numero special - sodalitium · n. 44 - edition française - juillet 1997 anno xiii - sped. a. p....

40
N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL La question de l’épiscopat: réponse à l’abbé Belmont La question du Pape et la Thèse de Cassiciacum: Ière réponse à Dionisius

Upload: others

Post on 21-Jul-2020

6 views

Category:

Documents


2 download

TRANSCRIPT

Page 1: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

N. 44 - Edition française - Juillet 1997Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue

NUMERO SPECIAL

La question de l’épiscopat:réponse à l’abbé Belmont

La question du Pape et la Thèse de Cassiciacum: Ière réponse à Dionisius

Page 2: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

EditorialEditorialSodalitium fait-il l’œuvre du démon?

Le bimensuel Sì sì no no nous accuse,même sans nous nommer, de “faire,bon gré mal gré, l’œuvre du démon”

(n° 2, 31 janvier 1997, p. 5, voir ce numéro, àla page 32). Evidemment, les articles del’abbé Murro sur l’infaillibilité du magistèreecclésiastique et sur les “erreurs deSì sì no no” (qui sont ensuite celles des théo-logiens de la Fraternité Saint Pie X ou ducouvent d’Avrillé) n’ont pas été appréciés.L’abbé Simoulin, prieur de Lyon et futur su-périeur du district de la Fraternité en Italie,écrit sur L’aigle de Lyon (n° 108, mai 1997):“Sachez donc que cet institut [Mater BoniConsilii] a été fondé par des prêtres italiensqui ont quitté Mgr Lefèbvre (sic) et laFraternité parce qu’ils refusent de recon-naître le pape. Lors de leur rupture, ils onttenu des propos inqualifiables sur MgrLefèbvre (sic) lui-même, et ont fait une dé-claration dans laquelle ils demandaient par-don pour avoir appartenu à la Fraternité![faux: nous n’avons fait que rétracter les er-

2

reurs précédemment professées, n.d.r.]. Ilssont très hostiles à notre œuvre, ne man-quent pas une occasion de nous dénigrer, etil ne peut être question de leur confier vosenfants [dans les colonies estivales] pourquelque motif que ce soit”. Mais nous nesommes pas les seuls à avoir été sévèrementcritiqués, ces derniers temps, par les revuesde la Fraternité saint Pie X ou prochesd’elle. Sur l’édition française de Sì sì no no(avril 1997, pp. 1-4 ), un certain Dionisiusessaye de réfuter les articles magistraux quel’abbé Sanborn a publiés dans la revueSacerdotium sur la thèse de Cassiciacum,(voir ce numéro, à la page 34), en utilisanttoutefois vis-à-vis de ses contradicteurs, unton... peu serein (si l’on peut dire). L’abbéSimoulin toujours, a consacré trois articles àcritiquer le “sédévacantisme” du PèreVinson (n° 105, février 1997; n° 106, mars1997; n° 107, avril 1997) mais, doutant deleur efficacité, il a intimé par lettre (du 28avril) au même Père de “bien vouloir mettreun terme à cette petite guerre fraternelle”puisque “Votre acharnement à proclamervotre sédévacantisme” “jette la suspicionsur la Fraternité” (précisons que la lettre enquestion ne nous a pas été communiquéepar le Père Vinson, mais a été rendue pu-

Sommaire

“Sodalitium” Périodique - Bulletin Officiel de l'Institut Mater Boni Consilii - Loc. Carbignano, 36 - 10020 VERRUASAVOIA (TO) - Italie - Téléphone de France 00.39. 161.839.335; Fax 00.39. 161- 839.334 - C/CP 24681108 - Directeur dela publication: M. l'abbé Francesco Ricossa - Aut. Trib. n. 116 du 24-2-84 - Imprimé en Italie par l'Institut Mater Boni Consilii.

INTERNET: www.plion.it/sodali - email: [email protected]

Editorial p. 2

Digitus Dei non est hic: réponse à l’article “Les filles de Lot” de l’abbé Belmont p. 4

Le débat sur l’épiscopat continue, ou: la “thèse-Belmont” revue et corrigée p. 22

Brèves réponses à certains articles de la Fraternité contre la “Thèse de Cassiciacum” p. 32

Sur la couverture à droite: L’évêque St Aniane administrant le sacrement du baptême àun roi païen (toile de 1663 de Benedetto Gennari, église S. Giovanni in Monte, Bologne).Sur la couverture à gauche: Le Pape St Grégoire le Grand. Remarquer le Saint-Esprit,sous la forme d’une colombe, qui lui parle à l’oreille.

Page 3: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

blique par l’abbé Simoulin à certains fi-dèles). Ces attaques suivent celles déjà si-gnalées dans le dernier numéro de Soda-litium. Tels sont les faits, comment devons-nous les interpréter?

Précisons d’abord que nous ne dénionspas à nos adversaires le droit de nous criti-quer, il ne manquerait plus que ça, d’autantplus que nous-mêmes utilisons largement cedroit. De nombreux lecteurs, nous le savons,nous en font le reproche, comme si les ar-ticles critiques à l’encontre de la Fraternitésaint Pie X détérioraient notre revue. Maisqui connaît l’histoire de l’Eglise sait com-bien nombreuses, et parfois vives, ont été lespolémiques non seulement entre orthodoxeset hétérodoxes, mais aussi entre théologienscatholiques, et on ne s’en scandalisera pas.Si elles sont contenues dans certaines li-mites, “les questions disputées” entre catho-liques sont non seulement permises maissont même utiles, et contribuent au progrèsde la théologie. L’étude de l’abbé Belmontcontre les consécrations des Evêques sansmandat pontifical, et la réponse de Soda-litium que nous publions dans ce numéroaux pages 4 à 22 sont un exemple, à notreavis, de la manière dont on peut se passion-ner et même s’opposer sur un sujet détermi-né, qui touche de près notre vie chrétienne,avec des arguments doctrinaux tirés d’au-teurs sérieux, permettant au lecteur de s’ins-truire, de s’intéresser et de juger non à par-tir des personnes qui écrivent, mais à partirdes arguments qu’elles avancent.

C’est sur ce plan, celui d’une confronta-tion même enflammée mais toujours correc-te et objective, que nous voudrions que seplacent nos adversaires pour soutenir leursthèses et réfuter les nôtres. Il n’en est mal-heureusement pas ainsi. Comme nousl’avons déjà démontré dans l’article surl’abbé Marcille, et comme nous devons leconstater dans les écrits auxquels nous fai-sons allusion dans cet éditorial, les attaquespersonnelles abondent ainsi que la tentativede ridiculiser l’adversaire, la présentationcaricaturale de ses positions, les argumenta-tions approximatives, sans une citation bienfaite, sans une référence sérieuse...

C’est cependant un bien que ces articlesde la Fraternité aient été publiés. Toutd’abord parce que c’est un signe des difficul-tés dans lesquelles se trouvent nos contra-dicteurs, face à leurs fidèles et à leursprêtres; si après plus de dix années de silen-

3

ce public (en privé c’était une autre affaire!)ils se sont obligés à répondre, même à leurmanière, cela signifie que les arguments enfaveur de l’infaillibilité du Pape et del’Eglise font impression et ont été compriset acceptés, ou au moins pris en considéra-tion, par plusieurs. De cette manière nousespérons empêcher le mouvement “traditio-naliste” de se précipiter vers une pente tou-jours plus “gallicane” qui ne peut que dé-boucher sur la création d’une nouvelle PetiteEglise ou sur le ralliement à Vatican II.

Nous savons que dans la Fraternitémême nombreux sont les prêtres qu’effraiecette régression de leur congrégation et quipartagent plusieurs de nos arguments ou,pour le moins, seraient disposés à en discu-ter sans préjugés. Pour le bien même de laFraternité saint Pie X, qui a une si grande in-fluence sur tout le mouvement “traditiona-liste”, il est temps pour ces prêtres et fidèlesqualifiés de demander ouvertement à leurssupérieurs clarté et objectivité. On a pasl’impression de demander la lune.

P.S.: Nous avions déjà écrit cet éditoriallorsque nous est parvenue une lettre del’abbé Marcille adressée à l’abbé Murro,concernant l’article de ce dernier intitulé:Les erreurs de Sì sì no no (IIème partie): leMagistère selon l’abbé Marcille (Sodalitium,n° 43, pp. 38-58). Il s’agit d’une lettre trèsgentille et intéressante, qui fait honneur àson auteur. Nous pouvons dire que, avantmême de lire cet éditorial, l’abbé Marcilleen a accueilli l’esprit. Nous souhaitons quesoient toujours plus nombreux les catho-liques, à l’intérieur et à l’extérieur de laFraternité Saint Pie X, qui feront en sorteque dans nos polémiques doctrinales la cha-rité et la vérité soient toujours respectées,pour la gloire de Dieu et le bien de l’Eglise.

Avis aux lecteurs

Ce numéro de Sodalitium est un numé-ro spécial. Ne s’y trouvent pas en effet

les rubriques habituelles: question juive,biographie de Jean XXIII, hagiographie,revue de presse, vie de l’Institut, etc...

Nous nous en excusons auprès de noslecteurs qui pourraient ne pas être intéres-sés par les sujets de ce numéro. L’urgenced’une réponse à l’abbé Belmont et àSì sì no no a rendu nécessaire cette éditionspéciale plus courte que d’habitude.

Page 4: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

4

Digitus Dei non est hic: réponse à l’article “Les filles de

Lot” de l’abbé BelmontPar M. l’abbé Francesco Ricossa

Au mois de février un article intitulé Lesfilles de Lot a été publié par la revue Les

deux étendards (1); le titre en est un peu énig-matique et pourrait induire en erreur: s’agit-ild’un commentaire de l’Ecriture Sainte? Maisle sous-titre indique clairement au lecteur lesujet que l’auteur entend traiter: Un avis surla ‘voie épiscopale’, autrement dit cette “voieépiscopale” prise par ceux qui considèrentcomme légitimes, de nos jours, des consécra-tions épiscopales sans mandat romain. L’au-teur, l’abbé Hervé Belmont (nous le désigne-rons dorénavant par la lettre initiale B.) estun prêtre docte et pieux; ordonné par MgrLefebvre en 1978, il a quitté la Fraternitésaint Pie X en 1980 à cause de sa position surla situation actuelle de l’autorité dans l’Eglise(comme nous, il soutient la thèse dite deCassiciacum proposée par le Père Guérarddes Lauriers); il dirige actuellement une écolepour garçons (Cours St Jean-Baptiste, 27Casquit, 33490 Saint-Maixant) ainsi qu’unerevue (Les deux étendards, précisément).Plusieurs fois nous avons manifesté l’estimeen laquelle nous tenons B., et je profite del’occasion pour redire l’excellente opinionque j’ai de lui comme prêtre et comme théo-logien. Cependant tout le monde sait que nospositions divergent sur certains points, le prin-cipal étant justement celui qui est traité danscet article intitulé Les filles de Lot. Sodalitiuma déjà exprimé plusieurs fois sa position sur cesujet; je rappelle au lecteur, entre autres,l’étude de Mgr Guérard des Lauriers,Consacrer des Evêques (Sodalitium n° 16, pp.16-27, 1988 déjà publiée dans Sous laBannière, supp. au n° 3, jan.-fév. 1986) et l’unde mes articles, Le débat sur l’épiscopat danslequel je réfutais déjà les positions de B. (n°28, pp. 3 à 7). Substantiellement, l’article deB. n’avance aucun nouvel argument à l’appuide sa position, aussi suffirait-il de renvoyer lelecteur aux articles cités ci-dessus; étantdonné cependant qu’ils ont été publiés res-

pectivement en 1988 et en 1992, il m’a parunécessaire de revenir sur le sujet et de ré-pondre encore une fois aux thèses de notreconfrère. Pour ce faire, il me semble opportunde rappeler d’abord au lecteur l’objet dudébat.

Les consécrations épiscopales sans mandatromain

Apparemment, l’article traite de la licéitéou illicéité de consécrations épiscopales sans“mandat romain”, autrement dit sans l’ap-probation du Pape. En réalité, la questiondoit être précisée, sous peine d’être tout àfait superflue. En effet, du moins selon la dis-cipline actuelle, la consécration épiscopalesans mandat romain est clairement illicite: laconsécration épiscopale - dit le canon 953 duCode de droit canon - est réservée au pontiferomain, de sorte qu’il n’est permis à aucunévêque de consacrer quelqu’un évêque, sansqu’il ait d’abord connaissance du mandatapostolique l’y autorisant (2). Là se termine-rait donc la discussion; au maximum pour-rait-on y ajouter la monition sur les peinesprévues par le code de droit canon pour desconsécrations illégitimes de ce genre (3). Parconséquent, si la situation dans l’Eglise étaitnormale, il n’existerait aucun débat à proposde la licéité d’une consécration épiscopalesans mandat romain. Mais la situation dansl’Eglise catholique depuis le concile VaticanII n’est plus du tout normale...

La situation actuelle de la hiérarchie dansl’Eglise

Le concile Vatican II (1962-1965) et la ré-forme liturgique corollaire (avec son pointculminant, le nouveau rite de la Messe de1969), ont en effet créé dans l’Eglise une si-tuation inédite. Les documents du concileVatican II sont quasiment tous plus ou moinsen opposition avec l’enseignement infaillibleet irréformable de l’Eglise catholique; d’autrepart les nouveaux rites sacramentels ont étécréés ex novo en rupture complète avec latradition liturgique de l’Eglise (JosephRatzinger l’a rappelé lui-même récemment)et n’expriment plus suffisamment la foi catho-lique en matière sacramentelle telle qu’elle aété définie par le concile de Trente, commel’ont déclaré avec autorité les cardinauxOttaviani et Bacci à propos du nouveau ritede la Messe.

Doctrine

Page 5: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

5

Les consécrations épiscopales dans les rangsdes catholiques qui ont refusé Vatican II etla réforme liturgique

Comme chacun sait, la question n’est passeulement théorique et abstraite, elle est émi-nemment pratique, tragiquement pratiquemême, si j’ose dire. Du concile à la réformede la Messe (1965-1969), il y a eu de fait co-existence des opposants aux hérésies deVatican II et de ses partisans. Puis la réformede la Messe a rendu (providentiellement)impossible cette coexistence; tous les jours aumoment de célébrer la Messe, un prêtre setrouvait face à un choix inéluctable. MgrLefebvre avec le séminaire d’Ecône et Mgrde Castro Mayer dans le diocèse de Campostentèrent de continuer la célébration de laMesse et de transmettre le sacerdoce à la ma-nière “légale”. L’expérience échoua à causede l’opposition de Paul VI. La reconnaissance“canonique” de son séminaire fut refusée àMgr Lefebvre; puis Mgr de Castro Mayer dutdémissionner de son diocèse: la célébrationde la Messe et tout le ministère apostoliqueétaient déclarés “illégaux” par les “autorités”de Vatican II (7). Dans son article (p. 17) B.déclare approuver cette décision pourtantgrave que fut la transmission du sacerdoceau-dehors et même contre toute règle cano-nique, et il se vante même d’avoir conseillé àMgr de Castro Mayer, qui hésitait, de s’enga-ger sur cette route illégale. Mais il désap-prouve le pas qui a suivi: bien conscients dene pas être immortels, certains Evêques ca-tholiques ne se sont pas limités à transmettrele sacerdoce, ils ont également conféré l’épis-copat, en vue de sauvegarder la transmissiondu sacerdoce après leur mort. Déjà durant“l’été chaud” de 1976 le Père Guérard desLauriers o.p. avait conseillé à Mgr Lefebvre(mais en vain) de procéder à des consécra-tions épiscopales (8). Entre-temps, la questionde l’autorité de Paul VI et de Jean-Paul II di-visait les catholiques; les partisans de la va-cance du siège apostolique, dorénavant sépa-rés de Mgr Lefebvre, ne pouvaient plus faireréférence à la Fraternité Saint Pie X. C’estainsi qu’en 1981 Mgr Thuc, ancien arche-vêque de Hué, consacrait d’abord le Père do-minicain M.L. Guérard des Lauriers, puis lesprêtres diocésains mexicains Zamora etCarmona, aucun d’eux ne reconnaissantJean-Paul II comme Pontife légitime. Puis, en1988, tout en reconnaissant la légitimité deJean-Paul II, Mgr Lefebvre et Mgr de Castro

Et pourtant, tant le concile Vatican II que laréforme liturgique ont été promulgués apparem-ment par l’autorité suprême de l’Eglise, en l’oc-currence Paul VI. Or, il est impossible que les er-reurs de Vatican II et les scandales du nouveaumissel proviennent de l’Eglise catholique et d’unvéritable successeur de Saint Pierre et Vicaire duChrist. B. et les prêtres de l’Institut Mater BoniConsilii concordent pleinement sur ce point etsoutiennent la vacance (formelle, non matérielle)du Siège Apostolique, dont le début date aumoins de 1965, se fondant sur les données de lathèse de Cassiciacum élaborée par le théologiendominicain M.L. Guérard des Lauriers.

Telle est donc la situation (crise sans pré-cédent qu’ait jamais eu à traverser l’Eglise)après le concile Vatican II: pour ce qui est dupouvoir de juridiction, il continue seulementmatériellement (Jean-Paul II et les Evêquesen communion avec lui sont privés, en acte,de toute autorité de gouvernement); quant aupouvoir d’ordre, du fait de la réforme litur-gique, il risque de s’éteindre. En effet, si lesnouveaux rites n’ont pas été réellement pro-mulgués par l’Eglise, mais seulement appa-remment (Paul VI n’était pas formellementPape), l’Eglise n’en garantit pas la bonté nimême la validité. Dans le cadre de cet article,nous devons l’affirmer plus particulièrementpour la sainte Messe et le sacrement del’Ordre. La validité de la Messe célébréeselon le nouveau missel de Paul VI doit êtreniée, du moins de fait. Pour le même motif,nous devons nier la validité du sacrement del’Ordre selon les nouveaux rites, et particuliè-rement celle de la consécration épiscopale (4).En d’autres termes, dans le rite latin du moins(5), le saint sacrifice de la Messe risque, hu-mainement parlant, l’extinction, tout commesont menaçés d’extinction l’épiscopat et le sa-cerdoce, et avec eux l’administration depresque tous les sacrements (6). Une situationde ce genre pourrait amener, s’il était possible(absit), à la fin de l’Eglise elle-même et à la finde la religion catholique. Ces précisions, unpeu occultées par B. dans son article, étaientindispensables pour bien comprendre le pro-blème que nous devons résoudre: c’est-à-direla licéité ou non, dans la situation actuelle, deconsacrer des Evêques, non certes contre lavolonté du Pape, mais sans son assentiment,pour la bonne, l’excellente raison que, vue lavacance du siège, il n’y a pas actuellement (etce depuis plus de trente ans) de Pape légitimequi puisse donner son assentiment et sonmandat à ces consécrations.

Page 6: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

Mayer consacraient quatre évêques. Enfin,en 1993, Mgr Alfredo Mendez, ancien évêqued’Arecibo (Portorico), consacrait le prêtreaméricain C. Kelly.

L’article de B. ne concerne donc pas unequestion purement spéculative: il impliqueune condamnation de ce qui a été fait depuis1981 par de nombreux Evêques et prêtresqui se sont opposés aux hérésies de VaticanII. Cette condamnation s’appuie sur des mo-tifs doctrinaux et prudentiels: sont-ils fondésou non?

L’article de l’abbé Belmont

L’article que je suis en train de commen-ter ne présente, je l’ai déjà dit, aucun carac-tère particulier de nouveauté. Après unebrève introduction (p. 17) (9), l’auteur pré-sente une rétrospective qui embrasse tout cequ’il a écrit sur cette question dans les 15dernières années (pp. 18-22). Suivent un“complément doctrinal” (p. 23) et les ré-ponses à quelques questions (pp. 23-24) oùbrille par son absence l’objection queSodalitium oppose désormais depuis denombreuses années aux arguments de B.(10); cette objection je la présenterai ici en-core une fois. Enfin, une conclusion (pp. 24-25) explique le titre de l’article de B: les te-nants des consécrations épiscopales sont àcomparer aux malheureuses filles de Lot,lesquelles, après la destruction de Sodome,croyant, à tort, le monde entier détruit,enivrèrent leur père pour dormir avec lui etdonner au monde une descendance nouvellebien qu’incestueuse; digitus Dei non est hic:le doigt de Dieu n’est pas dans cette histoirede consécrations, commente B., achevantd’épouvanter ses lecteurs ignorants de lathéologie catholique sur l’épiscopat et de lesconvaincre de fuir des consécrations “inces-tueuses” et “sacrilèges”.

Rien de nouveau, alors, dans l’article deB.? Presque. En relisant tout ce que B. a écritces dernières années sur la question, ons’aperçoit que des deux motifs (doctrinal etprudentiel) c’est le premier qui l’emporte tou-jours d’avantage: les consécrations doiventêtre évitées bien plus pour leur “impossibilité[doctrinale]” que pour leur “gravité [pruden-tielle]”. Il s’ensuit un durcissement du juge-ment de B.: les consécrations épiscopales sont“un attentat (...) à la constitution même del’Eglise”: “qu’on le veuille ou non, un sacreépiscopal est donc l’instauration d’une hiérar-

6

chie; et si ce sacre n’a pas été effectué parordre pontifical, il est création d’une nouvellehiérarchie, autre que celle de l’Eglise catho-lique” (p. 23). B. n’emploie pas le terme, maisil désigne la chose: ces consécrations impli-quent un schisme (que peut bien être le faitde créer une nouvelle hiérarchie non catho-lique, sinon un schisme?) (11). Mais commentB. justifie-t-il une position aussi rigoureuse? Ilsait bien que des conséquences de ces ques-tions dépend “le salut éternel des uns et desautres” (p. 17): en une matière aussi grave a-t-il donné la bonne solution?

La thèse de l’abbé Belmont...

Je pourrais analyser longuement l’expo-sition de la doctrine catholique sur l’épisco-pat que fait B. de la p. 19 à la p. 21 (12): danscette exposition il prétend démontrer lathèse qu’il énonce solennellement et claire-ment à la p. 23; je préfère réfuter directe-ment la conclusion de tout son raisonne-ment, qui représente en même temps lapoutre maîtresse de sa position: si elle régitcette thèse, elle soutient toute la construc-tion; si elle s’avère fausse, tout le restes’écroule misérablement.

B. admet (p. 23, note 7) qu’“il peut êtreparfois permis de passer outre à une loi posi-tive, mais à des conditions bien précises: quece soit effectivement une loi positive (car onne peut jamais contrevenir à la loi naturelle),que le cas dans lequel on se trouve n’ait pasété prévu par le législateur, que le recours àl’Autorité soit impossible, que le bien à obte-nir ou le mal à éviter soit en proportion avecla gravité de la loi, qu’il n’y ait pas de scandaledu prochain. C’est la vertu d’épikie, partiesubjective de la justice, qui entre alors en jeu[cf. saint Thomas, Somme Théologique, II-II,Q. CXX)]”. Selon lui, dans notre cas, l’appli-cation de l’épikie n’est pas possible parce qu’ilmanque la première condition (13): “accéder àl’épiscopat en dehors de la juridiction del’Eglise est donc un attentat, non simplementà la législation de l’Eglise, mais à la constitu-tion même de l’Eglise: cela n’est donc jamaisadmissible. L’épikie ne peut jamais s’exercercontre la nature des choses: cela est vrai danstout l’ordre naturel, mais bien plus encore ence qui concerne la nature surnaturelle del’Eglise” (p. 23). Or, selon B., une consécra-tion épiscopale sans mandat romain, mêmedurant la vacance (formelle) du Siège aposto-lique, va contre la nature même de l’épiscopat

Page 7: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

et la constitution divine de l’Eglise. Et pour-quoi? Parce que (et c’est en cela, écoutezbien, que consiste l’erreur fondamentale deB.), selon B., “l’épiscopat est essentiellementhiérarchique (14), nous l’avons dit, montré, ré-pété. Par son sacre épiscopal, l’évêque estmembre de l’Eglise enseignante, il participe àla régence du Corps mystique, il exerce unejuridiction, dont les déterminations et l’appli-cation appartiennent au Pape” (p. 23). Voilàla clé de la thèse de B., thèse absolumentfausse comme je vais le démontrer, car elle estcontraire au magistère même de l’Eglise. Parcontre elle ne l’est pas à celui de Vatican II...

... est enseignée par Vatican II...

