nouvel an et noël russe, ou l’histoire d’une rivalité oubliée · plifi er les arcanes de la...

8
fr.rbth.com Distribué avec Parmi les autres partenaires de distribution : The Daily Telegraph, The New York Times, The Washington Post, La Repubblica, etc. CE CAHIER DE HUIT PAGES EST ÉDITÉ ET PUBLIÉ PAR ROSSIYSKAYA GAZETA (RUSSIE), QUI ASSUME L’ENTIÈRE RESPONSABILITÉ DE SON CONTENU Visions de la Russie Mercredi 30 décembre 2015 Nouvel An et Noël russe, ou l’histoire d’une rivalité oubliée Région parmi les plus isolées et les moins peuplées de Russie, c’est l’authenticité pure. PAGE 6 La soprano russe Olga Peretyatko, qui se produira en janvier à Paris, retrace sa carrière qu’elle mène en toute indépendance. PAGE 8 Anne-Victoire Charrin explore avec nous la littérature des peuples autochtones. PAGE 7 LA TCHOUKOTKA, TOUT AU BOUT DU MONDE NORDIQUE L’OISEAU LIBRE DE LA SCÈNE LYRIQUE INTERNATIONALE MÉMOIRE PÉRENNE DES ETHNIES SIBÉRIENNES MODE Les couturiers russes se battent pour percer sur le marché mondial, sans tremplin dans leur capitale Moscou a encore du chemin à faire pour monter sur le podium SUITE EN PAGE 4 À Londres, les jeunes couturiers pro- tent du soutien du Conseil britannique de la mode. À NewYork, ils bénéficient de l’aide du Conseil des créateurs de mode américains (CFDA). En Russie, Instaurée par Pierre le Grand, la célébration du Jour de l’An s’est effacée après le décès du tsar, avant de revenir en force et de supplanter celle du Noël orthodoxe (le 7 janvier) sous le régime soviétique hostile à la religion. Aujourd’hui, place aux deux fêtes et dès le 1er janvier, vacances jusqu’à Noël. LIRE EN PAGE 3 À lire en ligne Parmi les bonnes raisons de visiter les villes de l’Anneau d’Or : la renaissance des traditions culinaires locales. LES SPÉCIALITÉS DE L’ANNEAU D’OR FR.RBTH.COM/53441 Griffe russe avec un défilé Yudashkin. Suivez-nous sur fr.rbth.com /larussiedaujourdhui /rbth_fr un département de ANNA KOUTCHMA RBTH La renommée des stylistes russes va parfois bien au-delà des frontières. Comment se faire connaître à l’étranger sans soutien dans son pays ? Quelques grands noms de la mode s’expriment. les stylistes en début de carrière ne sont épaulés par aucune structure, que ce soit au niveau des ressources ou de la mise à leur disposition d’espaces. Ils et elles doivent se frayer un chemin sans aucune aide, allant à Paris à leur frais pour prendre à bail des locaux afin de pouvoir présenter leurs collections. « La capitale du ballet, mais du point de vue la mode... » Aujourd’hui, la marque de la créatrice russe Vika Gazinskaya est présentée à San Francisco, Paris, Londres, Séoul et dans d’autres grandes villes aux quatre coins de la planète. Selon elle, les dé- penses liées à la commercialisation et à la promotion des ventes représentent 500 000 dollars (455 000 euros) par an. La carrière deVika a pris son envol après que ses créations furent remarquées à la Semaine de la mode de Paris en 2009. « Les acheteurs et la presse ne viennent que dans quatre villes : Londres, Milan, Paris et New York, rappelle la styliste. Moscou est peut-être la capitale du bal- let, mais du point de vue de la mode, c’est le bled », dit-elle. Vika a présenté sa première collection en 2007 à Moscou, alors qu’elle avait déjà des connaissances dans l’industrie de la mode grâce à un emploi dans la version russe de L’Officiel. Elle a trou- vé dans son entourage celui qui lui est devenu partenaire et qui a investi en- viron 50 000 euros dans son entreprise. MIKHAIL MORDASOV SERVICE DE PRESSE

Upload: others

Post on 29-Nov-2019

1 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Nouvel An et Noël russe, ou l’histoire d’une rivalité oubliée · plifi er les arcanes de la politique étran-décembre, estime qu’il ne s’agira que de quelques « cas isolés

fr.rbth.com

Distribué avec

Parmi les autres partenaires de distribution : The Daily Telegraph, The New York Times, The Washington Post, La Repubblica, etc.

C E C A H I E R D E H U I T PAG E S E S T É D I T É E T P U B L I É PA R R O S S I Y S K AYA G A Z E TA ( R U S S I E ) , Q U I A S S U M E L ’ E N T I È R E R E S P O N S A B I L I T É D E S O N C O N T E N U

Visions de la Russie

Mercredi 30 décembre 2015

Nouvel An et Noël russe, ou l’histoire d’une rivalité oubliée

Région parmi les plus isolées et les moins peuplées de Russie, c’est l’authenticité pure. PAGE 6

La soprano russe Olga Peretyatko, qui se produira en janvier à Paris, retrace sa carrière qu’elle mène en toute indépendance. PAGE 8

Anne-Victoire Charrin explore avec nous la littérature des peuples autochtones. PAGE 7

LA TCHOUKOTKA, TOUT AU BOUT DU MONDE NORDIQUE

L’OISEAU LIBRE DE LA SCÈNE LYRIQUE INTERNATIONALE

MÉMOIRE PÉRENNE DES ETHNIES SIBÉRIENNES

MODE Les couturiers russes se battent pour percer sur le marché mondial, sans tremplin dans leur capitale

Moscou a encore du chemin à faire pour monter sur le podium

SUITE EN PAGE 4

À Londres, les jeunes couturiers pro-fi tent du soutien du Conseil britannique de la mode. À New York, ils bénéfi cient de l’aide du Conseil des créateurs de mode américains (CFDA). En Russie,

Instaurée par Pierre le Grand, la célébration du Jour de l’An s’est effacée après le décès du tsar, avant de revenir en force et de supplanter celle du Noël orthodoxe (le 7 janvier) sous le régime soviétique hostile à la religion. Aujourd’hui, place aux deux fêtes et dès le 1er janvier, vacances jusqu’à Noël.

LIRE EN PAGE 3

À lire en ligne

Parmi les bonnes raisons de visiter les villes de l’Anneau d’Or : la renaissance des traditions culinaires locales.

LES SPÉCIALITÉS DE L’ANNEAU D’OR

FR.RBTH.COM/53441 Griffe russe avec un défilé Yudashkin.

Suivez-nous sur fr.rbth.com /larussiedaujourdhui

/rbth_fr

un département de

ANNA KOUTCHMARBTH

La renommée des stylistes russes va

parfois bien au-delà des frontières.

Comment se faire connaître à l’étranger

sans soutien dans son pays ? Quelques

grands noms de la mode s’expriment.

les stylistes en début de carrière ne sont épaulés par aucune structure, que ce soit au niveau des ressources ou de la mise à leur disposition d’espaces. Ils et elles doivent se frayer un chemin sans aucune aide, allant à Paris à leur frais pour prendre à bail des locaux afi n de pouvoir présenter leurs collections.

« La capitale du ballet, mais du point de vue la mode... »Aujourd’hui, la marque de la créatrice russe Vika Gazinskaya est présentée à

San Francisco, Paris, Londres, Séoul et dans d’autres grandes villes aux quatre coins de la planète. Selon elle, les dé-penses liées à la commercialisation et à la promotion des ventes représentent 500 000 dollars (455 000 euros) par an. La carrière de Vika a pris son envol après que ses créations furent remarquées à la Semaine de la mode de Paris en 2009.« Les acheteurs et la presse ne viennent que dans quatre villes : Londres, Milan, Paris et New York, rappelle la styliste. Moscou est peut-être la capitale du bal-let, mais du point de vue de la mode, c’est le bled », dit-elle. Vika a présenté sa première collection en 2007 à Moscou, alors qu’elle avait déjà des connaissances dans l’industrie de la mode grâce à un emploi dans la version russe de L’Officiel. Elle a trou-vé dans son entourage celui qui lui est devenu partenaire et qui a investi en-viron 50 000 euros dans son entreprise.

MIKHAIL MORDASOV

SERV

ICE D

E PRESSE

Page 2: Nouvel An et Noël russe, ou l’histoire d’une rivalité oubliée · plifi er les arcanes de la politique étran-décembre, estime qu’il ne s’agira que de quelques « cas isolés

2Supplément de Rossiyskaya Gazeta distribué avec Le FigaroMercredi 30 décembre 2015

INTERNATIONAL

SERGUEÏ STROKAN, VLADIMIR MIKHEÏEVPOUR RBTH

EKATERINA SINELCHTCHIKOVARBTH

L’émergence d’un nouvel ordre mondial

est envenimée par la propagation de

l’extrémisme islamique, le terrorisme et

les conflits régionaux. Autant de

menaces sur un équilibre déjà instable.

Après le gel d’avoirs russes à l’étranger

dans le cadre de l’affaire Ioukos,

Moscou adopte une mesure constitu-

tionnelle visant à préserver sa souve-

raineté dans des cas exceptionnels.

GÉOPOLITIQUE La communauté internationale confrontée à des défis d’un autre type

JUSTICE La Russie se donne les moyens de déclarer inapplicables certaines décisions des tribunaux internationaux

L’année 2015 aura vu la planète confron-tée à des défi s qui pâlissent en compa-raison de la menace existentielle posée par la montée des extrémistes religieux au Proche-Orient. Le fondamentalisme islamique ne se limite d’ailleurs pas à la région – les débordements du terro-risme se sont fait sentir sur tous les continents. Ce sont trois coalitions, au lieu d’une, qui s’étaient formées en fi n d’année pour combattre un ennemi com-mun, Daech (interdit en Russie). À celle menée par les États-Unis s’est ajoutée l’alliance dirigée par la Russie aux côtés de la Syrie, de l’Iran et de l’Irak. Ré-cemment, l’Arabie saoudite a annoncé la formation d’un troisième groupement, celui-là réunissant des nations isla-miques. L’idée d’une « union » mondiale de pays « responsables » visant à com-battre les djihadistes s’est évaporée.

Pour de nouvelles règles du jeuDmitri Polikanov, collaborateur du Centre d’études politiques, un groupe de réfl exion indépendant installé à Mos-cou, considère qu’il n’y a pas lieu d’être

Le président russe Vladimir Poutine a signé une loi accordant à la Cour consti-tutionnelle du pays le droit de recon-naître les décisions des tribunaux inter-nationaux inapplicables – les décisions de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) en premier lieu – si celles-ci « sont contraires à la Constitu-tion russe ». La Cour constitutionnelle peut donc, à la demande du président ou du gouvernement, statuer sur l’inap-plicabilité des décisions prises par des instances internationales.La Douma (Chambre basse du parle-ment russe), qui a approuvé les amende-ments à la Loi constitutionnelle début

L’équilibre mondial menacé et en pleine mutation

Quand le droit national a... force de loi

Les présidents lors du sommet du 26 novembre 2015 au Kremlin.

