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Nouvelles Les nouvelles de la Grèce, que j'avais annoncées, sont encore assez confuses, et je ne juge pas utile de les détailler pour le moment. J'ai déjà mis au courant nos fidèles, de même que quelques lecteurs et ils sauront donc de quoi il s'agit. Le Synode publie une encyclique, qui est déjà sous presse, selon mes informations, et j'aurai matière à écrire dans lé bulletin suivant et à rompre le silence, car je suis directement concerné par ces problèmes inter- ecclésiaux. Grâce à une lectrice, j'ai pu trouver dans les ménées la mémoire du pape Libère, au sujet duquel j'avais écrit plus longuement dans le bulletin précédent. Le saint pape est commémoré le 27 août dans l'Église orthodoxe. Voici le texte du Synaxaire : ORTHODOXIE N° 51 | ! | avril 1993 BULLETIN DES VRAIS CHRÉTIENS ORTHODOXES (VCO) FRANCOPHONES sous la juridiction de l’archevêque André d’Athènes, primat de toute la Grèce ARCHIMANDRITE CASSIEN FOYER ORTHODOXE F 66500 CLARA TÉLÉPHONE 0981776593 OU 0616804541 SOMMAIRE MIRACLES CONTEMPORAINS DES RELIQUES NOUVELLEMENT DÉCOUVERTES D'UN SAINT ROUMAIN SYNAXAIRE DU GRAND SAMEDI LA PERSÉCUTION DES JUSTES COURRIER L'ORTHODOXIE DANS LA SOCIÉTÉ MODERNE VOTRE SANTÉ MISE EN CARTES DÉCISION CONCILIAIRE L'OBEISSANCE ENVERS LA HIÉRARCHIE SELON LES CANONS LE NOUVEAU CONFESSEUR Mémoire de notre père parmi les saints, le confesseur Libère, pape de Rome. Libère maintenant puise au trésor précieux qu'il s'était sagement préparé dans les cieux. J'espère pouvoir publier, - plaise à Dieu - un jour sa Vie qui n'est pas encore traduite. L'homélie ci-après de saint Jean Chrysostome est bien connue des Orthodoxes puisqu'elle est lue chaque Pâque. Mais autre chose de l'écouter une fois l'année et autre chose est de pouvoir la lire et relire à sa guise et en faire aussi profiter ceux qui n'ont jamais assisté à la Pâque orthodoxe. Christ est ressuscité ! hm. Cassien

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Nouvelles

Les nouvelles de la Grèce, que j'avais annoncées, sont encore assez confuses, et je

ne juge pas utile de les détailler pour le moment.

J'ai déjà mis au courant nos fidèles, de même que

quelques lecteurs et ils sauront donc de quoi il

s'agit. Le Synode publie une encyclique, qui est déjà sous presse, selon mes informations, et j'aurai matière à écrire dans lé

bulletin suivant et à rompre le silence, car je suis

directement concerné par ces problèmes inter-

ecclésiaux.Grâce à une lectrice, j'ai pu trouver dans les ménées la

mémoire du pape Libère, au sujet duquel j'avais écrit plus longuement dans le

bulletin précédent. Le saint pape est commémoré le 27

août dans l'Église orthodoxe. Voici le texte du

Synaxaire :

ORTHODOXIE N° 51 | ! | avril 1993

BULLETIN DES VRAIS CHRÉTIENS ORTHODOXES (VCO) FRANCOPHONES

sous la juridiction de l’archevêque André d’Athènes,

primat de toute la GrèceARCHIMANDRITE CASSIEN

FOYER ORTHODOXE

F 66500 CLARATÉLÉPHONE 0981776593 OU

0616804541

SOMMAIRE

MIRACLES CONTEMPORAINS DES RELIQUES NOUVELLEMENT DÉCOUVERTES D'UN SAINT ROUMAIN SYNAXAIRE DU GRAND SAMEDI LA PERSÉCUTION DES JUSTES COURRIER L'ORTHODOXIE DANS LA SOCIÉTÉ MODERNE VOTRE SANTÉ MISE EN CARTES DÉCISION CONCILIAIRE L'OBEISSANCE ENVERS LA HIÉRARCHIE SELON LES CANONS LE NOUVEAU CONFESSEUR

Mémoire de notre père parmi les saints, le confesseur Libère, pape de Rome.

Libère maintenant puise au trésor précieuxqu'il s'était sagement préparé dans les cieux.

J'espère pouvoir publier, - plaise à Dieu - un jour sa Vie qui n'est pas encore traduite.

L'homélie ci-après de saint Jean Chrysostome est bien connue des Orthodoxes puisqu'elle est lue

chaque Pâque. Mais autre chose de l'écouter une fois l'année et autre chose est de pouvoir la lire et relire à sa guise et en faire aussi profiter ceux qui

n'ont jamais assisté à la Pâque orthodoxe.

Christ est ressuscité !hm. Cassien

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HOMÉLIE PASCALE

de saint Jean Chrysostome

Que tout homme pieux et ami de Dieu célèbre cette belle et lumineuse fête  ! Que tout serviteur fidèle entre dans la joie de son Maître ! Que celui qui s'est fatigué à jeûner reçoive maintenant son denier ! Que celui qui a travaillé dès la première heure reçoive maintenant son juste salaire ! Que celui qui est venu à la troisième heure célèbre cette fête en rendant grâces ! Que celui qui est arrivé à la sixième heure n'éprouve aucun doute, car il ne perdra rien ! Que celui qui a tardé jusqu'à la neuvième heure s'approche sans hésitation et sans crainte ! Que celui qui n'est apparu qu'à la onzième heure n'ait aucune peur du fait de son retard ! Car le Seigneur est généreux : Il admet au repos l'ouvrier de la onzième heure comme celui qui a travaillé dès la première heure. Il fait miséricorde au dernier et guérit le premier. A l'un Il donne, à l'autre Il distribue. Il reçoit l'oeuvre et Il complète l'intention. Il honore le travail et Il loue le bon propos. Entrez donc tous dans la joie de votre Maître. Recevez la récompense, les premiers comme les seconds; riches et pauvres, célébrez la fête ensemble. Vous qui avez jeûné et vous qui avez été négligents, honorez ce jour. Vous qui avez gardé l'abstinence et vous qui n'avez pas jeûné, réjouissez-vous aujourd'hui! Le veau gras est servi. Que personne ne s'en aille affamé ! Que tous prennent part au banquet de la foi; recevez tous les richesses de la miséricorde ! Que nul ne regrette sa pauvreté, car le royaume commun est apparu ! Que nul ne pleure de ses fautes, car le pardon est sorti du tombeau ! Que nul ne craigne la mort, car la Mort du Seigneur nous a rendus libres ! Il a enchaîné l'enfer, Celui qui est descendu. Il a rendu amère la mort, Celui qui y a goûté dans sa chair. Tout cela, Isaïe l'a prédit : L'enfer, dit-il, a été rendu amer, parce qu'il a été humilié. Il est devenu amer, parce qu'il a été terrassé. Il est devenu amer, parce qu'il a été lié. L'enfer a pris un corps, et c'est un Dieu qu'il a rencontré. Il a pris ce qui était visible et il est tombé dans ce qui était invisible. Où est ton aiguillon, ô mort; enfer, où donc est ta victoire ? Christ est ressuscité et vous avez été humiliés. Christ est ressuscité et les démons sont tombés. Christ est ressuscité et les anges se réjouissent. Christ est ressuscité, prémice de ceux qui dorment. A Lui gloire et honneur aux siècles des siècles. Amen.

