n. beldiceanu recherche sur la ville ottomane au xve siècle

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  • 8/19/2019 N. Beldiceanu Recherche Sur La Ville Ottomane Au XVe Siècle

    1/11

    Bistra A. Cvetkova

    N. Beldiceanu : Recherche sur la ville ottomane au XVe siècleIn: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°24, 1977. pp. 248-257.

    Citer ce document / Cite this document :

    Cvetkova Bistra A. N. Beldiceanu : Recherche sur la ville ottomane au XVe siècle. In: Revue de l'Occident musulman et de la

    Méditerranée, N°24, 1977. pp. 248-257.

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0035-1474_1977_num_24_1_1433

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_remmm_533http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0035-1474_1977_num_24_1_1433http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0035-1474_1977_num_24_1_1433http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_remmm_533

  • 8/19/2019 N. Beldiceanu Recherche Sur La Ville Ottomane Au XVe Siècle

    2/11

    248

    COMPTES RENDUS 6

    N. BELDICEANU, Recherche sur la ville ottomane

    au

    XVe siècle,

    Étude et Actes,

    Biblio

    thèque

    archéologique et

    historique de l'Institut français d'archéologie

    d'Istanbul,

    Paris, 1973.

    L'établissement

    de

    la

    domination

    ottomane

    dans

    le

    Sud-Est

    européen

    avait

    eu

    pour

    effet

    de modifier

    sous plusieurs rapports

    le destin

    et

    le développement de différents

    pays

    conquis.

    Cette domination avait

    porté

    atteinte â

    la dynamique

    naturelle de ce

    veloppement en le faisant dépendre d'autres facteurs en vigueur

    dans

    l'Empire Otto

    man

    pris dans son ensemble. Parallèlement â cela, d'impérieux

    besoins utilitaires du

    pouvoir

    d'État

    l'obligeaient de conserver certaines institutions et pratiques existant

    déjà

    dans les Balkans, en vue de les

    mettre

    au

    service

    de ses besoins.

    En imposant

    sa

    domination dans

    les

    pays balkaniques

    qui, depuis la très haute anti

    quité,

    étaient

    traversés

    par

    des

    routes

    commerciales connaissant

    des échanges et où

    existaient

    des

    villes

    considérablement

    développées

    au point

    de

    vue de

    leur

    activité

    commerciale

    et artisanale,

    le pouvoir ottoman avait très bien compris l'avantage

    qu'il

    pouvait

    tirer

    de l'adaptation de ses

    propres institutions â la

    conjoncture

    existant

    sur

    place et tirer, de cette façon, plus de revenus pour

    le trésor

    de l'État, pour la

    classe

    gouvernante.

    Une

    partie des villes médiévales

    balkaniques

    supportent difficilement

    les

    pénibles

    décennies de

    la

    conquête

    dévastatrice

    des Ottomans. Ruinées, avec l'activité économi

    que

    n

    plein déclin, elles perdent

    leur

    importance et

    deviennent,

    sous

    le

    nouveau régime

    du conquérant,

    des localités sans importance. D'autres continuent â prospérer et

    jouis

    sentde la renommée

    d'importants

    centres

    commerciaux.

    De

    leur côté,

    les

    conquérants

    fondent dans

    différents

    endroits

    de

    nouvelles localités, dans

    lesquelles

    ils

    installent

    des populations

    turques ou

    des

    prisonniers

    de guerre convertis

    â l'islam,

    en

    vue

    d'accomp

    lir'importantes tâches de l'État et de

    renforcer

    l'élément

    musulman au

    sein

    de la

    po

    pul tion balkanique insoumise et mal disposée â l'égard

    des nouveaux

    venus. Quelques-

    unes

    de ces

    localités, fondées

    â

    la

    suite de

    la

    colonisation ottomane, s'étaient dévelop

    pées

    ssez rapidement en

    tant

    que localités de type citadin.

    Le

    destin des villes du Sud-Est

    européen,

    au

    temps et

    après

    la

    conquête ottomane,

    n'a pas été jusqu'à

    présent

    suffisamment

    éclairé.

    L'étude de

    certains aspects

    et

    proces

    suse la

    vie

    urbaine est loin de combler ce vide.

    Après

    les sérieuses recherches de 0.

    L.

    Barkan

    sur

    les

    villes

    de l'Empire Ottoman,

    depuis

    quelques

    années

    la

    science

    histor

    iqueoncentre de

    plus

    en

    plus son

    attention sur

    ces importants problèmes, dont l'élu-

    cidation contribuera â

    éclairer d'un jour

    nouveau

    certaines questions

    fondamentales

    de l'histoire des peuples balkaniques pendant l'époque de la domination ottomane.

    A la suite de

    cet intérêt

    accru apparurent, ces dernières années,

    des

    monographies sur diffé

    rents aspects

    des villes

    en

    question aspects

    démographo-ethnique et socio-économique ^

    ,

    (1) Parallèlement

    â

    certains articles, voici les monographies les plus importantes

    :

    B. CVETKO-

    VA,

    «Vie économique de

    villes et ports

    balkaniques aux

    XV-XVI6 siècles», REI, 1970, 2, hors sé

    rie, p. 5-103.

    H. Toaopob,

    SanKaHCKURT

    zpad XV-XIX

    e«c.

    Cc|>. 1972; B. UBeiKoea. fJpoyveaHUf}

    Ha

    zpadcKoro

    crooaHcreo

    npe3 XV-

    XVI

    ee/c.

    C$.,

    1972;

    Xp.

    TaHAeB.

    Bb/izapcKara

    HapodHOcr

    npe3

    XV

    eeK. C4>., 1972.

  • 8/19/2019 N. Beldiceanu Recherche Sur La Ville Ottomane Au XVe Siècle

    3/11

    7

    COMPTES RENDUS 249

    institutionnel ), etc. Parmi ces études figure l'ouvrage de N. Beldiceanu consacré à

    la

    ville

    ottomane

    au XVe siècle.

