nouveaux cahiers pour la folie # 2

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  • 8/3/2019 Nouveaux Cahiers pour la Folie # 2

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    Les Nouveaux Cahiers pour la olie ont onctionde passerelle. Ils ont circuler des textes et des imagesprovenant de diverses personnes impliques dans les direntsbords de la olie. Ils ne sont lmanation daucune institutionIls visent simplement recueillir dans leur polyphonie des voix qui se rapportent la olie et qui sont rsolues ne pas se taire.

    Directrice de la publication : Patricia JanodyDirectrice de rdaction : Sophie Duau

    Graphisme : Thomas GabisonPeintures 29 : Sylvain Bernaud - www.bernaudtableau.blogspot.com

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    SommaireEditorial 4Le syndicat des ous 6Dissolution 7

    Quelques mails 8Le chage en psychiatrie 9Jacques 14Je crains que lon me prenne pour une cingle 16Largile de la pense 18Avec lui, le chaos cesse 20Feuilleton 22Pour en nir avec le carcan du dsm 24Tombe la neige 28Tableaux 29Lombre de lautre 34

    Larbre rose 38Berck 42Lopra des vads du bocal 44Autoportrait + costumes 50Morts dindirence 52Je ne suis pas dabord une maladie 54Courrier au directeur 56Quelque mails 58Tic tac toc 60Le mur des mots/des maux 62

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    Edito.... Tu laimes toujours ?

    Qui ?

    Ton diag, tiens!

    S 48B59 : jadore.

    Je crois que je lai bien choisi. Il te va comme un gant.

    Des ois, quand on me demande mes papiers, jme trompe...

    enn, jme trompe pas vraiment... je donne le diag et a leur plait.

    Alors tu ne regrettes rien ?

    Quest-ce quil te prend ? Cest bien toi qui me la donn, non? Il y a combien dannes....

    Tiens, des ois jai limpression que cest depuis toujours. Au ait, et le tiens, tu laimes ?

    Mais mais... dhabitude cest moi qui pose les questions !

    Dis le, pour une ois.

    Alors pour une ois, je peux le dire: je laime normment. Dailleurs ce nest

    pas moi qui lai choisi, cest lui. Enn elle, cest elle qui ma aime dabord... tu ne peux

    pas comprendre.... elle m appris, secouru, inspir... quelqueois je lui parle en rve...

    La Desse M !

    Oui nest-ce pas, tu las reconnue.

    M pour mre ?

    Chut! Il ne aut pas tout dire, a rabaisse la posie.

    Faut quand mme que tu saches, lamour a trompe.

    Non.

    a trompe normment.

    Non non.

    Enn, tu las entendu dire !

    Pour la vie en gnral... pour la desse M, cest autrement.. tu vois, la vie sans dsm 1,

    je ne limagine mme pas...

    Au ait, cest quoi ton diag ?

    Top secret.

    Allons, pas de a entre nous...

    Diag: incapacit prcoce de sparation... trop long expliquer....

    W89X309

    PJ.

    1. Diagnostical Statistical Manual - version dsmv paratre.Voir dans ce numro des Cahiers, Pour en fnir avec le carcan du dsm, p.24

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    Ce jour de colre

    Sous larbre du parc

    A tourner.

    Je tourne beaucoup au l des mes nervements.

    Autreois

    Dans lentreprise

    Jappelais mon syndicat

    Sau que des syndicats

    Des syndicats revendicatis, impertinents, gonfsPour nous ils ny en a pas

    Bien sur, nous avons des collectis dusagers

    Souvent lusage des amilles

    Qui coutent dsesprment les diagnostics

    Lavis mdical

    Perdu et soumis

    Devant les proessionnels de nos naurages

    Les ous nont pas de raisons

    Et donc pas dendroit pour eux-mmesPas dendroit pour noter leurs dolances

    Mais ou ne veux rien dire

    La draison est une crue qui nous emporte plus ou moins ort

    Plus ou moins longtemps

    Selon les saisons

    Et dans cette crue collective

    Flotte

    Quelques coups de gueules

    Alors je cherche mon syndicat

    Sous larbre du parc de la clinique.

    Anne Fontaine

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    Lentement, je me dissous,

    Je chute et chute encore

    Dans le tronds des origines,

    Lentement, je me dais,

    Tout en moi est fou et inconstant,

    Je suis mouvance et fux,

    Je suis vide et inexistence,Je nexiste plus que daprs le nant,

    Et la mre-ocan me recouvre comme un linceul,

    Langoisse des aujourdhui recouvre lagonie des autreois,

    Je chute et je chute encore,

    Chteau de cartes aux mains dun enant ou,

    Mon existence est suspendue

    A cette demeure de courants dair

    Quest mon corps depuis le dbut,

    Porosit des limites,Ni n ni commencement,

    Je suis tout la ois et

    Rien en dedans,

    Dsir de usion

    Et exprience du manque et du deuil,

    Et tout en toi me rappelle locan des origines

    Quand lavenir encore pouvait se rver :

    Jouvre la porte et jattends.

    Lucile Longre

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    ...devant la cration...ni

    mdecin, ni ic, tous fousdsirants

    mais la libert est de + en+ rduite...

    mail

    Tout prs de ma maison, il y a un hpital de jourpour des personnes en difcult morales, souvent,trs souvent je converse avec eux, sur la vie, surleurs difcults vivre ou survivre.Un vrai enrichissement, un vrai besoin dexpression.

    mail

    MprisMpris, mpris, mpris.Doute, suspicion, discrimination, prjugs.

    Solitude, crainte, enfermement.Dance, rejet.Obligation, au traitement et au silence.Interdiction la diffrence. Mais aussi la normalit.Jaimerais savoir ce quil faisait luniversit. Maisil tudiait, Madame la ministre, comme tout le monde.Tout a, les psychotiques en France vont devoir vivreavec, encore plus quavant, en plus de la maladie.Ecrass par la maladie et pitins par lEtat. Rejetspar le monde et incompris par la psychiatrie.

    Seuls face la souffrance, seuls face au besoin dtreaids, mais comment tre aids sans tre anantis?Plus rien pour personne.Sacris parce que quelques-uns ont drap. Boucsmissaires dune socit o ils sont plus souventvictimes quagresseurs.Musls par une socit qui ne veut pas voirsa propre folie et la remet entirement sur leur dos.Victimes expiatoires sans droit une deuxime chance,sans droit dtre soi, tout simplement.

    Laurence Martin

    mail

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    Avec linormatique, de nouvelles technologies de

    contrle social se dveloppent insidieusement

    aujourdhui, acclrant le chage de toute la popu-

    lation. Celui-ci concerne quatre grands domaines,dont la psychiatrie est lintersection : 1) chage

    policier, 2) des pauvres, 3) des autres populations

    problmes, 4) des malades. Pour rsumer :

    1. Le chage policier prdicti se gnralise ; cest

    la simple intention ou suspicion de commettre un

    dlit qui est vise, et non plus le dlit lui-mme

    (comme par exemple avec le chier pasp de pr-

    vention des atteintes la scurit publique) ;

    2. Le chage des pauvres, vise de stigmatisationet dexclusion, se gnralise galement au prtexte

    de lutter contre la raude (comme par exemple

    avec le rncps, rpertoire national commun de pro-

    tection sociale, et le chier du rsa) ;

    3. Les autres populations problmes sont cibles :

    jeunes, sdf, trangers, etc. (comme par exemple

    avec linterconnexion largement illgale des chiers

    de lducation nationale avec mairies, services so-

    ciaux, ple-emploi et prectures dans le cadre

    de la loi de prvention de la dlinquance et de la

    politique dexpulsion des trangers en situation ir-

    rgulire) ;

    4. Le chage saggrave galement dans le champ

    de la mdecine, en opposition directe avec la don-

    tologie :

    Fichage de chaque mdecin dans le Rpertoire parta-

    g des proessions de sant (rpps), pour une meilleure

    traabilit et scurit de lore de soins ;

    Lutte contre la raude aux indemnits journa-

    lires, particulirement vocatrice de lidologie

    sous-jacente au chage : si les arrts de travail aug-

    mentent, ce nest pas parce que le monde du tra-

    vail nolibral devient de plus en plus prcarisant,

    stressant voire suicidogne, mais cest parce que le

    laisser-aller individuel augmente avec la complicit

    des mdecins. Pour y mettre bon ordre, on a d-

    sormais recours au contrle patronal des arrts detravail, leur tltransmission la caisse primaire

    dassurance maladie, au chage et aux sanctions

    pour les trop gros prescripteurs ;

    Attaques de plus en plus systmatiques contre le

    secret mdical : transmission de donnes concer-

    nant la sant dans le chier du rsa, la loi Boutin

    sur le logement, le nouveau rgime des tutelles

    En psychiatrie, diusion inormatique nationale

    des avis de recherche des ugueurs , contrlerenorc des sorties des patients hospitaliss sous

    contrainte et du suivi des patients aisant lobjet

    dune condamnation pour inraction caractre

    sexuel. La rorme imminente de la loi de 1990

    prvoit dlargir le champ des soins sous contrainte

    administrative, lhpital et jusqu lintrieur du

    domicile, avec chage des antcdents psychiatri-

    ques ;

    Attaques contre lindpendance des mdecins par

    la loi hpst, qui instaure un management par objec-

    tis des ples avec intressement lactivit : incita-

    tion systmatique aire du chire , rentrer des

    donnes et cher davantage ;

    Lancement ociel du Dossier mdical personnel

    (dmp), pour le moment acultati, usine gaz ty-

    pique de la uite en avant techno-conomique du

    complexe mdico-industriel.

    Bre, trois caractristiques lextension du chage

    actuellement dans tous les domaines : prdire tout

    lefichageenpsychiatrieRr r lr rll r

    Lextensiondu fichageinfoRmatique

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    type de troubles , reprer leurs auteurs, intercon-

    necter les inormations pour tout savoir sur eux.

    Cette triple ten dance marque bien une volont po-

    litique dutiliser les nouvelles technologies dans un

    but scuritaire, dexclure toute orme de dviance

    et de renorcer la conormit comportementale la

    norme socio-conomique.

    Sans coup rir, nous entrons ainsi dans une socit

    totalitaire de contrle biopolitique et panoptique,

    de slection eugnique : il sagit non seulement

    dcarter les mauvais lments improductis, mais

    de tracer chacun dentre nous, pour dissuader

    toute daillance, conditionner lamlioration des

    perormances individuelles, conormment aux va-leurs suprieures du prot et de la concurrence. Le

    chage inormatique est mis au service du mythe

    volutionniste de lhomme post-moderne, le tra-

    vailleur et consommateur paraitement adaptable,

    goste et servile rclam par la productivit indus-

    trielle de la mondialisation nolibrale

    La psychiatrie est le domaine par excellence o

    sexerce ce traitement symbolique de la daillance

    et de la dviance, que la mtaphore neuro-scientisteprtend inscrire jusque dans nos gnes, rassurant la

    masse des normopathes sur sa bonne sant men-

    tale, par la mise lcart du ou dsign comme

    dangereux.

