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05 BRÈVES07 AGENDA09 A LIRE - Ouvrages à découvrir de toute urgence !10 ACTU - Pas de “combine” miracle12 ACTU - Coup de tonnerre à Sheffield15 ACTU - Esther Baron : “Rome, c’est prématuré”20 INTERVIEW - Jacques Hintzy, président de l’Unicef France21 BILAN - Une deuxième édition pour les enfants du Togo22 REPORTAGE - Voyage au bout de la nuit24 COULISSES - Le SR Colmar a tous les dons28 INTERVIEW - “Plonger le public dans un univers”30 MÉDIAS - Les nageurs aux commentaires32 PORTRAIT - Fred Bousquet, l’homme des relais40 DÉCOUVERTE - Qu’est-ce qui se cache dans le sac des plongeurs ?42 PORTRAIT - Thomas Daley, l’enfant roi du plongeon44 INTERVIEW - Le phénomène Fanny Bouvet46 REPORTAGE - Les championnats de France des maîtres48 RENCONTRE - Sébastien Billon, nageur maître50 RÉTRO - Natation n°934, juillet 1980

éditoédito

NATATION MAGAZINE n°109 (avril 2009) � Edité par la Fédération Française de Natation, 148 avenue Gambetta 75 980 Paris Cedex 20 - Tél : 01.40.31.17.70 - Fax : 01.40.31.19.90 -www.ffnatation.fr � Numéro de commission paritaire 0909 G 8176 � Dépôt légal à parution � Directeur de la publication Francis Luyce � Rédacteur en chef Adrien Cadot � Ont collaboréà ce numéro Laure Dansart, Mathilde Lizé, Guillaume Deutsch, Julien Bels, Thibaut Schepman � Comité de rédaction Louis-Frédéric Doyez, David Rouger, Marie-Christine Ucciani, ChristianDonzé et la Direction Technique Nationale � Photographies Agence DPPI � Bande dessinée Studio Makma (Stéphan Boschat, Sébastien Hombel) � Maquette et réalisation Adrien Cadot� Impression 3i Services, 156 chaussée Pierre Curie 59 200 Tourcoing - Tél : 03.20.94.40.62 � Régie publicitaire Horizons Natation, 148, avenue Gambetta 75980 Paris, Cedex 20,Tél : 01.40.31.40.35 � Vente au numéro 5 euros � Publicités et petites annonces au journal et tarifs sur demande [email protected]

ENQUÊTELa natation est-elle télégénique ?Tentative de réponse avec Patrick Goddet,DG adjoint d’Eurosport, et ChristopheBureau, commentateur sur la chaîne sportive

WATER-POLOOù en est le polo tricolore ?Deuxième volet de notre saga sur lewater-polo français consacrée aux enjeuxet objectifs de la professionnalisation

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ÉVÉNEMENTDeuxième édition de la Nuit de l’EauLe samedi 21 mars la FFN et l’Unicef se sontde nouveau associés pour organiser la Nuitde l’Eau en faveur des enfants du Togo

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Tous les chemins mènent à Rome !

Huit mois se sont écoulés depuis les retentissants JeuxOlympiques de Pékin que la grande famille de la natationfrançaise a vécus avec fierté et bonheur. Les images desmédailles et des sourires de nos champions sont encorebien présentes dans nos mémoires. C'était un rêve, mais ilétait bien réel ! Avec les championnats de France deMontpellier, nous repartons pour une nouvelle olympiade.Les nageurs tricolores se retrouvent dans l’Hérault pour sedisputer les billets qui les mèneront vers les championnatsdu monde, organisés en juillet prochain à Rome.

Une nouvelle aventure débute donc, mais l’envie de vain-cre et de briller est restée la même. Les têtes d’affiche denotre discipline incarnent d’ailleurs à merveille cet étatd’esprit conquérant. Alain Bernard, Amaury Leveaux,Hugues Duboscq et les sprinters du relais 4x100 m nagelibre Frédérick Bousquet, Fabien Gilot, Grégory Mallet etBoris Steimetz ont entamé une nouvelle préparation avecle sérieux qui leur a permis de triompher en Chine l’étédernier. À Montpellier, nul doute qu'ils figureront de nou-veau aux avant-postes. Le suspense demeure néanmoinsentier puisque de nouveaux nageurs réservent certaine-ment des surprises. A commencer par Coralie Balmy,Camille Muffat, Clément Lefert, Alexianne Castel etOphélie-Cyrielle Etienne.

Il convient également de saluer le courage et la volontédes nageuses synchro, des plongeurs et plongeuses ainsique des poloïstes du pôle France de l’Insep. Privés de leurhistorique bassin d’entraînement depuis l’incendie du10 novembre 2008, ils poursuivent leur préparation pourles échéances internationales à venir. Nous les assuronsde notre soutien et nous agissons pour qu’ils retrouventrapidement de meilleures conditions d’entraînement.

Enfin, comment occulter le succès que vient de remporterla deuxième édition de la Nuit de l’Eau. Après une pre-mière en 2008 largement plébiscitée, la FédérationFrançaise de Natation, associée pour l’occasion à UnicefFrance, a renouvelé l’expérience. Une manière d’engagerl’ensemble de la natation française dans une noble cause,l’accès des enfants à l’eau potable, mais aussi de collabo-rer directement avec nos clubs pour répondre à votre pas-sion, notre savoir-faire : la natation !

Le président,Francis Luyce

En couverture : La Nuit de l’Eau

Ph. Agence DDPI/Franck Faugere

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L’histoire du dernierfilm de Philippe Lioret

est simple : pour impres-sionner et reconquérir safemme, Simon (VincentLindon), maître nageurà la piscine de Calais,prend le risque d'aideren secret un jeune réfu-gié kurde (Firat Ayverdi,par ailleurs poloïstedu Saint-Denis US enNationale 2) qui veuttraverser la Mancheà la nage pour gagnerl’Angleterre. Un filmauthentique qui, noncontent d’enthousiasmerles médias spécialisés,a alerté l’opinionpublique sur la situationdes émigrants qui tententchaque jour de rejoindrele royaume britanniquepour décrocher un visaet s’installer durablementen Europe. Depuis lafermeture du centred’acceuil de Sangatte,le 30 décembre 2002,des centaines demigrants errent dans lesrues de Calais en quête d’une opportunitéde départ. Un film authentique donc, et polé-mique, auquel l’ancienne nageuse MarionHans-Mesmacque a apporté sa contribution.En effet, durant les vacances scolaires d’hiver2008 puis de Pâques, la professeur d’EPS ducollège Guilleminot de Dunkerque a conseilléVincent Lindon, lors du tournage à Calais.L’aventure a débuté lorsque Philippe Lioreten personne a appelé Marion en octobre2007 pour endosser le rôle de doubluredu nageur kurde pour les scènes en mer.Un appel qui ne doit rien au hasard puisquela Coudekerquoise est la première Françaiseà avoir réussi la traversée de la Mancheà la nage. Le 1er août 1994, Marion Hans-Mesmacque, 17 ans à l’époque, avait réussià gagner la plage de Sangatte après

un départ de Douvres en 9h41 (cf. photo).“Une expérience unique, assure la professeurd’EPS associée au fonctionnement duPôle espoir de Dunkerque. Vincent Lindona été très attentif aux conseils que jelui donnais. Sur la travesrée en elle-même,il m’a questionnée pendant toute unejournée ; il me regardait comme uneextra-terrestre.” Retenue pour doublerdes scènes en haute mer, Marion a égalementjoué le coach personnel de l’acteur vedette.“Au début, j’étais impressionnée et j’avaisdu mal à me situer, mais au fil des jours,j’ai été de plus en plus intégrée.” Au final,on retiendra la crédibilité de Vincent Lindonen maître-nageur en se disant que Marionn’y est pas étrangère ! �

Adrien Cadot

� Geoff Huegill rebonditGeoff Huegill, 14 médailles olym-piques et mondiales à son actif,souhaite retrouver les bassins.L’Australien avait brutalementarrêté sa carrière en février 2007avant de sombrer dans un régimealimentaire à base de bières et depizzas. C’est lorsqu’il a dépassé les130 kg qu’il a décidé de se repren-dre en main, motivé par le souve-nir de son père, décédé d’une crisecardiaque. Il souhaite désormaispouvoir affronter l’AméricainMichael Phelps et le Serbe MiloradCavic aux prochains championnatsdu monde de Rome, à conditiontoutefois de franchir les sélectionsaustraliennes.

� Nat’ course : record du mondeNikolay Skvortsov a amélioréson record du monde du 200 mpapillon en petit bassin (1’50’’53)à l’occasion des championnatsde Russie. Sa précédente marque(1’50’’60) lui avait permis de deve-nir champion d’Europe en décem-bre 2008 aux Euros de Rijeka.

� DisparitionL’ex-international de plongeon,Raymond Mulinghausen, sélec-tionné aux JO de 1948 (Londres),est décédé le 19 février à Bobigny.Né le 3 septembre 1920 à Paris,Raymond Mulinghausen demeurele plongeur français le plus titrésur la scène nationale avec 20couronnes (6 au tremplin et14 en haut-vol de 1939 à 1957).Natation Magazine et laFédération française adressentà sa famille leurs sincèrescondoléances.

� Plus vite que Phelps...Fin février, à l'occasion de la finalede la conférence Est universitaireaméricaine qui se déroulait à WestLafayette (Indiana, Etats-unis),le Français Eric Ress s'est classé2e des 200 yards dos en 1’41’’35,un chrono qui lui permet d'effacerdes tablettes 17-18 ans, le meilleurnageur de la planète : MichaelPhelps. Pour sa première annéeuniversitaire au sein de l'universitéd'Indiana, le sociétaire du CNAntibes originaire du Connecticutet fils d'un ancien internationalfrançais, se positionne plus quejamais parmi les postulants à lasuccession nationale sur la distance.

� Epinglette d’orDeux dirigeants de la natationfrançaise vont recevoir l'Epingletted'or de la FINA. Francis Luyce,président de la FFN, et MichelSalles, vice-président honorairede la FFN, seront en effet distin-gués le vendredi 24 juillet 2009à Rome lors de l'assemblée géné-rale de la FINA de la “Gold pin”pour services rendus. Ils sontles deux premiers Françaishonorés de ce grade.

MARION HANS-MESMACQUE A CONSEILLÉ VINCENT LINDON

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NATATION MAGAZINE|AVRIL 2009|N°109

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� Lucas à DunkerqueLicencié par Canet 66 natation finfévrier pour cause de verve tropverte, Philippe Lucas a finalementtrouvé refuge à Dunkerque aprèsune escale à La Rochelle débutmars. Il séjournera dans le Nordavec ses 10 nageurs jusqu’au20 avril, date du début des cham-pionnats de France de Montpellier.“La ville de Dunkerque a acceptéd’accueillir le groupe de PhilippeLucas dans l’intérêt général dela natation et dans l’intérêt desnageurs”, a déclaré Francis Luyce,président de la FFN et du clubde Dunkerque Natation.

� Pellegrini s’échauffe...Federica Pellegrini a amélioréle dimanche 8 mars son proprerecord du monde du 200 m nagelibre, lors des championnats d’Italieà Riccione. Avec un chrono de1’54’’47, celle qui fut longtempsconsidérée comme la plus granderivale de Laure Manaudou, a effacédes tablettes son 1’54’’82 réaliséaux derniers Jeux de Pékin.

� Ouvrage à l’eau…La sociologue Monique Dagnaud,qui a publié en janvier dernier unlivre consacré à Martin Hirsch(Editions de l’Aube), avait dans unpremier temps choisi de s’intéresserà Laure Manaudou, championneolympique 2004 du 400 m nagelibre, avant de jeter l’éponge.Décontenancée par les tergiversa-tions sportives et amoureusesde la nageuse, Monique Dagnauda finalement décidé de se concen-trer sur le Haut-commissaireà la Jeunesse et aux Solidaritésactives. Étonnant !

� Adlington à Lyon NatationLa Britannique Rebecca Adlington,double championne olympique des400 et 800 m nage libre, est licen-ciée depuis le 24 février au club deLyon Natation. Elle continue cepen-dant de s’entraîner en Angleterre.

� L’alchimie françaiseMais quel est donc le secret desnageurs français ? C’est ce qu’aime-rait découvrir le président de laFédération néerlandaise, Erik vanHeijningen, qui a été reçu au siègeparisien de la FFN les 5 et 6 février.Pendant deux jours, Francis Luyce,accompagné du DTN ChristianDonzé, a exposé les particularitésdu système français. Une prochainerencontre est d’ores et déjà prévueaux Pays-Bas, cette fois, avecla France et les Britanniques.

Une info, une annonce,des questionsou des remarques ?Faites-en nous part [email protected]

6|BRÈVES

Je viens de recevoir ma carte licence, une erreur sʼest malencontreusement glissée dansles informations imprimées. Comment corriger cette bévue et est-il possible de recevoir

une nouvelle carte ? Lʼobstacle est aisément contournable : adressez-vous directementà votre club, qui demandera la correction auprès de la Fédération Française de Natation.Editer une nouvelle carte nʼest pas envisageable… Toutefois, comme indiqué dans leNatation Magazine n°108 (mars 2009), vous pouvez imprimer un récépissé de votrelicence. Mode dʼemploi…

� ETAPE 1 : connectez-vous sur Internet et foncez sur le site de la Fédération Françaisede Natation. Petit rappel pour les étourdis : www.ffnatation.fr

� ETAPE 2 : cliquez sur la rubrique “Les licences/extraNat.fr”

� ETAPE 3 : tapez votre nom et votre prénom…

� ETAPE 4 : recherchez, vérifiez et imprimez, si vous le souhaitez, un récépissé de licence !En cas de litige, renseignez-vous auprès de votre club. Cʼest lui, et lui seul,qui est à même dʼentreprendre les démarches correctives auprès de la fédération.

LA RUBRIQUE DU LICENCIÉ

COMMENT CORRIGER UNE ERREUR SUR MA LICENCE ?

NATATION MAGAZINE|AVRIL 2009|N°109

Retour deflamme pourles Français

Du 18 au 20 décem-bre 2009, l’équipe

de France affrontera laGrande-Bretagne, lesEtats-Unis et la Russielors d’un match àLondres. Les Bleus,6 médailles aux derniersJeux de Pékin, grillentainsi la politesse àl’Italie, l’Australie etl’Allemagne, excusez dupeu ! Une manière designifier à Alain Bernard(photo), champion olym-pique du 100 m nagelibre que les Américainsconsidèrent comme ledeuxième meilleurnageur du monde der-rière Michael Phelps,et à la nouvelle généra-tion montante du collectifnational qu’ils occupentdésormais une place dechoix sur l’échiquier mon-dial.P

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� Changement de climatL’équipe olympique australiennea choisi Manchester comme based’entraînement avant les Jeux deLondres en 2012. La Fédérationaustralienne a signé en févrierun accord à long terme avecle conseil de la ville du nordde l’Angleterre. Dès cette année,l’équipe y préparera les Mondiauxde Rome ainsi que les Jeux duCommonwealth en 2014. Lecentre aquatique de Manchester,considéré comme un site depointe, accueille régulièrementdes compétitions mondiales.

� Coupe du monde 2009La Fédération Internationale deNatation (FINA) a annoncé lesdates des étapes de coupe dumonde de 2009 : Durban(Afrique du Sud, 17-18 octobre2009), Rio de Janeiro (Brésil,23-25 octobre 2009), Moscou(Russie, 30-31 octobre 2009),Stockholm (Suède, 3-4 novembre2009), Berlin (Allemagne,7-8 novembre 2009), Singapour(Singapour, 14-15 novembre2009).

� 5 km indoor au nordLe 1er mai 2009, Dunkerqueaccueillera la 8e édition du cham-pionnat de France du 5 kmindoor. Une escale obligatoirepour tous les prétendants à unequalification aux Mondiauxde Rome, mais aussi à toutesles épreuves internationales d’eaulibre. Les meilleurs spécialistesfrançais de la natation en milieunaturel sont donc attendusà Dunkerque début mai !

� Sullivan récupèreOpéré à une hanche le 12 janvier(sa quatrième intervention danscette région du corps), EamonSullivan, recordman du monde du100 m en 47’’05, récupère “plusvite que prévu”, selon son entraî-neur Grant Stoelwinder. Alorsqu’il pensait être désormais épar-gné par les blessures, une vieilledouleur au dos s’est réveilléedébut mars. Un classique chezl’Australien, dont la carrière estrythmée par les pépins physiques.

� JO bonifiantLe directeur exécutif duProgramme des Nations uniespour l'environnement (PNUE),Achim Steiner, a félicité la Chinele 18 février pour son respectdes engagements qu’elle avait prispour offrir des “Jeux verts”.Le Comité d’experts indépendantschargé de cette évaluation a souli-gné les efforts sur l’améliorationdes transports publics et la percéedes énergies renouvelables. “Pékinmontre que les JO peuvent êtrel'occasion d'améliorer la qualitéde vie des populations locales”,a conclu M. Steiner.

NATATION MAGAZINE|AVRIL 2009|N°109

BRÈVES|7

Il aura fallu 105 ans pourque l’erreur soit réparée !