“Par la même consécration épiscopale,les Evêques, outre l’office de sanctifier, re-çoivent également l’office d’enseigner etl’office de gouverner, lesquels cependant,par leur nature, ne peuvent être exercés quedans la communion hiérarchique avec leChef et les membres du Collège”: ainsi s’ex-prime le canon 375 § 2 du nouveau code dedroit canon “promulgué” par Jean-Paul II le25 janvier 1983. Il affirme que le pouvoir dejuridiction (“l’office de gouverner”) et celuide magistère, qui fait que l’Evêque appar-tient à l’Eglise enseignante (“l’office d’en-seigner”), sont reçus “avec la consécrationépiscopale elle-même”. Or, qu’affirme B.?Exactement la même chose: “Par son sacreépiscopal” (“Par la consécration épiscopalemême” dit Jean-Paul II) l’Evêque “estmembre de l’Eglise enseignante” (“reçoi-vent également l’office d’enseigner”), “par-ticipe à la régence du Corps Mystique,exerce une juridiction” (a “l’office de gou-verner”); quant à l’exercice de ces pouvoirs,il est limité par le Pape, pour B., et par leCollège épiscopal avec son Chef (le Pape)pour Jean-Paul II. A part la collégialité, ladoctrine est la même!

D’où la doctrine de B. et de Jean-Paul IItirent-elles leur origine? Du concile VaticanII. Au n° 21 de la constitution dogmatiqueLumen gentium (dans lequel le concile en-seigne la sacramentalité de l’épiscopat) onpeut lire: “La consécration épiscopale, enmême temps que la charge de sanctification,confère aussi [outre la plénitude du sacre-ment de l’ordre] des charges d’enseigner etde gouverner, lesquelles cependant, de parleur nature, ne peuvent s’exercer que dansla communion hiérarchique avec le chef du

7

collège et ses membres” (15). Or, il est clairque B., Jean-Paul II et Paul VI sont pleine-ment d’accord sur ce point: c’est la consécra-tion épiscopale qui confère à l’Evêque lepouvoir de juridiction (16).

Etant établi le fait que la doctrine surl’épiscopat qui pousse B. à s’opposer auxconsécrations épiscopales vient de VaticanII comme source immédiate, nous pouvonset devons nous demander si, du moins sur cepoint, Vatican II a repris la doctrine tradi-tionnelle de l’Eglise. B. accompagne son ex-posé de citations précises de saint Thomaset du concile de Trente, en sorte que lelecteur pense que sa doctrine provientdirectement de ces sources limpides. Est-cevrai? Quelle est, au-delà de Vatican II, l’ori-gine de la thèse selon laquelle, par la consé-cration épiscopale, l’Evêque reçoit le pou-voir de juridiction directement de Dieu?

... soutenue par les Gallicans...

Je suis désolé de le dire, mais les ancêtresde cette thèse ne sont pas tous très recom-mandables! Le père jésuite H. Montrouzier afait un excellent exposé historique et théolo-gique de la question dans une série d’articlespubliés par la Revue des sciences ecclésias-tiques (17): en marchant sur ses pas nous pou-vons parcourir à nouveau les vicissitudes de lathèse qui nous intéresse. C’est au cours de la23ème session du concile de Trente que lesEvêques espagnols demandèrent que soit dé-finie la doctrine selon laquelle les évêquessont institués par Jésus-Christ car leur juridic-tion vient immédiatement de Dieu: ils enten-daient mettre ainsi en relief la dignité del’épiscopat, niée par les protestants. Le PèreLaynez, général des jésuites et courageux op-posant de cette thèse, nous raconte le dérou-lement de cette discussion durant le conciletridentin (18). La demande des espagnols (etd’une partie des français, arrivés ensuite auconcile) fut rejetée, et de plus le canon 8 lais-sait entendre la doctrine opposée enseignantque les Evêques auctoritate Romani Pontificisassumuntur “son institués par l’autorité duSouverain Pontife” (D. 968). La question de-meura cependant librement discutée, jusqu’àce que “la juridiction de droit divin desEvêques” devienne le cheval de bataille desGallicans (19), et d’autres encore, comme nousallons le voir. Sous la protection de l’Em-pereur Joseph II, les trois électeurs ecclésias-tiques de l’Empire, les archevêques de

Page 8: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

Mayence, de Cologne et de Trèves, ainsi quel’archevêque de Salzbourg, organisèrent, àEms (Allemagne), un conciliabule contre lesprérogatives du Saint-Siège, le 25 août 1786(20). Les quatre Evêques “s’appuyaient sur ladivine juridiction que Jésus-Christ lui-mêmeleur avait conférée dans l’acte de leur consé-cration” (21). En 1802, l’archevêque deNarbonne et 13 autres Evêques français, sefondant eux aussi sur la thèse gallicane de lajuridiction épiscopale dérivant de la consécra-tion (et non du Pape) refusaient le concordatet leur destitution, provoquant ainsi le schis-me de la Petite Eglise (22). Durant le concile deVatican I Mgr Maret et les autres Evêques li-béraux et gallicans reprirent cet argument enfaveur de leur position. La thèse soutenue parVatican II et par B. (23) a donc des ancêtresplus que suspects: c’est elle - et non la thèseopposée - qui a favorisé, au moins dans deuxcas - le schisme contre Rome. Cependant,cette thèse que B. fait passer pour certainebien quelle n’ait été défendue que par unpetit nombre de théologiens dans le passé (24),est-elle du moins soutenable sans aller contrele magistère ordinaire de l’Eglise?

... elle est constamment démentie par le ma-gistère de l’Eglise!

Selon l’Enciclopedia Cattolica: “Certainsconsidèrent que l’épiscopat étant de droitdivin (cf. can. 108 § 3), le pouvoir desEvêques leur vient de l’ordination épisco-pale même [et c’est la thèse de B., n.d.a.]. Ilest une doctrine plus commune, et expriméemaintenant clairement dans le magistère or-dinaire de l’Eglise, celle selon laquelle le

8

Souverain Pontife est la source de tout pou-voir de juridiction dans l’Eglise; Batiffol(Cathedra Petri, pp. 95-103) a démontré quel’idée remonte très loin en arrière dans latradition” (25). A son tour le Père Zapelenaet le Père Montrouzier citent en faveur decette doctrine (la juridiction des Evêques nevient pas directement de Dieu avec la consé-cration épiscopale, mais par un intermé-diaire, l’intermédiaire du Pape) l’autoritédes Pères (parmi lesquels deux SouverainsPontifes: saint Innocent Ier et saint Léon leGrand), des scolastiques (saint Bona-venture, saint Thomas d’Aquin (26), saintAlbert le Grand, Alexandre de Halès, Scot,Durand...) et de nombreux autres auteurs,même français et orientaux. Mais pourquois’attarder avec les théologiens et les cano-nistes (27), si Rome a parlé? Je ne citerai pasles Pontifes plus anciens, passant directe-ment à l’époque moderne.

Pie VI dans le Bref Deessemus du 16 sep-tembre 1788, rappelait à l’Evêque rebelle deMottola, Etienne Cortez [alias Ortiz], que ladignité épiscopale “dépend immédiatementde Dieu quant au pouvoir d’ordre, et duSiège apostolique quant au pouvoir de juri-diction” (28). C’est encore cette même doctri-ne qu’enseigne le Pape Braschi dans leResponsio super Nunciaturis du 14 novembre1790 écrit en réponse au conciliabule d’Ems,ainsi que dans la Constitution Caritas du 13avril 1791 (29). A Eybel, un canoniste qui par-tageait les idées schismatiques de Fébroniuset qui soutenait qu’“il y avait mensonge à re-présenter le Pape comme conférant auxévêques leur autorité en la même façon quelui reçoit la sienne de Dieu, c’est-à-dire im-médiatement”, Pie VI rappelle la vraie doc-trine: c’est par le Pape que “les Evêques eux-mêmes reçoivent leur autorité, comme lui-même a reçu de Dieu la puissance suprême”(Bref Super Soliditate Petræ du 28 nov. 1786;Denz. 1500 et E.P. 24) (28). L’EnciclopediaCattolica, à l’endroit cité, allégue à l’appui denotre position Vatican I lui-même: “De là[de Rome] viennent à tous les droits de la vé-nérable communion (saint Ambroise)” et lecard. Ottaviani cite Benoît XIV (De Syn.diœc., I, c. 4, n. II) qui ne parle cependant iciqu’en tant que docteur privé, et Léon XIII(enc. Satis cognitum, 29 juin 1896) (30). Maisil est temps de passer à la doctrine encoreplus explicite et détaillée de Pie XII.

Il existe trois documents au moins duPape Pacelli à ce propos: l’importantissime

Le Père Laynez, Général des Jésuites

Page 9: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

encyclique Mystici corporis du 29 juin 1943,l’encyclique Ad Sinarum gentem du 7 oc-tobre 1954 et l’encyclique Ad Apostolorumprincipis du 29 juin 1958 (31). Il s’agit d’ency-cliques importantes: la première dans l’abso-lu, car elle traite de l’Eglise comme Corpsmystique du Christ, et les deux autres relati-vement à notre sujet, car elles concernent jus-tement des consécrations épiscopales sansmandat romain (faites sur la volonté du gou-vernement communiste chinois en 1958).Etant donné que dans Ad apostolorum prin-cipis Pie XII reprend aussi les deux autres en-cycliques, je me contenterai d’une seule cita-tion de ce document pontifical. «La juridic-tion - répète Pie XII - ne parvient auxévêques que par l’intermédiaire du SouverainPontife, comme nous le disions dans NotreEncyclique Mystici corporis: “Les Evêques...en ce qui concerne leur propre diocèse, cha-cun en vrai pasteur, fait paître et gouverne aunom du Christ le troupeau qui lui est assigné.Pourtant dans leur gouvernement ils ne sontpas pleinement indépendants, mais ils sontsoumis à l’autorité légitime du Pontife ro-main, et s’ils jouissent du pouvoir ordinairede juridiction, ce pouvoir leur est immédiate-ment communiqué par le Souverain Pontife”[AAS 35 (1943), pp. 211-212]. Nous avonsrappelé cet enseignement dans la Lettre en-cyclique à vous destinée Ad Sinarum gentem:“Le pouvoir de juridiction, qui est conféré di-rectement au Souverain Pontife par le droitdivin, les évêques le reçoivent du même droit,mais seulement à travers le successeur desaint Pierre...” [AAS 47 (1955), p. 9]» (32).Donc par trois fois au moins, Pie XII en-seigne que la juridiction de l’Evêque vient deDieu par l’intermédiaire du Pape et non parl’intermédiaire de la consécration épiscopale,comme l’affirment à l’inverse B. et VaticanII. Pie XII distingue clairement le pouvoird’ordre et le pouvoir de juridiction dansl’Evêque, ainsi que l’origine différente de cespouvoirs; relisons dans son contexte le passa-ge d’Ad Sinarum gentem cité plus haut:“C’est par sa volonté divine, certes, que les fi-dèles se répartissent en deux classes: le clergéet les laïques, par sa volonté qu’est établi undouble pouvoir sacré: d’ordre et de juridic-tion. En outre - et cela est également d’insti-tution divine - on accède au pouvoir d’ordrequi constitue la hiérachie composéed’évêques, de prêtres et de ministres, par laréception du sacrement de l’Ordre. Quant aupouvoir de juridiction, le droit divin lui-

9

même le confère directement au SouverainPontife, et il vient du même droit auxévêques, mais seulement par le successeur dePierre...”. Pie XII donne par conséquent caté-goriquement le démenti à la thèse de B. et deVatican II sur laquelle B. fonde toute son ar-gumentation, et il la démentit en déclarantqu’il en est ainsi parce que “divinement éta-bli”! (33). On ne s’étonne plus alors que lescommissions préparatoires au ConcileVatican II aient prévu, dans leurs schémas, deproposer aussi cette doctrine comme apparte-nant au magistère conciliaire solennel: c’estce que firent la commission sur les Evêques etcelle pour les Eglises orientales (34). Nous lesavons, le Concile ne se contenta pas de nepas reprendre cette doctrine, il la contreditcarrément; mais ceci est une autre question.

Aussi, mon examen de l’écrit de B. pour-rait-il se terminer par cette conclusion: Romalocuta, causa finita (35). La thèse de B. estfausse, c’est ce que démontre le magistère del’Eglise: les conséquences qu’il prétend dédui-re de ce faux prémisse ne peuvent être qu’er-ronées et infondées. Toutefois il me sembleopportun d’ajouter d’autres explications.

Commentaire des textes du magistère

Les textes du magistère que j’ai cités mepermettent d’exposer la doctrine sur l’épisco-pat, du moins pour ce qui concerne l’objet dudébat, d’une manière bien différente de ce qu’afait B. dans son article; je renvoie à ce propos àce que j’ai déjà écrit dans Sodalitium (n° 28, p.4), et je m’excuse de devoir me répéter.

“D’institution divine la sacrée hiérarchieen tant que fondée sur le pouvoir d’ordre secompose des évêques, des prêtres et des mi-nistres; en tant que fondée sur le pouvoir dejuridiction, elle comprend le pontificatsuprême et l’épiscopat subordonné” (can.108 § 3). Par conséquent “le pouvoir ecclé-siastique”, comme l’écrivent Mgr Parente etMgr Piolanti (36) “se divise en pouvoird’ordre et pouvoir de juridiction”. Dans lesdeux, figurent à des titres divers les Evêquesqui unissent ainsi en eux-mêmes les deuxpouvoirs. Cependant, “les deux hiérarchies,bien qu’unies dans une étroite relation, sontréellement distinctes”. J’écrivais en 1992:“ce qui est normalement uni (en mutuellerelation) mais réellement distinct peut, dansdes cas exceptionnels, être exceptionnelle-ment séparé”; c’est ce qui se vérifie dansl’épiscopat. “Les Evêques, par la consécra-

Page 10: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

tion (...) sont élevés au sommet du sacer-doce chrétien (...) en vertu duquel ils sontrevêtus de la plénitude du pouvoir d’ordre,qui implique le pouvoir de confirmer etd’ordonner (cf. Conc. Trid., sess. 23, can.6-7, DB 966-967). Le pouvoir de juridiction,en revanche, comprenant la double facultéd’enseigner et de gouverner, leur est trans-mis avec la missio canonica, laquelle est unacte juridique qui, directement ou indirecte-ment, émane du Pape...” (36).

Conséquences: l’“épiscopat diminué” n’estpas un “cercle carré” mais une chose excep-tionnellement possible

Jusque-là, au risque de me répéter conti-nuellement, j’ai démontré combien est faussel’assertion que fait B. à la page 23: “Par sonsacre épiscopal, l’évêque est membre del’Eglise enseignante, il participe à la régencedu Corps mystique, il exerce une juridiction,dont les déterminations et l’application ap-partiennent au Pape”. Cette thèse est fausse,puisqu’elle est niée par le magistère ordinairede l’Eglise (Pie VI, Pie XII). Cette thèse estfausse (confirmatur) puisqu’elle est soutenuepar les ennemis de l’Eglise (même s’ils nesont pas seuls à la soutenir): Gallicans,Fébroniens, Jansénistes, catholiques libérauxet Vatican II. Et cette thèse est fausse parcequ’elle ignore (37) (volontairement?) la dis-tinction réelle dans l’Evêque entre pouvoird’ordre (par lequel l’Evêque confirme, or-donne les prêtres, etc...) et pouvoir de juridic-tion (par lequel l’Evêque gouverne et en-seigne comme membre de l’Eglise ensei-gnante et membre de la hiérarchie de juridic-tion), distinction réelle qui est prouvée aussipar la diversité d’origine immédiate des deuxpouvoirs de l’Evêque: la consécration épisco-pale, pour le pouvoir d’ordre, et la mission ca-nonique pour le pouvoir de juridiction qui luiest accordé (directement ou indirectement,explicitement ou implicitement) par le Pape.

De cette incapacité à saisir une distinc-tion pourtant si évidente et documentée, dé-

10

coule l’incapacité d’accepter le conceptd’“épiscopat diminué” exprimé par MgrGuérard des Lauriers. Par ce terme, le re-gretté théologien dominicain désignaitl’épiscopat transmis, dans la situation actu-elle de l’autorité dans l’Eglise, sans le man-dat pontifical (38). Cet épiscopat est “dimi-nué” parce qu’il n’est doté, par la consécra-tion épiscopale valide mais également licitedans la situation actuelle, que de la plénitu-de du pouvoir d’ordre pour confirmer etpour ordonner de nouveaux prêtres, alorsque, du fait de la privation même del’Autorité dans l’Eglise, il est privé du pou-voir de juridiction (et de magistère authen-tique) qui vient seulement du Pape. Il estclair qu’il s’agit là d’une situation anormale,due à la situation anormale que vit l’Eglise;mais elle est licite, étant donnée la distinc-tion réelle des deux pouvoirs dans l’Evêque.

Au contraire, pour B. (p. 20) “on ne peutconcevoir un épiscopat limité qu’il serait légi-time de transmettre parce qu’il ne comporte-rait que les pouvoirs d’ordre (confirmation,ordination, etc.) mais serait privé de sa rela-tion royale au Corps mystique. Une telle no-tion est un cercle carré [une absurdité, unecontradiction dans les termes, n.d.a.], car c’estprécisément cette relation qui est le constitutifde l’épiscopat (inadéquatement considéré) etle fondement de tous les pouvoirs propres àl’Evêque. Et donc un sacre sans mandat apos-tolique serait l’usurpation d’une fonction hié-rarchique princière dans l’Eglise”. Dans cettephrase, B. pose un principe et en déduit(“donc”) une conclusion. Le principe est er-roné, comme nous l’avons démontré, à causedu défaut de compréhension d’une distinctionenseignée par le magistère. La conclusion estdonc fausse, ou pour le moins non démontrée,puisqu’elle s’appuie sur un principe faux.

A notre conclusion, je peux apporterdeux confirmations (confirmatur): le canon2370 du code de droit canon de Benoît XVet l’existence, pas seulement théorique maisde fait, d’un épiscopat “diminué” considérépar tout le monde comme légitime.

Le canon 2370

Pour B., une consécration sans mandatpontifical, comporte l’“usurpation d’une fonc-tion hiérarchique” (p. 20), la négation, “dansles actes” de la “structure hiérarchique [del’Eglise] divinement établie” (p. 21), la “créa-tion d’une nouvelle hiérarchie autre que celle

Le Pape Pie VI

Page 11: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

de l’Eglise catholique” (p. 23): en d’autrestermes elle comporte un schisme (“créationd’une autre hiérarchie”, “usurpation”, etc.)fondé sur une pratique qui implique une héré-sie (négation, au moins dans les faits, de la di-vine constitution de l’Eglise hiérarchique).Gravissime conséquence que ne tire pourtantpas le code de droit canon: encore une foisl’Eglise donne le démenti à B.!

“Pour la validité [de la consécration épis-copale] le ministre doit être avant tout valide-ment sacré (c’est-à-dire qu’il ne suffit pas qu’ilsoit simplement élu); par contre la validitésubsiste si l’Evêque est hérétique, déposé, dé-gradé, irrégulier ou simoniaque (pas cepen-dant s’il est luthérien ou anglican) parce quela valeur de l’Ordination ne dépend pas de labonté ou de la foi du ministre, mais unique-ment du pouvoir l’Ordre. Il est cependant in-terdit sous peine de la suspense a divinis, dese laisser sacrer par de tels évêques et qui l’afait en bonne foi doit s’asbtenir de l’exercicede l’Ordre jusqu’à ce qu’il en ait été autorisé(can. 2372)” (39). Le canon 2372 concerne defaçon générique, tous ceux qui reçoivent lesOrdres (dont le sacre) d’un Evêque en situa-tion irrégulière; le canon 2370 traite explicite-ment de la consécration épiscopale reçue irré-gulièrement (sans mandat) même d’unEvêque en situation régulière: “L’Evêqueconsacrant un autre évêque, contrairement aucanon 953, ses assistants évêques ou prêtres,et l’évêque consacré sont suspens ipso iure deplein droit, tant que le Siège apostolique neles aura pas dispensés”. Comme on peut voir,en aucun de ces deux cas il n’est parlé deschisme: le simple fait d’avoir reçu les Ordresd’un ministre non catholique (can. 2372), oula consécration sans mandat romain (can.2370) ne justifie pas cette grave conclusion.Comme contre-preuve on peut constater quele canon 2370 (ainsi que le can. 2372) se trou-ve au titre XVI du livre V du code, dédié aux“délits [commis] dans la collation ou la récep-tion des Saints Ordres ou des autres sacre-ments”, tandis que les délits qui comportentun schisme se trouvent au titre XI (“des délitscontre la foi et l’unité de l’Eglise”). La peineprévue par le code de droit canon pour uneconsécration épiscopale sans mandat romain(la suspense a divinis) était donc la même quecelle appliquée pour l’ordination d’un prêtresans les lettres dimissoires (can. 2373) ou pourle fait de se faire ordonner sans les lettres di-missoires (can. 2374), c’est-à-dire pour ce“délit” que “commit” Mgr Lefebvre en or-

11

donnant B. et l’auteur de cet article! On voitdonc que, même canoniquement, entre l’ordi-nation de prêtres et la consécrationd’Evêques en violation du droit canon il n’y apas de différence essentielle, mais seulementde degré, contrairement à ce qu’affirme conti-nuellement B. (p. 18, p. 20 IV 2, etc.). A ceque j’écris on pourra objecter que sous PieXII la peine prévue pour une consécrationépiscopale sans mandat a été alourdie (ex-communication specialissimo modo réservéeau Siège Apostolique) (40). Il est à noter ce-pendant que cela n’implique pas une muta-tion de doctrine sur la nature d’un délit maisseulement une aggravation de la sanction dueà des circonstances bien précises (schisme chi-nois) dans lequelles les Evêques n’étaient passeulement consacrés illicitement mais s’arro-geaient schismatiquement une juridictionépiscopale dans des diocèses déterminés (41).Il demeure par conséquent prouvé que lathèse de B. est sans fondement non seulementthéologiquement mais aussi canoniquement.

Exemples de consécrations sans mandatconsidérée comme légitimes par l’Eglise.

Jusqu’ici j’ai démontré que le fondementdoctrinal invoqué par B. pour nier la licéitéde consécrations sans mandat romain (dansles cas exceptionnels où l’on peut appliquerl’épikie) est inexistant.

J’ai également expliqué pourquoi cesconsécrations sont théologiquement pos-sibles: parce qu’un “épiscopat diminué”,c’est-à-dire nanti du pouvoir d’ordre maispas du pouvoir de juridiction, est théologi-quement possible. Ceci présuppose que lepouvoir d’ordre et celui de juridiction del’Evêque proviennent de deux causes pro-chaines diverses: Pie XII l’affirme, B. etVatican II le nient. Maintenant une questionse pose: y a-t-il eu, dans l’histoire del’Eglise, des cas similaires à celui des consé-crations dont nous sommes en train de par-ler (celles de Mgr Ngo-Dhin-Thuc de 1981)?Ne s’est-il jamais vu dans l’Eglise de casd’“épiscopat diminué” non pas condamnémais accepté par l’Eglise?

Cette question n’est pas essentielle maisaccessoire. Pour ce que j’en sais, jamais jusqu’àce jour une occupation prolongée materialitermais non formaliter du Siège de Pierre n’avaitexisté; et pourtant B. croit (à raison) que telleest actuellement la situation de l’Autorité dansl’Eglise! Normalement l’Evêque élu doit être

Page 12: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

consacré, et l’Evêque consacré doit exercerune juridiction; il se pourrait que “l’épiscopatdiminué” représente une exception tellementrare qu’il aura fallu nos jours si tourmentéspour lui voir faire sa première apparition dansl’histoire de l’Eglise...

Cependant je ne pense pas que le cas enquestion soit aussi rare qu’il le paraît; ordreet juridiction, qui dans l’Evêque doiventnormalement être unis, sont parfois mani-festement et licitement séparés. Voyons-enquelques cas.