    Cet ouvrage comprend deux parties —

    l'une

    contient

    la

    recherche et

    l'autre

    est

    do

    cumentaire La première partie (p. 9-146) réunit quelques études plus

    anciennes

    de

    l'auteur, parues

    sous forme d'articles,

    et

    les résultats de ses

    plus récentes

    recherches

    dans

    les

    archives turques

    et

    les collections de documents

    turcs

    de la Bibliothèque

    natio

    nalede

    Paris

    et de

    la

    Westdeutsche Bibliothek de

    Marburg (Allemagne

    fédérale). Dans

    la

    deuxième partie (p. 167-287)

    on

    trouve

    la

    traduction

    française de 27 textes législa

    tifs

    t

    documents d'archives

    ottomans

    (en partie

    inédits)

    avec commentaire, diction

    naire

    es

    termes

    turcs (p.

    289-313),

    bibliographie des sources et des ouvrages utilisés

    dans

    le

    livre

    (p. 317-349), fac-similés

    des

    textes

    documentaires

    (p.

    353-432)

    et index

    des

    noms

    et termes (p.

    433-463).

    La

    première

    partie,

    partie de

    recherche,

    comprend

    une

    préface

    et six chapitres.

    Dans

    la

    préface

    l'auteur précise

    le

    but

    de

    sa

    monographie

    :

    élucider

    certains

    aspects

    de

    la

    ville ottomane au XVe

    siècle,

    en

    s'intéressant

    plus

    spécialement

    à deux villes commerc

    iales Kilia et Cetatea Alba (actuellement Bielgorod, URSS). Dans cette préface

    N. Beldiceanu promet de réfuter les idées erronées de certains chercheurs,

    selon

    lesquels

    les Ottomans

    étaient

    des «envahisseurs assoiffés

    de

    destruction». N.

    Beldiceanu

    pense

    que

    la vérité

    était

    tout autre. Plus loin nous

    allons voir

    si les faits évoqués par lui-même

    sont

    de nature à réfuter cette thèse, qu'il

    rejette

    résolument a priori.

    Le

    premier

    chapitre contient

    les résultats du travail

    sérieux

    que l'auteur a fait en

    analysant les

    sources, afin de

    les

    dater

    et classer pour

    sa recherche

    et

    de

    mettre

    en

    évidence

    leur

    valeur

    en

    tant

    que

    sources

    historiques.

    De

    l'avis de

    l'auteur,

    la

    base documentaire de son ouvrage est

    bien

    plus

    large

    que

    celle

    des

    Actes

    des premiers

    sultans conservés dans

    les manuscrits

    turcs

    de la

    Bibli

    othèque

    Nationale à Paris, publiés précédemment,

    pour la

    raison qu'il a utilisé

    et

    pré

    senté

    aussi

    des documents

    autres

    que les textes juridiques.

    Malgré cela,

    la

    documentat

    ione son

    étude

    aurait pu s'enrichir s'il avait recouru à un

    plus

    grand

    nombre

    de

    sources

    européennes

    et balkaniques (sud-slaves et

    byzantines)

    qui ne manquent pas

    pour

    le XVe

    siècle

    sur

    certains

    aspects

    de

    la vie

    urbaine (comme par

    exemple les

    chan

    gements

    ethniques et démographiques, intervenus

    après la conquête ottomane, l att

    itude

    du

    pouvoir

    turc

    à

    l'égard

    des

    usages

    et

    des

    institutions

    existant

    déjà

    dans

    les

    vil

    les, etc.)

    (3). Lors de

    la

    datation

    des sources, N.

    Beldiceanu

    recourt

    à

    des arguments

    (2)

    Les études de

    N. Todorov et B.

    Cvetkova

    traitent

    aussi certaines

    questions

    touchant

    le

    carac

    tère t

    le

    développement des institutions urbaines.

    Ces

    dernières ont fait

    l'objet

    d'une attention

    plus

    spéciale de la part de N. BELDICEANU dans Recherche sur la ville ottomane au

    XVe

    siècle.

    Étude

    et actes, Paris,

    1

    973.

    (3)

    Cf.

    B.

    UBeTKOBa.

    Oôsop Ha

    U3toihuiiutb

    no

    ochobhu npoônestu ot ucropuftra

    Ha

    Eepo-

    neûcKUft K)zou3tok npe3 nepuoda

    Ha

    ocmbhckoto

    nponuKoaneMpa»

    na XIV -mpeara nonoeuHa

    Ha

    XV e.A PodutUHUK

    na Co

  • 8/19/2019 N. Beldiceanu Recherche Sur La Ville Ottomane Au XVe Siècle

    4/11

    250

    COMPTES

    RENDUS   8

    raisonnables

    de

    caractères

    différents

    et

    détermine

    adroitement et

    de

    manière

    convain

    canteépoque et l'endroit de publication de

    la

    source étudiée.

    Aux arguments

    évoqués

    par l'auteur lors de la datation de

    la

    Loi de Skopje

    on

    aurait pu prendre en considéra

    tion

    ussi

    d'autres informations que l'on trouve soulignées lors de sa première publi

    cation (*). Indépendamment

    des

    signes purement extérieurs qui

    lient

    la Loi

    de Skopje

    aux actes de l époque de Bayezid

    II,

    il est fort probable qu'elle est

    d'une

    époque

    plus

    reculée

    pour

    les

    raisons suivantes. Dans

    tout le kanun

    le soubashi est mentionné

    en tant

    que gouverneur suprême de

    la

    ville de Skopje. Un

    grand

    nombre des

    recettes,

    dont

    la

    perception est réglementée par le

    kanun,

    sont

    déterminées

    par le soubashi.

    Or, on

    sait

    à

    partir

    d'autres

    sources, que

    dans

    l'histoire administrative de Skopje

    le

    soubashi

    avait joué un plus

    grand rôle

    et qu'il

    disposait de

    pouvoirs plus vastes pendant la deu

    xième moitié du XVe

    siècle,

    au moment où Skopje était le centre d'une unité

    admin

    istrative

    et

    militaire très importante au

    point

    de vue stratégique,

    Voudj

    de Skopje

    et

    Bosnie

    ^

    Après

    l'asservissement

    de

    la

    Bosnie

    les

    choses

    changèrent

    les

    fonctions

    du

    soubashi furent limitées, ses revenus diminués. A partir des années 80

    il

    n'est plus

    mentionné

    dans les documents

    officiels,

    que comme le nzaim de Skopje».

