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32 L’Observateur du 30 septembre au 06 octobre 2016 Maroc-Portugal Des relations exceptionnelles DOSSIER SPéCIAL | maroc - portugal

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32 L’Observateur du 30 septembre au 06 octobre 2016 33du 30 septembre au 06 octobre 2016 L’Observateur

Maroc-Portugal

Des relations exceptionnelles

DOSSIER SPéCIAL | maroc - portugal

34 L’Observateur du 30 septembre au 06 octobre 2016 35du 30 septembre au 06 octobre 2016 L’Observateur

Maroc-Portugal

Des relations exceptionnelles

L a politique étrangère portugaise est animée par une volonté appuyée d’intégration politique et économique au niveau européen. Une dimen-sion européenne qui sera privilégiée dans un

premier temps sans toutefois renoncer à la dimension atlantique.

Diversification diplomatique Après son adhésion à la Communauté européenne en 1986, le jeune Etat démocratique se voit renforcé par l’appui politique, économique et diplomatique apporté par l’Europe ; avec à la clé une plus impor-tante affirmation à l’échelle internationale. Après la consolidation de la position du Portugal au sein de l’Europe communautaire, les dirigeants portugais se lanceront dans une démarche de diversification des relations extérieures du pays. Le développement des relations avec les pays maghrébins, et à leur tête le Maroc, s’insère dans cette nouvelle stratégie.La proximité géographique, l’histoire commune jalonnée d’affrontements, mais également d’échanges culturels et civilisationnels intenses, additionnées au

besoin d’établir un certain équilibre avec le sud de la Méditerranée et l’intérêt communautaire croissant en direction de l’Europe de l’Est, encourageront le Por-tugal à reconsidérer ses relations avec ses voisins du Sud. De bonnes relations qui ont été boostées par la disparition de la rivalité avec les intérêts de l’Espagne au Maghreb. S’ajoute à ceci le grand avantage du Por-tugal qui peut se targuer d’être un pays sans trau-mas coloniaux ni revendications territoriales dans la région. Epargné également des pressions migratoires en provenance des pays maghrébins, il entretient une relation sereine avec ses nouveaux partenaires. Cette politique étrangère en direction du Maghreb se manifestera dans les discours politiques, mais également dans des actions concrètes, aussi bien au niveau multilatéral que bilatéral. Le Portugal a sou-tenu la mise en place d’une politique euro-méditer-ranéenne ambitieuse. De même, lors du Ve Sommet luso-marocain, en septembre 1999, le Portugal avait manifesté sa volonté d’«être solidaire avec le Maroc» dans les efforts pour faire du bassin méditerranéen un «espace de paix et de développement ».

Après avoir consolidé sa position au sein de l’Union Européenne, le Portugal tourne les yeux vers la rive Sud de la Méditerranée. Le Maroc, en vieux partenaire, est dans sa ligne de mire. Dossier préparé par Hakim Arif, Hayat kamal Idrissi et Abdelhadi Gadi.

Miguel

FrasquilhoPresident de l’AICEP

Maria rita FerroAmbassadeur du Portugal au Maroc

KariMa BenyaichAmbassadeur du Royaume du Maroc à Lisbonne

Jorge seguro sanchesSecrétaire d’Etat de l’Energie

augusto santos silvaMinistre des affaires étrangères

du Portugal

DOSSIER SPéCIAL | maroc - portugal

L’Observateur du 30 septembre au 06 octobre 2016 37du 30 septembre au 06 octobre 2016 L’Observateur36

DOSSIER SPéCIAL | maroc - portugal | politique

Les relations maroco-portugaises sont considérées comme excellentes par les responsables des deux pays et qui connaissent ces dernières années une dynamique remarquable à tous les niveaux.

« Les deux pays sont très proches »

augusto santos silva,

Ministre des affaires étrangères

du Portugal

l’observateur du Maroc et d’afrique: comment se portent les relations entre le Portugal et le Maroc aujourd’hui ? augusto santos silva : Le Portugal et le Maroc entretiennent de très bonnes rela-tions. Politiquement parlant, les deux pays sont très proches et entretiennent d’excel-lentes relations de bon voisinage. Nous considérons d’ailleurs Rabat comme l’une des capitales les plus proches de Lisbonne. Au niveau communautaire, le Portugal participe activement dans le cadre de la politique de bon voisinage européenne et au Conseil d’Association entre l’Union européenne et le Maroc. Sur le plan écono-mique, les relations bilatérales se portent bien : Le Maroc est en effet le deuxième marché africain pour les exportations portugaises et c’est le quinzième parte-naire commercial du Portugal. En plus de ces relations commerciales très étroites, le Portugal est également actif en termes d’investissement avec d’importants pro-jets au Maroc. Aussi de nombreux inves-tissements marocains ont été réalisés dans notre pays. Il faut savoir que la visite officielle du Maroc est l’un des premiers déplacements hors Union Européenne que chaque nouveau ministre des Affaires étrangères portugaises effectue. Du point de vue culturel, là aussi existe une impor-tante coopération entre les deux pays

concernant l’enseignement de la langue portugaise, la conservation du patrimoine et la recherche archéologique. Mais c’est surtout sur le plan géostratégique que les relations sont les plus importantes. Nous avons pleine conscience que le Maroc est l’un des facteurs les plus forts de stabi-lisation et de sécurité dans cette région stratégique dans la sécurisation des fron-tières sud de l’Europe, que ce soit pour le Nord Afrique ou pour le Sahel. Nous savons aussi que le Maroc a une politique très poussée de coopération avec l’Afrique subsaharienne qui constitue également une autre priorité pour le Portugal. Nous avons deux priorités dans notre politique de coopération avec l’Afrique: Les pays lusophones et l’Afrique du nord et sub-saharienne. Le Portugal joue tradition-nellement le rôle d’un pont entre l’Europe et l’Afrique.

comment cette coopération luso-marocaine se concrétise-t-elle ? Etant tous les deux des traits d’union entre l’Europe et l’Afrique, le Maroc et le Portu-gal coopèrent étroitement dans ce sens. Il y a des aspects pratiques de cette coopéra-tion soit dans l’échange des informations, soit au niveau de la sécurisation des fron-tières nationales ou encore concernant les liaisons énergiques et les interconnexions

en collaboration avec les voisins espagnols. Au Portugal, nous apprécions beaucoup les efforts fournis par le Maroc dans la régulation du flux migratoire en direction de l’Europe et la sécurisation des frontières. Pour prendre conscience de l’importance accordée à nos relations avec le Maroc, il suffirait de dire que le Portugal a déjà demandé sa participa-tion dans le processus d’appel que le Conseil Européen a déclenché auprès du Tribunal Européen à propos de l’accord de pêche Maroc/UE. Le Tribunal Euro-péen a donné raison à la contestation de certains termes juridiques de cet accord, notamment son application aux terri-toires du Sahara. Nous croyons que les fondements de cette sentence ne sont pas corrects et que cette décision du Tribu-nal révèle une certaine incertitude et non fiabilité qui sont fatales pour les accords commerciaux de l’UE avec des pays tiers. D’ailleurs certains pays membres proches du Maroc ont décidé de participer « indépendamment» dans ce processus. C’est, en effet, le cas de l’Espagne, de la France et, bien évidement, du Portugal.

si jamais l’appel n’est pas à la faveur du Maroc, y a-t-il d’autres moyens d’aboutir à une solution ? Suivant la loi européenne, la question ne

POLItIquE | entretien

Amitié, bon voisinage et coopération En 1994, au terme de la visite du roi Hassan II au Portugal et ses entretiens avec Mário Soares, un Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération a été signé. Ce traité prévoit l’organisation régulière de sommets luso-marocains, des réunions annuelles entre les chefs de gouvernement, entre les respon-sables des deux ministères des Affaires étrangères, la mise en place de groupes de travail spécifiques et la constitution de commissions mixtes. Une démarche qui a pour objectif d’accompagner les différents accords signés entre les deux États et instituant des espaces de rencontre et de dialogue. En matière de défense, un accord de coopération a été signé en septembre 1993. Ce dernier définit les termes d’une coopération dans les domaines militaires (échanges au niveau de la formation et de l’entraîne-ment, de l’expérience opérationnelle et de l’organisa-tion), ainsi que dans les domaines technologiques et industriels liés à la défense.Des relations considérées comme excellentes par les responsables des deux pays et qui connaissent ces dernières années une dynamique remarquable à tous les niveaux. Comme l’affirme l’ambassadeur du Maroc à Lisbonne, Karima Benyaich. «Le Maroc jouit du respect et d’une très grande sympathie auprès des res-ponsables politiques au Portugal», affirme auparavant Benyaich dans une interview accordée à la MAP. La politique africaine du Souverain est un autre point

fort qui retient l’attention des Portugais. Pour la diplomate marocaine, la tenue de la 12ème Réunion de Haut niveau Maroc-Portugal en avril 2015 à Lisbonne, sous la coprésidence des deux chefs de gouvernement marocain et portugais, Abdelilah Benkirane et Pedro Passos Coelho, est une confirmation de l’excellence des relations bilatérales. Une aubaine pour la coopé-ration entre les deux pays voisins qui se voient ainsi renforcée et élargie. Rappelons que cette même réunion a été couronnée par la signature de neuf accords dans des domaines stratégiques. Notons que ces dernières années ont été marquées par l’échange d’un grand nombre de visites ministérielles que ça soit dans le cadre du Dialogue des pays de la Méditerranée occidentale 5+5 avec ses différents secteurs (tourisme, énergie, transport) ou la G4. Ces visites ont offert une belle opportunité aux responsables des deux pays d’entreprendre des contacts directs et d’identifier des projets communs. La visite du vice-Premier ministre portugais, Paulo Portas au Royaume, en mars 2015, à la tête d’une importante délégation d’hommes d’affaires a été, pour sa part, sanctionnée par la signature d’une conven-tion entre la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et le patronat portugais (CIP). Cet important accord démontre clairement l’intérêt grandissant des hommes d’affaires portugais pour le Maroc. Il faut noter que le Maroc est aujourd’hui le 4e partenaire du Portugal, hors Union Européenne, après l’Angola, les Etats-Unis et le Brésil k

