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25 DOSSIER / 12 septembre 2014 "Trop d'agriculteurs en Bretagne, avec leur production actuelle, sont à la dérive en termes d'organisation et de temps de travail. Parfois les heures faites sont difficilement supportables" reconnaît volontiers André Sergent, président du comité de pilotage de la plateforme recherche et développement du Space. Ce constat est à l'origine du choix de l'organisation du travail sur l'exploitation comme thème central de la plateforme recherche et développement qu'animent chaque année les chambres d'agriculture de Bretagne sur le Space. Du 16 au 19 septembre, le hall 4 (allée B stand 66) déclinera toutes les variantes du "travail sur mesure", comme une réponse positive et dynamique à une vraie préoccupation des agriculteurs. Certes, la question de l'organisation du travail en agriculture n'est pas nouvelle mais elle prend aujourd'hui une nouvelle dimension, dans un contexte d'agrandissements et de regroupements d'exploitation entre associés et de recours accru au salariat. Et les réponses elles-aussi ont changé de nature, elles sont imaginées "sur-mesure" pour répondre au cas par cas aux différents problèmes posés. Depuis une nouvelle répartition des taches entre associés, au recours à de nouveaux outils plus adaptés, en passant par une mise à plat de règles communes dans l'organisation du travail, les solutions existent et s'envisagent en fonction de la situation de chacun, y compris dans la relation entre un exploitant et ses salariés. Entre témoignages d'exploitants et de salariés, animations diverses sur le stand, table ronde (le mercredi), saynettes reproduisant des situations connues dans lesquelles les spectateurs se reconnaîtront sans doute, tous les ingrédients qui ont fait le succès de la plateforme seront utilisés. Coordination du dossier Sylvie Conan, service communication de la chambre d'agriculture des Côtes d'Armor. Rédaction Chambres d'agriculture de Bretagne : Marion Pupin, Nolwenn Garino, Nathalie Darras, Anne Hurault, Caroline Depoudent, Sébastien Clozel, Mathieu Merlhe. Arefa (Association régionale pour l’emploi et la formation en agriculture) : Thomas Ligavan. Vivéa : Véronique Montabrie. Plateforme conçue, réalisée et animée par les chambres d’agriculture de Bretagne avec Space et les partenaires FRSEA Bretagne, Arefa, FRCuma Bretagne, Entrepreneurs des Territoires et Fédération régionale des services de remplacement de Bretagne. Organisation du travail : des solutions sur mesure PLATEFORME RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT DU SPACE

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"Trop d'agriculteurs en Bretagne, avec leur production actuelle, sont à la dérive en termes d'organisation

et de temps de travail. Parfois les heures faites sont difficilement supportables" reconnaît volontiers André Sergent, président du comité de pilotage de la plateforme recherche et développement du Space. Ce constat est à l'origine du choix de l'organisation du travail sur l'exploitation comme thème central de la plateforme recherche et développement qu'animent chaque année les chambres d'agriculture de Bretagne sur le Space. Du 16 au 19 septembre, le hall 4 (allée B stand 66) déclinera toutes les variantes du "travail sur mesure", comme une réponse positive et dynamique à une vraie préoccupation des agriculteurs. Certes, la question de l'organisation du travail en agriculture n'est pas nouvelle mais elle prend aujourd'hui une nouvelle dimension, dans un contexte d'agrandissements et de regroupements d'exploitation entre associés et de recours accru au salariat. Et les réponses elles-aussi ont changé de nature, elles sont imaginées "sur-mesure" pour répondre au cas par cas aux différents problèmes posés. Depuis une nouvelle répartition des taches entre associés, au recours à

de nouveaux outils plus adaptés, en passant par une mise à plat de règles communes dans l'organisation du travail, les solutions existent et s'envisagent en fonction de la situation de chacun, y compris dans la relation entre un exploitant et ses salariés. Entre témoignages d'exploitants et de salariés, animations diverses sur le stand, table ronde (le mercredi), saynettes reproduisant des situations connues dans lesquelles les spectateurs se reconnaîtront sans doute, tous les ingrédients qui ont fait le succès de la plateforme seront utilisés. fait le succès de la plateforme seront utilisés.

Coordination du dossierSylvie Conan, service communicationde la chambre d'agriculture des Côtes d'Armor.Rédaction● Chambres d'agriculture de Bretagne : Marion Pupin, Nolwenn Garino, Nathalie Darras, Anne Hurault, Caroline Depoudent, Sébastien Clozel, Mathieu Merlhe.● Arefa (Association régionale pour l’emploi et la formation en agriculture) : Thomas Ligavan.● Vivéa : Véronique Montabrie.

Plateforme conçue, réalisée et animée par les chambres d’agriculture de Bretagne avec Space et les partenaires FRSEA Bretagne, Arefa, FRCuma Bretagne, Entrepreneurs des Territoires et Fédération régionale des services de remplacement de Bretagne.

aujourd'hui une nouvelle dimension, dans un contexte d'agrandissements et de regroupements d'exploitation entre associés et de recours accru au salariat. Et les réponses elles-aussi ont changé de nature, elles sont imaginées "sur-mesure" pour répondre au cas par cas aux différents problèmes posés. Depuis une nouvelle répartition des taches entre associés, au recours à

Mathieu Merlhe.● Arefa (Association régionale pour l’emploi et la formation en agriculture)

(Association régionale pour l’emploi et la formation en agriculture)

(Association régionale pour l’emploi et la formation : Thomas Ligavan.