    En

    tenant compte de

    ces

    considérations on

    peut

    admettre que

    les dispositions fon

    d ment les du

    Kanun

    de Skopje

    datent

    de

    la

    période

    pendant laquelle

    le

    soubashi

    de

    la

    ville

    disposait

    de plus vastes prérogatives, c'est-à-dire jusqu'aux années 80

    du

    XVe siècle.

    Il

    ressort de l'analyse

    même

    la

    plus sommaire

    des sources

    utilisées

    dans l'étude

    de

    Beldiceanu,

    que

    leur

    portée territoriale

    concerne surtout

    les

    provinces ottomanes euro

    péennes.

    Ce

    fait

    est

    attesté

    de

    manière

    incontestable

    même

    par

    les

    sources elles-mêmes

    publiées

    dans

    le livre

    :

    de toutes les 27 sources, 22

    concernent justement

    ces provin

    ces.

    our cette raison

    il n'est

    pas justifié

    que

    l'auteur généralise

    ses

    observations et

    ses conclusions sans réserve aucune en parlant de la ville

    ottomane

    prise en général.

    En se basant sur

    les matériaux

    utilisés par lui, il est

    plus

    logique de parler de la ville

    balkanique et

    non

    pas

    de

    la

    ville ottomane prise

    dans son sens

    le

    plus général. En outre,

    le titre «ville ottomane» ne paraît pas très précis, car les

    villes

    dont

    il est question

    dans le

    livre,

    et surtout

    les villes des possessions ottomanes en Europe, ne

    sont pas

    «ottomanes»,

    mais des

    villes

    antérieures à la conquête

    ottomane.

    Ce qui est «ottoman»

    dans ces villes, ce ne sont que les institutions, les

    colons

    (toujours en

    minorité

    par

    rap

    port aux habitants

    locaux) et

    les

    bâtiments

    nouvellement construits.

    Il

    serait donc

    plus précis et plus juste de

    parler

    de villes de l'époque ottomane, de l'époque de la

    domination ottomane

    et

    non pas de villes «ottomanes», car de telles villes

    à l'état

    pur

    n'existent pas.

    Si l'on

    suivait

    la logique de l'auteur il

    aurait

    fallu parler

    aussi

    de villes

    (4) Cf. E.

    UeerKOsa.

    KbM

    UKonoAtuvecKan

    ucwpu/t Ma zpadoeera e

    ôhazapcKure mmu

    npe3

    XV s. Mseecru* na H-ra sa

    ucropu/t,

    XIV'

    XV.

    1964, c.

    244. B.

    CVETKOVA, Via Éco

    nomique _.,

    p. 8,

    n.

    5.

    (5) A- Ulonosa/EojanMh/.

    Koza

    Ctconje

    6uno

    uanrap

    na

    camuaK eo nepuodor or na

    anero

    nod

    rypcKa

    e/tacr

    do epajoi

    Ha

    XV u. fnacmia

    Ha

    UHcruryroT sa nattuonanna ucropu\a, CKonje,

    1,1,

    c.

    90-93.

  • 8/19/2019 N. Beldiceanu Recherche Sur La Ville Ottomane Au XVe Siècle

    5/11

    9

    COMPTES RENDUS

    251

    «byzantines»

    pour

    les villes de l époque de

    la

    domination

    byzantine

    en Bulgarie.

    Or,

    jamais

    personne n'a mentionné une telle chose;

    on

    ne

    fait que parler tout

    simplement

    des villes en Bulgarie pendant

    la

    période de la domination

    byzantine

    (XIe —

    XIIe s.).

    A

    la fin

    du premier

    chapitre,

    N.

    Beldiceanu consacre

    tout

    un

    paragraphe

    aux

    docu

    ments

    utilisés

    par lui, classés d'après leur

    genre.

    Or,

    ce long

    exposé,

    qui

    contient

    la

    continuation

    d'une vieille

    polémique

    entre

    l'auteur et H. Inalcik, est loin

    de

    contribuer

    de manière essentielle à l'élucidation des problèmes posés dans le

    livre.

    Le

    genre

    des

    documents

    pouvait

    être indiqué dans

    une phrase

    unique.

    Le deuxième chapitre

    du livre

    est consacré à la ville

    ottomane

    au XVe siècle. Ici

    l'auteur cherche à préciser quelle est l'organisation de la

    population

    et son activité

    dans

    les

    villes

    pendant l'époque ottomane, surtout dans les villes balkaniques con

    quises par les

    Turcs.

    Dans

    les

    pages d'introduction de ce

    chapitre,

    l'auteur brosse

    un

    ta

    bleau

    des

    conditions

    dans

    les

    Balkans et

    en Anatolie

    à la veille de la

    conquête

    otto

    mane.

    Bien

    que

    sommairement,

    il

    cherche

    à

    expliquer

    le

    succès

    des

    conquérants.

    Il

    prétend

    que

    les

    États balkaniques, morcelés par des luttes intestines,

    et

    l'Anatolie en

    proie â une profonde crise, étaient prêts à

    se

    soumettre à une

    force qui

    dominerait, «par

    son

    énergie,

    son adresse

    diplomatique et

    son esprit novateur». Par leur

    organisation

    militaire,

    leur

    diplomatie

    et leur énergie les Turcs réussirent à soumettre non

    seul

    ement

    l'Anatolie désunie,

    mais aussi le monde balkanique dépourvu

    de

    volonté

    de

    résis

    tance. Toutes ces généralisations manquent de précisions, qu on ne doit pas négliger.

    Le

    succès de

    la

    conquête ottomane

    dans

    les terres balkaniques

    n'a

    qu'une seule

    expli

    cation

    plausible : elle commence â un

    moment favorable

    pour les

    conquérants.

    Les

    États

    et

    les

    peuples

    balkaniques

    n'étaient pas dépourvus

    de

    volonté

    de

    lutte

    et

    rési

    stèrent

    opiniâtrement

    pendant longtemps. La

    chronologie de la conquête —

    elle a duré

    un siècle et demi

    (1352-1499) —

    atteste de manière assez éloquente ce

    fait.

    L expli

    cation est tout

    autre.