En 1904, Francis Gaileys’adjugeait 4 médaillesaux Jeux Olympiques deSaint-Louis (Etats-Unis) sur220 yards (201 mètres),440 yards (402 mètres),880 yards (804 mètres)et “un mile nage libre”(1,6 km). Une sacrée perfor-mance, qui réjouit lesAméricains. Seulement,le 27 février dernier, auterme de recherches portantsur la nationalité desathlètes engagés dansles éditions olympiques de1900 et 1904, le Comité olympique austra-lien (AOC) s’est aperçu que Francis Gaileyn’était pas américain mais... australien.Ce qui le place en tête des sportifs natio-naux masculins. Ian Thorpe a bien décroché5 médailles olympiques, mais en deux fois :deux aux JO de Sydney en 2000 et trois àAthènes en 2004. Seule la nageuse “Aussie”

Shane Gould a fait mieux en récoltant pasmoins de 5 breloques aux JO de Munichen 1972. Avec les médailles de FrancisGailey, créditées nouvellement à l'Australie,le total des médailles pour le pays des kan-gourous aux Jeux Olympiques d'été s’élèveà 449 : 135 en or, 144 en argent et 170en bronze, selon l’AOC.

Faute avouéeest à demipardonnée

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10-11 AVRILChampionnats de nationale 2,Saint-Raphaël (Var)

11 AVRIL3e étape de la Coupe de France 2009,Bourail-Poé (Nouvelle-Calédonie)

15-20 AVRIL24e Carifta games, Savaneta (Aruba)

18 AVRIL4e étape du Grand Prix FINA marathon2009, Chiapas (Mexique)

22-26 AVRILChampionnats de France (50 mètres),qualificatifs pour les Mondiaux de Rome,Montpellier (Hérault)

22-26 AVRIL21e championnat d'Europe junior,Gloucester (Grande-Bretagne)

23-26 AVRILChampionnat de France d'été Élite Espoirs,lieu à désigner

29 AVRIL3e match de la World League messieurs2009 (FRA/SRB), Aix-en-Provence

30 AVRIL - 3 MAIGrand Prix FINA du Canada,Montréal (Canada)

1ER MAI8e championnat de France du 5 km indoor,Dunkerque (Nord)

5 MAI4e match de la World League messieurs2009 (FRA/GRE), Marseille (France)

7-10 MAI22e Meeting international de Printemps,Aix-la-Chapelle (Allemagne)

AGENDA

Natation course

Eau libre

Plongeon

Natation synchronisée

Maîtres

Water-polo

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� Nat’course : Mondiaux 2013La FINA a annoncé le 3 mars queDubaï, Hambourg et Moscouétaient candidates à l’organisationdes Mondiaux de 2013. La villeorganisatrice sera désignée le 18 juil-let pendant les Mondiaux à Rome.

� Bernard à températureSelon le baromètre JDD/SPORTLAB,rendu public le 8 mars, le championolympique du 100 m est plébiscité,parmi 20 autres sportifs, par lesFrançais. Sur la base de quatre cri-tères : notoriété, cote d'amour,cote sportive et cote people,il devance le rugbyman SébastienChabal, la cycliste Jeannie Longoet le pilote de rallye Sébastien Loeb.

� Un dos recordLa Canadienne Annamay Piersea battu le record du monde du200 m dos en petit bassin en2’17’’50, début mars à Toronto(Canada). Le précédent record(2’17’’75) était détenu parl'Australienne Leisel Jones depuisnovembre 2003 à Melbourne.

� Manaudou bankable !Expatriée aux Etats-Unis avec sonamoureux Frédérick Bousquetdepuis le mois de janvier, éloignéedes bassins pour une période indé-terminée, Laure Manaudoudemeure néanmoins une valeur sûrepour les publicitaires. Ainsi, depuisle 12 mars la championne de nata-tion vante les mérites de la marqueLPG Systems, spécialiste de la min-ceur et bien connue pour ses appa-reils de lipomassage.

� Cseh s’y remet !En pause depuis les JO, Laszlo Cseha juste fait le déplacement à l’Euroen petit bassin de Rijeka à lademande de sa Fédération pourpromouvoir l’image de la Hongrie, a repris l’entraînement en janvier.Le Hongrois, triple médaillé d’ar-gent de Pékin (200 m papillon,200 et 400 m 4 nages), accuseraittoujours un surpoids de 4 kilospar rapport à son poids de formede 82 kg.

� Steffen vise l’or mondialAuteur d’un automne tranquille,un entraînement par jour pourse concentrer sur ses études,l’Allemande Britta Steffen a hausséle rythme début janvier. En 2009,la championne olympique des 50et 100 m nage libre a clairementannoncé la couleur : “Mon objectifcette année est simple : rapporterun titre mondial de Rome”.

� Record d’EuropeFin févier, l’Autrichienne Mirna Jukica battu le record d'Europe du200 m brasse en 2’22’’91 lorsde ses championnats nationauxà Vienne. Jukic, vice-championned'Europe 2008 de la distance,a raboté l’ancienne référence,détenue depuis le 15 août 2008par la Norvégienne SaraNordenstam, de 11 centièmes.

8|BRÈVES

NATATION MAGAZINE|AVRIL 2009|N°109

� PÉTARD MOUILLÉ...

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Photographié lors d’une fête universitaire fin2008 en train de consommer de la mari-

juana, Michael Phelps ne sera finalement paspoursuivi par la justice américaine. Bien que lapublication du cliché dans le tabloïd britanniqueNews of the World ait défrayé la chronique,la police américaine a déclaré manquer d’élé-

ments pour entamer des poursuites. Début mars,la Fédération américaine a tout de même sus-pendu le nageur pour 3 mois. Phelps reviendraà la compétition à l'occasion du meeting deCharlotte (Caroline du Nord) qui se tiendradu 14 au 17 mai.

NATATION MAGAZINE|AVRIL 2009|N°109

A LIRE|9

“BOUGEZ, MANGEZ... MAIGRISSEZ ! Mode dʼemploi pour mincir et rester mincesans régime”, Laurent Philippe, avec la collaboration du Dr Stéphane Cascua,Editions Amphora Sports, 244 pages, 14,70€.

Il ne s’agit pas d’un nouvel ouvrage vous proposant un régime miracle ! L’expériencemontre que la plupart des concepts qui reposent sur des privations entraînant descarences nutritionnelles, donnent des résultats très souvent aléatoires et provisoires.La difficulté n’est pas de maigrir, mais de revenir et de rester à votre poids de forme.Pour cela, cet ouvrage vous propose une méthode accessible qui repose sur une véritésimple : votre prise de poids dépend du rapport entre votre dépense énergétiqueet le nombre de calories absorbées (www.ed-amphora.fr).

“Alimentation pour le sportif. De la santé à la performance”,Dr Stéphane Cascua et Véronique Rousseau,

Editions Amphora Sports, 286 pages, 22,80 €.

L’objectif des auteurs est, tout en s’appuyant sur des informations rigou-reuses et scientifiques, de fournir des explications claires et accessibles.

Au lieu de partir des nutriments (glucides, protides, lipides...) invisiblesdans l’assiette, ils préfèrent mettre en avant les aliments qui composent

concrètement les repas de chacun. En fin de chaque chapitre, un récapitu-latif permet de trouver facilement les caractéristiques nutritionnelles de ces

différentes catégories d’aliments. Les auteurs proposent également desmenus types adaptés à chaque discipline sportive (www.ed-amphora.fr).

“Natation. La traversée de Vichy : 1925-1966”, Richard Alix,Editions Musée de la Natation, 103 pages.

La traversée de Vichy à la nage se dispute tous les ans, le 14 juillet, depuis 1925.C’est l’événement pour les nageurs Auvergnats, mais l’épreuve séduit aussi des athlètes

venus des quatre coins de la France. Au travers de cet ouvrage, Richard Alix vous propose deplonger avec ces amateurs de course en milieu naturel dans le cours de l’Allier, une rivière

magnifique avec, à proximité, les parcs de la station thermale de Vichy.

“Sport, communication et pédagogie. La PNL au service dʼun coaching efficace”,Antoni Girod, Editions Amphora Sports, 160 pages, 19 €.

Le succès d’un apprentissage dépend de la qualité de la relation humaine qui s’établit entrel’entraîneur et l’entraîné. L’objectif de l’auteur est de donner aux éducateurs sportifs despistes de réflexion sur la communication à visée pédagogique, de rappeler les “recettes”qui fonctionnent en y ajoutant de nouveaux outils efficaces et proches de la réalité du ter-rain. Pour cela, il élabore une méthodologie, structure l’approche pédagogique et relation-nelle en s’appuyant sur l’une des méthodes modernes de communication les plus recon-nues : la PNL (www.ed-amphora.fr).

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10|ACTU

NATATION MAGAZINE|AVRIL 2009|N°109

Therese Alshammar est la première victimede la nouvelle réglementation de la FINAsur les combinaisons. A Sydney, le 17 mars,la Suédoise portait deux “combines” lorsde son record du monde du 50 m papillon.La Fédération australienne a purementet simplement annulé son chrono !

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LES COMBINAISONS|11

NATATION MAGAZINE|AVRIL 2009|N°109

Le vendredi 20 février dernier, en pré-sence de Lionel Horter pour la France,entraîneurs, nageurs et équipementiersétaient réunis à Lausanne (Suisse), à

l’appel de la Fédération Internationale deNatation, afin de clarifier la réglementation etles conditions d'utilisation des combinaisons.En 2008, ces deuxièmes peaux ont permisd’améliorer 108 records du monde. Entermes de communication, les “combis” ontsans conteste contribué à l’explosion média-tique de la natation. A titre d’exemple, la céré-monie d’ouverture des Jeux Olympiques dePékin et la finale du 100 m nage libre mascu-lin constituent les deux records d’audiencemondiale du mois d’août 2008. Autant direque la victoire d’Alain Bernard dans l’épreuvereine n’est pas passée inaperçue, au mêmetitre que son équipementier ! Toutefois, lagrogne et le mécontente-ment n’ont jamais cesséd’animer une partie desnageurs et entraîneurs. Endécembre 2008, ungroupe de 15 équipesnationales, dont la France,engagées aux championnats d’Europe deRijeka (Croatie) en petit bassin a signé une let-tre de protestation réclamant l’élaboration derègles précises pour définir les normes d’utili-sation et de fabrication des combinaisons.Certains opposants n’avaient d’ailleurs pasmanqué de qualifier ces deuxièmes peaux de“dopage technologique”, regrettant que lesperformances des nageurs soient systémati-quement associées aux “combis”.Depuis le samedi 14 mars, La FINA sembleavoir trouvé une parade, une combine miraclepour sortir de l’impasse. A l'issue d'une réu-nion de trois jours à Dubaï, le bureau de laFINA a approuvé les amendements proposésle 20 février dernier à Lausanne. La nouvelleréglementation, qui sera en vigueur dès lesprochains championnats du monde de Rome,stipule que les combinaisons ne devront pluscouvrir le cou et qu'elles s’arrêteront désor-mais avant les épaules et les chevilles.L'épaisseur du matériau sera également limi-tée à un millimètre. Selon le nouveau règle-ment, les combinaisons devront épouser laforme du corps, sans permettre d'emmagasi-ner de l'air. Par ailleurs, les “combis” ne pour-ront plus être personnalisées et la flottabilité

ne devra pas excéder le seuil d'un newton. Lecontrôle et les essais des combinaisons sontenfin confiés à deux organismes suisses :l'Institut fédéral de technologie et leLaboratoire des technologies des polymèreset des composites.Le bureau de la FINA a aussi ajouté d'autresamendements applicables au 1er janvier2010. Ils concernent notamment la définitionde la perméabilité du tissu utilisé dans lafabrication des combinaisons. Les matériauxnon-perméables (type néoprène) ne peuventpas constituer plus de 50 % du vêtement etdoivent être distincts. D’autre part, toute nou-velle homologation d'une combinaison utiliséeà partir du 1er janvier 2010 devra être faiteavant le 1er novembre 2009. Pour les annéessuivantes, toute nouvelle homologation devrase faire avant le 1er août et le produit devra

être disponible six moisavant les grands rendez-vous internationaux.Pour finir, la FédérationInternationale deNatation a interdit auxnageurs de revêtir plus

d'une combinaison. Par le passé, certainsathlètes n’avaient pas hésité à endosser plu-sieurs “combis” pour gagner en flottabilité etréduire les frottements. Une décision qui adéjà fait sa première victime puisque le recorddu monde du 50 m papillon féminin, établi le17 mars aux championnats australiens àSydney par la Suédoise Therese Alshammar, aété annulé en raison du port de deux combi-naisons par la nageuse. Certaines nageusesont d’ores et déjà fait part de leurs inquié-tudes arguant du fait que la superposition descombinaisons était liée aussi à une certaineforme de pudeur face aux objectifs des photo-graphes en quête de clichés “people”. Desentraîneurs ont également fait part de leursinterrogations sur les records du monde éta-blis en 2008 avec les combinaisons miracles.Pas moins de 108 références mondiales ontété battues l’an passé et la nouvelle régle-mentation décidée par la FINA devrait sérieu-sement réduire le spectacle. Temporairementen tout cas puisque si les débuts d’olym-piades sont régulièrement propices à l’ajuste-ment de règles et de garde-fous, les JeuxOlympiques sont toujours accompagnés debouleversements technologiques et d’avan-

cées techniques. Les trois dernières éditionsde Sydney (2000), d’Athènes (2004) et plusrécemment de Pékin (2008) le démontrentavec la polémique des “combis” et le grandchambardement des tablettes internatio-nales. �

Adrien Cadot

Pas de “combine” miracleLa Fédération Internationale de Natation (FINA) a adopté le14 mars de nouvelles règles sur la fabrication et les conditionsd'utilisation des combinaisons en compétition. Un an aprèsleur intronisation au plus haut niveau et une polémiqueà rebondissement, les “combis” rentrent dans le rang.

� Les plots : départ retardéLes nouveaux plots équipés d'une butéeà l'arrière ne seront pas présents au bord desbassins lors des Mondiaux de Rome (26 juil-let-2 août). La FINA en a décidé ainsi le14 mars, préférant reporter l'installationde ces plots par souci d'équité alors quetoutes les fédérations n'ont pu se les procurer.La FINA avait déjà renoncé à leur utilisationlors des Jeux Olympiques de Pékin pour desraisons similaires. Introduits pour la premièrefois lors d'une étape de coupe du monde enpetit bassin à Stockholm (Suède) en novem-bre 2008, ces nouveaux plots ont suscité undébut de polémique qui faisait suite au débatportant sur les combinaisons. La butée arrièrepermet, en effet, de prendre davantagede vitesse lors de l’entrée dans l’eau, cequi entraîne de meilleures performances.Néanmoins, si les nageurs anglo-saxonss’entraînent dessus depuis un an et demi,les Français notamment, et plusieurs nationsphares de la natation mondiale ont dûpatienter jusqu’au mois de janvier 2009pour en acquérir.

� Rome 2009Outre la réglementation sur les combinaisonset le report des plots de départ équipésd’une butée, la FINA a annoncé le 14 marsque les séries des championnats du mondede Rome se disputeront sur 10 lignes d’eauafin de gagner du temps sur le programmede la compétition. En revanche, pas de chan-gement pour les demi-finales et les finalesqui restent fidèles aux traditionnels 8 cou-loirs. La Fédération internationale a égale-ment imposé pour Rome la mise en placede deux chambres d’appel : une pour vérifierles combinaisons et une seconde, classique,pour regrouper les nageurs avant le départ.Il en sera de même aux championnats deFrance de Montpellier, du mercredi 22au dimanche 26 avril 2009.

E n 2008, les “combis”ont permis dʼaméliorer108 records du monde.

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NATATION MAGAZINE|AVRIL 2009|N°109

12|ACTU

Depuis Auburn (Etats-Unis), où elle s’estinstallée en janvier 2009, LaureManaudou a certainement apprécié àsa juste valeur la performance de

l’Anglaise Joanne Jackson. Les deux demoi-selles ont le même âge, 22 ans, mais l’une adéjà tout conquis et cherche désormais àdécompresser alors que la seconde est à3l’aube d’une carrière prometteuse.A l’image du 16 mars dernier, où la Britanniquea véritablement explosé en pleine lumière. Lorsdes championnats de Grande-Bretagne, àSheffield (qualificatifs pour les Mondiaux ita-liens), la médaillée de bronze du 400 m nagelibre aux JO de Pékin, s’est emparée du recorddu monde de la spécialité en 4’00’’66. LaBritannique rabote ainsi de près d'une secondel’ancienne référence mondiale de FedericaPellegrini (4’01’’53). L’Italienne a également étédevancée par la championne olympique en titrede la distance, Rebecca Adlington, qui signe4’00’’89. “L’an passé, aux Jeux de Pékin, onattendait Joane Jackson sur la plus hautemarche du podium, rappelle Patrick Deleaval,adjoint au DTN en charge de la natation course.Finalement, c’est Adlington qui s’était imposéeen 4’03’’22. Beaucoup de spécialistes s’atten-daient également à ce que la barre mythiquedes 4 minutes soit franchie en Chine. Lecontexte olympique est cependant particulier !”Quatre ans durant, de 2004 à 2008, Laure

Manaudou a dominé le 400 m nage libre de latête et des épaules. Une invincibilité agrémen-tée de moults titres internationaux et de deuxrecords du monde (4’03’’03 en mai 2006 àTours puis 4’02’’13 en août 2006 à Budapest),qui vont paradoxalement permettre à ses adver-saires de se décomplexer. “Depuis que Laure aouvert des brèches, la discipline n’a plus rien àvoir, acquiesce Patrick Deleaval. Le 400 m nagelibre est l’épreuve féminine qui a le plus pro-gressé ces dernières saisons. Laure a montré lavoie et les autres filles se sont engouffrées dansson sillage.” Il y a désormais fort à parier que labarrière des quatre minutes passera de vie àtrépas lors des prochains championnats dumonde de Rome, douze ans après laCostaricaine Claudia Poll qui franchissait lesquatre minutes sur 400 m aux Mondiaux deGöteborg en petit bassin (1997).Cet été, en Italie, la concurrence sera acharnée.Les Britanniques Jackson et Adlington se sontd’ores et déjà positionnées pour coiffer les lau-riers de la victoire, mais il faudra égalementcompter avec l’Italienne Pellegrini, qui évolueradevant son public, l’Australienne Baratt,l’Américaine Hoff, la Roumaine Potec et laFrançaise Coralie Balmy. Fin février, à l’occasiondu Meeting International de Saint-Raphaël, laToulousaine a enchaîné avec maîtrise trois vic-toires en trois jours sur 800 m, 200 m et 400 mnage libre, une distance sur laquelle elle est

vice-championne d'Europe 2008. Bien qu’elleait signé le quatrième chrono de sa carrière sur400 m (4’05’’36), Balmy émarge encore à plusde quatre secondes du nouveau record dumonde de Jackson. “On peut espérer que ça luidonne encore plus faim et qu'elle nage encoreplus vite aux championnats de France deMontpellier dans l'optique de s’illustrer auxMondiaux”, s'est projeté son entraîneur FrédéricBarale. En attendant, le duel à distance conti-nue ! �

Adrien Cadot

Coup de tonnerre à Sheffield

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Rebeca Adlington etsa compatriote JoaneJackson ont enlevé lʼor etle bronze du 400 m nagelibre aux Jeux de Pékin.

