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2. SYDNEY FRASERS BROASDWAY GARDEN 3. MUR VÉGÉTAL - ONE CENTRAL PARK SYDNEY 4. ONE CENTRAL PARK SYDNEY 1. SYDNEY FRASERS BROASDWAY RAILWAY 20 21 Végétale ARCHITECTURE Végétale ARCITECTURE LA TOUR VÉGÉTALE un projet qui pousse ! — PHÉNOMÈNE NOVATEUR ET EN PLEIN ESSOR : LES TOURS VÉGÉTALES. CES DERNIÈRES ANNÉES, ARCHITECTES ET BOTANISTES COLLABORENT AVEC L’AMBITION COMMUNE DE MÊLER LE VÉGÉTAL ET LES CONSTRUCTIONS URBAINES Rédactionnel : Laura CHARRIER / Crédits photos : Jean NOUVEL & Patrick BLANC / Iwan BAAN / Carola MERELLO / Marco GAROFALO / Boeristudio / Edouard FRANÇOIS L’appellation « tour végétale » est aussi vaste que composite. En effet, les installations qui s’accordent les faveurs d’une telle dénomination adoptent des approches techniques variées. Globalement, une tour peut s’attribuer l’adjectif végétal dès qu’elle s’agrémente de végétations peu importe la façon dont elles s’intègrent à la façade : murs végétaux et/ ou plantations. En somme c’est la cohabitation des univers urbains et ruraux qui autorise la qualification. Ces tours hybrides ont l’ambition de redorer le blason des « gratte-ciel » en les inscrivant dans une démarche de développement durable. Elles permettent la relocalisation de la flore et donc de la faune dans l’espace urbain. Offrant une biodiversité conséquente, agissant comme des isolants phoniques, thermiques, avec des fonctions dépolluantes, les plantes végétalisant les surfaces verticales n’ont pas fini de charmer. Voici une sélection de quelques projets et réalisations permettant d’illustrer ce concept dans toutes ses acceptions. One Central Park : le mur végétal L’architecte de renom Jean Nouvel et le botaniste non moins célèbre Patrick Blanc se sont associés pour exercer leurs talents à Sydney au profit de deux tours. Le projet d’envergure dont la livraison est prévue pour 2013 s’intitule One Central Park et animera le quartier Broadway Street. Le projet débuta en 2009 avec le support des administrations locales et sous l’égide de Frasers Property. Les deux tours abriteront des logements, boutiques et locaux d’entreprise, se hisseront respectivement sur 16 et 33 étages, s’étendant sur près de 250 000 m², et leurs façades se pareront de murs végétaux. Ces derniers disposent de multiples atouts puisque ces réalisations en plus d’être esthétiques, isolent et protègent les bâtiments des conditions météorologiques et environnementales (pollution, isolation thermique et phonique) tout en offrant bien sûr un refuge à la biodiversité. La participation de Patrick Blanc, l’inventeur du concept de murs végétalisés est vite apparue comme une évidence pour mener à bien le projet ambitieux de Jean Nouvel. Chercheur au CNRS depuis 1982, Patrick Blanc fut partenaire de nombreuses réalisations avec des architectes et des décorateurs d’intérieur célèbres comme Andrée Putman, Francis Soler, Edouard François, Jacqueline et Henri Boiffils, Herzog et de Meuron, Marc Newson, Saguez et Partners, entre autres. Le brevet déposé par le botaniste est basé sur une technique novatrice de culture verticale, qui s’affranchit des inconvénients liés au poids du substrat, permettant ainsi d’assurer la végétalisation des bâtiments. Ces murs végétaux font donc la particularité du projet australien. Botaniste mondialement reconnu, Patrick Blanc a accordé un soin tout particulier au choix des plantes qui orneront les deux tours de One Central Park et a opté pour une sélection d’environ 200 espèces autochtones afin de mettre en valeur la biodiversité locale et d’environ 170 autres exotiques produites dans des pépinières australiennes. Le choix des espèces dépend bien entendu des conditions climatiques du site et de l’emplacement des panneaux sur les façades. Patrick Blanc les sélectionne en fonction des spécificités environnementales propres à leur position sur la tour (exposition au soleil, au vent…). La plantation de ces espèces a débuté en Octobre 2012 par l’installation de quatre panneaux de dimension variable, le plus grand mesurant 167m² sur une hauteur de 42 mètres. La largeur des panneaux varie quant à elle de 2 à 4 mètres, ils sont donc peu larges mais très hauts puisque le mur végétal prend tout son intérêt dans l’élévation. Le projet One Central Park est composé de 23 murs végétaux, chacun comportant une trentaine de plantes par mètre carré. L’arrosage et l’apport d’engrais sont automatisés. L’eau de pluie est utilisée répondant ainsi à une ambition écologique de recyclage. Il est important de tailler les plantes afin de maintenir l’équilibre entre les différentes espèces. Par ailleurs, les immeubles devraient s’équiper de panneaux solaires, fixes et motorisés afin de capter et réorienter la lumière solaire vers l’atrium. Tout y est donc pour que ces jardins verticaux connaissent le succès escompté. Qu’est-ce qu’un mur végétal ? C’est une superposition de trois éléments : cadre métallique, feuille de PVC expansé, nappe d’irrigation, garantissant la croissance et la fixation à long terme des racines des plantes sur une surface et non plus dans un volume. Une plante peut ainsi y développer ses racines sur une très grande surface. Un écosystème vertical est ainsi créé.