● Vivéa : Véronique Montabrie.

Plateforme conçue, réalisée et animée par les chambres d’agriculture de Bretagne avec Space et les partenaires FRSEA Bretagne, Arefa, FRCuma Bretagne, Entrepreneurs des Territoires et Fédération régionale des services de remplacement de Bretagne.

Organisation du travail : des solutions sur mesure

PLATEFORME RECHERCHE

ET DÉVELOPPEMENT DU SPACE

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Le Gaec de Point de Vue s’est construit au fil des opportunités en un élevage multi-sites. Si la répartition des tâches se fait très simplement, l’éloignement des sites de production aurait pu désorganiser le travail des deux éleveurs. Or, tout se déroule à la perfection. Pascal nous a expliqué comment s’organise leur travail.

L’exploitation n’était pas aussi mor-celée lors de sa genèse. "Je me suis installé en 1996 à Bignan avec 1 100 m² de volailles de chair, 100 000 l de quota laitier, 20 vaches allaitantes et 35 ha", nous indique Pascal. Puis, Serge a souhaité s’installer sur l’exploitation en 1998. "Nous avons alors acheté un poulailler

de 1 065 m² sur 10 ha sur un site à 3,5 km". Mais, les deux associés ne se sont pas arrêtés là. "Nous avons acquis un site de 3 000 m² de poulettes tout proche du premier de 2003", ajoute Pascal. "Le qua-trième site, nous l’avons acheté en 2013. A cette occasion, nous avons arrêté l’atelier laitier et transformé

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Bien gérer un élevage en multi-sites : l’exemple du Gaec du Point de Vue

L’amélioration des conditions de travail passe souvent par de l’organisation. La filière avicole a été retenue pour illustrer cette thématique de l’efficacité par l’organisation. En effet, ces dernières années, le développement des élevages est souvent passé par des rachats de sites de production.

focus

Afi n d’optimiser la gestion du temps et le travail en élevage multi-sites, Pascal Loric nous a livré quelques astuces.

Du matériel pour sécuriser les sites de productionEn cas de coupure de courant, le Gaec dispose d’un groupe électrogène déplaçable. Lors d’une panne, en attendant l’arri-vée sur site du groupe, des vérins hydrauliques ouvrent au-tomatiquement les trappes d’entrée d’air. De même, en cas de coupure de gaz, les frères Loric ont inventé un système de cuve à gaz déplaçable.Les bâtiments peuvent être surveillés et gérés à distance grâce à l’AVITouch et au système d’alarme VigEbox. Ce maté-riel a été installé sur les sites les plus éloignés (visible sur la plateforme recherche et développement hall 4).

Du matériel pour économiser du temps et améliorer le confort de travailLa mise en place se fait grâce au conteneur à poussins Gal-lindoor. Cela permet aux éleveurs d’effectuer la tâche à deux personnes en plus du chauffeur en seulement 45 minutes pour un 1 100 m². Cela évite aussi une trop grande manipulation des caisses, pouvant être à l’origine de maux de dos. (Le conteneur sera visible sur la plateforme Recherche et développement hall 4 au Space).Lors de la rénovation d’un de leurs poulaillers, Pascal et Serge ont opté pour un échangeur à chaleur avec lavage automa-tique intégré au système. Ainsi, un programme de nettoyage s’effectue deux fois par jour avec un détergent. L’éleveur a op-timisé le système en ajoutant une étape de nettoyage une fois par semaine avec un dégraissant.

Les astuces Gaec du Point de Vue

DOSSIER

S’organiser

pour être

efficace

Le groupe électrogène et la cuve à gaz peuvent être déplacés grâce à un tracteur doté d’une fourche.

Le conteneur à poussins peut contenir jusqu’à 22 000 poussins.

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nos droits laitiers en droits vaches allaitantes". Cette nouvelle opéra-tion a ajouté un poulailler de 1 200 m² à l’exploitation déjà existante.C’est donc une suite d’opportunités qui a conduit le Gaec du Point de Vue à être aujourd’hui composé de 4 sites distincts. Pascal précise : "Serge s’occupe des poulettes, et moi, de la volaille de chair. Je fais environ une boucle de 10 km pour relier les trois sites". Afi n de rester informés des travaux qui s’opèrent dans chacun des sites, les deux frères ont formalisé une réunion quotidienne pour échan-ger les informations et prendre les décisions.Lorsque l’élevage est en routine, Pascal fait deux boucles par jour : une entre 6h et 8h30, et la deu-xième, plus rapide, entre 18h et 19h30. Pour lui, l’organisation est essentielle : "pour éviter les allers-retours, il ne faut surtout rien oublier !" Pour faire ses dépla-cements, il utilise ce qu’il appelle

un "camion-atelier". "J’ai tout ce dont je pourrais avoir besoin dedans pour le bricolage !". Et pour les départs en vacances, les deux éleveurs s’arrangent entre eux. Chacun part à son tour en laissant un maximum d’informations à celui qui le remplace. Pour Pascal, il est aussi important que l’élevage soit propre et rangé à tout instant. "On y voit plus clair quand tout est bien à sa place".Cependant, Pascal n’est pas encore entièrement satisfait de l’organisa-tion actuelle. Il reste selon lui des axes d’amélioration : "pour l’ins-tant, les lots sur les trois sites de volailles de chair ne sont pas du tout synchronisés, J’ai donc tou-jours un enlèvement à faire. Ce sont des travaux de nuit pénibles et fati-gants". L’idéal pour l’éleveur serait d’enchaîner les enlèvements sur une petite période de temps. "Mais pour l’instant, on fait déjà au mieux avec les plannings des abattoirs", se satisfait l’éleveur.