� Miley efface KlochkovaHannah Miley a profité des championnatsde Grande-Bretagne pour effacer le recordd'Europe du 200 m 4 nages en 2’09’’59 le17 mars à Sheffield. Elle améliore de près d'uneseconde l'ancienne marque de l'UkrainienneYana Klochkova (2’10’’68) établie en 2000à Sydney. A 19 ans, la Britannique détient déjàle record d'Europe du 400 m 4 nages, une dis-tance sur laquelle elle s'est classée 6e aux JO dePékin. “Après les Jeux, j'ai pris seulement deuxsemaines de vacances et je voulais retournerà la piscine et devenir plus grande, plus rapideet plus forte”, a déclaré Miley.

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NATATION MAGAZINE|AVRIL 2009|N°109

ACTU|15

Esther, quel regard portez-vous sur votre 200 mdos de Saint-Raphaël ?J’ai fait 2’19 en séries, c’était vraiment horrible.J’ai cru que j’allais de nouveau faire ce chrono enfinale, mais j’ai réussi à accélérer. Au final, jesigne mon meilleur temps de la saison : 2’14. Jesuis contente, même si je savais que j’avais cechrono dans les jambes. Petit-à-petit je retrouvemon niveau. Dans la tête tout n’est pas encoreparfait, mais après cinq mois d’interruption cen’est pas évident. En plus, j’ai pris du poids, cequi complique mon retour à la compétition. Jeretiens surtout la belle bataille qu’il a fallu menerpour figurer sur le podium. La concurrence megalvanise et elle va me permettre de revenirencore plus forte.

Justement, comment jugez-vous cette concur-rence ? En votre absence, Alexianne Castel etAlexandra Putra se sont portées aux avant-postes.C’est marrant parce que la nouvelle générationde filles est de plus en plus arrogante… Je ne dispas qu’elles ne sont pas gentilles, mais ellessavent vraiment où elles vont et cela leur permet

d’être fortes dans l’eau. C’est un trait de carac-tère que je n’avais pas à leur âge ; j’étais troptendre.

Dans quel état d’esprit avez-vous abordé le mee-ting de Saint-Raphaël ?Depuis que je suis à Marseille (septembre 2008,Ndlr), les entraîneurs m’en font voir de toutes lescouleurs. Ils me font faire des pompes, desabdos, du footing… Honnêtement, c’est très dur,mais cela correspond à mon objectif : revenir auplus haut niveau. Il faut en passer par là, commeil fallait que je sois à Saint-Raphaël. Je fais ceque les coachs me demandent en me disant quecela va bien finir par payer !

Est-ce que vous pensez aux championnats dumonde de Rome ?Pour se qualifier aux Mondiaux il faudra nager en2’08... Alexianne (Castel) et Alexandra (Putra)ont ce temps dans les jambes. Laure(Manaudou) ne sera pas là, c’est toujours ça demoins (rires)… Je ne suis pas la favorite, maistous les jours à l’entraînement je progresse unpeu. On verra à Montpellier, mais penser à Romeme semble peut-être un peu prématuré. Pourl’instant, je profite, je retrouve le plaisir de nager.

Vous semblez néanmoins sereine.Je suis contente de mon 200 m dos de Saint-Raphaël. Après les séries je n’étais pas fière demoi, mais réaliser 2’14 à moins de deux moisdes championnats de France c’est encoura-geant. Vous savez, la natation est un sportingrat. Lorsque tu arrêtes de t’entraîner 15 jours

tu ressembles à une patate dans l’eau alors ima-ginez le résultat après 5 mois de coupure (rires).

Est-ce que vous pensez souvent à votre titrecontinental de 2006 sur 200 m dos ?Ça m’arrive… Je me dis souvent que je seraistoujours la championne d’Europe 2006 du200 m dos. Ce titre, on ne me l’enlèvera jamais.

Avez-vous des nouvelles de votre copine LaureManaudou ?A chaque fois que je fais un bon temps, elle metéléphone et me dis : “C’est trop bien ma dou-dou, je suis contente de toi”. Elle se sent bien àAuburn (Etats-Unis, Ndlr), ça me fait plaisir queça aille mieux pour elle.

Et comment réagissez-vous lorsque vous voyezPhilippe Lucas (son ancien entraîneur à Canet,Ndlr) s’installer provisoirement à La Rochelleavant de gagner Dunkerque ?J’ai connu cette situation quand j’étais à Melunavec lui. Un jour il nous a annoncé que nous par-tions pour Canet-en-Roussillon. C’est difficilepour les nageurs car Philippe est un “centred’activité”. Il anticipe, se projette en perma-nence… Il est comme ça, on ne pourra pas lechanger ! A la fin, c’est fatiguant, mais en tantque nageuse le lien affectif est fort. Tous sesathlètes ont envie de le suivre au bout du mondecar il fait voir les étoiles. �

Recueilli par Adrien Cadot

Début mars, à l’occasion duMeeting International de Saint-Raphaël, Esther Baron a renouéavec la compétition après 5 moisd’indisponibilité en raison d’unetendinite à l’aine.

Esther Baron :“Rome, cʼest prématuré”

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� ANTIBES, SAMEDI 21 MARS...Alain Bernard, championolympique du 100 m nagelibre, prend la pause au milieudes jeunes antibois venusgoûter aux plaisirs aquatiquesle temps dʼune nocturne !(Ph. Agence DPPI/F. Faugere)

NATATION MAGAZINE|AVRIL 2009|N°109

La Nuit de l’Eau|17

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18|ÉVÉNEMENT

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La Nuit de l’Eau|19

� DUNKERQUE, SAMEDI 21 MARS...De retour en France après son ins-tallation aux Etats-Unis, LaureManaudou a pu constater quesa notoriété nʼavait pas souffertde son exil ! Dans le Nord, la cham-pionne olympique 2004 a non seu-lement croisé Francis Luyce, prési-dent de la FFN, mais aussi PhilippeLucas, lʼentraîneur de ses plusgrandes victoires.(Ph. Agence DPPI/G. Lenormand)

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NATATION MAGAZINE|AVRIL 2009|N°109

Parmi les nombreuses actions de l’Unicefenvers la protection des enfants, en quoi le pro-blème de l’eau est-il essentiel ?Parmi nos missions, la survie de l’enfant estnotre priorité. Or la question de l’eau est essen-tielle dans notre lutte contre la mortalité infan-tile : elle fait partie du cœur de nos actionsparce que la qualité de l’eau pour un enfant estaussi importante qu’un vaccin.

Quelles sont les conséquences du manqued’eau et de sa mauvaise qualité ? L’absence d’eau ou sa mauvaise qualité est à labase d’une chaîne destructrice. D’abord, elleest la cause de nombreuses infections, commeles maladies diarrhéiques qui, par déshydrata-tion, provoque la mort. De plus, quand l’eaun’est pas présente, ce sont souvent les petitesfilles qui effectuent plusieurs heures de marchepour la corvée d’eau. C’est non seulement diffi-cile physiquement, mais aussi très dangereux,car elles sont souvent victimes d’agressions.

Cette tâche les prive également de la possibilitéd’aller à l’école. Elles ne recevront pas alors uncertain nombre d’enseignements nécessairespour leur vie d’adulte, comme les règles d’hy-giène qui leur permettront de ne pas contracterde maladies ou ne pas les transmettre à leursenfants. Les filles éduquées seront égalementplus préservées des mariages précoces. L’accèsà l’eau à l’école, c’est aussi des familles pluspromptes à y envoyer leurs enfants.

La première édition de la Nuit de l’Eau a étéinaugurée en mars 2008. Un an après, quelleimpression conservez-vous ?J’ai été très impressionné par l’investissementdes villes et des clubs. Par le fait également qu’ily ait eu un attachement très fort d’athlètes dehaut niveau tels que Christine Caron, que j’ai purencontrer en 2008 à la piscine du LagardèreParis Racing, ou de personnalités politiquescomme Rachida Dati.

Pour vous, que représente la Nuit de l’Eau ?Je trouve le concept très fort. Il allie un bien élé-mentaire, l’eau, dont on a vu toutes les vertus,avec le sport, qui véhicule des valeurs de santé,de solidarité. Pour la Fédération Française deNatation, cet évènement est l’occasion deconvier les familles autour de l’élément aqua-tique, montrer la natation et les sports d’eausous un autre angle que la compétition. Pourl’Unicef, cela permet de sensibiliser à l’eau, auxgestes pour la préserver, mieux l’utiliser, ne pasla gaspiller, dans une ambiance ludique, uncontexte familial proche de nos valeurs. De plus,ce type de partenariat sportif nous permet de

pouvoir développer chez les jeunes un esprit desolidarité internationale, car le sport, avec lamusique, est un de leurs centres d’intérêtmajeur. On donne du sens à un sport, à des acti-vités de loisirs, c’est l’occasion de rappeler l’im-portance de l’eau.

Et pourrait-on envisager qu’un jour, la Nuit del’Eau devienne un évènement international ?Bien sûr le concept est lié à la présence de fédé-rations nationales de natation, et d’équipe-ments sportifs. Mais il est tellement simple queje ne vois aucune difficulté à ce qu’il devienneune opération mondiale. �

Recueilli par Laure Dansart

Pour la deuxième année consécu-tive, l’Unicef et la FFN se sontassociées pour organiser la Nuitde l’Eau. Jacques Hinzty, Présidentd’Unicef France (Fonds desNations unies pour l'enfance)a accepté de nous faire part desmotivations de la filière françaisede l’organisation mondiale pourparticiper à cette aventure.

Jacques Hintzy : “Apprendre à préserver lʼeau”

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Créée en 1946, lʼUnicef est une agence delʼONU dédiée à la protection de lʼenfance

dans le monde. Le Comité français pourl'UNICEF est une association à but non lucra-tif, régie par la loi de 1901 et reconnue d'uti-lité publique. Elle dialogue avec les pouvoirspublics, des ONG et des institutions interna-tionales. Elle a pour missions dʼinformerle public français sur les problèmes desenfants dans les pays en développement,de contribuer, par la collecte de fonds,à lʼaccroissement des ressources de lʼUNICEFinternational (41 millions dʼeuros reversésà lʼorganisation en 2007), et de veiller àlʼapplication de la Convention internatio-nale des droits de lʼenfant en France. Sonrôle est dʼassurer à chaque enfant santé,éducation, égalité et protection.

20|ÉVÉNEMENT

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La Nuit de l’Eau|21

On a beau nous le rabâcher tous lesjours, à la télévision, à la radio et dansnos journaux et magazines, le constatfait toujours aussi froid dans le dos.

Chaque jour, des milliers d’enfants meurent demaladies diarrhéiques, et ils sont encore plusnombreux, près de 400 millions, a connaîtredes difficultés d’apprentissage, en raison d'in-fections parasitaires intestinales. Le manqued’eau salubre et de moyens d’assainissementest devenu la première cause de maladie dansle monde.Pour lutter contre ce fléau, la FFN a proposé àl’Unicef de s’associer afin de sensibiliser lepublic au problème de l’eau et promouvoir lasolidarité envers les enfants des pays en voiede développement. A cette occasion les deuxpartenaires ont lancé le concept de la Nuit del’Eau, le 1er mars 2008, dans une ambianceludique et festive. La première édition a étéinaugurée dans toute la France. “C’est l’occa-sion d’apprécier l’élément aquatique et sesbienfaits tout en ayant conscience qu’il est uneressource rare à laquelle il faut faire attentiontous les jours !”, souligne David Rouger, respon-sable marketing et communication à la FFN.Plus de 2 200 bénévoles se sont mobilisés pourassurer le succès de cette première édition.91 clubs de la fédération française inscrits sur85 sites ont accueillis près de 19 000 partici-pants. Christine Chevalier s’ensouvient bien : “Pour cette pre-mière, qui suscitait forcémentbeaucoup d’espoirs, nous comp-tions bien évidemment sur l’enga-gement des clubs affiliés à laFédération, se souvient ChristineChevalier. Nous avons été trèsheureux et satisfaits de constaterun engouement massif autour del’évènement et des animationsproposées. Ce lancement a étéun véritable succès.”Les dons collectés ont été euxaussi à la hauteur des attentes :40 544 euros ont ainsi pu servir àl’amélioration des approvisionne-ments en eau, des installationssanitaires des écoles et collectivi-tés et aux programmes d’éduca-tion et hygiène.A cette occasion, des familles,mais aussi des nageurs tels LaureManaudou, Malia Metella, CoralieBalmy ou Amaury Leveaux, des athlètes de toushorizons, et des élus de la République ont parti-cipé à l’événement avec ferveur et enthou-siasme. Cette année, l’Unicef et la Fédérationfrançaise ont réussi à faire mieux. 175 sites ontrépondu à l’appel proposant à plus de35 000 visiteurs de s’initier aux joies des bas-

sins autour d’activités aussi diverses et variéesque le water-polo, les démonstrations de nata-tion synchronisée, l’aquagym, les baptêmes deplongées, le sauvetage aquatique… mais aussihors de l’eau avec des stands de tatouagesaquatiques, des tombolas, des rencontres, desséances de dédicaces et de nombreux rendez-

vous ludiques et familiaux… Au total, plus de85 000 euros ont pu ainsi être récoltés sur l’en-semble des stands Unicef au profit du pro-gramme Wash (Water, Sanitation and Hygiene),destiné à approvisionner en eau potable lesécoles du Togo, où près d’un tiers de la popula-tion n’a toujours pas accès à l’eau potable(cf encadré). Une fois encore, la solidarité et laconvivialité étaient au rendez-vous. Une foisencore, la FFN et l’Unicef ont atteint leur objec-tif : mobiliser la France autour d’activités aqua-tiques destinées à une juste cause. �

Laure Dansart

Une deuxièmeédition pourle Togo

LA SITUATION AU TOGO

Les dons récoltés au cours de la Nuit de l’Eau

2009 sont destinés aux enfants du Togo.

� 6,5 millions d’habitants, dont 50 %

a moins de 18 ans.

� 69,9 % de la population vit en dessous

du seuil de pauvreté.

� 39 % n’a pas accès à l’eau potable.

� Un quart de la population doit marcher plus

de 30 minutes pour avoir accès à l’eau potable.

� 52 % des enfants sont scolarisés en

primaire (chiffres : Unicef).

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22|REPORTAGE

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Il est 19 h30 à la piscine Keller… Dans l’en-trée, les bénévoles de l’Unicef attendentavec impatience les premiers arrivants. Al’intérieur, on s’affaire : organisation des

bassins, des nageurs et des équipes venuesspécialement pour cette Nuit de l’Eau. Assisesur un banc avec son petit sac rouge, Corinneest en avance. “Bonjour, vous allez nager ?”me demande-t-elle, tout sourire. Je luiréponds que j’aimerais volontiers, mais quece soir, je ne vais pas pouvoir mettre le moin-dre orteil dans l’eau. “C’est bien dommage,moi j’ai traversé tout Paris pour venir ici !”. LaNuit de l’Eau, cette quadragénaire dynamiqueconnaît : la première édition lui avait plu,alors elle renfile le maillot cette année. C’estl’occasion pour elle de s’essayer à de nou-velles activités, tout en se montrant solidaire.Elle feuillette au passage les brochures del’Unicef et introduit dans l’urne de dons uneenveloppe préparée à l’avance pour l’occa-sion. 20 h : il est temps d’aller se changerpour Corinne. “On se retrouve là-bas !”. Seretrouver, c’est vite dit. 20 h 30, la piscinecommence à être bien remplie. Assis sur lesgradins au bord du bassin, des enfants regar-dent avec de grands yeux des jambes qui vire-

voltent au-dessus de l’eau. “Waouh, tropfort”, s’exclame Pauline, 10 ans, fascinée parles nageuses synchro du Stade Français.Dans le bassin d’à côté, on danse aussi, maisd’une manière plus saccadée. Une vingtainede personnes essayent de suivre tant bienque mal le rythme du beau jeune coachd’aquafitness au bord de la piscine, qui sedéhanche et sautille sur une musique endia-blée. Ce cours rencontre un vif succès, aupoint que les animateurs doivent se relayerplusieurs fois pour satisfaire à l’énergie inta-rissable que déploient aussi bien les grands-mères que quelques jeunes éphèbes venusmouiller, que dis-je, tremper le maillot.Certains, moins courageux, se sont regroupéspour admirer les nageurs du Lagardère ParisRacing prendre le départ d’un enchaînementde confrontations. Les athlètes se relaient surle plot, pour le plus grand bonheur des spec-tateurs, apparemment peu enclins à vouloirse mesurer au défi. A cette heure, la piscineressemble à une petite ruche, où jeunes etmoins jeunes questionnent, s’amusent, plon-gent, sautent... Pris en charge par le person-nel de Keller, les enfants profitent de leurliberté et s’entrainent à la nage monopalme,

en présence de champions de la disciplinetels que le russe Andrey Burakov. Au bord dugrand bassin, des adultes s’activent autourd’un corps inerte en plastique. Bouche àbouche, massage cardiaque… “Il est sauvé !”,s’exclame le secouriste. Michel est content. Ilavait toujours rêvé d’apprendre les gestes quisauvent, mais n’en avait jamais eu l’occasion.L’atelier de sauvetage et secourisme ne dés-emplit pas. J’y reste un moment, histoire deme remémorer les bons gestes (ça peut tou-jours servir !) et me retourne. Elle se recule :palmée et masquée, une hockeyeuse duHope (Hockey Paris Subaquatique) s’apprêteà rejoindre ses collègues du subaquatique,pour un match de démonstration. Je retrouveCorinne, qui sort d’une heure non stopd’aquafitness. Epuisée, mais heureuse. Elles’apprête à assister aux baptêmes de plon-gée. Ensuite ? “Je crois que je vais participeravec délectation à la séance de relaxation à23 heures”. Je rêve aussi d’aller faire trem-pette, mais il me faut rentrer. Je quitte la pis-cine en me promettant de revenir l’année pro-chaine, mais en maillot cette fois-ci ! �

Laure Dansart

Voyage au bout de la nuit...