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peut être résolue que sur le plan juridique et selon la juridiction d’appel de l’UE. Si, au bout du processus, les choses ne s’ar-rangent pas il va falloir trouver d’autres moyens pour renforcer la coopération entre l’UE et le Maroc. Je ne suis pas juriste mais je sais que c’est absolument essentiel pour l’Europe de cultiver un voisinage très poussé au Sud. La place primordiale du Maroc dans cette politique de bon voi-sinage ne peut être remplacée par aucun autre Etat ou entité. Loin d’être affectées par ce coup de froid dans les relations entre le Maroc et l’UE, nos relations bila-térales se portent très bien comme à l’ac-coutumée et les deux parties veillent à les maintenir ainsi.

y a-t-il une stratégie de renforcement et d’encouragement des investissements des deux côtés? La voie royale pour renforcer l’investisse-ment est ce que le gouvernement marocain est en train de faire déjà: La libéralisation du marché, le renforcement du cadre ins-titutionnel et le développement d’une rela-tion de proximité avec des investisseurs de différentes origines et différentes activités. Après maintes réunions avec mes homo-logues marocains en charge des affaires étrangères, mais également de l’interna-tionalisation de l’économie, nous avons pu échanger des points de vue intéressants sur la manière la plus fiable de renforcer la coopération économique pour saisir les belles opportunités qui se présentent de part et d’autre. Le feed back profondé-ment positif des investisseurs portugais au Maroc est tellement encourageant et ouvre la voie à d’autres possibilités dans le futur. En tant qu’investisseurs au Maroc, nous sommes présents sur plusieurs sec-teurs : la sécurité, l’industrie pharmaceu-tique, l’agro-alimentaire, la construction publique, la recherche scientifique. Nous pensons que la diversification de l’écono-mie et de l’investissement est un véritable atout que l’on se doit de maintenir et de développer.

quelle est votre position par rapport à la question du sahara ? Concernant le dossier du Sahara, la phrase canonique de la diplomatie portugaise et

celle européenne (pour la plupart des pays européens) reste: On est engagé dans le soutien des efforts du Secrétaire général de l’ONU dans le cadre du mandat du Conseil de Sécurité jusqu’à l’aboutissement d’une solution mutuellement acceptable entre les deux parties et respectant le droit. C’est une solution politique qui se doit d’être juridiquement possible. Malheureuse-ment, les derniers incidents avec le secré-taire général de l’ONU n’ont pas créé les meilleures conditions pour activer ce pro-cessus. Mais nous croyons que le temps finira par résoudre ce genre de problèmes. Pour nous, le plus important n’est pas d’in-diquer les coupables mais de noter qu’il y a là une difficulté additionnelle qui n’était pas nécessaire et qui ne sert nullement le dénouement de ce dossier. Mais il faut tou-tefois rester positif et penser à une solution pour dépasser ce genre d’embûches.

quelle est votre évaluation de la coopération sécuritaire et du soutien marocain anti-terrorisme aux pays européens ? Nous tenons à souligner le rôle déter-minant que le Roi du Maroc joue sur ce plan. Le Roi Mohammed VI qui a une notoriété religieuse, a su la manier et l’utiliser pour modérer les dérives religieuses les plus troublantes et pour maintenir l’islam au Maroc dans sa dimension spirituelle en tant que grande religion, culture et civilisation du peuple mais pas une théocratie.Au Portugal nous ne pouvons qu’apprécier

cette approche magistralement menée par le Roi Mohammed VI. Aussi nous apprécions à sa juste valeur la grande attention accordée par les autorités marocaines à la chose religieuse et les garde-fous instaurés pour empêcher tout déraillement favorisant le recru-tement et l’enrôlement de jeunes dans les réseaux de terrorisme. Ce sont là des efforts reconnaissables que l’on ne peut pas nier k

Nous avons pleine conscience que le Maroc est l’un des facteurs les plus forts de stabilisation et de sécurité dans cette région stratégique dans la sécurisation des frontières sud de l’Europe.

« L’autoroute électrique accélère le partenariat stratégique entre le Portugal et le Maroc »

Jorge seguro sanches

Secrétaire d’Etat de l’Energie

l’observateur du Maroc et d’afrique: comment voyez-vous l’interconnexion entre le Portugal et Maroc? Jorge seguro sanches : Le projet d’in-terconnexion électrique entre le Por-tugal et le Maroc est une opportunité et un élan pour le renforcement de la

relation de confiance et d’amitié entre les deux pays. Le Portugal et le Maroc, pour leur proximité géographique et historique, devraient tirer pleinement parti de cette circonstance, notamment à travers l’expansion de la coopéra-tion et le renforcement des synergies

dans le domaine de l’énergie. L’inter-connexion est un bon exemple de ce travail de coopération, dans ce sens qu’il permettra au Maroc d’importer de l’énergie à un stade où l’offre est encore insuffisante pour répondre à

Dans un entretien accordé à L’Observateur du Maroc et d’Afrique, le Secrétaire d’Etat portugais, Jorge Seguro Sanches , revient sur les pistes de développement du partenariat entre Rabat et Lisbonne dans le domaine des énergies, mais aussi sur la politique énergétique de son pays. Les propos.

DOSSIER SPéCIAL | maroc - portugal | politique POLItIquE | entretien

DigiDeLtA SoftwAre

IdentIfIcatIon des anImaux, tra-çabilité et gestion de la santé du chep-tel: ce sont là les missions de digidelta software qui s’est spécialisée dans les systèmes de gestion officiels. ayant fait ses preuves avec le très fiable système PIsa adapté à la donne portugaise, digidelta déploie également ses ser-vices à l’étranger. Rappelons que PIsa.net est le système officiel pour gérer la santé animale adoptée par le gouver-nement portugais depuis 1990. Il est déjà présent au maroc et au Botswana. avec une expérience cumulée de deux décennies, l’entreprise propose un sys-tème d’information fiable pour gérer les programmes d’identification des ani-maux, la traçabilité, la santé et l’éradi-cation des maladies et des épédimies. spécialement conçu pour aider les enti-tés gouvernementale dans la gestion de la santé des animaux sur un territoire donné, ce système puissant permet en effet une identification facile, un contrôle continu des déplacements des animaux ou des troupeaux et la classifi-cation sanitaire. Lancé en février 2015, le snIt.maroc fourni par digidelta (suite à un appel d’offre à l’internatio-nal), a été conçu pour gérer l’ensemble d’identification des animaux, la santé et la traçabilité au maroc. digidelta ne fournit pas uniquement le système d’in-formation, mais aussi le matériel éléc-tronique et technique, la formation et le soutien.

L’Observateur du 30 septembre au 06 octobre 2016 41du 30 septembre au 06 octobre 2016 L’Observateur40

la consommation croissante et de per-mettre d’inverser le sens de ce flux, en fonction des signaux du marché. D’autre part, ce projet permettra d’améliorer la sécurité d’approvision-nement dans les deux pays et optimi-ser la gestion du système énergétique. Des synergies peuvent aussi être créées dans d’autres domaines tels que le partage de l’expérience portugaise dans le domaine des énergies renou-velables, la création de partenariats entre les entreprises portugaises et marocaines dans les investissements dans le domaine du gaz naturel et le domaine des ressources géologiques.Il y a un large éventail de domaines dans lesquels ce partenariat avec le Maroc prend tout son sens et où l’in-terconnexion est le pont de liaison de ces deux pays méditerranéens, voire des deux continents.

que représentent les énergies renou-velables dans le bouquet énergétique portugais ?Le Portugal est aujourd’hui une réfé-rence dans le monde en ce domaine, en raison des résultats très positifs obte-nus au cours des dernières années, par la progressive intégration des sources d’énergie renouvelables dans la pro-duction de l’électricité.Dans le cadre de l’Union Européenne, le Portugal s’est engagé à avoir, en 2020, une contribution de 31% des sources d’énergie renouvelables. Jusqu’à présent, il a atteint plus de 87% de son objectif.En 2015, le Portugal avait une capacité installée totale de 12,3 gigawatts de technologies renouvelables, un chiffre qui représente 61% de la puissance du parc portugais de production d’élec-tricité et une augmentation d’environ quinze points de pourcentage, entre 2005 et 2015.