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Bien gérer un élevage en multi-sites : l’exemple du Gaec du Point de Vue L’organisation

du travail en élevage multi-sites, des règles simples pour être efficaceNe pas perdre du temps sur la route, assurer une bonne sécurité des sites de production et veiller à ne pas perdre de l’information, voilà les défi s relevé dans les élevages en multi-sites. Pour éviter ces dangers, des solutions simples et peu coûteuses existent.En aviculture, il est courant de rencontrer des élevages disposant de plusieurs sites de production. Cependant, la loi du marché demande aux éleveurs de produire plus, mieux et en moins de temps. La structure d’un élevage en multi-sites présente plusieurs barrières à la bonne réalisation de cet objectif.

Mettre en place des solutions simples pour gagner en temps et en sécuritéD’après la MSA, en 2011, 11,7 % des accidents du tra-vail des chefs d’exploitation ont eu lieu lors de déplace-ments professionnels et 10 d’entre eux ont été mortels sur la période 2009-2011. Afi n de privilégier la sécu-rité, il est donc nécessaire de limiter le nombre d’aller-retour entre les sites.Pour cela, il faut d’abord s’assurer d’avoir pris le maté-riel nécessaire avant de partir du siège social de l’ex-ploitation. Faire le point sur les tâches à effectuer en amont est primordiale. Un planning, ainsi qu’un carnet où seront consignés des aide-mémoires (commandes d’intrants, comportement des animaux,…), ainsi que les dates importantes (enlèvements, dates de traite-ment,…) sont des outils simples et très utiles. Un petit rappel des tâches quotidiennes et exceptionnelles peut être mis à jour quotidiennement dans le sas sanitaire pour ne rien oublier.

S’organiser pour ne pas perdre l’informationL’éleveur peut être tenté de disperser l’information sur tous les sites de l’élevage. Or, des tâches administra-tives (comptabilité, contrôles…) peuvent l’amener à chercher, à déplacer des documents et fi nir par perdre les informations.Il est donc judicieux de tous les stocker dans un seul endroit, généralement un bureau sur le siège social. Ils seront copiés voire numérisés et seules les copies sortiront du bureau. Le bureau est aussi le lieu de planifi cation et de ges-tion des stocks par excellence. Un boitier de régulation permettra de gérer à distance et en plus, d’avoir des informations précises et en temps réel.Aménager un espace fonctionnel pour la gestion des documents et gérer son planning et les tâches à ac-complir permet d’optimiser le temps et le travail dans un élevage en multi-sites. Avec plusieurs UTH sur un même élevage, une bonne transmission des informa-tions sera l’une des clés de la réussite.

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Pascal Loric, un des associés du Gaec.

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Etre passionné de génétique en production laitière avec un associé pour qui la rentabilité maximum de l’outil est un incontournable peut conduire à des déconvenues. Vivre sa passion dans le cadre de son tra-vail sur l’exploitation pourra être compromis. Ce n’est que dans le cadre d’un échange entre les asso-ciés qu’il sera possible de trouver l’ajustement qui convient à cha-cun, voire de faire le constat que les conditions ne sont pas réunies pour travailler ensemble.

Les règles de vie du groupe sont évolutivesElaborées de façon personnali-sée, les règles de fonctionnement

du groupe partent des points qui tiennent à cœur aux associés. Mais, les situations des associés évoluent tout au long de la vie de la société : célibat, vie de couple, vie de famille, fi n de carrière, évolution des goûts, des capacités physiques, des conditions de santé, sans oublier les résultats de l’exploitation. Cela implique de revoir régulièrement les règles de vie du groupe pour les adapter.Les nombreuses séparations en société familiales entre frères témoignent de la diffi culté à trou-ver sa place : la place dans la fratrie est différente de la place dans la société. En société familiale, faire le point sur ces règles de vie permet aussi à chacun de trouver sa place.

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Définir et distinguer objectifs professionnels et personnels/ familiaux

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Travailler à plusieurs, ça ne s’improvise pas ! Des témoignages et des conseils ou suggestions d’experts vous sont, ici, proposés. Les clefs de la réussite entre associés.

Certains exploitants distinguent bien la vie familiale et privée du travail sur l’exploitation. Pour d’autres, la frontière est plus discrète. Et ce flou entraîne parfois des tensions au quotidien pour concilier vie familiale et travail. Dans le cas des sociétés agricoles familiales, chaque membre du groupe a ses aspirations propres en termes de temps et de disponibilité à accorder à son travail, à sa vie sociale, à ses amis, à sa famille, à ses activités personnelles.Partager ces aspirations entre associés permet de mieux se comprendre, de s’ajuster si nécessaire et de s’assurer de la compatibilité des objectifs de chacun.

Marie-Annick, son mari Michel et son frère Serge sont en Gaec depuis 1990 : "le dialogue entre nous a permis de clarifi er notre mode de fonctionnement".