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24|COULISSES

NATATION MAGAZINE|AVRIL 2009|N°109

Ralph Ritter, secrétaire du club alsacien,a compris depuis longtemps l’intérêtque la Nuit de l’Eau pouvait présenterpour le SR Colmar. Dès 2008, alors

même que l’événement n’en est qu’à ses balbu-tiements, l’Alsacien prend la mesure de cettepremière : “D’emblée, ça m’a semblé intéres-sant. Immédiatement, on a voulu participer àcette grande fête. Pas seulement pour le club,mais aussi pour la ville. Certains clubs n’ont paspris ça au sérieux, mais nous, à Colmar, on s’estlancés à fond dans l’aventure. Je savais que laNuit de l’Eau serait bien accueillie par nosjeunes et leurs familles. Je savais aussi que l’im-pact sur l’image du club serait bon.” Et le moinsque l’on puisse dire, c’est que le Colmarien a eule nez creux ! “Apprendre que l’on est le premierclub au classement national des dons récoltéspour l’Unicef est déjà en soi une fierté, mais cen’est pas tout car le podium de la première édi-tion de la Nuit de l’Eau a été également projetéà l’Assemblée Générale de la fédération fran-çaise en novembre 2008. C’était aussi très gra-tifiant pour les bénévoles, la mairie de Colmarqui nous a beaucoup soutenu, la ville et seshabitants.”

Pourtant, le pari était loin d’être évident à rele-ver. “L’année dernière, nous avions eu peu detemps pour nous préparer, se souvient le diri-geant alsacien. Nous avions été prévenupresque au dernier moment, quatre semainesavant la soirée.” Un délai réduit, que RalphRitter a parfaitement mis à profit. “A partir dumoment où le club s’est engagé sur la Nuit del’Eau, il fallait proposer une organisation rigou-reuse. Tout le monde a remonté ses manches eton s’est mis au boulot !” Une énergie rare qui apermis de séduire la bagatelle de 400 visiteurs.“C’est un beau score, reconnaît Ralph Ritter, onne s’y attendait pas et j’ai même eu un peu peurcar la piscine Aqualia ne peut pas accueillir plusde 800 personnes. Or, je voyais les gens arriversans arrêt…” Finalement, plus de peur que demal puisque le bassin de Colmar n’a pasdébordé en 2008, ni en 2009 bien qu’ils étaientencore plus nombreux à répondre présent le21 mars dernier. “On s’attendait à ce que laseconde édition attire plus de monde que lapremière, nuance le secrétaire du SR Colmar.Les gens apprécient les animations aquatiques.Ils viennent en famille, avec des amis, et seretrouvent dans un contexte particulier : la nuit,

Le samedi 21 mars,le club des SportsRéunis de Colmara remis son titre en jeu.Sacrée première struc-ture nationale au classe-ment des dons en 2008,avec 1 800 euros récol-tés, le SR Colmar aaccueilli la 2e éditionde la Nuit de l’Eauà la piscine Aqualiaavec le secret espoirde conserver sa main-mise sur un événementorganisé conjointementpar la FFN et l’Unicef.

Colmar a tous les dons

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La Nuit de l’Eau|25dans une piscine…” Et pour la bonne cause quiplus est : “Cette année, les visiteurs et l’équiped’organisation étaient de nouveau motivés parl’enjeu, concède le Colmarien. C’est bien que laFédération et l’Unicef se soient associés pourrécolter des fonds pour que tous les enfantsaient accès à l’eau potable.” Dans cette pers-pective, la mairie de Colmar a, une nouvelle fois,assuré la gratuité de l’équipement Aqualia, invi-tant simplement les visiteurs à déposer leursdons dans deux urnes placées à l’entrée de lapiscine. “La municipalité a joué le jeu, notam-ment en mettant à la disposition du public 2caissières chargées d’orienter le public vers lesurnes Unicef, confirme le secrétaire du SRColmar. Quant aux visiteurs, ils ont égalementrespecté le fil rouge de la soirée en se montrantgénéreux ! Nous n’avons pas réalisé de son-dage, mais on constate que le public n’hésitepas à faire des dons s’il passe un bon moment.La Nuit de l’Eau leur permet de vivre une soiréeludique, ça ne m’étonne pas qu’il fasse ensuitedes dons pour l’Unicef.”

Quant au club, il a reconduit les animations de2008 avec succès. “Compte tenu de la réussitede la première édition de la Nuit de l’Eau, nousavons décidé de reconduire le même projetd’animation, révèle Ralph Ritter. Après tout, onne change pas une équipe qui gagne ! Nousavons donc mis en place une activité water-polo, une animation synchro avec la premièresortie de notre ballet et d’autres activités dont «l’aquabiking », un nouveau sport tendance. Pourrésumer, c’est du vélo dans l’eau et c’est unediscipline dérivée de l’aquagym. La mairie deColmar a offert une démonstration de ce sportet cela a plutôt bien fonctionné, d’autant quependant quatre heures un animateur s’estchargé de faire monter l’ambiance.”Humainement, la deuxième édition de la Nuit del’Eau a incontestablement tenu la dragée hauteà sa consœur de 2008, mais qu’en est-il de lalogistique ? Comment, en effet, s’organiser faceà un tel déferlement d’activités lorsque vous nedisposez que d’un bassin de 25 mètres ?“Encore une fois, nous avons repris l’organisa-tion de l’année dernière : deux lignes d’eaupour les nageurs, deux lignes d’eau pour lepublic et le reste du bassin pour les activités etles animations.” A Colmar, vous l’aurez compris,la Nuit de l’Eau est d’ores et déjà rentrée dansles mœurs. “Cela marche bien pour une soirée,acquiesce Ralph Ritter, mais nous n’avons pasencore constaté un effet « Nuit de l’Eau » surnotre association alors qu’à l’issue des Jeuxd’Athènes, on avait ressenti un vif intérêt de lapopulation pour la natation. Les gens voulaientimiter Laure Manaudou !” Marraine de l’événe-ment pour la deuxième année consécutive, lachampionne olympique 2004 présente àDunkerque. Nul doute qu’à Colmar elle auraitété accueillie avec enthousiasme par toute unecité plongée, l’espace d’une nuit, dans la cha-leur moite et chlorée de la piscine Aqualia. �

Adrien Cadot

“Tout le monde a remontéses manches et on sʼest misau boulot !” (Ralph Ritter)

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Bilan de la seconde édition de la Nuitde lʼEau en compagnie de Louis-Frédéric Doyez, directeur général dela Fédération Française de Natation.

Pouvez-vous nous rappeler la genèse dela Nuit de l’Eau ?L’eau est l’élément naturel de nos activités.Un sportif, et qui plus est un nageur, connaitl’importance de l’eau, de l’hydratation, dans sapratique. L’eau est pour nous source de plaisir,de sensations, de progression. Mais l’eau estavant tout source de vie. Et il était importantque la natation française ait un comportementresponsable sur cet élément si fondamental.Nous avons plusieurs projets pour le démon-trer. Le plus “grand public” était l’organisationd’une Nuit de l’Eau. L’Unicef a répondu favora-blement à notre proposition. La premièreédition a connu un succès prometteur ;la deuxième édition se devait de confirmer.

Quel bilan tirez-vous de la 2e édition ?Avant tout une formidable mobilisation !175 sites sur toute la France. Toute la natationfrançaise sur le pont. Ceux que l’on appelle lespetits et les grands clubs, les nageurs dudimanche et les membres de l’équipe deFrance. Des animations dynamiques sur tout leterritoire métropolitain, mais aussi en Corse,dans les Caraïbes et dans le Pacifique avec unemobilisation forte à la Réunion. 175 sites, 175histoires, 175 équipes... Le succès est ici dansla démonstration responsable de tous ceux quise sont mobilisés en faveur des autres, poursusciter des dons, sauver des vies. C’est unacte fort avant d’être un message médiatique !

Justement, la couverture médiatique a-t-elleété à la hauteur de vos attentes ?C’est aussi un succès à ce titre. Plus de 500articles dans la presse écrite ont été générés,35 passages télés, plus de 100 reprises à laradio. Difficile de quantifier précisément, maisl’impact a été très fort. Nous nous inscrivionscomplètement dans la journée mondiale del’Eau, mais en même temps que le Sidaction.

Toutes les causes sont nobles, mais c’est dom-mage quand elles se télescopent sur un mêmetemps. Cette médiatisation n’a cependant dusens que si elle valorise l’opération, ses acteurset porte bien le message au profit de ses béné-ficiaires et des comportements adéquats.

Que reste-il à améliorer dans la perspectived’une 3e Nuit de l’eau ?L’animation ! La coordination et la valorisationdu réseau des clubs organisateurs. Une anima-tion plus normée dans les piscines pour éviterles disparités trop importantes. L’engagementde la marraine FFN et du parrain Unicef mériteaussi certainement d’être révisé.

Comment mobiliser davantage de clubs(80 en 2008, 174 en 2009) ?Il ne faut pas regarder les choses uniquementde manière quantitative. Nous devons naturel-lement tout faire pour être plus nombreux.Cependant le challenge est avant toutde fidéliser les clubs et les municipalitésorganisatrices. Installer définitivement cetteopération dans le paysage et l’animationdes piscines. Améliorer l’accueil des publicset la qualité des messages délivrés. Il s’agitde ne pas trop s’éparpiller et de maintenirla raison d’être de la Nuit de l’Eau.

Le président Francis Luyce rêvait de faire de laNuit de l’Eau un événement comparable auxNuits Blanches. Est-ce qu’à l’issue de cette2e édition ce projet vous semble envisageable ?Le Président aime bien les comparatifs. L’OpenEDF a aussi vocation pour lui à être le RollandGarros de la natation. Ce type de comparaisonest juste une façon d’utiliser des images quimarquent ou font rêver. Nous avons toutefoistous à cœur de développer nos propres actionssans nécessairement copier, nous accrocherà des choses qui ont leur propre existence.La Nuit de l’Eau est la Nuit de l’Eau et n’abesoin de personne d’autre que de la mobilisa-tion de la natation française pour exister ! �

Recueilli par A. C.

Louis-Frédéric Doyez : “Un acte fortavant dʼêtre un message médiatique”

Alain Bernard avecles jeunes antiboisle 21 mars dernier.

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26|ENQUÊTE

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� LA NATATION“Eurosport s’est toujours intéressé à la natation,mais nous avons senti une montée en puis-sance après les Jeux d’Athènes en 2004. Nousavions pris l’habitude d’être présent sur les évé-nements internationaux, mais il nous manquaitles rendez-vous nationaux, qualificatifs pour lescompétitions mondiales. C’est désormais le casdepuis 2008 et la signature d’un contrat de par-tenariat média avec la Fédération française.Dans cette perspective, nous avons inauguréune réalisation en haute définition pour la cou-verture des championnats de France d’Angers(décembre 2008).”

� RETRANSMISSION“La natation française rassemble régulièrement200 000 téléspectateurs. En 2008, elle a réaliséla meilleure performance des rediffusions surEurosport avec le relais 4x100 m nage libre quia battu le record d’Europe à l’Open EDF. Lacourse s’était disputée le matin, vers 11 heures,et les Français ont échoué à quelques cen-tièmes du record du monde des Américains. Lapresse a relaté l’événement toute la journée etle soir, lorsque nous avons rediffusé l’épreuve,ils étaient plus de 150 000 à suivre les sprinterstricolores !”

� DISPOSITIF TECHNIQUE“En moyenne, un dispositif classique nécessiteune trentaine de personnes. Le travail réalisépar nos équipes est aujourd’hui reconnu. Depuislongtemps nous savions que nous étions enmesure de développer l’image de la natation.D’ailleurs, l’une des plus belles récompenses denotre travail remonte aux Jeux Olympiques dePékin. Quelques minutes après la victoire d’AlainBernard en finale du 100 m nage libre, Guy Drut,Claude Fauquet et Alexander Popov sont venustémoigner sur notre antenne. Trois personnali-tés du sport qui sont venus chez nous enconnaissance de cause. Ils savent que notreapproche de la natation est rigoureuse.”

� LES CONTRAINTES“Notre dispositif actuel mobilise neuf camérasextérieures, une sous-marine et un travelling. Enparallèle, nous avons également développé lesimages virtuelles. Tout ce dispositif est systéma-tiquement reconduit pour les épreuves natio-nales, mais aussi à l’occasion de l’Open EDF. Amon sens, c’est le meilleur moyen d’accompa-gner les nageurs de l’équipe de France et de pro-poser aux téléspectateurs une couverture dequalité. Enfin, pour superviser l’ensemble du dis-positif, nous avons fait appel à un réalisateur quidispose d’une patte unique dans le sport : FredGoddard. Il a su placer la loupe et les micros aubon endroit, afin de plonger le public au coeurde l’événement. Il y a aussi eu un effort consa-cré à l’avant compétition ; on prépare le terrain,on dimensionne l’épreuve.”

Du mercredi 22 au dimanche26 avril prochain, Montpellieraccueillera les “France”de natation en grand bassin.Un événement capital pourles nageurs de l’équipe deFrance qui tenteront de décro-cher leur billet pour les mon-diaux de Rome (juillet 2009).Un événement qui marqueraégalement la première annéede collaboration entre laFédération Françaisede Natation et la chaîneEurosport, partenaires surl’olympiade 2008-2012.Patrick Goddet, directeurgénéral adjoint d’Eurosport,nous présente les motivationsde cette association et lesobjectifs de la chaîne sportivepour les échéances à venir.

EN DIRECT DES BASSINS

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La natation est-elle télégénique ?|27

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� CHRISTOPHE BUREAU-SOPHIE KAMOUN“Il faut rendre hommage à celui qui l’a organisécar le moins que l’on puisse dire c’est qu’il a eule nez creux ! Christophe Bureau c’est une voixunique et il a, par ailleurs, cette capacité à fairevivre un événement de type sprint. Sophie c’estsans aucun doute l’une des meilleures consul-tantes en natation. Elle est proche des nageurset elle dispose toujours de la petite info qui fait ladifférence.”

� LʼHOMME DE TERRAIN“C’est la grande nouveauté des directs de nata-tion. Nous avons décidé en 2008 de placer l’unde nos journalistes sur le bord du bassin. JérômePapin joue ce rôle, c’est notre homme de terrain.Il a su gagner la confiance des nageurs et grâceà cette proximité nous avons tourné des imagesextraordinaires. Ainsi, tout le monde se souvientdes larmes de Laure Manaudou à l’issue de safinale perdue sur 400 m nage libre aux cham-pionnats de France de Dunkerque (avril 2008,Ndlr). Cette séquence a fait le tour des télévi-sions françaises. Laure craque parce qu’elle aen face d’elle un journaliste qui ne va pas lui ten-dre un piège. Un journaliste qui la comprend, quicherche juste à recueillir ses impressions.”

� LES NAGEURS TRICOLORES“Il y a quatre ans, on entendait parler que deMelun, puis de Canet-en-Roussillon… En fait, lanatation se résumait au couple LaureManaudou – Philippe Lucas. Depuis un an, ladiscipline a pris une dimension supplémentaire.

Aujourd’hui, les gens savent qu’il y a un club àMulhouse, un autre à Antibes, à Marseille, àNice, à Toulouse. La natation est en passe d’en-trer dans les mœurs des téléspectateurs. Biensûr, les champions jouent un rôle essentiel danscette médiatisation, mais plus généralementc’est toute l’équipe de France qui cristallise l’at-tention.”

� LES TÊTES DʼAFFICHE“Dès le début, on aurait pu jouer la carte desduels. On aurait pu mettre l’accent sur lesconfrontations entre Alain Bernard et AmauryLeveaux, entre Laure Manaudou et CoralieBalmy, entre Fabien Gilot et les autresrelayeurs… Il nous a semblé primordial d’axernotre travail sur le collectif français.L’engouement qu’il génère est nettement supé-rieur.”

