nos pistes pour agir

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ET AUSSI : Alcools bio / Quiz du recyclage / Amap géante à New York… www.terraeco.net DOSETTE DE CAFÉ La rançon du succès J’AI TESTÉ Les sites de rencontre verts AUTOLIB’ Le flop annoncé ? PLACEMENT Ouvrez votre « compte épargne abeilles » Nos pistes pour agir TRAIN / AVION : qui pollue le moins ? Belgique, Luxembourg, Portugal « Cont. » : 5,90 euros - Suisse : 9,80 FS - Canada : 10,25 $C - DOM : 5,70 euros

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Page 1: Nos pistes pour agir

Et aussi : alcools bio / Quiz du recyclage / amap géante à New York… www.terraeco.net

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Nos pistes pour agir

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La liberté de changerPar Walter Bouvais, directeur de la publication

Erik Johansson (dossier)Originaire de Göteborg (Suède), Erik Johansson, 24 ans, se définit plus comme artiste que

photographe. Pour lui, la photo n’est qu’un « matériau de base » pour mettre sur le papier les scènes surréalistes qu’il imagine. Très remarqué pour ses montages, il travaille aussi pour la publicité et l’édition. « Terra eco » publie ici une série d’images symbolisant les méandres de l’esprit humain.www.alltelleringet.comflo

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hanger le monde. » L’expression

est sur toutes les lèvres après trois années qui ont vu s’enchaîner la crise des subprimes, un choc pétrolier, une crise alimentaire et une récession économique

majeure. On ne peut que s’en réjouir, même si un soupçon d’anticipation aurait permis d’arriver à la même prise de conscience sans en passer par un tsunami économique et social. Mais sommes-nous bien tous d’accord sur les raisons et sur les façons de changer le monde ? L’empressement avec lequel la contribution climat-énergie – perfidement rebaptisée « taxe carbone » – a été torpillée en France, en dit long sur le chemin qu’il reste à parcourir. Dans l’Hexagone comme ailleurs, les sempiternels arguments sur la compétitivité l’emportent systématiquement sur la vision à long terme. Pourtant, conjuguer développement durable et prospérité est non seulement faisable, mais aussi très souhaitable.C’est faisable, comme en atteste le développement récent de nouvelles « filières vertes ». Plusieurs études chiffrent, de façon précise, les centaines de milliers d’emplois verts, durables et non délocalisables, qui sont à portée de main dès

maintenant (1). Alors que le chômage frappe, pourquoi hésitons-nous encore à nous lancer ? La réponse est simple : la société française – et avec elle notre « vieille Europe » – est paralysée par la peur de perdre ce qu’elle a, qui se réduit pourtant comme peau de chagrin. Si vous deviez conseiller vos enfants sur leur avenir, leur suggéreriez-vous de s’orienter vers les métiers des énergies renouvelables et de la chimie verte, ou vers la filière du charbon ?C’est surtout très souhaitable, car pendant que nous ressassons nos vieilles lunes productivistes héritées d’un monde infini, notre écosystème s’effondre de façon presque invisible. Nous consommons chaque année 125 % à 130 % des ressources renouvelables disponibles sur la planète : nul besoin d’être prix Nobel de mathématiques pour comprendre que « ça ne passera pas » (2). A l’horizon d’une génération nous manquerons de minerais pour fabriquer les objets qui peuplent notre quotidien, nos baladeurs numériques et nos téléphones portables, peut-être d’eau, certainement d’hydrocarbures (3). Sans ces derniers, l’agriculture intensive ne survivra pas, nos entreprises non plus… et nos « vieux emplois » encore moins. Alors ne courons pas ce risque. Choisissons plutôt d’inventer une autre forme de prospérité. Dès aujourd’hui. —

(1) Lire à ce sujet : Bettina Laville et Guillaume Cantillon, « L’écologie saisie par la croissance », Observatoire des crises, mars 2010.(2) Mathis Wackernagel : www.footprintnetwork.org(3) Voir le blog « Oil Man » de notre confrère Matthieu Auzanneau : http://petrole.blog.lemonde.fr

Laure Noualhat (dossier)Journaliste à « Libération », elle collabore à de nombreux titres, dont « Terra eco ». Auteure

d’une enquête sur les déchets nucléaires (Arte et Le Seuil), elle prépare « Detox », qui, sur France 4 à la rentrée, décryptera l’actu avec des lunettes environnementales. Tombée en écologie il y a sept ans, elle se remet à peine de sa dépression joyeuse et mûrit un livre : « Comment rester écolo sans devenir dépressif ou alcoolique ».http://environnement.blogs.liberation.fr

Adrien Albert (j’ai testé)Successivement licencié en droit public, métallurgiste, vidéaste, majordome,

cuisinier, brûleur de meubles, Adrien Albert collabore depuis deux ans avec « Terra eco ». Auteur et illustrateur jeunesse à L’Ecole des Loisirs, il a publié « Seigneur lapin » et, à la rentrée, sortira sa nouvelle histoire « Zélie et les Gazzi ». Il est également membre du collectif de pigistes « Le Terrier ».www.leterrier.info

Editorial

Contributeurs

terra eco mai 2010 �

Page 4: Nos pistes pour agir

24Directeur de la rédaction David SolonRédacteurs en chef Karen Bastien (éditions papier)Julien Kostrèche (éditions électroniques)Directeur artistique Denis EsnaultOnt participé à ce numéro(en ordre alphabétique inversé) Emmanuelle Vibert, Anne Sengès, Jean-Vincent Russo, Maurin Picard, Charlie Pegg, Laure Noualhat, Camille Neveux, Noëlle Guillon, Arnaud Gonzague, Audrey Garric, Cécile Cazenave, Alice Bomboy, Anne Bate, Simon Barthélémy Illustrateurs et photographesWozniak, Laurent Taudin, Erik Johansson, Vincent Baillais, Simon Astié, Adrien Albert / Tendance Floue, Rue des archives, Rea, agence IdéCouverture Denis EsnaultSpecial thanks to ™Smileyworld, Ltd.Postproduction Benedikte Meslin www.benedikte-meslin.comSecrétaire de rédaction François MeurisseCorrection Dominique VincentRédaction web Karine Le Loët

Directeur de la publicationWalter BouvaisAssistante de direction, coordination RSE Lise FeuvraisDirecteur des systèmes d’information Gregory FabreResponsable de production informatique Stéphane GiraultDéveloppeur informatique Brice ElieDirectrice commercialeKadija NemriChef de publicitéDorothée Virot - [email protected] abonnementsAmina Baudouin, Baptiste Brelet, Marie Olé et Julien Orain (particuliers)Assistante commerciale, communicationVéronique Frappreau

Terra eco est édité par la maisonTerra Economica, SAS au capital de 192 082 euros – RCS Nantes 451 683 718Siège social 42 rue La Tour d’Auvergne, 44 200 Nantes, France tél : + 33 (0) 2 40 47 42 66 courriel : [email protected] associésWalter Bouvais (président), Gregory Fabre, David Solon, Doxa SASCofondateur Mathieu Ollivier

Dépôt légal à parution – Numéro ISSN : 2100-1472Commission paritaire : 1011 K 84334Numéro Cnil : 1012873Impression sur papier labellisé FSC sources mixtes comprenant 60 % de pâte recyclée.Imprimé par Imaye Graphic (Agir Graphic)bd Henri-Becquerel, B.P. 2159, ZI des Touches, 53 021 Laval Cedex 9Diffusion NMPP Contact pour réassort Ajuste Titres+33 (0)4 88 15 12 40Ce magazine comprend un encart broché « Offre d’abonnement »de 4 pages en face des pages 3 et 82.

10 Brèves - Lu d’ailleurs

14 L’objet du mois La dosette de café

16 Le marketing expliqué à ma mère Ripolin en trompe-l’œil

18 Enquête Train ou avion : qui pollue le moins ?

24 L’économie expliquée à mon père Boulevard ou impasse pour l’Autolib’ ?

26 La chronique du mois « L’abandon de la taxe carbone », par Yannick Jadot, d’Europe Ecologie

28 L’entretien Le philosophe Dominique Bourg : « La nature est devenue abstraite pour l’homme »

30 Le monde à +2°Le corail

34 Le portrait Yvon Chouinard, fondateur de Patagonia

38 En direct de la blogosphère verte

40 Le quiz du recyclage

6 Le courrier des lecteurs

8 « Lecteur responsable » : qui es-tu et que veux-tu ?

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Ce magazine est imprimé sur papier labellisé FSC sources mixtes comprenant 60 % de pâte recyclée.

sommaire

actualité

� mai 2010 terra eco

Abonnement Terra eco42, rue La Tour d’Auvergne - 44200 Nantes France - +33 (0)2 40 47 42 66www.terraeco.net/abo - [email protected]

Page 5: Nos pistes pour agir

60 L’éco-conso

64 L’alimentation A la poursuite du cocktail vert

66 Le casse-tête écolo Lampe de poche classique ou à manivelle ?

68 Le zoom « Wild » : l’Europe sauvage

70 J’ai testé… Le green dating

72 Ils changent le monde La maison passive s’active en Autriche

78 Enrichissez-vous ! Olivier Darné, l’homme qui remue miel et terre

80 Sélection livres, films, BD… Quand l’économie parle sexe, attentat et climat

82 L’agenda

Pour faciliter la lecture de « Terra eco », nous avons inventé ce baromètre, qui annonce la couleur pour chaque article : plutôt écologique, plutôt sociétal, plutôt économique, ou les trois !

Devenir écolo, c’est un peu plus douloureux que remplir un Caddie de yaourts bio ou acheter une voiture électrique. Mais pas besoin non plus de tomber dans le masochisme. Voici 18 pages pour avancer et superposer les couches qui façonneront l’écolo que vous avez choisi de devenir.

42 J’ai testé… la métamorphose verte

50 Enquête Qu’y a-t-il dans un cerveau vert ?

52 Quiz Et vous, quel écolo êtes-vous ?

54 Actions Jeux, compétition, bol de nature, introspection…

57 Entretien Le philosophe Jean-Pierre Dupuy et son « catastrophisme éclairé »

sommaire

une agir

terra eco mai 2010 �

42 64

Peut-on être écolo et garder le sourire ?

42Dossier

Page 6: Nos pistes pour agir

En plongeant dans vos mails et bulletins d’inscriptions, nous percevons la (bio)diversité de vos profils : enseignant, promoteur immobilier, médecin, agent de collectivité locale, responsable d’association, ingénieur en environnement… Mais au fait, pourquoi vous engagez-vous à nos côtés ? Par LA REDACTION

Aquoi peut bien ressembler un « lec-teur responsable » ? Les inscrip-tions se poursuivent à bon train,

mais il nous est impossible à ce stade de dresser un seul profil-type. A la fois schizos, actifs, un peu perdus, en quête d’informations sur la marche du monde, enthousiastes et interrogatifs. Si ça ce n’est pas de la biodiversité ! Enseignant, promoteur immobilier, étudiante, médecin, agent de collecti-vité locale, chef(e) de service dans un ministère, responsable d’association, ingénieur en environnement, résidents français mais aussi belges et suisses : les centaines d’inscrits que compte déjà notre opération « Lecteurs responsa-bles » témoignent d’une communauté multi-facettes.

Des témoignages réguliersDans cette variété, on trouve toutefois deux tendances de fond : vous êtes toutes et tous à la fois enthousiastes et interrogatifs. « Votre proposition me plaît beaucoup. Je n’ai pas bien saisi en quoi consistera notre rôle, mais je suis impatiente de le découvrir ! », dit ainsi Aurélie, une lectrice récemment inscrite. Soyons francs : nous dessi-nons tout juste les contours de ce que sera cette expérience. Nous ne savons pas très bien où celle-ci nous mènera, mais nous savons pourquoi nous le faisons et ce que nous en espérons. En premier lieu, nous attendons de vous des témoignages réguliers sur vos aspirations citoyennes, sur ce que vous faites, ce qui fonctionne, ce qui ne marche pas. Deuxième point, il nous paraît important de « mesurer »

Il s’agit d’œuvrer concrètement. Au-delà de l’information que « Terra eco » vous délivre. Nous voulons démontrer qu’une communauté ouverte de lecteurs – pas forcément convaincus, pas forcément exemplaires – peut déployer des efforts significatifs (consommation, mobilité, habitat,

alimentation…) qui, s’ils étaient suivis par l’ensemble de la population, produiraient des effets. Alors que les Etats échouent à relever certains défis – changement climatique, aide au développement, etc. –, il s’agit de ne plus attendre les bras croisés. De ne plus se lamenter. Mais d’oser… passer à l’action.

Le projet « Lecteurs responsables » expliqué à ma tante

« Terra responsable »

� mai 2010 terra eco

« Lecteur responsable » : qui es-tu et que veux-tu ?

La première com

munauté de lecteurs responsables

© enodenis

Pourquoi vous engagez-vous ? « Car c’est schizophrène, mais résolument optimiste »« Un peu – beaucoup – schizophrène, mais résolument optimiste, j’adhère à l’idée ! Et maintenant, je fais quoi ?Un lecteur

« Car il faut passer à la vitesse supérieure »« Lecteur assidu de vos colonnes, je suis partant pour participer aux tests. Ma famille et moi agissons au quotidien, mais cela reste visiblement trop limité pour avoir un réel impact. Je pense qu’il nous faut passer la vitesse supérieure, alors... »Fred

« Car je suis déjà engagé dans mon quotidien »« Bonjour et d’abord félicitations à la fois pour votre mensuel et cette initiative de « Lecteurs responsables ». […] Je suis partant

ou au moins d’évaluer les impacts de nos actions. Ce sera sans doute le point le plus épineux du projet et c’est pour cela que nous menons actuelle-ment un lourd travail de cadrage, qui durera quelques temps. Enfin, l’idée est de rassembler pour créer du lien entre les individus parfois isolés que vous êtes, butiner les initiatives les plus porteuses et pour jeter des pas-serelles d’une expérience à l’autre. En clair, il s’agit de créer un réseau actif et apprenant, composé de personnes qui entreprennent, chacune à sa façon, pour « changer le monde ».

Un questionnaire en ligneEtape suivante : le mois prochain dans ces pages, mais surtout sur notre site Internet, un questionnaire complet vous sera proposé. Cette étape est in-dispensable pour mieux comprendre qui vous êtes, écouter vos attentes et commencer à animer ce réseau naissant. Peut-être trouvez-vous le temps un peu long ? Alors faites-nous connaître vos idées dès maintenant. Et patience, nous faisons notre possible pour que cette opération soit créative et utile. —

Page 7: Nos pistes pour agir

terra eco mai 2010 �

« Terra responsable »

La première com

munauté de lecteurs responsables

© enodenis

Envoyez ce bon à : Terra eco - « Lecteurs responsables » ,

42 rue La Tour d’Auvergne, 44200 Nantes, FranceOU recopiez-le dans notre formulaire de contact sur : www.terraeco.net/agir OU écrivez-nous à : [email protected]

à la fois pour devenir « Lecteur testeur » et « Lecteur souscripteur ». Comme certainement beaucoup de vos lecteurs, je suis déjà engagé d’une certaine manière à la sauvegarde de la planète – déplacements à vélo, nourriture bio, compensations carbone, fournisseur d’électricité verte etc. – et informaticien, je cherche à trouver ma voie professionnelle quelque part dans cette direction. »Romain

« Car c’est une démarche concrète, ni moralisatriceni culpabilisante »« Terra eco est le magazine que j’attendais, enfin un journal qui se remet en question. Les sujets traités sont abordés avec un certain recul, le ton n’est jamais moralisateur ou culpabilisant. L’intérêt est de trouver des moyens d’agir tout en essayant de nous responsabiliser. Une démarche concrète qui diffère et se distingue. Si participer à ce projet peut contribuer à démocratiser des comportements responsables sans

avoir le sentiment qu’il s’agit d’une sanction, alors oui j’en suis ! »Alexandra

« Car je veux refaire le monde dans la joie de vivre »« Je ne suis pas abonné, mais je consulte régulièrement vos articles, fort bien écrits et documentés. Le programme « refaire le monde dans la joie de vivre » me va très bien. A plus tard pour les tests, voire la souscription. »Didier

« Car on peut encore changer la donne »« A une heure où je ne comprends pas le monde dans lequel je vis. A une heure où l’idée de compétitivité, d’exploitation, d’arrivisme m’échappe. A la même heure où des êtres vivants de cette planète souffrent déjà loin de nous à cause de nous. A cette heure où une poignée d’hommes démontre que c’est possible, explique que l’on peut encore changer la donne et vivre mieux en respectant les habitants

de la Terre que nous partageons, je m’engage avec plus que plaisir à être une “ lectrice responsable ”. Merci. »Claire

« Car je ne comprends plus ce qui se passe dans ce monde »« [Votre] initiative m’intéresse. Je n’arrive plus à lire un journal, je ne comprends plus rien à ce qui se passe dans le monde et je suis vraiment intéressée par une information qui présente des faits. »Nicole

« Car je crois au pouvoir du consommateur »J’essaie de faire découvrir Terra eco autour de moi et de sensibiliser mes amis à une nouvelle consommation, car je crois au pouvoir du consommateur pour faire évoluer ce monde. Or la majorité des citoyens pensent que le tri sélectif est suffisant pour sauver la planète et, la conscience tranquille, ne changent rien à leurs habitudes. Alors on fait comment ? »Christine

Qui suis-je ?

Nom/Prénom

Rue

CP Ville/Pays

E-mail

Téléphone

Je souhaite m’engager

En participant au groupe de « lecteurs-testeurs »

En participant à une souscription financière

Autre suggestion :

Page 8: Nos pistes pour agir

Allègre : un beau ramdan jusqu’à la Fnac

Un buzz de trop« Suite à cette médiatisation à outrance sur la sortie de ce livre signé Allègre, les quolibets et les invectives vont bon train de la part de ce “ scientifi que ”, mais on voit bien le manège : créer du buzz pour faire sa publicité et aussi peut-être ramener des subventions au laboratoire de géochimie qu’il dirige. Car il va falloir le répéter, il est spécialiste de la chimie de la croûte terrestre et non du climat. »Une géologue

Coup de cœur de la Fnac« Les “ coups de cœur ” des vendeurs de la Fnac ne sont pas forcément une référence scientifi que. Un jour, j’ai fait remarquer à l’un d’entre eux que le rayon “ ésotérisme et paranormal ” était deux fois

plus large que le rayon “ philosophie ”. Il a paru étonné de ma remarque, et m’a répondu en substance : «Monsieur, c’est ce qui se vend. Le client est roi...» L’expertise des vendeurs de la Fnac en climatologie ne va pas forcément plus loin. »Pak Joni

Quel culot !J’avais déjà dénoncé les approximations et inepties de ce pseudo-scientifi que. Mais je n’avais pas imaginé que Claude Allègre aurait le culot de modifi er des publications scientifi ques de réels chercheurs pour leur faire dire des contre-vérités. Au CNRS, où j’ai travaillé pendant près de quarante ans, un chercheur faisant cela serait viré !M. Hubin

Vous voulez réagir,écrivez-nous [email protected]

Le courrier

8 mai 2010 terra eco

Page 9: Nos pistes pour agir

Couleurs intenses« Je souhaiterais préciser qu’aujourd’hui, il existe de vraies alternatives écologiques à la peinture traditionnelle. Certaines, à base d’eau, ne sentent pas du tout et grâce à une base incolore, on peut obtenir des couleurs beaucoup plus intenses que les tons pastels auxquels on a été habitués. Donc, ne désespérez pas, des vraies peintures bio, agréables à poser comme à sentir, ça existe ! »Green Origin

Senteur d’huile de lin« Je suis d’accord avec votre journaliste pour dire que certaines peintures dites bio sont diffi ciles à appliquer, se nettoient avec un diluant spécifi que qui est nocif (contient des hydrocarbures aliphatiques soit n-hexane, ou

isopentane) et sentent mauvais. Il n’est pas normal que de telles peintures vous agressent le nez et vous donnent des maux de tête durant leur application. Elles sont fi nalement juste un peu moins nocives que les peintures conventionnelles.En revanche, certaines marques sont 100 % écologiques. Lorsqu’on débouche le pot, ça ne sent pas les fl eurs des champs, mais l’huile de lin. On peut peindre toute la journée sans aucun désagrément. Elles s’appliquent comme une peinture conventionnelle et ne coûte pas plus cher qu’une autre. Ce qu’on peut reprocher à cet article, c’est son titre. Il aurait fallu écrire « J’ai testé

Plongée dans la peinture bioune peinture bio », et non « la peinture bio ».Un lecteur

Misez sur la fl eur« Consultante en achats responsables et docteurs en chimie, j’ai refait, à titre personnel, plusieurs pièces de ma maison pour accueillir notre premier enfant. Il suffi t d’acheter des peintures écolabelisées – fl eur européenne et NF environnement – et vous serez sûrs de faire le bon choix. Nous avons pu dormir dans la pièce 48 heures après la pose sans soucis. Donc ne vous découragez pas. »Une acheteuse durable

Le courrier

En 2010, j’achète une voiture électrique ?« Alors qu’aujourd’hui 20 % de l’électricité consommée en France provient de sources fossiles – centrales thermiques fuel ou charbon –, alors que le parc nucléaire français arrive en fi n de vie, quelles seront les sources de pollution choisies pour remplir les batteries de ces voitures ? Alors que 66 % à 80% – selon les sources – de l’électricité consommée dans le monde est d’origine fossile, les voitures électriques ne nous pollueront pas sous le nez, mais un peu plus loin, autour des centrales de production. Les batteries au lithium sont, elles, polluantes à produire, polluantes à transporter et polluantes à recycler. Peut-on dire de la voiture électrique que c’est une belle invention ? »Béret Man

RECTIFICATIF- Dans l’article consacré à la cigarette, nous n’avions pourtant pas fumé, mais avons ripé sur une virgule. Il fallait lire : 5 500 milliards de cigarettes sont vendues par an dans le monde et non 5,5 milliards.

terra eco mai 2010 9

Page 10: Nos pistes pour agir

C’est le temps de travail qu’il faut à un Zurichois ou un New-Yorkais

« moyen » pour s’acheter un iPod nano de 8 Go. A Bombay, il faut 20 jours à un salarié pour s’offrir le même produit, selon une étude de la banque UBS. Dans celle-ci, UBS a comparé le pouvoir d’achat, dans 73 villes du monde, sur des produits uniformes et disponibles partout avec la même qualité.

14 L’objet du mois La dosette de café

16 Marketing Ripolin en trompe-l’œil

18 Enquête Train ou avion : qui pollue le moins ?

24 Economie L’Autolib’ va-t-il dans le mur ?

26 La taxe carbone par Yannick Jadot, d’Europe Ecologie

28 Entretien La biodiversité vue par le philosophe Dominique Bourg

32 Un monde à +2 ° Les barrières de corail

34 Portrait Yvon Chouinard, patron de Patagonia

38 Blogosphère Le meilleur du Web vert

40 Quiz Spécial recyclage D

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la photo du mois

La chine jusqu’a pLus soif. Les habitants du sud-ouest de la Chine attendent les moussons de mai avec un sentiment d’urgence. Ils traversent leur pire sécheresse depuis cent ans : 24 millions de personnes souffriraient du manque d’eau potable dans cette région. La bataille d’experts fait rage pour expliquer les raisons de la sécheresse historique du Mékong. Certains accusent les 8 barrages déjà construits ou en projet sur le territoire chinois. La Chine, elle, assure être victime de l’impact du changement climatique sur les glaciers tibétains, châteaux d’eau de la région. (Huang HN-Featurechina-Ropi-Rea)

Brèves

Cocktail chimiqueMélangez de l’hydrogène et de l’oxygène, et vous aurez de l’eau. Et si vous mixiez des pesticides, des dioxines, des matières ignifuges et d’autres

joyeusetés du même acabit ? Vous donnez votre langue au chat ? Les scientifiques aussi. Or, c’est ce « cocktail chimique » qui est en train de bouillonner dans le corps de l’humain du XXIe siècle lorsqu’il se nourrit, se soigne, s’hydrate ou se tartine de produits cosmétiques. Des chercheurs de l’université de Göteborg en Suède ont une seule certitude : les effets combinés de ces produits seraient bien plus toxiques que ceux des substances prises individuellement. Réjouissant. François Meurisse

« Je ne crois pas l’homme assez intelligent pour faire face une situation aussi complexe que celle du changement climatique. »JAMES LOVELOCK, 90 ans, penseur historique de l’écologie, à l’origine de la théorie Gaïa, dans le journal britannique The Guardian. 

