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LE RÉSEAU AUTOMNE/HIVER 2009/10 1 Le plan de gestion des substances chimiques du Canada Ce qu`il faut savoir Y a-t-il des avantages pour les femmes enceintes à prendre des antidépresseurs? Le nombre fait la force Les femmes et l’eau le réseau canadien pour la santé des femmes automne/hiver 2009/10 volume 12 numéro 1

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LE RÉSEAU AUTOMNE/HIVER 2009/10 1

Le plan de gestion des substances chimiques du Canada Ce qu`il faut savoir

Y a-t-il des avantages pour les femmes enceintes à prendre des antidépresseurs?

Le nombre fait la force

Les femmes et l’eau

le réseaucanadien pour la santé des femmes

automne/hiver 2009/10 volume 12 numéro 1

AUTOMNE/HIVER 2009/10 LE RÉSEAU CANADIEN POUR LA SANTÉ DES FEMMES2

J’ai le plaisir de m’adresser à vous aujourd’hui à titre de nouvelle rédactrice de la revue Le Réseau et de directrice des communications

au Réseau canadien pour la santé des femmes. Je suis ravie de prendre la barre d’une publication aussi dynamique. Je formule le vœu que nous continuions au fil de notre évolution à vous livrer une information d’une qualité égale à celle qui a fait la réputation de la revue.

Dans ce numéro, des comptes-rendus sur le travail des Centres d’excellence pour la santé des femmes nous proposent un survol des projets les plus récents dans ce domaine au Canada. La nouvelle directrice de l’échange des connaissances au RCSF, Jane Shulman, nous présente un projet du Centre d’excellence de l’Atlantique pour la santé des femmes sur les services de soutien offerts aux femmes souffrant de cancer génésique et les avantages d’une association éventuelle avec les réseaux déjà établis en matière de cancer du sein.

L’expérience des jeunes mères autochtones est mise en lumière de façon éloquente dans un rapport du Centre d’excellence pour la santé des femmes – région des Prairies, dont nous vous présentons ici les grandes lignes. Intitulé Les jeunes mères autochtones à Winnipeg, il nous livre des récits ainsi que des observations et des statistiques qui révèlent les lacunes actuelles en matière d’éducation et de soutien.

Établi en Ontario, le Réseau pancanadien sur la santé des femmes et le milieu nous propose un article sur le Plan de gestion des produits chimiques coordonné par Santé Canada et Environnement Canada, un programme de réglementation destiné à réévaluer la sécurité de 200 produits. Les auteures, Dolon Chakavartty et Anne Rochon Ford, nous expliquent comment s’y prendre pour s’informer et donner son point de vue. Par ailleurs, le RPSFM nous présente son nouveau site Web consacré à la recherche sur le lien entre les femmes et l’eau au Canada.

Rédactrice : Signy GerrardTraduc� on : Intersigne & Aaron BullAbonnements : Léonie LafontaineComité consulta� f : Abby Lippman,Anne Rochon Ford, Martha Muzychka, Susan White et Madeline BoscoeLe Réseau/Network est publié en anglais et en français deux fois par an par le Réseau canadien pour la santé des femmes (RCSF). Une par� e des ar� cles qui paraissent dans Le Réseau/Network sont également disponibles par le biais du site Web du RCSF : www.rcsf.ca

Abonnez-vous à la revue Le Réseau en com-posant le 1 888 818-9172 ou écrivez à l’adresse [email protected] pour plus d’informa� on et de détails concernant les modes de paiement. Nous vous expédierons deux numéros de la revue pour 15 $, quatre numéros pour la modique somme de 25 $. Si vous êtes un or-ganisme, nous vous enverrons deux numéros pour 35 $. Les numéros antérieurs sont aussi disponibles au coût de 5 $ chacun. Nous vous invitons à nous faire part de vos idées et de vos sugges� ons d’ar� cles. Pour toute demande de renseignements ou pour obtenir de l’informa� on sur les ressources, de même que pour toute correspondance liée aux abonne-ments ou au courrier non distribuable, veuillez nous joindre à l’adresse suivante.

CONVENTION DE LA POSTE-PUBLICATIONS NO 40036219RETOURNEZ TOUTE CORRESPONDANCE NE POUVANT ÊTRE LIVRÉE AU CANADA AU :Le Réseau/NetworkRéseau canadien pour la santé des femmes419, avenue Graham, bureau 203Winnipeg (Manitoba) Canada R3C 0M3Tél. : (204) 942-5500Téléc. : (204) 989-2355ATS sans frais : 1 866 694-6367Numéro sans frais : 1 888 818-9172Courriel : [email protected]

Eff ec� fs du RCSFDirectrice exécu� ve : Madeline BoscoeDirectrice exécu� ve adjointe : Susan WhiteDirectrice des communications : Signy GerrardDirectrice de l’échange des connaissances : Jane ShulmanSou� en technique : Polina RozanovCoordonnatrice des services administra� fs : Léonie LafontainePréposée aux ressources : Tanya SmithAgente des fi nances : Janice NagazineComptable : Rhonda Thompson

n o t e d e l a r é d a c t r i c e :

Ce document présente les idées et les opinions de ses auteurs et ne refl ète pas nécessairement la politique offi cielle ou les opinions de Santé Canada. Les articles ont pour but de vous off rir de l’information utile et ne visent pas à remplacer l’avis de votre médecin.

Le Réseau canadien pour la santé des femmes remercie le Bureau pour la santé des femmes et l’analyse compara-tive entre les sexes de Santé Canada pour son soutien fi nancier fourni dans le cadre du Programme de contribution pour la santé des femmes. Le RCSF remercie également les individus et les groupes pour leur appui, leurs dons et leur travail qui contribuent à renforcer les assises du Réseau.

Impression eff ectuée par des travailleuses syndiquées sur papier 50 % recyclé avec 25 % de fi bres recycléespostconsommation par Winnipeg Sun Commercial Print Division.

le reséau / networkvolume 12 numéro 1 automne/hiver 2009/10I S S N : 1 4 8 0 - 0 0 3 9

Page Couverture : iStockphotos/digitalskillet

LE RÉSEAU AUTOMNE/HIVER 2009/10 3

Appuyez une voix pancanadienne pour la santé des femmes!

Le RCSF remercie tous ses donateurs et donatrices, puisque leur importante contribution luipermet d’accomplir son mandat. Si vous désirez offrir un don, visitez son site Web au

www.rcsf.ca et cliquez sur Faire un don, ou composez le 1 888 818-9172 (sans frais).

Dans le cadre d’une recherche réalisée pour Action pour la protection de la santé des femmes, Barbara Mintzes, Ph.D., se penche sur la question de la prise d’antidépresseurs pendant la grossesse et sur les données probantes liées à l’utilisation de tels médicaments. Sont-ils d’une quelconque utilité? Peuvent-ils nuire? Une réflexion intéressante, qui nous amène à revoir nos connaissances et nos suppositions sur les bienfaits de ces produits parmi les plus prescrits au Canada.

Enfin, ne manquez pas notre introduction sur la toute nouvelle série de webinaires proposés par le RCSF dans son site Web, lancée à l’automne dernier. Jusqu’ici, des centaines de participantes ont assisté à ces séminaires en ligne d’une heure sur des sujets de grande actualité, comme la réglementation des médicaments et les risques et bienfaits associés à l’usage des antidépresseurs pendant la grossesse. Surveillez les dates des prochains webinaires sur le site du RCSF et dans le Bloc-notes de Brigit!Bonne lecture!

