construction. Ce syndicat vertical de branches constitue des subdivi-sions territoriales puissantes dans les régions. Il a ainsi compris l’utilité économique d’une assise régionale. Or,

en matière de lutte contre le commerce illicite de matériaux et équipements de la construction non-conformes et parfois contrefaisants (une réalité européenne), la solidité de sa position et le jeu de son influence ne suffisent pas à sensibiliser les professionnels. Ce pouvoir interprofessionnel fait face à une faiblesse récurrente : la psycho-logie de l’entrepreneur, moins enclin à s’associer sur une base interprofes-sionnelle, avec des collègues dont il redoute avant tout que leurs intérêts soient opposés aux siens. En 2014, la FFB lance, par l’intermédiaire de son observatoire dédié à la lutte contre le commerce illicite (OCCIME), une vaste enquête sur la réalité du marché frauduleux des matériaux et équipe-ments de la construction, un facteur aggravant de la concurrence déloyale. Le constat quant aux violations des règles en matière de conformité tech-nique et sécuritaire soulève la question d’éventuels dysfonctionnements du marché des fournitures de la construc-tion en Europe, et plus particulière-ment en France. Parmi les secteurs concernés, trois majeurs figurent en tête des métiers les plus sinistrés. Ils en ont été avertis par l’intermédiaire de leur représentation horizontale et territoriale. La réaction a été faible, voire inexistante, démontrant que l’influence d’une représentation ver-ticale et politique comme la FFB ne suffit pas à mobiliser l’ensemble des forces vives lorsqu’une profession tend à minimiser les menaces, voire à entre-tenir l’omerta. Au vu de cette réalité, il est clair que tous les dispositifs de prévention et de surveillance doivent être reconsidérées par l’ensemble de la filière (autorités réglementaires, maîtrise d’œuvre, maîtrise d’ouvrage, fournisseurs, entrepreneurs, assureurs, experts et autorités de contrôle) dans le cadre d’une approche collégiale. Pour atteindre ces objectifs, un véri-table dialogue national est nécessaire, afin que la parole se libère et qu’une conscience collective se construise. La représentation verticale doit ainsi laisser la place à une représentation horizontale et territoriale pour que l’expression démocratique de tout un chacun puisse permettre l’adhésion à une cause nationale contre les marchés parallèles et à une lutte la plus efficace possible face aux dangers de la concur-rence déloyale.Dans un registre un peu différent puisqu’élargi, la CONECT vient de créer à Tunis le CANTIM, un observa-toire contre le commerce illicite simi-laire à celui de la FFB. CONECT est une organisation syndicale patronale

qui rassemble les petites, moyennes et grandes entreprises privées et pu-bliques, locales et étrangères de toutes les régions du pays exerçant dans les différents secteurs de l’économie tuni-sienne. Le Centre d’action nationale pour la lutte contre les trafics illicites des marchandises (CANTIM) est une task-force dédiée à la lutte contre une concurrence déloyale entretenue durablement par la contrebande natio-nale et transnationale. Il apporte tout le soutien nécessaire aux adhérents de la CONECT dans les démarches indispensables de partenariat public/privé pour mener ce combat. Il assure également la défense de leurs inté-rêts professionnels, économiques et sociaux face à ce fléau ainsi que la coordination nécessaire pour perfor-mer les actions de lutte anti-trafics illicites. A l’écoute des préoccupations de ses adhérents, il propose toutes les solutions techniques, réglementaires, juridiques nécessaires à l’obtention de résultats concrets, et ce avec toute la réactivité attendue. Cette initiative qui s’attache à suivre les recommandations du Livre blanc des douanes du 18 juin 2014 est le premier modèle africain qui tout ensemble définit les moyens de la pleine participation des entreprises tunisiennes dans la lutte contre la concurrence déloyale, et propose une approche pragmatique et volontariste de l’engagement des entrepreneurs citoyens dans la construction d’une Tunisie plus forte, au moment où celle-ci semble douter. Ainsi, à l’instar de la FFB ou de la CONECT, la lutte contre le commerce illicite et la concurrence déloyale qui en découle est un tout. L’interdépen-dance des grands secteurs (agriculture, industrie, distribution), la solidarité des intérêts des diverses catégories sociales qui participent à l’activité économique (patrons, cadres, ouvriers, artisans, exploitants agricoles) sont indiscutables. Il est aussi reconnu que le besoin de dialogue national, mais aussi régional, peut être contagieux si tant est que l’on se donne la peine de le provoquer. Or, le plus souvent, l’orga-nisation et la représentation profes-sionnelles ne tiennent pas compte de ces données économiques et sociétales élémentaires.Les réformes susceptibles de favoriser le refus d’un commerce déloyal de fait, condition d’une expansion nationale harmonieuse, doivent être conçues de façon à assurer une représentation complète des forces économiques en présence et la confrontation régulière des divers mandataires de ces forces dans un cadre territorial approprié.

En Afrique, afin de couper court à cette hémorragie du commerce déloyal qui freine l’économie des pays et dis-suade tout développement ambitieux, chaque région devrait instituer une task force régionale dédiée, assemblée consultative comprenant des repré-sentants qualifiés des secteurs privés (industrie, distribution, agriculture, ar-tisanat, salariés) et des secteurs natio-nalisés. Les candidats à ces fonctions seraient, dans toute la mesure du pos-sible, présentés par les syndicats pro-fessionnels. Le Conseil se diviserait en sections correspondant aux branches d’activité économiques ou aux diverses catégories socio-professionnelles pour l’étude des problèmes particuliers à ces branches ou à ces catégories; il siégerait toutes sections réunies pour l’étude des programmes de prévention comportant l’élaboration de services et actions d’intérêt collectif. Enfin la gestion de ces derniers serait séparée de la fonction de représentation et confiée à des organismes publics, pri-vés ou d’économie mixte spécialement constitués à cet effet et comprenant dans leurs conseils d’administration les représentants des branches d’activités et des catégories socio-professionnelles intéressées.Cette structure professionnelle hori-zontale ne ferait pas disparaître la structure verticale des grandes fédé-rations professionnelles qui demeure nécessaire. Mais elle rétablirait, dans la plupart des pays centralisés à l’excès, les tensions nécessaires entre les forces centripètes, aujourd’hui pré-pondérantes, et les forces centrifuges. L’organisation de relations horizontales solides et efficaces, pourvues d’une assise territoriale suffisamment large, équilibrerait les relations verticales actuellement trop exclusives.Il va sans dire qu’une telle concep-tion de la représentation et de l’action professionnelles dans la lutte contre le commerce illicite suppose une nou-velle conception de l’administration. La réforme de la profession, comme celle de l’administration, consiste à déléguer et à relier, et non pas à cen-traliser et à sectionner. Qui serait prêt à tenter l’expérience ?

Par pierre Delval

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DÉVELOPPEMENT DURABLE 22

Plateforme Panafricaine sur le Développement Durable et

l’Environnement

Production et Diffusion d’actualitésInterviews, Reportages, DossiersPublireportages & Publicités

Conseil :Stratégie de développement durableRédaction de rapport RSEFormation

Notre Equipe :Fondateur / Directeur de Publication:Mahamadou BALDERédacteur en Chef : Bacary SEYDIJournalistes : Ismaïla MANSALY, Moctar FICOU, Ndéye Fatou NDIAYE, Saër SYExperte QHSE : Marie DIOUF

Coordinateur du Supplément : Chérif BALDEStagiaire : Mohamed El Amine DIOPAdresse: 308 Zone de Captage –Grand Yoff, Dakar – SénégalTéléphone: +221 774 123 118 ou+221 704 699 569Mail: [email protected] site web: www.vivafrik.com

Changements climatiques : RESO climat Mali finance 15 projets

La Côte d’Ivoire s’érige contre le swollen shoot à Bouaflé

focus

Agriculture

Suite à la visite de la délégation officielle de Sierra Léone, du 18 au 22 décembre 2017, c’est au tour du Président du Global Ecovillage Network/Mauritanie, l’honorable Député Moctar Sow, de venir à la rencontre des acteurs des écovillages du Sénégal affiliés au REDES (Réseau pour l’Emergence et le Développement des Ecovillages au Sahel) et à l’ONG SOS Environnement. Au cours de ce séjour d’une semaine, fortement empreint de fraternité et de cordialité, le Président de GEN Mauritanie et les responsables des écovillages du REDES, ont eu des échanges fructueux sur leurs expériences respectives sur le développement communautaire et explorer des possibilités de renforcer la coopération entre communautés écovillageoises de part et d’autre du fleuve Sénégal. Etant conscients que les problèmes environnementaux ignorent les frontières nationales et que, faute de ressources suffisantes, les Etats ne peuvent à eux seuls relever les multiples défis engendrés par l’effondrement des écosystèmes, les responsables des écovillages des pays se sont engagés à fédérer leurs efforts en vue de lutter plus efficacement contre les effets socio-économiques néfastes nés de la désertification et des changements climatiques.

Renforcement de la coopération entre la Mauritanie et le Sénégal par les Eco-Villages

Une étude rendue publique par la revue Science of the Total Environment, le 1er janvier 2018, a indiqué que la production de banane plantain au Cameroun a baissé de 43 % entre 1991 et 2011. Si l’on se fie aux auteurs de cette étude, l’Afrique centrale dont le Cameroun regorge peu d’études sur les impacts sociaux du changement climatique. Se servant des données gouvernementales dans les secteurs agricole et éducatif, ces chercheurs ont réussi à lier l’impact de l’augmentation des changements de température à la production de banane plantain et à l’éducation. « Il y avait aussi une relation statistique significative entre la diminution de la scolarisation et la baisse de la productivité du bananier plantain », déclare Trevon Fuller, chercheur principal et professeur assistant adjoint à l’Université de Californie à Los Angeles aux États-Unis.

Climat

Dans le cadre de son Programme d’Initiatives Locales d’Adaptation Durable aux effets des Changements Climatiques des communautés rurales vulnérables au Mali (PIL-ADCC), Reso Climat Mali a procédé à la signature d’une convention de financement des projets de 15 ONGS retenues grâce à l’appui de la Suède.Abdoulaye Berthé, SG du ministère de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement Durable a présidé l’événement en présence du représentant de l’Ambassadrice de la Suède, Desiré Ballo ainsi que du président du Reso Climat Mali, Ibrahim Togola. Le montant total engagé pour le financement de ces projets est de 813 millions de FCFA.