    Bien na qui penserait que ce domaine puisse ds

    lors chapper lintention dtendre le rseau du

    contrle policier lintrieur mme du cerveau de

    chacun dentre nous !

    En Psychiatrie, en eet, le chage des patients et

    des soignants progresse rapidement : la complexit

    technique de loutil inormatique saccommode

    mal des droits des patients et des textes de loi, et la

    Commission nationale de linormatique et des li-

    berts (cnil) savre dpasse, sinon complaisante.

    Il aut distinguer principalement deux aspects :

    1. Recueil dInormations Mdicalises en Psy-

    chiatrie (rimp) obligatoire depuis le 1er janvier

    2007 (arrt du 29 juin 2006) : an de proc-

    der lanalyse mdico-conomique de lactivit

    de soins , vingt-sept donnes personnelles sont

    renseignes, dont le diagnostic cim-10 ( des trou-

    bles mentaux et des troubles du comportement )

    et les conditions dhospitalisation sous contrainte.

    Ces donnes constituent un vaste chier nominati,

    elles sont conserves au Service dinormation m-

    dicale (sim) et transmises tous les trois mois une

    agence ministrielle, alors anonymises. Le mde-cin responsable du sim est le garant de la conden-

    tialit et de lanonymat des donnes quil recueille,

    conserve et transmet. Le rimp est cens permettre

    un jour une tarication lactivit.

    Mais il sert dj, dloyalement puisque ce nest

    pas sa nalit clairement dtermine, dresser

    une comptabilit des actes eectus dans chaque

    tablissement psychiatrique : les ples, les units

    sinon chaque membre du personnel sont ainsi misen concurrence, puisque leurs comptences et

    leurs moyens pourront tre conorts ou pnaliss

    en onction de leur activit quantie. En ralit,

    une telle comptabilit inormatique est totalement

    inadquate traduire la complexit des activits de

    soins, notamment celles de prvention.

    Une disposition rcente conrme par ailleurs que le

    rimp a vocation servir une politique de contrle

    social : lEtat veut y recourir pour mener des enqu-

    tes sur les populations prises en charge, et plus par-

    ticulirement sur les caractristiques sociales du

    patient susceptibles dinfuer sur son traitement

    (guide mthodologique de production du RIMP, an-

    nexe de larrt du 20 dcembre 2010). Cette dis-

    position totalement illgale ait lobjet dune plainte

    de lUnion syndicale de la psychiatrie.

    2. Dossier Patient Inormatis (dpi), qui comprend

    une che patient superposable aux donnes du

    rimp, laquelle sajoute le dossier mdical person-

    Les dangeRsde LinfoRmatisationdes donnespeRsonneLLesen psychiatRie

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    nel (observations des soignants, courriers mdicaux,

    prescriptions, etc.). Les inormations constituant

    ce dpi ne doivent tre accessibles quaux personnes

    participant la prise en charge du patient : chaque

    soignant a son code secret, et est responsable de la

    condentialit des donnes dont il prend connais-

    sance ou quil enregistre (une charte dutilisation

    du logiciel aisant rrence aux contrles alatoi-

    res par tirage au sort que peut eectuer le sim). La

    nalit ache du dpi est de avoriser la disponibi-

    lit des inormations et la traabilit exige par

    la Haute autorit de sant (has).

    Le chage en psychiatrie est donc une ralit, ainsi

    que le risque de trahir la condentialit des don-nes personnelles concernant chaque patient : rien

    ninterdit en eet techniquement un accs abusi

    aux donnes du dpi ou du rimp, leur transmission

    un tiers ou leur interconnexion avec dautres -

    chiers. Les seules barrires sont rglementaires,

    dontologiques (secret proessionnel et mdical,

    responsabilit du mdecin sim) et lgales ( cha-

    que personne a droit au respect de sa vie prive :

    article 9 du Code civil).Ce risque datteinte aux liberts individuelles au

    prot de certains organismes, notamment adminis-

    tratis, nanciers ou assurantiels , ces dangers din-

    terconnexion et de subtilisation sont points par le

    Comit consultati national dthique (ccne) dans

    son avis n104 de mai 2008 applicable la psy-

    chiatrie. De ait, des aaires de piratage grande

    chelle de donnes condentielles ont clat un peu

    partout dans le monde (c. le scandale Wikileaks).

    Pour autant, linormatisation des donnes person-

    nelles avance au pas de charge en psychiatrie, avec

    une emprise croissante du sim sur le corps mdical

    : le dploiement de linormatique est prsent

    longueur dcrits et de runions par ladministra-

    tion (SIM, direction de ltablissement, has),

    comme une vidence technique, une modernisation

    incontournable, amliorant la scurit des soins et

    permettant nalement une gestion concurrentielle

    optimale des troubles et des budgets.

    La question que lon doit se poser, ace linor-

    matisation des donnes personnelles en psychiatrie

    (idpp), est simplement la suivante : la condentia-

    lit des donnes est-elle garantie, autrement dit la

    vie prive du patient est-elle respecte ? Et si ce

    nest pas le cas, comment peut-on sopposer, lui et

    moi, cette inormatisation ? Voici les principaux

    lments de rponse :

    1. La condentialit de lidpp nest pas garantie :dans ltablissement local, des erreurs daccs au

    dpi sont reconnues comme possibles par le sim, et

    les contrles eectus sur les dossiers pour vrier

    de telles erreurs ont un caractre alatoire et ponc-

    tuel ; le ccne, instance prestigieuse aisant autorit,

    arme le risque datteinte aux liberts individuelles

    des donnes mdicales inormatises ; le rimp nest

    pas non plus strictement condentiel : le chier

    conserv ausim

    est nominati, son anonymisationseectue quand il est transmis et non la source ;

    le rimp est dautant moins condentiel que sa na-

    lit mdico-conomique nest pas respecte : il sert

    aire des enqutes aussi bien pour la direction de

    ltablissement local que pour les services de lEtat,

    contrevenant ainsi la loi du 6 janvier 1978 ; ds

    lors, il est loisible de conclure que linormatisation

    des donnes personnelles dans le dpi comme dans

    le rimp porte gravement atteinte la vie prive.

    2. Pour cette raison, lanonymat peut et doit tre

    demand : bien que cette disposition pourtant on-

    damentale pour la protection de la vie prive soit

    occulte, lanonymat est prvu par la loi (arrt du

    29 juin 2006 et csp) ; ltablissement local recon-

    nat dailleurs que lanonymisation du dpi est une

    demande lgitime, puisque le sim tablit la pos-

    sibilit pour un patient de prendre un nom cti,

    ou alias . Daprs le sim de notre tablissement

    qui la mis en place, cette possibilit doit cepen-

    infoRmatisationet dsinfoRmation :comment Le fichage

    se fiche des Lois

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    dant rester exceptionnelle (amilles du personnel,

    personnalits...), la discrtion du mdecin : elle

    est donc maniestement discriminatoire ; mais cette

    anonymisation par alias ne vaut pas pour le rimp,

    et le vrai nom du patient reste de toute aon en-

    registr sur la che patient du dpi, au sim et au bu-

    reau des admissions : mme partielle, il aut donc

    demander lanonymisation non seulement pour le

    dpi, mais aussi pour le rimp, et pour lanalyse de

    lactivit mdicale au sein de ltablissement.

    3. On a le droit de reuser de consentir lidpp : la loi

    du 4 mars 2002 nonce que aucun acte mdical ni

    aucun traitement ne peut tre pratiqu sans le consen-

    tement libre et clair de la personne . En pratique,ce consentement nest pourtant jamais demand ex-

    pressment en psychiatrie ; plus prcisment, dans le

    domaine du traitement mdico-inormatique : il

    est interdit de collecter ou de traiter des donnes ca-

    ractre personnel () relatives la sant, (sau pour)

    les traitements pour lesquels la personne concerne

    a donn son consentement exprs (loi du 6 janvier

    1978) ; ce consentement exprs doit donc tre parti-

    culirement exigible quand il concerne les donnesdirectement relatives la sant , les plus attenta-

    toires la vie prive, et par ailleurs soumises au secret

    mdical, savoir le diagnostic mdical et les modali-

    ts de lhospitalisation ; mais il apparat nalement

    ond que le patient doive donner son consentement

    exprs linormatisation psychiatrique de toutes ses

    donnes personnelles, aussi bien celles destines au

    RIMP qu son DPI, dautant plus que lanonymisa-

    tion et la nalit de cette inormatisation sont loin

    dtre garantis, comme on la montr.

    4. Le droit dopposition est constitutionnel : la

    condition exclusive pose au droit dopposition par

    la loi du 6 janvier 1978 ( toute personne a le droit

    de sopposer, pour des motis lgitimes, ce que des

    donnes caractre personnel la concernant assent

    lobjet dun traitement (sau) lorsque le traitement

    rpond une obligation lgale ) savre anti-consti-

    tutionnelle au regard des liberts ondamentales : le

    risque datteinte la vie prive est patent lorsque

    le traitement inormatique de ses donnes person-

    nelles simpose la personne malgr elle, au mpris

    de la libert, la proprit, la sret et la rsistance

    loppression (prambule de la Constitution).

    Aprs une journe contre le chage en psychiatrie

    organise en mai 2010 par lassociation delis -

    Sant Mentale Rhne-Alpes, un collecti national de

    rsistance (cnr-idppsy) a vu le jour :

    http://agora.chahut.ino.wws.

    Pour linstant, la demande collective de droit doppo-

    sition eectue par des patients du chs du Gers enaot 2010 na pas abouti, se heurtant au reus de la

    cnili, du sim et de la direction. Il est propos de

    multiplier les demandes individuelles de patients,

    pour aire valoir galement lanonymisation et le non-

    consentement lidpp, compte tenu des risques pour

    la condentialit et la vie prive. Voici le modle de

    demande propos localement et gnralisable :

    Je soussign, ai lhonneur de aire valoir mon droit

    dopposition lgitime linormatisation de mesdonnes personnelles dans le systme de soins psy-

    chiatrique, en raison du risque datteinte la conf-

    dentialit et la vie prive quelle prsente.

    En particulier, je rclame lanonymat prvu dans

    larrt du 29 juin 2006 et larticle R6113-1 du

    Code de la Sant Publique, et demanderai user de

    mon droit daccs et de rectifcation afn de vrifer

    que cette rclamation a bien t respecte.

    Par ailleurs, afn que mon dossier personnel (auquel cette

    disposition lgale danonymat partiel ne sapplique pas)

    reste confdentiel au sein du Centre Hospitalier ..., je

    demande lattribution dun nom fcti ou alias.

