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oral 2 UN PREMIER ENTRETIEN D'EMBAUCHE Je dis souvent à mes étudiants : « le CAPEPS se joue bien avant Vichy. La course aux places commence dès le premier jour de prépa- ration. C'est une com- pétition et il faut être opérationnel le jour J. » L'auteur analyse les modalités de prépara- tion de l'épreuve de l'oral 2 en tant que spé- cialiste et propose de solutions pour l'activité complémentaire (1) à travers un exemple en gymnastique PAR A. LEJOT QUELQUES CONSEILS UTILES La réussite au CAPEPS est une épreuve longue et difficile. Pour autant, elle ne relève pas du coup de chance. Généralement, les candi- dats admis sont ceux qui ont su jouer le jeu. Connaître et com- prendre les « règles du jeu » sont des points de départ incontour- nables à la réussite de l'épreuve (encadrés 1 et 2). Cette préparation doit se penser sur le long terme. Et comme dans le monde du sport, une planification est utile (encadré 3). La majorité des étudiants envisa- gent le CAPEPS en terme d'épreuves : écrites puis orales et pratiques. Cette façon de penser conduit déjà vers une première erreur stratégique, celle de se plon- ger dans la logique de ces épreuves au mieux après les écrits, au pire après les résultats de l'admissibi- lité. Or comme le mentionnent les rapports de jury : cette deuxième épreuve est conçue et organisée de façon à permettre au candidat de révéler son implication personnelle dans les pratiques afin de faire valoir son expertise dans quatre APSA différentes. Un entretien d'embauché Ceci étant, cette préparation doit être pensée, selon nous, comme un entretien d'embauché : à Vichy, des centaines de candidats vont essayer de persuader le jury qu'ils ont les compétences à devenir enseignant d'EPS et qu'ils sont en mesure de prendre une classe dès le mois de septembre, c'est-à-dire à peine deux mois après la proclamation des résultats (encadré 4). Activité complémentaire gym- nastique L'étudiant non-spécialiste de gym- nastique peut tomber sur cette acti- vité lors de la complémentaire, il me semble nécessaire qu'il maîtrise les problématiques d'agrès (comme par exemple : quels problèmes fon- damentaux posent la barre fixe ?), le vocabulaire spécifique à l'acti- vité afin de ne pas rester muet face à un terme que l'on ne connaît pas 1. Autoévaluation (à faire régulièrement) Quelles sont les règles du jeu ? Qu'est-ce qu'on attend de moi ? Suis-je capable d'énoncer les compétences attendues par le jury sur cette épreuve ? Quelles sont les compétences déjà construites ? Celles qui sont en cours de construction ? Celles qui sont à construire ? Quelles connaissances dois-je maîtriser pour être efficace ? Où en suis-je ? * repenser régulièrement aux com- pétences et connaissances atten- dues est un moyen de cadrer sa préparation. 2. Les règles du jeu Concevoir et organiser des situations d'apprentissage, dans un contexte précis, à partir de l'analyse d'un problème moteur, afin de faire évoluer la prestation motrice des élèves. Le jury vérifie : • Les connaissances du candi- dat par rapport à la mise en oeuvre d'une démarche d'appro- priation des compétences atten- dues chez l'élève. Autrement dit comment vous y prenez-vous, Mr ou Melle, pour faire progresser vos élèves ? Que doivent-ils apprendre pour progresser ? Quelle mise en scène du savoir faîtes-vous ? • La cohérence des propos, la richesse des justifications, la pertinence des choix. • La pertinence de l'analyse du problème évoqué -» Un cadre d'analyse riche est nécessaire : cf. les ouvrages de Bonnet, Goirand, Leguet, Olinger, etc. EP.S N : 328 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007 43 Revue EP.S n°328 Novembre-Décembre 2007 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

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Page 1: oral UN PREMIE ENTRETIER N D'EMBAUCHEuv2s.cerimes.fr/media/revue-eps/media/articles/pdf/70328-43.pdfLe plus gros de la préparation a été fait à partir de la première simula tion

oral 2 UN PREMIER ENTRETIEN D'EMBAUCHE

Je dis souvent à mes étudiants : « le CAPEPS se joue bien avant Vichy. La course aux places commence dès le premier jour de prépa­ration. C'est une com­pétition et il faut être opérationnel le jour J. » L'auteur analyse les modalités de prépara­tion de l'épreuve de l'oral 2 en tant que spé­cialiste et propose de solutions pour l'activité complémentaire (1) à travers un exemple en gymnastique