Signy GerrardDirectrice des communications

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O 4 Les jeunes mères autochtones à Winnipeg

6 Le Plan de Gestion des Substances Chimiques du Canada

10 Le RCSF lance une série de webinaires

11 L’approche globale et féministe de la santé

13 Y a-t-il des avantages pour les femmes enceintes à prendre des antidépresseurs?

17 Le nombre fait la force

19 Les femmes et l’eau

23 Ce que nous lisons : Ressources recommandées par notre bibliothécaire

AUTOMNE/HIVER 2009/10 LE RÉSEAU CANADIEN POUR LA SANTÉ DES FEMMES4

Les adolescentes autochtones sont quatre fois plus à risque de vivre une grossesse

précoce que les adolescentes non autochtones. Selon des données livrées dans un rapport publié en 2009 par le Centre d’excellence pour la santé des femmes – région des Prairies (CESFP), intitulé Young Aboriginal Mothers in Winnipeg [Les Jeunes mères autochtones à Winnipeg], plus de un bébé autochtone sur cinq naissait d’une mère âgée de 15 à 19 ans en 1999. En comparaison, le taux pour la population canadienne se chiffrait à un sur 20.

En plus des difficultés économiques que vivent nombre de jeunes mamans, les bébés nés de mères adolescentes sont plus exposés à vivre des problèmes de santé. Selon les chercheuses et les chercheurs, il existe certaines problématiques socioculturelles qui n’ont pas encore fait l’objet d’études approfondies.

Afin de cerner les

bénéficié pendant leur grossesse et leurs défis en tant que jeunes mères figuraient parmi les thèmes abordés. Un accent important a été mis sur les types de programmes auxquels elles auraient eu accès s’ils avaient été offerts ainsi que sur leurs recommandations pour de futurs

programmes.Les témoignages

livrés à la première personne par les femmes interviewées constituent l’un des aspects captivants du rapport de Mme Murdock et mettent en lumière les problématiques exposées. Les femmes qui ont participé à l’étude ont partagé leurs expériences et

leurs réflexions et les témoignages livrés ne se sont pas limités à de simples narratifs.

Mme Murdock cite l’une d’entre elles, qui discute des grossesses

problématiques à l’origine de cette tendance, Lisa Murdock, chercheuse au CESFP, a réalisé des entrevues et animé des groupes de discussions auxquels ont participé 28 femmes âgées de 18 à 27 ans, vivant à Winnipeg. Elle a entrepris de cerner les facteurs qui font que les jeunes filles des Premières nations et des populations métisses et inuites sont plus nombreuses à avoir des enfants que les jeunes filles non autochtones, tout en offrant aux participantes un soutien, notamment en les invitant à raconter, dans leurs propres mots, leur expérience.

Leurs connaissances en matière de sexe, avant leur grossesse, leurs perceptions de l’intimité, leurs sources d’information (si elles en avaient) concernant la grossesse et les ITS, le soutien dont elles ont

L�� ������ ����� ����������� � W�������La recherche se penche sur les a�tudes concernant le sexe et la maternité et la compréhension de ces ques�ons

Vous ne pouvez pas juste dire

aux jeunes d’éviter les grossesses précoces.

Par Jane Shulman

LE RÉSEAU AUTOMNE/HIVER 2009/10 5

chez les adolescentes sous l’angle de l’oppression des peuples autochtones, et parle de l’effondrement de leur structure familiale.

« Je crois que ces grossesses découlent de plusieurs facteurs : des foyers dysfonctionnels, les abus sexuels vécus pendant l’enfance, l’alcoolisme, tout. Le lien est évident. Lorsque vous vivez de tels abus, la plupart du temps, vous vous retrouvez à faire de la prostitution, vous couchez avec beaucoup de monde et vous vous retrouvez avec des enfants à un jeune âge… Vous ne pouvez pas juste dire aux jeunes d’éviter les grossesses précoces. Ça ne sert à rien. Vous devez travailler aussi sur les choses qu’ils ont vécues… Qu’est-ce qui les rend ainsi? Cela ne veut pas dire que toutes ont été abusées sexuellement, mais un taux élevé de personnes vivent dans des foyers dysfonctionnels. Elles veulent se sentir aimées et décident d’avoir un bébé à un jeune âge. Ça fait partie alors d’un cycle. »

Dans le cadre de cette étude, les femmes ont mentionné que les différences de croyances chez les Autochtones et les non-Autochtones

parents. Elles soulignent que la communication au sein des familles et entre les filles et les gens de leur communauté constitue l’élément clé de la prévention.

« Je dirais que c’est la prévention d’abord. C’est comme la communication avec le tuteur et les parents. Ce serait bon de montrer aux parents comment parler à leurs enfants. Et aussi d’offrir aux jeunes un cours qui leur enseignerait comment parler avec leurs parents. Cela pourrait les aider, parce que les jeunes sont vraiment fanfarons de nos jours. Ils essaient d’être autonomes, mais ils ne le sont pas. Je pense qu’un cours qui leur montrerait comment dialoguer les uns avec les autres serait utile. »

Le rapport Young Aboriginal Mothers in Winnipeg est disponible sur le site Web du CESFP, au : www.pwhce.ca/youngAborigMothersMurdock.htm (en anglais).

Jane Shulman est directrice de l’échange des connaissances au Réseau canadien pour la santé des femmes.

concernant l’avortement et l’adoption pourraient aussi expliquer les taux élevés de grossesse chez les adolescents autochtones. Une autre femme interviewée témoigne à ce sujet :

« Il y a beaucoup de filles qui veulent absolument avoir un bébé. Même très jeunes, elles veulent un enfant pour avoir quelqu’un à aimer et quelqu’un qui les aime. »

Bien que les femmes interviewées disaient qu’elles étaient heureuses d’avoir les enfants qu’elles avaient, la plupart étaient d’avis que les adolescentes n’avaient pas la maturité nécessaire pour être mères. Elles ont suggéré plusieurs stratégies de prévention, dont la mise en place d’un programme d’éducation sexuelle dès l’école primaire ainsi que des présentations dans les écoles secondaires livrées par de jeunes parents qui parleraient des obstacles à surmonter. Elles ont aussi suggéré de créer des programmes de soutien plus efficaces à l’intention des jeunes

L�� ������ ����� ����������� � W�������La recherche se penche sur les a�tudes concernant le sexe et la maternité et la compréhension de ces ques�ons

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AUTOMNE/HIVER 2009/10 LE RÉSEAU CANADIEN POUR LA SANTÉ DES FEMMES6

ON POURRAIT S’ATTENDRE À CE QUE LES MILLIERS DE PRODUITS CHIMIQUES UTILISÉS DANS LA VIE COURANTE – À LA MAISON, DANS LE SECTEUR INDUSTRIEL ET AILLEURS – AIENT FAIT L’OBJET AU PRÉALABLE D’UNE ÉVALUATION FORMELLE

PAR NOS GOUVERNEMENTS POUR EN CONFIRMER L’INNOCUITÉ. EN RÉALITÉ, LA PLUPART N’ONT JAMAIS SUBI UNE ÉVALUATION COMPLÈTE. ON NE PEUT DONC LES CONSIDÉRER COMME « SÛRS » QUE JUSQU’À PREUVE DU CONTRAIRE.

LE PLAN DE GESTION

DES SUBSTANCES CHIMIQUES

DU CANADA

Ce qu`il faut

savoir

Heureusement, il est possible que cette situation peu rassurante change. En décembre 2006, le gouvernement fédéral annonçait la mise en place d’un nouveau processus d’évaluation et de gestion des risques pour la santé et l’environnement s’appliquant aux quelque 23 000 substances chimiques couramment en usage au Canada. Son Plan de gestion des produits chimiques comporte un volet baptisé « Défi à l’industrie ». Celui-ci vise 200 substances qui seront considérées comme toxiques au sens de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement ou LCPE tant et aussi longtemps que l’industrie n’aura pas démontré leur innocuité. On constate ici un changement d’orientation : de « sûrs jusqu’à preuve

du contraire », on est passé à « toxiques jusqu’à preuve du contraire ». C’est un pas dans la bonne direction, compte tenu des données de plus en plus nombreuses qui confirment l’existence d’un lien entre certaines maladies chroniques, dont le cancer, et la présence de substances chimiques dans l’air, l’eau, le sol, la nourriture et les maisons, même si d’infimes quantités sont en cause.