C'est le jour de la Résurrection : peuples rayonnons de joie. C'est la Pâque, Pâque du Seigneur. De la mort à la vie, de la terre aux cieux, Christ-Dieu nous a

menés, chantons l'hymne de la victoire. Matines de Pâque (Hirmos)

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MIRACLES CONTEMPORAINS DES RELIQUES NOUVELLEMENT DÉCOUVERTES D'UN SAINT ROUMAIN

La proximité et la grâce de Dieu ont été révélées récemment de façon bouleversante en Roumanie au monastère de Néamts, source célèbre de la renaissance spirituelle des 18e et 19e siècles dans le monde orthodoxe.Le samedi 24 mai 1986 il a été remarqué qu'à un certain endroit de l'allée, à mi-chemin entre l'entrée principale et la grande église, construite par le voivode Etienne le Grand en 1497, le sol, recouvert de grandes dalles de pierre cimentées, s'est soulevé miraculeusement de plus d'un pied et dans les dimensions d'un

tombeau. Selon les comptes rendus, le sol s'est soulevé plusieurs fois. Le lundi 26 mai, l'abbé du monastère, l'archimandrite Ephrem Chicariu a décidé de faire des fouilles sous le dallage.

Lors des fouilles délicatement menées, on a découverte, à une profondeur de quatre pieds et demi environ, le corps vénérable d'un moine de sainte vie qui embaumait. Les os de son squelette étaient encore reliés et p r é s e n t a i e n t t o u t e s l e s conditions requises pour des reliques selon les canons de l'Église orthodoxe. Après leur exhumation, elles ont été mises dans un petit cercueil et placées au son des cloches en toute piété et bon ordre dans l'église construite par Etienne le Grand. La nouvelle de la découverte des sa in tes re l iques s 'est

répandue immédiatement par tout le pays. Déjà ce lundi soir, puis pendant la nuit et surtout les jours suivants, des centaines de pèlerins sont venus à Néamts - paysans, citadins et intellectuels, pour vénérer les saintes reliques. D'abord, ils ont allumés des cierges autour du tombeau puis se sont prosternés, les yeux emplis de larmes de joie de ce que Dieu a révélé un nouveau saint intercesseur pour leur pays. Puis, ils sont entrés dans l'église pour prier avec une grande foi et une émotion profonde devant les reliques et devant l'icône miraculeuse de la Mère de Dieu, en demandant le secours céleste et en rendant gloire pour toutes choses à Dieu qui opéré un si grand miracle en Roumanie. Après la déclaration officielle qui est conservée aux archives du monastère de Néants. Cette révélation de la miséricorde de Dieu et de sa proximité n'était, bien sûr, pas au goût des autorités communistes qui deux jours plus tard, ont mis fin au pèlerinage et ont coulé du béton sur le tombeau du saint. Les moines ont caché les reliques dans une salle au-dessus de la

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sacristie, en attendant le jour de la libération qui est finalement arrivé en décembre 1989. Les reliques se trouvent maintenant dans l'église d'Etienne le Grand. Mais l'identité de ce saint n'a pas encore été révélé car la pierre qui portait le nom du défunt et la date de sa mort, et que l'on enterre traditionnellement avec le mort en Roumanie n'a pas été retrouvée près des reliques. On hésite entre deux possibilités concernant son identité : c'était soit un moine qui vivait peut-être au 14e siècle, soit saint Païsios Velitchkovsky, le grand illuminateur du 18e siècle qui vécut et mourut à Néamts.

Des anachorètes hésychastes habitant des cellules solitaires vivaient dans la région de l'emplacement actuel du monastère de Néants depuis au moins du 14e siècle. Le premier abbé connu de Néamts, l'hiéromoine du grand habit Germain (1320-1362) rassembla ces ascètes dans le monastère. Dans la deuxième moitié du 14e siècle, Néamts était devenu un centre spirituel si important que le prince Pierre Mussat décida de construire une église en pierre consacrée à la fête de l'Ascension du Seigneur. Un grand nombre de tombes monastiques (du 14e siècle pour la plupart) se trouvent autour du site de cette église primitive, qui est dans l'enceinte du monastère actuel. Quelques-unes sont sous les murs de l'église, bâtie par Etienne le Grand en 1497 et sous les cellules du monastère. Il est fort possible que les reliques soient celles d'un moine qui vécut et mourut aux environs du 14e siècle et qui fut enterré dans le cimetière entourant la première église. Selon l'autre hypothèse - et qui est soutenue par beaucoup de personnes compétentes en la matière, ce sont les reliques du grand staretz saint Païssij

Velitchkovskij qui mourut à Néamts en 1794. Il fut enterré dans l'église d'Etienne le Grand où l'on voit encore sa pierre tombale. Mais il est très possible que ses reliques qui sont parmi les biens les plus précieux du monastère de Néamts - aient été enlevées de son tombeau par mesure de précaution lors de quelque période d'épreuve ou de trouble. Une telle période advint à l'époque où l'archimandrite Hilarion était l'abbé du monastère. Celui-ci enleva l'icône miraculeuse de la Mère de Dieu et d'autres trésors du monastère - y compris la presse à imprimer - et les cacha dans les bois pour les préserver de la rage des Turcs au moment du regain de la révolte hétairiste avortée en Moldavie, au cours de l'année 1821, quand les monastères voisins d'Agapia, de Secu et de Sihastria furent pillés et incendiés. Les reliques de saint Païssij auraient pu être mises à l'abri également pendant l'occupation de la Moldavie par les Russes (1828-1834) qui, paraît-il, à cette époque dérobèrent, dans une pieuse intention, les reliques de la grande anachorète sainte Théodora de Sihla pour la transférer de Roumanie dans les grottes de la laure de Kiev en Russie où elles se trouvent encore de nos jours Dieu nous a révélé les reliques de son saint; nous devons maintenant attendre que son bon Plaisir nous livre aussi son identité.

Dans THE ORTHODOX WORD N° 163

Ses pieds étaient semblables à du bronze doré du Liban embrasé dans la fournaise ardente. Apo 1,15

Par les pieds embrasés on entend l'Église qui à l'approche du jour du Jugement doit être éprouvée par l'excès des persécutions et jugée par le feu. Et, parce

que le pied est la partie extrême du corps, et qu'il a dit que les pieds sont embrasés, par les pieds on entend l'Église des derniers temps, qui doit être

éprouvée par beaucoup de tribulations comme l'or dans la fournaise. saint Césaire d 'Arles (Commentaire de l 'Apocalypse)

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SYNAXAIRE DU GRAND SAMEDI

C'est en vain que les gardes sur le tombeau veillent :la mort ne peut garder la Vie qui y sommeille.