PAR A. LEJOT

QUELQUES CONSEILS UTILES

La réussite au CAPEPS est une épreuve longue et difficile. Pour autant, elle ne relève pas du coup de chance. Généralement, les candi­dats admis sont ceux qui ont su jouer le jeu. Connaître et com­prendre les « règles du jeu » sont des points de départ incontour­nables à la réussite de l'épreuve (encadrés 1 et 2). Cette préparation doit se penser sur le long terme. Et comme dans le monde du sport, une planification est utile (encadré 3). La majorité des étudiants envisa­gent le CAPEPS en terme d'épreuves : écrites puis orales et pratiques. Cette façon de penser conduit déjà vers une première erreur stratégique, celle de se plon­ger dans la logique de ces épreuves au mieux après les écrits, au pire après les résultats de l'admissibi­lité. Or comme le mentionnent les rapports de jury : cette deuxième épreuve est conçue et organisée de façon à permettre au candidat de révéler son implication personnelle

dans les pratiques afin de faire valoir son expertise dans quatre APSA différentes.

Un entretien d'embauché Ceci étant, cette préparation doit être pensée, selon nous, comme un entretien d'embauché : à Vichy, des centaines de candidats vont essayer de persuader le jury qu'ils ont les compétences à devenir enseignant d'EPS et qu'ils sont en mesure de prendre une classe dès le mois de septembre, c'est-à-dire à peine deux mois après la proclamation des résultats (encadré 4).

Activité complémentaire gym­nastique L'étudiant non-spécialiste de gym­nastique peut tomber sur cette acti­vité lors de la complémentaire, il me semble nécessaire qu'il maîtrise les problématiques d'agrès (comme par exemple : quels problèmes fon­damentaux posent la barre fixe ?), le vocabulaire spécifique à l'acti­vité afin de ne pas rester muet face à un terme que l'on ne connaît pas

1. Autoévaluation (à faire régulièrement) Quelles sont les règles du jeu ? Qu'est-ce qu'on attend de moi ? Suis-je capable d'énoncer les compétences attendues par le jury sur cette épreuve ? Quelles sont les compétences déjà construites ? Celles qui sont en cours de construction ? Celles qui sont à construire ? Quelles connaissances dois-je maîtriser pour être efficace ? Où en suis-je ? * repenser régulièrement aux com­pétences et connaissances atten­dues est un moyen de cadrer sa préparation.

2. Les règles du jeu Concevoir et organiser des situations d'apprentissage, dans un contexte précis, à partir de l'analyse d'un problème moteur, afin de faire évoluer la prestation motrice des élèves. Le jury vérifie : • Les connaissances du candi­dat par rapport à la mise en œuvre d'une démarche d'appro­priation des compétences atten­dues chez l'élève. Autrement dit comment vous y prenez-vous, Mr ou Melle, pour faire progresser vos élèves ? Que doivent-ils apprendre pour progresser ? Quelle mise en scène du savoir faîtes-vous ? • La cohérence des propos, la richesse des justifications, la pertinence des choix. • La pertinence de l'analyse du problème évoqué -» Un cadre d'analyse riche est nécessaire : cf. les ouvrages de Bonnet, Goirand, Leguet, Olinger, etc.

EP.S N: 328 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007 43 Revue EP.S n°328 Novembre-Décembre 2007 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

Page 2: oral UN PREMIE ENTRETIER N D'EMBAUCHEuv2s.cerimes.fr/media/revue-eps/media/articles/pdf/70328-43.pdfLe plus gros de la préparation a été fait à partir de la première simula tion

(exemple : bascule de fond, grand rétablissement), les programmes, les conduites typiques et les connaissances techniques et régle­mentaires de base. Avec ces élé­ments, un début de problématisa-tion de la réponse peut être envisagé. Les fiches didactiques élaborées par la FFG à destination des initiateurs et moniteurs peuvent

être un outil de travail pour défri­cher le terrain.