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2. Sydney FraSerS BroaSdway Garden

3. Mur végétal - One Central park Sydney

4. One Central park Sydney

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LA TOUR VÉGÉTALEun projet qui pousse !— PHÉNOMÈNE NOVATEUR ET EN PLEIN ESSOR : LES TOURS VÉGÉTALES. CES DERNIÈRES ANNÉES, ARCHITECTES ET BOTANISTES COLLABORENT AVEC L’AMBITION COMMUNE DE MÊLER LE VÉGÉTAL ET LES CONSTRUCTIONS URBAINES

Rédactionnel : Laura CHARRIER / Crédits photos : Jean NOUVEL & Patrick BLANC / Iwan BAAN / Carola MERELLO / Marco GAROFALO / Boeristudio / Edouard FRANÇOIS

L’appellation « tour végétale » est aussi vaste que composite. En effet, les installations qui s’accordent les faveurs d’une telle dénomination adoptent des approches techniques variées.Globalement, une tour peut s’attribuer l’adjectif végétal dès qu’elle s’agrémente de végétations peu importe la façon dont elles s’intègrent à la façade : murs végétaux et/ou plantations. En somme c’est la cohabitation des univers urbains et ruraux qui autorise la qualification.Ces tours hybrides ont l’ambition de redorer le blason des « gratte-ciel » en les inscrivant dans une démarche de développement durable. Elles permettent la relocalisation de la flore et donc de la faune dans l’espace urbain.Offrant une biodiversité conséquente, agissant comme des isolants phoniques, thermiques, avec des fonctions dépolluantes, les plantes végétalisant les surfaces verticales n’ont pas fini de charmer.Voici une sélection de quelques projets et réalisations permettant d’illustrer ce concept dans toutes ses acceptions.

One Central Park : le mur végétalL’architecte de renom Jean Nouvel et le botaniste non moins célèbre Patrick Blanc se sont associés pour exercer leurs talents à Sydney au profit de deux tours. Le projet d’envergure dont la livraison est prévue pour 2013 s’intitule One Central Park et animera le quartier Broadway Street.

Le projet débuta en 2009 avec le support des administrations locales et sous l’égide de Frasers Property.Les deux tours abriteront des logements, boutiques et locaux d’entreprise, se hisseront respectivement sur 16 et 33 étages, s’étendant sur près de 250 000 m², et leurs façades se pareront de murs végétaux. Ces derniers disposent de multiples atouts puisque ces réalisations en plus d’être esthétiques, isolent et protègent les bâtiments des conditions météorologiques et environnementales (pollution, isolation thermique et phonique) tout en offrant bien sûr un refuge à la biodiversité.La participation de Patrick Blanc, l’inventeur du concept de murs végétalisés est vite apparue comme une évidence pour mener à bien le projet ambitieux de Jean Nouvel. Chercheur au CNRS depuis 1982, Patrick Blanc fut partenaire de nombreuses réalisations avec des architectes et des décorateurs d’intérieur célèbres comme Andrée Putman, Francis Soler, Edouard François, Jacqueline et Henri Boiffils, Herzog et de Meuron, Marc Newson, Saguez et Partners, entre autres.Le brevet déposé par le botaniste est basé sur une technique novatrice de culture verticale, qui s’affranchit des inconvénients liés au poids du substrat, permettant ainsi d’assurer la végétalisation des bâtiments. Ces murs végétaux font donc la particularité du projet australien.Botaniste mondialement reconnu, Patrick Blanc a accordé un soin tout particulier

au choix des plantes qui orneront les deux tours de One Central Park et a opté pour une sélection d’environ 200 espèces autochtones afin de mettre en valeur la biodiversité locale et d’environ 170 autres exotiques produites dans des pépinières australiennes. Le choix des espèces dépend bien entendu des conditions climatiques du site et de l’emplacement des panneaux sur les façades. Patrick Blanc les sélectionne en fonction des spécificités environnementales propres à leur position sur la tour (exposition au soleil, au vent…).La plantation de ces espèces a débuté en Octobre 2012 par l’installation de quatre panneaux de dimension variable, le plus grand mesurant 167m² sur une hauteur de 42 mètres. La largeur des panneaux varie quant à elle de 2 à 4 mètres, ils sont donc peu larges mais très hauts puisque le mur végétal prend tout son intérêt dans l’élévation. Le projet One Central Park est composé de 23 murs végétaux, chacun comportant une trentaine de plantes par mètre carré. L’arrosage et l’apport d’engrais sont automatisés. L’eau de pluie est utilisée répondant ainsi à une ambition écologique de recyclage. Il est important de tailler les plantes afin de maintenir l’équilibre entre les différentes espèces. Par ailleurs, les immeubles devraient s’équiper de panneaux solaires, fixes et motorisés afin de capter et réorienter la lumière solaire vers l’atrium.Tout y est donc pour que ces jardins verticaux connaissent le succès escompté.