A) Evêques avec juridiction, mais sanspouvoir d’ordre. Ce cas est tellement courantqu’il ne devrait même pas être nécessaire d’enparler! Tout Evêque a juridiction sur son dio-cèse dès l’instant où il a reçu du Saint-Siègel’institution ou collation canonique (can. 332 §1). “La prise de possession par laquelle il[l’Evêque] commence l’exercice de la juridic-tion du diocèse ne comporte aucun rite litur-gique” et peut être faite “même avant saconsécration” (42). L’Evêque est donc membrede l’Eglise enseignante et gouverne son diocè-se avant même d’être consacré Evêque; mais ilest tenu à recevoir la consécration, s’il n’en estpas légitimement empêché, dans les trois moisqui suivent sa nomination (can. 333) (43). Cettevérité s’applique également au cas spécial del’Evêque de Rome, c’est-à-dire au Pape, entant qu’Evêque de Rome. B. lui-même, dansson très bel opuscule sur la thèse deCassiciacum, L’exercice quotidien de la foi (44),cite Pie XII: “Si un laïc était élu pape, il nepourrait accepter l’élection qu’à la conditiond’être apte à recevoir l’ordination et disposé àse faire ordonner” et le Pape ajoute: “Le pou-voir d’enseigner et de gouverner ainsi que lecharisme de l’infaillibilité, lui seraient accordésdès l’instant de son acceptation, même avantson ordination” (45). On ne peut mieux souli-gner et la distinction réelle des pouvoirs(d’ordre et de juridiction) et celle de leur origi-ne prochaine, et le fait que dans l’Eglise enordre ils doivent se trouver réunis en la mêmepersonne: le laïc élu Pape est totalement dé-pourvu du pouvoir d’ordre, et pourtant il jouitdès lors de la juridiction sur toute l’Eglise(c’est la distinction des pouvoirs: la juridictionne vient pas de la consécration) à conditiond’avoir l’intention de se faire ordonner (la hié-rarchie est une, bien que divisée en pouvoird’ordre et pouvoir de juridiction; l’Evêque ré-sidentiel doit les posséder toutes les deux) (46).

B) Evêques avec pouvoir d’ordre, maissans pouvoir de juridiction. Ce cas apparaît

12

moins évident, mais c’est justement celui dontnous devons démontrer l’existence légitime(47). Le Père Montrouzier se place devant ladifficulté et la résoud ainsi: “Jusqu’à présentles champions du droit divin [des Evêques]ont enseigné que la consécration épiscopaleest la source de la juridiction de l’Evêque. Enmême temps que la grâce du sacrement coulesur lui, le nouvel évêque reçoit de Jésus-Christ la juridiction nécessaire pour comman-der aux fidèles. Voilà ce qu’ils disent. Parmalheur, les faits ne cadrent point avec lathéorie. Chaque jour nous voyons dansl’Eglise de simples prêtres exercer la juridic-tion épiscopale; et réciproquement, il y a desEvêques très validement et légitimementconsacrés qui sont destitués de toute juridic-tion. Le Vicaire capitulaire possède la pleinejuridiction de l’Evêque; l’Evêque titulaire ouin partibus ne jouit pas de plus de pouvoirsqu’un simple prêtre (48). Signe évidentqu’entre la consécration épiscopale et la col-lation de la juridiction il n’existe point deconnexion nécessaire. Bien plus, c’est un faituniversellement reconnu, que l’Evêque élupeut légitimement exercer toute sa juridictionaussitôt qu’il a été préconisé par le Pape etqu’il a reçu ses bulles, fut-il simplement ton-suré. N’est-ce pas une preuve péremptoireque la juridiction se confère indépendam-ment de l’ordination (...)?” (49).

Si B. n’est pas satisfait de l’exemple cité parle Père Montrouzier (voir note 48) voyons en-semble un autre cas proposé par le même au-teur et plus proche de celui des consécrationsaccomplies par Mgr Ngo-Dhin-Thuc. Le PèreMontrouzier s’y intéresse pour réfuter la théo-rie soutenue aussi par B.: les Gallicans (NoëlAlexandre par exemple, ainsi que les Evêquesanticoncordataires) accordaient aux Evêques,comme corollaire de leur thèse, une “juridic-tion universelle” (comme celle que possède or-dinairement le Pape) “en cas de nécessité ex-traordinaire”. “Noël Alexandre, par exemple,veut que, dans les temps de schisme ou de per-sécution, tout Evêque puisse en vertu de cettejuridiction universelle, accourir au secoursd’une Eglise désolée” (50). Le PèreMontrouzier, après avoir réfuté le principe etses conséquences, ajoute cependant: “Voulons-nous dire pour cela que jamais, dans les tempsde trouble et de persécution, l’Evêque ne puis-se étendre sa sollicitude sur un troupeau aban-donné sans défense à la fureur des loups ravis-seurs? Nullement. Nous savons que l’histoirerapporte, en le louant, l’exemple de saint

Page 13: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

Eusèbe, évêque de Samosate, qui, pendant lapersécution arienne, parcourait les Eglisespour les pourvoir de prêtres et de pasteurs fi-dèles. Mais pour louer ce trait et d’autres dumême genre, il n’est pas nécessaire de remon-ter à une prétendue concession [de juridictionuniverselle] qui n’exista jamais. Il suffit de direqu’en vertu de la charité qui unit tous lesmembres de l’Eglise, les Evêques se doiventune mutuelle assistance, pour laquelle ils peu-vent à bon droit présumer le consentement duPontife romain, dans les cas de nécessité im-prévue. Supposons qu’une subite invasion del’ennemi menace les jours d’un ou plusieursVicaires apostoliques de quelque vaste chré-tienté de l’Orient. Il nous paraît évident que lesVicaires apostoliques dont les jours sont ainsimenaçés, peuvent et doivent sacrer bien vite aumoins un Evêque, afin de pourvoir efficace-ment à la conservation de cette chrétienté.Mais de quel droit agiront-ils? Sera-ce en vertude la juridiction universelle conférée pour lescas extrêmes? Non. Ils s’appuieront unique-ment sur le consentement présumé du Pontiferomain, dont en hommes sages ils interprètentles intentions” (51). Remarquons que pour lesGallicans comme pour les “ultramontains” ilest évident qu’en cas de nécessité, on peut etl’on doit consacrer des Evêques sans mandatromain! La différence consiste en ceci: pour lesGallicans (tenants de la thèse de B.) l’Evêquequi consacre a la juridiction pour le faire, et lesEvêques ainsi consacrés ont la juridiction reçuedans la consécration même, alors que pour lePère Montrouzier ces Evêques consacrés vali-dement et licitement appliquant l’épikie n’ontcependant pas de juridiction (qui ne peut venirque de Rome), du moins jusqu’à ce que lePape, ayant pris connaissance du fait, la lui ac-corde s’il le juge opportun.

Durant la persécution communiste dansla moitié de l’Europe et une bonne partie del’Asie, de nombreux Evêques catholiquesont agi de cette façon. Privés de tout contactavec Rome, dans l’impossibilité de recevoirune aide concrète du Pape, ils ont créé une“Eglise clandestine”, ordonné des prêtres etconsacré des Evêques en présumant duconsentement du Vatican. Cette façon d’agira occasionné un désordre inévitable et desabus, mais Rome n’a jamais accusé cesEvêques d’avoir institué une Eglise schisma-tique. Une fois terminée la persécution vio-lente du communisme, dans un grandnombre de ces pays, ces Evêques consacrésclandestinement ont reçu une “juridiction”

13

de “Rome”, ou bien ont reçu d’autrescharges, si “Rome” ne les a pas jugés ca-pables de gouverner un diocèse (52).

C) Application à notre cas. Or, si celaétait licite pour préserver la chrétienté dansun seul pays, est-ce que ça ne le sera paspour préserver la chrétienté dans le mondeentier? Et si c’est licite en cas d’impossibilitéde consulter le Pape régnant, n’est-ce paslicite, à plus forte raison, lorsque l’Eglise estaffligée depuis plus de trente ans de la va-cance (formelle) du Siège apostolique, va-cance admise par B. lui-même?

Il me semble donc pouvoir conclure que“l’épiscopat diminué” (c’est-à-dire privé depouvoir de juridiction) a existé de façon li-cite dans le passé, et il n’y a pas là quadra-ture du cercle. Pour être licite dans la cir-constance présente, il faut à mon avis poserles conditions suivantes:

1) Admettre que le Siège apostolique estvacant, et de ce fait qu’il n’y a aucun recourspossible au Pape.

2) Se soumettre préventivement à toutesles décisions qu’un Pape légitime prendra àpropos de ces consécrations (y compris le re-noncement à exercer les pouvoirs épiscopaux).

3) Ne s’arroger aucun pouvoir de juridic-tion, qui ne peut venir que du Pape, mais re-cevoir seulement le pouvoir d’ordre, spécia-lement pour conférer la Confirmation et lesacrement de l’Ordre à qui en est digne.

4) Avoir une intention droite: la gloirede Dieu, le bien des âmes et de l’Eglise, lapropagation de la vraie foi, la lutte contrel’hérésie, l’administration des sacrementsavec le rite catholique non réformé.

5) Avoir des motifs graves pour conférerl’épiscopat ou pour le recevoir dignement,motifs dont la gravité doit être proportionnéeau danger que ces consécrations sans mandatromain comportent par leur nature même.

Sans aucun doute parmi les consécra-tions qui ont eu lieu ces dernières annéesdans les rangs des opposants à Vatican IIbeaucoup ont été moralement illicites pardéfaut de certaines de ces conditions. MgrLefebvre, par exemple, avait reconnu Jean-Paul II comme Pape légitime, lequel luiavait interdit explicitement de consacrer lesquatre Evêques de la Fraternité sous peinede schisme et d’excommunication. MgrLefebvre ne pouvait pas appliquer l’épikie,qui prévoit l’impossibilité de consulter leSupérieur et la présomption de son accord.D’autres Evêques “sédévacantistes” s’arro-

Page 14: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

gent abusivement la juridiction. D’autressont des aventuriers dont l’orthodoxie estplus que douteuse. Mais abusum non tollitusum: les abus dus à l’anarchie tragique quirègne actuellement n’enlèvent pas, à quiveut agir droitement, le droit de recourir auministère des Evêques qui par contre ontété sacrés validement (53) et licitement.

L’aspect prudentiel: consécrationsimprudentes et inopportunes? B. exagère lesinconvénients...

Dans les dernières considérations j’aitouché incidemment au problème de l’as-pect prudentiel de ces consécrations. Je rap-pelle comment pour B., à juste titre, cet as-pect est (toujours plus) secondaire par rap-port à l’aspect doctrinal, d’autant plus qu’àson avis il est “une conséquence inéluctablede l’aspect théologique” (p. 24). Ayant dé-montré que l’aspect théologique est inexis-tant, je pourrais affirmer tranquillement quel’aspect prudentiel n’existe pas non plus.Cependant je ne suis pas de cet avis; lesconsécrations épiscopales ont, c’est vrai, oc-casionné des inconvénients qu’il ne faut pascacher, mais pas non plus exagérer.

Je ne fais donc aucune difficulté pour ad-mettre que, de ce point de vue, B. est tout cequ’il y a de plus libre de ne pas se laisser en-traîner dans la “voie épiscopale”. Il s’agit dechoix contingents et, par conséquent, sus-ceptibles d’appréciations diverses. Donc siB. s’était limité à ne pas faire recours à telou tel Evêque et même à inviter à la pru-dence les tenants de la “voie épiscopale” età en déplorer les abus, il aurait joué effecti-vement le rôle qu’il s’attribue lui-même,celui du “vieux bougon qui aura empêchédeux ou trois imprudents d’aller trop vite outrop loin” (p. 25). Hélas, B. n’a pas la mêmecondescendance vis-à-vis de l’autre opinion,la condamnant sans atténuations tant sur leplan doctrinal que sur le plan pratique.

Ceci dit, voyons brièvement les motifspour lesquels la “voie épiscopale” serait “pé-rilleuse” (p. 25), et même “un péril redoutableen prudence” (p. 17). B. énumère ces motifs àla p. 24 : “Le foisonnement des sacres, l’espritd’anarchie qui en a résulté, la difficulté de dis-cerner qui est catholique et qui ne l’est pas, laperte du souci de l’Eglise universelle, lesétranges doctrines qui circulent pour justifierles sacres, tout cela peut remplir l’esprit d’in-quiétude et d’angoisse...” (54).

14

Je pourrais répondre à B. que les phéno-mènes qu’il vient de souligner sont en partievéridiques, mais qu’ils frappent malheureuse-ment pour une grande part toute la phalangedes catholiques qui s’opposent à Vatican II,sans aucune exception et, plus généralement,tous les catholiques. La faute de l’“espritd’anarchie”, de la “difficulté de discerner quiest catholique et qui ne l’est pas”, des“étranges doctrines qui circulent”, n’est pas àattribuer aux consécrations épiscopales, mais àVatican II et à la crise conséquente del’Autorité dans l’Eglise: “je frapperai le pasteur,et les brebis du troupeau seront dispersées” (Mt26, 31). Quant à l’“anarchie” (absence dechef), une personne malicieuse pourrait de-mander à B. (ou même à moi): qui est votre su-périeur? B. est un prêtre “indépendant”, moiaussi. Il admettra que cette situation est tout àfait anormale dans l’Eglise, et peut même pa-raître contre la “structure de Sa vie hiérar-chique et sacramentelle” (p. 24). En effet lesprêtres “(...) aident [les Evêques], suivant leuroffice propre” (Pie XII, Ad sinarum gentem,Doc. Cath. année 1954, n° 1190, col. 9). Qui estl’Evêque de B.? Un des ministères les plus im-portants du prêtre est celui de la pénitence. Ilcomporte, par droit divin, la juridiction au forinterne. Qui l’a concédée à B. (55)? Le prédica-teur des Evangiles doit être envoyé parl’Eglise: “et comment prêchera-t-on si on n’estpas envoyé?” (Rom. 10, 15). Qui a “envoyé”B.? “Celui qui n’entre point par la porte dans lebercail des brebis, mais y monte par ailleurs, estun voleur et un larron” (Jn 10, 1). Le concile deTrente applique cette phrase évangélique nonseulement aux Evêques, mais également auxprêtres qui se sont arrogés “par leur propre té-mérité” ces ministères (sess. XXIII, c. 4). Querépondra B.? Il est obligé de l’admettre (p. 24),lui aussi “a choisi de devenir prêtre, il n’a pasété choisi. Il a choisi de se rattacher à telEvêque [Mgr Lefebvre], il ne l’a pas reçu del’Eglise” (p. 23). Et même si, par un véritableescamotage, il affirme (p. 24) que MgrLefebvre “était un Evêque que l’Eglise s’étaitdonné à elle-même [et donc indirectement ànous]” (56), qu’on le veuille ou non, B. n’est pasun prêtre que l’Eglise s’est donné à elle-même,il n’a pas été envoyé par l’Eglise (57). S’il affir-me pouvoir exercer son ministère en vertu deson ordination sacerdotale (sans avoir été en-voyé canoniquement par l’Eglise) à cause de lasituation actuelle, comment peut-il le repro-cher à l’Evêque qui fait comme lui? L’Eglise,nous l’avons vu, ne fait pas de distinction es-

Page 15: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

sentielle entre les deux cas. Nous ne choisis-sons donc pas l’anarchie, nous la subissons!

De la même façon, l’absence en acte d’unpouvoir de magistère favorise la diffusiond’“étranges doctrines”, non seulement pourjustifier les consécrations, mais aussi pour jus-tifier (ou pour nier!) le simple exercice du sa-cerdoce dans la situation actuelle! De façon si-milaire, c’est le Pape qui nous dit qui est ca-tholique et qui ne l’est pas. Dans la situationactuelle, par exemple, on ne peut réconcilier“canoniquement” un hérétique ou un schisma-tique avec l’Eglise (l’intervention de l’Evêquediocésain est nécessaire): ceci rend plus diffi-cile l’évaluation de certains cas d’“affinité avecdes mouvements douteusement catholiquesou franchement sectaires” (p. 22) (58).

Par contre le “foisonnement des sacres”était lui parfaitement évitable. Comme B., jedéplore “l’inflation épiscopale” (59) (maisdans l’administration du sacerdoce il y au-rait aussi à dire, sans en exclure la “très sé-rieuse” Fraternité Saint Pie X). Mais cen’est pas un argument suffisant pour ne pasrecourir, entre tous ces Evêques, à ceux quipeuvent le plus dignement administrer lessacrements de la confirmation et de l’Ordre.

“La perte du souci de l’Eglise univer-selle” est un risque général pour tous ceuxqui ne s’intéressent qu’à l’administration ouà la réception des sacrements, oubliantqu’ils sont sacramenta fidei, oubliant que la

15

vie sacramentelle ne peut jamais être disso-ciée de la vie de foi et de l’unité ecclésias-tique. Mais qui autorise B. à soutenir que(tous) les partisans de la “voie épiscopale”se désintéressent de l’Eglise? C’est aussi in-juste que de soutenir que B. ne s’intéressequ’à son école de Bordeaux. Nous savonstrès bien que les consécrations épiscopalesne sont pas en mesure d’apporter autrechose qu’un soulagement à la vie spirituelledes fidèles, mais que seule la fin de la criseactuelle de la foi et de l’Autorité pourra ré-soudre la tragédie que nous vivons. Mais de-vons-nous, précisément parce que nous vi-vons une époque d’épreuve, nous priver jus-tement, sans motifs graves, des sacrementsqui sont les canaux ordinaires de cette grâceindispensable pour survivre spirituellement?

... et il minimise et occulte les graves motifsqui rendent les consécrations nécessaires

Face aux dangers indéniables que repré-sentent les consécrations épiscopales (quisont par ailleurs les mêmes, à un degré plusélevé, que ceux de l’exercice du sacerdocesans le contrôle de la hiérarchie) il n’est pascorrect, si l’on veut procéder à une évalua-tion sereine de notre devoir, d’occulter ou deminimiser les avantages et, je dirai même, lanécessité des consécrations épiscopales.

A lire B. il semblerait que tous les parti-sans de la “voie épiscopale” ne cherchentqu’à flatter “l’esprit anarchique et présomp-tueux que nous portons en nous depuis lepéché originel”! La nécessité des sacrementsn’est évoquée qu’à la p. 22...

Notre-Seigneur Jésus-Christ a confié àses apôtres et à leurs successeurs et coopéra-teurs une mission: “allez donc, enseigneztoutes les nations, les baptisant au nom duPère, et du Fils, et du Saint-Esprit, leur ap-prenant à garder tout ce que je vous ai com-mandé” (Mt. 28, 19). Cette mission, qui doitdurer jusqu’à la fin du monde, a le salut desâmes (et donc la gloire de Dieu) comme but,et elle se réalise principalement par l’inter-médiaire du sacrement de l’Ordre dontl’Evêque a la plénitude. Le pouvoir de juri-diction, le primat de Pierre lui-même, sontordonnés et finalisés à cette mission. Dansla situation actuelle de privation del’Autorité, la mission de Jésus-Christ doit-elle cesser? C’est de toute évidence impos-sible. Or, pour continuer cette mission,l’evêque est nécessaire.

Pie XII célébrant la Sainte Messe

Page 16: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

Sans Evêque, pas de prêtre.Et surtout le saint Sacrifice de la Messe

viendrait à manquer. “L’Oblation pure, ac-complie sur la Croix, renouvelée et perpé-tuée dans la Messe, est en droit l’ultime justi-fication de toute la création; et, pour lemoins en fait, de l’Incarnation et de laRédemption” (60) B. sait que quasiment par-tout le “novus ordo missæ” a rendu lesmesses célébrées invalides, et que le petitnombre des messes encore célébrées dans lemonde sont presque toutes entachées de sa-crilège, en tant qu’offertes en communionavec Jean-Paul II. Or, sans l’oblation pure,on ne rend pas à Dieu la gloire qui Lui estdue. Sans sacrifice, la religion n’existe mêmeplus (absit). Et sans Evêques non en commu-nion avec Jean-Paul II l’Oblation pure se ra-réfie et tend à disparaître.

Sans Evêque pas de prêtre, et sans prêtrepas de sacrements, et sans sacrements il estmoralement impossible que se conserve la foi.“Si la Foi, requise pour le salut, peut en droitsubsister sans autre sacrement que celui dubaptême, l’expérience confirme que, sans lesautres sacrements et primordialementl’Eucharistie, la Foi s’étiole et disparaît” (60).Les prêtres qui administrent les sacrementsselon le rite catholique sont peu nombreux etleur nombre va toujours diminuant du fait deleur âge avancé. Ceux qui les administrentnon una cum le sont encore moins. La trèsgrande majorité des fidèles est donc privéedes sacrements: sans Evêque, tous sont privésde la confirmation, avec si peu de prêtrespresque tous sont privés des sacrements depénitence, d’eucharistie, d’extrême-onction...Combien d’âmes ont dû se présenter devantDieu sans aucun secours spirituel? Combien(à Dieu ne plaise) se sont damnées parcequ’elles n’ont pas trouvé en temps voulu unprêtre pour leur prêcher la vérité ou pour par-donner leurs péchés? N’y a-t-il des âmes qu’àSaint-Maixant ou à Mouans-Sartoux? Qu’ensera- t-il des autres si l’on croit ce que dit B.?

Et surtout, dans la perspective de B., c’estle sacrement de l’Ordre qui disparaît. Il fau-drait supposer que Jésus-Christ n’appelleplus à l’état sacerdotal mais que c’est aucontraire le démon qui suggère la pensée dela vocation aux jeunes gens fervents sous laforme de “tentation sous apparence de bien”.La tâche des quelques prêtres qui nous res-tent serait alors de dissuader les jeunes de serendre dans un séminaire, les dissuader dedésirer se consacrer à Dieu; quant aux en-

16

fants, qu’ils se gardent bien de vouloir deve-nir “soldats de Jésus-Christ”, juste au mo-ment où ils seraient si nécessaires! B. nepense-t-il pas que c’est lui qui est victimed’une “tentation sous apparence de bien”?

Nous l’avons vu, les consécrations épis-copales ne nous donnent pas des membresde l’Eglise enseignante pouvant restituer enacte le pouvoir de juridiction dans l’Eglise.Ils sont cependant une condition sine quanon pour cette restauration. Lorsqu’unEvêque materialiter, rétractant ses erreurs,recevra l’Autorité, qui lui conférera laconsécration épiscopale nécessaire, si lepouvoir d’ordre a disparu (absit) entre-temps? “Sans Missio, plus de Sessio, ni deHiérarchie, ni donc d’Eglise” (60).

Enfin, dans l’exercice quotidien du sa-cerdoce, sans compter même que les prêtressont dans l’Eglise en ordre “les coopérateursdes Evêques” (Pie XII) (61), le prêtre acontinuellement besoin de l’Evêque pour lacélébration de la Messe et l’administrationdes sacrements (l’Evêque seul peut consa-crer l’autel, bénir les saintes huiles, etc.).

Les consécrations épiscopales sont doncutiles, sinon nécessaires; il y a des raisons im-portantes pour les accomplir et les accepter. Ilfaudrait pour les refuser avoir des motifs doctri-naux décisifs qui n’existent pas, nous l’avons vu.

Cui prodest?

Je le rappelle, B. se rend compte que laquestion des consécrations comporte desconséquences qui touchent au salut desâmes (p. 17). Mais les conséquences de sonarticle Les filles de Lot, quelles sont-elles?Nous avons le droit de nous poser la ques-tion. A qui tout cela peut-il bien être utile?

Pas aux âmes qui seront abandonnées,privées de secours spirituels pour des motifsthéologiques inexistants; mais certainementà l’Ennemi des âmes qui en gagnera ungrand nombre si cette position se répand.Pas non plus aux prêtres qui partagent la po-sition théologique de B. (l’abbé Sanborn,l’Institut Mater Boni Consilii) et qui ont ou-vert des “séminaires” pour former sérieuse-ment les jeunes vocations. Par contre il rendservice, paradoxalement, à la FraternitéSaint Pie X qui continuera à avoir le “mono-pole des vocations”, étant donné que ses fi-dèles ne lisent pas B. et que s’ils le lisent, ilsne seront pas beaucoup influencés par lesthèses d’un “sédévacantiste”.

Page 17: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

Cet article sert, encore plus paradoxale-ment, les “sédévacantistes” opposés à lathèse de Cassiciacum, qui ont pris deux direc-tions contraires mais également délétères:abandonner totalement la pratique des sa-crements ou, à l’opposé, élire un “Pape”.

Qui incite les fidèles à déserter les sacre-ments des prêtres privés de juridiction (etdonc pratiquement à se priver totalementdes sacrements) trouvera dans l’article de B.de nombreux arguments intéressants, car, jel’ai démontré, il n’y a pas de distinction es-sentielle entre les deux cas: du refus desEvêques sans mandat on passe logiquementau refus du sacerdoce “indépendant”.

Qui pense que les Evêques consacrés parMgr Ngo-Dhin-Thuc ont le pouvoir de juri-diction et peuvent par conséquent élire unPape, sera pleinement d’accord avec la thèsede B. selon laquelle la juridiction épiscopaleest conférée avec la consécration.