    En outre, conormment larticle 8 de la loi du 6 janvier

    1978, je ne donne pas mon consentement exprs ce

    que les donnes relatives ma sant psychiatrique soient

    collectes, et notamment mon diagnostic mdical.

    Fait , le :

    Nom, prnom :

    Adresse : Signature :

    dfense des dRoits,opposition : Laction !

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    Le matin il attend sur le quai le RER pour aller travaillerCest un matin que nous nous sommes rencontrsVoila longtempsTant et tant dannesDe matinsPluie dhiversOiseaux de printempsNous nous sommes vusMoi aussi je rejoignais mon bureauSur le quai il y a plein de gens qui vont leurs occupationsIl y a plein de monde

    Par tasDes tas dhabitusLes lles du busLes gars daxaLes copines de limmeubleLes malins du bon coinEtLes solitaires qui cherchent dsesprment une placeUn ilot oubliAinsi le quai a ses histoiresLe matin il est l

    Moi parois aussiJe ne travaille plusNos rencontres restent au hasardMais toujours il vient me voirIl parleDes accidents sur la ligne qui cohuteDu temps que ce nest vraiment pas possibleDe la emme qui aimeraQuil aimera absolumentTant il a envie daimerEt tre aim

    Quil est un garon srieuxToujours tir quatre pinglesSa maman doit veillerParois il prend ma mainCest bte une mimineMais cest la chaleurLes gens coinc dans le wagon regardentVoila longtemps quils scartentLes gens bizarres cest bizarreLe monde doit glisserPas coinc

    Donc les gens scartentIl me parle du soleil

    Fous lier ... cette expres-sion me fait penser unecamisole de force !

    Je prfre Fous allis ...

    mail

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    De la emme quil rencontreraJamais du CAT quil va trouver chaque jourOui a, je crois quil naime pas bienDu moins il na rien dire sur le sujetMais la vie tourne avec le boulotTant pisLa vie cest aussiparoisLe sourire des emmesparoisLa solitude

    La solitude de Jacques.

    Anne Fontaine

    Ceux qui dlirent et ceux qui ne dlirent pasSi je suis transparente, si je nai plus de peau,si je suis envahie par la foule, si on lit dansmes penses, si je me dissous dans le monde,si je me sens perscute, si je suis suivie, lme,contrle, si jai peur, si je suis si angoisse queje ne tiens plus debout, si le monde scrouleautour de moi, si je tremble, si je tombe,si je tangue, il me reste les quatre mursde ma chambre. Ma dernire protection.

    Mais non, cest termin, lEtat en a dcid ainsi.Et en plus, il faudra dire que je dlire,que je ne suis pas surveille, contrle,lme, etc.... Il faudra que javoue des chosesinsenses pour que les aveugles volontairescontinuent penser que ce ne sont pas euxqui dlirent force de ne pas ouvrir les yeuxsur linfamie du monde.

    Laurence Martin

    mail

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    Je soure de dypsraxie (un trouble de la motrici-

    t), et en plus je prends des neuroleptiques car jai

    ait une bda de 15 jours il y a 2 ans pour laquelle je

    nai pas t hospitalise et pour laquelle je me suis

    presente de mon propre gr devant un psychiatre

    (et comme jtudie jai repris les tudes et integrer

    une ac de journalisme entre temps , jai peur de

    aire une entre therapeutique), et comment dire; quand jtais sous risperidone (antipsychotique)

    2 mg a se voyait un peu, tremblements, vertiges,

    lenteurs, somnolence par ailleurs une poque

    je prenais beaucoup danxioli-

    tiques (1 mg de xanax a prendre

    en plusieurs ois avec presciption

    du psy lpoque) pour calmer

    mon angoisse (jai peur davoir la

    schizophrnie) et voila ce que jaientendu dans une assoc contre

    lgbt (lesbienne, gay, bi et trans)

    o javais dit une personne que

    je prenais un neuroleptique (sans

    penser quelle allait le dire tout le monde ensuite)

    : les gens viennent vers nous nous demander ce

    que tu as, pourquoi tu trembles, pourquoi tu as des

    vertiges , on sait que tu as un traitement lourd mais

    a on peut pas le dire aux gens et pis tu comprends,

    on nest pas un centre de soins psychiatriques, on

    nest pas assur si tas une crise, alors comme il

    ny a pas eu dacte de violence tu pourras revenir

    le jour o tu seras gurie . Cest une tudiante en

    mdecine qui ma dit cela.

    Jai retlphon quand je suis passe sous abiliy

    (antipsychotique) 5 mg traitement sans eets se-

    condaires part des tremblements au niveau de la

    bouche, en leur disant que je ne prenais plus de

    mdocs que jtais gurie et ils ne mont pas

    crue et le responsable ma dit nous ne sommes

    pas adapts aux gens ayant votre problmatique ,

    or, daprs mon psy et ma amille jtais stabilise

    lpoque. Dans un mois, je vais aire un stage

    au sein dun organe de presse et je vais peut-tre

    devoir interviewer cette association (je voulais dja

    les interviewer dans le cadre dun article que je vou-

    lais crire sur lhomophobie et ils avaient reussen disant quils allaient quils parlent en AG pour

    savoir si ils acceptaient de me parler ou pas) car

    cest elle qui organise la gay pride de ma (petite)

    ville ainsi que dautres actions

    contre les discriminations du-

    rant tout le mois o je ais mon

    stage, du coup cela redouble mes

    troubles anxieux (je suis oblige

    de prendre 5 gouttes de rivotrilpour calmer mon angoisse le ri-

    votril est un anxiolitique).

    Jai limpression davoir ltiquette

    schizophrne dangereuse gra-

    ve sur mon ront juste parce que jai eu la btise

    de dire que je prenais un neuroleptique. Je ne sais

    pas comment aire pour travailler avec ces gens l

    et rintegrer cette assoc (cest une association gay

    qui regroupe la plupart des assoc gay de ma ville),

    que je leur dise que je prenne des mdocs ou pas a

    change rien. Jai pass la dernire gay pride pleu-

    rer chez moi ; le comble pour une queer.

    Jai pens demander une mdiation pour me

    rconcilier avec cette assoc mais ayant ltiquette

    olle , je crains que les responsables chargs de

    la lutte contre la discrimination de ma ville me

    prennent pour une cingle.

    jecrainsquelonmeprennepourunecingle

    ltiquette schizophne

    dangereuse gravesur le ront juste

    parce que jai eula btise de dire

    que je prenais unneuroleptique.

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    Lavnement de la vie se veut lever dun soleil, joiedans le ciel de ceux dj prsents ; mais son cours

    redescend toujours vers lhorizon pour replonger

    dans les abysses dun monde inconnu. En nageant

    dans le nant de la mort, peut-tre reprend-il nais-

    sance pour rayonner de nouveau dans les eaux

    inexplores des vivants ? Seuls ceux qui y sont peu-

    vent le savoir; jai tent de le savoir mais lapne

    ut trop rude supporter, et le soufe de la vie a

    t plus ort.

    Monde inconnu, celui davant la naissance lest

    galement ; ou plutt la venue

    au jour renie toute lumire ces

    origines, impose un mur derrire

    le venant pour le aire entrer dans

    un monde qui ne conoit que son

    lvation.

    Mais pour certains, cette venue au

    jour saccompagne simplement de

    labaissement dun voile suscepti-ble de se soulever quand les mur-

    mures du pass deviennent raales. Quand il est im-

    possible de comprendre ces paroles indistinctes qui

    soufent avec orce, ce sont alors les ondements de

    la vie qui sont branls. Tous les moyens sont mis

    en place pour maitriser ces mouvements sismiques

    mais rien ny ait ; lultra rigidit de la conscience

    na aucun pouvoir sur les lames de ond.

    Jai appris modeler et maintenir largile de la pen-se toujours humide, pour quelle ne se casse pas

    sous les coups de la vie et les tronds de lme. Les

    rappes viennent souvent de nulle part, on ne sy

    attend pas et elles nous eraient, on le croit, pour

    toujours. Mais si lon apprend changer la lueur

    de lesprit alors elles apparaissent sous une autre

    lumire. Ces gifes deviennent leon, enseignement

    qui orge le corps les viter. Cet apprentissage

    semble dpense dnergie, poids ajout la vie car

    il implique de changer ce que beaucoup consid-

    rent comme immuable, lhomme. Or, seul celuiqui stagne dans le fou sombre et cotonneux de

    sa sourance sempse vritablement. Tous, nous

    nous embuons de nuages, parois jusqu devenir

    aveugles, et croire que nous sommes embrums

    au point de navoir comme unique chemin que la

    chute. Passage oblig sur terre, telle nous apparait

    alors notre destine ; absurde certes quand on rf-

    chit aux tracs qui nous sont proposs. Mais pleine

    de sens quand on saisit le crayon pour la et se

    dessiner.

    Jai eu la chance de trouver cet

    ustensile jeune, et depuis je che-

    mine avec lui parois sur des

    sentiers scabreux, mais il est l

    comme bton et compagnon -

    dle.

    Je lai notamment agripp avec

    toute la orce quil me restait,

    quand, dans le ciel de ma vie,mon soleil se t trou noir. Il

    ma permis de raccommoder de couleurs la bance

    norme par laquelle jentrevoyais la chute vers les

    eners ; il ma permis de retrouver au ond de moi la

    lumire, alors aigrie par des relents mauvais de tout

    un pass cach ; il ma permis de me tenir droite et

    de regarder au-del de cette ssure intrieure.

    La nature a mis en lhomme des capacits intrieu-

    res insouponnes, mais cette nature a t baouepar la mance quon lui porte et par les bquilles

    strotypes quon lui supplante. Lhomme se d-

    porte vers ces technologies extrieures mais trbu-

    che car elles ne sont pas adaptes sa singularit,

    ou reste dans le sillon, avanant au rythme quon

    lui dicte apeur par ses propres ressources. Regar-

    dez au ond de vous avec conance et vous trou-

    verez les cls qui ouvrent les portes que vous avez

    choisies de pousser !

    Pauline Goutain

    largiledelapense

    Les rappesviennent souvent

    de nulle part,on ne sy attend

    pas et ellesnous eraient,

    on le croit,pour toujours.

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    Jcris partir dune place particulire qui est celledune usagre de la psychiatrie et du soin psychique

    et en mme temps que dune tudiante en psycho-

    logie. Selon la loi qui vient de passer et le discours

    scuritaire rgnant dans les milieux du pouvoir, je

    suis un danger pour la scurit de mes concitoyens

    et un risque pour lordre public.

    Or, ce dont je voudrais tmoigner, cest quelle que

    soit la gravit des troubles un moment, il y a tou-

    jours une possibilit de sen sortir, et de reprendre

    le cours dune vie normale , une ois lquilibre

    psychique restaur et la ragilit psychologique

    compense.

