ours et porcs : des animaux...

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1 Cours-blocs L'homme et l'animal dans l'Antiquité Université de Fribourg, 29 avril 2010 Jean TRINQUIER, ENS-Ulm Les animaux anthropomorphes II Ours et porcs : des animaux anthropomorphes ? I. Le porc 1. Galien et les six genres d« animaux proches de l’homme » six classes singes ours porc carnivores animaux à pieds fendus et qui ruminent solipèdes veine céphalique AA, III, 5 = II, 375 K. = p. 167 G. X platysma myoides AA, IV, 2-3 = II, 422 et 430 K. = p. 215 et 223 G. X 1 2 3 4 5 6 organes digestifs AA, VI, 3 = II, 547-548 K. = p. 355 G. 1 2 4 3 6 5 œil AA, X, 1 = I, 34 et II 26 Simon X muscles de la langue AA, X, 7 = I, 72, 9 et II, 52 Simon X larynx AA, XI, 2 = I, 89, 15 et II 65 Simon X X larynx AA, XI, 4 = I, 107 et II 78 Simon X X ligamentum stylohyoideum AA, XI, 8 = I, 121 et II, 89 Simon 1 2 3 4 AA, XI, 12 = I, 135 et II 98 Simon X utérus AA, XII = I, 143, 13 et II 105 Simon 1 3 4 (chiens) 2 os hyoïde AA, XIV, 1 = I, 230, 9 et II, 166-167 Simon X X X nerfs des vertèbres cervicales AA, XV, 2 = I, 289 et II 209 Simon X nerfs qui vont vers le bas de la tête AN, IX, 5 = 841 K. = p. 35 G.-D. X X

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Cours-blocs L'homme et l'animal dans l'Antiquité

Université de Fribourg, 29 avril 2010

Jean TRINQUIER, ENS-Ulm

Les animaux anthropomorphes II

Ours et porcs : des animaux anthropomorphes ?

I. Le porc

1. Galien et les six genres d’« animaux proches de l’homme »

six

classes

singes ours porc carnivores animaux à pieds

fendus et qui

ruminent

solipèdes

veine céphalique

AA, III, 5 = II, 375 K. = p.

167 G.

X

platysma myoides

AA, IV, 2-3 = II, 422 et 430

K. = p. 215 et 223 G.

X 1 2 3 4 5 6

organes digestifs

AA, VI, 3 = II, 547-548 K. =

p. 355 G.

1 2 4 3 6 5

œil

AA, X, 1 = I, 34 et II 26

Simon

X

muscles de la langue

AA, X, 7 = I, 72, 9 et II, 52

Simon

X

larynx

AA, XI, 2 = I, 89, 15 et II 65

Simon

X X

larynx

AA, XI, 4 = I, 107 et II 78

Simon

X X

ligamentum stylohyoideum

AA, XI, 8 = I, 121 et II, 89

Simon

1 2 3 4

AA, XI, 12 = I, 135 et II 98

Simon

X

utérus

AA, XII = I, 143, 13 et II 105

Simon

1 3 4 (chiens) 2

os hyoïde

AA, XIV, 1 = I, 230, 9 et II,

166-167 Simon

X X X

nerfs des vertèbres

cervicales

AA, XV, 2 = I, 289 et II 209

Simon

X

nerfs qui vont vers le bas de

la tête

AN, IX, 5 = 841 K. = p. 35

G.-D.

X X

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2. Tite-Live, Histoire romaine, XXXV, 49, 6-7

Est autem res simillima cenae Chalcidensis hospitis mei, hominis boni et sciti

conuiuatoris, apud quem solstitiali tempore comiter accepti cum miraremur unde illi eo

tempore anni tam uaria et multa uenatio, homo, non qua isti sunt gloriosus, condimentis

ait uarietatem illam et speciem ferinae carnis ex mansueto sue factam.

« Cela ressemble beaucoup à un dîner offert par mon hôte à Chalcis, un homme excellent à la table

excellente, chez qui, accueillis aimablement à l’époque du solstice, nous demandions étonnés d’où, à cette

époque, il tirait une telle quantité et une telle variété de gibier ; lui, mettant son orgueil à bien autre chose que

ceux-là, répondit joyeux que cette variété, ce goût de gibier, c’était du cochon mariné aux aromates ».

3. Pline l’Ancien, Histoire naturelle, VIII, 209

Adhibetur et ars iecori feminarum sicut anserum, inuentum M. Apici, fico arida

saginatis ac satie necatis repente mulsi potu dato. Neque alio ex animali numerosior

materia ganeae : quinquaginta prope sapores, cum ceteris singuli. Hinc censoriarum

legum paginae, interdictaque cenis abdomina, glandia, testiculi, uuluae, sincipita

uerrina, ut tamen Publili mimorum poetae cena, postquam seruitutem exuerat, nulla

memoretur sine abdomine, etiam uocabulo suminis ab eo inposito.

« On pratique aussi l’art d’améliorer le foie des truies comme celui des oies : invention de M. Apicius,

elle consiste à les engraisser avec des figues sèches, et une fois bien grasses, à les tuer soudainement en leur

donnant à boire du vin miellé. Aucun autre animal ne fournit plus d’aliments à la gourmandise : sa viande

présente environ cinquante saveurs, tandis que celle des autres n’en a qu’une. De là tant d’articles dans les lois

censorielles, interdisant dans les repas les ventres, les filets mignons, les testicules, les matrices, les têtes de

porc ; ce qui n’empêche pas que le mimographe Publilius, une fois qu’il fut sorti d’esclavage, ne fit jamais un

dîner, dit-on, sans un ventre de truie ; c’est même lui qui donna à ce morceau le nom de sumen » (trad. A.