Le changement climatique néfaste à la production de plantain au Cameroun

Les autorités ivoiriennes sont déterminées à en finir avec la maladie du swollen shoot. Ainsi, le directeur général du Conseil du café-cacao, Brahima Yves Koné, a officiellement lancé le Programme d’intensification de l’arrachage des vergers infectés par la maladie, le 22 janvier 2018 à Okoukoffikro, localité située à 22 Km de Bouaflé.Selon le directeur général, « l’un des défis majeurs de la cacaoculture, auquel nous devons aussi faire face ensemble, c’est la maladie virale et mortelle du cacaoyer, appelée le Swollen Shoot». Le programme vise la destruction totale de 100.000 hectares de plantations infectées par le swollen shoot sur une durée de trois ans. Pour la mise en œuvre et la réussite de cet important Programme d’intensification de l’arrachage des vergers infectés par la maladie du swollen shoot, le directeur général du Conseil du Café-Cacao a lancé un appel à la solidarité et à l’implication de tous les acteurs directs et indirects de la filière cacao.

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DÉVELOPPEMENT DURABLE 23

Energies Renouvelables

Vers plus de projets verts inclusifs en Afrique

« L’agriculture est l’avenir de la Tunisie », dixit Abdelmajid Zar

Autosuffisance énergétique : le Maroc

vise 1 500 MW par an80% des financements de la BAD

consacrés à l’énergie

La Banque européenne d’investissement (Bei) va contribuer à hauteur de 155 millions €, sous forme de prêt accordé à Akiira Geothermal Ltd, pour la construction de la centrale géothermique d’Akiira. La centrale qui sera construite dans l’Akiira Valley, sis dans la région de Naivasha par Akiira Geothermal Ltd, et possédée en partie par Centum Investments, sera de 70 mégawatts (Mw). « Le prêt est soumis aux modalités commerciales habituelles mais aura un taux d’intérêts inférieur à 10% qui sera fixé après évaluation des risques.» a clarifié Catherine Collin, chef de la Bei pour la région de l’Afrique de l’Est. La centrale est estimée à 310 millions €.

Adaptation

L es coûts d’adaptation en Afrique se situent entre 20 et 30 Mds $ par an pour les dix prochaines années et les coûts suscités par l’atténuation atteignent 12 Mds $ (BAD, 2012). Sur les treize projets africains éligibles, 46,15% seulement ont obtenu des financements. Après la Cop 22, l’Afrique du Sud a bénéficié d’un programme de 2,44 millions $ pour financer quatre projets approuvés par le programme de micro financement, intégrant l’amélioration de la collecte des eaux et l’installation de techniques d’économie d’eau, par l’introduction de toilettes sèches, et l’utilisation des terres ainsi que des ressources en eau par une coopérative dans le nord de Cape Town. La Cop 23 a permis à deux autres pays africains d’obtenir le financement de leur projet pour 168 millions $ dont seulement 190 000 $, contre trois en Asie-Pacifique et trois en Amérique latine et dans les Caraïbes.

Energies Renouvelables

La directrice Afrique de l’Ouest de EnergyNet Limited, société organisatrice du sommet sous-régional sur la production et la distribution de l’énergie en Afrique occidentale, Valaria Aruffo, a expliqué que la Côte d’Ivoire a abrité, pour la deuxième fois consécutive, le Sommet régional de coopération sur l’énergie (Recs). Selon elle, le choix de la Côte d’Ivoire n’est pas fortuit et s’explique par le fait que ce pays d’Afrique de l’Ouest est propice à l’investissement. La cérémonie organisée du 24 au 25 janvier 2018 à Sofitel Abidjan hôtel Ivoire a enregistré la présence des États membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). « La Côte d’Ivoire est une porte d’entrée pour les sociétés internationales qui veulent investir dans la sous-région », a laissé entendre Valaria Aruffo. Qui souligne que le dessein « de ce Sommet est de favoriser la coopération régionale en matière d’énergie dans la Cedeao ».

La 2ème édition du RECS tenue en

Côte d’Ivoire

La BEI finance la construction de la

centrale géothermique d’Akiira au Kenya

« L’agriculture est l’avenir de la Tunisie et la solution adéquate pour résoudre les problèmes sociaux et économiques du pays », a expliqué Abdelmajid Zar, président de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (Utap). Prenant part au congrès de l’Union régionale de l’agriculture et de la pêche de Gabès le 25 janvier 2018, M. Zar a estimé que la Tunisie a enregistré un excédent de production dans plusieurs produits agricoles. Précisant que ce pays d’Afrique du Nord est capable de garantir sa sécurité alimentaire en cas de prise de décisions fortes qui peuvent résoudre un nombre de problématiques du secteur dont notamment la question de l’eau. A l’en croire, la Tunisie ambitionne relancer le secteur en multipliant des projets agricole très ambitieux. C’est

dans cette logique que le ministre de l’Agriculture, Samir Taieb avait annoncé en novembre 2017 que 15 mégaprojets d’une valeur de 1,686 milliard de dinars ont été lancés. Moctar FICOU / VivAfrik

Le royaume chérifien doit produire pas moins de 1. 500 mégawatts (Mw) d’énergies renouvelables par an s’il veut atteindre ses objectifs de production de 42% de son énergie à partir du renouvelable d’ici à 2020. « Nous aurons à développer entre 500 et 700 Mw de solaire et une capacité équivalente d’éolien.», a déclaré Obaid Amrane, membre de l’Agence marocaine de l’énergie durable (Masen). Selon The National, les énergies renouvelables représentent environ 32% du mix énergétique marocain. L’Agence marocaine de l’énergie compte investir environ 30 milliards $ dans ses différents projets d’énergies renouvelables afin de booster la production des énergies vertes.

«La Banque africaine de développement (Bad) consacre 80% des financements qu’elle destine au secteur de l’énergie, soit 1 milliard d’euros, pour le développement des seules énergies renouvelables », a souligné Moussa Dosso, membre du conseil d’administration de la Banque africaine de développement lors d’une visite à la centrale solaire Noor Ouarzazate le samedi 27 janvier 2018. Rappelons que le Conseil d’administration de l’institution financière africaine a approuvé dernièrement 265 millions de dollars pour financer la première phase du projet de complexe solaire Noor Midelt. Selon l’administrateur de la BAD, la vision du Roi Mohammed VI, qui a mis les énergies renouvelables en avant dans le modèle énergétique marocain, est salvatrice, étant à l’origine du fait que le complexe solaire Noor Ouarzazate soit l’un des projets « les plus avant-gardistes en matière d’énergies renouvelables ».

La Fondation Bill et Melinda Gates octroiera un don de 23 milliards FCFA (46 millions $) au Burkina Faso via son Plan national de développement économique et social (Pndes), selon un communiqué de la présidence burkinabé. Cet investissement permettra au Burkina Faso de financer plusieurs projets dans le domaine de la nutrition et du planning familial afin d’impulser l’inclusion économique de la gent féminine. « Nous avons essayé de voir les investissements du gouvernement, en matière de contraception. Nous avons également discuté de la nutrition. Il est important d’améliorer la nutrition à tous les niveaux. Nous avons aussi parlé de l’agriculture, de l’eau et de l’assainissement.», a expliqué, à cet effet, Melinda Gates. Moctar FICOU / VivAfrik

La Fondation Bill et Melinda Gates finance la nutrition au Burkina Faso

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DU 15 FÉVRIER AU 14 MARS 2018

éDITO

DES SYNERGIES GAGNANTES

CETTE fois, vraiment, on est réellement plus optimiste. C’est que l’engagement de

la France à accompagner positive-ment la Tunisie dans sa transition économique semble beaucoup plus profond. Sincère surtout. Et le Président français, lors de sa visite en Tunisie, l’a bien signifié. «Le modèle tunisien ne doit pas échouer», a-t-il affirmé. C’est que, pour lui, notre pays assume une immense res-ponsabilité, et tout échec aurait des conséquences très graves aussi bien pour le monde arabe que pour tout le pourtour de la Méditerranée. Et c’est d’ailleurs cette même responsabilité qui impose à la France de trouver les bonnes parades politiques et les bons moyens financiers pour que la Tunisie réussisse parfaitement cette transition économique. Certes, avec 1.300 entreprises installées en Tunisie et plus de 138.000 postes d’emploi générés, la France se po-sitionne toujours comme étant le premier partenaire économique de la Tunisie, mais face aux nouvelles exigences de l’étape post-révolution, notre partenaire historique devrait miser désormais sur les plus-values économiques. Et c’est peut-être bien à travers la création de nouvelles «synergies gagnantes» qu’on pourrait prétendre remporter un tel enjeu. Mais ce n’est pas tout. Cette plus-value économique suppose aussi d’élar-gir rapidement la part de la Tunisie dans les nouvelles transformations digitales et de gouvernance. Cela suppose également une meilleure implication de la jeunesse, notam-ment les diplômés du supérieur, dans le paysage entrepreneurial. La mobilisation, sur trois ans, d’un fonds de 50 millions d’euros destiné exclusivement aux jeunes entrepre-neurs créant de l’emploi s’inscrit parfaitement dans cette nouvelle logique de création de richesses. Et cette nouvelle structure financière prend encore toute son importance lorsqu’on sait qu’un tiers des jeunes diplômés est toujours sans emploi. Ce qui fait que, désormais, il est tout à fait permis à ces jeunes d’espérer mieux, pour peu, bien entendu, qu’on passe directement à l’acte… L’issue de la conférence internationale de l’investissement, Tunis 2020, est toujours amère.