    En eet, je soure dune maladie

    maniaco-dpressive depuis mes

    28 ans (et jen ai actuellement 41),

    maladie qui est apparue locca-

    sion dun harclement psycholo-

    gique au travail, qui a t suivi

    dune dpression et dun syndro-me psychotraumatique.

    Pendant dix ans, de mes 28 ans

    mes 38 ans, jai connu lener de la maladie psy-

    chique, avec beaucoup de rechutes dpressives et

    de crises maniaques, dont certaines ranchement

    assez graves. Il a allu dix ans pour que le trauma-

    tisme du harclement slabore, pendant deux ans,

    je revoyais tout le temps, le jour et la nuit, tout ce

    qui stait pass au travail, et quand je ne revivaispas a par fashs continuels le jour, jen cauchemar-

    dais la nuit. Je vivais dans un tat dhypervigilance

    continuelle, avec des troubles du sommeil majeurs,

    et des images obsdantes de ruine, de dsolation et

    de mort.

    Puis, petit petit, quelque chose a commenc de

    slaborer, un apaisement progressi, puis une tran-

    quillit sest au ur et mesure installe, le chemin

    vers la srnit sest trac. Depuis, une rvolution

    psychique a t lance, et me voil 41 ans tu-

    diante en licence de psychologie et bien dcide aire des recherches en psychologie.

    Dans ce combat pour la vie et le mieux tre psy-

    chique, rien naurait pu se aire sans le soutien que

    jai eu des proessionnels du soin psychique, en par-

    ticulier des quipes de secteur psychiatrique, aux-

    quelles je tiens rendre ici un hommage appuy.

    Sans ce soutien, patient, permanent et indectible,

    je naurais jamais pu me remettre aussi bien et aussi

    vite. Je suis partie de trs loin, mais sans cette aide

    que jai su chercher et avec laquelle jai pu collabo-

    rer, jamais je ne serais revenue du septime cercle

    de lener o je me dbattais.

    Grce tous les proessionnels

    du soin psychique que jai pu

    rencontrer, ceux en tout cas

    qui ont pu et su maider (car

    jai aussi connu des proes-

    sionnels incomptents ou qui

    nont pas su comment me veniren aide), je me suis peu peu

    reconstruite et progressivement

    la lumire et la vie sont revenues en moi.

    Mais pour cela, pour quun proessionnel puisse

    vritablement aider son patient et quune vritable

    relation soignant-soign sinstaure, il est ncessaire

    quune vritable collaboration dgal gal sta-

    blisse. Cest une vritable co-construction du sens

    qui doit tre mise en place entre un patient et sonthrapeute, et jamais celui-ci ne doit se sentir su-

    prieur celui quil a en traitement. partir du

    moment o lon considre le malade comme un ci-

    toyen part entire, qui a galement son mot dire

    sur son traitement et la conduite de sa thrapie, on

    ne pourra que constater combien cela amliore les

    relations entre soign et soignant. Car aussi pro-

    ondment atteint quil soit, le patient, sil se sent

    pleinement considr comme un tre humain, le

    ressent et peut ds lors sappuyer sur cette recon-

    aveclui, lechaoscesse

    Des troublesdu sommeilmajeurs, etdes imagesobsdantesde ruine, dedsolation et

    de mort.

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    naissance pour aller vers plus de bien-tre et moinsde sourance. Cest la leon transmise dj par

    Jean-Baptiste Pussin en son temps.

    Cest en cheminant ensemble avec des quipes soi-

    gnantes qui maintenaient lespoir de me voir aller

    mieux, tout en me respectant dans mon individua-

    lit et ma singularit, que jai pu progressivement

    aller vers le rtablissement de ma sant psychique.

    Ce chemin en compagnie, je lai vcu comme un

    chemin dinitiation, initiation personnelle dabord,

    ce que jtais et ce que je voulais rellement et

    que je navais pu raliser jusque-l, par mconnais-

    sance sur mon propre compte et blocages de diver-

    ses natures, initiation au champ et au langage de

    la psychologie ensuite. Jai petit petit trouv ma

    propre voie aux milieux de nombreux errements

    et au dcours de nombreuses recherches sur moi

    mme et ce que je voulais en n de compte aire

    de ma vie.

    Je ne sais si je pourrais de nouveau travailler unjour, le poids de mon histoire rcente au travail et la

    duret du monde du travail actuel men ont parois

    srieusement douter, mais en tout cas, prsent, je

    me connais beaucoup mieux et suis beaucoup plus

    ermement assure sur mes pieds, sre de ce que je

    vaux. Je vais prsent sur les routes du vaste mon-

    de, la recherche de la vrit de mon tre, assoie

    de rencontres et du dsir de connatre lautre, ses

    mystres et merveilles.En conclusion, je voudrais vous donner lire ce

    pome que jai crit, et qui pour moi rsume la

    ois ce chemin initiatique que jai vcu, au dcours

    du processus de gurison psychique, et en mme

    temps ce que devrait tre, selon moi, une vritable

    relation entre un thrapeute et son patient.

    A mon seigneur du dsertSouventes ois, je vais au dsert,A loasis, o vivent les gazelles,Boire du th vert, le soir,Auprs du eu,O jcoute les rcits et songes des anciens,L-bas vit un seigneur du dsert,Qui ma ravi le coeur,De haute stature, son port est noble et altier,Sa vaillance est sans gal,Son courage celui dun lion,

    Jai avec lui des discours sur nombre de sujets,La sagesse imprgne ses traits et tout son tre,Dillustre naissance, il est lhritier,Avec lui, japprends lesprit de la philosophie,Avec lui, me parviennent les tmoignages

    des temps anciens,Il connat les oeuvres des anctres,Et men instruit,En change, je lui transmets lhritageQue je tiens des animaux, mes rres,Je lui parle tel un oiseau,

    Il me rpond lgal de Salomon,Sa parole dor,Mon coeur est dargent,A lui je donne ma richesse secrte,Il mouvre les manuscrits de la Mer Morte,Il est linitiateur,Je suis liniti,Le creux des temples,Il me ait visiter,De la Valle des Rois, il est lhabitu,Il en connat chaque recoin, chaque ddale,

    Il est le gographe de mes cartes secrtes,Lastronome de mes jardins cosmiques,En toute chose, il restitue ordre et mesure,Il sait chaque chose, assigner sa juste place,Avec lui, tout devient simple,

    calme et harmonieux,Il sait apaiser mon tumulte intrieur,Avec lui, le chaos cesse, et la paix revient,Avec lui, cest le rgne de la lumire solaireFace aux orces dchanes du Nant inni,Souventes ois, je vais au dsert,

    Apprendre des bdouins la sagesse secrte.Lucile

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    Jai dpos mon masqueJe suis nueEnn, je crois !

    Mais trop durMontrer ce visageHorreur dsespoir

    Honte

    Alors je pleure

    Des leurresLhorreur de me voir ainsi

    Hello !!!

    La peurPeur de dormirPeur de quitter

    ce mondeQuelques heures

    PEUR

    Et pourtant

    Le repos !Mais je ne le trouve pas

    La Peur au ventreLa nause

    Mal et peurPeur et mal

    Jvoudrais tant

    Non, pas de mais

    Jcomprends

    Jcomprends plusYa de quoi se cognerLa tte dans les murs

    Et hurlerSombrerSenoncerSe rveiller envie de vomirEnvie de chialer

    Peur de tlphonerDe dire vous me voyez JPeux plusEt pourtant

    JVAIS CONTINUER !!!

    Ils ne mritent pas aMre emme

    Kate CatCata Cata cata

    ZUT !!!

    Mais sortez moiDe ce tombeau vivantEt viteJe nen peux plus

    Katelemonde

    C qui marriveJsais tropDes moisattendre

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    Peut-tre que ces deux prires peuventintresser les Cahiers de la olie ? Elles sont de moi, le but

    nest pas doenser la religion, quelle quelle soit,

    cest juste un cri du cerveau et du cur

    rr rl r...

    notre psy qui tes au cmp

    que ton neuroleptique soit absorb

    que ton ald vienne

    que ta psychanalyse soit ate

    sur le divan comme au cerveau

    donne-nous aujourdhui

    notre abiliy de ce jour

    pardonne-nous nos dlires

    comme nous pardonnons aussi

    a ceux qui nous ont hospitaliss

    ne nous soumet pas la diskynsie tardive

    mais dlivre-nous de la schizophrnie

    amen

    rr () l zr...

    je vous salue schizophrnie

    pleine de repli autistique

    le symptme ngati est avec vous

    vous tes paranode, hbphrnique, etc

    entre toutes les ormes

    et l hallu, le ruit de vos symptmes positis

    est honnisainte schizophrnie

    mre de tous les psychotiques

    priez pour nous

    pauvre

    pauvre schizo

    maintenant et lheure de notre dcompensation

    amen

    Alain Kilukru

  • 8/3/2019 Nouveaux Cahiers pour la Folie # 2

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    La sourance psychique dborde la dnition

    habituelle des maladies, car elle peut concerner

    chacun. Lorganisation mondiale de la sant la

    considre comme une priorit. Mais lo.m.s. sest

    engage sur ce terrain selon un choix univoque, en

    considrant comme un acquis scientique

    le manuel de la.p.a. (American Psychiatric Asso-ciation). Ce choix unique de lo.m.s. porte un nom

    gnrique, celui du dsm (Diagnostic and Statistical

    Manual o Mental Disorders).

    Sa troisime version stigmatise les confits dintrt

    en psychiatrie et elle est contemporaine

    de recommandations des traitements comporte-

    mentalistes et des tcc. Et comme ces mthodes

    sont alatoires, elles participent de la promotion

    dun complment pharmacologique indispensable.

    Les direntes versions du dsm ii ont t rdi-

    ges depuis 1952 par lAmerican Psychiatric As-

    sociation. Alors que le dsm ii prenait en compte

    lapproche dynamique de la psychopathologie, le

    dsm iii, qui parut en 1980, a vacu toutes r-

    rences la psychopathologie au nom dune totale

    neutralit thorique. Il en rsulte une mthodologie

    descriptive, volontairement ignorante des concepts

    psychologiques partir desquels aurait pu slabo-

    rer une classication objective, clinique et scienti-

    que des grands champs de la psychopathologie. Il

    existe de nombreux sous-ensembles du dsm. Leur

    mthodologie va contresens des critres dobjec-

    tivit de nimporte quelle branche des sciences de

    la nature, comme de ceux de nimporte laquelle

    des sciences humaines. Pour quune observation

    prtende la scienticit, il aut quelle isole des

    invariants latents, des dterminismes qui ont axio-

    mes, et dgage des structures rduites. Cette d-

    marche sappuie sur lobservation des aits en se

    gardant de tout prsuppos. Elle sappuie sur lesacquis de lexprience qui seule permet de vrier

    leur intrt diagnostique et leur valeur prdictive.

