MOINS DESTOCKS DANSL'INDUSTRIE,PLUS DANS LECOMMERCE1988-1989

Marie-Hélène TamisierVéronique du BoullayDivision"Indicateurs conjoncturelsd'activité"

Institut National de la Statistiqueet des Etudes EconomiquesDirection Générale :18, boulevard Adolphe Pinard75675 PARIS CEDEX 14Directeur de la publicationJean-Claude MilleronRédaction en chef :E . Maurin-E . Naulleau-J .M. Renaux-N . SeligmanSecrétaire de fabrication : L . Luong

L'activité soutenue de l'industrie manufacturière en 1988 et 1989, loind'avoir généré un stockage, s'est au contraire accompagnée d'unebaisse en volume des stocks de produits, avec une stagnation en valeur,sous l'effet de la diffusion des gestions à "flux tendus" . En particulier,cette volonté de maîtriser les stocks a contribué au redressementdu secteur automobile.Dans le commerce, au contraire, les stocks de marchandises remontenten liaison avec la reprise de la croissance économique .

La croissance retrouvée de l'économie fran-çaise, après une période de stagnation, s'estaccompagnée d'une modification notabledans les comportements de stockage desentreprises industrielles et commerciales .Dans l'industrie manufacturière (biens in-termédiaires, biens d'équipement, biens deconsommation), on a vu se développer despolitiques de gestion des stocks de plus enplus rigoureuses pour adapter strictementl'offre à la demande . La pratique du "stockzéro" (encore appelée "juste à temps"), quiconsiste à acheter ou produire seulement cedont on a besoin au moment où l'on en abesoin, a été appliquée dans l'automobiledès 1985. Elle a maintenant des émules dansdes industries de pointe (aéronautique, élec-tronique) ou plus traditionnelles, telles letextile ou le cuir. Cette politique a eu pourconséquence un dégonflement régulier desstocks en volume tant pour les matières (enamont du process de production) que pourles produits (en aval) .

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901985

1986Source : enquête valeur des stocks, Insee

© Insee 1989

Finalement, de début 1985 à mi-89 (soit en4 ans et demi), le niveau des stocks de pro-duits de l'industrie manufacturière a quasi-ment stagné en valeur alors même que lesprix à la production croissaient de plus de13 % et que la production de biens manu-facturés augmentait de 14 % en volume(graphique 1).

Après une baisse continue des stocks dematières de 1985 à 1987, il s'est produit unretournement en 1988. Le gonflement de lavaleur des stocks de matières (+ 11 % en18 mois) est consécutif aux vives tensionssur la demande mais également aux forteshausses enregistrées sur les prix des ma-tières premières qui se répercutent peu àpeu sur les prix des biens intermédiaires .Chez les commerçants, le retour à une crois-sance forte de l'économie française est res-ponsable de l'envolée des stocks de mar-chandises : + 40 % en valeur depuis début1985.

».-

1~ Evolution comparée de la valeur des stocksdans l'industrie manufacturière et le commerce

NO 47 - novembre 1989

Jtocks dematières dansl'industrie

1987

1988

1989

*Par convention, les indices bruts sont à 100 au ter janvier 1985 .Cette égalité n'est pas respectée pour les indices CVS .

Prix : 10F

Augmentationdes stocks de matières

dans les biens intermédiaires

Le secteur des biens intermédiairesest celui qui enregistre la plus forteaugmentation de la valeur des stocksde matières entre début 88 et mi-89,soit + 17 %, à rapprocher de la haus-se de + 11,5 % des prix de vente desbiens intermédiaires (graphique 2) .Cette progression est due en partieaux effets prix sur les matières pre-mières importées (+ 38 % 1 pour lesmétaux et minerais non ferreux,+ 24 % 1 sur la pâte à papier) maisaussi sur les métaux ferreux (+ 16 %)et sur les produits chimiques(+ 12 %). Ces mouvements de prixont ipso facto entraîné un accroisse-ment de la valeur des stocks ; ils ontaussi conduit certains industriels à ef-fectuer un stockage de précaution enanticipant ces hausses de prix, commepar exemple dans la première trans-formation de l'acier ou l'industrie dupapier-carton . Enfin, pour faire face àune demande forte et soutenue, lesindustriels ont dû également gonflerleurs stocks : sidérurgie, fonderie,papier-carton, caoutchouc et matièresplastiques (tableau 1).Pour leur part, les stocks de produitsrépercutent, avec un léger décalage, lahausse des prix des matières (gra-phique 2) .