Des combattants de l’organisation terroriste Daech (interdite en Russie) défilent dans les rues de la ville syrienne de Raqqa.

alarmiste : « Daech peut provoquer le chaos mondial. Mais il ne sera pas ca-pable d’unir toutes les forces extrémistes du monde, ni même des pays islamiques. Le danger, c’est qu’on a affaire à des organisations-réseaux qui disposent de petits groupuscules actifs dans diffé-rents pays musulmans ».Ne s’agissant pas pour le moment d’une internationale du terrorisme, Daech n’est pas en mesure de « faire sauter le monde », tempère l’expert, mais a les moyens de nuire par le bais des activi-tés illicites auxquelles il se livre, telles que le blanchiment d’argent, la contre-bande et le trafi c des stupéfi ants, tout en provoquant des phénomènes indé-sirables comme une migration incon-trôlable.La gestion de ces problèmes exige de nouvelles « règles du jeu », selon M. Po-liakanov. « Les principaux acteurs doivent se mettre autour d’une table pour formuler ces règles. Quand nos partenaires disent "tout va bien, nous avons les accords d’Helsinki, nous avons les principes de la Charte de l’ONU", c’est une illusion. Le monde a changé. Les interprétations des principes fon-damentaux divergent. Nous avons be-soin d’un consensus global sur le nou-vel ordre mondial qui se dessine ».Or, pour le moment, ce « consensus » n’existe pas. Le désir instinctif de sim-plifi er les arcanes de la politique étran-

décembre, estime qu’il ne s’agira que de quelques « cas isolés » où il convient de ne porter aucun préjudice ni à « l’acti-vité d’investissement ni à la protection de la propriété privée » en Russie. Pour le législateur, cette décision s’inscrit dans la pratique mondiale, des dispositions équivalentes existant déjà dans les pays européens, dont la Grande-Bretagne.La question de la primauté du droit na-tional sur le droit international a été sou-levée en Russie l’été dernier, suite à la décision de la CEDH dans l’affaire Iou-kos en faveur des actionnaires qui exigent des compensations fi nancières pour la liquidation de la compagnie pétrolière jadis contrôlée par l’oligarque Mikhaïl Khodorkovski. Cette décision a entraîné un gel d’avoirs russes à l’étranger, no-tamment en Belgique et en France, pour le règlement des lourdes pénalités de-mandées. Les députés ont alors sollicité l’avis de la Cour constitutionnelle qui a donc estimé que la Russie n’était pas

gère nous pousse à juxtaposer l’« ordre » mondial et le « chaos » et à juger les événements de 2015 à l’aune de ces deux étalons.Anton Fediachine, directeur de l’insti-tut de culture et d’histoire russe à l’uni-versité américaine Carmel, met en garde contre la simplifi cation excessive.« À mon avis, ce à quoi nous avons as-sisté avant tout, ce n’est pas une ba-taille entre l’ordre et le chaos, mais l’im-plosion de l’unilatéralisme américain et occidental. Quand un système pas-sablement stable commence à se désa-gréger, le chaos est inévitable et c’est ce qui est en train de se passer. Ce qui est remarquable, c’est que le démantè-lement de l’ordre en place s’est joué sur le théâtre du Proche-Orient. C’est mal-heureusement l’œuvre des États-Unis qui, avec l’invasion de l’Irak, ont ouvert la boîte de Pandore », estime l’expert.Selon M. Fediachine, nous assistons à un déplacement des principaux centres politiques qui ne sont plus ancrés à l’Ouest mais se répartissent désormais sur toute la planète. Jusqu’où et pour quel résultat : trop tôt pour le dire.

Quel nouvel ordre mondial ? Les priorités dans la défi nition des défi s mondiaux ont changé au fi l des ans : à la menace de l’anéantissement nucléaire ont succédé la frustration générée par le sous-développement économique et social, puis les effets destructeurs du changement climatique. Daech semble s’imposer aujourd’hui comme une me-nace universelle dans tous les esprits. À la question de savoir si cette menace est susceptible d’unir ce que l’on consi-dère comme le monde civilisé, M. Fe-diachine répond que « Daech est le plus grand test quant à la capacité du monde, dans ce kaléidoscope géopolitique chan-geant, à trouver un langage commun sur la tactique comme sur la stratégie. Ce sont ces détails qui détermineront si le monde civilisé sera capable de contenir cette force maléfi que ».La tournure pour le pire qu’ont prise en 2015 les événements dans les zones de confl it a enraciné la notion de « dé-sordre » entretenue par les extrémistes. La question est de savoir si ces forces destructrices qui se nourrissent du chaos vont redéfi nir l’ordre mondial. Ce n’est pas une théorie abstraite, mais un défi majeur pour la défense des valeurs dé-mocratiques et de notre mode de vie.

tenue d’exécuter des décisions de la CEDH qu’elle juge non conformes à la Constitution.

Le principe de précautionL’adoption de cette loi s’explique prin-cipalement par la situation compliquée que rencontre le pays à l’intérieur comme hors de ses frontières, explique Alexandre Manov, avocat auprès de la Cour euro-péenne et professeur associé de l’Uni-versité d’État de droit de Moscou. « Mal-heureusement, la pratique juridique est trop politisée en Russie. Je pense que le pouvoir prend des précautions supplé-mentaires contre les tentatives de pres-sion extérieure, non sans raison », es-time-t-il. La CEDH ne dispose pas d’instance exécutive et agit via le Comi-té des ministres du Conseil de l’Europe avec lequel la Russie entretient actuel-lement des relations assez tendues. M. Manov évoque par ailleurs un confl it entre le droit international et la souve-

RUSSIA BEYOND THE HEADLINES (RBTH) PUBLIE 37 SUPPLÉMENTS DANS 29 PAYS POUR UN LECTORAT TOTAL DE 27,2 MILLIONS DE PERSONNES ET GÈRE 22 SITES INTERNET EN 17 LANGUES. LES SUPPLÉMENTS ET CAHIERS SPÉCIAUX SUR LA RUSSIE SONT PRODUITS ET PUBLIÉS PAR RUSSIA BEYOND THE HEADLINES, UNE FILIALE DE ROSSIYSKAYA GAZETA (RUSSIE), ET DIFFUSÉS DANS LES QUOTIDIENS INTERNATIONAUX SUIVANTS: • LE FIGARO, FRANCE • LE SOIR, BELGIQUE• THE DAILY TELEGRAPH, GRANDE BRETAGNE •

HANDELSBLATT, ALLEMAGNE • EL PAÍS, ESPAGNE • LA REPUBBLICA, ITALIE • NOVA MAKEDONIJA, MACÉDOINE • NEDELJNIK, GEOPOLITIKA, SERBIE • LE JEUDI, TAGEBLATT, LUXEMBOURG • THE WASHINGTON POST, THE NEW YORK TIMES, FOREIGN POLICY, INTERNATIONAL NEW YORK TIMES ET THE WALL STREET JOURNAL, ÉTATS-UNIS • THE ECONOMIC TIMES, THE NAVBHARAT TIMES, INDE • MAINICHI SHIMBUN, JAPON • HUANQIU SHIBAO, CHINE • LA NACION, ARGENTINE • EL PAÍS, CHILI • EL PERUANO, PÉROU • EL PAÍS, MEXIQUE • FOLHA DE S.PAULO, BRÉSIL • EL OBSERVADOR, URUGUAY • LA RAZON, BOLIVIE • JOONGANG ILBO, JOONGANG SUNDAY, CORÉE DU SUD • GULF NEWS, AL KHALEEJ, ÉMIRATS ARABES UNIS • AL-AHRAM, ÉGYPTE • THE NATION, PHUKET GAZETT, THAÏLANDE • THE AGE, SIDNEY MORNING HERALD, AUSTRALIE.  COURRIEL : [email protected]. POUR DE PLUS AMPLES INFORMATIONS, CONSULTER FR.RBTH.COM. LE FIGARO EST PUBLIÉ PAR DASSAULT MÉDIAS, 14 BOULEVARD HAUSSMANN 75009 PARIS. TÉL: 01 57 08 50 00. IMPRESSION : L’IMPRIMERIE, 79, RUE DE ROISSY 93290 TREMBLAY-EN-FRANCE. MIDI PRINT 30600 GALLARGUES-LE-MONTUEUX. DIFFUSION : 321 101 EXEMPLAIRES (OJD PV DFP 2011)

À REBOURS

2015 A SOUVENT RÉUNI POUTINE ET HOLLANDE

Les relations diplomatiques franco-russes ont connu en 2015 une année riche en entrevues au sommet. RBTH rappelle ici le calendrier des principales rencontres des chefs d’État des deux pays.

Négociations à Moscou entre François

Hollande, la chancelière allemande

Angela Merkel et Vladimir Poutine

La rencontre était consacrée aux moyens de résorber la crise dans le Donbass. Les entretiens ont abouti à une ébauche du plan de paix qui a été examiné en détail moins d’une semaine plus tard à Minsk.

Longues négociations dans le cadre du

Format Normandie (Allemagne, Russie,

Ukraine et France) à Minsk

Rencontre entre la chancelière allemande, les dirigeants français, russe et ukrai-nien qui a débouché sur la signature des accords de Minsk-2 concernant la ces-sation des combats dans le Donbass.

Rencontre Poutine-Hollande à Erevan à

l’occasion du centenaire du génocide

arménien

Les chefs d’État ont examiné les rela-tions bilatérales, notamment dans le do-maine économique, les rapports entre la Russie et l’Union européenne ainsi que l’application des accords de Minsk.

Rencontre à Paris dans le cadre du Format

Normandie sur la question ukrainienne ; 

rencontre bilatérale Poutine-Hollande

Des accords sont adoptés sur le retrait des armes légères de la ligne de désen-gagement dans le Donbass, sur la néces-sité de reporter les élections en Répu-blique populaire de Donetsk et en République populaire de Lougansk (toutes deux autoproclamées), ainsi que sur l’élaboration d’une nouvelle législa-tion électorale pour les régions orientales de l’Ukraine.

Visite de François Hollande à Moscou

Les dirigeants ont évoqué la situation en Syrie. Ils ont décidé de procéder à un échange de données, de coordonner leurs efforts dans la lutte contre l’organisation extrémiste Daech et de se concerter sur la liste des groupes terroristes en Syrie.

raineté nationale. « Oui, les droits de l’homme sont souverains, mais l’État l’est aussi. C’est une garantie contre des exi-gences qui pourraient compromettre le bien-être d’une partie de la population. Cela concerne notamment la décision qui contraint la Russie à verser 1,87 milliard d’euros aux actionnaires de la compa-gnie pétrolière Ioukos », explique-t-il. Artur Zourabian, responsable des litiges et arbitrages internationaux au sein du cabinet Art DeLux, estime qu’il n’y a pas lieu de redouter une série de décisions jugées « inapplicables » par la Russie. Ce droit ne sera selon lui utilisé qu’avec de grandes précautions, dans le cas où une décision du tribunal international est jugée clairement politique et préjudi-ciable à la Russie. « Ce mécanisme ser-vira sans doute de facteur de dissuasion, une sorte d’arme nucléaire », estime-t-il. Un mécanisme similaire est d’ailleurs en place dans d’autres systèmes juridiques, comme en Allemagne (l’affaire Gör-gülü – un différend familial) ou en An-gleterre (l’affaire Hirst sur l’interdiction du droit de vote des détenus), rappelle M. Zourabian, et il a été utilisé au moins une fois dans chaque cas.

La Russie, qui a ratifi é la Conven-tion européenne des droits de l’homme en 1998, a comparu à plu-sieurs reprises devant la CEDH et la Cour a souvent statué au détri-ment du pays. La décision la plus importante portait sur l’octroi d’une compensation aux anciens action-naires du groupe pétrolier Ioukos fondé par Mikhaïl Khodorkovski.

À savoir

En ligne

Une percée entre la Russie et les États-Unis ?fr.rbth.com/551543

06/02 /2015

11/02/2015

24/04/2015

02/10/2015

26/11/2015

REUTERS

REUTERS

Page 3: Nouvel An et Noël russe, ou l’histoire d’une rivalité oubliée · plifi er les arcanes de la politique étran-décembre, estime qu’il ne s’agira que de quelques « cas isolés

3Supplément de Rossiyskaya Gazeta distribué avec Le Figaro

SOCIÉTÉ

Mercredi 30 décembre 2015

Il l’a dit

VICTOR TIMOFEEVRÉDACTEUR D’UN  SITE D’ÉCHANGES CULTURELS

On organise de beaux marchés de Noël, mais ils ne sont pas authentiques, [ce sont] des copies des foires occi-dentales »

«

IGOR ROZINERBTH

Les Russes fêtent dignement la

nouvelle année, autour d’une table bien

garnie et dans la chaleur de l’amitié.

Des étrangers ayant vécu l’événement

nous livrent leurs impressions.