10 mai 2010 terra eco

Le grosmot

Page 11: Nos pistes pour agir

Ford débrancheDans la catégorie « les bonnes idées sont les plus simples », le constructeur automobile Ford vient de faire une trouvaille. Si ses employés éteignent chaque soir tous les ordinateurs des

bureaux dans le monde entier, l’entreprise économisera 900 000 euros annuels de facture d’électricité et entre 16 000 et 25 000 tonnes de CO

2 ! Désormais, le

système du PC Power Management éteindra donc chaque soir et chaque week-end tous les ordis de la firme. Karen Bastien

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Tempête dans une bouteille d’eauLe pétrole utilisé pour fabriquer les bouteilles d’eau englouties chaque année aux Etats-Unis pourrait faire rouler un million de voitures. Annie Leonard sait manier les images-chocs. La

spécialiste des cycles de vie vient de déclarer la guerre à l’eau en bouteille. Les Américains en consomment 2,7 milliards par an : un marché hyper-concurrentiel de 9 milliards d’euros. Annie Leonard n’en est pas à son coup d’essai. Dans Story of Stuff, elle disséquait le coût environnemental des objets du quotidien. Ses prochaines victimes ? Les appareils électroniques : épisode en ligne ce mois-ci. Noëlle Guillonwww.storyofstuff.com

la mine du mois

Brèves

Monsanto cherche du bléBousculé par

la concurrence, le géant des herbicides et des semences génétiquement modifiées (OGM) a vu son bénéfice reculer de 19 % sur un an. Plus grave, il a dû reconnaître qu’en Inde, son coton transgénique (le « coton Bt ») se révélait inefficace. Les insectes ont développé des résistances aux pesticides inoculés dans les plantes. Autorisées depuis 2002 en Inde, ces cultures OGM recouvrent aujourd’hui 90 % des surfaces cotonnières du pays. Mais Monsanto affirme avoir déjà trouvé la parade : « Bollguard 2 », une nouvelle variété de coton OGM alliant deux types d’insecticides. Un deuxième effet Kiss Cool ? N.G.

terra eco mai 2010 11

La grosseficelle

La vidéo

Le bug

Page 12: Nos pistes pour agir

Le drôle d’air britannique« Etouffés », lance à sa une le quotidien « The Independent ». Si les Britanniques ne peuvent plus respirer, c’est que

la qualité de l’air ne s’améliore pas dans le pays. D’après un rapport parlementaire, plus de 50 000 personnes mourraient ainsi prématurément chaque année au Royaume-Uni, à cause de la pollution atmosphérique. Sans parler des maladies cardiovasculaires, de l’asthme et des cancers… Le pays est le plus gros émetteur d’oxydes d’azote (Nox) de l’Europe des 27 et un million et demi d’habitants ont été exposés à des niveaux dangereux à ces polluants en 2007, selon l’Organisation mondiale de la santé. F.M.

www.independent.co.uk

«Je ne dirai pas que cette crise est oubliée, mais l’élan de réforme est en train de retomber doucement et c’est très inquiétant. »DOMINIQUE STRAUSSKAHN, le 30 mars. S’adressant à des étudiants roumains, le directeur général du Fonds monétaire international a prévenu qu’une nouvelle crise � nancière frapperait inéluctablement les marchés � nanciers dans les années à venir.

Des capotes pour protéger les arbresUn programme « qui diminuera la dépendance envers les contraceptifs importés, fournira du travail aux populations locales et aidera à sauvegarder la plus grande forêt tropicale humide du monde ». C’est ce qu’a lancé le Brésil dans le nord-ouest de son territoire, rapporte le quotidien britannique « The Guardian ». L’idée : produire des préservatifs en latex naturel dans une usine de l’Etat d’Acre, qui abrite de nombreux hévéas. Cent millions de capotes devraient sortir chaque année de la fabrique. Une paille au regard du milliard que le gouvernement importe sur la même durée – ce qui en fait le plus gros acheteur au monde ! –, mais qui apportera un revenu conséquent à 550 familles dans une région qui a souffert de la concurrence du caoutchouc synthétique. Qui plus est, les habitants seront moins tentés par la déforestation. Brésiliens, Brésiliennes, vous savez ce qu’il vous reste à faire : c’est pour la bonne cause. F.M.

www.guardian.co.uk

Haro surles ONG« C’est comme si les rapports sur les droits de l’homme d’Amnesty International étaient

sponsorisés par la junte birmane, Dick Cheney et Robert Mugabe. » Le journaliste Johann Hari a le sens de la formule quand il dénonce, dans l’hebdomadaire américain « The Nation », la faillite des grosses ONG américaines de défense de l’environnement. Ce qu’il leur reproche ? D’avoir trahi leurs engagements en acceptant, depuis la fi n des années 1980, l’argent de grandes entreprises pollueuses, redorant leur blason à peu de frais. Elles portent, selon lui, une lourde responsabilité dans le fi asco de Copenhague. François Meurissewww.thenation.com

sponsorisés par la junte birmane, Dick

Haïti : solidarité à durée de vie limitéeQuatre mois après le séisme, les promesses commencent à faire long feu. D’abord sur le plan humanitaire, explique l’agence Inter Press Service. La Jamaïque et la République dominicaine qui s’étaient engagées à ouvrir leurs frontières aux réfugiés font déjà marche arrière. Et sur le plan fi nancier, les ONG s’interrogent sur le degré de certitude des dons promis à Haïti – plus d’un milliard d’euros – après la catastrophe. En 1998, après le passage de l’ouragan George, seuls 30 % des montants étaient parvenus jusqu’à Port-au-Prince. Charlie Pegg

www.ipsnoticias.net

Saleté de mondialisation ! Les grandes compagnies mondiales sont devenues d’une extrême sensibilité face aux scandales

et rumeurs qui, désormais, circulent autour du globe à la vitesse d’une vidéo envoyée sur YouTube ou d’un courriel expédié à tout un carnet d’adresses. Selon l’hebdomadaire britannique The Economist, l’équipementier sportif Nike et le vendeur de boissons énergisantes Gatorade en ont fait les frais lors de l’affaire Tiger Woods. La valeur boursière des deux mastodontes a chuté de 9 milliards d’euros suite à la révélation des frasques extra-conjugales du golfeur. K.B.

www.economist.com

Multinationales en rééducation

Lu d’ailleurs

12 mai 2010 terra eco

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Au pays de Nespresso, roi du café en capsule, tout n’est que luxe, calme, volupté… et aluminium. En théorie, le recyclage de ce métal est une évidence. Pas en France, pourtant premier marché du mastodonte. Mais que fait George Clooney ? Par EMMANUELLE VIBERT

Attention, la concurrence déboule. Malgré un monopole matraqué à coups de brevets – 1 700 au total –, l’empire Nespresso est

sur la défensive. Des dosettes compa-tibles avec les machines de la filiale de Nestlé et estampillées Maison du Café ont envahi les rayons en avril. Et ce mois-ci, c’est au tour de Casino, via la société Ethical Coffee Company, de faire une entrée fracassante sur ce marché étroit. Avec deux promesses : des cap-sules 20 % moins chères que les originales et un emballage biodé-gradable en amidon de maïs. Les deux concurrents se lancent à l’as-saut d’un marché juteux. Nespresso, c’est 1,9 milliard d’euros de chiffre d’affaires dans 50 pays en 2009 et une croissance moyenne de 30 % par an depuis 2000. Pour combien de cap-sules ? Silence radio. Mais l’équation est simple. Puisque 90 % du chiffre d’affaires est réalisé avec les capsules et que la dosette coûte en moyenne 35 centimes d’euro, votre calculette devrait donner le même résultat que la nôtre : environ 4,9 milliards d’unités vendues l’an passé.

Des grains polyglottesLe berceau de cette superproduc-tion est situé en Suisse. Le café qui y débarque est polyglotte. Costa Rica, Kenya, Tanzanie… les grains accos-

La dosette de café

tent au port belge d’Anvers, puis rejoignent par le rail les deux usines helvétiques de la marque, pour se faire encapsuler dans de l’alumi-nium recyclé à 80 %. Calcul de coin de table : à raison d’un gramme par capsule, 4 800 tonnes d’aluminium

ont été utilisées en 2009. « C’est le seul métal capable de protéger intégrale-ment les 900 arômes de nos cafés de l’oxygène et de  la  lumière », justifie Arnaud Deschamps, directeur général de Nespresso pour la France. Le café file ensuite découvrir le vaste monde par bateau, train ou camion. En France, un tiers des clients viennent s’appro-visionner dans l’une des 19 boutiques officielles. Les autres reçoivent leur dose par La Poste ou les points de dépôt Mondial Relay (les mêmes que ceux de La Redoute). A Paris et aux alentours, certaines capsules s’offrent même le luxe d’un coursier avec véhi-cule électrique depuis 2009. Cette success story a pourtant tout de l’hérésie écologique : car qui dit por-tions individuelles dit suremballage (l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie confirme qu’un

paquet de 250 g de dosettes de café génère 10 fois plus d’emballages qu’un paquet de 250 g de café) ; qui dit alu-minium dit production énergivore ; et qui dit vente à distance dit émissions de CO

2… Bodum, le fabricant de cafe-

tières manuelles à piston, a commandé une étude comparant l’impact envi-ronnemental des différentes machines. Et d’après vous, qui gagne le titre de plus fort « potentiel de réchauffement climatique » ? La machine à capsules.

3 engagements, 1 néologismeNespresso a répliqué à ces accu-sations l’an dernier avec le mot « Ecolaboration ». Derrière le néolo-gisme finement marketé, trois enga-gements ont été affichés pour 2013 : 80 % du café proviendra d’exploita-tions certifiées par l’ONG Rainforest Alliance, l’empreinte carbone de

Objet du mois

Le recyclage de l’aluminium selon l’organisme Eco-Emballages : www.ecoemballages.frLe site sur la démarche « durable » de Nespresso, avec la liste des points de dépôt des capsules : www.ecolaboration.com.

Pour aller plus loin

En France, les centres de tri ne savent pas traiter les éléments plus petits qu’un pot de yaourt.

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chaque tasse de café sera amaigrie de 20 % et un système de recyclage des capsules sera à même de traiter 75 % de la production. En théorie, le recyclage de l’alumi-nium est une évidence : il peut se faire à l’infi ni et permet de diminuer les rejets de CO

2 : 6,89 tonnes équiva-

lent CO2 en moins par tonne recyclée,

selon Eco-Emballages. Seulement en France, question récup, Nespresso n’a pas la tâche facile. Les centres de tri ne savent pas traiter les éléments plus petits qu’un pot de yaourt. Alors pour atteindre son objectif, le marchand de café a lancé une expérience pilote dans le Var et les Alpes-Maritimes. Il a équipé deux centres de tri de machines capables de récupérer les petites pièces de métal, aluminium ou autres. En cas de succès, le principe sera étendu au reste du pays.

Recyclage : pourquoi c’est mieux ailleursEn Suisse. Un quart des ménages helvétiques possèdent la même machine à café que mister George. C’est le deuxième marché après la France. Mais quand les Suisses aiment, ils trient. La preuve : 60 % des capsules sont récupérées via 2 000 points de collecte mis en place par Nespresso. Cependant, ils ne concernent que les particuliers, les entreprises restant cantonnées à la poubelle. Les dosettes sont ensuite recyclées par deux sociétés à Lausanne et Genève. En Allemagne. Outre-Rhin, c’est très simple : tous les centres de tri sont équipés pour collecter les petites pièces de métal. 76 % des déchets ménagers en aluminium y sont recyclés. Aussi, Nespresso se contente, comme les autres industriels, de cotiser à Dual System, le programme qui collecte, trie et valorise les emballages.

Senseo, une vedette bisSur le marché des unidoses, Senseo fait aussi un tabac. La dosette souple, issue du mariage entre Philips (côté machine) et Sara Lee (derrière la marque Maison du Café notamment), détient 40 % du marché – en volume – des grandes surfaces françaises. Là encore, le café vient du monde entier pour débarquer dans deux usines, l’une aux Pays-Bas, l’autre en Belgique. C’est cette dernière qui fournit la France. Pas d’aluminium pour protéger les saveurs, mais du papier, le même que celui utilisé pour les sachets de thé : biodégradable ou à déposer au compost.

Objet

petits qu’un pot de yaourt. Alors pour petits qu’un pot de yaourt. Alors pour atteindre son objectif, le marchand de café a lancé une expérience pilote dans le Var et les Alpes-Maritimes. Il a équipé deux centres de tri de machines capables de récupérer les petites pièces de métal, aluminium ou autres. En cas de succès, le principe

En attendant, 1 000 points de collecte ont été mis en place. Ils seront 2 500 fi n 2010 : boutiques offi cielles, Mondial Relay, déchetteries. « Il n’y a pas de nouveau fl ux logistique créé », assure Arnaud Deschamps. Café et alu sont séparés et revendus – le premier ser-vira à préparer du compost. Les clients joueront-ils le jeu ? Et si, dans la pro-chaine publicité Nespresso, George Clooney allait au centre de tri ? —

“Les apprentis z’écolos” fêtent le muguet Découvrez la saga des clochettes dans ce nouvel épisode de la série de dessins animés de « Terra eco » *. A visionner sur : www.terraeco.net(rubrique Terra eco TV)* En coproduction avec Télénantes et Six Monstres.

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La peinture aux protéines de lait, on connaissait. On a même sous le coude une recette à la patate. Mais celle au lierre, on n’avait jamais

vu. « C’est une parabole publicitaire », explique-t-on à l’agence Révolutions, auteur de la campagne Ripolin. Un symbole du virage nature de la marque, nigauds que nous sommes.

Stratégie« Le créneau de notre agence de pub, précise Régis Perrone, directeur général de Révolutions, est de communiquer sur la vérité révolutionnaire du produit. » Et quels sont ses autres clients ? « Quick. Leur originalité, c’est de proposer une multiplicité de goûts. » Révolutionnaire, vraiment ? Chez Ripolin, en tout cas,

c’est plus solide : même si la marque ne communique qu’aujourd’hui, ses retouches vertes ont commencé il y a trois ans. La campagne d’affi chage au rouleau feuillu a débuté le 29 mars. Et se prolongera dans les magazines de décoration sur le thème de l’innocuité de ses produits. A l’image, on verra une chambre d’enfant dont le sol est une plage. Au passage, la typo verdit : le « o » de Ripolin devient un arbre. Et le slogan suit : « Plus de nature dans votre pein-ture. » Selon Régis Perrone, « il s’agit d’inscrire ce nouveau positionnement écolo dans le temps ». D’où le lierre, une plante qui résiste à (presque) tout. La méthode de l’agence ? « Ne parler que des produits et des faits. » Et voilà le pot Xpro3 qui arbore fi èrement son label NF Environnement. Tout le plan de communication a été validé par l’agence Ethicity, spécialiste en stra-tégie de développement durable.

Solvants, dérivés du pétrole, composés volatils dangereux… L’image des peintures conventionnelles n’est pas toute blanche. Ripolin réagit en s’affi chant vert de lierre. Mais dans le pot, la révolution n’est pas complète.Par EMMANUELLE VIBERT

Ripolin entrompe-l’œil

Le marketing expliqué à ma mère

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Les peintures 100 % naturelles, elles, s’appliquent, en effet, en plusieurs cou-ches et sur deux ou trois jours.

VerdictMais côté transparence, elles vont plus loin. « Elles  affichent  l’entière composition  des  produits,  sans  rien cacher, explique Marion Thijssens, du magasin Naturellement chez soi, spécialiste des matériaux écolos à Rennes. C’est  le  vrai  critère  pour reconnaître une peinture complètement écologique. » Chez Ripolin, impossible d’obtenir cette liste, classée « secret défense ».Dommage car le label NF Environnement est une bonne garantie, malgré quelques limites. Son cahier des charges impose en effet des doses à ne pas dépasser pour certains

produits potentiellement toxiques, mais ne les interdit pas. Il autorise ainsi le dioxyde de titane, classé cancérogène possible pour l’homme. Certains phta-lates – toxiques pour la reproduction et cancérogènes sur les rongeurs – sont bannis, mais pas tous. Enfin, les nano-particules sont exclues… sauf excep-tions. Bref, la vraie révolution aurait été de dévoiler tous les ingrédients. Car on aurait aimé en savoir plus sur les mystérieux 15 % de pétrochimie restants dans le pot. —

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Cas d’école« Nous voulions agir avant d’en parler au public », explique Laure Nectoux, responsable marketing du groupe américain PPG Industries, dont Ripolin est une filiale. En trois ans, la moitié des 1 000 références a reçu l’es-tampille NF Environnement. Objectif ? Atteindre 100 % en 2013. L’usine de Moreuil près d’Amiens (Somme) est, elle, passée aux normes ISO 14 001, une démarche de management envi-ronnemental. Les pots sont imprimés avec de l’encre végétale, leur plastique est recyclé à 70 % et l’acier à 56 %.« Nous voulons être le plus transparent possible », ajoute Laure Nectoux. Les principaux ingrédients sont donc affi-chés sur l’emballage : résine, kaolin, craie, agent opacifiant, eau. Et les logos se veulent instructifs : « 85 % d’origine naturelle » (com-prendre « sans dérivés du pétrole »), « 100 % peinture à l’eau » et « 0 % solvant ». Et les Composés organi-ques volatils, ces fameux COV devenus synonymes de pollution intérieure ? « Nos peintures NF Environnement en dégagent moins d’1 g par litre, quand le label exige seu-lement moins de 30 g par litre. »« En outre, nous avons fait le choix de ne  pas dépasser les 85 % – 90 % pour certains produits – d’ingrédients d’ori-gine naturelle, poursuit la responsable marketing, afin de maintenir l’effica-cité de la peinture. » Sans une goutte de pétrochimie, impossible d’être monocouche, de sécher au toucher en 45 minutes et d’être garantie dix ans.

Avis de l’expert : 2/5 Gildas Bonnel, président de l’agence Sidièse et membre du collectif Adwiser : « Cette image est en retard d’une guerre. Les Français sont aujourd’hui méfiants face au discours environnemental des marques. Et Ripolin se laisse aller à une communication primaire, qui a recours à tous les codes du greenwashing. Dommage, car une bonne partie de leur gamme porte le label NF Environnement et c’est très bien. Il aurait suffit d’insister sur ce point pour répondre à ce que veulent les consommateurs : y voir plus clair. » www.sidiese.com

Le marketing

Impossible d’obtenir la liste complète des ingrédients, classée « secret défense ».

La Renault Zéro Emission reçoit un zéro pointé Dans le flot de voitures électriques qui déferle chaque jour dans les médias, l’une d’entre elles vient de se prendre un court-jus. L’association Agir pour l’environnement a taclé et parodié la dernière campagne pour la ZE de Renault. Elle reproche au constructeur de mentir avec son sigle « Zéro Emission ». « La fabrication représente 20 % à 30 % du bilan carbone global du véhicule. Et la faible autonomie de l’auto électrique en fait un véhicule d’appoint, un véhicule en plus, à usage urbain », s’insurge l’association.www.renault-ze.fr

Quick dégaine le cheeseburger bioLa rentrée sera verte chez Quick. L’enseigne de restauration rapide promet un burger dont 100 % des ingrédients seront bio, « hormis l’eau ayant servi à la réalisation du pain et du ketchup », ajoute la chaîne dans un souci de précision extrême. En revanche, pas d’informations sur l’origine des produits bio et leur kilométrage avant d’arriver dans le petit pain. Le steak haché bio sera, lui, carré pour « marquer sa différence ».

Le greenwashing au menudu Grenelle 2A partir du 4 mai, les députés auront l’occasion, en séance plénière, de redonner de la couleur à des mesures anti-greenwashing qui se sont délavées au cours de leurs passages en commissions. Les associations de protection de l’environnement gagneront peut-être le droit d’intenter une action civile contre une entreprise, en cas d’allégations environnementales infondées.

BREVES

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Il y a cinq mois, ils ont tous pris le train pour Copenhague. Objectif : sauver la planète ! Pour se rendre à la conférence de l’ONU sur le climat, les offi ciels, les journalistes et les militants ont voyagé quinze heures par le rail. Avec une ligne de conduite en tête : ceux qui aiment la planète prendront le train. Pas l’avion. Et pourtant, le combat ne fait que

commencer.

Round 1 : des études poil à gratterEcrite, lue, répétée mille fois, la victoire du rail semble inéluctable. Mais en quelques mois, plusieurs études scientifi ques sont venues bousculer les certitudes écolos des partisans du train. Les Américains défouraillent les premiers. « La plupart des décisions sont prises sans tenir compte de l’impact du véhicule lui-même, du poids des infrastructures et  de  la  production  du  combus-tible », pointent Mikhail Chester et Arpad Horvath, de l’Université de Californie. En tenant compte de l’ensemble du cycle de vie, les chercheurs assurent que les émissions de gaz à effet de serre doivent être majorées de 31 % pour le transport aérien et de 155 % pour le transport ferroviaire ! Se pourrait-il que le duel se joue dans un mouchoir de poche ? C’est là qu’interviennent des Suédois pour une deuxième couche. Prêts à investir de très grosses sommes dans une ligne à grande vitesse entre Stockholm et Göteborg, ils mandatent une équipe de l’Institut local de recherche des transports. Verdict : pas assez de passagers pour que le train soit rentable, fi nancièrement et carboniquement parlant. Le projet est suspendu. « Avec ces études, les cher-cheurs alertent surtout sur la TGVmania ! Selon les pro-jets, le choix d’une ligne à grande vitesse est discutable », décode Yves Crozet, président de l’Observatoire Energie

Environnement Transport, chargé du sujet lors du Grenelle de l’environnement. Une très récente étude de l’Union internationale des chemins de fer a listé les 3 principaux paramètres à regarder pour cerner l’impact carbone du rail en Europe : le mix énergétique du pays – en gros, l’origine de son électricité –, la fréquence du trafi c et la construction de tunnels et de ponts. Selon les cas, la part des infras-tructures dans l’empreinte carbone d’une ligne peut ainsi varier de 31 % à 85 % . Bien malin, alors, celui qui sortira le ticket gagnant universel.

Round 2 : le microclimat françaisLa SNCF et Réseau ferré de France (RFF) ont aussi res-sorti leurs calculettes. Quelques tubes d’aspirine plus tard, surgissait le premier bilan carbone d’une ligne à grande

vitesse, la branche Est de la LGV Rhin-Rhône. Premier constat : conception, construction et main-tenance y pèsent pour 47 %. « Ce n’est pas négligeable, mais ce qui importe, c’est les émissions carbone que ce projet va pouvoir éviter au fi l 

des ans», explique Sébastien Gourgouillat, de la direction développement durable de RFF. Si les voyageurs qui uti-lisaient la route ou l’avion se mettent au train, cette ligne deviendra « carbone neutre » en douze ans seulement.Côté aérien, l’analyse d’un cycle de vie complet est chose rarissime. Pour sa défense, Pascal Lucciani, le sous-direc-teur du développement durable à la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), rappelle que l’aviation nécessite peu d’infrastructures. « Il y a 680 000 mouvements – atter-rissages ou décollages – par an à Roissy : l’impact de l’aéro-port représente une très faible part des émissions d’un vol qui dépend surtout de la consommation de carburant. »Soit ! Ne prenons en compte que les kilomètres parcourus : alors c’est plié, l’avion peut jeter l’éponge.

Enquête

Train ou avion : qui pollue le moins ? « Ils ne pouvaient pas trouver encore plus déséquilibré comme match à “Terra eco” ? », pensez-vous. Sûr qu’avec son appétit de kérosène, l’avion a une tête de gros méchant. Mais gare aux surprises, aux uppercuts et aux coups bas. Par CÉCILE CAZENAVE

« Avec ces études, les chercheurs alertent surtout sur la TGVmania ! »

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Exemple à travers un simple Paris-Marseille-Paris. En consultant les calculettes maison de la SNCF et

d’Air France, on obtient 48 kg de CO2 émis par passager

chez la première contre 176 kg pour le second. Comment une telle différence est-elle possible ? Car dans l’Hexagone, l’électricité est essentiellement nucléaire, donc peu car-bonée. En outre, la géographie présente de bons couloirs de circulation et la population est concentrée dans les villes, ce qui favorise de hauts taux de remplissage des trains interurbains. « Dans ces conditions, le TGV est écologique à tous points de vue », tranche Yves Crozet. A ce stade, l’avion est sonné, dans les cordes. Arrêt de l’arbitre ? Minute papillon ! Le récent slogan de la SNCF suggère un ambitieux « Objectif 0 % de CO

2. Ou presque ».

Tout est dans le presque, évidemment. En 2007, Anne-Marie Idrac, alors présidente, annonçait le TGV à 2,6 g de CO

2 par km et par passager. Loupé : en octobre 2009, cette

empreinte a été réévaluée à 22,3 g, soit presque dix fois plus. « Il s’agit d’une opération vérité basée sur nos achats réels d’électricité », justifie Jean-Louis Jourdan, directeur du développement durable de la SNCF. Entrons dans le détail de l’opération cartes sur table. La balance carbone de l’électricité en France affiche 80 g de CO

2 par kWh.