    Cest le contraire de la mthodologie du dsm, qui

    na aucun prcdent dans aucune science, sinon les

    premires classications encyclopdiques (Linn,

    Buon...) qui classaient les espces selon des carac-

    tres distinctis avant de se tourner vers des classi-

    cations compares mettant en vidence des traits

    communs aux direntes espces.Dans son introduction, il est vrai, le dsm se dclare

    idologiquement athorique. Mais est-ce possible

    dans la recherche? Le dsm dmontre lui-mme que

    non, car il sut quune liste de troubles manies-

    tes soit tablie sans tenir compte des structures o

    ils sinscrivent, il sut que ces troubles soient

    dtachs des circonstances subjectives de leur clo-

    sion, pour que lhypothse dune cause organique

    simpose aussitt. Cette conception rductionniste

    dun homme machine na trouv jusqu ce jour

    aucune preuve corrobore par lexprience, y com-

    pris dans les travaux neuro-scientiques les plus

    reconnus.

    ()

    Ce choix est dautant plus antiscientique quil

    proscrit dautres rrences et que son usage

    est impos aux praticiens dans le codage des dia-

    gnostics. Or limpossibilit de ruter un point de

    vue a pour consquence de la aire sortir du domai-

    pour en finir avecle carcan du dsm

    lobligationdunerfrencediagnostiqueaudsmnuitlascientificit ; ellecontrarielesoinpsychique ; elleestcoteuse

    pourlestats ; elleparalyselarechercheetlenseignement.

    1. queLLe estLa vaLeuR scien-tifique du dsm ?

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    ne de la science (comme la montr Karl Popper).

    Quelle que soit lidologie de scienticit des troi-

    sime et quatrime versions du dsm, leur mtho-

    dologie ne lest pas. La deuxime caractristique

    antiscientique de la mthodologie dsm est quelle

    rassemble des statistiques qui ne concernent pas

    les patients, mais les avis dun chantillon de psy-

    chiatres. Il ne sagit pas dobservations cliniques,

    mais du dcompte des opinions, parois recueillies

    de manire arbitraire. Cette mthode dapparence

    dmocratique na jamais exist dans lhistoire des

    sciences. Un vote ne peut servir de preuve, et cet-

    te nomenclature a t mise ainsi sous la coupe de

    lopinion, comme le montre sa lgitimation par leterme de consensus. Il sagit dun indice de popula-

    rit, mais en aucun cas de validation scientique.

    Les rpertoires de troubles et de dysontion-

    nements ne donnent de la sourance psychique

    que des clichs de surace. Dans aucune branche

    de la mdecine, un praticien ne diagnostiquerait

    une maladie en se ant aux apparences, lexpres-

    sion manieste dun symptme. Comme les retours

    dinvariants rguliers sont vits par principe, les

    descriptions de surace se multiplient: la rrence

    lEvidence Baser Medecine, qui entend privilgier

    la preuve dans un but de plus grande ecience

    montre son objecti en limitant lexploration clini-

    que lvidence la plus supercielle ou en mlan-

    geant des lments dordre htrogne (cliniques et

    moraux en particulier): ainsi par exemple, comme

    la remarqu le pr Miss propos du trouble

    des conduites , l incivilit devient une mala-

    die. Le rsultat est une infation de troubles qui

    corrobore labsence de scienticit alors que cette

    dernire permet au contraire de limiter la grande

    varit des maniestations quelques types clini-

    ques, dont le nombre est rduit. Depuis le version

    de 1952, le dsm est pass du recensement de 106

    pathologies 410 troubles identis dans sa

    version actuelle. La prochaine

    version, le dsmv, en cours dlaboration, devrait

    enregistrer au moins une vingtaine de catgories

    supplmentaires. En termes de pathologie men-

    tale, elle aura construit des aux positis dont

    les seuls bnciaires risquent dtre les groupes

    pharmaceutiques. De plus, cette infation avorise

    la naissance de concepts ourre-tout qui justient

    des pratiques de soins dangereuses et sgrgatives

    pour les enants.()

    Pour ce qui concerne maintenant le utur projet de

    dsmv, il invente de nouvelles catgories de nature

    uniquement dimensionnelle, base sur lamplitude

    des maniestations juges pathologiques,

    comme par exemple le trouble dhypersexualit

    ou le trouble paraphilique coerciti . Beaucoup

    plus inquitant encore, linstauration de valeurs

    prdictives prvoit des troubles uturs. Chacunsera ainsi potentiellement un malade et donc sus-

    ceptible dtre trait prventivement. Cette infa-

    tion vertigineuse va atteindre des sommets avec

    linvention de syndromes de risques , tel que le

    syndrome de risque psychotique qui imposerait,

    en passant de la prvention la prdiction, de pres-

    crire systmatiquement des psychotropes une

    proportion non ngligeable dadolescents jugs aty-

    piques. Et cela, alors quaucun test de terrain nen

    justie lutilit. Une telle extension de la pathologie

    pourrait dailleurs savrer contraire aux Droits de

    lHomme.

    Sur la base des check-list, la plupart des patients

    sont mdicaments abusivement ou trop long-

    temps. Comme le mme symptme joue dans des

    structures direntes, qui ne commandent

    2. queLLeest La vaLiditcLinique decette mthodo-

    Logie ?

    3. Le dsm nuit La sant

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    pas la mme conduite thrapeutique, et comme ce

    symptme est susceptible dtre tou par un trai-

    tement pharmacologique, la cause premire de la

    sourance psychique devient mconnaissable et le

    patient ingurissable bien que lourdement mdica-

    lis.

    ()

    Non seulement lenseignement mdical se ait dansle pli du ormatage unique dsm, mais, de plus, les-

    sentiel de lenseignement post-universitaire est as-

    sur par les laboratoires pharmaceutiques.

    De sorte que cette ormation alimente lexpansion

    des prescriptions mdicamenteuses, toute autre

    orientation de recherche tant proscrite. [...]

    Les choix de lops retentissent de proche en proche

    sur les systmes de sant des Etats et entranent des

    dcisions onreuses. A tous les niveaux de la sant

    mentale, le dsm est devenu linstrument comptable

    des budgets administrs par des gestionnaires qui

    organisent la sant partir de contraintes nanci-

    res. Les problmes de sant restent ainsi non traits

    et sont nalement plus coteux. Des commissions

    inconnues du public prennent des dcisions sur

    cette base, et comme leur rrence est le dsm, el-

    les privilgient les traitements pharmacologiques

    (voire chirurugicaux) sur le ond dune pauprisa-

    tion voire dune destruction de lorganisation sec-

    torielle de la psychiatrie articulant lintra et lextra

    hospitaliser. Le dsm est devenu le cheval de Troie

    de lindustrie phamaceutique dans la pratique quo-

    tidienne et principalement celle des mdecins g-

    nralistes prescritpeurs de 80% des psychotropes.

    Ces orientations thrapeutiques gnrent un cot

    conomique lourd pour les Etats et les systmes de

    solidarit comme la Scurit Sociale. Le cot nest

    pas seulement un transert de ond au bnce

    de lindustrie pharmaceutique. Il existe aussi une

    utilisation medico-conomique . En onction du

    dodage dsm, des taux de patients de mme que

    l intensit des soins sont repertoris lavance

    et imposent des limitations thrapeutiques. Il est

    possible de mettre un terme lhgmonie naste

    de cette nomenclature.Nous voulons oeuvrer posi-tivement pour une clinique de la subjectivit.

    Rdaction Collective

    Ici sont reproduits des extraits du

    manieste que vous pouvez lire

    dans son entier et signer en

    ligne en vous connectant sur :

    http://initiative-arago.org

    4. Le dsmoRiente LesenseignementsveRs unepRatique unique

    5. LoRientation

    infLchie paRLe dsm estcoteuse pouRLes etats.

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    Bonjour,

    jai lu le numro 1 avecle mme intrt que le 0,et jespre quil y aura encorede nombreux numros.Cest rare un lieu dexpressionaussi libre, qui donne la parole tous et sous toutesses formes, merci pour a !

    mail

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    La neige tombait toujours,

    Et jtais l, immobile,

    Au milieu du blanc immacul,

    Jattendais je ne sais quoi ni qui,

    Do venais-je,

    Qui tais-je,

    Les questions restaient sans rponse,

    Comme si jtais ne avec cette neige,

    Comme si jtais ne de cette neige,

    Le blanc,Le blanc,

    Ces mots tournaient dans ma tte,

    Je ntais que blanc,

    Blanc des origines,

    Blanc de la pense,

    Vide du utur,

    Je ne pouvais penser rien dautre,

    Blanc,

    Blanc,Le blanc tourbillonnait en moi et autour de moi,

    Blanc,

    Blanc,

    Jtais la danse des focons,

    Lgre, immatrielle, ragile,

    Sans pass, ni prsent,

    Et sans espoir de utur,

    Je contemplais, je mimmergeais

    Dans ces larmes du ciel,

    Et les focons tombaient un un,

    Ma tte restait vide,

    Vierge de toute trace et inscription,

    Mon me dserte,

    La neige tombait toujours,

    Et jtais l immobile,

    Au milieu du blanc immacul.

    Lucile Longre

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    Toiles, acrylique, sans titreSylvain Bernaud

    (www.bernaudtableau.blogspot.com)

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    ST PIERRE DE LA REUNION HOSPITALISATION - 31 08 2011Tmoignages de lquipe soignante relativement la loi du 5 juillet

    Je suis cadre soignant, et on me fait tenir un rle un peu particulier.Jai un trousseau de clefs qui pse 10 kilogrammes, mon serviceest ferm, je ne compte plus le nombre de fois o jouvre et je fermeles portes. En plus, les lundis et jeudis, jorganise des rendez-vouspour les patients et les inrmiers au Tribunal de grande instancede mon dpartement.Suis-je soignante ? cf ministre de la sant ou suis-je ??? ?

    cf ministre de la Justice Policire Maud Caro

    mail

    Il y a une relation privilgie soignants soigns qui se met en place les accompagnements au tribunal, a casse tout.

    IDE

    mail

    Comment parler de condentialit quand on doit aller devant un juge lextrieur de lenceinte de lhpital ? o on peut croiser des gensque lon connait, que laudience est ouverte au public. Ce qui selon moientrane les autres vous tiqueter psy [FOU]Les personnes qui vous croisent portent un jugement sur qui vous tes etsur ce que vous avez t susceptible davoir fait. En gnral, ce nest pasdans le bon sens des choses. Ce serait le plus souvent comme tant un grand criminel . Une fois de plus, la maladie mentale sera stigmatise.