quels sont les principaux axes straté-giques de la politique énergétique por-tugaise?La libre circulation de l’énergie est

une autre question clé pour le Portu-gal. Les interconnexions sont indis-pensables pour la réalisation de ces ambitions vertes. C’est ici que le pro-jet d’interconnexion électrique entre le Portugal et le Maroc jouera un rôle décisif dans le développement de cette politique énergétique.L’actuel étranglement qui résulte de l’insuffisance des infrastructures de transport d’énergie entre la péninsule ibérique et l’Europe, est un obstacle à la croissance de l’énergie renouve-lable. C’est impératif d’exporter l’excès de production d’énergie renouvelable et d’assurer, dans le même temps, la sécurité de l’approvisionnement national.Une autre question importante pour la politique énergétique du Portugal est la promotion de la durabilité de l’envi-ronnement sans compromettre l’équi-libre durabilité financier. Contribuer à une planète plus propre est indis-cutable, mais on doit aussi gérer les équilibres.Le Portugal a enregistré une diversifi-

cation de l’utilisation des technologies de sources d’énergie renouvelables. Après le « boom éolien » au cours des dernières années, aujourd’hui, les investisseurs regardent l’énergie solaire photovoltaïque avec une atten-tion renouvelée, en résultat du fort développement technologique qui en a bénéficié.Nous sommes confrontés à un change-ment de paradigme qui a le soutien du gouvernement portugais.Nous vérifions aussi un nombre crois-sant de demandes d’autorisation pour les installations photovoltaïques sans tarifs «feed-in » et sans frais pour les consommateurs.C’est le chemin que nous voulons suivre et qui permet d’assurer la via-bilité du système électrique portugais.

le secteur du gaz naturel est une autre cible potentielle pour les synergies entre les deux pays ?Sans doute. Nous avons créé un groupe de travail pour définir les accords de soutien mutuel dans le domaine de la sécurité d’approvisionnement, per-mettant des échanges de gaz physiques et virtuels entre les deux pays. Le Por-tugal dispose de deux infrastructures (terminaux de gaz naturel liquéfié à Sines, et de stockage souterrain qui peut être combiné avec le pipeline Magreb- Europe) pour assurer cet objectif.

quels sont les autres domaines qui peuvent être exploités conjointement?Un autre domaine de coopération possible est celui des ressources géo-logiques. En vertu de l’expérience internationale LNEG, en particulier dans les pays lusophones, on pourra évaluer la possibilité de coopération dans la cartographie des ressources géologiques, l’éolien, le solaire, la biomasse, l’énergie géothermique et l’efficacité énergétique. Au niveau de l’EDM on pourra analyser toute implication dans des projets d’explo-ration k

Il y a un large éventail de domaines dans lesquels ce partenariat avec le Maroc prend tout son sens et où l’interconnexion est le pont de liaison de ces deux pays méditerranéens, voire des deux continents.

POLItIquE | entretien

«Nous sommes sur la même longueur d’onde»

Maria rita Ferro, Ambassadeur du

Portugal au Maroc

l’observateur du Maroc et d’afrique: comment évaluez-vous les relations entre le Portugal et le Maroc aujourd’hui ?Maria rita Ferro : L’évaluation que je fais et que font les responsables portugais des relations maroco-portugaises est haute-ment positive. Du point de vue politique, ces relations sont très bonnes grâce, notamment, à la proximité des points de vue des deux pays concernant les ques-tions de politique étrangère et celles liées à l’actualité. Nous sommes sur la même longueur d’onde et nous nous appuyions mutuellement lorsque l’un des deux pays présente une candidature à l’échelle internationale. Au niveau poli-tique, les relations maroco-portugaises sont au beau fixe, indépendamment du parti politique qui est aux rênes du pou-voir, et elles continueront de se porter aussi bien dans l’avenir, j’en suis sûre. Il faut savoir que le Portugal donne une grande importance à ses voisins et nos voisins les plus proches sont le Maroc et l’Espagne. De par notre position géogra-phique, nous sommes très proches des

une plus profonde connaissance de l’autre. Et pour que celle-ci soit pos-sible, il faut aller sur place, découvrir le pays, rencontrer les gens et prospecter les marchés.

comment encouragez-vous les investisseurs marocains intéressés par le Portugal ? Le Portugal fait partie de l’Union euro-péenne ce qui facilite énormément les échanges entre les deux pays. Les règles sont connues des deux côtés. La proxi-mité est un autre facteur déterminant pour tout investisseur, surtout que les com-pagnies aériennes programment des vols quotidiens. La communication est ainsi faci-litée. Nous tenons également à assurer aux investisseurs marocains qui sont intéressés par le développement de projets au Portu-gal que l’ambassade est prête, via sa section économique, à leur fournir les informations nécessaires, à les aider dans leurs pros-pections, à les soutenir dans les différentes démarches et à trouver les partenaires adé-quats tout en facilitant les procédures. Ce sont là de belles opportunités à saisir.

pays du pourtour méditerranéen et de l’Atlantique Sud. C’est pour toutes ces raisons que nous partageons des intérêts et des priorités communes. Sur le plan économique, malgré la présence de plus de 200 entreprises portugaises établies au Maroc et les exportations de 1200 autres vers ce marché, il est certain que nous pourrons aller beaucoup plus loin. Par contre, il n’y pas de grands investis-sements marocains au Portugal, mais ce dernier commence à intéresser vos hommes d’affaires. Il faut reconnaitre, toutefois, que cet intérêt pourrait être beaucoup plus important et plus fruc-tueux.

qu’est-ce qui manque pour que cet intérêt soit plus porteur en se traduisant par des investissements ? Personnellement, je pense que ce qui manque vraiment c’est la connaissance mutuelle. Nous avons un tas d’accords et de protocoles déjà signés qui établissent le cadre légal pour de bonnes relations, que ce soit du point politique ou écono-mique et culturel. Toutefois il manque

La représentante diplomatique du Portugal à Rabat revient sur les relations luso-marocaines, les possibilités de partenariats et d’échange entre les deux pays.

DOSSIER SPéCIAL | maroc - portugal | politique

L’Observateur du 30 septembre au 06 octobre 2016 43du 30 septembre au 06 octobre 2016 L’Observateur42

Le Maroc fut, en 1957, le premier pays arabe et africain à ouvrir une représentation diplomatique à Lisbonne.

« Une vision partagée sur les défis de l’avenir »

KariMa Benyaich,Ambassadeur du Royaume

du Maroc à Lisbonne

l’observateur du Maroc et d’afrique: comment évaluez-vous les relations entre le Portugal et le Maroc aujourd’hui ?Karima Benyaich : Il s’agit de liens ancrés dans cette histoire croisée de deux grandes nations, des liens empreints d’une grande compréhen-sion mutuelle au point de l’excellence qui caractérise aujourd’hui leurs rela-tions bilatérales, tant politique qu’éco-nomique.Il faut rappeler que juste après le recouvrement de son indépendance, le Maroc fut, en 1957, le premier pays arabe et africain à ouvrir une repré-sentation diplomatique à Lisbonne. Et au delà de cette date, les échanges entre les deux Etats remontaient à des siècles auparavant, déjà au XVIIIème siècle, les deux pays ont été liés par un traité de Commerce et de Navigation. C’est dire que les deux pays se connais-saient, à travers leur histoire, sur plu-sieurs plans.Mais l’apogée de ces relations, durant la dernière décennie, n’est, à mon sens, qu’un aboutissement naturel de la volonté de deux pays voisins qui par-tagent, plus que l’histoire; une vision

sur les défis de l’avenir. Une telle convergence a fait que les deux pays ont signé en 1994 un accord d’amitié et de bon voisinage, ayant contribué for-tement au lancement d’une nouvelle dynamique entre les deux bords. En témoignent, depuis, les réunions de haut niveau réalisées entre Chefs de Gouvernement des deux pays et qui sont au nombre de 12 éditions, dont la dernière a été tenue en avril 2015; soldée par la signature d’une série d’accords de partenariat dans tous les domaines. Sur le plan bilatéral, et au plus haut

sommet de l’Etat, les deux pays par-tagent les mêmes visions, sur beau-coup de questions internationales, régionales et se soutiennent mutuel-lement dans le cadre des enceintes internationales, ce qui exprime encore une fois la qualité de cette relation et sa dimension.Effectivement, la dernière décennie était exceptionnelle sur tous les plans. Le volume des échanges avait enregis-tré une augmentation remarquable. Certes, la conjoncture économique a fortement contribué à atteindre des seuils records en termes d’import et d’export. Mais, surtout, ce résultat est la consécration de la volonté des deux gouvernements de renforcer leur rela-tion bilatérale.