PAR ANIS SOUADI

S ELON G. Boulila, la mise en place de partenariats win-win entre la Tunisie et les pays africains se réalisera par l’implantation directe des entreprises privées,

des banques et des assurances dans l’objectif de produire localement des biens et des services destinés à satisfaire les demandes intérieures et d’attirer des étudiants et des patients et, dans le même temps, les éco-nomies africaines pourront tirer profit de l’expérience tunisienne grâce aux transferts du savoir dans ces domaines.«Dans cette perspective, la Tunisie n’au-rait-elle pas intérêt à signer des traités de libre-échange avec certains pays africains ? Ces traités ne devraient-ils pas être com-plémentaires de celui signé avec l’Union européenne ? Cette démarche ne finira-t-elle pas par donner un tremplin au partenariat triangulaire Europe-Tunisie-Afrique ?», poursuit-il.C’est à partir de là que le chercheur entame son approche nouvelle tirée d’une consta-tation basée sur des recherches menées par l’Organisation des Nations unies. «L’ONU publie tous les deux ans un rapport intitulé World Population Prospects décrivant l’évolution de la population mondiale à l’horizon 2050 et 2100. Le dernier rapport, en date du 21 juin 2017, montre que la population mondiale emprunte un rythme décroissant et que l’un des changements les plus importants à venir est le redoutable accroissement de la population du conti-nent africain qui pourrait doubler d’ici à quarante ans, passant de 1,256 milliard d’habitants en 2010 (17% de la population mondiale) aux alentours de 2,5 milliards en 2050, alors que l’Europe vieillit. Cette dernière connaîtra le taux de fécondité le plus faible, soit 1,6 enfants par femme, qui est inférieur au taux de 2,2 qui maintient le total de la population constant. La Tunisie, qui affichera une légère augmentation de sa population, se trouvera donc entre une Europe qui vieillit et une Afrique jeune en

pleine croissance. Comment profiter de cette évolution démographique antino-mique ? Est-ce que cette évolution est une opportunité ou un défi pour la Tunisie ? Et, surtout, les décideurs tunisiens ont-ils développé une stratégie économique ad hoc pour bénéficier de cette évolution ?».

NIGERIA, CONGO, ETHIOPIE, TANZANIE, OUGANDAM. Boulila recommande aux décideurs tunisiens d’accorder toute leur attention aux nouvelles projections de la popula-tion mondiale où plus de la moitié de la croissance de la population mondiale sera condensée dans seulement neuf pays : cinq pays africains (Nigeria, République Démo-cratique du Congo, Ethiopie, Tanzanie et Ouganda), trois pays asiatiques (Indonésie, Inde et Pakistan) et les Etats-Unis.Notre interlocuteur met les faits suivants au premier rang de cet effort d’attention :- l’espérance de vie continuera à évoluer positivement en Afrique, passant de 62,4 ans à 70,9 ans ;- les pays africains disposent de la popu-lation la plus jeune. Le Niger est le pays le plus jeune où la proportion des moins de 15 ans dans sa population est de 50%, et elle est de 49% au Burkina Faso, 48% au Mali, Ouganda et Tchad, 47% en Angola et Somalie et 46% en RD du Congo et en GambiePendant ce temps, insiste le Pr Boulila, l’Europe restera le continent le plus vieux où la proportion des 65 ans ou plus dans la population sera de 22% en Italie, 21 en Allemagne, 19 en Espagne et en France, 18 au Pays-Bas et 16 en Pologne. LA TUNISIE DISPOSE D’UN AVANTAGE COMPÉTITIF«La concentration de la population jeune dans les pays africains et vieille en Europe est une opportunité que la Tunisie devra saisir. Notre position géographique se situant entre les deux continents est un

atout majeur. La Tunisie a la capacité de se positionner comme un hub, ou comme une porte d’entrée vers l’Afrique en attirant des entreprises européennes dont la pro-duction sera destinée au marché africain en vertu de l’accord de libre-échange avec l’Europe», assure le Pr Boulila. Pour lui, la majorité des jeunes dans la population des pays africains les plus pauvres rendra la tâche de leurs gouvernements plus difficile pour éradiquer la pauvreté et l’inégalité, combattre les maladies, augmenter le rendement de l’éducation, promouvoir le système de santé et développer les in-frastructures. «Et c’est là que la Tunisie, qui dispose d’un avantage compétitif dans ces secteurs, pourrait attirer plus d’étudiants et de patients et même monter des projets d’investissement dans ces pays. En effet, l’exode rural, l’augmentation du revenu moyen et l’émergence d’une classe moyenne devront permettre aux métropoles africaines de consolider les marchés domestiques par l’accroissement de la demande intérieure, ce qui permettra à la Tunisie de tirer profit des gains des échanges de biens et services et même d’encourager les entrepreneurs à investir dans ces pays», poursuit-il.Il rappelle que la Tunisie dispose également d’autres atouts dans de nombreux secteurs et segments de services à forte valeur ajoutée, comme l’ingénierie, le conseil et l’architecture, qui lui permettraient d’ac-caparer une part non négligeable de ces marchés, là où le développement de ces échanges se base avant tout sur un secteur du transport aérien et maritime performant et une stratégie de marketing appropriée.

MIGRATION ET COORDINATIONLe Pr Boulila avertit sur les «effets secon-daires» que pourrait receler cette conception : «En dépit de ces opportunités à saisir, la Tunisie pourrait être touchée par des effets collatéraux négatifs à éviter. Le mouvement migratoire entre l’Afrique et

GHAZI BOULILA, PROFESSEUREN SCIENCES ÉCONOMIQUES

UNE STRATÉGIE POUR LE PARTENARIAT TRIANGULAIRE EUROPE-TUNISIE-AFRIQUE

«Quelle est notre stratégie face à une Europe qui vieillit et une Afrique qui croît ? La Tunisie, pour tirer bénéfice des immenses gisements d’opportunités que recèlent les deux continents, doit apporter des réponses à la question: comment profiter de cette évolution démographique ?», s’interroge Ghazi Boulila, professeur en sciences économiques, chercheur et expert en développement.

Par Sarrah O. BAKRY

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DU 15 FÉVRIER AU 14 MARS 2018

POURQUOI PAS ? LOW COST HAUT DE GAMME

l’Europe augmentera durant les prochaines décennies et un nombre de plus en plus important de jeunes Africains va se dépla-cer en Afrique du Nord et notamment en Tunisie pour rejoindre clandestinement l’Europe. La gestion de cette migration clandestine nécessite une coordination entre l’Afrique subsaharienne, l’Afrique du Nord et l’Europe. En outre, un nombre de jeunes chômeurs africains de plus en plus élevé pourrait s’engager dans les groupes terroristes (al-Shebab somalien, Boko Haram nigérien et autres) déstabilisant toute la région. En l’absence de crois-sance économique élevée et d’une bonne gouvernance, ces jeunes se retrouveront

en proie à l’instabilité et aux conflits qui pourront toucher notre pays».Le chercheur estime, d’autre part, que le

vieillissement de la population européenne pourrait être aussi une opportunité, dans la mesure où la Tunisie devra proposer des

services adaptés aux touristes seniors au moment où ce type de tourisme a forte-ment progressé ces dernières années sous l’effet du vieillissement de cette population et d’une espérance de vie de plus en plus longue. «Selon les études, ces touristes préfèrent en général la basse saison à partir de septembre et ils dépensent plus qu’un touriste moyen, tout en étant plus attirés par le tourisme culturel. Parallèlement, les seniors âgés, plus de 75 ans demandent des produits adaptés à leur condition physique, c’est-à-dire moins de marche et d’escaliers, des services plus personnalisés par des professionnels qui inspirent confiance», conclut-il.

QUI EST LE PR GHAZI BOULILA ?Professeur en Sciences économiques à l’Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales de Tunis, le Pr Boulila est également ad-ministrateur à la Société Tunisienne de Banque (STB), directeur de l’Unité de recherche Développement financier et Innovation (Defi), membre du bureau de l’Association des économistes tunisiens (Asectu), membre de l’Association des anciens de l’Institut de défense nationale (Aaidn) et président de l’Association pour la réflexion sur le développement écono-mique et social (Ardes).

La qualité ne se conjugue pas toujours avec le luxe ostentatoire

Par Wahid IBRAHIM

EN matière de tourisme, il est possible d’adopter les straté-gies les plus ambitieuses en termes d’amélioration de la qualité tout en gardant les

pieds sur terre et sans que cela ne bou-leverse foncièrement l’ordre traditionnel des choses.Une offre de luxe n’est crédible que si elle bénéficie d’abord et avant tout d’un environnement général de luxe. Or, la destination Tunisie, depuis le début de son aventure touristique, ne s’est jamais positionnée dans le haut de gamme…Et cela pour plusieurs raisons : environne-ment général peu propice, manque de traditions et d’expériences profession-nelles, production hôtelière de masse, packaging TO de masse, bradage, com-pétitivité par le prix, mauvaise gestion et pratiques déloyales, etc. La conjugaison de tous ces facteurs et d’autres encore, qu’on n’ose pas révéler, explique l’état délabré des lieux.Même les rares hirondelles ou exceptions à cette situation n’atteignent pas une masse critique suffisante pour faire le poids et ne sont pas à l’abri de la déferlante irrésis-tible qui entraîne tout le monde vers les abysses de la non-rentabilité. Et ce n’est pas un hasard si toutes les tentatives de redresser la tête et d’entrer dans le cercle vertueux de la qualité ont subi la dure réalité de l’inefficacité à tous points de vue. Combien de ministres armés de bonnes intentions ont dû rendre les tabliers avant d’y comprendre quelque chose ? Combien de ministres, pour ne pas avouer l’échec de leurs tentatives, ont cherché à gagner du temps en commandant de nouvelles études aussi dispendieuses que stériles ?Même l’approche pragmatique de l’actuelle ministre ne semble pas être en mesure de révolutionner les choses et opérer

des transformations de fond du paysage touristique tunisien. On peut soigner l’apparence de la cerise à mettre sur le gâteau mais on ne doit pas négliger le gâteau. Et ce gâteau demeure, bon gré mal gré, le monolithisme du tourisme balnéaire de masse avec son packaging réducteur de marges et sa saisonnalité marquée.