Pas si léger pour un pays branché sur le nucléaire. C’est la faute aux centrales thermiques qui prennent le relais de

l’atome en cas de grosse demande, car elles sont capables de démarrer au quart de tour. « Il n’est pas question de dire aux passagers d’éviter les heures de pointe parce que l’élec-tricité est plus carbonée ! », explique Jean-Louis Jourdan. Plus compliqué, la SNCF n’achète pas toute son électricité en France. Une partie vient du marché européen. Or, la moyenne s’y établit à 380 g de CO

2 par kWh. « Le vrai 

problème, c’est qu’il n’y a pas assez d’énergie propre sur le réseau européen ! », pointe du doigt le Monsieur vert de la SNCF. Quant aux TER qui concentrent 17 % de l’activité passagers, ils fonctionnent au gazole et dégagent près de 60 g de CO

2 par km et par voyageur. Les observateurs

s’accordent sur ce point : un bus bien rempli vaut mieux qu’un wagon à moitié vide. Voilà pour les nuances. Qui ne suffisent pas à faire remonter l’avion sur le ring. Selon la DGAC, l’empreinte des vols domestiques s’envole à 100 g de CO

2 par km et par voya-

geur. Et si l’on voulait avoir mauvais esprit et aller plus loin dans le cycle de vie, il faudrait encore ajouter les émissions provoquées par l’extraction du pétrole servant à produire le kérosène… « On estime que l’impact pourrait être majoré de 10 % », explique Eric Vidalenc, expert de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. Mais il y a pire dans le ciel. En dehors du CO

2, la combustion de

carburant dégage de la vapeur d’eau et des oxydes d’azote (NOx), producteurs d’ozone. Ces réactions chimiques ont des impacts encore mal connus sur le changement climatique. Jusqu’à présent, les experts du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) ont utilisé le concept de « forçage radiatif » pour les consi-gner, multipliant par deux, faute de mieux, les émissions de CO

2 de l’aviation. Mais en réalité, cet indice ne tient

pas compte du long et du court terme : le CO2 conserve

un effet radiatif sur plus d’un siècle, alors que les NOx ont des effets instantanés.

Round 3 : des avions qui se mettent au trainAlors, dans ce monde désormais penché au chevet de la planète, pourquoi les aéroports ne sont-ils pas déserts ? « Dans le choix d’un mode de transport, il y a d’abord le prix, puis le temps de trajet :  les considérations environ-nementales arrivent loin derrière ! », souligne Nathalie Lenoir, responsable du laboratoire d’économie à l’Ecole nationale de l’aviation civile. Au-delà de trois heures, on préfère s’envoler. Depuis Paris, on peut rejoindre via le rail et dans ce chrono plusieurs grandes villes. D’autres viendront. Le Grenelle 1 a en effet prévu

Enquête

« Il n’est pas question de dire aux passagers d’éviter les heures de pointe parce que l’électricité est plus carbonée ! »

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16 milliards d’euros pour financer 2 000 km sup-plémentaires de lignes à grande vitesse. En France,

les jeux sont presque faits. « Nous avons commencé à réduire nos vols sur les liaisons domestiques en concurrence avec le TGV. Mais les supprimer n’aurait que peu d’im-pact sur les émissions globales du pays », souligne Pierre Caussade, directeur du dévelop-pement durable d’Air France. Le transport aérien intérieur émet environ 4,8 millions de tonnes de CO

2, soit 0,9 % des émissions

totales de la France. Près de la moitié sont liées à la desserte des D.O.M.-T.O.M. Et même Jules Verne n’a pas songé à faire rouler un train sous la mer. Pour les trajets intra-métropole, Air France se positionne sur les rails. La société est en pourparlers avec Veolia pour transporter dans ses propres trains les passagers, de leur domicile à Roissy, d’où décollent les longs-cour-riers. Reste que chez Air France-KLM, 13 % des émissions de CO

2 sont liées aux moyens-courriers qui desservent

notamment les 123 destinations européennes. Et sur ce terrain, rares sont ceux qui sont prêts à passer 8 heures dans un wagon pour aller clubber à Berlin un week-end alors que l’avion les y dépose en 1 heure 40.

Enquête

Alors comment réduire la douloureuse ? En matière d’éco-nomies de carburant, mieux vaut opter pour un gros avion, bien rempli, et de technologie récente. L’A380, lancé en novembre 2009 sur le Paris-New York, consomme 25 % de carburant en moins par passager que les générations précédentes d’Airbus. Il devrait, au passage, faire économiser

15 millions d’euros annuels à Air France. La compagnie a en outre lancé des tests de « vols verts» : en clair, optimisés pour réduire les émissions gazeuses et sonores. Ainsi, le 6 avril, un vol Paris-Miami en Boeing 747 a économisé 6 à 9 tonnes de CO

2 juste en coordon-

nant mieux ses temps de roulage et ses choix d’altitude et de vitesse. « Mais sur les moyens-courriers, les technologies ont plus de vingt ans. Nous en attendons  une nouvelle pour 2020, mais pas avant, car les constructeurs ont concentré leurs efforts sur le long-courrier », souligne Pierre Caussade.Il y a pourtant un critère sur lequel il est possible de jouer rapidement pour faire baisser la note de CO

2 par passager :

le confort. Mais cette option, Air France n’est pas prête à la sacrifier. Ce sont donc les low cost qui sortent gagnantes de ce round, comme le démontre une étude de l’Université bri-tannique de Cranfield. L’équation magique : un plus grand nombre de sièges, un excellent taux de remplissage et moins de poids mort (produits duty free, magazines, bouteilles de vin…) Mais les chercheurs s’interrogent sur l’aptitude des voyageurs à adopter la sobriété heureuse entassés dans des carlingues volantes et sans plateau-repas… Le vol aux émissions optimales ? Un avion archi-booké, parcourant 5 000 km – au-delà, la consommation de carburant par pas-sager augmente – ne décollant qu’avant 7 heures du matin, quand il n’y a pas d’attente sur la piste. « Une compagnie qui prendrait comme principe directeur la limitation maximale de son impact sur l’environnement ferait faillite », tranche Pascal Lucciani. Le temps des voyageurs pressés est précieux. D’ailleurs, pour rentrer de Copenhague, beaucoup de ceux qui aiment la planète – l’équipe de Terra eco en première ligne – ont pris l’avion…

Décision de l’arbitreLe TGV remporte la ceinture avec 22,3 g de CO

2 par km

et par passager tandis que l’avion et ses 100 g font peine à voir. Reste à espérer que son entraîneur, la recherche aéronautique, invente des appareils moins gourmands et boostés aux carburants alternatifs. Promis, le challenger vous doit une revanche ! —

Le vol « vert » parfait ? Archi-booké, sur 5 000 km et ne décollant qu’avant 7 heures du matin. 

Le calculateur européen : www.ecopassenger.com Celui de la

DGAC : www.aviation-civile.gouv.fr/eco-calculateur Celui d’Air France :

http://corporate.airfrance.com/fr/developpement-durable/calculateur-

de-co2 Celui de la SNCF : http://ecocomparateur.voyages-sncf.com

Etude de la tranche Est LGV Rhin-Rhône : www.bilan-carbone-lgvrr.fr

Pour aller plus loin

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expériences menées essentiellement à l’étranger, la France n’ayant pas encore embrayé sur le concept. Selon une étude du cabinet de conseil Oliver Wyman, seuls 0,01 % des Français seraient abonnés à un système d’autopartage. Le leader mondial, le nord-américain Zipcar, compte, lui, 180 000 clients. Et en Suisse, la coopé-rative Mobility loue 2 300 voitures à 90 800 abonnés, soit plus d’1 % de la population helvète ! Mais promis juré, avec l’Autolib’,

La moitié des Parisiens équipés d’une voiture (1) n’enclenchent le contact qu’une fois par semaine. Avec le système d’autopartage,

Autolib’, qui déboule l’an prochain dans la capitale, ces conducteurs du dimanche enverront-ils leur caisse à la casse ? L’idée serait doublement béné-fique. Pour leurs bas de laine d’abord (lire ci-contre), pour la collectivité ensuite. Car un seul véhicule placé en libre-service permet d’en soustraire 6 à 20 de la circulation, selon des

l’Hexagone va mettre le turbo. Contre un abonnement mensuel de 15 euros et 4 à 6 euros la demi-heure d’utilisa-tion, les Franciliens auront 3 000 autos électriques à disposition à Paris et en petite couronne. C’est en tout cas le cahier des charges que les 4 candidats encore en lice devront respecter pour décrocher, en juin, la délégation de service public. Des poids lourds sont sur les rangs : VTLIB’ (Veolia trans-port), Bolloré, le loueur Ada et un consortium formé par Avis, la RATP,

Un succès digne de celui du Vélib’ : c’est ce qu’attend la mairie de Paris du réseau de voitures en libre-service qui sera lancé en 2011. Mais contrairement à son grand frère à deux roues, le nouveau système fait bien des sceptiques.Par SIMON BARTHÉLÉMY

Boulevard ou impasse pour l’Autolib’ ?

L’économie expliquée a mon père

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“ trace directe ” va favoriser l’usage de la voiture pour des usages “ pendulaires ”, qui pourraient être réalisés en trans-ports en commun : prendre l’Autolib’ à Montreuil pour aller bosser à Opéra, dans le centre de Paris, par exemple. Le  problème,  c’est  que  les  stations  y 

seront bondées dès 9 heures du matin, et qu’il faudra réapprovisionner celles en périphérie. Cela risque de générer plus de trafic. » A La Rochelle, seule ville française à expérimenter la « trace directe », on estime qu’un déplacement d’un client en entraîne trois pour l’ex-ploitant. « Cela nécessite beaucoup plus de main-d’œuvre et beaucoup d’espace, car les stations doivent être surdimen-sionnées pour que les abonnés puissent trouver une place », indique Catherine Cottier, responsable d’Autolib’ à Lyon. La ville partage le nom de son service avec Paris, mais pas l’option « one way », provisoirement abandonnée après des études – non divulguées – sur le coût de l’opération. A Paris, la ville financera jusqu’à 50 000 euros par station. Avec 700 stations intra-muros, la facture pourrait donc s’élever à 35 millions. A titre de comparaison, JCDecaux a déboursé 90 millions – vélos inclus – pour le Vélib’. « La densité du maillage permettra l’autorégulation du système », prédit Annick Lepetit, adjointe aux Transports de Paris et présidente du syndicat Autolib’. Elle estime que le problème du Vélib’ – déplacer le tiers des vélos pour rééquilibrer les stations

la SNCF et Vinci Park. Ces entrepri-ses sont parfois déjà présentes dans l’autopartage : Avis a créé avec Vinci Park la société Okigo (1 500 abonnés à Rouen et en région parisienne) et Veolia possède la société Mobizen et pourrait mettre la main sur Caisse Commune, le leader français avec 3 000 abonnés. Deux défis attendent les prétendants : la technolo-gie électrique, jamais testée à une si grande échelle, et la « trace directe » – aussi appelée « one way » – qui, comme pour le Vélib’, permet de reti-rer une voiture dans une station A et de la déposer dans une station B. Une vraie révolution puisque dans l’im-mense majorité des cas, le système fonctionne « en boucle » : on remet l’auto là où on l’a prise.

Montreuil a dit nonLe « one way » est une impasse, jugent certains. La créatrice de Zipcar, Robin Chase, est ainsi plus que dubitative sur l’Autolib’ : selon elle, la faible autonomie des batteries obligera les abonnés à conserver au chaud une auto particulière pour le week-end. Et comme des places de parking seront assurées pour les véhicules siglés Autolib’, nombre de Franciliens qui n’utilisaient pas de voiture… seront tentés de le faire. Cet argument a poussé les écolos parisiens à voter contre le projet. Et la ville de Montreuil, dirigée par la Verte Dominique Voynet, a refusé d’adhérer au syndicat intercommunal Autolib’. « Nous sommes d’accord avec l’autopar-tage, qui consiste à déconnecter l’usage d’une voiture de sa possession, expli-que Fabienne Vansteenkiste, adjointe aux Transports de Montreuil. Mais la 

L’Autolib’ pourrait favoriser l’usage de la voiture pour des trajets réalisables en transports en commun.

L’autopartage : jusqu’à deux fois moins cher que la voiture individuelleL’autopartage, ce n’est ni du covoiturage – des collègues qui s’organisent pour se rendre au travail avec un seul véhicule, par exemple – ni de la location. Car l’abonnement est un passage obligé dans la plupart des sociétés. Chez Auto’trement en Alsace, outre un dépôt de garantie, on vous demandera tous les mois au moins 11 euros. Il faudra ensuite s’acquitter de coûts horaires autour de 2 euros et d’environ 30 centimes par kilomètre. Mais l’autopartage peut être un vrai bon plan. Un conducteur qui parcourt 5 000 kilomètres par an et paye sa place de parking déboursera 4 000 euros par an (entretien, carburant, assurance, dépréciation…) contre seulement 2 000 euros avec un système d’autopartage (1). Attention cependant, au-delà de 20 000 kilomètres par an, c’est l’autopartage qui devient moins avantageux qu’une voiture garée dans un parking payant. A vos calculettes !(1) Selon le rapport « Enjeux et perspectives du marché de l’autopartage en France », du cabinet Oliver Wyman, 2009.

l’éco

Dossier de la mairie de Paris sur l’Autolib’ : www.paris.fr (cliquez sur « Déplacements » puis sur « Voitures & deux-roues motorisés »)Site de la coopérative suisse d’autopartage : www.mobility.chRéseau français des structures locales d’autopartage : www.franceautopartage.com Association de l’Autolib’ lyonnais : lavoitureautrement.blogspot.comInterview vidéo de la créatrice de Zipcar, Robin Chase, à propos de l’Autolib’ : www.observatoire.veolia.com (cliquez sur « Le Green Book », puis « Les opinions »)

Pour aller plus loin

en altitude ou en périphérie – ne se pose pas avec la voiture. « Les  gens hermétiques au vélo ou au métro ne lâcheront jamais leur voiture sauf pour un service comme Autolib’. Plus l’of-fre de transports sera diverse, plus elle sera  attractive  et  complémentaire », assure-t-elle. L’élue socialiste vise les 26 % (2) de Parisiens qui pensent se séparer de leur voiture en raison de son coût, des problèmes de station-nement et de son faible usage. Soit potentiellement 150 000 voitures en moins. Dans Hexagone  Renaud chantait : « La bagnole, c’est l’opium du peuple de France ». Nous saurons bientôt si l’Autolib’ est un bon produit de substitution. —(1) 47 % des Parisiens sont équipés d’une voiture, selon une enquête sur les transports réalisée par l’Insee en 2001.(2) Selon une étude du cabinet 6T pour la mairie de Paris en 2007.

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Page 26: Nos pistes pour agir

« L’abandon de la taxe carbone est lourd

de conséquences pour notre pays. Il clôt momentanément la perspective d’une fiscalité écologique, entérine le refus d’une transition énergétique fondée sur les économies d’énergies et les renouvelables et créatrice de centaines

de milliers d’emplois. Il laisse les Français seuls face à des factures de plus en plus élevées, met fin à l’émergence d’une forme de gouvernance pluri-acteurs initiée par le Grenelle de l’environnement. Et confirme enfin la panne dans la lutte contre les changements climatiques. Certes, nous l’avions dit, les arbitrages de Nicolas Sarkozy étaient mauvais. Prisonnier des lobbies les plus productivistes de l’agriculture, des transports routiers, de l’énergie ou du béton, prisonnier d’une majorité qui n’a jamais caché son opposition au Grenelle et à sa démocratie participative, le Président avait vidé la contribution climat-énergie initiale de tous ses éléments d’efficacité énergétique et de justice sociale. Le rejet par le Conseil constitutionnel en début d’année offrait l’opportunité de réunir à nouveau entreprises, syndicats, associations et collectivités locales autour de l’Etat pour trouver les compromis positifs qui accompagneraient la nécessaire transformation de l’économie française et l’émergence d’une nouvelle compétitivité. Espoir rapidement douché.

Sauver le chiffre d’affaires d’EDF Et pour cause. Nicolas Sarkozy n’entend pas toucher aux moteurs de l’ébriété énergétique française. Chaque unité d’énergie non consommée est autant de bénéfices en moins pour les producteurs d’énergie : il ne peut donc conduire qu’une politique de rénovation légère des bâtiments quand elle doit être massive. Chaque kWh d’électricité économisé

fait baisser le chiffre d’affaires d’EDF : il maintiendra l’aberration écologique et économique qu’est le chauffage électrique. Toute nouvelle éolienne concurrence les énergies traditionnelles à la tête desquelles le nucléaire : il organise l’instabilité réglementaire et financière pour les énergies renouvelables.En conditionnant sa taxe carbone à une taxe carbone aux frontières de l’Europe, le Président ne prend pas beaucoup de risques tant l’Union est divisée

sur ce sujet. En usant de l’argument de la compétitivité de nos entreprises, il abuse les Français. Et pour cause : les industriels européens sont loin de souffrir des politiques climatiques européennes. Des entreprises, comme Arcelor-Mittal et Lafarge, pourraient

même gagner sur cinq ans jusqu’à 1 500 et 300 millions d’euros respectivement grâce au marché européen de droits à polluer. Et surtout, les pays européens qui ont instauré une taxe carbone (Suède, Finlande, Danemark…) ont fortement gagné en efficacité énergétique tout en ayant des performances économiques et industrielles aussi bonnes sinon meilleures que les nôtres. On retiendra l’histoire d’un président passé en quelques jours de l’écolo-mégalomanie à l’écolo-cynisme. Pathétique et dramatique. » —

* Député européen d’Europe Ecologie.

« L’abandon de la taxe carbone ou la victoire de l’écolo-cynisme »par Yannick Jadot *

La chronique

1967 Naissance à Clacy-et-Thierret (Aisne)2002 Directeur des campagnes de Greenpeace FranceOctobre 2007 Lors du Grenelle de l’environnement, c’est l’un des fondateurs et négociateurs de l’Alliance pour la planète, rassemblement d’organisations écologistes 7 juin 2009 Elu député européen sur la liste Europe Ecologie dans la circonscription Ouest

En dates

26 mai 2010 terra eco

Nicolas Sarkozy n’entend pas toucher aux moteurs de l’ébriété énergétique française.

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Série. 1/5 Quel avenir pour la biodiversité ?

Cela fait 2 000 ans que l’homme croit vivre dans un immense décor, où il peut puiser sur les ressources naturelles sans compter. Le philosophe Dominique Bourg nous explique les origines religieuses et culturelles de cette relation distanciée entre l’homme et la nature. Recueilli par KAREN BASTIEN

S i l’on vous dit que vous faites partie intégrante de la biodiver-sité au même titre que l’oursin, le pivert, le poisson-lune, la hyène,

le géranium ou l’ortie, ça vous chif-fonne, n’est-ce pas ? Ne vous inquiétez pas, vous n’êtes pas le (la) seul(e). Cela fait plus de 2 000 ans que ça dure. La faute à l’Homo sapiens qui a toujours cherché à s’émanciper de la tutelle de la nature, en la dominant, en la domes-tiquant et en l’exploitant. L’homme a si bien réussi qu’il est aujourd’hui contraint de prendre en charge des régulations autrefois naturelles : tenir la comptabilité des gaz rejetés dans l’atmosphère, protéger la pureté des nappes phréatiques, sauvegarder des espèces animales et végétales… Il est devenu « comptable de ses propres conditions naturelles d’existence et du sort des générations futures », comme le souligne le philosophe Dominique Bourg. Comment en est-on arrivé là ? Réponses avec ce spécialiste des ques-tions de philosophie politique et de durabilité, membre actif du comité de veille écologique de la Fondation Nicolas Hulot et ancien vice-prési-dent d’une commission du Grenelle de l’environnement.

Depuis janvier, la biodiversité agite colloques et sommets internationaux, s’invite à la une des journaux. Pourquoi faut-il décréter

une année internationale pour s’intéresser à la nature ?Car nous entretenons depuis long-temps une relation distanciée avec elle. Nous n’avons pas l’impression d’en dépendre, nous continuons à supporter l’image d’une nature décor. Ce n’est que lorsque le baril de pétrole atteindra des sommets ou que nous manquerons d’eau que nous réaliserons ce que signifie de piller les ressources naturelles. Les services écologiques que nous ren-dent les écosystèmes sont aujourd’hui dégradés pour 60 % d’entre eux. Et à consommation constante, les réserves connues d’or, d’argent et de palladium s’élèvent à une quinzaine d’années. Le mot « nature » est lui-même en crise. Que recouvre-t-il ? Le pétrole, l’eau, le renard, le changement climatique, la plage ? Dans nos têtes, c’est un kaléi-doscope de tout cela. Des années de célébration comme 2010 ont le mérite de remettre cette nature au centre de nos préoccupations. C’est sûrement nécessaire car nous ne prenons jamais conscience des choses de façon pro-gressive. Il faut choquer, bousculer.

Selon les spécialistes, nous serions au tout début d’une extinction de masse provoquée par l’homme. Le taux d’extinction actuel est 10 000 fois supérieur au taux naturel. Mesurons-nous ce qui est en

28 mai 2010 terra eco

« La nature est devenue abstraite pour l’homme »

Dominique Bourg

Membre du comité stratégique

de la Fondation Nicolas Hulot, il

a vice-présidé une commission du Grenelle de

l’environnement. Auparavant au conseil scientifique de l’Ademe, il participe

désormais à celui de l’Institut de la Ville en mouvement.

Revues et édition Présent au comité de rédaction ou

d’orientation des revues « Esprit » et « Ecologie et politique », iI dirige

avec Alain Papaux la collection « Développement durable et innovation

institutionnelle » aux Presses universitaires de France.

1953 Naissance 1997 Professeur à l’Université de

technologie de Troyes (Aube) et maître de conférences à l’Institut d’études

politiques de Paris 2002 Membre de la Commission Coppens, qui a préparé la Charte

de l’environnement, incluse dans le préambule de la Constitution française

septembre 2006 Professeur à l’Université de Lausanne en Suisse

(Institut des politiques territoriales et de l’environnement humain/Faculté des géosciences et de l’environnement).

PUF

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train de se dérouler ? Difficile à dire car la nature est en partie devenue abstraite à nos yeux. Elle n’est plus de l’ordre du sensible. Nous sommes en effet incapables de percevoir par nos sens les grandes dégradations que nous lui infligeons, par exemple le changement de la com-position chimique de l’atmosphère ou la température moyenne, la razzia sur les ressources fossiles, minérales et biotiques (relatives au monde vivant, ndlr). Nous n’y accédons qu’à travers la médiation scientifique, des équations ou des rapports d’experts. En outre, la prise de conscience de la fragilité de la nature est récente, même si les sociétés historiques ont suscité des

dégradations du milieu puis tenté d’y réagir avec plus ou moins de bonheur. A la fin du XIXe siècle, les Etats-Unis avaient quasiment fait disparaître les forêts qui couvraient auparavant plus de la moitié du territoire. Dans les années 1930, la région des grandes plaines américaines subissait le Dust Bowl et ses tempêtes de poussière. Mais un événement a tout changé à la fin des années 1950. Il s’agit du premier cliché de la planète bleue vue depuis l’espace : pour la première fois, le monde nous est apparu à la fois fra-gile et petit. D’autant plus fragile que nous venions juste d’expérimenter la puissance d’Hiroshima. Ces toutes dernières années, nous commençons

à prendre conscience de la finitude des ressources planétaires et des capacités de régulation de la biosphère. La fini-tude de la nature nous révèle notre propre finitude. Nous commençons à comprendre que nos techniques ne sont que les médiations incontourna-bles entre les ressources naturelles et nos usages. Sans ressources… C’est un choc culturel, car nos sociétés se sont construites sur l’idée de l’infini. La rage des climato-sceptiques en est le symp-tôme le plus contemporain: ils refusent notre finitude. Il n’y a pour eux aucune limite à la puissance de nos techniques et de nos désirs, les cycles de la nature s’y plieront. Or, contrairement à ce que nous pouvions croire

terra eco mai 2010 29

Série

Page 30: Nos pistes pour agir

jusqu’à il y a peu, l’espace dispo-nible pour nos activités et notre

puissance n’est pas infini. Soit nous parvenons à autolimiter nos besoins relatifs, en matière de consommations matérielles, soit nous courons vers un risque de conflits violents.

La relation de l’homme à la nature que vous décrivez semble déséquilibrée depuis les origines.C’est une saga qui commence avec la Bible. Si l’on s’arrête un instant sur l’in-terprétation chrétienne de ce texte, on

y discerne un Dieu à la fois antérieur et extérieur à la nature. Transcendant, il la précède et lui survivra. Et l’homme, créé à l’image de Dieu, jouit d’une position originale, il échappe à la loi commune. A cela va s’ajouter une strate grecque. Platon, notamment, va réduire la nature à son essence mathé-matique. C’est sur cette affirmation que prendra appui le projet moderne de maîtrise technique du monde. A ces deux grands piliers, vous ajoutez une touche d’Occident médiéval latin qui va transformer la nature en un stock

de ressources au service de la pro-ductivité et de la technique. Puis, le « naturalisme », pour reprendre l’ap-pellation de Philippe Descola, à la fin du XVIe-début XVIIe siècle, clôturera cette conception d’un homme excep-tionnel puisqu’étant le seul à posséder pensée et sentiments.

Toutes les religions ne mettent pas en place ce rapport « hiérarchique » entre l’homme et la nature. Pensez-vous que le rapprochement avec d’autres croyances pourrait influer sur notre vision générale ?Se rapprocher d’autres religions ? C’est compliqué, car notre approche occidentale des religions reste d’abord celle d’un supermarché. On fait son marché, et au final ces religions dis-paraissent en tant que religions. Le

« La prise de conscience de la fragilité de notre planète est récente. Elle date du premier cliché de la Terre vue depuis l’espace à la fin des années 1950. »

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Série. 1/5 Quel avenir pour la biodiversité ?

Page 31: Nos pistes pour agir

constat est clair : nous sommes en train de changer d’époque, de civilisation. Notre monde va s’effondrer. La ques-tion qui reste en suspens est celle de la vitesse de cette transition : franchi-rons-nous des seuils ? Subirons-nous des passages à tabac naturels ? Je serais en tout cas étonné que ce soit un chan-gement en douceur. Les fondamentaux qui régissent nos relations à la nature ne devraient pas sortir indemnes de l’orage qui s’annonce.