    Les

    pays

    balkaniques avaient atteint un niveau assez élevé de

    développement

    socio-économique,

    quand les rapports féodaux déterminaient

    la

    décent

    ralisation politique, les

    rivalités et

    les guerres

    féodales,

    ainsi

    qu'une polarisation so

    ciale

    aggravant

    â la dernière

    limite

    les contradictions

    entre

    les couches

    gouvernantes

    et

    les couches opprimées de

    la

    société.

    Ces

    prémisses

    socio-économiques déterminaient

    d'avance

    l'impossibilité pour

    la

    société balkanique d'organiser un solide front, une sé

    rieuse

    résistance contre

    l'invasion,

    bien

    qu'en

    fait

    la

    volonté

    de

    lutter ne

    manquât

    pas. En outre, la non-résistance

    des peuples balkaniques

    contre les Turcs

    n'est qu'un

    mythe

    qui

    avait

    une certaine justification dans l'historiographie d'avant les

    guerres

    mondiales à cause

    du

    manque de sources

    significatives.

    La plupart des recherches de

    cette

    période

    lançaient la fausse

    impression d'une avance des conquérants ottomans

    presque

    sans

    entraves et

    relativement

    rapide

    en Europe, avance

    expliquée

    par l impor

    tance e leur

    puissance

    militaire et

    la

    remarquable perspicacité des sultans. Cette con

    ception pèse sur plusieurs études contemporaines et peut être décelée

    aussi

    dans le

    texte de l'ouvrage qui nous

    préoccupe.

    Cette conception est

    influencée

    par le ton

    prédominant

    des

    sources balkaniques,

    contemporaines de

    la conquête

    ottomane,

    qui

    s'est

    avérée

    une

    période cruciale

    pour

    le

    développement historique

    du

    Sud-Est européen.

  • 8/19/2019 N. Beldiceanu Recherche Sur La Ville Ottomane Au XVe Siècle

    6/11

    252 COMPTES RENDUS 10

    Or,

    les

    témoignages

    de

    ces

    sources reflètent â un degré considérable le désarroi

    génér

    al es contemporains balkaniques causé par

    l'invasion subite

    â laquelle ils devaient

    faire face.

    Habitués

    au chaos et au désarroi prédominant dans la

    vie politique

    des Bal

    kans,

    ces contemporains

    sont

    naturellement impressionnés

    par

    l'organisation militaire

    et l'ordre centralisé

    des

    Turcs et sont enclins â

    les

    surestimer. Les chroniqueurs ba

    lk niques de cette époque pouvaient

    difficilement

    disposer d'informations généralisées

    concernant

    toutes

    les tentatives de

    résistance

    des peuples balkaniques, afin de pouvoir

    les enregistrer

    dans

    leur ampleur

    et dans

    leur

    conséquence. En

    même

    temps, les

    ob

    servateurs

    et

    les

    chroniqueurs ottomans des événements cherchaient sciemment â sou

    ligner l'avance victorieuse et sans entraves des

    conquérants

    turcs dans la péninsule

    balkanique et

    â minimiser les difficultés

    qu'ils

    durent surmonter au cours de leur cam

    pagne.

    Dans une certaine mesure

    tout

    cela

    est

    une

    des raisons

    qui a fait

    négliger

    plus

    ou moins

    l'autre

    aspect de la pénétration

    ottomane dans

    le

    Sud-Est

    européen, les

    ef

    forts

    de

    certains milieux

    de

    la

    société

    balkanique

    en

    vue

    de

    résister

    aux

    envahisseurs.

    Pour

    différentes

    raisons,

    la

    conception de

    la non-résistance et de

    manque de volonté

    de

    combat chez les peuples balkaniques ne doit plus figurer dans l'historiographie

    contemporaine, surtout après la parution au cours des quelques dernières décennies

    d'un grand

    nombre

    de publications de sources

    et

    d'études en

    sens contraire

    (6).

    Dans

    le

    deuxième chapitre de son livre,

    N.

    Beldiceanu

    examine les

    problèmes sui

    vants

    :

    les déportations en tant que méthode de réorganisation des villes sur de

    nou

    veaux principes

    après

    la

    conquête,

    le

    statut

    des

    villes

    et des corporations.

    L'auteur

    met en

    évidence

    un seul aspect des déportations, l'application de cette mesure en vue

    de

    rétablir

    la

    vie

    urbaine,

    surtout

    dans

    des

    localités ayant

    subi

    pendant

    la

    conquête

    de

    sérieuses

    perturbations

    démographiques. Mais

    même

    dans

    cet

    aspect,

    l'auteur ne

    devrait pas

    négliger

    ces perturbations ayant eu

    pour

    les pays et les peuples conquis

    par

    les

    Ottomans des conséquences

    décisives. A

    lui seul ce fait est' en

    contradiction

    avec le désir de

    l'auteur,

    exprimé

    dans la

    préface, de

    rejeter

    la

    thèse du

    caractère

    destruct

    i e la conquête. Le dépeuplement des villes par la déportation de leurs habitants

    dans d'autres endroits, que

    N.

    Beldiceanu mentionne, est un témoignage suffisa

    mment

    loquent

    du

    caractère destructif

    de

    la conquête. Les

    données évoquées par

    l au

    teur illustrent très

    bien

    la

    politique

    de l'autorité

    ottomane

    par

    rapport aux

    sources

    de

    revenus

    trouvées

    sur

    place

    et

    aux possibilités

    de

    leur

    utilisation.

    Or,

    de

    l'exposé

    de l'auteur on

    peut acquérir

    la

    fausse

    idée que le

    pouvoir

    du sultan

    joue un

    rôle civi

    lisateur

    dans la

    vie

    urbaine,

    «que

    la domination

    du

    sultan

    apporte

    enfin la

    sécurité».

    Une telle affirmation soulève certaines objections. Si le pouvoir suprême cherchait

    â restaurer l'économie

    urbaine

    et toute

    la

    vie

    économique

    du pays, ce n'est pas

    le

    mérite de

    la

    perspicacité du sultan, ni

    même

    des

    procédés civilisateurs

    de ce dernier.

    (6)

    Cf.

    A-

    AHrenoe. TypcKoro

    saeœeanue u

    6op6ara

    Ha ÔanKaHCKure

    napodu

    nporue Hawecr-

    eeHuuuTB. HcToputecKU

    npezned, I X

    1953,

    4,

    c.