� LA CULTURE NATATION EN FRANCE“Il y a sans doute encore des efforts à fournirpour attirer davantage de public, mais les évé-nements de l’année 2008 démontrent que laFrance adhère de plus en plus à la culture nata-tion. Ainsi, lors des championnats de France deDunkerque (avril 2008) ou à Angers pour les «France » en petit bassin (décembre 2008), lesspectateurs ont largement répondu présent. Achaque fois les équipements étaient pleins àcraquer. J’ai même été surpris de voir des cen-taines de personnes faire le pied de grue avantet après les épreuves pour apercevoir leurschampions et glaner des autographes. Quant à

l’Open EDF, la configuration de l’année 2008avec des finales en matinée et une compétitionorganisée en semaine a un peu tronqué le résul-tat final. Mais je ne suis pas inquiet, il sera pleincette année (19, 20 et 21 juin 2009).”

� LES COULISSES“L’enjeu de nos retransmissions consiste avanttout à tenter de présenter au grand public lesficelles de la natation. Notre tâche est compli-quée car c’est un sport qu’il est difficile d’appré-hender. En revanche, on peut jouer sur levisuel… Les nageurs sont des athlètes hors-normes. Dans l’eau, ils dégagent une puissanceimpressionnante, à l’image de la vague quecréent les sprinters. Le public peut aussi êtreimpressionné par la fluidité des papillonneurs, ladurée des coulées, la glisse des dossistes, l’en-gagement des relais... Donc même si le publicne maîtrise pas les données techniques de lanatation, il peut être subjugué par la dimensionspectaculaire de ce sport. A terme, il faudrapeut-être que l’on s’intéresse aux secrets del’entraînement ou à certains aspects tech-niques.” �

Adrien Cadot

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(1) Le car régie dʼEurosport pendantles championnats de France dʼAngersen petit bassin (décembre 2008).

(2) Prise de vue sous-marine lors des“France” dʼAngers en petit bassin.

(3) Patrick Goddet, directeur généraladjoint dʼEurosport.

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28|INTERVIEW : LA VOIX DE LA NATATION

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La natation est-elle une disciplinetélégénique ?La natation est l’un des sports lesplus télégéniques. En termesd’images, c’est très esthétique :l’eau, le bassin, les nageurs, l’envi-ronnement est vraiment propice àune belle réalisation. A mon sens,la boxe et la natation font partie desdisciplines les plus fortes émotion-nellement. Le spectateur perçoitnettement les corps dans l’effort.En outre, le contexte, en vase closavec un public proche des athlètes,favorise le spectacle. Même der-rière leur écran de télévision, lesgens sentent quand ça fait mal !

Depuis les Jeux d’Athènes, la nata-tion française traverse la période laplus faste de son histoire. Cecontexte favorise-t-il votre travail ?Il est évident que la dimensionmédiatique de la natation a exploséces dernières années. Avec LaureManaudou, Alain Bernard, HuguesDuboscq ou Coralie Balmy, la nata-

tion tricolore dispose de stars, defigures emblématiques. C’est unevraie nouveauté et forcément celasimplifie notre travail. Si l’équipe deFrance était en manque de résul-tats, nous aurions beaucoup plusde mal à intéresser le grand public.

Comment concevez-vous votre mis-sion ?La natation est un sport pointuavec des codes précis. Je considèrequ’il est capital de ne pas dénatu-rer la discipline. Pour nous il estessentiel de vulgariser, de rendrece sport accessible au plus grandnombre ! En compétition, j’essaieen général de raconter une nou-velle histoire à chaque course.

Vous commentez les compétitionsde natation avec SophieKamoun (*). De quelle manières’organise votre collaboration ?Avec Sophie nous travaillons demanière très naturelle depuis plusde 6 ans. Nous avons commencéen 2002, lors des Mondiaux deMoscou (petit bassin). Nos rôlessont clairement établis : Sophie estnotre consultante natation, c’est-à-dire qu’elle analyse la course endirect. Elle nous livre son expertiseet c’est, sans aucun doute, la mis-sion la plus difficile. Il faut avoirl’œil, être attentif aux petitsdétails… Aux Jeux de Pékin, parexemple, lors de la finale du relais4x100 m, elle a tout de suite remar-qué qu’Alain Bernard était trop collé

à la ligne d’eau. On connaît la suitede l’histoire : les Français ont raté lamédaille d’or pour 8 centièmes. Leconsultant a également un rôleimportant en amont de la compéti-tion. Il entretient avec les athlèteset les entraîneurs un relationnelfort afin de maîtriser tous les para-mètres pouvant influer sur la per-formance.

Et en quoi consiste votre rôle ?Je commente la course. Mon boulotconsiste à raconter une histoire. Jedois aussi veiller à mettre en reliefla compétition, à présenter auxspectateurs l’envers du décor, lescoulisses. Il est impératif de plon-ger le public dans un univers, de luifaire partager une ambiance.

Le public français est-il friand denatation ?De manière générale, la Francen’est pas un pays de sport. Notreculture sportive n’est pas très déve-loppée. Ainsi, les stades de footballne sont jamais totalement rempliset à l’école nos enfants pratiquenten moyenne deux heures de sportpar semaine. Par rapport à nos voi-sins européens c’est peu ! La nata-tion n’est certainement pas la disci-pline la plus populaire, mais c’estun sport qui est à la portée de toutle monde. Par ailleurs, la natationfrançaise bénéficie depuis plu-sieurs années d’une générationexceptionnelle. Bien sûr, il y a euLaure Manaudou, mais aujourd’hui

l’équipe de France toute entièreoccupe le devant de la scène.

Quel est votre souvenir le plus mar-quant ?Les Jeux Olympiques de Pékin… EnChine, tout était démesuré : lesinfrastructures, les épreuves, les8 médailles de Phelps et les sixmédailles françaises. Actuellement,nous vivons un âge d’or de la nata-tion tricolore et il faut en profiter cardans 10 ans les Bleus n’évoluerontpeut-être plus dans ces sphères. Jegarde aussi un souvenir particulierdes championnats de France deDunkerque (avril 2008).L’ambiance était électrique, lasemaine avait été très intense…Notamment la finale du 400 mféminin. Pour la première foisdepuis les JO d’Athènes LaureManaudou s’incline puis ellecraque devant notre caméra. Cesont des moments intenses,presque dramatiques car à cet ins-tant une championne redevienthumaine. �

Recueilli par Adrien Cadot

(*) Sophie Kamoun est une anciennenageuse internationale ayant participéaux Jeux Olympiques de Los Angelesen 1984. Elle comptabilise 26 titres dechampionne de France. Consultantepour Eurosport depuis 2002 elle colla-bore également avec plusieurs autresmédias, notamment sur internet.

Commentateur desépreuves de natation surEurosport, ChristopheBureau, accompagnédans l’exercice du directpar l’ancienne sprin-teuse Sophie Kamoun,nous présente lesficelles du métier.

Christophe Bureau :“Plonger le public dans un univers”

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30|MÉDIAS

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augereFranck Esposito, quintuple

champion dʼEurope du 200 mpapillon, et le journalistePhilippe Groussard commen-tent les épreuves de natationpour la chaîne Sport +.

Les nageurs aux commentaires|31

Comment êtes-vous venu à la télévision ?Franck Esposito : Lorsque j’ai arrêté de nager,Philippe Groussard de Canal + m’a demandé sicela m’intéressait de passer derrière le micro.Comme c’est un journaliste que j’apprécie, j’aitout de suite accepté. Ce n’était pas du tout mapremière préoccupation lorsque je nageais,mais j’ai trouvé l’idée de découvrir un nouveaumilieu sympa. Virginie Dedieu : J’ai présenté les championnatsd’Europe avec Eurosport, les Jeux Olympiquesavec France Télévisions et une compétition ami-cale avec Canal + Sport. Je les ai tous contac-tés en premier à l’excpetion de FranceTélévisions. J’ai profité du fait que je connaisOdile Arboles-Souchon, qui commente régulière-ment le plongeon sur Eurosport, pour lui deman-der le numéro d’un contact. Au début, ils m’ontannoncé qu’il n’avait pas besoin de moi, mais laveille de la compétition ils m’ont appelée pourfaire appel à mes services.

Malia Metella : Je participais à une compétitionà Compiègne début novembre où AlexandreBoyon était également présent. Je lui aidemandé si je pouvais travailler avec eux pen-dant les Euros et il m’a donné les coordonnéesde son chef. De plus, dans le cadre de ma for-mation à Sport Com, j’ai effectué quinze joursde stage à France 2 pendant les championnatsd’Europe de Rijeka (Croatie).

Estimez-vous que votre passé de compétiteurapporte quelque-chose ?F. E. : Sûrement au niveau de la technique. Jem’efforce de parler des nageurs de l’équipe deFrance dans des termes positifs. Quand ilsgagnent, je l’explique et lorsqu’ils ne réussissentpas je ne les accable pas, mais j’essaie de voirpourquoi ça n’a pas marché. A moi de savoirretracer tout ce qu’il y a derrière la natation : lesentraînements, le travail en amont, la récupéra-tion… V. D. : Bien sûr, car certains journalistes neconnaissent rien à la synchro, ou à son histoire.Je suis assez à l’aise avec les commentaires,j’essaie donc d’expliquer correctement la tech-nique au grand public, même si je ne dois pasabuser de termes compliqués comme le nomdes figures. Avec plus de 10 ans de synchro

internationale, j’apporte aussi ma culture de cesport. Pourquoi les Françaises terminent à cetteplace, et inversement pourquoi les Américaines,qui n’ont pas l’air si fortes, sont bien classées.Je livre aussi des anecdotes sur les nageuses, etpas seulement les Françaises. Pour résumer,j’apporte mon expertise et j’essaie de présenterl’envers du décor, c’est-à-dire tout le travailqu’effectuent les nageuses le reste de l’année. M. M. : Avoir des anciens compétiteurs dans lesmédias, c’est important pour transmettre notreculture. Les gens s’y intéressent et nous leurfournissons des connaissances précises,notamment au niveau de la technique qui évo-lue. J’ai pris part à toutes les grandes compéti-tions avec l’équipe de France et je connais lecaractère des nageurs et leurs habitudes. J’aimême partagé ma chambre avec certainesfilles, donc je pourrais en raconter des choses,mais je ne veux pas tout dévoiler. Je donne l’es-sentiel, ce que l’on a besoin de savoir.

Quel est le plus difficile dans votre mission ?F. E. : Le phrasé lors des courses. Quand on setrouve sur le bord du bassin, c’est facile de par-ler. À l’antenne, il faut paraître naturel tout enétant modéré. Je suis loin d’être le meilleur,mais je pense donner une touche sympathique.A chacun son style, l’essentiel étant de restersoi-même. Ma mission demeure de promouvoirles nageurs français, pas comme un ambassa-deur, mais en essayant d’être juste.V. D. : En studio, nous sommes très limitéspuisqu’on ne commente que ce qui passe à latélévision. Il y a forcément des passages où cen’est pas évident, par exemple, un porté filmétrop longtemps sous l’eau, ou des caméras malpositionnées pendant des figures… Aux JO, leplus compliqué était que je ne possédais pasd’accréditation, juste mon billet d’entrée. Pouraller voir les nageuses, ou simplement assurerles commentaires, j’étais obligée de “frauder” etd’emprunter des portes “secrètes”. Des fois, jemettais plus d’une heure à atteindre le bassin ! M. M. : Je dois faire attention à ne pas trop utili-ser d’onomatopées dans mes commentaires.Quand je me trouve sur le bord du bassin, je suisvraiment à fond dans la compétition. Là, il ne fal-lait pas que je me laisse trop aller à encourager,comme je peux le faire en tant que nageuse,

parce que je me trouvais du côté journaliste. Çan’a pas été facile, surtout quand les copainsnageaient.

Comment vous organisez-vous pour paraître leplus professionnel à l’écran ?F. E. : Je prépare mes fiches sur les nageursavec leurs chronos, leurs dernières perfor-mances, leurs médailles… Je ne suis pas le plusprofessionnel, parce que mon vrai métier meprend beaucoup de temps, mais ça ne m’em-pêche pas de m’efforcer à être le plus pointupossible. Par contre, je ne fais pas de revue depresse du style VSD, Paris Match ou Gala. Quisort avec qui ? Qui a dormi avec qui ? Ça nem’intéresse pas du tout. V. D. : Avant de passer à l’antenne, je tâche demettre tout au clair, mais je n’utilise pas defiche, sauf pour les JO où je ne voulais vraimentpas me tromper sur les derniers classements.J’ai la chance de bien retenir les résultats doncj’ai tout dans la tête. M. M. : Quand j’ai vu Nelson Monfort chambrerAlexandre Boyon et Michel Rousseau sur leursfiches, je me suis dit qu’il fallait que je m’ymette. J’en ai donc préparé avec les temps deréférence, mais je notais surtout ce que meracontaient les nageurs. Par exemple, AuroreMongel voulait que je précise qu’elle s’entraînaità Strasbourg.

Quels retours avez-vous de vos prestations ?F. E. : Les gens semblent assez satisfaits de nosJO Ils considèrent que nous formons un bon duoavec Stéphane Caron. Lui, le grand profession-nel, et moi qui amène une touche décalée. V. D. : Les personnes avec lesquelles j’ai discutém’ont toutes dit qu’elles avaient saisi deschoses qu’elles ne comprenaient pas avant etque je donnais de bonnes explications. M. M. : Mon stage à France Télévisions a étéapprécié, même s’il me reste encore beaucoupà apprendre. Les nageurs, ça leur faisaitbizarre ! Quand j’allais les voir, ils riaient en medemandant ce que je faisais là, mais ils étaienttous ravis. �

Recueilli par Mathilde Lizé

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“Je pourrais en raconter des choses, mais je ne veux pastout dévoiler. Je donne lʼessentiel, ce que lʼon a besoinde savoir. ” (Malia Metella)

Depuis quelques années, de plus en plus d’anciens nageurs franchissent le pas du consulting.Après Sophie Kamoun (Eurosport) et Roxana Maracineanu (L’Equipe), place à Virginie Dedieu(plurimédia), Franck Esposito (Sport +) et Malia Metella (France Télévisions). Rencontre.

Les experts des bassins

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32|PORTRAIT

Forcément, depuis qu’il fréquenteLaure Manaudou, superstar de lanatation française depuis son sacreathénien en 2004, Frédérick

Bousquet a vu sa côte de popularité monteren flèche. Pourtant, réduire le Marseillais àce simple rôle de faire-valoir serait extrême-ment réducteur. Offensant même tantFrédérick, né le 8 avril 1981 à Perpignan, enimpose au sein de l’équipe de France. Endécembre dernier, l’étudiant en deuxièmeannée de management des organisationssportives, s’est illustré aux Euros de Rijeka(petit bassin) en s’adjugeant l’argent du50 m nage libre dans le sillage d’AmauryLeveaux et l’or et le record du monde avecses potes du 4x50 m nage libre (1’20’’77).Une victoire et une nouvelle référence inter-nationale qui font de lui “l’homme aux dixrecords en relais”. Pilier des relais natio-naux depuis les Jeux Olympiques de Sydneyen 2000 et de ceux du CN Marseille, sonclub, il figure sur les tablettes des recordsnationaux des six relais masculins : 4x50 NLet 4N, 4x100 NL et 4N, 4x200 et 10x100 NL(petit bassin). Depuis 2008, il est égale-ment recordman d'Europe et du monde des4x50 et 4x100 NL, mais surtout vice-cham-pion olympique du 4x100 m à Pékin. Unerécompense suprême qui ne satisfaitcependant pas totalement son appétit decompétiteur. Endébarquant en Chine,les Bleus lorgnaientavidement sur l’or…Le métal le plus pré-cieux de la galaxieolympique leur a fina-lement échappé pourhuit petits centièmesà l’issue d’un face àface historique avecles boys américains.La belle histoire enta-mée par le bronze surprise des Mondiaux deBarcelone en 2003, puis par un nouveaubronze aux championnats du monde deMelbourne en 2007, n’a pas connu la finattendue. “L’argent c’est bien, l’or c’estmieux”, avait résumé le Marseillais après lafinale du 4x100 m à Pékin. Une histoire quilui tenait d’autant plus à cœur qu’il en estpresque le dépositaire officiel. FrédérickBousquet a en effet été de toutes les cam-pagnes : Barcelone, Melbourne puis Pékin.Il a vu Fabien Gilot, Alain Bernard puisAmaury Leveaux remplacer Romain Barnieret Julien Sicot. Lui, inébranlable, est resté

fidèle au poste, bien que sérieusementconcurrencé dans les épreuves indivi-duelles par cette nouvelle génération desprinters. S’il subit la loi des Bernard etLeveaux en grandbassin, Bousquetconserve une margede manœuvre sur25 mètres. Aux der-niers championnatsde France en petitbassin par exemple, iln’a laissé à personnele soin de remporterle 50 m nage libre.“J’étais très satisfaitde toucher devantAmaury Leveaux etAlain Bernard. Celas’est joué à peu dechoses, même FabienGilot est quatrième en21’’10, le chrono demon ancien record dumonde. Ça montre,une fois de plus, la densité du sprint trico-lore.” Il est vrai qu’avec Bernard, Leveaux,Gilot, Mallet et Steimetz, les Français ontdes arguments ! Pas question cependantpour Fred de ne pas livrer bataille, surtout sicomme lui on goûte plus que tout aux joutes

aquatiques. “J’ai com-mencé la natation surle tard, rappelle-t-il.Jeune, j’étais pas-sionné de foot, maisune croissance troprapide et des os fragi-lisés m’ont forcé àarrêter tout sport decontact. Selon lesmédecins spécialisés,je ne pouvais prati-quer que la natation

ou la danse. Autant vous dire que le choix aété rapide ! J’ai donc débuté la natationavec l’UNSS avant d’intégrer à 13 ans leclub de Canet. La natation m’a fait décou-vrir des émotions que je ne connaissais pasen foot. Je suis très vite devenu accroc del’entraînement, mais surtout des compéti-tions. C’est d’ailleurs ce qui continue de memotiver pour me lever tous les matins à6 heures.” Car derrière son physique de sur-feur californien se cache l’âme d’un éterneltravailleur, d’un nageur consciencieux etrigoureux. “Je nage neuf fois par semaine,indique Frédérick Bousquet (suite page 34).