Bien se préparer Les propositions faites ici ne sont pas garantes d'une réussite totale. D'autres facteurs existent et qu'il faudra apprendre à maîtriser : état de stress, de fatigue, gestion du temps.

Mais la trequence des oraux est un gage de réussite. Solliciter, outre son formateur, des collègues, d'autres étudiants pour tenir le rôle de jury, peut être une façon de se préparer à la diversité des ques­tions. Tenir le rôle de jury permet de comprendre des points métho­dologiques (exemple : clarté du propos, lassitude des mêmes introductions). Quoiqu'il en soit, l'étudiant ne doit pas oublier que la préparation de l'oral 2. comme celle des autres épreuves, est une aventure person­nelle, dans laquelle le formateur joue le rôle de guide et de garde-fou. Toutes les questions ne peu­vent être traitées, tous les éléments ne peuvent être abordés. S'entraî­ner régulièrement à mobiliser vite des connaissances, à établir des liens, à avoir un regard critique sur les discours et les actes, sont des attitudes que l'étudiant doit avoir envie de construire. S'interroger aussi sur sa propre pratique (quand je fais tel élément, comment je m'organise et pourquoi ?) et celle des autres (quels autres comporte­ments différents des miens ? Pour­quoi ces comportements ?) est une façon aussi de rentrer dans la logique de l'analyse fonctionnelle nécessaire à l'oral 2. A bon entendeur... A vos marques ; prêt ? Bon courage !

PRÉPARATION DE L'ÉPREUVE PRATIQUE D'ORAL 2 : UN EXEMPLE EN GYMNASTIQUE

Comme le souligne le rapport de jury, il s'agit aussi dans cette épreuve de faire valoir son degré d'expertise. Difficile objectif, semble-t-il lorsque l'on n'est pas gymnaste. Pourtant, certaines stra­tégies mises en place, peuvent per­mettre de tirer son épingle du jeu. Bien sûr. on n'évoquera pas le temps de pratique ! La corrélation entre présence aux entraînements et note de pratique étant assez signifi­cative. À la faculté de Liévin , la prépara­tion s'étale sur toute l'année avec néanmoins des périodes de ruptures (stage, écrits). LTUFM et le STAPS nous octroient 30 heures TD pour cette préparation. Bien sûr nous savons que nous en ferons plus, mais pour ceux qui ont travaillé, la réus­site a souvent été au rendez-vous.

Première étape : se construire un bagage technique et chorégra­phique L'épreuve consiste à présenter un enchaînement dans lequel les 8 ou 10 meilleurs éléments (agrès) seront retenus par le jury. Ce qui

3. Planifier sa préparation L3 Semestre 1 : construire les cadres de fonctionnement. Comprendre les règles du jeu : cours + analyse des rapports de jury (fait en L3 S1) Observer un oral 2 : Les L3 assis­tent à des 02 réalisés par des PLC1 : relever, trier ce qui est dit par le candidat (être sensible aux catégories de réponses). L'étu­diant interrogé mobilise-t-il les savoirs a minima attendus par le jury ? (APS, élèves, programmes, démarche d'apprentissage) Évaluation diagnostique : réalisa­tion de la 1 e partie de l'02 par écrit. Régulations.

L3 semestre 2 : Alimenter le stock de connaissances dans lesquelles l'étudiant puisera enrichir ses réponses (justifier ses propos). Cours thématisés en lien avec E1, E2, 01, 02. Exemple : la prise d'information dans les AGA, le statut du corps, analyse d'articles didactiques et pédagogiques. Pendant ce temps, la méthodolo­gie est un peu mise de côté. Elle est injectée sur certaines séances spécifiques (évaluation formative).

Évaluation fin de L3 : oral répon­dant aux exigences de la pre­mière partie de l'02.