DOSSIER

Définir et distinguer objectifsprofessionnels et personnels/ familiauxTravailler

à plusieurs

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Définir et distinguer objectifs professionnels et personnels/ familiaux Une organisation adaptée

aux objectifs des associés

Marie-Annick, son mari Michel et son frère Serge sont en Gaec depuis 1990. Ils sont à la tête d’une exploitation de 127 ha. Sur le site de La Primalais sont ins-tallés un atelier de 70 vaches laitières avec les génisses de renouvellement et un atelier de 70 truies naisseur/engraisseur. Un salarié est embauché à mi-temps. Michel et Marie–Annick habitent sur le site principal et Serge à 1,5 km. Les associés ont adapté régulièrement les règles de fonctionnement dans le souci de répondre à l’évolution des besoins exprimés par les uns et les autres.

Prise en compte des heures supplémentairesLes associés prennent en compte les heures de travail supplémentaires effectuées ponctuellement par Michel ou Serge. Cette règle de fonctionnement a été mise en place il y a 7 ans, suite à des observations venues d’associé ou de conjointe concernant des inégalités ressenties dans le temps de travail. Les tâches et les imprévus en dehors de la journée de travail sont à l’origine de ces heures supplé-mentaires. Par exemple : la surveillance des vêlages de nuit, les traitements de cultures en soirée, les réunions professionnelles du soir. Dès lors qu’elles sont faites seul par l’un ou l’autre, ces heures sont notées sur un agenda. Et, tous les 2 ou 3 mois, un bilan permet d’évaluer l’écart entre les personnes. L’associé qui a exécuté plus d’heures supplémentaires peut alors les récupérer en temps libre en semaine, en dehors des périodes de pointe de travail. "Ce nouveau mode de fonctionnement nous a permis de dissiper le fl ou et le malaise qui régnaient entre nous sur la question du temps de travail, il a contribué à maintenir une bonne entente entre nous".

20 jours de RTT par anAu Gaec de la Primalais, les associés ont adopté le principe des "RTT". C’est un volume de temps libre que chacun peut prendre en semaine, en dehors des 3 semaines de vacances prévues par an. Aujourd’hui, il représente un capital an-nuel de 20 jours par associé. Les "RTT" ont été mises en œuvre pour gagner en bien-être tout en conservant la rentabilité de l’entreprise qui reste l’objectif prio-ritaire. Quelques règles sont posées pour prendre ces temps libres : seulement en période dite "calme sur le plan du travail". Une journée de "RTT" commence à 10h le matin après le travail et se termine le lendemain matin à 7h. Le plus souvent chacun avertit ses associés la veille de son absence. Cette organisation est une réponse à des aspirations que tous les associés partagent. "Nous avons conscience que ce temps libre est peut être au détriment d’autre chose dans l’exploitation. Par exemple, il y alors moins de temps consacré à l’entretien des abords ou au rangement mais nous en acceptons les conséquences".

Manager des entreprises agricoles à plusieurs, cela s’apprend aussi en Licence Pro"Il faut pouvoir trouver sa place, faire en sorte que ça fonctionne entre associés. Gérer les relations entre associés : le côté humain est important et une bonne entente entre associés est nécessaire pour retranscrire les messages aux sala-riés", soulignaient Kévin et Loïc, anciens de la Licence Pro à l’occasion d’une table ronde. Et, Sébastien de remarquer : "si au départ, j’ai souhaité faire cette Licence professionnelle pour améliorer mes connaissances en comptabilité et gestion fi -nancière, au fur et à mesure, ce sont les ressources humaines qui sont devenues primordiales".Formation Bac +3 pour former de futurs responsables d’exploitation agricole, la Licence Pro en contrat de professionnalisation permet l’alternance entre les apports théoriques et la mise en pratique. "[…] Les cours de droit du travail, de gestion des ressources humaines, de communication ont une véritable utilité pour mon projet professionnel car j’ai pu faire le lien en permanence entre les cours et ce que je peux mettre en place sur l’exploitation familiale", souligne Victor, récemment diplômé. "Le dosage entre formation et travail sur l’exploitation est très complémentaire. J’ai vu l’évolution de mon fi ls et de son projet professionnel pendant un an […]", complète son père.

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focus

Règlement intérieur : c’est un document à suivre, il est devenu un outil permettant de répartir les tâches, de donner les bases du travail tout en gardant de la souplesse, il sert à avoir des références, à faire des mises au point quand il y a des problèmes.

Projet de vie : les associés sont plus à l’aise pour expri-mer leurs contraintes person-nelles de vie privée. On prend mieux en compte les attentes et impératifs de chacun et on se cale par rapport à nos diffé-rences. Le passage d’un mode informel à une communication mieux organisée : réunion pé-riodique programmée et res-pectée, pendant la réunion, on coupe les portables, les four-nisseurs ne sont pas accueillis, le père ne reste pas pendant la réunion.

La communication contri-bue à la cohérence du groupe : avant la formation, le 3e asso-cié disait vos vaches, mainte-nant il dit nos vaches.

Ce que les stagiaires retiennent après les formations aux relations humaines

CONTACT

Pour tout renseignement : www.pole-formation-agricole.comCentre de Crédin (56) 02.99.51.59.79Centre de Quintenic (22) 02.96.50.43.43

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Le métier de salarié en élevage porcin est très apprécié de ceux qui le pratiquent. Pour entretenir la motivation de leurs équipes, les éleveurs s’appuient sur la rémunération et les équipements. La mise en place et l’entretien de bonnes relations au sein de l’équipe est également primordial.