En somme, la thèse de B., bien involon-tairement, favorise tout le monde (y comprisla secte moderniste qui a pris tant de postes-clés dans l’Eglise) sauf les tenants de laThèse de Cassiciacum. C’est là une énièmeconfirmation de ce que disait le PèreGuérard des Lauriers en 1984: “rejeter laThèse et admettre la Mitre [les consécra-tions] ce serait évidemment être schisma-tique. D’autre part, rejeter la Mitre [lesconsécrations] et admettre (apparemment)la Thèse c’est dégrader celle-ci en une abs-traction éidétique (purement logique et cou-pée de la réalité)...” (62). Dans cette distor-sion de la Thèse (63), commencée avec la dé-claration imprudente et trop précipitée de1982 (cf. p. 18 et note 3), est contenu un“danger grave (...) et imminent” (62) d’aban-donner la Thèse et d’accepter Vatican II,danger que les défections successives de 1988et de 1992 ont malheureusement confirmé.

B. se déclare fier de la stabilité de sa posi-tion depuis quinze ans (p. 17). A mon avis,c’est là justement l’erreur de la déclaration de1982 qu’il faudrait reconsidérer pour la gloirede Dieu, le bien de l’Eglise et celui des âmes.

Appendice

Quoi de nouveau depuis la publication dema réponse à l’article Les filles de Lot en-voyée à B. lui-même avec une lettre d’accom-pagnement? Pour l’instant, rien, si ce n’estune Réponse au sujet de l’attitude pratique àtenir à l’égard des prêtres ordonnés par des

17

évêques sacrés sans mandat apostolique, ré-ponse écrite par B. le 1er mai 1997. Selon B.,aux messes célébrées par ces prêtres il fautappliquer les mêmes principes qu’aux messescélébrées una cum Joanne-Paulo. Ce qui si-gnifie pour B., dont la position au regard desmesses “una cum” est plus large que la nôtre,que normalement il n’est pas licite d’assisterà ces messes; seule pourrait être licite une as-sistance pour raison graves (par ex.: “pé-rilleuse privation de sacrements” ou “nécessi-té de mettre ses enfants dans une école debonne moralité”), à condition de refuser tou-jours intérieurement ces consécrations. PourB., le cas des messes célébrées par ces prêtresest même, d’un certain point de vue, plusgrave encore que celui d’une messe célébréeen communion avec Jean-Paul II! (cf. note 3de B.). “La responsabilité de ceux qui utili-sent, encouragent ou cautionnent la ‘voieépiscopale’ me semble très grande”, écrit B.

La thèse de B. a donc d’ores et déjà dé-terminé des conséquences pratiques extrê-mement graves: qui suit sa thèse préféreraperdre la messe même un jour de précepte,plutôt que d’assister à la messe d’un prêtrequi a peut-être la même position théolo-gique que B. mais accepte les consécrationsépiscopales. Etant donné que la thèse de B.est fausse, comme je l’ai démontré, on voitimmédiatement les graves conséquencesainsi que la grande responsabilité (pour uti-liser ses propres termes) de B. et de ceux quisoutiennent les mêmes arguments.

Par ailleurs, à la note 53, je louais le bonsens de B. qui ne doutait pas de la validitédes consécrations épiscopales; dans cetteRéponse, cette validité, il la met en doute aumoins dans certains cas non précisés; je doisdonc retirer mon éloge.

Malgré tout, j’espère encore que B.,prêtre plein de grandes qualités, saura réexa-miner cette question avec humilité et coura-ge intellectuel. Pour ma part, je suis prêt àcorriger toutes les erreurs que j’aurais puprofesser involontairement dans mon article:je suis certain que B. est dans les mêmes dis-positions en ce qui regarde sa position.

Notes

1) Les deux étendards, n° 3, février 1997, pp. 17-26.2) De façon analogue, au can. 1013 du nouveau code

wojtylien il est dit: Il n’est licite à aucun évêque deconsacrer un autre évêque, s’il n’est pas d’abord assurédu mandat pontifical.

3) Selon le can. 2370, il s’agissait de la suspense. Undécret du Saint-Office du 9 avril 1951 aggrava cepen-

Page 18: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

dant la peine infligeant l’excommunication latæ senten-tiæ, peine qui, je le dis à titre d’information, a été main-tenue dans le “nouveau code” (can. 1328).

4) Sur le nouveau rite de la consécration épiscopale, cf.A. BUGNINI, La riforma liturgica (1948-1975), CLVEdizioni liturgiche, Roma 1983, pp. 687-702. Les réforma-teurs ont supprimé la préface de l’ancien rite romain quiconstitue la forme consécratoire selon la Constitution apos-tolique Sacramentum Ordinis de Pie XII du 30 nov. 1947(D. 2301). En effet selon Bugnini, “la formule préexistantedu pontifical romain était considérée comme tout à fait in-suffisante à exprimer la doctrine sur l’épiscopat telle que laprésente Vatican II, particulièrement dans la ConstitutionLumen Gentium” (op. cit., p. 693). Comme pour le nou-veau missel, “le texte qui se trouve à cet effet [la consécra-tion épiscopale] dans la Traditio Apostolica d’Hyppolite aparu une bonne base de départ...” (op. cit., p. 689). “L’as-pect œcuménique” eut aussi son poids (p. 694): les coptes etles syriens occidentaux se réfèrent substantiellement à lamême source. Le nouveau rite fut promulgué par Paul VIle 18 juin 1968 après avoir été utilisé pour la première foisad experimentum, en janvier de la même année pour deve-nir par la suite obligatoire à partir du 6 avril 1969. Si PaulVI n’était pas Pape, comme nous le pensons, le nouveaurite de la consécration épiscopale est invalide ou du moinsdouteux. Evidemment la chose n’est pas sans conséquencespour la solution du point de discussion entre nous et B.

5) En effet, les divers rites orientaux n’ont pas éténotablement modifiés. Reste cependant problématique,même d’un point de vue ecclésiologique, l’éventuelledisparition du sacerdoce dans l’Eglise de Rome. Il fautpar ailleurs rappeler que les Patriarches ou Evêques ca-tholiques de rite oriental sont de toutes façons en com-munion avec Jean-Paul II, et par conséquent leurs célé-brations sont entachées par le fait qu’ils se proclamenten communion avec qui n’est pas formellement Pape.On peut dire la même chose des célébrations eucharis-tiques des mouvements qui partagent les positions de laFraternité sacerdotale saint Pie X.

6) A l’exception du baptême et du mariage, tousles autres sacrements, pour être valides, doivent avoircomme ministre l’Evêque ou le prêtre.

7) C’est dans cette situation d’illégalité qu’ont étéordonnés, par Mgr Lefebvre, tant B., que moi-même.

8) Cet épisode me suggère une observation sur unpoint marginal de la question que nous sommes en trainde traiter. B. se vante de n’avoir jamais changé de posi-tion sur la question des consécrations épiscopales (pp.16-17) accusant par contre le Père Guérard desLauriers, Mgr Lefebvre (p. 16, note 1) et le PèreBarbara (p. 17, note 2) d’avoir changé de position surce sujet. A part le fait que persévérer dans l’erreur(comme le fait B. sur ce point) est un défaut, tandis quecorriger ses propres erreurs est une vertu (difficile), jeme permets de faire remarquer que le Père Guérard n’apas changé d’avis comme voudrait le faire croire B. Dès1976 au moins, nous l’avons dit, il était favorable à desconsécrations épiscopales. Il ne changea pas non plusd’idée en 1981. B. écrit: “Quatre mois avant d’êtresacré évêque, le R. P. Guérard des Lauriers rejetaittoute idée de sacre, à propos du P. Barbara qu’on disaitdésireux de se faire sacrer, en citant saint Paul: Quechacun marche conformément à sa propre vocation (1Cor 7, 17) [audible sur la Cassetiacum N. 1]”. C’est unpeu juste pour dire que le P. Guérard “rejetait touteidée de consécration”! D’autant plus que tout de suiteaprès le Père ajoutait: “Evidemment on ne peut pas re-fuser s’il y a un évêque qui vous tombe du ciel...”. Il

18

s’agissait simplement d’une boutade polémique noncontre les consécrations, mais contre une éventuelleconsécration du Père Barbara [d’ailleurs que le P.Barbara ait voulu se faire sacrer est encore à démon-trer. En ce qui le concerne, Mgr Ngo-Dinh-Thuc a dé-menti dès 1982 que le Père Barbara le lui ait demandé].

P. S.: Après une première rédaction et diffusion decette étude, j’ai eu l’occasion de relire un vieux numérode Forts dans la Foi (n°6 [66], 2ème trim. 1981) dans le-quel est rapporté le texte d’une conférence du P.Barbara (L’Union pour la Fidélité et les évêques encorecatholiques), conférence tenue au retour de ses voyagesen Amérique latine de mars et avril 1980 (donc proba-blement bien avant mai 1981, date de la consécrationépiscopale du Père Guérard). Dans cette conférence lePère Barbara expliquait à quelles conditions il auraitconsidéré comme légitimes des consécrations épisco-pales faites par Mgr Lefebvre (il aurait fallu une décla-ration de la vacance du siège apostolique) (pp. 68-69) età quelles conditions lui-même aurait peut-être acceptéd’être sacré évêque, (“si cette proposition provenaitd’un évêque catholique agissant selon la doctrine et lesnormes du droit”, pp. 67-68). En cette occasion le PèreBarbara raconta également l’anecdote suivante: “Unami de la région lyonnaise, qui assiste à la messe auQuai Saint Vincent, m’apprit par téléphone que presquetout le sermon de R. P. Guérard avait porté sur ‘le sacredu Père Barbara’. D’après lui, j’avais bien le droit de mefaire sacrer, mais pas de m’attribuer une juridiction...”(p. 58). Si, comme je le pense, le sermon en question estantérieur à mai 1981, il est la confirmation - et àl’époque on ne pouvait soupçonner la source de sympa-thie “guérardienne” - que le P. Guérard n’a pas changéde position à ce sujet, comme le soutient au contraire B.

9) L’auteur y manifeste, plus ou moins ouvertement,le motif qui l’a poussé à revenir sur le sujet. Il s’agit du faitque “ce n’est pas sans une grande tristesse - écrit-il - quenous voyons les tenants de cette voie gagner du terrain enmettant petit à petit les catholiques devant le fait accompli(ce qui n’est pas un mode de progression très évangé-lique), parfois au mépris de toute dignité (ne voit-on pasun de ces évêques faire sa publicité comme on le feraitd’une marque de lessive?... Mgr Untel lave-t-il plusblanc?)”. L’allusion blessante et (concédez-le moi), injusteenvers un dépliant diffusé par Mgr Dolan, de même quel’allusion aux “bons amis, pour lesquels nous avons estimeet reconnaissance”, mais avec lesquels il y a maintenantdésaccord sur la question des sacres, me fait penser que siB. se “résigne à en parler à nouveau” c’est pour un motiftrès personnel: l’ordination sacerdotale, faite précisémentpar Mgr Dolan le 19 mars [et à laquelle nous sommes to-talement étrangers], d’un diacre qui a collaboré un certaintemps à l’école de B., et exercera dorénavant son ministè-re au service de l’abbé Guépin, jadis signataire avec B. dudocument contraire à la consécration du Père Guérarddes Lauriers. Le changement de position de l’abbéGuépin, “ami” de B. (ils prêchent ensemble les exercicesspirituels) a porté au moins autant d’amertume dans l’âmede B. que la consécration secrète du Père Guérard en1981; ceci expliquerait la passion qui influe en cette occa-sion sur l’esprit habituellement si perspicace de notre au-teur, le rendant moins objectif et permettant les gravesméprises que je dénoncerai dans cet article.

10) Jusqu’à maintenant il y a eu dialogue desourds, et je crains qu’il n’en soit ainsi dans le futur. Lafaçon dont B. clôt le dialogue ne démontre-t-elle pascomment, sur ce sujet, le rôle des passions et de la vo-lonté empiète sur celui de l’intellect?

Page 19: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

11) On remarquera le durcissement actuel de la posi-tion de B. par rapport à la déclaration commune contre lesacre du P. Guérard publiée en mars 1982 dans Itinéraireset rappelée par B. à la p. 18. B. et les 5 autres signatairesadhérants à la thèse de Cassiciacum y affirmaient explici-tement qu’il ne s’agissait pas d’un schisme (ils déclaraienttoutefois ce sacre injustifié “d’un point de vue théolo-gique”). Du groupe des six signataires seuls les abbésBelmont et Seuillot ont maintenu (et même durci, commenous l’avons vu) leurs positions originales. Le P. Vinson aaccepté les consécrations faites par Mgr Lefebvre, l’abbéGuépin celles faites par Mgr Ngo-Dhin-Thuc, le P. deBlignières et l’abbé Lucien ont accepté Vatican II.

12) Qu’il me soit permis, en note, de faire certainesobservations sur cette partie de l’étude de B. (il s’agitd’un texte de 1986). Ce texte se divise en cinq parties: I)donnés dogmatiques, II) enseignement de saint Thomas,III) explications théologiques, IV) conséquences et V)conclusion. Puisque les conséquences et la conclusion(œuvre de B.) sont fausses (elles contredisent Pie VI etPie XII), l’erreur doit s’être infiltrée dans les prémisses,qui semblent pourtant indiscutables. B. veut démontrerque “le sacerdoce est d’une nature essentiellement sacra-mentelle, tandis que l’épiscopat est d’une nature essen-tiellement hiérarchique” (pp. 20-21), ce pour quoi “on nepeut faire le raisonnement suivant: puisqu’il est licite,dans la situation présente de l’Eglise, d’ordonner desprêtres sans incardination et sans lettres dimissoires, ilpeut être licite de consacrer un évêque sans mandat apos-tolique...” (p. 20). Dans (I) (donné dogmatique), B. avan-ce 5 citations du Concile de Trente, et une de la SainteEcriture (Actes, XX, 28). On ne peut rien objecter à cesautorités; mais on peut et l’on doit formuler une objec-tion au critère avec lequel B. les a sélectionnées et ausens qu’il entend leur donner! Les citations (I, a) et (I, b)insinuent la non sacramentalité de l’épiscopat: l’Ordre estun seul sacrement composé de sept ordres, dont le sacer-doce est le degré le plus élevé. Par ailleurs la non sacra-mentalité de l’épiscopat est la doctrine de saint Thomas(point II: l’enseignement de saint Thomas, p. 19) et desthomistes (point III: explications théologiques, pp. 19-20).Pour saint Thomas tous les sacrements sont ordonnés àl’eucharistie, et de ce point de vue (consécration de l’eu-charistie, pouvoir sur le corps physique du Christ) leprêtre et l’évêque (y compris le Pape) ont le même pou-voir; d’où la non sacramentalité de l’épiscopat en tant quedistinct du sacerdoce. Déjà je pourrais objecter à B. quela thèse opposée, celle de la sacramentalité de l’épiscopat,même si elle est enseignée par Vatican II, était déjà com-mune avant lui parmi la majeure partie des théologiens,surtout depuis la Constitution Sacramentum ordinis dePie XII (1948). “Si l’Episcopat se ramène au sacerdoce -écrit le Père ELIO Degano - il ne peut y avoir de doutequ’il soit sacrement; mais tous n’ont pas toujours été d’ac-cord pour le considérer comme tel en ce qu’il est un ordredistinct du presbytérat [autrement dit l’épiscopat inadé-quatement considéré dont parle B. à la p. 19, n.d.a.], maisaujourd’hui [l’auteur écrit en 1958, n.d.a.] avec la touterécente documentation historique et par l’intervention del’autorité Suprême il ne peut y avoir de doutes (dans ISacramenti, par les soins d’ANTONIO PIOLANTI, Città delVaticano 1959, p. 673). Malgré cela B. n’avertit pas seslecteurs du fait que la doctrine qu’il expose est discutée.Je ne m’attarderai pas là-dessus d’autant plus que le P.Guérard des Lauriers, comme B. et après saint Thomas,niait la sacramentalité de l’épiscopat, tandis que VaticanII, qui soutient la même thèse que B. sur les origines de lajuridiction épiscopale, affirme la sacramentalité de l’épis-

19

copat (il s’agit donc de deux questions pas nécessaire-ment connexes entre elles). Avec la citation (I, c) B. croitavoir prouvé sa thèse (l’épiscopat est essentiellement hié-rarchique, pas sacrement): “c’est par disposition divinequ’il existe dans l’Eglise une hiérarchie composéed’évêques, de prêtres et de ministres” (D. 966). N’est-cepas la preuve que l’épiscopat est hiérarchique? Certes.Mais de quelle hiérarchie s’agit-il? La citation est tiréed’un canon du Concile de Trente sur le sacrement del’Ordre: il s’agit donc, comme le précise le code de droitcanon (can. 108 § 3, qui est cité par le P. Degano en fa-veur de la sacramentalité de l’épiscopat!) de la hiérarchied’ordre (ratione ordinis) et non de la hiérarchie de juri-diction (ratione jurisdictionis) comme, au contraire, veutle faire croire B. (cf. p. 23, deux premiers paragraphes).B. joue donc avec le mot “hiérarchie”, l’utilisant dansdeux significations différentes (d’ordre ou de juridiction)sans en aviser le lecteur (exemple classique de sophisme:syllogisme à quatre termes). Les citations (I, d) et (I, e)fermeraient la boucle: le pouvoir de confirmer et d’or-donner, réservé à l’Evêque, serait un pouvoir “hiérar-chique” et non sacramentel; quel dommage qu’unEvêque avec la juridiction mais sans la consécration nepuisse pas ordonner des prêtres! La dernière citation (I,f) extraite de l’Ecriture Sainte, est le cheval de bataille deceux qui soutiennent le droit divin de la juridiction épis-copale. Le P. ZAPELENA en un long et docte scholion surla question [De presbyteris-episcopis (Act XX, 28) in C.Tridentino, dans: De Ecclesia Christi, vol. II, pp. 51 à 71,Roma 1954] démontre qu’il y a cinq réponses possibles.J’en rapporte trois: Actes XX, 28 se réfère: a) au pouvoird’ordre, qui dans l’épiscopat vient directement de Dieu(thèse préférée par le P. GUERARD DES LAURIERS dansConsacrer des Evêques), b) au pouvoir de juridiction, quidans l’épiscopat vient de Dieu, même si c’est de façonnon immédiate, mais seulement de façon médiate par lePape (c’est la réponse que donne MONTROUZIER, 4èmeart., pp. 267-270), c) à l’intervention exceptionnelle duSaint-Esprit par l’intermédiaire des “prophètes” dansl’Eglise primitive pour désigner les Evêques et/ou lesprêtres (thèse préférée par ZAPELENA op. cit., p. 69). Entous cas il n’y a aucune preuve que Actes XX, 28 dé-montre que l’Evêque reçoit la juridiction immédiatementde Dieu dans la consécration, comme le veut B.

13) Quant aux autres conditions, il est facile de dé-montrer qu’elles sont toutes réalisées: a) le législateurn’a certainement pas prévu la situation actuelle(triomphe du néo-modernisme, siège formellement va-cant, nouveau rite de la consécration épiscopale, etc.);b) le recours à l’autorité est impossible, si l’on croit queJean-Paul II n’est pas formellement Pape; c) le bien àobtenir et le mal à éviter (maintenir la Messe et les sa-crements, qui autrement disparaîtraient presque totale-ment), pèsent certainement d’avantage que la loi po-sitive qui interdit une consécration sans mandat ro-main; d) le scandale peut être évité en expliquant lesmotifs graves ci-dessus.

14) J’anticipe sur ce qui sera démontré plus loin; quoi-qu’en dise B., l’épiscopat n’est pas essentiellement hiérar-chique, pour ce qui est de la hiérarchie de juridiction. LePERE ZAPELENA écrit: “l’essence de l’épiscopat réside dansle pouvoir d’ordre, autrement dit dans la plénitude du sa-cerdoce, et de là dérive la disposition prochaine et l’exi-gence de la juridiction épiscopale. La juridiction actuelleréalise cette exigence et perfectionne ainsi l’épiscopat” (p.114, 7ème objection).

15) Il est vraiment paradoxal que la doctrine de B.sur l’épiscopat ait été “consacrée” par Vatican II juste-

Page 20: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

ment dans le chapitre dédié à la sacramentalité del’épiscopat, niée catégoriquement par B., et juste avantles chapitres qui proclament la collégialité épiscopale(niée elle aussi pas B.).

16) Autre paradoxe: cette thèse est aussi celle -Cicero pro domo sua - des conclavistes, c’est-à-dire dessédévacantistes complets qui voudraient que lesévêques consacrés sans mandat pontifical élisent unPape. B. (comme nous) s’oppose à cette thèse, mais ilest extraordinaire qu’il en accepte un principe essentiel,le principe selon lequel la consécration épiscopaledonne la juridiction au consacré.

17) R.P. H. MONTROUZIER S.J., Origine de la juridic-tion épiscopale, dans Revue des sciences ecclésiastiques,Amiens-Paris, 24 (1871), pp. 539-561; 15 (1872) pp. 5-20;3ème article: pp. 165-186; 4ème article: pp. 265-288;5ème article: pp. 393-413. Je remercie l’abbé AlfredoMedina qui m’a gentiment signalé ces écrits il y aquelques années et m’en a fait la photocopie.

18) R.P. JAIME LAYNEZ S.J., Disputationes triden-tinæ, t. 1, De origine jurisdictionis episcoporum. Le dis-cours de Diego Jaime Laynez sur les origines de la juri-diction épiscopale est rapporté également par le Card.PIETRO PALLAVICINO SFORZA dans “Storia del Conciliodi Trento” (1656, livre XVIII, C.15) écrit en réponse à la“Storia del Concilio Tridentino” (Londres 1619) dePIETRO SOAVE POLANO, anagramme du religieux serviteexcommunié, PAOLO SARPI VENETO, (vénitien). Inutilede dire que Sarpi partageait la thèse de l’origine divineimmédiate de l’épiscopat (liv. VII, chap. III, vol. III).

19) MONTROUZIER, op. cit., 1er article, p. 542.20) Cf. GAETANO MORONI, Dizionario di erudizio-

ne storico-ecclesiastica, Venezia 1843, vol. 21, coll. 269-275, rubrique Ems.

21) MONTROUZIER, op. cit., 1er article, p. 543.22) Ibidem, pp. 543-544.23) Je me demande qui a bien pu avoir cette mau-

vaise influence sur un théologien aussi droit et “ro-main” que B.; il faut peut-être rechercher du côté du P.de Blignières, dont l’opuscule sur l’“épiscopatautonome” écrit en 1988, peu avant son ralliement àVatican II, a pu influencer la thèse de B.

24) Salaverri cite Vasquez et Victoria (n° 374).Zubizarreta (I, 530) ajoute les noms peu connus deCollet et d’Alphonse de Castro. On peut égalementciter Bouix.

25) Enciclopedia Cattolica, Città del Vaticano 1953,vol. X, col. 18, rubrique Primato di san Pietro e del Ro-mano Pontefice, rédigée par Mons. ANTONIO PIOLANTI.

26) II-II, q. 39, a. 3; C.G., IV, 76; 2 Sent., d. 44, q. 2,a. 3; 2 Sent., d. 24, q. 2, a. 1.

27) Défendent notre thèse, entre autres, et outre lesautorités déjà citées: saint Antonin de Florence DeSummo Pontifice, c. 3; saint Robert Bellarmin, DeRomano Pontifice, IV, c. 24 ss.; Suarez, De legibus, l. IV,c. 4, n. 5 s, et Defensio fidei, IV, 9-26; Ludovicus card.Billot, De Ecclesia Christi, Roma 1927, thèse 26, p. 563;Felix Cappello s.j., Summa iuris publici ecclesiastici,Roma 1954, n. 140, pp. 117-118; Alaphridus card.Ottaviani, Institutiones iuris publici ecclesiastici, Cittàdel Vaticano 1958, I, n.219, p. 368; R. Naz, Traité dedroit canonique, Paris 1946, I, 621, p. 429 (“opinion pluscommune”); Timotheus Zapelena s.j., De EcclesiaChristi, Roma 1954, II, thèse XV, spécialement la partieII, pp. 105-115; Valentinus Zubizarreta o.c.d., Theologiadogmatico-scholastica, Vitoria 1948, I, 530 (“probabiliorac nostro judicio tenenda” et il cite Cavagnis pour lequella thèse est communem et hodie certam).

20

28) MONTROUZIER, op. cit., 2ème art., pp. 17 et 18.Voir aussi Ens. Pontif., l’Eglise, I, 63.

29) ZAPELENA, op. cit., p. 112.30) ALAPHRIDUS CARD. OTTAVIANI, Institutiones iuris

publici ecclesiastici, Città del Vaticano 1958, I, n. 219, p.368. Pour Benoît XV notre thèse est “rationi et auctoritaticonformior”. “Rationi”, parce que l’Eglise est un régimemonarchique. “Auctoritati”, parce qu’elle se fonde sur lesparoles d’Innocent Ier, saint Léon le Grand, saint Thomas,saint Bonaventure, saint Robert Bellarmin, Vargas,Suarez et Fagnano, tous cités par Benoît XIV (l. c.).