PLC1 : Travail de routine sur le S1. rédaction de questions dont on fait varier les paramètres Exemple 1 : classe de 4e, 1 x 10 h...Idem 2 x 1 0 h... 3 x 10 h... Exemple 2 : classe de 561 x 10 h, classe de 4e 1 x 10 h, classe de 3e

1 x 10 h. Le problème à traiter reste simi­laire (exemple : vos élèves ne s'alignent pas dans la roue). Analyse d'articles et vidéos en rapport avec les données trai­tées. Le cadre méthodologique étant construit, on abordera assez tôt la préparation de l'extension et de la complémentaire. Objectif : construire la compé­tence à établir des liens entre 1 '-, 2- et 3e partie de l'épreuve. Préparation de la complémen­taire : sensibilisation en L3. J'in­vite les étudiants à profiter des vacances d'été entre L3 et PLC1 pour préparer leur outils : repères de niveaux, articles pédago­giques et didactiques, assimila­tion des programmes. Léchange des outils entre étudiants étant conseillé (exemple : G1 prépare le VB, G2 : le foot, etc. On expose aux autres groupes le résultat de ses recherches.)

4. Se faire embaucher, c'est-à-dire : montrer son professionna­lisme, son expertise.

Attitude, prestance, rayonnement (comportements non verbaux). Communication : attitude et mani­pulation des outils de communi­cation (construction et présenta­tion des fiches de tâches). Pose de la voix. Maîtrise de connaissances diver­sifiées au service de la réponse apportée. Ce qui nécessite un panel étoffé de connaissances dans des domaines variés : - les différentes formes de pra­tiques de l'activité et des activités gymniques, - public élève : caractéristiques motrices. psychologiques, sociales, générales (faire un tableau récapitulatif) et spéci­fiques (comportements observés

sur un thème identifié : exemple, se tenir à l'ATR). Les pro­grammes, les articles des revues professionnelles sont des mines à exploiter, - connaissances techniques, pédagogiques, didactiques, scientifiques dans lesquelles l'étudiant puisera pour justifier ses choix : revoir ses cours de STAPS et les articles AFRAGA, - parler « vrai » : rendre les élèves vivants, c'est-à-dire les décrire réellement pour que le jury (et l'étudiant) aient une image concrète de ce qui se passe. À ce sujet, il est intéressant d'écouter des enseignants d'EPS parler de leurs élèves (comportements moteurs, attitudes sociales, psy­chologiques, etc.), - avoir réfléchi sur ses choix pédagogiques et didactiques.

TROIS TÉMOIGNAGES D'ÉTUDIANTS ELODIE BROIS, GYMNASTE, 1 5 , 5 / 2 0 à l 'oral, 1 9 / 2 0 en pra t ique , 17 e a u CAPEPS 2 0 0 6 . Épreuve pratique : La préparation s'est faite lors des entraînements de club et lors des compétitions au niveau fédéral. L'enchaînement uti­lisé lors de compétitions a été repris avec une adaptation par rapport aux exigences du CAPEPS et aux codes utilisés.

Épreuve orale : Le plus gros de la préparation a été fait à partir de la première simula­tion d'oral 2 réalisée (licence 3) et à partir du cours d'oral 2 qui a suivi cet oral. Lors de ce cours une méthode de préparation et de réflexion sur les éléments a été proposée. À partir de là, j'ai analysé les diffé­rents éléments du code UNSS. Le plan adopté était le suivant. • Nom de l'élément/valeur dans les différents codes/les pré-requis/les compétences poursuivies au travers de cet élément/les différents com­portements qui pourraient apparaître sur cet élément lorsque des élèves y sont confrontés/ les hypothèses qui peuvent expliquer ces dif­férents comportements/ constructions de situations permettant la transformation des élèves. Je l'ai fait autant pour les éléments de sol (1ere partie) que pour les autres agrès (extension) (2). Bien sûr tout n'a pas été vu ; j'ai choisi les éléments qui semblaient importants à mes yeux. J'ai également revu les programmes régulièrement, tant pour les activités gymniques que pour les autres groupements d'activités. • Concernant l'épreuve complémentaire, j'ai revu les différents niveaux de pratique qui apparaissaient dans les activités, leur règlement, leurs exigences techniques et sécuritaires. Cette épreuve a été également préparée grâce aux différentes simulations, critiques et conseils donnés.

