oeuvres de mgr de segur (tome 16)

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8/3/2019 Oeuvres de Mgr de Segur (Tome 16) http://slidepdf.com/reader/full/oeuvres-de-mgr-de-segur-tome-16 1/593 ŒUVRES DE QUATRIÈME SÉRIE TOME SEIZIÈME PARIS Librairie Saint-Joseph TOLRA, LIBRAIRE-ÉDITEUR  Ji2 bis, rue de Rennes, 112 bis 1893 Tous droits réservés

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    UVRESDE

    QUATRIME SRIE

    TOME SEIZIME

    P A R I S

    Librairie Saint-JosephT O L R A , L I B R A I R E - D I T E U R

    Ji2 bis, rue de Rennes, 112 bis

    1893Tous dro i t s rservs

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    Bibliothque Saint Libre 2010.

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    UVRES

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    LE

    JEUNE OUVRIER CHRTIEN

    PREMIRE PARTIE

    CHAPITRE Y

    LE PCH

    I

    u pch qui est la ruine de la v ie chrt ienne.

    Lorsqu'on a le malheur de succomber la tentation, onc o m m e t le pch.

    Le pch est la violation de la loi du bon DIEU ; c'est, enpratique, le mpris plus au moins formel, plus ou moixibgrave, de sa sainte volont. Et comme cette volont ado

    rable deDIEU

    est le bien par excellence, le pch estr

    si

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    8 LE JEUNE OUVRIER CHRETIEN. 1.

    l'on peut par le r ains i, le mal par exce ll ence ; c'est le malpar fai t, c'est le mal absolu, qu i nous s pa re de JSUS-CHRIST, la vie et la gloire do no tr e me.

    Tu te rappelles., mon enfant , ce que noua avons di t prcdemmen t de la vie su rn at ur el le de no tre me et denot re un ion avec le bon DIMU. JSUS-CHRIST se donne ets uni t nous par sa g r c e ; il nous c omm un ique sontsprit-Saint qui, rpandu dans notre me comme la svedu cep de vigne se r pa nd dans les ra me au x, d ev ient la

    vie de no tr e me et le p r i nc i pe d e la fcondit pour le ciel.Le p ch , le pch grave du moin s, fait n not re me coque ferait au rameau de la vigne un coup de pierre ou uncoup de hache qui le br is er ai t et le spa re ra it du c e p :il ta ri rai t aussitt la sve, et, pa r consquen t, ferait de cerameau vivant un rameau mort.

    Le pch nous fait perdre JSUS-CHRIST, nous spare dJSUS-CHRIST, qui est, je ne saurais trop te le rpter, lavie spirituelle et t er ne ll e de ton m e. Tan t qu e noussommes sur la terre, nous pouvons perdre JSUS-CHRIST;et c'est pour cela, comme nous le dit l 'Aptre saint Paul,qu'il nous faut oprer notre salut avec, crainte et tremble-

    1

    ment. 11 ne faut pas craindre le bon DIEU, qui est infin im en t doux et mi s ri co rd ie ux ; mai s il faut cr ai nd re del'offenser, il faut c ra indre de le pe rd re , il faut c ra indre lep ch qu i nous le fera it per dre . Un seul pch gra vesuffit pour anantir la vie de DIEU en not re me et po urnous sparer de notre trs saint et trs bon J S U S . Un

    seul pch mortel suffit pour faire tomber not re me enla pu is sa nc e du d mo n, qui la di rige vers l'enfer. Elletombe du ciel dans l' ab m e, di t sa in t Be rn ar d. Elle n 'yest pas encore, mais elle en prend le chemin.

    Ains i le pch est la m or t de l'&me. On l' appelle mort el,

    lorsqu'il est grave et complet. En gnral, pcher, c'est se

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    LK JEUNE OUVRIER CHRETIEN-. 1 . W

    dtourner volontairement de DIEU pour faire.ic mal.Pcher mortellement, c'est se dtourner tellement du bonDIEU, que l'union de la gr c e se tr ou ve to ut fait ro mpueet que la pauvre me, vide du Sa in t-Es pr it , spare deJSUS, ne vit plus de la vie de DIEU. De mme que l' meesL la vie du corps, de mme DIEU est la vie de l'me, dilsaint Augustin ; et de mme que le corps meurt qtiand ilrend l'me, de mme l' me me ur t qu an d elle perd DIEU. Mon pauv re enfant , dis-moi, n'est-ce pas l. le plus g rand

    des malheurs? Oh! sans doute. Mais que faut-il po,ur qu'un" pchsoit mortel et nous fasse perdre ainsi Notre-Scigneur? Le voici. Il est trs important de le bien savoir ; cela vitede grandes-pein es d'esprit .

    Pour qu 'un pch soit mortel,. trois condi tio ns son t

    ncessai res: 1 un e ma ti r e grave ; 2 un e connai ssancecomplte de la gravit du mal que l'on va faire ; et 3unevolont pleine et ' form el le de faire ce que l'on sait ainsitre gr av em en t dfendu. De m me qu 'u n trpied to mb e terre ds qu'il lui manque un seul de ses trois soutiens ;de mme un pch n' es t et ne peut tre mo rt el lorsqu'i l

    ne runit pas ces trois conditions. Et si je. croyais par e r reur que telle ou telle action est

    gr av em en t dfendue et qu e je la fisse nanmoins , co m-mettrais-jc un pch mortel? Oui, mon pauvre Jacques ;car le pch est, avant tout, dans l'intention, dans lavolont. On commet toujours un p ch mortel , dit legran d Docteur saint Th om as , lorq u'en pch an t l 'on estpersuad qu'on fait un pch mor tel . Par exemple : tucrois que telle ou telle petite dsobissance, que tel outel petit mensonge, petit vol, petite indcence, etc., estun pch mortel, tandis qu'en ralit ce n'est qu'une fautelgre, quelquefois mme pas une faute du tout ; tu le

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    10 LE JEUN E OUVRIER CHRTIEN. I .

    fais n an m oi ns bien scie mme nt, bien vol ont air eme nt; lucommets un pch mortel. Ta volont, en effet, a donn cette petite infraction une gravit qu'elle n'avait pas enel le-mme ; et s'il n 'y a pas eu matriellement pch 'grave, il y a eu, comme disent les thologiens formelle

    ment pch grave. En d' au tr es te rmes, il y a eu pour toi,da ns ce pc h, connaissa nce complte bien qu 'e rr on e ,et enfin volont pleine et entire.

    Dans tout ce qui touche la conscience, la volont joue

    touj ou rs le rle pr incipa l ; ca r, aprs tout, la volont c'estno us -m m es ; c'est ce qu i nou s rend bons ou m a u v a i s ;c'est ce qu i nous fait mr i t e r ou d m ri te r.

    Mon cher enfant, aies toujours en prsence de ton DIEU,une volont bien droite, bien, nergiquement rsolue ne jamais faire le mal de propos dlibr, et toujours faire

    le mieux possible ce que Lu sauras tre le bien. Tu pourrasparfois te tromper : oui, sans d ou te ; tu po ur ra s faire lemal en croyant faire le bien : mais tu ne pocheras point,t u n e te dtou rneras pas vol ont air eme nt du DIEU de toncur.

    II

    Des redoutables effets du pcli mortel.

    0 mon pauvr e Jac ques, n e comm et s ja ma is un pc hmortel ! Le pch mortel serait ton me ce que la mortse ra it ton corps. As-tu j a ma i s vu un cadavre en disso lution? Quelle horreur! Quelle infection! Quelle couleurlivide et repoussante ! Tel le, et bien pis enco re , est auxregards de DIEU et de ses Ange s, l'me en p ch mo rt el ,Tme prive de JSUS-CHRIST et vide de l 'Esprit-Saint.

    Au cu ne langue hum ai ne ne sau ra ja ma is dire ce que

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    US JEUNE OUVRIER CHRETIEN. I . 1 1

    le p ch mor tel fait d'u ne m e . Un jo u r cela fui mo n t r par le bon DIEU sa in te Th rse . Je voya is l'Ame, dit-elle,

    .comme un immense diamant tel lement resplendissant delumire, qu'il semblait tre tout lumire. C'tait merveilleusement beau. Tout h coup j 'aperus, en place de cettelu mi r e, je ne sais quel le pou va nt ab le figure toute tnbreuse, effroyable voir; et je crois que, si cette vueet dur plus long temp s, j ' en aurais pe rd u'c on na iss an ceet serais mo rt e de fra yeu r. Mon div in Matr e me d i t ,que

    c'tait l une trs faible image de' ce que faisait dansl 'me le pch mortel, et. principalement le pch ds-ho nn cle .

    L'me en pch mortel a perdu DIEU. Qui pourra ja mai s co mpre ndr e ce que c'est que per d re DIEU? P ourco mp re nd re le pc h mor tel, il fa ud ra it pouvoir co m

    prendre et l'enfer cl le feu ternel des damns, et le poidsinfini de la maldiction divine.Il faudrait po uv oi r son de r les ab m es infinis des dou

    leurs de N .- S. JSUS-CHRIST ; il fau dra it pouvoir c o m pre ndre sa Passion, son Agonie et sa Su eu r de sang.; ilfaudrait pouvoir comprendre la croix et le calvaire. Perdre

    JSUS-CHRIST, c'est perdre la vraie vie, c'est perdre le vraibonheur,.la paix, la joie, le ciel.

    Le jeune homme qui commet le pch mortel est untr a tr e, un dicide, qui pose de nou vea u en lui -m m e lacause du c ruci fi emen t et de toutes les souffrances d uSeigneur JSUS. C'est un abominable ingrat, qui foule auxpieds le sang et l'amour de son DIEU ; c'est un fou qui ,pour un misrable plaisir, risque toute son ternit ; unsacrilge qu i m pr is e, du mo in s en p ra tiq ue , et son bap tme , et son salut, et toutes les .grces magn if iques dontil a t combl par la bont de DIEU. Le pch mortel,

    r

    dit le g rand m a r t y r du Cotise, sa in t Ig na ce , Evque-

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    d'Antiocho, le pch mortel est un germe de Satan, quitransforme l 'homme en dmon.

    Et, mon cher entant, si c'est une grande folie que deco mm et tr e le pch morte l, j uge un peu do ce qu'il fautpenser d chr tien qui y dem eu re vo lont ai re me nt . C'estune folie incomprhensib le. Je ne puis comprend re ,s 'criait saint Thomas dW qu in , co mm en t un h o m m e enta t de pc h mortel peu t r ir e et avo ir de la jo ie .

    Ds qu'on a eu le malheur de perdre DIEU, il faut

    tout pr ix s'efforcer de le re couvrer, et, s ans aucunretard, l'entrer en sa grce, d'abord par un profondrepent ir , bien vif, bien cordial , pui s pa r une humble etsincre confession. Lorsq ue tu te laisses tomber terre, dans la boue, que fa is -tu? As- tu seu le men t ide derester l. tout crott, tout sali ? Aussitt tomb, tu te rel

    ves ; et ton premier soin est d'aller te laver , te brosse r,Ainsi dois-tu faire qu and il s'agit de ton me, dont lanette t doi t t' tre mi lle fois plu s chre que celle de toncorps. A peine tomb dans la boue mor telle du pch , ilfaut te relever, c 'est- -dire te r epen t i r ; et, de mme qu'ilne suffit pas de se rel ev er q uand on est t omb dans la

    boue, de mme, quand tu as pch, il ne suffit pas de terepent i r ; il faut aller le pl us t t possible te confesser,laver ton me, par l'absolution, dans le sang de JSUS-CHRIST ; il faut aller te fa ire brosser. Or, tu le sais , moncher Jacques : c'est ses prtres que JSUS-CHRIST a confila belle brosse qui seule a la pu is sance de faire d ispara

    tre toutes les souillures des mes.Combien n'ai-je pas vu de bons jeunes gens, admira

    bles cet gard? A peine l'tourderie ou la faiblesse leuravaient-elles fait donner du nez en terre, ils se relevaientbra vem ent , hu mb le me nt , ple ins de confiance da ns lecur misricordieux de JSUS, et allaient se confesser,

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    LE JEUXE OUVRIER C1IAT1EN. I . 13

    avec une franchise ra vi ss an te , afin de ne pas rester , parleur faute, une seule minute de plus en tat de pchmortel. Si jamais, mon pauvre garon, tu avais le malheurde faire un gros pch (ce qu' DIEU ne plaise !) il faudraitsuivre leur exemple, et saisir la premire occasion d'aller te purif ier en te confessant .