Le saint Carême arrive au terme de ses jours, et surtout de cette grande et sainte Semaine, dont voici le plus grand jour : le Samedi saint. Lorsqu'on parle de grande Semaine ce n'est pas que ses jours ou ses heures soient plus grands, mais à cause de la grandeur et de l'excellence des merveilles et des oeuvres extraordinaires accomplies par le Sauveur, en particulier en ce jour. De même que Dieu, ayant lors de la première création du monde, accompli toute son oeuvre, en particulier après avoir créé l'homme le sixième jour, Se reposa de toutes ses oeuvres le septième jour, et le sanctifia en lui donnant le nom de sabbat - ce qui signifie repos - de même ici, en l'élaboration d'un monde spirituel, ayant de façon excellente accompli toute chose, après avoir le sixième jour recréé l'humanité déchue et l'avoir renouvelée par la vivifiante Croix et par sa Mort, Il se reposa de nouveau en ce septième jour et, après les oeuvres accomplies, Il dormit d'un sommeil revivifiant et salutaire. Le Verbe de Dieu descend donc au tombeau avec sa Chair, mais Il descend aussi dans l'Hadès avec son Ame divine et toute pure, que la mort a séparée de son Corps et qu'Il a remise entre les mains du Père, auquel Il offrit également son Sang, qui fut notre rédemption, sans qu'Il ait eu besoin de la demander. Car dans l'Hadès l'Ame du Seigneur ne fut pas retenue, comme les âmes des autres saints. Comment donc ? Parce qu'Il n'était pas sujet, comme eux, à la malédiction portée contre nos premiers parents. Notre ennemi le diable, même s'il nous retenait, ne put prendre le sang au prix duquel nous fûmes rachetés. Et comment le diable, ce voleur, aurait-il pu L'engloutir, puisque Le Christ n'était pas seulement de Dieu, mais Dieu Lui-même ? En outre, notre Seigneur Jésus Christ demeura au tombeau avec son Corps et avec sa Divinité, étroitement unie à sa Chair. Étant donc au paradis avec le larron et, en même temps, se trouvant aux enfers, comme on dit, avec son Ame divinisée, Il siégeait aussi, en sa Nature divine, avec le Père et l'Esprit, Il était partout présent, étant le Dieu incirconscrit, sans que la divinité ait eu à souffrir, pas plus au tombeau que sur la croix. Certes, le Corps du Seigneur eut à souffrir la mortalité, c'est-à-dire la séparation du corps et de l'âme, mais en aucune manière la corruption, c'est-à-dire la dissolution, la complète destruction de la chair et des membres. Mais recevons à Joseph : ayant descendu le saint Corps du Seigneur, il l'ensevelit dans un tombeau neuf, qui se trouvait tout près, dans le jardin, et il plaça une très grande pierre à l'entrée du tombeau. Car les Juifs, après le Vendredi, allèrent trouver Pilate pour lui dire : "Seigneur, nous nous sommes souvenus que cet imposteur a dit de son vivant : 'Après trois jours, je ressusciterai.' En conséquence, il nous semble bon que ton pouvoir donne l'ordre à l'armée de garder le tombeau.» Pilate aurait dû leur répondre : "Si c'est un imposteur, pourquoi tenir compte de ses paroles ? Était-il vivant, lorsque vous avez reconnu qu'il était mort ? Et quand a-t-il dit qu'il ressusciterait ?" Mais certains l'avait déduit du signe de Jonas. "De toute manière, s'il y a une garde au tombeau, on ne pourra pas le dérober!" Insensés, ils n'avaient pas compris que ce qu'ils faisaient allait se retourner contre eux. Pilate l'ayant ordonné, ils firent donc garder le tombeau par des soldats, après y avoir mis soigneusement des scellées, de sorte qu'on ne pût pas dire, de façon calomnieuse, que la résurrection du Seigneur était advenu sans garde ni scellés. Mais l'Hadès fut surpris et bouleversé de rencontrer une force plus puissante; et il rejeta peu après Celui qu'il avait avalé indûment, le Christ, pierre angulaire et trop ferme rocher, et avec Lui ceux qu'il avait mis depuis les siècles en son sein pour en faire sa pâture.

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LA PERSÉCUTION DES JUSTES

Chromace, évêque d'Aquilée

Lorsque saint Elie subissait l'extrême rigueur de la persécution du roi Achab et de son épouse Jézabel, le Seigneur lui dit: «Va vers le torrent, et je donnerai l'ordre aux corbeaux de te nourrir là, et tu boiras de l'eau du torrent." (3 Sam 17,3) Et ils lui apportaient, dit l'Écriture, du pain chaque matin, et, le soir, de la viande." (3 Sam 17,6) Ce fait nous donne à comprendre quel soin le Seigneur a toujours pris de ses saints, puisqu'Il daigne même les nourrir par le ministère des corbeaux. Déjà auparavant, dans le psaume, David avait bel et bien dit : "Dieu ne fait pas mourir de faim l'âme juste.» (ps 10,3) Certes l'âme de saint Elie le prophète était juste; le Seigneur n'a pas voulu qu'elle aille jusqu'à souffrir de la faim, de sorte qu'il l'a nourrie par le ministère des oiseaux. Sans doute la nourriture de l'âme juste est-elle tout intérieure; c'est la parole du Seigneur qui sans cesse la restaure; cependant par la miséricorde de Dieu, elle n'est pas non plus privée de pain. Pour saint Elie, il lui est apporté dans le désert par le ministère des corbeaux; pour Daniel jeté dans la fosse aux lions, Dieu commande que son repas lui soit porté par le ministère d'un ange. (cf. Dn 14,34) Car Daniel avait souffert persécution pour la justice de la part des grands de Babylone. Mais l'iniquité des persécuteurs ne cause aucun dommage à l'âme des justes. Les corbeaux nourrissent Elie, les fauves ne touchent pas à Daniel (cf. Dn 6,17-18; 14,31-32); ce sont les hommes qui tendent des embûches et s'acharnent à persécuter.

Extrait du livre :(avec l'autorisation aimable de l'auteur, Mère Éliane )

Le saint prophète Elie (Spiritualité Orientale n° 53)

COURRIER  

Mon père,Merci de tout coeur pour vos magnifiques publications, qui sont très utiles et dans un langage

facile. En grec et en russe il y a beaucoup de publications, mais peu de choses dans les langues d'occident.Je ne garde pas un seul bulletin, je les envoie tous à l'étranger où ils peuvent faire beaucoup de bien : en Hongrie, Tchécoslovaquie, Roumanie et en Albanie. L'orthodoxie doit

faire face aux moyens puissants du catholicisme et des sectes protestantes. Nous qui vivons en Occident devons faire notre possible afin d'aider et conseiller nos frères là-bas.

Ne m'oubliez pas dans vos prières.Marco Zucchini Budrio (Italie)

Protosinghel OlivianManstirea "Izverul Miron"

RoumanieMon cher Père Cassien,

J'ai reçu votre lettre et vos publications, dont je vous remercie beaucoup. Je peux vous annoncer maintenant qu'on a traduit déjà en roumain le fragment "Orthodoxie» n° 45 (juin 1992) : "Devenir un saint" de l'oeuvre de Virgile Georghui, intitulé "Pourquoi m'a-t-on nommé Virgile ?" l'auteur est d'origine roumaine et le texte - comme toutes les pages de votre publication - est

très impressionnant, intéressant et éducatif. Recevez toute mon admiration et grandes félicitations pour le contenu très riche et intéressant de la revue. Dans quelques mois j'ai

l'intention de vous envoyer quelques uns de mes articles. On les traduira en français.Envoyez-nous, s'il vous plaît, le numéro où se trouve l'article sur les reliques nouvellement

découvertes à Néamts. Il nous intéresse beaucoup.Je vous invite chaleureusement à nous rendre visite. Toujours vous serez le bienvenu. Pour le

moment c'est la seule possibilité de nous rencontrer. Dans les circonstances politiques actuelles, les roumains ne peuvent pas visiter l'Europe et l'ouest sans une intervention spéciale,

nominative.Nous vous attendons avec des sentiments fraternels,

dans l'amour du Christ, protosyncelle Olivian

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L'ORTHODOXIE DANS LA SOCIÉTÉ MODERNE

L'homme d'aujourd'hui épris et fasciné par la science et les progrès techniques, formé par l'humanisme, n'est guère disposé pour la vraie Orthodoxie. Déjà parler de vraie Orthodoxie - qui suppose une exclusivité - lui déplaît, du fait qu'il est rationaliste. Déformé par de pseudo-religions et souvent égaré par des croyances simplistes il a du mal à saisir l'Orthodoxie. Un grand nombre de religions se mettent à la page, se font remorquer par la vie moderne. Pour tenir leurs adeptes et faire d'autres prosélytes ils se tournent vers des actions sociales et altruistes. Sous prétexte de charité fraternelle, ils dévalorisent le commandement de l'amour de Dieu. Leur croyance devient horizontale, aplatie au prix de la Transcendance de Dieu, de l'expérience de la foi. Actuellement nous vivons une époque d'euphorie, de grandes promesses de bonheur, de félicité et de paix. Évidemment, ces slogans et ces promesses ne trouvent aucun écho dans les données de la révélation divine, ni dans l'enseignement des prophètes, ni des apôtres, ni des pères. Ce sont des prédications de paix illusoires - tels les faux prophètes autrefois qui prêchaient «paix et sécurité» - et on n'a qu'à regarder autour de soi pour constater combien elle sont mensongères. Croire à ces promesses serait nier l'Évangile. Dans toute cette confusion quelle place, quel rôle joue l'Orthodoxie ? Rester fidèle à la foi, à la Tradition que nos pères nous ont transmise, la transmettre en toute sa pureté, voilà notre tâche essentielle. Ce n'est donc pas des prosélytes que nous cherchons à gagner, ni la complaisance ou l'approbation de nos contemporains, mais ni plus ni moins que l'Orthodoxie vraie et salvatrice. Tel un cap qui reste insensible malgré les vagues qui s'y brisent et la violence du vent, tel le phare qui guide les vaisseaux dans leur course, ainsi l'Orthodoxie reste fidèle à elle-même, et ce que tous nos pères ont cru et vécu toujours et partout, nous le croyons et le vivons aussi.