    Marianne Fontaine, inrmire

    mail

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    Je lui demandais souvent comment elle allait, si a

    allait ? Je me suis ait la rfexion que, dune part,

    Nathalie ne me demandait rien, (et que cela la ati-

    guait peut-tre que quelquun la sollicite en perma-nence pour lui poser ses questions), et que dautre

    part je madressais elle dune manire un peu

    convenue, sur un ton presque inantile. Javais lim-

    pression de la considrer a priori comme quelquun

    de dcient.

    Un change avec un collgue ma permis de raliser

    rellement que mon attitude relevait dun prjug

    sur ce que peuvent vivre et ressentir les rsidents.

    Un prjug aussi sur ce que serait cense tre lins-

    titution : une enveloppe maternante qui pallierait

    aux incapacits. Je me comportais comme si Natha-

    lie avait en elle une demande laquelle je devais r-

    pondre. Une demande quelle ntait soit disant pas

    en mesure dexprimer. Je venais donc combler cette

    incapacit. Jai compris au ur et mesure que, en

    grande partie, cest de linverse dont il sagissait,

    cest--dire avant tout considrer les capacits de

    lautre, si aaiblies et minimes soient-elles.

    Jai repens cette phrase de Marie Depuss :Jha-bitais du ct des ous, je veux dire dans leur ombre

    raternelle, monacale. Lune des bases de ma pra-

    tique dducateur repose donc sur ce regard que je

    pose sur les rsidents, sur la aon dont je madres-

    se eux, en les considrant dabord et avant tout

    comme des semblables desquels jai apprendre.

    Jai pris conscience que le travail daccompagne-

    ment ne consistait pas rpondre une demande

    suppose mais accompagner en silence parois,sans aire de commentaire.

    La qualit de la prsence de lducateur, la simpli-

    cit de lcoute tant parois aussi actives quune

    parole trop volontaire.

    Jai aussi eu aire avec ce dont nous parle Marie

    Depuss : linutile dans toute sa transcendance, la

    simplicit de lofce quotidien.

    Joseph et Jrme me demandent rgulirement de

    chercher sur leur MP3 portati une rquence ra-

    dio, une musique qui leur plat. Ils expriment une

    demande. Je pourrais leur rpondre quils sont

    adultes, que les permanents de lquipe leur ont

    dj expliqu tour de rle comment onctionne

    leur MP3 Mais jai compris, il me semble, et

    entendu que quelque chose dautre se jouait dans

    ce moment apparemment banal, simple, et sans

    consquences. Ces petits moments vcus ensemble,

    assis dans le bureau ou debout dans le couloir sont

    loccasion de dvelopper une relation dcoute, de

    conance et permettent quelqueois aux rsidents

    de parler de leurs craintes, de leurs tats intrieurs

    du moment.

    Jai pu noter lors des runions dquipe que nous

    travaillons souvent par ttonnements.Face langoisse dun rsident, lquipe travaille

    des possibilits et donne rarement des rponses

    xes qui impliqueraient un comportement g et

    peut-tre rigide.

    De la mme manire, dans ces instants qui peuvent

    apparaitre comme utiles, drisoires et accessoires se

    cache peut-tre pour le rsident une angoisse impos-

    sible dire, un besoin dtre pris en compte, regarder,

    de sentir quil existe et quil est bien prsent.

    J r rr rl r j r r

    l , , r rl j rr

    r r l. d lr-, j

    , rj rl.

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    Jrme dit trs souvent aux dirents membres de

    lquipe :Jai mal David, jai mal Jessica, jai mal

    Jacques. Il exprime une plainte. Si jai eu tendance

    au dbut vouloir rpondre, apaiser par les mots et

    donner une rponse, je me suis retenu au ur et

    mesure. Jai dcid de davantage lui exprimer sans

    la parole que jtais prsent, que je lcoutais, que

    jentendais, et souvent Jrme passe autre chose,

    sapaise, change despace, son humeur change.

    Accompagner Jrme, cest alors soutenir par le

    regard sa prsence et sa parole. Une posture appa-

    remment vidente, simple, la plupart du temps in-

    visible et pourtant, si lducateur en a conscience,

    il me semble que ce positionnement peut agir surlautre et peut avoir un eet rassurant.

    Jrme aussi me sollicite par-

    ois pour ranger le placard en

    dsordre dans sa chambre. Nous

    passons alors un temps plier

    son linge. Au tout dbut du

    stage, je ne comprenais pas sa

    demande : mon sens il tait tout

    ait en capacit daccomplir cetacte quotidien. Et pourtant, jai

    compris combien cela avait du

    sens et nous permettait de dvelopper le trans-

    ert, dentrer en conance. a nest nalement pas

    rien, de laisser lautre toucher ses aaires person-

    nelles, et de linviter entrer dans son espace priv

    et intime. Ranger ce placard, cest peut-tre pour

    Jrme une manire de mettre de lordre dans

    sa tte. Ce qui est maintenant certain pour moi,

    cest que cette demande cache une autre demande,

    indicible, dordre relationnel. Ces temps de range-

    ment avec lui ont maintenant toujours une dimen-

    sion motionnelle, trs simple, et trs humaine. Un

    moment o ses angoisses se contiennent, se plient,

    se rangent .

    Jai t sensible dans le livre de Marie Depuss sa ma-

    nire de parler des corps et des visages des pensionnaires.

    Jrme est un homme dune cinquantaine dannes.

    Il nous dit souvent : Jai vcu dans la rue, dans les

    quartiers Nord de Marseille . Un collgue me dit un

    jour, que lorsque Jrme traverse une crise, il fait des

    cauchemars. Il rve quil chute.

    Jrme a t jet par sa mre du balcon lorsquil avait

    7 ans Mon corps tait en bouillie , dit-il. Des an-

    nes plus tard, il sest jet dune falaise, aprs la mort

    de son pre, retournant contre lui lacte de sa mre,

    symboliquement.

    Jacques, ducateur, me dit : Cette image de la chute

    est inscrite en lui. Il la revit dans ses cauchemars. Alors

    quest-ce que a veut dire de demander Jrme le ma-

    tin : Comment a va ? Comment il peut en parler Jrme

    de cette image vcue qui revient dans les crises ?

    Je me suis demand ce quil en restait de cette imagevcue quand Jrme ntait plus dans les crises,

    quand il nous dit : Jai mal aux

    ctes, au ventre .

    Ma pratique consiste apprendre

    de lhistoire de lautre au ur et

    mesure, adapter mon coute et

    ma sensibilit envers lui. Quand je

    regarde le visage de Jrme quel-

    quefois, jy vois maintenant lecorps dsarticul de cet enfant jet

    du balcon. Je suis beaucoup plus

    sensible ce quil ne peut pas dire, ce qui lui serait

    trop angoissant et dstabilisant peut-tre, de dire, et qui

    le travaille dans langoisse et la peur lorsquil nous dit :

    Jai mal .

    Javais propos Myriam, sachant quelle aimait le

    dessin, dapporter des pastels au foyer mdicalis.

    Myriam est inscrite des ateliers extrieurs et au Lieu

    Ressources sur le Centre H. Wallon, espace ddi aux

    animations qui se veut un lieu de passage et de mdia-

    tion vers lextrieur. Elle a une bonne autonomie, ses

    habitudes. Je savais delle quelle est sur un versant

    autistique, au dire de lquipe. Elle parle souvent en

    cholalie, et rpte ce qui lui est dit.

    Nous avons dessin ensemble. Jai beaucoup appris delle,

    dans un temps trs particulier de silence et de respirations.

    Myriam ma beaucoup questionn sur la notion du don.

    Lorsque je lui ai prsent les grandes feuilles et les

    Je me suis demandce quil en restait decette image vcuequand Jrme ntaitplus dans les crise,quand il nous dit :

    Jai mal aux ctes,au ventre .

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    pastels elle mavait dit : Oui, je veux essayer. Ac-

    compagne-moi . Jai dabord commenc dessiner.

    Myriam ma observ puis au bout dun moment ma

    demand ce que je dessinais. Je lui ai rpondu que je

    dessinais un lac. Elle ma alors dit, aprs un temps

    de silence : Je regarde comme tu fais . Il y a eu

    nouveau du temps, du silence. Jobservais par inter-

    mittence Myriam, qui mobservait. Puis subitement,

    Myriam sest mise tracer un grand trait, jai eu le

    sentiment quelle se jetait littralement dans le dessin.

    Jai alors t trs lcoute de nos respirations respec-

    tives. Jai repens ce que mavait dit une collgue

    au sujet de Myriam. Que quelque-

    fois elle venait dans le bureau, sans

    rien dire, quelle restait un mo-

    ment prsente, et que ctait une

    manire pour elle de faire clin

    de gter de sa prsence, de don-

    ner quelque chose delle. Ce qui

    a retenu mon attention sest jou

    au moment o nous avons nalis

    nos dessins. Jai alors demand

    Myriam si elle tait satisfaite desa cration, elle a acquiesc et ma

    offert son dessin. Jai alors imm-

    diatement rpondu en lui offrant

    aussi le mien. Myriam sest arrte

    un moment et na pas rpondu. Aprs ce moment dar-

    rt elle ma dit quelle ne voulait pas, quelle navait

    pas de place dans sa chambre. Son expression tait trs

    afrme. Elle sest mise alors travailler un autre

    dessin, quelle souhaitait offrir une amie rsidente.

    Je me suis dit que Myriam avait un fort rapport au don

    (elle cre pour offrir aux autres) et quelle mexpri-

    mait, menseignait quelque chose de vrai : quil nest

    pas trs juste de rpondre au don, au cadeau de lautre

    immdiatement. La relation, ce nest pas un lien de

    lordre de la consommation de lautre. a se joue dans

    le temps.On joue dans le temps.

    Jcris beaucoup au sujet de Myriam. Elle est une per-

    sonne qui mtonne et me questionne beaucoup.

    Un moment ma particulirement touch : Myriam

    se charge de ramener le chariot du repas du soir au

    rez-de-chausse. Elle stait mise en route, mais un

    rsident la interpelle pour rajouter une assiette sur le

    chariot. Alors quelle revenait, ce rsident lui dit : Tu

    es notre sauveuse Myriam. Elle nous a alors inter-

    pells, demandant ce quil disait et afrmant quelle

    ntait pas une sauveuse. Jai mdiatis lchange, en

    rassurant Myriam, lui expliquant que la motivation du

    rsident envers elle tait sympathique et gentille, quil

    ne se voulait pas tre blessant. Jai aussi formul que

    Myriam naimait pas ce mot sauveuse. Ce qui ma

    touch et surpris, cest qu lexpression de ce mot,

    jai vu le corps de Myriam sarr-

    ter, elle sest retourne vivement.

    Jai ressenti sa colre et son refus

    dune quelconque tiquette. Sa

    capacit rsister et sinterposer

    ma tonn. Je me suis dis quelle

    tait peut-tre attaque par la force

    du sens de ce mot, quil rsonnait

    en elle particulirement, au regard

    de son histoire peut-tre.