CIBLER LE «VENTRE» DU MARCHÉLa diversification de l’offre, seule clé pour l’étalement de la fréquentation touristique, passe nécessairement par les différentes formes de tourisme alternatif

(culturel, écologique ...). Mais il est exclu de croire qu’on sera en mesure de créer plus de 5.000 lits alternatifs valables et de générer des dizaines de milliers d’emplois pour les cinq ans à venir. En précisant que l’hébergement alternatif devra être accompagné d’une véritable stratégie différenciée et alternative de

production, de commercialisation et de communication. En d’autres termes, la cerise sur le gâteau fera joli, certes, mais ne nourrira pas son homme, comme on dit. Beaucoup estimeront que je divague et que je joue à l’empêcheur de rêver en rond. Je leur réponds que le réalisme n’empêche pas de rêver...efficacement.Ne pouvant transformer radicalement ni le modèle de développement touristique en cours, ni la configuration de l’offre actuelle, ni l’image de la destination, ni l’environnement général et sécuritaire du pays pour les 5 ou 10 prochaines années, la destination a intérêt à se positionner non pas dans un tourisme haut de gamme qui serait coûteux et peu crédible, mais dans un tourisme «Low-Cost Haut-de-Gamme», si l’expression est permise. En d’autres termes, un tourisme compétitif par le prix et par la qualité mais ciblant le «ventre» du marché qui constitue le plus fort potentiel sur tous les continents et essentiellement l’Europe.La Tunisie n’accueille actuellement que 2 à 3 % seulement des vacanciers méditer-ranéens dont le nombre, selon l’OMT, est appelé à doubler pour les prochaines 20 années. Alors, faisons de notre proximité des marchés européens un atout et du packaging de masse une opportunité. Faisons de la Tunisie la plage naturelle de l’Europe et de la Russie comme la Floride ou Cuba le sont pour l’Amérique du Nord. Ouvrons nos cieux pour établir un véritable pont aérien vers tous les aé-roports du pays, sans complexes et sans restrictions d’aucune sorte. Simplifions les procédures administratives. Libérons la circulation des capitaux et des hommes. Capitalisons sur l’énergie innovante de la jeunesse. Faisons de la Tunisie le plus grand Free-Shop extra européen aux portes de l’Europe, du Maghreb et

d’Afrique. Agissons au niveau de la fis-calité pour être au moins au niveau de la concurrence. Ouvrons nos entreprises hôtelières et touristiques à l’expertise pro-fessionnelle internationale. Développons un tourisme intelligent et durable dans les régions marginalisées en stimulant le potentiel innovateur d’une jeunesse diplômée mais désœuvrée. Formons et réformons nos formateurs. Encourageons l’investissement sous toutes ses formes. Éliminons sans regrets et sans états d’âme les «bras cassés» de la profession hôtelière, source de tous les maux et de tous les bradages.En un mot, et en attendant que le pays re-trouve un équilibre politique, économique et sécuritaire durable, engageons-nous dans une stratégie réaliste qui ferait de la Tunisie une destination touristique «Low Cost Haut-de-Gamme» en choisissant des voies passantes sans perte de temps, sans rupture avec l’acquis et sans logomachie creuse et stérile. Après le succès fulgu-rant du transport aérien Low-Cost dont personne au début ne donnait cher de son brillant avenir, soyons les premiers à nous engager dans la même logique et profitons de nos avantages géographiques et climatiques exceptionnels. Vues sous cet angle, les solutions sont plus que jamais à notre portée.

HUMEUR

Formons et réformons nos formateurs.

Encourageons l’investissement sous toutes ses formes. Éliminons sans regrets et sans états d’âme les «bras cassés» de la profession hôtelière, source de tous les maux et de tous les bradages.

Une offre de luxe n’est crédible

que si elle bénéficie d’abord et avant tout d’un environnement général de luxe.

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QUI EST KHALIL LAÂBIDI ?Le DG de l’Agence de promotion de l´investissement extérieur (Fipa Tu-nisia) est né en août 1969, il est diplômé de l’Ecole nationale des impôts de France (ENI France) en 1996 et de l’Ecole nationale d’administration (ENA Tunis) en 1997. Enseignant de fiscalité à l’Université Paris Dauphine de Tunis, il est président du réseau méditerranéen «Anima Investment Network»  et président du Conseil d’administration de deux sociétés tunisiennes actives dans le domaine des médias. Khalil Laâbidi dispose d’un certificat de formation de la Banque mondiale sur la «solution mon-diale pour le commerce intégré WITS» et d’un certificat de «Banquier islamique» du Conseil général pour les banques et institutions financières islamiques (Cibafi). En 1997, il a occupé le poste de  Conseiller des services publics au ministère des Finances.  Et en 2013, il est désigné à la tête de la direction générale des études et de la législation fiscales et chargé de mission auprès du ministre des Finances puis DG de l’Instance Tunisienne de l’Investissement qui sera l’unique vis-à-vis de l’investisseur pour la coordination et la communication avec droit de donner son opinion sur tout ce qui concerne l’investissement, y compris les lois.

KHALIL LAABIDI, DG FIPA-TUNISIE

L’AFRIQUE EST UN MARCHÉ D’EXPORTATION ET D’INTERNATIONALISATION POUR NOS ENTREPRISES

Alors que l’essoufflement du commerce intra-africain est de moins en moins marqué selon de nombreuses sources, il était naturel de s’interroger sur les intentions de la Fipa en matière d’attrait des investissements directs africains vers la Tunisie. Seulement, les choses ne sont pas aussi simples, comme nous l’explique Khalil Laâbidi, DG de l’agence.

QUAND il s’agit des sacro-saints IDE (investissements directs étrangers) si précieux pour l’économie tunisienne, l’Agence de promotion de l’investisse-

ment extérieur (Fipa) est en ligne de front. Et, alors que toutes les grandes instances gou-vernementales sont devenues de plus en plus attentives au continent africain, cette agence, a de toute évidence, un rôle majeur à jouer ; là où elle a vocation d’axe unique et capital de cet engagement tunisien en Afrique : l’attraction des IDE du continent alors que l’essoufflement du commerce intra-africain est de moins en moins marqué et que la zone de libre-échange continentale en Afrique est en train de devenir la plus grande zone de libre-échange individuelle du monde, en nombre de pays. UN MARCHÉ PROMETTEUR ET SINGULIER‘’Notre stratégie est claire : avant de nous at-taquer à ce marché comme à tous les autres, nous mobilisons nos experts pour en étudier les potentialités’’, répond Khalil Laâbidi.‘’La Fipa considère 3 genres de marchés. D’abord les marchés traditionnels, et c’est de l’Europe du sud que vient, avec le tiers des 3.400 entreprises étrangères installées en Tunisie. Ensuite les marchés prometteurs, nous y travaillons et ils peuvent beaucoup nous apporter. Ce sont les USA et surtout l’Asie qui, rappelons-le, a beaucoup d’intérêts en Afrique. Troisième-ment, les marchés arabes et africains. Ils ont leurs spécificités et nous savons, par exemple, que les investisseurs du Golfe sont plutôt des financiers et leur but est de trouver des idées pour faire travailler leurs capitaux. Côté Afrique, nous sommes convaincus que le marché cherche à développer ses capacités mais nous devons être clairs là-dessus : pour l’heure, c’est un marché d’exportation et d’inter-nationalisation pour les entreprises tunisiennes’’, ajoute-t-il.Pour autant, les choses ne sont pas aussi simples, selon Khalil Laâbidi, qui nous révèle une di-mension très particulière de l’attraction des IDE africaines en Tunisie : les grands investisseurs prestigieux !‘’Il y a des investisseurs de très haut niveau en Afrique, ils sont connus dans le monde entier, opèrent sur les plus grandes places boursières et ont souvent des ambitions quasi planétaires. Nous pourrons viser ces investisseurs, pas les pays ; on individualise l’approche, on les ren-contre, on leur expose nos arguments. C’est une procédure que nous avons entamée depuis la tenue du Forum Tunisia 2020’’, révèle notre interlocuteur.

 POURQUOI TONY ELUMELU, ALIKO DANGOTÉ, MIKE ADENUGA?On saisit tout le sens de la stratégie décrite par Khalil Laâbidi quand on s’attarde sur l’identité des trois grands investisseurs africains qu’il a cités.Tony Elumelu, le banquier nigérian qui dirige simultanément l’une des grandes banques d’Afrique, United Bank for Africa (UBA), présente dans dix-neuf pays, à Londres et à New York, et Transcorp, le plus important conglomérat coté en Bourse au Nigeria. Sans compter sa société d’investissements, Heirs Holdings, grâce à laquelle il détient des parts dans des secteurs aussi variés que les hydrocarbures, les services financiers, l’hôtellerie, la pétrochimie, l’agriculture, les infrastructures et l’énergie.Aliko Dangote, le Nigerian qui est considéré comme l’homme le plus riche d’Afrique. Son groupe possède la plus grande usine subsaha-rienne de production de ciment, Obajana Cement Plant. Ses projets d’investissement atteignent 10 milliards de dollars dont une part sur la construction de cimenteries en Afrique (Afrique du Sud, Zambie, Éthiopie, Sénégal, Mozambique et Cameroun). Il est un homme d’affaires singulier dans le sens où il s’évertue à respecter trois principes : réinvestir ses profits dans le pays au lieu de placer l’argent dans des coffres suisses, mener un train de vie modeste et tout miser sur le marché intérieur du pays le plus peuplé d’Afrique.Mike Adenuga, également Nigérian, est la deuxième personne la plus riche du pays et la septième personne la plus riche d’Afrique en mars 2016, avec 10,3 milliards de dollars (d’après Forbes). Il détient la société Globacom, second opérateur de télécommunications au Nigeria, également présent au Ghana et au Bénin. Il détient également des participations dans l’Equitorial Trust Bank et la société d’ex-ploration pétrolière Conoil. FAIRE ACTE DE PRÉSENCE‘’Il faut une démarche one-to-one pour réussir à convaincre les grands investisseurs de parier sur la Tunisie. Nous prenons les choses très au sérieux. Nous disposons d’une direction des études, dont un service veille sur tout ce qui se passe en matière d’investissement dans les régions que je vous ai citées. Avec des croisements d’informations, nous suivons tous ces marchés et nous savons d’ores et déjà que l’Afrique permet de s’internationaliser mais nous devons étoffer notre présence, il faut nous y investir avec les banques, les assurances, les patrons, en plus des agences spécialisées’’, avertit Laâbidi.C’est cette approche des grands investisseurs qui a présidé à la participation tunisienne, via la Fipa-Tunisia, au Forum Africa 2017 qui s’est

tenu en décembre dernier à Charm el Cheikh, en Egypte. Placé sous le thème «Driving Invest-ment for Inclusive Growth», cet événement a rassemblé plus de 100 intervenants et 1.500 dé-légués venus de plus de 45 pays pour débattre de l’intégration régionale et de la création d’emplois en Afrique, en plus de la Young Entrepreneurs Day au cours de laquelle 50 Startups africaines ont présenté leurs activités. ‘’L’AFRIQUE DOIT APPROFONDIR SON INTÉGRATION RÉGIONALE’’Khalil Laâbidi est convaincu qu’il faut faire acte de présence car le continent africain est indénia-blement porteur de promesses, même si ce sont les investisseurs privés qui doivent bénéficier de la plus grande part de notre attention. Cette conviction vient au moment où la Banque africaine de développement (BAD) vient de présenter (le 17 janvier dernier) son rapport annuel-phare sur les «Perspectives économiques en Afrique ». Un travail d’enquête et de compilation qui défend l’idée que le commerce intra-africain est la clé d’un développement économique durable pour les pays du continent. Selon ce rapport, le commerce entre les pays africains est la piste la plus prometteuse pour installer un développement économique durable. Les progrès économiques récents du continent sont allés de pair avec une hausse des échanges intra-africains : le PIB de l’Afrique et son commerce intérieur ont été multipliés par quatre en 20 ans. Au-delà de son rôle de moteur de la croissance économique, le commerce intra-africain est plus résilient que