Hm. Cassien (écrit en 1978)

Au moment où il est de nouveau question de changer la pascalie orthodoxe afin de complaire aux "oecuménistes" je me dois de publier pour nos fidèles et à qui veut l'entendre, la décision suivante du concile pan-orthodoxie de 1583.

DÉCISION CONCILIAIRE prise à Constantinople sous le patriarche Jérémie II

Comme l'Église de l'ancienne Rome, semblant se réjouir de la vanité de ses astronomes, a de nouveau modifié inconsidérément les merveilleuses décisions sur la célébration de la sainte Pâque, fêtée comme il se doit par les chrétiens de la terre entière, et que c'est une nouvelle source de tentations ... nous nous devons de confirmer les règles établies par les pères de l'Église. Après en avoir délibéré avec le bienheureux patriarche d'Alexandrie et le bienheureux patriarche de Jérusalem et les autres membres du Synode en l'Esprit saint, notre assemblée définit et explique les décisions des pères de l'Église. Qui ne suit pas les traditions de l'Église et les décisions des sept Conciles oecuméniques sur la sainte Pâque et le calendrier des saints, comme l'exige la règle, mais préfère adopter le comput ecclésiastique pascal et le calendrier des saints grégoriens, s'oppose, aux côtés des astronomes impies, à toutes les décisions des Conciles oecuméniques et a choisi de les modifier, est frappé d'anathème et excommunié de l'Église du Christ et de l'assemblée des fidèles. Quant à vous, chrétiens orthodoxes pieux, restez fidèles à ce qu'on vous a enseigné, à la foi de votre naissance et de votre éducation et, si la nécessité s'en présente, versez votre sang pour préserver la foi et la confession de vos pères. Soyez vigilants et préservez-vous de ceux-là, et que le Seigneur Jésus Christ vous aide. Les prières de notre assemblée vous accompagnent. Amen.

+ le patriarche de Constantinople Jérémie II+ le patriarche d'Alexandrie Sylvestre

+ le patriarche de Jérusalem Sophrone.+ les évêques présents à l'assemblée du 20 novembre 1683

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VOTRE SANTÉ MISE EN CARTES

GRACE AUX PROGRÈS FULGURANTS DE LA TECHNOLOGIE, LA MÉDECINE PRÉDICTIVE EST EN TRAIN DE VOIR LE JOUR. EN CAS D'ACCIDENT, LA CARTE SANTÉ SERA TRÈS

PRÉCIEUSE. MAIS, DEMAIN, AVANT DE VOUS EMBAUCHER OU DE VOUS CONSENTIR UN CRÉDIT, ON VOUS DEMANDERA VOTRE CARTE GÉNÉTIQUE.

Par Marie-Catherine de la Roche et Martine Castello  Avez-vous déjà entendu parler de la médecine prédictive ? C'est nouveau, ça vient de sortir. Il s'agit d'une nouvelle discipline médicale consistant comme son nom l'indique à prédire les maladies qui risquent de vous tomber dessus tout au long de votre vie. Ces prévisions n'ont pas pour objectif de donner des sueurs froides mais tout simplement d'éviter par des soins appropriés que la maladie ne se déclare. Pour les tenants de cette nouvelle discipline, la médecine prédictive rythme donc avec prévention et devrait devenir la médecine de demain. Une session entière vient même de lui être consacrée au récent colloque Euro-Médicine qui s'est tenu cette année à Montpellier. C'est Hippocrate qui va être content. Lui qui rêvait de remplacer la déesse Panacée, celle qui guérit tous les maux, par sa copine Hygié la déesse qui empêche la maladie d'apparaître. Hélas, tout ne semble pas aussi rose au pays d'Hygié. Une face sombre nous aurait-elle échappé ? Pourquoi la Californie vient-elle d'interdire toute recherche dans ce domaine jusqu'à la fin du siècle ? Où est le risque ? Pour répondre à cette question, il faut remonter jusqu'à la boule de cristal qui prédit ainsi notre avenir santé. La médecine prédictive n'a en fait de nouveau que le nom, car il y a longtemps que les médecins faisaient intuitivement et d'une manière empirique de la prédiction. Si vos parents étaient diabétiques ou souffraient hypertension, votre docteur pouvait raisonnablement vous conseiller de surveiller votre alimentation et votre mode de vie. Car il savait par expérience qu'il existait des familles entières de diabétiques ou sujettes aux maladies cariovasculaires. Tout cela restait très flou car on ne disposait d'aucune preuve tangible. Aujourd'hui, cette médecine prédictive a fait un véritable bond en avant. Une simple prise de sang et le tour est joué. Le nouveau instrument de voyance s'appelle la biologie moléculaire. Une discipline scientifique toute récente qui permet entre autres de détecter dans le code génétique de l'individu les maladies héréditaires qui sommeillent. Avec elle, la goutte de sang est devenu une véritable boule de cristal. La compréhension du mécanisme du code génétique est l'une des plus grandes découvertes humaines. Avec le programme de genum humain qui se met aujourd'hui en place, on va savoir à quoi servent tous nos gènes. Cette recherche n'a que quelques années d'existence mais déjà des centaines de gènes ont pu être identifiés. Parmi eux, bien sûr, ceux responsables de nombreuses maladies dites fort justement héréditaires. On connait par exemple les gènes qui provoquent la myopatie de Duchenne, le gène de la muscoviscidose, le gène de la chorée d'Hedington, etc. Près de quatre mille recensées. Elles ne sont pas encore toutes identifiées sur le genum mais cela na saurait tarder. Les chercheurs ont également découvert dans notre code génétique des prédispositions malencontreuses. Dans ce cas-là, ils ne peuvent pas affirmer que nous développerons une maladie car elles ne dépendent pas d'un seul gène. Mais ils sont capables de les prévoir si le mode de vie les favorise. C'est le cas par exemple du diabète, de certains cancers, de l'hypertension et même de maladies psychiques comme la schizophrénie, l'autisme ou la dépression. Pour Axel Kahn, généticien à l'Inserm, on sera même capable un jour de découvrir dans notre genum le mécanisme qui gère notre durée de vie. Le vieillissement lui aussi est programmé génétiquement. Et dans ce domaine nous ne sommes vraiment pas égaux. Il y a des familles de centenaires et des familles qui ne s'éternisent pas sur la terre. Chacun de nous possède sa propre horloge interne de longévité même si le mode de vie a aussi son mot à dire. Avec la découverte des mécanismes du genum humain, la médecine pédictive va devenir une science à part entière. Mais il est un peu trop tôt pour parler de prévention. En réalité, comme l'explique Axel Kahn, «l'origine de toutes les maladies génétiques sera connue avant que nous sachions les soigner. Cela est une autre affaire ajoute le chercheur, qui demande beaucoup plus de temps.» Et c'est là que les problèmes commencent. Car les tests génétiques continuent à se développer en remplissant simplement leur rôle de prédiction. Ils vont vous donner votre patrimoine santé : maladies héréditaires, fragilités du terrain, durée de vie. Imaginons que nous