    II y va quelquefois du salu t t erne l. On me racontai t,il y a quelques annes, l 'histoire d'un bon petit apprentide treize ou quatorze ans, qui, * rencontrant un samedi

    soir assez tard sa ma r r a i ne au m o me n t o il r en trai t la ma ison , lui avoua na v em en t qu 'a yan t fait je ne saisquelle grosse faute, il n'avait pas voulu remettre sa confession au le nd em ai n m at in . D'abord , ajouta it-il, j ' h sitais un - pe u ; mai s ma in te na nt je suis bie n co nt en t, et

    j 'ai le cur tout lger. La bonne marraine le flicita et

    t 'embrassa maternellement. Le lendemain matin, l 'apprenti'tait trouv mort dans son lit !

    Il y a des gens au coeur goste, la conscience grossire, qui s'imaginent qu'ayant fait un pch mortel, ilspeuvent en faire deux, trois, quatre, six, dix, etc. ; Commesi c'tait un gain de faire des pchs ! et comme si,

    m me en supposa nt le pa rdon , le Pu rgatoi re n't ait po intl avec son Jeu ven geur et redoutabl e! Ils s' im ag inen tqu'il' en est de la mort de l'me comme de la mort du

    . corps ; ce qui est une g rande er reur : une fois qu 'un corpsest mort, on aurait beau le frapper de mille coups decouteau pu d'pe, il n'en serait pas plus mort. Mais pour

    Tme, chaque coup mortel , c'est--dire ch aq ue pch,l'loign de plus en plus de JSUS-CHRIST qui est sa vie,sa vie ternelle. L'me est un esprit, et cause de cela,elle peut tre plus ou moins vivante, plus ou moinsmorte : elle est d'autant plus ou moins vivante qu'elle estplus parfaitement unie Notre-Seigneur. par la grce.

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    par l 'Eucharistie, par la puret, par l 'amour; elle est d'autant plus morte qu'elle est plus loigne de lui par desp ch s plu s graves et pa r des pchs plus rpt s. C'est comme le thermomtre : plus la chaleur est grande,plus le mer cur e monte les degr s qui sont au -des su s dezro ; et plus le froid est intense, plus le mercure descendau-dessous de zro. Il est bien vident qu'il fait beaucoupplus froid ving t degrs qu ' zro, t re nte de gr s qu 'v in gt . Le froid c'est la mor t , la glace du pch mort el ;

    plus on pche, plus on de sc en d da ns la mor t. Au der ni erdegr, tou t fait en ba s, l o l 'h omme pch eur semblene pas pouvoir at te in dr e, il y a Satan, l' ho rr ib le chef etpre des pcheurs.

    Quand ou fait un pch mortel, est-ce Noire-Seigneurqui s'loigne? Oui et non. Non, en ce sens que c'est

    nous qui changeons, qui devenons mauvais, qui nous dtournons de lui, qui le qu it tons , comme ja di s l 'en fantprodigue s'loigna de son pre et de la maison pa te rn el le ;oui, en ce sens que Notre-Se igneur , qu i est la saintetm me, ne peut d em e ur e r l o il re nco n tr e le p ch .

    Quand tu fermes les yeux en plein midi, tu n'y vois

    plu s cl ai r; mais, di s- mo i, est-ce la lu mi r e qui s'loigne.de toi? N'est-ce pas toi-mme qui te prives de la lumire ?Ainsi quand nous avons follement chass JSUS-CHRIST denotre me, nous l 'obligeons de s'loigner, de se sparer denous .

    Mais il ne s'loigne du pauvre pcheur qu'autant quel'exige sa sain tet ; sa bon t , sa mi s rico rde l 'a tti ren t sanscesse vers nous ; et il est l, comme la port e de notrec ur , nou s di sant : Voici que je me ti en s l ; je t 'a t tends,

    j e fr appe , ouvre -moi ! Quelle bont et qu'elle douceur, unies l'infinie sain

    te t! 0 mon Sauveur JSUS ! no n , ja ma is j e ne vous chas -

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    LE JEUN E OUVRIER CHRTIEN. I . 15

    serai de mon c u r ; ja ma is , avec le secou rs :de votregrce*cl de vos sacrements, je ne commettrai un pch'morLel ! Que la bonne Sainte-Vierge m'obtienne de rester,toujours, toujours, fidle vot re gr ce , j u squ ' au dern ie rsoupir de ma vie.

    III

    Comment on peut se prserver du pch mortel.

    On le peut toujours, et par consquent, on le doit. Jamais on n'est oblig de faire un pch mortel. On peutquelquefois tre forc pa r la vio lence de faire m algr soides choses matriellement mauvaises ; mais du moment

    que la volont n'y est pas, il n'y a pas, il ne peut pas yavoir d pch. Le pch, en effet, comme nous l'avonsdj di t, est avant tout un acte de la volont , de la volont libre.

    Quant au pch vritable, on s'en prserve en prenantles moye ns ncessai res. Je t 'en indi qu er ai trois p r inc i

    paux, mon brave enfant.Le premier, ab sol um en t ncessai re, consis te viter le

    plus soigneusemen t possible les occasions dan ge re use s.Nous avons dj touch u n mot de cela, en par lan t destentat ions ; mais il y a cette diffrence qu 'on ne peut p astoujours prvenir ces tentations, tandis qu'on peut tou

    jours (entends-tu bien cela), toujours se pr ser ve r du p ch. Celui qui aime le pril, y prira , a dit le Fils deDiiiu. Celui qui se met les doigts dans le feu, s y brlera.Celui qui s'tendra dans la boue s'y salira. Celui qui avalera du poison, s'empoisonnera. C'est l une vrit de foiet de sens c ommun tout ens emble. .Donc, mon c he r

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    'H LE JE UN E OUVRIER CHRETIEN. .

    Jacques, si tu veux te prserver, vite tant que tu peuxles occasions de pcher: si tu veux viter le pch impur,vite cette imprudence que tu sais, et qu i Va dj faittomber maintes fois ; vite la compagnie de ce camarade,de ce polisson, dont les conversations et les plaisanteriesroulent toujours sur ces choses-l; vite la lecture de cesmauvais romans, de ces livres licencieux qui sont hlas !si rpandus et dans nos villes et dans nos campagnes;vite les bals publics et les mauvais thtres ; vite, en un

    mot, tout ce qui est capable d'entraner un jeune hommedans le mal . Et ce que j e te dis l du pc h honteux, je te le dirai avec non moins de vri t de tous les autres ,de la colre, de la pa resse, de la gourmandise , des je ux dehasard, etc.

    En second lieu, je te recommande, comme grand et

    tout-puissant prservatif, la prire de c h a q u e ' j o u r , ainsique l 'examen de conscience. ta prire du matin, prpare ta jour ne, pr voi s les occasions da ngereuses quipourront se prsenter, prends de bonnes et fortes rsolutions, et entre ainsi en campagne, arm de toutes pices.Dans le courant de la j ourne , renouvelle de te mps en

    temps ces rsolutions, et demande Notre-Seigneur, demande la Sainte-Vierge de les bnir. Enfin, ta priredu soir, avant de te coucher, examine srieusement o tuen es, demande pardon au bon DIEU des fautes qui te sontchappes, et prpare ta nu it , co mme tu as prpar ta

    journe. Au point de vue de la sainte vertu, ce conseil est

    d 'u ne importance majeure ; et, s i tu l'observes fidlement,tu y trouveras un excellent prservatif contre le pch.Sois bien vig ilant le ma t in , le soir, la nu it , le j o u r : leloup ch er ch e te dvo re r; l 'ennemi cher ch e te tuer .

    Le trois ime prservatif, lui aussi indi spensable, que j e

    le recommande si tu veux demeurer en tat de grce,

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    LE JEU NE OUVRIER CHRETIEN. I . 17

    XTl 3

    c'est la confession bi en rgulire et la c ommunion non-seulement rgulire, mais frquente. Vois-tu,, mon garon, c'est l te moyen des moyens. La confession, accompagne de bons avis, des encouragements, des directionsde ton pre sp ir ituel, te fera viter la p lupart des illusions et des dangers auxquels on est si expos louage;et tu y apprendras dise ruer de mieux en mieux ce quiest bien et ce qui est mal, ce qu'il faut faire et ce qu'ilfaut viter. La sainte communion, qui viendra' rgulire

    ment et souvent couronner les confessions, t 'apportera laforce de suivre fidlement les avis de ton directeur : ellete co mmuniq ue ra la fore mm e de JSUS-CHRIST-, c o m m ele feu s' ins inu an t da ns le char bon lui c om m u n i qu e sachaleur . Le Concile de Trente lui-mme no us "enseigneformellement que Noire-Seigneur. JSUS-CHRIST a institu

    l 'adorable -ac re men t de la co mmun io n, co mme un a n tidote qui nous prserve des pchs mortels.

    S'il y a tant d'apprentis et de jeunes ouvriers qui abandonnent le bon DIEU aprs leur premire .communion,qui tombent et retombent dans de gros pchs, qui deviennent les vi ct im es des mauvaises ha bi tude s, qui ou

    bli ent le chemin de. l'glise et du pa tr on ag e po ur celui ducabaret et du caf, c'est avant tout, je rie crains point de[affirmer, parce qu'ils ne communient pas assez souvent,parce qu'un ne les fait pas communier assez souvent,

    Pauvre petit pchpur, va ton bon JSUS, va ton Sauveur , pour qu'il te sauve. Faible , va Celui qu i seulest fort, afin qu'il te fortifie contre toi-mme, contre tespassions, cont re ta l gret, cont re les as sa ut s et les s ductions du dehors. Va chercher en JSUS ce qui temanque et ce qu'il-veut te donner.

    Que le dm on est ru s dans la guer re qu 'il fait a ux

    mes! Afin de nous loigner de JSUS-CHRIST, noire unique

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    18 LE JEUNE OUVRIER CHRTIEN. I .

    Sa uv eu r , el du gr and Sa cremen t de son amour, il meten avant toutes sortes de ruses et de beaux prtextes ; ilta it I15 dvot, le thologien : Ne communie pas si souvent,dit-il ce pauvre apprenti, h ce pauvre petit ouvrier; tun'es pas assez instruit; tu n'as pas assez de temps consacrer la prire pendant la semaine. A Ui .bonne heu re,si tu pouvais aller la messe tous les jours , comme lesgens qui n'ont rien Taire ! Mais toi, il faut que tu travail les ; c'est bien assez pour toi d'y aller tous les mois ,

    et mme aux quatre ou cinq grandes ftes seulement. Tul.*y prpareras mieux ; ce sera plus respectueux. Tu .entireras beaucoup plus de profit. Vois un .tel et un tel : ilssont bien sages, bien bo n s ; ot cep enda nt , ils n' y von tl\uk Pques et Nol. Laisse dire les curs ; ce sont desgens exagrs. Ils voudraient faire de nous des capucins.

    Crois-moi, n'y va pas trop souvent. Et puis, cela empchedo s'amuser, do faire comme les autres, etc.