. Biens d'équipementprofessionnel et ménager

un jeu à somme nulleentre secteurs

La stabilité en valeur des stocks deproduits en 1988 et 1989 corresponden fait à un déstockage en volume,tendance déjà observée en 1986 et1987 (graphique 3) . C'est le résultatd'effets sectoriels contraires qui secompensent : dans la mécanique, lesstocks croissent de 13% en 18 mois,tandis qu'ils diminuent de 10% dansl'aéronautique, toujours en valeur.L'évolution observée dans la mécani-que est principalement le fait du ma-tériel de manutention qui connaît unecroissance de 47 % des stocks de pro-duits.

(1) Ces augmentations sont calculées sur desindices de prix en devises.

Biens intermédiairesévolution de la valeur des stocks

1987 1988 1989

Source : enquête valeur des stocks, Insee

Il s'agit pour l'essentiel de com-mandes importantes en cours de réa-lisation . On peut rappeler que ce sec-teur a connu en 1988 une croissancede son chiffre d'affaires de 16 % con-tre 7 % pour l'ensemble de l'indus-trie. Dans le machinisme agricole etles machines-outils, on assiste égale-ment à une reconstitution des stockspour faire face à une demande crois-sante, notamment en provenance del'étranger .Dans l'aéronautique (- 10 %) maisaussi dans l'électronique (- 3 %), laproduction à flux tendus (ou "juste àtemps') est de rigueur depuis 1988 .Cette politique est d'ailleurs allée depair avec une croissance forte de cessecteurs (+ 21 % du chiffre d'affairesen 1988 dans l'aéronautique).

Automobile : la poursuitede la politique des flux tendusChez les constructeurs, les stocks devéhicules au 31 décembre 1988 n'ontjamais atteint un niveau aussi bas de-puis 10 ans . Le déstockage, particuliè-rement fort en 1988, est dans le droitfil de la politique amorcée en 1985 debaisse drastique des stocks . Elle résul-te de l'application de la pratique du"juste à temps" chez les grands cons-tructeurs français à l'instar de ce quise passe à l'étranger (souci d'avoir unminimum de véhicules immobilisés enstocks, optique du "stock zéro" pourminimiser les coûts de production).Elle a contribué à l'assainissement dela situation financière des entreprisesde ce secteur, qu'a consolidé la re-

1987 1988

Biens d'équipement(hors automobile)

évolution de la valeur des stocks

1989

Source : enquête valeur des stocks, Insee

prise de la demande dès 1987 . Mais lesurcroît de commandes d'automobiless'est répercuté dès 1988 sur le niveaudes stocks de matières qui a crû de+ 15 % en 18 mois, malgré la poli-tique des flux tendus, et plus tardive-ment, sur les stocks de véhicules quigonflent légèrement au deuxième tri-mestre 1989, toujours en valeur (gra-phique 4).Dans le même temps, chez les conces-sionnaires, les stocks se sont alourdisde façon importante (+ 38 %) pourtenter d'ajuster le parc disponible auxprévisions de vente, la norme généra-lement pratiquée étant de 20 à 25jours de ventes . La hausse est presqueentièrement concentrée sur le premiersemestre de 1989, en partie en raisond'un phénomène saisonnier (stockageavant l'été, changement de millésime),mais aussi du fait de la sortie sur lemarché de nouveaux modèles chez uncertain nombre de constructeurs (R19Chamade par exemple) .

Biens de consommationcourante : des évolutions

contrastées

Le niveau des produits stockés resterelativement stable depuis 18 mois .Les évolutions ne sont pas uniformesdans les différents secteurs d'activitédéstockage dans le textile et le cuir,stockage ailleurs.Après l'automobile, l'aéronautique etl'électronique, l'industrie du textile-habillement s'est convertie au "juste àtemps' . La nécessité de produire rapi-dement pour répondre à une de-

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1 - Evolution de la valeur des stocks dans l'industrie manufacturière

mande changeante a obligé à réorga-niser les chaînes de fabrication : fabri-cation "en ligne", chaque poste de tra-vail alimentant le suivant, sans stockintermédiaire . Il en résulte un dés-tockage en valeur tant des matières(- 8 % en 18 mois) que des produits(-3%)_Ce type d'organisation a égalementinspiré l'industrie du cuir, où la haus-se des prix du cuir incite à une gestionau plus juste des stocks .A l'opposé, le surstockage observédans l'industrie pharmaceutique(+ 21 % en 18 mois) provient d'unepart du lancement de nouveaux pro-duits chez de nombreux fabricants etd'autre part de la constitution d'unstock de précaution avant l'hiver 1989-1990, pour lequel les prévisions de Mais, làvente sont plus élevées que les années dustrielsprécédentes.

