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N° 2 - 2016 / 2017 OFFERT dossier traitements 10 RAISONS D’ESPÉRER enquête la (presque) revanche des chauves PAS SÉDUISANTS, LES DÉGARNIS ? TOUT FAUX... forme home fitness COMMENT BIEN SE FAIRE SUER AU SALON… BLU magazine P O U R L E S H O M M E S C O N C E R N É S P A R L E C A N C E R Finissons-en avec le TABOU !

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N ° 2 - 2 0 1 6 / 2 0 1 7OFFERT

dossier

traitements10 RAISONS D’ESPÉRER

enquête

la (presque) revanche des chauvesPAS SÉDUISANTS, LES DÉGARNIS ? TOUT FAUX...

forme

home fitness COMMENT BIEN SE FAIRE SUER AU SALON…

BLUm a g a z i n e

P O U R L E S H O M M E S C O N C E R N É S P A R L E C A N C E R

“Finissons-en avec le TABOU !

B L U | m a g a z i n e 3

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ÉDITO | B L U

Fidèle

L’an dernier, avec notre premier Blu, nous avions répondu à l’une de vos sourdes mais récurrentes demandes. L’initiative n’en restait pas moins un pari parce que de vous, Messieurs, nous savions peu de chose. Les femmes ont l’habitude de s’exprimer, discuter, s’échanger conseils, astuces, témoignages. Vous – comment dire ? – moins… Nous vous avons donc tendu Blu comme on tendrait la main, un peu à l’aveuglette. Par chance, vous avez été

plus nombreux que nous l’espérions à l’attraper. Alors voici Blu 2, fidèle à sa volonté de vous informer, mais aussi de vous faire voyager et sourire. Désireux de dédramatiser la maladie sans la banaliser, comme s’y emploie parallèlement Rose. Parce que nous refusons de vous réduire à une « pathologie », nous nous adressons à l’homme, au conjoint, à l’ami que vous êtes. Parler vrai, comme le font l’écrivain Tahar Ben Jelloun, Jean Nerva, éditorialiste invité et ex-champion du monde de snowboard, ou les médecins et malades que nous avons inter-rogés, n’empêche ni l’humour – cf. notre dossier sur la revanche des chauves –, ni le plaisir – voir nos séquences sport et gourmandise. Blu 2 est encore un peu petit, mais nous comptons sur vous pour le faire grandir. Partagez-le, écrivez-nous, sur notre page Facebook ou notre site blumagazine.fr, consultez notre site rose-asso.fr ! Faites-vous entendre. Vous le valez bien !PS : Juste au moment d’envoyer ce texte, je reçois un e-mail présentant le projet artistique qu’une jeune photographe souhaite entreprendre autour de son père, rescapé d’un cancer. Son initiative est tendre, originale, optimiste. Elle cherche des financements. Allez voir ! soutenezmaurice.com

Comme l’écrit Norman Cousins dans Comment je me suis soigné par le rire, si des émotions négatives comme le stress, la peur, l’angoisse, la tristesse et la solitude peuvent engendrer des maladies, pourquoi des émotions positives comme la sérénité, la confiance, la joie, le rire, l’amitié, l’amour et le partage ne pourraient pas les soigner ? Guérir d’une maladie comme le cancer demande plus que de simplement offrir ses veines à l’aiguille des chimiothérapies. C’est aussi une remise en question totale de tout son être, de son comportement et de son système de valeurs, qui nécessite en nous des changements fondamentaux. Si, en tant qu’être humain, on n’a pas de prise sur tous les événements qui nous adviennent, on peut toujours choisir la manière dont on réagit face à eux ! Alors zappons, autant que possible, les émotions négatives. La chimiothérapie et ses effets secondaires dévastateurs sur notre corps et notre psyché, les inévitables conséquences sur notre vie sociale et professionnelle, l’éloignement de certains amis (ou plutôt connaissances) : acceptons tout cela et concentrons-nous sur les émotions positives qu’on peut encore éprouver… un bon repas partagé avec des proches, la beauté d’un ciel étoilé, d’un sourire offert ou d’une mélodie qui flotte dans l’air, l’écho de nos rires après un bain dans l’eau froide d’un torrent de montagne, toutes nos improvisations, les plus sages comme les plus folles, et l’éternel combat d’Eros contre Thanatos avec celle

(ou celui) qu’on aime. La vie se niche dans ce type d’émotions et Blu se veut le porte-étendard de cette positive attitude face à la maladie. Euh… d’ailleurs, quelle maladie ?  :-)

“Positive attitude”

B L U remercie

4 B L U | m a g a z i n e

directrices de la publicaticnCÉLINE DUPRÉ & CÉLINE LIS-RAOUX ///

secrétariat BÉATRICE [email protected]

(01 74 31 49 39)/// directrice de la rédacticn BÉATRICE LORANT [email protected] ///

directrice artistique ISABELLE LABUSSIÈRE

[email protected] /// designer graphique CLOTILDE VIDAL

[email protected] /// cnt participé à la rédacticn

HUBERT ARTUS/PIERRE BIENVAULT/

CORALIE BONNEFOY/LAURENT CALIXTE/BENOÎT CARRETIER/

YVES DELOISON/CÉLINE DUFRANC/JEAN NERVA/PATRICIA OUDIT/

MARIE POIRIER/THÉRÈSE ROCHER/// iccncgraphie NADÈGE DARDOUR ///

révisicn VIRGINIE GAZON /// ccmité scientifi que Philippe Bataille, sociologue/Dr Pierre Bondil, urologue oncologue, chef de service au Centre

hospitalier métropole Savoie/Dr Mario di Palma, oncologue, chef du département

ambulatoire à l’IGR/Pr Serge Evrard, chirurgien à l’Institut Bergonié, Bordeaux,

président de la Société française de chirurgie oncologique/Pr Ivan Krakowski, oncologue à l’Institut Bergonié, Bordeaux,

président de l’Association francophone pour les soins oncologiques de support/Pr Alain Ravaud, oncologue et chef du service oncologie du CHU à l’hôpital

Saint-André, Bordeaux/Dr Florian Scotte, oncologue, responsable de l’unité fonctionnelle de soins oncologiques de support à l’Hôpital européen Georges-

Pompidou, Paris /// WEB chef de prcjet web LAURE DARCILLON laure.darcillon@

rosemagazine.fr /// phctcgravure

GRAPHICPROD’ CONSEIL /// impressicn MAURY /// directrice de

la ccmmunicaticn et des partenariats CÉLINE DUPRÉ

[email protected] /// publicité MÉDIANNE, 7, rue Piccini

75116 Paris ANNE DE POTIER [email protected] ///

administraticn-fi nance NATHALIE MALICET /// scciété éditrice

ASSOCIATION ROSE, Éditions Bayard, 18, rue Barbès, 92128 MONTROUGE CEDEX,

ISSN en cours. Tous droits réservés. BLU Magazine est une marque déposée.