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mettions tout cela sur fiches informatiques, nous arrivons à la carte d'identité génétique d'un individu. Elle va vous suivre toute votre vie au même titre que votre livret de famille, votre passeport ou vos diplômes. Fiction que tout cela ? Pas vraiment. La carte d'identité génétique est présentée par beaucoup de médecins comme quelque chose de formidable. Quelque chose qui leur permettra d'accéder plus rapidement à un diagnostic. Elle est déjà testée au Japon. Pour l'instant il s'agit d'une carte à puce électronique sur laquelle sont inscrits tout ce qui concerne les antécédents médicaux, le groupe sanguin et les allergies, mais un jour on y insérera aussi les informations concernant le code génétique. Et si cette carte confidentielle destinée aux médecins leur glisse des mains, que va-t-il arriver ? «Tout simplement, explique Axel Kahn, la sélection des individus en fonction de leur capital santé.» Dans ce domaine-là aussi, la fiction rejoint la réalité. Il suffit pour s'en convaincre d'écouter Hervé Lelong. Ce consultant, spécialiste des problèmes d'assurance et de médecine, sait de quoi il parle. Aujourd'hui, pour vous consentir un crédit, les banques réclament une assurance-vie. Pour obtenir ce prêt, il vous faut passer par le biais d'un assureur qui avant toute chose va vous soumettre à un bilan de santé. En fonction de votre âge, de votre état de santé, vous aurez on non la possibilité de vous assurer et d'obtenir ainsi le crédit de la banque. La sélection est déjà très poussée car les assureurs ne sont pas gens à prendre des risques. Il est évident, ajoute Hervé Lelong, qu'ils utiliseront le test génétique quand celui-ci sera au point. Impossible par exemple d'obtenir le moindre prêt si vous possédez le gène de la choré d'Hedington. Cette maladie génétique se développera vers vos cinquante ans et on ne sait pas la soigner. Et si l'on vous découvre une prédisposition génétique à la dépression, insiste-t-il, quelle est la compagnie qui va prendre le risque d'assurer quelqu'un qui peut se suicider avant la fin du contrat ? Les mêmes difficultés risquent de se retrouver dans un autre secteur. Celui du travail. Aux États-Unis, les cadres supérieurs passent déjà aujourd'hui un examen de santé avant l'embauche. Le candidat pourra aligner toutes les qualités requises, si on lui découvre un taux de cholestérol trop important il risque de ne pas avoir le poste. Cette attitude est nouvelle. Une véritable prise de conscience. Les entreprises ont évalué les pertes financières provoquées par l'absentéisme ou le décès de leurs employés. Le bilan est devenu leur leitmotiv : «La mauvaise santé coûte cher.» De grosses sociétés, Johnson and Johnson, General Electric, McDonnell Douglas pour ne citer qu'elles, se sont lancées dans cette nouvelle bataille : des employés en pleine santé pour leur entreprise saine. «Cette attitude se développe aussi en France,» explique Hervé Lelong. Pour l'instant, les grandes entreprises ne font passer le bilan de santé avant l'embauche qu'aux candidats aux postes supérieurs. Mais il faut voir plus loin. Dans ce contexte, on pourrait se demander ce qui pourrait bien empêcher d'étendre cette pratique à tous les candidats. Avec la carte d'identité génétique, il n'est même plus nécessaire de réclamer des bilans de santé longs et onéreux. Il suffit de présenter la carte en même temps que les références professionnelles. Quel est le patron qui va embaucher un futur diabétique, sachant qu'il va s'abstenir plus souvent pour ses traitements, alors que l'absentéisme est la bête noire de tous les employeurs ? Et qui nous dit qu'un jour il ne faudra pas montrer sa carte génétique avant de convoler en justes noces ? Qu'est-ce qui pourrait empêcher que nous devenions tous de la matière pensante dont la qualité serait évaluée comme un quelconque objet sous garantie ? «Il faudrait des règles d'éthique pour les faire appliquer, mais en ce domaine, explique Axel Kahn, c'est le vide.» On comprend mieux maintenant pourquoi la Californie vient de décider d'un moratoire sur les tests génétiques. Sans des règles morales, la médecine prédictive et sa boule de cristal, la génétique, risquent de se transformer en une déesse de magie noire.

Les dogmes doivent être définies en de strictes limites, ne fût-ce que pour permettre au chrétien de jouir des libertés fondamentales. L'Église doit monter

la garde, ne fût-ce que pour permettre au monde d'être insouciant.

G. K. Chesterton

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L'OBEISSANCE ENVERS LA HIÉRARCHIE SELON LES CANONS

extrait de "La Foi Transmise" 1/ L'obéissance ne peut pas aller à l'encontre de la piété et de la justice. «Si un prêtre, par mépris pour son évêque, célèbre séparément et élève autel contre autel, sans avoir à lui faire aucune reproche sur des questions de la piété ou de la justice, qu'il soit déposé comme ambitieux - il aspire en effet au pouvoir - de même que les autres clercs qui prendront son parti; quant aux laïcs, qu'ils soient excommuniés. Et que cela se fasse après une première et une seconde et une troisième invitation de l'évêque à se soumettre.»31e canon apostolique Théodore Balsamon, patriarche d'Antioche et Canoniste du le siècle écrit à ce sujet dans son interprétation du 3le canon apostolique : "Note que le présent canon apostolique décrète que les clercs peuvent se séparer sans danger de leurs évêques, si ces derniers sont impies ou injustes et leurs injustice est manifeste.» Exemple d'application historique :Autour de l'année 795, l'empereur Constantin VI se sépara de sa femme légitime Marie l'Armenienne et épousa une dame de la cour appelée Théodote (cousine de 2e degré de saint Théodore le Studite). Le patriarche de Constantinople, saint Taraise ne donna pas l'autorisation mais l'higoumène du monastère de «Katharon», Joseph, célébra le mariage. Saint Taraise craignant que l'empereur ne se tourne vers l'iconoclasme, n'a pas destitué l'higoumène Joseph. Toutefois saint Théodore le Studite se sépara et de l'empereur et du patriarche, bien que cette transgression ne concernât pas directement les dogmes. Ceci lui a valu deux ans d'emprisonnement à Thessalonique, jusqu'à 797 où l'empereur fut écarté et saint Taraise pouvait destituer l'higoumène Joseph. Il y a donc rupture de communion entre saint Taraise et saint Théodore, non parce que le patriarche était l'auteur d'une "impiété" ou d'une "injustice», mais même parce qu'il avait toléré cette attitude chez l'empereur, même pour des raison d'économie.2/ L'obéissance ne peut pas aller à l'encontre de la pureté de la foi."Pour trois raisons, il est permis au moine de quitter sonmonastère : si l'higoumène est hérétique, si l'entrée des femmes au monastère est permise et si des enfants du monde s'instruisent dans le monastère."Canon de saint Nicéphore le Confesseur, patriarche de Constantinople 3/ L'obéissance est basée d'abord sur la vérité et ensuite sur les jugements conciliaires."Si dans une ville ou une campagne quelconque des clercs ont été déposés par Nestorius ou ses partisans, à cause de leurs sentiments orthodoxes, nous avons jugé qu'à juste titre ils doivent être réintégrés dans leurs fonctions. En règle générale nous ordonnons que les clercs, qui reçoivent ce concile orthodoxe et oecuménique ou le recevront maintenant ou après, en quelque temps que ce soit ne doivent être subordonnés en aucune manière et aucun moment aux évêques qui ont apostasié ou qui apostasièrent ou qui vont à l'encontre des saints canons et de la foi orthodoxe.3e canon de 3e Concile oecuménique (Éphèse) a/ L'obéissance donc n'existe pas sans la profession de foi orthodoxe.b/ L'obéissance n'existe pas en dehors de l'observation des saints canons. Même si les fidèles sont condamnés par la hiérarchie officielle, ils doivent rester inébranlables et fidèles à la foi.c/ Les orthodoxes au temps de Nestorius (patriarche hérétique de Constantinople) se sont séparés de lui, bien qu'aucun concile n'aie jusqu'alors condamné officiellement son enseignement.d/ La séparation des orthodoxes de la hiérarchie infidèle et hérétique est un devoir obligatoire pour tous et non une attitude facultative comme essayent d'interpréter les modernistes. "Les décisions prises à propos des prêtres et des évêques s'appliquent encore plus à propos des patriarches. C'est pourquoi si un prêtre ou un évêque ou un métropolite osait se séparer de la communion de son patriarche et ne commémorait pas son nom, comme cela fut établi et fixé,