44 POUR VOUS ABONNER AUX REVUES EP.S ET EPS 1 TEL 01 55 56 71 28 EMAIL [email protected] Revue EP.S n°328 Novembre-Décembre 2007 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

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nécessite d'avoir un bagage tech­nique un peu plus étoffé. Je conseille à mes étudiants de choisir 12/13 éléments qui seront présentés dans l'enchaînement au sol. Je pri­vilégie, en effet, le sol pour des non-spécialistes, les autres agrès étant trop difficiles ou trop risqués

en termes de réussite (le saut, ça passe ou ça casse !) Inutile de surcharger son enchaîne­ment d'éléments puisque seuls 10 éléments compteront pour la note de difficulté, alors que tous compte­ront pour les pénalités lors du cal­cul de la maîtrise d'exécution.

Inutile aussi d'inclure des éléments que l'on ne maîtrise pas technique­ment. Donc, dans un premier temps : choisir 12 ou 13 éléments en s'ap-puyant sur les 2 codes possibles. Là aussi, il faut être stratégique dans le choix des éléments, sachant que les

A et B UNSS ont même valeur, tout comme les C et D. A point égal, pri­vilégier le plus facile. Par ailleurs, j'invite les étudiants à doubler certaines exigences par un élément très facile, afin justement de ne pas perdre le point d'exigence ou se retrouver avec un élément manquant. Je propose aussi une liste des élé­ments indispensables à travailler, qui allient faisabilité et pourcentage de points intéressant (exemple : tour complet en l'air : A FIG) Ces éléments sont travaillés techni­quement jusqu'à fin novembre. À l'issue de cette période, première évaluation : présenter les 12 ou 13 éléments susceptibles d'être rete­nus dans l'enchaînement. Chaque élément est noté sur 5 points selon la grille de J. Leguet. A partir de là, un nouveau projet est établi (simplifier, stabiliser, com-plexifier) pour procéder fin janvier à une deuxième évaluation similaire.

ORAL 2. EMMANUELLE LOOTEN, SPÉCIALISTE HAND-BALL, 15/20 en pratique, 11 e au CAPEPS 2006 Je pense que l'oral 2 est le plus difficile de tous. Il nécessite de nom­breuses connaissances, et présente un caractère très aléatoire, notam­ment au cours de la deuxième extension. Dans le temps qui m'était imparti pour préparer les oraux, et bien que je me sois attelée à la tâche bien avant les résultats des écrits, il m'était impossible de connaître toutes les données théoriques nécessaires. J'ai donc effectué des « choix stratégiques ». Ma spécialité est le handball, première extension sports collectifs, deuxième extension sports individuels (gymnastique, athlétisme et natation). • Le premier choix, qui peut paraître évident mais qui est primordial à mon sens, a été de connaître les programmes officiels du collège et du lycée pour chaque activité, ainsi que toutes les fiches Bac. Pas seule­ment les apprendre par cœur, cela n'aurait pas eu de sens, mais de me représenter les cas pratiques (en allant voir des élèves, en cherchant dans ma mémoire ce que j'avais pu vivre dans ma scolarité), et de rechercher des liens notamment entre tous les sports collectifs. • Le second choix, lié au premier, a été de répertorier (à partir du terrain, d'ouvrages spécifiques et des documents d'accompagnement des pro­grammes) une évolution globale des comportements d'élèves dans chaque activité mais aussi de manière plus globale (évolution corpo­relle, musculaire, cardio-vasculaire) sur les 7 années de scolarité étu­diées. Je me suis construit 5 niveaux maximum par activité (3 minimum) afin de pouvoir faire le lien programmes - niveau des élèves. • Ces deux types de données théoriques ont été complétés par les connaissances amassées depuis l'année de DEUG 1 en ce qui concerne les activités spécifiques, leur règlement, leur fonctionnement