Ernout, Paris, CUF, 1952, modifiée sur un point)

4. Hippocrate, Du régime, II, 46 (= VI 546-547 L.)

Τὰ δὲ ὕεηα ἰζρὺλ κὲλ ηῷ ζώκαηη ἐκπνηέεη κᾶιινλ ηνπηέσλ, δηαρσξέεη δὲ

ἱθαλῶο δηόηη ιεπηὰο ηὰο θιέβαο ἔρεη θαὶ ὀιηγαίκνπο, ζάξθα δὲ πνιιήλ. « La viande de porc donne plus de force au corps ; elle est assez laxative, parce que le porc a des veines

fines, avec peu de sang et beaucoup de chair » (trad. R. Joly, Paris, Belles Lettres, 1967).

5. Oribase, Coll. med. II 28 (= I, 91 Dar.)

Πάλησλ κὲλ νὖλ ἐδεζκάησλ ἡ ζὰξμ ηῶλ ὑῶλ ἐζηη ηξνθηκσηάηε. « De tous les aliments, le plus nourrissant est la viande de porc ».

6. Galien, Les propriétés des aliments, III, 2 (= VI, 663 K.)

Τῆο δ’ ὑείαο ζαξθὸο ηὴλ πξὸο ἄλζξσπνλ ὁκνηόηεηα θαηακαζεῖλ ἔζηη θἀθ

ηνῦ ηηλαο ἐδεδνθόηαο ἀλζξσπείσλ θξεῶλ ὡο ὑείσλ νὐδεκίαλ ὑπόλνηαλ ἐζρεθέλαη

θαηά ηε ηὴλ γεῦζηλ αὐηῶλ θαὶ ηὴλ ὀζκήλ· ἐθσξάζε γὰξ ἤδε πνπ ηνῦην γεγνλὸο

ὑπό ηε πνλεξῶλ παλδνρέσλ θαὶ ἄιισλ ηηλῶλ.

« On peut s’instruire de la ressemblance de la viande de porc avec la chair humaine par le fait que

certains ont pu manger de la chair humaine à la place de viande de porc sans que ni le goût, ni l’odeur ne leur

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fassent concevoir le moindre soupçon ; on a découvert en effet que cela était parfois déjà arrivé du fait

d’aubergistes indélicats ou d’autres personnes ».

7. Auguste, Dicta 56 Malcovati, ap. Macrobe, Saturnales, II, 4, 11

Cum audisset inter pueros quos in Syria Herodes rex Iudaeorum intra bimatum

iussit interfici filium quoque eius occisum, ait : Melius est Herodis porcum esse quam

filium.

« [Auguste], ayant entendu dire qu’en Syrie, Hérode, le roi des Juifs, avait donné l’ordre de mettre à

mort tous les enfants de moins de deux ans et que parmi les victimes figurait son propre fils, eut ce mot : « Il

vaut mieux être le porc d’Hérode que son fils » ».

8. Juvénal, Satires, VI, 157-160

… hunc dedit olim

barbarus incestae, dedit hunc Agrippa sorori,

obseruant ubi festa mero pede sabbata reges

et uetus indulget senibus clementia porcis.

« C’est de cette pierre que fit jadis présent un barbare à une incestueuse, je veux dire Agrippa à sa sœur,

dans ce pays où les rois observent le sabbat pieds nus et où une clémence traditionnelle laisse les pourceaux

mourir de vieillesse » (trad. P. de Labriolle et F. Villeneuve, Paris, Belles Lettres, 1921).

9. Juvénal, Satires, XIV, 96-99

Quidam sortiti metuentem sabbata patrem

nil praeter nubes et caeli numen adorant,

nec distare putant humana carne suillam,

qua pater abstinuit, mox et praeputia ponunt.

« Quelques-uns, ayant reçu du sort un père dont la superstition observe le sabat, n’adorent rien que la

puissance des nuages et du ciel, et la chair humaine n’est pas pour eux plus sacrée que celle du porc, dont leur

père s’est abstenu. Bientôt même, ils retranchent leur prépuce » (trad. P. de Labriolle et F. Villeneuve, Paris,

Belles Lettres, 1921).

10. Testamentum porcelli

M. Grunnius Corocotta porcellus testamentum fecit. (…)

Et de meis uisceribus dabo donabo sutoribus saetas, rixoribus capitinas, surdis

auriculas, causidicis et uerbosis linguam, bubulariis intestina, isiciariis femora,

mulieribus lumbulos, pueris uesicam, puellis caudam, cinaedis musculos, cursoribus et

uenatoribus talos, latronibus ungulas.

« Le cochon M. Grunnius Corocotta fit son testament. (…)

De ce que contient mon corps, j’offre, je donne aux cordonniers mes soies, aux querelleurs la chair de

mes joues, aux sourds mes oreilles, aux plaideurs et aux bavards ma langue, aux bouchers mes entrailles, aux

marchands de viande hachée mes cuisses, aux femmes mes reins, aux enfants ma vessie, aux jeunes filles ma

queue, aux efféminés mes muscles, aux coursiers et aux chasseurs mes jarrets, aux brigands mes onglons ».

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11. Chrysippe, fr. 1137 D. (= SVF, n° 1154), ap. Cicéron, La nature des dieux, II, 160

Sus uero quid habet praeter escam ; cui quidem ne putesceret animam ipsam pro

sale datam dicit esse Chrysippus ; qua pecude, quod erat ad uescendum hominibus

apta, nihil genuit natura fecundius.