    374-398;

    f\. AHrenoe.

    Bopôure

    na

    ôMzapcKUBT

    napod nporne

    ocMaHCKara edacr npea

    nbpeara nonoeuna Ha

    XVe.u noxodure

    na Bnadncnae

    Ba-

    pneHHUK. C6opHMK

    BapHa

    1444 , C.

    1969,

    c. 9-54. B. CVETKOVA La Bataille mémorable

    des

    peuples

    etc., ainsi

    que

    la

    littérature

    du

    même

    aspect

    dans

    ces

    ouvrages.

  • 8/19/2019 N. Beldiceanu Recherche Sur La Ville Ottomane Au XVe Siècle

    7/11

    11

    COMPTES

    RENDUS 253

    C'est

    le pragmatisme normal du

    nouveau

    maître

    qui a

    intérêt

    à

    mettre les

    sources

    de r

    evenus

    trouvées

    sur

    place au service de l'appareil militaire et administratif en voie de

    veloppement rapide, en vue de

    la future

    expansion. Quant â

    la

    sécurité, elle est égal

    ement

    relative,

    pour

    autant

    qu'après

    les

    premières

    dévastations on

    avait

    établi un

    régime

    propre à

    remplacer, compte tenu

    des intérêts de la

    nouvelle

    conjoncture politique

    et

    économique,

    le

    morcellement et

    l'insécurité

    féodale et les nombreuses

    barrières douan

    ières. Cependant ce régime se solda par une nouvelle insécurité, encore plus

    pénible,

    dans les conditions de la discrimination religieuse

    et

    nationale de la population balka

    nique

    assujettie. Or, ce

    sont

    des

    choses

    que les

    spécialistes

    ne doivent pas négliger,

    car la discrimination en

    question

    a profondément

    marqué

    les peuples balkaniques.

    Ils

    en ont gardé jusqu'à présent le triste souvenir.

    Bien qu'une partie des

    données

    concernant

    les

    déportations

    soit

    connue

    et utilisée

    à

    différentes fins par

    d'autres auteurs, l'exposé

    de N.

    Beldiceanu

    sur le

    statut des dé

    portations

    contient de nouveaux éléments, de

    nouvelles

    informations.

    En ce qui concerne le statut des villes, l'information bibliographique de l'auteur

    est

    incomplète et

    manque de précision.

    Il

    affirme que ce

    thème n'avait pas

    fait

    l'objet

    jusqu'à présent d'autres recherches.

    Or

    il a

    été traité, avant

    lui

    et

    à degrés différents,

    par

    d'autres auteurs

    *7*.

    De

    la même manière

    est présenté

    aussi

    le niveau de la pensée

    scientifique

    par rap

    port au timar ottoman. L'auteur indique dans

    les

    références uniquement

    un

    article

    de

    caractère général publié par

    J. Deny

    dans V Encyclopédie de l'Islam, un autre de lui-

    même

    à l'occasion de l'édition d'un

    code

    législatif,

    alors

    que depuis le début du siècle

    dernier

    on

    dispose

    d'une

    série

    d'études

    que

    l'auteur

    passe sous

    silence

    (8).

    Dans ce même paragraphe, lorsqu'il est

    question en passant,

    des institutions et

    des

    phénomènes

    étudiés précédemment par d'autres auteurs, N. Beldiceanu se permet

    de ne pas mentionner les études précédentes et, au lieu de cela, de répéter des

    choses

    déjà établies

    et

    élucidées

    avant

    lui

    et

    de recourir

    â

    des sources

    utilisées

    par

    d'autres

    auteurs dans

    le

    même aspect

    ^

    (7) Cf.

    E.

    HeoTKOBa. naïuerHa

    ôutkb na

    Hapodure,

    chapitre

    II;

    Badem.

    npoyteanuft Ha

    zpadcKoro CTonaHcreo. CcJ>. 10, 13 en.;

    H.

    Toaopob. op. cit., c. 80-99 etc.

    (8)

    Idem,

    p.

    157,

    n.

    4.

    Cf.

    B.

    CVETKOVA,

    La

    Bataille

    mémorable

    des peuples,

    p.

    210,

    n.

    66.

    (9) En voici

    quelques

    exemples :

    Les obligations

    des

    timariotes sont

    connues depuis longtemps

    à

    partir de Hammer, Belin et Tischendorf. Dernièrement

    plusieurs

    auteurs ont

    écrit sur

    le

    Sipahi-

    lik au XVe s. et sur ces obligations — par exemple H. INALCIK, Hicrf 835

    tarihle

    sûret-i defter-i

    sancak-i

    An/anid

    Ankara, 1954;

    6.

    UeerKOBa. flpuHoc KbM u3yvaeaHero Ha

    rypcKUK 0eodami3hM

    30MU

    npes XV'

    XVI

    e. M3eecrun na M-ra

    no

    ucropun, V, c.

    120 en.

    E. UBeTKOBa. FlaMKTHa 6uT«a,

    Chap.

    Il etc. Au

    lieu de

    se

    référer

    é

    ce

    qui était

    déjà fait avant

    lui, N. Beldiceanu

    recourt sans raison

    plausible au t. XIII des

    Sources

    de

    l histoire b ulgare, utilisées dans

    le

    même

    aspect

    avant

    lui

    par

    ses

    collègues

    bulgares.

    Un

    autre

    exemple :

    en mentionnant entre

    autres

    les

    réformes agraires

    de

    Meh-

    med II, N. Beldiceanu cite immédiatement en référence (p. 49, n. 4) son propre article sans indiquer

    une

    autre étude sur la question précédant la sienne

    (cf.

    JESHO, VI, 1, 1963,

    p.

    104-120) et

    une

    plus-récente,

    celle

    de

    V.

    MUTAFdEVA.

    «De

    la

    politique

    intérieure

    de

    Mahomet

    II

    le

    Conquérant»,

    Studia et

    Acta

    Orientalia,

    5-6, p.

    253-268.

    Lors

    de

    l identification

    de

    la forteresse Holonik

    (p.