Par Sarrah O. BAKRY

les échanges avec les autres régions du monde. Depuis 2011, les exportations de marchandises vers les Etats-Unis et la Chine ont connu une nette décrue (de respectivement 65 et 48 %). L’essoufflement du commerce intra-africain est moins marqué et semble en phase avec le ralentissement général des échanges inter-nationaux. Une tendance similaire avait été observée après la crise financière de 2007-08, le commerce intra-africain résistant mieux que celui entre l’Afrique et le reste du monde. La part du commerce intra-régional dans les échanges de l’Afrique avec le reste du monde est passée de 10% en 2000 à environ 16% en 2014. Contrairement à la composition de ces transactions-là, les produits de base n’occupent pas une place dominante dans les relations commerciales intra-africaines. Les produits manufacturés, moins exposés aux chocs sur les prix, représentent plus de 50% du commerce régional. ‘’L’Afrique doit s’efforcer d’approfondir son intégration régionale, au-delà des progrès accomplis sur le front des projets d’investissement en faveur d’infrastructures transfrontalières, en hausse, et de l’engagement renouvelé des déci-deurs politiques et des communautés régionales à remédier aux inefficacités commerciales. La coordination et le suivi des accords commer-ciaux régionaux sont deux leviers pour réussir. Pour profiter de ces succès, il faut étendre la portée des accords mais également susciter un engagement accru du secteur privé afin de s’attaquer efficacement aux facteurs liés à l’offre’’, assure-t-il.

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TUNISIE — AFRIQUE SUB-SAHARIENNE

Si TunisiaExport (le label international du Cepex) a mis à contribution son expérience de plus de 40 ans dans la promotion des exportations tunisiennes vers l’Afrique subsaharienne en réussissant à inscrire la coopération commerciale avec ce� e partie du monde en hausse, il est évident que beaucoup reste à faire en matière de présence sur le terrain alors que le Cepex ne dispose que de 3 antennes (en Côte d’Ivoire,au Congo et au Cameroun) pour couvrir les 48 pays subsahariens (îles comprises) qui forment un bloc d’un milliard de consommateurs. 

L ES vérités sont là et Tuni-siaExport vient d’en faire sincèrement état, attestant, qu’aujourd’hui, le marché subsaharien ne représente

que 2,2 % des exportations tunisiennes, à comparer avec les 73.7% pour le marché de l’Union européenne qui de-meure la destination principale de nos échanges commerciaux. Compte tenu de l’opportunité évidente que constitue le marché subsaharien, le gouvernement tunisien persévère dans sa politique d’augmentation et de diversification des exportations dans cette direction. Voici un tour d’horizon de l’état de cette coopération. LA TUNISIE, 62E DANS LE LISTING DES FOURNISSEURSEn vérité, les relations commerciales tuniso-subafricaines mettent en évidence une balance excédentaire largement au

profit de la Tunisie, à tendance haussière depuis une vingtaine d’années (+447.2 millions de dinars en 2016 contre +17.1 millions de dinars en 1999), avec une croissance annuelle moyenne (2012-2016) des exportations de +1.2 % (aux prix courants). Plus de 80 % des importations des pays subsahariens proviennent de pays en dehors du continent, en l’occur-rence de la Chine, des Etats-Unis, de l’Inde, de l’Allemagne, de la France et de la Belgique. La Tunisie est classée au 62e rang dans le listing des fournisseurs, avec une tendance générale à la hausse.Dans le détail, les produits exportés par la Tunisie vers l’Afrique subsaharienne concernent principalement 3 secteurs :-L’agroalimentaire (26,9% des expor-tations entre 2014 – 2016) : margarine, préparations pour sauces, huile d’olive, pâtes alimentaires.-Les industries mécaniques et électriques (19%) : conducteurs électriques, récipients

Par Sarrah O. BAKRY

pour gaz comprimés, constructions et parties de constructions en fonte/fer/acier.-Les industries diverses qui englobent essentiellement les ouvrages en matière plastique, plâtre, papiers à usage domes-tique, serviettes et tampons hygiéniques et triphosphate de sodium. ETHIOPIE, SÉNÉGAL, CÔTE D’IVOIREObservons maintenant la structure des exportations par pays. Bien que l’Afrique occidentale demeure la destination principale des exportations tunisiennes (plus de 50% de ces exportations), suivie par l’Afrique centrale et orientale, la répartition régionale des exportations s’avère plus équilibrée.Actuellement, les marchés subsahariens les plus importants pour les exportations de la Tunisie sont ceux de l’Ethiopie, du Sénégal et de la Côte d’Ivoire. Les cinq principaux clients de la Tunisie en Afrique

subsaharienne, en 2016, accaparent plus de la moitié des exportations (56.3 %).L’appareil exportateur tunisien compte en tout 6.079 exportateurs au terme de l’année 2016, dont 686 actifs sur le marché de l’Afrique subsaharienne. Néanmoins, les exportations sont fortement concentrées sur un nombre réduit d’entreprises de grande taille : Les 50 principaux exportateurs s’arrogent 72.1% de la totalité des transactions de la Tunisie en direction de l’Afrique subsaharienne.Pour les entreprises championnes à l’export (les 10 premières), les marchés subsahariens sont, en effet, d’une impor-tance primordiale : ils y ont exporté en 2016 44% de la totalité de leurs produits, toutes destinations confondues (28.4 % sur l’UE, 9.2% sur l’UMA…). PARADOXESSeulement, quand on parle d’appareil

TUNISIAEXPORT MARQUE SA PRÉSENCE MALGRÉ 3 SEULES ANTENNES

exportateur tunisien, on se heurte tout de suite à une réalité assez incohérente, quand on sait tout ce que les leaders tunisiens promettent pour s’imposer sur le marché africain. Il existe uniquement trois représentations commerciales du Centre de promotions des exportations (Cepex) en Afrique subsaharienne. A côté de la représentation commerciale en Côte d’Ivoire, qui existe depuis 2010, deux nouvelles représentations seront créées au cours de l’année 2017, à savoir en République Démocratique du Congo et au Cameroun. Ces représentations ont une mission d’expansion commerciale reposant principalement sur les actions d’information et de veille, sur les études, la prospection, la promotion ainsi que sur le soutien et l’accompagnement de l’effort des entreprises tunisiennes sur ces marchés.Tout cela est très joli mais la réalité ne change pas : nous n’avons que 3 antennes

pour couvrir une population d’un milliard de consommateurs ventilés sur 48 pays, îles comprises.On s’étonne alors de ce que la balance de services envers l’Afrique subsaharienne démontre un excédent en faveur la Tunisie (+6.8 millions de dinars en 2015) alors que notre pays a exporté des services pour un montant de 34 millions de di-nars sur les marchés subsahariens, ce qui représente presque 5% des exportations tunisiennes vers l’Afrique subsaharienne (2013 - 2015). Et ce qui est très important à noter, c’est que ces chiffres ne représentent qu’une partie des services exportés vu les difficultés de comptabiliser toutes les exportations de services d’une manière officielle. ZLEC, COMESA, CEDEAO...Il reste également beaucoup à faire en matière de cadre réglementaire dans

lequel doivent s’inscrire ces échanges au moment où l’évidence nous montre que le renforcement des structures transna-tionales intra-africaines et le dévelop-pement du cadre juridique régissant les relations commerciales entre les pays de l’Afrique subsaharienne offrent un grand potentiel pour réduire les coûts du commerce extérieur et pour renforcer la compétitivité des produits tunisiens. Cela permet également de faire face à la fragmentation des marchés engendrée par des réglementations commerciales et douanières désormais restrictives.Dans ce chapitre, la Tunisie participe activement dans les négociations sur la Zone de Libre Echange Continentale (Zlec) menées sous les auspices de l’Union Africaine.Les négociations, qui concerneront dans une première phase la libéralisation du commerce des biens et des services, ont été lancées officiellement en 2015 et devraient s’achever début 2018. En même temps, des progrès significatifs ont été enregistrés quant à l’intégration de la Tunisie dans des organisations africaines régionales. D’abord, l’acceptation de la demande d’adhésion de la Tunisie par le Marché commun de l’Afrique orientale et aus-trale (Comesa) en 2016 a donné lieu à des négociations sur les conditions et modalités de cette intégration. En effet, l’accord d’adhésion devrait être signé au cours du premier trimestre 2018. La Tunisie sera ainsi le 20e Etat-membre du marché commun, ce qui devrait per-mettre aux produits et services tunisiens d’accéder beaucoup plus facilement à de nouveaux marchés africains grâce à la levée des barrières tarifaires et non tarifaires devant ses produits.D’autre part, elle a obtenu le statut d’observateur auprès de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) en juin 2017 et cette avancée devrait constituer pour la Tunisie un nouveau cadre de partenariat et une position privilégiée lui permettant de développer ses relations économiques avec les pays ouest-africains. Dans le même cadre, un mémorandum d’entente qui devrait enclencher la nouvelle dynamique de rapprochement sera signé entre les deux parties très prochainement.Enfin, il faut rappeler le projet «Promotion des activités d’export impactant l’emploi vers de nouveaux marchés africains (Pema)», qui sera mis en œuvre par la GIZ sous les auspices du ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ). Cette initiative vise à soutenir les PME tunisiennes pour l’accès à de nouveaux marchés à l’exportation en Afrique. Les domaines d’action du pro-jet englobent d’abord l’amélioration de l’offre de services (publics, privés) pour la promotion de l’exportation vers les marchés africains et le renforcement des capacités des initiatives et consortiums d’export sectoriels pour accéder auxdits marchés.