31) Sur la valeur des encycliques Pie XII a écrit: “Ilne faut pas estimer non plus que ce qui est proposé dansles Encycliques ne demande pas de soi l’assentimentpuisque les Papes n’y exercent pas le pouvoir suprême deleur Magistère. A ce qui est enseigné par le ministère ordi-naire, s’applique aussi la parole; ‘Qui vous écoute, m’écou-te’ (Luc 10, 16); et la plupart du temps ce qui est exposédans les Encycliques appartient déjà d’autre part à la doc-trine catholique. Si les Papes portent expressément dansleurs actes un jugement sur une matière qui était jusque-làcontroversée, tout le monde comprend que cette matièredans la pensée et la volonté des Souverains Pontifes n’estplus désormais à considérer comme question libre entreles théologiens” Encyclique Humani generis du12/08/1950, (Doc. Cath., année 1950, n° 1077, col. 1159).

32) Documentation Catholique, année 1958, n°1287, col. 1224.

33) A l’autorité de Pie XII nous pourrions ajouter -du moins comme argument ad hominem pour B. - cellede Jean XXIII qui s’exprime de façon similaire [cf. AAS54 (1962) pp. 167 et sv].Voir aussi Pie XII, discours“Graditissima in mezzo” du 17/02/1942 dans E. P. 991.

34) Cf. Sodalitium, n° 45, pp. 22-23.35) Sur la valeur de notre thèse le canoniste

Wernz, cité par Zapelena (op. cit., p. 106) écrivait:“cette thèse peut désormais être considérée commecertaine et incontestable tandis que la thèse contraire,encore et toujours défendue à notre époque avec defaibles arguments par quelques rares théologiens et ca-nonistes (si l’on excepte les gallicans), conserve àgrand-peine une certaine solide probabilité. Aussis’étonne-t-on de voir certains écrivains récents patron-ner cette opinion improbable, désormais désuète, etdont la cause est désespérée”. Par la suite, après les in-terventions de Pie XII, le cardinal Ottaviani a écrit“Actuellement... à cause des paroles de Pie XII, elledoit être considérée comme absolument certaine” (A.CARD. OTTAVIANI, 1.c.).

36) PIETRO PARENTE-ANTONIO PIOLANTI, Diziona-rio di Teologia dommatica per i laici, ed. Studium,Roma 1943, rubrique Vescovi. J’avais déjà cité, et bienplus abondamment, le témoignage de ces éminentsthéologiens dans Sodalitium n° 28; évidemment sansaucun résultat...

37) Je m’étonne beaucoup que, contrairement à denombreux autres intellectuels peu capables de saisir lesnuances, B., qui n’avait éprouvé aucune difficulté àcomprendre la distinction réelle (présente déjà dans lecard. Cajetan mais rendue actuelle par le P. Guérard)entre l’aspect matériel et l’aspect formel dans la papau-té, ne soit pas capable de saisir la distinction entreordre et juridiction dans l’Evêque...

38) Pour la raison évidente et tout ce qu’il y a deplus valide que le Siège apostolique est [formellement]vacant, rien ne peut être fait dans l’Eglise, du moins de-puis 1965, avec le contrôle de la hiérarchie, contrôlepourtant normalement indispensable.

Page 21: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

39) Enciclopedia Cattolica, op. cit., vol. IX, col.228, rubrique Ordine e Ordinazione, rédigée par le P.GENNARO MORETTI o.m. A propos d’Evêques sacréspar les acatholiques, voir également le décret du Saint-Office du 13/03/1669 (la consécration est valide maisillicite, ce pour quoi l’Evêque doit être dispensé de l’ir-régularité et relevé de la suspense a divinis) cf.Collectanea S. Congregationis de Propaganda Fide, vol.I, n. 177, Roma 1907. Un décret du Saint-Office du6/06/1639 se montre encore plus large. Il permet de re-cevoir les ordres sacrés “d’Evêques grecs et le plus sou-vent schismatiques” s’il existe une cause juste!” (“Posseabsolvi volentes ex iusta causa accedere ad episcoposschismaticos excommuniatos toleratos, cum taliter volen-do non peccent”) (Codificazione Canonica Orientale -Fonti, fasc. I, part I. Typographia Polyglotta Vaticana1930, p. 79). Ce décret n’est plus en vigueur, mais ilconfirme combien il est faux de dire que le fait de rece-voir les ordres d’un acatholique implique, toujours eten soi, un péché de schisme ou d’hérésie, comme le pré-tend par exemple l’abbé Zins.

40) S.S. Congregatio S. Officii, Decretum, 9 avril1951: AAS 43 (1951), 217-218.

41) Quelle est à ce propos la position du “nouveaucode”? La consécration sans mandat romain (can. 1382)est classée parmi les “usurpations des offices ecclésias-tiques et délits dans leur exercice (Livre VI, partie II, titreIII) exactement comme l’ordination sans lettres dimis-soires (can. 1383), et de toutes façons pas parmi les “délitscontre la religion et l’unité de l’Eglise” (titre I).

42) Enciclopedia Cattolica, op. cit., vol. XII, col.1318, rubrique Vescovo, rédigée par MGR PIO PA-SCHINI. Le “nouveau code” conformément à la nouvelledoctrine sur l’origine de la juridiction, prévoit parcontre que l’Evêque ne prendra possession de sonoffice qu’après avoir reçu la consécration épiscopale(cf. can. 379).

43) Ceci parce que normalement dans l’Evêque doi-vent se réunir les deux pouvoirs, d’ordre et de juridiction.

44) ABBÉ HERVÉ BELMONT, L’exercice quotidien dela foi dans la crise de l’Eglise, Bordeaux, 1984, p. 24.Cette citation a été supprimée dans l’édition revue etcorrigée de l’opuscule publié dans Brimborions, éd.Grâce et Vérité, Bordeaux 1990, pp. 51-69, et n’apparaîtdonc pas non plus dans la traduction italienne, L’eserci-zio quotidiano della fede, Ferrara 1996.

45) Pie XII, discours Six jours, aux participants duIIème Congrès mondial de l’apostolat des laïcs, 5 oc-tobre 1957, dans la Documentation Catholique, année1957, n° 1264, col. 1415.

46) Je signale cependant une différence entre le casdu Pape et celui des autres Evêques: le Pape reçoit lepouvoir de juridiction directement de Dieu, les autresEvêques le reçoivent par contre indirectement, par l’in-termédiaire du Pape. Cependant pas plus le Pape queles autres Evêques ne reçoivent leur juridiction de laconsécration épiscopale.

47) Tous les Evêques schismatiques validement or-donnés (comme les orientaux) ont le pouvoir d’ordre,mais pas de juridiction (même s’ils prétendent l’avoir etsi Jean-Paul II leur reconnaît ce pouvoir!). Mais je doisjustement démontrer qu’il peut exister un “épiscopatdiminué” qui ne soit pas schismatique ...

48) ZAPELENA, op. cit., p. 108, utilise le même argu-ment. Mais B. objectera que “la consécration épisco-pale, parce qu’elle confère sur le Corps mystique le pou-voir de régence du Christ (de façon subordonnée aupouvoir du Pape) crée une exigence de juridiction (tous

21

les Evêques sont au moins in partibus)” (p. 20).Montrouzier répond à cette objection (IVème article,2ème objection, p. 270): “Quoiqu’il n’existe point deconnexion essentielle entre la consécration épiscopale etla juridiction de l’évêque, car en fait les deux se trouventsouvent l’une sans l’autre: toutefois il est très vrai que lecaractère de l’évêque appelle la juridiction. Ordinai-rement, le caractère épiscopal ne doit pas se trouverchez celui qui ne possède point un peuple à gouverner;et réciproquement, ce n’est que dans les cas extraordi-naires, que la juridiction doit se confier à des sujets des-titués du caractère d’évêque. Ainsi faut-il entendre l’exi-gentiam jurisdictionis que les théologiens attribuentcommunément à la consécration épiscopale. Judex ec-clesiasticus dicitur esse talis ex ordine, quia ex ordineaptus est ad habendam jurisdictionem, et nihil deest einisi commissio... Ainsi parle le Bx Albert le Grand, lemaître de saint Thomas (IV Sent., d. 18, a. 2)”. Laconsécration crée une “exigence de juridiction” dans lesens qu’il est normal qu’elle soit complétée par la colla-tion de la juridiction, mais non dans le sens qu’il doit né-cessairement en être ainsi sans qu’il y ait possibilitéd’exception à la règle. Nous l’avons vu, saint Albert leGrand dit que la consécration rend le consacré “apte” àla juridiction; c’est ce que B. attribue - toujours à la p. 20- à la simple ordination sacerdotale (“L’ordination sa-cerdotale, d’ordre strictement sacramentel, ne requiertpas par elle-même une juridiction, quoiqu’elle y rendeapte...”). Voir également ZUBIZARRETA, l.c., etZAPELENA, op. cit., pp. 95-96, 114-115 (7ème et 8èmeobjection: “Episcopus per consecrationem constituiturpastor actu, Nego; aptitudine et destinatione, Concedo”).

49) MONTROUZIER, op. cit., IIIème article, p. 178.50) MONTROUZIER, op. cit., Vème article, p. 396. Les

sédévacantistes “conclavistes” (pour lesquels les Evêquesconsacrés sans mandat romain peuvent et doivent élireun Pape à la place de Jean-Paul II) approuveraient certai-nement cette opinion de Noël Alexandre. En effet ilssoutiennent eux aussi la thèse de B. sur l’origine de la ju-ridiction épiscopale, mais ils en tirent une conséquenceopposée (horrifiante pour B. et pour moi), autrement ditque les Evêques consacrés sans mandat ont la juridictionet peuvent, comme nous l’avons dit, élire un Pape.

51) MONTROUZIER, ibidem, p. 397.52) La chute du communisme dans ces pays s’est

produite sous Jean-Paul II, qui n’est pas Pape. Mais PieXII n’aurait pas agi différemment en ces circonstances.

53) Avec beaucoup de bon sens, B. n’examine pas laquestion de la validité de ces consécrations, mais celle deleur licéité. De fait certains ont douté, de façon disjonc-tive ou cumulative, de la validité des consécrations deMgr Lefebvre, de Mgr Ngo-Dhin-Thuc ou de MgrMendez. Il me semble évident qu’il ne s’agit pas dedoutes fondés. Sur la validité des ordres administrés parMgr Lefebvre, cf. Sodalitium, éd. française, n° 17, pp. 4 à9; pour ceux qui ont été administrés par Mgr Ngo-Dhin-Thuc, cf. Father ANTHONY CEKADA, The validity of theThuc Consecrations, Catholic Restauration, n° 103, 1992,et REV. DONALD J. SANBORN, The Thuc Consecrations: aPostscript, Catholic Restauration, sine data.

54) Je ne cite pas le motif qu’il met en premierplan, car il est sans fondement: la thèse qui soutient lalicéité des consécrations devrait être certaine, tandisqu’au contraire “cette certitude, nous ne la possédonspas, bien au contraire” (p. 24). Jusqu’ici j’ai démontréque c’est B. qui se trompe.

55) A la p. 19 B. écrit que “c’est en raison de cetteordination [au Corps physique du Christ] qu’il [le

Page 22: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

prêtre] possède un certain pouvoir sur le Corps mys-tique (absoudre les péchés, gerere personam Ecclesiæ)”.Je me limiterai à observer que l’ordination sacerdotaleest nécessaire mais insuffisante pour la validité de l’ab-solution des péchés, car dans le confessionnal le prêtreest un juge qui prononce une sentence sur un sujet.

56) Remarquons deux choses: 1) ceci vaut égale-ment pour Mgr Ngo-Dhin-Thuc. Il semble que pour ungrand nombre de gens il n’y ait que Mgr Lefebvre àêtre Evêque; 2) si l’Eglise a choisi Mgr Lefebvrecomme Evêque elle ne l’a pas choisi comme Evêque deB., aussi ne le lui a-t-elle donné comme Evêque ni di-rectement ni indirectement. Affirmer le contraire re-vient à mettre sens dessus dessous tout l’ordre hiérar-chique de l’Eglise et à attribuer à un Evêque la juridic-tion universelle propre au Pape!

57) Mgr Lefebvre nous a ordonné, B. et moi, vali-dement, mais illégalement (car il l’a fait - sans qu’il yaille de sa faute - contre la lettre de la loi canonique,exactement comme pour les consécrations épiscopales)et illicitement (car il était en communion avec Jean-Paul II, qu’il reconnaissait comme Pape en mêmetemps que, pratiquement, il se séparait de lui). En touscas l’Eglise nous a donnés B. et moi comme prêtres auxfidèles, de la même façon qu’elle leur a donné lesEvêques sans mandat (et donc notre unique titre est lepouvoir d’ordre, et rien de plus).

58) J’ai connu à Ecône un “Evêque” vieux-catho-lique “réconcilié” par Mgr Lefebvre; Mgr Thuc n’avaitcertainement pas à cet endroit moins de pouvoirs queson confrère dans l’épicopat (ou plutôt aucun, juridi-quement parlant!). Ceci dit, je ne veux pas justifier lescollusions qui ont eu lieu et je les condamne fermementcomme pour le moins imprudentes et inopportunes.

59) Il est toutefois fallacieux de faire croire au lecteurque le nombre des Evêques consacrés atteint le “millier” (p.21). Le chiffre, fourni par Bernard Vignot, se réfère aux dé-nommées “Eglises parallèles”, dans lesquelles sociologueset “sectologues” incluent également des phénomènes quin’ont jamais rien eu à voir avec le “traditionalisme”.

60) Mgr M. L. GUÉRARD DES LAURIERS O.P.,Consacrer des Evêques? dans Sodalitium n° 16, février-avril 1988, p. 25-26. Etait déjà paru dans Sous laBannière, supplément au n° 3 de janvier-février 1986.

61) Je ne veux pas dire par là que le prêtre doit êtresous la juridiction de l’Evêque (sans mandat) qui l’a or-donné, puisque cet Evêque est totalement privé de juri-diction! Mais je veux rappeler à B., qui ne souligne pascet aspect du sacerdoce, que son exercice indépendam-ment d’un ordinaire est absolument anormal comme ledémontre clairement la promesse d’obéissance que lenouveau prêtre fait durant la cérémonie de l’ordination.

62) Mgr M. L. GUÉRARD DES LAURIERS O.P., Cassi-ciacum semper et iterum. La Thèse - La Lettre - LaMitre. [1984?], pp. 7 et 9. L’abbé Bernard Lucien a écritune réponse à ce texte dans Réflexions sur TLM. Lesdeux textes n’ont pas été diffusés publiquement.

63) Comme on le sait, la Thèse est composée dedeux propositions: a) Jean-Paul II n’est pas formelle-ment Pape et, b) Jean-Paul II est encore matérielle-ment “pape”. Quant à la praxis, de la proposition (b)dépend l’obligation de chercher, par tous les moyenspossibles, à obtenir de la part des Evêques résidentielsmaterialiter la dénonciation des erreurs de Vatican IIavec les conséquentes monitions canoniques à Jean-Paul II et la restauration de la hiérachie avec à sa têteun Pontife légitime; de la proposition (a) dépend l’obli-gation de maintenir la mission de Jésus-Christ (célébra-

22

tion de la Messe, administration des sacrements, témoi-gnage de la Foi) que Jean-Paul II et ceux qui le suiventn’assurent plus à l’Eglise. Si la Lettre à quelquesEvêques avait comme but la réalisation du point (b), lesconsécrations sont nécessaires pour assurer le point (a).Qui le nie ne prend au sérieux qu’une partie de laThèse qui sans l’autre est dénaturée.

LE DÉBAT SUR L’ÉPISCO-PAT CONTINUE, OU: LA

“THESE-BELMONT”REVUE ET CORRIGÉE

Par M. l’abbé Francesco Ricossa

Alors que j’écris ces lignes (juin 1997), len° 46 de Sodalitium (n° 44 de l’édition

française) contenant la réponse à l’article del’abbé Belmont (B.), Les filles de Lot, n’amême pas encore été imprimé, que déjà j’aireçu la réponse de B., intitulée: Un abîme in-franchissable: l’épiscopat autonome (Les deuxétendards, n° 4, pp. 37-42, avec en annexe, pp.42-44, la Réponse au sujet de l’attitude pra-tique... commentée précédemment). Le motifde cette rapidité consiste en deux actes de cor-rection et de loyauté réciproques échangésentre B. et l’abbé Ricossa (R.): B. a reçu enavant-première, à peine rédigée, mon étude,et pareillement il m’a envoyé la sienne, avecune lettre du 17 juin dernier. Il est donc pos-sible que les lecteurs des Deux étendards lisentla réponse de B. à une étude, la mienne, quin’a pas encore été publiée. Après ce préam-bule, passons au cœur du problème: à quelpoint en est le débat sur l’épiscopat qui, fina-lement, est devenu aussi un peu un dialogue(même “sévère”, cf. B., p. 37), sur l’épiscopat?

A mon avis, le débat a fait un pas enavant et un pas en arrière: un pas en avant,parce que désormais B. et moi-mêmesommes presque totalement d’accord en cequi concerne les prémisses (la doctrine ca-tholique sur l’épiscopat); un pas en arrière,parce que, malgré cet accord de fond, B. ré-itère son total désaccord, quant aux conclu-sions pratiques, et sa condamnation incondi-tionnelle des consécrations épiscopales du-rant la vacance formelle du Siège aposto-lique. Dans cet article j’examinerai d’abordles circonstances qui ont amené B. à nos po-sitions de principe, et ensuite l’incohérence

Page 23: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

qui le fait persister dans une conclusion quin’est plus soutenable doctrinalement.

Comment admettre une erreur sans que lelecteur ne s’en rende compte

Quant au premier point, il est nécessairede préciser au lecteur des Deux étendards,qui peut-être ne s’en sera pas aperçu, que B.a donné raison à Sodalitium sur ce qui,jusqu’à maintenant, était le point central dela thèse de B. et de la critique de R., c’est-à-dire l’origine de la juridiction épiscopale. B.soutenait que la juridiction épiscopale ve-nait de la consécration épiscopale, R. leniait, affirmant qu’elle venait seulement duPape. De sa thèse, B. tirait une conclusion:“il y a équivalence (implication réciproque)entre épiscopat et juridiction (....). Qu’on leveuille ou non, un sacre épiscopal est doncl’instauration d’une hiérarchie; et si ce sacren’est pas effectué par ordre pontifical, il est lacréation d’une nouvelle hiérarchie, autre quecelle de l’Eglise catholique” (1). R. niait lathèse, et niait donc aussi la conclusion: laconsécration épiscopale (durant la vacanceformelle du Siège apostolique) n’impliquepas l’usurpation du pouvoir de juridiction.

Maintenant, B. admet s’être trompé.Il l’admet, mais cherche à faire en sorte

que le lecteur ne s’en aperçoive pas (2).Comment faire?

Trois méthodes ont été utilisées.La première: la plaisanterie (3): “La cri-

tique de Sodalitium est sévère. Notre exposésur la nature de l’épiscopat y est qualifié demarqué par le gallicanisme et d’issu de l’en-seignement de Vatican II. Aïe, aïe, aïe!” (p.37, § 2). En vain le lecteur essaiera-t-il de sa-voir de B., dans la suite de l’article, si des ac-cusations apparemment aussi farfeluesétaient fondées ou non. Il ne lui restera seu-lement à l’esprit qu’elles étaient farfelues (4).

La deuxième: faire allusion à d’inexis-tantes (du moins pour ce qui concerne notresujet) difficultés de langage (cela servira àjustifier les “erreurs de langage” dont il s’ex-cusera ensuite). “La difficulté de traiter cesquestions est grande, au moins pour troisraisons. La première est une différence dansla nomenclature des pouvoirs de l’Eglise: leMagistère, conformément à l’Evangile, dis-tingue trois pouvoirs: enseignement (ouMagistère), sanctification (ou Ordre) et gou-vernement (ou Juridiction); le Droit Canon,se plaçant sur le plan pratique, et à sa suite

23

quelques théologiens comme Journet, n’endistinguent que deux: Ordre et Juridiction. Ilfaut donc toujours prendre garde à la com-préhension et à l’extension des mots qu’onemploie, surtout si l’on passe de l’un àl’autre, sous peine de bâtir un puzzle malajusté. D’autant plus que, quelle que soit lanomenclature adoptée, la juridiction se dit demanière analogique dans les différents do-maines où elle s’applique...” (p. 37, § 3).Tout cela est correct, comme d’ailleurs sontcorrects les deux paragraphes suivants del’écrit de B. (5). Mais tout ceci n’influe passur la question débattue entre B. et R.,c’est-à-dire l’origine de la juridiction del’Evêque. B. écrit: “Ces difficultés font quenombre de théologiens glissent rapidementsur la question de l’épiscopat [c’est vrai] (...)distinguant mal, dans la dignité et les pou-voirs des évêques, ce qui provient de cette ju-ridiction et ce qui provient de leur consécra-tion épiscopale” (p. 37, § 6). Cette dernièreaffirmation n’est pas exacte: concernantl’origine de la juridiction, R. a démontréque c’est une question classique de la théo-logie; que si certains n’en parlent pas, tousceux qui en parlent le font avec clarté, enprécisant les termes de cette matière detelle façon que l’équivoque n’est pas pos-sible. Il aurait suffi à B. de consulter un au-teur qu’il aime citer, le P. Billuart, pour évi-ter son erreur. En effet Billuart écrit que“leur autorité [celle des évêques] vient im-médiatement de Dieu quant à l’Ordre, maisseulement d’un façon médiate quant à la ju-ridiction” (Summa Summæ, vol. 3, pp. 366-367). En tout cas, pour revenir à la difficultésoulevée par B. s’il est vrai que les théolo-giens et les canonistes ne sont pas d’accorddans le fait de savoir si le magistère et legouvernement sont deux pouvoirs spécifi-quement distincts, ce doute ne subsiste paspour l’ordre et la juridiction (et le pouvoirde magistère ne vient certes pas de celuid’ordre, comme le soutinrent les protestantset, partiellement, Scheeben).

La troisième: après ces préambules quiont embrouillé les idées du lecteur au lieude les éclaircir, B. peut admettre s’êtretrompé, mais seulement dans la manière des’exprimer: il a écrit la réponse à R. (en ci-tant, comme nous le verrons, le P. Héris)“autant pour corriger quelques impréci-sions ou erreurs de langage dont nous noussommes rendu coupable...”, après quoi onfait disparaître la mauvaise impression de

Page 24: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

cette admission en ajoutant: “...que pourmontrer que notre exposé de l’épiscopat esttout à fait classique, et thomiste, et incontes-table...” (p. 37, § 6, p. 38, § 1).

Si le lecteur veut savoir de quelle “erreurde langage” s’est “rendu coupable” B., ildevra lire... une note (la note 4): “la princi-pale [imprécision ou erreur de langage] està la page 23 § 1, où nous avons écrit:‘L’évêque [...] exerce une juridiction, dontles déterminations et l’application appar-tiennent au Pape’. Notre manière de nousexprimer est fautive; nous aurions dû écrire:‘l’évêque appelle une juridiction, dontl’existence, l’application et les détermina-tions appartiennent au Pape’. Nous remer-cions M. l’Abbé Ricossa de nous avoirfourni l’occasion de cette correction”. Noussommes parfaitement d’accord avec la pro-position revue et corrigée par B., d’autantplus que, tout au long de notre articleDigitus Dei non est hic, nous nous sommesopposés à la première, formulation erronée(formulation que, soit dit en passant, B. ré-pète substantiellement plusieurs fois dansson article Les filles de Lot, et qui n’étaitdonc pas une méprise). Mais peut-être lelecteur ne s’est-il pas rendu compte quedans cette notule B. a rétracté presque toutce qu’il soutenait dans son article précédent,et a approuvé le cœur du raisonnement deR. dans sa réponse! B. admet maintenantque la consécration épiscopale “appelle”seulement la juridiction (chose que R. ad-mettait sans difficulté), et que la juridictionde l’évêque n’existe pas en vertu de laconsécration, mais en vertu du Pape (“unejuridiction dont l’existence...” appartient “auPape”). Certes, B. a donné bien peu de re-lief à un changement de perspective aussiimportant; il n’a pas corrigé “une erreur delangage” mais plutôt “une erreur” tout court,condamnée à plusieurs reprises par le magis-tère ordinaire de l’Eglise...