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pendant la divine célébration des mystères, et si, avant qu'un synode d'évêques ne le cite à son tribunal et ne le condamne définitivement, il provoquait un schisme, celui-là le saint Synode a décidé qu'il soit complètement dépouillé de toute dignité sacerdotale, dès qu'il sera convaincu d'avoir commis cette iniquité. Ces décisions ont été prises et confirmées contre ceux qui sous le prétexte de quelque accusation se séparent des supérieurs hiérarchiques et provoquent des schismes et déchirent l'unité de l'Église. Car ceux qui pour la raison d'une hérésie condamnée par les pères, s'écartent de la communion de leurs supérieur hiérarchique, à condition que celui-ci prêche publiquement l'hérésie et l'enseigne tête découverte dans l'Église, ceux-là, non seulement ne seront pas sujets à la peine canonique, en se défendant de communier avec le prétendu évêque avant l'instruction de sa cause par un tribunal d'évêques, mais même ils auront les honneurs qui conviennent aux orthodoxes, car ils n'auront pas condamné des évêques, mais de faux évêques et de faux docteurs et ils n'auront pas déchiré l'unité de l'Église par des schismes, mais au contraire se seront efforcé de préserver l'Église de schismes et de divisions."15e canon du A/B concile de Constantinople (861) a/ Une fausse doctrine n'est pas nécessairement dénoncée par un concile, mais aussi par l'enseignement des pères. Les orthodoxes quand ils se sont séparés de leurs évêques ou patriarches hérétiques (ariens, nestoriens etc. ) ne s'appuyaient pas sur un concile précédent, mais sur l'enseignement des pères. Pour cela le concile précise : "ou par les pères".b/ Un patriarche ou un évêque qui prêche l'hérésie perd ipso facto sa qualité épiscopale et aucune obéissance ne lui est due de la part des fidèles.c/ Celui qui se sépare d'un évêque ou d'un patriarche hérétique ne perd pas sa qualité d'orthodoxe (mais il est honoré comme tel), et non seulement ne devient pas "schismatique" mais bien au contraire, il évite le schisme en sauvegardant par la séparation de ses responsabilités la pureté de la foi et par conséquent l'unité de l'Église. Car l'unité de l'Église ne réside ni sur le nombre de ses membres, ni sur une légitimité extérieure et juridique de l'ordination de ses évêques, mais avant tout sur la pureté de la foi.d/ Quand le patriarche ou l'évêque devient hérétique, on se sépare de lui avant l'instruction de sa cause par un tribunal synodal. En effet plusieurs patriarches hérétiques, comme le démontre la liste ci-après n'ont pas été ni jugés ni condamnés ni destitués. Ceci n'empêche guère les orthodoxes de se séparer d'eux.e/ Les modernistes inventent une nouvelle ecclésiologie enseignant que l'application de ce canon est "facultative et non "obligatoire". Le devoir de celui qui se séparerait d'un prélat hérétique - sauvegardant ainsi l'unité de l'Église serait donc "facultatif» et non "obligatoire» ? Le bien devient donc facultatif et non obligatoire ? Que dit l'Écriture sainte :"Celui donc qui sait faire le bien, et qui ne le fait pas, commet un péché." (Jac 4,17)f/ Les modernistes enseignent également, que si un patriarche tombe dans l'hérésie, c'est l'évêque ou le métropolite qui peut se séparer de lui, mais pas le prêtre ou le fidèle directement. Ceci est faux. En effet si le prélat tombe dans l'hérésie le canon le considère automatiquement comme "faux-évêque" déchu de son charisme, même si l'on voulait (»facultativement") rester avec lui, on ne peut pas le faire et rester orthodoxe. Comment donc un prêtre ou un laïque peut-il concevoir la possibilité que son évêque pourrait être en communion avec un patriarche hérétique ? Pour cela le coryphée des interprètes des canons, Zonaras est très explicite : "Mais si le patriarche, ou le métropolite ou l'évêque est hérétique, et prêche publiquement l'hérésie à tête découverte ... ceux qui se séparent sont dignes d'honneur en tant qu'orthodoxes." Exemples de patriarches hérétiques : Patriarches de Constantinople :a/ Nestorius (destitué) 428-431b/ Akakios 472-489c/ Timothée 1e (sacrilège) 511-518d/ Anthime 1e (destitué) 536-536e/ Pyrré 1e 638-641f/ Paul IIe 641-653g/ Jean VIe 712-715h/ Théodote 1e (iconoclaste) 815-821) 

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Patriarche d'Alexandrie :Dioscore 444-451 (Destitué comme monophysite par le concile de Calcédoine.Après Dioscore les patriarches orthodoxes succédèrent aux patriarches monophysites et même souvent il y eu deux patriarches : un orthodoxe et un monophysite. Papes de Rome :Honorius, monothèlite (condamné par le VIe concile oecuménique)

Question de millimètre ? Mais un millimètre est tout quand vous établissez un équilibre. L'Église ne peut se permettre de dévier d'un cheveu si elle veut

poursuivre sa marche hardie d'équilibre instable.

Seul le surnaturel a une vue saine de la nature.

G. K. Chesterton

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Ce n'est pas pour éloigner du culte parfait de Dieu que nous admettons la production des icônes faites de cire et de couleurs.

Car de la divinité invisible nous ne faisons ni icône ni représentations : en effet, les saints anges eux-mêmes ne

peuvent pas la comprendre ou la pénétrer entièrement. Mais depuis que le Fils seul-engendré Lui-même qui est dans le sein du

Père, a daigné devenir homme selon le dessein bienveillant du Père et du saint Esprit, pour racheter sa propre créature de la sentence mortelle, depuis donc qu'Il est devenu participant du

sang et de la chair comme nous, comme dit le grand Apôtre, «devenu semblable à nous en tout hormis le péché,» (Heb 4,15)

nous dessinons l'image de son aspect humain selon la chair, et non pas de sa Divinité incompréhensible et invisible, car nous nous

sentons pressés de représenter ce qui est notre foi, pour montrer qu'Il ne s'est pas uni à notre nature en apparence, comme une ombre ..., mais qu'Il est devenu homme en réalité et en vérité, parfait en tout hormis le péché qu'a semé en nous l'ennemi. En

raison de cette foi inébranlable en Lui nous représentons le caractère de sa sainte Chair sur les icônes, et nous vénérons

celles-ci et les honorons avec révérence qui leur est due puisqu'elles nous conduisent au souvenir de sa divine Incarnation

vivifiante et indicible.

Lettre de saint Germain de Constantinople à Jean de Synades

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LE NOUVEAU CONFESSEUR ALEXANDRE (JACOBSON)