FESTIVITÉS Célébré avec faste par des feux d’artifice et des réveillons, le début d’année ouvre aussi une période de congés

Savez-vous qu’en Russie, c’est bien à l’occasion du Nouvel An et non de Noël que l’on décore le sapin et ouvre des cadeaux à minuit ? Et que c’est bien le 31 décembre qu’un vieux barbu au sac rouge est guetté par les bambins ? Es-sayons d’y mettre de l’ordre.Le Nouvel An, fête adorée par les Russes et associée aujourd’hui aux arômes de sapin et de mandarines, est une tradi-tion récente dans le pays. C’est Pierre le Grand (1672-1725) qui, par son ou-kase (décret) du 20 décembre 1699, en a fi xé la date au soir du 31 décembre, enjoignant au peuple de décorer ses mai-sons de branches de pin et de genévrier. Malgré l’importance que lui accordait le souverain, après lui, la fête sera re-léguée au second plan au profi t de Noël.

Deux fêtes séparées par une même traditionCe n’est que sous le régime soviétique que le Nouvel An revient au premier plan, l’observation de la Nativité et des traditions religieuses étant interdite dans les républiques de l’URSS. Dès lors, le Jour de l’An reprend à son compte une partie des traditions de Noël et do-mine les festivités au pays des Soviets.Noël redevient jour férié officiel en 1991, après la chute de l’Union soviétique, sans entamer la popularité du Nouvel An, désormais bien ancrée. Célébré en Russie le 7 janvier, le Noël orthodoxe conclut la période de vacances du « Nou-vel An » qui commence le 1er janvier. « Un moment d’intimité, où l’on se re-trouve en famille, et un moment de par-tage avec les autres, amis ou incon-

Nouvel An et trêve jusqu’au Noël russe

nus : les inévitables feux d’artifi ce à la sauvette, la joie sur les visages et les illuminations dans les rues », résume la Française Chloé Valette qui possède une riche expérience du Nouvel An en Russie après avoir vécu plusieurs an-nées à Moscou.Mais la célébration de cette fête uni-verselle est loin d’être standardisée. Bas-tien Blanc, entrepreneur installé en Rus-sie, distingue deux sortes de Nouvel An, l’un « touristique » et l’autre « plus rus-tique, plus proche des réalités de la vie russe ». Le premier correspond aux soi-rées fastes et aux grands dîners de Mos-cou ponctués par le somptueux feu d’ar-tifice de minuit sur la place Rouge. Parallèlement, « il existe un Nouvel An plus authentique. Je l’ai vécu en Sibé-rie, à Omsk avec des amis russes. C’est

bien là que j’ai pu éprouver la chaleur et la générosité des Russes », dit-il. Mais il est des « rituels » très largement partagés : vieux fi lms que repasse la télé, plats traditionnels et vœux du chef d’État – coutumes de l’ère soviétique qui gardent leur charme désuet. Chloé dit aimer « la tradition croisée du Père Gel [le Père Noël russe] et de Snegourotchka [Princesse des neiges n’existant que dans la tradition slave, ndlr], qui apporte une touche de fémi-nité et de tendresse, ainsi que l’incon-tournable comédie L’Ironie du Sort dif-fusée chaque année à la télévision, comme un prélude à la fête ». Elle ajoute que son premier Nouvel An russe « l’a marquée parce qu’à minuit, [ses] hôtes ont monté le son de la télévision pour écouter les vœux du président avant de

trinquer et de se souhaiter la bonne année ». Bastien Blanc considère d’ail-leurs que l’allocution présidentielle « rapproche les Russes de l’est à l’ouest de ce gigantesque pays ».

La fête et ses lendemains Les festivités débutent en fait le 24 dé-cembre avec l’arrivée à Moscou, dans le parc de Gorki, du Père Gel venu de sa résidence officielle à Veliki Oustioug à 150 km de la capitale. Et le pays plonge dans la liesse.Louis Bonaventure, journaliste, se dit impressionné par la table du réveillon, « qui déborde de victuailles ». Les convives installés, « les toasts com-mencent pour dire au revoir à l’année qui s’en va, trinquer à ses événements marquants, à celles et ceux qui sont par-tis, celles et ceux qui sont arrivés ».Et de noter que « toute l’effervescence qui entoure le passage à l’an neuf est liée aussi au fait qu’il ouvre dix jours de congés officiels. L’occasion de se pro-mener en famille ou avec des amis dans un parc enneigé, de faire du patinage sur un étang glacé, histoire de sentir le froid mordre ses joues et la vie couler dans ses veines… Il ne reste alors que neuf jours pour en profi ter, avant le re-tour des tracas du quotidien ».

PEGGY LOHSE, IOULI A CHANDOURENKOPOUR RBTH

Les marchés de Noël à l’européenne

ont conquis la Russie. Si vous

découvrez la toute récente tendance

des foires moscovites, vous en

rencontrerez quatre variantes.

ANIMATIONS DE SAISON Pendant les fêtes, les étalages – commerces ou ventes caritatives – s’installent dans la rue

À Moscou, le coup d’envoi des marchés de Noël a été donné alors que leur équi-valents français ont sans doute fermé leur portes. Certes, le Noël orthodoxe se fête une semaine après le Nouvel An, mais les traditions venues d’Europe sont de plus en plus présentes durant la période de l’Avent.

Le grand classiqueL’image sera mondialement familière. C’est celle du grand magasin GOuM sur la place Rouge qui se pare de guirlandes lumineuses, où des sapins de Noël s’alignent à l’intérieur et au dehors, aux côtés de patinoires et de stands propo-sant des boissons chaudes, des cadeaux, des souvenirs et des gourmandises su-crées ou salées. Ici, on privilégie l’artisa-nat traditionnel, les spécialités culinaires russes et les manifestations culturelles.Les touristes et les expatriés y vivent une expérience particulière dans ce décor bigarré, noyé dans un océan de lumière, où le kitsch à la russe est soigneusement

Moscou adopte une tradition européene

mis en scène sur fond de bâtiments his-toriques.

Le marché européen Depuis quelques années, Moscou accueille également des foires européennes – da-noises, lituaniennes, belges et, depuis 2012, le marché de Noël de Strasbourg. La place du Manège devant l’entrée du Kremlin se transforme du 24 décembre au 7 janvier en un village festif éclairé par des guirlandes, avec un manège et l’odeur alléchante de marrons grillés, d’épices et de boissons chaudes à base d’orange et de miel. Contrairement à son modèle européen, le marché de Noël de Strasbourg à Mos-cou n’est pas assailli par le public, mais il lui ressemble beaucoup : on y trouve tout ce qui alimente les festivités tradi-tionnelles de Noël en Alsace – les ser-viettes rondes rouge-blanc aux motifs nationaux comme les brioches Mannele en forme de petits hommes, servies avec du chocolat chaud.

Le marché solidaireEn Russie comme ailleurs, Noël est aussi l’occasion de faire preuve d’altruisme. C’est pourquoi certains marchés jouent la carte de la solidarité. Le magazine consacré au style de vie Seasons Project vient d’organiser pour la septième fois

un marché de Noël caritatif dans le jar-din de l’Ermitage (Karetny riad, 3), dont le thème était cette année « Motifs de Russie ». Les visiteurs ont pu y acheter des châles traditionnels, des valenki (bottes fourrées en feutre), des manteaux de cuir ou de fourrure et des moufl es en laine. Le bénéfi ce des droits d’entrée et des ventes est reversé à l’organisation caritative Noujna Pomochtch (On a be-soin d’aide, en français), afi n d’assurer la publication continue d’un magazine destiné aux malvoyants et aux malen-tendants.Entre les objets souvenirs imaginés par des artisans d’art résonnent des chants de Noël russes et européens, interprétés par la chorale de l’école de Seasons. Une troupe de théâtre fait revivre un cirque antique au sein du marché.

Le marché aux bibelotsEn matière d’antiquités précisément, le marché aux puces Na Tichinke (situé place Tichinskaïa, 1) est incontournable pour ceux qui recherchent des cadeaux chargés d’histoire. Ici, des collectionneurs du monde entier vous invitent à fl âner entre bijoux, cartes postales, photos, vi-nyles, livres, objets en porcelaine et autres accessoires – « bref, c’est un lieu unique et charmant ayant sa propre histoire », nous raconte la Moscovite Zoya Glazat-chova. À l’époque soviétique, de si belles choses étaient plutôt rares. On n’osait sans doute pas les montrer. Mme Glazatchova en parle avec humour : « on laissait par exemple la vaisselle en porcelaine alle-mande dans l’armoire au lieu de l’utili-ser pour manger ».

des Russes passe-ront cette année les vacances du Nouvel An à la maison. Seuls 4% voyageront à l’étranger, selon une enquête de Levada.

Feu d’artifice sur la place Rouge à l’occasion du Nouvel An.

Depuis 2012, Moscou accueille une version de la célèbre foire alsacienne.

La Russie n’est passée au calendrier grégorien qu’en 1918, sous le pouvoir soviétique. L’Église orthodoxe russe ayant gardé le calendrier julien (décalé de deux semaines par rap-port au calendrier international), la Russie honore, contrai-rement à la plupart des pays du monde, non pas les fêtes de fi n d’année, mais celles du début de l’année nouvelle : le Jour de l’An précède la fête de la Nativité, célébrée dans la nuit du 6 au 7 janvier.Les Russes observent en outre la curieuse tradition de fêter l’ancien Nouvel An – manifestation non offi cielle qui inter-vient le 1er janvier selon le calendrier julien, soit le 14 janvier.

Calendrier julien et « ancien » Nouvel An

PLONGEZ DANS UN VÉRITABLE CONTE DE NOËL À LA RUSSEfr.rbth.com/tag/fête

58%

En chiffres

RIA NOVOSTI

GETTY IMAGES

Page 4: Nouvel An et Noël russe, ou l’histoire d’une rivalité oubliée · plifi er les arcanes de la politique étran-décembre, estime qu’il ne s’agira que de quelques « cas isolés

4Supplément de Rossiyskaya Gazeta distribué avec Le FigaroMercredi 30 décembre 2015

ÉCONOMIE

Les projets d’envergure (infrastruc-tures de transport, aéronautique et nucléaire) devraient à terme porter leurs fruits »

Ils l’ont dit

VIKA GAZINSKAYASTYLISTE

ANDREÏ ARTIOMOVSTYLISTE

Il faut au-jourd’hui en-viron 60 000 euros pour la création et la présen-tation d’une collection. Les candidats versent un pré-paiement de 30% à 50% au mo-ment de leur demande »

Pendant longtemps, nous avons eu recours à l’externalisa-tion, notam-ment pour la réalisation du patron, du premier échantillon et de toute la collection. C’était plus avantageux »

«

«

« Une collection moyenne compte entre 30 et 35 modèles. Il faut y ajouter le prix de la présentation, en l’occurrence un show, car un défi lé ordinaire revient trois fois moins cher. Mes cinq premières pré-sentations ont été qualifi ées de créatives. Ce qui a coûté 50 000 euros », dit la sty-liste.Vika Gazinskaya a dû cependant se main-tenir à fl ot par ses propres moyens. Et comme le hasard fait bien les choses, elle est partie à la Semaine de la mode à Paris de 2009 en tant que spectatrice. Portant des vêtements de sa propre griffe, elle a été remarquée par les célèbres blogueurs Scott Schuman et Tommy Ton. « Ceux qui sont élégamment vêtus fi nissent tou-jours par se retrouver sous les fl ashs. C’est ainsi que depuis, je suis de la partie », se souvient-elle.Un an plus tard, Vika présentait sa col-lection à Paris. Elle reconnaît que pen-dant toutes ces années intermédiaires, elle a été soutenue par son entourage, ses relations, et même ses clients : cer-tains ont financé ses déplacements, d’autres l’ont aidée à trouver un appar-tement en France. « Une des mes clientes moscovites m’a débloqué des fonds. Grâce à ses 30 000 euros, j’ai pu louer un local, acheter des machines à coudre ainsi qu’embaucher des tailleurs », dit-elle. En 2010, Vika a conçu la vitrine du concept store Colette. Elle y est revenue en 2014 avec sa propre collection réali-sée en collaboration avec &OtherStories. Elle est aujourd’hui l’une des créatrices russes les plus prisées à l’étranger.