« Et le porc ? que nous fournit-il, en dehors de sa chair ? C’est pour l’empêcher de pourrir, dit

Chrysippe, que le souffle vital lui a été donné en guise de sel. Et c’est parce que cette bête était faite pour nourrir

les hommes que la nature n’en a produite aucune qui soit plus prolifique »

12. Plutarque, Propos de table, IV, 5, 671 A 9-B 5

Λέγνπζη δὲ θαὶ ηὰ ὄκκαηα ηῶλ ὑῶλ νὕησο ἐγθεθιάζζαη θαὶ θαηεζπάζζαη

ηαῖο ὄςεζηλ, ὥζηε κεδελὸο ἀληηιακβάλεζζαη κεδέπνηε ηῶλ ἄλσ κεδὲ πξνζνξᾶλ

ηὸλ νὐξαλόλ, ἂλ κὴ θεξνκέλσλ ὑπηίσλ ἀλαζηξνθήλ ηηλα παξὰ θύζηλ αἱ θόξαη

ιάβσζηλ· δηὸ θαὶ κάιηζηα θξαπγῇ ρξώκελνλ ηὸ δῷνλ ἡζπράδεηλ, ὅηαλ νὕησ

θέξεηαη, θαὶ ζησπᾶλ θαηαηεζακβεκέλνλ ἀεζείᾳ ηὰ νὐξάληα θαὶ θξείηηνλη θόβῳ

ηνῦ βνᾶλ ζπλερόκελνλ.

« On prétend aussi que le champ de vision des porcs est tellement limité et infléchi qu’ils ne peuvent

jamais rien apercevoir de ce qui est au-dessus d’eux ni regarder vers le ciel, à moins qu’étant renversés sur le

dos, leur pupille ne soit ainsi tournée dans un sens contraire à la nature ; que c’est la raison pour laquelle cet

animal d’ordinaire si bruyant reste tranquille lorsqu’on le met dans cette position, et se tait, paralysé à la vue,

nouvelle pour lui, de la voûte céleste et saisi d’une frayeur qui l’empêche de crier » (trad. F. Fuhrmann, Paris,

Belles Lettres, 1978).

Orientations bibliographiques

travaux d’anthropologues sur le cochon

VERDIER Yvonne, Façons de dire, façons de faire. La laveuse, la couturière, la cuisinière, Paris, Gallimard,

1979

FABRE-VASSAS Claudine, La bête singulière. Les juifs, les chrétiens et le cochon, Paris, Gallimard, 1994

CAISSON M. (dir.), Porchi è cignali. Saveurs et mystères des suidés, Ajaccio-Corte, Albiana-Musée de la Corse,

2004

la dissection dans l’Antiquité

EDELSTEIN L., « The development of Greek anatomy », Bull. Inst. Hist. Med., 3, 1935, p. 235-248

LLOYD G. E. R., Une histoire de la science grecque, [1943 et 1951], trad. franç. de J. BRUNSCHWIG, Paris, La

Découverte-Seuil, rééd., 1993

KUDLIEN F., « Antike Anatomie und menschlicher Leichnam », Hermes, 97, 1969, p. 78-94

FRASER P. M., Ptolemaic Alexandria, I, Oxford, Clarendon Press, 1972, p. 348-350

STADEN VON H., Herophilus. The Art of Medicine in Early Alexandria, Cambridge-New York, Cambridge

University Press, 1989

ANNONI J.-M., BARRAS V., « La découpe du corps humain et ses justifications dans l’Antiquité », Canadian

Bulletin of Medical History, 10, 1993, p. 189-204

MANDRESSI R., Le regard de l’anatomiste. Dissections et invention du corps en Occident, Paris, Seuil, 2003

NUTTON V., Ancient Medecine, Londres-New York, Routledge, 2004

KING H., DASEN V., La médecine dans l'Antiquité grecque et romaine, Lausanne, Éd. BHMS, 2008

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« les animaux proches de l’homme »

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HANKINSON R. J., « Le phénomène et l’obscur : Galien et les animaux », dans CASSIN B. et LABARRIERE J. L.

(éd.), L’Animal dans l’Antiquité, Paris, Vrin, 1997, p. 75-93

ZUCKER A., Aristote et les classifications zoologiques, Louvain-la-Neuve, Peeters, 2005, p. 298-299

BOUDON-MILLOT V., « L'homme, cet animal doué de sagesse et seul être divin parmi ceux qui vivent sur la terre

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médecine dans l'Antiquité grecque et latine, Lyon, 2008, Collection de la Maison de l'Orient et de la

Méditerranée, n° 39, p. 28-38

le cochon dans l’Antiquité

ALBARELLA U., DOBNEY K., ERVYNCK A. et al., Pigs and humans : 10,000 years of interaction, Oxford-New

York, Oxford University Press, 2007

ANDRE J., « La part des suidés dans le vocabulaire grec et latin », Anthropozoologica, 15, 1991, p. 5-24

BENVENISTE É., « Noms d’animaux en indo-européen », Bulletin de la Société de linguistique de Paris, 45,

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BENVENISTE É., Le vocabulaire des institutions indo-européennes. 1. Économie, parenté, société, Paris, Éditions

de Minuit, 1969

BRIAND M., « Grec θάπξνο : du « (porc) vorace » au « sanglier » », dans MELLET S. (éd.), Les Zoonymes. Actes

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FRANCO C., « Il verro e il cinghiale. Immagini di caccia e di virilità nel mondo greco », SIFC, 99, n. s. 4, 2006, p.