Depuis trois ans, Santé Canada et Environnement Canada ont publié, une fois par trimestre, une liste divulguant 15 des 200 substances en question. Ces produits doivent être réévalués à la lumière de quatre facteurs, soit la persistance, la bioaccumulation, la toxicité intrinsèque

Par Anne Rochon Ford et Dolon Chakavartty

LE RÉSEAU AUTOMNE/HIVER 2009/10 7

et le potentiel maximal d’exposition. La réévaluation prévue par le Plan est en cours. Les membres du public et les associations – pas seulement les milieux scientifiques et industriels – sont invités à prendre connaissance du dossier et à s’impliquer. Le Réseau canadien de l’environnement (RCEN) et l’organisme non gouvernemental Défense environnementale ont reçu du financement pour coordonner une démarche de participation du public au processus. Au moment où les noms des substances sont divulgués, le

le gouvernement prévoyait une période de commentaires de la part du public après la divulgation trimestrielle des substances (cette étape est maintenant terminée). Une autre aura lieu à un stade ultérieur, au moment où Santé Canada et Environnement Canada se pencheront sur les mesures à prendre pour assurer la « gestion » des substances retenues. Ces délibérations se poursuivront au moins jusqu’en 2011.

En quoi la démarche intéresse-t-elle les femmes?

Les raisons pour lesquelles les femmes devraient s’intéresser à ces questions sont de deux ordres, l’un biologique (le sexe) et l’autre social (le genre). On sait notamment que les femmes ont des réactions spécifiques à bon nombre de produits chimiques. Prenons l’exemple le plus évident, soit la grossesse et l’accouchement; l’exposition à certaines substances peut avoir un effet sur l’embryon et le fœtus. En particulier, une quantité non négligeable de travaux scientifiques ont démontré la vulnérabilité du fœtus aux perturbateurs endocriniens auxquels nous exposent plusieurs substances chimiques dans notre environnement (par ex., les produits pharmaceutiques présents dans l’eau; le bisphénol A contenu dans certains produits alimentaires et bouteilles, etc.).

La fonction reproductrice n’est l’unique motif de préoccupation. En matière d’exposition et des

RCEN les transmet à un réseau de particuliers et d’organismes en expliquant les conclusions tirées par le gouvernement sur la base des recherches actuelles. Le RCEN prépare ensuite une évaluation de la documentation en « langage clair ». Il incite les groupes de citoyens à se renseigner sur ces substances qu’on trouve fréquemment dans les produits d’hygiène et de beauté, les produits d’entretien ménager, les cosmétiques et d’autres produits auxquels nous sommes régulièrement exposés.

Le programme instauré par

Les critères d’évalua� on des substances chimiques

1. La persistance : Le temps qui doit s’écouler pour qu’une substance se dé-grade dans l’environnement.

2. La bioaccumula� on : La tendance d’une substance à s’accumuler dans les � s-sus des organismes vivants puis à être transmise dans la chaîne alimentaire.

3. La toxicité intrinsèque : La substance dangereuse de par sa nature pour la santé humaine ou d’autres d’organismes (se dis� ngue de la dé-fi ni� on juridique de la « toxicité » dans la LCPE).

4. Le poten� el maximal d’exposi� on : Les substances auxquelles les Canadiens et Canadiennes sont le plus suscep� bles d’être exposés.

AUTOMNE/HIVER 2009/10 LE RÉSEAU CANADIEN POUR LA SANTÉ DES FEMMES8

risques qu’elle pose, les femmes présentent des vulnérabilités associées au sexe et au genre dont il faut tenir compte dans les discussions sur le contrôle des produits chimiques. Les travaux de Sandra Steingraber sur l’âge de plus en plus précoce de la puberté chez les filles fournissent des preuves convaincantes à l’égard du rôle que jouent une foule de facteurs, dont les perturbateurs endocriniens.

Par ailleurs, les femmes sont soumises à des facteurs d’exposition à certaines substances chimiques qui augmentent le risque de contracter un problème de santé : les rôles sociaux qu’elles assument, dont celui de soignante; la nature du travail rémunéré qu’elles exécutent dans le secteur des services; l’usage abondant qu’elles font des produits d’hygiène et de beauté (cosmétiques, lotions, nettoyants

dimensions du sexe et du genre. Janelle Witzel, de l’organisme Défense environnementale, appuie l’initiative. « Les femmes ont joué un rôle fondamental dans le cas du bisphénol A, ce qui a incité le gouvernement à bouger, explique-t-elle. Il y a de très bonnes chances que la participation des femmes au processus et leurs commentaires… mènent à des changements en matière d’orientations. » Le projet auquel participe le Réseau canadien de la santé des femmes (RCSF) à titre de conseiller prévoit la tenue en février 2010 d’un forum public au terme d’une enquête en ligne auprès d’un large spectre de la population féminine d’un bout à l’autre du pays. Pour en savoir davantage sur ces initiatives, consultez les sites du RPSFM (www.nnewh.org) et du RCSF (www.rcsf.ca).

spécialisés, etc.). Enfin, certaines maladies et certains problèmes de santé attribués à l’exposition aux substances chimiques (par ex., la fibromyalgie et la polytoxicosensibilité), même si le rapport de causalité soulève parfois la controverse au sein de la communauté médicale, s’observent plus fréquemment chez les femmes que les hommes.

Intégrer les dimensions du sexe et du genre dans le Plan de gestion des substances chimiques

En réponse à l’important programme mis en œuvre par Santé Canada et Environnement Canada, le Réseau pancanadien sur la santé des femmes et le milieu (RPSFM) a entrepris un projet pour inciter les femmes et les groupes de femmes à prendre part à la démarche, insistant sur la nécessité d’y incorporer les

La « ges� on » des substances chimiques

La « ges� on » peut englober une gamme diversifi ée de mesures, et le choix appar� ent presque en� èrement au gouvernement canadien.

L’interdic� on pure et simple et l’imposi� on de restric� ons sur la produc� on, l’usage, l’importa� on et les émissions de substances

nocives comptent parmi les mesures de réglementa� on possibles, mais elles sont rarement adoptées.

LE RÉSEAU AUTOMNE/HIVER 2009/10 9

LECTURES COMPLÉMENTAIRES Altman, R.G., R. Morello-Frosch, J.G. Brody, R. Rudel, P. Brown et M. Averick. (2008). « Pollution comes home and gets personal: Women`s experience of household chemical exposure ». Journal of Health and Social Behavior, vol. 49, no 4, p. 417-435. Disponible en ligne dans www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/ Steingraber, Sandra. (août 2007). The falling age of puberty in girls: What we know, what we need to know. San Francisco, CA, Breast Cancer Fund. Disponible en ligne à www.breastcancerfund.org. Steingraber prend le soin de préciser qu’une foule de facteurs semblent contribuer au phénomène, tout en soulignant que l’exposition aux substances chimiques joue un rôle important. O’Grady, Kathleen (2009). « La puberté précoce chez les filles. La nouvelle « norme » et pourquoi il y a lieu de s’inquiéter ». Le Réseau, vol. 11, no 1, p. 11-13. www.rcsf.ca/fr/node/41601 AUTRES RESSOURCES Association canadienne du droit de l’environnement. Cet organisme subventionné par Aide juridique Ontario, spécialisé en droit de l’environnement, réclame depuis des années une réforme de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement. Son site renferme des rapports, des communiqués de presse et d’autres documents (en anglais pour la plupart). www.cela.ca/collections/pollution/chemicals-management-canada. Le Réseau canadien de l’environnement (RCEN) reçoit des fonds d’Environnement Canada pour coordonner un projet de participation de la société civile dans le Plan de gestion des substances chimiques du Canada. www.cen-rce.org/CMP/indexcmp.html Défense environnementale est membre du Réseau canadien de l’environnement. Son mandat consiste à « recueillir, examiner et analyser les données fournies par le Plan de gestion des substances chimiques du Canada et à les diffuser par le biais du site Web du RCEN. Le groupe mène aussi une campagne visant à convaincre le gouvernement fédéral de classer le 1,4-dioxane parmi les substances toxiques. http://petition.environmentaldefence.ca/dioxane/ (en anglais seulement) Film : Invasion toxique www.toxictrespass.com (version française disponible dans www.onf.ca) Film : The Story of Stuff http://storyofstuff.com Anne Rochon-Ford est codirectrice du Réseau pancanadien sur la santé des femmes et le milieu et coordonnatrice d’Action pour la protection de la santé des femmes, un groupe de travail pancanadien. Dolon Chakravartty est étudiante de troisième cycle en sciences de la santé publique et participe au Collaborative Program in Environment and Health [Programme de collaboration en environnement et en santé] de l’Université de Toronto. Dolon œuvre en tant que boursière d’études supérieures au Réseau pancanadien sur la santé des femmes et le milieu depuis l’automne 2009. Son mandat se termine au printemps 2010.