Des solutions techniques émergent pour améliorer la consommation d’énergie, diminuer les pollutions. Une mutation semble tout de même en cours ?Si les pollutions sont susceptibles d’être limitées par des solutions techniques, tel n’est pas le cas, en revanche, de l’augmentation des flux. C’est ce que montre « l’effet rebond » : un ordinateur consomme aujourd’hui moins d’énergie qu’il y a dix ou quinze ans, mais la puissance requise, les usages et le nombre d’uti-lisateurs n’ont cessé d’augmenter, si bien que la consommation globale d’énergie due à l’informatique s’ac-croît : elle triplera d’ici 2030, selon l’Agence internationale de l’énergie. L’idée d’un surcroît de technologies pour sauver le monde est un credo propre à l’économie néoclassique. Il n’existe pas en effet de produits de substitution à toutes les ressources naturelles ni à tous les services écosys-témiques que nous détruisons.

En Chine et en Inde, le rapport à la nature est très différent du nôtre. La montée en puissance de ces pays pourrait-elle jouer un rôle à l’avenir ?La Chine et l’Inde ont des positions très ambiguës vis-à-vis de la nature : elles sont à la fois marquées par leur socle de croyances et de culture, mais aussi totalement embarquées dans ce consumérisme mondial. Les élites chinoises ont aujourd’hui des empreintes écologiques aussi impor-tantes que celles des Occidentaux. Ces sociétés sont en proie à de très fortes tensions. Finalement, quelles que

« La finitude de la nature nous révèle notre propre finitude. C’est un choc culturel, car nos sociétés se sont construites sur l’idée de l’infini. »

soient les traditions concernées, les sociétés ont déréglé leurs rapports à la nature.

Mais alors, faut-il passer par le droit pour rétablir une relation équilibrée à la nature ? Le droit a puissamment façonné les sociétés occidentales par ses fic-tions. Dans le même temps, il reste tributaire des mœurs d’une époque et n’est pas apte à changer à lui seul le monde. Il peut être un outil pour une meilleure prise en compte de la biodiversité mondiale, mais va devoir s’inscrire dans un mouvement plus général. Cela passera peut-être par un Giec de la biodiversité (1), on en parle beaucoup en ce moment. Reste que l’interaction entre politiques et scien-tifiques qui est au cœur de l’organi-sation du Giec n’est pas optimale, car les premiers imposent aux seconds un amollissement des connaissances.

Alors que penser de ceux qui prônent un retour radical à la nature ?Un retour à la nature, c’est un retour à quoi ? L’homme est intrinsèque-ment technique. Nous connaissons un déséquilibre structurel qui est probablement dû à une compré-hension absurde des techniques, qui pourrait d’ailleurs nous faire dispa-raître. Il faut réinventer quelque chose de nouveau. Cela ne veut pas dire revenir en arrière. Il s’agit de réduire nos impacts, les flux de matières et d’énergie, de nous interroger a priori sur la finalité des actions et de nos techniques, de mettre en place de nouveaux modes de régulation de nos comportements, etc. Nous ne retrouverons pas la nature perdue. L’enjeu est de préserver l’humanité, tant en ce qui concerne ses condi-tions physiques d’existence, qu’en ce

terra eco mai 2010 31

« Crise écologique, crise des valeurs ? » Dominique Bourg et Philippe Roch, Labor et Fides (2010).

« Vers une société sobre et désirable » Dominique Bourg et Alain Papaux, PUF (mai 2010).

« Pour une démocratie écologique » Dominique Bourg et Kerry Whiteside, www.laviedesidees.fr (septembre 2009). Ouvrage avec le même titre et les mêmes auteurs à paraître dans la collection « La République des idées » au Seuil, en octobre 2010.

« Par-delà nature et culture » Philippe Descola, Gallimard (2005).

« Le voile d’Iris. Essai sur l’histoire de l’idée de nature » Pierre Hadot, Gallimard (2004).

Pour aller plus loin

qui concerne l’idée d’humanité et les idéaux moraux qui lui sont attachés. Je suis un défenseur d’un « anthropo-centrisme affaibli » : en clair, je suis pour la reconnaissance d’une valeur intrinsèque de la nature, en dehors de l’usage qu’on peut en faire, mais au sein d’une hiérarchie qui place l’hu-manité au sommet ; une humanité généreuse et solidaire du vivant.—(1) Organisation à l’image du Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat, qui fait travailler des centaines d’experts sur le changement climatique et sur la base du consensus.

Série

Page 32: Nos pistes pour agir

Voile blanc sur les coraux dans un parc maritime de 345 000 km2 au nord-est de l’Australie, n’avait pas besoin de ça : elle n’a déjà que 50 % de chance de survie si les émissions de CO

2 ne sont pas réduites d’au moins

25 % d’ici à 2020. Les océans, qui ab-sorbent des quantités croissantes de CO

2 de l’atmosphère, voient l’acidité

de leur eau augmenter et leur pH baisser : cet environnement est né-faste pour les coraux qui n’arrivent plus à construire leur squelette, base même des récifs. Ce n’est pas l’unique menace que connaît actuellement cet étrange ani-mal, mariage fusionnel entre un po-lype et des algues, appelées zooxan-thelles. Il suffit que la température de l’océan augmente de quelques de-

Quand le navire chinois Le Shen Neng 1 a heurté, le mois dernier, un écueil à proximité de la Grande

Barrière de corail, les biologistes ma-rins du monde entier ont retenu leur souffle. Une marée noire – 975 ton-nes de fioul étaient contenus dans les flancs du bateau – et c’était un coup fatal pour ce site naturel, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. La Grande Barrière de corail, qui s’étend

grés pour que le polype expulse les zooxanthelles qui lui fournissent pourtant nutriments et énergie. Alors, le corail se dépigmente et finit par mourir. C’est le phénomène du blanchissement, qui s’accélère par-tout dans le monde.

Une forêt sous-marine« Le corail est au poisson ce que l’ar-bre est aux oiseaux, rappelle Pascale Chabanet, spécialiste des écosystè-mes coralliens à l’Institut pour la re-cherche et le développement (IRD). Quand les coraux disparaissent, les animaux et les plantes, qui s’en nour-rissent, s’y cachent ou s’y reprodui-sent, disparaissent aussi, et cela peut entraîner la perturbation de tout un

un monde à + 2°C

Les barrières de corail n’auront bientôt plus de couleurs à exhiber aux touristes. Elles se meurent sous l’effet du changement climatique.

Par KAREN BASTIEN

32 mai 2010 terra eco

Page 33: Nos pistes pour agir

écosystème. » Au cours de leurs plon-gées, les biologistes ont déjà repéré la baisse des effectifs chez certains poissons papillons ou poissons de-moiselles. Ceux-ci sont remplacés par des espèces herbivores, comme les poissons perroquets ou les pois-sons chirurgiens, qui se délectent des algues prolifèrant sur le corail mort. Point commun à toutes ces mena-ces ? L’homme, qui au-delà de son rôle dans le changement climatique, urbanise le littoral, érode les sols, pratique encore la pêche à la dyna-mite dans certaines régions, rejette ses eaux usées dans les océans…

Que faire face à la disparition de ces paradis de biodiversité ? « Cela passe par l’information et la gestion com-mune des sites dans des aires marines protégées par exemple, défend Pascale Chabanet, de l’IRD. Population des côtes, pêcheurs, touristes, industriels… tous doivent comprendre l’importance de ces écosystèmes qui font vivre un demi-milliard d’habitants sur la planète, soit en leur fournissant leur nourriture, soit en attirant vers eux la manne touristique. » En attendant la prise de conscience générale, nom-bre de pays, comme le Japon, se sont convertis au récif artificiel. —

50% des récifs coralliens sont abîmés ou morts.

Le corail fait vivre 500 millions d’individus dans le monde.

un monde à + 2°C

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Ces récifs abritent plus de 100 000 espèces marines.

Page 34: Nos pistes pour agir

«Quand vous êtes un gamin minuscule et affublé d’un prénom de fille (Yvon se pro-nonce « Yvonne » en anglais, ndlr), soit vous sombrez au plus bas, soit vous vous battez pour vous imposer au sommet. »

Haut comme trois pommes – 1,64 m –, Yvon Chouinard, fondateur de la société Patagonia il y a presque un demi-siècle, a toujours pris son destin par le col. Ce jour-là, il nous accueille au siège de son empire – 49 magasins dans le monde, environ 1 000 salariés, 315 millions de dollars (236 millions d’euros) de chiffre d’affaires en 2009 – à Ventura, au nord de Los Angeles. Intarrissable sur son combat contre les 40 000 barrages qui détruisent les rivières des Etats-Unis, l’homme en oublie son déjeuner programmé avec un groupe de militants écologistes. Récemment, il a accepté de tourner une publicité pour American Express dans laquelle il est présenté en défenseur de la montagne. Ce spot, pour lequel il a reçu 400 000 dollars (299 600 euros), a été diffusé lors des Oscars. Lorsqu’on s’étonne qu’il associe son nom à celui d’un établissement financier alors qu’il ne possède ni dettes ni carte de crédit, il ne s’émeut pas. Et réplique que c’est pour la bonne cause : la totalité de la somme a été versée à des ONG militant pour la protection des saumons. A ses débuts, Yvon Chouinard, né d’un père québécois (d’où le nom franchouillard), fou de pêche à la mouche et d’alpinisme, fabriquait les meilleurs pitons au monde. Depuis, Patagonia, surnommé Pata-Gucci par ceux qui ne peuvent se payer ses doudounes hors de prix, commercia-lise des équipements pour les sportifs, les amoureux de la nature et ceux qui font semblant de l’être. Alors que les Etats-Unis s’enfonçaient dans la crise l’an passé, l’entre-prise enregistrait des bénéfices record. « Les consommateurs

ont cessé de se comporter comme des imbéciles et achètent des objets qui durent », avance le patron. « Homme d’affaires malgré lui » – c’est le titre français de son autobiographie –, il reste tout de même à la tête de son entreprise, car il peut ainsi « influencer le monde du business ». Exemple ? « Walmart a frappé à notre porte pour savoir comment nous faisions. » Patagonia et le géant de la distribution déve-loppent depuis un « indice de soutenabilité ». En clair, un outil qui permet au consommateur de mesurer l’empreinte carbone des produits qu’il achète, une « étiquette environ-nementale » à l’américaine.

Tabou de la successionBref, tout le monde – ou presque – aime Patagonia et Yvon Chouinard. Un consultant, qui a travaillé avec lui, concède tout juste qu’il est « égocentrique, un trait de caractère propre

aux hommes de son calibre ». Selon Michael Kami, expert en stratégie, « Patagonia est une entreprise fan-tastique, mais impossible à dupli-quer. La vraie question est de savoir si elle peut survivre à son fonda-teur. Ses héritiers parviendront-ils

à maintenir ce degré d’exception ? J’en doute. » Pourtant, Patagonia est déjà une affaire de famille : l’épouse d’Yvon, Malinda, l’aide à gérer la société. Et leurs deux enfants, Fletcher et Claire, y travaillent. L’un dessine des planches de surf, l’autre, styliste, inspire les dernières collections. Mais la question de la succession est taboue. L’attachée de presse demande de ne pas la poser à Fletcher et précise que Claire évite les interviews. La dernière lubie de leur père : convaincre les clients de Patagonia de mettre la main au porte-monnaie le plus rarement possible. « Nous voulons qu’ils achètent un pro-duit pour la vie. Si votre veste est déchirée, nous nous engageons à la réparer. Si vous souhaitez vous en je

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Yvon Chouinard, le fondateur de Patagonia, géant des vêtements de sport et de montagne, est un personnage étonnant. Sans carte de crédit ni grosse tête apparente, il gère une entreprise millionnaire où les salariés sont incités à surfer et les clients à consommer moins. Par ANNE SENGÈS (aux Etats-Unis)

Rebelle philosophe et homme d’affaires

Le portrait Yvon Chouinard

« Nous voulons que les consommateurs achètent un produit pour la vie. »

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débarrasser, nous lui trouverons un nouvel usager ou recyclerons les matériaux. » Harvey Hartman, pédégé

du Hartman Group, qui étudie l’impact des questions environnementales sur les consommateurs, estime que si Yvon Chouinard est très motivé par les causes écolos, ses acheteurs le sont moins. « J’ai beaucoup de respect pour son militantisme. Reste que les fans de Patagonia sont plus séduits par l’image de fan de sports extrêmes que projette la marque que par son aspect vert », juge-t-il.

« Des migraines atroces »« Philosophe en chef » plutôt que patron d’entreprise, Yvon Chouinard ne possède ni ordinateur ni téléphone portable. Et quand les vagues sont belles, le personnel va surfer avec la bénédiction du boss, fidèle au titre original de ses mémoires, Let my people go surfing (« Laissez mes employés aller surfer »). « Le succès de mon père s’explique par le fait qu’il a toujours voulu briser les règles », estime Fletcher Chouinard qui avoue cependant que, tout petit, il était « terrifié » à l’idée d’affronter les vagues mais qu’il a été forcé par son père à monter sur une planche de surf.Lorsqu’on demande à Yvon Chouinard en quoi Patagonia est une entreprise verte, il cite une anecdote vieille de vingt ans, mais qui l’a profondément marqué. « Nous avions ouvert une boutique à Boston dans un immeuble rénové par nos soins. Trois jours plus tard, mes employés se plaignaient de migraines atroces car le système de ventilation était défectueux. J’ai voulu savoir pourquoi l’intérieur de ma boutique était si toxique. “La faute au formaldéhyde”, m’a-t-on répondu. Or j’ignorais totalement que nos produits contenaient cet agent de conservation extrêmement toxique. » La morale ? « Chez Patagonia, nous n’avons pas réponse à tout, mais nous posons les bonnes questions », conclut-il avant de filer, rappelé à l’ordre par son attachée de presse, à son déjeuner écolo. —

1938 Naissance à Lisbon (Etat du Maine, Etats-Unis)1964 Diffusion de son premier catalogue (sous le nom de Chouinard Equipment)1976 Vente de Chouinard Equipment et naissance officielle de Patagonia, baptisée ainsi en hommage à la région la plus au sud du continent américain1994 Patagonia décide de n’utiliser que du coton 100 % bio et encourage l’industrie du textile à suivre cet exemple2001 Yvon Chouinard cofonde l’association « 1 % For the Planet » (www.onepercentfortheplanet.org). La structure rassemble des entreprises qui s’engagent à verser 1 % de leur chiffre d’affaires à des organisations militant pour la défense de l’environnement

Son geste vert Il n’est pas végétarien, mais n’achète jamais de viande de bœuf

Obama s’amourache d’un pesticideComment recycle-t-on un ex-lobbyiste voué à la cause des pesticides ? En négociateur sur les questions agricoles, pardi. Le président Obama a osé. Et tant pis si la nomination d’Islam Siddiqui a rassemblé contre elle les voix de 80 activistes environnementaux, agriculteurs bio et groupes de consommateurs, de même que la plainte de 90 000 citoyens américains.

Pearl Jam envoie du boisLes mauvaises langues diront qu’ils jouent une musique de bûcherons. N’empêche, les porte-flambeaux du grunge Pearl Jam vont faire planter des arbres dans leur Etat de Washington aux Etats-Unis. Le groupe va verser 157 000 euros à une association afin d’effacer l’ardoise carbone de leur tournée 2009, soit 7 000 tonnes de CO2.

James Cameron force un barrageDans le cœur de James Cameron, il y a de grands bonhommes bleus aux oreilles pointues. Mais aussi les peuples de l’Amazonie. Le réalisateur d’« Avatar » a protesté à

Manaus (Brésil) contre la construction du barrage hydro-électrique de Belo Monte. « Pour les populations vivant près de la rivière, ce barrage va signifier la fin d’un mode de vie. » Navis de tous les pays, unissez-vous !

Tarte à la crème bio chez les people Flashs spéciaux ! Le mannequin brésilien Gisele Bündchen sort une ligne de cosmétiques bio. La marque Khiel’s a, elle, fait dessiner les packagings de sa « brume tonique protectrice » 100% naturelle – ne demandez pas ce que c’est – par l’actrice Julianne Moore, le producteur Pharell Williams ou l’artiste Jeff Koons. Hé, les people, pas d’autres idées pour sauver la planète ?

Ronaldo plante encoreLe projet « Jouons pour l’environnement », lancé par une banque et une ONG brésiliennes, vise à protéger la forêt et lutter contre le changement climatique. Le club de foot des Corinthians à São Paulo s’est engagé à planter 100 arbres à chaque match joué et 100 autres à chaque but inscrit. L’équipe de Roberto Carlos et Ronaldo ayant marqué 28 fois en 20 matchs, elle fera pousser au moins 4 800 arbres.

green people

Le portrait Yvon Chouinard

En dates et en gestes

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Pendant que les Africains craignent que le ciel ne leur tombe sur la tête, les habitants de Singapour boivent de l’eau sortie tout droit de leurs machines à laver. Et un conflit de trente ans se termine faute d’île combattante.

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En Afrique, le ciel va leur tomber sur la têteLes Africains sont responsables de moins de 4 % des émissions globales de gaz à effet de serre dans le monde, et pourtant, une étude récente montre que, dans leur grande majorité, ils pensent en être responsables. Un sondage, mené par le BBC World Service Trust, l’association caritative de la chaîne britannique, et le British Council, montre que les Africains réagissent face au réchauffement climatique comme ils l’ont fait face au sida. En l’absence d’informations claires, ils considèrent ces fléaux comme une punition divine pour quelque chose qu’ils n’auraient pas fait, ou mal fait. Car si les habitants du continent africain ont bien remarqué que leur environnement se dégradait, ils n’ont cependant pas tous conscience du lien entre le CO2, les autres gaz à effet de serre et le changement climatique. « Beaucoup d’entre eux ne comprennent pas la terminologie du changement climatique, et souvent il n’existe aucun mot pour décrire ces concepts dans les langues locales », explique Anna Godfray, chercheuse du BBC World Service Trust.

Blog : http://vert2terre.fr Auteur : Aurélie - Statut : Journaliste

parisienne, passionnée par l’écologie et

les modes de vie alternatifs

1,5 tonne de CO2Ce sont les émissions annuelles liées aux courses alimentaires d’un foyer français. Selon une étude de Système U, l’Iri et Greenext, chaque foyer peut faire varier d’un tiers ses émissions, s’il est attentif à la provenance et au mode de production des 990 kg de produits alimentaires qui remplissent son Caddie chaque année.

Un rapport émanant de l’état-major inter-armées américain pronostique qu’en 2015, les capacités de production de pétrole pourraient être inférieures de 10 millions de barils par jour à la demande mondiale : « En 2012, les surplus de capacité de production de pétrole pourraient disparaître entièrement, et dès 2015, le déficit de production pourrait être proche de 10 millions de barils par jour.» Dix millions de barils par jour (Mb/j), cela représente les extractions de l’Arabie

Saoudite, premier producteur mondial de pétrole. Si cette hypothèse du Pentagone se réalise, c’est un 3e choc pétrolier qui attend l’économie mondiale, vraisemblablement plus violent que les deux précédents. Un tel ralentissement économique risque de pousser les pays fragiles et en voie de faillite sur le chemin de l’effondrement, et aura peut-être de sérieux impacts économiques sur la Chine et l’Inde.”

Blog : http://petrole.blog.lemonde.fr Auteur : Mathieu Auzanneau, dit « oil man »

Statut : journaliste indépendant, collaborateur de « Terra eco »

Les Etats-Unis en étatde choc pétrolier

En direct de la blogosphère

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Réagissez à l’actualité d’un monde qui bouge

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Une île engloutie, une guerre se finitUne île du golfe du Bengale que se disputaient depuis près de trente ans l’Inde et le Bangladesh a disparu sous l’effet de la montée de la mer. Le site de la chaîne britannique BBC assure que, selon de récents clichés satellites, cette minuscule île inhabitée, baptisée New Moore Island par les Indiens et South Talpatti Island par les Bangladais, est à présent entièrement submergée. Elle ne répond donc plus à la définition d’une île donnée par la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. « Ce différend que deux Etats n’ont pas réussi à résoudre pendant des années aura finalement été tranché par le réchauffement climatique », résume le professeur Sugata Hazra de l’Université Jadavpur.

Blog : www.goodplanet.infoAuteur : fondation créée par Yann Arthus-

Bertrand - Statut : sensibilisation du public à

la protection de l’environnement

Singapour : une histoireà l’eau de rose

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blogosphère

La République de Singapour est un tout petit bout de territoire, d’environ 680 km2, le plus petit Etat d’Asie du Sud-Est. C’est un espace où s’entassent 4,5 millions de citoyens. L’île, pourtant généreusement arrosée par un climat tropical humide, deux moussons et un calendrier des pluies bien chargé, manque d’eau. A la fin des années 1990, le gouvernement place l’« approvisionnement en eau durable » au cœur de sa stratégie. La moitié de la ville est dédiée à la collecte des pluies. Les structures de traitement des eaux usées se multiplient, les techniques se perfectionnent. Chaque citoyen doit connaître la valeur d’une goutte d’eau. Aujourd’hui, Singapour compte quatre sources principales d’approvisionnement en eau : 1/ Une quinzaine de réservoirs, dont le plus remarqué, le Marina Barrage, devrait fournir 10 % des besoins en eau. A marée basse, lors de pluies violentes, il est conçu pour libérer l’excès d’eau vers la mer. 2/ La NEWater est une eau potable recyclée à partir de rejets domestiques. Micro-filtration, osmose inverse et irradiation d’UV sont nécessaires pour « fabriquer » de l’eau pure avec de l’eau souillée. 3/ L’unité de désalinisation d’eau de mer, inaugurée en 2005, a la capacité de produire environ 10 % des besoins quotidiens de la ville. 4/ Enfin, la source la plus importante – 40 % de l’eau de Singapour – vient de l’Etat de Johor, situé en Malaisie voisine.

Blog : http://lewebpedagogique.com/environnementAuteur : parents, élèves et professeurs - Statut : communauté éducative francophone

Le CO2 a les feux tricolores aux troussesLa ville américaine de Portland est devenu la reine des feux tricolores. Elle a optimisé la gestion de son trafic automobile dans 17 avenues et 135 intersections grâce au logiciel Trafficware Synchro Studio. Bilan : moins de phases d’accélération et de décélération, soit 6,6 millions de litres d’essence économisés par an. Et sur six ans, ce projet a évité l’émission de 157 000 tonnes de CO2, l’équivalent de 30 000 voitures particulières en moins sur les routes sur un an.

Blog : www.urbiz.fr Auteur : Greenvibes

Statut : plate-forme d’échange de bonnes

pratiques en écologie urbaine

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Q1. Déposées à la déchetterie ou dans un centre de santé, les radiographies sont lavées, puis on en extrait :a. Les sels d’argentb. La poudre d’orc. La poussière d’étoile

Q2. Si vous donnez votre vieux micro-ondes encore en état de marche à une association, elle :a. Le réparera et le revendrab. Récupérera la lampe pour éclairer ses locauxc. Utilisera le plateau pour les apéros

Q3. Les cendres de bois sont riches en calcium. C’est pourquoi elles peuvent servir à :a. L’élaboration du dentifriceb. Faire de l’engrais naturel pour la pelousec. Réaliser un masque de beauté

Q4. Qu’est-ce qu’Ordi 2.0 ? a. La nouvelle version de l’Ordimini, l’ordinateur parlant des années 1980 b. La filière de collecte, de reconditionnement et de redistribution d’ordinateursc. Le nouveau parfum Dior

9 bonnes réponsesVous avez dérobé les clés des bureaux de « Terra eco » pour connaître les questions à l’avance. C’est de la triche.

7 à 8 réponses correctes Le gardien de la déchetterie vous appelle par votre prénom. Vous êtes responsable, dynamique, admirable… La classe !

4 à 6 réponses correctes Vous voulez bien faire, mais manquez encore d’un peu de méthode. Et si vous commenciez par rejoindre nos « Lecteurs responsables » (lire aussi en pages 6 et 7) ?

0 à 3 réponses correctes Vous pensez que les déchets disparaissent par magie quand on les jette dans la nature. Placez www.terraeco.net en page d’accueil de votre navigateur (c’est gratuit mais c’est un ordre !).

Q5. Vous venez de laisser tomber votre thermomètre au mercure sur le carrelage de la salle de bains. Que faire ?a. Enfiler un bermuda à fleurs, car la température va monterb. Ramasser les billes avec une feuille, les placer dans un récipient contenant de l’eau et apporter le tout à la déchetteriec. Jurer et aller vous recoucher

Q6. Où avez-vous une chance de recroiser le papier peint de la cuisine de Mamie avec de jolies pâquerettes marron ?a. Dans un cauchemar couleur marronb. Dans l’une des 487 émissions télé de décoc. A la déchetterie, puis dans une usine d’incinération car il n’est pas recyclable

Q7. Les CD et les DVD sont composés à 90 % de plastique polycarbonate. Réduits en granulés, ils seront réutilisés pour fabriquer :a. Des caissons d’ordinateurb. Des planches à voilec. Des canards en plastique

Q8. Les emballages de rouges à lèvres ne sont pas recyclés. Pourquoi ?a. C’est secret, on ne peut pas le direb. Ils ne sont pas assez beauxc. Ils sont souillés et la matière plastique est trop restreinte

Q9. Vous avez joué au baseball dans votre salon et fait voler en éclats les vitres. Rien de grave, vous allez déposer les morceaux dans la poubelle destinée au verre. Arrêtez tout !a. Les ficus adorent le verre, remplissez vos pots !b. Les vitres peuvent contenir des composants chimiques, il faut donc les déposer à la déchetteriec. Pilez le verre et jetez-le dans l’évier, c’est bien plus simple !

quiz

Le quiz du recyclageC’est un voyage merveilleux que « Terra eco » vous propose. Avec « Gullivert, le guide du savoir vert », nous vous invitons à plonger au fond de vos poubelles… pour mieux en ressortir.