5-31

LAFON C., « Un organisme interne semblable au chaudron du sacrifice », dans MEHL V., BRULE P. (éd.), Le

sacrifice antique. Vestiges, procédures et stratégies, Rennes, PUR, 2008, p. 155-164

LION B., MICHEL C. (éd.), De la domestication au tabou : le cas des suidés dans le Proche-Orient ancien, Actes

du colloque de la Maison René-Ginouvès, Archéologie et Ethnologie, Nanterre, du 1 au 3 décembre 2005, Paris,

de Boccard, 2006 (Travaux de la Maison René Ginouvès)

PERPILLOU J.-L., « Porcs hirsutes : recherche étymologique », Études celtiques, 17, 1980, p. 101-109

PERPILLOU J.-L., « Signifiés clandestins ou le poêle et le tisonnier », RPh, 58, 1984, 53-62

POCCETTI P., « Un animal au centre du monde. Le cochon dans l’Antiquité italique et romaine », Schedae, 2009,

p. 125-141

POPLIN F., « Conclusion anthropozoologique. Le cochon, perle d'Orient: un tabou né de la domestication

laitière », dans De la domestication cit., p. 325-331

POPLIN F., « Prologue anthropozoologique – Animal vrai, sacrifice et domestication laitière », dans VILA E.,

GOURICHON L. et al. (éd.), Archaeozoology of the Near East VIII, Actes des huitièmes Rencontres

internationales d’Archéozoologie de l’Asie du Sud-Ouest et des régions adjacentes, Lyon 28 juin-1er juillet

2006, I, (Travaux de la Maison de l'Orient et de la Méditerranée, n° 49), Lyon, Maison de l'Orient et de la

Méditerranée-Jean Pouilloux, 2008, p. 21-44

SERGENT B., « Le porc indo-européen d’ouest en est », dans WALTER PH. (éd.), Mythologie du porc, Grenoble,

1999, p. 24-28

SHAPS D., « Piglets again », JHS, 116, 1996, p. 169-171

SHAPS D., « When is a piglet not a piglet ? », JHS, 111, 1991, p. 208-209

le Testamentum Porcelli

BÜCHELER F., HERAEUS W. (éd.), Petronii Saturae et liber Priapeorum, Berlin, 1922, p. 268-269

BOTT N. A., Testamentum Porcelli. Text, Übers. & Komm., Zurich, 1972

MARIOTTI I, « Kalendae lucerninae », RCCM, 20, 1978, p. 10212-1025

FABRE C., FABRE D., « Le testament du cochon », Via Domitia (Hommage à Jean Séguy II), n.s., 14, 1978, p.

121-156

ORSINI P., « Il testamento parodico, storia di una tipologia letteraria nell’età tardo-antica », RCCM, 41, 1999, p.

307-318

POCCETTI P., « Le Testamentum Porcelli, entre philologie et pastiche macaronique », REL, 81, 2003, p. 252-276

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II. L’ours

1. Cyranides, II, 1, p. 112 Kaimakis

!Arkto" qhrivon ejstiv, zw`/on dasuV kaiV nwqrovn, kataV pavnta ejoikoV" tw/ ajnqrwvpw/, sunetoVn kaiV ojrqaV badivzein qevlwn. Touvtou tou zwv/ou e{kaston mevlo" pepoivhtai proV" e{kaston mevlo" tou ajnqrwvpou. &Wfelei` ouj~n eij" qerapeivan.

« L’ours est une bête sauvage, un animal velu et paresseux, qui ressemble en tout à l’homme, qui est

avisé et qui aime à marcher debout. Chaque partie de cet animal est faite pour la partie correspondante de

l’homme. Il est donc d’un grand secours pour la thérapeutique ».

2. Aristote, HA, VI 30, 579 a 18-30 : la reproduction des ours

AiJ deV a[rktoi thVn ojceivan poiountai, w{sper ei[rhtai provteron, oujk ajnabadoVn ajllaV katakeklimevnai ejpiV th`" gh`". Kuvei d j a[rkto" triavkonta hJmevrai". Tivktei deV kaiV e}n kaiV duvo, taV deV plei`sta pevnte. &Elavciston deV tivktei toV e[mbruon tw/` megevqei wJ" kataV toV sw`ma toV aujth`" : e[latton meVn gaVr galh`" tivktei, mei`zon deV muov", kaiV yiloVn kaiV tuflovn, kaiV scedoVn ajdiavrqrwta taV skevlh kaiV taV pleistat w`n morivwn. ThVn d j ojceivan poieitai tou mhnoV" &Elafhboliw`no", tivktei deV periV thVn w{ran thVn tou fwlei`n. Givgnontai meVn ouj~n periV toVn crovnon touton kaiV hJ qhvleia kaiV oJ a[rrhn piovtato" : o{tan deV ejkqrevyh/ trivtw/ mhniV ejkfaivnousin h[dh tou e[aro". (...) Kuvousan d j a[rkton e[rgon ejstiV labei`n.

« Les ourses s’accouplent, nous l’avons dit plus haut, non pas en laissant le mâle monter sur elles,

mais en se couchant par terre. L’ourse porte trente jours. Elle met bas un ou deux petits, cinq au

maximum. L’ours naissant est tout petit proportionnellement au corps de sa mère : en effet, il est plus

petit qu’une belette, plus gros qu’une souris ; il est sans poil et aveugle, et ses membres sont presque

indistincts, comme la plupart de ses parties. L’accouplement a lieu pendant le mois d’Élaphébolion, et la

femelle met bas dans la saison où les ours restent cachés. Pendant cette période, la femelle et le mâle

deviennent très gras. Quand la femelle a élevé ses petits, au troisième mois, ils font leur apparition alors

que c’est déjà le printemps (…) Une ourse pleine est difficile à prendre ». (trad. P. Louis, Paris, CUF,

1968)

3. Aristote, HA, VI 34, 580 a 7 : le renard

^H d j ajlwvphx ojceuvei meVn ajnabaivnousa, tivktei deV w{sper hJ a[rkto", kaiV e[ti ma`llon ajdiavrqrwton ... {Otan d j ejktevkh/, th`/ glwvtth/ leivcousa ejkqermaivnei kaiV sumpevttei. Tivktei deV tevttara taV plei`sta.

« Le renard s’accouple en montant sur la femelle ; celle-ci met bas comme l’ourse, et les petits

sont encore moins bien formés... Quand elle a mis bas ses petits, elle les lèche pour leur donner de la

chaleur et contribuer à leur coction. Elle fait au maximum quatre petits » (trad. P. Louis, Paris, CUF,

1968, légèrement modifiée).