« Entre deux collections, il y a toujours un déficit budgétaire »« Pour que la production soit rentable, il faut augmenter le nombre de collec-tions – il en faut au moins quatre par an », indique Andreï Artiomov, créateur de la marque WalkOfShame. Le styliste a sorti sa première collection en 2011 et a rapidement réussi à se his-ser au niveau international. Ses vêtements sont vendus aujourd’hui dans les bou-tiques Opening Ceremony aux États-Unis et au Japon, ainsi que dans des maga-sins de Londres, de Corée du Sud et éga-lement à Colette.« Le pré-paiement de la part des ache-teurs ne couvre que partiellement les achats de textiles. Dès que la confec-tion de la collection reçoit le feu vert, il faut entamer la création de la collec-tion suivante : c’est à ce moment qu’on

La ruée vers les podiums parisiens

Vika Gazinskaya arbore une robe portant sa griffe.

Les premiers ministres russe et chinois, Dmitri Medvedev et Li Keqiang.

SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE photos véhiculées sur les blogues sont le meilleur moyen d’attirer les clients. « C’est un monde très étroit. Il arrive souvent que quelqu’un annonce la présence d’une nouvelle marque "à l’angle de la rue" lors d’un défi lé », conclut-il.

Quand les collections étaient « une profusion d’arts appliqués »« La mode, c’est avant tout un secteur d’affaires si elle est considérée non pas comme un hobby ou un tremplin pour entrer dans le monde du luxe, mais comme un moyen de se créer une image », affirme pour sa part Valentin Yudashkin, maître de l’industrie russe de la mode qui a commencé sa carrière à la fi n de l’URSS. Il estime que les stylistes actuels possèdent le potentiel requis pour créer leur propre griffe : des avantages fi scaux et surtout une formidable ouverture sur le monde. Mais ce n’est pas tout.« Par le passé, on créait des collections sans avoir un grand choix de tissus. Il n’y avait que des petites fl eurs et du crêpe. C’est pour cette raison que les collections russes présentent une profusion d’arts appliqués : les magasins ne vendant que des tissus noirs, on en achetait pour faire quelque chose d’original en brodant et en appliquant », rappelle-t-il.Sa première collection de 150 modèles a été créée en 1987. « J’ai dû vendre ma voiture », précise-t-il. Dans les années 1990, après l’ouverture de la Maison de mode Yudashkin, il a dû travailler ferme dans son atelier pour investir dans de nouvelles collections.Sa première apparition à la Semaine de la mode de Paris remonte à 1991, sur in-vitation d’une équipe française. C’était la collection de Fabergé, un projet com-mun avec la société éponyme française. « Pour eux, c’était une publicité pour un parfum, pour moi, l’occasion de présen-ter ma première collection, se souvient-il. Nous sommes venus à Paris pleins d’en-train : si la collection ne plaît pas à Paris, nous irons en Pologne ou en Bulgarie. On ne comprenait pas la différence, c’était de toute façon l’étranger ».Aujourd’hui, la Maison Yudashkin, ce ne sont pas seulement des vêtements et des accessoires. C’est aussi une vaste gamme de produits de luxe allant de la vaisselle et des parfums jusqu’aux papiers peints. Le chiffre d’affaires annuel de la marque atteint désormais 16 millions de dollars (près de 14,5 millions d’euros), un chiffre sans précédent en Russie. La mode mène à tout, y compris à Moscou.

voit surgir un défi cit budgétaire », pour-suit Andreï Artiomov, qui avoue que les sommes principales consacrées à l’éla-boration de la collection sont issues de ventes au détail, par exemple de la réa-lisation de vêtements sur mesure. « Je couvre mes besoins vitaux par mes ac-tivités de styliste et j’essaie de ne pas toucher à l’argent tiré des affaires », ex-plique Andreï.Le métier de styliste l’a aidé dans sa car-rière, car ses premiers clients étaient des starlettes qu’il connaissait. Ce sont elles

qui présentaient ses modèles aux soirées et sur les comptes des réseaux sociaux. Un premier client international n’a pas tardé à réagir aux photos sur Insta-gram : « J’ai reçu une commande la part d’Оpening Ceremony qui a retenu ma première collection d’après les photos. À ce moment-là, nous n’avions aucun showroom ».Plus tard, Andreï Artiomov est parti pour Paris pour présenter sa collection sur po-dium. Il considère que le bouche-à-oreille fonctionne merveilleusement et que les

SERGUEÏ STROKAN, VLADIMIR MIKHEÏEVPOUR RBTH

Le fort ralentissement économique en

Russie a réduit les échanges commer-

ciaux et l’intérêt de Pékin pour les

investissements chez son voisin du

nord. Un réajustement s’impose.

CAP SUR L’ASIE La crise réduit les échanges sino-russes

Alors que la Chine présente à la fois un défi et une chance pour le développe-ment économique de la Russie, la visite de quatre jours, mi-décembre, du pre-mier ministre Dmitri Medvedev chez le géant voisin faisait fi gure de test pour un partenariat tant vanté l’an dernier.

Des objectifs trop optimistesEn 2014, le volume des échanges entre les deux pays a atteint le niveau record de 88,4 milliards de dollars ; depuis, les opérations commerciales ont plongé et leur montant est retombé bien en des-sous de l’objectif annoncé par Moscou dans le cadre de son « virage asiatique ».Le volume d’échanges devait atteindre 100 milliards de dollars avant 2015 pour être doublé à l’horizon 2020, rappelle Alexandre Lomanov de l’Institut des études économiques d’extrême orient.

Le virage stratégique vers la Chine ne tient pas ses promesses

« Le premier objectif est clairement hors de portée à cause de la forte dévaluation du rouble. Tout cela met également en doute les chances d’atteindre le second objectif fi xé pour 2020 », explique-t-il.Néanmoins, Moscou semble soucieux de conserver son statut de coopération éco-nomique privilégiée avec la Chine. Au cours de sa visite, Dmitri Medvedev a mené des négociations visant à attirer « des investissements à long terme, mettre en place des mécanismes permettant de simplifi er et encourager le commerce et rapprocher les pratiques en matière de normes, d’exigences techniques et de ré-glementation douanière ».Pourtant, dans le contexte économique déprimé qu’elle connaît actuellement, la Russie peut difficilement compter sur une forte reprise de la coopération avec la Chine. Mais les projets d’envergure concernant les infrastructures de trans-port, l’industrie aéronautique et l’éner-gie nucléaire ne sont pas remis en cause et devraient à terme porter leurs fruits.Certes, la Russie fait face au défi de ré-duire sa dépendance à l’égard de ses re-venus pétroliers, mais elle « peut désor-mais offrir un nouveau service efficace

de transport pour les exportations et les importations à destination et en prove-nance de Chine, en la reliant avec l’Eu-rope de l’Est via le corridor de transport eurasien, soit par voie terrestre, soit par la Route maritime du Nord », explique M. Lomanov. Et d’en préciser l’inté-rêt : « La Chine étudie actuellement la mise en œuvre du projet One Belt, One Road. One Belt porte sur le transport et la coopération économique à travers l’Eu-rasie, y compris en Russie. One Road est la nouvelle Route de la soie, essentielle-ment une voie maritime reliant la mer de Chine méridionale à l’océan Indien puis à l’Europe. Mais Pékin réalise que cette route n’est pas complètement sécu-risée. Aussi la Chine étudie-t-elle une al-ternative : la route du Nord ».

Fin des divergences au sein de l’Organisation de ShanghaiDans son message de décembre 2015 au Parlement, Vladimir Poutine a indiqué explicitement qu’il espérait que l’Orga-nisation de coopération de Shanghai (OCS) jouerait un rôle économique plus important dans la région, mettant ainsi fi n aux divergences entre Moscou et Pékin

sur le rôle de cette organisation. « Les experts russes avaient longtemps assuré que l’OCS était principalement un atout politique et stratégique, alors que leurs homologues chinois soulignaient que pour Pékin, elle représentait un outil écono-mique fortement souhaitable de projec-tion de ses intérêts dans la région », rap-pelle l’expert.La Russie a modifi é sa position pour pla-cer l’accent sur l’aspect économique, et l’ordre du jour de la visite de Dmitri Med-vedev en Chine a été établi en ce sens.

Internet, terrain d’entente Sur un terrain plus politique, il est ce-pendant un sujet crucial sur lequel Mos-cou et Pékin sont tombés d’accord : la régulation d’Internet. Les deux nations considèrent injuste que l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (ICANN), qui gère les adresses Internet Protocol (IP), l’allo-cation d’espace, l’attribution des identi-fi ants de protocole, les codes pays, etc., demeure dépendante du gouvernement américain et agisse comme un organisme non élu dépourvu de toute responsabi-lité légale devant la communauté Inter-net mondiale.Formulée fi n 2013, la proposition de Mos-cou et Pékin de remplacer l’ICANN par une institution internationale a été tor-pillée en mai 2015 par le Congrès amé-ricain. M. Medvedev a sans doute évo-qué avec le président chinois Xi Jinping des moyens de briser ce monopole lors de sa visite. Mais en fi n de compte, le consensus po-litique affiché ne peut faire oublier la question de la stimulation des interac-tions économiques bilatérales, qui reste toujours l’otage de ce que M. Lomanov qualifi e d’« absence de modèle de crois-sance durable en Russie ».

Andreï Artiomov. Valentin Yudashkin.

villes russes ac-cueillent des bou-tiques et maga-sins multimarques avec des produits signés Yudashkin. La griff e est éga-lement présente à l’étranger, notamment en France.

20

En chiffres

En ligne

Pour tout savoir sur les sanctionsrusses fr.rbth.com/459953

AP

GETTY

IMA

GES

SERV

ICE D

E PRESSE

SERV

ICE D

E PRESSE

Page 5: Nouvel An et Noël russe, ou l’histoire d’une rivalité oubliée · plifi er les arcanes de la politique étran-décembre, estime qu’il ne s’agira que de quelques « cas isolés

5Supplément de Rossiyskaya Gazeta distribué avec Le Figaro Mercredi 30 décembre 2015

OPINIONS

RUSSIA BEYOND THE HEADLINES EST PUBLIÉ PAR LE QUOTIDIEN RUSSE ROSSIYSKAYA GAZETA. LA RÉDACTION DU FIGARO N’EST PAS IMPLIQUÉE DANS SA PRODUCTION. LE FINANCEMENT DE RBTH PROVIENT DE LA PUBLICITÉ ET DU PARRAINAGE, AINSI QUE DES SUBVENTIONS DES AGENCES GOUVERNEMENTALES RUSSES. RBTH A UNE LIGNE ÉDITORIALE INDÉPENDANTE. SON OBJECTIF EST DE PRÉSENTER DIFFÉRENTS POINTS DE VUE SUR LA RUSSIE ET LA PLACE DE CE PAYS DANS LE MONDE À TRAVERS UN CONTENU DE QUALITÉ. PUBLIÉ DEPUIS 2007, RBTH S’ENGAGE À

MAINTENIR LE PLUS HAUT NIVEAU RÉDACTIONNEL POSSIBLE ET À PRÉSENTER LE MEILLEUR DE LA PRODUCTION JOURNALISTIQUE RUSSE AINSI QUE LES MEILLEURS TEXTES SUR LA RUSSIE. CE FAISANT, NOUS ESPÉRONS COMBLER UNE LACUNE IMPORTANTE DANS LA COUVERTURE MÉDIATIQUE INTERNATIONALE. POUR TOUTE QUESTION OU COMMENTAIRE SUR NOTRE STRUCTURE ACTIONNARIALE OU ÉDITORIALE, NOUS VOUS PRIONS DE NOUS CONTACTER PAR COURRIER ÉLECTRONIQUE À L’ADRESSE [email protected]. SITE INTERNET FR.RBTH.COM. TÉL. +7 (495) 7753114 FAX +7 (495) 9889213 ADRESSE 24 / 4 RUE PRAVDY, ÉTAGE 7, MOSCOU 125993, RUSSIE.