    Hlas! combien de pauvres mes se laissent prendre ces sifflements du vieux Serpent, comme jadis Eve auparadis terrestre. La seule diffrence, c'est qu'il disait aEve: c< Mange, et tu verras; tandis qu'ici il te dit: No

    mange pas, du moins pas souvent: et tu verras. Donc, mon cher Jacques, mon cher et bon enfant, si tu

    veux viter le pch et le vice , si tu veux garder- une foivive et des murs pures, va souvent et rgulirement auxsources du salut, qui sont les deux incomparables sacrements de la Pnitence et de l'Eucharist ie . Ne t'en laisse

    dtourner par rien ni par personne. Joins-y la bonneprire el la fuite des occasions, el lu verras !

    Tels sont, mon bon Jacques, les trois principaux moyensque je te rec ommande de la pa rt du bon DIEU, pour teprserver du pch mortel.

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    JLE JEUNE OUVRIER CHRTIEN. 1 . 49

    IV

    Comment on peut se purifier du pch mortel.

    Nous avons vu c om me n t on peut se prserver du pchmortel, et je t'ai indi qu, m on che r en fa nt , trois moyensprincipaux, q u o i u no p erd ras j a ma i s de vu e : d'abord, la

    fuite courageuse des occasions , m m e des occas ionsagrables et s du is an te s; puis , l 'exactitude pr ie rdt bien prier ma t in et soir, en ren ou ve la nt t es rso lutions, en pr pa ran t tes jour nes et tes n u i t s ; enfin,la frquentation rg uli re des sa cr emen ts , l 'ouve rtu re lapins cordiale v i s - H - v i s de ton pre spirituel, et la commu

    nion, frquence hien so igne, bien pieuse ,Si. cep enda ntt u venais com met tre par fragili t, parsurprise, que lque grosse faute, que faudra it- il fai re?

    Avant tout, mon bon Jacques, avant tout, pas de dcouragement. Le dcouragement, c'est le pch des pchs.Qu'est-ce que Judas, sinon un pcheur qui s'est dcou

    rag, qui s'est perdu par d co ur ag em en t? S'il br le ternellement en enfer; c'est le dcouragement qui Ta menl. Il et t pa rdonne comme saint Pie rr e si, c o m m esa int Pier re , il ava it eu confiance en son bon Ma tre ets'tait repenti avec amour. Il et t pardonn comme lebon larron, si, comme le bon larron, il avait jet versJSUS le cri d'un c ur re pe nt an t, aussi confiant qu 'h umil i .

    Ne l'oublie jamais, mme dans tes chutes les plusgraves, les plus profondes : le bon DIEU est toujours le

    bon DIEU ; JSUS pardonne fout, absolument tout, aupauvre pcheur qui se repent sincrement et qui demandepa rdon .

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    20 US JEUNE OUVRIER CHRETIEN. l .

    Mais, diras-tu peut-tre, comment s'y prendre pourd ema nd e r pardon de manire tre sur di lre pa rdo nn !

    Le moyen est trs-simple, et trac de la main mmede JICSUS-CHRIST. FI consiste al ler se confesser, se confesser de tout son cur. La confession est lu plus mer veil leuse, la pins prodig ieuse inven tion de l' amo ur mi sricordieux de DIEU l 'gard des pc heurs repe nt an ts .C'est un prodige, renouvel chaque jour h travers tousles sicles et sur toute la surface de la ter re , o JESUS-

    GHRIST ressuscite les mes que le pch a tues: et ceprodige, il l'opre par le ministre et la parole de sesprtres, comme jadis il opra la rsurrection de Lazare,p a r l e ministre et la p aro le de l' humani t dont il s'taitrevtu. JSUS-CHRIST, l 'Homme-DiKU. n ressuscit La/are :le prtre, l'Homme de DIEU, ressuscite les pcheurs. C'est

    pour cela que J f h u s - C U R J S T a choisi le jour mme de sarsu rrect ion , le jo ur de P qu es , pour ins tit uer cet ad mi rable sacrement de Pnitence, qui n'est autre chose quele sa cremen t de la r surr ec t ion des mes et le de rn ie reffort de la misricorde divine.

    Quand on a eu le ma lhe ur de pcher mortel lemeuL de

    se sparer de JSUS-CIIRISX par un pch grave, la confession, unie au repentir, est l'unique moyen de recouvrerla grce du bon DIEU- Quand on peut se confesser, on doitse confesser; point de confession, point de pardon : DIKUmme l'a ainsi dcid, et nul homme sur Ja terre n'a lepouvoir de changer cette loi. La contrition la plus vive,

    les larmes", les pnitences extrieure s, les prires e t . l e ssupplica tions seraient impu is santes ai te ren dre la grcede DIKU, mon pauvre enfan t , s i, pouvant le confessera tune voulais ou lu n'osais le faire. Ceci est de foi.

    C est ce qui est arr iv un jeune homme, dont sain tAntonin de Florence raconte la terrible histoire. Jusqu'

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    dans ce moment suprme, i l pt enfin dcharger su conscience. Il tomba malade, si dangereusement malade qu'onpensa l 'administrer; niais le dlire survint et il mourutsans avoir pu se confesser.

    Le surlendemain, pendant qu'on prparait ses funrailles, il apparut, comme tout imprgn et envelopp defeu, l' un de ses Fr r es . 11 lui ra con ta son pouvanta blehi stoi re , et, de la par t de DIKU, lui commanda d'aller ladire ses Suprieurs.

    Je le rpte, qu an d on pe ut se confesser, la confessionest la condition indispensable du pardon; et ? en pareilcas, le repentir sans la confession demeurerait strile.

    Pour affermir la r sur re ct io n de l'me, ri en n'est plusutile que de joindre la sainte communion l 'absolution.La communion tant le sacrement de la force et de la

    persvrance, rien n'est plus logique, quand on s'estpurifi du pch mortel pa r une bonne confession , quede re cour ir sans retard ce Pa in des for ts, qu i n 'es tautre que JSUS lui-mme, le Sauveur et le bon Pasteurdes mes. Une bonne communion efface d'une manireadmirable les traces des pchs pardonnes; et rien n est

    plus capable de nous r eme t t r e tout fait su r pied aprsnos dfaillances.

    Puis , il faut faire pnitence ; il faut expier nos pauvresp chs . Pour cela, les occas ions ne te m a nq ue r o n t pa&,mon ch er enfant ; sans compte r les petites morti ficationsvolontaires que tu pourras t 'imposer, tu auras tout

    propos offrir au bon DIEU en expiation les fatigues deton travail de chaque jomvles ennuis et les peines de la.vie, le froid et le chaud , les peti tes humil ia t ions et lesdu re t s auxquelles t 'expose ta condition m m e , etc.

    Mais si on ne peut pa s se confes se r? s'il n 'y a pas lde prtr e ? Alors le bon DIEU fait directement mis-

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    LE JKUNE OUVHIU CHHKTIKJV. I.

    ricorde, mais la condition qu'on se repente parfaitement.La con tri tion parfaite, a ccompagne du dsi r s incre dese confesser ds qu' on Je po ur ra , chasse imm d iat em en tle pch et remet l'me en tat de grce. Mais dans cecas encore , po ur que Ja cont ri tion puisse effacer le pch'mortel, il faut, dit le Cathchisme du Concile de Trente,qu'elle soit si A'hmente, si vive, si pleine d'amour deDIEU, que la vivacit du repent ir gale la grand eu r desfautes. Or, il ne faut pas se le diss imuler; cette contr i

    tion parfaite, trs-facile aux chrtiens fidles, ne Testgure aux mes indiffrentes qui vivent habituellementspares de JSUS-CHRIST par le pch. Elle est nanmoinspossible tout |e monde. DIEU aidant. Ne l'oublie pas,mon pauvre enfant, si jamais, ce qu' DIEU ne plaise, tute trouvais en danger de mo rt , en ma uv ai s tat de cons

    cience, et sans pouvoir te confesser. Alors il faudra itt'exciter le mieux possible un.grand repentir et ungrand amour du bon DIEU.

    Que la Sainte-Vierge soit avec toi, mon cher Jacques !Qu'elle t'obtienne la grce de dtester toute espce depch ; qu'elle t'en prserve et qu'elle ga rde ton i nno

    cen ce! Et, s i t u a s le ma lhe ur de faiblir, qu'elle t 'obti enne ,avec la grce du rep en tir, celle de te confesser toujourstrs si ncremen t, de ne j amais te dcourager , et de recour iravec une confiance inbranlable au grand sacrement deton Sauveur JSUS-CHRIST.

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    24 LE JEUNE OUVRIER CHRTIEN T

    V

    Si les pchs capitaux spnt toujours des pchs mortels.

    On appelle pchs capitaux les vices d'o d coulen t no s

    pchs ; les pchs dcoulen t, en effet, des vices, commeles rui sseaux de leurs sources . Tl y a sep t pchs ca pit aux,qu ' nu m re le cat ch ism e et que tu connais c o m m e toutle monde, mon cher Jacques : l 'orgueil, l 'envie, l 'avarice,la colre, la luxure, la gou rmand i se , la paresse.

    On les appelle pchs capitaux, d'un mot latin qui veut

    di re chef\ principe. Ces sept espces de pchs, ou pluttces sept espces de vices sont, en effet, les arbres qui produis ent tous nos pchs co m m e au tant de fruits m aud it set empoisonns.

    Les pchs capitaux sont, comme disent les thologiens, mortels de leur na tu re , c'est--dire qu'i l y a en eux

    de quoi tuer l'me et la sparer do JSUS-1IIRIST. Ainsi ,il y a dans l 'orgueil de quoi tuer l 'me qui s'y abandonnesciemment, volontairement, pleinement; de mme, dansl'envie; de mme dans l' ava rice et da ns les autr es . C'estco mm e les poisons: ils sont tous mor tels de leur n a t u r e ;si on les prend une certaine dose, ils occasionnent

    infailliblement la mort.Les pchs capitaux sont mortels toutes les fois qu'ils

    po rt en t sur une mati re gr av e et qu'on Jes c ommet 1 avecpleine connaissance et pleine volont. Si l 'une des troisconditions vient manquer, conditions essentielles pourqu'un pch quelconque soit mortel, il n'y a plus qu'un

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    le fait commet tr e cette trist e passion sont bien ce rta inement des pchs d'avarice, mais ce ne sont encore quedes pchs vniels. En avanant en ge, tu laisses sedvelopper ton penchant; sous prtexte d'conomiser pourtes vieux jours, tu accumules Jes cus sur lescus, prtant la petite semaine ou des intr ts exag rs : pchsd' av ar ic e, et pchs graves^ Ne me par la it -o n pas, en Normandie, d'un jeune ouvrier, avare comme un chien,tellement* avare qu 't an t tomb g rav ement malade , il

    refusa ju sq u ' la fin de re st itue r hu it fra ncs c in quan tece nt im es , qu'il avait, si non sous traits , du mo in s e xtr ait s un pauvre camarade? Ou eut beau lui di re ouv er te men tqu'il y allait du salut de son me, qu'il ne pourraitrecevoir les sacrements , et c. , tout fut inu ti l e ; l ' am ou rde l 'a rgen t l 'emporta, et le ma lheu reux mouru t sans

    sacrements, pour aller DIEU sait o, et sans son argent.Mon che r enfant, ap pli qu e toi-mme ces rg les aax

    autres pchs capitaux: la gourmandise, par exe mple,k l ' intemprance, qui ne sont trs souvent, surtout tonge, qu e des pchs v ni el s, des to ur de ri es , mais quideviennent de gros pchs mortels lorsqu'i ls arrivent

    jusqu' l ' ivresse proprement dite, jusqu' l ' ivresse volont a i r e ; la paresse, laquelle est si frquente dans lespetits dtails de la vie des enfants et des'jeunes gens, oelle demeure alors l'tat de pch vniel; mais qui devi en dr a it faute gra ve .et trs gra ve , s i, pa r lchet etngligence, elle foulait aux pieds de graves devoirs ;

    l'envie qu i, po rtan t sur des baga telles et ne faisant qu epasser dans l 'esprit et dans le cur, n'est jamais qu'unefaute lgre, mais qui deviendrai t u n trs mauvai s , untrs gros pch, si on le laissait s'enraciner et dgnreren haine. Lorsqu'elle en arrive l, l 'envie est terrible,froce; tmoin Gain tuant son frre bel.