4. Aristophane de Byzance, Épitomé, II, 326-336

326 ^H a[rkto" e[cei meVn daktuvlou" pevnte, ojdovnta" touV" meVn a[nw ojxei`" kaiV diestw`ta" kaqavper taV karcarovdonta, touV" deV kavtw sunecei`", glw`ttan pacei`an kaiV platei`an, mastouV" tevssara", duvo proV" th`/ koiliva/ kaiV duvo ejn toi`" mhroi`". 327 Badivzei deV kataV diavmetron. 328 Dioicqeisa deV pneuvmona meVn e[cei eJxamerh`, hJ~par eJptavlobon kaiV colhVn ejp j aujtou, splh`na deV ejk pollw`n merwn sugkeivmenon kaqavper oJ boveio" nefrov" : aijdoi`on oJ a[rrhn

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makroVn wJ" kaiV oJ ejlevfa", touV" deV o[rcei" e[sw proV" th`/ ojsfuvi> kaqavper oiJ ajlektruovne". 329 &Orga`/ deV hJ a[rkto" a[llote a[llw" : kairoV" deV th`" kuhvsew" aujth`/ oujk e[stin eJstwv". 330 &Oceuvousi deV parakeklimevnoi oiJ a[rrene" proV" taV ojpivsqia tw`n qhleiwn. 331 Kuvei deV pavsa" taV" hJmevra" triavkonta : tivktei deV e}n o{ e[sti tw`/ megevqei e[latton meVn galh`", mei`zwn deV muov", a[narqron kaiV tuflovn. Qerapeuvei deV toV skumnivon kaqavper kaiV hJ kuvwn. 332 !Esti deV kaiV hJ qhvleia ajndreiotevra tou a[rreno". 333 Levgetai deV fwleuvein toV zw`/on touto hJmera" taV" ceimeriwtavta" triavkonta, wJ" eJptaV meVn oujd j o{lw" kineisqai, taV" deV a[lla" eijkositrei" movnon strevfesqai. &Exelqousa deV ejk tou fwleou` masa`tai xuvla kaiV a[lla kavrfh w{sper ojdontofuousa : 334 !Esti deV toV zw`/on touto pamfavgon kaiV ejpitiqevmenon pa`si : crh`tai deV toi" krevasi proshvpousa aujtav. 335 Feuvgousai dev pote kaiV labovmenai devndrwn, kavtw thVn kefalhVn poihvsasai, taV deV ojpivsqia a[nw, ou{tw" ajnabaivnousi. 336 Zh/` deV hJ a[rkto" e[th triavkonta h] mikrw/ plevon h] e[latton.

« L’ours possède cinq doigts, il a en haut des dents pointues et espacées, comme les animaux à

crocs, tandis que les dents inférieures sont toutes au même niveau ; il a une langue épaisse et large, quatre

mamelles, deux vers l’estomac et deux vers les cuisses. Il marche en avançant les pattes en diagonale.

Une fois ouvert, il présente un poumon divisé en six parties, un foie comportant sept lobes, sur le foie une

vésicule biliaire, une rate composée de nombreuses parties à l’exemple du rein du bœuf. Le mâle a un

long pénis, comme l’éléphant, et des testicules internes, dans la région des flancs, comme les coqs.

L’ourse ne désire pas l’accouplement à une date déterminée, et le moment favorable à la grossesse n’est

pas fixe. Les mâles s’accouplent en se couchant contre l’arrière-train des femelles. La gestation dure en

tout trente jours. L’ourse met bas un seul petit, d’une taille inférieure à celle d’une belette, mais

supérieure à celle d’une souris, dépourvu d’articulations et aveugle. Elle s’occupe de son petit de la même

façon que la chienne. Chez l’ours, la femelle est plus courageuse que le mâle. On dit que cet animal se

tapit dans une tanière pendant les trente jours les plus rigoureux de l’année, en restant complètement

immobile pendant sept jours, puis en se contentant de se retourner pendant les vingt-trois jours suivants.

Lorsqu’il sort de sa tanière, il mâche du bois et aussi des brindilles, comme s’il faisait ses dents. Cet

animal est omnivore et s’attaque à tous les animaux. Il consomme les chairs en les laissant d’abord

pourrir. Lorsqu’ils fuient et qu’ils atteignent un arbre, ils grimpent la tête en bas et l’arrière-train en haut.

L’ours vit un peu plus ou un peu moins de trente ans. »

5. Ovide, Métamorphoses, XV, 379-381 : discours de Pythagore.

Nec catulus, partu quem reddidit ursa recenti,/ sed male uiua caro est ; lambendo

mater in artus/ fingit et in formam, quantam capit ipsa, reducit.

« Le petit que l’ourse a récemment mis bas n’est encore qu’une chair à peine vivante ; à force de le

lécher, sa mère le façonne de manière à faire apparaître ses membres et elle lui donne une forme

semblable à celle dont elle est elle-même susceptible ». (trad. G. Lafaye, Paris, CUF, 1930)

6. Pline l’Ancien, Histoire naturelle, VIII, 126-131 : l’ours

Eorum coitus hiemis initio nec uulgari quadripedum more, sed ambobus

cubantibus conplexisque ; dein secessus in specus separatim, in quibus pariunt XXX die

plurimum quinos. Hi sunt candida informisque caro, paulo muribus maior, sine oculis,

sine pilo ; ungues tantum prominent. Hanc lambendo paulatim figurant. Nec quicquam

rarius quam parientem uidere ursam. Ideo mares quadragenis diebus latent, feminae

quaternis mensibus. Specus si non habuere, ramorum fruticumque congerie aedificant,

inpenetrabiles imbribus mollique fronde constratos. Primis diebus bis septenis tam

graui somno premuntur, ut ne uulneribus quidem excitari queant. Tunc mirum in

modum ueterno pinguescunt. Illi sunt adipes medicaminibus apti contraque defluuium