Selon une enquête réalisée en 2011, plus de 90 % des salariés en élevage porcin pratiquent leur métier avec passion ou intérêt. Un chiffre à faire pâlir d’envie de nom-breuses filières ! Les salariés en poste apprécient particulièrement l’autonomie dont ils disposent, que ce soit pour organiser leur travail

à l’échelle de la journée, ou pour ajuster la ration d’une truie. La rapidité des cycles de reproduction joue aussi sur la motivation. Ainsi, de nombreux salariés apprécient de voir rapidement les résultats de leur travail : avoir de beaux et nombreux porcelets au sevrage, évaluer le résultat des insémina-tions à l’échographie… Une recon-naissance rapide et chiffrable du travail bien fait. Enfin, les rela-tions avec les animaux sont source d’une intense satisfaction pour les nombreux salariés ayant la fibre animalière. Pour attirer ou conserver les sala-riés, les éleveurs jouent sur la rémunération, mais aussi les équi-pements. Ainsi, l’arrivée de sala-riés dans un élevage se traduit parfois par l’installation de pré-trempage, l’achat d’une nouvelle lance, ou d’un chariot de soins. Une bonne idée pour limiter la pénibi-lité de tâches physiquement astrei-gnantes, comme le lavage, ou répé-titives, comme les soins.Les éleveurs ayant une équipe de salariés stable dans le temps insistent également sur l’impor-tance des relations humaines au sein de l’équipe. Une bonne ambiance de travail, entre salariés et entre salariés et employeurs, est en effet un facteur important de fi délisation. Pourquoi chercher à quitter un lieu de travail où l’on se sent bien ? En outre, de bonnes relations fluidifient la circula-tion des informations pratiques et rendent l’élevage plus effi cace. De bonnes relations humaines demandent une organisation claire et une répartition connue par tous des tâches et responsabilités. Cela évite que la réparation de la porte n’attende dix jours, le salarié de maternité croyant la tâche du ressort de son collègue de "Faf-entretien" et vice versa.Des temps d’échange réguliers sont également indispensables. Au quotidien, la pause café permet de traiter rapidement les petits pro-blèmes : "la truie 247 boite tou-jours, pourrais-tu passer voir ?", "as-tu commandé la pièce de rechange pour la meuleuse ?". Pour

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Production porcine : la passion s'entretient

Trouver des compétences, tel est le rôle de la Bourse de l’emploi de l’Anefa (Association natio-nale pour l’emploi et la formation en agriculture), un service dédié aux postulants comme aux employeurs.La Bourse d’emploi est un service en ligne mais aussi de proximité au travers des Associa-tions emploi formation en agriculture (AEF) présentes dans les quatre départements bretons. L’objectif est de faciliter les mises en relations en faisant connaître les offres et les demandes d’emploi, en leur donnant de la visibilité par leur diffusion sur la Bourse d’emploi mais aussi dans le cadre du partenariat avec Pôle emploi ou encore par publication dans la presse agri-cole ou généraliste. "Avec la Bourse de l’emploi, l’agriculture bretonne se donne les moyens de satisfaire ses besoins en main d’œuvre depuis le début des années 90", rappelle Daniel Audo, président de l’AEF du Morbihan.Avec un taux de placement de 68 % en Bretagne, en 2013, les actions conduites par les AEF de Bretagne ont fait leurs preuves depuis plus de 20 ans. Pour Sylvia et Bruno, agriculteurs dans les Côtes-d'Armor, la Bourse d’emploi les a aidés dans leur recrutement d’une salariée pour leur élevage porcin. "Nous recherchions un profi l particulier pour occuper un poste en autonomie dans la maternité de l’élevage, explique Sylvia. Entre les échographies, les soins aux truies et aux porcelets et l’assistance lors des mises bas, nous recherchions quelqu’un de motivé, responsable, observateur et doté d’un véritable "instinct animal". Les animatrices de la Bourse de l’emploi ont su formuler et diffuser notre demande sur la Bourse de l’emploi de l’Anefa". La "perle rare" s’est vite fait connaître !En 2013, c’est plus de 2 600 offres d’emplois qui ont été diffusées pour la région Bretagne sur le site de la Bourse de l’Emploi. Les offres 2013 de la Bourse de l’emploi concernent princi-palement le maraîchage (1 107 postes à pourvoir hors CDD de moins de trois mois), l’élevage porcin (455) et l’élevage bovin lait (337).

focusLe site 100 % dédié à l’emploi agricole en France : www.anefa-emploi.org

Clau

dine

Gér

ard

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Fidéliser

ses salariés

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les rénovations de bâtiments, chan-gements de conduite ou de proto-cole de soins aux porcelets, une réunion, même brève, fournit à tous les membres de l’équipe la même information. Elle permet surtout à chacun de soulever des problèmes pratiques qui n’avaient peut-être pas été imaginées et d’exprimer ses craintes. Par exemple, un pas-sage de dix à cinq bandes peut inquiéter des salariés par rapport à la gestion des pointes de travail, tandis que leur employeur croyait leur adhésion acquise, cette nou-veauté réduisant la routine. Si chacun peut s’exprimer et que des solutions sont trouvées à l’avance, par exemple, une réorganisation

des postes, cela réduit le stress et les tensions. La nouvelle conduite, mieux acceptée, a d’autant plus de chances de se mettre en place dans de bonnes conditions.Certains éleveurs sont naturelle-ment à l’aise dans une fonction de management. Pour d’autres, ce peut être moins évident. L’échange avec d’autres employeurs et la formation peuvent être de bonnes solutions pour se sentir bien dans sa fonction d’employeur et optimi-ser le fonctionnement de l’équipe.Ces résultats sont issus de cinq enquêtes réalisées entre 2006 et 2011 auprès de 150 éleveurs et de 135 salariés d’élevage porcins bretons.