    59,

  • 8/19/2019 N. Beldiceanu Recherche Sur La Ville Ottomane Au XVe Siècle

    8/11

    254

    COMPTES RENDUS  

    12

    En

    ce

    qui

    concerne le

    statut

    des villes

    dans

    le cadre du système féodal

    ottoman,

    N. Bediceanu se

    range â

    l'opinion

    exprimée plus d'une fois

    jusqu'à présent,

    selon l

    aquelle

    le régime différait dans

    les

    diverses localités et régions en

    fonction

    des besoins

    concrets et qu'une

    partie considérable des villes des possessions européennes

    étaient

    rattachées à

    des

    sipahiliks (p. 49).

    Ici il faut

    souligner que partout

    fuse la tendance

    très

    nette du

    pouvoir suprême :

    réserver

    pour

    le sultan et les plus éminents représen

    tants

    e

    l'aristocratie

    féodale ottomane

    les plus

    riches sources de revenus. Parmi ces

    sources,

    les

    villes

    sont

    en tête avec leur système de

    taxes et

    de

    redevances

    frappant

    l'activité économique urbaine *10).

    Dans le paragraphe concernant

    les

    corporations artisanales, l'auteur présente des

    données en faveur

    de l'opinion

    existant

    dans

    la littérature spécialisée selon laquelle

    ces corporations datent de

    la deuxième

    moitié du XVe siècle.

    Toutefois, les

    données

    sont encore

    insuffisantes.

    Le

    troisième,

    le

    quatrième

    et

    le

    cinquième

    chapitres

    de

    l'ouvrage constituent

    la

    première tentative dans

    l'historiographie

    sur

    l'Empire Ottoman d'étudier dans leur

    ensemble

    les insitutions urbaines

    au XVe siècle.

    Avec un

    esprit

    de

    suite

    qui

    lui est

    propre,

    l'auteur a analysé

    même

    les

    données les plus

    insignifiantes des sources relat

    ivement

    pauvres,

    données qui sont aptes â élucider l'organisation

    de

    l'administration

    des

    villes.

    N. Beldiceanu analyse

    attentivement les

    informations, maigres

    et

    fragmentaires,

    souvent

    même contradictoires, pour établir le

    plus pleinement

    possible

    les

    fonctions

    des différents

    organes

    du

    pouvoir

    ottoman

    dans les

    villes.

    Cette étude, basée sur une

    ample

    documentation,

    est

    divisée en plusieurs chapitres

    :

    organes

    du

    mouvoir

    militaire,

    fiscal-économique

    et judiciaire-policier dans les

    villes. Bien que

    quelques-uns

    de

    ces

    institutions

    ou organes

    aient été déjà

    étudiés en partie ou dans leur intégrité, l'auteur

    a l'incontestable

    mérite de les avoir

    présentés pour

    la première

    fois dans

    leur ensemble,

    à l'aide d'une riche documentation concernant

    le

    XVe siècle. Parmi

    les

    organes de

    l'administration

    militaire,

    N. Beldiceanu analyse

    les

    fonctions et

    les

    prérogatives dans

    la vie

    urbaine

    du sandjakbey, du

    dizdar,

    du kapoudan, du reis, de l'administration

    fiscale

    économique

    — de

    l'emin,

    du

    muhtesib,

    du

    déliât,

    du simsar, du sarraf, du

    kapoudji, du yazidji

    et

    du vozar, de l'administration judiciaire —

    policière

    — du

    subashi,

    du

    kethuda,

    du

    naib,

    de

    l'asesbashi

    et

    du

    kadi.

    n. 5) nous sommes

    en

    présence de la

    même

    information incomplète. N. B. omet de citer

    plusieurs

    ouvrages

    existants

    :

    A. Ky36B. fJpuHoc

    kôm ucroputna Ha

    cpeuHoeeKoemire Kpenocru no JJo/jhuh

    flynae.

    Usée-

    crutt Ha

    HapodHU»

    My3eû Bapna, III/XVIH/, 1961, c. 42-43; B. UeeTKOBa. 3a pemiNia na CTonan-

    CKara

    o6mhh8

    Mexcdy

    pyMbHCKure u

    ôbmapcKure npudyHaecKti ae/wu npe3

    XVI

    bbk. Cn.

    Eb/iza-

    po-pyMbHCKu epb3Ku u OTHOtueHU/t

    npes eeKoeere.

    I.

    Coipvm,

    1965,

    c.

    118; 6. LjBeTKOBa.

    Flpo-

    yieaHUft

    ...,

    c. 225, 6e/i. 211m np.

    (10)

    Cf.

    5.

    U>eTKOBa. HpoyseaHUH ....

    c.

    1

    3 en.

  • 8/19/2019 N. Beldiceanu Recherche Sur La Ville Ottomane Au XVe Siècle

    9/11

    13

    COMPTES

    RENDUS 255

    Lors du

    traitement

    de ces problèmes et, en

    général,

    dans tout

    l'ouvrage,

    la littérature

    slave est très peu utilisée.

    Ainsi,

    par

    exemple, l'étude

    de

    N.

    Beldiceanu aurait certain

    ement

    agné

    s'il avait

    consulté

    les travaux de H. Sabanovid Bosansko

    kraiçte

    (IX,

    1957,

    Sarajevo,

    1958,

    p.

    177-220) et

    Vojno uredenie

    Bosne od 1463 di kraja XVI stoleca,

    (Godisnjak Dru§tva istoricara Bosne i Hercegovine,

    XI,

    1961, Sarajevo, p.

    177-224).

    Le

    dernier

    chapitre de l'ouvrage est consacré

    aux

    problèmes en rapport avec l'organi

    sation u pouvoir après la conquête de Kilia

    et Akkerman.

    Ici l'auteur a utilisé

    une

    de

    ses plus

    anciennes publications

    (cf.

    Déportation

    et

    pêche

    â

    Kilia entre 1484-1508, en

    collaboration avec

    I. Beldiceanu-Steinherr,

    School of

    Oriental and African Studies,

    University of London, XXXVIII, p. 1, 1975) afin de compléter le tableau des villes dans

    l'aspect

    traité.

    A

    titre de conclusion,

    Beldiceanu

    brosse

    une vue d'ensemble

    sur l'aspect ethnique

    et

    extérieur

    de

    la

    ville,

    chose

    qu'il était plus

    logique

    de faire dans l'introduction de

    l'ouvrage.