leurs stocks .L'industrie du bois a subi la hausse duprix du bois (+ 15 % en un an pour lepin) et l'imprimerie, celle de la pâte àpapier. Il en a résulté un gonflementde la valeur des stocks de matières et La volonté quasi générale des indus-de produits dans ces secteurs en 1988. triels de comprimer les stocks de

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1987

iStocks CieVéhicules dans le

Stocks dematières dansI industrie auto.

Stocks deproduits dans'industrie auto

Gonflement des stocksdans le commerce

Variations en glissement(1) - %

® Evolution comparée de la valeur des stocks dansl'industrie automobile et le commerce de l'automobile

1989Source : enquête valeur des stocks, Insee

encore, en 1989 certains in- biens manufacturés dans cette périodecherchent à mieux maîtriser de forte croissance est allée de pair

avec une progression des stocks chezles distributeurs et les commerçants.Le cas des concessionnaires auto-mobiles n'est en effet pas isolé . Onenregistre aussi des hausses très fortesdans le commerce de gros interindus-triel (+ 21 % en 18 mois), qui cherche

1988

Stocks de matières Stocks de produits

Secteurs de l'industrie1986 1987 1988

1989(2)1986 1987 1988

1989 (2ter tnm 2ème trim ter tnm 2 me tnm

Biens intermédiaires -68 -0,9 10,2 43 1,5 -7,2 -3,5 36 2,0 2,6Minerais, lère transformation de l'acier -8,6 -131 133 49 0,6 -158 -213 7,6 44 8,1Minerais et métaux non ferreux -144 81 39 35 7,2 2,4 -6,1 66 98 -3,6Matériaux de construction, minéraux divers -26 1 7 61 3,6 5,6 44 -44 -02 2,3 3,4Industrie du verre -3,3 1 9 4,2 -1,0 0,5 -88 2,9 -1,3 -1 9 -0,6Chimie -13,4 1,5 9 5 5 5 2,8 -14,2 1,3 -14 1 5 3,4Fonderie, travail des métaux -31 03 89 49 1,6 -3,7 35 51 28 0,3Industrie du papier et du carton 46 -03 166 1,4 4,0 -29 -22 6,8 1,8 8,0Caoutchouc, matières plastiques -23 43 127 2,0 -3,1 35 36 67 09 2,8

Biens d'équipement -0,9 -33 3,4 1,0 0,9 -3,5 -1,9 0,9 -1,0 0Construction mécanique 06 -07 81 28 2,7 -76 -42 7,0 2,1 3,4Construction électrique et électronique -22 44 05 0,8 1,0 49 -59 0,4 -1,2 -1,7Construction aéronautique 08 65 0,9 8,8 -5,4 2,7 54 3,6 -70 0,7

Vehicules,automobiles -36 1,5 5,6 3,9 5,0 -11,5 -3,1 -7,7 02 3,5

Biens de consommation courante -52 -1,9 4,9 34 -1,5 -0,6 -1,4 30 08 1,0Parachimie, industrie pharmaceutique 1 6 45 105 64 0,5 1 7 -20 98 10 1,1Industrie textile, habillement 102 1,9 42 13 -4,6 65 -2,2 -50 18 0Industrie du cuir et de la chaussure -6,0 -12,4 39 1 5 -9,1 24 81 -7,5 3,4 -1,2Bois, ameublement, industries diverses -4,4 -14 75 1,7 0,7 1,1 1,2 78 04 2,3Imprimerie, presse, édition 06 24 12,3 39 0,7 92 2,1 65 -50 1,7

Ensemble de l'industrie manufacturière -46 -1,6 6,6 3,3 1,0 -4,4 -2,2 12 -0,2 0,9

(1) Glissement annuel : rapport entre la valeur de l'indice en fin du 4ème trimestre de l'année (n) et sa valeur en fin du 4ème trimestre de l'année (n-1) .(2) Glissement trimestriel : rapport entre la valeur de l'indice en fin de trimestre et sa valeur à la fin du trimestre précédent .Tous les indices sont corrigés des variations saisonnières (CVS) .

Source : Enauëte voleur des stocks. Insee .