FRÉDÉRICK BOUSQUET

Né le 8 avril 1981A Perpignan (66)Taille : 1,88 mPoids : 86 kgClub : CN MarseilleEntraîneur : Maxime Corniller

Etudiant en Master de management desorganisations sportives à Marseille

Palmarès en grand bassin : Vice-championolympique 2008 avec le relais 4x100 mnage libre ; médaillé de bronze aux cham-pionnats du Monde 2003 et 2007 avec lerelais 4x100 m ; quatrième du 50 m nagelibre aux championnats d’Europe 2006.

Palmarès en petit bassin : Double cham-pion d’Europe 2004 du 100 m nage libreet avec le relais 4x50 m nage libre ; cham-pion d’Europe 2008 avec le relais 4x50 mnage libre ; vice-champion d’Europe 2008du 50 m nage libre ; vice-championd’Europe 2005 du 50 m nage libre et avecle relais 4x50 m ; vice-champion d’Europe2006 avec le relais 4x50 m nage libre.

Bousquet, lʼhomme des relais

En 2008, Fred Bousquet (à gauche) a décrochéla médaille dʼargent olympique du 4x100 m avecFabien Gilot, Amaury Leveaux et Alain Bernard.Les Bleus laissent échapper lʼor pour 8 centièmes !

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“Je suis très vite devenuaccroc de lʼentraînement,mais surtout des compéti-tions. Cʼest dʼailleurs cequi continue de me motiverpour me lever tous lesmatins à 6 heures.”

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La durée des séances dans l’eau varie de une heure et demie àtrois heures et demie. J’ai également trois séances hebdomadairesde musculation d’une heure. Deux fois par semaine, j’ai une heureà une heure et demie de conditionnement physique.” Un emploi dutemps de ministre auquel il convient d’ajouter des cours, ceux duMaster de management des organisations sportives qu’il suitdepuis 2006. “C’est Romain Barnier(aujourd’hui directeur sportif du Cercle desNageurs de Marseille, Ndlr) qui m’a encou-ragé à poursuivre mes études après mon Bacen 2001. Il m’a ainsi permis d’intégrerl’Université américaine d’Auburn enAlabama.” Une expérience outre-Atlantiquequi a largement inspiré son approche du hautniveau et sa soif de victoires “made in USA”.Un apprentissage qui a rapidement fait duPerpignanais d’origine un redoutable sprinter,grand spécialiste du 50 m nage libre dont il adétenu le record du monde en petit bassin (21’’10). “Le 50 m nagelibre c’est une distance de furieux, assène Fred Bousquet. Est-ceque l’on prend du plaisir dans une épreuve aussi rapide ? J’essaieen tout cas d’en prendre plein les yeux. De toute façon, on est làpour ça ! Tous les nageurs sont passionnés, mais tous nagent pourgagner.” Et faite lui confiance pour titiller les ténors tricolores quesont Alain Bernard et Amaury Leveaux. “En petit bassin, j’ai toujoursun léger ascendant psychologique sur eux, fait remarquer le

Sudiste. Ils n’ont pas encore réussi à traduire totalement leurs per-formances du grand bassin au petit bain, mais comme on l’aconstaté à Rijeka cela ne va plus tarder. Pour le moment j’en pro-fite, le temps qu’ils apprennent encore. Lorsque je les affronte, j’es-saie de ne pas les voir comme des médaillés olympiques car sinoncela pourrait me bloquer psychologiquement. Je les vois comme

Alain et Amaury, les gars que je côtoie depuisquelques années en équipe de France. Quantà moi, il me reste des progrès à faire, notam-ment sur le plan mental, mais aussi au niveauphysique. En termes de nage, il faut égale-ment que je corrige des détails. C’est encoreun peu précipité, les ondulations ne sont pastrès efficaces sur le retour, le virage est aussiun peu chaotique.” Des détails techniques quidevront être réglés pour les championnats deFrance à Montpellier (avril 2009), où se joue-ront les sélections pour les Mondiaux de

Rome. “Je n’ai pas envie d’attendre le mois d’avril pour nager vite,prévient le multiple médaillé en relais. Et puis quand on voit leniveau du sprint français, il ne faut pas se reposer sur ses lauriers.”Un niveau de performance exceptionnel qui pourrait permettre auxnageurs du 4x100 m de battre les Américains et prendre leurrevanche des JO de Pékin. “Ils sont avertis, lance Fred, on ira pourgagner !” �

Adrien Cadot

34|PORTRAIT : FRÉDÉRICK BOUSQUET

“Lorsque jʼaffronte Alain(Bernard) et Amaury(Leveaux) jʼessaie de ne pasles voir comme des médail-lés olympiques car sinoncela pourrait me bloquerpsychologiquement.”

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Aujourd’hui, de quel statut jouissent lespoloïstes français ?Dominique Delon : C’est très variable.Actuellement, seuls les joueurs “non-sélection-nables” sous contrat (ce qui évite de payer desdroits de transfert aux clubs, Ndlr) et les meil-leurs Français évoluant dans le championnatElite (voire de Nationale1, Ndlr) peuvent préten-dre à un statut de joueur professionnel.Toutefois, les indemnisations et les salairessont, là aussi, très disparates. Ils s’entraînentdeux fois par jour dans l’eau et s’astreignentplusieurs fois par semaine à des séances demusculation. Malgré tout, ils ne sont pas touslogés à la même enseigne, certains étantcontractualisés sur 12 mois quand d’autres lesont sur 9. Il est aujourd’hui indispensable d’of-frir aux 20-25 meilleurs éléments tricolores unesituation stable afin qu’ils puissent envisagersereinement la pratique de leur discipline etleur investissement au sein de l’équipe natio-nale.Marc Crousillat : Les poloïstes tricolores peu-vent être regroupés en trois catégories. Il y ad’abord ceux qui bénéficient d’un vrai contrat.Ce sont des professionnels à part entière avectout ce que cela implique en termes d’entraîne-ments et d’investissement. Un statut minori-taire qui ne concerne finalement que les meil-leurs joueurs français. Ensuite, dans unedeuxième catégorie nous retrouvons les élé-ments qui ne jouissent pas d’un contrat de tra-vail mais seulement d’aides. Un système qui ale mérite d’exister et qui n’est pas forcémentmauvais. Il s’applique en général à despoloïstes du championnat Elite et de la N1.Enfin, il y a les jeunes joueurs qui ne sont pasencore contractualisés et qui constituent l’es-sentiel de notre réservoir.

Comment en est-on arrivé là ?D. D. : Il y a encore quelques années, certaineséquipes du championnat Elite ont alignéjusqu’à 7 joueurs non-sélectionnables, c’est-à-dire étrangers. Je me rappelle ainsi d’une finaleElite entre Nice et Marseille où au coup d’envoi,sur les 14 joueurs dans l’eau, un seul était fran-çais. Ce qui ne laissait que peu de temps de jeuaux joueurs nationaux. De plus, la formation tri-colore, qui est pourtant de qualité quand onobserve les résultats de nos collectifs natio-naux juniors, ne permettait pas aux meilleurs

d’entre eux de trouver une place dans les clubsElite. Comme dans tout sport collectif, c’est dela confrontation que naissent les progrès,cependant nos meilleurs éléments n’avaientque peu d’occasions de se mesurer aux meil-leurs poloïstes et donc de progresser. Le nom-bre de joueurs non-sélectionnables a connu unpic à 70 en Elite il y a environ 6-7 ans ce quis’est aussi répercuté sur les résultats del’équipe de France : non qualification aux EurosA de 2003, 2006 et de 2008. Une prise deconscience semble avoir eu lieu et les clubs,qui se sont réunis au sein de l’ACWF(Association des clubs de water-polo français,Ndlr), ont décidé de s’entendre sur le nombremaximum de joueurs non-sélectionnables parmatch. Il était de 4 en septembre 2008, il serade 3 à partir de septembre 2009. Des placesvont ainsi se libérer pour les Français.

M. C. : Il y a trois ans, les clubs français ont prisconscience des erreurs qu’ils étaient en trainde commettre sur cette question des joueurs“non-sélectionnables”. Cette prise deconscience peut sembler tardive, mais l’impor-tant c’est qu’elle ait eu lieu car aujourd’hui celava permettre à notre discipline d’avancer. Ainsi,Nice et Marseille, même s’ils n’ont jamaisarrêté de “sortir” de jeunes poloïstes ces der-nières années, se concentrent de nouveau surla formation.

Pour résumer, le water-polo français s’est, enquelque sorte, “tiré une balle dans le pied” ?D. D. : Il faut comprendre que pour les clubs tri-colores ce recrutement intensif de joueursétrangers avait un but : gagner le titre national,mais aussi s’illustrer sur la scène européenne.C’était un moyen de se qualifier plus facilementpour l’Euroleague, en espérant ensuite attein-dre le Final Four. D’où certaines dérives… Ainsi,

une année à Nice, l’équipe était composée de11 étrangers sur un groupe de 13 joueurs.Marseille, qui est pourtant une grande école deformation, a également cédé, un temps, à cettepratique en recrutant jusqu’à 7 joueurs non-sélectionnables.M. C. : Le water-polo français se construitdepuis quelques années sans modèle !N’oublions pas que notre sport, même enHongrie ou en Serbie, n’est pas une disciplinemajeure et pas encore totalement profession-nelle. Beaucoup de nations expérimentent, ten-tent des choses pour faire progresser le polo.En France, nous évoluons à notre rythme enessayant de régler les problèmes les uns aprèsles autres. Actuellement, nous sommes enphase de résolution de la question des joueursnon-sélectionnables. C’est l’une des préoccu-pations majeures des derniers mois. Ainsi, enjuin 2008, les clubs français se sont réunispour créer l’ACWF. Cette association a proposédès 2008 de réduire les joueurs étrangers àquatre pour la saison 2008-2009 puis à troispour 2009-2010. Une proposition qui me sem-ble capitale car au-delà de l’importance qu’ellerevêt pour nos joueurs, elle démontre que lesclubs tricolores peuvent s’entendre et qu’ilssont également en mesure de prendre leursresponsabilités, qu’ils ne se réfugient pasconstamment derrière la Fédération.

Les joueurs étrangers ont-ils permis aux clubsfrançais de s’illustrer sur l’échiquier européen ?D. D. : En dépit de recrutements intensifs, lesmeilleures formations tricolores n’ont jamaisatteint le Final Four de l’Euroleague. Pourquoi ?Tout simplement parce que les clubs français,ne pouvant concurrencer les budgets desgrandes équipes continentales, se sont conten-tés d’attirer de bons poloïstes européens, maispas les meilleurs. Slovaques, Hollandais,Slovènes, autant de nations qui nous ont“barré” la route des Euros A pendant toutes cesannées…M. C. : A mon sens, il y a tout de même un pointpositif. L’arrivée des joueurs étrangers dansnotre championnat a permis aux clubs de seprofessionnaliser. Ils n’ont effectivement pasréussi à intégrer le Top 4 européen, mais ils sesont nourris de cette expérience et à l’avenir,cela devrait profiter aux poloïstes français(suite page 38).

Après un premier épisode consacré au développe-ment de la culture water-polo en France, place ausecond volet de notre saga : les “Enjeux de la profes-sionnalisation” et le statut des joueurs français.Dominique Delon, adjoint au DTN en charge de la dis-cipline depuis 2001, et Marc Crousillat, ancien interna-

tional français (300 sélections) et président de lacommission fédérale de water-polo haut niveau etde l’Association des clubs de water-polo français,nous aiguillerons dans les méandres d’une disciplineen mutation. N’hésitez pas, à nouveau, à nous fairepart de vos remarques sur [email protected].

Episode 2 :Les enjeux de la professionnalisation

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“En dépit de recrutements inten-sifs, les meilleures formationstricolores nʼont jamais atteintle Final Four de lʼEuroleague,ne pouvant concurrencer lesbudgets des grandes équipescontinentales.”

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De quelle manière envisagez-vous de sortir decette spirale ?D. D. : D’abord, comme je l’ai dit, en réduisant lenombre de joueurs étrangers à 3 par équipe duchampionnat élite dès le mois de septem-bre 2009. Ensuite, il me semble primordial d’in-tensifier le travail de formation de nos pôlesespoirs récemment créés (Nice, Marseille, Sète,Douai, Montpellier, Saint-Jean-d’Angély, Ndlr).C’est à eux d’assurer et de former une relève dequalité. Il est aussi impératif de continuer à valo-riser et optimiser le travail effectué dans nosdeux pôles France : l’Insep (Paris) pour les gar-çons et Nancy pour les filles. Ils devront permet-tre aux meilleurs jeunes poloïstes issu(e)s despôles espoirs de bien appréhender le hautniveau. Enfin, il faut que les clubs français sestructurent encore davantage, qu’ils disposent àterme d’un bassin aux normes européennes,qu’ils augmentent leurs budgets, afin decontractualiser et d’employer des entraîneurset des joueurs “professionnels” de water-polo.M. C. : Aujourd’hui, les clubs français sont sur-tout pénalisés sur leurs budgets. Pour être com-pétitif au plus haut niveau continental, il faut uncollectif de 8 joueurs français de valeur mon-diale et 2 ou 3 étrangers de premier plan.Malheureusement, avec la politique des der-nières années, les meilleurs français ont man-qué de temps de jeu. Certains jeunes sont trèsprometteurs, mais il faudra encore un peu detemps avant qu’ils s’imposent totalement.Quant aux étrangers, par manque de budget, lesclubs français n’ont pu attirer que des joueursde second plan. Malgré tout, je reste persuadéque s’illustrer en EuroLeague n’est pas unobjectif irréalisable. Avec du travail et un peu depatience, je suis persuadé que nos meilleuresformations nationales peuvent obtenir desrésultats intéressants.

Ces différentes rénovations vont-elles se réper-cuter sur l’équipe de France ?D. D. : Je l’espère, mais il ne faut pas perdre devue que l’équipe de France est avant tout lereflet du travail des clubs. J’ai bien consciencequ’il s’agit d’un vaste chantier. Je reste avanttout un passionné de mon sport à qui je veuxrendre ce qu’il m’a apporté étant jeune.Néanmoins, je ne peux pas mener ces rénova-tions seul... La Fédération française va rapide-ment avoir besoin de soutien et plus particuliè-rement de l’Association des clubs de water-polofrançais et de son président est Marc Crousillat,récemment nommé aussi président de la com-mission fédérale haut niveau de water-polo à laFFN.

En dépit de la taille du chantier, on vous senttous les deux sereins…D. D. : Je suis serein et relativement optimistecar je constate que si l’équipe de France mas-culine n’a plus participé aux Jeux depuis l’édi-tion de 1992 à Barcelone, nos juniors, dans uncontexte européen très concurrentiel, réalisentdes performances significatives. Actuellement,ils se situent au 8e rang continental. C’est lesigne que nos méthodes de formation fonction-nent, que le travail de Gilles Madelenat àl’Insep et de Christophe Bachelier au pôleFrance féminin de Nancy porte ses fruits.M. C. : Je suis relativement serein car j’ai la sen-sation que notre discipline gagne progressive-ment en maturité. J’ai également l’impressionque les présidents de clubs, les joueurs et lesdirigeants de la Fédération s’entendent davan-tage. Le polo français doit encore progresser,mais il doit être accompagné, soutenu. La FFNjoue un rôle indispensable car elle permet decadrer ce que les clubs ont parfois des difficul-tés à mettre sur pied. Si tous les acteurs du

water-polo se mobilisent ensemble et appren-nent à collaborer, il n’y a pas de raison d’êtreinquiet !

Pourtant, en janvier dernier, le MonténégrinPetar Kovacevic a été désigné sélectionneurnational en remplacement de Franck Missy…M. C. : Petar Kovacevic s’inscrit dans une dyna-mique de haut niveau. Allons chercher les com-pétences là où elles se trouvent, mais il fautaussi lui accorder du temps pour travailler etrassembler les joueurs français dans un projetcommun. En 2008, l’équipe de France s’estréunie entre 20 et 25 jours. En 2009, elle seregroupera 90 jours... C’est un début, ce n’estpas simple à organiser, mais je crois que noussommes sur la bonne voie.D. D. : En 2008, Franck Missy était arrivé auterme de sa mission. Une mission qu’il a parfoismenée dans un contexte difficile, mais sansrésultat suffisamment significatif. Le PrésidentFrancis Luyce a souhaité faire appel à l’entraî-neur du CN Marseille (club actuellement cham-pion de France, Ndlr), Petar Kovacevic, parcequ’il dispose d’une solide expérience internatio-nale et que c’est un très bon professionnel. Jesouhaite qu’il puisse faire partager sa culturedu haut niveau, son vécu des grandeséchéances et ses méthodes de travail avec lesentraîneurs des clubs et les joueurs tricolores.Cependant, changer de culture et de mentaliténécessite du temps ! On ne peut pas non plusplaquer un modèle sur un pays sans en avoirappréhendé la culture pour essayer ensuite defaire passer les messages liés au travail, à latechnique, au haut niveau. Il faut que l’équipede France, la Fédération évoluent, que nosclubs et nos jeunes modifient leur perceptiondu water-polo.