CHIFFRE DU MOIS

Les flux d’investissements directs étrangers (IDE) entrants bruts se sont élevés à 2,2 Mds TND (740 M€) en 2017, soit une augmentation de 13% (en dinar) par rapport à l’année 2016. Les secteurs les plus performants concernent l’industrie (975 MTND, en augmentation de 22%) et l’éner-gie (810 MTND, stable par rapport à 2016). Les IDE dans les services ont également progressé (320 MTND, en augmentation de 13%). Hors énergie, la France est le premier investisseur sur l’année, avec 585 MTND d’inves-tissements directs, notamment dans le secteur de l’aéronautique, soit près de 45% du total hors énergie, devant l’Allemagne (140 MTND, soit 10%) notamment dans le secteur de l’équipement automobile, et l’Italie (10 MTND, soit 7%) notamment dans secteur de la confection. Parmi près de 400 projets d’investissement étranger en Tunisie en 2017 (hors énergie), 110 sont des projets nouveaux (par opposition aux extensions), pour un montant de 270 MTND, soit 20% du total des IDE. Compte tenu de l’instabilité fiscale, des conditions rigides imposées par le code du travail comparées aux conditions imposées ailleurs, des lenteurs des procédures d’importation et d’exportation et des coûts relativement élevés de la logis-tique, estimés à près de 20% et enfin à la dépréciation du dinar fragilisant la rentabilité des investissements convertis en dinars, malgré tout cela, le bilan peut être considéré comme globalement positif. Le potentiel d’attraction des IDE pourvoyeur de postes d’emploi pour la Tunisie est immense dans les secteurs suivants sont la cotraitance, l’offshoring, les nouvelles technologies, les secteurs de l’automobile et de l’aéronautique, les textiles et plastiques techniques, les énergies vertes... D’autres secteurs sont également, porteurs d’inves-tissements étrangers : le tourisme, l’enseignement, la santé et d’autres services à valeur ajoutée. Ceci sans compter les opportunités offertes par l’application de la loi sur les PPP, qui est restée, hélas, et pour l’instant, lettre morte. Cela aurait comme effet l’amélioration des infrastructures et relancer les grands chantiers tels que Taparura à Sfax, les ports en eaux profondes ou nouveaux quais à Radès, voire de nouveaux hôpitaux, universités, et nouvelles zones d’af-faires telles que les zones franches à Ben Guerdane ou à Hizoua.

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DU 15 FÉVRIER AU 14 MARS 2018

TUNISIE — AFRIQUE SUB-SAHARIENNE

Si TunisiaExport (le label international du Cepex) a mis à contribution son expérience de plus de 40 ans dans la promotion des exportations tunisiennes vers l’Afrique subsaharienne en réussissant à inscrire la coopération commerciale avec ce� e partie du monde en hausse, il est évident que beaucoup reste à faire en matière de présence sur le terrain alors que le Cepex ne dispose que de 3 antennes (en Côte d’Ivoire,au Congo et au Cameroun) pour couvrir les 48 pays subsahariens (îles comprises) qui forment un bloc d’un milliard de consommateurs. 

L ES vérités sont là et Tuni-siaExport vient d’en faire sincèrement état, attestant, qu’aujourd’hui, le marché subsaharien ne représente

que 2,2 % des exportations tunisiennes, à comparer avec les 73.7% pour le marché de l’Union européenne qui de-meure la destination principale de nos échanges commerciaux. Compte tenu de l’opportunité évidente que constitue le marché subsaharien, le gouvernement tunisien persévère dans sa politique d’augmentation et de diversification des exportations dans cette direction. Voici un tour d’horizon de l’état de cette coopération. LA TUNISIE, 62E DANS LE LISTING DES FOURNISSEURSEn vérité, les relations commerciales tuniso-subafricaines mettent en évidence une balance excédentaire largement au

profit de la Tunisie, à tendance haussière depuis une vingtaine d’années (+447.2 millions de dinars en 2016 contre +17.1 millions de dinars en 1999), avec une croissance annuelle moyenne (2012-2016) des exportations de +1.2 % (aux prix courants). Plus de 80 % des importations des pays subsahariens proviennent de pays en dehors du continent, en l’occur-rence de la Chine, des Etats-Unis, de l’Inde, de l’Allemagne, de la France et de la Belgique. La Tunisie est classée au 62e rang dans le listing des fournisseurs, avec une tendance générale à la hausse.Dans le détail, les produits exportés par la Tunisie vers l’Afrique subsaharienne concernent principalement 3 secteurs :-L’agroalimentaire (26,9% des expor-tations entre 2014 – 2016) : margarine, préparations pour sauces, huile d’olive, pâtes alimentaires.-Les industries mécaniques et électriques (19%) : conducteurs électriques, récipients

Par Sarrah O. BAKRY

pour gaz comprimés, constructions et parties de constructions en fonte/fer/acier.-Les industries diverses qui englobent essentiellement les ouvrages en matière plastique, plâtre, papiers à usage domes-tique, serviettes et tampons hygiéniques et triphosphate de sodium. ETHIOPIE, SÉNÉGAL, CÔTE D’IVOIREObservons maintenant la structure des exportations par pays. Bien que l’Afrique occidentale demeure la destination principale des exportations tunisiennes (plus de 50% de ces exportations), suivie par l’Afrique centrale et orientale, la répartition régionale des exportations s’avère plus équilibrée.Actuellement, les marchés subsahariens les plus importants pour les exportations de la Tunisie sont ceux de l’Ethiopie, du Sénégal et de la Côte d’Ivoire. Les cinq principaux clients de la Tunisie en Afrique

subsaharienne, en 2016, accaparent plus de la moitié des exportations (56.3 %).L’appareil exportateur tunisien compte en tout 6.079 exportateurs au terme de l’année 2016, dont 686 actifs sur le marché de l’Afrique subsaharienne. Néanmoins, les exportations sont fortement concentrées sur un nombre réduit d’entreprises de grande taille : Les 50 principaux exportateurs s’arrogent 72.1% de la totalité des transactions de la Tunisie en direction de l’Afrique subsaharienne.Pour les entreprises championnes à l’export (les 10 premières), les marchés subsahariens sont, en effet, d’une impor-tance primordiale : ils y ont exporté en 2016 44% de la totalité de leurs produits, toutes destinations confondues (28.4 % sur l’UE, 9.2% sur l’UMA…). PARADOXESSeulement, quand on parle d’appareil

TUNISIAEXPORT MARQUE SA PRÉSENCE MALGRÉ 3 SEULES ANTENNES

exportateur tunisien, on se heurte tout de suite à une réalité assez incohérente, quand on sait tout ce que les leaders tunisiens promettent pour s’imposer sur le marché africain. Il existe uniquement trois représentations commerciales du Centre de promotions des exportations (Cepex) en Afrique subsaharienne. A côté de la représentation commerciale en Côte d’Ivoire, qui existe depuis 2010, deux nouvelles représentations seront créées au cours de l’année 2017, à savoir en République Démocratique du Congo et au Cameroun. Ces représentations ont une mission d’expansion commerciale reposant principalement sur les actions d’information et de veille, sur les études, la prospection, la promotion ainsi que sur le soutien et l’accompagnement de l’effort des entreprises tunisiennes sur ces marchés.Tout cela est très joli mais la réalité ne change pas : nous n’avons que 3 antennes

pour couvrir une population d’un milliard de consommateurs ventilés sur 48 pays, îles comprises.On s’étonne alors de ce que la balance de services envers l’Afrique subsaharienne démontre un excédent en faveur la Tunisie (+6.8 millions de dinars en 2015) alors que notre pays a exporté des services pour un montant de 34 millions de di-nars sur les marchés subsahariens, ce qui représente presque 5% des exportations tunisiennes vers l’Afrique subsaharienne (2013 - 2015). Et ce qui est très important à noter, c’est que ces chiffres ne représentent qu’une partie des services exportés vu les difficultés de comptabiliser toutes les exportations de services d’une manière officielle. ZLEC, COMESA, CEDEAO...Il reste également beaucoup à faire en matière de cadre réglementaire dans

lequel doivent s’inscrire ces échanges au moment où l’évidence nous montre que le renforcement des structures transna-tionales intra-africaines et le dévelop-pement du cadre juridique régissant les relations commerciales entre les pays de l’Afrique subsaharienne offrent un grand potentiel pour réduire les coûts du commerce extérieur et pour renforcer la compétitivité des produits tunisiens. Cela permet également de faire face à la fragmentation des marchés engendrée par des réglementations commerciales et douanières désormais restrictives.Dans ce chapitre, la Tunisie participe activement dans les négociations sur la Zone de Libre Echange Continentale (Zlec) menées sous les auspices de l’Union Africaine.Les négociations, qui concerneront dans une première phase la libéralisation du commerce des biens et des services, ont été lancées officiellement en 2015 et devraient s’achever début 2018. En même temps, des progrès significatifs ont été enregistrés quant à l’intégration de la Tunisie dans des organisations africaines régionales. D’abord, l’acceptation de la demande d’adhésion de la Tunisie par le Marché commun de l’Afrique orientale et aus-trale (Comesa) en 2016 a donné lieu à des négociations sur les conditions et modalités de cette intégration. En effet, l’accord d’adhésion devrait être signé au cours du premier trimestre 2018. La Tunisie sera ainsi le 20e Etat-membre du marché commun, ce qui devrait per-mettre aux produits et services tunisiens d’accéder beaucoup plus facilement à de nouveaux marchés africains grâce à la levée des barrières tarifaires et non tarifaires devant ses produits.D’autre part, elle a obtenu le statut d’observateur auprès de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) en juin 2017 et cette avancée devrait constituer pour la Tunisie un nouveau cadre de partenariat et une position privilégiée lui permettant de développer ses relations économiques avec les pays ouest-africains. Dans le même cadre, un mémorandum d’entente qui devrait enclencher la nouvelle dynamique de rapprochement sera signé entre les deux parties très prochainement.Enfin, il faut rappeler le projet «Promotion des activités d’export impactant l’emploi vers de nouveaux marchés africains (Pema)», qui sera mis en œuvre par la GIZ sous les auspices du ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ). Cette initiative vise à soutenir les PME tunisiennes pour l’accès à de nouveaux marchés à l’exportation en Afrique. Les domaines d’action du pro-jet englobent d’abord l’amélioration de l’offre de services (publics, privés) pour la promotion de l’exportation vers les marchés africains et le renforcement des capacités des initiatives et consortiums d’export sectoriels pour accéder auxdits marchés.