    Dans

    cette

    conclusion

    il

    souligne

    le

    caractère

    bivalent

    de

    la ville

    le

    carac

    tère

    gricole

    et artisan-commercial.

    Évidemment,

    il

    ne faut pas oublier que ce caractère

    bivalent existe

    dans

    toutes

    les villes médiévales

    et surtout

    dans les villes du Sud-Est

    européen

    jusqu'à l'arrivée des Turcs.

    L'auteur

    souligne

    qu'en

    raison

    de

    l'existence

    de

    nombreux usages

    en

    rapport

    avec

    l'économie agricole

    ainsi qu'en

    raison

    de

    la présence

    d'un

    pouvoir central

    omnipotent,

    la ville

    de l'Empire

    ottoman

    n'arrive pas â

    acquérir

    une

    structure

    réellement urbai

    ne146).

    Dans la

    deuxième

    partie de

    son

    livre, N. Beldiceanu

    présente,

    en

    traduction

    comment

    ée

    es

    principales sources ottomanes.

    Il

    a

    adopté

    le

    principe

    de

    la

    traduction

    fidèle

    de

    l'original,

    en omettant les formules

    traditionnelles

    qui se répètent sans cesse.

    Cette

    deuxième

    partie est très utile et rend

    accessible

    à la

    science

    de nouvelles sour

    ces,

    ce qui fait

    augmenter

    la

    valeur

    documentaire de l'ouvrage.

    Toutefois, cette

    partie

    est aussi un peu trop surchargée, â

    cause

    de certaines particularités dans

    la présenta

    tiones sources et de leurs commentaires. Ainsi, il est â

    peine

    justifié de

    publier

    â

    nouveau par exemple le doc.

    XIX,

    publié déjà avec

    une

    très bonne

    traduction

    par R.

    Mantran, â

    cause

    d'insignifiantes corrections

    de

    cette dernière

    proposées

    par

    N.

    Beldi

    ceanu.

    Si

    la

    nouvelle publication de la

    Loi

    de Skopje

    (BNP

    — Fonds turc

    35) après

    sa

    publication

    en Bulgarie

    pouvait

    avoir

    une justification

    la

    traduction

    en

    français,

    dans le

    cas

    du doc.

    XIX,

    ne se

    justifie pas. Le

    texte des

    traductions

    est

    surchargé inut

    ilement

    par

    les

    nombreuses répétitions

    entre

    parenthèses des termes turcs

    des

    institutions

    traduites,

    ce qui est loin de

    contribuer essentiellement

    à l'élucidation du

    texte. Pour

    quoi,

    par

    exemple, est-il

    nécessaire

    de mettre entre

    parenthèses

    après

    chaque mention

    de

    «ocques»

    le

    terme

    vuqiye, de «charge»

    yuk,

    etc. ?

    On procède ainsi

    uniquement

    pour

    les

    termes

    plus

    spécifiques ou discutables.

    Le commentaire

    foisonne d'inutiles

    répétitions

    de références

    pour

    les

    mêmes expressions,

    termes,

    etc.

    Sous ce

    rapport

    les

    méthodes de l'auteur attestent un penchant trop poussé

    pour

    les détails (12), qui

    (12) Voilà

    quelque* exemples

    :

    après

    avoir

    expliqué

    en

    détails

    dans

    l'introduction de

    son

    ou-

  • 8/19/2019 N. Beldiceanu Recherche Sur La Ville Ottomane Au XVe Siècle

    10/11

    256 COMPTES RENDUS 14

    n'est d'ailleurs justifié

    par

    aucune raison plausible.

    Malgré

    l'abondante

    et

    utile

    information

    du commentaire, on

    y

    trouve certains défauts

    qui auraient

    pu être évités

    si

    l'on avait interprété de

    manière plus

    restreinte

    certains

    termes et vocables

    insignifiants

    et périphériques. En outre, le commentaire ne peut pas

    et ne doit pas

    être

    rédigé

    sans

    principes

    — il

    vise â souligner l'importance historique

    fondamentale de

    la

    source —, l'accent doit être mis justement sur ce but, afin de ne pas

    aboutir â

    une

    compilation désordonnée d'explications de

    toutes

    sortes, de mentions

    fortuites

    et

    au manque de

    données

    suffisantes

    pour

    des

    faits importants.

    Ainsi,

    par

    exemple,

    l'explication de

    ayan

    (donnée

    dans le

    glossaire) est loin d'être satisfaisante,

    pour

    mirahor

    (p. 200), en dépit de plusieurs études, l'auteur se réfère au dictionnaire

    de Bianchi.

    En même

    temps, pour le moulin à

    vent

    (189, n.

    3)

    il nous fournit

    les

    no

    tes les

    plus riches. Ce penchant dans le commentaire pour

    les détails sans

    tenir

    compte

    de ce qui est le

    plus

    important est

    aussi

    dangereux que la

    pauvreté

    laconique des

    réfé

    rences.

    Dans d'autres

    publications

    documentaires N. Beldiceanu a prouvé qu'il est

    capable

    de trouver la juste mesure

    sous

    ce

    rapport.

    D'un

    autre

    côté, ses explications des

    noms

    historico-géographiques laissent aussi â désirer. Tout d'abord

    il faut

    souligner l'absence

    d'un

    critère

    solide et strictement observé lors de la citation

    des

    noms

    géographiques.

    Les glossaires que l'auteur utilise

    pour

    l'identification des localités sont

    déjà vieux et

    pleins d'erreurs

    (il

    est

    inadmissible

    que Mostras continue à être

    l'unique

    source

    dans

    ce domaine). En outre, les

    explications de

    certaines localités sont incomplètes, ce qui

    est de nature â rendre

    perplexes

    les lecteurs.

    Ainsi,

    par

    exemple,

    tandis que pour

    Cons-

    tantza

    (Tomi)

    Beldiceanu

    indique

    qu'elle

    est

    située «sur

    le

    littoral

    roumain»,

    pour

    de

    grandes

    villes, telles que Varna, Silistra,

    Baltchik

    ou Kaliacra, il ne

    donne

    aucune pré

    cision quant â leur appartenance territoriale

    et

    nationale. Et

    pourtant

    ces grandes

    localités bulgares appartiennent

    depuis le début de

    l'état médiéval bulgare

    jusqu'à

    nos

    jours à

    la

    Bulgarie. Pour Stip et Skopje, l'auteur indique, en se basant sur Mostras,

    qu'ils

    sont en

    Macédoine.

    Cette affirmation demande quelques précisions. Pendant

    la période

    dont

    il

    est question,

    le

    nom Macédoine a une autre couverture

    réelle

    (cf.

    P. KOLEDAROV, il Traditions of Antiquity and the Modern

    Map

    of the Balkans», By-

    zantinobulgarica,

    IV,

    1973,

    p.

    145-174;

    fl. KOflEflAPOB,

    OôpasyeaHe

    Ha

    reiua MaKe-

    doHut*

    e

    Tpanun.

    \A3eecnm

    Ha

    l/lHCTUTyra

    3a

    ucTopun

    21, 1970,

    p.

    219-243;

    pour

    ètip : cf. B. CVETKOVA. Istib in : Encyclopédie de l'Islam, nouv. éd., t. III).

    vrage,

    les deux assises du système juridique

    ottoman-kanun-Ser iat, à la page

    209,

    n.

    2,

    il

    répète

    les mêmes

    choses au

    lieu de

    renvoyer, comme

    cela se fait ordinairement,

    â

    la première référence.

    Trois

    ou

    quatre fois N.

    Beldiceanu

    donne des références sur \es akindjis,

    même

    lorsqu'il fait ment

    ion de

    ces derniers à d'autres propos, en citant toujours uniquement la publication

    de

    sa femme

    Ir. Beldiceanu-Steinherr,

    comme

    si

    l'on

    manquait

    d'autres publications

    sur

    les akindjis (par exemple

    le

    sérieux article d'A. Decei

    dans

    Islam Ansiklopedisi, etc.). Pour

    éviter

    les répétitions dans les

    no

    tes concernant une même localité,

    on

    pouvait

    compter sur

    l'index, où

    le

    lecteur pourra toujours

    trouver la première référence sous le

    nom de

    la localité.

    Assez

    naïf

    pour une

    sérieuse publication documentaire est

    de

    donner

    des

    explications

    pour

    les

    mots

    les

    plus ordinaires (cf.

    par exemple sisek — l'auteur se réfère au dictionnaire

    de

    Sami bey,

    p.

    1

    87;

    idem

    pour

    salhane

    p.

    1

    87,

    4

    etc.).

  • 8/19/2019 N. Beldiceanu Recherche Sur La Ville Ottomane Au XVe Siècle

    11/11

    15

    COMPTES

    RENDUS 257

    Lors des explications concernant la

    Dobroudja,

    il n'est pas justifié de se

    référer

    seulement â

    la

    littérature en

    langue roumaine, alors

    que dans l'historiographie bulgare

    existent

    de très

    sérieuses

    publications sur

    ces

    confins du

    Nord-Est bulgare (cf. p. 194).

    En

    ce qui concerne «carisseo», l'auteur

    n'évoque

    rien de l'abondante littérature sud-

    slave.

    Les

    observations

    et

    les notes exposées

    plus

    haut ne sont pas de nature à sous-esti-

    mer

    la

    valeur

    et la contribution de l'ouvrage de N. Beldiceanu. Ses qualités sont incon

    testables.

    Mais elles

    indiquent

    aussi

    que le

    thème

    traité

    dans

    son ouvrage reste

    encore

    un domaine insuffisamment étudié et qu'un grand

    nombre

    de problèmes

    plus ou

    moins

    importants

    attendent une

    explication meilleure

    et plus argumentée.

    Bistra A.

    CVETKOVA

    Denise BRAHIMI.

    Voyageurs

    français

    au XVIIIe siècle en Barbarie. Thèse présentée

    devant l'Université

    de Paris

    III. Paris,

    Honoré Champion,

    1976,

    755 pp.

    Imprimée par

    les

    soins

    de l'Université de Lille III,

    la thèse

    de Mme Brahimi se pré

    sente

    sous la

    forme d'un épais volume de 755 pages,

    â

    la typographie serrée, ce qui

    permet

    de

    juger

    de

    suite

    de

    l'ampleur

    de

    l'ouvrage.

    Bien que dépourvu d'article, le titre

    reste

    équivoque : les voyageurs se réduisent

    à trois : Peyssonnel, Desfontaines et l'abbé Poiret.

    Aucune

    analogie

    donc, et l'auteur

    le

    souligne clairement,

    avec

    les impressionnantes recherches de

    M. Turbet-Deloff

    qui

    ont

    renouvelé

    l'étude des sources françaises

    pour

    le XVIIe siècle au Maghreb.

    Le plan

    adopté

    :

    Textes,

    Regards, Opinions, Jugements et Conclusion,

    permet

    à

    l'auteur de regrouper

    sous de

    grandes rubriques

    toutes

    ses

    remarques. Pour

    rationnel

    qu'il

    se

    veuille,

    le

    plan

    reste

    un peu déroutant et Mme

    Brahimi le

    conçoit bien, qui

    se sent tenue d'expliquer pourquoi par exemple l'apport

    historique

    de ces récits relève

    de

    la

    rubrique

    «Jugements» alors

    que

    l'apport

    politique

    est

    rangé

    sous

    celle

    d'«Opi-

    nions».

    La complexité des subdivisions adoptées, à moins que

    l'on

    ait

    voulu

    par l'apparence

    d'une structure stricte, impressionner le lecteur, n'est justifiable que lorsque l'on s'y

    tient.

    Or,

    prenons

    le

    chapitre intitulé «Les textes et leurs auteurs». Il est divisé

    en

    quatre

    parties : Peyssonnel, Desfontaines, Poiret, et enfin quelques contemporains. Seule la

    dernière est

    pourvue

    d'un chiffre (4).

    Les

    autres

    s'en passent. Les subdivisions

    intérieu

    resont affectées de leur côté de chiffres, de

    majuscules

    et de minuscules. Mais

    encore la fantaisie

    revient vite

    : la partie «Desfontaines» voit les

    majuscules

    rempla

    cer

    es

    chiffres.

    Et les minuscules manquent chez Poiret.