Commémoré le 8 Septembre  Au camp de concentration terrible de Solovki, en 1929, avec la fin de l'hiver, le scorbut se répandit et vers le printemps, le nombre des prisonniers atteints dans la quatrième division du camp était de 5000 - sur 18000. En tant que médecin emprisonné, en plus de mon travail habituel, je devais m'occuper de superviser l'un des nouveaux baraquements où logeaient 300 prisonniers atteints de scorbut. Quand j'arrivai à ces baraquements, je fus accueilli par un jeune infirmier juif au visage très beau et très vivant. C'était un étudiant en médecine de quatrième année. Avoir un aide aussi qualifié était très rare et se révéla être d'un grand secours. Alexandre Yacovlevich Jacobson, c'était son nom, fit la tournée de tous les baraquements avec moi et me montra tous les malades. Il me donna pour chaque patient son diagnostic et les traits caractéristiques de la maladie. Les malades étaient tous dans un état grave. Ils avaient des gencives gâtées et pleines de pus à cause de la gangrène scorbutique, leurs articulations étaient enflées, leurs extrémités saignaient, tout cela apparaissait après un examen sommaire. Après un examen plus approfondi, plusieurs d'entre eux révélaient de sérieuses complications internes : néphrite hémorragique, pleurésie et péricardite, sérieuse affection des yeux etc. Par les explications données par l'infirmier, je compris qu'il connaissait précisément les symptômes des affections et qu'il faisait un diagnostic correct.Découvrant qu'Alexandre travaillait quelquefois 24 heures sans pause, je l'envoyai se reposer et j'allai visiter et examiner les malades tout seul. Sur leurs fiches étaient inscrits tous les faits les concernant, c'est-à-dire leur prénom, leur nom de famille, date et lieu de naissance etc. Le diagnostic aussi était indiqué ainsi que leurs plaintes subjectives. A cause du grand nombre de malades, j'étais forcé de les examiner très rapidement et de laisser des notes très succinctes sur leurs fiches. Cependant ma tournée qui commença à huit heures du matin, ne s'acheva qu'à trois heures du matin avec deux pauses de trente minutes pour le déjeuner et le souper. Le jour suivant, retournant aux baraquements à huit heures, j'y trouvai Alexandre qui avait déjà fait la tournée des malades, préparé mes ordonnances et également préparé des informations sur les cas les plus graves. Il avait encore travaillé de midi à huit heures du matin sans interruption aucune. Son visage était enflé et portait des traces très visibles de coups. En réponse à mes questions, il me dit la choses suivante : à sept heures du matin, les baraquements avaient été visités par le chef du Guépéou (i.e. KGB de l'époque) du camp. Ce chef était ivre. Visitant les malades, il leur demanda s'ils étaient satisfaits du médecin et de l'infirmier. Quelques-uns des prisonniers malades déclarèrent que le docteur n'était venu que très tard la nuit, avait jeté un oeil, avait rapidement regardé quelques malades sans vraiment apporter aucun secours à ceux qui étaient gravement atteints, et que de plus l'infirmier n'était venu travailler qu'à midi. Sans se demander si les plaintes étaient justifiées ou non, et sans demander d'explications à l'infirmier, le chef le frappa plusieurs fois au visage et demanda qu'en tant que docteur chargé de cette section, je me présente à lui à midi, pour une explication. - Alexandre Yacovlevitch, dis-je à l'infirmier, je dois aller à l'interrogatoire comme vous le savez. Voyez vous-même combien il y a de malades sérieusement atteints. Bien que vous ayez déjà travaillé 24 heures, pourriez-vous travailler encore deux ou trois heures, jusqu'à ce que je revienne - je l'espère du moins - de l'interrogatoire ? - Bien sûr docteur, me répondit l'infirmier humblement, je resterai m'occuper des cas sérieux. - Faites-le je vous prie, car après tout, vous savez de quoi il retourne même dans les cas les plus complexes et je ne puis que vous remercier chaleureusement pour votre aide. En ce qui me concerne, je vais tâcher d'expliquer au chef du Guépéou qu'il a été injuste à votre égard. - Oh, ne vous faites donc pas de souci pour moi, s'écria d'une manière très vive l'infirmier, et ne me défendez pas. J'ai dû supporter des tourments bien plus difficiles sans être coupable le moins du monde, et je remercie seulement Dieu pour cela. Souvenez-vous de ce que disait saint Jean Chrysostome : «Gloire à Dieu en toutes choses !» - Etes-vous donc chrétien ? lui demandai-je étonné. - Oui, je suis Juif et orthodoxe, répondit-il en souriant joyeusement. Je lui serrai la main en silence, puis je lui dis : Eh bien au revoir. Merci. Nous parlerons demain. Priez pour moi.

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- Soyez calme, me dit l'infirmier d'un ton très assuré, priez constamment votre ange gardien pendant tout le temps de l'interrogatoire. Que Dieu vous garde, docteur ! Je sortis. En chemin, je priai le Seigneur, sa très pure Mère, saint Nicolas le Thaumaturge et plus spécialement mon ange gardien, suivant en cela le bon conseil d'Alexandre. Entrant dans le bureau du chef, j'adressai mentalement et pour la dernière fois une prière à mon ange gardien, lui demandant : «Défends-moi, éclaire-moi.» Le chef m'accueillit en silence avec un air sévère. D'un doigt il montra une chaise. Je m'assis. - Dis-moi, quand as-tu fait la tournée des malades hier, et pourquoi est-ce que ton aide, l'infirmier Juif n'a commencé à travailler qu'à midi ? Mentalement, sans paroles, je demandai l'aide de mon ange gardien. Essayant de rester calme, d'une voix posée et égale, sans hâte, je lui racontai tout en détail. Je lui dis que par ordre du chef de la division sanitaire, je devais venir aux baraquements à huit heures. découvrant que l'infirmier, après avoir ouvert une nouvelle section, avoir reçu 300 patients et préparé tout ce dont j'avais besoin, avait travaillé sans interruption toute une journée et toute une nuit, je l'avais envoyé se reposer pendant quelques heures pendant que moi-même, je me chargeai de faire la tournée des patients. Ma tournée dura de huit heures à trois heures du matin. Et en fait le dernier groupe de patients du grenier, je ne puis l'examiner qu'entre deux et trois heures du matin. L'infirmier après son labeur ininterrompu de 24 heures, et après n'avoir dormi que trois ou quatre heures, revint travailler à midi et travaillait actuellement depuis 24 heures sans interruption, et ce pour la seconde fois. - Alors de quoi ces porcs se plaignent ! dit le chef en m'interrompant, dites à ces propres à rien que je vais les mettre au cachot. - Ce n'est pas de leur faute répondis-je, après tout, ils ne savent rien de nos conditions de travail. Ils vous ont dit la vérité, l'infirmier est venu dans le grenier à midi et le docteur a fait sa tournée à deux heures du matin. - Bien, dit-il, en se grattant la tête et en baillant, bien, pars ! Sortant de l'interrogatoire, j'allai immédiatement vers les baraquements. J'y trouvai le chef de la division sanitaire, un médecin qui, après avoir accompli sa peine pour crime (avortement qui cause la mort), resta au camp comme employé libre . Le chef de la division sanitaire hurlait après l'infirmier parce que quelque chose n'allait pas. - Quelle honte d'arriver si tard au travail ! cria-t-il vers moi, cette fois. Je lui expliquai ce qui s'était passé et il partit. - Pourquoi est-il si en colère après vous ? demandai-je à Alexandre. - A cause de l'odeur ici. Je lui ai expliqué que 90% des patients avaient des blessures pleines de pus. - Alors il a hurlé : Silence ! et alors vous êtes entré. - Allez dormir ! lui dis-je, et revenez à six heures du soir.  Longtemps, je voulus mieux connaître Alexandre et avoir une conversation à coeur ouvert avec lui, mais comme nous étions très occupés et épuisés, cela ne nous fut pas possible.Un jour cependant, pour la fête de la Nativité de la très sainte Mère de Dieu, prenant prétexte d'une inspection dans un endroit éloigné, je parvins à m'arranger pour que l'on nous y envoie ensemble. Tôt le matin, j'allai avec lui du monastère de Solovki le long de la route de saint Sabbas, jusqu'à une forêt de pins que nous atteignîmes après avoir fait plusieurs kilomètres et après avoir quitté la route. C'était un jour d'automne merveilleux, clair et chaud, comme il en est peu à Solovki. Dans les rayons de soleil, les bouleaux brillaient en d'immenses taches d'or dans la forêt de pins. Ce paysage extraordinaire apportait une touche de douce componction à la fête de la Mère de Dieu. Pénétrant dans l'épaisseur de la forêt, je puis m'asseoir avec Alexandre sur des souches d'arbre et je lui demandai de me parler de lui. Voici ce qu'il me dit : Il était le fils d'un marchand du marché de saint Alexandre à Saint Pétersbourg. Il avait perdu très tôt ses parents et avait commencé à vivre seul. Étudiant en seconde année de médecine, il s'était lié d'amitié avec un géologue juif partisan de Tolstoï, qui l'attira avec les fables de Tolstoï et l'enseignement de ses zélotes. Alexandre fut grandement impressionné, non par les oeuvres "théologiques" de Tolstoï, mais pas ses contes et ses histoires : "Dieu est là où est l'amour", "De quoi vivent les hommes",