s’il faut encore renforcer ces relations, quelles sont les mesures ou les projets à mettre en œuvre ?Les perspectives dans ce sens tiennent à une forte volonté exprimée par les deux pays d’aller de l’avant sur la voie d’un partenariat voulu stratégique. L’objectif est de capitaliser sur cette histoire riche, et de se découvrir autre-ment, mettant l’héritage commun au

s’il faut encore renforcer ces relations, quelles sont les mesures ou les projets à mettre en œuvre ?Ces derniers temps, cette approche s’est développée d’une manière plus accentuée et elle est en train de prendre, de part et d’autre, un rythme assez soutenu et des contacts fructueux. En avril dernier, nous avons eu la dernière Réunion maroco-por-tugaise de haut niveau. Cette dernière a abouti à la signature d’accords concernant les échanges à tous les niveaux. Parmi ces accords, nous avons établi, par exemple, un protocole dont l’objectif est d’appuyer et de soutenir les investissements mutuels. Il établit un Observatoire de l’investissement qui a pour mission de faciliter l’investisse-ment, de le rendre plus attractif, de propo-ser des solutions tout en soutenant les dif-férents projets jusqu’à leur aboutissement. C’est un cadre légal qui devrait faciliter la tâche des entreprises et des investisseurs. Du point de vue des contacts mutuels, l’AICEP, notre Agence qui appuie l’inves-tissement, a promu ces dernières années des contacts directs d’entreprises maro-caines et portugaises. Récemment, au mois de mars, au niveau de l’industrie du mou-lage (secteur automobile), par exemple, nous avons pu travailler avec l’AMICA pour ramener une mission d’hommes d’af-faires portugais représentant huit entre-prises à Tanger. Une visite qui aboutira, sûrement, à d’importants investissements portugais au Maroc et qui sont susceptibles de donner un nouvel élan à l’important sec-teur de l’automobile au Maroc. Nous pro-grammons régulièrement des missions d’hommes d’affaires au Maroc, promues par les associations sectorielles ou par la Chambre du commerce luso-marocaine. D’un autre côté, nous avons travaillé avec la Chambre de commerce Casablanca-Set-tat pour emmener des hommes d’affaires marocains au Portugal en prospection. Il faut dire que les entités représentantes des entrepreneurs, qu’elles soient marocaine ou portugaise (telles la CIP et la CGEM), ont un rôle important à jouer pour instau-rer et surtout renforcer ces liens écono-miques au fort potentiel.

le Maroc et le Portugal sont tous les deux présents en afrique, le Maroc

en zone francophone et le Portugal en zone lusophone. il y a une certaine complémentarité. comment pourront-ils en bénéficier tous les deux ?Je crois que le Portugal et le Maroc ont là une belle occasion de coopération à saisir. Quand les hommes politiques des deux pays se rencontrent, le sujet de la coopé-ration triangulaire est régulièrement mis sur la table. Le Maroc a une connaissance poussée de l’Afrique, spécialement occi-dentale et francophone. Le Portugal, de son côté, est également présent en Afrique surtout dans les pays lusophones. Pour le moment, il y a déjà des entreprises portu-gaises établies au Maroc et qui regardent vers l’Afrique occidentale avec beaucoup d’intérêt, en mettant à profit l’expérience africaine qu’ils ont à partir du Maroc et à travers l’expérience des entreprises marocaines présentes sur le continent. Actuellement, au niveau institutionnel, nous n’avons pas encore eu d’initiatives conjointes mais c’est envisageable dans le futur. Personnellement, j’y crois parce que nos expériences respectives peuvent profiter aux pays africains, que ce soit au niveau des infrastructures, de l’éducation, de la santé ou des services.

le Portugal a une solide assise en amérique latine, y a-t-il une possibilité d’envisager des projets communs avec le Maroc dans cette partie du monde ?Pour le moment, il n’y a pas de projets communs en Amérique Latine. Mais nous avons clairement un intérêt com-mun pour l’Atlantique sud. Le Maroc développe actuellement une poli-tique de diversification de partenaires et l’Amérique Latine fait partie de sa ligne de mire. De son côté, le Portugal a une grande expérience et une bonne connaissance de cette région du monde grâce, notamment, à notre histoire com-mune. Nous avons ainsi de nombreux et importants investissements spécialement au Brésil, en Argentine, en Colombie, au Venezuela et au Chili. Pour l’instant chacun fait « cavalier seul », mais rien n’empêche d’envisager une éventuelle coopération complémentaire dans l’ave-nir. C’est un énorme marché à investir…

les relations politiques et économiques sont bien établies, mais côté culturel il semble que ce n’est pas le cas. Pourquoi ?Pour renforcer la connaissance mutuelle entre les deux peuples nous essayons de développer des liens plus poussés entre les universités marocaines et portugaises. Pour nous, c’est une question primordiale qui est susceptible d’approfondir les rela-tions entre les deux pays et de les rappro-cher encore plus. Nous avons une impor-tante histoire commune et, pourtant, une certaine méconnaissance s’est installée avec le temps. Aujourd’hui, nous essayons d’y pallier par différentes actions cultu-relles. Le Tourisme a un rôle primordial à jouer pour effacer cette distance «cultu-relle», les partenariats économiques mais aussi les échanges universitaires luso-ma-rocains qui sont déjà assez soutenus et impliquent des échanges d’étudiants et aussi de doctorants. Récemment une réunion a eu lieu à Lisbonne entre rec-teurs portugais et présidents d’universi-tés marocains concernant la mobilité des étudiants, l’équivalence des diplômes, l’échange de chercheurs et la coopération scientifique. Un centre culturel portugais existe à Rabat, il est abrité à l’ambassade mais, malheureusement, ce n’est pas l’em-placement idéal… Nous essayons, pour cette raison, de mener des actions ailleurs, telles la Semaine du cinéma portugais et lusophone ou la Journée de la Langue por-tugaise. Des artistes portugais participent régulièrement aux festivals marocains, en plus de la programmation de nombreuses expositions artistiques et de rencontres scientifiques, par exemple sur l’histoire commune des deux pays k

Le Portugal donne une grande importance à ses voisins et nos voisins les plus proches sont le Maroc et l’Espagne.

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L’Observateur du 30 septembre au 06 octobre 2016 45du 30 septembre au 06 octobre 2016 L’Observateur44

profit d’une relation tournée vers une meilleure exploitation des potentia-lités économiques existant dans les deux pays. Pour cela, la diplomatie économique a tout un rôle à jouer pour consolider ces relations. Cela dit, le cadre légal bilatéral, la com-munication autour des opportunités d’investissement et sur les stratégies sectorielles de notre pays, et surtout sur sa vocation de pont entre l’Europe et l’Afrique via son positionnement géographique, ses infrastructures et sa stabilité politique, sont autant d’instru-ments que nous manions pour renfor-cer davantage ces relations.A ces démarches s’ajoute une impli-cation permanente des institutionnels et des agences dédiées, ainsi que des opérateurs économiques marocains et portugais, notamment par des ren-contres régulières, leur permettant d’investir de nouvelles pistes de coopé-ration et de partenariat. A juste titre, les forums économiques et les missions d’affaires, de part et d’autre, ont connu une évolution qualitative et quantita-tive remarquable ces dernières années. La Chambre de Commerce et d’Indus-trie luso-marocaine, d’ailleurs l’unique institution arabe à caractère bilatéral au Portugal, se déploie à cette fin. De même que la création, tout récemment, d’une Chambre similaire au Maroc constituera un nouvel instrument de soutien à même de donner une forte impulsion à la promotion économique dans les deux sens.Sur un plan bilatéral, une nouvelle structure vient de voir le jour en 2015, il s’agit de l’observatoire de l’investisse-ment. Cette nouvelle institution, dont l’installation est aujourd’hui effective, permettra d’orienter les opérateurs dans les deux pays, et servira de plate-forme de débat sur les questions de fond pour améliorer la visibilité d’in-vestissement des deux côtés. Aussi, le développement de projets structurants et stratégiques, comme l’interconnexion électriques, sont à même d’insuffler une dynamique de progrès vers des partenariats solides. De même, les fora économiques à

caractère bilatéral méritent une atten-tion particulière, comme outil efficace de rencontre directe entre opérateurs économiques. Pour assurer la péren-nité de cet espace, il serait grand temps de penser à son institutionnali-sation, et pourquoi pas d’y intégrer une dimension africaine. Si le Maroc se positionne en deuxième partenaire du Portugal en Afrique, et son premier client et fournisseur (en dehors des hydrocarbures), cela explique, en amont, l’intérêt de mettre en oeuvre des instruments novateurs pour renforcer ces acquis.

comment le Maroc est-il perçu au Portugal ?Le Portugal accorde une grande impor-tance à ses relations avec le Maroc, et cet intérêt se traduit visiblement dans la politique étrangère de ce pays voi-sin, qui fait de notre pays l’un des ses axes prioritaires. Les potentialités de l’économie marocaine et les grands chantiers lancés par notre pays sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi que Dieu L’assiste, sont suivis de très près ici au Portugal. Les différentes stratégies développées par notre pays et ses orientations suscitent également, et de plus en plus, d’intérêt. Donc la perception du commun des Portugais est très positive en vue des réformes profondes que notre pays ne cesse de connaître, faisant de lui un modèle de stabilité et une exception dans la région.