Dans mon article j’avais écrit concernantla thèse de B. que, même si c’est en sourdi-ne, il renie lui-même maintenant, qu’elleétait “la poutre maîtresse de sa position: sielle régit cette thèse, elle soutient toute laconstruction; si elle s’avère fausse, tout lereste s’écroule misérablement”. La poutremaîtresse, grâce à Dieu, n’a pas tenu; maisl’édifice de la thèse de B. ne veut pass’écrouler. Peut-être y aura-t-il une autrepoutre maîtresse? C’est cela le point dedésaccord qui subsiste entre B. et moi.

24

Comment s’obstiner sur une conclusionfausse, quand il est admis que les prémissesétaient erronées

Nous avons démontré, B. lui-mêmel’admet, que les prémisses de son raisonne-ment étaient fausses: la consécration épisco-pale n’implique aucune juridiction dansl’évêque, et ne crée donc pas, par elle-même, une hiérarchie parallèle. Mais B. neveut pas admettre que sa conclusion (sidrastique: jusqu’à interdire d’assister auxMesses célébrées par des prêtres ordonnéspar des évêques consacrés durant la vacancedu Siège apostolique) soit fausse; il écritmême: “nous maintenons donc intégralementle jugement que nous avons exprimé dans lalivraison précédente des Deux Etendards,tant du point de vue doctrinal que du pointde vue prudentiel” (6). Comment peut-ilmaintenir - intégralement - un jugement, sicelui-ci était fondé sur une grave erreur?

Le père Héris o.p.

B. croit pouvoir répondre en invoquant àson secours le Père Héris o.p.: sur cinqpages et demi de “Un abîme infranchis-sable...”, plus de trois sont composées d’unelongue citation de ce Père dominicain.

Mais le P. Héris secourt-il vraiment lacause perdue de B.? Je pense véritablementque non. Même, si nous avions connu cespages avant, j’aurais sans doute cité le PèreHéris à l’appui de ma thèse, et B. n’auraitpas soutenu la sienne. Il suffit de lire le der-nier paragraphe de la p. 40: “[...] Il n’en restepas moins vrai que le pouvoir de juridictionde l’évêque, auquel il faut joindre son pou-voir d’enseignement, se trouve tout à fait dis-tinct de son pouvoir d’ordre. Certes, ce der-nier, en conférant à l’évêque une dignitéroyale, en le faisant prince de l’Eglise, crée enlui une aptitude radicale à gouverner et à en-seigner le peuple chrétien. Mais parce que cegouvernement et cet enseignement n’ont devéritable valeur et de réelle efficacité quedans la mesure où les évêques sont unis auSouverain Pontife, c’est au Pape, et à lui seul,qu’il appartient de conférer à l’évêque le pou-voir de juridiction. Ce pouvoir n’est pas endépendance essentiel du pouvoir hiérar-chique: l’évêque le possède dès qu’il est insti-tué par l’autorité suprême à la tête d’un dio-cèse et avant même d’être consacré; il le perdmême après sa consécration, dès qu’il lui

Page 25: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

arrive de se séparer du Pontife romain, detomber dans le schisme. Car autre chose estd’enseigner, de légiférer, de juger le peuplechrétien; et autre chose d’avoir prise sur laconstitution même du culte divin et sur lesfonctions essentielles du culte. Le premierrôle relève du pouvoir de juridiction donnépar le Christ à Pierre et aux Apôtres et trans-mis, par voie d’authentique succession, auPape et aux évêques. Le second rôle faitappel à un pouvoir hiérarchique conféré parvoie de consécration, et intimement lié à cetteautre consécration qu’est le caractère sacer-dotal. Le Pape et les évêques ne sont pas desimples docteurs ni de simples législateurs oujuges: ils sont aussi des consacrés hiérarchi-quement et sacerdotalement. Mais tandis quele Pape est supérieur aux évêques sous le rap-port de la juridiction, il leur est égal au pointde vue de la consécration hiérarchique; ettandis que Pape et évêques l’emportent sur lesimple prêtre tant par leur juridiction que parleur pouvoir hiérarchique, ils ne sont d’aucu-ne manière au-dessus d’eux en ce qui regardel’objet propre de leur pouvoir sacerdotal, laconsécration eucharistique”.

En quoi, donc, le Père Héris appuierait lathèse (revue et corrigée) (7) de B.? Com-mentant la thèse thomiste sur la non sacra-mentalité de l’épiscopat (8) fondée sur l’autrefondement de la théologie sacramentellethomiste (tous les sacrements sont ordonnésà l’eucharistie; quant à la consécration del’eucharistie, évêque et prêtre ont les mêmespouvoirs) il souligne que l’épiscopat est, déjàpar la consécration, un pouvoir hiérarchique.“Par la consécration épiscopale l’évêque estdonc établi véritablement chef du corps mys-tique et des membres du culte chrétien. Et dèslors il a l’autorité requise pour agir sur ces

25

membres et les instituer dans les fonctions of-ficielles se rapportant au culte. Il peut nom-mer les défenseurs de la religion du Christ, ilpeut choisir ses ministres et ses prêtres. Sansaucun doute, c’est en vertu de son caractèresacerdotal qu’il les consacrera et leur donnerasacramentellement les pouvoirs afférant à leurcharge; mais il faudra auparavant que le ca-ractère ait été élevé de telle sorte qu’il soit uncaractère de chef et de prince de l’Eglise. C’estla consécration épiscopale qui réalise cetteélévation. Ainsi la royauté du Christ élève-t-elle son sacerdoce au point de lui permettred’en exercer les actes avec une autonomie etune maîtrise parfaites”. En somme, le P.Héris soutient que l’évêque consacré est in-vesti “d’une dignité qui l’ordonne directementà la régence du corps mystique”, il a “un pou-voir hiérarchique, une dignité de régence depremier ordre”, il a “une dignité royale”, il est“prince de l’Eglise”, la consécration “crée enlui une aptitude radicale à gouverner et ensei-gner le peuple chrétien”. Il nous semble avoirsuffisamment exposé ce que le P. Héris ditapparemment en faveur de la thèse (revue etcorrigée) de B.

Eh bien, avant tout, je déclare que je n’aiaucune difficulté à admettre de nouveau (9)ce qui est dit plus haut: la consécration épis-copale place l’évêque consacré au sommet dela hiérarchie d’ordre (le P. Héris le rappellede manière continue, et je l’ai signalé: voirau-dessus la citation de la p. 40, § 4) compo-sée d’évêques, de prêtres et de ministres (10).Seulement, ces vérités ne légitiment pas lesconclusions que B. en tire à la p. 41 § 2.

La nouvelle formulation de la thèse de B.

Après trois pages du P. Héris, B. exposesa thèse en cinq lignes; je vais les citer (sanspouvoir m’empêcher d’y glisser déjàquelque commentaire entre crochets): “cettelongue citation [du P. Héris] affirme bien lanature essentiellement hiérarchique du pou-voir épiscopal, tel qu’il est donné par laconsécration elle-même [ratione ordinis,concedo; ratione jurisdictionis, nego]: c’estune régence sur le corps mystique, c’est unpouvoir princier [Héris distingue: ‘on divised’ordinaire le pouvoir de régence del’évêque en pouvoir d’ordre et en pouvoirde juridiction...’] (11). La juridiction en estdistincte, et ne peut venir que du Pape [c’estce que B. niait et maintenant, Dieu merci,admet] mais elle en est un complément in-

Evêque imposant les mains

Page 26: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

trinsèque puisqu’elle est nécessaire à l’exer-cice du pouvoir principal de l’évêque, de cepouvoir de régence”.

Dans les mots que j’ai imprimés en carac-tère gras réside le nouveau sophisme de B. (àdéfaut du précédent). Anticipant la conclu-sion, il consiste à faire rentrer par la fenêtrel’erreur qu’il vient de chasser par la porte!Cependant, la chose n’est pas aussi facile àsaisir par le lecteur, parce que B., dans laphrase qui vient d’être citée, ne fait pas lesdistinctions opportunes, créant une grandeconfusion (il suffit de dire qu’il parle du pou-voir de régence sans rappeler et se rappelerque le Père Héris le divise, lui aussi, en pou-voir de juridiction et d’ordre). Avant de pro-céder à nouveau, donc, à la réfutation de l’ar-gument de B. (revu et corrigé), je suis obligéde préciser les termes. Dans ce cas, il faut ad-mettre que les difficultés de langage et autres

26

que B. énumère p. 37, §§ 3-6 sont bienréelles, et on peut comprendre facilementqu’une erreur puisse se produire à ce sujet.

Précision des termes

Je présente au lecteur un schéma qui re-produit ce qu’écrivent de bons auteurs, déjàcités dans Digitus Dei, parmi lesquels Zu-bizarreta et, surtout, Zapelena. Ce schémacorrespond substantiellement à ce qu’écritle P. Héris.

En se référant à ce schéma (voir ci des-sous), il est facile de répondre à l’instance de B.

Réponse à l’instance de B.

B. écrit (je le rappelle): “la juridiction enest distincte [de la régence sur le corps mys-tique donnée par la consécration] et ne peut

Pouvoirdans l'évêque

d'ordrepar la consécration

partie constitutive ouessentielle

partie "perfective"et complétivedécoulant de l'essence

Pouvoir d'ordrec'est-à-dire: la plénitude du

sacerdoce

" J u r i d i c t i o n "apt i tudina le ou radica le(conséquence nature l le de

l ' o r d r e s a c r é ) : a p t i t u d ep r o c h a i n e e t q u a s i -

e x i g e n c e à l a j u r i d i c t i o na c t u e l l e

de juridictionpar un acte canoniquedu Pape(per legitimam missionem)

Jur id ic t ion ac tue l l epar l aque l l e l e s évêquespa i s sen t l eu r s t roupeaux

En ac tepremier

En actesecond: quant àl'exercice

Eloigné:en acte maisempêché à l'action

Prochain:libre d'agir

ESSENCEde l'épiscopat

ACCIDENTPROPRE

ACCIDENTCONTINGENT

(1)

(2)

(3)

(4)

(5)

distinctionréelle

Exemples1) L’évêque est sacré. Il a la plénitude du sacerdoce; il peut ordonner et confirmer.2) De plus, par le sacre même, il est destiné normalement (mais pas nécessairement) à

gouverner un diocèse.3) Il a reçu du Pape un diocèse, mais un empêchement ne lui permet pas de gouverner

(licitement).4) Il a reçu du Pape un diocèse, et rien ne l’empêche de gouverner.5) Il gouverne de fait son diocèse.

Page 27: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

venir que du Pape, mais elle en est un com-plément intrinsèque (12) puisqu’elle est néces-saire à l’exercice du pouvoir principal del’évêque, de ce pouvoir de régence” (p. 41,§ 2). C’est dans ce “mais” que se trouve, àmon avis, la nouvelle erreur de B.

Fondamentalement, j’ai déjà répondu àcette objection dans Digitus Dei..., à la note48. Il s’agit, maintenant, de préciser.

A) L’essence de l’épiscopat.B. n’affirme plus que la juridiction (ac-

tuelle) est l’essence de l’épiscopat: toutefoisil croit encore que la (“nouvelle”) essencede l’épiscopat (la “régence sur le corps mys-tique”) est “complétée intrinsèquement”par la juridiction. Voyons ce qu’il en est.

Le P. Zapelena, nous l’avons vu (13),écrit: “L’essence de l’épiscopat réside dansle pouvoir d’ordre, autrement dit dans laplénitude du sacerdoce, et de là dérive la dis-position prochaine et l’exigence de la juridic-tion épiscopale. La juridiction actuelle réalisecette exigence et perfectionne ainsi l’épisco-pat”. La consécration épiscopale confère,donc, à l’évêque sacré l’essence de l’épisco-pat. Cette essence appartient au pouvoird’ordre et consiste dans la plénitude du sa-cerdoce, qui donne surtout à l’évêque, d’unefaçon stable et ineffaçable (14), le pouvoird’ordonner des prêtres et de confirmer.

Par cela, l’évêque est au sommet de lahiérarchie, mais seulement ratione ordinis,quant à l’ordre sacré. De cette hiérarchiefont partie aussi les prêtres et les autres mi-nistres sacrés (D. 966), qui n’appartiennentpas, de droit divin, à la hiérarchie ratione ju-risdictionis, quant à la juridiction. C’est lepropre de l’ordre sacré, à tous ses échelons(ministres, prêtres, évêques), d’être une hié-rarchie: car c’est bien ce que signifie le motmême d’“ordre”: une différence de degrés,une hiérarchie... Il n’y a encore là aucune at-tribution d’un pouvoir quelconque étrangerau pouvoir d’ordre, quoi qu’on pense de lasacramentalité de l’épiscopat.

Les auteurs qui nient la sacramentalité del’épiscopat, insistent, à la suite de SaintThomas, pour affirmer que l’épiscopat estalors “une extension ou un complément in-trinsèque” du sacrement de l’ordre (15) sansêtre un sacrement qui confère un nouveau ca-ractère. Cette expression “complément intrin-sèque” a dû rester dans l’esprit de B., puisqu’ilécrit maintenant dans sa thèse (revue et corri-gée) que la juridiction est un complément in-trinsèque de la régence sur le corps mystique

27

reçue par l’évêque dans le sacre (cf. p. 41, § 2).Nous verrons par la suite que cela n’est pas.Pour l’instant, bornons-nous à remarquer quece “complément intrinsèque” dont parlent lesnégateurs de la sacramentalité de l’épiscopatn’a rien à voir avec la “juridiction complé-ment intrinsèque de la régence du corps mys-tique” dont parle maintenant B.: les objetssont, en effet, divers: (sacrement de l’ordre,épiscopat/régence du corps mystique, juridic-tion). Peut-être les concepts se sont-ils em-brouillés dans l’esprit de B.

Mais le Père Héris, comme le font surtoutles négateurs de la sacramentalité de l’épisco-pat, parle justement de ce “pouvoir de régencesur le corps mystique” que l’évêque reçoit dansle sacre: cela fait bien partie de l’essence del’épiscopat! Voilà ce qui impressionne B. (16)!

Il oublie, nous l’avons vu, les précisionsque le même P. Héris donne à ce sujet. “Ilest aisé de comprendre pourquoi l’on divised’ordinaire le pouvoir de régence de l’évêqueen pouvoir d’ordre et en pouvoir de juridic-tion”. Ce qui vient de la consécration et,éventuellement, fait partie de l’essence del’épiscopat, est la régence sur le corps mys-tique quant au pouvoir d’ordre, et pas dutout quant au pouvoir de juridiction: “[la ré-gence quant au] pouvoir d’ordre vient àl’évêque à la fois de son caractère sacerdotalet de sa consécration épiscopale: c’est unpouvoir hiérarchique qui l’établit chef duculte chrétien et lui donne le droit de régir sa-cramentellement les membres de ce culte” (p.40, § 3). “Car - poursuit le P. Héris, pourtantcité par B. - autre chose d’enseigner, de légi-férer, de juger le peuple chrétien; et autrechose d’avoir prise sur la constitution mêmedu culte divin et sur les fonctions essentiellesdu culte. Le premier rôle provient du pou-voir de juridiction (...). Le second rôle faitappel à un pouvoir hiérarchique conféré parvoie de consécration, et intimement lié àcette autre consécration qu’est le caractèresacerdotal” (p. 40, § 4) (17). Puisque le pou-voir de juridiction est réellement distinct decelui d’ordre il est normal que la régence quivient de l’un soit réellement distincte decelle qui vient de l’autre; elles viennent decauses distinctes (le Pape, pour la régencede juridiction, Dieu - par la consécration -,pour la régence d’ordre): donc celle de juri-diction ne peut pas venir de celle d’ordre,comme B. semble le croire, bien que norma-lement elles soient faites pour coexister dansle même sujet.

Page 28: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

B) L’accident propre de l’épiscopat.Revenons au P. Zapelena. Il écrivait:

“L’essence de l’épiscopat réside dans le pou-voir d’ordre, autrement dit dans la plénitudedu sacerdoce, et de là dérive la dispositionprochaine et l’exigence de la juridictionépiscopale. La juridiction actuelle réalisecette exigence et perfectionne ainsi l’épisco-pat”. En bonne philosophie, si je ne metrompe, quelque chose qui dérive de l’essen-ce, est un accident propre ou essentiel. Ilvient compléter l’essence ab intrinseco, del’intrinsèque, c’est-à-dire de cette cause in-trinsèque à l’étant qu’est l’essence. La “dis-position prochaine et l’exigence de la juridic-tion”: voilà donc le complément intrinsèque,venant de la consécration épiscopale même,de l’essence de l’épiscopat. Cette disposition,cette quasi-exigence (nous verrons pourquoi,à la suite de Zapelena, j’écris “quasi-exigen-ce”) existent toujours chez l’évêque consa-cré. B. a-t-il donc raison? Mais non!

Pour lui, le complément intrinsèquec’est... la juridiction actuelle! Mais... complé-ment intrinsèque de quoi? De la régence surle corps mystique? De la disposition pro-chaine et de l’exigence de la juridiction (ac-tuelle)? Peut-être (faute de précisions) del’une et de l’autre. Une exigence ne nécessi-te-t-elle pas la chose exigée? Puisque lesacre donne l’exigence, il donne aussi la réa-lisation de cette exigence, la juridiction ac-tuelle, d’où, s’il n’y a pas de mandat aposto-lique, usurpation de juridiction dansl’Eglise, abîme infranchissable, schisme at-tenté, etc. Quod erat demonstrandum.

Malheureusement pour la thèse de B.(même revue et corrigée), il reste que son an-cienne thèse demeure fausse; lui-mêmel’avoue: “la juridiction en est distincte [dupouvoir de régence] et ne peut venir que duPape” (p. 41, § 2). B. admet son erreur précé-dente, mais on dirait qu’il en reste les traces(reliquias peccati!) dans sa mentalité et dansson raisonnement; c’est pourquoi sa thèse,même revue et corrigée, souffre du même dé-faut et de la même incompréhension de fond.Cela lui empêche d’éviter une nouvelle im-précision, source de grandes erreurs (errorparvus in principio fit magnus in termino).

L’erreur, la voici: pour B. la juridiction estun complément intrinsèque du pouvoir de ré-gence (probablement par l’intermédiaire del’exigence à la juridiction). Or, un complé-ment intrinsèque doit venir d’un cause intrin-sèque, c’est-à-dire de l’essence: nous l’avons

28

vu. [Il me semble comprendre en effet quepour B. la juridiction n’est plus (c’est entendu)l’essence de l’épiscopat, mais c’est un accidentpropre ou essentiel, qui dérive de l’essence].Cette thèse serait vraie à deux conditions:

1) que la juridiction actuelle vienne àl’évêque de la même cause intrinsèque, es-sentielle, de l’épiscopat, c’est-à-dire la cons-écration épiscopale.

2) que la juridiction actuelle exigée parla disposition prochaine reçue dans le sacrearrive toujours, nécessairement et seule-ment à l’évêque qui a reçu le sacre (aumoins en acte premier éloigné).

Or, il n’en est rien.Ad 1) B. semble avoir oublié que la juri-

diction (actuelle) vient à l’évêque par un actede juridiction du Pape (per legitimam missio-nem). C’est ce qu’il niait, mais qu’il admetmaintenant. Si cela est vrai, la juridiction ne

Mgr Guérard des Lauriers o.p.

Page 29: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

peut pas être, à mon avis, un complément in-trinsèque du sacre épiscopal et des pouvoirsqu’il confère, puisqu’elle vient d’une cause(le Pape) tout à fait étrangère extrinsèque del’essence de l’épiscopat, totalement distinctede cette essence. La juridiction ne peut êtreun complément intrinsèque de la régence quivient de la consécration, si elle-même vientd’une cause extrinsèque à la consécration,c’est-à-dire d’un acte de juridiction du Pape!Le P. Héris lui-même, pour citer la seule au-torité invoquée par B. (sauf 5 lignes incor-rectes de l’abbé Berto), l’affirme: “...c’est auPape, et à lui seul qu’il appartient de conférerà l’évêque le pouvoir de juridiction. Ce pou-voir n’est pas en dépendance essentiel dupouvoir hiérarchique [il parle de la hiérar-chie d’ordre]...” (p. 40, § 4). La juridiction nedépend pas essentiellement de la régence, leP. Héris dixit. Ce n’est donc même pas un ac-cident propre ou essentiel, mais un accidentcontingent (bien que très particulier) quipeut exister et ne pas exister. C’est ce quenous allons prouver au point 2.

Ad 2) Reprenons la citation du P. Hérisoù nous l’avions interrompue: “...Ce pouvoirn’est pas en dépendance du hiérarchique:l’évêque le possède dès qu’il est institué parl’autorité suprême à la tête d’un diocèse etavant même d’être consacré; il le perd mêmeaprès la consécration...” (p. 40, § 4).

En d’autres termes, la juridiction ne peutêtre essentielle à la consécration épiscopale,et ne peut même pas découler nécessaire-ment de cette consécration comme une stric-te exigence, puisque, dans ce cas:

a) tous les évêques consacrés devraientavoir la juridiction

b) seuls les évêques consacrés devraientavoir la juridiction

Or, ni a) ni b) ne sont vraies. (Quoi qu’endise l’abbé Berto cité par B., p. 41, § 3).

Le P. Héris vient de le dire. Le cardinalBillot le détaille (18). Billot nie que “le ‘carac-tère’ épiscopal puisse inclure formellementl’autorité de gouverner”. Cela est, écrit-il,“soit parce que en dehors de l’Eglise catho-lique il y a de vrais évêques quant au pouvoird’ordre, bien que en dehors de l’Eglise on nepuisse avoir aucune vraie autorité de gouver-nement; soit aussi parce que même dans[l’Eglise] catholique, on a toujours considérécomme de vrais évêques des évêques dépo-sés ou démissionnaires, de même que lesévêques consacrés ad honores, ou aussi lesévêques coadjuteurs ou vicaires in pontifica-

29

libus (19). En note, le cardinal Billot fait allu-sion à ces évêques consacrés ad honores, encitant Sozomène (20): en Syrie, aux temps deSt Ephrem, les moines Barses et Eulogius fu-rent, dans leur monastère, consacrés évêques“non pas d’une ville, mais seulement honoriscausa, pour leur rendre honneur, pour ré-compenser leurs grandes œuvres”. Dans cecas on est on ne peut plus loin de réalisercette exigence (il faut donc dire plutôt‘quasi-exigence’) de juridiction! Plus briève-ment, le P. F. Solà écrit: “...nous faisons abs-traction du pouvoir de juridiction qui ne suitpas nécessairement la consécration, commecela est dans le cas des évêques non résiden-tiels” (21). Quelque chose qui ne suit pas né-cessairement une autre n’est ni l’essence decette chose, ni son accident essentiel: c’est unaccident contingent. Un prélat peut jouir dela juridiction sans avoir reçu la consécrationépiscopale; un évêque peut avoir été sacré li-citement sans avoir reçu une juridiction: lajuridiction n’est donc pas un complément in-trinsèque du sacre et de ses pouvoirs.

Qu’est donc cette “exigence de la juridic-tion” que donne le sacre?

Après ce que je viens de dire, on peut sedemander quelle est la valeur de cette exi-gence de la juridiction que donne le sacre, sil’on peut recevoir la juridiction sans le sacreet si l’on peut être sacré sans avoir de juri-diction. “Régulièrement on ne peut pasexercer les pouvoirs de la hiérarchie de juri-diction sans appartenir à celle d’ordre,puisque la juridiction doit se superposer àl’ordination. Mais il n’en est pas moins vraique si quelqu’un est élu à l’épiscopat ou auSouverain Pontificat, il peut exercer le pou-voir de juridiction avant de recevoir laconsécration (22). Nous avons vu cela. Aquoi bon, alors, la consécration?

Adressons-nous, encore, au cardinalBillot (lieu cité): “il nous reste à dire que ledegré épiscopal a été choisi par droit divinpour exercer le pouvoir ordinaire de gouver-nement (...) et que de cette façon la supériori-té des évêques sur les prêtres quant à la juri-diction découle de l’institution du Christ:dans la mesure, c’est-à-dire, dans la mesureoù l’Eglise n’est pas gouvernée par les prêtresmais par les évêques” (cf. Conc. de Trente,sess. XXIII, c. 4). Ce n’est pas chaque sacrequi implique une juridiction, c’est vrai; “il nerépugne pas [ce n’est pas contradictoire] qu’il

Page 30: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

y ait un vrai évêque sans juridiction, mais ledegré épiscopal en général exige l’autorité degouvernement dans les deux fors et, récipro-quement, cette autorité de gouvernement nedoit résider, per se, que dans le degré épisco-pal”. (p. 290 de Billot). En cela, dit encoreBillot, l’exigence de droit divin de la juridic-tion dans le prêtre pour confesser n’est pas àcomparer avec l’exigence de juridiction qu’al’évêque en général, puisqu’elle concerne unejuridiction seulement au for interne qui peutêtre aussi déléguée, tandis que celle del’évêque est ordinaire et embrasse for interneet for externe (cf. p. 293).