AUTOMNE/HIVER 2009/10 LE RÉSEAU CANADIEN POUR LA SANTÉ DES FEMMES10

Le RCSF lance une série de webinairesL’automne dernier, le Réseau canadien pour la santé des femmes (RCSF) lançait son nouveau programme de webinaires. Ces conférences interac� ves perme� ent aux présentatrices de répondre en ligne aux ques� ons d’un auditoire répar� dans tout le pays. De plus, les personnes qui y assistent peuvent discuter les unes avec les autres. Les séances sont enregistrées et présentées par la suite dans le site du RCSF au profi t des personnes qui n’auraient pu y par� ciper.

La prise d’an� dépresseurs pendant la grossesse – existe-t-il des preuves démontrant des eff ets posi� fs? Enregistré le 29 octobre 2009Plus de 100 personnes se sont bousculées au por� llon pour assister au webinaire inaugural du RCSF me� ant en vede� e la chercheuse Barbara Mintzes. Celle-ci présentait les conclusions d’un examen systéma� que qu’elle vient de réaliser sur les avantages et les risques associés aux an� dépresseurs pendant la grossesse. Des sages-femmes, des classes en� ères d’étudiantes et d’étudiants et des prestataires de services sociaux et communautaires ont par� cipé avec enthousiasme à la période de ques� ons qui a suivi la conférence. On trouvera d’autres détails sur le sujet dans l’ar� cle consacré aux travaux de Barbara Mintzes publié dans le présent numéro : « Y a-t-il des avantages pour les femmes enceintes à prendre des an� dépresseurs? »

The Push to Prescribe Enregistré le 4 novembre 2009Un auditoire composé de par� cipantes et par� cipants issus du gouvernement, du secteur de la santé et du milieu universitaire ont assisté au second webinaire de la série du RCSF présenté à l’occasion de la paru� on de l’ouvrage in� tulé The Push to Prescribe. Comme l’a souligné Anne Rochon Ford, codirec� ce de l’ouvrage et modératrice du webinaire, ce recueil est le fruit de dix années de travaux de recherche et d’analyse par l’Ac� on pour la protec� on de la santé des femmes. Il présente un examen des poli� ques canadiennes en ma� ère de prescrip� on des médicaments, depuis les essais cliniques jusqu’à la mise en marché, et de leurs répercussions sur la santé des femmes. Les contributrices Colleen Fuller et Abby Lippman ont traité respec� vement de la ques� on du signalement des réac� ons indésirables à l’heure actuelle et de la place accordée aux femmes dans les essais cliniques. Des discussions animées ont suivi les présenta� ons.

On peut visionner en direct les deux webinaires précités à l’adresse www.rcsf.ca (en anglais seulement).

D’autres webinaires sont en prépara� on!

Pour connaître le programme de nos prochains webinaires, visitez www.rcsf.ca ou inscrivez-vous au Bloc-notes de Brigit, le bulle� n électronique du RCSF.

LE RÉSEAU AUTOMNE/HIVER 2009/10 11

IL EXISTE DE MULTIPLES CONCEPTIONS DE LA SANTÉ. DES SAVOIRS DIFFÉRENTS ONT DE TOUT TEMPS CÔTOYÉ LES SAVOIRS LÉGITIMES OU ADMIS. LES FÉMINISTES ONT TOUJOURS JOUÉ UN RÔLE IMPORTANT AU SEIN DES MOUVEMENTS DE CONTESTATION DE L’APPROCHE

BIOMÉDICALE. L’APPROCHE GLOBALE ET FÉMINISTE S’ARTICULE AUTOUR DE HUIT AXES ET SE CARACTÉRISE PAR SES POSITIONS CRITIQUES FACE AUX INSTITUTIONS MÉDICALES ET GOUVERNEMENTALES.

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�� �� ����� Adapté du document Changeons de lunettes :

Pour une approche globale et féministe de la santé, publié par le Réseau québécois d’action pour la santé des femmes.

Un autre regard sur le mondeVoici les huit axes de l’approche globale et

féministe de la santé :Alors que la biomédecine a une conception

mécaniste du corps qui segmente la personne, l’approche globale se fonde sur une conception de l’être humain comme un tout (corps et esprit) en interaction avec son environnement social et

Avec la nouvelle édition du cadre de référence en santé des femmes, le Réseau québécois d’action pour la santé des femmes (RQASF) vous propose une lecture critique de la situation actuelle et de ses causes, notamment les impacts de la globalisation sur notre santé et dans nos vies. Il vous propose également une autre vision et une autre approche de la santé.

AUTOMNE/HIVER 2009/10 LE RÉSEAU CANADIEN POUR LA SANTÉ DES FEMMES12

physique. Cette approche définit donc la santé de manière holistique et comme le résultat de rapports sociaux.

À l’encontre d’une vision uniformisante de la santé, l’approche globale et féministe prône la reconnaissance des spécificités physiologiques et sociales propres à chacun des sexes. À cet égard, elle reconnaît tout autant les disparités entre les femmes que celles entre les hommes. On appelle intersectionnalité la prise en compte des multiples caractéristiques de la personne, qui peut être un homme ou une femme, riche ou pauvre, homosexuelle ou hétérosexuelle, vivant avec un handicap ou pas, etc.

Selon l’approche globale et féministe, l’amélioration de la santé passé nécessairement par la prise en compte des déterminants sociaux de la santé, c’est-à-dire des facteurs qui ont le plus d’impact sur la santé, tels que la pauvreté, le travail, le logement.

À l’inverse d’une médecine interventionniste et curative, l’approche globale et féministe considère que la santé de la population ne peut s’améliorer sans la prévention et la promotion de la santé. La santé est affaire de justice sociale. C’est pourquoi les pouvoirs publics ne doivent

pas abdiquer leur devoir de légiférer et de réglementer dans tous les domaines qui touchent les déterminants de la santé.

L’autosanté, la prise en charge personnelle de sa santé, représente un autre fondement de l’approche

globale et féministe de la santé. Les féministes québécoises en ont traditionnellement fait la promotion, notamment dans les centres de santé des femmes. L’autosanté implique une démarche personnelle pour saisir les liens entre sa santé et sa situation de vie. Elle vise une relation thérapeutique plus égalitaire, basée sur le respect, la communication et la participation de la personne qui consulte.

En contrepartie, on attend, des thérapeutes et des médecins, le respect de l’autonomie des personnes et de leur droit au consentement éclairé. Le droit au consentement éclairé est un droit fondamental, d’où la responsabilité des thérapeutes et des médecins de fournir toute l’information disponible.

Ainsi, certains savoirs biomédicaux basés historiquement sur l’exclusion des femmes doivent être remis en question. Il faut faire preuve de vigilance et de sens critique face à des savoirs à

Il faut faire preuve de vigilance et de sens cri�que

face à des savoirs à préten�on universelle.

prétention universelle, souvent soutenus par des intérêts économiques (par exemple, l’industrie pharmaceutique).

Enfin, l’approche globale et féministe de la santé se démarque de l’approche

médicale dominante par son ouverture aux approches alternatives. Toutefois, ces approches doivent aussi être encadrées et réglementées de manière à assurer à la fois les droits de la

personne qui consulte et son droit de choisir l’approche souhaitée pour prendre soin de sa santé.