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Réponses : 1/a – 2/a – 3/b – 4/b – 5/b – 6/a, b et c - 7/a – 8/c – 9/b

Page réalisée avec « Gullivert, le guide du savoir vert » (15 euros).www.gullivert-le-guide.com

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44 J’ai testé lamétamorphose verteen8leçons

50 Enquête Qu’ya-t-ildans uncerveauvert?

52 Quiz Quelécoloêtes-vous?

54 Actions Jeux,compétition,bolde nature,introspection…

57 Entretien Lephilosophe Jean-PierreDupuyetson «catastrophismeéclairé»

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Changerdevie.Sesdéplacements,lecontenudeson

assiette,ettantqu’onyestsadestinationdevacancesousonlieud’habitation.L’idéeestbelleetgénéreuse.Maisaufait,comments’yprend-on?Ilyal’optionpsychiatre:«Bonjourdocteur,j’aimeraisjeterlestrentepremièresannéesdemavieparlafenêtre.»Généralement,çarendlepsytrèssouriant.Ilyaaussil’optionradicale:tremperdeuxorteilsdanslebouillonradioactifdeTchernobyletautroisième,onarrêtedéfinitivement.Restel’optioncouchessédimentaires:onsuperposeuneàunelesstratesquifaçonnerontl’«écolo»quevousavezchoisidedevenir.Méfiance.Quelquesoitlecheminementchoisi,ilvafalloirapprendreàsouffrir–unpeu.Carl’écologie,c’estunpeuplusdouloureuxqueremplirunCaddiedeyaourtsbioouacheterunevoitureélectrique.Audébut,çapeutfairemal,mais,ensuite,c’estpromis,celadevientaddictif.Voicidoncen18pages,commentdevenirécolotoutengardantlesourire.—

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Page 45: Nos pistes pour agir

L ’écologie, il fut un temps où je ne savais même pas à quoi ça ressemblait. Un truc de gogos pensais-je. A 20 ans – j’en ai

35 –, j’étais une femme Barbara Gould. Je rêvais de grimper dans un 4x4 faire le Rallye des gazelles, m’offrir deux bolides et crécher dans un loft au cœur de Manhattan. Je voulais gagner des tonnes d’argent facile en pratiquant les mathématiques financières à Wall Street. Pour tout vous avouer, et puisque nous sommes entre nous, je crois bien que j’ai voté Chirac en 1995. J’avais avalé tout Philip K. Dick, le Cycle des robots d’Asimov, et, dans le fond, j’étais persuadée que l’homme du futur serait un robot. J’étais aussi étrangère à l’écologie que Christine Lagarde aux sciences climatiques.

Tsunami intérieurEt un jour, sans prévenir, l’avalanche m’a emportée. Une rupture amoureuse m’a obligée à, disons, chambouler mon système de valeurs. Bref, à tout foutre en l’air. La niaque n’était plus là. Je devais faire le deuil du XXe siècle, de Barbie et de Ken. Qu’allais-je donc devenir ? Journaliste, tiens ! Attention, l’écologie ne monte pas en soi lors d’un reportage dévolu aux spas des Maldives. Rien de tel qu’un petit

voyage à Tchernobyl pour reformater son disque dur. Partir à la rencontre des habitants des zones contaminées pour le 16e anniversaire de la catastrophe, de leurs silences et de leurs larmes sèches. Voilà une expérience fondatrice. Alors je vous l’accorde, tout le monde ne

va pas passer ses vacances/reportages à Tchernobyl, mais chacun peut provoquer son petit tsunami intérieur. Voici au choix quelques pistes à double détente : plonger dans un dossier de Terra eco, pleurer une mémé trépassée durant la canicule 2003, tester un voyage à la Nouvelle-Orléans lors du passage du cyclone Katrina en

2005, ou bien écouter Claude Allègre pendant plus de 4 minutes… Un choc, un stimulus est nécessaire pour diffuser l’information jusqu’au cerveau. Eveillé, l’être ne peut plus se rendormir.La conscience, c’est comme un virus : elle se diffuse vite, mais ne se soigne pas toujours. Enfin, c’est ce qu’on croit, au début. Quand on n’est pas né dans un bol de chlorophylle, devenir vert n’est pas chose si évidente. « Si la conscience écologique commence à se généraliser, les changements à opérer sont si antinomiques avec nos modes de vie, nos habitudes de fonctionnement, notre rapport au monde et à la vie, notre

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Avertissement : avant de lire ce texte, munissez-vous d’un stock de millepertuis, antidépresseur naturel, et de balles antistress. De la femme Barbara Gould d’il y a quinze ans à celle qui pleure aujourd’hui devant des icebergs de l’Arctique : récit d’un parcours personnel intérieur, virages et dérapages inclus. Par Laure Noualhat

J’ai testé la métamorphose verte

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conception du confort, de la richesse, que nous ne pouvons pas adapter

à nos comportements. C’est comme si nous voulions jouer à un nouveau jeu informatique sans avoir changé le programme de notre ordinateur », écrit Séverine Millet, consultante, accompagnatrice de changement et cofondatrice de l’association Nature Humaine (lire aussi pages 54-56).

Envoûtée par l’orchestreDans mon cas, le disque dur plantait régulièrement. Je comprenais qu’il fallait changer de mode de vie, consommer moins, manger bio, lever la fourchette sur l’entrecôte, aplatir mon empreinte carbone, pédaler, cesser de rêver aux Maldives…, mais je ne comprenais pas pourquoi j’errais seule ou presque dans ce désert. Ben oui, l’éveil ne fait pas tout, l’être lutte contre l’information sidérante qui le plaque contre le mur. Comme l’explique si bien le philosophe Jean-Pierre Dupuy (lire l’entretien pages 57-59), je ne voulais pas croire ce que je savais. Il faut dire que du haut de mon panier de légumes bios, je me sentais un brin impuissante, voire incomprise. « Or, le sentiment d’impuissance est souvent source d’inaction », analyse Séverine Millet. Sans compter que j’avais une irrépressible envie de fourrer mon poing dans la figure de tous ces conducteurs de 4x4

croisés aux feux rouges, à ces inconscients qui virevoltaient dans les grands magasins… « L’indignation nous place dans la dichotomie : nous, qui sommes forcément justes, sommes victimes de “ méchants ”, d’événements venant de l’extérieur, qui, eux, sont forcément injustes. Or, l’action exige l’unité intérieure. Cela passe par la réappropriation de notre part de responsabilité », poursuit Séverine Millet. Par commodité, réflexe ou évitement, l’être humain emprunte la voie du déni et de la colère qui lui est associée. Je suis donc entrée bien malgré moi en schizophrénie. Pendant que je bâfrais bio, équitable et légumineux, l’orchestre continuait de jouer en harmonie. Cet orchestre, c’est notre système. Telle la sirène envoûtant Ulysse, sa douce mélodie m’hypnotisait. C’est

le moment où, les oreilles pleines de cire, je continuais de faire appel à un personal shopper (conseiller d’achats) pendant les soldes.En tant que reporter au

journal Libération, impossible néanmoins de me laisser bercer par la mélodie du déni. Au contraire. Les mauvaises nouvelles succédaient aux moins pires. Depuis la proue du navire de l’info, je guettais la nouvelle enthousiasmante. Or, en matière d’écologie, cette pépite

est un Graal, un calice auquel personne ne portera plus ses lèvres. Ce n’est pas parce que le voisin trie mieux ses déchets, qu’une jeune entrepreneuse a « inventé » des sacs en bâche recyclée ou qu’un producteur bio de plus vend ses patates sur le marché qu’il y a changement de paradigme. Là, le découragement t’étreint, petit scarabée. Et je ne sais que dire : non, il n’y a pas grand-chose à faire. C’est précisément à cet instant que mes amis

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Isabelle Autissier* « J’ai vu qu’on allait dans le mur dès les années 1980 »

« Ma prise de conscience a commencé avec la mer. Ce n’est pas récent, cela date du début des années 1980 quand je travaillais pour la pêche. Je me rendais bien compte que, sur le chapitre des ressources marines, les scientifiques tiraient la sonnette d’alarme, mais n’étaient 

pas entendus. Je me suis dit que l’on allait dans le mur parce qu’on niait les phénomènes de la nature. »* La navigatrice a été élue présidente de la branche française du WWF.

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Alain Juppé* « Mon séjour au Canada »

« Beaucoup me parlent de mon séjour au Canada en 2004 et je reconnais que j’y ai 

appris beaucoup en matière de rapport avec la nature et les personnes. Lors de ce séjour, c’est la phrase des étudiants d’un collège de Drumondville qui m’a frappé : « Lorsque tu vas magasiner, demande-toi si tu as vraiment besoin de ce que tu vas acheter ! »* Ancien Premier ministre et maire de Bordeaux.

TEMOIGNAGE

m’ont proposé de m’envoyer – pour longtemps – en cure de sommeil. Très franchement, c’est le moment de bascule. Votre psy en vient même à imaginer qu’elle va pouvoir payer sa retraite rien qu’avec vos séances. L’esprit, ballotté entre colère et épuisement, cherche à négocier. « La phase de négociation consiste à tenter le tout pour le tout pour ne pas changer, explique Jean-Pierre Le Danff, membre de la Fondation Nicolas Hulot. Cela consiste à dire : j’ai un cancer du poumon, mais si

j’arrête de fumer, je vais m’en sortir. N’est-ce pas docteur ?! » A ce stade, on est face à un gros dédoublement de personnalité le matin devant la glace.- « Oui, j’ai pris l’avion pour aller forniquer à Rome, et alors ?- Tu sais très bien ce qui est en jeu et ce que tu as fait.- Mais je ne vais pas changer le monde à moi toute seule.- Ce n’est pas le problème, la question est : à quel point acceptes-

Hubert Reeves* « A la suite de Monod »

« Je n’ai jamais été dans l’indifférence vis-à-vis des conditions de vie sur Terre. Je 

sentais que j’étais en devoir de mettre ma notoriété au service du vivant. Mais c’est la disparition de Théodore Monod qui va accélérer ce processus, puisque je lui ai alors succédé à la tête de l’association qu’il présidait.Je bénéficie aujourd’hui de l’expertise de ses animateurs et nous essayons d’élargir le cercle des défenseurs de la biodiversité. »* Astrophysicien et président de la Ligue ROC.

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tu de réduire tes incohérences ? Elles te rendent malheureuse, tu

devrais les entendre plutôt que de les conchier. »Mmm. Ecouter ses incohérences ? Après cette phase, c’est la fête du slip et du Beaujolais : on fonce tout droit vers la dépression. Inévitablement mais salutairement, oserai-je. La dépression est salvatrice à la seule condition d’être vécue comme une étape, celle de l’acceptation de la mort de ce foutu XXe siècle. En gros, il est normal d’être raplapla et de fondre en larmes dès qu’un ami vous demande si vous n’exagérez pas un peu le bousin. Là, j’ai même envisagé la ligature des trompes pour figer la radicalité dans le corps. Et en finir avec les réflexions du genre : « ça irait mieux si tu donnais la vie. » T’en foutrais, moi, de la vie. Je lui dirais quoi à mon nain ? « Maman et ses contemporains t’ont préparé une belle boucherie pour tes 40 ans, tu vas a-do-rer. »

Rejoindre des neuneus de son espèceA titre personnel, la dépression s’est traduite par deux sentiments : le prêche dans le désert et l’obsession. Tout le temps. Au journal, où les collègues vous

regardent comme une irradiée. A la maison, où les copains ne viennent plus dîner de peur de sucer des graines germées. Dans la rue, en avalant des grammes et des grammes

de CO2. Dans le train, où l’on

décline en centrales nucléaires le nombre de kilomètres parcourus. Chez le boulanger qui décidément ne comprend pas ce qu’est une farine bio. Au restaurant, en hurlant au massacre des animaux. Etc. « On reste malheureux, explique Jacques Fradin, de l’Institut de médecine environnementale, parce qu’on désire résoudre le problème plutôt que de le penser. » Si en plus, il faut penser, eh bien ce sera sans moi.Puis vient le temps de la résilience et du rassemblement. Plutôt que de rester seule, autant rejoindre des neuneus de son

espèce : des objecteurs de croissance, des personnes qui doutent, des militants, des philosophes enthousiastes, des gens qui vivent l’écologie plutôt que de l’acheter. Ecouter le philosophe Patrick Viveret à une conférence sur le bonheur, ça vous rebooste un ego, manifester à plus de 3 000 (bien choisir sa manif, donc), ça fait marrer et lire un bon essai qui structure la pensée. C’est dans l’action, le faire, le rassemblement quasi-communautaire que l’on parvient à reprendre son souffle avant de repartir au combat. La seule issue connue à ce jour s’appelle l’optimisme de l’action. « Cette énergie est plus intéressante que les émotions pour mouvoir l’action, car lorsque l’on trouve sa source, elle est inépuisable, alors que l’indignation épuise et s’épuise », analyse

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Matthieu Ricard* « Le vertige du changement »

« Nous sommes habitués depuis si longtemps à nos imperfections, que nous avons du mal à imaginer ce que serait la vie sans elles : le ciel du changement nous donne le vertige. »* Moine et traducteur français du Dalaï-lama. Note postée sur son blog www.matthieuricard.com, en avril.

TEMOIGNAGE

Nicholas Stern* « Ma révélation indienne »

« Mon déclic s’appelle Palanpur. En 1974, thésard récemment diplômé de Cambridge puis d’Oxford, j’ai passé huit mois dans ce village indien pour étudier l’impact de la révolution verte. Cette expérience est fondatrice pour moi. Je n’ai pas oublié cette bourgade indienne. J’y pose 

mes valises dès que je le peux. Cela me rappelle de quoi l’on parle lorsqu’on évoque le problème du développement. * Economiste britannique, auteur d’un rapport sur « l’économie du changement cmlimatique » en 2006.

TEMOIGNAGE

Séverine Millet. Et comment faire ? Paradoxalement, en ralentissant et en s’arrêtant. Mais ni l’indignation, ni la colère, ni la schizophrénie ne s’évanouissent totalement. Ces sentiments s’entremêlent pour tresser une vie combative pleine d’émotions. Un jour, en reportage au Groenland, face à la beauté des icebergs de l’Arctique, devant l’immensité de ce silence et la petitesse de notre existence humaine, je me suis mise à pleurer. Ces larmes avaient à la fois l’amertume de l’impuissance, l’acidité de la colère, la douceur de la sérénité et le mordant de l’espoir. Se reconnecter à la nature aseptise bien des douleurs. Peut-être est-ce ma voie, celle de la réconciliation avec Gaïa. —

« En gros, il est normal d’être raplapla et de fondre en larmes dès qu’un ami vous demande si vous n’exagérez pas un peu le bousin. »

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50 mai 2010 terra eco

L’homme est un rat de laboratoire comme les autres. L’université de Columbia, le Centre de recherche sur les décisions environnemen-

tales (Cred) réalise actuellement des expériences cruciales pour l’avenir. Des étudiants sont plongés dans des situations d’incertitude climatique et/ou face à des

Mais qu’y a-t-il dans un cerveau vert ? Qu’est-ce qui nous fait courir ou nous asseoir ? Pourquoi certains d’entre nous sont prêts à agir pour l’environnement et d’autres pas ? Des chercheurs de l’université américaine de Columbia cherchent les réponses à ces questions. Par Laure Noualhat

risques environnementaux. Toutes les recherches du Cred sont orientées sur les compromis à long terme, c’est-à-dire sur les sacrifices que nous sommes amenés à accepter aujourd’hui en échange d’incer-tains bénéfices dans un futur lointain. Pour prendre une décision, un être humain fait simultanément appel à différents systèmes

de son cerveau : l’un analyse le risque, pèse les avantages et les inconvénients, l’autre perçoit ce risque et y apporte une réaction primitive – par exemple, un réveil sou-dain en pleine nuit à cause d’une odeur de fumée. Récit de quatre expériences, symboliques de nos blocages.www.cred.columbia.edu

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2. Ma vie, mon groupePour Elke Weber, chercheuse affi liée

au Cred, la plupart de nos décisions environnementales (choix des normes d’une maison, achat d’un véhicule…) sont prises en groupe,

qu’il s’agisse d’un foyer, d’une entre-prise ou d’une communauté. Pour la

scientifi que, seule la coopération peut donc aboutir à des décisions sensées. Mais quid de la coopération quand les membres du groupe ne se connaissent pas ? « Même entre inconnus, la coopération peut être facilement activée », assure la spécialiste. En distribuant des autocollants fl anqués d’une étoile bleue à un groupe, en expliquant à ses membres qu’ils faisaient partie du groupe « étoile bleue », elle a constaté que la participation au sein du groupe grimpait de 35 % à 50 % ! « Rien qu’en faisant asseoir les gens autour d’une table, on augmente la participation aux discussions de 75 %. » Pour la chercheuse, il faut donc que les gens se sentent affi liés à des groupes, à des communautés, pour se sentir concernés.

1. Le présent avant toutVous avez le choix : empocher 185 euros dans la seconde ou bien patienter un an pour toucher 270 euros. Eh bien, environ 52 % des personnes interrogées considèrent que la différence ne vaut pas le coup d’attendre. Or, en patientant une petite

année, sans rien faire, ils auraient pu bénéfi cier d’une augmentation de 46 %. Les chercheurs du

Cred se sont amusés à tester d’autres hypothèses, plus « écolos ». Par exemple : vous préférez 21 jours d’air propre cette année ou 35 jours l’année prochaine ? Bingo ! La majorité des gens testés choisissent encore la première option, ne saisissant pas l’avantage de la seconde… Le test met à jour notre incapacité à envisager l’impact positif de ses décisions dans le futur. C’est normal ! L’esprit humain s’est construit sur l’avantage immédiat, non sur la promesse d’un futur meilleur. Car demain, à long terme, comme dirait l’autre, « nous serons tous morts » (dixit l’économiste John Maynard Keynes)

3. Le poids des motsDavid Hardisty, étudiant au Cred, a tenté une expé-rience qui pourrait donner du grain à moudre aux partisans français de la taxe carbone… L’idée : augmenter le prix d’un billet d’avion de 2 %, et présenter cette hausse à des républicains (droite

américaine) et à des démocrates (centre gauche), soit sous la dénomination de « taxe carbone »

soit sous celle de « compensation carbone ». Les

Vousdécouvrezdanscespagesunesériedephotosd’unSuédoisde24ans.OriginairedeGöteborg,ErikJohanssonestreconnupoursesmontagesphototrèsréalistes.«Terraeco»asouhaitéensavoirplussurcejeuneartistedontlesimagesreflètentlesméandresdel’humain.

1/ Comment vous défi nissez-vous : photographe, artiste ou les deux ?Jemedéfiniraipluscommeartistequephotographe.Pourmoi,lesphotosnesontqu’unmatériaudebasepourcréeretreprésenterlesidéesquinaissentenmoi.

2/ Où puisez-vous votre inspiration ?Surmesprojetspersonnels,jelaisselesidéesveniràmoi.Jesuisinspiréparlaviedetouslesjours.Chaqueprojetestunnouveauchallengeetmonbutestderendrecesscèneslesplusréalistespossibles.

3/ Dans vos photos, on retrouve beaucoup d’éléments naturels ? Etes-vous engagé dans l’écologie ? Mêmesijen’aipasdethèmesprivilégiés,jeremarquequel’idéedufuturrevientsouventdansmesimages.S’engagerdansl’écologieesttrèsimportant.Nouspouvonsfaireuntasdepetiteschosesqui,àlafin,ferontladifférence.

www.alltelleringet.com

Erik Johansson, le photographe de ce dossier

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Quel écolo êtes-vous ?1/ Devant votre poubelle dernier cri munie de trois bacs de tri :

Vous lavez vos pots de yaourt, même si cela ne sert à rien.

Vous triez avec le concours d’un ambassadeur du tri. Vous mélangez soigneusement tous les déchets :

ils seront tous brûlés à l’incinérateur. Vous prévoyez l’achat d’une poubelle supplémentaire

pour les piles et les ampoules.

2/ Quand vous emmenez vos enfants à l’école : C’est à pattes, dans la pollution automobile. C’est en trottinette pour revenir plus vite. C’est en voiture, pendu à l’oreillette de votre mobile. C’est en nombre ! Vous avez créé un pédibus pour

emmener tous les enfants du quartier.

3/ Quand vous invitez des amis à dîner : C’est graines germées, kéfir et menu végétalien pour

tout le monde. Génial, vous avez trouvé du vin bio, faut goûter. Tartare de bœuf et salade de fruits exotiques. Risotto aux asperges du jardin.

4/ Avec votre voiture : Vous n’avez plus de voiture depuis des années. Vous roulez à la cool. Vous vous éclatez dans les stages de conduite sur

glace. Vous vous êtes inscrit sur un site de covoiturage.

4. Emotion plutôt que réflexion

En situation d’incer-titude et de longues échelles de temps (10 ou 20 ans), com-ment prendre des

décisions optimales ? Par exemple : quelle est

la meilleure façon de dépenser l’équivalent de 5 milliards de dollars de fonds publics dans l’éolien ? Faut-il tout miser sur les technologies exis-

tantes ou bien patienter encore dix ans, le temps que survienne un hypothétique saut technologique ? « Toutes les variables de la prise de décision sont là : incertitude, temps, gains et pertes potentiels, explique l’auteure de l’étude Juliana Smith. Dans la prise de décision, tout est histoire de cadre. Dans ce cas, nous disposons du cadre présent/futur, qu’il faut combiner avec le cadre bénéfice/coût. » La combinaison des deux donne des résultats timides, car les gens tien-nent moins compte des gains futurs que des pertes futures. Entre réflexion et émotion, le sujet cède à l’émotion : en l’occurrence, la peur de perdre du temps et de précieux investisse-ments si le saut technologique tant attendu ne vient pas.

sujets de l’expérience ont été informés que ce prélèvement, quelle que soit sa

formulation, allait servir à financer des tech-nologies alternatives et décarbonées. Les répu-blicains ont dit non à la taxe et oui à la com-pensation, tandis que leurs amis démocrates disent plutôt oui aux deux. D’après Hardisty, « pour les républicains, le simple mot “ taxe ” provoque un rejet quasi-épidermique alors que le mot “ compensation ” valorise leur participation au développement d’énergies alternatives ».

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5/ Pour gérer votre argent : Vous avez plein de thunes vu que vous n’achetez plus

jamais rien. Quel est le rapport avec l’écologie ? Vous gagnez à tous les coups en investissant dans des

valeurs chinoises et pétrolières. Vous avez opté pour une banque coopérative et/ou

mutualiste.

6/ Lors des dernières élections régionales, vous avez : Rien fait : les élus ne font rien pour la planète. Voté comme d’habitude. Voté Europe Ecologie : Cécile Dufl ot, elle est trop

belle. Fait campagne pour la planète.

7/ Quand vous regardez un docu sur les ours blancs à la télévision :

Ça ne risque pas, car vous n’avez pas de télé. Pour vous, c’est comme mâcher un chewing-gum avec ses yeux, la lobotomie assurée.

Vous zappez dans la seconde sur l’émission Turbo. Vous fondez en larmes. Vous envoyez 50 euros au WWF.

8/ Votre belle-sœur attend son 3e enfant : Vous lui proposez l’adresse d’un gynéco qui ligature

gratuitement. Vous vous en foutez royalement. Vous foncez acheter des bodys en coton bio. Vous vous jurez de faire de vos neveux/nièces de

purs écoguerriers.

9/ Pour les grandes vacances, vous prévoyez : De ne pas en prendre du tout : comment se reposer

quand la Terre va si mal ? De partir aux Maldives, voir si ça coule vraiment. De réserver dans un gîte bio à la ferme. De louer une grande maison à plusieurs.

10/ Des amis se font construire une maison : Vous les conchiez : c’eût été plus malin de rénover

un bâtiment existant. Vous viendrez quand ce sera fi ni. Vous leur fi lez un coup de main sur le chantier

autoconstruit. Vous les abonnez illico au mensuel La maison

écologique.

11/ Vos enfants réclament un chien : Hors de question : ça bouffe 2 kilos de viande rouge

par jour. Vous allez chercher un saint-bernard au chenil. D’accord, mais il ne mangera que du bio. Vous leur offrez un lapin nain.

12/ Comment défi niriez-vous votre connexion à la nature ?

Vous êtes écrasé par tant de beauté et de violence à la fois.

Elle est bien utile cette Dame Nature. Vous êtes émerveillé, comme un enfant. Vous avez l’impression de ne faire qu’un avec elle.

13/ Est-ce que vous enquiquinez votre entourage avec l’écologie ?