comment le Maroc pense-t-il agir pour mieux faire connaître le royaume aux Portugais ?Le Label Maroc est un défi majeur qui unit les efforts des institu-tionnels marocains autour d’ob-j e c t i f s c l a i r s a f i n d e m i e u x « vendre » le Maroc, et le Portugal ne déroge pas à cette ambition. La présence à Lisbonne d’une repré-sentation de l’Office National Maro-cain du Tourisme, depuis déjà une trentaine d’années, a rendu possible le contact entre les différents opé-rateurs touristiques et a largement aidé à présenter au mieux le marché marocain. Dans ce cadre, le Maroc demeure un grand fidèle de la bourse du tourisme au Portugal (BTL). Cela étant, il est plus question d’encoura-ger les tours opérateurs à identifier des circuits qui feront le bonheur des touristes portugais.Ce sont là, de profondes raisons qui ont convaincu plus de 63.000 tou-ristes portugais de choisir en 2014 le Maroc pour leurs vacances et en 2015 le nombre serait en nette progres-sion. Les tendances pour l’année en cours sont prometteuses, alors que l’ONMT vient de conclure une nou-velle convention avec le transpor-teur arien portugais TAP pour le renforcement de ses dessertes vers le Maroc à partir de juillet prochain, en doublant sa capacité, passant d’un seul vol par jour à deux, et de 22.000 sièges à 47.000 soit une progression de 106%, ce qui aidera certainement les tours opérateurs à s’ouvrir sur de nouvelles destinations comme la ville d’Agadir.De même, les efforts du transpor-teur national, Royal Air Maroc, ont eu des impacts positifs sur l’amé-lioration des flux de voyageurs por-tugais vers le Maroc. Celui-ci vise à doubler également sa capacité pour passer en 2016 à 10 vols par semaine Lisbonne-Casablanca, pour une offre prévue de 120722 places. Ces efforts ont fait que le Maroc est actuellement la première destination des Portugais en Afrique du nord k

Le développement de projets structurants et stratégiques, comme l’interconnexion électriques, sont à même d’insuffler une dynamique de progrès vers des partenariats solides.

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« Objectif : augmenter le poids des exportations dans le PIB »

l’observateur du Maroc et d’afrique: comment se présente la balance commerciale du Portugal ? Miguel Frasquilho : Les exportations portu-gaises évoluent de façon positive, mais nous voulons plus.L’un des plus grands objectifs du Portugal, est d’augmenter le poids des exportations dans le PIB, qui, en 2015, se situait à envi-ron 40%. Nous voulons nous approcher du registre des pays européens semblables, comme c’est le cas de l’Autriche, la Belgique, le Danemark, la Slovaquie, la Hongrie, l’Ir-lande et la République Tchèque qui ont tous, sans exception un poids supérieur à 50% du PIB. Relativement à l’évolution de la balance commerciale portugaise, il est à souligner qu’elle a été positive en 2015, avec les exportations de biens et services qui sont arrivés à 74,1 mille millions d’eu-ros, ce qui représente une augmentation de 4,7%, par rapport à 2014. Les importa-tions ont totalisé 71 mille millions d’euros, et ont augmenté de 3,2% par rapport à l’an-née précédente. Le solde commercial était, ainsi, positif avec 3,1 mille millions d’euros, en comparaison avec 2 mille millions en 2014. La principale destination des expor-tations portugaises reste l’Union Euro-péenne, qui a représenté, en 2015, 70,8% du total exporté, en tête l’Espagne, suivie par la France, l’Allemagne et le Royaume Uni. Les

pays hors Union Européenne représentent, pendant la même période, 29,2%, avec en cinquième position les Etats Unis d’Amé-rique, et l’Angola en sixième, constituant les principales destinations extracommu-nautaires des exportations portugaises. Le Maroc est dans le top 20 des pays vers lesquelsle Portugal exporte le plus, occu-pant ainsi la 14° position avec un potentiel d’accroissement.quelle est la part de l’afrique dans les exportations portugaises ? L’Afrique a représenté 9,5% des exporta-tions totales portugaises en 2015, avec l’An-gola en sixième position et le Maroc en qua-torzième position. En 2014 le pourcentage était de 11,3%. Ceci reflète la situation que vivent certains pays africains, en particulier l’Angola, résultat de la crise pétrolière.quels sont les secteurs les plus dynamiques à l’export ? Le tourisme et services, machines et appa-reils, véhicules et matériel de transport, plastique et caoutchouc, métaux communs, vêtements, produits agricoles, combus-tibles minéraux, pates de cellulose, papier et chimiques sont les secteurs les plus dynamiques des exportations.comment le Portugal et le Maroc pourraient-ils réunir leurs efforts pour investir en afrique? Nous savons qu’il existe plusieurs pays

africains, spécialement en Afrique Occi-dentale, avec lesquels le Maroc entretient d’excellentes relations, tant au niveau politique qu’économique. Et que, au cours des dernières années de grands investisse-ments ont été réalisés par des entreprises marocaines qui ont acquis plusieurs pro-jets d’investissement, et ont aussi établi plusieurs accords de coopération dans le secteur public. Nous savons que ceci n’a été possible que grâce au travail de proximité que le Maroc a réalisé avec ces pays. Nous croyons en la possibilité de créer davantage de synergies entre nos deux pays dans ce domaine, à travers la création de partenariats, aussi bien au niveau privé que public, pour la réalisation de quelques pro-jets, dans des pays où, traditionnellement, le Portugal et les entreprises portugaises, en général, ont un know-how, qui peut être un plus pour réaliser ces projets.D’autre part, certainement, le Maroc aura un intérêt concret dans le développement de partenariats qui puissent permettre aux entreprises marocaines d’aborder les pays africains de CPLP et le Brésil, où le Portugal a déjà une importante présence entrepreneuriale et des liens historiques très forts. Je suis sûr que les synergies avec le Maroc sont très importantes pour les deux pays et doivent continuer à être renforcées k

Dans l’entretien qu’il nous a accordé Miguel Frasquilho, président de l’AICEP, revient sur la santé de l’économie portugaise, mais aussi les prometteuses perspectives qu’offre le renforcement des relations luso-marocaines. Pas uniquement dans une dimension bilatérale, mais aussi dans un esprit de triangulation vers l’Afrique.

Miguel Frasquilho, Président de l’AICEP

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«Le financement est notre priorité»

antonio saraiva, Président de la CIP

l’observateur du Maroc et d’afrique: la confédération des industries portugaises est un acteur majeur de l’économie. comment a-t-elle évolué ?antonio saraiva : La majorité des entre-prises portugaises est constituée de PME. La structure économique portugaise est plutôt basée sur les services. Côté emploi, plus de 75 % de la main d’œuvre est employée dans ce secteur, environ 21% dans l’industrie et seulement 2% dans l’agriculture et la pêche. Quant à la CIP, sa structure de base est l’industrie mais à partir de 2011, la confédération s’est ouverte à tous les secteurs. Démarrant ses activi-tés en tant qu’association défendant le libre échange et le secteur privé, la confédéra-tion regroupera plus tard les chambres de commerce et les associations sectorielles. A la CIP, nous avons toujours défendu l’idée d’investir et de développer davan-tage l’industrie. Le Portugal considère ce secteur comme le levier de sa croissance économique et de la création d’emploi. Il faut dire qu’après les dernières années marquées par le déficit budgétaire dû aux effets de la crise, la situation commence à s’améliorer grâce à une dynamique éco-nomique soutenue. Aujourd’hui, la CIP est la confédération nationale la plus forte avec 50.000 entreprises sous sa houlette et l’emploi de 5 millions de travailleurs. La confédération est un important partenaire social au niveau national mais également européen. On est la seule confédération

portugaise membre de la Business Europe et la CGEM figure parmi nos partenaires privilégiés. Nos cinq premiers marchés sont l’Espagne, l’Allemagne, l’Angleterre, la France et l’Angola. Le Maghreb lui repré-sente 2.8 %.

le Maroc a-t-il sa place dans cette dyna-mique ?Sûrement, toute la région maghrébine est dans notre ligne de mire. Aujourd’hui, ça représente 2,8% de nos marchés extérieurs mais c’est appelé à se développer à l’avenir. Tenant compte de la situation politique dans certains pays de la région, le Maroc a une place de choix. D’ailleurs le premier pays qui a signé un accord avec la CIP reste le Maroc via la CGEM et ce n’est pas un hasard. C’est justement parce que nous avons jugé que le Maroc est le plus intéressant et le plus attrac-tif de la région pour l’entreprise portugaise. Et ceci non seulement en termes d’exporta-tions, mais également en termes d’investis-sements. D’importantes entreprises (indus-trie pharmaceutique, construction…) sont déjà présentes sur le sol marocain, d’autres suivront certainement. Nous y travaillons. L’important développement que connait le Maroc encourage de plus en plus d’entre-prises portugaises. Si le projet des liaisons maritimes entre le Sud du Portugal et le Nord du Maroc aboutit, ça sera un grand pas vers une dynamisation encore plus importante des relations commerciales et économiques entre les deux pays k

Le puissant patron des patrons portugais nous rapproche du climat d’affaires au Portugal, des problèmes, mais surtout des belles perspectives qui pointent à l’horizon.