Pour commander la version inté-grale du document Changeons de lunettes : Pour une approche globale et féministe de la santé, consultez le site Web du Réseau québécois d’action pour la santé des femmes. www.rqasf.qc.ca

Le Réseau québécois d’action pour la santé des femmes est un orga-nisme provincial multidisciplinaire à but non lucratif dont la mission est de travailler solidairement à l’amélioration de la santé physique et mentale des femmes, ainsi que de leurs conditions de vie. Consultez son site Web pour en savoir davan-tage sur l’ensemble de ses activités.

CANADIAN WOMEN’S HEALTH NETWORK FALL/.WINTER 2009/2010LE RÉSEAU AUTOMNE/HIVER 2009/10 13

Y a-t-il des avantages pour les femmes enceintes

à prendre des antidépresseurs?

Les femmes en Amérique du Nord sont plus nombreuses que jamais à prendre des antidépresseurs. La communauté médicale a longtemps conseillé aux femmes d’éviter de prendre des médicaments pendant la grossesse. Aujourd’hui, un autre message est de plus en plus diffusé. Les femmes qui prennent des

antidépresseurs et qui se retrouvent enceintes sont invitées à poursuivre leur médication, et les médecins prescrivent des antidépresseurs aux femmes enceintes qui présentent des symptômes de dépression. L’hypothèse qui justifie cette position est la suivante : les risques potentiels qu’infligent les antidépresseurs aux femmes et aux fœtus sont moindres que les risques qui découlent d’une absence de traitement dans les cas de dépression. Toutefois, existe-t-il réellement des preuves confirmant les bienfaits de ces médicaments chez les femmes enceintes, et ces bienfaits sont-ils plus importants que les risques potentiels encourus?

Par Jane Shulman

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Dans le cadre d’un webinaire qui a été offert par le Réseau canadien pour la santé des femmes en octobre dernier et qui a enregistré un fort taux de participation, Barbara Mintzes, Ph.D., s’est entretenue de l’histoire des médicaments d’ordonnance dans les cas de grossesse et du débat actuel lié à cette question. Mme Mintzes est professeure adjointe au Département de pharmacologie et de thérapeutique de l’Université de la Colombie-Britannique. Elle est également membre du Centre for Health Services and Policy Research de la même université, et membre du comité directeur d’Action pour la protection de la santé des femmes. Mme Mintzes et ses collègues sont au fait de l’information conflictuelle qui circule concernant l’innocuité et les bienfaits des antidépresseurs de la catégorie des inhibiteurs spécifiques du recaptage de la sérotonine (ISRS) (comme Prozac, Paxil et Effexor), administrés pendant la grossesse.

Ce que nous savons, c’est que les antidépresseurs sont prescrits aux femmes enceintes pour une « utilisation non indiquée », ce qui signifie qu’ils sont prescrits pour une utilisation autre que celle recommandée. Selon Mme Mintzes, « les antidépresseurs ne sont pas approuvés pour une utilisation chez les femmes enceintes, ni au Canada, ni dans d’autres pays ». Bien qu’on interdise aux sociétés pharmaceutiques de promouvoir leurs produits pour une « utilisation non indiquée », les médecins

peuvent prescrire n’importe quel médicament pour n’importe quel usage, une fois qu’il est sur le marché.

La nécessité de faire preuve de prudence en ce qui a trait à l’utilisation de médicaments pendant la grossesse est généralement reconnue, en raison des énormes ravages causés par deux médicaments : la Thalidomide et le Diethylsilbestrol (DES), des substances qui ont produit des effets catastrophiques sur les enfants nés de femmes qui les ont consommés pendant une grossesse. Dans le cas de la Thalidomide, certains bébés sont nés avec d’importantes déficiences congénitales. Quant au DES, il a entraîné une augmentation des taux de cancer et des problèmes de reproduction chez les femmes adultes qui ont été exposées au médicament avant leur naissance. Les fils des mères qui ont pris du DES affichent également des taux plus élevés d’anomalies aux

organes génitaux. De plus, des taux supérieurs de cancer du sein ont été relevés chez les femmes qui ont pris du DES pendant leur grossesse.

Ces catastrophes, note Mme Mintzes, ont mis en lumière le fait que la consommation de médicaments pendant la grossesse peut entraîner à long terme des effets délétères imprévisibles. En tenant compte de cette réalité et des avis contraires que les femmes reçoivent concernant l’utilisation d’ISRS pendant leur grossesse, Mme Mintzes et ses collègues ont décidé de passer au crible les études qui ont été faites pour déterminer s’il existait vraiment des preuves confirmant les bienfaits de ces médicaments chez les femmes et leurs bébés.

Tout médecin qui prescrit des médicaments doit soupeser les bienfaits potentiels et les possibles effets nocifs. Les médicaments doivent donc être testés systématiquement avant d’être approuvés et mis en marché. Dans le cas d’une « utilisation non indiquée », comme c’est le cas pour les antidépresseurs prescrits aux femmes enceintes, la société pharmaceutique qui met le médicament en marché n’a pas l’obligation de fournir au gouvernement une preuve scientifique démontrant un bienfait particulier lié à cette utilisation. Il se peut que cette preuve existe ou n’existe pas. Tous les médicaments peuvent générer des effets nocifs ainsi que des bienfaits, et un médicament ne doit être consommé

Tout médecin qui prescrit des médicaments doit soupeser les bienfaits

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LE RÉSEAU AUTOMNE/HIVER 2009/10 15

que s’il existe de solides données scientifiques prouvant que les bienfaits excèdent les préjudices.

Mme Mintzes a œuvré avec Patricia Fortin, conseillère en recherche pour la Therapeutics Initiative, un groupe d’évaluation de médicaments, Jon Jureidini, professeur associé au Département de psychiatrie de l’Université Adelaide, et Tim Oberlander, professeur de pédiatrie à l’Université de la Colombie-Britannique. Principalement financée par le Bureau pour la santé des femmes et l’analyse comparative entre les sexes de Santé Canada, cette équipe a examiné systématiquement toutes les études comparant les femmes atteintes de dépression qui prenaient ou ne prenaient pas des antidépresseurs pendant une grossesse, pour ensuite en évaluer les résultats.

Leur conclusion? Après une recherche exhaustive de toutes les études publiées et non publiées dans le monde et malgré les nombreuses déclarations promouvant l’utilisation des antidépresseurs, l’équipe n’a trouvé aucune preuve scientifique confirmant les effets bénéfiques des antidépresseurs de catégorie ISRS chez les femmes et leurs bébés.

L’équipe de Mme Mintzes a recensé huit études qui se penchaient sur des cas de femmes enceintes ayant reçu un diagnostic de dépression. Dans tous les cas, les études comparaient les résultats relevés chez les mères qui prenaient des antidépresseurs à ceux des mères qui ne recevaient aucun type

de traitement. Mme Mintzes a noté qu’aucune étude ne comparait les femmes enceintes qui prenaient des médicaments de catégorie ISRS à celles qui recevaient d’autres types de traitement, comme la thérapie cognitive-comportementale, ou qui faisaient régulièrement de l’exercice.

L’ampleur et la qualité des huit études variaient, ainsi que l’intensité de la dépression vécue par les participantes. Toutes les études étaient fondées sur l’observation. Donc, bien qu’elles aient comporté des groupes de contrôle, elles comparaient les femmes qui

choisissaient de prendre des antidépresseurs avec des femmes qui choisissaient de ne pas en prendre. Les différences entre les femmes qui prenaient ces médicaments et les femmes qui n’en prenaient pas compliquaient l’interprétation des résultats. Par exemple, certaines souffraient de dépression depuis très longtemps, d’autres de dépression très grave, ce qui n’était pas le cas de toutes.

Cinq des huit études étaient très limitées et avaient été réalisées selon des méthodes de recherche moins rigoureuses. Dans de tels cas, Mme Mintzes note qu’il était difficile de cerner les raisons qui expliquaient les nombreux problèmes chez les nourrissons. Était-ce l’exposition au médicament ou était-ce en raison des différences entre les femmes qui prenaient des antidépresseurs et celles qui n’en prenaient pas? L’étude avait-elle pris en compte des problématiques comme la pauvreté, un facteur connu comme ayant une incidence sur la dépression et la santé des nourrissons? Les trois études plus importantes et plus scientifiquement crédibles examinées par l’équipe de recherche ont suivi de larges échantillonnages de femmes. Deux de ces études incluaient toutes les femmes de la Colombie-Britannique ayant accouché entre 1998 et 2001.