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Production porcine : la passion s'entretientSe former aux relations humaines

En 2013, 40 % des contributeurs Vivea sont employeurs de main d’œuvre. Et seulement 3 % de l’offre de for-mation concerne la gestion des ressources humaines (source : plan d’action Vivea pour le développement des formations employeurs en Bretagne).Ce qui a changé pour les stagiaires après leur forma-tion :

"Depuis la formation, on a vu du changement au niveau de la communication, les salariés sont plus à l’aise avec nous".

"Le travail est mieux défi ni, du coup on a gagné en rapidité et en effi cacité".

"Les fi ches de poste que nous avons rédigées ont permis de bien positionner le travail de chacun et se sont révélées indispensable pour recruter le nouveau salarié et défi nir les tâches de chacun".Vous êtes employeur de main d’œuvre ou futur em-ployeur, identifi ez les compétences à développer avec le guide "Mon métier, c’est aussi employeur" proposé par Vivea et les organismes de formation de la région.

Les compétences clés pour les relations entre employeurs et salariés d’après Véronique Montabrie, conseillère Vivea : Connaître les bases de la communication, de la ges-tion de confl its, des techniques de médiation et com-prendre comment fonctionne la dynamique d’équipe sont les premiers éléments indispensables.La capacité à communiquer, à analyser la charge de travail, à se concerter pour organiser le travail sont des points clefs pour la vie en société à acquérir éga-lement.Enfi n, les aptitudes d’écoute et d’empathie, d’antici-pation, le sens relationnel et de l’organisation, la rigu-eur, l’équité sont d’autres compétences clés pour les relations entre employeurs et salariés.L’échange d’expérience, la place faite au partage lors des formations permettent une meilleure connais-sance réciproque des actifs de l’exploitation en favori-sant la prise en compte du fonctionnement de chacun, pour mieux nouer la complémentarité.

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Pour les rénovations de bâtiments, changements de conduite ou de protocole de soins aux porcelets, une réunion, même brève, fournit à tous les membres de l’équipe la même information et limite le stress.

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Le travail quotidien de traite, d’alimentation, et de soin aux animaux représente 1 500 à 2 000 heures par éleveur laitier et par an. Ces écarts de temps de travail s’expliquent par un ensemble de facteurs que peuvent être la dimension de l’exploitation, l’agencement du site d’exploitation, l’efficacité et le niveau de perfectionnisme des éleveurs, et bien évidemment, les niveaux d’équipements.

Déléguer, simplifier, s’équiper : un panel de solutions pour améliorer l’organisation du travail en production laitièreIl n’existe pas une unique solution pour améliorer l’organisation du travail en élevage laitier. En fonction des objectifs des éle-veurs, des contraintes structurelles

des exploitations, des capacités d’investissements, il s’agit de trou-ver la combinaison de solutions qui conviennent à chaque situation. Ces solutions sont de plusieurs ordres et possèdent chacune des avantages et inconvénients qu’il faudra appréhender avant leur mise en œuvre 1 .

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Solutions travail pour les exploitations laitières, zoom sur les équipements d’élevage

1 Classification des solutions travail s’offrant aux éleveurs laitiers

Source RMT Travail en élevage

En orange : la délégationEn bleu : la simplifi cation des pratiquesEn vert : l’investissement

Anni

ck C

onté

Recours force de travail extérieur

Réduire le travail de saison

Réduire le travail

d'astreinte

Diminuer le besoin en travail du système

Salarié seul ou en groupement

Regroupement

Regroupementvêlages

EntraideBanque de travail

Entrepreneurpour cultures

Service deremplacement

Mise en pensionGénisses

Moded'alimentation

Réduction fréquence de traite

Simplifi cationconduites culturales

Cuma

Achat équipement performant

Achat de fourrage

Salle de traite(type, dimension)

Équipements et aménagements

Investir

pour optimiser

son travail

J.C.

Gut

ner

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33DOSSIER

Les équipements d’élevage : socle du travail en élevage laitierLe choix d’un système de traite effi -cace et adapté à la taille du trou-peau est un préalable indispensable à une bonne gestion du travail sur une exploitation laitière. Une salle de traite dimensionnée pour 1h à 1h30 de travail doit avoir une place pour 5 vaches. Le choix de la salle de traite se fera aussi en fonction du nombre de trayeurs. Pour un troupeau de 80 à 90 vaches lai-tières, une salle de traite épi ligne basse 2x10 postes nécessitera deux trayeurs tandis qu’une installation en 2x12 simple équipement per-mettra à un trayeur de passer le troupeau en 1h15. Dans ce cas, les éleveurs devront se relayer et réa-liser par exemple 1 traite sur 2 pour éviter une sollicitation trop impor-tante due à une cadence de traite élevée.Le robot de traite connaît un déve-loppement important et représente, en 2013, une installation de traite neuve sur deux (Crocit, bilan d’acti-vité 2013). Il permet un gain indé-niable de souplesse et de temps de travail mais modifie le système d’élevage et le métier d’éleveur. Les coûts d’investissement et de fonc-tionnement sont plus importants que pour une salle de traite neuve bien dimensionnée 2 .Une étude sur 43 exploitations ayant installées un robot de traite montre une intensifi cation du sys-tème d’élevage avec plus de lait par vache, moins de pâturage et plus de concentrés 2 . Le coût alimentaire des vaches laitières, corrigé des variations de conjoncture, s’en trouve augmenté de 12 €/1000 l. L’installation d’un robot de traite dans un élevage laitier représente une diminution de la pénibilité et un gain de temps pour les éleveurs. Cependant, il est nécessaire de bien appréhender les modifi cations de systèmes, les coûts et la réorgani-sation du travail engendrés par l’arrivée du robot sur l’exploitation.De nouveaux équipements d’éle-vage permettent aux éleveurs de mieux gérer leurs volumes horaires ou d’améliorer les conditions de