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    LK JEUNE OUVRIER CHRTIEN- 1 . 27

    (J'esl H dessein que je ne te parle point ici de la luxure,bien 'qu' en cela , c omme dans le res te, il y ait souventdes fautes simplement vniel les qu'excusent lotourderiede la jeunesse , l ' ig no ra nc e et la faib lesse; ma is il faut yprendre bien garde, parce que le danger esl plus graveie qu'ailleurs, ce malheureux pch tant si commun ton. ge.

    Donc les sept pchs cap it au x, tout on tan t de leurnature mortels et trs mortels, peuvent souvent n'tre

    que des fautes trs peu graves en elles-mmes; cela tient,non pas leur nature, mais aux circonstances qui lesaccomp agne nt , au m a n q u e de connais sance ou de rflexion, l 'entranement, etc.

    Evite, mon bon enfant, vite tant que lu peux tous lespchs capi taux . Ne dis pas : Je n ' en p rendra i qu ' un

    peu, je n'irai jamais jusqu'au pch mortel. Notre-Sei-gneur nous dit tous que celui qui s'e-xpo.se au pril, y

    prira. Pour ne po int to mber dans le prci pic e, vitede marcher sur le bord.

    VI

    De s p ch s vni el s et de leurs tris tes effets

    Il y a des espr it s peu s rieux qui s 'i mag inen t que le

    pch vniel ou rien, c'est peu prs la mme chose. En tout cas , disent -il s, ce n'est g rand chose. Je merappelle un e jolie petite car ica tur e : elle reprsen ta it unevieille dame all an t se confesser ; su r le po in t d' en tr er auconfess ionnal, elle tour na it lgr em en t la tte, et, d'un airtr iomphant , elle dis ai t: Moi, je n'a i que des vniels!

    http://e-xpo.se/http://e-xpo.se/http://e-xpo.se/
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    28 LE JEUNE OUVRIER CHRETIEN. 1

    Sa ns vou loi r r ieu exag rer , et s an s te di re , mon ch erenfant, que pour une gratignure, un bouton ou un clou,il faut te mettre au lit, appeler le mdecin, le notaire et lecur , je voudrais cependant te faire comprendre que lepch vniel, tout vniel qu'il est, est un fort mauvaismal, et qu'il ne faut pas le traiter la lgre.

    Un pch est vniel toutes les fois qu'il lui manque unedes trois conditions que nous avons indiques prcdemment, c'c&t--dire lorsque la matire du pch est de peu

    d' importance, lors mme qul y aurai t pleine connaissance et volont formelle; ou bien, lorsqu'on matiregrave , il y a connai ssance imparfa ite ou volont im pa rfaite. Mais il faut toujours qu'il y ait volont relle; sansle consentement libre de la volont, il ne peut y .voirde pch, ni mortel, ni vniel.

    Le pch mortel donne ki mort notre me : il la sparetotalement de JSUS-CHRIST; le pch vniel affaiblit notreunion avec lui. L'un est la mort, l'autre est la maladie.Le pch vniel, lorsqu'il est commis de propos dlibr,contr iste en nous le Sa in t- Es pr it , blesse l ' am ou r de JSUS,monsse la conscience, affaiblit l'esprit de foi, nous

    enlve la ferveur, 1 zle, la jo ie du cur ; il nou s dgo tede la pit, de la prire, de la pnitence et de la sainteco mmunio n. Pse les un es aprs les au tr es ch ac un ede ces paroles, mon bo n petit Jacq ues ; rflchis tou t debon chac un de ces tr is te s effets du pch v nie l ; ciensuite dis-moi ce que tu en penses.

    Pour un jeune homme pieux, le pch vniel est, nun certain sens, plus redouter que le pch mortel. Lepch mortel nous fait horreur, pour peu que nous soyonssrieusement chrtiens, de telle sorte qu'il nous est quasi-impossible d'en arriver l; c'est trop gros. Au contraire,le pch vniel, qui de sa nature est petit, sans gravit,

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    I.K J K I i V K OUVRIER CHR ETIEN. I. 29

    insignifiant, ne nous fait point peur; nous ne nous enmfions pas ; il se glisse, s' ins inue faci leme nt dan s noshabitudes; peu peu il mine en noire me l'difice dela pit, y tarit les sources de la grce et prpare insensiblemen t le tr iomp he complet du d mon , c'est--dire lachute dans le pch mortel.

    Les gens qui s' ab an do nn en t de p ropos dlibr auxpchs vniels font comme ces jeunes imprudents qui,pendant Tt, sous prtexte de se baigner, entrent dans

    un tan g qu'i ls ne con na iss en t pas. Ils co mmen ce nt parmett re un pied d ans l'eau ; et, c omm e l'eau est froide,comme au fond il y a de la vase, ils s'arrtent et hsitent;mais le dsir dos e bai gner l 'e mp or te: et i ls a v n nc o n ld ' u npas, de deux, de trois. Ils sentent que cela enfonce, ets'arrtent encore. Au bout d'un instant, ils avancent de

    nouveau; ils ont de l'eau, ou pour mieux dire de la vase jus qu 'au x ge no ux . Faut-il nous ar r te r? se disent- ifs ;faut-il reb rousse r c h e m i n ? Si nous allions glisser dansquelque trou et nous noyer? ixx attendant i ls avancenttoujours, ju sq u' au m o m e n t o p rdant pied tout co up ,ils glissent dans quelque fondrire et se noient, ou du

    moins risqu ent de se noy er mis rab lement. Ch aque pc hvniel est un pas en avant du cot de la fondrire, de lafondrire du pch mortel, au fond de laquelle nousattend celui que l 'Ecriture Sainte appelle le prince dela mort, >> l 'horrible, le dtestable Satan, l 'ennemi de lavie de nos Ames et de l'Auteur adorable de cette vie, qui

    st JSUS-CHRIST notre Seigneur.0 mon cher Jacques, pour l 'amour de JSUS-CHRIST et

    pour l 'amour de toi-mme, aie toujours grand peur dupch vniel, Celai qui nglige les petites fautes tomberapeu peu dans tes grandes, dit la Sainte-criture. Lespchs vniels sont les gouttes d'eau qui font les torrents.

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    ces torrents qui dracinent les arbres et les rochers.Auss i, dit le grand Docteur sa in t Thomas , un c hrt iendoit-il mieux aimer mourir et tout souffrir plutt que decommettre nu seul pch, non-seulement mortel, maismme vniel.

    Et il y a des degrs inf inis dans le pch v niel . C'estcomm e dans les bo ut ons que r chau ffemen t du sa ng produit parfois sur la peau : il y en a de si peti ts , de si peusai l lante , 4 qu 'on les r e m a r q u e pei ne, et qu 'on n' a pas

    mme envie de se g r a t t e r ; il en est d' au tres plus rouges ,qui dmangent ferme, mais qui passent vite, sans qu'onne s'en occupe gure : d' au tres , plus ma uv ai s, ncess iten tque lques soins, ex igen t des rafr achi ssan ts, des emp l t res; d'autres sont de vritables clous, qui donnent lafivre, font un mal rel et jettent du sang dcompos;

    puis viennent les furoncles, espces d'affreux gros clous,dangereux, enflamms, qui vous mettent au lit et quir cl am en t le m de cin, voir e m me le ch ir ur gi en ; enfin,au-dessus de tout cela , au-dessus du fu ronc le , s'lve cequ 'on appelle l ' an th ra x, m al trs grave, qui peut amenerla mort, qui ncessite de profondes et douloureuses inci

    sions, et que complique toujours la gangrne. Tout cela,c'est la charmante famille des boutons; mais quelle diffrence, grand DIEU ! ent r e le mc han t petit bou ton dunumr o l, et son n o r m e confrre du numro 0, l 'anth ra x !

    Ainsi en est-il de tous nos pchs vniels : depuis le

    pauvre petit mensonge, peine volontaire, qui chappe,pour ainsi dire, l ' inadvertance d'un premier mouvemen t, jus qu' au gros me ns on ge effront qu ' un pauvregaron soutient mordicus, afin d'viter une punition, oude sauvegarder son amour-propre ; depuis la petite impa tie nce . peine visib le l 'il nu , jusqu 'au gros oragede

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    JjK J E U N E O U V R I E R C H R E T I E N . K 31

    la coln1. qui clate on c la ques, eu cou ps de poings encoup's de pied ; depuis In pe ti te dsob issance qui nesignifie rien, quoiqu'elle soit rellement une faute, jusqu' la grosse et solennelle dsob issance; bien formelle,bien carre, qui attire et qui mrite une bonne claque deson pre, une bonne giffle de sa mre, et une bonne menace de renvoi de l 'atelier ou mme du Patronage.

    Encore un mot trs important. 1) y en a qui s'imaginentque, pour commettre un pch, il est ncessaire de faire

    ma t ri el leme nt telle ou telle chose d fe nd ue . Il n' en estrien; on peut parfaitement commettre un pch parpense, par dsir. Le neuvime commandement de DIEUne parle point d'actes impurs, mais uniquement de dsirsimpurs; et le dixime ne parle point d'actes de vol oud'injustice, mais un iquemen t de projets .et de dsi rs de

    voler. Ces ma uvaise s pense s, ces dsir s-df endus peu vent Aire des pchs, et mme des pchs mortels, et ilsle sont tou jours l orsqu 'ils po rten t sur des choses g ra veme nt coupab les, lorsqu'on s'aperoit cl ai re me nt de lagravit de la chose et que malgr cela on se complatdans la mauv aise pense, la cons erva nt v ol o nt ai re m en t,

    la caressant, et ne cherchant point l 'carter.Attention don c, mon ch er gar o n; at tent ion ta cons

    cience 1 Parce que tu n'as pas commis extrieurement etmatriellement une mauvaise action que tu avais l 'intention de co mmet tr e, un vol , par exe mple, ou bien uneindcence ou encore une vengeance, etc., ne t ' imagine

    pas que tu nias pas co mmis de pch : et si en l 'e xam inanttu dcouvres que tu as donn un consentement vritableet certain, ne manque pas de -t'en repentir et de t'en confesser:. Voyons ma in te na n t ce qu'il faut faire p ou r co mb at tr e

    efficacement le pch vniel.

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    LE JEUNE OUVRIER CHRETIEN I

    VU

    Ce qu'il faut faire pour combattre efficacement le pch vniel .

    Mon bon Jacques, lorsque lu es tent de commettre unpch, quelque lger, quelque vniel qu'il puisse te paratre, souviens-toi aussill que ton DIEU est l, que JSUSest dans ton cur, avec Loi, en toi. 11 te voit, il t'aime, ilt' appe ll e; i! le donne sa gr ce po ur rs ister. Au fond dusa nc tuai re de ton m e , il te dit : Mon en fa nt bi en -a im,veux-tu donc blesser mon cur? Auras-tu le courage decoritrister mon amour?

    Tout pch, en elfei, est. un e .sorte d 'i ns ur re ct ion contr eJSUS-CHRIST, contre son saint amour. De grce, monpauvre enfant , pargnons JSUS-CHRIST, et n'oublions pascette apos trophe que sai n t Augustin adr es sa it ja d is aupcheu r : Reconnais cri toi JSUK-GHI-UST ; pargne entoi JSUS-CHRIST!