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etc. Une année plus tard, étant alors étudiant en troisième année, il fit la connaissance d'un vieux médecin qui connaissait Tolstoï personnellement. Ce médecin, chrétien orthodoxe fervent, expliqua à Alexandre l'essence de la secte de Tolstoï et lui révéla l'immense trésor de Église orthodoxe. Une année plus tard, Alexandre fut baptisé et devint chrétien orthodoxe. - Après mon baptême, raconta Alexandre, je ne puis considérer avec indifférence les Juifs pieux. Par contre les Juifs athées, comme le sont la plupart d'entre eux maintenant, ne m'intéressaient pas beaucoup. Or, ces Juifs qui croyaient en Dieu, commencèrent à m'apparaître simplement comme de malheureuses personnes dans l'erreur, à qui j'étais moralement obligé d'apporter le Christ. Je leur demandai pourquoi ils n'étaient pas chrétiens. Pourquoi n'aimaient-ils pas le Christ ? Ces disputes et cette mission du Juif nouvellement converti furent vite connues et Alexandre fut arrêté. - Dans l'un des camps, continua Alexandre, je travaillais à des tâches particulièrement pénibles comme bûcheron et le chef était une véritable bête. Le matin et le soir, avant et après le travail, il faisait aligner les prisonniers et leur ordonnait de chanter "les prières du matin et du soir" : le matin l'Internationale et le soir une chanson soviétique dans laquelle étaient ces paroles, "nous mourrons tous un seul homme pour le pouvoir soviétique". Tout le monde chantait, moi, je ne pouvais pas le faire, je demeurais silencieux. Passant dans les rangs, le chef remarqua que j'étais silencieux et commença à me frapper au visage. Alors, je me mis d'une manière inattendue, même pour moi-même, à chanter en regardant les cieux, "Notre Père qui es aux cieux" - La bête qu'était le chef, possédé par la méchanceté, me jeta au sol et me battit à coups de talons, jusqu'à ce que je sois inconscient. Après ma libération du camp, je fus mis en "exile libre" dans la ville de Vyatika. - Bien, et qu'avez-vous fait à Vyatika ? lui demandai-je. - Quand j'arrivai à Vyatika, ville totalement inconnue pour moi, d'abord je demandai où était l'église (A cette époque toutes les églises n'avaient pas encore été fermées). Quand j'entrai dans l'église, je demandai s'il n'y avait pas là une icône de saint Tryphon de Vyatiqua et quand sa fête était célébrée. Ils me montrèrent une icône du saint et me dirent que sa fête allait être célébrée le lendemain, 8 octobre. Mon coeur bondit d'allégresse en moi de ce que saint Tryphon m'avait amené dans sa ville pour la fête. Tombant à genoux devant l'icône du saint, je lui dis que je n'avais à Vyatika d'autre ami que lui et que je ne pouvais demander d'aide à personne d'autre. Je lui demandai de faire que je puisse organiser ma vie et trouver du travail à Vyatika. Après la prière, mon coeur était empli de simplicité, d'aise et de joie calme, signe sûr que ma prière avait été entendue. Sortant de l'église après les vigiles, je marchai lentement le long de la rue principale tenant sous mon bras mon petit balluchon avec toutes mes affaires. - Eh, bien, mon cher, est-ce que tu viens de sortir de l'hôpital ? entendis-je soudain : c'était la voix agréable d'une femme qui s'adressait à moi. Devant moi cette dame s'était arrêtée, elle était potelée et portait un foulard blanc propre sur la tête; elle était modestement mais proprement et correctement vêtue et elle me regardait avec des yeux clairs et bienveillants. - Non, Matouchka, répondis-je, je ne viens pas de l'hôpital, je viens de prison, j'ai été libéré du camp de concentration et envoyé à Vyatka. - Pour quels crimes as-tu mérité punition, pour vol, brigandage, meurtre ? - Non, répondis-je, pour la foi en Dieu, et parce qu'étant Juif je suis devenu chrétien.Une conversation établit des liens entre nous. Elle m'invita chez elle. Dans sa chambre tout était propre et ordonné et tout le coin au-dessus du lit était rempli d'icônes devant lesquelles trois lampes de couleurs différentes brillaient. - Demain, nous avons la mémoire de saint Tryphon de Vyalka, défenseur et protecteur de notre ville, fit cette femme, et elle me montra une petite icône du saint. Je tombai à genoux et me mis à pleurer de joie et de gratitude. Et ainsi, je puis vivre chez cette pieuse veuve et deux jours plus tard, je trouvai du travail comme chauffeur de camion. Je vécus ainsi paisiblement, gloire en soit rendue à Dieu, pendant six mois et au printemps, je fus arrêté à nouveau et cette fois condamné à dix ans et je vins sur cette île sainte de Solovki. Maintenant ce sont saint Zossime et saint Sabbas qui m'aident de leurs prières. Silencieusement, je continuai à marcher dans les profondeurs de la forêt avec Alexandre. Et soudain, d'une manière tout à fait inattendue, nous arrivâmes devant une vieille chapelle de pierre à moitié délabrée, dont les portes et les fenêtres étaient fermées par des planches clouées en travers. Les planches étaient vieilles et furent enlevées avec peu d'effort. Nous

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entrâmes dans la chapelle et nous vîmes sur le mur une grande icône ancienne de la Mère de Dieu de Smolensk La peinture sur l'icône était écaillée et seul le visage de la Mère de Dieu était encore clairement visible - en fait ses yeux seuls étaient intacts! Alexandre tomba soudain à genoux devant cette icône, élevant très haut ses deux mains et à voix haute, il se mit à chanter: "Il est digne en véritéÉ" Il chanta la prière jusqu'à la fin. Quelques chose bloquait ma gorge, je ne pouvais pas chanter avec ma voix, mais mon âme toute entière chantait et se réjouissait en regardant ces yeux : les doux yeux de la Mère de Dieu et les yeux pleins de contrition d'Alexandre. Un mois après cette promenade, Alexandre fut arrêté et envoyé Dieu sait où. L'arrestation d'un prisonnier signifiait généralement qu'il finirait devant le peloton d'exécution. (En fait, un autre détenu, le professeur S.V. Grotov qui était à Solovki à ce moment-là, et qui connaissait Alexandre Jacobson en tant qu'opposant au Sergianisme comme lui, atteste qu'il fut fusillé en 1939)Presque quarante ans ont passé depuis lors et devant moi apparaît souvent avec une clarté inoubliable, la merveilleuse vision de ce confesseur de la foi, juif et orthodoxe, devant le regard de la Mère de Dieu. Et j'entends sa voix joyeuse résonnant avec une foi inébranlable et un désir ardent et profond de glorifier celle qui est plus vénérable que les chérubins. Saint nouveau martyr du Christ Alexandre, prie pour nous !

Traduit de anglais par Claude Lopez

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L'Église orthodoxe n'a jamais suivi un chemin plat, ni accepté les conventions. L'Église orthodoxe n'a jamais été respectable. Il eût été plus facile d'accepter le pouvoir terrestre des Ariens. Il eût été plus

facile, au XVIIe siècle calviniste, de tomber dans l'abîme sans fond de la prédestination. Il est facile d'être un fou; il est facile d'être un

hérétique. Il est toujours facile de laisser une époque en faire à sa tête. Ce qui est difficile c'est de garder la sienne. Il est toujours facile d'être un moderniste; comme il est facile d'être un snob. Tomber dans l'une ou l'autre de ces trappes béantes d'erreur et

d'exagération que mode après mode, secte après secte ont placées sur le chemin historique de la chrétienté - cela eût été simple en

vérité. Il est toujours simple de tomber; il y a une infinité d'angles de chutes, un seul angle droit. Tomber dans quelque fadaise, depuis le gnosticisme jusqu'à la Christian Science eût été en vérité facile et

banal. Mais les avoir toutes évitées a été une aventure étourdissante. Il me semble voir le char céleste poursuivre son vol formidable à travers les siècles, les mornes hérésies prostrées et

rampantes, la vérité farouche, chancelante, mais debout.

G.K Chesterton