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capilli tenaces. Ab his diebus residunt ac priorum pedum suctu uiuunt. Fetus rigentes

adprimendo pectori fouent non alio incubitu quam ad oua uolucres. Mirum dictu, credit

Theophrastus per id tempus coctas quoque ursorum carnes, si adseruentur, increscere ;

cibi nulla tunc argumenta nec nisi umoris minimum in aluo inueniri, sanguinis exiguas

circa corda tantum guttas, reliquo corpori nihil inesse. Procedunt uere, sed mares

praepingues, cuius rei causa non prompta est, quippe ne somno quidem saginatis,

praeter XIIII dies, ut diximus. Exeuntes herbam quandam arum nomine laxandis

intestinis, alioqui concretis deuorant circaque surculos † dentium praedomantes ora †.

Oculi eorum hebetantur, qua maxime causa fauos expetunt, ut conuulneratum ab apibus

os leuet sanguine grauedinem illam. Inualidissimum urso caput, quod leoni

firmissimum. Ideo urgente ui praecipitaturi se ex aliqua rupe manibus cooperto

iaciuntur ac saepe in harena colapho infracto exanimantur. Cerebro ueneficium inesse

Hispaniae credunt occisorumque in spectaculis capita cremant testato, quoniam potum

in ursinam rabiem agat. Ingrediuntur et bipedes ; arborem auersi derepunt. Tauros ex

ore cornibusque eorum omnibus pedibus suspensi pondere fatigant. Nec alteri

animalium in maleficio stultitia sollertior. Annalibus notatum est M. Pisone M. Messala

cos. a. d. XIIII kal. Oct. Domitium Ahenobarbum aedilem curulem ursos Numidicos

centum et totidem uenatores Aethiopas in circo dedisse. Miror adiectum Numidicos

fuisse, cum in Africa ursum non gigni constet.

« Les ours s’accouplent au commencement de l’hiver, non pas à la façon ordinaire des

quadrupèdes, mais tous deux couchés et s’embrassant ; puis ils se séparent et se retirent chacun dans des

cavernes, où la femelle met bas au bout de trente jours le plus souvent cinq petits. Ce sont des masses de

chair blanches et informes, un peu plus grosses que des rats, sans yeux, sans poil ; seuls les ongles

dépassent. En léchant cette masse, les mères lui donnent forme peu à peu. Rien n’est plus rare que de voir

une ourse mettre bas. Aussi tandis que les mâles restent cachés seulement quarante jours, les femelles le

demeurent pendant quatre mois. S’ils n’ont pas de cavernes, ils se bâtissent avec un amas de branchages

et d’arbrisseaux des cabanes impénétrables à la pluie, et jonchées d’un feuillage moelleux. Dans les deux

premières semaines, ils sombrent dans un sommeil si profond que même les blessures ne peuvent les

réveiller. Alors sous l’effet de l’engourdissement, ils deviennent extraordinairement gras. Cette graisse-là

est fort bonne pour les préparations médicales, et elle arrête la chute des cheveux. Au bout de ce temps,

ils se tiennent assis de nouveau, et vivent en suçant leurs pattes de devant. Ils réchauffent leurs petits

glacés de froid en les serrant contre leur poitrine, les couvant comme les volatiles font de leurs œufs.

Chose étonante à dire, Théophraste croit que, durant le temps de leur retraite, la chair d’ours, même cuite,

augmente de volume, si on la conserve ; il prétend aussi qu’on ne trouve alors dans leur ventre aucune

trace d’aliments, et seulement une très petite quantité de liquide ; quelques rares gouttes de sang

seulement autour du cœur, et point dans le reste du corps. Ils sortent au printemps ; et les mâles sont alors

très gras – ce dont la raison n’apparaît pas, puisque, comme nous l’avons dit, ils ne prennent

d’embonpoint dans leur sommeil que pendant quatorze jours. À leur sortie, ils avalent une herbe nommée

aron, pour relâcher leurs intestins qui autrement resteraient collés, et mâchent des scions pour calmer leur

bouche agacée comme s’ils faisaient des dents. Leur vue s’affaiblit, et c’est pour cette raison

principalement qu’ils recherchent les ruches, afin que la saignée que leur font les abeilles en les piquant à

la face les soulage de cette pesanteur. La tête, qui est la partie la plus forte chez le lion, est la plus faible

chez l’ours ; aussi, lorsque serrés de près ils vont se précipiter du haut d’un rocher, ils se couvrent la tête

avec les pattes pour se jeter ; et souvent, dans l’arène, un coup de poing sur la tête les met à mort. On croit

en Espagne que leur cervelle contient un maléfice, et l’on brûle dans un pot de terre la tête des ours tués

dans les spectacles, car, prise en boisson, elle passe pour donner la rage d’ours. Ils marchent aussi sur

deux pieds ; ils descendent des arbres à reculons. Suspendus par les quatre pattes au mufle et aux cornes

des taureaux, ils en viennent à bout par leur poids. Aucun animal n’est plus habile, dans sa sottise, à faire

le mal. On a noté dans les Annales que sous le consulat de M. Pison et de M. Messala, quatorze jours

avant les calendes d’octobre, Domitius Ahenobarbus, édile curule, donna dans le cirque un spectacle de

cent ours de Numidie avec autant de chasseurs éthiopiens. Je m’étonne qu’on ait ajouté de Numidie,

quand il est reconnu qu’il n’existe pas d’ours en Afrique ». (trad. A. Ernout, Paris, CUF, 1952)

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7. Pline l’Ancien, Histoire naturelle, X, 176 : les animaux multipares

Quae solidas habent ungulas, singulos ; quae bisulcas, et geminos pariunt ;

quorum in digitos pedum fissura diuisa est, et numerosiora in fetu. Sed superiora omnia

perfectos edunt partus, haec inchoatos, in quo sunt genere leaenae, ursae ; et uulpes

informe etiam magis quam supra dicta parit, rarumque est uidere parientem. Postea

lambendo calefaciunt fetus omnia ea et figurant ; pariunt plurimum quatenos. Caecos

autem gignunt canes, lupi, pantherae, thoes.