    Mais, est-ce que l'on peut viter tout fait Je pchvniel? Malheureusement non. Une fois donne lafaiblesse humai Lie, nous pouvons tre surs que, par-cipar-l, nous ferons qu el que s faux pas, sinon en mat i regr av e, du moins en mat i re lgre. Le juste lui-mme

    tombe sept fois, c'est--dire souvent; c'est la propre pa

    role de 1,'criture sainte. L'glise a mme condamncomme hrtique cette thse d'un certain rveur duxvi c sicle, nomm Baus : Il est possible un Vraich r ti en de ne ja ma is to mbe r dans le pch, m mevniel. j>

    Ce qui est possible et ce que nous devons tous faire,

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    LE JE UN E OUVRIER CHR ETI EN. I . 33

    XVI 3

    toi et moi, c'est de ne pas aimer nos fautes, mme les pluslgres; c'est de ne jamais les commettre de propos dlibr ; c'est de nous en repentir sur-le-champ et sincrem e n t ; c'est de re no uv eler tous les jo u rs not re rsolutionde rester fidles au bon DIEU, jusque dans les moindreschoses.

    La pr ire bi en faite le mati n et le soi r, comme nousl 'avons dit plus haut; l 'attention la prsence du bonDIEU eh notre cur, les bonnes lectures et l 'assiduit aux

    exercices religieux du Patronage ou de la paroisse, untendre amour envers la Sainte-Vierge et saint Joseph ; etpar-dessus tout, la frquente communion, bien soigne,bien' cordiale : tels sont les moyens les plus propres nous faire v it er le p ch vniel. Examine- to i, et vois otu en es-sur chacun de ces points. Prends de srieuses r

    solutions pour l 'aveni r. Mais j ' a i bea u fai re, je re tombe souvent dans lesmmes petites fautes, Parfois je serais tent de me dcourager. Te dcourager? Allons donc ! Quand on a dela foi et du cur , mo n gar on, on ne se dc oura ge pas .Quelle que soit ta bonne vo lont, quelles que soien t mme

    ta ver tu et ta pi t, n'oub lie ja ma is , mon pa uvre enf ant ,que tu n'es, au fond, que faiblesse et misre; et, lorsquetu donnes du nez en te rr e, co mme dit le bo n sa in t F r a n ois de Sales , contente -toi de te relever doucement , c'est--dire cle te repoli tir , sans le dpiter, sans te dc ou rag er ,sans m m e trop t ' ton ner . Est-il to nnan t, dis-moi, que

    la faiblesse soit faible, et la misre, misrable?Sais-tu quels sont ceux qui se dcouragent en face de

    leurs faiblesses et rechutes frquentes ? Ce sont les jeunesgens qui s'imaginent tre quasi-parfaits, et que la ncessit de se r econna t r e et de s avou er pc he urs vexe biendavantage que le malheur mme d'avoir offens le bon

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    DIEU. C'est par amour-propre, bien plus que par amour deDIEU, qu'ils se dpitent d tre tombs. Et la preuve, c'estqu'il leur en cote bien plus de se confesser que de serepent i r .

    Non, il ne faut jamais te dcourager, quoi qu'il arrive.Non, il ne faut pas t ' tonno r bea uc ou p si lu re to mb esdans les mmes petites fautes : c'est la mau va is e te rr equi pousse ses mauvaises herbes. C'est la petite poussirede chaque jour qu'il faut enlever chaque jour. En cela,

    en effet, notre pauvre me ressemble notre corps : lesgens les plus prop res , les plus so ig ne ux o nt beau fa ir e;dans le courant du jour, ils altrapeAl toujours un peu depoussire; et pour cire toujours propres, 'ils sont obligsde se laver, de se pe igner , de se bros se r tous les jou rs .Noire me aussi a besoin de se purifier tous les jours

    de la mme poussire imperceptible qui vient la ternirlous les jours.

    Ces misres quotidiennes sont d'ailleurs trs utiles :elles servent nous humilier et nous faire sentir chaque instant combien nous sommes faibles, et combien nous avons beso in du secours et de la mi s ri co rdede DIEU.

    ( Mais que faire po u r m e d ba rr as se r de mes pchsvniel s? Gemme je te le disais tout l' heu re, il faut,avant tout, ne pas t 'y complaire et t 'en repentir ds quetu en as conscience. Sans le repentir, il n'y a de pardonpossible pour aucun pch ; la saintet infinie de DIRU s'yoppose. Tan t que de meur e la volont de le com mett re,le pch, m me vniel, ne peut tre pardonn, ;> dit saintThomas .

    Le re mde direct du pch vnie l, c'est l' am our deDIEU. Quel beau et doux remde,, n ?esl-il pas vrai? monch er en fa n t! El c'est tout s im ple : le pc h vniel tant

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    LE JEUNE OUVRIER CHRETIEN. . I. 35

    une simple dfaillance dans l'amour du bon DIEU, leremde est tout naturellement dans ce mm amourraviv, excit, augment. Aussi un seul acte d'amour deDIEU a-t-l la puissance d'effacer toutes nos fautes vnielles sans qu'il soit ncessaire de nous les rappeler actuellement et en d ta il . Mais, tu le conoi s, il faut que cetacte d' am ou r pa rt e du c u r ; si tu te Conten ta is de.rciter du bout des lvres la formule du-ca tc hisme : Mon DIEU, je vous aime de tout mon cur, de toute

    mon. me, etc. , cela n 'y ferait ni chaud ni froid. C'estle cur que DIEU regarde, dit encore l 'Ecri tur e ; e t i l f a u tque ce soit le cur qui parle par les lvres.

    D'ailleurs, il n' es t pas .ncessai re de dire une formuleou une autre; il surfit que l'amour de DIEU soit exprim.Par exemple, tu pourrais dire: JSUS, je vous aime !

    Ou bien : Mon D I E U ! pa rd on nez-mo i ; je vous aime detout mon co u r! Ou encore : Mon bon JSUS, je vousa ime; ayez pit i de moi ! ou enfin, cet te peti te invoc ation que le sa in t abb Olicr. fondateur des Sminai re s enFrance, avai t sou veut la bouche : JSUS, mon amour ! Prends l'excellente habitude, mon cher enfant, de faire

    souvent.de ces actes trs simples d 'am our de DIEU, ilsbrleront et feront disparatre Les petites (antes courantes, comme le feu dvore la pai lle .

    Et note bien qu'i l n' est pas abs olum en t ncessa ire derciter "ces actes et de les profrer ex t r i eu remen t ; ilsuffit de les former au fond du cur, l o est Jscs -GRIST, qui n' a pas besoin de nos pa ro les pour nousentendre. Nanmoins , quand tu Je po ur ra s, dis-les etde cur et de bouche ; c'est plus efficace encore et plussalutaire.

    En outre, pour nous aider nous dbarrasser de nos

    fautes vniel les, l'Eglise nous ofl're plus ieurs moyens

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    extrieurs, trs simples, entre autres : la rcitation pieusedu Pateri du Confiteor; le signe de croix avec de l'eaubnite; la lecture de l'vangile; la simple entre dansune glise consacre ; l'assistance la messe ; le pain bnit ;la bndiction d'un voque, etc. On nglige beaucouptrop ces excellents moyens de purification journalire.Chacun d'eux'* sufft, je te le rpte , pour effacer lespchs vniels qu'on a eu le malheur de commettre.

    Mais le grand et tout -pui ss an t moyeq de combat tre

    vic tor ieusement le p ch vniel , c'est la sainte communion. Nous allons le voir tout l' heure.

    VIII

    De la sainte Communion, au point de vv.edu pch vniel.

    Quand je parle ici du pc h vniel, j ' en tends les pchsdo fragilit, et non pas les pchs vniels commis depropos dlibr, commis facilement, commis frquemment . Ceci tan t bien compri s, j e te dis, mon enfant, avec l'glise el le-mme, que, bien loin de nousloigner de la sainte Commun io n, nos fautes vniel les,nos faiblesses et infirmits de chaque jour doivent pluttnous y pousser. La Communion, la Communion frquente,est, en effet, d'aprs renseignement formel du Concile deTren te et du Saint-Sige, l'antidote qui nous dl ivre denos fautes quotidiennes.

    Cette parole , trop peu connue et trop peu mdite,renferme pour chacun de nous une grande leon. Ellenous enseigne que la sainte Communion est, non pas une

    rcompense due la fidlit des justes et des parfaits ,-mais

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    L E J E U N E O U V R I E R C H R E T I E N . . 1 . 37

    un rem de , un an tid ote pr par par la misr ico rde dubon DIEU po ur les faibles, les inf irmes, les imparfai ts , 'la seule conditi on qu 'i ls aien t da ns le c ur u ne vrai ebo nne volont d'v iter le p ch el d't re fidles JSUS-CHRIST. Le jo ur o tu auras bien compr is cela, mon ch erJac ques, le jo u r o tu comm en ce ra s me tt re en prat iquecette sainte doctrine, tu auras fait un pas immense dansla voie de ton salut ternel.

    Ce n'est pas la confession seule, c'est encore, c'est

    surtout la Communion qui est destine, dans les desseinsde Notre-Seigneur JSUS-CHRIST, relever les bonnesmes de leurs faiblesses journalires, suite invitable dupch originel et des concupiscences. Oui, c'est par laCommunion que notre misricordieux Sauveur veut nouspurifier de nos pchs de fragilit, nous soutenir dans

    les mille occasions de chut e qui se prs en te n t, da ns lecourant de nos journes, et nous maintenir en sa grceet en son amo ur . La confession est in sti tue di re ct em en tcontre le pch mo r t e l ; la Com mun ion , con tre le pc hvniel. Je te le rpte, mon enfant, c'est l le pur et trsdoux enseignement de notre Mre la sainte glise.

    La Co mm union fr quent e (et j ' en te nd s par l au mo in sla Communion des dimanches et ftes) a uh double avantage: en augmentant notre foi et notre bonne volont, ellenous prserve de bien des pchs, non-seulement mortels,mais vriiels ; et, en outre, elle nous purif ie de cette pous sire dont nous pa rl ions plus haut , c'e st- -d ire de cette

    multitude de petites fautes d'amour-propre, de dfaillances, de lgret, d'ignorance, d'illusion, qui ternissentpresque insensiblement chaque jour la puret parfaite etla sp lendeu r de no t re me. C'est pa r la vert u de cesacr emen t, dit saint Thomas en pa rl an t de la sainte Commun io n, que nos pc hs vn iels sont effacs. Et

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    38 LE JEUNE OUVRIER GHRKTIEiV. t.

    penser, ap rs cela, qu'il y a des j eunes gens , et be au co up ,qui ont peur de communier ! qui disent que c'est dangereux de communier souvent, et que c 'est manquer de respect Notre-Seigneur !

    Mais en ten dons -nous bi en . Je suppose toujour s labonne et sincre volont d' v it er le mal le pl us possib le,et de ne le comm et tr e j ama is que par fragil it et sa nsma uv ai se disposition du cur . Un cur est bien dispos quand il est dans cet tal , et il es t p lus ou moins

    mal dispos, selon que cette borine vo lont lu i faitplus ou moins dfaut. Dans ce der nie r cas , o je ne ve uxpas supposer que tu puis ses t re ou du moin s que tuveuilles demeurer, les choses changeant d'aspect. Lavolont plus ou moins dtermine de commettre le pchvniel est, en effet, incompatible avec un sincre amour

    du bon DIEU ; or, cet a m o u r sincre et solide est requ ispour la Communion frquente. Tu le vois donc: si, parma lheu r, tu tombais da n s cet tat de ngl igence , ce seraitmanquer de respect et de dlicatesse en ver s Noire-Se igneur au Saint-Sacrement, que de Rapprocher de luiaussi souvent que le font les chrtiens bien prpars, bien

    disposs.Cependant, mm e avec les dispositions imparfaite s qu e

    j e viens de dire, tu ne devr ai s pas hsiter c om m u n i e rsouvent, communier tous les dimanches, et quelquefoismme plus encore, si ton pre spirituel t'y engageait et le

    jugea it ncessaire po ur te prserver du p ch mor te l ; etce cas est mo ins ra re qu 'on n e pense. Avant tou t, il fautp rendre les moyens de rester en tat de gr ce , l 'tat degrce tant la base premire de toute la vie chrtienne plus forte raison de la p i t . Cette rgle es t d 'unei mm ens e importa nce , et j e ne saurais trop te conseillerd'y conform er ta conduite, n on pas seu lem ent ma in te na nt

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    ot dans les annes de ton adole sc ence , mais, plus Lard,quand tu seras un homme, pendan t toute la vie, lorsmme que tu devrais vivre aussi vieux que Mathusalem.

    Je passe ma vie consta ter des m ta mo rp ho se s ad m i rables, quelquefois presque subi tes, op res pa r cett esainte pratique de la Communion frquente, de la Communion rgulire de tous les dimanches et ftes. Je connais des app ren tis , des je un es ouv rie rs, des jeu nes ge nsde toute condition, que cette fidlit persvrante a fait

    entrer et maintient clans un tat d'urne si pur, si bon,que c'est vr ai me n t rav is sant . Jls ne sont pas impeeca -cables : tel n' es t pas le bu t de la sainte Communion , mornefrquente, m m e quo t id ie nne ; mai s, en ralit, ils nepc hen t pre sque pas ; le ur s fautes n 'o nt po in t de consquences ni de racines dans la volont ; et, si parfois ils

    tombe nt un peu pl us grav em en t, ils se re lvent auss itt,faci lement, et se re tr ouv en t sur pied, sans que la chu lelaisse pour ainsi dire de traces.

    Pour les bonnes Ames comme la tienne, mon cherenfant, la Communion est le grand secret de la persvrance et du vritable amour du bon DIEU. Vas-y souvent

    et joyeusement. Tache de ne passer aucun dimanche sansaller te re tr em per dan s le sa cr em en t de la pu re t et del 'amour. La Sainte-Vierge t 'aimera en proportion de tonunion-avec JSUS ;-p lus elle verra son Fils ad or ab le etador vivre en toi et devenir le Matre de ton cceur, pluselle te chr ir a, le bni ra et te regardera comme sonenfant bien-aim.

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    IX

    Bes pchs de scandale et de leurs diffrentes formes.

    En terminant ces causeries sur le pch, je veux appeler tout par ticu lir eme nt to n att ent ion , m o n enfa nt, surun e espce de pchs ex tr m e men t per nic ieux, qu'onappelle les pchs de scandale.

    Le pch de s ca ndale est celui que Ton co mmetlorsque, d une man i re qu elconque , on fait p cher lesau tres . C'est un pc h qu i est la cause ou l' oc casi on d'unou de plusieurs au tre s p ch s . Tu vois im m di at em en t,

    mon bon petit Jacques, le caractre spcial et la particulire gr av it de cette esp ce de pchs : c'est pou r ainsidire une source de pchs, et quelquefois cette source estintarissable. Cela peut mme arriver des .proportionseffrayantes, inca lc ul ab le s. En effet, le p ch de s ca ndalenous rend responsa bles n o n plus seule ment, co mme les

    autres pchs, de nos fau tes per sonnel les, mai s enc oreet su rtou t de toutes les fau tes que nou s avons le m a l h e u rdfaire commettre aux autres, soit directement, soit indirectement. On devientainsi responsable de quanti t depchs qu'on ne connat mme pas, parce qu'on en at la cause ou l'occasion, comme nous le di sions tout

    l 'heure.Voici les principales man i re s de com mett r e le pch

    de scandale. Ecoute bien :I o La premire, c'est de commander le mal. A ton ge,

    on n' es t gu re mme de commander quoi que ce so it ;mais plus tard, ce sera diffrent. Il est bien vident qu'un

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    Suprieur quelconque qui ordonne ses subordonns defaire que lque chose de ma l en est di rec tement responsable et devant DIEU et devant les hommes . Ainsi, un.patron or do nn e ses ouvr ie rs ou ses apprent is de travailler le d imanche , sous peine de renv oi : il commetd'abord un p ch mort el , pour son pro pr e co mp te ; et, deplus, il charge sa conscience du doub le pch mor telque co mm et te nt ch a cu n de ces pa uv re s ge ns , savoirle travai l du di manc he et l 'omission de la messe.

    Ainsi encore , un p re , u n e m re o rdonnen t leur filsd'aller voler quelque chose dans le jardin, dans la basse-cour d'un voisin : ce pre, cette mre, outre le pchqu'i ls co mm et te nt eux -m mes en c o m m a n d a n t de violerla loi de DIEU, se rendent coupables du pch de leurenfant.

    Cette pr em i re for me du pch cle sc anda le co ns ti tuei a terrible responsabili t de tous ceux qu i c o mm a nd e n t .Juge, pa r exempl e, de l 'extension qu e pe ut p re nd re lepch d'un Sou ve rai n, d 'u n min istr e, d'u n gn ra l, d' unprfet, d'un ma gi st ra t, d'un chef d' indust ri e, d ' u nmaire, etc., qu i a y a n t la force en ma in , co m m a n d e n t le

    mal.2 t a seconde man i re de commett re le p ch de sca n

    dale, c'est, non plus de commander, mais de conseiller lemal. Tu donnes un mauvais conseil un camarade :pre mie r pch po ur to i- mm e. Il le su it ; il pche, etpour lui et pour toi. C'est ton conseil qui l'a fait pcher,

    et tu en rendras compte au tribunal de DIEU. Les mauvais amis en sont tous l ; voil po ur qu oi mon gar on ,il faut les viter comme la peste qu'ils rpandent. Lesmauvais conseils donns aux enfants, surtout en matirede mu rs , r enden t tou t spc ialem ent coupables, en cequ'ils font perdre ces pauvres petits leur innocence et

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    les initient au mal, quelquefois pour toujours. Et, cause de cela, on peut devenir responsable, non-seulemen t de ce premi er p ch , no n-s eu le me nt de toute lasrie de pchs qui suivent le premier, mais mme de ladamnation ternelle des mes qu'on a ainsi pousses dansle mal.

    Cette seconde sorte de pchs de scandale est, hlas !trop frquente dans les ateliers, dans les coles, dans lesPatronages; et elle se glisse jusque dans les meilleurs.

    C'est le vieux Serpent qui continue son mtier auprs dela pauvre Eve, auprs des mes.3 Troisime espce de pchs de scandale: poser la

    rawte directe qui fait ou fera pcher les autres. Par exemple, faire un mauvais livre, un livre impie ou obscne,l 'imprimer, l 'diter, le vendre, Tacheter, le donner, le

    p r t e r : celui qui fait ce gr and et trs grand pch serend, en outre, responsable devant le bon DIEU de tontesles mauvaises penses et de tous les dsordres d'esprit,de cur ou de corps qu i ser on t la co ns q ue nc e de cettemauvaise lecture. Ce ma l se mu lt ip li e l'infini, et lecoupable qui le commet pose la cause des pchs qui se

    commettront partout o son livre pntrera ; et cent, deuxcents ans aprs sa mort, il sera encore la cause directe detous les pchs dont son livre aura t l'occasion. Vois,mon pauv re enfant, que l cr im e , ou plutt quelle mu lt itude de crimes a commis Voltaire, par exempl e, lorsqu'ila c ri t et publi ses b la sphmes contre Not re-S eigneu r,

    contre la Sainte-Vierge, contre l 'glise, contre la.foi ! Voisl 'tendue effrayante du crime qu'a commis Renan, lorsqu'il a publi ses perfides attaques contre JSUS-GIIRIST,traduites dans toutes les langues du monde et partoutrpandue par les francs-maons. Calcule, si tu le peux,l 'tendue du pch d'un Branger, d'un Piron, et de tant

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    d'autres chansonniers impudiques, dont les obscnesrefrinssc chantent partout aujourd'hui et se chanterontpeut-tre lo ng temp s e nc o r e ! Pense A l ' nor mi t et lamultiplication du pch d'un romancier impie ou impur,tel que Paul de Kock, Pigault-Lebrun, Georges Sand,tugne Sue, etc. , qui on t emp ois onn et qui co nt inue ntd'empoisonner des gnrat ions entires!

    Je le rpte, ce son t des pchs in nombrab le s , despchs qui se multiplient chaque jour. Morts depuis cin

    quante, depuis cent ans, ces grands coupables pchentencore et continuent de pcher, de pcher de plus euplus. Gela fait f r mir pour eux.

    Il en est de mme des peintres et des graveurs qui font-ou qui rep rodu ise nt des tableaux i n d c e n t s ; des sc ul pteurs qui font ces s ta tues dont la nudi t effronte at ti re

    .les regards, excite les ma uvais penses de t an t de gens .,Kt, sans aller jusqu'aux artistes, il faut en dire autant dedes polissons qui, sur les murs, dans les cabinets, dessine nt d' infmes rep rs en tat ions ou cr ive nt des chosesrvoltantes. Outre le pch trs grave qu'i ls commettentalors, ils posent la cause de mil lions d' au tr es pc h s,

    dont i ls rpondront au trs juste jugement de DIEU.Enfin, ceux-l commettent cette-mme espce de pchs

    de sca ndale qu i cren t, sous une forme ou sous u n e 'autre,, des cent resMe pchs , tels qu' un mau vai s th tr e,un bal public, une mauvaise maison, une loge de francs-maons, une cole protestante, un temple hrtique,etc. ; ou bien encore qui font ou publient un de ces millemau vais jo ur na ux dm agog iqu es, imp ies , dont tout lemonde connat les noms, et qui, chaque jour, pntrent

    jusque dans la chaumire du paysan pour y semer la corruption et la mort. Je ne crains pas de le dire : ces pchs-l sont pi res que les vols et les assass inats, qui condui se nt

    l 'chafaud.

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    4 La quatrime espce de pchs de scandale, c'est le mauvais exemple. Les exemples prchent souvent avecplus de force que les livres et les discours. Quand ils sontmauvais, les exemples sont de dtestables corrupteurs;et celui qui a le malheur d'en donner aux autres assume,lui aussi, su r sa tte, et so n pch pe rs on ne l et tous lespchs d'autrui ns du^sien.

    Chez les jeunes ge ns , ce genre de pchs de s candaleest trs commun. Examine-toi, mon cher Jacques; si tu

    te rappelles avoir ja ma i s do nn de ma uv ai s exemples ,demande au bon DIEU de te pardonner et prie pour tousceux que tu as scandaliss, c'est--dire entrans auma l. Fo rme une rsolution ne rgi que de ne ja ma is don ner ,autour de toi, que de bons exemples , p lus forte raisonde n'en donner jamais de mauvais, ni dans ta famille,

    n i l'cole, ni au Pat ronage , ni l'atelier, ni pl us tardau rgiment, nulle part.Que de pauvres en fa nt s, qu e d' appren tis et de je une s

    gens ont t perdus par la contagion du mauvais exemple! Que d'excellentes coles ont t gtes pour des annes par la seule inf luence de l 'exemple de tro is, qu at re

    ou cinq petits mauvais sujets ! Les autres les ont suiviscomme des moutons, comme des oies,, et ont fait le malaprs eux, comme eux, cause d'eux. Combien d'ateliershonntes dont l 'esprit a compltement chang sous l'influence d'un seul drl e, fanfaron d' impit, ou fanfaronde v ic e ! Enfin, co mb ie n d' u vr es et de Pa tr on ages ,

    v ra im en t excellents, pl ei ns de foi et de fer veu r, se' so ntvu dg nrer en mo in s d' une an n e par su it e des exemples de mauvaise tte, d'insoumission ou de quelquechose de pi re encore ! J 'e n sais qui n 'o n t j a m a i s pu s'enre lever et qu 'on a t oblig de fe rm er . Qui a t , quiest l ' au teur responsable de ce ma lheu r ? C'est celu i, ce

    sont ceux qui, par leurs ma uvai s exe mples , on t in tr od ui t

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    l les lments de la mine. Ils sont responsables de tovitle mal 1 qui en est rsu lt pou r quan ti t d'en fan ts et dfamilles, et, dans une mesure, de tout le bien dont ilsont tari la source.

    Mais ce n est pas tout ; et nous al lons vo ir les autre sformes que peut revt ir encore l'affreux pch de s can- ,dale.

    X

    Des quelques autres formes,que revtent les pchs de scandale.

    . Les pchs de sc anda le , avons-nous d it, son t ceu x quide viennent pour les au t res un e cause ou un e "occasiond pc he r. Ce sont des pchs per sonnels , comp liqu s,aggravs et multiplis par les pchs d'autrui. ' Nousavons indiqu les quatre premires formes sous lesquellesont peut commettre celte dangereuse espce de pchs,

    a savoir qu an d on co m m a nd e le mal, quand on le con seille, quand on en pose directement la cause, quand onen donne l'exemple. Continuons cette triste, mais trsuti le nomenclature. Achaque numro, mon cher Jacques,examine-toi, et au besoin, rforme-loi.

    5 La cinquime manire de commettre ce malheureux

    pch, c'est dy

    aider le faire. Ainsi, tenir l'chelle ouTaire le guet pe nd an t qu 'un ca ma ra de escalade un mur,entre clans une maison pour y faire quelque mauvaiscoup ; se faire l 'entremetteur de mauvaises lettres ; acheter au dehors et l 'apporter aux autres un mauvais livre, desgravures indcentes, etc.; on se rend bel et bien respon-

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    sable de ces pchs, puisqu'on y coopre, el que souventils ne seraient pas possibles sans cette coopration.

    N'est-il pas vident qu'un domestique, par exemple,

    outre son pch personnel, se charge la conscience desp ch s que commet ou son mat re ou un de ses camarades lorsqu'il s'entend avec lui pour le laisser sortir denuit, l 'insu de tout le monde, et pour l 'aider rentrersans bruit, au retour de sou bal ou de quclqu'autre vilaineescapade ?

    5 On se rend e nco re re sponsa ble des pc h s desautres, quand on les approuve plus ou moins formellement. A l 'atelier, ou au Pa tr on ag e, un cam ar ad ese moque devant toi de la Religion, ou bien parle de salets; par respect humain, ou mme par lgret et entranement, tu ris, tu lui fais entendre que tu es de son avis:

    Lu participes sa faute.Rien n'est plus com mun que cette app robat ion don ne

    au mal, par manque de caractre. On encourage ceux quifont le ma l ; on les exc ite cont in uer ; tandi s qu e, avecun peu plus de foi et d'nergie, on les ferait peut-trebattre en retraite.

    Dans tous les atel ie rs , et mm e da ns tous les Patr onages, il se ren con tre d'o rd inai re de ces mauvais farceur squi posent en libertins, racontent des choses ignobles?Pourquoi? pour recueillir des rires et des approbations.Si on les leur refusait, ils cesseraient et n'auraient plusenvie de recommencer. En applaudissant, lu deviendraisdonc, mon pauvre enfant, un complice de plus de cestristes sires. Or, qui dit complice, dit coupable. N'applaudis jamais au mal; n'approuve jamais le mal.

    7 Une autre forme, malheureusement trs frquente,du pch de scandale- consiste consentir au mal. C'estmoins grave qu'approuver ; il y a dans le simple consen-

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    tement jlus de faiblesse qu e de ma lice ; mais cet te faiblesse fi1 en est pas moins coupable, et peut nous rendreparticipants de fautes trs graves, mme de crimes.

    Combien d en fant s et de je unes gens ne font le malque parce qu 'on le leur propose! Les co rr up te ur s son ttoujours rares. DIEU merci ! Mais, hla s ! les caractresfaibles sont Tordre du jour, mme parmi les bons; etil suffit d'un bl ier pour ent ra ner tout un* tr ou pe au demoutons. Les moutons sont bons, mais ils sont btes; et

    je te conseille tr s fort, mon brave Jac qu es , de n 'i mit erque leur bont.Rsiste nergiquement au mal. ds qu'il t 'est propos.

    J'ai connu un c h a r m a n t garon, n om m H e n r i ; il taitfils d'un militaire, et avait du sang dans les veines enmme temps que de la foi et de la pit dans le cur. Il

    avait quinze a ns et frquentai t encore les coles. Au mi lieu de je ne sais- qu el le classe, le pro fesse ur entend dubrait , se re tourne , reg ar de : il aperoit m o n Henri debout, l'il en feu, l'indignation au front, la main levesur son voisin. Celui-ci venait de lui tenir je ne sais quelpropos lgremen t in f me . Rpte-le en co re , s'tait

    cri le brave Henri en se redressant de toute sa hauteur,rp lc-l, et je te flanque ma main sur la figure! Leprofesseur, tonn d'abord, flicita son courageux lveds qu'il apprit le fond des choses; tous les camarades enfirent a u t a n t ; et l'h is to ire ne dit pas qu e le drle ai t jamais recommenc.

    8 On commet le pch de scandale en tolrant le mal,quand on peut l'empcher. Ici encore il est bien clairque lorsqu'on " peut empcher le mal, on y est tenu enconscience. Ne pas l ' em p ch er , c'est y pa rt ic iper ind irec tement.

    "On ne peut pas toujours empcher le mal; mais biensouvent on l'empcherait si on le voulait, si Ton avait un

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    peu plus de foi et d'nergie. Par exemple, est-ce que tute croirais dgag en conscience, si un complot venant se tramer au Patronage, ou dans ta famille, tu ne prvenais pas ton pre, ta mre, ou le directeur? Est-ce que tune serais pas responsable du mal que tu aurais pu empcher? Un mauvais camarade introduit dans Ion cole deslivres protestants, ou bien encore des livres immoraux :est-ce que toi, chrtien et honnte garon, tu ne te senspas oblig en conscience prvenir ceux qui peuvent ar

    rter ce dsordre? C'est clair comme le jour.On di ra : Mais, c'est rappor te r ! c'est ca ponner . Pasle mo ins du monde : ra pp or te r, caponner, c'est trs ma l,et il ne faut jamais le faire. Ce que je demande ici, c'estun acte de courage et de charit. Crier au loup, n'est-cepas sauver le tr oupea u? Et cr ie r au feu, ds qu 'on en

    aperoi t les premires flammes, n' es t-ce pas sauver lamaison?Un capon , comme on appelle les rap por te urs , c'est

    celui qui dnonce un camarade pour l 'odieux plaisir dele faire puni r; c 'est u n e pu re mc han cet , acc ompag nede quelque chose de lche et de sournois. Il ne faut ja

    mais rapporter. Mais, je ne saurais trop te le rpter, monenfant, crier au loup, c'est tout autre chose. Quand onaver tit l'autorit afin qu 'e lle puisse em p ch er le m al ,quand on avertit le berger afin qu'il puisse sauver le troupeau , on fait un act e trs m ri to ir e, souvent tr s courageux, de charit et de conscience.

    On n'a pas le moins du monde en vue de faire punir uncamarade : on veut uniquement, ou du moins avant tout,l'empcher de faire du mal aux autres. Que si par l il luiarrive quelque dsagrment, tant pis pour lui ! Faut-illaisser brler la maison et ses habitants, de peur quel'incendiaire ne soit arrt par les gendarmes?

    Maintenant, que des polissons appellent capon, rap-

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    XVI 4

    porteur, le ca ma ra de h o n n t e ' e t consciencieux quiremplit spn devoir , lib re eux! Mais les mo ts ne fontrien aux choses; il faut faire le bien qu and mme..C'estle cas o jamais d' appl ique r ici no tr e beau -proverbe franais : Fa i s ce que dois, advienne que pour ra .

    9 Enfin, une dernire forme du pch de scandale, quinous fait participer indirectement, mais trs rellementaux pchs des autres,, c'est ye?i tirer sciemment profit.Ton camarade a vol vingt francs son pre; tu le sais.

    Il te propose, toi et 'deux ou trois compagnons, d'aller l'auberge, au caf, au bal, etc.; vous acceptez : toi et lesautres, vous participez au pch du voleur.

    galement, si tu acceptes un livre, mme un bon livreJhipp soit au libraire, soit au matre d'cole, soit uncamarade; et autres choses de ce genre.

    Telles sout, mon enfant, les neuf formes diffrentes quepeut revtir le dtestable pch que je te signale ici. Nel'oublie jamais : tu te rendrais responsable du pch d'au-trui si tu le commandais, si tu le conseillais, si tu en posais la cause, si tu en donnais l'exemple, si tu aidais lecommet tre, si tu l'approuvai s et y applaudissais, si tu y

    consentais, si, pouvant l 'empcher, tu le tolrais; enfin,si tu en tirais profil. Le pch de scandale est, en un sens,le plus grave, le plus considrable de tous. Evite-lecomme le feu.

    Nous voici la fin de ce sujet si redoutable et si pratique : le pch. Relis de temps en temps, mon bonJacques, les dix petites causeries que nous y avons consacres : cela t 'aidera puissamment y voir clair dans tavie de chaque jour et te prserver, en quantit de circonstances, du plus grand de tous les malheurs, celui

    d'offenser l e E de ton cur et le cur de ton Dier.

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    CHAP1TRK Y!

    LA FAUSSE PI T

    F

    En quoi consiste la fausse pit, et combien elle est dangereuse.

    Par fausse p/dt, ou entend l'illusion cle certaines per

    sonnes qui croient avoir de in pit et qui n'en ont quel'apparence . C'est, c om m e la fausse monnaie qu i pa ra ittre de la monnaie vritable, mais qui n'en est pas.

    La fausse pit est beaucoup plus rpandue qu'on nepense. Aussi, en coulant ce que j'ai te dire ce sujet,examine-toi srieusement, mon cher enfant, cL vois n\

    qu'il y aurait rformer dans ta pit. En quoi consiste donc cette illusion que vous appelez

    la fausse pit? Elle consiste gnralement se contenter de pratiques extrieures cle religion sans trop semettre en peine de rprimer ses dfauts et d'acqurir desvertus solides; ou bien, ce qui n'est pas moins dangereux,

    ngliger certaines pratiques essentielles, dans la penseque les bons sentiments suffisent pour plaire a D t e u etaller au ciel.