Par ailleurs, après s’être penchés sur ces études, les chercheurs ont conclu qu’aucune d’entre elles, petites ou grandes, n’avait démontré un quelconque effet bénéfique découlant de la prise

Lorsqu’un traitement

est appliqué de façon

généralisée et qu’il n’existe

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Quelques sta�s�ques sur les ISRS • Au Canada, les an�dépresseurs figurent parmi les médicaments les plus prescrits aux femmes en âge de procréer.

• En 2003 et 2004, 11 à 14 % des femmes âgées de 25 à 39 ans et vivant en Colombie-Britannique ont reçu au moins une ordonnance pour des an�dépresseurs.

• En 2008, 80 % des Canadiennes qui ont parlé de dépression à leur médecin ont reçu une ordonnance, généralement pour des ISRS.

• En 1998, un peu plus de 2 % des femmes enceintes en C.-B. faisaient usage d’an�dépresseurs. En 2001, le taux avait grimpé à 5 %.

d’antidépresseurs. « Lorsqu’un traitement est appliqué de façon généralisée et qu’il n’existe aucune preuve scientifique qui en confirme les bienfaits, nous avons toutes les raisons d’être préoccupés », affirme Mme Mintzes.

L’équipe de Mme Mintzes s’est également penchée sur des études effectuées auprès de femmes qui n’étaient pas enceintes pour déceler des preuves secondaires indiquant l’existence ou l’absence de bienfaits chez les femmes enceintes. Son constat a été le suivant : il n’existe aucune preuve confirmant que les ISRS donnent de meilleurs résultats, comparativement aux traitements non médicamentés (comme la psychothérapie), pour ce qui est de la plupart des types de dépression. Elle craint donc que les

bienfaits des ISRS chez les femmes adultes, enceintes ou non, n’aient été exagérés. Il faut considérer aussi le fait que les diagnostics de dépression sont souvent établis à tort. Un examen systématique des études a révélé que les médecins de famille établissent 15 diagnostics de dépression erronés, pour 10 diagnostics adéquats.

Quant aux effets sur les bébés, les huit études ont démontré que les enfants nés de femmes médicamentées aux ISRS sont 4,2 % (1 sur 24) plus à risque de développer une détresse respiratoire et 7,1 % (1 sur 14) plus à risque de naître prématurément que les enfants nés de mères dépressives non médicamentées. Ces données indiquent que les nourrissons exposés aux antidépresseurs

semblent avoir une santé plus fragile à certains égards, en comparaison aux enfants qui n’ont pas subi une telle exposition. Ces données s’ajoutent à un corpus important de documentation portant sur les effets nocifs de la consommation d’antidépresseurs pendant une grossesse.

« La question est la suivante : Pourquoi ce traitement est-il très souvent recommandé aux femmes enceintes alors qu’il n’existe aucune preuve scientifique qui en confirme les bienfaits?, demande Mme Mintzes. La recommandation donnant feu vert à l’utilisation d’ISRS pendant une grossesse ne s’appuie sur aucun fondement. » Jane Shulman est directrice de l’échange des connaissances au Réseau canadien pour la santé des femmes (RCSF).

Visionnez le webinaire! (en anglais) www.rcsf.ca

Le RCSF travaille présentement à la rédaction d’un feuillet d’information exhaustif qui portera sur les ISRS et la grossesse. Vous pourrez bientôt le télécharger en visitant le www.rcsf.ca

LE RÉSEAU AUTOMNE/HIVER 2009/10 17

Les réseaux de soutien aux personnes atteintes de cancer dans le Canada atlantique examinent la possibilité de regrouper les

services de soutien aux femmes atteintes de cancers gynécologiques et les services aux femmes atteintes de cancer du sein, dans le but d’améliorer le soutien aux femmes qui ont reçu un diagnostic de cancer du col de l’utérus, d’un ovaire ou de l’utérus. Cette démarche a été amorcée au Manitoba il y a plusieurs années, explique Barbara Clow, directrice du Centre d’excellence de l’Atlantique pour la santé des femmes. Aujourd’hui, des interlocuteurs du Nouveau-Brunswick et de Terre-Neuve-et-Labrador travaillent à établir leurs propres protocoles pour offrir des programmes regroupés sous une même bannière.

Dans un rapport publié en 2008 pour l’organisme Partenariat canadien contre le cancer et intitulé Que faisons-nous à présent? Services de soutien pour les femmes du Canada atlantique atteintes d’un cancer du sein, du col de l’utérus, de l’ovaire ou de l’utérus, Mme Clow et les co-auteures de ce document se sont penchées

sur la possibilité d’élargir les services de soutien communautaires pour répondre aux besoins des femmes atteintes de cancers gynécologiques, une population mal desservie.

Par ailleurs, à cette étape, les groupes intervenant dans certaines provinces ne peuvent soutenir ces efforts d’expansion en raison d’un manque de capacités ou de fonds. Certains groupes de lutte contre le cancer craignent de perdre leur financement ou leur identité s’ils élargissent leur mandat, ou d’aller au-delà des capacités de leurs ressources, déjà surutilisées.

Toutefois, l’attention dont fait l’objet le cancer du sein au cours des dernières années et la vague de multiples campagnes de financement et de sensibilisation qui déferle dans tout le pays témoignent de la présence de nombreux volontaires dévoués et de ressources importantes. Tel n’est pas le cas pour les femmes qui vivent avec un cancer du col utérin, d’un ovaire ou de l’utérus. Bien que les chiffres annuels indiquent la présence d’un nombre inférieur

LE NOMBRE fait LA FORCE

Un projet pour réunir les services de soutien offerts aux femmes atteintes de cancers du sein et des organes reproducteurs

Par Jane Shulman

AUTOMNE/HIVER 2009/10 LE RÉSEAU CANADIEN POUR LA SANTÉ DES FEMMES18

de cancers gynécologiques au Canada, en comparaison au cancer du sein, les femmes atteintes d’un cancer de l’ovaire ou d’un cancer utérin sont beaucoup plus à risque de décéder. De plus, la tendance indique que les femmes atteintes de cancers utérins sont beaucoup plus jeunes que les femmes atteintes de cancer du sein ou d’autres cancers gynécologiques. Ces femmes ont besoin de services de soutien qui répondent aux exigences imposées par les cancers qui les affligent et ce type de soutien est rare. Cancer de l’ovaire Canada est le seul groupe pancanadien qui se penche sur les cancers gynécologiques.

Les besoins des femmes atteintes de cancer du sein et de cancers gynécologiques peuvent différer, en raison de différences

liées au diagnostic, de l’âge, des conséquences sur le plan de la reproduction et du risque de mauvais résultats. Mais les deux populations partagent certains points, notamment en ce qui a trait à l’impact d’un diagnostic de cancer sur les rôles et l’identité de genre. Les femmes atteintes de ces deux types de cancer peuvent subir un traumatisme causé par la crainte de perdre leur féminité. Elles s’inquiètent aussi des conséquences de leur diagnostic sur leur rôle comme pourvoyeuses de soins auprès de la famille, des amies et de la collectivité. Un programme élargi de services de soutien pour les femmes atteintes de cancer du sein et de cancers gynécologiques offre un intérêt certain puisqu’il ouvre la voie à une mise en commun des ressources et permet d’atteindre un plus grand nombre de femmes dans le besoin.

Le rapport émet certaines recommandations, dont les suivantes :• stimuler la recherche sur les besoins des femmes qui ont reçu un diagnostic de cancer et qui proviennent de communautés vulnérables et défavorisées;• explorer les possibilités d’adopter et d’adapter les processus et produits conçus par les réseaux de soutien aux victimes de cancer du sein au Canada atlantique pour répondre aussi aux besoins des femmes aux prises avec d’autres types de cancer;• promouvoir dans tout le

Canada atlantique la création de programmes financés par les fonds publics qui guident les personnes atteintes de cancer vers les ressources appropriées.