« Les solipèdes font un seul petit ; les animaux à pied fourchu, jusqu’à deux ; ceux dont le pied se

divise en doigts ont une portée beaucoup plus nombreuse. Mais les premiers mettent tous bas leurs petits

bien conformés ; ceux-ci, ébauchés ; de ce nombre sont les lionnes, les ourses ; le renard met bas des

petits encore plus informes que les précédents, et il est rare de le voir mettre bas. Par la suite, tous ces

animaux, en lèchant leurs petits, les échauffent et les façonnent ; ils en font quatre au plus. Les petits des

chiens, des loups, des panthères, des chacals naissent aveugles ». (trad. E. de Saint-Denis, Paris, CUF,

1961).

8. Plutarque, De l’amour de la progéniture, 494 C : l’exemple de l’ourse

^H d j a[rkto", ajgriwvtaton kaiV skuqrwpovtaton qhrivon, a[morfa kaiV a[narqra tivktei, th/ deV glwvtth/ kaqavper ejrgaleivw/ diatupousa touV" uJmevna" ouj dokei genna`n movnon, ajllaV kaiV dhmiourgei`n toV tevknon.

« L’ourse, une bête des plus sauvages et des plus farouches, met bas des êtres difformes et

désarticulés, mais avec sa langue, comme avec un outil, elle donne forme à leurs membranes, de sorte

que, croit-on, elle ne se contente pas d’enfanter son ourson, mais qu’elle le façonne ». (J. Dumortier, J.

Defradas, Paris, CUF, 1975)

9. Isidore de Séville, Étymologies, 12, 2, 22 : ursus

Vrsus fertur dictus quod ore suo formet fetus, quasi orsus. Nam aiunt eos informes

generare partus et carnem quandam nasci quam mater lambendo in membra conponit.

Vnde est illud :

Sic format lingua fetum cum protulit ursa

Sed hoc inmaturitas partus facit : denique tricesimo die generat. Vnde euenit ut

praecipitata fecunditas informes procreet. Vrsorum caput inualidum ; uis maxima in

bracchiis et lumbis ; unde interdum erecti insistunt.

« L’ours est nommé, dit-on, de ce qu’il façonne ses petits avec sa gueule, pour orsus. On dit en

effet qu’il engendre des petits informes et qu’à la naissance, c’est un morceau de chair dont la mère, en le

léchant, forme les parties du corps. De là ce texte :

« L’ourse façonne ainsi de sa langue le petit qu’elle mit au monde ».

Mais cela est dû à la naissance avant terme : l’ourse met bas au plus le trentième jour. Aussi cette

courte gestation produit-elle des êtres informes. Les ours ont la tête faible, mais les pattes antérieures et

les reins très forts ; aussi se tiennent-ils droits parfois ». (trad. J. André, Paris, Les Belles-Lettres, 1986)

Les montreurs d’animaux

10. Isocrate, Sur l’échange, 213-214

Ὃ δὲ πάλησλ δεηλόηαηνλ, ὅηη θαζ’ ἕθαζηνλ ηὸλ ἐληαπηὸλ ζεσξνῦληεο ἐλ

ηνῖο ζαύκαζηλ ηνὺο κὲλ ιένληαο πξαόηεξνλ δηαθεηκέλνπο πξὸο ηνὺο ζεξαπεύνληαο

ἢ ηῶλ ἀλζξώπσλ ἔληνη πξὸο ηνὺο εὖ πνηνῦληαο, ηὰο δ’ ἄξθηνπο θαιηλδνπκέλαο θαὶ

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παιαηνύζαο θαὶ κηκνπκέλαο ηὰο ἡκεηέξαο ἐπηζηήκαο, νὐδ’ ἐθ ηνύησλ δύλαληαη

γλῶλαη ηὴλ παηδείαλ θαὶ ηὴλ ἐπηκέιεηαλ, ὅζελ ἔρεη δύλακηλ…

« Chose tout à fait étrange : alors que chaque année ils voient, dans les spectacles offerts à la

curiosité, des lions qui montrent plus de douceur envers qui s’occupe d’eux que certains hommes envers

leurs bienfaiteurs, des ours qui dansent, luttent et imitent ce que nous savons faire, même devant cela ces

gens ne peuvent comprendre quelle est la valeur de l’éducation et des soins … » (trad. G. Mathieu, Paris,

Belles Lettres, 1942)

11. Horace, Épîtres, II, 1, 182-186

Saepe etiam audacem fugat hoc terretque poetam,

quod numero plures, uirtute et honore minores,

indocti stolidique et depugnare parati,

si discordet eques, media inter carmina poscunt

aut ursum aut pugiles; his nam plebecula gaudet.

« Souvent une chose encore met en fuite et effraie le poète le plus audacieux : ces gens qui ont

l’avantage du nombre, mais non point celui du mérite et de la considération, ignorants et stupides et prêts à faire

le coup de poing si les chevaliers ne sont pas de leur avis, réclament, au beau milieu des vers, un ours ou des

pugilistes ; tels sont en effet les spectacles favoris de la menue plèbe » (trad. F. Villeneuve, Paris, Belles Lettres,

1934)

12. Pétrone, Satyricon, 47, 9

Nam cum mundatis ad symphoniam mensis tres albi sues in triclinium adducti

sunt capistris et tintinnabulis culti, quorum unum bimum nomenculator esse dicebat,

alterum trimum, tertium uero iam sexennem. Ego putabam petauristarios intrasse et

porcos, sicut in circulis mos est, portenta aliqua facturos.

