note sur un bronze phÉnicien

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NOTE SUR UN BRONZE PHÉNICIEN Author(s): Guillaume Rey Source: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 10 (Juillet à Décembre 1864), pp. 214-218 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41734306 . Accessed: 21/05/2014 14:58 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.78.109.99 on Wed, 21 May 2014 14:58:29 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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NOTE SUR UN BRONZE PHÉNICIENAuthor(s): Guillaume ReySource: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 10 (Juillet à Décembre 1864), pp. 214-218Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41734306 .

Accessed: 21/05/2014 14:58

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NOTE

SDR

UN BRONZE PHÉNICIEN

Ce bronze, qui représente un animal androcéphale, accroupi sur ses jambes de derrière, et dont le corps parait être celui d'un lion, mesure 6 centimètres de hauteur totale ; sa tète, coiffée d'une haute tiare, et ses ailes, se rattachant à la partie antérieure du corps, lui donnent une grande analogie avec les ligures de taureaux assyriens, découverts à Khorsabad, analogie que rend plus frappante encore un pectoral descendant du sommet des épaules jusqu'à la moitié des jambes. La méthode d'après laquelle est traitée cette partie de notre bronze donne lieu de penser que c'est une crinière que l'artiste a voulu rendre, tout en demeurant assez fidèle aux formes générales que présentent les monuments assyriens, dont il paraît s'être inspiré.

Le type de figure se rapproche de celui de la race nubienne : le nez épaté, les lèvres épaisses, la barbe courte et peu abondante. - La fente des yeux est très-allongée, ces derniers, originairement in- crustés en pâtç de couleur ou en métal précieux, ont aujourd'hui disparu; les oreilles, fort développées et détachées de la tête, ont une fort grande analogie avec celles d'un lion (1); la disposition des che- veux, si on l'examine avec grande attention, rappelle ces boucles ar-

(1) jEon, ou le siècle, a généralement pour attribut la figure du lion. M. le baron de Witte, à l'occasion d'une médaille de l'empereur Posthume, portant au revers un lion accompagné de la légende Seculum , -cite dans une note toutes les statues connues de cette divinité. - Cf. Revue numismatique , année 1859, p. 437. - Zoega. Bassirilievi , t. II, tav. LIV; Cf. Visconti, Mus. Pio . Clem., t. II, tav. XIX; Raffei,

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NOTE SUR UN BRONZE PHÉNICIEN. 2iB

rondies, encadrant le front, que l'on remarque sur plusieurs sarco- phages phéniciens du musée du Louvre, et dans un grand nombre de figures assyriennes.

La tiare surmontant la tête de cette divinité est formée de trois cercles superposés, son ornementation est très-simple et n'a proba- blement jamais consisté qu'en traits perpendiculaires réunissant les cercles entre eux. Le troisième et plus élevé de ces cercles, dont il ne reste plus qu'une partie, était orné d'une ligne pointillée.

Quant aux ailes, complètement brisées aujourd'hui, elles n'exis- tent plus que dans la partie adhérente au corps ; nous retrouvons ici l'artiste fidèle à l'art assyrien, auquel il a emprunté ces ailes, cise- lées au burin.

La queue est relevée, et, bien que mutilée, il est facile de recon- naître qu'elle doit avoir formé un double anneau.

Dans l'état où est ce bronze, avec la fracture qui se voit derrière la nuque, il est impossible de se rendre compte d'une manière exacte de ce qu'était la figure dans l'origine. Était-elle isolée, où bien appartenait-elle à quelque meuble, tel qu'un pied de candélabre, ou bien encore fut-elle un des supports du trône d'une divinité? L'hypo-

Dissertaz.y p. 131. Rome, 1834: Félix Layard, Recherches sur le culte de Mitra , pl. LXX, LXXI1I. - Une petite figurine en bronze représentant >Eon léontocéphale a été trouvée récemment à Constantine, et une autre à peu près semblable à Cler- mont, en Auvergne.

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216 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. thèse la moins probable est que ce fut une figure isolée. On peut, malgré cela, sans trop de témérité, tenter de déterminer cette figure, dont on ne saurait méconnaître le caractère religieux.

Qu'elle provienne ou non d'un meuble (car l'usage de mettre aux meubles et aux bijoux des figures de divinités et d'autres représen- tations symboliques était fréquent en Asie), cette image est, en effet, semblable à celles d'animaux fantastiques qui supportent le trône d'un dieu de l'Olympe oriental figuré sur un médaillon de l'em- pereur Albin, et désigné à l'exergue par le nom Seculum frugiferum.

Mais quel peut être ce dieu-siècle? Un mémoire (i) de feu M. Charles Lenormant va nous l'apprendre

Voici l'analyse de ce mémoire. Pour le savant académicien, le médaillon représente l'image d'un

dieu d'origine phénicienne adoré à Hadrumète (cité de la Byzacène, ancienne colonie des Carthaginois. - C'est dans cette ville que na- quit l'empereur Albin.