LiSbonne à L’heure Du web SummitLe Rendez-vous est donné : en novembre prochain, Lisbonne accueillera l’édition 2016 du Web summit. L’un des événements les plus importants dans le domaine des technologies, le Web sum-mit révèlent les prochaines tendances tout en dévoilant les projets les plus innovants. Pour cette nouvelle édition, l’événement a élu domicile à Parque das nações, en plein cœur du quartier qui a accueilli en 1998 l’exposition universelle de Lisbonne. «ca n’a pas été une déci-sion facile de déménager le Web sum-mit de son domicile irlandais pour aller à Lisbonne. nous partons parce que nous voulons passer à l’étape suivante de notre croissance internationale», expliquait sur son blog, Paddy cosgrave, le fondateur du Web summit. un changement qui devrait, selon ses initiateurs, insuffler un nouvel élan à l’événement qui s’apprête à ras-sembler 30.000 participants venant de différents pays. Rappelons que Lisbonne a été choisie entre plusieurs capitales euro-péennes, pour la qualité de ses infrastruc-tures hôtelières, de son transport, et de son importante capacité d’accueil.

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« Je suis confiant quant aux promesses qui se dessinent à l’horizon »

José Maria teixeira, Président de la Chambre de commerce du Portugal

l’observateur du Maroc et d’afrique : quel regard portez-vous sur les relations maroco-portugaises, à l’aune notamment de leur histoire ?José Maria teixeira : L’ancrage historique des relations bilatérales entre le Maroc et le Portugal devrait servir pour donner un nouvel élan pour l’avenir. Les opportunités ne manquent pas, mais il faut que les opé-rateurs des deux pays se rencontrent et se connaissent mutuellement.qu’est-ce qui freinerait, à votre avis un tel élan ?Je pense que c’est la méconnaissance qui freine une dynamique ouverte et promet-teuse, en vue d’élargir les formes de partena-riat tout en boostant les échanges commer-ciaux. D’ailleurs, au niveau de la Chambre, nous nous activons pour réduire le gap psycho-logique. Et ce, à travers, notamment, les dif-férentes rencontres que nous organisons, ainsi que les missions d’hommes d’affaires. L’objectif étant d’accompagner et d’aider à la concrétisation de partenariats à travers les investissements, d’un côté comme de l’autre.si on revient sur la dimension bilatérale,

quel serait le meilleur moyen pour rapprocher davantage les deux pays ? A mon avis, s’il y a un secteur qui peut constituer un réel moteur pour une meil-leure connaissance entre les deux pays, ce serait bel et bien le tourisme. D’autant plus que cela permettrait de découvrir à la fois la richesse culturelle dans les deux sens, de la même manière qu’il permettrait de décou-vrir le niveau de développement et les dyna-miques qui se meuvent dans les deux pays. D’autant plus que les a priori demeurent prégnants et risquent d’entamer la nouvelle dynamique qu’on voudrait insuffler au par-tenariat luso-marocain. D’ailleurs, je me réjouis à chaque fois d’ap-prendre qu’un bon nombre de Marocains, membres de la chambre, reviennent sou-vent charmés par le Portugal, de même que les Portugais qui visitent le Royaume repartent séduits. Maintenant, l’objectif partagé est de dépas-ser le 1 milliard d’euros au compteur des échanges commerciaux entre nos deux pays. Et j’ai la conviction que nous pou-vons prétendre à beaucoup plus pour peu que la volonté exprimée au niveau

des gouvernements des deux pays d’aller de l’avant, se traduise dans la démarche des opérateurs. N’empêche, et malgré la modicité des échanges, je suis confiant quant aux pro-messes qui se dessinent à l’horizon. D’autant que les choses évoluent de mieux en mieux, de même que la confiance mutuelle dans un avenir meilleur est palpable dans les commu-nautés d’affaires des deux Etats.etes-vous optimiste quant à l’avenir de ce partenariat. et ne pensez-vous pas que les opérateurs des deux pays pourraient opter pour une triangulation dépassant le cadre bilatéral pour embrasser le continent africain ? Je suis convaincu que la proximité historique, mais aussi géographique milite en faveur de l’optimisme quant à la possibilité d’élargir le champ de la coopération économique, notamment bilatérale. Voire au-delà. Je pense que les opérateurs des deux pays peuvent, à terme, regarder ensemble vers le continent africain. Et la Chambre de commerce est justement là, en tant que facilitateur pour dégager les horizons pour les uns et pour les autres, notamment en jetant les ponts entre les deux rives de la Méditerranée.k

José Maria Teixeira, président de la Chambre de commerce du Portugal, partage avec L’Observateur du Maroc et d’Afrique cette conviction : les relations entre le Portugal et le Maroc sont promises à un meilleur avenir.

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Tourisme Portugal, pays de charme Fort d’un énorme potentiel naturel et d’un riche patrimoine culturel, le Portugal constitue l’une des destinations les plus prisées en Europe.

Rien qu’en 2015, le Portugal a accueilli 17,4 millions de touristes avec un total de nuitées de l’ordre de 48,9 millions. Les recettes, elles, avoisinent les 12 milliards d’euros. Le secteur du tourisme se porte bien au Pays de Vasco de Gama et ces chiffres en

perpétuelle évolution ne font que le confirmer. «Nous avons le privilège de profiter d’un doux climat, nous dis-

posons d’une bonne qualité des espaces publics, une très belle nature doublée d’une grande qualité environnementale, nos ressources humaines sont hautement qualifiées et l’atout le plus important reste que le Portugal propose un très bon rapport qualité/prix à tous les niveaux », explique, avec fierté, Luis Araujo, Président de Tourismo de Portugal.

Des atouts qui seront selon le responsable, les principaux piliers de l’attractivité touristique de son pays. Mais pas seu-

lement, car le Portugal déploie depuis des années des efforts soutenus pour développer sa compétitivité dans un marché de plus en plus concurrentiel. En plus de sa stratégie, efficacement payante, de promotion et de lancement d’événements interna-tionaux sur son sol (telle l’Exposition universelle de Lisbonne 1998), le pays s’est lancé dans une démarche à grande échelle de modernisation des organismes publics et privés. «Pour une meilleure efficacité», rajoute-t-on à Tourismo de Portugal. D’im-portants efforts qui donneront leurs fruits en facilitant l’accès à un marché européen de plus de 495 millions d’habitants. Ceci sans parler des autres pays émetteurs en Amérique Latine, en Amérique du Nord et en Asie.

Membre de l’UE depuis 1986, la superficie du Portugal ne dépasse pas 92.225 km2 avec 2 585 km de côtes. Pourtant le pays est un beau concentré touristique au grand potentiel attractif et

La science au service de l’industrie

Installée dans une bâtisse aux lignes épurées au cœur de la zone indus-trielle, les locaux Centimfe ont les allures d’une ruche en pleine activité. Avec ses différents laboratoires, cette

association atypique ne fait pas les choses à moitié : C’est ici que l’industrie de plastur-gie portugaise puise ses idées novatrices et affine sa compétitivité. « Centimfe, c’est à la fois une association qui réunit 200 entreprises et un centre technolo-gique dont l’action est axée sur la fabrication de moules, l’outillage spécialisé et les indus-tries plastiques. Dans un contexte économique de grande compétitivité et avec l’évolution technologique de plus en plus rapide, ce centre trouve toute sa légitimité», nous explique Rui Tocha, Directeur général de Centimfe (Technological Center for Mouldmaking, special Tooling and plastic industries). Fondée en 1991, CENTIMFE rassemble aujourd’hui des entreprises industrielles, des institutions publiques, telles que IAPMEI (Institut d’appui aux investis-sements et à la PME), INETI (Institut de génie et technologie industrielle), IPQ (l’Institut portugais pour la qualité) et les conseils municipaux de Marinha Grande et Batalha, ainsi que des organismes privés spécialisés tels que CEFAMOL (Associa-tion nationale de l’industrie du moulage) et l’APIP (Association nationale de plas-turgie). L’activité de CENTIMFE dépasse le soutien technique et de la formation technologique, elle incarne une approche intégrée et large pour une compétitivité industrielle plus renforcée. Guidée par une

politique d’excellence technologique et des normes de qualité élevées, CENTIMFE est certifié selon les normes NP EN ISO 9001 pour la fourniture de services dans plu-sieurs domaines. «Centimfe est un fournisseur de solutions. Avec sa section technologique, le centre est fortement impliqué dans le développement de projets industriels compétitifs. Grâce à sa nature inte-ractive et dynamique, l’association avec son centre technologique est une véritable ruche d’innovation industrielle. Elle est également un partenaire clef dans le développement de pro-jets structurants et stratégiques pour l’indus-trie du moulage et de la plasturgie», rajoute le responsable. Grâce à ce centre techno-logique, les entreprises peuvent à la fois innover, expérimenter et mettre en œuvre

de nouvelles solutions tout en diffusant ce savoir-faire et ses nouvelles décou-vertes. «Et c’est là l’essence même de cette initiative qui date de 25 ans aujourd’hui: La croissance et le développement durable de l’industrie grâce à la recherche scientifique», insiste Rui Tocha qui nous rappelle par la même occasion l’expérience pionnière de la Centimfe dans l’implication des enfants dans le processus créatif. «Nous pensons aussi à l’avenir et le centre organise régulièrement des ateliers et des formations spécifiques pour des enfants et des élèves d’écoles. Cette initiative nous a déjà permis de détecter des petits génies d’avenir. Certains ont même découvert leur vraie vocation et se sont d’ores et déjà orientés vers les formations adéquates», conclut-t-il k

Expérience inédite, Centimfe est une association qui réunit industriels et chercheurs scientifiques autour de l’innovation.

centiMFe

l’interaction entre la science et l’industrie fait la force de cette dernière.