EVGENY ABOV : DIRECTEUR DE LA PUBLICATION RUSSIA BEYOND THE HEADLINES (RBTH), PAVEL GOLUB : DIRECTEUR DE LA PUBLICATION ADJOINT, VSEVOLOD

PULYA : RÉDACTEUR EN CHEF DES RÉDACTIONS INTERNATIONALES, TATIANA CHRAMTCHENKO : RÉDACTRICE EXÉCUTIVE, FLORA MOUSSA : RÉDACTRICE EN CHEF, JEAN-LOUIS TURLIN : DIRECTEUR DÉLÉGUÉ, DIMITRI DE KOCHKO : CONSEILLER DE LA RÉDACTION, ANDREÏ CHIMARSKI : DIRECTEUR ARTISTIQUE, MILLA DOMOGATSKAÏA :

DIRECTRICE DE LA MAQUETTE, MARIA OSHEPKOVA : MAQUETTISTE, ANDREÏ ZAITSEV, SLAVA PETRAKINA : SERVICE PHOTO. JULIA GOLIKOVA : DIRECTRICE DE LA PUBLICITE & RP ([email protected]) OU EILEEN LE MUET ([email protected]). © COPYRIGHT 2015, AFBE "ROSSIYSKAYA GAZETA". TOUS DROITS RÉSERVÉS. ALEXANDRE GORBENKO : PRÉSIDENT DU CONSEIL DE DIRECTION, PAVEL NEGOITSA : DIRECTEUR GÉNÉRAL, VLADISLAV FRONIN : DIRECTEUR DES RÉDACTIONS. TOUTE REPRODUCTION OU DISTRIBUTION DES PASSAGES DE L’OEUVRE, SAUF À USAGE PERSONNEL, EST INTERDITE SANS CONSENTEMENT PAR ÉCRIT DE ROSSIYSKAYA GAZETA. ADRESSEZ VOS REQUÊTES À [email protected] OU PAR TÉLÉPHONE AU +7  (495) 7753114. LE COURRIER DES LECTEURS, LES TEXTES OU DESSINS DE LA RUBRIQUE “OPINIONS” RELÈVENT DE LA RESPONSABILITÉ DES AUTEURS OU DES ILLUSTRATEURS. LES LETTRES DE LECTEURS SONT À ADRESSER PAR COURRIEL À [email protected] OU PAR FAX (+7 (495) 775 3114). RUSSIA BEYOND THE HEADLINES N’EST PAS RESPONSABLE DES TEXTES ET DES PHOTOS ENVOYÉS. RBTH ENTEND OFFRIR DES INFORMATIONS NEUTRES ET FIABLES POUR UNE MEILLEURE CONNAISSANCE DE LA RUSSIE. CE SUPPLÉMENT A ÉTÉ ACHEVÉ LE 26 DÉCEMBRE 2015.

L E CO U R R I E R D E S L E C T E U R S , L E S O P I N I O N S O U D E S S I N S D E L A R U B R I Q U E “ O P I N I O N S ” P U B L I É S DA N S C E S U P P L É M E N T R E P R É S E N T E N T D I V E R S P O I N T S D E V U E E T N E R E F L È T E N T PA S N É C E S S A I R E M E N T L A P O S I T I O N D E L A R É DAC T I O N D E R U S S I A B E YO N D T H E H E A D L I N E S O U D E R O S S I Y S K AYA G A Z E TA . MERCI D’ENVOYER VOS COMMENTAIRES PAR COURRIEL : [email protected]

SYRIE : PERCÉE POLITIQUE, DÉFI SUR LE TERRAIN

COP21 : CE QUE LA RUSSIE DOIT EN RETENIR

VLADIMIR FROLOVPOLITOLOGUE

VLADIMIRTCHOUPROVÉCOLOGISTE

Expert en relations internationales

Directeur du pro-gramme Énergie à Greenpeace Russie

Le Conseil de sécurité des Nations unies a approuvé à l’unanimité, la semaine dernière, la résolution 2 254 défi nissant l’ébauche d’un

processus de transition politique en Syrie. Et bien que le texte de la résolution ne contienne aucune idée novatrice, ne fai-sant que codifi er les éléments de règle-ment élaborés au cours des deux ren-contres précédentes du Groupe de contact international sur la Syrie, le fait même de son adoption à l’unanimité refl ète une nouvelle détermination des principaux acteurs à mettre fi n au confl it syrien.Cette volonté d’arriver à un règlement est autant un résultat de l’intervention militaire russe en Syrie en 2015 qu’un défi qu’il faudra relever en 2016.Les objectifs politiques primaires du « gambit syrien » ont été atteints. L’allié régional, qui était au bord d’une défaite militaire, est sauvé, le danger d’un ren-versement armé du président syrien Ba-char el-Assad est écarté, l’équilibre des forces militaires penche en sa faveur.Le siège diplomatique que Washington voulait faire subir à la Russie depuis fé-vrier 2014 a été levé. Le dialogue stra-tégique au plus haut niveau a été relan-cé, quoique non sans difficultés, et son ordre du jour ne se limite plus au dos-sier ukrainien. Moscou a su s’imposer en qualité de partenaire doté de moyens et prêt à des actions décisives dans la lutte contre un danger mondial.Important facteur du succès : la déter-mination que la Russie et les États-Unis ont affichée à Moscou au cours de la ré-cente visite de John Kerry pour parve-nir à des décisions communes sur les questions internationales les plus épi-neuses. Le Kremlin a toutes les raisons de se féliciter des résultats des négocia-tions avec le secrétaire d’État américain.

Deux documents ont été adoptés à la 21ème Conférence des par-ties à la Convention-cadre des Nations unies sur les change-

ments climatiques : la décision de la Conférence des parties et l’Accord de Paris, chacun ayant un impact sur la si-tuation géopolitique dans le monde et donc en Russie. L’accord entrera en vigueur après 2020 et remplacera le Protocole de Kyoto à condition d’être ratifi é par au moins 55 pays responsables d’au moins 55% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Les conditions de cette ratifi ca-tion seront sans doute remplies, car l’Ac-cord de Paris est peu contraignant. On en veut pour preuve le fait qu’il est déjà sérieusement considéré comme un fac-teur devant être intégré dans la politique des gouvernements nationaux et dans la conduite des entreprises.Quelles en sont les incidences pour la Russie ? Plusieurs éléments détermine-

La bonne nouvelle est qu’il s’agit d’un point de départ pour les instances concernées [comme le ministère des Ressources naturelles]qui conçoi-vent déjà les programmes climatiques du pays »

Aucun nouveau redémarrage n’est en vue, mais Moscou n’en a plus besoin. Le format d’un partenariat (...) sur un pied d’égalité est préférable »

«

«

ront pour le pays la portée des docu-ments adoptés le 12 décembre 2015.En premier lieu, l’accord laisse des zones d’ombre. Par exemple, on ne trouvera pas dans le texte d’engagements chiffrés par pays sur le volume de la réduction des émissions concernant tel ou tel pays ou sur l’aide quantitative qu’il doit four-nir à d’autres pays.En second lieu, contrairement au Pro-tocole de Kyoto, les engagements de ré-duction des émissions et d’aide aux pays en voie de développement inscrits dans l’Accord de Paris se défi nissent « de bas en haut » sur la base du volontariat. Ainsi, chaque pays choisit ses propres engage-ments en fonction de ses capacités éco-nomiques au premier chef.De ce fait, la Russie et ses dirigeants ne perdent ni n’obtiennent quoi que ce soit à ce stade. Le pays conserve son scéna-rio « business as usual » et pourra hélas continuer à parier sur l’industrie gazière et pétrolière ainsi qu’à subventionner les

énergies fossiles au détriment de l’effi-cacité énergétique. Toutefois, la Russie devra, dans tous les cas, assurer sa participation adminis-trative et fi nancière, dans le bon sens du terme, à l’application de l’Accord. À court terme (de cinq à dix ans), le gouverne-ment devra mettre en œuvre au moins trois procédures : réviser et présenter des plans de réduction des émissions, élaborer un plan d’adaptation au chan-gement climatique et constituer un en-semble de mesures d’aide fi nancière aux pays sous-développés.La bonne nouvelle est que, dans le pre-mier comme dans le deuxième cas, il s’agit d’un bon point de départ pour les instances concernées – en premier lieu, le ministère des Ressources natu-relles – qui conçoivent déjà les pro-grammes climatiques du pays, notam-ment en matière de comptabilisation et de réglementation des gaz à effet de serre, malgré la résistance active d’une partie

Elles ont été menées selon le paradigme des relations russo-américaines que Mos-cou proposait depuis longtemps, mais sans succès, celui de la parité géopoli-tique : deux superpuissances, plus res-ponsables que les autres de la sécurité mondiale, examinent dans un climat de confi ance, en tête-à-tête, un problème aigu et trouvent une solution commune, avant de mobiliser en sa faveur les autres pays dans le cadre d’une décision du Conseil de sécurité de l’Onu.Il est clair que pour Washington, c’est pour l’instant une vision purement ins-trumentale limitée à la Syrie et à la lutte contre le groupe terroriste Daech [inter-dit en Russie]. Mais il faut bien commen-cer quelque part. Aucun nouveau « redé-marrage » n’est en vue, mais Moscou n’en a plus besoin. Le format d’un « partena-riat déterminé par la situation, mais sur un pied d’égalité » est préférable.Selon John Kerry, les États-Unis et la Russie doivent rechercher ensemble des solutions aux problèmes internationaux. Et quand ils y parviennent, le climat po-litique mondial s’améliore. Il s’amélio-rera encore plus dans le cadre de la coo-pération sur la Syrie et d’une lutte commune contre Daech. Kerry a même déclaré que les États-Unis n’insistaient pas sur le changement de régime en Syrie. La Russie a apprécié cette infl exion dans la rhétorique américaine et donné son accord à la convocation de la conférence ministérielle du Groupe de contact in-ternational sur la Syrie, qui s’est tenue le 18 décembre à New York, même si deux jours plus tôt elle l’avait qualifi ée de pré-maturée. C’est cela, le nouveau format et la « nouvelle norme » : une confron-tation respectueuse.Les succès militaires semblent plus mo-destes. À l’issue de trois mois de frappes,

nous en sommes à peu près là où nous étions début octobre, tandis que les dé-lais de l’achèvement de cette campagne sont repoussés à une période indétermi-née. L’état et la capacité de combat de l’armée syrienne et de ses « alliés ira-niens » ont été surestimés. La « libéra-tion des territoires » se compte en kilo-mètres. Les infrastructures militaires des rebelles ont été endommagées, sans vé-ritable percée. Les Iraniens ont subi d’énormes pertes et réduisent leur contin-gent terrestre. L’armée syrienne connaît de graves problèmes d’effectifs. Les vic-times parmi les civils augmentent et, avec elles, le danger terroriste pour la Russie.Il s’agit maintenant de faire un choix. Ainsi, les forces russes pourraient conti-nuer de « s’entraîner », selon l’expres-sion de Vladimir Poutine, en maintenant le statu quo et en prolongeant la guerre, car les pertes et les dépenses ne sont pas très importantes pour le moment. Du point de vue tactique, cela pourrait pré-senter des avantages, aussi cynique que cela puisse paraître : la poursuite de la guerre rend la Russie « utile » à l’Occi-dent en tant que partenaire.Il est possible également de se donner les moyens d’une victoire militaire totale, en gonflant le contingent russe. Mais « le prix » peut monter en fl èche dans le cas d’un seul attentat ou d’une percée des rebelles contre les bases russes en

Syrie ou encore à la suite d’une inter-vention terrestre de la Turquie.Il est possible enfi n de se concentrer en-tièrement sur les efforts diplomatiques et de tenter, à partir des positions du plus fort, d’arrêter la guerre dans des condi-tions de dignité. C’est là que se situera le grand défi de 2016.Pas question de compter sur un succès rapide. L’ordre des étapes à franchir et les délais à tenir tels que les prévoit la résolution du Conseil de sécurité sont trop ambitieux. Les négociations pren-dront vraisemblablement plus de temps que les six mois prévus. Pour le moment, les principaux acteurs ont décidé de ne pas se focaliser sur leurs différends au sujet de certains aspects du règlement.La grande question repoussée à plus tard est celle de savoir si le président Assad sera présent au sein du nouveau pouvoir en Syrie. Le fait qu’il reste au pouvoir pour la période de transition est admis par presque tous. La résolution du Conseil de sécurité ne dit rien à ce sujet : Mos-cou ne pouvait pas accepter qu’un tel document renvoie à une décision exté-rieure pour écarter du pouvoir le pré-sident d’un État souverain. Mais ce fl ou est une forme de compromis qui permet d’avancer.