    Je me suis dit que la frontire entrela normalit et la psychose se ni-

    chait aussi dans cette hyper sensibi-

    lit ce qui est formul, dit de nous.

    Ce qui touche aux reprsentations,

    limage que les autres ont de nous, et qui nous est

    plus ou moins supportable.

    Myriam maide en quelque sorte, rchir aux

    troubles psychiques, lenfermement des rsidents

    dans des termes cliniques. Myriam a cette force intacte

    de rsister ce quon ne la range pas dans une case,

    quelle quelle soit. Comme le dirait M. Depuss : je

    lui dois bien a . De mapprendre. En marchant au-

    prs de ces adultes pris dans les folies, engouffrs dans

    les angoisses, en minstallant avec eux la caftria

    pour le repas, jai eu quelquefois le sentiment dtre

    leur double. Jtais l comme une gure saine en

    face deux. Jai moi aussi choisi dtre dans la marge,

    lendroit du licenciement de ltre, pour reprendre

    les termes deMarie D.

    Pousser la nourri-ture dans lassiettede Nathalie pourque cela soit plusacile pour elle

    de manger, aiderMyriam enler

    sa veste : nombresde dtails quiaonnent cet

    accompagnementdans le quotidien.

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    Pousser la nourriture dans lassiette de Nathalie pour

    que cela soit plus facile pour elle de manger, aider

    Myriam enler sa veste : nombres de dtails qui

    faonnent cet accompagnement dans le quotidien. Je

    ne sais pas si cest Dieu qui y gt, sauf si Dieu a voir

    avec quelque chose dune attention juste.

    Jai souvent eu cette sensation dattendre, dtre assis

    l, quelque part dans le foyer, couter les murmures,

    les respirations du lieu, et dattendre que lon ait be-

    soin de moi, que ce soit pour une parole ou pour quel-

    que chose de la vie matrielle .

    Le moniteur ducateur endosse parfois la posture du

    tuteur (pour soutenir lautre, laider se lever, avec

    Nathalie par exemple).

    Jai eu cette sensation dtre un point dappui, un bton

    de plerin, mais ici, au Foyer, ce sont eux, les fous,

    qui mindiquent le chemin, qui me conduisent, me m-

    nent.

    Jai aussi le sentiment maintenant, davoir appris quel-

    que chose du processus de la rencontre, du transfert et

    de la conance. Jai eu une position dcale en arrivant

    en stage, je me suis mis lgrement en retrait, comme

    je peux le faire encore, lorsque jaccompagne un rsi-dent chez son psychiatre et quil me demande dtre

    prsent lors de lentretien par exemple.

    Si jai choisi de me fondre dans le paysage et dtre

    comme lombre de lautre, cest quil sagissait bien

    de prendre et de laisser travailler le temps pour pouvoir

    tre investi par ces adultes, comme autre chose que ce

    que je suis dans mon espace priv.

    Jai t trs mu, que Jrme au bout de deux mois me

    dise : Ma maladie moi, cest la paranoa. Puis

    plus tard, lors des courses : Je mentends merveille

    avec toi. Comme avec un frre. Jai reu, sans y r-

    pondre, ces paroles comme des cadeaux trs prcieux.

    Je ne my attendais absolument pas. Jai t sensible

    ces mots :je, mentends, avec toi. (Jentends, moi ).

    Jai ralis ce que ce travail exigeait dhumilit et

    dexigence intrieure. Il y a une sorte dintgrit pr-

    server pour lautre, un positionnement penser rgu-

    lirement, pour garantir lautre notre prsence, quil

    sest parfois autoris investir comme un espace de

    rencontre nouvelle avec sa propre histoire.

    Jaccepte dtre leur ombre, de veiller ce fl invisible

    qui nous aide chacun, rester debout, et marcher.

    David Lon

    Moniteur Educateur

    1re anne

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    Depuis 1978 cet atelier ore aux personnes en sourance, laccueil,

    la disponibilit, laccompagnement dun proessionnel permettant chacunde sexprimer librement et symboliquement notamment travers les arts plastiques.

    Cest un lieu ouvert o le rve, et la pause sont encore possibles.

    Avec des ralisations individuelles et/ou collectives, chacun a un parcours singulier

    acilit par lesprit de latelier ait de respect dautrui, de convivialite, de mise

    en conance et de valorisation personnalisee. Quiconque est considr comme

    une personne citoyenne, voire un artiste, ut-il parois en sourance.

    Il est invite prendre la parole publiquement dans tel ou tel colloque,

    comme en octobre 2010 artsetsoins de la revue lautre et mana,

    dans des invitations repetes au symposium de latelier du non aire (Paris),et autres estivals, se aire connatre an de lever petit petit, les prjugs !

    En prolongement de latelier, chacun peut exposer dans des lieux trs dirents,

    de culture ocielle ou non, comme par exemple, dans des associations,

    des bars, des universits, un clotre et une glise dsacralise, un garage, un squatt

    et aussi un muse, soit prs de 350 expos ce jour, en Aquitaine et au-del.

    Pour cela, larbrerose sest dot aujourdhui doutils de diusion

    culturelle dirents degrs douverture, tels :

    lespalabreurs (groupe dexposants de latelier),

    Et le collectiftouzazimuts, (Les Palabreurs plus invits),

    Qui, en janvier 2009, a t sa dixieme dition, lespace Saint-Remi de Bordeaux.

    Invits une ois, il nest pas rare que nous soyons invits plusieurs ois par

    les mmes partenaires qui nous proposent daccrocher une nouvelle expo,

    puis prendre la parole, partager un repas etc.

    En 2007, nous participons au premier estival mixamum initi par Pascal Croce,

    avec trois expositions ( Eysines, Cauderan, Mrignac), le but tant linter-handicap

    et linter-culturel, auquel nous souscrivons entirement. En 2010, nous rpondons

    a une nouvelle invitation, pour la 2me dition du estival.

    De l, nous avons t invits par lAssociation hauteurdhomme

    pour laquelle nous avons expos Mrignac ;Ainsi de suite... Notons que plusieurs artistes de latelier exposent par eux-mmes,

    Untel dans un Festival de bd, tel autre dans une galerie, un resto ou autre association,

    et Olivier vient dtre admis socitaire du salon des indpendants.

    Nous les encourageons vivement. Au niveau institutionnel, il en va tout autrement,

    des confits rcurrents persistent (nombreux dmnagements et menace dexternalisation

    de latelier, menaces aussi sur les uvres etc le tout perturbant considrablement

    les patients). Mais larbrerose rsiste et ne cesse de plaider pour la pluralit

    des soins et pour des approches necessairement dierentes.

    JB. Couzinet, Dr en Communication et Plasticien - larbrerose.artblog.fr

    larbre rose

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    Concernant laudience du patient au tribunal : ce qui peut poserproblme au niveau du ressenti du patient : il y a une grosse angoisse,un sentiment de culpabilit, beaucoup de questionnements. Aussiil y a toute une procdure impressionnante pour la mise en uvrede cette audience.-transfert du patient au tribunal avec un accompagnement soignant :impression dtre un maton pour le soignant)-le patient doit faire face un juge, un grefer, un Procureurde la Rpublique : sentiment de culpabilit, de faute- il y a un risque de dcompensation pour le patient : dlirede perscution, incomprhension.-Pour lexemple cit, ce patient a eu dj une expriencedes tribunaux. Malgr cela, il y a eu un vcu plus que difcile.O est le rle de soignant l dedans ?

    Olivier Lebon, inrmier

    mail

    M; En dlirant par rapport des faits quil aurait pu faire subirdans le pass, trs angoiss, a dcompens suite son passagechez le juge (audience J 15).Un autre patient, trs anxieux de passer devant un juge, ncessiteune mise en chambre disolement. (retrouv dans le faux plafondde la salle de bains)

    Adeline Montier, inrmire

    mail

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    Quand je me vois dans une glaceJe tire la langueQuand je me voisJe mviteQuand je passe thyliqueDans lespace je suis deuxJaime mentirMa vie je mensEt devant les refetsJe remets du rouge

    ExactementO il autComme il autCette ssureQue renvoie le miroirCette gifeJteins la lumireDans lobscur jaime la vieMais doncUn dernier regard avant le largeEt je mapplique marcher comme il aut marcher

    La respirationLa coeur battant aux rythmes pareils des autres coeursCest tout ce biduleQui clateCest tout ce cirqueQuexploseToutes ces questionsToutes ces questionsQue jai toujours vitesMon silence cest la vieAlors, pourquoi ?

    Avec un Bic coch BECK et Young ?Titiller le moi ?Mal de merMais voil longtempsJe ne vois plus mon refetPrs des lames daciers ou inoxJe suis perdueJe suis en panne de moiToutes ces pagesQui ont accouch dautres pagesComme je les hais

    Comme je suis dpendanteUn jour

    BERCK

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    Dans ce ciel de vitreJe verrais mes yeuxEn les reconnaissantPeut tre (www.bernaudtableau.blogspot.com)EnnCe sera la gare darriveEt ces questionsCes lignes je les remplisComme on avanceDans la neige.

    Anne Fontaine

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    CARCASSES FRONTIRESQuest-ce que le collecti des vads du bocalCest plus ou moins un collectiCest un lieu le lieu ditCest un capCest une pninsuleQuest-ce que le lieu ditVa quand il ptune le bruit aux voisins leur montent aux narines

    Cest un estivalCest un petit parasolQui accueille des artistes, des philosophes, des psychanalystesQuest-ce qui sest droul ?

    des dbats, des ides, des jaillissementsPrenez garde que votre tte entrane ne tombe sur le sol

    Des gens de Morsang, de Montermeil, de Reims sont venus Parispour dire des textes, chanter des chansons, jouer avec des instrumentsde musique ; des gens de Paris ont parl de leur crits, les critsde Paris se ramassent la pelle, certains poussent des cris dautresse secouent la cervelle , parois les deux

    quoi sert un collecti? voir et ne pas voir...enregistrer et ne pas enregistrer....

    aire parler et aire taire....Et quant notre collecti qui se dcarcasse pour....pour quoi au ait?...parce que a marche, de se dcarcasser...

    Un collecti cest de la psychiatrie,cest de la olie, on n y voit goutte

    Anglisme versus rel ?

    Gnrer un espace et un temps qui nous runissent pour exprimenteret promouvoir un possible de lorganisation sociale qui ne relguepas la abrication ni le onctionnement de sa structure la bureaucratie.Il ny a pas de rfexions nonces sur nos rles dans la structure.Il ny a pas de bilan hebdomadaire ou mensuel sur ce qui onctionne ou pas.

    Pdant : Il sagit de tous rester des dsajustsTendre : La mre, la emme, laraigne ; recracher laraigne - Mary Barnes.

    Laver les mes ?

    Donnez-vous la main.

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    Je veux entrer en moi, tre comme avant Ne clarions pas les onctions

    Mais quai-je donc ait ?

    Tu es ici, dans ton corps. Toncorps ne peut pas disparatre.

    Explicati : Je ne pense pas que ltiquette de olle sapplique Mary ni toute autre personne qui peut sexprimer

    dune aon quun tranger qualierait de bizarre.

    Je nai pas peur de ta merde.

    Le thtre ma ait comprendre quon ne sert pas rien,quon peut aire quelque chose.

    On conond souvent rception et vrit.

    Croire quon peut tout prvoir, cest la pire olie ;cette tentation dune prvention totale...O est la vie dans tout a?

    Mise lcart de la olie comme dimension humaine.

    Quatre jours mon amour, pas de lettres de toi.

    Et la olie que certains artistes revendiquentdans leur oeuvre comme source de gnie,et les ous qui ont de lart et leurs uvresqui peuvent tre perues comme monstrueuses...

    Curieux : de quoi sert cette oblongue capsule ?dcritoire Monsieur ou de boite ciseaux

    Faut-il tre ou pour tre artiste?

    Comment incarner la olie sur un plateaude thtre ? Sans rentrer dans lcueilde ltiquette et de la norme?

    Faire lexprience de la olie,la traverser. Comment aire celadans notre socit scuritaire ?

    Un endroit devient ce que les gens en ont.Ce quils ont en ait un temps prcis.

    Persiste entrer en toi, reusequon tarrache toi, (), couche-toi nue, grandis, traverse ta olieet sors-en, supporte-toi.

    Merci Hossein Sadeghi et Lola Montalant, ceux qui nous accueillent au Lieu-dit ;et ceux qui sont venus au Lieu-dit pendant

    tout ce mois.

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    Certains ont jou en public pour la premire ois Qui est le mieux plac pour jouer la olie sur scne, les ous ? Les autres ? Qui est lgitime pour parler dart et de olie ? Parois les gens me disent : quand on vous voit sur scne on ne dirait vraiment pas que vous teshandicape . Cela nie ce que je suis, la lutte que jai men toute ma vie. Cela me ait penser quil existeune posture soi-disant subversive, en ralit moralisante, qui consiste critiquer la aon dont les gens sedsignent eux-mmes, en leur expliquant quils nemploient pas les bons mots pour parler deux.

    Un collecti cest de la psychiatrie, cest de la olie, on n y voit goutte

    alarme : Le suivisme de la norme met en danger la dmocratieempathique : Vous ntes pas les vads du bocalmais les envahisseurs du bancal !dsabuse : On peut parler, parler, en toute libertmais tout le monde sen out parce quon est que des ous.

    rvolte : Quand on est repr comme ou la parole devient libremais plus personne nen coute le contenu.

    Pendant le estival des vads du bocal, jai rencontr plein de nouvelles personnes.On voquait une situation, un lieu, un travail de olie et on questionnait le tmoin, le rapporteur.On voyait un lm et on discutait avec son ralisateur.On voyait une pice de thtre et on en rencontrait lauteur.

    Dans cette pice du Lieu-dit, on a pass un mois exposer combien la olie est humaine,une part plus ou moins exprime, matrise de soi-mme des sourances et des rves qui nous agitent.Des vtres et des miens videmment.

    On a t assez nombreux dans ce estival.On a ait attention ne pas se marcher sur les pieds.Les dirents pisodes nous ont donn chaud et soi.Mais il y avait boire, manger parce quon tait au Lieu-dit.Et quun bistrot aussi inhabituel que celui-ci est devenunotre lieu de rendez-vous.

    Pendant un mois et sans doute pour plus longtemps.Vraiment, merci vous tous pour cette te.

    Toute la dicult des enjeux de pouvoir dans les institutionsest de ne sombrer ni dans le tout implicite (inattaquable)

    ni dans le tout explicite (irrespirable),les deux ormes tant galement totalitaires

    Lart est politique car il montre les problmes au grandjour, problmes diciles dire avec des mots

    Lart et la olie, deux mots, deux ocans de dires possibles.

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    cest la Mer Rouge

    gracieuse : Dans les Temps modernes, Charlot est limagemme du Schizophrne dangereuxtruculente : Le mtier de soignant cest passer sa vie laborerson trauma en se servant de celui des autres.amicale : Langoisse et le dsir sont parois collsebahie : Joe Berke a donn un coup de poing Mary Barneset sest dit mais quel docteur suis-je pour traiter ainsimes patients ?premptoire : Les tiquettes a rassure et a vite de rfchirhallucine : Quand on va la vitesse de la lumire,il ny a plus dombre mais il ny a plus de sensintrigue : Jai rencontr une peintre subaquatique,elle plonge au ond de la mer et peint des paysages sous-marinscomplexe : -les enants solsticiens taient devenus soignantsou artistes. Soigner et crer, deux manires proches dlaborerson trauma ? ceux qui travaillent sont ceux qui pensentavoir le temps et ceux qui ont des trous ne sont pas srsdu temps qui passeaffirmatif : On nest pas pays pour tre ouadmiratif : Des ormes artistiques ont t cres exprspour le estivalabus : Certains ont rpt ce quils avaient dit pareilailleurs, dautres ont rinvent leur discours pour loccasiondramatique : Le vido projecteur a grill ; il na pas support :il se prenait pour une camra de vidosurveillance.confidentiel : Et maintenant que le estival est ni,que jai trouv les cls pour mvader de mon bocalque vais-je aire ? ... Ah je sais ! je vais retournerdans mon bocal, je vais le aire tout beau, le dcoreret je vais inviter plein de poissons sympas.

    La grande dirence ou lart de bien nommer les choses.

    Faire du thtre avec des personnes en situation dehandicap psychique, cest avant tout leur donneraccs un mtier.

    Un ou tue. Un prsident parle. Avec autorit. Et tout est remis en question.Pendant ce temps, certains ont dcid de svader du bocal. Ne nous mpre-

    nons pas : larbre qui tombe ait plus de bruit quune ort qui pousse. Maisla ort continue de pousser. Et larbre tomb est bien vite oubli

    La dmarche de cration artistique a une structure singulirement ane avec la dmarche dune curepsychanalytique : le sujet ne sait pas ce quil y cherche, ce qui ly attend. Cest le rel de loeuvre aon-

    ne ou bien des mots prononcs, qui simpose lui, implacable, aisant autant eet d(in)satisactionsur le sujet queet de questionnement sur le pourquoi de la question.

    Psychanalytique :le sujet ne sait pas cequil y cherche, ce quily attend. Cest le relde loeuvre aonne oubien des mots prononcs,qui simpose lui,implacable, aisant autanteet d(in)satisactionsur le sujet queet

    de questionnementsur le pourquoide la question.

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    Jentends dans ce que tu dis la rustrationde ne pas tre artiste.Et la jalousie de ne pas tre soignant

    Les vads du bocal mont rconcili avec le collecti.Les vads du bocal mont ch avec le collecti

    Les vads du bocal ou comment aire du collecti lobjet de son dsir.Les vads du bocal ou comment aire du collecti lobjet de son ennui

    Tout comme le sujet, le collecti a sa partdombre, une part de lui-mme qui lui chappe,impossible dire, quil ne peut que se contenterde cerner par llaboration partage.

    Folie du monde, je suis oude vouloir te prendre avec mes ailes blessesJaime quand ty reviensPour un voyage fuide comme une image

    Jaime quand tu tranesJuste le temps dun voyage

    On dirait des phrases qui parleraient du estival,des phrases entendues , des phrases ressentiesdes phrases imagines

    Que ait-on dun bocal dsormais vide ? Des contures.

    Goguenard : - Alors votre estival, cest un truc la gloire de la psychiatrie ? Euh... non pas tout ait.

    Alors pour le morceau jai pens des cocottesde unk et des triades de substitution. Jai ruminma question pendant tout le dbat, et quandjai nalement trouv sa ormulation exacte,tout le monde est all au bar.

    Du 7 mars au 3 avril 2011 au Lieu-dit a eu lieu un estival qui sest appelLes vadsdu bocal, il a t question de spectacles, de dbats, de lms, de discussions avec du monde autour.Cest lhistoire dun estival qui parle dart et de olie, de la culture et de la psychiatrie, des luttes,des langues et des oublis ctait un sacr bazar auquel je nai pas tout compris. Cest une aaire ordinairedans un bar, des gens qui boivent des bires, des attentes bizarres, des bons moments dans lart,je suis seul et je suis ensemble en mme temps dans la olie aussi sommes-nous un collecti ?

    Le prochain estival des vads du bocal

    aura lieu en mars 2012 au Lieu-dit, Paris xxelesevadesdubocal.canalblog.com

    Les membres du collectif les vads du bocal Apolonia Breuil, Loriane Brunessaux .Patrick Franquet, Primo Gramalia,Charlotte Hess, Rmi Hubert, Patricia Janody, Antoine Machto, Boris Man-dalka, Louison Neuville , Marine Pennaorte, Valentin Schaepelynck

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    Il me semble quindpendamment des difcults de la mise en place

    de cette loi (que je connais bien puisque je participe dans ma rgiondepuis novembre au SROS psychiatrie en pralable la prsentation la CRSA, Conf de territoire et Conseil de surveillance) tout le mondeest noy dans les obligations quelle reprsente et en pressentles effets pervers.(...)Je pense en particulier aux soins ambulatoires sans consentement,senss remplacer les sorties dessai. Tout dpendra si, dans la pratique,elles servent rduire les hospitalisation et donc les cots ousi effectivement il sagit dun encadrement des ex sorties dessai.Premires constatations sur le terrain : Les psychiatres tentent

    au maximum de faire sortir les patients avant le 15me jour, ande leur viter les audiences et la divulgation de leur tat. Les questionsqui se posent alors sont les suivantes : Ces personnes sont-elles bienstabilises ? Je nimagine pas quelles puissent sortir sans moyenspour continuer se soigner, cependant, on sait bien que ces maladiesont une rpercussion trs importante sur la relation entretenueavec lentourage. Leurs familles, lorsquelles les hbergent, ont-elles t prpares cette sortie, (informer quil ou elle est sortant,nest pas une prparation !) ? Ont-elles appris ajuster leurscomportements et prendre du recul? Sassurer qu la sortie,

    elles ne seront pas confrontes une incomprhension totalede leur famille, cest leur viter les angoisses et les crises familialesqui ne font quaggraver leur tat. A-t-on tenu compte, de la prsencede frres et soeurs, quelquefois trs jeunes, et des rpercussionssur la construction de leur propre identit ?A dfaut, nous serions donc bien, premire vue, dans une rductiondes journes dhospitalisation sans que des instructions en ce sensde la DGOS soient ncessaires