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mAgpower, Le SoLeiL comme Ami

StArtup LiSboA, L’incubAteur

AmA, moDerniSer L’ADminiStrAtion

société Portugaise novatrice, magpower développe et industrialise une technologie novatrice appelée mag-sun, cPv (concentrated Photovoltaics). Reconnu internationalement comme l’un des acteurs majeurs de l’industrie cPv, magpower doit sa notoriété au projet européen neR 300 de 24mWp. magpower assemble sa technolo-gie dans son usine portugaise dont la capacité annuelle avoisine 50mW. une technologie à succès qui a été installée dans plusieurs régions du monde depuis 2007 incluant plus de 7 ans de produc-tion au-dessus des attentes. notons que la stratégie de l’entreprise consiste à proposer des solutions complètes clé-en-main incluant, à la carte, financement, fourniture des équipements, installation et maintenance des centrales solaires. magpower déploie ses installations prin-cipalement en europe du sud, afrique du nord, usa et en Inde.

startuP lisBoa est un incubateur pour les jeunes entreprises en démarrage. Basé en plein centre-ville de Lisbonne, il occupe deux bâtiments historiques avec des espaces de travail pour accueillir les entreprises investissant dans les nou-velles technologies, le commerce et le tou-risme. né de la volonté des citoyens, en étant l’un des projets les plus votés lors d’un concours d’idées pour le Budget Participatif de Lisbonne, cette initiative de la municipalité de Lisbonne a été fondée en 2011. en tant qu’as-sociation à but non lucratif, startup Lisboa soutient le développement et la croissance des start-up incubées, en les aidant à attirer les investisseurs au niveau national et même international. son modèle d’incubation com-

prend l’attribution d’espaces de travail avec un coût infé-rieur à la valeur de marché. en outre, startup Lisboa éta-blit un lien avec des mentors (fondateurs, chefs de la direction,

de spécialistes) pour aider les entrepreneurs à développer leur entreprise; donne accès à des partenariats, relie les entrepreneurs à des investisseurs de capital-risque et d’autres sources de financement. ceci tout en favori-sant le partage entre les entrepreneurs et les événements netwokirng, comme des ateliers et des séances de mentorat connaissances. un important nombre de startups portugaises à succès ont fait leurs débuts entre les murs de cette bâtisse historique.

la ProxiMité, la participation et l’inte-raction ce sont les maitres mots de l’ama (agence pour la modernisation adminis-trative). Institution publique, l’ama a pour objectif la modernisation et la sim-plification administrative à travers des services entièrement électroniques. sa mission est d’identifier, de développer et d’évaluer les programmes, projets et actions de modernisation et de simplifi-cation administrative et réglementaire. avec son outil phare le « Portail citoyen », ama vise à faciliter la relation entre les citoyens et l’état portugais via un canal d’accès privilégié aux différents services fournis par le gouvernement. ce portail dispose de plus de 905 services dispo-nibles pour un total de 161 organismes publics et entités. avec environ 2 millions de visites mensuelles et un volume d’uti-lisateurs actifs de l’ordre de 300 000, ce portail est un véritable succès.

succes stories

fADo,mon AmourLe fado ou «Le blues portugais» est une composante majeure de l’identité culturelle et artistique du Portugal. véritable symbole musical, ce chant profondément lyrique représente l’une des plus belles attractions touristiques et artistiques du Portugal. Prin-cipalement ancré à Lisbonne, mais aussi à Porto (et à coimbra sous une forme diffé-rente), le fado trouve l’origine de son nom dans le mot latin «fatum» signifiant «fatalité ou destin». chantées sur les mélodies tan-tôt mélancoliques tantôt joyeuses de cordes pincées par des voix sublimes, le fado est un autre voyage qui s’offre aux visiteurs du pays de vasco de Gama. au programme de nombreux restaurants et autres lieux de spectacles, les concerts de fado sont des moments solennels mariant magie des voix, virtuosité des mélodies et beauté des mots. en novembre 2011, le fado a été finalement reconnu en tant que Patrimoine immatériel de l’Humanité par l’unesco.

ceci sur plusieurs segments. Avec 800 monuments nationaux, 142 musées nationaux et 15 sites classés Patrimoine mondial par l’UNESCO, le Portugal est une belle destination pour le tourisme culturel et historique. Sans oublier son riche patrimoine immatériel constitué du Fado et du Cante Alentejano, musiques traditionnelles portugaises en plus de la diète méditerranéenne basée sur les produits de mer et de terroir assaisonnés généreusement par l’huile d’olive locale.

La nature exceptionnelle du pays lui confère également un charme par-ticulier et en rajoute à son attractivité en termes de tourisme vert. Avec un patrimoine naturel diversifié et jalousement préservé, le Portugal c’est plus de 24 sites protégés constituant 8% du territoire continental. Des grands parcs nationaux et autres réserves naturelles proposant une grande richesse de flore et de faune aux touristes friands de découvertes avec plein d’activités

et de divertissements tels les randonnées, le Canyoning et autres escapades naturelles. Autre attraction du pays et pas des moindres: les plages et le soleil. Considérées comme les mieux préservées d’Europe, les plages portugaises sont en plus labélisées «accessibles» avec 203 sites. Bien équipées, ces dernières mettent à la disposition des touristes 277 stations balnéaires de qualité et 50 marinas et ports de plaisance. Au Sud, la région de l’Algarve accueille, aujourd’hui, une grande partie des visiteurs du Portugal. Dotée de belles plages délimitées par des falaises aux reflets dorés, des îles presque désertes et des petites baies nichées entre les rochers, la région est incroyablement gâtée par la nature. La variété d’activités, de divertissements et de sports nautiques proposés par les différents acteurs touristiques en rajoutent au charme de cette partie du pays.

Toujours dans ce sens, le Portugal en général, et la région d’Algarve en particulier (avec 44% de terrains), est considéré comme une excellente destination pour le tourisme golfique. Plus de 90 terrains de golf dessinés par des architectes de renommée internationale (tels Robert Trent Jones Jr, Nick Faldo et Ballesteros), font le bonheur des golfeurs professionnels et amateurs venant en masse pour profiter des beaux cours et du beau temps. Ce dernier constitue d’ailleurs un avantage de taille pour le Portugal et en fait la 10e principale destination mondiale pour l’acquisition de résidences (principales ou secondaires). Pour Luis Araujo, Président de Tourismo de Portugal, cet engouement est dû principalement au climat, aux ressources naturelles, à l’aptitude des Portugais pour les langues étrangères, à l’exis-tence d’écoles internationales, au système de santé développé, à la sécurité du pays et surtout à la grande hospitalité des Portugais.

Si le tourisme ordinaire constitue le plus gros des recettes, le tourisme d’affaires n’en est pas moins important. Classé mondialement par ICCA, comme la 15e destination sur 111 pays, avec 229 réunions en 2014, le Portugal

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mArvão L’héritAge ArAbe Dans l’alenteJo, près de la frontière espagnole, le petit village de marvão ou Ibn marouane est perché à 900 m d’al-titude. une merveille historique et un bel héritage de la présence arabo-musulmane au Portugal. un joli village lové jalouse-ment entre de hautes murailles résis-tant à l’usure du temps et de la nature. La citadelle de marvão, incroyablement bien conservée, abrite un impressionnant musée et un très beau jardin d’époque. surnommée le nid d’aigle, marvao est situé de façon spectaculaire sur l’un des sommets de la serra de são mamede (saint mohamed). une position straté-gique qui faisait du village, autrefois, une importante sentinelle surveillant la fron-tière avec l’espagne. construites avec du granite, les imposantes murailles forti-fiées de marvão s’harmonisent parfaite-ment avec le paysage rocheux alentour. en plus de ses petites merveilles de tourisme culturel, marvao propose à ses visiteurs la possibilité de faire de longues randonnées dans la vallée et dans les montagnes qui offrent de beaux paysages durant toute l’année. La cuisine locale, concoctée avec des produits de terroir gouteux, est un pur délice qui ravit les papilles. Plus loin, en bas de la montagne amaia, l’an-cestrale ville romaine et son musée sont également de belles attractions pour les visiteurs de marvão. un bijou historique qui attire chaque année des milliers de touristes venant à la découverte d’une histoire grandiose tout en passant de bons moments lors des différents festi-vals artistiques proposés par la mairie innovante de marvão. entre musique, histoire et autres attractions artistiques et culturelles, ce petit village est un beau concentré de plaisir touristique intelli-gemment conçu.