travail sur l’exploitation. Les outils de monitoring (détecteur de cha-leur, de vêlages…) peuvent être un complément précieux dans la conduite du troupeau laitier. Les bras de traite, taxi lait, repousses fourrages ou encore nettoyeurs de logettes sont des outils qui permettent de limiter des tâches physiques souvent vécues comme pénibles et pouvant occasionner

des troubles musculo squelet-tiques. Ces équipements d’élevages nécessitent des investissements et génèrent des frais de fonctionne-ment souvent conséquents.Anticiper les coûts de ces équipe-ments, envisager d’autres solutions comme la délégation et la simplifi -cation des pratiques est une étape importante à ne pas négliger avant d’investir.

/ 12 septembre 2014

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Solutions travail pour les exploitations laitières, zoom sur les équipements d’élevage

Moyenne 43 exploitations avant robot

Moyenne 43 exploitationsaprès robot

Evolution après/avant

Lait produit/VL 7 774 8 321 + 547 l/VL

% maïs dans SFP 43 49 + 6 %

Ares pâturés/VL 22 13 - 9 ares/VL

Kg concentré/VL 1 385 1610 + 225 kg/VL

Coût fourrages/1000 l 25 27 +2 €/1 000 l

Coût concentré/1000 l 59* 69 +10 €/1 000 l

*Résultats économiques corrigés de l’évolution de la conjoncture. Source : étude "Impact Robot", chambre régionale d’agriculture de Bretagne

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3 Évolution des critères techniques et économiques lors d’une installation de robot de traite

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maintenance

amortissement bâtiment(traite, aire d’attente, laiterie)

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maintenance

amortissement bâtiment(traite, aire d’attente, laiterie)

amortissement équipement de traite

robot 1 stalleTPA ligne basse2*6 postes

épi ligne haute1*8 simple éqiupement

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2 Coût de fonctionnement en €/1 000 l de différentes installation de traite pour un troupeau de 60 vaches laitières

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Didier s’est installé en Gaec avec ses parents en 1990 sur cette ferme où il y avait également une production avicole. En 2003, Didier se retrouve seul sur l’exploitation avec un quota de 525 000 L, 110 ha et de la volaille. La décision d’ar-rêter l’atelier dinde dont Didier ne s’occupait pas est prise rapide-ment. Jusqu’en 2010, il y aura un salarié sur la structure de manière temporaire ou permanente au gré des départs et des besoins en main d’œuvre. Au cours de ces années, la bonne entente avec ses salariés et la tendance dans le monde agricole au regroupement, le font réfl échir à une éventuelle association.Après un travail d’accompagne-ment à la démarche stratégique, et une réfl exion personnelle, gui-dée par une remarque de son père qui disait : "tu ne feras jamais 2 fois plus à 2". Didier est sûr d’une chose, pour une meilleure effi cacité dans son travail, et aller jusqu’au bout de ses idées sans compromis : il veut travailler seul et décider seul !

La solution : le robot ?Une grande partie des travaux des champs avait progressivement été confi ée à l’entreprise et la décision de laisser également l’épandage du fumier et du lisier avait été prise pour ne garder que l’engrais, les traitements et la fenaison : "je ne pensais pas pouvoir déléguer plus à l’ETA". La fatigue ressentie à la

traite du soir et la "pression" de la famille pour plus de disponibilités menaient à envisager la roboti-sation de la traite. "Après 3 mois de sollicitation commerciale, de visites, de détails techniques des différents matériels et de négocia-tions, j’étais tout proche de signer !" Conscient de l’impact important de la robotisation sur le système de production l’éleveur se laisse un mois supplémentaire de réfl exion.Le robot allait remettre en cause le système d’exploitation. Des vaches plus souvent dans le bâtiment, une alimentation distribuée toute l’an-née, une augmentation des coûts de production, plus de surface à culti-ver, et au-delà de tout ça, une prise de risque sur la qualité, la facilité de remplacement et l’investisse-ment. En conclusion, cette solution n’était pas adaptée à l’exploitation puisque le problème de manque de main d’œuvre n’allait pas être résolu.

"J’ai vendu mon tracteur !"Depuis longtemps ce chef d’en-treprise passionné par l’élevage et la gestion, l’est moins pour les cultures et le machinisme. Le trac-teur faisait encore 500 heures/an tout en ayant un télescopique sur la ferme. Cela représentait donc presque 1h30/jour. Didier a fi ni par vendre son tracteur et le pulvérisa-teur et déléguer en totalité le suivi culture. "Au fi nal, je n’ai rien acheté et j’ai vendu mon tracteur et mon matériel pour me consacrer exclu-sivement à l’élevage".Pour prendre cette décision, il a fallu dépasser un certain nombre de craintes et d’aprioris. En 2 ans, il n’y a eu aucun problème de dis-ponibilités des entreprises pour intervenir, quel que soit le type de travaux. Par ailleurs, le montant de la facture qui est de 30 000 € par an, soit 275 € par ha, peut paraître élevé, mais il n’y a plus de matériel à payer, plus de carburant, et sur-tout plus le travail à faire ! Au fi nal, depuis que la délégation totale est mise en place, la marge brute des cultures de vente a augmenté, certes grâce au prix des céréales, mais aussi des prestations de qua-lité réalisées à temps.