CHIFFRE DU MOIS

Les flux d’investissements directs étrangers (IDE) entrants bruts se sont élevés à 2,2 Mds TND (740 M€) en 2017, soit une augmentation de 13% (en dinar) par rapport à l’année 2016. Les secteurs les plus performants concernent l’industrie (975 MTND, en augmentation de 22%) et l’éner-gie (810 MTND, stable par rapport à 2016). Les IDE dans les services ont également progressé (320 MTND, en augmentation de 13%). Hors énergie, la France est le premier investisseur sur l’année, avec 585 MTND d’inves-tissements directs, notamment dans le secteur de l’aéronautique, soit près de 45% du total hors énergie, devant l’Allemagne (140 MTND, soit 10%) notamment dans le secteur de l’équipement automobile, et l’Italie (10 MTND, soit 7%) notamment dans secteur de la confection. Parmi près de 400 projets d’investissement étranger en Tunisie en 2017 (hors énergie), 110 sont des projets nouveaux (par opposition aux extensions), pour un montant de 270 MTND, soit 20% du total des IDE. Compte tenu de l’instabilité fiscale, des conditions rigides imposées par le code du travail comparées aux conditions imposées ailleurs, des lenteurs des procédures d’importation et d’exportation et des coûts relativement élevés de la logis-tique, estimés à près de 20% et enfin à la dépréciation du dinar fragilisant la rentabilité des investissements convertis en dinars, malgré tout cela, le bilan peut être considéré comme globalement positif. Le potentiel d’attraction des IDE pourvoyeur de postes d’emploi pour la Tunisie est immense dans les secteurs suivants sont la cotraitance, l’offshoring, les nouvelles technologies, les secteurs de l’automobile et de l’aéronautique, les textiles et plastiques techniques, les énergies vertes... D’autres secteurs sont également, porteurs d’inves-tissements étrangers : le tourisme, l’enseignement, la santé et d’autres services à valeur ajoutée. Ceci sans compter les opportunités offertes par l’application de la loi sur les PPP, qui est restée, hélas, et pour l’instant, lettre morte. Cela aurait comme effet l’amélioration des infrastructures et relancer les grands chantiers tels que Taparura à Sfax, les ports en eaux profondes ou nouveaux quais à Radès, voire de nouveaux hôpitaux, universités, et nouvelles zones d’af-faires telles que les zones franches à Ben Guerdane ou à Hizoua.

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DU 15 FÉVRIER AU 14 MARS 2018

4% 357 7029%L’exportation des datt es pour la saison en cours a att eint un niveau record par rapport aux années précédentes, avec une augmentation de 25% de la valeur des exportations des datt es par rapport à la saison précédente. En volume, les quantités exportées ont augmenté de 4% depuis le début de la saison (10 octobre 2017) jusqu’au 23 janvier 2018, ont att eint environ 37.669 tonnes d’une valeur de 237 millions de dinars, contre 36.220 tonnes pour une valeur de 190 millions de dinars au cours de la même période de la saison dernière. Au cours de la même période, les quantités de datt es biologiques exportées ont att eint 4.752 tonnes.

C’est le montant du prêt accordé par la Banque européenne de l’investissement (BEI) à la Banque de l’Habitat (BH). Ces 357 millions de dinars (MDT) sont destinés au développement, et prouvent le regain de confi ance des bailleurs de fonds internationaux pour les institutions fi nancières tunisiennes.

La Tunisie est classée à la 70e place sur 115 Etats dans l’indice sur le budget ouvert, élaboré tous les deux ans par l’Organisation internationale pour le Partenariat Budgétaire (IBP). Au niveau des pays arabes, la Tunisie occupe la 4e place, après la Jordanie, le Maroc et l’Egypte. L’objectif recherché est d’évaluer l’engagement des gouvernements centraux, en ce qui concerne la fourniture de 8 principaux documents budgétaires, sa diff usion au public, au temps opportun et la vérifi cation s’ils présentent les informations budgétaires de manière complète et précise.

L’activité de la compagnie tunisienne de transport aérien «Tunisair» a poursuivi, durant le quatrième trimestre de 2017, son ascension ce qui lui a valu l’amélioration de ses indicateurs sur toute l’année. Le nombre de passagers transportés affi che, à fi n décembre dernier, une croissance de 16% pour s’établir à 3.502.475 passagers contre 2.991.841 une année auparavant, et ce, grâce essentiellement à l’activité charter+pèlerinage (+141%). Le coeffi cient de remplissage passe ainsi de 71,4% en 2016 à 74,4% l’année dernière. A cet eff et, les revenus du transport se sont améliorés de 29% pour s’élever à 1,28 milliard de dinars contre 995,1 millions de dinars à fi n décembre 2016.

Les échanges entre les cinq pays de l’UMA sont faibles. Elles ont évalué à 6.724,06 milliards de dollars en 2015. Un chiff re bien en deçà des att entes et des potentialités. Le montant n’a att eint que 27,4% du potentiel, estimé à 24.514,67 milliards de dollars. Ainsi, le niveau actuel du commerce intra-Maghreb ne couvre qu’un quart du niveau des échanges qui devrait prévaloir entre les pays de l’UMA. A titre d’exemple, le commerce de l’Algérie avec le reste de la région est très faible. Les exportations et les importations n’ont représenté que 25,5% et 11,6% de leur potentiel.

DES FAITS ET DES CHIFFRES

A l’époque, nos affaires allaient très bien dans le domaine de la transformation

de tous les produits alimentaires, dont le thon et la sardine, et l’usine tournait à plein régime, de 1950 à 1965, et à 50% pour l’export en Libye. On avait besoin de dépôts et on en avait acheté un qui était une ancienne usine de chaussures. Mes oncles en maintiendront l’activité et lanceront les chaussures populaires Majoul qui ont marqué leur époque, jusqu’à l’émergence de l’économie informelle, pendant les années quatre-vingt, qui tuera l’industrie des chaussures en Tunisie

Il y a de grands travaux qui ont été engagés et il faut aller jusqu’au bout

maintenant. J’espère que lorsque toutes ces actions-là seront définitivement bouclées, on pourra transmettre les documents au Conseil d’administration. A ce moment-là, j’espère que dans un avenir proche, on sera en mesure de conclure la revue du programme économique de la Tunisie et d’aller de l’avant

La centrale syndicale appuie le processus de restructuration et de réforme des

établissements publics dans le but d’assurer leur équilibre financier et leur pouvoir d’employabilité. Les établissements publics forment un acquis et ne seront en aucun cas et sous aucun prétexte cédés

Les entrepreneurs tunisiens et français sont appelés,

aujourd’hui, à saisir les opportunités qu’offrent un certain nombre de projets structurants que la Tunisie lancera en 2018 dans le cadre du partenariat public-privé (PPP), pour contribuer au renforcement et à l’approfondissement de la coopération et du partenariat stratégiques tuniso-français

Samir MAJOUL, nouveau président de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat

Christine LAGARDE, directrice générale du FMI

Noureddine TABBOUBI, secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt )

Foued LAKHOUA, président de la Chambre tuniso-francaise du commerce et de l’industrie (Ctfci)

ILS ONT DIT

DES FAITS ET DES CHIFFRES

4%

DES FAITS ET DES CHIFFRESDES FAITS ET DES CHIFFRES

706.7

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DU 15 FÉVRIER AU 14 MARS 2018

LIRE VITE

La présidence du gouvernement vient d’examiner l’accélération de la réalisation du projet du port en eaux profondes à Enfidha (gouvernorat de Sousse), après le règlement imminent du dossier de l’appropriation foncière et l’engagement de l’État à payer des compensations dé-passant 1 million de dinars. Le ministère du Transport prévoit de régler ce dossier dans deux ou trois mois, à travers l’expro-priation de 945 hectares, dont 4 lotisse-ments appartenant au domaine public maritime. Plusieurs séances de travail présidées par le ministre du Transport,

Radhouane Ayara, ont été consacrées à l’avancement de la réalisation de ce méga-projet. Des travaux qui ont abouti à la prise d’un ensemble de mesures ad-ministratives et légales. Le projet vise à créer une dynamique de développement au niveau des régions intérieures du pays sur deux phases, dont la première partie sera achevée en 2022, alors que la deuxième partie prendra fin à l’horizon de 2024. Le projet qui comporte une zone logistique sur 1.000 hectares au profit des gouvernorats situés à 150 km du projet, créera près de 52 mille emplois.

Adel Grar, directeur général de Al karama Holding, a annoncé que son groupe est en charge de 67 sociétés dont plus de la moitié sont des sociétés de participation et qu’entre 30 et 32 sont des sociétés productives alors que bien d’autres souffrent de difficultés. Il a souligné que l’opération de cession prend du temps et qu’elle peut atteindre 18 mois. Selon ses déclarations, 19 sociétés confisquées sont prêtes à être revendues en 2018 et que l’objectif d’atteindre la somme de 500 millions de dinars par leur cession pourra être dépassé. «Notre rôle, c’est de céder les sociétés confisquées dans les meilleures conditions», a-t-il dit.

Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Chadly Ayari, a affirmé que la demande en devises est plus forte que l’offre, assurant qu’à certains moments, le pays n’a plus d’entrées en devises. Il a déploré qu’en dépit de cette situation la demande en devises se poursuit toujours crescendo. Il s’est demandé comment faire face lorsqu’il reçoit une demande pour l’achat de blé, à titre

d’exemple, doit-il répondre par la négative, rappelant qu’en 2017, il a dépensé 4 milliards de dollars rien que pour les importations des hydrocarbures. Excédé, il a affirmé: «Je n’ai pas une machine à imprimer les dollars à la Banque centrale», soulignant la nécessité qu’il y ait une source de l’étranger pour les devises mais que ce n’était pas le cas car «c’est toujours sec».

Après le report de sa date prévue initialement en janvier le salon international de l’eau et du bien-être «Les Thermalies» s’est finalement tenudu 1er au 4 février 2018 à Paris. Spécia-lisé en thermalisme et thalassothérapie, ce salon constitue pour les opérateurs tunisiens l’une des plus importantes manifestations de l’année sur le marché français qui ne cesse de connaître une nette reprise sur la destination tunisienne. C’est ce qui justifie la forte affluence tunisienne attendue à ce salon. Le stand Tunisie, aménagé par la représentation du tourisme tunisien en France en collaboration avec l’Office du thermalisme et d’hydrothérapie, avait réuni  les gestionnaires des centres Thalasso et ceux opérant sur le tourisme thermal.  «Les Thermalies», est une vitrine du bien-être,

qui révèle à chaque édition les dernières tendances en matière de bien-être par l’eau. Depuis 35 ans, c’est une référence en matière de thalassothérapie, thermalisme, spa. Il s’agit en premier lieu du plus grand salon français de Thalasso sachant que le marché français est le premier marché émetteur de demandeurs de ce genre de produits avec une moyenne de plus de 30.000 curistes par an. C’est aussi un des rares salons où les professionnels peuvent vendre sur place des cures et des séjours via leurs partenaires (T-O ou agences locales). Aujourd’hui, la Tunisie est le 2e pays de thalassothérapie dans le monde, et compte près de 63 centres répartis le long de ses côtes, en plus de plus de 100 sources thermales.