Avec quoi d’autre peut-on enquiquiner les gens ? Non, ce sont eux qui vous échauffent avec le

réchauffement. Pas du tout : c’est tellement rigolo l’écologie… Quand vous leur prouvez que les économies sont

au rendez-vous, tout roule !

14/ Dans votre penderie, on trouve : Des vêtements vieux de vingt ans. De la fourrure, de la soie, de la laine, de tout ! Des petites pièces ravissantes en coton bio. Seulement 7 tenues.

15/ Quand vous faites un geste pour l’environnement : Vous avez l’impression de ne jamais en faire assez. C’est la B.A. de l’année. Vous vous amusez comme un fou. Vous avez l’impression de sauver vos enfants.

Majorité de

Vous jouez à Oui-Oui au pays de l’écologie, tout cela est nouveau pour vous, si bien que ça vous fait encore marrer de repeindre votre vie en vert. Tri des ordures, achats bios, voiture hybride, labels verts… Pour vous, l’écologie s’apparente encore à un jeu sans grand enjeu.

Majorité de Claude Allègre a un job pour vous. Vous êtes encore dans la phase du déni : l’écologie, c’est pour nous empêcher de jouir sans entraves. Comme on va tous mourir à la fi n, quel est l’intérêt de se serrer la ceinture, surtout que les scientifi ques ne sont sûrs de rien ?

Majorité de Attention, vous êtes en pleine dépression. A force d’efforts et de sacrifi ces, vous pensiez changer le monde. Mais le monde ne change pas. Vous vous sentez seul face à la fureur d’une nature prête à anéantir les hommes. Ne vous inquiétez pas, ça devrait passer.

Majorité de Ça y est, vous êtes sorti indemnes de la spirale écologique. Fini les angoisses sur la fi n du monde, vous êtes entré de plain-pied dans l’action. Dîners militants, manifs, rénovation écolo de la maison. Vous avez mué en hyperactif de l’engagement.

Faites le total de vos réponses et découvrez où vous en êtes :

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Passer au vert :mode d’emploiNon, nous ne vous laisserons pas là, entre colère et prise de tête avec vous-même. Nous avons expérimenté quelques chemins vers l’écologie : à tenter sans modération. Par Alice Bomboy

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1. Introspection : c’est quoi être écolo pour moi ?Première prescription : plonger dans vos motivations profondes. « Pour vous, cela peut être d’améliorer votre cadre de vie. Pour un chef d’entreprise, cela peut être la progression de son bilan économique. Quel que que soit le sens de cette motivation, elle est valable dès qu’une personne la fait sienne », affi rme Séverine Millet, consultante accompagnatrice de changement et cofondatrice de l’association Nature Humaine. En défi nissant ainsi sa propre vision de l’écologie, on allège sa culpabilité à ne pas agir sur tous les fronts et on dessine sa propre réponse. « Cette approche personnelle permet de se concentrer ici et maintenant sur ce qui vous préoccupe. Votre inquiétude essentielle est de diminuer votre recours aux énergies fossiles ? Demandez-vous ce que vous êtes prêts à faire chaque

jour pour faire évoluer ce comportement », explique la spécialiste. En adoptant cette attitude dès aujourd’hui, vous vous

donnez le temps d’explorer toutes les solutions à votre disposition et de faire le bon choix : alors, bois ou géothermie pour remplacer votre vieux chauffage au fi oul ?

2. Education : foncez aux cours de rattrapage ! « Pas dans cette poubelle ! » Bercés par les messages écologiques et nourris aux leçons sur le tri sélectif dans leurs écoles, nos enfants désespèrent de nous. De notre incapacité à retenir que les pots de yaourt, ça ne se recycle pas, mais les bouteilles de lait, si. « L’éducation à l’écologie marche très bien avec les enfants car, à leur âge, ils ont encore la possibilité de percevoir l’essentiel, analyse Séverine Millet. Pour les adultes, c’est bien plus diffi cile. » Pas de mystère, les cours de rattrapage s’imposent pour remettre notre

« L’éducation à l’écologie marche très bien avec les enfants car, à leur âge, ils ont encore la possibilité de percevoir l’essentiel. »

cerveau en situation d’apprendre. Les universités populaires, ouvertes au grand public, peuvent être des moments idéaux pour ouvrir vos horizons verts. Et les travaux pratiques ne manquent pas : certains centres de tri, à l’instar de celui de Lons-Le-Saunier dans le Jura, proposent de visiter leurs installations et de comprendre in vivo la différence entre pot de yaourt et bouteille de lait !

3. Nature : une grande inspiration d’herbesAutre traitement recommandé : se mettre au vert régulièrement. En plus de (re)prendre conscience de l’importance de Dame Nature, les effets de ce remède irradient sur la santé : en 2007, des chercheurs de l’université de Berne en Suisse ont montré que la présence d’arbres favorisait les sentiments positifs et diminuait frustrations et stress. « Les associations d’éducation à l’environnement qui emmènent les gens sur le terrain font un travail essentiel », reconnaît Séverine Millet. Compter les papillons avec l’association Noé Conservation ou guetter les castors avec les volontaires d’« A pas de Loup » : autant d’expériences aidant à se reconnecter avec la nature. Et pour ceux qui n’ont pas de grands espaces à portée de main, planter un jardin d’aromates sur son balcon ou végétaliser une cour intérieure met son lot de biodiversité à portée d’immeubles. A travers son projet Natural Change, le WWF immerge les participants de tables rondes dans un environnement naturel et en retire de précieux enseignements : non seulement ce contexte leur donne envie de vivre d’une façon plus durable, mais aussi de communiquer cet élan à leur entourage.

4. Voisins : vive l’effet boule de neige ! Au volant de sa nouvelle voiture hybride, votre voisin vous fait

Des Livres- « La peur de la nature »,FrançoisTerrasson(éd.duSangdelaterre):LElivrefondateurpourbeaucoup

- « L’intelligence du stress »,JacquesFradin(éd.Eyrolles):unpeutechnique,carécritparunneurologue,celivrepermetcependantdecomprendrecomment

fonctionnenotrecerveau.

- « Vers l’écologie profonde »,ArneNaess,avecDavidRothenberg(éd.Wildproject):unentretienessentielentrelefondateurduconceptd’écologieprofonde,morten2009,etl’undesesadeptes.

- « Comment réussir à échouer. Trouver l’ultrasolution »,PaulWatzlawick(éd.Seuil):onnevoitpas,àpremièrevue,lelienentrel’écologieetl’échec,etpourtant…Unbijoud’humour.

- « Ecopsychologie pratique, retrouver un lien vivant avec la nature »JoannaMacy(éd.LeSouffled’Or)

- « La nature, source spirituelle »PhilippeRoch(Jouvenceéditions)

- « Pour une révolution de la conscience » ConversationsentreDavidBohmetMarkEdwards(éd.duRocher)

Des Sites-Lapassionnantelettretrimestrielle«Naturehumaine»,deSéverineMilletwww.nature-humaine.fr

-LesiteduCentrederecherchesurlesdécisionsenvironnementaleswww.cred.columbia.edu

-Surlesitedel’Ecoledelanatureetdessavoirs,desstagespourrecouvrerlelienentrenatureetsociétéswww.ecolenaturesavoirs.com

-Lesitedel’InstitutfrançaisdeGestaltthérapie:www.gestalt-ifgt.com

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Pour aller plus loin

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limite passer pour un ringard, vous qui conduisez toujours votre

vieux bolide dépensant 12 litres aux 100 km. « Certaines personnes qui ont des comportements précurseurs et une bonne capacité à transmettre peuvent provoquer un effet boule de neige : des strates sociales de plus en plus résistantes s’installent, jusqu’à ce que le nouveau fonctionnement devienne la normalité », analyse Séverine Millet. Le principe a été appliqué par la mairie de Lyon, au moment du lancement de son Vélo’V. Plutôt que de promouvoir un nouveau moyen de se déplacer en ville, le projet a tablé sur la « contamination » : le passage d’un vélo donnerait en effet envie à une quinzaine de personnes de monter en selle ! Même régime pour le tri sélectif : en quinze ans, cet acte est passé de contraignant à bien vu, voire tendance. Résultats : d’après l’Ademe, les Français jetaient en 2007 moitié moins de papier, de carton et de verre dans la poubelle grise qu’en 1993.

5. Compétition entre bouffeurs d’énergie 151 tonnes de CO

2 évitées : c’est le bilan

du concours européen 2008-2009 des « Familles à énergie positive », au cours duquel 650 foyers se sont affrontés dans une course à la réduction de leur consommation énergétique annuelle. Partout dans le monde, la compétition aux comportements écolos fait ses preuves : plus efficace que les dépliants sur les écogestes, dire aux habitants d’un immeuble que leurs voisins d’en face sont plus performants qu’eux pour économiser l’électricité entraîne de fait de meilleurs résultats de ce côté-ci

de la rue aussi ! L’expérience est tentée à Moulins, dans l’Allier, où l’Opac a équipé plusieurs logements HLM du logiciel Vizélia Green : ce « mouchard »

mesure en direct les dépenses d’eau et d’électricité. Heure par heure, les locataires visualisent leurs résultats en équivalent

« piscines remplies », « quantité de CO

2 à compenser » ou équivalent

euros… Ces dépenses étant comparées à celles des voisins de palier, certains compétiteurs dans l’âme sont parvenus à réduire de 20 % leur consommation énergétique.

6. Jeux virtuels pour sauvetage réelUn des problèmes avec la crise climatique, c’est qu’elle laisse l’humanité dans un timing flou. Pas facile de se motiver pour inventer en urgence des solutions aux catastrophes probables d’un futur incertain. Heureusement, Jane McGonigal est là. « Sauver le monde dans la vie réelle doit être aussi facile que dans les jeux virtuels : voilà mon objectif », a expliqué cette conceptrice de jeux, lors d’une conférence à l’Institute for The Future. Les serious game (« jeux sérieux ») encouragent les internautes à collaborer pour trouver des solutions créatives, en prenant des risques et en mobilisant toutes leurs ressources. C’est dans cet esprit qu’elle a développé, en 2007, « World without oil » (« Un monde sans pétrole ») : 1 800 passionnés devaient réinventer un monde sans une goutte de brut. Dans « Evoke » qu’elle

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a conçu avec la Banque mondiale, elle encourage les jeunes du monde entier à trouver des réponses innovantes aux défis du monde, tels que celui de la faim, du changement climatique et de l’énergie durable. Ces jeux, où les frontières entre jeu et réalité sont floues, rendraient les participants plus aptes à affronter les obstacles dans le monde réel.

(A propos des jeux en ligne dits « sérieux », lire aussi Terra eco n°11, février 2010.)

7. Tous ensemble !En bon animal social, l’homme sait tirer parti de la vie en communauté : ce fonctionnement l’enrichit, crée de l’émulation et une dynamique locale. Appliqués aux questions environnementales, ces réseaux sont un terreau fertile aux bonnes idées : Amap et covoiturage en sont les exemples les plus emblématiques. « On assiste aussi à de beaux projets avec les cantines bio, raconte Séverine Millet. Des discussions formidables se créent entre parents demandeurs, grands chefs conviés à partager leur expérience et cuisiniers des restaurants scolaires finalement emballés par cette nouvelle perspective. » Aux Etats-Unis, des chercheurs de l’Ohio ont montré que l’usage des réseaux sociaux, comme Facebook, favorisaient la propagation des comportements verts parmi ses connaissances. —

« Certaines personnes qui ont des comportements précurseurs et une bonne capacité à transmettre peuvent provoquer un effet boule de neige. »

Devenez lecteur responsable (p. 6-7)

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« La catastrophe est un moyen de pédagogie très inefficace »

Jean-Pierre Dupuy, philosophe

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Auteur de Pour un catastrophisme éclairé, le philosophe Jean-Pierre Dupuy montre que l’on n’agit contre la catastrophe qu’une fois celle-ci réalisée. Ce polytechnicien et professeur à

l’université de Stanford aux Etats-Unis figure parmi les membres fondateurs du Collegium international éthique, politique et scientifique, une association qui souhaite « apporter des réponses intelligentes et appropriées qu’attendent les peuples du monde face aux nouveaux défis de notre temps ».

D’après vous, quel est le plus grand frein au changement individuel pour opérer la mutation écologique de la société ?C’est une question de croyance, pour ne pas dire de foi. Il y a une chose que nous avons – presque – tous du mal à croire. Nous vivrions mieux si nous vivions autrement, en faisant d’une pierre deux coups : nous serions plus heureux et le monde aussi. Il y a, par ailleurs, quelque chose que nous savons mais que nous n’arrivons pas à transformer en croyance : la catastrophe est devant nous. Nous n’arrivons pas à donner à l’avenir un poids de réalité suffisant.

Faut-il que l’avenir ait une réalité pour qu’on le change ?C’est évidemment un paradoxe, mais qu’on peut éclairer. A la fin de son film Une vérité qui dérange, Al Gore dit ceci : « Les générations futures auront vraisemblablement à se poser la question suivante : “ A quoi pouvaient donc bien penser nos parents ? Pourquoi ne se sont-ils pas réveillés alors qu’ils pouvaient encore le faire ? ” Cette question qu’ils nous posent, c’est maintenant que nous devons l’entendre. » Ceux qui prêtent vaguement attention à cette phrase trouvent qu’elle dit quelque chose de fort. Mais, penchons-nous y, comment un message pourrait-il surgir de l’avenir ? Nos descendants lointains n’existent pas encore. Leur existence, leur nature et leurs valeurs dépendent en partie des décisions que nous prenons maintenant. Comment pouvons-nous nous imaginer jugés par de tels êtres fictifs ? A Copenhague, lors du sommet de l’ONU sur le climat, de grandes affiches ornaient la ville, elles montraient les dirigeants actuels de la planète (Sarkozy, Merkel, Obama) vieillis de dix ans. Et sous leur photo, datée de 2020, ceci : « Nous sommes désolés, il nous était possible d’éviter la catastrophe climatique, mais nous n’avons rien fait. » Ce mode de communication est très efficace. Certes, l’avenir

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ne nous envoie pas de message, mais nous pouvons par l’imagination nous projeter nous-mêmes en avant et nous regarder tels que nous sommes maintenant depuis ce point fictif. C’est comme une conscience réflexive étirée dans le temps.

Alors comment rendre l’avenir réel ou présent ?Je vais employer un concept philosophique qui est beaucoup discuté, celui de « fortune morale ». Imaginez une urne contenant deux fois plus de boules noires que de blanches. Vous êtes invité à tirer une boule au hasard et à parier sur sa couleur. Vous misez sur le noir à chaque fois. Une fois sur 3, vous allez vous tromper, car elle sera blanche. Mais le fait de découvrir que vous vous êtes trompé n’a aucun effet rétroactif sur le jugement que vous portez sur le choix opéré. Pour vous, c’était logique, et ça le reste, de parier sur le noir. Cette absence de rétroactivité de l’information devenue disponible sur le jugement sur une action passée est une limitation du jugement probabiliste. C’est lorsque cette rétroactivité est légitime que l’on parle de « fortune morale ».

Comment appliquer le concept de « fortune morale » à l’écologie ?On peut raisonner ainsi : l’humanité prise comme sujet collectif a fait un choix de développement de ses capacités virtuelles qui la fait tomber sous la juridiction de la « fortune morale ». Il se peut que son choix mène à de grandes catastrophes irréversibles ; il se peut qu’elle trouve les moyens de les éviter, de les contourner ou de les dépasser. Personne ne peut dire ce qu’il en sera. Le jugement ne pourra être que rétrospectif. Cependant, il est possible d’anticiper, non pas le

jugement lui-même, mais le fait qu’il ne pourra être porté que sur la base de ce que l’on saura lorsque le voile de l’avenir sera levé. Il est donc encore temps de faire que, jamais, il ne pourra être dit par nos descendants : « Trop tard ! ». Un trop tard qui signifierait qu’ils se trouvent dans

une situation où aucune vie humaine digne de ce nom n’est possible. C’est l’anticipation de la rétroactivité du jugement qui fonde et justifie cette forme de « catastrophisme » que j’ai nommée, par goût de la provocation, le « catastrophisme éclairé ». Le souci de préservation de l’avenir est essentiel, mais ce n’est pas cette tarte à la crème que l’on nomme paresseusement le « souci pour les générations futures ».

Freins aux changements, utilité des écogestes, capacité à se projeter dans l’avenir, vertus des messages catastrophistes… Le philosophe Jean-Pierre Dupuy éclaire tout ce qui se joue dans nos têtes à l’heure de la crise climatique.Recueilli par Laure Noualhat / Photo : Vincent Baillais pour "Terra eco"

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«Pouruncatastrophismeéclairé»(Seuil,2002)«Petitemétaphysiquedestsunamis»(Seuil,2005)«RetourdeTchernobyl.Journald’unhommeencolère»(Seuil,2006)«Lamarquedusacré»(CarnetsNord,2009).

Une sélection de ses ouvrages

« Les gens interprètent les propositions écologiques en termes de sacrifices, alors que ces solutions ne sont pas faites pour vivre plus frugalement, mais mieux à l’avenir. »

Pourquoi ?Pour des raisons à la fois psychologiques et philosophiques. Personne ne peut sérieusement dire qu’il se soucie de ses descendants dans 5 générations. Chacun se soucie de ses enfants bien sûr, de ses petits-enfants, d’accord, mais cela devient complètement abstrait lorsqu’il s’agit des arrière-petits-enfants ou de ceux qui suivent. De plus, il n’a jamais été possible de fonder un tel souci philosophiquement. Les grands esprits qui ont tenté de le faire ont toujours tenu pour évidente cette prémisse que l’avenir a besoin de nous, gens du présent, la raison en étant l’irréversibilité du temps. Sartre disait que tant qu’il existera des hommes, libres et responsables, le sens de la Révolution française sera toujours en suspens. Si, par malheur, nous devions détruire toute possibilité d’un avenir vivable, c’est tout le sens de l’aventure humaine depuis la nuit des temps que nous réduirions à néant. C’est nous qui avons besoin de l’avenir, beaucoup plus que l’inverse.

Si l’avenir dépend de nos gestes et de nos actes, que valent de petits écogestes face à l’ampleur des enjeux ?Sur le strict plan de l’efficacité, ces petits gestes quotidiens ne changent pas grand-chose. Mais il n’y a pas que l’efficacité qui compte, il y a aussi les symboles par rapport aux autres et à soi-même. Voyez le paradoxe du vote. Lors des grands enjeux électoraux, comme la présidentielle, que les gens votent pour X ou Y n’a aucun effet sur le résultat, sauf dans le cas infiniment peu probable où tous les autres votes se répartiraient également. En dépit de cette probabilité infime, les gens votent, du moins une partie d’entre eux. Et cela a un effet collectif appréciable ! Les institutions jouent un rôle essentiel, qui sont capables de transformer le symbolique en réel.

Mais les gens rechignent à changer leurscomportements en profondeur.Les gens interprètent les propositions écologiques en termes de sacrifices, alors que ces solutions ne sont pas faites pour vivre moins bien ou plus frugalement, mais pour vivre mieux à l’avenir. Aujourd’hui, nous sommes tout près de l’abîme et le message écolo apparaît comme un message d’évitement de la catastrophe qui se chargerait d’imposer un mode de vie à d’autres qui n’en veulent pas. Souvent, les écolos sont détestés par certains de leurs alliés objectifs parce qu’ils versent dans le moralisme.

La catastrophe peut-elle être le moteur du changement ?L’histoire récente nous montre que la catastrophe est un moyen de pédagogie très

inefficace. A-t-on réellement appris des catastrophes morales qui nous précèdent ? Pas vraiment. Même si la Shoah ne connaît pas d’équivalent, combien de génocides après Auschwitz ? Dans la famille des catastrophes technologiques, regardez Tchernobyl, vingt ans après l’accident, le président de l’Association des producteurs d’électricité nucléaire avertissait que la sécurité moyenne dans les centrales nucléaires était moins bonne qu’avant 1986. Tchernobyl n’a pas été une leçon. Après le 11 Septembre, nous entendions partout que jamais plus les promoteurs n’allaient construire des tours aussi grandes. Nous assistons pourtant aujourd’hui à une compétition mondiale pour la tour la plus haute. Est-ce que le malheur a une vertu pédagogique ? J’ai bien peur que non.

Alors, que faut-il faire ?A Stanford, nous sommes sur la faille de San Andreas et chacun attend le Big One. Tous les trois mois, les habitants de la baie de San Francisco participent à des exercices d’évacuation. On vit avec le risque du tremblement de terre et les gens ne sont ni déprimés ni paniqués. Cela montre qu’il ne faut pas confondre peur et panique. C’est lorsqu’on a peur de perdre quelque chose qu’on commence à prendre la mesure de son importance et qu’on peut se mettre en ordre de marche pour le préserver. —

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Gonflés à blocPayer pour de l’air ? A une condition :

qu’il soit contenu dans un pouf Air Concept. Ces meubles gonflables

sont tous garantis sans mousse ni rembourrage : c’est 80 % de déchets

en moins. La housse est conçue en coton bio. De l’usine jusque chez

vous (et entre les déménagements), le produit tient dans une boîte en carton

recyclé, format boîte à chaussures. Le + environnemental : économie de matières

et de transport. Prix : 15 à 99 euros.

www.mynotedeco.com

Une vie « écolométrée »Simple, utile et sympathiquement déconneur : c’est la triplette magique du site Ecolomètre. Vous lui envoyez régulièrement vos consommations d’électricité, d’eau, de gaz et de fioul et vos déplacements en voiture, train, avion… Au bout de quelques mois, vous obtiendrez l’évolution de vos comportements avec tout plein de jolis graphiques et de mignons camemberts. « L’Ecolo-master » – Raphaël André, ingénieur aéronautique – prodiguera quelques conseils pour améliorer vos stats.

Le + environnemental : économies d’énergie.www.ecolometre.com

64 Alimentation L’alcoolfortetvert

66 Casse-tête Lampedepocheàpiles ouàmanivelle?

68 Zoom «Wild»,oul’Europe sauvage

70 J’ai testé… Legreendating

72 Ils changent le monde Lamaisonpassive réchauffel’Autriche

78 Enrichissez-vous OlivierDarné,l’homme quiinvestitsurlesabeilles

80 Livres, BD, DVD

82 Agenda

éco-conso

Un dessin ? Un poème ? Une idée ? Peu importe. Mais autant les noter sur un carnet responsable. Equology de la marque Quo Vadis est certifié Ange Bleu, et son papier est 100 % recyclé. En craquant pour le modèle Habana, vous parrainerez un arbre via la campagne « Plantons pour la planète » de l’ONU.

Le + environnemental : papier recyclé. Prix : 12 à 16 euros pour un carnet Equology, 11 à 21 euros pour un Habana. www.quovadis.eu

60 mai 2010 terra eco

Page 61: Nos pistes pour agir

Joujoux à louerBébé adôôôre sa girafe qui couine et sa sœur ne pourrait vivre sans son escargot musical. Sauf que l’un et l’autre vont s’en lasser, c’est aussi inévitable que les dents qui poussent. Alors pourquoi ne pas louer leurs jouets ? C’est ce que propose Ecojouets.fr. Le site propose plus d’une centaine d’articles de 0 à 5 ans, des formules modulables et un soin particulier apporté à l’entretien (après trois locations, les jouets sont mis en vente à prix préférentiel) et à l’hygiène.

Le + environnemental : Durée de vie des objets allongée, moins de déchets. Prix : 9 forfaits de 15,90 à 59,80 euros par mois. www.ecojouets.fr

Cool marinièreD’EricTabarlyàJean-PaulGaultier,lamarinièreestuneindéboulonnabledelamode.Etsielleestencotonbio,c’estencoremieux!C’estlecasdecemodèleproposéparlajeunemarquebretonneetécoloEkyog.

Le + environnemental : matières naturelles. Prix : 70 euros. www.ekyog.com

éco-conso

Des imprimés tour à tour drôles, chics, rêveurs ou militants pour les femmes qui veulent acheter sans faire tache. C’est ce que propose la petite entreprise Ze Cabas avec ses sacs et ses pochettes 100 % coton et lin et 100 % fabriqués en France. Aux crayons, deux illustratrices, Mzelle Fraise et Sophie Griotto. Attention, toutes les créations sont numérotées et en édition limitée. La collection été 2010 débarque à la fin du mois.

Le + environnemental : fabrication locale.

Prix : 10,50 euros les pochettes, de 29 à 34 euros les cabas.www.zecabas.com

Le combat du cabas

terra eco mai 2010 61

Page 62: Nos pistes pour agir

éco-conso

Bien dans ses éco-baskets« Un petit geste pour l’Homme, un pas de géant pour l’Humanité » : le slogan de la basket FYE (For Your Earth) donne le ton. Pour nous, ce sera « Rendez à César ce qui est à César » car le mois dernier, nous nous sommes emmêlés les pieds et avons attribué certaines de ses qualités aux modèles Earthkeepers de Timberland. Nos excuses aux deux marques. Chez FYE, l’empeigne est en coton bio et la semelle est composée à 50 %… de vieilles chaussures. Et la société s’engage à investir 5 % du prix de ses produits pour améliorer la sécurité, la santé et l’éducation dans ses usines au Viêt-nam.