Version intégrale disponible sur le site d’informations GAZETA.RU

des entreprises, notamment celles que représente l’Union russe des industriels et des entrepreneurs.À l’évidence, l’Accord de Paris est un ins-trument dans les mains des gouverne-ments qui ont déjà les moyens, la tech-nologie et la volonté de conquérir de nouveaux marchés dans des secteurs de pointe, surtout celui de l’énergie propre. Au lieu d’être appliqué directement au niveau mondial, il pourrait servir de fon-dation sur laquelle s’appuieraient diffé-rentes initiatives dans le cadre d’institu-tions internationales très diverses – les accords bilatéraux, le G20, les banques internationales de développement, etc. L’outil qu’il constitue peut être utilisé ou rangé dans un placard. Pour le moment, tout porte à croire que c’est le premier scénario qui l’emportera. À long terme, il en découle pour la Russie une accélé-ration du processus de réduction des mar-chés d’énergies fossiles qui alimentent en priorité son économie et sa prospérité.

fr.rbth.com/opinions

DMITRI DIVINE

Page 6: Nouvel An et Noël russe, ou l’histoire d’une rivalité oubliée · plifi er les arcanes de la politique étran-décembre, estime qu’il ne s’agira que de quelques « cas isolés

6Supplément de Rossiyskaya Gazeta distribué avec Le FigaroMercredi 30 décembre 2015

RÉGIONS

MARINA OBRAZKOVARBTH

IRINA RECHETOVARBTH

IRINA RECHETOVARBTH

La chasse à la baleine, activité

traditionnelle pour les Tchouktches, est

moins un hommage aux ancêtres qu’un

combat pour la survie de la population.

Cruelle et dangereuse mais nécessaire,

cette chasse leur est toujours autorisée.

Depuis plusieurs milliers d’années,

les peuples arctiques du nord-est de la

Russie inscrivent leur vision du monde

et sculptent leur univers par le biais

d’un art singulier : la gravure sur os.

L’une des régions les moins peuplées

et fréquentées du pays, la Tchoukotka

revêt de vives couleurs l’été et dégage

de nombreux parfums avant de se

plonger dans la nuit hivernale, éclairée

par d’envoûtantes aurores boréales.

VIE NORDIQUE À la rencontre des chasseurs de baleines, qui exploitent depuis toujours une source alimentaire essentielle

TRADITIONS L’os, support artistiqueDÉCOUVERTE Aux confins de l’Eurasie, l’une des contrées les plus isolées au monde

La chasse commerciale à la baleine est interdite presque partout dans le monde, mais certains peuples dont le régime alimentaire se fonde histori-quement sur la chair de ces cétacés y ont toujours droit. C’est le cas des ha-bitants du Grand Nord de la Russie, les Tchouktches.

Indispensable baleineCette chasse, cruelle et dangereuse, n’est pas un caprice des peuples du Grand Nord : dans un contexte d’ab-sence totale de fruits ou de légumes et de terres permettant une véritable activité agricole, ce sont les baleines et d’autres mammifères marins qui sont depuis des millénaires la princi-pale source alimentaire des Tchouktches et des Esquimaux peuplant les régions arctiques. Au fi l de l’évolution, leur corps s’est adapté pour tirer les vita-

Les ancêtres des Tchouktches et des Es-quimaux utilisaient les os des animaux dans le quotidien depuis des temps pré-historiques, confectionnant des aiguilles, de la vaisselle et des pointes de harpons en ivoire de morse et en os de baleine et de renne. Vers le premier millénaire avant notre ère, ils commencèrent à orner ces objets de motifs ayant trait à leurs croyances, à leurs idées sur les bons et les mauvais esprits. Par la suite, aux objets du quotidien réalisés en os gravés sont venus s’ajou-ter des fi gurines de différents animaux qui servaient d’amulettes. Ainsi, un petit canard en ivoire de morse cumulait deux fonctions : un jouet pour les enfants et en même temps un porte-bonheur ren-fermant les bons esprits. À la fi n du XIXème siècle, la région a vu apparaître des objets d’art uniques en leur genre, n’existant nulle par ail-leurs : les habitants locaux taillaient des défenses de morse entières, représentant des scènes de la vie des chasseurs, des pêcheurs et des éleveurs de rennes.Aujourd’hui, les artistes de la Tchoukot-ka restent fi dèles à la tradition de la gra-vure. Presque tous les objets ont un trait particulier : leur « polyvalence ». Il suf-fi t de prendre dans la main une fi gurine en os pour y voir sous différents angles un animal, un homme et un dieu, car les peuples arctiques croient fermement aux profonds liens entre la nature, l’homme et les esprits. En outre, cette « polyva-lence » traduit la foi des chasseurs et des pêcheurs arctiques en la capacité des hommes et des animaux à se réincarner les uns dans les autres.

Située à l’extrémité nord-est de l’Eura-sie et enclavée entre l’océan Arctique et le Pacifi que, la Tchoukotka est la plus difficile d’accès, la plus rude et la plus hostile des régions de Russie. Mais sur cette terre lointaine, le visiteur lambda peut profi ter de la fraîcheur des vents, découvrir la beauté et la diversité de la faune et de la fl ore arctiques, observer les sanctuaires énigmatiques des peuples anciens et voir un nouveau continent s’of-frir à ses yeux depuis le rivage de la mer de Béring.

Grands espaces, rares humains Sur une superfi cie de 721 500 km2 – soit plus grande que celle de n’importe quel État européen –, la Tchoukotka fi gure parmi les régions les moins peuplées du pays. L’homme n’est qu’un petit point perdu dans un désert de neige hiver-nal – seuls 50 000 habitants se partagent d’immenses étendues. Près de 33% d’entre eux appartiennent à des tribus des peuples du Nord –Tchouktches, Esquimaux, Évènes et Tchouvanes. Leurs ancêtres peuplaient déjà cette région à l’Âge de pierre. Dans des conditions climatiques particulière-ment dures, leurs principales occupations étaient la pêche et la chasse aux mam-

Gardiens obligés d’une tradition ancestrale

Tel le papyrus des Nordiques

La Tchoukotka, vaste terre de l’authenticité

mines et oligo-éléments que recèlent la chair et de la graisse des morses et des baleines. Les Tchouktches affir-ment que sans chair de baleine, leur état de santé se détériore rapidement. Ils commencent déjà à perdre des dents vers le milieu de leur courte vie – c’est-à-dire vers 20 ans, car la longévité moyenne des Tchouktches n’est que de 45 ans.Il est vrai que les temps ont changé et

que des produits alimentaires sont li-vrés dans les villages de la région par navire. Toutefois, pendant l’hiver qui dure d’octobre à juin, les voies mari-times sont coupées par les glaces. L’iso-lement géographique de la Tchoukot-ka fait que certaines régions éloignées ne disposent ni de routes, ni de voies ferrées. La population reste isolée du reste du pays pendant neuf mois. Fa-talement, la traditionnelle chasse à la baleine devient tout simplement un enjeu de survie pour certains villages.

Un combat sans merciPrincipaux centres de la chasse à la baleine, les localités de Lavrenti et Lo-rino sont situées au bord de la mer de Béring. Selon la Commission balei-nière internationale (CBI), les habi-tants de la région ont le droit de cap-turer un maximum de 140 baleines par an, qui doivent servir exclusivement à la nourriture et dont il est stricte-ment interdit de revendre les organes. En outre, l’utilisation d’armes à feu n’est pas autorisée. Par conséquent, la chasse à la baleine continue de se pra-tiquer depuis des siècles au moyen de harpons, l’unique signe de modernité étant le moteur qui équipe les bateaux.

C’est une activité dangereuse. La ba-leine est souvent deux fois plus grosse que le bateau. D’un coup de queue elle peut être fatale à tout l’équipage. Jadis, un homme tombé par-dessus bord n’était jamais repêché : la manœuvre risquait de faire perdre la baleine, condamnant peut-être du même coup un village entier à mourir de faim.Les baleines harponnées, qui peuvent être poursuivies ainsi pendant plu-sieurs heures, sont tractées dans l’eau vers la côte où tout le village se ras-semble. Dès que le cétacé est à quai, les habitants commencent à le décou-per en morceaux. Ce qui reste est placé dans un entrepôt spécial aménagé dans le pergélisol. Il est ainsi possible de distribuer la chair sur une longue pé-riode, non seulement aux habitants du village mais également à ceux des lo-calités voisines.Selon la tradition, un morceau de chair de baleine est toujours jeté à la mer dans l’espoir de faire renaître un nou-veau cétacé qui reviendra vers les hommes. « Si les baleines vivent, nous vivons, dit Vladimir Ietyline, président de l’Association des chasseurs de ba-leines du Tchoukotka. Si elles dispa-raissent, nous disparaissons ».

mouths et aux bisons. En ces temps pré-historiques, la Tchoukotka et l’Alaska n’étaient pas encore séparées par la mer et la Béringie, aujourd’hui engloutie, unis-sait l’Eurasie à l’Amérique du Nord.

Terre des grands froids La Tchoukotka est recouverte par la toun-dra. Des paysages vallonnés à perte de vue offrent un tapis de mousse, d’herbe et d’arbres nains, dont des petits bou-leaux et des saules. Pendant les courts étés polaires, grâce aux baies arctiques, aux champignons et aux fl eurs, la toun-dra se transforme littéralement en une tapisserie multicolore où de vives teintes s’associent à d’innombrables odeurs. Dès la fi n octobre, après la saison des pluies et du brouillard, la neige commence à tomber. Elle ne s’arrêtera qu’en juin. Les zones situées au-delà du Cercle po-laire glissent alors dans la longue nuit septentrionale. Le soleil ne brille que quelques heures par jour. En hiver, la Tchoukotka promet des sensations fortes. Ceux qui s’y aventurent peuvent obser-ver de splendides aurores boréales dont les couleurs varient à l’infi ni.Le printemps n’arrive que fi n juin. La fonte des neiges commence doucement, provoquant de véritables mares dans les villages. La toundra se transforme en un labyrinthe de marécages que survolent des milliers d’oiseaux migrateurs. En juil-let-août, l’été polaire, assez tiède, peut enfi n commencer, apportant avec lui cou-leurs et senteurs. Au sud-est de la région, sur l’île d’Ytty-gran, se dresse l’un des monuments les plus surprenants de la culture arc-

tique : l’allée des baleines, formée de car-casses vieilles de plus de cinq siècles. Deux rangées de squelettes et de crânes sont plantées dans le sol de cette île où personne n’a jamais habité. Les carcasses atteignent près de 5 mètres de haut.