D’après la Chambre de commerce et d’industrie de Sfax (Ccis) le Salon inter-national de l’agriculture «Salima», prévu du 27 février au 2 mars 2018 au centre des expositions de Brno (République Tchèque), enregistrera cette année la première participation tunisienne. A noter que cette participation a été décidée suite à la visite effectuée en septembre 2017 par une délégation tchèque conduite par Marek Slapal, vice-gouverneur de la région Moravie du sud. Organisée à l’initiative de la Ccis, en partenariat avec l’ambassade de la République tchèque à

MARCHÉ DE L’OR

LES PRIX ONT TRIPLÉ EN 7 ANSCHAMBRE DE COMMERCE ET D’INDUSTRIE DE SFAX

UNE DÉLÉGATION TUNISIENNE AU SALON TCHÈQUE DE L’AGRICULTURE

Tunis, la Chambre de commerce de Brno et l’appui de l’ambassade de Tunisie à Prague, cette manifestation vise à prospecter les opportunités d’exportations et de parte-nariat offertes par le marché tchèque afin d’établir des relations d’affaires durables. Il s’agit, en outre, de promouvoir l’image de marque et la notoriété des meilleurs produits tunisiens. D’une superficie 30m2, le pavillon tunisien présentera les produits porteurs du pays, entre autres l’huile d’olive, les poissons et les fruits de mer, les dattes, les grenades, les pâtes et le couscous…

PORT EN EAUX PROFONDES D’ENFIDHA

ACCÉLÉRATION DES PROCÉDURES

SOCIÉTÉS CONFISQUÉES

67 DOSSIERS ENTRE LES MAINS D’AL KARAMA HOLDING

DEVISES

LA DEMANDE EXCÈDE L’OFFRE

LE TOURISME DE BIEN-ÊTRE

LES TUNISIENS S’EXPOSENT À PARIS

«Le prix du gramme d’or 24 carats a triplé durant les sept dernières années», a déclaré le président de la chambre nationale des bijoutiers, Hatem Ben Youssef. Il a indi-qué que le prix du gramme de l’or, qui est actuellement, d’une valeur de 100 dinars, était de 30 dinars. Le prix actuel de vente

laisse, selon lui, une marge de gain limitée pour les artisans et les vendeurs. Hatem Ben Youssef a expliqué que la dépréciation du dinar et la détérioration du pouvoir d’achat du Tunisien ont engendré une baisse des ventes de l’or. Ce dernier, vendu dans le marché tunisien, est 100 % importé.

Le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, vient d’annoncer que le système reposant sur l’identifiant social unique sera fin prêt cet été, et sera couronné par la finalisation du recensement social. Lors de la rencontre périodique des présidents des bureaux de la Caisse nationale de

sécurité sociale, Trabelsi a salué les ef-forts engagés par les sociologues afin de finaliser ce recensement, précisant que les résultats permettront de rationaliser les dépenses sociales du gouvernement. Le ministre a incité les présidents des bureaux de la Caisse nationale de sécurité sociale

à élargir la couverture sociale et à lutter contre le phénomène du travail informel. D’autre part, il a indiqué qu’un accord a été trouvé avec le gouvernement au sujet des dettes de la Cnss cumulées par les établissements publics, précisant que l’Etat a déjà commencé à régler ces dettes.

IDENTIFIANT SOCIAL UNIQUE

UNE PRIORITÉ ABSOLUE

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LIRE VITE

SINGAPOUR, MALAISIE ET THAÏLANDE

MISSION ÉCONOMIQUE MULTISECTORIELLEDans le cadre de la visite du secrétaire d’Etat chargé de la diplomatie économique, le Centre de promotion des exportations organise, en Asie, une mission économique multisectorielle d’hommes d’aff aires tunisiens à Singapour, en Malaisie et en Th aïlande, et ce du 25 février au 3 mars 2018. Les objectifs de cette visite sont la prospection du marché asiatique à tra-vers ces 3 pays qui off rent beaucoup d’opportunités aux produits tunisiens et l’initiation de contacts d’aff aires avec les professionnels et les diff érents intervenants à travers des journées d’informations économiques dans chaque pays. La mission est ouverte à tous les secteurs d’activité avec un focus particulier sur les créneaux porteurs comme l’agroalimentaires, les composants automobiles, l’aéronautique, les produits pharmaceutiques et chimiques, les technologies de l’information et de la communication, les énergies renouvelables, la santé et dispositifs médicaux et le tourisme. Le programme de la visite comportera, également, des rencontres d’aff aires et de partenariat, des contacts B2B ainsi que des visites de prospection.

A LA QUÊTE D’OPPORTUNITÉS

Le parc des Expositions du Kram (ban-lieue nord de Tunis), abritera, du mercredi 28 février au samedi 3 mars 2018, cinq salons dédiés au secteur touristique. Il s’agit du «MIT» (tourisme, voyages et loisirs), « Spa Expo» (thalasso et spa), «Horeca Expo» (équipements et services pour l’hôtellerie et la restauration), «Boat Show» (plaisance et activités nautiques)

et «Golf & Sports Show» (golf et équipe-ments sportifs), précise la société MAP (Marketing Advertising & Publishing). La même source rappelle que ces mani-festations se tiendront sous le signe de «La Reprise» du secteur qui a compté, en 2017, plus de 7 millions de touristes, 22 millions de nuitées et 2.800 millions de recett es en devises.

Les ministères de l’Agriculture et du Commerce se sont engagés à mobiliser 33 millions de dinars (MD) au profi t du programme de régulation de la fi lière laitière qui a enregis-tré, en 2017, une croissance aux niveaux du séchage et de l’exportation. Le programme de régulation consacre 20 MD au stockage (55 millions de litres), 6 MD au programme de séchage (20 millions de litres de lait, soit environ 1.500 tonnes) et 7 MD concernant

le programme d’exportation du lait stérilisé. Les prévisions tablent sur l’exportation de 40 millions de litres. Le gouvernement a adopté, en 2017, une augmentation de 60 millimes au niveau du prix d’achat du litre de lait frais pour att eindre 766 millimes, outre l’octroi au programme d’appui aux centres de collecte, qui ont adhéré au programme, une prime spécifi que aux alentours de 10 millimes pour le litre de lait refroidi et transformé.

Le ministre des Domaines de l’Etat et des Aff aires foncières, Mabrouk Kourchid, a rencontré, récemment, une délégation d’hommes d’aff aires chinois qui envisagent d’investir en Tunisie. Il a indiqué à ses hôtes la volonté du gouvernement d’union nationale de consolider la coopération tuniso-chinoise et d’instaurer un partenariat gagnant-gagnant dans plusieurs domaines. Il a, aussi, souligné que son département est disposé à fournir l’expertise nécessaire sur le plan foncier

pour la concrétisation de certains projets d’investissements que compte réaliser la partie chinoise. Il est à noter que la délégation d’hommes d’aff aires chinois avait eff ectué auparavant une visite d’inspection au site du pôle économique de Zarzis qui s’étend sur une superfi cie de 1.000 hectares. A ce titre, les investisseurs chinois pourraient jouer un rôle majeur au niveau des fi nancements pour le développement de ce grand projet dans le sud.

MIT

5 EN 1

FILIÈRE LAITIÈRE

33 MILLIONS DE DINARS POUR RÉGULARISER LA SITUATION

INVESTISSEMENT

DES HOMMES D’AFFAIRES CHINOIS À ZARZIS

NOUAKCHOTT

UN FORUM ÉCONOMIQUE TUNISO-MAURITANIENEn marge de la tenue de la dix-huitième Haute commission mixte tuniso-mauritanienne, le Centre de promotion des exportations organise une mission économique multisectorielle d’hommes d’aff aires tunisiens en Mauritanie (Nouakchott), et ce du 13 au 16 mars 2018. Le programme de cette mission comportera un Forum économique tuniso-mauritanien, ainsi que des rencontres professionnelles B to B, avec les opérateurs économiques mauritaniens.

NIGERIA

RENCONTRE B TO BEn marge de la tenue de la cinquième Commission mixte Tunisie-Nigeria, le Centre de Promotion des Exportations organise une mission économique multisectorielle d’hommes d’aff aires tunisiens au Nigeria (Abuja), et ce, du 11 au 14 mars 2018. Le programme de cette mission comportera, un forum économique Tunisie-Nigeria, ainsi que des rencontres pro-fessionnelles B to B, avec les opérateurs économiques nigérians.

ALGÉRIE

SALON INTERNATIONAL DU TOURISMEEn marge de la 9e édition du Salon international du tourisme, des voyages, des transports et équipements hôteliers «Siaha» qui se tiendra du 22 au 25 février 2018 à Oran, et  dans le cadre de la promotion des produits et services tunisiens  et la prospection de nouvelles opportunités de coopération en Algérie, le Centre de promotion des exportations organisera, via son bureau à Oran,  des rencontres professionnelles tuniso-algériennes et de partenariat dans le secteur des «équipements et services pour l’hôtellerie et la restauration», et ce, du 21 au 24  février 2018.

USA

SUMMER FANCY FOOD SHOW Le Cepex et le Packtec organisent la participation offi cielle tunisienne au salon de l’agroali-mentaire, Summer fancy food show 2018, qui se tiendra à New York–USA, du 30 juin au 2 juillet 2018 (www.fancyfoodshow.com). L’espace du pavillon tunisien sera limité au nombre des exposants ayant confi rmé avant le 20 janvier ; au-delà de ce délai, nous ne pourrions pas garantir de disponibilité de stands d’exposition. Les frais de participation seront majorés de 10% pour les exposants qui auront un stand à angle suite à la répartition des stands par tirage au sort, qui aura lieu ultérieurement. Par ailleurs, les exportateurs d’huile d’olive désireux de prendre part à cette manifestation doivent s’adresser au Packtec pour la confi rmation de leur participation.