Voilà la part de vérité qu’il y a dans lathèse de B.: une partie considérable, certes,mais pas suffisante afin que sa thèse soitvraie et qu’il puisse tirer les conséquencesterribles qu’il tire effectivement.

Questions mineures...

Eusèbe de Samosate: à chacun son arsenalDans mon écrit je donnais des exemples

d’évêques légitimement consacrés, dans descas extraordinaires, sans l’approbation duPape (jamais contre la volonté du Pape). B.répond par un solennel JAMAIS (p. 41, §5). Et il se limite à manifester une objectioncontre le célèbre exemple de St Eusèbe deSamosate, c’est-à-dire: à chacun son arsenal.

Peut-être un peu agacé d’avoir été mis encompagnie des libéraux et des gallicans, B. n’apas résisté à la tentation de me retourner l’ac-cusation, sous le prétexte d’avoir parlé du casde St Eusèbe de Samosate: “Nous regrettonsbeaucoup que M. L’Abbé Ricossa s’y réfère,parce que cette histoire, avec quelques autrescomme celle d’Honorius ou comme celle d’uneprétendue chute du Pape Libère, fait partie d’unarsenal utilisé par les ennemis de la doctrine ca-tholique (gallicans, anti-concordataires, anti-in-faillibilistes...) recyclé à usage des ‘traditiona-listes’ depuis vingt-cinq ans. Il est déplorabled’aller puiser dans un tel arsenal...” (p. 41, § 5).

Avant tout, je m’oppose à l’amalgametenté insidieusement par B.: Sodalitium a plu-sieurs fois, même récemment, attaqué ceuxqui se servent des histoires d’Honorius et deLibère, sur les traces des gallicans & Cie.Mais qu’a à voir le cas de St Eusèbe? Quandje l’ai cité, je l’ai fait en me basant sur un au-teur anti-gallican comme le P. Montrouzier(B. l’a-t-il oublié?) et j’ai clairement distinguéles différentes conclusions que le courant gal-lican et le courant “ultramontain” dédui-

30

saient de ce fait historique. De fait... B. vou-drait pouvoir trouver un auteur sûr pour dé-truire l’histoire d’Eusèbe: “Dom Guérangeravait en son temps fait justice des calomniescontre Libère ou des exagérations défor-mantes de la faute d’Honorius. Nous n’avonspas le souvenir qu’il ait traité de saint Eusèbede Samosate...” (p. 41, § 6). B. appelle au se-cours Dom Guéranger... mais le célèbre abbéde Solesmes ne répond pas... En l’occurenceici il s’accroche au premier qui passe, c’estpourquoi, si Solesmes se tait, on écouteChémeré! “Nous n’avons pas le souvenir qu’il[Dom Guéranger] ait traité de saint Eusèbe deSamosate, mais on trouvera ce cas bien exposéet analysé dans deux articles du frère A.M.Lenoir, articles parus dans les nn. 22 et 23 deSedes Sapientiæ” (p. 41, § 6, et p. 42, § 1).Personne ne met en doute la compétencescientifique des frères de Chémeré... Mais ilest curieux que l’on nous accuse de puiserdans l’arsenal des ennemis de la doctrine ca-tholique quand B. lui-même puise dans l’ar-senal d’autres ennemis de la doctrine catho-lique que sont désormais, incontestablement

Juin 1987: le père L. M. de Blignières publie:“Réflexions sur l’épiscopat autonome”.

Juin 1997: l’abbé H. Belmont publie: “Un abîme infran-chissable: l’épiscopat autonome”.

Page 31: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

les frères de Chémeré fondés... par le Père deBlignières (encore lui!). Certes, les nn. 22 et23 de Sedes Sapientiæ, datent respectivement,de l’automne 1987 et de l’hiver 1988, c’est-à-dire avant l’imminente “apostasie” deChémeré. Mais, on le sait, nemo repente fitpessimus. Tout en admettant, ce qui n’est pasprouvé, que le Fr. Lenoir ait démontré sathèse, reste le fait que les auteurs catholiquesn’ont pas contesté la véridicité du cas enquestion, et ont admis, à des conditions bienprécises, et pour des motifs différents de ceuxinvoqués par les gallicans, la possibilité d’uneaction extraordinaire de l’épiscopat.

Je me réserve de mieux étudier la ques-tion pour apporter le plus d’exemples pos-sibles de consécrations licites sans mandatromain, afin d’arriver, si Dieu veut, à faireretirer à B. son “jamais” par trop solennel...A bientôt, donc...

Le schismeUn abîme infranchissable, dernier para-

graphe: B. explique à R. pourquoi il n’a pasutilisé le terme schisme pour la thèse favo-rable aux consécrations épiscopales. PuisqueR. suit aussi la thèse de Cassiciacum, il com-prenait de lui-même que B. ne peut déclarerpersonne formellement schismatique. R. souli-gnait seulement que les accusations de B. à la‘voie épiscopale’ poussaient à considérer cettevoie comme schismatique. B. l’admet mainte-nant volontiers. Dommage qu’il ne réponderien à ce que j’ai écrit à propos des canons2370 et 2372 du code de droit canonique...Sera-ce l’occasion d’un prochain article?

Conclusion

En écrivant cette conclusion (provisoire)je déclare que je garde intacte toute mon es-time pour B.; la question est difficile et, il estvrai, peu étudiée encore par les théologiens.Je suis prêt à rétracter toute erreur qui auraitpu m’échapper. Je tiens aussi à adresser unepensée reconnaissante à Mgr M.-L. Guérarddes Lauriers o.p.: sans ses études sur la situa-tion actuelle de l’autorité dans l’Eglise et surla transmission de l’épiscopat en période deprivation d’autorité, jamais je n’aurais riencompris de ces questions difficiles...

Notes

1) ABBÉ HERVÉ BELMONT, Les filles de Lot, in Lesdeux étendards, n° 3, p. 23, § 4-5.

31

2) Admettre une erreur est difficile à tout lemonde, s’accuser soi-même répugne sans doute à la na-ture humaine telle qu’elle est. Nous comprenons trèsbien la dérobade de B.; mais nous ne pouvons pas com-prendre son insistance sur des conclusions erronées quiont de graves conséquences.

3) B., comme R., est notoirement un peu taquin, cequi, à dire vrai, ne gâte rien.

4) En effet, nous n’avons pas accusé B. (“et son ex-posé”) d’être “marqué par le gallicanisme et [d’]issu del’enseignement de Vatican II”. Nous avons seulementconstaté la concordance, sur ce point précis, entre lathèse de B. (maintenant reniée) et celle des gallicans etde Vatican II. Nous avons cependant plusieurs foisexclu une dépendance culturelle de B. du gallicanismeet de Vatican II. L’unique influence mauvaise dontnous avons émis l’hypothèse est celle du P. deBlignières, à laquelle B. fait allusion (p. 38, § 1), pour ladémentir plus ou moins. Très bien. Si ce n’était qu’en-suite, dans le titre de sa réponse, il utilise un terme qu’iltire explicitement du P. de Blignières (“épiscopat auto-nome”). A bon entendeur, salut...

5) Pour la question soulevée ici par B., voir par ex.I. Salaverri, Sacræ Theologiæ Summa, B.A.C., Madrid1962, I, thèse 32.

6) Remarquons que sur le point de vue prudentielB. ne répond pas le moins du monde à nos observations.

7) Je regrette l’accent un peu polémique de l’expres-sion, mais c’est la seule qui décrive la réalité: puisque lathèse de B. a été réfutée, il a abandonné la position pré-cédente pour se retirer, en reculant, sur une autre tran-chée, qu’il espère plus sûre que la précédente...

8) Dans Digitus Dei (note 12), j’ai déjà fait allusion audébat sur la sacramentalité de l’épiscopat. On dirait que B.y attribue une grande importance pour la solution de notrequestion. J’ai déjà dit qu’en réalité cette question n’est pasdécisive pour notre débat. Le P. Laynez le reconnaissaitdéjà au Concile de Trente, dans son célèbre discours surl’origine de la juridiction épiscopale. Il est difficile, toute-fois, de suivre B. (et même Mgr Guérard des Lauriers)dans la négation de la sacramentalité de l’épiscopat, aprèsla Constitution apostolique Sacramentum ordinis du PapePie XII. Tous les auteurs thomistes cités par B. opposés àla sacramentalité de l’épiscopat, le P. Héris aussi, ont écritavant 1947, c’est-à-dire avant la Constitution de Pie XIIqui ne suit pas deux opinions de St Thomas: celle sur la sa-

LA HIERARCHIE SACREE DEDROIT DIVIN

comporte compte tenu

De la juridition

“sessio”

De l'ordre

“missio”

Papauté

E p i s c o p a t

Presbytérat

Diaconat

Page 32: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

32

cramentalité de l’épiscopat (cf. suppl. q. 40, a. 5), et cellesur la matière et la forme du sacrement de l’ordre (suppl.q. 34, aa. 4-5). Les thomistes qui ont écrit après, se sontrangés à l’opinion favorable à la sacramentalité (qui étaitdéjà l’opinion de St Alphonse et de beaucoup d’autresdocteurs). Le grand et célèbre P. Ramirez o.p., critiqué parle P. Centi o.p., en est même arrivé à soutenir que StThomas a toujours cru à la sacramentalité de l’épiscopat(cf. La Somma Teologica, éditée par des Pères domini-cains italiens, vol. XXX, pp. 207 ss). Parmi ceux qui sou-tiennent la sacramentalité de l’épiscopat, certains main-tiennent le principe thomiste (le sacrement est ordonné es-sentiellement à l’eucharistie), d’autres le nient.

9) De nouveau, puisque je l’avais déjà suffisammentexposé dans Digitus Dei non est hic à la note 48.

10) B. rappelle (p. 37, § 4) que la hiérarchie del’Eglise est unique (je l’avais rappelé moi aussi à la suitedu P. Guérard des Lauriers); ce qui n’empêche pas quecette unité est faite par l’évêque qui unit en sa personneles deux raisons, ordre et juridiction, qui autrement sontspécifiquement différentes, distinctes, séparables et,parfois, séparées dans différents sujets de la hiérarchied’ordre ou de juridiction (Cf. Sodalitium n° 28 pp. 3-7).

11) Ce pouvoir de régence quant au pouvoird’ordre, écrit le P. Héris (p. 40, § 3) “vient à l’évêque àla fois de son caractère sacerdotal et de sa consécrationépiscopale”; donc, même si seulement en partie, il estcommun avec de simples prêtres qui ont le caractère sa-cerdotal, et qui en fait sont au second degré de la hiérar-chie d’ordre! Dans l’évêque, cette régence, poursuit le P.Héris, “l’établit chef du culte chrétien et lui donne droitde régir sacramentellement les membres de ce culte”.C’est ce que B., à un niveau certainement inférieur à

celui de l’évêque, fait dans sa chapelle de Saint-Maixant,où sans doute, en l’absence d’évêque, il a une certainerégence sacramentelle, si elle n’est pas même royale etprincière sur les fidèles qui participent au culte.

12) B. écrit en italique le mot “intrinsèque”. C’est,pour lui, le nœud de l’argumentation. On le voit quand,citant le P. Héris à propos de la juridiction nécessairepour confesser, B. souligne le mot “extrinsèque” dans laproposition du P. Héris qui dit: “la juridiction lui est ex-trinsèque, elle est seulement une condition absolument re-quise” (p. 38, note 5). Mais le P. Héris ne dit nulle partque la juridiction (actuelle) de l’évêque est un complé-ment “intrinsèque”: ceci est une affirmation de B.

13) Digitus Dei, note 14.14) Même apostat, hérétique, schismatique, excom-

munié, dégradé, l’évêque consacré garde les pouvoird’ordonner et confirmer. Cela, de toute évidence, neconcerne pas la juridiction, qui peut lui être enlevée. Lesimple prêtre, lui, peut recevoir du Pape le pouvoir deconfirmer (et, pour certains, même d’ordonner! C’esten tout cas certain pour les ordres mineurs) mais d’unefaçon passagère: ce pouvoir peut lui être retiré.

15) Ainsi Billuart, Garrigou Lagrange, Merkelbach(III, 731). B. utilise cette expression dans Les filles deLot, p. 19, III.

16) Déjà dans Les filles de Lot (p. 19, III, § 6) où ilreprend, je crois, ce qu’écrit le P. Gerlaud o.p. dans laRevue des jeunes, et maintenant dans Un abîme..., dansl’énonciation de sa thèse, p. 41, § 2.

17) Voir la note 11. Pour le rite de l’ordination, ilappartient (aussi) au simple prêtre præesse, de présider,pour tout ce qui concerne le culte.

18) Bien qu’il tienne, lui aussi, pour la non-sacra-mentalité de l’épiscopat.

19) LUDOVICUS CARD. BILLOT, De Ecclesiæ sacra-mentis, tomus posterior. Q. XL suppl.: de episcopatu.Thèse 32, § 1, éd. VIII de 1947, p. 292.

20) Hist. eccl. l. 6, c. 34.21) F. SOLÀ, Sacræ Thelogiæ Summa, t. IV de sacra-

mentis, De Ordine et matrimonio, l. 1, th. 2, n° 20. Solànie carrément la sacramentalité de l’épiscopat, de mêmeque l’argument thomiste selon lequel le sacrement del’ordre est essentiellement ordonné à l’Eucharistie. PieXII dans Sacramentum ordinis définit ainsi le sacrementde l’ordre: “c’est un sacrement institué par Notre-Seigneur par lequel on donne le pouvoir spirituel et estconférée la grâce pour accomplir dignement les tâchesecclésiastiques” [A.A.S., 40, (1948), p. 5].

22) ANTONIO PIOLANTI (édité par), I sacramenti,Città del Vaticano 1959, p. 664, n° 15.

Page 33: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

Brèves réponses à certainsarticles de la Fraternité contre

la “Thèse de Cassiciacum”

Par Pseudo-Dionisius

Dans l’éditorial de ce numéro nous avonssignalé au lecteur certains articles de Sì

sì no no contre la Thèse de Cassiciacum duP. Guérard des Lauriers, soutenue aussi parnotre Institut. Voici une brève réponse auxarticles en question.

I. Réponse à Sì sì no no, édition italienne,du 31 janvier 1997.

Il s’agit d’un court entrefilet dans lequelSì sì no no répond au premier des articles del’abbé Murro sur Les erreurs de Sì sì no no(Sodalitium, n° 43, pp. 35-38, avril 1997) quisuivait un autre article sur La règle de notrefoi (ibidem, pp. 31-34). A ce jour, pas de ré-ponse à l’étude bien plus imposante dumême auteur intitulée Les erreurs de Sì sì nono (IIème partie): le Magistère selon l’abbéMarcille (Sodalitium, n° 43, avril 1997, pp.38-58) [si ce n’est une lettre privée de l’abbéMarcille à l’abbé Murro dont il est questiondans l’éditorial]. Sì sì no no se garde bien,dans sa réponse, de citer Sodalitium (quidoit rester inconnu au plus grand nombre).

Après avoir mis en doute notre sincéritéet notre bonne foi, Sì sì no no aborde en deuxmots une seule des questions soulevées, et àtravers la réponse on voit qu’ils n’ont pas dutout compris ce que nous voulions dire. “Dudépôt de la foi en effet - écrit Sì sì no no -pourront être déduites des vérités implicites,comme l’Immaculée Conception, mais jamaisdes choses en contradiction avec la Foiconstante de l’Eglise. Nier ou masquer auxyeux des fidèles un principe aussi fondamentalet précieux en temps de crise comme les tempsactuels est - qu’il nous soit permis de le dire -faire, bon gré mal gré, l’œuvre du démon”. Lesrédacteurs de Sodalitium s’ébahissent,puisque jamais et au grand jamais ils ont sou-tenu que du dépôt de la foi on puisse déduire“des vérités” (plutôt des hérésies) en contra-diction avec la foi! Que Vatican II contredisela doctrine de l’Eglise, nous l’affirmons nousaussi, avec Sì sì no no. Qu’un fidèle puisses’en rendre compte, nous le soutenons pa-reillement. Que ce fidèle doive donc seconformer à la foi de l’Eglise et non à Vatican

33

II qui la contredit, tout lecteur de Sodalitiumne le sait-il pas parfaitement. Et alors?

Et alors Sì sì no no déplace le problème(nous attribuant ce que nous n’avons jamaisdit) pour cacher le point crucial: comment est-il possible qu’un Pape (Paul VI ou Jean-PaulII, pour Sì sì no no) et un Concile Œcu-ménique (Vatican II) contredisent la foi del’Eglise! Les articles de l’abbé Murro ont dé-montré que ce n’est pas possible, c’est pour-quoi: ou la contradiction n’est qu’apparente(mais cela n’est pas) ou Paul VI et Jean-PaulII n’étaient pas et ne sont pas Papes, et doncVatican II ne fut pas un Concile légitime.

“Normalement la source prochaine de lafoi est le magistère ordinaire - écrit Sì sì nono - mais puisque cette source prochainepuise à son tour à une source éloignée, qu’estla divine Révélation que l’on peut trouverdans la Tradition constante de l’Eglise, per-sonne ne peut empêcher que, en cas de crise,même le simple fidèle (comme cela arrivaaux temps de Nestorius et d’Arius) interrogecette source éloignée pour reconnaître ce quin’est pas catholique”. C’est vraiment difficileen si peu de lignes d’additionner tant d’er-reurs et d’imprécisions. Au risque de nousrépéter expliquons à Sì sì no no (qui nousinvite à “étudier mieux, beaucoup mieux, lathéologie catholique”) ce qui suit:

1) Le magistère, ordinaire ou solennel,est toujours (et non seulement “normale-ment”) la règle prochaine (et non la “sour-ce”) de notre foi (et non “de la foi”).

2) Que la Révélation (Ecriture et Tra-dition, et non seulement la “Traditionconstante”) est la règle éloignée (et non la“source”) de notre Foi (et non “de la foi”).

3) Que “la source prochaine” (sic) ne“puise pas à son tour dans la source éloi-gnée” (sic). Les choses sont ainsi: nous de-vons croire tout ce que Dieu a révélé dansl’Ecriture et dans la Tradition (verbo scriptovel tradito); (et ceci est la règle éloignée,c’est-à-dire n’est pas immédiate pour nous).Mais pour connaître ce qui est révélé, à sa-voir ce qui est enseigné vraiment parl’Ecriture et par la Tradition, le catholiquen’interprète pas librement l’Ecriture (ou laTradition) comme fait le protestant, maiss’adresse au magistère de l’Eglise (Papeseul, ou Pape et Evêques en communionavec lui) qui seul peut lui enseigner le sensauthentique de la Révélation (justementpour cela l’Eglise, non le simple fidèle, estassistée par le Saint-Esprit!). Telle est la

Page 34: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

règle prochaine de notre foi: je dois croirece que Dieu a révélé (règle éloignée), maispour savoir ce que Dieu a effectivement ré-vélé je dois le demander à l’Eglise (règleprochaine, c’est-à-dire immédiate: celle à la-quelle je m’adresse en premier).

Pour Sì sì no no parfois la règle prochai-ne (l’Eglise) peut échouer, et alors le simplefidèle peut passer par-dessus et, comme unprotestant, aller voir ce que dit la règle éloi-gnée... C’est là que nous ne sommes pasd’accord avec Sì sì no no. Qui suit la règleprochaine (l’Eglise) est toujours sûr aumoins de ne pas s’éloigner de la foi; qui in-terprète par lui-même l’Ecriture ou laTradition peut au contraire se tromper:“Pour ne nous écarter en rien de la vérité -écrit Saint Ignace dans les Exercices Spiri-tuels - nous devons toujours être disposés àcroire que ce qui nous paraît blanc est noir,si l’Eglise hiérarchique le décide ainsi. Car ilfaut croire qu’entre Jésus-Christ, notreSeigneur, qui est l’Epoux, et l’Eglise, qui estson Epouse, il n’y a qu’un même Esprit quinous gouverne et nous dirige pour le salutde nos âmes, et que c’est par le même Espritet le même Seigneur qui donna les dix com-mandements qu’est dirigée et gouvernéenotre Mère la sainte Eglise” (Treizièmerègle pour sentir avec l’Eglise, ExercicesSpirituels n° 365).

Cependant, le Saint-Esprit et l’Eglise nepeuvent pas se contredire.

Dans le cas d’une apparente contradic-tion que faut-il faire? Le croyant est déjà en-gagé par la foi à croire ce que Dieu a révéléet ce que l’Eglise a enseigné. Si apparem-ment l’Eglise lui demandait de croire en uneproposition contradictoire à ce que elle nousoblige déjà à croire (par ex.: les personnes dela Trinité ne sont pas trois) le croyant devraitmais ne peut pas accomplir l’acte de foi: “cetacte de foi est métaphysiquement impos-sible. (...) Personne ne peut croire simultané-ment deux propositions contraires; personnene peut croire en même temps [par ex.] quele droit à la liberté religieuse est contraire àla Révélation [Pie IX], et qu’il est fondé danscette Révélation [Vatican II]. C’est impos-sible avec la meilleure volonté du monde:cela tient à la nature des choses” (abbé H.Belmont, Brimborions, L’exercice quotidiende la foi, Bordeaux 1990, p. 60). Il s’ensuitque cette autorité de l’Eglise n’était qu’appa-rente: c’est ce que Sodalitium soutient et Sì sìno no s’obstine à nier.

34

II. Réponse à Dionisius (Courrier de Rome-Sì sì no no, avril 1997).

Dionisius (désormais D.), dans son ar-ticle A propos d’une thèse sédévacantiste, sepropose de réfuter l’étude de l’abbé San-born (désormais S.) De papatu materiali, pu-bliée sur Sacerdotium n° 16 (oubliant ainsi lapremière partie de l’étude de S. publiée surSacerdotium n° 11).

L’article de D. peut être divisé en troisparties: une introduction, sur la Thèse deCassiciacum; un corpus, sur les études de S.,et une conclusion sur le sédévacantisme etles sédévacantistes (La vraie question).

L’unique partie qui a quelque dignité in-tellectuelle est la seconde, où D. admet quela thèse de S.

“tranche par son sérieux et la valeur de sadocumentation” (D., p. 2, col. 1) (Hélas lalouange est empoisonnée: elle sert à dénigrerles “fantaisies théologiques” des prédécesseursde S. dans l’exposé de la Thèse, fantaisies quisont, en réalité, les mêmes que celles de S.!).

Puisque notre intention est de traduireet de publier les deux articles de S. surSodalitium, nous renvoyons l’exposition etla réponse aux objections de D. à un pro-chain numéro, de telle manière que le lec-teur puisse avoir sous les yeux l’article de S.et les difficultés avancées par D.

Sans attendre cette réponse, nous pou-vons cependant donner tout de suite unexemple évident de la manière dont D. igno-re l’A.B.C. du traité sur les lois (même s’ilécrit avec suffisance, p. 2, 2ème colonne: “ilsuffit de relire les traités ‘de legibus’ pour voirque...”) sur lequel il s’oppose avec S.

D. écrit:“Le prince (le chef, le père de fa-mille, le patron, l’enseignant), sujet individuel,prolonge l’autorité de Dieu, il est le canal dubien commun quand il veut objectivement cebien par la loi” (D., p. 3, 1ère colonne).

D., qui discute avec S. des lois, ne saitmême pas qui peut faire des lois! “Les loissont faites par ceux qui ont un pouvoir pu-blic et politique de juridiction pour gouver-ner les sujets [dans une société parfaite,comme l’Eglise ou l’Etat, n.d.a.] (...) soit [cepouvoir] suprême, sur toute la communauté,soit dérivé, seulement d’une partie de lacommunauté (par ex.: le Pontife Romain etles évêques); mais elles ne sont pas faites parceux qui ont seulement le pouvoir privé do-minatif ou le pouvoir économique [dans lesens de domestique, n.d.a;] sur une société

Page 35: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

imparfaite, comme le père, le mari, le patron,le supérieur d’une maison religieuse, le curé[ils peuvent donner des préceptes, mais nepeuvent pas faire de lois, n.d.a.]” (B. H.Merkelbach o.p., Summa Theologiæ moralis,de legibus, I, 222). Le Pape, l’Evêque, le Roi,le Président de la République, le Parlement,peuvent faire les lois, certainement pas “lepère de famille, le patron, l’enseignant”! Cetexemple est suffisant pour démontrer l’igno-rance absolue de D. sur la matière traitée.Mais nous verrons également comment D.est tout aussi ignorant sur la thèse deCassiciacum (qu’il veut critiquer).