général (au niveau fédéral). Cette connaissance m'a permis d'avoir un point d'appui, de départ afin de pouvoir adapter l'activité des élèves en fonction des programmes, tout en restant dans le cadre culturel de l'EPS. Je pense que toutes ces données constituent déjà un beau panel per­mettant de s'adapter à la question posée (activité, niveau, forme de pra­tique). Pour le reste, j'ai commencé dès octobre-novembre à passer chaque semaine des oraux blancs (handball et première extension) face à mes collègues d'oral 2 et à mon formateur, à observer et questionner les autres étudiants qui passaient. Cet exercice officieux et pourtant com­portant tous les caractères de l'oral officiel m'a permis de prendre de l'ai­sance et de l'assurance, de compléter mes connaissances au fil des oraux (les miens et ceux de mes collègues), de balayer un maximum de sujets possible et donc de créer des automatismes sur le plan de l'oral, les premières minutes de présentation (problématisation, programmes, niveaux). Poser des questions « type entretien » m'a également permis d'analyser une prestation, et donc de mettre en avant les pièges à évi­ter, les attitudes à adopter, le type de question pouvant être posé. En ce qui concerne la deuxième extension, je suis allée observer des spécialistes des activités individuelles dans leurs oraux blancs (2 ou 3) et nous avons aussi, avec les différents formateurs, tenté de répondre à certains intitulés lors des entraînements pratiques. Pratiquer ou voir pratiquer (par des élèves) régulièrement les activités, utiliser les connaissances officielles et amassées le long de la formation, mais aussi et surtout passer un maximum d'oraux blancs auront donc été les étapes principales de ma préparation.

EP.S № 328 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007 45 Revue EP.S n°328 Novembre-Décembre 2007 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

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Sur cette période (sep­tembre/janvier) des séances à thèmes sont mises en place (acquisition d'éléments gym­niques, construction des séries acrobatiques, gym­niques).

Deuxième étape : construc­tion des enchaînements Un premier cours théorique est assuré pour comprendre la logique de construction d'un libre. À partir de là, chacun doit construire le scénario de son enchaînement sur papier (trajet, texte). Pour les filles, c'est la période des choix musicaux. Je conseille chaque étudiante sur ces choix en fonction de ses ressources, de son niveau de pratique, des possibilités de coupage de la musique et de son originalité « non, SVP, pas toujours les mêmes bandes son ! Faisons preuve d'un peu de culture musi­cale ». Inutile aussi, voire ridicule, de prendre la musique qu'avait la copine de la sœur de mon frère, qui savait aligner sur cette musique une double vrille alors que moi je ferai deux galipettes. Une musique reste un choix réfléchi en fonction de ses possibilités techniques, de sa mor­phologie, de son âge, de ses possi­bilités chorégraphiques. Côté cho­régraphie, j'opte pour laisser les étudiantes proposer un premier squelette sur lequel je jette un œil pour corriger, ou personnaliser. Pour les garçons, le problème de la construction chorégraphique est nettement moins prégnant. Je véri­fie le scénario étant construit sur

papier et puis... au travail. Il faut apprendre par cœur !

À partir d'avril : le temps de la performance La règle est simple : sachant que la note de difficulté (D) est multipliée par la note de maîtrise d'exécution (ME), et que D n'est pas toujours fabuleuse, il reste une solution : insister sur ME. Au fil des séances, un nettoyage est fait pour que ME ne soit pas infé­rieure à 8,50 soit 1,50 de fautes. Les pointes, les précisions d'espaces, les alignements, les hauteurs de jambes, tout est observé dans les moindres détails. La vidéo aide les étudiants à prendre conscience de leur prestation. Généralement l'objectif est atteint (au prix d'un travail intense). Cette période alterne des passages : com­

plet, par demi-partie, complet cho­régraphique ou complet enchaîné deux fois pour s'habituer à la fatigue.

La dernière semaine de mai : simulation Vichy Un moment un peu particulier. Il s'agit de passer dans les conditions du concours : temps d'échauffe-ment similaire au concours, jurys inconnus (anciens spécialistes gymnastique de la faculté ou spé­cialistes actuels), dans le silence total, un seul passage. Il s'agit d'éprouver un peu le stress que l'on aura le jour J et de ne pas se laisser surprendre par cette impression de grand vide, seul au milieu du praticable ! Après cette évaluation, il reste en général deux entraînements avant

que la première session ne commence. On règle les der­niers petits détails. Donc pour synthétiser, 4 périodes : acquérir un bagage technique - organiser ses acquis - répéter, affiner, styli­ser - évaluer. Cette démarche reste très fédérale, mais il me semble que la pratique de l'oral 2 est une pratique de type fédéral dans laquelle, en s'appuyant sur différents codes, l'étu­diant doit montrer un niveau de pratique le plus haut pos­sible allié à une maîtrise d'exécution elle aussi la plus haute possible. Il s'agit donc de ne laisser aucune place à l'improvisation, à l'aléatoire, à l'à-peu-près mais plutôt montrer des qualités d'ampli­

tude, de rigueur, de perfection. Après tout, c'est une épreuve de gymnastique !