Le + environnemental et social : produits recyclés, amélioration des conditions de travail. Prix : entre 45 et 55 euros, dans plus de 250 points de vente et sur Internet.www.foryourearthearth.com

De l’eau en boîteUn coffret d’intelligence, c’est ce qu’offre Plume de carottes avec ces « boîtes à trésors » d’un nouveau genre. A l’intérieur : un roman, un guide pour reconnaître les pollutions, un poster, un patron pour construire un bateau… Deux thématiques à découvrir : la forêt et la rivière. L’éditeur montre que la

botanique peut être attractive, amusante et surprenante.

Le + environ-nemental : seule maison d’édition française certifiée ISO 14001. Prix : 16,50 euroswww.plumedecarotte.com

Un gros néléphant sur les vêtements pour bébés Minizabi ? Rien à voir avec une fabrication en Asie : tous sont confectionnés à Bordeaux. Coton et lin sont certifiés bio et aucun enfant ne travaille à leur culture. Les 0 à 3 ans applaudissent.

Le + environnemental : matières naturelles. Prix du T-shirt lilas : 26,90 euros.www.minizabi.com

62 mai 2010 terra eco

Crayon à enterrerVoici le premier crayon

qu’on peut planter en terre sans scrupules. Paper Mate

en bioplastique à base de glycose de maïs est

biodégradable en un an dans le sol ou en compost. Et la marque précise qu’il

ne se biodégrade pas dans la main pendant

qu’on écrit… Ouf ! Le + environnemental :

matières naturelles et biodégradables.

Prix : 1,19 euro le stylo bille.www.papermate.com

Page 63: Nos pistes pour agir
Page 64: Nos pistes pour agir

ALCOOL A la poursuite du cocktail vert

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Une fois n’est pas coutume, ce soir, Angèle arrose les copines : les margaritas et les mojitos, c’est pour elle. Mais pas question

d’abandonner ses principes, elle exige de siroter responsable. Mais où trouver la boisson adéquate ? Début de la chasse au liquide rare.

18 heures. Angèle écume d’abord les supermarchés sur deux bons kilomètres carrés à Paris. Au rayon spiritueux, pas l’ombre d’un breuvage « vert ». Ivre de rage, elle abandonne la grande distribution. Et pour cause, car il faut être un fin limier pour y dénicher un alcool fort bio. Chez Pernod Ricard, l’un des leaders du marché, on explique en être à l’état d’expérimentation. A la Fédération des marchands de spiritueux, on n’en a jamais vu. Et même Vinexpo, le salon mondial des vins et spiritueux, déclare forfait.

19 heures. Angèle attaque les enseignes dédiées au bio. Dans la première, le caissier tord le nez comme si elle venait de commander un Big Mac. « Les  spiritueux  sont  diabolisés  et  la perception du bio ne sera pas du tout la même qu’avec un fruit ou un légume ! », remarque Philippe Juget de Whisky Magazine. Les magasins Biocoop sont moins pudibonds mais rares sont les boutiques du réseau à posséder la licence de distribution. Dans celle du quartier d’Angèle, pas d’excès possibles : sous le regard méprisant des graines germées et de leur rayon richement fourni, quelques bouteilles seulement se disputent une étagère. Le Pastis Janot y figure en bonne place. Cette distillerie d’Aubagne produit la boisson anisée depuis 1928. « Nous revendiquons depuis toujours des recettes naturelles  et  artisanales.  Il  a  suffi  de trouver des plantes bio pour obtenir la certification », raconte Serge Girardot, le patron. Mais chez Janot, le bio ne représente que 5 % du chiffre d’affaires. Explication du pédégé : « Un amateur de pastis reste fidèle à ses habitudes et donc à sa marque ». En d’autres termes, pour écouler les bouteilles, il vaudrait mieux convertir les écolos au pastis que les Marseillais au bio.

Que faire quand l’envie d’un petit remontant vous prend ? Siroter bio, bien sûr. Et rien ne nous arrêtera dans notre tournée des spiritueux. Car si un verre durable, c’est bien, trois verres durables, c’est encore mieux… Par CECILE CAZENAVE

Alimentation. Boissons

64 mai 2010 terra eco

Page 65: Nos pistes pour agir

Ça y est, la fraise française s’étale crânement sur les marchés ! Et elle attend la concurrente ibérique la queue ferme. Il y a quinze ans, l’arrivée massive de fraises d’Espagne bon marché, produites dans des conditions écologiques et sociales très critiquées par les ONG, a bien failli éradiquer la belle de nos charlottes maison. Et pour cause. « La fraise demande beaucoup de travail manuel, explique Xavier Mas, président de l’AOP Fraises. Chez nous, la main-d’œuvre représente jusqu’à 60 % du coût de production. » Pour résister, la profession a financé des programmes de sélection variétale. Objectif : tout miser sur le goût. Garriguettes, Cigalines, Ciflorettes ont fait leur apparition sous la crème chantilly. Leur défaut : un faible rendement. « Il peut être réduit de moitié par rapport à un fraisier standard», confirme Xavier Maras. La rareté pèse d’autant sur le prix du kilo. Leur atout : très fragiles, elles supportent mal le transport. Impossible donc de les faire venir de loin. Face aux rivales, elles ne sont pas près de se faire sucrer leur place dans la salade. —

Production française 44 500 tonnes

Importations 94 000 tonnesdont 73 % d’Espagne

Prix moyen sur la saison 4,2 euros le kilo

19 heures 30. Sur l’étagère se pressent aussi une vodka, un whisky, un gin et un rhum. Leur bilan carbone est excellent puisqu’ils sont tous produits

à Cognac, par la distillerie familiale Brunet. Le grand-père refusait de pulvériser le moindre millilitre de pesticide sur ses terres. Depuis 2003, son petit-fils a créé la SARL Organic Spirit qui distille les céréales bio – blé et orge –, de la propriété. 500 000 litres finissent en bouteilles chaque année. « Mais  on  en  exporte  90 %  vers  les Etats-Unis et le reste de l’Europe. En France, les circuits de distribution sont peu ouverts aux innovations », déplore Stéphane Brunet. La Biocoop prend soudain des allures de magasin d’Etat soviétique. Pas assez glamour pour les cocktails d’Angèle.

20 heures 30. En désespoir de cause, elle se rue sur le Web. Sur 100 marques de spiritueux vendus par La maison du whisky, près de dix sont bio ou engagées socialement. « La plus large gamme que vous  pouvez  trouver  en  France ! », se vante avec raison Alexandre Vingtier

les pieds dans le plat

Dans les étagères du bar durableFAIR. Vodka : la vodka équitable au quinoa. Liste des points de vente sur : www.fairtradespirits.comLa Maison du whisky : whisky Benromach Organic, vodka Snow Leopard et Blitz Téquila. En boutique à Paris et sur Internet : www.whisky.frDistillerie Janot : la gamme bio sur : www.janot-distillerie.comMaison Brunet : vodka, whisky et gin sur : www.organicspirit.com Biloba : le premier bar éco-culturel, situé à Paris : http://bar-biloba.blogspot.com

90 % de la production bio de la Maison Brunet, distillerie de Cognac, part à l’exportation.

Une fraise trop en sucrepar Miss Bouffe

terra eco mai 2010 65

qui s’est échiné trois ans à constituer ce petit trésor durable. Il se compose, entre autres, d’un whisky écossais, le Benromach, de la téquila Blitz et d’une

vodka polonaise à l’épeautre, la Snow Leopard, qui reverse 15 % de ses bénéfices à la sauvegarde du léopard des neiges. « Mais  attention,  les matières premières bio ne font pas tout », prévient Alexandre Vingtier. Dans sa maison, on prêche pour la rigueur de la

distillation avant tout. « Un spiritueux de qualité fatigue, mais ne fait pas mal à la tête. Bio ou pas bio, c’est la même chose », précise-t-il.

23 heures. De peur de filer la migraine à ses copines, Angèle décide d’embarquer la troupe vers le tout nouveau bar bio à Paris, le Biloba. On y sert la FAIR. Vodka, un produit constitué en majeure partie d’ingrédients bio et certifiés équitables. « Nous voulions avant tout créer  du  sens  en  soutenant  des  petits producteurs  de  céréales  d’un  pays  du Sud », explique Jean-François Daniel, cofondateur de la Fair Trade Spirits Company. Le quinoa s’y prêtait. Encore fallait-il le distiller. Après un an et demi de recherches dans une grande distillerie de Cognac, dont le nom est gardé secret, c’est chose faite. Et la première cuvée de 25 000 bouteilles a été élue « Meilleure Vodka de l’année 2009 » aux prestigieux New York Spirits Awards. Tchin ! —fo

tolia

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rue

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EfficacitéLAMPE CLASSIQUE : On peut camper sans crainte : le faisceau – composé parfois de 60 LED – porte loin : entre 30 et 60 m. LAMPE A DynAMo : Ses 3 à 5 LED maximum la confinent dans des utilisations d’appoint. Une minute de manivelle permet d’éclairer entre 10 et 60 mn. L’avantage : plus aucun risque d’aller au petit coin dans le noir. Attention, par contre, à ne pas réveiller les voisins en tournant la manivelle.

Consommation électriqueLAMPE CLASSIQUE : Si vous optez pour des piles rechargeables, le chargeur consomme de l’ordre de 8 kWh d’électricité pour 500 charges. Pas de quoi s’électrocuter.LAMPE A DynAMo : Elle n’utilise que la force du poignet, autrement dit de l’énergie musculaire.

Durée de vie LAMPE CLASSIQUE : Le boîtier peut se garder à vie… mais pas les piles. « Si elles ont deux fois plus d’autonomie que les accumulateurs, il faut toutefois en utiliser entre 250 et 2 500 pour produire la même quantité d’électricité que les 500 à 5 000 cycles de charge-décharge que permettent les batteries », explique Marian Chatenet, de l’Institut polytechnique de Grenoble. Autant de piles qui, au mieux, encombrent les filières de recyclage des déchets électriques, et, au pire, finissent au fond de sombres poubelles. LAMPE A DynAMo : La durée de vie des accumulateurs est très variable. De manière générale, les accus Ni-Cd sont plus adaptés à une charge complète (ce qu’offre un chargeur électrique), tandis que les Ni-MH préfèrent les petits cycles et la dynamo. Gros souci : une fois les accumulateurs hors service, impossible d’ouvrir la lampe pour les changer.

PrixLAMPE CLASSIQUE : Moins chère à l’achat – le boîtier plat d’Energizer se vend 5 euros vide –, elle se transforme en gouffre quand on ajoute les piles (5,50 euros le paquet de 4 Duracell Plus de 1,5 V). Heureusement, il y a les accus : à 20 euros les quatre Ni-MH et 40 euros le chargeur, ils reviennent 13 fois moins chers que les piles.LAMPE A DynAMo : Au rayon dynamo, les lampes coûtent plus cher au départ : 20 euros pour la torche multifonction de Nature & Découvertes. Mais elles se rentabilisent vite… et la charge est gratuite. Allez, du nerf, encore un petit tour ! —

Le bilan d’un éclairage

Tout dépend de votre usage. « Un utilisateur régulier devrait s’orienter vers une lampe classique avec accumulateurs. Mais pour un emploi occasionnel, la dynamo permet un usage rapide et pratique et évite une charge complète pour seulement quelques minutes d’utilisation », tranche Marian Chatenet.

CompositionLAMPE DE PoCHE CLASSIQUE : La lampe traditionnelle cherche à faire oublier son péché originel : son corps en plastique, en métal ou en caoutchouc. Résultat : elle se miniaturise de jour en jour et ne pèse aujourd’hui plus que 100 g en moyenne. Séduction aussi du côté de l’éclairage : elles sont désormais souvent équipées de LED (diodes électroluminescentes), peu gourmandes en énergie. Enfin, deux à trois piles AA suffisent à l’alimenter. Mais le courant passe aussi avec des accumulateurs, des « piles rechargeables ».LAMPE DE PoCHE A DynAMo : Comme son nom l’indique, elle possède un composant de plus : une manivelle qui entraîne une génératrice. Si elle braque les projecteurs sur son absence de piles, elle contient tout de même des accus pour stocker l’énergie. Dissimulé, mais lumineux !

Dilemme lampe de poche à piles ou à dynamo ?Comment reconnaître un éco-campeur ? Facile : la nuit, il enquille les tours de manivelle pour retrouver sa gourde. Tapie dans l’ombre, la lampe à piles fait de la résistance. Alors, qui éclaire le plus vert ?Par AUDReY GARRiC

Casse tête

66 mai 2010 terra eco

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Page 68: Nos pistes pour agir

Alors qu’on ne parle plus que déficit de la Grèce, plan d’austérité portugais et création

d’un fonds monétaire européen, il est bon de se souvenir que l’Europe, ce sont aussi de vastes étendues blanches, des cascades perdues au milieu de la forêt et des coucous qui chantent. C’est ce que nous rappelle, en cette année de la biodiversité, le très beau livre Wild qui vient de sortir. Avant d’être un recueil d’instantanés de la nature, il s’agit d’abord d’une équipée sauvage : celle de 68 photographes, spécialistes de la faune et de la flore,

L’Europe sauvagementqui ont traversé les grosses chaleurs et les froids extrêmes du continent européen pendant plus de quatorze mois. On ressort de la plongée dans ces 200 photos avec un double sentiment. A la fois, un goût d’ailleurs quand on observe ces scènes de vie de vautours, de requins et de bisons qu’on imaginait réservées au Far West américain ou au Pacifique. Mais aussi une sourde angoisse face à la multiplication de ces projets encyclopédiques. Comme si l’on voulait immortaliser un environnement fragile et malmené

par l’homme. Comme si l’on voulait s’en excuser. En Europe, 800 espèces végétales seraient menacées d’extinction totale et plus de 40 % de la faune en danger. — KAREN BASTIEN

Exposition gratuite de ces photographies à La Haye et à Prague (jusqu’en juillet) et à Bruxelles (de septembre à novembre).

zoom

68 mai 2010 terra eco

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Thon rouge de Méditerranée, à Malte (Solvin Zanki).

Bison d’Europe dans le parc national de Bialowie-za, en Pologne (Stefano Unterthiner).

Le Cervin surplombe le lac Riffel en Suisse (Verena Popp-Hackner).

Pygargue à queue blanche en pleine pêche en Norvège (Steffan Widstrand).

« Wild : nature sauvage d’Europe », éd. la Martinière (288 p., 39,90 euros)

terra eco mai 2010 69

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Un célibataire qui aimerait trier ses déchets en tête-à-tête, parcourir les vide-greniers dès potron-minet et

se balader à vélo les jours de pluie ? Cette perle rare, mon alter ego écolo existe, j’en suis sûre. Où le dénicher ? Miracle de l’Internet, les sites de ren-contre écolos poussent comme des champignons. Sur la Toile francophone, le site amours-bio.com me promet de « partager une vie saine, un univers de bien-être  naturel  et  rencontrer  un(e) végétarien(ne) ». « Amours bio », le nom fait hurler de rire toutes mes copines. « Si tu tombes sur un leader des Verts, se gausse l’une d’elles, tu me préviens ! »

Massage bien-êtreQu’importent ces langues de vipères, le prince charmant sorti de terre, j’y crois – même sans fumer quoi que ce soit. Me voilà lancée un soir sur les coups de 22 heures, à l’assaut des dragueurs écolos 2.0. Je m’inscris sous le pseudo de « garden girl », celui de mes 15 ans, pour une fois parfaitement adéquat. Je précise mon terrain de chasse – un homme âgé de 18 à 40 ans (je préfère voir large) – et mes centres d’inté-rêt – beauté bio, commerce équitable, décroissance, habitat écologique. Sans oublier le détail qui tue : l’option « mas-sage bien-être », indispensable à une vie de couple intense et épanouie… Je peaufine également l’annonce qui me servira de vitrine, en zappant la case « poids » et « taille » (est-ce vraiment indispensable ?) : « Vous êtes comme moi en attente d’une âme sœur écolo-compa-tible pour écumer les marchés bio et plus si affinités ? Parlons-nous pour faire plus  ad

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ample connaissance ! » Un clic d’enregis-trement et là, stupeur. J’entre dans un univers rouge et vert pomme, ambiance guirlandes de Noël, parsemé de fleurs des champs, de perroquets et d’amou-reux se prenant dans les bras sous un arbre. Une vague d’inquiétude m’en-vahit : ce design, vieillot et démodé, est-il à l’image des mâles qui fréquentent le site ? Je saisis mon courage à deux mains et consulte un premier profil, celui de Sylvain, ouvrier de 36 ans ori-ginaire de Haute-Savoie, « omnivore », aimant la « phytothérapie » et la « méde-cine des ventouses ». Sur les photos, il apparaît déguisé en toréador. Oups. Je fais une rapide recherche sur Google pour voir ce que signifie « médecine des ventouses » : « Qui soigne par effet de succion »… Surtout ne pas paniquer. Au suivant ! Le site semble fréquenté par des internautes hommes et femmes entre 25 et 60 ans, plutôt ruraux qu’ur-bains. Mais aucun alter ego écolo à l’ho-rizon. Je plie bagage.

« Biojour »Deux jours plus tard, surprise. Je reçois dans ma boîte aux lettres un « coup de cœur » du dénommé Pollen, comprendre un petit signe incitant à engager la conversation. J’embraye sur son projet de ferme pédagogique (et me déleste au passage de 19 euros afin de pouvoir correspondre avec lui pen-dant trois mois.) Le hic : Pollen, agri-culteur de 32 ans, m’explique chercher une « âme sœur » pour « partager ses valeurs et sa vie saine dans les Alpes du Sud ». Totalement incompatible avec ma vie de Parisienne ! Le lendemain,

Babdoua, francilien de 38 ans, m’in-terpelle à son tour d’un original « bio-jour ». « Chui partant pour l’écumage du marché bio! », m’écrit-il en ponctuant d’un smiley. « Parfait !, écris-je, un brin excitée. Quand êtes-vous disponible ? » J’attends toujours sa réponse en me demandant si je n’aurais pas plus de chance de trouver ma perle rare au café en bas de chez moi, celui qui sert chaque semaine de dépôt à une Amap. —

Où cliquer sur love ?

Hormis amours-bio.com, les autres sites de rencontre écolos sont tous en langue anglaise, comme green-passions.com, greensingles.com ou ewsingles.com. L’avantage ? On y rencontre des internautes pas seulement français, mais du monde entier. Plus militant et plus design, le site de rencontre suisse de Greenpeace, lovepeace.ch, met aussi en contact des âmes seules vertes, mais il faut maîtriser l’allemand.

L’expérience

70 mai 2010 terra eco

J’ai testé Les sites de rencontre écolosRefusant la décroissance de mes rencontres amoureuses, je file sur le Net où, depuis peu, des sites promettent des pelletées de princes charmants et bio. J’attends encore la livraison.Recueilli par CaMiLLe NeVeUX

Page 71: Nos pistes pour agir

Où cliquer sur love ?

Page 72: Nos pistes pour agir

La maison passive s’active en Autriche

Une pluie battante tambourine contre la baie vitrée, noyant les alentours dans une brume tenace. En ce début novem-

bre glacial, les cimes enneigées du Vorarlberg, à l’extrême-ouest de l’Autriche, laissent augurer un hiver

rude et précoce. Claudia Berkmann termine sa tasse de café, se détour-ne de la fenêtre et lance gaiement : « C’est  formidable,  ce  triple-vitrage ! Rien ne passe, et surtout pas le froid ! » Avec son mari Philipp et leurs deux enfants, cette quadragénaire fait par-

tie des heureux élus sélectionnés en 2008 pour emménager dans les lo-gements sociaux flambant neufs du 55, Lochauer Strasse, à Hörbranz. Ce bourg fait partie des communes-pi-lotes ayant soutenu la construction d’ensembles estampillés « maison passive ». Très en vogue depuis une dizaine d’années, ce concept, basé sur une meilleure performance énergéti-que et l’excellence de la filière bois, a placé le Vorarlberg à l’avant-garde du continent européen en matière de construction durable. Une mue étonnante pour ce Land plutôt conservateur, enclavé géographique-ment et plus connu pour ses pâtu-rages à la Heidi et ses chalets fleuris. Mais derrière les clichés pousse une formidable énergie créatrice qui balaie tout sur son passage : techni-ques de construction traditionnelles, conformisme architectural et règne du « tout-béton ». Le 55, Lochauer Strasse ressemble à un cube impo-sant, dépouillé, fait de verre et de linteaux de bois aux teintes grises, ceinturé de verdure. Dix lots y ont été attribués à des foyers aux revenus limités, inférieurs à 3 300 euros brut pour quatre personnes. Les Berk-mann ont hérité d’un appartement de 87 m2 et ne tarissent pas d’éloges à son égard. « L’isolation  est  par-faite, assure Claudia. L’hiver dernier, nous n’avons pas dû lancer une fois le chauffage dans notre chambre ! »

Une quasi-autarcie énergétiquePour en arriver à de telles performances, la « maison passive » doit répondre à trois critères, que rappelle Martin Ploss, architecte à dr

Le miracle du Vorarlberg a commencé avec des bâtiments publics à l’architecture révolutionnaire.

Ils changent le monde. La région

Bâtiments de bois et de verre, économies d’énergie surprenantes, mixité sociale… Un miracle de l’habitat est possible. Il s’est produit dans la petite région du Vorarlberg en Autriche.Par MAurin PicArd - envoyé spécial en Autriche

72 mai 2010 terra eco

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l’Institut de l’énergie du Vorarlberg : « Un : des fenêtres à triple-vitrage pour une isolation thermique maximum. Deux :  une  orientation  plein  sud des baies vitrées, pour un maximum d’ensoleillement. Trois : un recyclage de  l’air  en  interne,  pour  éviter  les ruptures  d’isolation  provoquées  par l’ouverture intempestive des fenêtres. » Des réseaux de chaleur viennent compléter l’installation, se substituant au gaz et au fuel. Le tout est surmonté de deux rangées de panneaux solaires sur le toit, qui permettent d’alimenter en eau chaude toute la maisonnée, pour une quasi-autarcie énergétique. A l’arrivée, des économies d’énergie de l’ordre de 80 % à 90 % par rapport à une maison traditionnelle, pour une consommation réelle de 25 kWh par m2 et par an. En France, la moyenne des dépenses énergétiques pour des bâtiments neufs s’élève à plus de 150 kWh par m2 et par an…

Eviter le phénomène de ghettoïsationPour 87 m², les Berkmann paient 486 euros de loyer, plus 206 euros de frais d’entretien et de consommation d’énergie. Au-dehors, la température

« Nous sommes des travailleurs manuels, pas des philosophes. Et nous consacrons toutes nos ressources à notre maison. »Hermann Kaufmann, l’architecte à l’origine du concept de « maison passive »

Vous avez un projetpour changer le monde ?

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affiche un petit 5° C. A l’intérieur, le compteur digital du salon indique 23,2° C. Il n’en bougera probable-ment plus de l’hiver. Ce « miracle » du Vorarlberg a débuté à l’échelle des communes avec des bâtiments publics à l’architecture révolution-naire, comme le centre administratif de Ludesch ou la surprenante mairie sur pilotis d’Andelsbuch. Une forte volonté politique a convaincu les différents syndicats de constructeurs de logements sociaux de passer aux normes passives. Le plus puissant d’entre eux, le Vogewosi, a déjà inau-guré quatre bâtiments de ce genre, dont celui de Hörbranz, et parachève pour l’été prochain un ensemble de cinq bâtiments à Dorbirn, totalisant 78 appartements dont 30 réservés aux personnes âgées. « La priorité va au  creuset  social, insiste Hans-Peter Lorenz, le directeur du Vogewosi. Nous  laissons  les  communes  choisir les futurs locataires, mais la primauté demeure la mixité sociale afin d’éviter de favoriser un phénomène de paupé-risation, voire de ghettoïsation. Nous faisons  donc  bien  attention  à  ce  que ces  logements  ne  soient  pas  réservés aux plus pauvres. »

Grâce à un remarquable travail de sensibilisation mené par les autori-tés provinciales, le concept d’archi-tecture passive se démocratise dans le Vorarlberg. Dans cette région, le dicton paysan « Schaffa,  schaffa, hüsle  baua ! »  (Travaille, travaille et construis ta maison !)» est toujours d’actualité. « Nous  sommes  des  ma-nuels,  pas  des  philosophes,  et  nous consacrons toutes nos ressources à no-tre maison, explique l’architecte Her-mann Kaufmann, père fondateur du mouvement. En outre,  le Vorarlberg, c’est  un  tissu  social  très  riche  et  une densité  démographique  idéale.  Tout le  monde  se  connaît.  Nous  utilisons les  ressources naturelles disponibles à proximité, et ce sont nos artisans qui font  le boulot. Quand quelqu’un tra-vaille bien, la nouvelle se répand. Avec l’expérience,  on  apprend  à  tirer  vers l’excellence. » En réalité, le bilan est plus contrasté. Il reste à convaincre les esprits cha-grins, architectes et professionnels du bâtiment, qui doutent de la longévité d’une technologie complexe. Et puis, il est parfois difficile de s’adapter aux nouvelles contraintes au quoti-dien, même porteuses de fabuleuses économies d’énergie. Qui a dit, par exemple, qu’il était simple de garder les fenêtres toujours scrupuleuse-ment fermées ? Au rez-de-chaussée de sa maison, Claudia vient de tres-sauter : elle qui couvrait de louanges le système de recyclage de l’air, « sur-tout  après  une  raclette  ou  une  soirée enfumée », découvre qu’elle a laissé grand ouvert une fenêtre dans la chambre d’enfant. « Il  fallait  quand même que j’aère un peu », s’excuse-t-elle. Il est peut-être là, le prix à payer pour s’abandonner définitivement au culte de la « maison passive » : une discipline de fer. —

Artistes d’hier, succès d’aujourd’huiLe concept de « maison passive » trouve son origine dans le mouvement des Baukünstler, les « artistes de la construction » qui révolutionnèrent l’architecture du Vorarlberg à partir des années 1960. Dessinée par Hermann Kaufmann, la première maison, qui est inaugurée en 1997, s’appuie sur une filière bois florissante. Le retentissement en Autriche et au-delà est considérable. Douze ans plus tard, le pays fête sa 5 500e « maison passive » et ses 3 millions de m2 aux nouvelles normes. Pour les promoteurs du concept, il faut presser l’Etat et les autres Länder de s’aligner sans délai sur le modèle du Vorarlberg où, depuis le 1er janvier 2007, une loi étend les normes passives à toute nouvelle construction et permet l’obtention d’importantes subventions – jusqu’à 35 000 euros par foyer.