Selon Mme Clow, la prochaine étape est d’étudier les possibilités quant à l’application de ces suggestions dans diverses régions. Les infirmières et les pourvoyeurs de services qui participent à la planification et à la réalisation des programmes démontrent beaucoup d’enthousiasme à l’idée d’élargir les services en raison des possibilités que recèle cette initiative, laquelle permettrait de maximiser les bienfaits des services qu’ils offrent. Jane Shulman est directrice de l’échange des connaissances au Réseau canadien pour la santé des femmes (RCSF).

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« Tout le monde croient que nous disposons d’une réserve d’eau infinie », dit Jyoti Phartiyal, du Réseau pancanadien sur la santé des femmes et le milieu (RPSFM). Selon elle, c’est ce que pensent les Canadiennes et les Canadiens au sujet de cette ressource primordiale. La population est convaincue que le pays recèle de quantités illimitées d’eau potable et universellement accessible.

Le RPSFM se penche sur ce postulat, dans une nouvelle étude diffusée en ligne depuis le 6 octobre 2009, à l’adresse www.womenandwater.ca (en anglais). Ce site traite de la question de l’eau et des femmes au Canada et des liens que celles-ci entretiennent aujourd’hui avec cet élément.

Les Femmes

etl’eau

Par Signy Gerrard

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L’idée de créer un site est apparue alors que le RPSFM pilotait une recherche examinant tous les programmes en cours. Cette étude portait sur les femmes et l’eau en territoire canadien et explorait certaines problématiques liées à l’eau et leurs effets sur la santé des femmes.

Interrogée sur les lacunes que comportent les recherches canadiennes dans ce domaine, Mme Phartiyal a immédiatement souligné « une absence totale d’analyse des influences du genre et du sexe ». Certaines recherches comportaient un volet « sexospécifique » mais celui-ci se limitait souvent aux fœtus et aux nourrissons. Cette lacune ne touchait pas uniquement la recherche canadienne. En effet, peu de ressources tiennent compte des rapports sociaux entre les sexes sur la question de l’eau, et ce dans tous les pays développés. La plupart des études qui portent sur les femmes et l’eau se penchent sur les pays en développement. Bien que ces études puissent offrir de l’information utile sur les questions relatives à l’eau et certaines de leurs dimensions sexospécifiques, les problématiques présentes au Canada sont probablement fort différentes.

Convaincues que l’eau joue

l’eau au Canada], qui traite des conséquences sexospécifiques qu’entraînent des expositions chroniques aux sous-produits pharmaceutiques et désinfectants.

Les questions relatives à l’eau qui touchent les Autochtones

Selon womenandwater.ca, cela constitue un exemple frappant de l’inégalité d’accès à une ressource vitale. Dans certains cas, ces avis perdurent depuis des années. Comme le précise le rapport intitulé Aboriginal Traditional Knowledge and Source Water Protection Final Report [Rapport final sur les connaissances traditionnelles autochtones et la protection des sites d’approvisionnement en eau] émis par les chefs de bande de l’Ontario, les femmes des collectivités portent traditionnellement la responsabilité d’approvisionner le

foyer en eau potable dans nombre de cultures des Premières nations. De toute évidence, la recherche doit se pencher sur les conséquences sociales et culturelles et étudier les effets qu’entraîne une

piètre qualité d’eau sur la santé physique des femmes.

Le premier rapport sur ce sujet à été publié en avril 2009, en partenariat avec le Centre d’excellence pour la santé des

dans la vie des femmes un rôle historique et spirituel et que les effets de cet élément sur leur santé sont potentiellement différents, les chercheuses ont décidé d’approfondir la discussion sur les femmes et les politiques canadiennes en matière d’eau. Pour ce faire, elles ont créé un site Web qui centralise l’information sur le sujet et diffuse les recherches du RPSFM, du Programme de contribution pour la santé des femmes et d’interlocuteurs clés extérieurs. Cet outil est une ressource importante pour les universitaires et les chercheuses et chercheurs, et des projets sont en cours pour produire un plus grand nombre de documents en langage accessible à l’intention des décideurs et du public.

Les rapports disponibles sur ce site Web sont classés selon trois

thèmes de recherche actuelle : les Autochtones, les contaminants et la privatisation. À l’été 2010, le RPSFM publiera le prochain volume de la série Women and Water in Canada [Les Femmes et

En date du 31 décembre 2008, 106 communautés des

Premières na�ons canadiennes devaient observer un avis

d’ébulli�on de l’eau.

LE RÉSEAU AUTOMNE/HIVER 2009/10 21

femmes – région des Prairies. Intitulé Boil Water Advisory Mapping Project [projet de cartographie des collectivités touchées par les avis d’ébullition de l’eau], le document se penche sur la question de la qualité de l’eau. Il examine donc les données disponibles sur les avis d’ébullition de l’eau au Canada – une recommandation habituellement émise lorsque le public est exposé à des conditions qui nécessitent des mesures préventives (p. ex., maintenir l’eau à pleine ébullition pendant une minute complète) pour contrer la présence de substances potentiellement nocives dans les aqueducs publics. En l’absence d’une mesure normative pour évaluer la qualité de l’eau, les avis s’appuient sur un procédé d’évaluation qui génère des résultats rapides mais imprécis.

En plus d’évaluer ces avis, le Boil Water Advisory Mapping Project souligne d’importantes lacunes en matière de données, lesquelles doivent être comblées, notamment en ce qui a trait aux maladies transmises par l’eau, au coût de l’eau pour les consommateurs et à l’analyse des influences du genre et du sexe relative à ces questions. Les futurs travaux réalisés à ce

et spectaculaires sur la santé, les effets cumulatifs d’une exposition à long terme constituent un grave problème.

Ces expositions cumulatives ont fait l’objet d’une recherche

et de discussions dont font état deux rapports qui seront bientôt publiés. Le premier rapport, intitulé The Gendered Effects of Chronic Low Dose Exposures to Chemicals in Drinking Water [Les effets sexospécifiques découlant d’une exposition chronique à de faibles doses de

produits chimiques dans l’eau potable], se penche sur des données relevées dans tout le pays. Il conclut que l’eau potable au Canada est, dans la plupart des cas, sécuritaire, mais que sa qualité varie selon les régions. Le deuxième rapport, intitulé Gendered Implications of Chronic Exposures to Pharmaceuticals and Disinfection By-Products in Typical Drinking Water [Les effets sexospécifiques découlant d’une exposition chronique à des produits pharmaceutiques et à des sous-produits désinfectants dans l’eau potable habituelle], examine les produits qui contaminent notre eau – des médicaments et produits d’hygiène personnelle aux sous-produits utilisés dans le traitement des eaux, en passant par les

chapitre auront pour objectif d’approfondir la compréhension des enjeux liés à l’eau dans les communautés autochtones, notamment les implications sexospécifiques, les questions de

réglementation, de financement et d’infrastructure, et autres thèmes.

Les contaminants dans l’eauDepuis la flambée de maladies

qui a frappé Walkerton et North Battleford lorsque les bassins d’approvisionnement en eau ont été contaminés par la bactérie E. coli et le Cryptosporidium, la question des contaminants dans l’eau est sous les feux de la rampe depuis quelques années. Les contaminants microbiologiques, comme ceux relevés dans ces deux communautés, constituent la menace la plus importante, mais la contamination des eaux par des substances chimiques demeure une préoccupation croissante. Bien que cette forme de contamination n’entraîne pas des effets immédiats

En tant que principales dispensatrices de soins et le plus souvent responsables de la santé de leur famille et de leur propre

santé, les femmes risquent d’être grandement touchées par ce�e

tendance.