Anne Lejot Professeur agrégée d'EPS,

BEI GAF, responsable des activités

gvmniques, UFRSTAPS de Liévin

[email protected]

(1) L'entretien comporte 30 minutes sur l'activité choisie par le candidat et 15 minutes sur l'activité complémentaire choisie par le jury. (2) Lors de l'entretien, après l'interroga­tion sur l'APSA choisie suivent deux extensions : la première sur la famille à laquelle cette APSA appartient, le deuxième sur une activité d'un autre grou­pement du programme de l'oral2.

PRATIQUE, GYMNASTIQUE AU SOL. ORAL 2. EMMANUELLE LOOTEN Je ne suis pas « spécialiste gym ». Bien loin de là, je suis handballeuse de formation. Une tare, pourrait-on penser, face à l'épreuve pratique de gymnastique tant redoutée du CAPEPS. J'aurais pu tenter la GRS, réputée pour être plus accessible, encore fallait-il savoir manier l'engin. Je me suis donc lancée pour cette fameuse épreuve du sol avec tout ce que cela comporte : des éléments à choisir, une musique à trouver, une chorégraphie à réaliser ; dans une rigueur exemplaire, évidemment ! Et je ne m'en suis pas si mal sortie, un joli 13 à l'arrivée. Je suis partie avec mon bagage des STAPS, c'est-à-dire trois cycles d'enseignement. Il m'a alors fallu procéder méthodiquement, et de façon anticipée. L'entraînement a démarré très tôt dans l'année, octobre je crois. • La première étape très importante à mes yeux a été de rassembler tous les éléments gymniques que je maîtrisais déjà. Je les ai alors retra­vaillés, pour être bien certaine de mes capacités. Je les ai ensuite clas­sés pour remplir toutes les exigences du concours, soit en simple, soit en double selon leur difficulté : assurer les exigences et la maîtrise des éléments est une base incontournable. • La seconde étape très importante a été de trouver une musique qui me plaisait vraiment et qui correspondait à mes capacités cardiovas-culaires, musculaires et à mon caractère. Il faut savoir que cette musique, on l'entend dix fois, vingt fois, cinquante fois. Il est donc impératif qu'elle nous plaise. Il est également important qu'elle com­porte un rythme clair, pour pouvoir s'y repérer facilement. Je l'ai cou­

pée, réorganisée, écoutée chez moi, dans ma voiture, dans la salle de gym. Il fallait m'en imprégner, connaître tous les rythmes, toutes les phrases musicales sur le bout des doigts. • La troisième étape, avec l'aide précieuse de mon enseignante a été de mettre en scène tous ces éléments gymniques sur la musique, de les lier, de les organiser, d'en déterminer le chemin sur le praticable. Cette étape est longue et nécessite de tester toutes les combinaisons pos­sibles. La notion de récupération y est primordiale : il faut la distiller tout au long de l'enchaînement, et surtout en être conscient pour l'utiliser au maximum. L'enchaînement doit être bouclé, à mon sens, avant les résultats des écrits. Il s'agit dès lors de répéter cet enchaînement. Prendre une heure chaque semaine pour s'échauffer, s'entraîner, et passer une à deux fois, seul sur le praticable avec musique, se faire noter par des enseignants ou des étudiants gymnastes, corriger les dernières petites approxima­tions, mettre l'amplitude maximale, connaître sa chorégraphie et sa musique par cœur (jusqu'à la répéter le soir mentalement avant de s'en­dormir) pour poser chaque mouvement sur le rythme et la phrase cor­respondant. En somme, se placer en condition d'examen le plus tôt et le plus grand nombre de fois possibles. Toutes ces conditions ne constituent pas LA solution, mais elles m'ont permis d'être plus sûre de moi le jour J, et surtout, de ne pas avoir de mauvaise surprise, tant sur la réalisation que sur le résultat.

46 POUR VOUS ABONNER AUX REVUES EP.S ET EPS 1 TEL 01 55 56 71 28 EMAIL [email protected] Revue EP.S n°328 Novembre-Décembre 2007 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé