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Fédération des Sociétés pour l'Étude, la Protection et l'Aménagement de la Nature dans le Sud-Ouest Revue Trimestrielle de la SEPANSO N o 171 N° 171 - Eté 2016 Impacts des activités portuaires Bayonne Bayonne sur l'environnement

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Page 1: o 171 Bayonne - SEPANSO · SUD-OUEST NATURE - REVUE TRIMESTRIELLE DE LASEPANSO - N° 171 EDITORIAL C ontournant l'avis défavorable de la commission d'enquête et l'opposition quasi-unanime

Fédération des Sociétés pour l'Étude, la Protection et l'Aménagement de la Nature dans le Sud-Ouest

R e v u e T r i m e s t r i e l l e d e l a S E P A N S O N o 1 7 1

171

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016

Impacts des activités portuaires

BayonneBayonne

sur l'environnement

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Visitez notre site Internet www.sepanso.org

SUD-OUEST NATURE

N° 171 Eté 2016

Fédération SEPANSO - 1-3 rue de Tauzia - 33800 BORDEAUXTél. 05.56.91.33.65 - Fax. 05.56.91.85.75 - Email : [email protected]

Les auteurs conservent l'entière responsabilité des opinions exprimées dans les articles de ce numéro. Lareproduction, partielle ou intégrale, des textes et illustrations est acceptée après autorisation préalable.

En couverture (photo Eric SALARD) : Embouchure de l'Adour

édité par la

SEPANSOFédération des Sociétés pour l'Etude, la Protectionet l'Aménagement de la Nature dans le Sud-Ouest

Association loi 1901 à but non lucratifAffiliée à France Nature Environnement - Reconnue d'utilité publique

La SEPANSO agit dans toute l'Aquitaine, et éventuellement dans les départements voisins, dans le but

de sauvegarder la faune et la flore naturelles, en même temps que le milieu dont elles dépendent et d'oeuvreren faveur de la protection des sites et du cadre de vie.

EDITORIAL GPSO : nouveau fiasco de la démocratie participative . . . . . 1

AU FIL DES MOIS Nous retiendrons... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2Oloron-Bedous : première victoire ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

ACTUALITÉ La Sologne ne leur suffit pas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4Projet de circuit automobile en Pays ribéracois . . . . . . . . . . 5

VIE DE L'ASSOCIATION Regrets et incompréhension... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6Une nouvelle association affiliée à la SEPANSO . . . . . . . . . 7

LECTURE S'engager pour un monde meilleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

ZOOM SUR... Le projet de dragage du port de Bayonne . . . . . . . . 9

JURIDIQUE Actions juridiques : du classique et du nouveau . . . . . . . . . 13SRCE : quelle portée juridique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

PYRÉNÉES Recommandations pour le Parc national des Pyrénées . . . . 15

PROTECTION La protection de la forêt aquitaine contre les incendies . . . 16Hêtres du Ciron : 20 ans de combat avec la SEPANSO . . . 19

RÉSERVES NATURELLES Marais de Bruges : les poneys landais étoffent leur CV . . . 20Banc d'Arguin : interview d'un jeune bénévole . . . . . . . . . 21

SommaireSommaire

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SUD-OUEST NATURE - REVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 171

E D I TO R I A LE D I TO R I A L

C ontournant l'avis défavorable de la commission d'enquête et l'opposition quasi-unanime du public consulté, le gouvernement (1) a fini par signer, le 2 juin 2016,le décret déclarant d'utilité publique et urgents les travaux nécessaires à la

réalisation des lignes ferroviaires à grande vitesse Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax. Cette décision en dit long sur le non-respect par l'Etat de la démocratie parti-cipative qu'il a pourtant souhaité renforcer après le drame de Sivens (2).

Alors que la Cour des comptes (3) a pointé les limites de la grande vitesse ferro-viaire, ce décret autorisant un nouveau projet de LGV souligne les contradictionsrégnant au sein de la haute administration française à ce sujet.

L'avis défavorable prononcé le 27 mars 2015 par la commission d'enquête consti-tue un évènement rarissime dans ce genre de grand projet, et ses arguments serontprécieux dans le recours au Conseil d'Etat que prépare activement la SEPANSO.

Par sa décision, le gouvernement a méprisé l'expression citoyenne qui avait reje-té massivement ce projet ferroviaire, lors des débats publics de 2005 et de 2006,lors de la longue pseudo-concertation menée par RFF et lors de l'enquête publique.

Comment le nier, ce décret a constitué une grosse déception pour tous ceux etcelles qui contestent depuis plus de dix ans un projet si néfaste pour l'environnementdes cinq départements traversés, malgré les dénégations du maître d'œuvre. Avecses quelque 5.000 hectares, l'emprise du projet de LGV GPSO représente plus detrois fois celle de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ! Cette tentative de passageen force constitue aussi une déception pour ceux qui croyaient en la sincérité des dé-clarations gouvernementales en faveur de la démocratie participative.

Déception ne veut pas dire abattement, car le match n'est pas terminé.D'autres manches se profilent à l'horizon. Manches juridiques, car les opposantssont déterminés à utiliser tous les moyens de droit pour contrer le projet. Et man-ches financières car, jusqu'à preuve du contraire, nul ne sait comment boucler lefinancement des 9 milliards d'euros du projet. Nous saurons rappeler en tempsutile à la Commission européenne qu'elle ne doit pas soutenir financièrement unprojet dont le tracé est incompatible avec la préservation de la biodiversité et desressources en eau des territoires concernés. D'autres moyens “non conventionnels”sont envisagés par certains, pour ralentir voire bloquer le projet, tels l'achat en in-division de terrains situés sur le tracé (4) ou bien l'installation d'une ZAD.

Bref, il se pourrait que l'avenir du tortueux projet GPSO ne soit pas aussi prévisibleque le prétend M. Vidalies (5).

(1) Le décret a été signé par Mme Royal (Ministre de l'environnement et réfractaire aux projets de LGV Poitiers-Limoges et Bordeaux-Tours) et M. Vidalies (Secrétaire d'Etat chargé des transports, ancien député des Landes

et premier adjoint de la mairie de Mont-de-Marsan, directement concerné par le projet de LGV Bordeaux-Dax).(2) Lettre ouverte au Président de la République du 23/06/15 suite au drame de Sivens (SON n° 167 - été 2015).

(3) LGV : la Cour des comptes tire le signal d'alarme (SON n° 165 - hiver 2014-2015).(4) La Coordination Vigilance LGV a révélé le 26/05/16 l'acquisition en 2011 de deux parcelles d'une surface to-

tale de 1.868 m2 achetées en indivision par 140 personnes sur le tracé pressenti de la LGV en Sud-Gironde.(5) M. Vidalies a annoncé qu'il escomptait une mise en service de la LGV Bordeaux-Toulouse en 2024 et de la LGV

Bordeaux-Dax en 2027.

Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO)

Daniel DELESTRE,Président de la

SEPANSO GirondeVice-président de laSEPANSO AquitaineVice-président de laConfédération FNE

Sud-Ouest Atlantique

Nouveau fiasco de la démocratie participative

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2au fil des mois

SUD-OUEST NATURE - REVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 171

Qu'est-ce que les sacsplastiques "biosourcés" ?Au 1er juillet 2016, prendra effet l'interdiction

des sacs plastiques à usage unique. Si SégolèneRoyal se réjouit de cette décision, les spécialistesdes déchets râlent car le décret du 30 mars 2016continuera d'autoriser les “sacs compostables etcomposés en tout ou en partie de matière bio-sourcée”. Quésaco ? “Biosourcé” veut dire fabri-qué avec de la matière biologique (lait, riz, fécu-le de pomme de terre...) et donc compostable. Ledécret considère comme “biosourcé” un saccontenant au moins 30 % de matière première nonissue de pétrochimie, puis 60 % à partir du 1er jan-vier 2017, le reste pouvant continuer d'être fabri-qué à partir d'hydrocarbures ! Le décret préciseégalement que ces sacs devront être “composta-bles de manière domestique”, il faudra alors queles propriétaires les placent dans un compost bienaéré, lumineux et suffisamment humide pour per-mettre aux bactéries de le dégrader à une tempé-rature de 28°C ! D'après Stéphane Bruzaud, cher-cheur spécialiste des plastiques à l'Université deBretagne Sud, “il suffit que le sac se retrouve sousun climat sec : il ne se dégradera pas avant des an-nées, voire jamais. Dans l'océan, le processusrisque aussi d'être ralenti.” Et les tortues marinespourront continuer à s'étouffer avec ! L'ONG ZeroWaste regrette que Ségolène Royal ait choisi defaire de l'affichage plutôt que d'inciter les gens àutiliser moins de sacs plastiques, bio ou pas. FC�Source : Canard Enchaîné (4 mai 2016)

La transparence dans notreassiette : pas pour demain !La France vient d'obtenir de l'Europe, à

l'arraché, l'autorisation d'indiquer sur l'étiquettel'origine de la viande et du lait dans les produitstransformés. Ce fut une promesse de FrançoisHollande le lendemain du scandale des lasagnesà la viande de cheval. Cette soi-disant victoiren'est approuvée par la Commission européennequ'à titre d'expérimentation pour un an ! Il fautdire que l'industrie agroalimentaire et la grandedistribution mettent les bouchées doubles pourempêcher qu'on y voie plus clair dans nos as-

siettes afin de nous dissimuler l'incroyable di-versité du fameux minerai de bœuf, dans lequelon peut dénombrer jusqu'à huit vaches provenantde plusieurs pays et abattoirs. L'industrie de lamalbouffe peut compter sur l'Allemagne qui estdevenue, grâce à sa main d'oeuvre de l'Est payéeau lance-pierre, le hub européen de l'abattage,comme sur les multinationales du lait qui n'ontpas envie de révéler comment une grosse partiede la production laitière finit en poudre qu'ellesmélangent à tour de bras dans leurs crèmes gla-cées, chocolats et autres desserts industriels. FC�Source : Canard Enchaîné (4 mai 2016)

Une première en Gironde : dé-couverte d'Ophrys speculumCette espèce d'Ophrys speculum (Ophrys mi-

roir) a été découverte en mai 2016 à Pessac, parVincent Sennes, Docteur en écologie humaine del'Université Bordeaux Montaigne, sur une parcel-le appartenant à l'Université de Bordeaux. Sa pré-sence (population de 3 pieds) a été scientifique-ment constatée par le Président de la Société Lin-néenne de Bordeaux, Bruno Cahuzac, et le Prési-dent de l'antenne girondine de la Société Françai-se d'Orchidophilie, William Brondel. Elle s'ajouteaux 50 espèces d'Orchidées sauvages recensées enGironde. Il s'agit d'une espèce végétale proté-gée sur l'ensemble du territoire français , éga-lement inscrite dans la liste rouge de l'UICN dela flore menacée de France avec le statut “vul-nérable”. S'agissant d'une espèce au cycle de viecomplexe, lié à d'autres organismes vivants, cettepopulation dont le potentiel de reproduction estimportant (présence de graines) doit donc absolu-ment être protégée. La parcelle, située en zone ur-baine, est une prairie fauchée régulièrement, fa-vorable à l'implantation d'orchidées ; on y trouvenotamment Ophrys apifera et Ophrys sphegodes.Aucun autre traitement ni aménagement nedoit y être effectué. Malheureusement, il est pré-vu que la parcelle fasse l'objet d'un échange avecla métropole de Bordeaux, afin d'accueillir un im-meuble de logements sociaux. Un inventaire “avi-faune” a déjà été réalisé, juste à côté sur une par-celle boisée, par Cistude Nature. Espérons quecette précieuse orchidée saura convaincre les élusde l'utilité de sa conservation. CG �

Nous retiendrons...LACQLe Ministère de lasanté annonce qu'illance l'étude épidé-miologique deman-dée par la Cour descomptes depuis...deux ans.

OURSLe Comité de mas-sif pyrénéen hésiteencore à réintro-duire un ours enBéarn : 15 voixcontre 15. La Minis-tre devra trancher.

ANGUILLESLe mareyeur Gurru-chaga condamné parle Tribunal de gran-de instance deBayonne pour pêcheillégale de 78 kg decivelles, le 26 avril2016. La SEPANSOPyrénées-Atlantiquesétait partie civile.

SIVENSAnnulation le 1er

juillet dernier par leTribunal administra-tif de Toulouse detrois arrêtés fonda-teurs du projet debarrage de Sivens,dont la déclarationd'utilité publique.Rémi Fraisse, jeunebotaniste membrede FNE Midi-Pyré-nées, s'est dont faittuer à 21 ans parcequ'il protestaitcontre un projetillégal...

TAILLANPar un jugement du7 juillet 2016, laCour administratived'appel de Bordeauxconfirme l'illégalitéde la dérogationespèces protégéesaccordée par le Pré-fet pour la déviationdu Taillan (Gironde).

En brefEn bref

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3AU FIL DES MOIS

SUD-OUEST NATURE - REVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 171

Le 1er juillet 2016, la ligne ferroviaire Oloron-Bedous a été inaugurée. Pour la SEPANSO et le mouvementassociatif et syndical, c'est une vraie victoire, même s'il reste 33 km à rénover pour atteindre Canfranc !

Un combat pour la nature

Dès les années soixante-dix, la SEPANSO a pris position pour la réouverture de la li-gne internationale Pau-Saragosse (311 km). Aujourd'hui, il ne manque plus que 33 km

pour atteindre la gare de Canfranc. La position de notre association est claire. Autant nousrefusons le massacre des espaces naturels par une balafre de Ligne à grande vitesse enAquitaine, autant nous demandons le maintien du maillage ferroviaire existant. La réouver-ture des 25 km Oloron-Bedous constitue une réussite exceptionnelle. Partout on ferme desvoies ferrées. Il n'existe que trois autres exceptions en France : Chartres-Voves-Orléans,Rives-Saint-Rambert (en Isère) et Belfort-Delle (vers la Suisse). La vallée d'Aspe tout com-me la haute vallée du rio Aragon méritent un traitement exemplaire. La vallée d'Aspe, unedes dernières vallées à ours, offre des paysages et une biodiversité exceptionnels : frayèresà saumons, espèces endémiques (euprocte, desman, grenouille des torrents, etc.).

Transports : un cas d'école

Lorsque, en 1986, la CCI de Bordeaux et la DDE des Pyrénées-Atlantiques se sont lancéesdans la chimère d'une quatre voies de Bordeaux à Valence à travers la vallée d'Aspe, lecombat a commencé. Au Conseil économique et social aquitain, appuyés par... la CGT,nous avons fait retirer les mots “quatre voies” en Aspe. Ce fut ça de gagné, même si le tun-nel du Somport (1,8 milliards de francs, plus cher à l'époque que le rail) fut inauguré en2003. Lorsqu'on sait que 300.000 tonnes de maïs montent chaque année à Canfranc en ca-mions pour repartir de là par un train complet, on se dit que le report modal est un impératif.L'infrastructure existe, en très bon état. Les 33 km de Bedous à Canfranc sont pour 45 %en ouvrages d'art, tunnels surtout. Toutes les études techniques sont concluantes.

Une mobilisation populaire

Il y a eu en Aspe manifestation sur manifestation pendant desdécennies. Toutes les associations de protection de la naturede France et d'Espagne se sont engagées. Mais aussi les ré-gionalistes, aragonais et occitans, le CRELOC (1), la FNAUT (2),la CREFCO (3) espagnole. Et n'oublions pas le Comité des ha-bitants et les syndicalistes venus dire avec nous à MadameRoyal : “Si vous mettez une quatre voies dans la dernière val-lée à ours, ce sera une casserole qui marquera votre carrière”.C'est côté espagnol que la mobilisation est toujours la plus for-te : 8.000 personnes à Canfranc en juillet 1988, arrivant partrains spéciaux. Les industriels de Saragosse (Opel, Arcelor-Mittal, Saica) revendiquent plus que jamais la réouverture.

Aujourd'hui, un seul but : atteindre Canfranc !

Le Président du Conseil régional d'Aquitaine Limousin Poitou-Charentes, Alain Rousset, nous a reçus le 4 mai 2016 : il sedit déterminé. La Région a payé - seule - les 102 millions d'euros. C'est en 1998 que nous avions réussi à le convaincrede la réouverture. Le chemin a été long ! Aujourd'hui, il faut trouver 400 millions d'euros. Les Aragonais et Aquitains tra-vaillent ensemble. L'Europe aidera. Il reste à convaincre Paris et Madrid et trouver un opérateur unique pour le transpyré-néen occidental qui, à l'heure de la COP 21, a toute sa raison d'être pour protéger les Pyrénées. Bravo à tous ceux quiont aidé et courage à tous : il faut continuer jusqu'à Canfranc !

Michel RODES,Secrétaire SEPANSO Aquitaine

Oloron-Bedous : première victoire !Oloron-Bedous : première victoire !

(1) CRELOC : Comité pour la Réouverture de la ligne Oloron-Canfranc (www.creloc.intermodalite.com)(1) FNAUT : Fédération Nationale des Associations d'Usagers des Transports(1) CREFCO : Coordinadora por la Reapertura del Ferrocarril Canfranc-Oloron

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4actualité

SUD-OUEST NATURE - REVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 171

La forêt de laDouble estactuellement

le terrain privilégié d'investisseurs quiaimeraient y voir installer des parcs éo-liens et aussi un ball-trap. A défautd'urbanisation, les élus veulent que leszones naturelles soient occupées pardes activités rentables avec, en retour,quelques subsides pour leurs commu-nes et quelques particuliers.

Le projet de ball-trap de Ser-vanches est contesté par une partiedes habitants qui veulent avant toutpréserver leur qualité de vie enDordogne.

Malgré le refus de la Direction Dé-partementale des Territoires (DDT)d'accorder un permis d'aménagement,au motif que l'emplacement du shoo-ting club ne correspondait pas à “unsite dédié”, les casinos Tranchant ontdécidé de maintenir leur projet inter-national de ball-trap dans la forêt dela Double.

Il faut dire que l'attitude du Préfet,sorte de derviche tourneur qui plusest, qui se lave les mains de ce quipeut arriver, rassure et motive les ca-sinos Tranchant à considérer qu'ilsont peut-être perdu une bataille maiscertainement pas la guerre, n'en dé-plaise au collectif “Double en danger”qui milite contre le projet depuis plu-sieurs mois.

“Le ball-trap international ouvri-ra ses portes au printemps” annonçaitavec fermeté Benjamin Tranchant, leVice-président du groupe familialéponyme. “Tant pis, nous feronssans” la décision de la DDT qui “neremet nullement en cause la poursui-

SEPANSO Dordogne

te de notre projet” et, fort de son pou-voir sur les services de l'Etat, le pro-moteur avait déjà commencé les tra-vaux et organisé sa première mani-festation internationale le 14 mai2016. Cette manifestation, qui devaitréunir tout le gratin de la gâchette, n'aété en fait qu'un gros bide. En effet,point de gros 4x4 de luxe venus péta-rader sur les chemins forestiers, seulsquelques chasseurs locaux se sontprésentés aux pas de tir, bravant ainsiles opposants qui distribuaient untract, les journalistes et des représen-tants des services de l'Etat qui ont re-levé quelques infractions.

En attendant la vraie pendaison decrémaillère, c'est la zizanie au villa-ge ! Certains en profitent pour souf-fler sur les braises et dans le villagede Servanches, c'est la plus grandeconfusion. Le maire, qui fait la pro-motion du projet, aurait reçu de la partd'un corbeau des lettres anonymesl'insultant. Pour calmer le jeu, il a sai-si l'occasion pour porter plainte à lagendarmerie contre, au hasard, uncertain collectif d'opposants !

Tout en souhaitant calmer lesesprits de ceux qui sont pour commede ceux qui sont contre le projet bienavancé du ball-trap et pour démontrerque c'est lui, le maire, qui tient la bar-re, bon prince, il laisse le soin auxgendarmes de Saint-Aulaye de dé-masquer le corbeau. Pour autant, il re-fuse aux opposants l'accès aux docu-ments administratifs (demande depermis de construire, permisd'aménager, demande de travaux...) ettoute autre correspondance officielle.

Depuis des mois, le collectif de-mande un rendez-vous au maire pour

consultation sur place des documents.Celui-ci a refusé de répondre à cetterequête. Le pouvoir de l'argent et deslobbies foule aux pieds les droits élé-mentaires du citoyen. L'intérêt des ti-reurs, pour la plupart de la région pa-risienne ou britanniques, est privilé-gié et les nuisances que vont avoir àsubir les riverains toute l'année sontbalayées d'un revers de liasses debillets de banque.

Inquiets pour l'avenir de “leur petitparadis” et considérant le projet de ball-trap comme “mortifère” pour la région,des riverains de Servanches, épauléspar des habitants d'Echourgnac, Saint-Barthélemy-de-Bellegarde et Eyguran-de-et-Gardedeuil, ont créé un collectif :“Double en danger”.

Les riverains craignent que “la viedans la Double ne devienne un enfer(...) nuisances sonores, risques depollution des sols, dévaluation desbiens immobiliers (...) notre forêt n'apas vocation à devenir un terrain dejeu pour amateurs de ball-trap fortu-nés” indique la Présidente du collec-tif “Double en danger”, “surtoutquand nous savons tous les risquesqu'un tel projet fait courir àl'environnement et aux hommes quivivent autour.”

Face aux comportements des élus etau défaussement du Préfet, le collectifa adhéré à la SEPANSO Dordogne.

Avec l'aide de la SEPANSO Dor-dogne, ce collectif va se structurer enassociation et une conférence de pres-se est organisée. Parallèlement, il estenvisagé d'étudier un recours au Tri-bunal administratif. �

La Sologne ne leur suffit pasLe groupe Tranchant (casinos) installe un"shooting-club" ou ball-trap à Servanches

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SUD-OUEST NATURE - REVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 171

5actualité

l'enquête publique), la CCPR a décidéde passer au-dessus de tout le mondepour imposer en force le projet. Un vé-ritable scandale.

Le PLUI définitivementdécrédibilisé

La CCPR conduit une démarche dePLUI (Plan Local d'Urbanisme Inter-communal) et mène une vaste démar-che de concertation, largement pro-mue, pour réfléchir au devenir du ter-ritoire et à l'occupation du sol. Quelest la crédibilité de cette démarche si,en douce, en accéléré, on décide dechanger unilatéralement la carte com-munale d'une commune ? Le PLUI de-vient bien un enfumage de premièreclasse pour faire valoir une pseudoconcertation alors qu'en parallèle onbidouille une carte communale pourne servir les intérêts et l'agrément qued'un seul individu. Il est clair que cegenre de magouille ne pouvait pas res-ter longtemps inaperçue et la perte decrédibilité des élus s'opère manifeste-ment à tous les niveaux.

Par courrier en recommandé, laSEPANSO Dordogne a adressé auxprésidents de la CCPR le nom de sonreprésentant Personne Publique Asso-ciée (PPA) et a incité les citoyens dechaque commune concernée par lePLUI à se déclarer PPA pour partici-per à l'élaboration du PLUI et aux ré-visions simplifiées des cartes commu-nales.

Degré zéro de laconcertation

Alors que de nombreux riverains sontà nouveaux inquiets, qu'une associationcomptant 450 adhérents habitant majori-tairement le territoire s'est mobilisée, quel'enquête publique n'a pu cacher que la po-pulation locale était majoritairement op-posée au projet, que 80 % des prestatairestouristiques du territoire sont adhérents del'association, la CCPR n'a même pas prisla peine de proposer un contact àl'association Alerte Circuit Vendoire et ced'une quelconque manière. Comble del'hypocrisie, dans les débats internes à laCCPR, on évoque la seule modification dela carte de Champagne, sans en indiquerl'objet pour, ainsi, éviter le débat de fond.Quelle démocratie ! Quelle transparence !

La colère gronde chez les habitantsautour du site et l'association est entrain de se réorganiser.

Puisque la discussion sur le fondn'est pas possible, qu'aucune concerta-tion n'est organisée, que ce sont des ma-gouilles de droit qui président à la miseen place de ce projet, avec le soutien dela SEPANSO Dordogne, le combat seramené devant les tribunaux.

Il est évident que la lutte sera âpreentre ceux qui considèrent qu'ils onttous les droits, parce que soutenus pardes lobbies et le représentant de l'Etat,et les autres, ceux qui veulent mainte-nir la protection du patrimoine naturelet de leur cadre de vie. �

N ous venons d'apprendre qu'endépit de l'arrêté du Préfet du 4janvier 2016 qui donnait un

avis défavorable au projet de circuitautomobile de Vendoire, celui-ci refaitsurface. Dès l'annonce précipitée del'abandon de ce projet par le Préfet de-vant la députée EELV Brigitte Allainqui nous avait communiqué cette in-formation, la SEPANSO Dordogneavait senti un subterfuge et s'étaitétonnée que le Préfet, si pressé à sou-tenir les lobbies FNSEA, FDSEA etChambre d'agriculture, donne raison,pour une fois, aux opposants.

L'arrêté si vite promulgué par lePréfet l'était sur la base d'anciennescartes communales ! Alors comments'y prendre pour que les zones choisiespour réaliser ce projet (zones naturel-les) ne soient plus un obstacle. Il fautmodifier les cartes communales. Cel-les de Nanteuil et de Vendoire quin'avaient pu être prêtes à temps sontdésormais sorties. Il restait à changercelle de Champagne. Ce devrait êtrechose faite, sous l'égide de la Com-munauté de Communes du Pays Ribé-racois (CCPR). Après des mois de dé-bats durant lesquels aucun des argu-ments que nous avons formulés n'ontété entendus et un arrêté défavorabledu Préfet, la CCPR a décidé de relan-cer ce projet scandaleux et réveillé leconflit pourtant lourd qui s'est dérou-lé sur le terrain. Alors que seulement14 communes sur les 46 ont soutenule projet par un vote (au moment de

Projet de circuit automobile en Pays ribéracoisScandaleux !

Ce projet de circuit a été refusé une première fois par le Préfet. Sorti par la porte, il revient par la fenêtre.

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6vie de l'association

Notre philosophie naturalistetient en trois mots : Observer, Com-prendre, Préserver.

Ocean'Obs a pour but de connaître etfaire connaître l'environnement marin.Pour remplir ses missions, l'associations'est dotée d'un outil scientifique inno-vant au service de ses partenaires. Elledéveloppe activement, depuis 2013, unprogramme de sciences participatives :l'Observatoire Participatif de la Biodi-versité Marine (OPBM) des syngnathes(hippocampes) et des herbiers de zostè-re marine du Bassin d'Arcachon. Ce pro-gramme d'étude associe les citoyens(plongeurs, apnéistes, pêcheurs à pied,etc.) à un véritable programme scienti-fique, en partenariat avec l'Agence desaires marines protégées, gestionnairedu Parc Naturel Marin (PNM) duBassin d'Arcachon.

L'association compte désor-mais deux salariés qui, avec l'aidedes membres du Bureau, du

Conseil d'administration et de plusde 200 adhérents, développent quat-

re pôles d'activité :

- La coordination du Réseau d'Observa-teurs en Plongée (ROP), dénommé les“Sentinelles de la mer”, essentielle-ment constitué de plongeurs de la Fé-dération Française d'Etudes et de

Une nouvelle associa

Abattoirs de ChicagoLe monde humain

Alors que la maltraitance animale sévit plus que jamais dans les abattoirs etdans les élevages industriels français, jusqu'à en faire la une des médias, ce petitlivre de Jacques Damade semble particulièrement pertinent.En prenant l'exemple du plus grand centre d'abattage au monde en son temps, celui deChicago, où l'on exterminait en 1883 1,9 million de bovins, 5,65 millions de porcs et750.000 moutons, l'auteur nous livre une réflexion philosophique et poétique sur la relationde l'homme à la nature et au monde animal.Cette réflexion va bien au-delà du "constat de la souffrance quasi-illimitée et cauchemardesqueque nous imposons à l'animal dans les élevages, les laboratoires, les transports, les abattoirs".Pour Jacques Damade, "si la question animale surgit ces temps-ciavec cette vitalité, c'est que la terre abîmée, surexploitée, encorebelle malgré tout, reste la terre, c'est-à-dire ce qui nous porte, etnon un objet quelconque, et que l'animal, lui, qui nous est tout pro-che, on le perd peu à peu mais sûrement, remplacé par des ersatzd'images, des pixels à seize bits par couleur, des jouets humanisésqui deviennent nos vis-à-vis".

DD

Jacques Damade. Abattoirs de Chicago. Le monde humain.Collection L'Ombre animale aux Editions La Bibliothèque.

Avril 2016. 90 pages.

Au moment où nous avons le plaisir d'accueillir une nouvelle association parmi nous(lire ci-contre), la LPO Aquitaine décide de quitter la fédération régionale SEPANSO.Une lettre de son Président, Olivier Le Gall, nous en informait fin avril 2016 tout ensouhaitant privilégier le partenariat sur des actions et/ou des prises de position.

Le Conseil d'administration de la SEPANSO en a pris acte avec regrets. Je nepeux m'empêcher ici de me souvenir des combats communs menés ensemble.Je n'oublie pas non plus que la LPO France, avec Antoine Reille, Secrétaire gé-néral puis prédécesseur d'Allain Bougrain-Dubourg à la tête de l'association, estvenu porter la SEPANSO sur les fonts baptismaux lors de son Assemblée géné-rale constitutive en 1969 ! Des liens privilégiés donc, tout au long de notre bellevie associative, en particulier dans le cadre du Conseil national de protection dela nature, de ses structures et du combat sur le terrain, en particulier àl'encontre des tireurs de Tourterelles des bois en mai en Gironde.

Début mai 2016, quelques jours après cette annonce, le Président de notre fé-dération nationale France Nature Environnement, Denez L'Hostis, nous annon-çait que la LPO France quittait également FNE, “privilégiant selon son expres-sion orale une relation partenariale positive à une adhésion et une implicationdans la fédération”.

Donc, pour moi, c'est avec une grande incompréhension que j'écris cesquelques lignes. Ce départ de la LPO, tant de FNE que de la SEPANSO, estune faille dans notre nécessaire unité associative. Plus que jamais, nous avonsbesoin de nous fédérer afin de mieux proposer, de mieux faire face aux adver-saires de la protection de la nature de plus en plus nombreux. La LPO fait unautre choix.

Que peut-il se passer maintenant ? Les pouvoirs publics pourraient s'engouffrerdans cette brèche... diviser pour mieux régner. La LPO aurait-elle des viséeshégémoniques avec notamment la mainmise sur les données naturalistes, enembrassant toute la biodiversité ? Permettez que je me perde en conjectures !

Seul l'avenir nous dira si ce choix est le bon. Aujourd'hui, attendons de voir,avec France Nature Environnement. Mais je crains que la cause que nous de-vrions défendre ensemble n'en sorte pas renforcée.

Regrets et incompréhension...Regrets et incompréhension...Pierre DAVANT, Président de la Fédération SEPANSO

SUD-OUEST NATURE - REVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 171

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vie de l'association

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RR E J O I G N E ZE J O I G N E Z -- N O U SN O U S !!NOM ...................................................................

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La Fédération SEPANSO compte 5 sections dépar-tementales. Renvoyez ce bulletin accompagné devotre règlement à la section de votre choix (cochezci-dessous) :

� SEPANSO Pyrénées-Atlantiques

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� SEPANSO Gironde

� SEPANSO Landes

� SEPANSO Lot-et-Garonne

Règlement à l'ordre de la section locale. Adresses au verso.

Abonnements simples SON à libeller et à retournerdirectement à la Fédération SEPANSO.

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Sports Sous-Marins (FFESSM). Cesplongeurs citoyens, formés à l'observa-tion naturaliste par Ocean'Obs, ali-mentent l'OPBM toute l'année. Ils sontaujourd'hui plus de 500 inscrits au pro-gramme et plus de 1.000 participantsdepuis le lancement de l'OPBM. Auxobservations régulières s'ajoutent deuxjournées de recensement exceptionnelpar an (printemps et automne) mobili-sant plus de 150 plongeurs surl'ensemble du Bassin d'Arcachon : leprochain rendez-vous est prévu àl'automne 2016. Ces suivis participa-tifs permettent d'améliorer les connais-sances scientifiques, la gestion de lafaune et de la flore marine du PNM duBassin d'Arcachon et constituent unvecteur de sensibilisation fort des ci-toyens impliqués dans ce programmescientifique labellisé par Vigie-Mer.

- Le pôle Travaux sous-marins a pourbut d'apporter à nos partenaires dessolutions professionnelles de suivisscientifiques en plongée et de pro-mouvoir des solutions techniquesrespectueuses de l'environnement(mouillages écologiques, renfloue-ments, etc.).

- Le pôle Médiation scientifiquecontribue à la diffusion des connais-sances, la sensibilisation du grandpublic, la formation des plongeurs,

la diffusion des résultats de l'OPBMaux réseaux scientifiques. En 2016,Ocean'Obs innove et développe desmissions éco-volontaires qui serontproposées aux plongeurs dès 2017,lors de week-ends dédiés à la plon-gée scientifique.

- Le pôle d'Etudes scientifiques permetla gestion, le traitement et l'analyse desdonnées scientifiques collectées. Lesocéanographes d'Ocean'Obs collabo-rent avec les partenaires scientifiques,gestionnaires d'aires marines proté-gées pour une gestion durable del'environnement marin. L'équipe ap-porte également un appui aux collec-tivités territoriales littorales et bureauxd'études en demande d'expertise.

Aujourd'hui, Ocean'Obs étend sesprojets à d'autres espèces et habitatsmarins et déploie ses actions sur denouvelles Aires marines remarquablessur toute la façade atlantique.

Pour en découvrir plus et rejoin-dre Ocean'Obs, rendez-vous sur lesite www.oceanobs.fr. Pour toutcontact ou participer (gratuitement)à notre prochaine grande journée derecensement exceptionnel des hip-pocampes : [email protected].

L'équipe d'OOBS

ation affiliée à la Fédération SEPANSOocean'obsocean'obs

Ocean'Obs est une association loi 1901en plein essor, depuis sa création début2013. Fondée par un groupe de scienti-fiques, océanographes et plongeurs pro-fessionnels passionnés de la mer, ellesiège dans les locaux de la Maison dela Nature et de l'Environnement deBordeaux. Elle est membre de laSEPANSO Aquitaine depuis 2016.

Observer, Comprendre, Préserver

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lecture

SUD-OUEST NATURE - REVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 171

FF É D É R AT I O NÉ D É R AT I O N SEPANSOSEPANSO1 rue de Tauzia - 33800 BORDEAUX

Tél. 05.56.91.33.65 - Fax. 05.56.91.85.75Email : [email protected] : www.sepanso.org

Reconnue d'utilité publique, affiliée au niveaunational à la Fédération française des associa-tions de protection de l'environnement, FranceNature Environnement, la SEPANSO est unefédération régionale regroupant des associa-tions départementales et spécialisées :

� SEPANSO PYRÉNÉES-ATLANTIQUES

Maison de la Nature et de l'EnvironnementDomaine de Sers - 64000 PAU

Tél. 05.59.84.14.70Email : [email protected] : www.sepanso64.org

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13 place Barbacane - 24100 BERGERAC

Tél-Fax. 05.53.73.12.71Email : [email protected] : www.sepanso24.org

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1 rue de Tauzia - 33800 BORDEAUX

Tél. 05.56.91.33.65 - Fax. 05.56.91.85.75Email : [email protected] : www.sepanso.org/gironde

� SEPANSO LANDES

Chez Monsieur Georges CINGAL

1581 route de Cazordite - 40300 CAGNOTTE

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� SEPANSO LOT-ET-GARONNE

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Jean Blanc - 47220 FALS

Tél-Fax. 05.53.67.14.11Email : [email protected]

� AQUITAINE ALTERNATIVES

Maison de la Nature et de l'Environnement3 rue de Tauzia - 33800 BORDEAUX

Email : [email protected] : www.aquitainealternatives.org

� CREAQ

Centre Régional d'Ecoénergétique d'Aquitaine5 rue de Tauzia - 33800 BORDEAUX

Tél-Fax. 05.57.95.97.04Email : [email protected] : www.creaq.org

� CISTUDE NATURE

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� OCEAN'OBS

Maison de la Nature et de l'Environnement3 rue de Tauzia - 33800 BORDEAUX

Tél. 06.52.20.83.39Email : [email protected] : www.oceanobs.fr

ASSOCIATIONSASSOCIATIONS

AFFILIÉESAFFILIÉES

Ses associations encouragent les citoyens à s'engager à travers des actionssimples, comme s'abonner à un distributeur d'énergies 100 % renouvelablesouprivilégierlebio.Untravaildelonguehaleinepourlanatureet l'environne-

ment, mené depuis bientôt cinquante ans, parfois méconnu du grand public.

Répondant à l'invitation de FNE, Frédéric Denhez, journaliste spécialistedes questions d'environnement, complice de Denis Cheissoux (CO2 monamour, sur France Inter) et auteur de Cessons de ruiner notre sol ! (Flam-marion, 2014), a échangé avec les bénévoles et salariés de France Nature En-vironnement. De cette collaboration est né un livre, S'engager pour un mon-de meilleur, dans lequel Frédéric Denhez raconte sa rencontre avec FNE, sescombats, ses militants, autour de dix propositions phares et de mesures prio-ritaires à mettre en œuvre dès aujourd'hui par le citoyen et par l'Etat. JeanJouzel, glaciologue et ancien vice-président du GIEC, en signe la préface.

En dix chapitres, S'engager pour un monde meilleur dresse le portrait d'unesociété en paix avec son environnement. Après la COP 21 et alors que les pro-chaines élections présidentielles s'annoncent, il est grand temps, pour tout un cha-

cun, citoyen, acteur de terrain, élu, de s'engager àson échelle et de faire enfin bouger les lignes. �

S'engager pour un monde meilleur

Jour après jour, le mouvement France Nature Environnementinterpelle les décideurs et mobilise la société civile sur desquestions cruciales telles que l'énergie, le changement clima-tique, la protection de la biodiversité, la santé, l'alimentation,les risques industriels, la qualité de l'air ou des eaux.

Les combats de FNEracontés par Frédéric Denhez

"Ce livre parle de nous, de vous et du chemin que nous proposonsensemble de parcourir, en vue d'un monde meilleur."

Denez L'Hostis, Président de France Nature Environnement

10 propositions à votre portée !

S'engager pour un monde meilleur,10 propositions à votre portée, Frédéric Denhez

Préface de Jean Jouzel, glaciologue et ancienvice-président du GIEC, prix Nobel de la Paix

Postface de Denez L'Hostis, présidentde France Nature Environnement

Ed. Flammarion - 12 eurosEn commandant directement sur www.planetik-fne.com,

2,40 euros sont reversés à France Nature Environnement

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Les mesures de polluants (métaux lourds,PCB, HAP...) ont été réalisées, pour les plus récentes, en 2013,avec une petite benne de 1,5 litre ou sur des déblais de dra-gage. En raison des activités portuaires présentes et ancien-nes (usines d'engrais chimiques, raffineries, aciérie, stockagede produits chimiques, station d'épuration de Tarnos), il estdouteux que les sédiments portuaires soient “propres” (CCIBPB / Artelia, 2014). A notre avis, la pollution des sédimentsest sous-estimée à cause d'une procédure d'échantillonnageincorrecte et non actualisée. Incorrecte, car les échantillons au-raient dû être prélevés à l'aide d'un carottier pour localiser avecprécision les polluants. Non actualisée, car les mesures de2014 et 2015 sont absentes. Les dragages des zones les pluspolluées devraient être confinés afin que les vases remises ensuspension ne soient pas une source de répulsion supplé-mentaire vis-à-vis des poissons migrateurs (saumons, an-guilles, aloses, lamproies). L'Agence Régionale de Santé(ARS) recommande, pour préserver la qualité des eaux de bai-gnade, l'arrêt des dragages et des clapages entre le 15 mai etle 30 septembre. En effet, les particules argileuses sont sou-vent associées à une pollution bactérienne, due très proba-

Le projet de dragage du port de Bayonne a été soumis à enquête publique du 22 février au 22 mars2016. Le volume de sédiments dragués serait au maximum de 1.025.000 m3 par an, pendant dixans. Il est prévu de draguer annuellement 500.000m3 à l'entrée du port et 525.000 m3 dans les

chenaux internes de l'Adour pour lecompte de la Chambre de Commerceet d'Industrie de Bayonne PaysBasque (CCI BPB). Les sédiments se-raient essentiellement clapés en mer,d'une part au large, à 4 km à l'ouestde l'embouchure de l'Adour et,d'autre part, le long de la plaged'Anglet (figure 1). Le projet concer-ne trois sites Natura 2000. Les argu-ments avancés par la CCI BPB sont,pour le transport maritime, des'aligner sur ses concurrents, de ren-tabiliser la drague achetée en 2013et de lutter contre l'érosion de laplage d'Anglet.

Le projet de dragagedu port de Bayonne

blement à un dysfonctionnement des stations d'épuration. LaCCI BPB refuse cette contrainte. Ces travaux de dragage vontdégrader encore un peu plus la qualité des eaux, ce qui estcontraire à l'objectif du SDAGE Adour-Garonne. Les eaux del'Adour, par vent dominant, peuvent atteindre en moins de troisheures les plages de Biarritz, situées à proximité immédiated'Anglet, comme le montrent les nombreuses images satelliteet les mesures océanographiques (figures 2, 3 et 4).

FIGURE 1

Zones de dragage et de clapage du projet de la CCI Bayonne Pays Basque (extrait de l'étude d'impact)

DRAGAGES ET POLLUTIONDES VASES PORTUAIRES

LES CLAPAGES

Deux zones de clapage sont envisagées, l'une à 4 km en-viron de l'embouchure, pour les sédiments vaseux et sablo-vaseux, et l'autre le long de la plage d'Anglet pour les sé-diments sableux. L'autorité environnementale (AE/DREAL)regrette qu'une solution alternative “traitement des sédi-ments dragués à terre” ne soit pas retenue alors que l'Adourest un axe prioritaire pour la circulation des poissons mi-grateurs. Cette alternative n'a même pas fait l'objet d'une

Jean-Marie FROIDEFOND,Représentant SEPANSO

au Conseil Maritime deFaçade Sud-Atlantique

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étude de faisabilité, ce qui est ahuris-sant. Notons aussi l'absence d'étude d'impact surles zones de clapage en mer (AE/DREAL, des-truction par colmatage de la faune benthique).

Ces clapages iront à l'encontre de la directive eu-ropéenne DCSMM mise en œuvre par la France,directive qui lui fait un devoir de préserver le bonétat écologique des fonds et des eaux marines etlittorales. La zone de clapage des vases sur desfonds de - 25 m environ, à 4 km de l'embouchure,va être soumise aux fortes houles et par consé-quent les sédiments fins seront entraînés vers lesplages d'Anglet et de Biarritz. Ils impacteront ainsiles sites Natura 2000.

D'après les mesures réalisées au cours des mis-sions océanographiques Batel (2008-2009) et àl'aide de nombreuses données spatiales (Froide-fond, Petus, 2009), l'aire d'influence de la plu-me turbide de l'Adour est très sous-estiméedans la demande d'autorisation. Elle peuts'étendre au moins jusqu'à Hendaye au sud(figure 4) et jusqu'à Contis au nord (figure 3),en période de forts débits fluviaux.

En ce qui concerne les clapages de sable lelong du littoral d'Anglet, l'effet positif n'est pasvraiment démontré. Un réensablement de laplage serait peut-être plus approprié.

- Nouvelle autorisation des travaux de dragage d'entretien et d'immersion du port de Bayonne. CCI/Artelia. Réf. 87133311. Décembre 2014. 750 p.- Demande d'autorisation pour les travaux d'entretien du port de Bayonne, commune de Bayonne (64). Avis de l'autorité administrative de l'Etat

(AE/DREAL). 30 décembre 2015. Avis 2015-116. 6 p.- Réponse de la CCI Bayonne Pays Basque à la Préfecture de Région. 3 février 2016. 6 p.- Qualité des eaux côtières du sud du Golfe de Gascogne par télédétection spatiale. Thèse de doctorat en physique de l'environnement par C. Petus (Uni-

versité Bordeaux 1). 2009. N° 3943. 409 p.- Spadyn. Détection des fronts turbides. Programme Tosca/CNES sous la direction de J.M. Froidefond. 2010. 26 p.- Rapport d'enquête et conclusions du commissaire enquêteur relative au renouvellement du dragage d'entretien du port de Bayonne, par Esmeralda To-

nicello. Mai 2016. 68 p.

Références

FIGURE 2

Plume turbide de l'Adour Mission océanographique Batel-1 (juin 2007)

CONCLUSION

Cette demande de dragage et de clapage nesemble pas tenir compte de l'environnement etdes populations (recommandations de l'ARS etde l'AE/DREAL). Pour les poissons migrateurs,le projet est pire que les demandes précédentesà cause d'une drague que la CCI veut utiliser tou-te l'année pour une question de rentabilité. Ceprojet va à l'encontre des objectifs du SDAGE etde la DCSMM. Il risque d'avoir un impact négatif

sur le tourisme balnéaire d'Anglet et de Biarritz. �

Figure 3 : Le 14 mars 2006, la plume turbide s'étend vers le nord en direction de Mimizan.Au sud, entre Bayonne et Biarritz, le front turbide s'est déplacé de 2800 m entre les passagesdes satellites Modis-Terra à 11h20 et Modis-Aqua à 13h00 TU. En jusant, la plume turbidearrive en face du phare de Biarritz en moins de deux heures.Modis-Terra (14 mars 2006, 11h20 TU) © NASA

Figure 4 : Plume turbide mesurée par le satellite Modis-Aqua le 16 mai 2004. Les turbiditésde l'Adour s'étendent des plages de Tarnos jusqu'à Hendaye.Modis-Aqua (16 mai 2004) © NASA

FIGURE 3 FIGURE 4

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Dès lors, pendant 400 ans, il a fallu procéder à des endigue-ments de plus en plus rallongés et chercher à resserrer le fleu-ve entre les deux rives en repoussant l'envahissement latéraldes sables, le but étant de concentrer l'effet de chasse d'eauproduit par le jusant. Mais chaque fois qu'on allonge les di-gues, la barre se recule d'autant, et elle est toujours là !

En 1892, une nouvelle période s'ouvre pour le port de Bayon-ne avec l'implantation des premières industries, les Forges del'Adour à Boucau suivies de près par les usines d'engrais chi-miques de Saint-Gobain. Dès lors, pour permettre le passage

des bateaux de gros tonnage, les campagnes de dra-gage régulières démarrent pour “casser” le banc de sa-ble qui se forme à l'embouchure. La CCI, gestionnai-re du port de Bayonne depuis 1887, achète en 1895deux dragues : le Bayonne I et le Bayonne II. Dès1904, alors qu'une campagne record de dragage a été

réalisée avec 900.000 m3 de sédiments dragués, lesservices hydrographiques relèvent pour la première fois le re-cul du trait de côte à Anglet. En janvier 1924, une tempête ex-ceptionnelle emporte les tribunes de l'hippodrome de la Barre.Les volumes de dragage tombent à 300.000 m3 par an.

A partir de 1945, les campagnes de dragage sont menées avecplus d'efficacité. En 1961, 620.000 m3 de sédiments sont dra-gués : le mur de soutien de la Chambre d'Amour connaît sespremières dégradations. Pour stopper la création du banc de

Suite aux travaux dirigés par Louis de Foix, l'Adour a été canalisé à Bayonne en 1578. Mais cecadeau aux Bayonnais se révélera coûteux car, à la nouvelle embouchure au droit du Boucau, ily a l'Océan Atlantique... et il y a le sable ! Le fleuve a d'abord dérivé à l'intérieur de son nou-

vel estuaire, vers le sud de la côte d'Anglet, pour former près de la Chambre d'Amour plusieurspasses sinueuses. Puis, un maudit banc de sable est très rapidement apparu, véritable haut-fond enplein travers de l'estuaire lui-même : la "barre de l'Adour".

Port artificiel de Bayonne

Entre 1578 et 1892, un phénomène inat-tendu fut constaté par les observateursscientifiques et ingénieurs de l'époque. Lelittoral angloy, situé à la fin de la dérive litto-rale aquitaine, se présente comme un vraiparadoxe méridional. Alors que toute la côte aquitaine est en-trée en érosion il y a environ 2.000 ans, les plages d'Anglet ont,quant à elles, gagné sur l'océan de 2 à 4 mètres par an. Cetengraissement providentiel apporté par les sédiments charriéspar l'Adour a contribué à l'avancée des terres, de près de 1.000mètres au niveau de la Barre et au minimum de 300 mètres àla Chambre d'Amour. A tel point que des vignes ont été plan-tées en bordure de littoral et qu'une route pour les charrettes etcarrosses a été aménagée dans le courant du XIXème siècle.L'hippodrome de la barre estconstruit, quant à lui, dos à la meren 1872. Cette dérive nord-suddes bancs de sable aurait égale-ment contribué à renflouer les pla-ges de Biarritz. La grande plage agagné 80 mètres au XIXème siècle.Pour certains observateurs, cetengraissement aurait égalementpermis de freiner l'érosion des fa-laises de cette partie de la côte, fa-laises qui au niveau de la Cham-bre d'Amour étaient balayées parles flots en 1800 avant que la merne se retire.

LE PARADOXE D'ANGLET

L'AVÈNEMENT DE L'ÈRE INDUSTRIELLEET LE RETOUR DE L'ÉROSION

VOIR CARTESEN DOS DECOUVERTURE

Le port de Bayonne Photo Gadjo_Niglo

Peut-on vraiment dominer la nature ?

Commission Eau & Industrie duCADE (Collectif des Associations

de Défense de l'EnvironnementPays Basque-Sud des Landes)

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sable à l'embouchure, après trois ans de tra-vaux, la digue de Boucau est livrée en 1965. C'est une nouvellesurprise pour les ingénieurs : l'ensablement à l'embouchure estdeux fois plus rapide qu'auparavant. En 1966, après avoir dra-gué 715.000 m3, le mur de soutien de la Chambre d'Amours'effondre. Dans les années 1970, le littoral d'Anglet est forte-ment soumis à l'érosion. Pour ralentir ce phénomène et le stop-per, de lourds travaux d'enrochement et d'endiguement sontmenés. A la même période, les plages sont engraissées par dusable grossier et de la madrague et les clapages côtiers dé-marrent. Mais, au début des années 2000, suite à des étudesde plusieurs experts locaux, le bilan tombe : les petits fonds de-vant les plages angloys s'effondrent à nouveau.

L'énumération de ces faits et de ces investissements ha-sardeux et destructeurs pour l'environnement, témoignantde peu de respect pour la vie des hommes et les deniersdes contribuables, pourrait être poursuivie à l'infini. A-t-ontiré des enseignements de ces gestions successives ?

d'activité, assurer la rente : les clapages pour le maintien dutrait de côte tombent à pic (!), ce sont les collectivités qui paient.C'est le retour sur investissement de l'achat de la drague quiest le maître-mot.

Chaque dragage et chaque clapage bouleversent les écosys-tèmes, par remue-ménage, déplacements et essorage. Ils aug-mentent la turbidité, diminuent la lumière du fond, altèrent laqualité de l'eau et ne laissent aucune chance aux espèces ben-thiques et démersales. Aberration des décideurs ! En amont dufleuve, d'importants engagements financiers sont pris pour despasses à poissons alors qu'à l'embouchure on va sérieusementbrouiller les pistes. Le demandeur n'envisage que deux mois,juillet et août, d'interruption totale des dragages et clapages. Ci-velles, saumons vont-ils devoir apprendre à voler ?

La CCI fait le choix de claper en mer tous les sédimentsqu'elle aura récolté, vases douteuses incluses. Son ambi-tion concernant le trait de côte est de retrouver un stock sé-dimentaire comparable à celui des années 1990 !

Le port de Bayonne est un port artificiel : ses gestionnairesn'ont pas d'autre choix que de draguer l'Adour afin d'assurerle passage des bateaux de gros tonnage et poursuivre son dé-veloppement économique. La volonté de la CCI d'augmenterles volumes de sédiments dragués et d'accroître les périodesde dragage au détriment des écosystèmes et la volonté descollectivités qui soutiennent le projet entraînent une situationparadoxale et antinomique. Il semble en effet difficile de conci-lier activité touristique et activité industrielle, de surcroît dansun estuaire créé par l'action de l'homme. De plus, l'histoire desdragages sur le port de Bayonne révèle que, dès que la quan-tité des volumes dragués dépasse des records, l'érosions'accélère sur Anglet et ceci même lorsque le sable est clapévers les plages. Augmenter les volumes d'extraction et les pé-riodes de dragage contribuera à accélérer l'érosion des plageset renforcera un peu plus l'impact négatif du port surl'environnement en détériorant une nouvelle fois l'état écolo-

gique du fleuve et la qualité des eaux littorales. �

POMPER PLUS

Aujourd'hui, la CCI dans sa nouvelle “demande d'autorisationde travaux d'entretien du port de Bayonne” entend modifier àla hausse les volumes de sédiments dragués et la fréquencedes opérations. En 2013, l'achat d'une drague avait, selon laCCI, pour objectifs de diminuer les coûts de la sous-traitance,d'améliorer le désensablement du port, permettant ainsi à desbateaux de 20.000 tonnes d'accoster plus en amont del'estuaire, et de sauvegarder les plages d'Anglet, alors que lacorrélation entre le volume des sédiments dragués et le reculdu trait de côte semble aujourd'hui démontrée ! Déjà, àl'époque, le CADE du Pays Basque et du Sud des Landes (Col-lectif des Associations de l'Environnement) s'inquiétait de cettefrénésie à vouloir draguer le fleuve, comparant les tenants dela méthode aux shadocks... Les gestionnaires du port et leurscommanditaires ont une logique d'exploitants. Quel que soit leprix à payer, ils pensent engraphiques, trafic, tonnage,compétitivité, politique del'offre. Même pour la “filièreconteneur”, tout doit mon-ter ! Peu importe la naturedu fleuve et du port, ils vontcreuser en long, large etprofondeur, et sans fin,puisqu'il semble que les sé-diments rejetés en mer nerestent pas en place. Peuimportent les dégâts envi-ronnementaux avérés et àvenir, il faut justifier le bilan La nouvelle drague du Port de Bayonne, le navire "Hondarra" Photo Gadjo_Niglo

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SUD-OUEST NATURE - REVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 171

13juridique

Actions juridiques Béatrice LELOUP,Stagiaire Master 2

Droit de l'environnement

Pollution ThisseasUn navire grec, le Thisseas, a été re-

péré au sud-ouest de la pointe de Pen-marc'h le 24 février dernier par un avionde surveillance maritime de la Marine na-tionale avec dans son sillage une pollu-tion de 42 km de long et 50 mètres de lar-ge. Le vraquier, parti de Saint-Péters-bourg en vue de rejoindre la Chine, a étédérouté vers Brest.

L'enquête menée à bord par la gen-darmerie maritime n'a pas permis de met-tre en évidence un quelconque dysfonc-tionnement pouvant expliquer une pollu-tion involontaire. Le capitaine etl'équipage ont également assuré n'avoirrien constaté ni remarqué d'anormal. En-fin, l'enquête a mis en évidence le fait queles rejets ont manifestement cessé peuaprès le passage de l'avion. Autantd'éléments qui renforcent l'hypothèse dedépart, qui était celle d'un rejet volontai-re d'eaux polluées dans la mer.

Le navire a ensuite été libéré, le lundi30 mai, et a repris sa route vers la Chineaprès le paiement par son armateur Las-caridis Shipping d'une caution de 500.000euros. Cette caution est en fait une garan-tie de paiement de l'amende en cas decondamnation ; le capitaine et l'armateursont en effet accusés du chef de pollutionvolontaire en ZEE par un navire de plusde 400 tonneaux. Ils se sont ainsi vus no-tifier une convocation pour comparaitredevant le Tribunal correctionnel de Brestle 3 novembre prochain et encourent jus-qu'à 15 millions d'euros d'amende.

Comme elle le fait depuis dix ans àl'instigation de Pierre Delacroix, son Pré-sident de l'époque, la SEPANSO se cons-tituera partie civile devant le Tribunal deBrest. En effet, par l'effet du Gulf Streamet de la dérive nord-atlantique, les pollu-tions situées au sud de la pointe de Pen-marc'h dérivent vers la côte aquitaine.

Depuis que l'Etat a décidé de sévir

contre ce type d'infractions, leur fré-quence a considérablement baissépour passer d'une affaire par mois àune par an ; l'inscription au Lloyd'sRegister of Shipping qu'ordonne lejuge en plus des sanctions classiquesrebute en effet les assureurs à couvrirdes compagnies polluantes, ce qui aun effet indéniablement dissuasif.

Il s'agit là d'une justice spécialiséeque l'on pourrait qualifier de "justice deluxe" compte tenu du coût et des moyensdéployés (avion des douanes, experts,navires de la marine nationale, travaild'enquête et procédures lourdes avec ap-pel et cassation...). On constate cepen-dant que cela fonctionne et que le droitpénal est un des bras armés de la défen-se de l'environnement. Il faut égalementse féliciter et louer l'investissement del'Etat dans ce type de dossier.

Les mauvais esprits diront que main-tenant que les capitaines ne dégazentplus dans nos eaux, ils le font ailleurs...

Affaire LacroixLe Tribunal de commerce de Li-

bourne a désigné la Fédération SEPAN-SO Gironde en qualité de contrôleur dela procédure de redressement judiciairede la société Lacroix par une ordonnan-ce du 29 janvier 2016, répondant ainsifavorablement à la requête déposée parla Fédération. Cette qualité lui confèrepour mission d'assister le mandatairedans ses fonctions et le juge commissai-re dans sa mission de surveillance del'administration de l'entreprise, confor-mément au Code du commerce.

Rappelons que l'affaire a été initiée auplan pénal, puisque la société, qui ex-ploite une installation classée pour la pro-tection de l'environnement dans le do-maine du commerce de matériaux, pneu-matiques et véhicules hors d'usage, ainsique son gérant M. Lacroix, avaient été ju-

gés coupables de plusieurs infractions denature environnementale par le Tribunalcorrectionnel de Libourne en décembre2015, sur plainte de la SEPANSO.

Outre des dépôts sauvages de fluides,de pneus et autres saletés, l'enquête de lagendarmerie et de l'ONEMA avait révé-lé des constructions illégales en zone hu-mide et inondable.

La société avait été autorisée en févrierdernier à poursuivre son activité, mais auregard de ses difficultés financières per-sistantes, l'administrateur judiciaire avaitdéposé une requête en vue de convertir laprocédure de redressement en procédurede liquidation ; le tribunal a néanmoins dé-cidé en avril de fixer un report pour per-mettre de statuer sur l'adoption d'un éven-tuel plan de cession de l'entreprise ou, eneffet, sur sa liquidation.

Ce report à la demande de la SEPAN-SO et du Parquet de Libourne a permisd'imposer au repreneur une contributionfinancière supplémentaire de 600.000 eu-ros en vue de la dépollution du site.

Par contre, le Tribunal correctionnelde Libourne n'a pas apprécié que la so-ciété Lacroix dépose le bilan et ne procè-de pas elle-même à la dépollution. Mon-sieur Lacroix a en effet été condamné àdeux ans de prison ferme avec mandatd'amener... Il a fait appel et la SEPANSOsera présente à l'audience devant la Courd'appel de Bordeaux.

C'est la première fois que la SEPAN-SO se présente devant le Tribunal de com-merce, surtout dans une procédure defaillite, mais certainement pas la dernière.

On notera l'action efficace du Parquetde Libourne dans un dossier à plusieursfacettes, relativement complexe.

Le travail de collaboration de la SE-PANSO avec les parquets du Sud-Ouest,par l'intermédiaire de son avocat MaîtreRuffié, du barreau de Libourne, porte pe-tit à petit ses fruits... �

Du classique et du nouveau...

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juridique14

SUD-OUEST NATURE - REVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 171

Schéma Régional de Cohérence Ecologique Il nous a semblé intéres-sant de publier dans cespages le courrier qu'An-dré Etchelecou, au mo-

ment de quitter la prési-dence du Conseil scienti-

fique du Parc national desPyrénées, a adressé à

l'ensemble de ses collè-gues. Son analyse de

l'évolution des missionsdu Parc et ses recom-

mandations pour l'avenirdoivent nous éclairer.

André Etchelecou, uni-versitaire, sociologue,

géographe, s'est impliquédans de nombreuses pro-blématiques de défense

de la nature pyrénéenne :site de l'Oule, ours,

transit routier en Aspe,classement du Mont Per-du, etc... Il n'hésita pas àpasser un troisième doc-torat, cette fois en droitde l'environnement, pourmieux défendre la mon-

tagne. Il est expert àl'Union internationale

pour la conservation de lanature (UICN). Il a été

Président du Conseilscientifique du Parc na-

tional des Pyrénées etPrésident de la Commis-

sion nationale de protec-tion de la montagne au

Club Alpin Français.A l'heure où, par exem-

ple, les avis du Conseilscientifique du Parc ne

sont pas disponibles, où lanouvelle loi sur les Parcsplace à égalité les objec-tifs touristiques et natu-

ralistes pour un mêmeespace, André Etchelecou

nous alerte. L'avalanched'objectifs disparates et

contradictoires du Parcnational des Pyrénées est

pour nous, SEPANSO,une régression. Il y a 37

objectifs dans la nouvellecharte, mais pas un surl'ours. L'accent est mis

sur le sensationnel, lebouquetin avec collier

émetteur, plus que surl'essentiel : protéger ces

espaces de l'acca-pare-ment mercantile.

Michel RODES

Le Schéma Régional de Cohérence Ecolo-gique (SRCE) de la région Aquitaine a étédéfinitivement adopté par un arrêté préfec-

toral le 24 décembre 2015(*). Ce document de pla-nification a pour objectif principal la mise en œu-vre de la Trame verte et bleue (TVB) dans la ré-gion, conformément au code de l'environnement,soit d'imposer un aménagement du territoire quine compromette pas la capacité des espèces à cir-culer, s'alimenter, se reproduire, se reposer... et quiconserve donc ce que l'on appelle des continuitésécologiques.

Alors que l'une des plus grandesmenaces qui pèse sur l'environ-nement et notamment surces continuités écolo-giques est le bétonna-ge et l'implantationde grands projetsdestructeurs dontla nécessité estsouvent douteu-se, et que le con-texte actuel de larégion s'inscritpleinement dans cetétat de fait, la mise enœuvre du SRCE per-mettra-t-elle de mettre unfrein à ces destructions ?

Pour rappel, le SRCE a été instaurépar la loi Grenelle II en 2010 en tant que docu-ment principal de mise en œuvre de la Trameverte et bleue, cette démarche de restauration etde protection des continuités écologiques terres-tres et aquatiques. Sa portée stratégique se com-prend à la lecture de l'article L. 371-3 du codede l'environnement qui impose au SRCE deprendre en compte les Trames vertes et bleuesainsi que les SDAGE (Schémas Directeursd'Aménagement et de Gestion des Eaux). De lamême façon, le SRCE doit être pris en comptepar les collectivités lorsqu'elles élaborent leurs

documents de planification comme les PLU.

La “prise en compte” renvoie au niveaud'opposabilité le moins contraignant pour lesdocuments de planification puisqu'elle imposeseulement aux documents de rang inférieur dene pas remettre en cause les orientations géné-rales définies par la norme immédiatement su-périeure. En outre, ce rapport permet au docu-ment de rang inférieur d'y déroger si un motifd'intérêt général le justifie.

Concrètement, le SRCE Aquitaine doit doncen principe être pris en compte par des

projets comme celui des LGVGPSO ; cependant, lorsque

celui-ci a été soumis àenquête publique, en

2014, le documentn'avait pas encoreété approuvé. Ledossier avaitnéanmoins prisen compte lesTVB alors iden-

tifiées et que leSRCE actuel est

chargé de mettre enœuvre. Les enjeux re-

latifs aux continuitésécologiques ont ainsi a

priori été pris en compte.

En tout cas, pour de futurs projets, le SRCEpourra avoir un certain poids auprès du juge ad-ministratif qui peut s'appuyer dessus lorsqu'il aà se prononcer sur les erreurs manifestesd'appréciation des auteurs de documentsd'urbanisme, et sur les projets privés dont lesétudes d'impact doivent prendre en considéra-tion les continuités écologiques.

Pauline BERTHEAU et Béatrice LELOUP,Stagiaires Master 2 Droit de l'environnement

Recom

Quelle portée juridique ?

(*) www.aquitaine.developpement-durable.gouv.fr/adoption-du-schema-regional-de-coherence-a2088.html

PhotoColette

GOUANELLE

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SUD-OUEST NATURE - REVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 171

15Pyrénées

Mes chers collègues, Monsieur le Directeur,

Après 35 ans de participation au Comité puis Conseil Scientifique du Parc national des Pyrénées que j'ai présidé pendant onzeannées, il est temps d'assurer mon remplacement pour une personne plus en phase avec les orientations actuelles.

Je remercie Bernard Glass, directeur du Parc, qui m'invita, dès 1980, à participer non seulement au Comité Scientifique mais,au titre du Club Alpin Français, à être membre du Conseil d'administration, de la Commission permanente, de la Commissiond'indemnisation des dégâts des ours.

Je rends hommage à mes prédécesseurs qui ont assumé avec beaucoup de hauteur de vue les délicates missions dePrésident du Comité scientifique pour des Avis, des Voeux, des prises de position qui honorent le Comité scientifique : MichelClin, Claude Dendaletche.

La responsabilité des scientifiques est primordiale pour assurer la protection des milieux, des espèces animales et végéta-les, des paysages, et du patrimoine culturel, en tenant compte d'une solidarité écologique entre le coeur du parc et l'aired'adhésion. La tâche est très difficile.

Depuis 1980, le coeur du parc a été soumis à de nombreuses demandes d'activités et d'aménagements liées à des routes, à des pis-tes, au ski, à l'énergie, aux forêts, au pastoralisme, à la faune... Le Comité scientifique a toujours analysé avec discernement les deman-des, souvent suggéré des solutions plus acceptables avec les objectifs d'un coeur de parc, parfois donné avec autorité des conclusionsdéfavorables. Je souligne la grande compétence disciplinaire et l'excellent travail réalisé par tous les collègues dans l'ingrate mission quifut la nôtre pour les Avis à donner : état des lieux, analyse des incidences, conclusions. Dans tous les cas, les apports disciplinaires ontpermis des synthèses rigoureuses qui ne furent pas toujours faciles à faire admettre en Conseil d'administration, mais qui permettaientde respecter au mieux l'objectif premier de préserver le patrimoine du coeur de parc.

Aujourd'hui, les Avis à donner du Conseil scientifique sont plus nombreux, avec un caractère souvent plus technique. Troiséléments de nature juridique compliquent la démarche des Conseillers scientifiques : la carte des enjeux dans le coeur du parcavec des secteurs où se superposent vocation agro-pastorale, vocation forestière, vocation touristique, enjeux paysager et éco-logique ; le maintien de l'exploitation forestière ; l'absence de politique pastorale spécifique au coeur du parc.

Le Conseil scientifique n'étant ni un simple comité technique, ni un comité de gestion, les analyses et donc les Avis duConseil scientifique doivent continuer de respecter quelques principes pour tout ce qui a trait au coeur du parc : c'est un terri-toire d'exception ; il importe de minimiser les effets négatifs de l'action de l'Homme sur le milieu naturel avec, en particulier, ladéfense d'une protection maximale des espaces naturels pas ou peu aménagés ; il convient de préconiser la solution la moinspénalisante pour le milieu naturel lorsqu'il y a plusieurs solutions possibles.

Le Conseil scientifique est habité par une obligation de neutralité et d'indépendance vis-à-vis de toute forme de pression. Ilassure ainsi la mission première donnée aux parcs nationaux : "assurer la protection (des espaces du parc national présentantun intérêt spécial) en les préservant des dégradations et des atteintes susceptibles d'en altérer la diversité, la composition,l'aspect et l'évolution" (art. L. 331-1 du Code de l'Environnement).

Tous les progrès dans la Connaissance des milieux naturels du parc, des caractéristiques culturelles du parc, sont essentielset souhaitables. Sans doute faut-il poser des limites à des actions et à des technologies qui peuvent conduire à des modifica-tions comportementales des animaux, l'objectif étant l'état sauvage de la faune dans le parc. Sans doute faut-il veiller à ce quele parc national prenne les mesures pour mettre en oeuvre la solidarité écologique avec le coeur du parc pour toutes les com-munes faisant partie ou ayant vocation à faire partie de l'aire d'adhésion du parc national. Les Avis de l'établissement publicparc national dans l'élaboration des plans d'urbanisme sont un levier essentiel.

Il est nécessaire qu'une veille de la qualité de l'air, de l'eau, du sol soit menée, avec un bilan géographique des polluantsémis tant hors du parc que dans le parc : tout particulièrement O3, NOx, POP, COV, HAP, métaux, particules ; avec une analysedes concentrations de ces polluants sur la faune et la flore ; avec un suivi des effets de ces polluants sur les dynamiques des dif-férents écosystèmes.

Il est nécessaire que les analyses du Conseil scientifique pour des Avis à donner contiennent un bilan comparé des émis-sions de gaz à effet de serre et des polluants lorsque plusieurs solutions sont possibles pour répondre à l'objectif visé par unedemande d'Avis.

Je salue tous les collègues qui acceptent d'oeuvrer bénévolement au sein du Conseil scientifique pour une mission qui res-tera toujours extrêmement délicate à assumer. Ils continueront de partager et de faire progresser la Connaissance avec nos col-lègues espagnols, ce partage de compétences qui reste toujours extrêmement fructueux, bénéfique, et qui magnifie les espa-ces protégés des deux versants des Pyrénées.

Le maintien d'un parc national de qualité, le plus naturel possible, restera toujours source de richesses et d'émerveillement.Bien cordialement.

André ETCHELECOUEysus, le 16 mars 2016

mmandations de l'ancien Président du Conseil scientifique du Parc National des Pyrénées

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Protection16

SUD-OUEST NATURE - REVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 171

La protection de la forêt aquitainePhilippe BARBEDIENNE,Directeur Fédération SEPANSO

feu en Gironde et130.000 ha dé-truits sur l'ensem-

ble du massif.

Actuellement,malgré la mise en pla-

ce de moyens de préven-tion et de lutte qui ont large-

ment montré leur efficacité, lerisque “feu de forêt” demeure un

risque majeur pour le massif, comptetenu de la fréquentation humaine accrueen forêt et des évolutions climatiquesqui risquent d'augmenter la fréquence etla gravité des périodes de sécheresse.

POINTS FORTS DUMASSIF DES LANDESDE GASCOGNE FACE

AU RISQUE INCENDIE

� Pas ou peu de relief.

� Assez peu de vent.

� Possibilité d'user de moyens aé-riens (pistes aéroportuaires, plansd'eau accessibles aux Canadairs).

� Longue expérience de la lutte contreles feux de forêt :

- Corps de pompiers forestiers pro-fessionnels (désormais intégré auSDIS) avec bonne répartition terri-toriale des centres de secours.

- Tours de guet efficaces et bien ré-parties.

- Syndicats de DFCI aguerris.

- Maillage cohérent de pistes DFCI etdes voies d'accès pour les secours.

- Répartition de nombreux pointsd'eau (réserves artificielles oupoints d'eau naturels aménagés) surl'ensemble du massif.

- Pare-feu.

- Connaissance du risque dans les po-pulations rurales (sauf néoruraux).

POINTS FAIBLES OUFACTEURS DE RISQUE

� Conditions météo estivales avec ora-ges et impacts de foudre fréquents(risque de départ de feu immédiat oudifféré avec feu couvant dans la ter-re végétale).

� Sol de la lande humide peu porteurpour les engins de lutte contre lesfeux de forêt en fin d'hiver (février-mars), avant le reverdissement dela végétation de surface.

� Urbanisation croissante avec interfa-ces plus importantes entre forêt etzones à forte fréquentation humaine.

� Nombreux axes de pénétration (ré-seau routier et pistes d'exploitationutilisées par des véhicules à moteur).

� Habitat traditionnel dispersé avecnécessité de défendre les habitationsisolées en cas d'incendie.

� Modification des pratiques forestiè-res avec présence d'engins à moteurthermique (tronçonneuses, abatteu-ses, débroussailleuses, tracteurs,etc.) toute l'année en forêt, y com-

Le massif forestier des Landes de Gascogne, es-sentiellement basé sur la sylviculture du pin ma-ritime (Pinus pinaster), a été confronté aurisque "feu de forêt" avant même son exten-sion, consécutive au vote de la loi de 1857.

contre les incendies

J usqu'au milieu du 19ème siècle, lesincendies étaient assez fréquentset provenaient le plus souvent

d'écobuages pastoraux. Même s'ilstouchaient parfois des boisements,leur champ d'action se limitait plutôtaux landes non boisées. Après lesgrands reboisements en pins de la pé-riode 1850-1880, l'importance des si-nistres s'est aggravée, notamment lesannées de grande sécheresse telles que1871, 1893 (47.000 ha), 1922 et 1937(41.000 ha).

Loin de constituer un répit, la pé-riode de la guerre de 1935-1945 a vus'ajouter, aux risques naturels, desrisques liés aux hostilités. De 1942 à1945, 1.788 incendies ont détruit306.000 ha de forêt.

Malgré l'ordonnance du 28 avril1945 relative à l'aménagement des Lan-des de Gascogne puis le décret du 25mars 1947, qui a créé dans chacun destrois départements intéressés (Gironde,Landes et Lot-et-Garonne) un corps depompiers forestiers professionnels,l'année 1949, marquée par une extrêmesécheresse, fut la pire de l'histoire récen-te du massif avec 82 morts victimes du

Photo Mathieu REVEILLAS

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17protection

SUD-OUEST NATURE - REVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 171

pris pendant les mois à risques.

� Coupure par les infrastructures detransport (autoroutes A63 et A65,voies ferrées).

� Présence d'un réseau de fossés dedrainage parfois infranchissables.

� Monoculture d'une essence résineuse(ou deux si on prend en compte le pinà l'encens, Pinus tæda, d'introductionrécente dans le massif).

AUTRESPARTICULARITÉS

Pistes DFCIÀ noter que l'ouverture et l'entretien

des pistes DFCI, qui présente un avan-tage indéniable pour l'accès des secourset pour l'exploitation forestière, pré-sente aussi l'inconvénient de faciliter lapénétration humaine qui aggrave lerisque de départ de feu ainsi que celuid'atteintes diverses à l'environnement(décharges sauvages dans les bois, dé-rangement de la faune, introductiond'espèces végétales invasives, etc.).

Certains travaux effectués pour laDFCI, pistes et pare-feu, ont parfoistendance à s'affranchir des règles en-vironnementales (loi sur l'eau, loi surla protection de la nature) au prétexteque la prévention incendie est d'intérêtgénéral. Des efforts restent à faire enmatière de respect des règles.

Fossés de drainageAlors que, jusque vers les années

1960, les fossés de drainage étaientcreusés à la main et ne faisaient que ré-pondre aux besoins d'assécher certai-nes landes humides pour les rendreplus favorables à la croissance despins, depuis les années 1960, est appa-ru l'usage de pelles mécaniques pourcreuser ou curer ces fossés. Au fur et àmesure que ce type de matériel a ga-gné en puissance, il est apparu que,bien des fois, la taille et la largeur desfossés n'étaient plus fonction des né-cessités de drainage, mais plutôt de la

puissance des pelles mécaniques et dela taille de leur godet. C'est ainsiqu'en certains secteurs du massif, lalande est traversée par des fosséslarges de plus d'1 m et parfois pro-fonds de plus d'1,5 m et qui, en de-hors des passages busés aménagés,sont autant d'obstacles infranchis-sables pour les engins terrestres delutte contre les feux de forêt.

À noter que certains de ces fossésétaient, à l'origine, des cours d'eau na-turels qui ont été redressés et recali-brés mais qui, au regard de la loi n°2006-1772 du 30 décembre 2006 surl'eau et les milieux aquatiques, méri-tent d'être traités comme de véritablescours d'eau et non comme de simplesfossés créés par l'Homme que l'oncure sans précautions.

Utilisation de bandesfeuillues pour réduire

l'intensité des incendiesLes feuillus sont généralement

moins combustibles que les résineuxet réduisent l'intensité du feu. Ils cons-tituent surtout un couvert plus denseque les pins, ce qui limite mieux le dé-veloppement des strates herbacée etarbustive basse, combustibles.

Outre leur impact bénéfique enmatière de risque incendie, les feuillusprésentent un effet sanitaire nettementbénéfique sur les boisements. En effet,en servant d'abris aux oiseaux et in-sectes prédateurs, consommateurs delarves, et aux chauves-souris prédatri-ces de papillons, la présence defeuillus réduit considérablement laprolifération de chenilles procession-naires et améliore la production debois comparativement aux boisementsmonospécifiques stricts, plus fré-quemment défoliés par les attaques dechenilles. De manière générale, la pré-sence de feuillus dans les peuplementsde pins améliore la résilience de la fo-rêt vis-à-vis des attaques de ravageurs.

De telles bandes, quand elles sontdisposées en bordure des axes rou-

tiers, sont à la fois efficaces pour ré-duire l'inflammabilité du sous-bois enbordure de route et pour créer une bar-rière biologique réduisant la proliféra-tion de la processionnaire du pin (quiaffectionne tout particulièrement leslisières des boisements monospéci-fiques de pins). Disposées en lisière,les bandes feuillues contribuent aussià donner un aspect plus naturel à la fo-rêt cultivée, en dissimulant un peu à lavue des passants la monotonie desplantations en lignes.

Bien entendu, mieux vaut privilé-gier les repousses et semis naturels queles plantations de feuillus et mieux pri-vilégier les essences feuillues localesqui ont co-évolué avec les champ-ignons et insectes indigènes, plutôt queles exotiques.

DébroussaillagesLes débroussaillages présentent

l'avantage de réduire la charge calo-rique des parcelles forestières. Les in-cendies y sont moins violents et plusfaciles à combattre. Mais ces dé-broussaillages présentent aussi des in-convénients qui mériteraient d'êtremieux mesurés :

� Lorsqu'ils sont pratiqués régulière-ment, les débroussaillages éliminentles semis naturels et imposent d'avoirrecours à une régénération artificiel-le (bien souvent par plantation), pluscoûteuse et moins résiliente.

� Tout comme les labours, les dé-broussaillages au rouleau landaisou à la charrue à disques déstruc-turent le sol et contribuent au re-largage dans l'atmosphère de quan-tités importantes de carbone stoc-ké dans le sol forestier et dans lavégétation du sous-bois.

� Les machines éradiquent tous lespetits vertébrés terrestres (notam-ment reptiles et amphibiens) desparcelles traitées.

� Les débroussaillages réduisent labiodiversité végétale et favorisentla croissance des espèces invasives.

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18protection

SUD-OUEST NATURE - REVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 171

� Les tracteurs forestiers consomment des combustibles fos-siles et émettent du CO2.

� Pratiqués en période à risque, les travaux de débrous-saillage peuvent aussi causer des départs de feu.

Les débroussaillages et désherbages chimiques, utilisésnotamment sur des landes humides à molinie, polluent lessols et les eaux. Ils visent notamment à éliminer une gra-minée (la molinie) qui est la plante-hôte d'un papillon pro-tégé menacé au niveau européen, le Fadet des laîches.

On ne soulignera jamais assez que la forêt landaiseoccupait déjà un vaste territoire et se régénérait déjà trèsbien avant que le désherbage chimique ne devienneune mode.

Une autre façon de débroussailler : la mise enplace de pastoralisme sur les pare-feu et en forêtest un moyen beaucoup moins défavorable à labiodiversité que les débroussaillages mécaniqueset désherbages chimiques pour réduire les stratesherbacée et arbustive dont l'abondance augmentela charge calorique en cas d'incendie.

CONCLUSION

Si le massif forestier des Landes de Gascogne, doté d'uneorganisation de défense des forêts contre l'incendie efficace,semble relativement préservé face au risque “feu de forêt”, iln'en est pas pour autant totalement à l'abri. Les grands incen-dies qui ont frappé d'autres pays européens au cours des der-nières années (Grèce, Portugal, Espagne...) sont là pour nousle rappeler.

Par certains de ses aspects (travaux forestiers en toutes sai-sons, fossés de drainage infranchissables, monoculture d'uneessence très combustible, multiplication des voies de péné-tration en forêt, etc.), la monoculture intensive du pin mariti-me est un élément aggravant parmi d'autres, mais une forêtplus naturelle ne serait pas non plus à l'abri du risque. En re-vanche, la fragilité et la faible résilience de la forêt cultivéelandaise en cas de tempête par rapport à des peuplements mé-langés et au sol moins travaillé est plus flagrante. De même,la fragilité sanitaire liée à la monoculture et à la plus faiblecapacité d'adaptation des plants issus de pépinières est à pren-dre en compte, notamment compte tenu de la menace de mal-adies et parasites qui sont à nos portes.

Malgré tout, le risque le plus important qui pèse sur la fo-rêt reste à nos yeux sa disparition pour cause de défrichementset d'artificialisation des sols : urbanisme, infrastructures detransport, centrales électriques au sol, etc.

Certains aménageurs pourront toujours rétorquer que,quand il n'y aura plus de forêt, il n'y aura plus d'incendies deforêt... �

Alexis Ducousso ne secontente pas d'être Docteur en

Biologie et Génétique des populations etIngénieur de recherche à l'INRA Bordeaux-

Aquitaine. Egalement praticien sur ses terres picar-des, il vient de recevoir le prix du "Sylviculteur de

l'année" décerné par le Forum Forêt (*) dans la catégorie"innovation".

Ce prix récompense la mise en pratique de ses recherches de labo-ratoire ainsi que son travail de partage du savoir. Sur ses 68 ha deterres :

- il effectue la restauration de peuplements forestiers à moindre coûgrâce à une sylviculture basée sur tous les mécanismes écologiques

- il conduit une politique d'adaptation au changement climatique en diversifiant les peuplements et en pratiquant la migration assistée auveau des espèces (cormier, poirier, chêne pubescent...)

- il prend en compte la biodiversité comme facteur de production impotant, en inventoriant et en utilisant les prédateurs naturels de paras

- il participe au rapprochement des chasseurs et propriétaires forestafin de réduire le problème de l'équilibre sylvogénétique.

Sa propriété fait figure de vitrine dans la recherche-développementva devenir forêt pilote à la demande du CRPF (de Picardie !).

Toutes nos félicitations pour ce beau travail !

CG

(*) Le Forum Forêt (www.forumforet.com) a été créé àl'occasion de la COP21 par six partenaires : Fransylva,CNPF, ADEME, PEFC, FNE et le RMT Aforce. Ilvise à promouvoir de bonnes pratiques pouradapter les forêts aux changements clima-tiques et notamment améliorer leur po-tentiel de fixation du carbone.

La Commission des Ressources Génétiques Fo-restières (CRGF), créée par M. Michel Arbez,avait lancé en 1992 un programme de conserva-

tion des ressources génétiques. Le hêtre, avec le sapin,furent les premières espèces à entrer dans un réseau deconservation. M. Eric Teissier du Cros, chercheur enAvignon, avait la responsabilité du programme hêtre àl'INRA et était le référent scientifique à la CRGF pourcette essence. Je lui avais signalé à plusieurs reprises laprésence d'une hêtraie bizarre dans un climat hostile etdont certains individus étaient les pieds dans l'eau,d'autres sur des sables très secs et trop acides. Fin 1995,une réunion du Groupe d'intérêt scientifique des varié-tés forestières améliorées s'est tenue dans la région.Lors de cette réunion, M. Teissier du Cros m'avait de-mandé d'organiser une visite des hêtres du Ciron et unerencontre avec les acteurs locaux. Cette réunion, suivied'une excursion, s'est tenue en mai 1996. Les forestiersnous avaient écoutés poliment. Les représentants duConseil régional et du Conseil général (Conseil dépar-

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protection

SUD-OUEST NATURE - REVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 171

19

Alexis DUCOUSSO,

Docteur en biologie etgénétique des populationsINRA Bordeaux-Aquitaine

temental) nous avaient demandé demonter un dossier scientifique bétonprouvant l'intérêt de cette hêtraie.Une vieille association naturalisted'Aquitaine nous avait présenté undevis de 20.000 francs pour faireun inventaire floristique. La SE-PANSO avait envoyé deux repré-sentants, un homme et une fem-me. A la fin de la réunion, ilsétaient venus nous trouver ennous disant qu'ilfallait absolumentfaire quelque cho-

se. De leur côté, ilsdevaient demander

au Conseil d'adminis-tration de la SEPANSOde s'engager davantage.Le feu vert était venuavant la fin de la semai-ne. D'ailleurs, nous lan-çons un avis de recher-che car nous aimerionsconnaître le nom de cesdeux personnes éclai-rées.

Petit à petit, le pro-jet a pris forme. En2003, Eric Teissier duCros, avec un financement du Minis-tère de l'agriculture, de l'agroalimen-taire et de la forêt et en collaborationavec Monika Konnert, généticienne al-lemande, a pu montrer à l'aide de mar-queurs génétiques que les hêtres du Ci-ron avaient une très grande originalité.A partir de 2005, la SEPANSO a menédes actions dans les écoles, collèges etlycées de la vallée. A l'automne 2005,les hêtres ont produit massivement desfaines viables. Avec la CRGF et la SE-PANSO, nous avons organisé une ré-colte sur une cinquantaine de hêtres dela partie centrale de la hêtraie sur lesdeux rives. J'ai été aidé dans cette ré-

colte par André Cochet, un personna-ge très impliqué dans la vie sociale dela vallée du Ciron. Ces graines ont étéenvoyées et élevées à la pépinière del'Etat de Guémené-Penfao. La SE-PANSO et la CRGF ont lancé unecampagne médiatique dans la valléedu Ciron avec un affichage dans lescommerces locaux, distribution detracts, communiqués de presse, confé-rences, etc… Les plants produits ont

ût,

i-u ni-

r-ites...

tiers

et

présente. En 2006, la SEPANSO a re-cruté un stagiaire, M. Valliès, qui a ré-alisé le premier inventaire et la carto-graphie de la hêtraie. En 2010, JeanTimbal et moi-même avons publié unpremier article sur la description phy-tosociologique de la hêtraie. En 2011,Jacques Guinberteau a synthétisé soninventaire fongique de la vallée avecun focus particulier sur la hêtraie. En2014, Lafontaine a prouvé la présence

d'un refuge glaciaire dehêtre dans la vallée duCiron.

Les initiatives pourprendre en compte laconservation des hêtresdu Ciron se sont multi-pliées : notamment lepremier DOCOB dansle cadre de Natura 2000,révisé en 2013. En 2008,le SAGE (Schémad'Aménagement et deGestion des Eaux) a misla gestion, la conserva-tion et la restauration dela hêtraie parmi ses ac-tions prioritaires. En2015, un programme de

recherches-actions a commencé sur lahêtraie. Ce programme travaille sur lagénétique du hêtre et des espèces asso-ciées (tilleul, charme…), la dendrochro-nologie, la démographie, le microclimatet l'invasion biologique du robinier. Déjàtrois directeurs de recherche, deux ingé-nieurs de recherche, trois thésards et unmaître de conférences sont mobilisés auchevet des hêtres. D'autres partenairesdevraient bientôt s'associer.

Comme vous pouvez le voir, la SE-PANSO a été un moteur et un élémentclef pour initier ce programme deconservation des hêtres du Ciron. �

Hêtres du Ciron

été distribués dans la vallée, en priori-té auprès des écoles et des associa-tions. Des particuliers ont aussi reçudes plants. Nous avons distribué du-rant les hivers 2006-2007 et 2007-2008 plus de 2800 plants. Nous pou-vons encore voir de nombreux plantsissus de cette campagne. Certains fontmaintenant 7-8 mètres de haut. En2006, la CRGF a demandé de créer uneUnité de conservation des ressourcesgénétiques de hêtre dans le cadre du ré-seau national de cette espèce, que jegère aujourd'hui. Elle n'a pas encore vule jour du fait de la multiplicité despropriétaires mais l'idée est toujours

20 ans de combat avec la SEPANSO

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20réserves naturelles

SUD-OUEST NATURE - REVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 171

L a Bergeronnette printanière est le parfaitexemple des liens étroits unissant le bé-tail et les espèces sauvages. Ce passe-

reau, qui revient d'Afrique pour nicher dans lesprairies humides, a besoin d'une prairie présen-tant des hauteurs de végétation très différentes :des zones avec de grosses touffes comme cellesdes joncs pour y dissimuler son nid mais égale-ment une végétation plus rase pour capturer ausol des invertébrés et en particulier les diptèresévoluant autour des déjections du bétail.

La végétation trop dense faute de pâturageentraîne une diminution rapide du nombre decouples. C'est le cas sur des prairies sans pâtu-rage depuis trois ans aux abords de la réserve !

Le Poney landais est une race ancienne trèsrustique. La souche qui vivait plutôt sur le littorals'est éteinte, il subsiste celle des Barthes del'Adour, parfaitement adaptée aux zones humides.

Ce cheval a servi pour de multiples usagesau fil des siècles (cf. CV ci-contre). Depuis2015, des animaux nés sur la Réserve sont dres-sés pour aider le personnel dans la réalisation decertaines missions.

Espérons que les qualités de cette race et sapolyvalence permettront de la sauver de l'oubli etque les effectifs pourront de nouveau progresser. �

La Réserve Natu-relle Nationale desmarais de Brugesutilise depuis plusde trente ans lePoney landais. Cestondeuses écolo-giques qui ne rechi-gnent pas à la tâchelorsqu'il s'agit debrouter de l'herbe

sont indispensables à la gestion des prai-ries. En l'absence de pâturage les milieuxévolueraient rapidement vers un stade fo-restier au détriment bien évidemmentd'innombrables espèces.

Stéphane BUILLES,Garde-animateurRNN des marais de Bruges

Marais de Bruges� Description

Allure harmonieuse (en toute modestie !),tête large, croupe simple et membressecs, queue et crinière bien fournies

� Hauteur

1,18 à 1,48 m

� Robe

Bai, noir, alezan

� Qualités

Rusticité, endurance, intelligence,douceur et tonicité

� Localisation

Sud-Ouest, mais mobilité possible !

� Expériences professionnelles passées

Mise à disposition de sa force de travail : menus travaux deschamps et déplacements en carriole (paysans, commerçants...),travail dans les mines (les chevaux tiraient les wagons dans lesmines du Royaume-Uni), individus réquisitionnés par l'armée lorsdes conflits...

Fabricant d'engrais (les déjections des animaux fumaient les solspauvres du plateau landais et permettaient ainsi la mise en culture)

Compagnon de chasse (le chasseur approchait le gibier dans lesprairies inondées, dissimulé derrière le poney, et tirait le fusilposé sur l'encolure)

� Expériences professionnelles sur la Réserve naturelle

1990 à 2016 (agent d'entretien d'espace naturel) : les prairiessont gérées grâce à la mise en place d'un pâturage extensif(3 ha/ individu)

Depuis 2015, ces missions se sont élargies :- Portage de petites charges sur des secteurs inaccessibles aux

véhicules (le dérangement sur la faune est moindre, le sol n'estpas compacté)

- Attelage pour évacuer les cadavres de sangliers (une régulationest effectuée depuis de nombreuses années)

- Surveillance à cheval- Maniement du bétail (tri d'animaux, bouclage des veaux, pro-

phylaxie...)

� Loisirs

Compétitions d'attelage, de saut... (la race s'est illustrée à main-tes reprises lors de compétitions nationales et internationales)

� Effectifs

Les effectifs sont très bas, la race est menacée.On compte moins de 900 individus dont seulementune soixantaine de poulinières, mises à la repro-duction chaque année. Plusieurs lignées risquentà court terme de disparaître faute de descendants.

Les Poneys landais étoffent leur CV

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21réserves naturelles

Directeur de la publication Sud-Ouest Nature : P. Davant Rédactrice en chef : C. GouanelleComité de lecture et de rédaction : P. Barbedienne - C. Bonnet - F. Couloudou - C. Gouanelle - D. Delestre - J.M. Froidefond

Mise en page : K. Eysner

Dépôt légal : 3ème trimestre 2016

Imprimerie Sammarcel l i12 allée des Pins - 33320 Eysines

L'implication des bénévoles sur la Réserve NaturelleNationale du Banc d'Arguin est essentielle, dès lespremiers beaux jours, pour mener à bien nos mis-sions. Cette année, nous avons demandé à GoulvenCharpy, qui a passé quinze jours sur la Réserve du 2au 17 mai 2016, de nous parler de son parcours, deses motivations et de ses missions sur la Réserve.

Quel est ton parcours et commenten es-tu arrivé à faire du bénévo-lat sur la Réserve Naturelle duBanc d'Arguin ?

Je m'appelle Goulven Charpy, j'ai 22ans et je vis actuellement en Champagne-Ardenne, près de Reims. J'ai validé unBTS, en septembre dernier, dans le sec-teur de l'industrie et par apprentissage.Passionné par la nature, l'envie de merapprocher au plus près de celle-ci meconduit à effectuer un autre diplôme dansla gestion et la préservation de la nature,par apprentissage. Mon souhait d'acqué-rir des connaissances, à travers la forma-tion et les expériences, m'a amené à par-ticiper à cette mission de bénévolat.

Quel était ton rôle sur la réserve ?

Accompagné d'Anna et de Séverine,notre objectif était d'assurer la protectionet la surveillance de la colonie de Sternescaugek, du lever au coucher du soleil ettous les jours de la semaine, afin de pré-venir les attaques du Milan noir. Nousétions très motivés. En parallèle, nousavions la responsabilité de notre loge-ment, une cabane qu'il fallait entretenir.

Quel bilan tires-tu de ces 15 jours ?

Ce fut une superbe expérience qui m'aapporté beaucoup de choses, aussi bienpour ma vie personnelle que profession-nelle. Ce qui m'a plu, c'est avant tout la

Banc d'ArguinInterview d'un jeune bénévole

mission pour laquellenous nous sommes en-gagés. Nous avons dé-couvert la faune et la florede la Réserve et une formed'attachement s'est créée avectout cet écosystème. Vivre sur une îleest un rêve que j'ai réalisé durant deuxsemaines. Cela demande une bonne or-ganisation de la vie quotidienne et unebonne gestion des ressources indispen-sables (nourriture, eau potable...), ce quiest important dans la vie en groupe.

Quelles sont tes perspectives pourl'avenir ?

Je souhaite valider ma formation etmultiplier les expériences comme celle-

UNE NOUVELLERESERVE NATURELLE

EN AQUITAINE !

Le 6 juillet 2015, la Région a délibéré pour la créa-tion de la Réserve Naturelle Régionale géologique des

carrières de Tercis-les-Bains, en bord d'Adour au sudde Dax. Celle-ci est cogérée par l'Association pour la

RNG de Saucats - La Brède (vu que c'est sa petitesoeur), le Conservatoire d'Espaces Naturels d'Aquitaine

et le CPIE Seignanx-Adour.

D'une surface de 44,8 hectares, elle est le site de réfé-rence universel pour la limite entre les étages géologiques

Campanien et Maastrichtien, il y a 72 millions d'années.L'association gestionnaire de Saucats avait été saisie en

1999 par le scientifique de référence qui en souhaitaitle classement, après avoir obtenu la cession de la

carrière en fin d'activité à la commune.

Yves GILLY,Réserve Naturelle Géologiquede Saucats et La Brède

ci afin de préparer au mieux mon projetprofessionnel qui est d'accéder, à terme,à la fonction de garde d'espaces naturelsprotégés, ce qui me permettra d'agir du-rablement en faveur de l'environnement.Cette expérience dans la Réserve m'apermis de rencontrer des personnes mo-tivées et motivantes, ce qui me confortedans mes choix à venir. �

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Depuis la création du port de Bayonne et du fait des aménagements divers qui se sont succédés,le trait de côte a considérablement évolué entre le XVIIIème siècle et nos jours. Actuellement, lesdragages périodiques contribuent à accroître l'érosion.

Evolution du trait de côte près de l'embouchure de l'Adour

(lire page 11)

Trait de côte d'après carte de Cassini

Trait de côte d'après carte d'Etat-Major

Carte d'État-Major (1820-1866)

La carte d'État-Major est une carte générale de la France ré-alisée, dans sa première version, au XIXème siècle. Le termeÉtat-Major est utilisé en référence aux officiers d'État-Majorqui ont réalisé les levés. Cette carte peut être vue commesuccédant à la carte de Cassini dont l'absence de mise àjour devenait une gêne de plus en plus grande.

Carte de Cassini (XVIIIème siècle)

La carte de Cassini est la première carte topographique etgéométrique établie à l'échelle du royaume de France dansson ensemble. Il serait plus approprié de parler de carte desCassini, car elle a été dressée par la famille Cassini, princi-palement César-François Cassini et son fils Jean-DominiqueCassini au XVIIIème siècle.

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