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Et de quelle manière doivent-ils désormais lepercevoir ?D. D. : Dans les années à venir, l’enjeu duwater-polo sera de franchir le cap de la profes-sionnalisation. Encore une fois, il est capitalque nos clubs se structurent. Il faut aussi attirerles médias, mieux former des entraîneurs pro-fessionnels et donner un statut à nos meilleursjoueurs. L’objectif est simple : enclencher unprocessus de transformation “culturelle” etcréer un effet boule de neige… Le temps desdéfaites triomphantes est révolu, il nous fautadopter une culture du travail et de la gagne !

Petar Kovacevic est également entraîneur duCN Marseille. Est-ce que cela ne risque pas deperturber sa mission à la tête de l’équipe deFrance ?D. D. : Je fais le vœu que non. C’est un cas defigure que nous avions déjà rencontré avecPaolo Malara qui était à la fois sélectionneurnational et entraîneur de Nice. A l’époque,Paolo avait su garder cette distance nécessaireet faire la part des choses et nous l’avions plu-tôt bien vécu. Mais c’est vrai que dans un sportcollectif la “double casquette” n’est pas tou-jours simple.M. C. : C’est un faux problème... Je suis per-suadé que Petar ne va pas privilégier desjoueurs marseillais au détriment d’élémentsplus performants. Petar Kovacevic va partagerson expérience du très haut niveau internatio-nal avec l’équipe de France. Les joueurs moti-vés, impliqués et engagés dans le projet vonts’imposer d’eux-mêmes et à terme, peut-êtreen 2012, nous observerons les premiers résul-tats de cette collaboration fructueuse.

Marc, vous pensez sérieusement que l’équipede France masculine de water-polo a le poten-tiel pour se qualifier aux JO de Londres ?M. C. : Je suis peut-être trop optimiste, maisc’est aujourd’hui qu’il faut se projeter vers l’ave-nir, vers des objectifs ambitieux. En 2011 il seratrop tard... L’équipe de France masculine dewater-polo n’a plus participé aux JeuxOlympiques depuis 1992. Il est temps de com-bler ce vide, il faut se mettre au travail pourdonner à nos joueurs, à nos entraîneurs et ànos clubs les moyens de se hisser à la hauteurde ce projet exceptionnel. Malgré tout, je penseaussi qu’il ne faut pas brûler les étapes. Lewater-polo tricolore rattrape petit-à-petit sonretard sur ses voisins européens, mais il nousreste beaucoup de chantiers à mener. Prenonsle temps de travailler, prenons le temps d’orga-niser notre discipline, de la stabiliser, et lesrésultats suivront !

Dominique, vous parliez “d’attirer les médias”,comment comptez-vous procéder ?D. D. : La priorité, c’est de faire connaître notrediscipline auprès du grand public, à l’image dela ferveur que le polo rencontre dans lesBalkans. En août 2008, lors des JeuxOlympiques de Pékin, ils étaient des centainesde supporters serbes, croates, monténégrins,mais surtout hongrois à avoir fait le déplace-ment. Cela démontre l’attachement culturel deces nations au water-polo. Avant d’en arriver àce stade, il faut présenter au public françaisdes compétitions d’envergure internationale,de grands événements et une qualité de jeu denos équipes de France suffisante. La probléma-tique de la natation course est sensiblement

identique. Grâce à l’Open EDF ou à la Nuit del’Eau, la natation est entrée dans une phase desensibilisation, grâce aussi à la notoriété de seschampions... Cela contribue, en outre, à déve-lopper la culture aquatique en France. Le water-polo doit s’inscrire dans une démarche simi-laire. Voilà pourquoi, le président Francis Luycea décidé d’engager les équipes de France mas-culine et féminine dans la World League pourles trois saisons à venir. Cela va offrir à notresport une tribune médiatique et cela permettraà nos poloïstes de s’étalonner face à l’élitemondiale. Aujourd’hui, le water-polo est perçucomme un “jeu” d’eau par le grand public, unsport où on s’amuse avec un ballon. A terme, ilfaudra lui donner l’image d’un sport spectacu-laire et médiatique, pratiqué avec sérieux pardes joueurs ou des joueuses si ce n’est touteset tous “professionnels”, au moins au compor-tement et à l’attitude irréprochables. �

Recueilli par Adrien Cadot

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À suivre...

EPISODE 3“Le jeuen question”

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Certaines compétitions de plongeon peuvent durer plusieurs heures, et hors de question de prendre unvrai repas au milieu de sasérie. Alors pour ne pas per-dre leur énergie, les plongeursont pour habitude de grignoterentre deux sauts. Barre decéréales, compotes ou encoreboissons énergétiques, cha-cun ses envies... Le tout estd’en consommer régulière-ment et ainsi, de tenir lecoup tout au long dela journée.

Des encas

L’élément indispensable de tousles plongeurs. Gri-gri et accessoireincontournable, cette mini-servietteéponge a été adoptée par l’ensem-ble de la discipline. Juste avantun saut, ils l’utilisent pour biense sécher et éviter par la mêmeoccasion que les mains glissentsur la partie du corps à attraperune fois en l’air. Tous les volti-geurs vous le diront, il n’y aqu’une peau de chamois quisèche correctement :la sienne. L’oublier le jourd’une compétition peutcomplètement déstabili-ser un plongeur jusqu’àlui faire rater sa série !

La peau de chamois

À base de strappings, pourles articulations ou les triceps,ou bien de protèges-poignetssolides, les protections sont mon-naie courante dans le plongeon.Plutôt réservées au haut-vol,mais pas seulement, elles per-mettent aux plongeurs de prévenir les grosses blessures.Pour les spécialistes du10 mètres, les protèges-poignetssont comme les peaux de cha-mois : uniques et personnels. On ne les prête pas et seulsles vôtres vous protègentconvenablement.

Les protections

À première vue, un non-initié peut se dire que le sac d’un plongeur ne doit pas être bien épais. Pas de bonnet ni de lunettes, pas de coiffe ni de gélatine,seulement un ou deux maillots… Rien d’extraordinaire !Vu de loin seulement, car lorsqu’on s’y attarde un peu,les découvertes sont au rendez-vous.(Par Mathilde Lizé)

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Quʼest-ce qui se cache dans le

Qui s’attendait à trouver de tels accessoiresdans le sac des plongeurs ? Pourtant, il s’agitd’un des éléments les plus impor-tants, au même titre que la peau dechamois. Une sorte de filet de sécu-rité pour les sauts à base de rota-tions. Étalés sur les mains et lestibias, puis rincés, la mousse à raseret le savon permettent à la peau d’adhérerdavantage. Aucun risque de glissade en l’airdonc, les voltigeurs l’utilisent surtout pourassurer, et se rassurer, lorsqu’il faut présenterun nouveau saut.

Mousse à raser ou savon

Une compétition de plongeon, c’est long, voire très longquand elle est retransmise à la télévision. Et l’ennui estl’ennemi du plongeur qui veut rester concentré sans se“griller” nerveusement. Alors entre deux sauts, tous lesstratagèmes sont bons pour s’occuper. Si la plupart

écoutent de la musique sur leurs lecteurs Mp3,certains s’essaient aussi aux jeux vidéo surdes consoles portables. Elles ont toutefois le désavantage d’énerver plusque de calmer. Il n’est pas rarenon plus de voir les plus impa-tients enchaîner les pompes ou lesabdominaux mais, malheureusement poureux, ce sont souvent ceux dont le physique

pêche dès le deuxième saut. Alors, le “must”reste les grilles de jeux en tout genre. Mots fléchés,croisés, cachés ou encore sodoku…L’essentiel étant d’enavoir un bon stock, histoire de s’occuper,de ne pas voir le temps passer.

Tous les licenciés de la Fédération française lesavent : certaines piscines peuvent se distinguer

par leurs courants d’air. Et lorsqu’unplongeur ne saute qu’une fois parheure, lors des plus grandes com-pétitions, il a tout le temps de serefroidir. Les survêtements etautre sweet-shirts sont chaude-ment recommandés danstous les sacs.

Jeux et musique

Des vêtements chauds

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sac des plongeurs ?

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Plus jeune champion d’Europede l’histoire du plongeon,l’Anglais de 14 ans est déjàune star dans son pays. Pour lui, les JO de Pékin n’étaientqu’une répétition avantle rendez-vous de Londres,en 2012, où il vise l’or.

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Thomas Daley ne fait pas de sport. Tout dumoins, pas à l’école. Pendant que sescamarades se roulent dans la boue pen-dant les cours de rugby, le petit prodige

du plongeon international joue au virtuose du sif-flet. Un rôle d’arbitre beaucoup plus sûr pour sesarticulations. “Je pourrais être blessé en partici-pant et ça pourrait mettre en danger ma car-rière”, explique l’intéressé. Thomas Daley jouitdéjà d’un statut à part dans son école, digned’attiser les envies de tacle d’un camarade à larecherche de popularité. Un joueur qui pourradire : “J’ai plaqué le « gars-plongeur ».” Garçon ougars-plongeur, c’est le surnom du Britannique de14 ans dans cette école publique de Plymouth,dans le sud-ouest de l’Angleterre. Ses exploitssur la scène internationale ont depuis longtempsfait le tour de la cour.Thomas Daley a eu besoin de temps pour accep-ter les remarques de ses congénères.Aujourd’hui, il les ignore. Ses copains, eux, le trai-tent comme une personne normale, “ce que jesuis quand je ne plonge pas”, dit-il. Pourtant lejeune athlète ne connaît pas la vie banale desenfants de son âge. La saison dernière, à l’ex-ception du samedi, il était tous les soirs à la pis-cine. Deux fois par semaine, il se levait à6 heures du matin pour s’entraîner une heureavant d’aller à l’école. Une vie de sacrificesmême s’il affirme vivre sa passion. Ses jours derepos, il les alterne entre ses amis et sa famille.Et conserve des activités d’un gamin de son âge,partagées entre sa Wii, son iPod et son ordina-teur portable. L’Anglais, né le 21 mai 1994 àPlymouth, a dû apprendre à grandir vite, ballottétrès jeune de compétition en compétition, d’uncontinent à un autre. “Avant, quand j’avais 9 ou10 ans et que je partais en compétition, j’avaisle mal du pays. Maintenant, je m’y suis habituéet j’apprécie les voyages.” Il tient toujours aveclui son singe porte-bonheur.Son père non plus ne le quitte pas. Tandis que safemme - administratrice financière à mi-temps –reste à la maison pour s’occuper des deuxfrères, Rob est de toutes les compétitions.Depuis qu’il a dû soigner une tumeur au cerveauen 2006, ce papa n’a pas repris le travail.L’ancien dirigeant d’une petite entreprise d’ingé-nierie est devenu à temps complet le manager etle chauffeur de son fils. Il ne perd pas non plusune ligne de ce qu’il se dit sur lui et compulsetous les articles dans des classeurs qu’il entre-pose dans son garage. La collection est déjàimportante. Dès ses premières années de pra-tique, Thomas Daley a rapidement sévi dans les

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compétitions de plongeon. Ayant appris à nagerdès l’âge de 3 ans, il n’a connu la révélation quecinq années plus tard, en suivant un jour sonpère à la piscine publique de Plymouth. “J’ai vudes gens faire du plongeon et je me suis dit queça pouvait être quelque chose pour moi.”Thomas Daley a d’abord dû apprendre à appri-voiser la hauteur et la peur de plonger. Aprèsquelques semaines de leçons, il avait déjà sonpremier diplôme en poche qui lui ouvrait la voiedes compétitions. “Pendant que les autres pre-naient les entraînements par-dessus la jambe etn’écoutaient pas, j’aimais vraiment ça et je vou-lais toujours m’améliorer”, se souvient-il.Quelques temps plus tard, en 2004, la “familledu plongeon” (comme Thomas Daley l’appelle)voit débarquer aux championnats nationauxjuniors un petit garçon de 10 ans. Et restebouche bée devant ses qualités qui se jouentd’adversaires pourtant presque majeurs.Virevoltant d’exploit en exploit, l’enfant prodigeouvre l’année 2008 par un titre national seniorau haut-vol, devenant le plus jeune vainqueur del’histoire de son pays. En février, dans l’épreuvedu haut vol synchronisé, aux côtés de son com-patriote Blake Aldridge – de douze ans son aîné– il assure déjà sa qualification aux Jeux dePékin. En mai, à l’étape de Madrid, en terminanttroisième du haut vol individuel, il deviendramême le plus jeune compétiteur de l’histoire àdécrocher une médaille en coupe du monde.

Mais l’exploit qui déclenche une véritable vaguemédiatique intervient en mars aux Eurosd’Eindhoven. A l’âge de 13 ans et 308 jours, ilgagne l’épreuve du tremplin à 10 mètres.Nouveau record de précocité, dans la droitelignée de son modèle, le Canadien AlexandreDespatie, vainqueur en 1998, à 13 ans, desJeux du Commonwealth (haut-vol). Jusqu’alors leplus jeune champion d’Europe s’appelait BrianPhelps, un autre Britannique sacré en 1958 àBudapest à l’âge de 14 ans et 134 jours.Egalement qualifié aux Jeux de Pékin en indivi-duel, Thomas Daley pensait là aussi rafraîchir lestablettes du sport britannique. Mais les statisti-ciens ont fait remonter un certain Ken Lester,barreur aux Jeux de Rome en 1960 à seulement13 ans et 144 jours. Un jeunot par rapport auplongeur qui a eu 14 ans et 81 jours le jour dudébut de la compétition olympique. En 2004, pendant les vacances, Thomas Daleyavait suivi les Jeux avec sa famille autour duposte de télévision, dans leur caravane. Un anplus tard, son entraîneur Andy Banks dessinaitdéjà un programme pour les JO de Pékin.

“J’avais pensé qu’il avait une faible chance de sequalifier, confie-t-il. J’avais préparé un plan quidéfinissait quand il apprendrait les plongeons, àquelle vitesse on le ferait pro-gresser et à quelles compéti-tions il prendrait part. Nouspensions que nous pouvionslui faire atteindre ce niveau.”Son protégé a déjoué tous lespronostics. “Les bornes quej’avais fixées, il les a dépas-sées avant les dates pré-vues”, s’enthousiasme-t-il.Certains se prenaient mêmeà rêver d’un Thomas Daleycondamnant une nouvellefois au passé Brian Phelps, leplus jeune médaillé olym-pique britannique en plon-geon (haut vol), grâce à unemédaille de bronze en 1960à Rome, à l’âge de 16 ans et134 jours.En Chine, les objectifs sontcependant restés raisonna-bles. Limité physiquementpar rapport à ses adversaires,Thomas ne pouvait pas pré-senter des éléments tech-niques aussi relevés. Le plusimportant était surtout d’em-magasiner de l’expérience pour les Jeux deLondres en 2012, son rendez-vous. “Je veux ren-dre mon pays fier en remportant l’or”, glisse-t-il.Septième en individuel - sous les yeux de sonPremier ministre Gordon Brown - et huitième en“synchro”, il n’a visiblement déçu que son col-lègue Blake Aldridge qui, pour ses premiers Jeux,avait imaginé mieux. Un partenaire qui a dûapprendre à vivre dans l’ombre du phénomène.Car son camarade fait l’objet de tous les regardssans que cette effervescence ne semble legêner. Il manie déjà avec virtuosité les échangesavec les journalistes. A croire presque que lapression n’a pas d’emprise sur lui. “Avec le plon-geon, je la ressens tout le temps, détrompe-t-il.Mais il faut en faire abstraction.”La machine Daley n’est d’ailleurs pas infaillible.Aux Mondiaux juniors à Aix-la-Chapelle, alors queles lauriers lui étaient promis, il a dû se conten-ter de deux médailles d’argent aux 3 et10 mètres. Dominé par deux Chinois, auxcadences d’entraînement certainement supé-rieures. Thomas Daley le dit lui-même, il n’estqu’au début de sa carrière. “Je ne m’arrêteraipas tant que je n’aurais pas gagné de médailled’or olympique”, ajoute-t-il. Il voit même plus loins’imaginant prendre sa retraite après les Jeux de2024 à 30 ans. �

Julien Bels

Daley, lʼenfant roi

“Jʼai vu des gens fairedu plongeon et je me suis ditque ça pouvait être quelquechose pour moi.”

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44|INTERVIEW

Fanny nʼa pas fini !A 15 ans à peine, la Rennaise Fanny Bouvet n’a sans doute pas finide faire parler d’elle. La multi-championne junior de plongeon estdevenue un grand espoir d’une discipline ô combien exigeanteet spectaculaire. Son entraîneur depuis 8 ans, Frédéric Pierre,a accepté de nous la présenter.

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LE PHÉNOMÈNE FANNY BOUVET|45

Championne de France dans quatre caté-gories au tremplin 3 mètres, championne

de France par deux fois au tremplin 1 mètre,championne d’Europe minimes au 1 mètre,et championne d’Europe junior au 1 mètre(juin 2008, Ndlr), votre élève Fanny Bouvet,15 ans seulement, dispose d’un palmarèsimpressionnant. Comment expliquez-vous saprécocité ?Elle a commencé très tôt. Avant le plongeon,elle faisait de l’acrosport avec sa maman (quientraine le pôle acrosport de Rennes, Ndlr).Cette discipline exige une orientation spa-tiale proche du plongeon, et surtout un sensde la verticalité car les jeunes sont en équili-bre sur le porteur. En plongeon, on arrivedans l’eau par la tête, à la verticale. Il y a unparallélisme net entre ces deux disciplines :Fanny a donc développé rapidement desaptitudes utiles pour le plongeon. En grandis-sant, sa mère a souhaité qu’elle ait sa proprepratique. La piscine étant proche de la salleacro, elle est passée naturellement au plon-geon tout en restant fidèle à l’acro. Il fautégalement souligner sa compréhensionquasi innée du plongeon. Je suis son entraî-neur, tel un chef d’orchestre je lui présente lapartition et elle doit la mettre en musique.Evidemment, je la fais répéter, on travaillesur vidéo, mais il n’empêche qu’il y a tout demême une compréhension à avoir. Or pourFanny, cette phase d’apprentissage estinnée : elle intègre les figures et les pro-grammes très rapidement !