Sanctuaire ? MystèreOn sera étonné d’apprendre que ces restes osseux ont été délibérément transportés jusqu’à cet endroit précis. Un chemin dallé conduit jusqu’à une place circu-laire en forme d’anneau de pierres en-tourant les cendres d’un ancien feu de bois. Les chercheurs pensent qu’il s’agit d’un sanctuaire confectionné par les an-cêtres des Esquimaux. Pour autant, les Esquimaux d’aujourd’hui, peuple très respectueux des vestiges de ses ancêtres, avouent n’avoir aucune idée de la signi-fi cation de cet assemblage. L’allée des baleines ne fi gure dans aucune légende de la tradition orale des autochtones. Les pétroglyphes de Pegtymel constituent un autre joyau de la région. Ces dessins ont été gravés dans la roche à une hau-teur de 20 à 30 mètres. Datant de deux mille ans, ils représentent des scènes de chasse ainsi que des créatures qui res-semblent à des hommes ayant un cham-pignon à la place de la tête. Le sens de ces représentations donne encore lieu à des débats au sein de la communauté scientifi que. Certains spécialistes les com-parent aux illustrations mayas et pensent qu’elles ont été composées sous l’infl uence de champignons hallucinogènes. D’autres sources (non autorisées) spéculent que ces fresques ont été réalisées au contact d’une civilisation extraterrestre...

Des chasseurs de baleines en mer.

Sur des défenses de morse sont représentées des scènes de vie des peuples nomades.

Élaboré à l’aide d’informations

fournies par notre partenaire

TRIPADVISOR

Où se loger

Réalisé en style classique,

le mini-hôtel Tchoukotka, situé en plein centre d’Anadyr, est le meilleur de la ville.24 chambres, à partir de 120 euros la nuit.

Pour s’y rendre

Pour rejoindre Anadyr,

capitale de la Tchoukotka, prendre l’avion au départ de Moscou. Sur place, mieux vaut utiliser l’avion ou l’héli-coptère.

C’est le nombre de baleines que les peuples nor-diques de Russie ont le droit de chasser par an, selon la Commis-sion baleinière internationale.

140

En chiffres

ANDREY SHAPRAN

ANDREY SHAPRAN

GEOPHOTO

Page 7: Nouvel An et Noël russe, ou l’histoire d’une rivalité oubliée · plifi er les arcanes de la politique étran-décembre, estime qu’il ne s’agira que de quelques « cas isolés

7Supplément de Rossiyskaya Gazeta distribué avec Le Figaro Mercredi 30 décembre 2015

CULTURE

Une femme nenets de la péninsule de

Yamal, en Sibérie.

Deux grands axes se dégagent dans les parutions de l’année. On note l’impor-tance grandissante accordée aux textes qui ont trait à la religion, avec pour chef de fi le, les éditons des Syrtes, qui publient notamment deux textes qui se font écho et réjouiront le cercle étroit des lecteurs de Vassili Rozanov, penseur orthodoxe et scandaleux, qui a infl uencé les intellec-tuels de son temps et révolutionné l’écri-ture : Dernières feuilles de Rozanov et Koukkha le tombeau de Rozanov d’Alexeï Remizov qui construit, en reprenant la forme du collage de documents divers de Rozanov, la sépulture du penseur. Le second axe est celui de la Grande guerre patriotique. Deux romans puis-sants mettent en scène des jeunes gens pris dans le tourbillon absurde et cruel de la guerre : Viens et Vois du Biélorusse Ales Adamovitch (Piranha), et La joie du soldat de Victor Astafi ev (le Rocher), l’un des plus grands prosateurs russes de la fi n du XXème siècle. Notons parmi les nombreux livres qui échappent à ces deux axes, trois ouvrages très différents qui rendent compte de la grande diversité de la production litté-raire en russe. Tout d’abord, le très beau livre Les écrits de Kazimir Malévitch (Éditions Allia) où l’on découvre que l’au-teur du Carré blanc sur fond blanc, peintre fondateur du suprématisme, est peut-être surtout un théoricien. Ses écrits, rassem-blés et traduits par Jean-Claude Marca-dé, regroupent ses cours, ses traités et ses manifestes ; ils permettront au lecteur de comprendre le cheminement du père de l’Avant-garde russe et son infl uence sur la peinture du XXème siècle. Elena Botchorichvili poursuit quant à elle sa route singulière. L’écrivaine géor-gienne installée au Québec revient avec un bref roman, Belle vie (Naïve), qui ra-conte l’amitié improbable, pleine de poé-sie et de pudeur, de deux hommes, un vieux chanteur russe qui s’achemine vers la mort et un jeune fermier niçois qui cherche sa vie. Ensemble ils se déplacent de ville en ville, achètent et revendent des hôtels qu’ils nomment toujours « Belle Vie », car au-delà des souvenirs doulou-reux, des pertes et des cheminement, la quête ultime est celle du bonheur. À son habitude, Elena Botchorichvili conduit une narration syncopée, pleine de non-dits, de dialogues décalés qui ravira le lecteur par sa légèreté. Saluons enfi n la sortie de La conjuration des anges (Gallimard), troisième roman d’Igor Sakhnovski qui creuse son sillon loin des enjeux sociétaux et politiques qui passionnent ses compatriotes. Au dé-part, une « bévue divine » : « Au risque de rompre un pacte honteusement silen-cieux autour d’une bévue divine, je sou-haiterais évoquer ici la première épouse d’Adam, dont les droits, plus invisibles que des rayons X, demeurent à ce jour universellement bafoués ». Déclinant le mythe à travers des histoires de femmes qui s’enchevêtrent dans des époques et des lieux différents, de Lilith à Eurydice, en passant par Anne Boleyn ou Jeanne la Folle, reine de Castille et d’Aragon, Sakhnovski met en scène des héroïnes qui partagent le même désir farouche d’être maîtresses de leur vie. Mais il réa-lise aussi l’exploit de poser la vie de son narrateur au centre de cette trame, lui donnant ainsi une toute autre résonance.

CHRONIQUE LITTÉRAIRE

LIVRES : LES GRANDES TENDANCES DE 2015

CHRISTINE MESTRE

Le musée de l’Ermitage à Saint-Pé-tersbourg rassemble les documents de sa collection concernant antiqui-tés de Palmyre, en Syrie, en vue de la future restauration des monu-ments détruits par les terroristes de Daech (interdit en Russie), rapporte l’agence TASS, citant le directeur général du musée, Mikhaïl Piotrovski.« Actuellement, nous réunissons tous les documents et pièces consa-crés à ces monuments que nous avons en notre possession. Quand tout se calmera, il faudra les restau-rer, comme nous avons entièrement reconstruit les environs détruits de Saint-Pétersbourg », précise M. Pio-trovski.La collection de l’Ermitage consa-

EN BREF

L’ERMITAGE VEUT RESTAURER PALMYRE

crée à Palmyre comprend dix reliefs funéraires, plusieurs fragments de sculptures, une grande dalle avec des inscriptions en grec et en ara-méen – le tarif douanier de Palmyre, ainsi que plusieurs petits objets – des tessères et des pièces de monnaie.

« Le célèbre Tarif de Palmyre n’existe-rait plus s’il n’avait pas, à une époque, été transféré à l’Ermitage », rappelle le directeur du musée.Située entre Damas et l’Euphrate dans l’oasis du désert syrien, Palmyre est l’une des villes les plus riches de l’Anti-quité tardive. Selon la légende, le ville fut fondée par le roi biblique Salomon. Les ruines de Palmyre ont été inscrites sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.Les djihadistes de Daech se sont emparés de la ville le 20 mai dernier et ont détruit plusieurs monuments de l’Antiquité, dont la statue du Lion Al-Lât, vieille de deux mille ans, le temple de Baalshamin, érigé à l’époque de l’Empire romain au Ier siècle ap. J.C., ainsi que le plus grand édifi ce de la ville, le temple de Baal, érigé sous l’empereur Tibère en 32.

La mémoire des ethniessibériennesdans l’écrit

QUESTIONS & RÉPONSES

Anne-Victoire Charrin, docteur en an-thropologie arctique et spécialiste des cultures des peuples de la Sibérie et de l’extrême orient russe, fondatrice des études sibériennes à l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), explique sa passion pour la littérature des peuples autochtones.

Qu’est-ce qui a suscité votre intérêt pour

les peuples du Nord, leur culture puis leur

littérature ?

C’est l’aboutissement d’une longue route. Pendant mes études de russe, à 20 ans, en regardant les cartes, je me posais la question : pourquoi, parmi mes cama-rades et mes professeurs, est-ce que per-sonne ne s’intéressait à ce qui se passe au-delà de l’Oural, à ce que font les gens qui vivent sur ces vastes territoires ? En cherchant des réponses, j’ai découvert les mythologies des peuples d’Asie, le folklore, la littérature orale. J’ai trouvé des transcriptions de productions des Koriaks, le peuple du Kamtchatka dont il ne reste que 9 000 personnes. J’ai passé une année à l’Université de Moscou en 1967 et mis la main, à la bibliothèque Lénine, sur beaucoup de sources inté-ressantes. La première chose que j’ai pu-bliée en français était une petite traduc-tion de certains de ces textes koriaks. En 1978, je suis allée dans le Grand Nord à la recherche des poèmes d’un jeune poète russe de Iakoutie pour ma thèse d’État. Ensuite, j’ai travaillé sur l’image de ces peuples de Sibérie dans la litté-rature russe de la première moitié du XIXème siècle. Et fi nalement, je suis pas-sée à la littérature contemporaine.

Qu’est-ce que vous a enthousiasmé dans

cette littérature ?

J’ai découvert par le biais de cette litté-rature tout ce que ces peuples avaient pu vivre depuis le début de XXème siècle. Leur production littéraire avait comme base la mythologie. Les premières œuvres ont été réalisées par des gens nés à la fi n du XIXème siècle, comme le Nenets Tiko Vilka, qui était un excellent conteur oral et qui, après avoir appris l’écriture, a ré-digé ouvrages sur la vie des Nenets. Une deuxième génération, née dans les années 30 et représentée par des auteurs comme Vladimir Sangui et Iouri Rytkheou, va prendre position dans ses écrits par rapport à ce qui s’était passé pendant la période soviétique. Sangui (un écrivain nivkhes de l’île de Sakhaline) a écrit un livre que je trouve très symbolique, Le mariage des Kevongs. C’est l’histoire d’un clan, dont il montre le début de la fi n. On y trouve beaucoup de détails sur la

vie quotidienne du clan, les travaux, le mariage, la condition de la femme. Il y a une description de la chasse à l’ours et des jeux de l’ours, un grand rituel des Nivkhes. L’auteur s’adressait à son peuple : voilà ce que nous étions, ce que nous ne sommes plus et peut-être ne se-rons plus jamais. À la fi n, le héros prin-cipal crie à la nature : « Hommes, que nous êtes-il arrivé ? ». Et c’est surtout la troisième génération, née après la guerre, qui a un regard beau-coup plus distant, beaucoup plus froid sur ce qui s’est réellement passé. Parmi eux, Érémeï Aïpine a un souffle épique indéniable dans ses œuvres, que ce soit L’Étoile de l’aube, traduit par Dominique Samson Normand de Chambourg, ou La mère de Dieu dans les neiges de sang, que j’ai traduit. Il y a chez lui le regret de cette oralité qui a été délavée, de la nature qui a été complètement broyée. Chez cet autre écrivain qu’est Tatiana Moldanova, où l’on voit une nature vi-vante écrasée par l’exploitation pétro-lière, il y a un regret de la véritable his-toire des Hantis qui a été complètement effacée par l’histoire russe, comme si au-paravant, ces peuples n’avaient pas d’his-toire.

Une littérature bien tourmentée...

Pour les peuples autochtones, un mo-ment très dur fut l’instauration des in-ternements par le pouvoir soviétique – les enfants arrachés à leur parents pour une année entière. Au retour, il y a eu une rupture totale entre les générations. Un écrivain comme la Nenets Anna Nerka-gui montre dans un de ses livres, Aniko du clan Nogo, son héroïne qui rentre de Leningrad après ses études et rend visite aux membres de son clan. Son père l’em-

brasse, et elle s’essuie, dégoûtée par cet homme qui n’est pas propre à ses yeux : il est pour elle un sauvage, un arriéré. On perçoit tous ces sentiments qui les sé-parent à jamais. Parmi les œuvres qui parlent de cette rupture des générations, Anna Nerkagui a atteint sur le plan lit-téraire un sommet.