à rendre ses stocks compatibles avecle niveau élevé de la demande en pro-duits manufacturés (tableau 2).Dans les grandes surfaces, les stocksaugmentent également (+ 13 % en 18mois). Ce phénomène ne s'explique nipar une flambée des prix, ni par unalourdissement des stocks en magasin,mais par le fait que les grandes socié-tés de ce secteur interviennent de plusen plus en amont dans les circuits dedistribution. On note une tendance àla réduction du rôle des intermé-diaires par l'acquisition des produitsdès la sortie des usines, qu'elles soientfrançaises ou étrangères .

Pour comprendreces résultats . . .Pour suivre l'évolution quantitativedes stocks, l'Insee réalise, depuis1980, une enquête trimestrielle auprèsde 2 500 entreprises dans l'industriemanufacturière, le commerce de gros,le commerce de détail non alimen-taire, les grandes surfaces et le com-merce de l'automobile .Les entreprises évaluent les stocksqu'elles détiennent au début et à la findu trimestre . Les chiffres proviennentle plus souvent de la comptabilité ana-lytique de l'entreprise avec calageéventuel sur les données de comptabi-lité générale en fin d'exercice .Les indices trimestriels retracent l'é-volution du niveau des stocks en va-leur à la fin du trimestre. Ces indicessont désaisonnalisés (CVS) et calculésselon trois grandes catégories- les stocks de matières (matières pre-mières, matières consommables, em-ballages) ;- les stocks de produits (produits finis,produits intermédiaires, travaux encours) ;- les marchandises (pour le com-merce).

Les indices trimestriels sont desindices-chaîne. Ils peuvent éventuel-lement être modifiés à l'occasion desrectifications (deISSN

0997-3 1 92prix ou de quantités)

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BON DE COMMANDE

consécutives à l'inventaire physique defin d'exercice.Les indices sont base 100 en 1985,c'est à dire que les indices bruts detoutes les séries sont égaux à 100 auler janvier 1985.Toutes les variations de stocks (en %)de cet article sont en valeur, sauf men-tion explicite .Les évolutions de stocks ont été com-mentées sur la base de très nombreuxentretiens avec les entreprises.

L'Insee publie d'autres informationssur les stocks, issus de l'enquête men-suelle de conjoncture sur l'activité del'industrie, qui contient des questionsd'opinion posées aux entrepreneursnotamment sur l'évolution récente desstocks de produits finis. II existe éga-lement une enquête d'opinion dans lecommerce. Les résultats tirés de cesenquêtes sont, par nature, qualitatifs,et peuvent éventuellement différer desrésultats quantitatifs issus de l'enquêtetrimestrielle sur la valeur des stocks .

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2 - Evolution de la valeur des stocksde marchandises dans le commerce

Variations en glissement(l) -%

Pour en savoir plus . . .

Bulletin mensuel de statistique- Chaque trimestre, les indicessont publiés, par secteurs détail-lés (50 postes) et agrégés, pourl'industrie manufacturière (ma-tières, produits, total) et le com-merce (marchandises).- Supplément de juillet 1988méthodologie pour le calcul desindices de valeur des stocks .

Informations rapides, série I :- Les indices, pour 22 secteursagrégés, sont publiés environ75 jours après la fin de chaquetrimestre, sous le titre "les stocksdans l'industrie et le conunerce".

Construction autonwbile : troisannées de forte croissance - InseePremière N° 21, juin 1989 .

Stocks de marchandises

Secteurs du commerce1986 1987 1988

1989 (2)lertrim 2èmetrim

Commerce de gros non alimentaire 93 4,6 10,3 1,3 2,1Commerce de gros inter-industriel -18 2 2 147 4,2 1,4Grandes surfaces d'alimentation générale 16,4 93 68 1,0 4,9

Commerce de détail non alimentaire 8,2 6,8 5,1 -0,2 3,4non spécialisé 47 61 0 -0,4 1,7spécialisé 95 7,0 68 -0,2 3,6

Réparation et commerce de l'automobile 8,8 1,3 2,5 16,2 15,6

Ensemble du commerce 6,8 4,7 8,9 3,3 5,0

(1) Glissement annuel : rapport entre la valeur de l'indice en fin du 4ème trimestre del'année (n) et sa valeur en fin du 4ème trimestre de l'année (n-1) .

(2) Glissement trimestriel : rapport entre la valeur de l'indice en fin de trimestre et sa valeurà la fin du trimestre précédent .

Tous les indices sont corrigés des variations saisonnières (CVS) .

Source : Enauve valeur des stocks, tnsee .