« Une fois les tables desservies au son de l’orchestre, on amena dans le triclinium trois cochons blancs,

ornés de muselières et de grelots, et, comme l’annonça le crieur, âgés, l’un de deux ans, l’autre de trois, et le

troisième, déjà de six. Pour ma part je croyais à une entrée de clowns, et que les porcs, comme on le voit dans les

spectacles de rue, allaient faire quelques tours… » (trad. A. Ernout, Paris, CUF, 1923, modifiée sur un point)

13. Edictum de feris (Digeste, XXI, 1, 40-42 ; reconstitué par Lenel)

Deinde aiunt aediles : ne quis canem, uerrem, uel minorem aprum, lupum ursum,

pantheram leonem, qua uulgo iter fiet, ita habuisse uelit, ut cuiquam nocere damnumue

dare possit si aduersus ea factum erit et homo liber ex ea re perierit, solidi ducenti,

(sestertiorum ducentorum milium) si nocitum homini libero esse dicetur, quanti bonum

aequum iudici uidebitur condemnetur, ceterarum rerum, quanti damnum datum

factumue sit, dupli.

L’ours comme lutteur

14. Philon d’Alexandrie, Alexandre ou l’âme des animaux, 51

« Les ours se séparent afin de tromper leurs poursuivants. Ils leur brisent le cou et les reins, leur

infligent de sévères blessures et leur empêtrent les jambes par une prise habile. Ils pratiquent toutes les ruses que

les instructeurs ont coutume d’enseigner et qu’il serait superflu de mentionner en détail » (trad. A. Terian, Paris,

Cerf, 1988)

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15. Stace, Thébaïde, VI, 868-869

fulmineo sic dente sues, sic hispida turpes

proelia uillosis ineunt complexibus ursi.

« … ainsi luttent les sangliers avec leurs dents foudroyantes ; ainsi les ours hideux s’étreignent de leurs

membres velus et se livrent d’affreux combats » (trad. R. Lesueur, Paris, Belles Lettres, 1991)

16. Aristote, Histoire des animaux, VII (VIII), 5, 594 b 5-17 (éd. Balme)

Ἡ δ’ ἄξθηνο πακθάγνλ ἐζηί. Καὶ γὰξ θαξπὸλ ἐζζίεη, θαὶ ἀλαβαίλεη ἐπὶ ηὰ

δέλδξα δηὰ ηὴλ ὑγξόηεηα ηνῦ ζώκαηνο, θαὶ ηνὺο θαξπνὺο ηνὺο ρέδξνπαο· ἐζζίεη

δὲ θαὶ κέιη ηὰ ζκήλε θαηαγλύνπζα, θαὶ θαξθίλνπο θαὶ κύξκεθαο, θαὶ

ζαξθνθαγεῖ. Δηὰ γὰξ ηὴλ ἰζρὺλ ἐπηηίζεηαη νὐ κόλνλ ηνῖο ἐιάθνηο ἀιιὰ θαὶ ηνῖο

ἀγξίνηο ὑζίλ, ἂλ δύλεηαη ιαζεῖλ ἐπηπεζνῦζα, θαὶ ηνῖο ηαύξνηο· ὁκόζε γὰξ

ρσξήζαζα ηῷ ηαύξῳ θαηὰ πξόζσπνλ ὑπηία θαηαπίπηεη, θαὶ ηνῦ ηαύξνπ ηύπηεηλ

ἐπηρεηξνῦληνο ηνῖο κὲλ βξαρίνζη ηὰ θέξαηα πεξηιακβάλεη, ηῷ δὲ ζηόκαηη ηὴλ

ἀθξσκίαλ δαθλνῦζα θαηαβάιιεη ηὸλ ηαῦξνλ. Βαδίδεη δ’ ἐπί ηηλα ρξόλνλ ὀιίγνλ

θαὶ ηνῖλ δπνῖλ πνδνῖλ ὀξζή. Τὰ δὲ θξέα πάληα θαηεζζίεη πξνζήπνπζα πξῶηνλ.

« L’ours est omnivore. Il mange, en effet, des fruits et grimpe aux arbres grâce à l’agilité de son corps ;

il mange les légumes. Mais il mange aussi le miel après avoir brisé les ruches, des crabes, des fourmis, et il est

carnivore. Car sa force lui permet de s’attaquer non seulement aux cerfs, mais même aux sangliers, s’il peut leur

tomber dessus à l’improviste, et aux taureaux. En effet, il va à la rencontre du taureau et, lorsqu’il est en face de

lui, il se laisse tomber sur le dos, puis, quand le taureau essaie de le frapper, il lui entoure les cornes avec ses

bras, lui mord la pointe de l’épaule avec sa gueule et le renverse par terre. Il marche pendant quelques instants

debout sur ses deux pieds. Toutes les viandes qu’il mange, il les laisse d’abord pourrir » (trad. P. Louis, Paris,

Belles Lettres, 1969)

17. Élien, Personnalité des animaux, VI, 9

Ταύξῳ δὲ ιηκώηηνπζα ὅηαλ ἐληύρῃ, θαηὰ κὲλ ηὸ θαξηεξὸλ θαὶ ἐμ εὐζείαο

νὐ κάρεηαη, πξνζπαιαίεη δέ, θαὶ ηνῦ ηέλνληνο ιαβνκέλε θιίλεη, θαὶ ἅκκα ζθίγγεη.

Ὃ δὲ πηέδεηαη θαὶ κέκπθε, θαὶ ηειεπηῶλ ἀπεῖπε θαὶ θεῖηαη, θαὶ ἐθείλε ἐκπίπιαηαη.

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