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Rien que des solutions

Les solutions à une surcharge de travail ne passent pas toujours par de l’investissement en équipements et matériels. Le témoignage qui suit en est le reflet. En effet, l’éleveur a fait évoluer son système pour le rendre moins chronophage en travail sans investissement conséquent. Il n’existe jamais qu’une seule solution mais plusieurs. Pour mener à bien ce type de réflexion, les chambres d’agriculture de Bretagne proposent différents accompagnements. Des formations bien évidemment, mais aussi des prestations comme Dynavenir ou Capacilait

Les chambres d’agriculture proposent plusieurs accompagnements aux producteurs de lait, en cette période où certains d’entre eux se posent la question de l’après-quotas 2015… Dynavenir permet de prendre un peu de recul, de réfl échir à de nouvelles orientations pour bâtir une dynamique d’avenir pour l’exploitation. Plus de 1 000 agriculteurs ont déjà bénéfi cié de cet accompagnement depuis 3 ans. Pourquoi pas vous ?Vous vous interrogez sur les évolutions de votre atelier lait. "Comment moduler ma production en fonction des marchés et de la demande de ma laiterie ? Quelle est la capacité de l’exploita-tion à produire plus de lait à court terme, en optimisant les facteurs de production ?" Capacilait peut vous aider à trouver les réponses à ces questions.

focusEntreprendre en production laitière… Oui, mais pas n’importe comment !

Réfléchir

à son système

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Des techniques pour gagner en souplesse de travailTravailler seul veut quand même dire faire le travail d’astreinte toute l’année ! Pour limiter la pénibilité du travail, le gérant de la SCEA a mis en place différentes techniques sur l’exploitation. Tout d’abord, de la souplesse sur l’intervalle entre traite. L’écart entre 2 traites peut varier de 8 à 15 heures sans inci-dence majeure sur la production (en moyenne pour 7 heures entre 2 traites, seulement 5 % de lait en moins). Par ailleurs, il n’y a pas de vêlages de début novembre à la fi n des vacances scolaires de février

ni au mois d’août. Cela permet un meilleur suivi des vêlages, de la production et d’optimiser au mieux la place dans les bâtiments avec moins de problèmes sanitaires. C’est aussi une manière de faciliter le travail du remplaçant lorsqu’il est en vacances (pas de vêlages, pas d’IA, ou de veaux à soigner). Enfi n, l’alimentation des veaux au lait entier avec des bacs à tétines et celle des jeunes génisses à base d’aliments distribués ont pour objectif la simplicité, une bonne croissance à 6 mois et des vêlages à 26 mois.

Des outils pour faciliter la vie !Pour que le remplacement soit possible sans difficulté, Didier a choisi de fonctionner avec des outils simples. La salle de traite, le télescopique avec son godet à grap-pin, son racleur et son pique botte sont les seuls matériels à utiliser. Pour autant, même loin de chez lui, il peut garder un œil sur la ferme et la piloter grâce aux outils connec-tés. En effet, l’outil informatique, le détecteur de chaleur, les caméras de surveillances, le DAC et la sta-tion météo* permettent de faciliter la gestion au quotidien. "Lorsque je pars en vacances, j’ouvre un fi chier partagé pour correspondre avec le remplaçant, c’est bien plus pratique que le téléphone !". Après plusieurs années à chercher le fonctionne-ment idéal sur cette ferme, il l’a trouvé. Le travail se concentre sur les taches journalières de l’atelier lait et sur la gestion globale de l’exploitation. Il y a très peu de pic de travail et Didier est serein pour produire 550 000 l de lait seul.

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Rien que des solutions

Didier Mestric de Meslan dans le Morbihan

La ferme en quelques motsDidier Mestric, 1 UTH, sa femme travaille à l’extérieur, 2 enfants de 10 et 12 ans.

550 000 L de lait produit avec 65 vaches, 110 ha de SAU ; 60 ha en herbe dont 50 accessibles, 20 ha en maïs ensilage et 30 ha en culture de vente (céréales/maïs). Sols portants, EBE de 200 €/1 000 L en moyenne sur les 2 dernières années - Coûts de production faibles,

Salle de traite 2x6 postes avec décrochage automatique, aire paillée, DAC.

Un rendez-vousà ne pas manquer

Mercredi 17 septembre de 11h30 à 12h15 sur la plate-forme R&D

Table ronde sur le thème : "Le Relationnel et les Ressources Humaines au cœur de la stratégie d’entreprise" avec :

• André Sergent, éleveur dans le Finistère, pré-sident de la chambre d’agriculture du Finistère, président de la commission stratégique R&D des chambres d’agriculture de Bretagne et de la plate-forme R&D Space.

• Philippe Martail, exploitant en légumes sous serres dans le Finistère, en EARL, employeur de main d’œuvre, élu FRSEA emploi-formation, admi-nistrateur FAFSEA.

• André Galerne, salarié dans une exploitation agricole du Morbihan, élu chambre d’agriculture.

• Bruno Cœurdray, dirigeant de la société Netplus, société de nettoyage industriel, et élu CGPME 35.

• Françoise Le Meyec, agricultrice en Gaec à Elven.