Le mot latin Seculum n'est point un nom de divinité ; mais sa tra- duction grecque Atòv peut nous mettre sur la trace de la divinité recherchée. Il est probable que l'JSon phénicien, comparé par Da- mascius au Phanès Orphique, différait fort peu d'JSon, frère de Protogomus. Dans son analyse de la cosmogonie de Mochus, qui avait été adoptée par les Sidoniens, Damascius nous représente, en effet, l'Alàv des Grecs comme le plus élevé des êtres intelligents. Or, M. Movers établit, au VIII* chapitre de son ouvrage ( Die Phoenizter), l'identité qui existe entre JSon ou Ulomus et Baal-Itan, ou le Per- durable des Phéniciens et des Assyriens, qui correspond au Bélus des Babyloniens OoÍvixe; xai 2úpoi ròv XP^V0V *EX xal JM|X xal BdiXáOqv ¿icovopáÇouat (2).

Il résulte, de plus, du texte de Damascius que le Temps ou le Siècle n'était point une simple allégorie, mais une des formes populaires de la divinité suprême.

En rapprochant ces diverses indications du médaillon d'Albin, on reconnaîtra sans peine, dit M. Lenormant, que cette figure est iden- tique à la figure de l'Atóv de Mochus et du culte phénicien.

L'épithète de Frugifère, jointe à la traduction latine d'Olam ou ¿Son, s'explique facilement par le titre de Frugifera, donné à la co- lonie romaine d'Hadrumète. - Cette dénomination se rencontre d'ailleurs assez fréquemment dans les légendes des monnaies impé-

(1) Revue numismatique , 1842, p. 00. (2) Cf. Damascius, ap. Phot., p. 343. Behk.

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NOTE SUR UN BRONZE PHÉNICIEN. 217 ríales. - Et ce titre paraît naturel à cette divinité, si Ton se reporte au passage de Philon de Byblos : Eupeïv 8e tòv Aîwva tíjv ¿irò twv SevSpwv TpOCf rtfa (1).

D'abord on avait cru reconnaître un bonnet phrygien dans la coif- fure des sphinx de Ykureus d'Albin, mais M. Lenormant établit, dans les notes du remarquable article que nous venons de résumer qu'il y a lieu de considérer comme nous l'avons nous-même dit plus haut, que sous l'influence de l'art grec la tiare droite et évasée res- semblant à un modius, qui surmonte la tête des divers spécimens de sphinx phéniciens existant dans nos musées, a dégénéré progressi- vement et est devenue la coiffure mal déterminée des sphinx repré- sentés au revers de ce médaillon; leur origine phénicienne est d'ail- leurs rendue plus probable parles divers points de comparaison cités par le savant archéologue.

Latiare droite qui surmonte la tête de notre divinité est donc la coif- fure habituelle des rois que nous trouvons figurés dans les monuments de l'antique Asie. - La figure du sphinx ailé se rencontre fréquem- ment dans les monuments assyriens et phéniciens, et sur les vases de la plus ancienne fabrique, généralement considérés comme les produits de l'art phénicien, qui, à une époque fort reculée, paraît s'être répandu dans tout le bassin de la Méditerranée.

Le sujet de notre bronze a assez de rapport avec les images de sphinx représentés sur le médaillon d'Albin, pour que, dans le cas où l'on admettrait l'une des hypothèses posées par nous plus haut, et suivant laquelle cette figure aurait servi de support au trône d'une divinité, il y ait tout lieu de croire qu'elle provient d'un groupe re- produisant le dieu Ulamus.

Si maintenant, suivant l'une de nos deux autres hypothèses, cette figure s'était trouvée isolée, nous ne devrions pas oublier que, dans les habitudes du langage symbolique de l'art durant l'antiquité, l'animal consacré à une divinité et qui lui sert d'attribut personnifie cette divinité elle-même; cela est surtout vrai pour les types, mon- strueux assemblages de formes hétérogènes, sous lesquels les Asia- tiques symbolisaient souvent leurs divinités durant les temps où l'art était encore dans les périodes archaïques. - Plus tard, le goût épuré de la civilisation grecque, sous l'influence de laquelle fut exécuté le type du médaillon d'Albin, répugna à ce genre de repré- sentation, et quand il les admit, ce fut en les faisant passer du rôle de sujet principal à celui d'attribut secondaire : ainsi le Baal-Itan,

(1) P. 14, Orel. X. 15

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218 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. moitié homme et moitié poisson, qui forme le type principal des médailles primitives d'Itanus de Crète (1), frappées lorsque l'in- fluence phénicienne était encore prépondérante dans cette île, devint simplement un symbole accessoire et de très-petite dimension dans Je champ des pièces de cette ville, frappées sous l'influence hellé- nique.

De même lorsque^l'on voit sur une médaille romaine de l'époque d'Albin un dieu essentiellement asiatique représenté avec le costume d'une divinité classique, mais assis sur un trône que supportent deux monstres d'un type exclusivement oriental, on peut affirmer que ces monstres ne sont là qu'en souvenir de l'ancien mode de représenta- tion de la divinité, que le goût grec ou romain lit déguiser et relé- guer au second plan.

Ainsi notre bronze, que l'on peut considérer avec certitude comme l'un des animaux symboliques du trône d'Ulamus, s'il faisait partie d'un groupe; peut et doit s'il était isolé, être regardé comme l'image dece dieu lui-même.

Guillaume Rey.

(1) Mionnet, Descriptions de médailles antiques, supplément, t. IV, p. 32a, n 188. - Id., t. II, p. 285, n» 213 & 216.

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