Elle a donc le plongeon dans le sang…Le plongeon nécessite énormément de coor-dination et celle-çi n’est pas naturelle. Onavance a contre nature et les mouvementsne sont pas innée. C’est très compliqué pourles jeunes. Fanny a aussi développé degrandes qualités motrices via l’acro et lagym. Enfin, elle a une réelle faculté d’adapta-tion qui la fait progresser rapidement.

Aujourd’hui, considérez-vous ses titrescomme un aboutissement ?Un aboutissement non, mais le début d’unegrande sportive c’est difficile à dire… Elle atout de suite raflé beaucoup de titres. Quandelle était poussine, dans sa dernière année,elle plongeait même en cadette et s’alignaitdéjà sur des coupes de France, où elle arri-vait en finale. Cependant, n’oublions pas que

le niveau français est tout de même assezfaible, notamment par sa représentation. Jene me base donc jamais sur un titre, maissur un total de points. C’est comme si ennatation on ne s’occupait pas du chronomais de la place… Et le taux de points deFanny est excellent par rapport à desgamines de son âge ! Mais de là à dire quece sera une grande championne plus tard.Jusqu’à présent elle a démontré que c’étaitle cas, puisqu’elle est arrivée championned’Europe junior, ce qui n’était jamais arrivéchez les Français. La route est encorelongue, il ne faut pas qu’il y ait d’accident deparcours, et en l’occurrence on vient d’enavoir un (cf encadré).

Vous avez été un grand plongeur, vousconnaissez donc bien la compétition et lehaut niveau international. Comment parta-gez-vous cette expérience ?Je ne lui raconte pas ma vie d’ancien plon-geur. J’estime que le plongeon d’hier et d’au-jourd’hui sont différents, cela a tellementévolué que ça n’a plus rien à voir. Si j’étaisplongeur aujourd’hui avec le niveau quej’avais avant, je ne serais rien du tout ! Enrevanche, je lui fais part de mon expériencependant les compétitions, durant sesmoments clés, mais surtout dans l’approchede la compétition, tout ce qui précèdel’épreuve.

Une anecdote ?Lors des Euros junior à Minsk : elle réalise unsuper concours à 3 mètres, mais rate lepodium d’un cheveu. Ça lui a donné un peula rage pour faire quelque chose au tremplinde 1 mètre, mais le jour J, elle a un coup depompe. Le matin elle se réveille pas, oubliedes affaires à l’hôtel. Quand on se lève dumauvais pied, on part sur une mauvaise jour-née… Mon rôle consiste à inverser la ten-dance, pour ne pas que cela se transformeen une contre-performance. Ce jour-là, cela aparfaitement fonctionné puisqu’elle a rem-porté les éliminatoires le matin avant des’imposer en finale l’après midi.

Avez-vous besoin de la remotiver parfois ?Non au contraire ! Je suis là pour canaliserson énergie, mais elle dispose d’un tel tem-pérament que je n’interviens que ponctuelle-ment. Par exemple, pour les championnatsdu monde junior (septembre 2008), nousavions le choix de les considérer comme unobjectif majeur, et auquel cas de nous prépa-rer tout l’été, ou comme le point de départ dela saison 2008-2009 et donc de s’accorderdes vacances estivales. C’est finalementcette deuxième option que nous avons privi-légié. Résultat : elle est arrivée sous-entraî-née aux Mondiaux juniors. Fanny se sentaitun peu courte, mais elle avait envie de défen-dre son statut de meilleure européenne aux1 mètre et 3 mètres. Après avoir raté un plon-geon, grâce à son mental, elle a enchaînédeux plongeons parfaits : sortir le bon plon-geon au bon moment, avoir le mental, c’esttrès important, et elle maîtrise cela.

Comment parvient-elle à concilier sa vie dejeune fille de 15 ans, en 3e, et sa vie spor-tive?Cette année elle redécouvre autre chose dufait de sa blessure (cf. encadré). Elle a plusde temps libre et retrouve une vie plus clas-sique d’adolescente… Jusqu’à présent, leplongeon lui prenait beaucoup de temps. Selever tôt le matin, se coucher tard, travaillerle weekend pour les cours, optimiser lestemps libres pour le temps scolaire. Au total,Fanny s’entraîne 15 heures par semaine,répartis tous les jours du lundi au vendredi.

Un potentiel international ?Quand on est champion d’Europe junior, au1 mètre (qui n’est pas une discipline olym-pique, Ndlr), 4e au 3 mètres, donc très prochede la médaille, on peut dire que c’est un pro-metteur pour la suite ! Maintenant une incon-nue demeure : la récupération physiqueaprès sa blessure. Elle est motivée pourreprendre, mais les blessures en sport sontsouvent à double tranchant : souvent ceuxqui reviennent de blessure sont encore plusperformants, mais le contraire est aussi envi-sageable. J’ai plutôt tendance à penserqu’elle reviendra plus forte qu’avant ! �

Recueilli par Laure Dansart

“Je pense quʼelle reviendraplus forte quʼavant !”(Frédéric Pierre)

Fanny Bouvet sʼest blessée, fin décembre2008, au genou. Une blessure contractée

suite à une mauvaise réception lors dʼun exer-cice sur trampoline. Après son opération,elle a dû rester immobilisée plusieurssemaines avant dʼembrayer sur des séancesde rééducation. Selon son entraîneur rennaisFrédéric Pierre, la prometteuse plongeusede 15 ans récupère très vite. “Si on lʼécoutait,elle serait déjà de retour sur les tremplins !Mais il faut être patient avec ce type de bles-

sure”. Selon les pronostics, elle devrait pou-voir reprendre les entrées dans lʼeau et lapréparation physique à partir des vacancesde Pâques. Quant à son retour sur les trem-plins, il est envisagée pour le mois de septem-bre 2009. La jeune prodige bretonne est doncbel et bien partie pour réaliser “une saisoncomplètement blanche”, confirme son entraî-neur rennais, la première dʼune carrière quine fait que commençer !

� Le genou de Fanny...P

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46|REPORTAGE

Dix records du monde, 27 référencescontinentales et 93 marques natio-nales améliorées... Le bilan deschampionnats d'hiver des maîtres

2009 est impressionnant ! C'est une confir-mation de la nouvelle dimension qu'a pris lacatégorie maître au sein de la natation fran-çaise. “On a largement dépassé les objectifsfixés et c'est un succès. Cela montre que lanatation chez les maîtres est en progrès, çan'est plus seulement une activité de loisir :désormais c'est du sérieux en termes de per-formances”, assène Francis Luyce, présidentde la Fédération Française de Natation, enpréambule. Une progression que confirmenttous les participants. “Cela fait sept ans queje participe aux compétitions maîtres et j'ai vule niveau considérablement augmenter. Celaprend de plus en plus d'ampleur avec lesanciens nageurs professionnels qui viennentpour stabiliser voire même améliorer leursrésultats”, observe Stéphane Meyer qui a

battu lors de ces championnats le record dumonde du 100 m papillon en C3 (35-39 ans)en 55’’24. “Le niveau sportif est intéressantdans toutes les courses. Cela se voit quandon en discute entre nous : on se fixe tous desobjectifs à atteindre”, ajoute celui qui est éga-lement devenu à Dunkerque le premiernageur maître à passer sous les 23 secondessur 50 m nage libre (22’’96, nouveau recordde France).Depuis une dizaine d'année, les champion-nats maîtres connaissent une véritable pro-fessionnalisation, comme en témoigne l'ex-plosion de la fréquentation. On comptait80 participants en 1985, 450 en 1989 pour1120 athlètes, 10 nations et 279 clubs réu-nis lors de cette édition 2009. “Ça n'est pasprès de s'arrêter. On constate encore uneaugmentation de 18 % d'inscrits chez lesmaîtres sur les quatre dernières années”,complète Guy Dupont, président de la com-mission des maîtres. Un succès à double

Les 15emes champion-nats de France hiverdes maîtres, ouvertsaux nageurs de 25à 100 ans ont eu lieudu 25 février au1er mars. La piscinede Dunkerque, quiaccueillait l’événe-ment, a une nouvellefois été le théâtre denombreux records.

Avalanche de records

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CHAMPIONNATS DE FRANCE HIVER DES MAÎTRES|47

tranchant : cette année les critères de sélec-tion ont dû être resserrés pour faire face autrop grand nombre de candidats. Désormais,pour être autorisé à s'engager dans unecourse nationale, il faut avoir déjà participéaux mêmes épreuves à un niveau inférieur aucours de la saison précédent la compétition.

Cette “professionnalisation” ne nuit pas à laconvivialité. “C'est vrai que dans l'eau, l'espritde compétition nous pousse à nous dépas-ser, mais il n'y a pas que ça. Au bord des bas-sins l'ambiance est saine et sympa, le soir onse retrouve autour d'un verre”, signaleStéphane Meyer. Les compétitions devien-nent ainsi de véritables rendez-vous pour lesnageurs qui tiennent à y être fidèles chaqueannée. Une fidélité qu'incarne Anne Potier,86 ans, doyenne de l'épreuve. Elle nage en“maître” depuis l'âge de 58 ans et tenaitbeaucoup à être présente lors de cette édi-tion. “Il y a une telle ambiance, il y a tout le

groupe qui nous soutient, on nage avec lescopains... Même si je n'avais pas le petitespoir de battre un record je viendrais làparce qu'on s'amuse vraiment”, confie, sou-riante, Anne Potier. Les nageurs, venus aussipour l'ambiance donc, n'ont pas été déçuscette année puisque ces championnats ontété programmés en pleine période du carna-val de Dunkerque. Une date qui n'a pas étéfixée au hasard et qui a permis aux nageursde vivre la compétition dans une atmosphèrefestive. Le jury s'était même déguisé lors desdeux derniers jours de course et un repas“carnavaleux” avait été organisé le samedisoir. Lors de la remise des prix, il se murmu-rait même une autre explication aux nom-breux records obtenus. Ce seraient les fifreset les tambours du carnaval qui auraientporté chance aux nageurs tout au long de lacompétition. �

A Dunkerque, Thibaut Schepman

ExtraNat, le nouveaulogiciel testé lors deschampionnats d'hiver

Pour la première fois, c'est grâce au logi-ciel fédéral ExtraNat que les résultats

des courses ont été traités lors de la compé-tition. “Nous avons été ambitieux, maisc'est un succès puisqu'on n'a connu aucunproblème sur les cinq jours”, témoigneDominique Bahon, secrétaire général dela FFN. “C'est une nouvelle étape qui estfranchie dans la volonté de la fédération des'approprier les systèmes informatiques”,ajoute-t-il. Ce nouveau traitement des infor-mations de compétition doit permettre deconsolider la base de données de la fédéra-tion. Une base totalement tournée vers leweb qui permet déjà aux licenciés et auxclubs de consulter leurs informations surextranat.fr et qui permettra bientôt auxcomités régionaux, départementaux et auxclubs de participer directement à l'enregis-trement des données. “Les gens serontacteurs de cette base qui doit intégrer plusd'un million de performances par an”,conclut Olivier Dupas, responsable dessystèmes d'information à la fédération.

“Tout ce que je recherchaisdans la natation.” (S. Meyer)

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48|RENCONTRE

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Sébastien Billon, champion du monde sur 100 m nage libre(en C2, 30-34 ans) à Perth en avril 2008, incarne l’esprit etles difficultés auxquelles sont confrontées les nageurs maî-tres. Policier, père de famille, féru de natation, plusieurs foisfinaliste des championnats de France N1, il jongle entreses multiples casquettes pour assouvir sa passion pourles joutes aquatiques.

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AU CŒUR DES MAÎTRES|49

Sébastien, présentez nous votre parcours denageur maître.J'ai commencé la natation très tôt, dès 4 ans,à la Réunion. Mes parents étaient maîtres-nageurs donc tous les jours j’étais à l’eau. Enrevenant en métropole, à Grenoble, ma mèreest devenue entraîneur du Saint-Egrève nata-tion. J’y suis resté jusqu'à mes 16 ans ennageant une fois par jour. Bien que n'ayant pasencore 18 ans, le CTR m'a attribué une déroga-tion pour intégrer le Centre d'EntraînementUniversitaire de Grenoble, cela me permettaitde rester près de ma famille. Pendant 3 ans,sous la tutelle de Jean-Cyril Renoux, puis cellede Christian Donzé (actuel DTN, Ndlr), j'airépété mes gammes. J'ai finalement quitté leCEUG pour Echirolles, afin de conforter le clubde Patrick Rigoux, pendant 6 ans. C'est au seinde cette structure que j’ai atteint les finalesdes 50 et 100 m nage libre aux championnatsde France. En 2000, j'ai intégré la police lorsde mon service militaire. Dès la premièreannée sous les couleurs de la FédérationSportive de la Police Française, je suis devenuchampion d'Europe sur 50 et 100 m nage libre,ainsi qu'avec le relais 4x100 m nage libre àMontpellier. Après mon école de Police, j'ai étéaffecté à Paris. Damien Chambon, avec quij'étais au CEUG, était devenu entraîneur auRacing Club de France et c'est presque naturel-lement que j'ai renforcé son groupe. Avec,entre autres, Salim Iles, Antoine Galavtine,nous avons remporté plusieurs médailles surle relais 4x100 m nage libre des championnatsde France. Ayant atteint l'âge nécessaire pourparticiper aux épreuves maîtres (25 ans, Ndlr),j'ai ensuite pris part à différentes compétitions,tout en restant fidèle au circuit “classique”.

Comment avez-vous découvert les maîtres ?J'ai découvert la natation des maîtres à lademande des dirigeants du Racing Club deFrance. Ils avaient besoin de nageurs pour lesInterclubs masters. Tout de suite, j'ai appréciél’ambiance et la décontraction des nageurs. Ilssont plus détendus même si les performances

constituent leur première motiva-tion. Nager avec mes aînés, commeAldo Eminente, c'est aussi très gra-tifiant. Il dispose d’un tel palmarèsque cela impose le respect.

De quelle manière parvenez-vous àconjuguer : natation, vie profession-nelle et vie familiale?En général, je parviens à mener defront mon activité professionnelleau sein de la police et mes entraî-nements. Le ministère de l'Intérieur, au regardde mes résultats sportifs et de mes états deservice, m'octroie un détachement afin dedéfendre les couleurs de notre nation. C'estpourquoi je parviens à combiner un circuit N1en natation “classique”, le circuit des maîtreset le circuit police simultanément. Cela repré-sente beaucoup de compétitions, mais la nata-tion est ma passion !

Quelles sont les concessions les plus difficilesà faire ?J'ai deux enfants et je suis régulièrementabsent pour les compétitions ou les stages. J'aivraiment beaucoup de chance car ma com-pagne est très compréhensive. Je nage aussiune à deux fois par jour et ce n'est pas toujoursévident de se lever à 5 heures du matin pours’entraîner. Ensuite, j’enchaîne avec ma jour-née de travail et le soir je dois garder du tempspour mes enfants et ma compagne... Mais jene peux pas me plaindre, ma situation est bienplus confortable que la plupart des nageursmaîtres.

Depuis les Mondiaux de Perth (Australie, avril2008), vous êtes champion du monde C2(catégorie d’âge 30-34 ans, Ndlr) du 100 mnage libre. Ce sacre vous a-t-il offert de nou-velles opportunités ? Considérez-vous que celaa contribué à faire connaître la discipline ?La direction des CRS y a été très sensible. APerth, lors des championnats du monde, j'airemporté deux médailles d'or, deux en argent

et trois en bronze... Cela m'a aussi valu un petitmot sur l'Intranet de la Police car je suis mem-bre de l'équipe de France Police, mais aprèsles maîtres demeurent confidentiels.

Quel regard portez-vous sur la natation desmaîtres ?Au niveau national, j'aimerais que l’on arrêtede considérer les maîtres comme une pratiqueloisir. Nous ne sommes pas professionnels,pourtant pour gagner il n’y a pas de secrets oude recettes miracles : il faut s’entraîner quoti-diennement et disposer d’une rigoureusehygiène de vie. Beaucoup de maîtres doivents'entraîner seul, parfois ils n’ont même pasd'entraîneur et ils sont contraints de nagerdans les lignes réservées au public. J'ai tou-jours eu la chance de faire partie de clubs quidisposaient d'équipes, mais mon cas restemarginal. En outre, les dates de compétitionssont souvent mal placées, pas toujours compa-tibles avec une activité salariée. Sur le planinternational, j'aimerai que nous puissionsconstituer une équipe de France maître. L’andernier à Perth, le règlement nous à permis demettre sur pied une équipe avec des nageursde clubs différents. Cette expérience à été for-midable et concluante, puisque nous avonsremporté un grand nombre de médailles indivi-duelles ainsi qu’un titre mondial avec le relais4x50 m 4 nages mixte. �

Recueilli par Guillaume Deutsch

Sébastien Billon, 30 ans, est rentré desMondiaux des maîtres de Perth (avril 2008) avec7 médailles (2 en or, 2 en argent et 3 en bronze).

Sébastien Billon : “Arrêter de considérer les maîtres comme une pratique loisir”

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