Un nom ésotérique: Cassissiacum!

D. prétend offrir au lecteur une “radiogra-phie” de la thèse de Cassiciacum. Une préten-tion de ce genre implique que D. ait au moinslu ladite Thèse. Dommage - c’est évident -qu’il ne l’ait jamais lue pas même le titre!

“Cette thèse - écrit D. - est connu (sic)sous le nom ésotérique de Thèse deCassissiacum” (D., p. 1, col. 1).

Le mot Cassissiacum est répété conti-nuellement et invariablement tout au longde l’article. Nous comprenons que pour D.le terme soit “ésotérique”: quel rapport y-a-t-il entre le cassis et la théologie? Dommagepour D. que le terme correct soit Cassi-ciacum, et que le mot mystérieux soit expli-qué par les Cahiers de Cassiciacum, la revuede théologie qui publia en son temps lathèse homonyme, dans laquelle on rappelleque c’est à Cassiciacum (maintenantCassiago, en Lombardie), que SaintAugustin se retira pour étudier et donner lejour à certaines de ses œuvres théologiques(St Augustin, Confessions, IX, 3; on le lit surla couverture de la revue). Rien de mal sil’on ignore ces détails; mais si l’on écritcontre une thèse, il est bon d’en avoir lu aumoins le titre (et la table des matières), sansoublier de ne pas railler ce que l’on ignore.

Le “bon Père” Guérard

D. toujours, s’amuse à présenter aux lec-teurs de Si sì no no la figure loufoque del’auteur d’une thèse au nom “ésotérique”.

“En 1977, un ancien professeur de théo-logie du séminaire d’Ecône, le Père Guérard,publiait une thèse originale (...). Ce bon Pèreétait déjà célèbre pour ses cours incompré-hensibles. La thèse était dans la ligne: person-

35

ne ne comprit rien à sa distinction entre la‘Sessio’ et la ‘Missio’” (D., p. 1, col. 1).

Et avec ceci le Père Guérard des Lauriersdisparaît de la scène pour le reste de l’article...

Le lecteur intelligent de Sì sì no no sedemandera de lui-même: comment se fait-il,si les cours du Père Guérard étaient incom-préhensibles, que Mgr Lefebvre l’ait appelédans son séminaire pour enseigner la théolo-gie? Le même lecteur ne peut pas se deman-der - puisque D. le tait - comment se fait-ilqu’il fut appelé à enseigner aussi la théolo-gie à l’université dominicaine du Saulchoiret à l’Université Pontificale du Latran (unpeu plus prestigieuses, D. en conviendra,que le séminaire d’Ecône)... et comment sefait-il que ce pauvre “bon Père” fût un élèvede l’Ecole Normale Supérieure (rue d’Ulm)et membre de l’Académie Pontificale deSaint Thomas...

Nous admettons facilement que les écritsdu Père Guérard sont difficiles; toutefois, sil’on veut les réfuter, il faut bien les lire. D.ne les a pas lus, et le démontre à nouveau à

Le premier volume des Cahiers de Cassiciacum. Nous enreproduisons la couverture pour éviter à Dionisius

d’autres bévues

Page 36: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

cette occasion. En 1977 personne ne pouvaitcomprendre la distinction entre “Missio” et“Sessio” pour la simple raison que le bonPère Guérard n’en avait pas parlé (la dis-tinction était tout au plus celle entre mate-rialiter et formaliter); elle ne fait pas partiede la thèse de Cassiciacum de 1979 (date dela publication de la Thèse) mais des étudessur la consécration des Evêques, commen-cées en 1980 mais publiés seulement en1988! Pour comprendre en 1977 une thèsede 1988, en effet, il fallait être ... prophètes!

“Le syndicat” et la “version Lucien-Blignières”

D. continue sa “radiographie” (p. 1, col.1) de la thèse de “Cassissiacum”. D. com-mence en parlant du “petit groupe de jeunesprêtres ordonnés par Monseigneur Lefebvre,à peine sortis de l’œuf, si on peut dire, [qui]se vouèrent corps et âme à la défense et illus-tration de la ‘Thèse’. Entre eux, ils appelaientleur petit complot ‘le syndicat’...” (D., p. 1,col. 1). “Le Syndicat commença à se diviseren tendances rivales, unies seulement dans ladétestation cordiale de l’évêque qui les avaitordonnés” (D., p. 1, col. 2).

Notre historien est un faux historien: leterme de “syndicat” était un terme offensifdonné par les sédévacantistes complets à cesprêtres qui soutenaient la Thèse du P.Guérard (cf. Forts dans la Foi, n° 6 (66),1981, pp. 76-77: Du côté du syndicat; n° 7(67), 1981, pp. 69-74: Du côté du syndicat(suite); n° 9 (69), 1988, pp. 46-55: Mort d’unsyndicat, naissance d’un secte?. Le “syndi-cat” devenait une “secte” après la consécra-tion épiscopale de Mgr Guérard desLauriers). Le groupe de jeunes prêtres, queD. à la suite des sédévacantistes appelle “lesyndicat”, ne se divisa absolument pas àpeine furent-ils sortis de la Fraternité,comme affirme D., mais seulement, après lacondamnation de la consécration épiscopaledu P. Guérard (1982), avec l’abandon de laThèse et l’acceptation de Vatican II de lapart du P. de Blignières (en 1988) et del’abbé Lucien (en 1992).

Probablement à cause de ces défections,D. attribue à Lucien et de Blignières unenouvelle version de la Thèse:

“Vers 1980 sortit une nouvelle ‘versionpopulaire’ de ‘la thèse’, la version Blignières-Lucien. Evitant le nœud de la thèse: la dis-tinction ‘pape matériel’-’pape formel’, elles’attachait à essayer de mettre en évidence

36

une défaillance certaine de l’infaillibilitéPontificale, afin de prouver que le Pape ap-parent ne pouvait pas être pape réellement”(D. p. 1, col. 2).

Encore une fois, D. ment: la preuve enquestion se trouve dans le premier numérodes Cahiers de Cassiciacum, dans un textedu P. Guérard du 17 février 1979, aux pages10-22. Lucien-Blignières n’ont donc rien in-venté du tout.

Ils n’ont même pas inventé la théorieselon laquelle, à partir des déclarations dePaul VI, la note théologique du ConcileVatican II devrait être “magistère ordinaireuniversel”. Parmi les “erreurs grotesques”que D. attribue à la Thèse il y a aussi, eneffet, celle selon laquelle

1 - Le magistère du concile est le Magi-stère Ordinaire Universel (De Blignières-Lucien) (D., p. 1, col. 2).

En quelques lignes, deux erreurs:1) La Thèse ne soutient pas que Vatican II

est “magistère ordinaire universel”. Elle sou-tient que le Concile “n’est pas d’Eglise”, puis-qu’il ne vient pas du Pape (CdC, n°1, p. 18)

2) La Thèse soutient que Paul VI a décla-ré que le Concile est “magistère suprême or-dinaire” et rappelé qu’il aurait alors dû êtreinfaillible par l’infaillibilité du “magistère or-dinaire universel” (CdC, n° 1, pp. 13-17)

3) Ces affirmations ne sont pas deBlignières-Lucien, qui les ont reprises, maisdu P. Guérard (cf. les citations ci-dessus).

La Thèse de “Cassiciacum”...du PèreBarbara et de l’abbé De Nantes!

A ce point, le lecteur de Sì sì no no n’auraabsolument pas compris ce que dit la “Thèsede Cassissiacum”, ce qui est probablement ceque désirait D., qui peut donc écrire:

“Tous ces travaux se déconsidéraient eux-mêmes aux yeux de n’importe quel prêtre cul-tivé, par des erreurs grotesques. Excusableschez des laïcs, inexcusables chez des prêtres,surtout quand ils ont des prétentions à êtredes phares en théologie” (D., p. 1, col. 2).

J’oublie que parmi ces travaux qui se dé-considéraient eux-mêmes se trouve une étudeapprouvée par Mgr de Castro Mayer (Lettre àquelques évêques) D. cite à titre d’exempled’“erreurs grotesques” six propositions. Pasune seule ne comporte de citation: et pourcause, puisque les propositions sont toutes pré-sentées de manière exagérée, caricaturale etincorrecte. Qui plus est, l’une d’elles est anony-

Page 37: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

37

me, deux sont attribuées au Père Barbara, uneà l’abbé de Nantes et deux au tandemBlignières-Lucien; aucune au Père Guérard.

Or, personne n’ignore que de Nantes n’arien à voir avec la Thèse (comme D. admeten note; pour lui Jean-Paul II est Pape, et lemagistère est infaillible seulement quand ilest solennel, exactement comme pour laFraternité) et que le P. Barbara, même simaintenant il l’accepte, l’a combattue pen-dant longtemps, c’est pourquoi il n’a certai-nement pas participé à son élaboration. D.promet au lecteur de faire une “radiogra-phie” de la Thèse de “Cassissiacum” (!):quiconque connaît superficiellement la thèsede “Cassiciacum” s’aperçoit tout de suiteque D. ignore tout de la Thèse: l’histoire, lecontenu et même le nom. (Pour ce quiconcerne le contenu des six propositions ca-ricaturales il y aurait de quoi écrire un livre;voir les articles de l’abbé Murro publiés parSodalitium, n° 43 pp. 35-58. D. ne fait aucu-ne distinction entre l’autorité civile et celledu Pape, nie, comme Marcille, que le Papesoit la règle vivante de [notre] foi, etc.

Les sédévacantistes? Une maladie nerveuse

La Fraternité répète à satiété que nousmanquons de charité en parlant mal del’œuvre fondée par Mgr Lefebvre. Lisez alorsce que D. écrit sur les “sédévacantistes”:

“On peut se demander si ce n’est pas untraumatisme chez beaucoup .(...) Le problèmedu sede-vacantisme me paraît moins théolo-gique que psychologique” (D., pp. 3, col. 3).

Un cas de folie? On dirait bien à la façondont D. décrit leur comportement:

“Ils deviennent leur propre pape, jugentleurs prêtres [D. se limite à juger son Pape!n.d.a.], ne se confessent plus, n’écoutent plusrien et font généralement le malheur de leur fa-mille. (...) ils ont le comportement psycholo-gique des témoins de Jéhovah ou des protes-tants: hautains, ayant tout compris, regardanttout à travers les lunettes de leur obsession, agi-tant sans cesse comme des hochets leurs argu-ments définitifs et imparables. Jusqu’au jour oùils lâchent tout et perdent la foi” (D., p. 3, col. 3).

La charité de D. est inversement propor-tionnelle à sa sincérité! Certes, les fous et les fa-natiques ne manquent pas dans nos rangs, exac-tement comme dans ceux de D., mais il seraitfaux de décrire les disciples de Mgr Lefebvrecomme D. décrit les “sédévacantistes” ou lespartisans de la “Thèse de Cassiciacum”:

“Dans les chapelles traditionnelles, oncommença à rencontrer des théologiens auto-proclamés qui agitaient eux aussi leur hochet:‘materialiter-formaliter’, ‘formaliter-materia-liter’” (D., p. 1, col. 3).

Pour démontrer sa théorie (la Thèse faitdevenir fou), D. cite le cas de l’InstitutCardinal Pie:

“Un demi-fou avait apliqué (sic) la thèsede Cassissiacum au pouvoir politique...” (D.,p. 4, col. 1).

Le demi-fou, paraît-il, se fit “Roi deFrance”. Un petit problème: l’Institut Car-dinal Pie peut dénoncer D. pour calomnieau moins sur ce point: lui avoir appliqué laThèse de Cassiciacum! Personne (à l’excep-tion de D.?) n’ignore que l’Institut en ques-tion se distingua par les attaques de toutesorte contre la Thèse et Mgr Guérard!

La maladie nerveuse: l’obsession du Pape

Pour D. la maladie nerveuse des diffé-rents “sédévacantistes” consiste dans laquestion du Pape:

“Les sédé-vacantistes sont obsédés par laquestion du pape. On peut se demander si cen’est pas un traumatisme psychologique chezbeaucoup” (D., p. 3, col. 3).

Pour D., se demander si une personne estPape ou non est “une obsession”. Il ne pensepas que “pour le salut éternel il est absolumentnécessaire d’être soumis au Pontife Romain”(Denz. 469). L’obsession doit être grave:

“Dans certains cas, leurs prêtres vontjusqu’à interdire les sacrements à des fidèlesprofessant sincèrement le Credo, mais man-quant d’enthousiasme pour la thèse rédemptri-ce: la thèse de Cassissiacum” (D., p. 1, col. 1).

En réalité personne ne refuse les sacre-ments à qui ne professe pas la Thèse deCassiciacum, et je défie D. de démontrer lecontraire. Comme je défie D. de me démon-trer que la foi catholique, le Credo etl’Evangile n’ont rien à voir avec le Pape.

Attention: un de ces jours les “sédévacantistes”pourraient vous étrangler dans votre lit!

Les “sédévacantistes” sont donc atteintsd’un traumatisme psychologique que l’onpeut définir “l’obsession du Pape” (D. aucontraire vit très bien en faisant comme si lePape n’existait pas, et sans se préoccuper delui le moins du monde). Or, la folie, on lesait, peut arriver à des excès très graves,

Page 38: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

même aux meurtres. Le prophète D. voitdéjà les “sédévacantistes” et les “Cassis-siacum”, armés de couteaux, faire des mas-sacres parmi leurs ennemis.

“Comment expliquer une pareille pertur-bation de l’esprit chrétien? L’expérience m’amontré que ce qui est compris par la plupartdes catholiques séduits par le discours sedeva-cantiste est au fond une idée simple: Un papeindigne n’est plus pape. Cela ressemble étran-gement à la doctrine de Wicliff et Jean Huss:Le pape en état de péché mortel n’est pluspape, l’évêque en état de péché mortel n’a plusaucune autorité sur son diocèse, ni le curé sursa paroisse, ni le roi sur son royaume etc.

On peut penser que Jean Huss était sincère.Sa fin ne ressemble pas à celle d’un hérétiqueformel [incroyable! n.d.a.] Mais cela ne changerien aux conséquences: les Hussites sont deve-nus ensuite des loups vengeurs du peuple abuséet trucidateurs des évêques, curés, rois, princesindignes... Pure spéculation? amalgame sansfondement? Pas sûr...” (D., p. 3, col. 3).

Voilà, nous sommes comme les héré-tiques Hussites: nous disons comme euxqu’un pape indigne n’est pas pape, et nousfinirons, comme eux, par trucider les papes,les princes, les évêques, les rois et, sansdoute, D. lui-même (en vérité, jusqu’à pré-sent le seul qui ait tenté de tuer Jean-Paul IIest parti d’un prieuré de la Fraternité...).

Donc, que D. se rassure: il ne courtaucun risque. Sa théorie serait convaincante

38

si sa plus grande partie n’était pas une ca-lomnie. Elle est fausse comme Judas: jamaisaucun d’entre nous n’a dit ou pensé qu’unPape indigne n’est pas Pape (sauf la fertilefantaisie de D.). Nous le défions de démon-trer le contraire.

Conclusion provisoire

Comme nous l’avons écrit, nous ren-voyons à plus tard une réponse aux objec-tions faites à l’article de S.: nous avons déjàdémontré de toute façon l’ignorance abso-lue de D. dans la question qu’il prétend trai-ter (l’autorité, les lois, le bien commun): ilne sait même pas qui est l’auteur des lois.

Nous avons aussi démontré l’ignoranceabsolue de D. sur la Thèse de Cassiciacum:nom, histoire et contenus, lui sont inconnus.

Enfin, D. démontre à lui seul l’esprit quil’anime; si le lecteur s’est dégoûté en le voyanttraiter de pareilles sottises, qu’il nous pardon-ne: hélas la faute doit être attribuée à celui quiles a écrites, et non à celui qui les commente.

Malheureusement, les calomnies et leserreurs grossières de D. ne seront pas dé-couvertes par les lecteurs du Courrier deRome-Sì sì no no qui ne reçoivent pasSodalitium (c’est-à-dire la majorité) et ellescontinueront à faire du mal; D. aurait, enconscience, l’obligation de rétracter ces er-reurs: sera-t-il capable de le faire? C’estnotre souhait le plus sincère.

DISPONIBLE AUPRES DE NOTRE REDACTION

Le livre de l’abbé ANTHONY CEKADA

“On ne prie plus comme autrefois...Les prières de la Nouvelle Messe.

Les problèmes qu’elles posent aux catholiques”

Edité par notre centre libraire.(64 pages). Prix: 50 F + port.Pour le commander, écrire ou téléphoner à:

Centro Librario SodalitiumLoc. Carbignano 3610020 Verrua Savoia (TO)ItalieTel. (de France): 00. 39. 161. 83.93.35Fax: (de France): 00. 39. 161. 83.93.34

Saint Fidèle de Sigma-

ringen: Dieu qui avez dai-

gné magnifier l'ardent et

angélique amour dont brûlait

le bienheureux Fidèle pour

la propagation de la vraie foi,

en lui donnant la palme du

martyre et la gloire des mira-

cles,

Christ-Roi: Dieu éternel

et tout-puissant qui avez

voulu réunir toutes choses

dans votre Fils bien-aimé,

Roi de l'univers, accordez,

dans votre bonté, à la gran-

de famille des nations, dé-

chirée par la blessure du

péché, de se soumettre à son

joug plein de bénignité. Lui

qui, étant Dieu, vit et règne.

2è Dimanche après Pâ-

ques: Dieu qui par l'a-

baissement de votre Fils

avez relevé le monde abattu,

accordez à vos fidèles une

joie sans fin, afin qu'après

les avoir arrachés au péril

d'une mort éternelle, vous

les fassiez jouir du bonheur

qui ne cesse jamais.

Dieu qui voulez que tous

les hommes soient

sauvés et parviennent à la

connaisance de la vérité, en-

voyez des ouvriers dans

votre moisson et donnez-

leur d'annoncer votre parole

avec une confiante assuran-

ce, afin que votre doctrine se

répande, qu'elle soit en hon

neur, et que tous les peuple

vous connaissent, vous, l

seul vrai Dieu, et celui qu

vous avez envoyé, not

Seigneur Jésus-Christ

St Pierre Dami

Accordez-nous, D

tout-puissant, de su

les enseignements e

exemples du bienheu

Pierre, votre évêque e

r que le

ON NE PRIE PLUS COMME AUTREFOIS...Les prières de la Nouvelle Messe.

Les problèmes qu’elles posent aux catholiques

Sainte Gertrude: Dieu qui

vous êtes préparé une

demeure très douce dans le

cœur de la bienheureuse

vierge Gertrude, daignez,

dans votre bonté, en con-

sidération de ses mérites et

de son intercession, laver les

souillures de notre cœur et

ABBÉ ANTHONY CEKADA

CO

OPE

RA

TIV

AE

DIT

RIC

ESO

DA

LIT

IUM

Page 39: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

39

Le célibat des ecclésiastiques est-il une loi del’Eglise qui pourrait être changée? Ou bien est-

ce une tradition apostolique fondée sur le NouveauTestament?Le père Henri Deen, avec ce livre fait justice deserreurs et confusions diffusées déjà en 1905 par leD.T.C. (Dictionnaire de Théologie Catholique).

Abbé HENRI DEEN

Le célibat des prêtres(64 pages).

A commander aux:Editions Forts dans la Foi 16 rue des Oiseaux37000 TOURS

Exercices spirituels de Saint Ignaceselon la méthode du Père Vallet

“Que sert à l’homme de gagner le monde entier, s’il perd son âme? Ou qu’est-ce que l’homme donnera en échange de son âme?” (Matth. XVI, 26)

“Si les hommes passent par les Exercices et les font bien, le monde est sauvé” (Père Vallet, C.P.C.R.).

A Raveau (Nièvre)Année 1997

Hommes et jeunes-gens: du lundi 4 août à 12 h au samedi 9 août à 12h.

Dames et jeunes-filles: du lundi 28 juillet à 12 h au samedi 2 août à 12h.

Page 40: NUMERO SPECIAL - Sodalitium · N. 44 - Edition française - Juillet 1997 Anno XIII - Sped. a. p. Comma 27 art. 2, Legge 549/95- n. 3/97 TO - Tassa Riscossa, Taxe perçue NUMERO SPECIAL

CENTRES DE MESSES

COMMENT NOUS AIDER

- Il n'y a pas d'abonnement à “Sodalitium”. Ce périodique est envoyé gratuitement à tous ceuxqui désirent le recevoir. Nous demandons aux personnes qui, pour un motif quelconque, ne dé-sirent pas le recevoir, de nous le faire savoir.- L'Institut Mater Boni Consilii et son périodique “Sodalitium” n'ont pas d'autres ressourcesque vos offrandes sans lesquelles ils ne peuvent vivre.

Pour vos dons, libeller:

• ASSOCIATION MATER BONI CONSILII - Mouchy - Raveau 58400 - LA CHARITE SURLOIRE. CCP n° 2670 37 W DIJON• ASSOCIATION MATER BONI CONSILII - Mouchy - Raveau 58400 - LA CHARITE SURLOIRE. Compte CREDIT LYONNAIS n° 790 74 U - Rib 78 - code bancaire 30002

FRANCE Annecy: 11 avenue de la Mavéria. Tél.:

04.50.57.88.25. Ste Messe le 2ème et 4ème di-manche du mois à 10 h. Confessions à 9 h.

Lyon: Tél.: 04.78.42.14.79. Ste Messe le 2èmeet 4ème dimanche du mois, à 17h.Confessions à partir de 16h30.

Cannes: Chapelle N.D. des Victoires. 4 rueFellegara. Ste Messe le 2ème et 4ème di-manche du mois à 10h15. Tel.: 04.93.68.10.85.

Tours: Chapelle St Michel. 29 rue d’Am-boise. Ste Messe tous les dimanches à10h30. Tel.: 02.47.39.52.73.

Commercy: chez M. l’abbé Petit. 12 rue deLisle. Ste Messe tous les dimanches à 11h.

ITALIEVerrua Savoia (TO): Istituto Mater Boni

Consilii - Località Carbignano, 36. Tél. del'Italie: (0161) 83.93.35 - Ste Messe: en se-maine à 7h30. Salut du Saint-Sacrement:tous les vendredis à 21h. Heure Sainte: lepremier vendredi du mois à 21h.

Turin: Oratoire du Sacré-Cœur, via Thesauro3/D. Dimanches: Confessions à 8h30. Messechantée à 9h. Messe basse à 11h15. Tous lesjeudis et les premiers vendredis du mois:Messe à 18h15. Confessions à 17h30.

Valmadrera (Lecco): via Concordia, 21. Tél.de l'Italie (0341) 58.04.86. Ste Messe le 1eret 3ème dimanche du mois à 10h. Confes-sions à 9h30.

Maranello (Modène): Villa Senni. Strada perFogliano. Tél. de l'Italie: (0536) 94.12.52.Ste Messe tous les dimanches à 11h.

Bologne: Ste Messe le 3ème dimanche dumois. Téléphoner à Verrua Savoia.

Ferrare: Ste Messe les 1er, 2ème et 4ème di-manche du mois. Pour toute information,téléphoner à Verrua Savoia.

Florence: via Ciuto Brandini 30, chez MlleLiliana Balotta. Pour toute information,téléphoner à Verrua Savoia. Ste Messe le1er et 3ème dimanche du mois à 18h15.Confessions à 17h30.

Rome: Via Pietro della Valle, 13/b. SteMesse le 1er et 3ème dimanche du mois à11h. Pour toute information, téléphoner àVerrua Savoia.

ESPAGNEArenas de Iguña: n° 90 Carretera General

39450 (Cantabria), chez Mme Maria yPilar Alejos. Tél. 00. 34 (942)-82.66.57.

Tassa Riscossa - Taxe Perçue. TORINO CPM

EN CAS DE NON-LIVRAISON,VEUILLEZ RENVOYER AL’EXPEDITEUR:

“Sodalitium” PeriodicoLoc. Carbignano, 36. 10020 VERRUA SAVOIA (TO) presso CPM TORINO NORD

DESTINATARIO - Destinataire:SCONOSCIUTO - InconnuTRASFERITO - TransféréDECEDUTO - Décédé

INDIRIZZO - Adresse:INSUFFICENTE - InsuffisanteINESATTO - Inexacte

OGGETTO - Object:RIFIUTATO - Refusé