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Visitez le site Web : www.womenandwater.ca

La priva� sa� on de l’eau : www.womenandwater.ca/pdf/NNEWH%20water%20priva� za� on.pdf

Les contaminants dans l’eau :www.womenandwater.ca/pdf/NNEWH%20water%20contaminants.pdf

Les ques� ons rela� ves à l’eau qui touchent les Autochtones :www.womenandwater.ca/pdf/NNEWH%20water%20contaminants.pdf

(en anglais)

interactions entre ces substances et leurs effets.

La privatisation de l’eauL’une des études aborde aussi

la question de la privatisation. L’eau est-elle un droit ou une commodité? Quelles sont les conséquences de l’une ou l’autre interprétation? Cette étude se penche sur la présence accrue du secteur privé dans les réseaux d’approvisionnement en eau, ainsi que sur les valeurs plus commerciales qu’il véhicule. Quelles sont les conséquences de ces changements pour les femmes? En tant que principales dispensatrices de soins et le plus

souvent responsables de la santé de leur famille et de leur propre santé, les femmes risquent d’être grandement touchées par cette tendance.

The Signifi cance of Privatization and Commercialization Trends for Women’s Health [Les conséquences de la tendance à la privatisation et à la commercialisation sur la santé des femmes], une étude menée en partenariat avec Le Conseil des Canadiens et soutenue par le Centre d’excellence pour la santé des femmes – région des Prairies, et le groupe Les femmes et la réforme de la santé, examine les enjeux liés aux pressions exercées pour privatiser

l’eau au Canada. L’étude aborde aussi une perspective plus large, notamment des questions d’ordre philosophique, et pose la question suivante : peut-on privatiser l’eau? Elle traite également de questions plus concrètes, dont entre autres les modèles de gestion de l’eau, les expériences de privatisation et les menaces qui pèsent au Canada, ainsi que les effets de la privatisation de l’eau sur la santé des femmes, surtout les femmes autochtones.

Signy Gerrard est directrice des communications au Réseau canadien pour la santé des femmes.

LE RÉSEAU AUTOMNE/HIVER 2009/10 23

Les femmes et la santé :La réalité d’aujourd’hui, le programme de demain Organisa�on Mondiale de la Santé (novembre 2009)

Malgré certains progrès, la société ne répond pas toujours aux besoins des femmes à des moments clés de leur vie, en par�culier pendant l’adolescence et la vieillesse.Telles sont les conclusions du rap-port publié par l’OMS sur la santé des femmes, qui porte sur toute la durée de la vie, de la naissance à la vieillesse.L’OMS appelle à une ac�on globale qui aille au-delà du seul secteur de la santé pour améliorer la santé des fille�es et des femmes à toutes les étapes de la vie.Le rapport apporte les informa-�ons les plus récentes et les plus complètes disponibles à ce jour sur les besoins spécifiques des femmes en ma�ère de santé tout au long de leur vie. Il fournit notamment les chiffres mondiaux et régionaux concernant les principales causes de décès chez les femmes. « Si les femmes ne peuvent réaliser pleinement leur poten�el en tant qu’être humain, en par�culier si elles ne peuvent mener une vie en meilleure santé et plus heureuse en quelque sorte, peut-on alors parler globalement d’une société réelle-ment saine? Qu’en est il alors du progrès social au XXIe siècle? », s’est interrogée le Directeur général de l’OMS, le Dr Margaret Chan.

CE QUE NOUS LISONS ressources recommandées par notre bibliothécaire

Vaincre la dépression : Une étape à la fois

Par Michael E. Addis et Christopher R. Martell; Traduc�on et adap-ta�on par Jean-Marie Boisvert et Marie-Claude Blais (Les Édi�ons de l’Homme, 2009)

La dépression est bien plus grave qu’une simple tristesse. C’est un problème de santé mentale sérieux qui peut toucher de 10 à 25 p. 100 des femmes, soit presque deux fois plus de femmes que d’hommes.

Les traitements de la dépression varient considérablement. La pharmacothérapie est de plus en plus u�lisée. Par contre, dif-férents types de psychothérapie et psychopédagogie ont égale-ment démontré leur u�lité pour aider ceux et celles affectés à surmonter une dépression. Parmi ces dernières, la thérapie cogni�ve est considérée comme la thérapie de choix. Une des composantes de ce�e thérapie, l’ac�va�on comportementale, méthode décrite dans ce manuel, est une stratégie efficace pour traiter la dépression.

Les exercices proposés fournissent aux lectrices et lecteurs des moyens efficaces pour mieux comprendre la façon dont la dépression fonc�onne et son impact sur la vie quo�dienne. De plus, les auteurs proposent des stratégies afin d’effectuer les changements nécessaires pour vaincre la dépression.

Rapport : Mourir trop jeune : La mortalité maternelleAmnesty Interna�onal (2009)

Chaque année, plus d’un demi-million de femmes – soit une femme par minute – meurent de complica�ons liées à leur grossesse ou à leur ac-couchement. Des soins de santé de bonne qualité, abordables et dispen-sés à temps, auraient permis d’éviter la plupart des décès.De nombreuses femmes meurent dans de terribles souffrances. Cer-taines se trouvent chez elles sans aucune assistance médicale. D’autres meurent alors qu’elles tentent de se rendre à l’hôpital, à pieds, en voi-ture ou à moto. D’autres encore meurent sur leur lit d’hôpital, parce qu’elles sont arrivées trop tard ou parce qu’elles n’ont pas reçu le traite-ment adéquat à temps.

AUTOMNE/HIVER 2009/10 LE RÉSEAU CANADIEN POUR LA SANTÉ DES FEMMES24

Au fil du temps : Le corps heureux : Un corps souple, fort et agile après 45 ans Par Thérèse Cadrin Pe�t et Lucie Dumoulin (Les Édi�ons de l’Homme, 2009)

Il y a trois cer�tudes dans la vie : nous sommes nés, nous vieillissons, et nous allons un jour mourir. Nous pensons souvent que vieillir = problèmes de santé. Par contre, il est possible de prévenir 75 p. 100 des maladies chroniques qui nuisent à notre qualité de vie avec l’âge. Ne pas fumer, mieux manger, maintenir un poids santé, réduire notre stress et bouger beau-coup. En vieillissant, notre corps change et le proces-sus de matura�on physiologique se manifeste par des phénomènes comme des douleurs musculaires, la perte de force et la réduc�on de la souplesse. Ce livre apporte des explica�ons claires sur la manière de préserver ou de retrouver la santé musculo-squelet-�que. Il nous propose des exercices simples et effi-caces pour acquérir ou conserver la force, la souplesse et l’agilité.

Cancer du sein : entre raison et sen�mentsPar Dominique Gros (Springer-Verlag Paris, 2009)

Mal embléma�que, le cancer du sein accompa-gne l’histoire des femmes. Il déborde infiniment le champ des connaissances et des ac�ons de la médecine. Il renvoie aux ques�ons fondamentales que se pose tout être humain. Mon avenir est-il une page blanche ? Qu’est-ce que la vérité ? La raison peut-elle rendre compte de tout ? Est-ce que les autres m’aiment ? Que peuvent les forces de l’esprit ? Pourquoi ne suis-je pas immortel ?Pour répondre, l’auteur puise dans l’art, la psycholo-gie, l’histoire ou la philosophie et illustre sa réflexion au travers de magnifiques illustra�ons en couleur. Il offre un plaidoyer pour une médecine du sein plus sereine, une analyse des ambiguïtés de la société face à une maladie devenue insupportable, soulève des interroga�ons sur des ac�ons sanitaires col-lec�ves qui s’inscrivent dans le consumérisme, les enjeux médicaux, économiques et poli�ques.

Infocentre du RCSFLe Réseau canadien pour la santé des femmes vous invite à consulter sa base de données sur la santé des femmes, laquelle est une collec�on bilingue complète, récemment mise à jour et améliorée de publica�ons et de ressources canadiennes et interna�onales portantsur la santé des femmes. La base de données sur la santé des femmes donne accès à plus de 13 000 ressources : publica�ons, recherches, organismes, comptes rendus et projets renfer-man.

Effectuez les recherches dans notre base de données sur le site Web www.rcsf.ca.