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A New York, tout se fait en grand. Les buildings, les avenues, les salles de spectacles, les magasins… et

les coopératives. La Grosse Pomme abrite à l’ombre de ses gratte-ciel la plus grande coopérative alimentaire au monde. Au dernier pointage, pas moins de 16 000 membres figuraient sur son listing. Cette drôle d’histoire se déroule à Park Slope, quartier fami-lial et un poil branché de Brooklyn. La Food Coop y tient boutique entre

deux vendeurs de hamburgers et de hot-dogs. Sur les étals, on trouve des aliments de qualité – d’origine locale pour les produits frais – et bio à 80 %. Mais pour en être « client », il faut montrer patte blanche. Et ce, de deux façons. D’abord en s’acquit-tant d’une cotisation de 90 euros la première année, puis une ving-taine d’euros les années suivantes. Ensuite, en offrant un minimum de 3 heures et demi de son temps chaque mois pour aider à remplir les rayons, gérer les stocks ou s’activer dans les bureaux. Le but ? Réduire les coûts. Car se nourrir avec des produits de qualité à New York n’est pas à la portée de toutes les bourses. Mais à la Food Coop, « les produits s’achè-tent 20 % à 40 % moins chers que dans les autres magasins ! Et je trouve très louable de donner un peu de son temps pour ça », insiste Sarah, l’une de ses

membres. En échange de cet engage-ment, chaque cotisant dispose d’une voix lors des votes sur les grandes orientations de la structure.

Militants féministes et anti-guerreCôté déco, la boutique la joue sobre. Rien à voir avec les grosses épiceries fines de Manhattan. Les lumières y sont moins flatteuses et en plein hiver, vous n’y trouverez pas la queue d’une fraise, saison oblige. Rendez-vous incontournable du quartier, le lieu est ouvert 365 jours par an. C’est un groupe de militants contre la guerre du Viêt-nam et de féministes qui a lancé l’aventure en 1973. « Au départ, nous n’étions pas “verts”, reconnaît Joseph Holtz, l’un des fondateurs. Mais nous voulions défendre l’agriculture locale. Les  années  passant,  ce  principe  est devenu primordial dans la défense de l’environnement. » Et depuis 1992, la Food Coop a mis les bouchées dou-bles. « Nous avons réduit nos ordures de 70 %, s’enthousiasme Joseph Holtz, notamment en distribuant nos déchets organiques aux potagers urbains com-munautaires qui les utilisent comme engrais. » Mais l’organisation a aussi entrepris de pallier les failles de la ville de New York, en s’occupant de certains plastiques que les pouvoirs publics ne géraient pas. La coopérative fabrique également des sacs en T-shirts recyclés et propose des réunions d’information sur l’énergie solaire ou le recyclage.Le succès se mesure dans les cahiers de comptabilité. Chaque année, les ventes du « petit » établissement génè-rent 20 millions de dollars (14,9 mil-lions d’euros). Mais la réussite est surtout palpable devant la boutique. Certains soirs, les files d’attente d’une demi-heure se dessinent sur le trot-toir. « Nous commençons à avoir un peu trop de membres », admet Joseph Holtz. Un problème délicat pour la Food Coop qui a pour principe de ne refuser personne. « Nous essayons de donner un coup de pouce à deux autres structures du même type qui tentent de se mettre en place ailleurs à Brooklyn», indique le fondateur. L’essaimage a commencé. —http://foodcoop.com

Ils changent le monde. La coopérative

New York inventel’Amap XXLDes produits locaux, bio et bon marché pour 16 000 personnes : la coopérative du quartier de Park Slope relève le défi depuis 1976. Tout en conservant son esprit de famille.Par JeaN-ViNceNt Russo (à New York)

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Le lieu ouvert 365 jours par an est un incon-tournable de Brooklyn.

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Profiter du boom de l’achat en ligne pour lutter contre la pauvreté : ce séduisant concept français a séduit Bill Gates et la Banque mondiale.

R ecevoir un chèque de 100 000 dollars de Bill Gates, qu’est ce que ça fait ?

On peut désormais le demander aux Français de Babyloan, acteur du micro-prêt en ligne, qui ont été récompensés lors du Forum des innovations finan-cières pour le développement. Leur projet baptisé « L’@ peu prêt » a séduit l’Agence française de développement (AFD), la Fondation Bill & Melinda Gates et la Banque mondiale, coorga-nisatrices de cet événement interna-tional en quête de nouvelles idées dans la lutte contre la pauvreté. « L’@ peu prêt », c’est une tirelire élec-tronique d’un nouveau genre : lors

www.entrepreneur-social.netLa Bible en ligne de l’entreprenariat social, c’est la grande ambition de ce site pour lequel se sont réunis les grands acteurs français du secteur : l’Avise, le Conseil national des chambres régionales de l’économie sociale, France Active, le Mouvement des entrepreneurs sociaux et le Réseau Entreprendre. Articulé autour de trois rubriques – « découvrez », « créez » et « développez » –, cette plate-forme centralise l’information et répertorie les outils disponibles pour entreprendre autrement.

Les voyages scolaires prennent un coup de jeune. Dans un lycée de Châtellerault, ils mêlent sport, biodiversité et bilan carbone.

Plongez 13 élèves de 16-17 ans dans la nature et demandez-leur

de marcher pendant 5 jours avec l’objectif de limiter au maximum leurs émissions carbone. C’est l’étonnant défi que leur fixe Samuel Remerand, professeur de sciences de la vie et de la terre au lycée Marcelin-Berthelot de Châtellerault (Vienne). Du 10 au 14 mai, ils randonneront dans les Deux-Sèvres avec un objectif précis : un bilan carbone de 5 kg de CO2/personne/jour, soit le chiffre qu’il faudrait atteindre pour espérer stabiliser les émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Leurs moyens ? Leurs pieds – dynamiques –, le kayak, le bus ou le covoiturage, la carte IGN et la boussole, des séances de pêche, des aliments d’origine locale, des produits sans emballage, des déchets à trier et peser… Une calculette à carbone validera le tout.Attention, on n’est pas dans Koh-Lanta, mais dans un projet pédagogique. « La motivation première, c’est que ces jeunes redécouvrent notre lien avec la biodiversité. Ils n’ont pas conscience qu’elle nous loge, nous soigne, nous habille, nous alimente… », rappelle Samuel Remerand. — KAREN BASTIEN

« L’@ peu prêt », l’autre générosité du Net

Les bons tuyaux Vous avez un projet, ils peuvent vous aider.

d’un achat en ligne, un client pourra, s’il le souhaite, arrondir le montant global du paiement en ligne et prêter le reliquat à des micro-entrepreneurs de son choix, vivant dans des pays en développement. Une fois atteint la somme de 20 euros, le micro-prêt sera déclenché : il pourra aider une confectionneuse de boubous au Bénin à acheter du tissu ou un boulanger du Tadjikistan à changer de four. Une fois que le prêt lui aura été remboursé, l’in-ternaute pourra choisir de réinvestir son argent dans un autre projet ou de le récupérer. Grâce à son prix, la nouvelle plate-forme de Babyloan a pu accélérer sa mise en route. Elle devrait être activée cet été sur 4 ou 5 sites pilotes d’e-commerce. Objectif : un déploiement plus large sur la Toile en fin d’année. — KAREN BASTIEN

www.l-a-peu-pret.fr

La rando à 5 kg de CO2

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Ils changent le monde. La finance - L’école

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le toit pour voir ce que cela faisait de vivre avec 80 000 abeilles », explique-t-il dans la cour de son atelier de Saint-Denis. A deux pas, le périphé-rique vrombit. Difficile d’imaginer les insectes épanouis. Et pourtant, elles ont été jusqu’à 400 000 juchées en haut de ce bâtiment, butinant dans un rayon de 3 km. En 2009, Olivier Darné a récolté 12 crus de son bien-nommé « Miel béton ». « Les abeilles collectent le territoire, raconte-t-il. Leur miel offre la possi-bilité de manger la ville. Saint-Denis n’a pas le même goût selon les sai-sons ! » En partageant ses premiers pots avec ses voisins ébahis, le plas-ticien a compris le parti qu’il y avait à tirer de la ruche en milieu urbain. « A priori, la ville a mauvais goût. Le miel propose une perception du terri-toire différente. »Depuis, 40 ruches bourdonnent sur le toit de la mairie, au pied de la basilique de banlieue parisienne. Ailleurs, dans des lieux incongrus, Olivier Darné installe ses abeilles et ses nouveaux concepts au goût sucré : ici, une « Lune de miel » et sa chambre-ruche, là un châ-teau d’eau qui devient château de miel et délivre le nectar au robinet. Et au musée la Piscine à Roubaix, des panaches d’abeilles sortent des « Usiruches »…En 2006, il a posé sur le parvis du Centre Georges-Pompidou, à Paris un « Pollinisateur urbain » : il s’agis-sait d’un container au plafond percé et habité par une ruche. Chaque soir,

Une scène digne d’un film de braquage. C’est ce que va connaître Genève dans quelques jours. Il y aura une banque, un camion blindé,

un butin. Des propriétaires anxieux. Sauf que l’établissement s’appelle la Banque du miel. Et que le trésor consiste en quelques rayons d’une ruche. Seuls les sociétaires, titulaires d’un « compte épargne abeilles », sont réellement inquiets… pour la biodiversité. C’est pour cela qu’ils ont rejoint le plasticien français Olivier Darné dans son projet fou. Celui de « poser des abeilles et des questions dans l’espace public », his-toire de créer de nouveaux flux de richesse, biologique et intellectuelle.Depuis 1996, l’artiste utilise la ruche comme principal vecteur de ses installations. La culture apicole de ce natif de Seine-Saint-Denis est pourtant tardive. Formé aux arts appliqués à l’école Estienne à Paris, passionné par la ville et les relations qu’entretiennent les hommes avec elle, il s’est un jour lassé de la prolifé-ration de signes visuels. « La ville en dégueule, c’est un vacarme, pourquoi en rajouter ? », s’interroge-t-il.

« Les gens se pollinisaient eux-mêmes »Radicalement, le plasticien jette alors son dévolu sur un médium bien vivant mais quasi-invisible dans le micmac du macadam, presque silen-cieux dans le brouhaha ambiant : l’abeille. « J’ai installé une ruche sur

les portes s’ouvraient pour laisser pénétrer les curieux et se refermaient sur eux. « Sous l’effet de la fascination, les gens s’y racontaient des histoires de miel : ils se pollinisaient eux-mêmes en se frottant les uns aux autres ! », se remémore Yves Clerget, responsable de la pédagogie de la ville au Centre Georges-Pompidou.

Un message politiqueLe « Miel béton », fier de ses 4 médailles au concours agricole, fait bouger les antennes des scien-tifiques. Un protocole, mené par le CNRS durant trois années, a prouvé que sa production était quatre fois plus abondante que celle de ruches installées en milieu péri-urbain, proches des champs, et qu’on y trouvait jusqu’à dix fois plus de types de pollens. « C’est une mau-vaise nouvelle pour la campagne, assène pourtant Olivier Darné. Car l’abeille est un indicateur de richesses biologiques. » Retour à la Banque du miel. Après la phase d’émerveillement, le plasticien a pris conscience que l’abeille trans-portait du pollen, mais aussi un mes- dr

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ARTs

L’homme qui remue miel et terreLe matériau privilégié d’Olivier Darné ? L’abeille. Depuis quinze ans, l’artiste installe des ruches dans les villes. Pour sauver les insectes et la biodiversité. Mais surtout pour aiguillonner ses contemporains.Par CECILE CAZENAVE

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sage politique. Pour le disséminer, le dispositif artistique prend cette fois la forme d’une banque itinérante : l’in-vestir et y investir vont de pair. Il est ainsi possible d’y ouvrir un – vrai – compte épargne destiné à financer des essaimages et soutenir un – vrai – apiculteur subissant un « crack écolo-gique ». « La banque transforme alors un flux d’argent en flux d’abeilles. Leur fonction est la pollinisation qui est un service public invisible et primordial », explique Olivier Darné. Mais il est aussi possible d’entrer juste pour palabrer dans ce caisson de 8,5 m

de long. « La banque est un prétexte à l’échange particulièrement intéres-sant : elle pose avec humour la ques-tion politique de la répartition et de la nature même de la richesse », analyse Stéphane Juguet, anthropologue et compagnon de longue date.La ruche humaine bourdonne déjà de 500 sociétaires qui devraient être prochainement réunis en assem-blée générale extraordinaire pour débattre de l’utilisation du butin. De quoi réveiller les consciences endormies. Mieux vaut dard que jamais. —

Les « concerts à recycler » partent en tournéeFort d’une première soirée à guichets fermés en juin 2009, le concept des « Recycling party » prend sa sono sous le bras et part sur les routes de France. Rappel du concept pour ceux qui auraient manqué le premier numéro : il s’agit de concerts gratuits pour tous ceux qui déposent à l’entrée de la salle un appareil électronique ou électrique usagé. Initiés par l’ERP France (European Recycling Platform), en partenariat avec BuzzMyBand.com, ils visent à sensibiliser les 18-30 ans à la collecte et au recyclage des déchets électroniques (D3E). Actuellement, en moyenne, seuls 4 kg/hab./an de D3E sont collectés et traités en France.Le 25 mai, à La Bellevilloise à Paris.Puis à Angoulême, Lyon et Toulouse.

Villes ou décors kitsch ?Avez-vous parfois l’impression d’habiter dans un grand parc de loisirs ou une exposition universelle ? C’est normal, vous diront les commissaires de l’exposition « Dreamlands » qui vient de s’ouvrir au Centre Georges-Pompidou à Paris. Elle montre, à travers plus de 300 œuvres, comment les modèles de foires internationales, d’expositions universelles et de parcs de loisirs ont influencé la conception de la ville contemporaine et de ses usages : l’esthétique du collage, le kitsch, le pastiche, la copie, l’artificiel et le factice.Jusqu’au 9 août : www.centrepompidou.fr

BREVES

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La Banque du miel jusqu’au 19 mai au théâtre Saint-Gervais, à Genève (www.saintgervais.ch). A Rouen en juin et à Londres en juillet. Ouvrir un Compte épargne abeilles : www.banquedumiel.org

Pour aller plus loin

« A priori, la ville a mauvais goût. Le miel propose une perception du territoire différente. »

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Super FreakonomicsSTEVEN D. LEVITT ET STEPHEN J. DUBNERDenoël, 336 p., 20 euros

Appelons ça le « syndrome de la ceinture de sécurité ». Les auteurs racontent que

cette innovation technique a été introduite par Robert McNamara, le célèbre militaire américain reconverti dans l’industrie automobile. La ceinture avait, à ses yeux, tous les avantages : un outil simple à utiliser, peu coûteux et qui ne tombe jamais en panne. McNamara pensait donc qu’en toute logique, les automobilistes du monde entier s’en empareraient. Mais il découvrit qu’une fois sa ceinture bouclée, le conducteur avait tendance à s’assombrir, se disant : « Vous avez peur que je ne sache pas conduire ? » Objection d’une sidérante bêtise. Robert McNamara venait de faire connaissance avec l’être humain.Car, ce que démontre l’hilarant

Super Freakonomics (jeu de mot qu’on pourrait traduire par « super bizarroïde économie »), c’est que nous n’avons pas le début de l’idée de la face cachée des choses, et donc pas conscience de notre manière souvent idiote d’agir et de réagir.

Des « certitudes-habitudes »Saviez-vous, par exemple, qu’il est cinq fois plus dangereux de rentrer à pied qu’en voiture quand on est ivre ? Qu’une prostituée de Chicago a infi niment plus de chances d’avoir un rapport sexuel avec un policier que d’être arrêtée par lui ? Qu’à New York en 1900, les chevaux tuaient bien plus de passants que les autos en 2007 ?

Que les attentats d’Al-Qaeda ont fait considérablement augmenter les accidents de voiture et baisser le nombre de grippes (on ne dévoilera pas pourquoi) ? Ou que le sida a peu de chance d’être endigué en Inde, parce que 60 % des pénis indiens sont trop petits pour enfi ler les préservatifs standard ? L’humain vit dans ses « certitudes-habitudes » et n’aime guère qu’on vienne le bousculer, même avec des bonnes idées. Mais qui peut bien mettre à jour ces étonnants paradoxes ? « Des économistes à sang froid », munis de leur batterie de statistiques dépassionnées. C’est ainsi que les surnomment Levitt et Dubner, les auteurs de l’ouvrage, respectivement économiste et journaliste. Il est vrai qu’« on ne trouve jamais la réponse à une question si l’on n’a pas envie de se la poser ». Un chapitre de Super Freakonomics est troublant. Les auteurs, évoquant le réchauffement climatique, se posent la question : pourquoi ne refroidirions-nous pas simplement la planète de quelques degrés ? On connaît des techniques – injecter du dioxyde de soufre dans la stratosphère, par exemple –, son coût et ses effets sur l’environnement. Bonne ou mauvaise idée ? A l’heure actuelle, seuls quelques illuminés – dont quelques scientifi ques écolos américains – penchent pour la première solution. Ailleurs, la géoingénierie soulève 10 000 objections et quelques ricanements exaspérés – y compris dans les colonnes de Terra eco. La question mérite débat. Repensons à McNamara, à sa ceinture de sécurité et à l’argument force de l’époque : « Vous avez peur que je ne sache pas conduire ? »… —ARNAUD GONZAGUE

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ESSAI Quand l’économie parle sexe, attentats et climat

Les attentats d’Al-Qaeda ont fait baisser le nombre de grippes.

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La simplicité volontaire contre le mythe de l’abondance, PAUL ARIÈS La Découverte, 308 p., 16 eurosDans la famille des décroissants – famille intéressante, même quand on ne partage pas ses idées –, Paul Ariès est le plus punchy. Et ses livres ont souvent l’énergie, la drôlerie et la mauvaise foi d’un article de feu Siné Hebdo. Même si son recueil ne se résume pas à des vitupérations et des slogans chocs (on retient une belle réfl exion sur les

bienfaits du « conservatisme populaire » ou sur la nécessité « de renouer avec le sens des limites »), la plume du mensuel La Décroissance tire un peu tous azimuts et convainc moins que l’Antimanuel d’écologie d’Yves Cochet (Bréal, 2009), l’intello de la bande. — A.G.

L’Etranger sur le sableANNA MACKENZIEEd. Thierry Magnier, 240 p., 11,50 euros Un jour, la jeune Ness découvre un inconnu gisant sur la plage. Elle décide de le cacher, car, sur son île, les étrangers sont tous pendus. Pourquoi ? Cela remonte à la « débâcle », une catastrophe écologique suivie d’une pandémie qui a décimé les familles de

l’île. Mais l’étranger réussit à faire comprendre à Ness que l’obscurantisme n’est pas la meilleure issue pour résoudre les problèmes humains. Un roman (à partir de 11 ans) bien pensant mais bien fi chu, lesté hélas par une écriture (une traduction ?) vieillotte. Vous voyez une ado illettrée s’exclamer : « L’exaltation me brûle la poitrine » ? — A.G.

Dieu, l’Homme et la NatureSAMUELE FURFARIBourin Editeur, 320 p., 22 eurosVous allez peut-être croire à une farce, mais non, ce livre

a bien été écrit au premier degré. La thèse de l’auteur, ingénieur et évangéliste belge ? Le « refus de la société de consommation » est « en opposition à la foi » ! Pire : « la déferlante de l’environnementalisme » charrierait « un discours reposant sur des idées païennes » ! Rendez-vous compte : l’homme et les animaux seraient à égalité ! Une hérésie ! Si nous mentionnons ce long sermon, c’est qu’il a le mérite d’énoncer tout haut ce que la plupart des « écolo-sceptiques » pensent tout bas : l’homme a bien été élu pour tout dominer (lire aussi p. 28-31) — A.G.

Capitalism : a love story, MICHAEL MOORE1 DVD Paramount Home Entertainment, 20 eurosL’avantage avec les Etats-Unis, c’est que le capitalisme y est ostensiblement inhumain : ceux qui exproprient les pauvres pour racheter leurs maisons se qualifi ent eux-mêmes de « vautours », des compagnies souscrivent des contrats d’assurance pour toucher le pactole à la mort de leurs employés… Bref, du caviar pour Michael Moore. Reconnaissons-lui une belle effi cacité et un sens de la mise en scène choc, même si ses défauts (incapacité à tenir un angle, gros plans complaisants…) n’ont pas changé. — A.G.

Comment j’ai liquidé le siècle, FLORE VASSEUREd. des équateurs, 315 p., 19 eurosA Clermont-Ferrand sont nés Blaise Pascal, Edouard Michelin et Pierre qui vient de faire exploser le monde capitaliste. Ce dernier, héros de ce roman, est un jeune trader embauché par une richissime Américaine, madame Krudson, pour poser une bombe dans le système fi nancier mondial. Ce kamikaze en costard-cravate va installer un algorithme fou dans l’ultra-libéralisme des chiffres et provoquer un krach sanglant. Toutes ressemblances avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne sera pas fortuite, Flore Vasseur fl irtant sans cesse entre l’enquête journalistique et la prospective romancée. — K.B.

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Toutes les chroniques culturelles sur

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Rendez-vous à venir

8 au 23 maiQuinzaine du commerce équitableOpération annuelle visant à promouvoir une consommation respectueuse des producteurs du Sud (dans toute la France).www.quinzaine-commerce-equitable.fr

1er mai au 31 octobreExposition universelle Shanghai 2010Ce grand forum des civilisations déclinera durant six mois le thème : « Meilleure ville, meilleure vie » (Shanghai).http://fr.expo2010.cn

3 au 7 maiConférence mondialesur les océansCette 5e édition s’est fi xée comme thèmes de débat : garantir la survie, préserver la vie et améliorer la gouvernance (siège de l’Unesco, Paris).www.globaloceans.org

3 au 10 maiJournées européennes du solaire2 000 initiatives locales qui réuniront professionnels et particuliers autour de l’énergie solaire et de ses enjeux à venir

(dans toute la France).www.journees-du-solaire.fr

6 au 10 maiSalon du luxe et du développement durableSoutenu par le ministère de la Culture et le WWF, ce salon propose une exposition d’art contemporain. Entrée : 18 euros (Palais de Tokyo, Paris).www.1618-paris.com

8 au 10 maiForum national du commerce équitableCette 5e édition présente les acteurs de la fi lière, de jeunes créateurs et de nouveaux produits (Grand Palais, Lille).www.forumequitable.org

14 maiCongrès mondial des villes et de l’adaptation au changement climatiqueAu programme de cette 1ère édition, le lien entre urbanisation et évolutions climatiques (Bonn, Allemagne).www.iclei.org/bonn2010

19 au 21 maiConférence européenne des villes durablesPour la 6e édition de cette réunion, plus de 1 500 dirigeants d’autorités locales, des représentants d’institutions et d’ONG sont attendus (Dunkerque, Nord). www.dunkerque2010.org/fr

22 maiJournée internationale de la biodiversitéInitiée par l’ONU, la manifestation se penche cette année sur la biodiversité

et la réduction de la pauvreté. http://greenwave.cbd.int/fr

22 et 23 maiPandathlonLe WWF-France organise au bénéfi ce de ses programmes de conservation ce défi sportif. Objectif : gravir à pied les 1 600 m de

dénivelé du Mont Ventoux (Vaucluse). www.pandathlon.fr

22 et 23 maiTroc vertUn week-end pour échanger ses productions de plantes et de boutures et profi ter d’une exposition d’espèces

de collection sur l’Île des Embiez (Var).www.les-embiez.com

22 au 24 maiNature CapitaleCette création végétale éphémère investira les Champs-Élysées : 8 000 parcelles témoigneront de la richesse de la biodiversité en France (Paris). www.naturecapitale.com

29 et 30 maiGrand ramassage des déchets en montagneCe week-end est le point culminant de l’opération – qui continuera tout l’été dans les stations – organisée par Mountain Riders. Objectif : dépasser les 30 tonnes de déchets ramassés en 2009 dans 55 stations (France).www.mountain-riders.org

Vous souhaitez nous informerd’une manifestation,écrivez-nous :[email protected]

Agenda

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