se réserve une place de choix au classe-ment européen en occupant la neuvième place. Un classement honorable pour le pays qui se confirme par les chiffres se référant au taux de satisfaction des tou-ristes. Ainsi, d’après une étude sur la satisfaction des touristes datant de 2014, 86% des touristes sont très satisfaits de leurs vacances au Portugal, 43% affir-ment que leurs attentes ont été dépassées et 89% indiquent vouloir revenir dans un délai de 3 ans. Des chiffres qui se passent de commentaires et qui expliquent en par-tie la constante croissance des recettes et du nombre de touristes attirés par la des-tination portugaise. « Les Marocains de leur côté commencent à découvrir la destination et surtout à l’apprécier. D’après les responsables portugais, l’intérêt des touristes marocains ne cesse de grandir et se traduit par une nette évolution en enregistrant une croissance de l’ordre de 10% des arrivées et de 75% des recettes. «Ca ne fait que commencer. Nous prévoyons une plus importante croissance pour les années qui viennent. Nous allons y veiller », affirme, confiant, le responsable portugais k

52 L’Observateur du 30 septembre au 06 octobre 2016 53du 30 septembre au 06 octobre 2016 L’Observateur

chAmpALimAuD LA SAnté Au cœur De LA recherche au BorD Du tage, près de la fameuse tour de Belem à Lisbonne, la fondation champalimaud a élu domicile dans un bâtiment aux allures futuristes. dessiné par l’architecte indien charles correa, la fondation abrite un centre de recherche et de développement et une clinique du jour du cancer et bientôt un hôpital d’internement. La lutte contre le cancer et un programme de neuro- science sont au cœur des recherches avancées menées par les médecins et les chercheurs de champalimaud. doté déjà d’un centre médical, la nouvelle aile permettra en effet l’hospitalisation en situ des patients atteints de cancer et ayant subi une intervention chirurgicale. avec une superficie de 3200 mètres carrés, le centre propose 26 chambres simples d’hospitalisation, deux unités de soins intensifs et cinq salles de réveil réparties autour de trois salles d’opéra-tion. Rappelons que la fondation cham-palimaud est une onG dont la mission première est la recherche et le traite-ment contre le cancer. accueillant à peu près 15.000 patients par an, le centre est ouvert aux patients portugais mais éga-lement étrangers. de nombreuses avan-cées médicales et scientifiques ont vu le jour entre les murs de cette fondation née de la volonté d’un homme d’affaires bienfaiteur.

peStAnAL’expAnSion Aux couLeurS portugAiSeS

SovenAun LeADer monDiAL

viSion boxLeADer novAteur

actiF DePuis 1972, le groupe Pestana développe son activité principalement dans le secteur touristique mais développe égale-ment des intérêts dans l’industrie et dans les services. aujourd’hui, Pestana est considéré comme le plus grand groupe portugais dans le secteur du tourisme avec 42 unités hôtelières sur 3 continents. au maroc, le groupe est déjà présent à travers Pestana casablanca anfa Place avec ses 73 suites. un investissement fructueux, d’après José Roquette, directeur développement au groupe Pestana. «Ca nous a d’ailleurs encouragé et conforté dans notre choix d’expansion au Maroc. Actuellement, le groupe se penche sur le projet Pestana Marrakech qui sera domicilié à l’ancien Club Med complètement rénové par nos soins», annonce le responsable. un autre projet Pestana maroc, toujours dans le sud du pays, serait également en gestation ; cette fois-ci en partenariat avec la star du foot-ball Ronaldo. a suivre.

L’un des LeadeRs mondiaux du secteur de l’huile d’olive avec un chiffre d’affaires de plus de 768 millions d’euros, sovena est un véritable champion portugais. au-delà de son fort apport économique au Portugal, le groupe est un véritable conquérant. avec des investissements importants en europe notamment en espagne et en france, en amérique Latine et en afrique, le groupe développe une redoutable stratégie d’ex-pansion à l’international. au maroc, sovena a lancé en 2006, un important projet d’oléi-culture à el Kelâa des sraghnas. Baptisé «soprolives», ce projet intégré basé dans la commune de tamellalt a nécessité un inves-tissement global de 120 millions de dirhams.

« Vision box est une société portugaise privée qui était à l’origine un spin off d’un institut de recherche et de développement dans le monde de la défense. Sa spé-cialité est tout ce qui a trait à la transmission d’image et la reconnaissance biométrique», c’est en ces mots que Jean-françois Lennon, vice-président, global Business development & sales, présente l’une des plus belles success stories portugais en termes d’innovation technologique. fondée par deux scientifiques, un docteur en physique et un ingénieur en aérospatial, l’entreprise a été lancée en 2001 dans un marché de niche en pleine expansion: Le contrôle automatique aux frontière et la gestion identitaire. en 2012, vision Box, ne comptait que 80 employés avec un chiffre d’affaires ne dépassant pas les 10 millions d’euros. «Aujourd’hui, on en est à 35 millions d’eu-ros et nous comptons 280 employés. Nous sommes détenteurs de nombreux brevets que ce soit dans la partie logiciel et ou matériel physique», rajoute avec fierté le jeune vice-président.

motA engiL conStruire L’Avenir FonDée en 1946 par manuel antónio da mota, l’entreprise a démarré son activité dans un pre-mier temps en angola. son premier contrat au Portugal se concrétisera en 1975. en 2000, la famille mota acquiert engil, fusionne mota & cia et engil et devient leader au Portugal non seulement pour le Génie civil, mais aussi pour la gestion des déchets et plus tard, en 2006, pour la gestion des ports. durant ces 10 dernières années, mota-engil fait une croissance phéno-ménale (fois 9) hors du Portugal, avec l’afrique et l’amérique latine comme principales cibles de sa stratégie d’internationalisation. sur le territoire européen, le leader portugais occupe une posi-tion de premier choix et fait actuellement partie du lot des 30 principaux groupes économiques européens dans le domaine du Génie civil.

avec un porte-feuille de commandes de l’ordre de 919 millions d’euros et un chiffre d’affaires de 994 millions d’euros en 2015, le groupe se taille la part du lion en afrique. marché familier pour le groupe, l’afrique s’accapare une bonne partie des investissements du groupe.

nAvigAtor, A LA conquête Du monDe

tRoIsIème socIété exportatrice au Portugal, navigator company représente 1% de son PIB. Groupe intégré verticalement, navigator produit des arbres, de la pate à papier, de l’énergie électrique et différents types de papier. «Ce qui nous distingue des autres, c’est cette présence sur l’ensemble de la chaine de production. Avec notamment une acti-vité de recherche scientifique aussi bien sur le volet forêt et amélioration géné-tique des arbres que sur le volet déve-loppement du processus de production ou encore la recherche concernant les applications novatrices des fibres», nous explique diego da silveira, directeur général navigator com-pany. Représentant 3% des expor-tations du pays, le groupe a aussi une importante présence inter-nationale dans pratiquement 130 pays dont le maroc (depuis 2003). Il gère une surface de 120.000 hec-tares de forêts au Portugal en plus des 350.000 hectares de terres plantés au mozambique. avec ses trois sites industriels au Portugal et son centre de recherche et de développement, le groupe n’en est pas moins conquérant. avec 18% de parts de marché au niveau euro-péen et 13% en afrique, le groupe reste l’une des plus importantes compagnies portugaises.

ADp-ÁguAS De portugALDurAbiLité

enSeignement SupérieurLA quALité AvAnt tout

L’aPPRovIsIonnement en eau et l’assai-nissement des eaux usées représentent les activités principales du groupe adP-Águas de Portugal. L’un des principaux groupes du secteur de l’environnement au Portugal, adP contribue active-ment à la résolution des problématiques portugaises liées à l ’approvision-nement en eau et le traitement des eaux usées dans un cadre de durabilité économique, financière, technique, sociale et environnementale. Œuvrant pour la protection et l’amélioration

de la qualité de l’environnement, le groupe est actif sur plusieurs fronts à savoir: la

collecte, le trai-t e m e n t e t l a distribution de l’eau. ceci tout en respectant les normes les plus élevées de qua-lité. autre front et qui représente la force d’adP: la collecte, le trai-tement et l’élimi-nation des eaux usées urbaines et industrielles

à travers notamment son recyclage et sa réutilisation à 100% dans des conditions respectueuses de l’environnement.

comptant une trentaine d’universités aujourd’hui, le Portugal a connu un remar-quable essor de l’enseignement supérieur d e p u i s l e s années 70. une véritable évolu-tion quantitative mais également qualitative por-tée par deux types d’institu-tions publiques et privées: les universités, à vocation acadé-mique, et les ins-tituts supérieurs polytechniques, à vocation professionnelle. avec 14 univer-sités publiques et 17 autres privées, l’en-seignement supérieur au Portugal propose des formations spécialisées dans différents

domaines tels que l’ingénierie, l’agricul-ture, la gestion, le tourisme ou l’éducation. «Pour garantir la qualité de notre enseigne-

ment supérieur, une agence indé-pendante d’ac-créditation des différentes for-mations: l’Agence de validation et d’accréditation de l’enseignement supérieur (A3ES), a été mise en place en 2007. Elle a la charge d’évaluer les éta-blissements d’en-

seignement supérieur, ainsi que les cursus qu’ils proposent pour les accréditer», nous explique Pr João Guerreiro, directeur général de l’en-seignement supérieur.

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