    Tu vois, mon bon Jacques, combien il est important debien t 'examiner sur ces doux points. D'abord, ne serais-tupas un de ceux qui se reposent sur cle bonnes et vertueuses

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    habitudes, ot qui ne veillent qu'en gros et comme deloin la pureL de leur conscience? Ils se disent : Je nemanque jamais ma prire du matin et du soir, et je nepasse gure de jour sans dire au moins un bout de chapelet; je ne travaille pas le dimanche; je vais la messeet aux offices; M. le cur est trs content de moi; j'ai tlongtemps enfant de chur; je me confesse tous les mois,bien r gu li r em en t, quelquefois m me p lu s sou ven t, et

    je com mu nie vo lon tie rs; j ' a i dans m a c h am b re u n beau

    crucifix, une belle Sainte-Vierge, de l 'eau bnite; je portedeux scapulaires et trois mdailles; et tout le monde metrouve bien pieux. Et s'endormanl l-dessus, ce bongaron ne s'occupe gure du fond de sa conscience, derprimer tel ou tel dfaut naissant, ou mme tel ou telvice qui commence poindre : la mollesse, par exemple,

    ou l ' intemprance, ou la vanit, ou le mauvais caractre,ou les j eux d' argent , ou les plaisirs dan ger eux , ou la funeste manie de s'occuper de politique, de tout lire, etc. Ils'opre peu peu une rvolution dans le cur de cepauvre jeune homme; il se partage entre le bien et lemal, et sa vie offre le plus singulier mlange de pratiques

    chrtiennes et da dfauts trs peu difiants, dont les mauvais cam ara des pr e n n e n t occasion de db lat re r con treJa piet-

    Exam-inons ensui te si tu ne serais pas, au c ontr a ir e ,port ii faire comme tant d'autres jeunes gens, qui, sefaisant illusiof sur l 'accomplissement de leurs devoirs,

    croient qu e, pour tre bon chrt ien, il suffit d' tre honnte, de respecter la Re ligion , d'vi ter le gros ma l etd'avoir bon cur. Sous ce prtexte, ils ngligent certainsdtails excellents du service de DIEU, ne t iennent pasassez de compte des commandements de l 'glise, du carme, des jours d'abstinence, vont peu aux sacrements,

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    ne prient pas assez, ngligent la dvotion la Sainte-Vierge, et gl issent peu p e u clans la t ideur . Ceux-ci"se l'ont illus ion tout c o m m e les premiers ; et n i les uns niles autres ne servent Notre-Seigncur comme Notrc-Sei-gneur veut tre servi.

    Quelle que soit la forme qu'elle revte, la fausse pit ades consquences dplorables, aussi bien pour nous-mmes que pour les autres.

    Pour nous-mmes, car elle nous trompe en nous faisant

    croire que nous servons JSUS-CHRIST, tandis qu'en ralitno us sommes rempli s d' am ou r- pr op re et parfois morne spars de DIHU par le pch mortel. L'illusion est ici toutparticulirement dangereuse: c 'est l ' i l lusion du Pharisienque ses pratiques ex t ri eu re s ont si bien ave ugl , qu'onpeut dire qu'elles l 'ont perdu.

    Pour les autres, car elle scandalise quantit de fidles,et fait beaucoup de tor t la vraie pit, que les ennemisde la Religion co nfo nd en t avec la fausse. Les gens dumonde s'imaginent, en effet, que ces catholiques de contrebande sont pieux, et, par eux, ils jugent de tous lesautres. Parle chrysocale, ils jugent de l 'or pur.

    Ce sont les dfectuosits choquantes de la fausse pitqu i on t le plus co nt r ib u faire pr en dr e en mauvaisepart , par mi tes m ond a in s , les mot s de dvot et de dvote.En soi-mme, rien de plus beau que cette dnomination :

    dvot vient, en effet, d'un mot latin qui signifie dvoy.Quoi de plus beau, quoi de plus noble que le dvouement?

    et, en tr e tous les d vouements , le plus excel lent n'est-i)pas le dvouement DIEU? Nanmoins, la malice de l'impit d'une part, et de l'autre les travers de la fausse pitsont parvenus rendre le nom de dvot, et surtout dedvote, sinon mprisable, au moins ridicule et malpor t .

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    54 L E J E U N E O U V R I E R C H R E T I E N . I .

    Rien n'est plus frquent, surtout dans les rangs de la je un es se ouvrir e, que l ' i gnora nce des vr ais pri nci pes etdes vr ai es rgles de la p i t ; et fr an ch em en t, les troisquarts du temps, ce n'est la faute de personne. Sur centapprentis et jeunes ouvriers, il y en a plus de quatre-vingt-dix qui , peu aprs leur premire communion etleur confirmation, ont t mis en apprentissage, ont forcment interrompu les catchismes, et s'en sont allsavec le trs-mince b ag ag e d'i nst ruc tion relig ieuse l

    mentaire qu'i ls avaient reue en se prparant leur premi re com mun ion . Ces l me nt s d ' in stru ction ch rt ien nesont certainement trs-ncessaires et mme indispensables ; mais ils sont bien loin de suffire, surtout au pointde vue de la pit. Ce sont les fondements de la maison ;mais de l la maison il y a loin.

    De ceci, Lu peux dj conc lu re , mon cher J acques ,l 'utilit immense et l 'excellence de ces Patronages, de ces u v r e s de per sv ra nce , o chaque d im an ch e se con tinue , sous une forme familire, essentiellement intell igible et pratique, le cours d'instruction destin dvelopper peu peu les prcieux germes du caLchisme, et

    former au service du bon DIEU l'esprit et le cur du jeune ouvrier qui veut rester chrtien. Les instructionsordinaires des paroisses, tout excellentes qu'elles sont,ne remplissent ce but que trs-imparfaitement ; faitesprincipalement pour les grandes personnes, elles n'ontrie n de spcial pour l ' ap pr en ti , pour le j e u n e h o m m e ;

    elles sont souvent trop fortes pour lui, et ds lors lui profitent beaucoup moins.

    Si donc , mon cher en fant , tu as le bo nheu r d'avoir,dans la ville ou dans le bourg o tu demeures, une deces uvres ouvrires qui, par la grce de DIEU, se multipli ent actuell ement de toutes pa rt s, fais to u t au mo nd e

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    pour y entrer, et quand tu y auras l reu, appl.iq.iie toitout pa rt icul i rement l'inst ruire fond des princ ipe set des rgles du service de Notre-Seigueur.

    Outre les in st ruct io ns pr op re me nt dites que tu y rece vras de la bouche du prtre et les bons avis que t'y donneront des chrtiens d'lite, demande qu'on veuille biente prter que lques bous livres, afin de suppler par lulec ture ce qu e le pr tr e ne peut pas toujours di re .

    Parmi ces livres, je te recommande lo.ul particulire

    ment les Ar

    ies des Saints; non pas ces petites vies, tellement rsumes qu 'o n n 'y trouve aucun dtai l, ma is cesbelles et bonnes vies en un QU plus ieur s vol um es , quil'ont une espce de connaissance intime du Saint ou de laSainte dont elles parlent, et qui initient le lecteur l'esprit, aux sentiments, aux habitudes de ces grands servi

    teurs de DIEU. La vie des Saints est, apr s la lecture del'vangile, la plus excellente de tontes les leons de pitet d amour de DIEU. Tout le monde peut comprendre cesleons-l, parce que ce n'esl pas seulement de la moralechrtienne en 'thorie, mais de la morale chrtienne enaction. C'est comme la musique chau le, dont ch ac un

    peut comprendre la beau t, du m oment ' qu'il a desoreilles.

    Parmi les saints, je t'en recommanderai tout spcialeme nt -t ro is , dont les exemples et les c ri ts , adm irab le speuvent te profiter davantage et to former la pit:c'est d'abord l' hu mb le et pauvre sainl Franois d'Assise,

    puis saint Franois de Sales, puis enfin saint Vincent dePaul . Je n 'exc lus cer tes pas les autres , qu i, chacun en songenre, offrent d'admirables exemples de Imites les vertus;mai s je t' indique ces trois-l comme tout spcialementprofitables ton me. J'y joindrai le rcit des Actes de nosmartyrs," anciens et mo dernes (par consquent los Annale*

    http://appl.iq.iie/http://appl.iq.iie/http://appl.iq.iie/http://appl.iq.iie/
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    r>(j LE JEUN E OUVRIER CHRE TIEN. I.

    de la propagation de la Foi): le sang des martyrs parleplus hau t et mieux que les plus beaux livres.

    Tel le est, mon. petit Jac ques , la premire cause et laplus ordinaire de la .fausse pit : l'ignorance des vraispr inc ipes .

    Les deux autres sont plus personnelles et dpendentdav anta ge de notre volont : ce sont, c omme je te l'indiquai s tout l 'heure, Pamoii r-propre avec ses illu sions, et,comme consquence presque invitable de cet a mou r-

    propre, rentlement dans ses propres ides.Combien n'ai-je pas connu de je un es gar o ns , trs-bons au fond, trs-gentil s, qui pr om et ta ie n t d'tr e un

    jour des jeunes gens modles, et qui l 'amour-propre afait tourner la tle! Arr iv s ton go, qui nze , seize oudix-sept ans, ils se sont crus des petits phnix; ils n'ont

    plus voulu couler leurs bons parenls ni leu rs ma t r e s ;leur p re spirituel lu i- mm e a perdu peu a peu l'ascendant, si lgitime cependant , et si sa lu tai re, de son autorit sur leur esprit, et n'coutant plus qu'eux-mmes, ou,ce qui tait pire encore, n'coutant que des camaradestourdis et sans exprience, ils sont tombs d'incons

    quences en inconsquences, ont fait mille brioches, que,bon gr mal gr, il leur a fallu avaler, sont devenus dsobissants, impertin ents , a bs urd es ; et, sans de veni r to ut fait mauvais, sans perdre compltement leurs bonneshabitudes religieuses, ont grandement dgnrs et onttromp les plus lgitimes esprances.

    0 mon pauvre garon, si tu te reconnaissais l, arrte-toi tan di s qu'il en est enco re temp s. Rebrousse c he m i n ;redeviens ce que tu tais il y a un an, il y a deux ans,bon , docile, obissant au x directions de ton confesseur,dfiant l'gard de toi-mme, modeste, simple, solidement et srieusement chrt ien.

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    L'amour-propre, vois-lu, est le pre de l 'orgueil, .ctTor-gueil est! ennemi le plus direct de ln.bonne et vraie pietcatholique. Plus on est humble, plus on est chrtien. Pluslu seras soumis, d'esprit et de cur, aux saintes directions de ton confesseur et de tes par en ts chr ti en s, plusil te sera facile, mon cher Jacques, d'viter les piges dudmon, et de demeurer un vrai serviteur, un vrai disciplede Celui qui adit:~ Je vous ai donn l'exemple, afin que

    cous'fassiez comme f ai fait, et qui, par .son Saint-Espril,

    rside, vit et rgne en ta chre me,y Si tu suis les petits conseils que je viens de te rsumer,la pit se ra to uj ou rs vrai e, sans all iage et s'elon le curde JSUS-CHRIST. Tu de viendr as peu peu . un ch r ti envritablement clair dans les voies de la sanctificationet du salut. Tu comprendras que l 'obissance, ton ge

    surtout, est la base et la gar dien ne de tou te vertu so lide ;que les pratiques extrieures, y compris les Sacrementseux-m mes , ne son t que des moyens, mai s, des m oye nsindispensables, pour demeurer uni JSUS-CHRIST et vivresaintemen t. En un mot, tu vite ras les dan ge re ux cue ilsde la fausse pit, si capables de faire chavirer ta petite"

    nacelle et de te perdre pour toujours.

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    CHAPITRE Vil

    LES QUALITS DE LA VRAIE PIT

    1

    Des qualits que doit avoir la vraie pitet comment elle doit , avant tout, tre catholique.

    Pour tre vraie, solide et parfaite, pour nous sanctifiertout de bon et pour difier le prochain, notre pit doitrevtir certaines qualits; et la premire de toutes, c'estd'tre rellement et pleinement catholique.

    J 'appelle une pit rellement et pleinement catholiquecelle qui se rgle, toujours et en tout, sur les principes

    proposs par l'Eglise, et notamment par l'glise Romaine,Mre et Matresse de toutes les glises du monde. L'gliseRo main e, dont le Pa pe es t le propre voque et qu i , pourcette raison, a des privilges dont ne jouissent point lesau tr es , conserve la doctr ine et les tradi tions de la vraiefoi. Il est certain aussi qu'elle conserve et conservera

    toujours le dpt non moins prcieux de la vraie pit,laquelle n'est aprs tout que la vraie pratique de la vraiefoi. Et de mme que toute doctrine qui ne s'accorde pasavec la doctrine et les en sei gnem en ts du Pape et del'Eglise Romaine est par cela seul convaincue d' er reur , demme, toute pit qui s'carte des enseignements et des

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    LE JE UN E OUVRIER CH RE TI EN . 1. 5i>

    traditions d