Qu’est-ce qu’un mur végétal ?C’est une superposition de trois éléments : cadre métallique, feuille de PVC expansé, nappe d’irrigation, garantissant la croissance et la fixation à long terme des racines des plantes sur une surface et non plus dans un volume. Une plante peut ainsi y développer ses racines sur une très grande surface. Un écosystème vertical est ainsi créé.

5. BoSco verticale en COnStruCtiOn - Crédit photo : iwan Baan 5. BoSco verticale en COnStruCtiOn - Crédit photo : Carola Merello

7. BoSco verticale préSentatiOn - Boeristudio ©

8. tower Flower préSentatiOn - edouard François ©

9. MeSSena M6B2 pariS - edouard François ©

6. BoSco verticale miSe en plaCe deS véGétaux - Crédit photo : MarCo GaroFalo

22 23VégétaleARCHITECTURE

VégétaleARCITECTURE

Bosco Verticale : une forêt verticaleC’est à Milan et plus précisément à Porta Nuova Italia, que le projet fou du cabinet Stefano Boeri qui répond au nom de Bosco Verticale a choisi de s’établir : en jeu la construction de la première forêt verticale au monde. Dans cette optique, deux tours de 80 et 112 mètres, deviendront les supports de quelque 480 arbres de moyenne et grande taille, 250 arbres de petite taille, 11000 plantes couvre-sol et 5000 arbustes, l’équivalent d’un hectare de forêt.Durant deux ans, un groupe de botanistes s’est affairé dans le choix des espèces en s’appuyant sur leur hauteur et leur positionnement sur la façade. Les plantes utilisées dans le projet seront précultivées et exclusivement dédiées à Bosco Verticale, elles pourront ainsi croître dans un environnement semblable à celui qu’elles retrouveront dans les tours et s’y acclimater.Cette forêt est au cœur d’un concept qui vise à intégrer la nature dans le paysage urbain. Le projet entend profiter des avantages d’une telle présence par sa capacité à absorber la poussière existante dans l’air et à créer un micro-climat adéquat en filtrant les rayons du soleil et en diminuant la pollution acoustique. Bosco Verticale s’intègre dans l’architecture dite biologique qui refuse d’adopter une approche purement technique et/ou mécanique mais plutôt une démarche d’environnement durable.La biodiversité est donc encouragée et un écosystème urbain se met en place constitué de divers types de végétations créant un environnement vertical qui peut être colonisé par les insectes et les oiseaux, devenant ainsi un symbole parlant de la recolonisation immédiate de la ville par la faune et la flore.De plus, ces arbres offrent la possibilité d’un paysage changeant puisque ce dernier varie en fonction des saisons, de quoi égayer et dynamiser les architectures bétonnées !

Tower Flower et M6B2 : Tours de la BiodiversitéL’architecte Edouard François est l’un des partisans particulièrement productifs des constructions végétales, il a à son actif plusieurs réalisations qui relèvent de cette ambition. Livrée en 2004 Tower Flower, abrite trente logements en accession libérés de tout mur porteur. La tour de dix étages située dans la ZAC Porte d’Asnières et face au parc, constitue la prolongation verticale de ce dernier.La végétalisation s’exprime de tous côtés par des pots de fleurs géants suspendus et fixés aux balcons, à l’instar des jardinières parisiennes. Ils sont composés de diverses espèces de bambous, reconnus pour leur résistance au vent et aux basses températures. Ils ont également l’avantage d’émettre un doux bruissement et de filtrer la lumière grâce à leur feuillage.

En façade l’ascenseur vitré sur deux faces laisse pénétrer les parties communes. M6B2 Tour de la Biodiversité prévue pour 2014, et culminant à 50 mètres sera de son côté végétalisée à l’aide d’espèces issues de milieux sauvages. La particularité de cette tour, qui s’édifiera dans le XIIIème arrondissement de la capitale, est qu’elle adoptera le rôle de semencière puisque des graines de rang 1 portées par le vent devraient ensemencer la métropole parisienne générant ainsi de la biodiversité.

Entre scepticisme et ferveur, ces tours végétales de plus en plus audacieuses s’élèvent témoignant de la nécessité de nature dans les zones urbaines. De quoi peut-être éradiquer la frontière entre les deux mondes de la ville et de la ruralité !

« LA VÉGÉTALISATION S’EXPRIME DE TOUS CÔTÉS PAR DES POTS DE FLEURS GÉANTS SUSPENDUS ET FIXÉS AUX BALCONS, À L’INSTAR DES JARDINIÈRES PARISIENNES.»