Quel est l’avenir de cette littérature ?

Il y a eu des moments où j’ai pensé qu’elle allait se tarir, je ne la voyais pas se dé-velopper sur le terrain. Puis mes der-nières missions en Sibérie m’ont démon-tré tout le contraire. Depuis un an, je ne cesse d’allonger ma liste de jeunes écri-vains très intéressants. Il y a quelques mois, j’ai lu une nouvelle sur une femme mantsi qui parle de sa mère, de sa ri-chesse intérieure d’une manière très ori-ginale, que je n’ai pas vue depuis bien longtemps dans notre littérature fran-çaise actuelle. C’est une littérature plus personnelle qu’avant. Il y a aussi un antimatérialisme qui trans-paraît dans toutes les œuvres de cette jeune génération. Peut-être parce que cette société nouvelle, très mercantile, a touché les grandes villes de la Russie et moins les provinces, et encore moins les taïgas et les toundras.En plus de l’intérêt des livres, il y a celui des personnalités qui se cachent derrière. Ce sont des hommes et des femmes très attachants qui allient ce côté ouvert et chaleureux des Russes, qu’en Occident nous avons un peu perdu. Et puis il y a la richesse de leur culture tout à fait ori-ginale et qu’il ne faudrait surtout pas perdre.

Propos recueillis parMARIA TCHOBANOV

DIVERSITÉ ETHNIQUE DE SIBÉRIE

Anne-Victoire Charrin, fonda-trice des études sibériennes à l’INALCO, interviendra dans le cadre des Jour-nées du livre russe et des littératures russophones prévues du 5 au 6 février 2016 à Pa-ris, dont un volet sera consacré aux écrivains sibé-riens, notamment Moldanova, Aïpine et Doïdou. › journeesdulivrerusse.fr

À noter

En ligne

Découvrir une Russie insoupçonnée fr.rbth.com/32761

CHRISTINE MESTRECHRONIQUEUSE LITTÉRAIRE

Spécialiste de didactique des lan-gues, traductrice, coordonnatrice du prix Russophonie, fondatrice des Journées du livre russe

SUIVEZ L’ACTUALITÉ LITTÉRAIRE RUSSE SUR

fr.rbth.com/lire_la_russie

SHUTTERSTOCK/LEGION-MEDIA

ALAMY/LEGION MEDIA

Page 8: Nouvel An et Noël russe, ou l’histoire d’une rivalité oubliée · plifi er les arcanes de la politique étran-décembre, estime qu’il ne s’agira que de quelques « cas isolés

8Supplément de Rossiyskaya Gazeta distribué avec Le Figaro

L’ANNÉE 2015 EN IMAGES

DU DÉSERT DU SINAÏ AUX FORÊTS DE SIBÉRIEretour sur les temps forts de l’année qui s’achève fr.rbth.com/longreads/retrospective2015

Mercredi 30 décembre 2015

MAGAZINE

La seconde édition du salon Russkaya Literatura (littérature russe) se dérou-lera cette année pendant la période du Nouvel An russe. Elle mettra en avant la très dynamique prose des mi-norités et des régions, tout en pour-suivant son objectif de populariser la littérature russe contemporaine. Parmi les invités, une vingtaine d’auteurs russes de renommée internationale sans compter les nombreux auteurs russophones installés en Europe. › russkayaliteratura.fr

De tout temps, la nature, la cam-pagne, les étendues immenses, ont été au cœur de la littérature russe... C’est justement pour cette raison que les organisateurs des Journées du livre russe ont choisi de placer ce thème au centre de la 7ème édition de cette grand-messe de la culture russe et de la langue russes.La Sibérie, région de grande diversité ethnique et culturelle, sera également à l’honneur. Tables rondes et rencontres, ate-liers et concours, ainsi que nombre d’autres manifestations culturelles exceptionnelles vous attendent. Parmi les invités, de nombreux écrivains de renom, dont la Biélo-russe Svetlana Alexievitch, Prix Nobel de Littérature 2015.Comme il est de coutume, la cérémo-nie de remise du Prix Russophonie, récompensant la meilleure traduction littéraire du russe vers le français, viendra clôturer ces Journées. › journeesdulivrerusse.fr

Dans Feu rouge, son deuxième roman, l’écrivain russe Maxim Kantor dévoile, à la manière du peintre renommé qu’il est, une fresque philosophique sur trois générations dans une Europe en quête d’identité. L’écrivain avait été révélé en 2006 par son premier roman, Manuel de dessin, sur la Russie post-soviétique.

SALON RUSSKAYA LITERATURADU 8 AU 10 JANVIER

MAIRIE DU 16ÈME, PARIS

7ÈMES JOURNÉES DU LIVRE RUSSE DU 5 AU 6 FÉVRIER,

MAIRIE DU 5ÈME, PARIS

UN NOUVEAU ROMAN DE MAXIM KANTOR7 JANVIER AUX ÉDITIONS LOUISON

À L’AFFICHE

À NOTER

Un oiseau libre sur la scène lyrique internationale

ENTRETIEN AVEC OLGA PERETYATKO

LA SOPRANO RUSSE, QUI A CHANTÉ SUR TOUTES LES GRANDES SCÈNES D’OPÉRA DU MONDE,

INTERPRÉTERA DES EXTRAITS D’OPÉRAS DE ROSSINI AU THÉÂTRE DES CHAMPS-ÉLYSÉES

Propos recueillis parOLEG KRASNOV

Lors d’une courte visite en Russie, la cantatrice Olga Peretyatko a accor-dé un entretien à RBTH dans lequel elle évoque sa vie à l’étranger et sa pro-duction sur les scènes mondiales. Elle revient sur un moment charnière de sa carrière, lorsqu’elle a décidé de tourner le dos aux troupes d’opéra pour chan-ter en soliste indépendante.

Vous rêviez de devenir chanteuse dès l’en-

fance ?

Pas du tout ! Je voulais être danseuse. À Saint-Pétersbourg on habitait près de la célèbre Académie de ballet Va-ganova. Mon père chantait dans le chœur du Théâtre Mariinski. Tout le monde se connaissait et on se rendait souvent visite les uns aux autres. J’ai commencé à chanter à l’âge de quatre ans : on me faisait monter sur une chaise lors des fêtes en famille. J’ai toujours aimé me produire en public. Et j’aime toujours.

Vous avez suivi une formation de chef d’or-

chestre. Pourquoi ?

Je suis entrée à l’école du Conservatoire à quinze ans, ce qui est trop tôt pour suivre des cours de technique vocale. Quant à ma formation de chef d’or-chestre et de chorale, ces études musi-cales de base m’aident beaucoup. Tout comme la capacité de m’accompagner au piano, la connaissance des règles de l’harmonie et les exercices de solfège.

Vous êtes partie en Allemagne à 21 ans.

Était-il difficile de vivre à l’étranger ?

L’essentiel, c’est d’intégrer le mode de vie européen. Au début, c’était très dur. Entrée au Conservatoire, je suis allée suivre des cours d’allemand à partir de zéro. Je me suis sentie plus ou moins à l’aise après neuf mois environ. Une sorte d’enthousiasme se développe avec le temps. J’ai formé avec des amis un quatuor pour me faire de l’argent de poche en donnant des petits concerts dans des hôpitaux et des asiles : sur-tout Bach, Mozart et Haendel, ce qui se joue facilement. Je me souviendrai tou-jours d’un chiffre : 10 euros. C’était mon budget hebdomadaire pour l’alimenta-tion. Je n’avais jamais 30 centimes de libres pour acheter un café dans un dis-tributeur. Une telle expérience vous ap-prend beaucoup de choses.

Quand avez-vous commencé à vous pro-

duire sérieusement ?

À la même époque. Mon premier pro-jet sérieux (de jeunesse bien entendu) remonte à 2004 avec Harry Kupfer. On chantait Haendel en allemand, rien que des jeunes. On a répété pendant deux mois dans un château près de Berlin puis on a donné des spectacles. J’ai ré-cemment retrouvé un DVD avec ces en-registrements et j’ai pensé : « Mon Dieu, pourvu que personne ne puisse le vi-sionner ! ». Mais à l’époque, forte de trois ans d’études au Conservatoire, j’ai décidé qu’il était temps de chercher à donner des concerts. J’ai compris qu’il était inu-tile d’y rester six ans et j’ai passé de nombreuses auditions pour des studios d’opéra et des spectacles en version de concert. Cela existe dans chaque théâtre,

surtout aujourd’hui, en pleine crise : les jeunes chanteurs sont souvent très bons et leurs cachets sont très peu élevés. Les théâtres profitent de belles voix presque gratuitement. Nous, nous ga-gnons de l’argent et nous accumulons une expérience d’interprétation en pu-blic.L’Opéra d’État de Hambourg est deve-nu une étape importante dans ma car-rière. J’y ai chanté pendant deux ans. En été 2006, je suis allée à l’Accademia Rossiniana à Pesaro. L’année suivante, j’ai eu l’occasion de jouer Desdémone avec Juan Diego Florez. En 2007 éga-lement, j’ai interprété chez Daniel Ba-renboim une des fi lles-fl eurs dans Par-sifal. Entre ces spectacles, je me rendais par train de nuit à Paris, à Operalia. Au lendemain de ce concours, je suis allée à Pesaro, en Italie, complètement malade, parce qu’il est impossible de vivre longtemps à un tel rythme. Mon corps m’a dit : ça suffit. J’estime que j’ai percé à Pesaro. C’est à ce moment que j’ai décidé de me lancer en indé-pendante.

Voudriez-vous être sous contrat avec une

troupe précise ?

Non. S’il est possible de travailler comme soliste indépendante, il faut en profi ter. En étant attaché à une troupe, on est dans l’obligation de chanter tout le répertoire. Les chanteurs optent ha-bituellement pour cette formule en fi n de carrière.

Le public, est-il différent dans des pays

différents ?

Pas vraiment. Aux États-Unis, le pu-blic aime tout, il n’est pas trop exigeant. En revanche, les spectateurs américains

réagissent vivement et rient très fort, comme au cinéma. En Allemagne, le public est le plus aver-ti : avec 80 théâtres, il a tout vu, tout entendu, rien ne peut l’étonner. Les Au-trichiens sont des amateurs fervents. La France possède un public raffiné qui exige des œuvres moins connues, des perles rares… Les Français sont de fi ns mélomanes, très subtils.

Vous avez déjà chanté sur toutes les

grandes scènes du monde. Reste-t-il un

lieu, une œuvre, des partenaires qui vous

fassent rêver ?

L’essentiel, c’est la santé. Tout le reste viendra s’y joindre. Pour ce qui est des rêves… Ce ne sont pas des rêves, mais des projets. Mon agenda est rempli jusqu’en 2020. Mais si, j’ai quand même un rêve : faire quelque chose avec un groupe de musique électronique sem-blable à Air. Je ne sais pas encore ce qu’on pourrait faire ensemble, mais je voudrais tant.

CONCERTS EN FRANCE

Théâtre des Champs-Élysées

Concert Accademia Bizantina et Olga Peretyatko, Récital Rossini 11 janvier 2016 Opéra Bastille

Interprétation du rôle de Gilda dans Rigoletto de Verdi Du 09 avril au 30 mai 2016

Agenda

Née en 1980 à Saint-Péters-bourg, Olga Peretyatko a débuté sa carrière musicale à l’âge de 15 ans dans le chœur du Théâtre Mariinski. Elle a suivi une forma-tion de direction de chœur et a ensuite étudié le chant à la Hanns Eisler-Hochschule für Musik de Berlin. La soprano a re-tenu l’attention internationale en 2010, dans le rôle titre du Rossignol de Stravinski, au Festival d’Aix-en-Provence.

Biographie

En ligne

Les secrets descostumes du Bolchoïfr.rbth.com/536695

DANIIL RABOVSKY