3 ÉDITOFidèle…

6 NEWSInfos, conso…

10 ENQUÊTELa (presque) revanche des chauves

16 RENCONTRETahar Ben Jelloun « J’ai choisi de tout dire… »

20 ENQUÊTEPourquoi Google s’intéresse à votre santé

24 EXPÉRIENCEJean Nerva nous raconte… le Zanskar

28 SANTÉLes 10 bonnes raisons d’espérer…

34 TÉMOIGNAGEChambre stérile : mode d’emploi

36 KÉSAKOLes marqueurs en question

38 DÉFIBlu prend le large

42 PSYCHOMon cancéro a un cancer

INTERVIEW :Tahar Ben Jelloun,

écrivain

16

ENQUÊTE :Google s’intéresse à

votre santé…

20FORME :

Les meilleures façons de marcher50

46 ÉVASIONVisa pour la France

50 FORMELes différentes façons de marcher

54 FORMESport at home

60 FOODPlats ciblés

64 POLARSPlaisirs d’hiver

B L U | SOMMAIRE

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B L U news

ROSECARça co-roule

ALLO ALEX ?Des questions sur le cancer au travail ? Composez le 0 800 400 310. Au bout du fil, Alex (qui ne s’appelle pas forcément Alex !) vous répond. Et s’il n’a pas tout suite la réponse, il consulte des experts (avocat, psychologue, médecin du travail, DRH) après vous avoir fixé un rendez-vous téléphonique pour vous donner les meilleures informations. Cette plateforme d’appels a été lancée par Anne-Sophie Tuszynski, fondatrice de Cancer@Work. Destinée à faciliter la vie de toutes les personnes confrontées au cancer dans leur vie professionnelle, elle est ouverte aux malades, bien sûr, mais aussi aux managers ou encore aux gestionnaires RH. Gratuit, ce service est disponible du lundi au vendredi de 9 heures à 18 heures.

>>> À voir aussi sur la page Facebook : AlloAlex @AppelleAlex

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6 B L U | m a g a z i n e

Envie de partager les trajets vers l’hôpital ? Marre de passer des heures à traquer le taxi conventionné ? Besoin d’alléger la charge de vos proches ? Rose-

association (éditrice de votre mag préféré), soutenue par l’entreprise Orange, a créé pour vous RoseCar, une plateforme de covoiturage gratuit vers l’hôpital. Le concept ? Mettre en relation des patients qui fréquentent le même centre : on peut s’inscrire en ligne pour offrir ou demander une place à destination d’un établissement. Une fois la relation établie, les membres peuvent bénéficier d’un transport gratuit, mutualiser des trajets A/R (et éviter à l’accompagnant de poireauter sur le parking), organiser la semaine de transports en établissant des tours. Une réponse simple pour limiter le « reste à charge » des malades, soulager les aidants, créer des liens entre patients et désengorger les parkings des hôpitaux ! Démarrage le 15 novembre. C.L.-R.

› Rendez-vous sur covoiturage-rosecar.fr

Avec le soutien d’Orange

B L U | m a g a z i n e 7

En constante augmentation, un bon nombre de cancers de la peau (notamment le mélanome et le carcinome) est lié à une exposition trop prononcée aux rayonnements UV. L’appli mobile PeauCible, développée par Roche, indique le niveau d’UV du lieu et de la ville ou vous vous situez en utilisant vos coordonnées GPS. Nouvellement labellisée par mHealth Quality*, l’appli est à télécharger tout schuss parce que le soleil, c’est aussi à la montagne qu’il est dangereux !

mHealth go est mon coup de cœur. Elle permet de retrouver l’ensemble des applications santé labellisées par mHealth Quality*. Vous pouvez rechercher une appli par plateforme, prix, ou mot-clé (diabète, contraception, etc.). Chaque application santé référencée dispose d’une fi che descriptive complète que vous pourrez partager avec votre entourage.*Premier label collaboratif en santé mobile et connectée

L’appli mise au point par les laboratoires Takeda permet d’évaluer l’impact de la douleur sur les activités et l’humeur. En répondant à des questions simples (où ai-je mal ? la douleur est-elle modérée, supportable, intolérable…), vous pouvez présenter la synthèse automatiquement générée par l’appli à votre médecin ou aux autres professionnels de santé qui peuvent, le cas échéant, adapter votre traitement antidouleur.

70 %C’est le taux de survie globale à cinq ans que les patients atteints de cancer du testicule de « mauvais pronostic » (une centaine de cas chaque année en France) peuvent désormais espérer. En 2014, seulement 50 % d’entre eux pouvaient être guéris. Mais une vaste étude internationale a révélé l’association fructueuse de six médicaments de chimiothérapie.

« C’est la première fois

depuis vingt-cinq ans qu’on

enregistre un progrès

thérapeutique pour ces

patients », se réjouit le Pr Karim Fizazi, chef du département de médecine oncologique de l’institut Gustave-Roussy. Source : institut Gustave-Roussy

B L U news

* JULIEN ARTU EST LE FONDATEUR DE MYHOSPIFRIENDS.COM, PREMIER RÉSEAU SOCIAL

POUR LES HÔPITAUX À DESTINATION DES PATIENTS.

Tranquille, P É P È R E …

Garder à la fois la chambre et son humour, c’est possible avec « la pantoufle à pépère », une marque 100 % made in France. Semelle en feutre, patin en caoutchouc antidérapant,

intérieur en laine, extérieur en coton… Les pantoufles et charentaises basses ou montantes se déclinent en mode « urbain », « rétro » ou « flemmard », et existent aussi pour femmes et enfants. Histoire de traîner les pieds en famille.> 49€ en moyenne – lapantoufl eapepere.fr

LES CHOIX “GEEK” D E J U L I E N *

8 B L U | m a g a z i n e

Si la grande tendance de la hi-fi en 2016 est l’abandon du fil et l’avènement du Bluetooth

pour tous, encore faut-il s’y retrouver dans la jungle des produits. Petite sélection

à utiliser chez soi ou à emporter en soins… > PA R BENOÎT CA RRE TIER

1 Ce ne sont pas des intra-auriculaires. Inutile donc de les enfoncer dans le conduit auditif. Il suffit de les poser au bord. Leur design s’inspire de la forme et de la taille d’une « oreille moyenne », calculée d’après un large « panel ». Résultat : les AirPods vont à tout le monde, sont ultraconfortables et pèsent deux fois 4 g. 2 Une charge complète des AirPods garantit 5 heures d’écoute. Ensuite, glissez-les dans leur boîtier-batterie de transport, qui les rechargera par contact pour 24 heures supplémentaires. De quoi ne jamais s’ennuyer loin de la maison. 3 Tapotez deux fois sur l’écouteur et Siri vous répond. Siri ? L’assistant personnel qui se commande à la voix. Téléphonez, commandez à manger, changez de morceau… Tout ça sans bouger du lit. Pratique quand on est fatigué par un traitement ou dans sa chambre d’hôpital. 179 € dans les Apple Store ou sur apple.com/fr

BONNES RAISONS DE CRAQUER POUR LES AIRPODS D’APPLE

DR

B L U news

C O U PD E

C ΠU R

TOUT-EN-UN La technologie, c’est bien, l’utilité, c’est mieux. C’est ce qu’a compris la Power Capsule de Mophie, qui mixe housse de transport et batterie (à charger avant de partir) pour écouteurs Bluetooth, bracelets ou montres connectés. De quoi offrir 60 heures de charge supplémentaire à vos écouteurs (jusqu’à 8 recharges complètes) et 55 heures à vos bracelets connectés grâce à la sortie USB. Compact, pratique, abordable (39,95 €), le compagnon idéal des longues journées loin de chez soi.

B L U | m a g a z i n e 9

L E P L U S L É G E R À l’origine pensé pour la pratique sportive, le Method Wireless de Skullcandy est résistant, souple, léger et doté d’une autonomie de 8 heures. En plus, le prix de cet intra-auriculaire est très doux : 59,99 €, sur skullcandy.fr/boutique/sport

L E P L U S C H I C Parce que vous êtes malade, demandez à vos proches de se cotiser pour vous offrir des écouteurs sur mesure ! Seul bémol, vous devrez vous déplacer à la Fnac Montparnasse (exclusivement) pour un rapide scan 3D de vos oreilles… Dix jours après, vous recevrez vos UE Custom

d’Ultimate Ears chez vous. Petit plus : la couche d’acrylique hypoallergénique. Comptez 399 € le sur-mesure

L E P L U S F I D È L E Tour de tête et écouteurs en cuir ultra-confortables, fidélité absolue du son, commandes tactiles du volume ou de la prise d’appel sur l’écouteur droit, appairage de plusieurs appareils possible (bascule automatique de l’ordinateur au téléphone), autonomie de 30 heures… : le PXC 550 Wireless de Sennheiser est le seigneur des casques Bluetooth. Disponible en Fnac et magasins spécialisés contre 399 €.

CASQUES EN PLUS

Les créatrices Nikla Lancksweert, en Bel-gique, et Corinne Amouyal, en France,

ont en commun d’avoir accompagné, l’une sa mère, l’autre son père, malades de cancer. Témoins de la perte d’autonomie et de dignité de parents subitement incapables de s’habiller seuls et obligés de s’empaqueter dans d’affreuses blouses, elles ont chacune imaginé des tenues adaptées aux contraintes des patients (perf ’, poches, pansements…). En Belgique, INGA Wellbeing propose une ligne de vêtements d’extérieur et d’intérieur zippés et pressionnés pour hommes et femmes. En France, Adapt-iV est un tee-shirt unisexe zippé et pressionné lui aussi. Pour que chacun puisse recevoir décemment ses visiteurs, même relié à un pied à perf’…1 > ingawellbeing.com, chacunic.com/blog ; 2 > adapt-iv.com

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PARTICULIÈRES DES MALADES

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DE L’AUTEUR. « Prescrivez-moi du bonheur » - 17 € (Hugo – Doc)

STYLE

B L U | ENQUÊTE

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Jason Statham L’une des stars de Fast

and Furious 7, lors de la promotion du film.

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ongtemps, on les a v us vénéneux, fourbes, vilains. Regardez la longue liste des méchants sur grand écran : pas un poil sur le caillou de Nosferatu, guère plus sur celui de Dr Denfer (l’odieux rival d’Austin Powers) ou de Lex Luthor (l’un des ennemis de Superman), sans parler de Voldemort… Longtemps, calv it ie a r imé avec per f idie. Mais pourquoi ? Parce que depuis Samson (la Bible, donc), dont la force s’est envolée avec les tresses que Dalila lui a coupées dans son sommeil, on a établi une « association entre rasage et castration

symbolique », explique l’ethnologue Christian Bromberger, auteur de Trichologiques. Une anthropologie des cheveux et des poils (Bayard, 2010). En clair : pas de cheveu = pas de force ; pas de force = pas de virilité ; pas de virilité = jalousie, aigreur et besoin de se venger. Mais ça, c’était avant… Ces dernières années, plusieurs études sont venues battre en brèche cette équation primaire. Notamment les travaux de Frank Muscarella, de l’université de Barry, en Floride. Le psychologue américain a constitué un panel de 200 étudiants en psychologie, filles et garçons,

L

LA REVANCHE DES CHAUVES

(presque)

Arborer un crâne lisse n’empêche pas de paraître intelligent,

influent, fort… attirant, en somme. La preuve avec les études

de deux chercheurs américains.

> PA R COR A LIE BONNEFOY

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Les méchants de fiction

Les grands patrons

Les body-buildés

Jeff Bezos Fondateur et PDG d’Amazon.com

Lloyd Blankfein Directeur général de la banque d’investissement Goldman Sachs

Louis Gallois Président du conseil de surveillance de PSA Peugeot Citroën

Voldemort Sorcier, il est le principal « méchant » de la saga Harry Potter

Lex Luthor L’ennemi juré de Superman, dont il jalouse les super-pouvoirs…

Nosferatu Le vampire du cinéaste allemand Murnau (1922), adapté du roman Dracula

DANS LA FAMILLE

CRÂNE D’ŒUF

B L U | m a g a z i n e 13

à qui il a présenté trois groupes de photos des mêmes hommes (chevelus, perdant leurs cheveux et complètement

chauves). Chaque étudiant a ensuite été invité à noter le pouvoir de séduction des hommes photographiés

et à lister les qualités associées à chaque portrait. Conclusion : les chauves sont jugés intelligents, influents, honnêtes, solidaires, bien élevés, sérieux, moins agressifs… Certes, ils apparaissent un peu moins sexy. Mais ils incarnent « la maturité sociale », comme le note Frank Muscarella dans les conclusions de son enquête. Des observations qui confirment ce que constatait déjà, en 2012, le psycho-sociologue Albert Mannes, de l’université de Pennsylvanie. Le chercheur pointait une

perception du chauve « dominant, plus grand et plus fort ». Et conseillait aux mâles inquiets de leur pilosité

clairsemée « de se raser au lieu de dépenser chaque année des milliards à essayer de guérir de la perte de leurs cheveux ».

RÉPERCUSSIONS PSYCHOLOGIQUES

De quoi rassurer les 25 à 30 % d’hommes touchés par l’alopécie, non ? La question fait sourire Patrick Ben Soussan, oncopsychologue à l’institut Paoli-Calmettes, à Marseille : « C’est vrai que si on s’en tient à une lecture

purement psychanalytique, l’homme au crâne dégarni est la plus belle représentation du phallus qui soit : c’est un sexe masculin debout ! » Mais le praticien relativise : « Il faut différencier le crâne rasé de la perte de cheveux. Depuis les années 2000, l’homme qui choisit de se raser la tête pour s’engager, d’une certaine façon, dans une autre vie est perçu positivement – bon manager, dirigeant d’entreprise, puissant, etc. Cet homme-là fait un sacrifice et il est apprécié en conséquence. À l’égal de celui qui, jadis, entrait dans les ordres, en somme. Mais, quand on est malade, ce n’est évidemment pas la même chose. Lorsque l’on est atteint de calvitie ou d’alopécie à la suite d’un traitement

chimiothérapique ou hormonal, on n’est pas dans le même champ. Les répercussions psychologiques sont importantes. Aucun homme n’aime ça, et c’est encore plus violent s’il est jeune. » Car, évidemment, le patient n’a rien choisi, lui… « Ces cheveux qui tombent, c’est l’aspect visible de quelque chose qui ne fonctionne pas, poursuit le psychologue. Le malade perd un lien à son corps, à sa libido, à sa sexualité. Sa souffrance est réelle. Bien sûr, à la différence d’une

femme, un homme peut toujours se raser et arborer un crâne chauve sans que cela soit une atteinte à sa masculinité.

D’ailleurs, on invite parfois les hommes sous traitement à

Dwayne Johnson Catcheur et acteur. Célèbre pour son rôle d’Hercule (2014)

Kelly Slater Considéré comme une « légende vivante » du surf…

Shemar Moore

Vin Diesel L’une des stars récurrentes des films Fast and Furious

Acteur, célèbre pour sa participation à la série Esprits

criminels

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B L U | ENQUÊTE

se raser pour qu’ils ne se sentent pas honteux, diminués. Sur le mode “saisissez-vous du truc plutôt que de le subir”, on leur laisse entendre qu’en se rasant ils vont acquérir une nouvelle identité. Mais, au fond, ça ne fonctionne pas. Les types sont malheureux quand même… »

MASCULINITÉ STÉRÉOTYPÉE

Alors, les études de Frank Muscarella et Albert Mannes seraient-elles tirées par les cheveux ? Un poil, aux yeux de l’onco psychologue. « Il faut bien

prendre en compte que ces travaux sont anglo-saxons. Tous incarnent au fond une vision très occidentalo-centrée de l’homme : le mâle à la Bruce Willis a l’assurance des pays riches. Et, à l’inverse, l’homme qui a les cheveux longs, c’est Brice de Nice, un hippie, un branleur, quoi ! » Une analyse que partage peu ou prou Christian Bromberger quand il décrit, dans son ouvrage, à quel point l’absence de poils souligne l’évolution de notre humanité : « D’une part, le lisse s’inscrit dans un processus général de désanimalisation, de désodorisation des corps qu’incarnent, sur un mode hyperbolique, les héros futuristes de bandes dessinées et de romans de science-fiction. De l’autre, le lisse permet de mieux mettre en relief un corps sculptural et musclé, emblème de virilité. » Et alors ça, il suffit d’allumer n’importe quel écran pour s’en convaincre. La boule à zéro renvoie désormais à une masculinité stéréotypée, peuplée de héros testostéronés tous muscles dehors, à la Dwayne Johnson ou à la Vin Diesel. « Le mec au cheveu ras, c’est l’athlète, le soldat, l’acteur de cinéma, remarque Patrick Ben Soussan… Ça peut être une représentation positive à laquelle s’identifier, mais tous les hommes n’ont pas nécessairement envie de s’inscrire dans cet imaginaire-là. » Surtout pas ceux sur qui se sont brutalement abattus les traitements.Moralité : gardons-nous de ranger tous nos crânes d’œufs dans le même panier. La calvitie ne se vit pas de la même manière suivant qu’elle a été choisie ou subie… Mais réjouissons-nous quand même de ce que les chauves ne soient plus systématiquement stigmatisés. Félicitons-nous de ce qu’un homme puisse être jeune et viril sans un poil sur le caillou. Et du coup, Messieurs les dégarnis, sortez, remontez votre col et relevez la tête (nue).

Bruce Willis L’acteur a désormais son étoile sur le célèbre Walk of Fame de Hollywood boulevard…

Le mec au cheveu ras, c’est l’athlète, le soldat, l’acteur de cinéma…

PATRICK BEN SOUSSAN, ONCOPSYCHOLOGUE À L’INSTITUT PAOLI-CALMETTES, À MARSEILLE

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16 B L U | m a g a z i n e

B L U | RENCONTRE

Dans L’Ablation (Gallimard), un récit littéraire bouleversant et dur, l’écrivain Tahar Ben Jelloun décrit sans fard le cancer de la prostate, pour enfin banaliserla maladie.

> PA R Y V ES DELOISON > P H O T O S JE A N-FR A NÇOIS ROBERT

Le cancer de la prostate, Tahar Ben Jelloun l’a vécu. Sur un mode bénin, précise-t-il. Échographie, biopsie, IRM et au final un résultat qui inquiète le Pr François Desgrandchamps, chef du service d’urologie à l’hôpital Saint-Louis, à Paris. La maladie prise à temps, l’écrivain n’a pas à subir l’ablation de la prostate. Par la suite, les deux hommes deviennent amis. Le

médecin l’incite à écrire sur ce sujet, parce que le cancer reste un véritable tabou. Le livre relate la maladie dans ses moindres détails, même les plus rudes, des épisodes médicaux à l’effroi psychologique, à la peur de la mort, en particulier. Pour nombre de patients, ce récit sonne juste.

BLU MAGAZINE. Quel regard portiez-vous sur le cancer avant d’écrire ce livre ?TAHAR BEN JELLOUN. Comme tout le monde, je me disais : ça n’arrive qu’aux autres. Puis j’ai été sensibilisé car plusieurs de mes amis ont dû affronter la maladie. Et, à mon tour, je suis passé par cette épreuve.

Pourquoi avoir écrit cette histoire ?Un écrivain est toujours en quête de sujets qui le touchent. J’ai voulu partager mon expérience pour rendre service aux

TOUTDIRE…

J’ai choisi de

Comme tout le monde,

je me disais : ça n’arrive

qu’aux autres

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B L U | RENCONTRE

amour (Gallimard), noyait lui aussi cette question cruciale dans la romance. Moi, j’ai choisi de tout dire de manière directe pour en finir avec le tabou. Le cancer de la prostate fait peser un risque d’impuissance provoqué soit par un traumatisme psychologique, soit par l’ablation. Cette situation angoisse les hommes. D’ailleurs, si certains n’ont pas envie de lire mon livre, c’est aussi parce qu’ils ont peur de se trouver un jour confrontés à ce problème. L’ablation est une épreuve très dure. Je conseille aux patients de suivre une psychothérapie.

Vous dites que les femmes lisent plus volontiers le livre que les hommes. Oui. Elles sont indirectement concernées et veulent savoir ce qui se passe. Elles s’inquiètent et consultent parfois en cachette de leur conjoint pour mieux comprendre la situation. La plupart des hommes tentent de camoufler la vérité. Et pour cause : j’en ai connu qui ont été quittés par leur femme après l’ablation, parce qu’ils ne pourraient plus avoir d’érection. Ce n’est bien sûr pas systématique, mais ça existe.

Vous parlez aussi du regard que les autres portent sur les malades. Oui. J’insiste beaucoup sur le fait que le cancer n’est pas contagieux. Ce n’est ni la tuberculose, ni le sida. Ça ne s’attrape pas ! Mais, malgré cela, certaines personnes, effrayées, préfèrent détourner leur regard de la personne touchée… On ne fait pas suffisamment de pédagogie pour dédramatiser la maladie. À partir de 60 ans, pourtant, 7 hommes sur 10 ont un problème de prostate, le plus souvent bénin. Certes, le cancer de la prostate est le premier des cancers masculins, mais c’est aussi celui qui se soigne le mieux. Pour apprendre à vivre mieux avec, il faut regarder les choses en face et ne pas se

complaire dans le déni. Des amis qui ont lu le livre sont allés consulter dès le lendemain.

Dans quel but attirer autant l’attention sur l’aspect prévention ?Je suis un adepte du dépistage. Certains hommes se contentent de faire une analyse sanguine pour vérifier leur taux de PSA. Or, le PSA n’est pas fiable, c’est seulement un indicateur. On peut vivre avec un taux faible alors que le cancer avance. Si on a le moindre doute, il faut accompagner l’examen d’un toucher rectal ou d’une biopsie. > L’Ablation – « Folio », Gallimard – 6,50 €

hommes qui subissent l’ablation et à leurs proches, qui sont désarçonnés. J’ai essayé d’écrire un récit qui parle à un large public, afin qu’on sorte enfin du silence et de la fausse pudeur que chacun cultive à l’égard du cancer.

Qui est le personnage central du récit ?Mon rapport personnel au cancer ne méritait pas un livre, contrairement à l’histoire de mon personnage, qui vit une véritable ablation avec toutes les conséquences que cela comporte. Je me suis inspiré de plusieurs cas observés des jours durant à l’hôpital Saint-Louis. Si les personnages sont imaginaires et que le récit est en partie inventé, l’essentiel se base sur mon travail d’enquête. Je n’évoque que des faits réels. Le Pr Desgrandchamps a relu le texte avant publication pour qu’il n’y ait aucune erreur scientifique.

Pourquoi avoir choisi ce titre violent ? Parce que c’est une situation violente. L’ablation est une amputation physique qui vise à éradiquer la maladie quand elle atteint un niveau élevé de gravité. L’opération a des conséquences énormes peu enviables, notamment en matière de sexualité. C’est d’ailleurs pour ça que des hommes ont peur de lire le livre. Face à une situation comme celle-là, tout le monde ne réagit pas de la même manière. Le livre est prescrit par certains urologues à leurs patients parce que l’histoire les prépare à l’épreuve qui les attend.

Malgré les avancées de la médecine et des traitements toujours plus efficaces, le cancer continue d’être l’objet de fantasmes.C’est normal que les gens aient peur. La mort, ce n’est pas un simple arrêt du cœur, c’est aussi la maladie. À partir du moment où elle s’installe, cela amorce la fin dans la tête d’un malade et, quand le diagnostic est pessimiste, la question de la survie se pose. Heureusement, on peut s’en sortir. Mais on craint le handicap, une vie imparfaite due à la perte de ses capacités. Dans le cas de la prostate, la première chose à laquelle pensent les hommes, c’est la sexualité.

Justement, vous en parlez sans détours.Oui. Romain Gary décr ivait son problème d’impuissance de manière très elliptique dans Au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable. Et Franz-Olivier Giesbert, dans son livre Un très grand

> 1er décembre 1944 Naissance à Fès (Maroc).

> 1975 Obtient un doctorat de psychiatrie sociale à Paris.

> 1985 Publie L’Enfant de sable (Seuil), roman qui le rendra célèbre.

> 1987 Son roman La Nuit sacrée (Seuil) reçoit le prix Goncourt.

> 2014 Publie L’Ablation (Gallimard).

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’est peu dire que la santé humaine passionne les « géants du Web »… Fin septembre, Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, indiquait vouloir investir 3 milliards de dollars sur dix ans pour que toutes les maladies du monde soient éliminées ou gérées. Quant à Bill Gates, il a lui aussi annoncé qu’il aiderait à ce que le cancer disparaisse ou ne soit plus mortel d’ici trente ans... Des effets de manche qui n’ont pas suffi à effrayer Google, sérieusement implanté dans le secteur depuis 2008.

Pourtant, si l’on en croit le site officiel de la société cali-fornienne de Moutain View, la santé ne fait pas partie de sa « mission » : cette activité n’est mentionnée ni dans la liste de ses produits et services grand public, ni dans celle de ses services proposés aux entreprises. D’ailleurs, le service Google Health, qui permettait à chaque individu de stocker en

Pourquoi GOOGLEs’intéresse

En 2013, le magazine Time titrait : « Google peut-il résoudre la mort ? » Ce titre choc résume l’ambition des entreprises issues des technologies de l’information dans la santé. Quelles sont les promesses de Google et deses concurrents ? Leurs rêves ? Leurs fantasmes ?

> PA R L AURENT CA LIX TE > I L L U S T R AT I O N SÉ V ERIN MILLETC

B L U | ENQUÊTE

à votre santé

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22 B L U | m a g a z i n e22 B L U | m a g a z i n e

ligne son dossier médical, a fermé en 2012. Reste que Google se mobilise bel et bien pour la santé. Mais il faut aller sur le site officiel de la maison mère, Alphabet, pour apprendre que ses efforts en matière de santé sont portés par ses filiales Verily – ex-Life Sciences –, avec les lentilles qui détectent le taux de glucose, et Calico, qui œuvre à augmenter la longévité. Il est vrai que Sergey Brin, l’un des deux fondateurs du moteur de recherche, est personnellement concerné par les problématiques de santé : grâce à la société de recherche en génétique 23andme, fondée par son ex-épouse, il a découvert en 2008 qu’il possédait le même gène LRRK2 que sa mère, atteinte de la maladie de Parkinson. Depuis, il a fait de la lutte contre cette maladie neurologique un combat personnel et œuvré pour que Google investisse près de 9 millions de dollars dans 23andme, qui propose aux particuliers d’analyser leur génome à moindre coût pour leur permettre de connaître leurs prédispositions génétiques à telle ou telle pathologie…

SERVICES AUX PARTICULIERS

Mais l’implication de Google dans le domaine de la santé ne s’explique pas seulement par l’intérêt personnel qu’y porte Sergey Brin. Selon la société de conseil PWC, le marché mondial de la santé pèse

actuellement 9 590 milliards de dollars dans le monde (soit 12 % du PIB mondial), et celui de l’e-santé (objets connectés à vocation médicale) pèsera 400 milliards d’ici à 2022, selon le cabinet d’études Grand View Research. De quoi diversifier les sources de revenus de Google, dont plus de 90 % du chiffre d’affaires vient actuellement de la publicité sur Internet. Les services aux particuliers constituent un premier axe de développement. Et, même s’ils ne sont pas mentionnés dans la liste officielle de Google, ils existent

déjà : ainsi de Google Fit, une application qui permet de mesurer et contrôler son activité physique. Ou encore, plus étonnant, de la Google Glass, qui n’a pas rencontré un succès public massif, mais trouve une deuxième vie en médecine (télémédecine, téléassistance). C’est un chirurgien français qui en a popularisé l’utilisation en transmettant au Japon les images de l’opération qu’il avait menée sur un patient. AMA, la société française conceptrice de ces « Google Glasses orientées médecine », est aujourd’hui membre du club Glass at Work, créé par Google et regroupant dix entreprises spécialisées dans ces lunettes à réalité augmentée d’usage professionnel et estampillées Google Glass.Au-delà de ces produits et services très médiatisés, Google multiplie les initiatives, les investissements et les activités dans le domaine de la recherche fondamentale, notamment via sa filiale Verily. Outre la lutte contre le cancer (voir encadré), Verily a bien d’autres projets dans ses cartons : une cuillère « anti-tremblements » pour les personnes atteintes de la maladie de Parkinson, par exemple, ou encore ses lentilles de contact capables de détecter le taux de glucose dans l’organisme, à destination des diabétiques. Guérir ou traiter les maladies, c’est bien. Les prévenir, c’est mieux. Dans ce domaine également, Google ne manque pas de projets qui peuvent faire rêver… ou effrayer, selon le point de vue. Avec son service en ligne Genomics, l’entreprise propose aux universités, labos et hôpitaux d’utiliser ses capacités informatiques colossales pour y stocker le génome de leurs patients et « en mesurer les variations génétiques de façon interactive ». C’est que le séquençage d’un génome humain consomme encore beaucoup de ressources informatiques, tant en matière de temps que de mémoire. Certes, il est possible aujourd’hui de faire séquencer (partiellement) son ADN pour

En chiffres

9�590

400

MILLIARDS DE DOLLARSC’est ce que pèse le marché mondial de la santé.

MILLIARDS DE DOLLARSTel sera le poids mondial du marché de l’e-santé d’ici à 2022.

B L U | ENQUÊTE

En partie financée par Google, 23andme propose le séquençage partiel de votre génome pour 149 $ (env. 135 €)

B L U | m a g a z i n e 23

L es fondateurs de Google, Microsoft

et Facebook ciblent le cancer parmi les fléaux qu’ils veulent éradiquer. Du côté de Google, l’une des initiatives les plus commentées de sa filiale Verily est le projet de développement d’une nano-particule destinée à détecter les cancers ou les crises cardiaques : « L’idée est simple, explique Andrew Conrad, directeur des sciences de la vie chez Google. Vous avalez une pilule

contenant les nano-

particules, lesquelles

contiennent des anticorps

ou des molécules qui dé-

tectent d’autres molécules.

Elles circulent ensuite

à travers votre corps et,

parce que leurs noyaux sont

magnétiques, il est possible

de les ‘‘contacter’’ et de

leur demander ce qu’elles

ont détecté. » Le contact et la lecture des infos pourraient se faire, selon lui, grâce à une simple montre connectée. Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, a, lui, ouvert un centre de recherche près de l’hôpital UCSF Benioff, à San Francisco, qui sera dirigé par un biochimiste et un bio-ingénieur, professeur

de physique à Stanford. L’idée : créer une « cartographie » des cellules humaines afin de mieux comprendre leurs interactions. « Mieux

nous comprendrons le rôle

des cellules dans la santé

et la maladie, mieux nous

serons en mesure de

développer de nouvelles

thérapies pour traiter et

guérir la plupart des

maladies, du cancer au

diabète », a déclaré le Dr Stephen Quake, l’un des directeurs. Ce centre s’inscrit dans le cadre plus global du projet de Zuckerberg visant à inves-tir 3 milliards de dollars sur dix ans afin de soigner toutes les maladies de la planète. Quant à Bill Gates, fondateur de Microsoft, il pense que « dans trente ans, le cancer ne sera plus un problème », notamment grâce au déchiffrage du « code » des cellules malades par les ordi-nateurs, puis à leur « reprogrammation » pour qu’elles re-deviennent saines. Mais suffira-t-il de « réinitialiser » le corps humain pour qu’il « reparte » ? Pour l’instant, c’est de la science-fiction…

Ce que font concrètement Google, Microsoft et Facebook contre le cancer

moins de 1 000 dollars – 23andme propose d’ailleurs ce service pour 149 dollars (env. 135 euros) –, et d’en recevoir le résultat via une simple application. Mais les recherches universitaires croisent et traitent énormément de données – d’où l’intérêt pour les facultés d’utiliser les capacités immenses du Cloud de Google (ses ressources informatiques sur serveurs distants). À terme (si les réparations génétiques deviennent possibles), de telles recherches pourraient permettre aux personnes susceptibles de développer certaines maladies d’agir préventivement pour éviter leur apparition puisque cette fantastique puissance de calcul aide à la détection des gènes défectueux qui en sont responsables. Impressionnant, bien sûr, et en partie exaltant. Mais si le génome de millions d’êtres humains se trouve ainsi stocké dans la gigamémoire du Cloud, le pouvoir de Google devient tout bonnement exorbitant… « Les investissements de Google dans la santé sont assurément une bonne nouvelle pour les malades, reconnaît ainsi Laurent Alexandre, fondateur de Doctissimo. Mais ses ambitions posent des problèmes de gouvernance et de régulation. En face, il faut des contre-pouvoirs efficaces. »

« POST-HUMANITÉ »

Et c’est bien là le problème… Car la World Company a les moyens de ses rêves. Au point que son Graal, désormais, n’est pas tant de venir à bout de toutes les maladies réfractaires à la science que de repousser toujours plus

loin les frontières de la mort. Calico, sa filiale fondée en 2013, a justement pour objectif de « lutter contre le vieillissement ». En partenariat avec les spécialistes d’AncestryDNA, spécialisée dans la réalisation d’arbres généalogiques, une batterie de chercheurs – tous des sommités – a pour mission d’éplucher les millions d’arbres généalogiques d’individus à la longévité exceptionnelle pour isoler le gène responsable du vieillissement. Et comme on vieillit d’autant moins qu’on est en bonne santé, l’ambition des dirigeants de Google est également d’« améliorer la machine humaine » à grand renfort de nanotechnologies, d’implants cérébraux ou encore de manipulations génétiques. Connaître l’ADN d’une majorité d’êtres humains, aider les futurs parents à s’assurer que leur bébé ne sera porteur d’aucune altération génétique (mais pourquoi pas également qu’il sera « beau », « intelligent »…), repousser la mort, bref imaginer notre « post-humanité », tel est peut-être bien le rêve prométhéen de la société la plus puissante du monde.

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Ancien sportif pro (ex-champion du monde du snowboard), j’ai vu ma vie basculer quand je me suis réveillé un matin de novembre 2010 avec un léger voile vert sur l’œil gauche. Consultée en urgence, l’ophtalmo m’a dit : « Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas grave ! » Elle avait raison. Ce n’était pas grave, c’était « extrêmement » grave ! Un an plus tard, après avoir essayé plusieurs thérapies inappropriées, on

me diagnostiquait un lymphome intra-oculaire qui allait m’emmener aux portes de la mal-voyance et de la dépression. Perte de vision, de boulot, de place dans la société… Pour survivre, j’ai décidé de suivre le conseil de ma psychologue – « Si votre vie est trop dure, occupez-vous de celle des autres ! » – et je me suis investi dans l’association Shades of Love, de mon copain Jürgen Altmann. Une véritable aubaine. Notre objectif : récupérer des lunettes de soleil invendues, ou données par des particuliers, et les apporter aux populations himalayennes vivant en haute altitude, sans protection contre les UV qui détériorent de manière prématurée leur vision (ah !Lles yeux, décidément !). Après un premier trip en moto Royal Enfield en 2014 (voir Blu 1), après l’annulation d’un autre en 2015 pour cause de chimiothérapie, tout était prêt pour que nous partions, à pied cette fois, en 2016. Sauf que… IL est revenu ! À la fin du mois de février 2016, précisément… Il fait beau ce jour-là et je décide de sortir faire un tour de vélo. A priori, je suis en rémission complète et je me sens bien. Je

Pour survivre, j’ai décidé de suivre le conseil de ma psychologue : « Si votre vie est trop dure, occupez-vous de celle des autres ! »

B L U |EXPÉRIENCE

Peu à peu, ma sou� rance a fait place à la joie… Jean Nerva

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me vois encore refermer la porte de la grange. Mais après, plus rien. Le trou noir… Quand je me réveille deux jours plus tard, à l’unité de soins intensifs du CHU de Grenoble, je suis redevenu un nourrisson. Couché dans un grand berceau dont je ne peux m’échapper, je vois de drôles de mobiles en forme de poches de produits colorés flotter au-dessus de moi tandis que de curieuses machines ressemblant à de grosses photocopieuses me composent des berceuses sur des rythmes métronomiques de bip-bip. Mon cerveau a « beugué » à cause de ce sagouin, revenu squatter ma boîte crânienne. Malgré un naturel plutôt optimiste, mon sens des réalités me suggère que… euh…

B L U | m a g a z i n e 25

Jean (en haut), sa fi lle Nina (ci-dessus) et une partie de l’équipe ont marché neuf jours entre 4 000 et 5 500 m d’altitude, puis enchaîné sur trois jours de raft dans le Zanskar pour apporter les lunettes aux villageois !

B L U |EXPÉRIENCE

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ce n’est peut-être pas la peine que j’aille jouer au loto. Me revient alors à l’esprit cet adage indien selon lequel il nous faut savoir distinguer ce qui dépend de nous de ce qui n’en dépend pas. En d’autres termes, je ne peux rien contre le fait que cet indélicat se soit une nouvelle fois invité dans mon cerveau. En revanche, je demeure totalement responsable de ce qui se pense et se décide sous mon crâne.

CORPS À CORPS

Alors voilà que l’antimilitariste que je suis, l’ancien objecteur de conscience condamné pour insoumission, entre en guerre. Dans ma tête se rejoue le siège de Stalingrad, un combat au corps à corps pour regagner

chaque centimètre de terrain perdu, chaque synapse, chaque neurone. Ce lymphome cérébral me brouille la vue ? Je fais du ski hors piste, en dominant à chaque virage ma peur de l’inconnu, celle-là même qui me saisit dans les rayons du supermarché quand je cherche les pâtes. Il me pose des problèmes de coordination gestuelle ? Je fais plus de gammes sur ma guitare pour pouvoir jouer en groupe avec mes potes. Il perturbe mon sens de l’équilibre ? Je m’entraîne tous les jours à marcher sur ma Slackline et à faire du wheeling à vélo. Il me pousse vers la dépression et l’isolement ? Je vais vers les autres et ne partage avec eux que du positif et du constructif. Il met à mal mon corps et ma libido ? Je réinvente au quotidien, avec celle que j’aime, le combat d’Eros contre Thanatos.Du coup, quand on m’annonce au CHU une « chimiothérapie de rattrapage » (oui, comme les cancres à l’école !) et l’obligation de renoncer à tous mes projets, dont celui de partir au Zanskar (dans le nord de l’Inde) avec ma fille et mes potes pour le compte de Shades of Love, mon sang « pourri » (ma pathologie est un cancer du sang !) ne fait qu’un tour. Je fonce chez mon hématologue pour envisager avec lui ce qu’il est « raisonnable » de faire et lui parler de ma conception de la vie, même malade ! Il m’écoute et me donne son feu orange…

UN PIED DEVANT L’AUTRE

Bon, c’était pas gagné de partir dans l’Himalaya avec un œdème cérébral contrôlé par des doses massives de cortisone, qui privent de sommeil, et un médoc anti-crise épileptique pour éviter le coma en public.

Pas évident d’enquiller neuf jours de marche sur des sentiers escarpés entre 4 000 et 5 500 mètres avec une vue déficiente, d’enchaîner sur trois jours de raft dans les eaux glacées et

tumultueuses du Zanskar avec un début de septicémie en arrivant à Leh, et d’essayer en plus de prendre des photos. Mais, au final, ça l’a fait ! On a distribué 1 350 paires de lunettes aux Zanskaris ! Peu à peu, ma peur, mes angoisses, ma douleur, mes nuits blanches et ma souffrance ont fait place à la joie, aux rires et au bonheur de partager avec les autres, avec Nina, ma fille, et avec ces habitants si chaleureux. Elles ont fait place au sentiment réjouissant de ne pas avoir capitulé face à cette maladie qui prend toute la place. Comme en alpinisme, je n’ai pas regardé le sommet. J’ai mis un pied devant l’autre et j’ai avancé… Aujourd’hui, cancer, ce qui est sûr, c’est que je ne t’ai pas cherché mais que tu m’as trouvé, ou plutôt que… euh… JE me suis trouvé. Je livre donc cette bataille sans haine contre toi car tu m’as forcé à sortir de ma zone de confort, obligé, baïonnette entre les omoplates et face au précipice, à faire des choses dont je ne me savais pas capable. L’été prochain, on part au Bhoutan. C’est plus haut, les rivières y sont plus grosses et les rapides plus tumultueux… Je t’emmène avec nous ou tu lâches l’affaire, poule mouillée ?

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Réunis devant la tente de Shades of Love,

les Zanskaris se verront offrir 1350 paires de

lunettes.

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JEAN NERVA> 1985-1987 Professeur de basse électrique à Villeurbanne.

> 1989-2000 Snowboarder pro, vainqueur de la Coupe du monde de slalom en 1988 et en 1990.

> 2001-2011 Rédacteur en chef d’un magazine de ski et journaliste moto.

> 2011 Contracte un rare lymphome intra-oculaire et perd en grande partie la vue.

> févr. 2014 rejoint Shades of Love (shadesoflove.org).

MINIBIO

28 B L U | m a g a z i n e

B L U | SANTÉ

raisons10 d’espérer

Guérir deux cancers sur trois : cet objectif n’est plus si loin de nous. Dépistages plus efficaces, traitements personnalisés, technologies révolutionnaires… Enfin de bonnes nouvelles !

> PA R PIERRE BIEN VAULT

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> Sera-t-il possible un jour de dépister un cancer grâce à une simple prise de sang ? C’est en tout cas le pari d’une équipe de médecins du CHU de Nice, qui travaillent à la mise au point d’un dépistage précoce du cancer du poumon via le repérage des cellules cancéreuses dites « sentinelles » dans le sang, impossibles à visualiser par l’imagerie. La tâche est difficile : ces cellules cancéreuses sont très rares et fragiles. En octobre 2014,

>Le sport, c’est bon pour la santé. Et aussi pour lutter contre certains cancers. Forts de ce constat, les médecins pourront à l’avenir prescrire des « activités physiques adaptées » aux

personnes en ALD. Cette mesure adoptée dans la loi santé, grâce à un amendement défendu par l’ex-ministre des Sports, Valérie Fourneyron, reconnaît l’activité physique comme une thérapeutique ayant sa place aux côtés des traitements traditionnels. À terme, le but est que ce « sport sur ordonnance » soit remboursé par la Sécurité sociale. En attendant, les patients peuvent se rapprocher des réseaux sport-santé de leur région ou de leur département.

> Voilà un test qui fait l’unanimité : plus simple à utiliser, plus fiable et plus performant. Les 16 millions de Français et de Françaises de 50 à 74 ans concernés par le dépistage du cancer colorectal peuvent désormais utiliser un test immunologique. Le principe : à partir d’un prélèvement de selles, le test repère des traces de sang invisibles à l’œil nu.

Une coloscopie permet ensuite de détecter un éventuel cancer ou un simple polype. « Avec ce nouveau test, un seul prélèvement de selles suffit contre six auparavant. Et, surtout, il a une sensibilité supérieure. Il détecte deux fois plus de cancers et trois fois plus d’adénomes avancés », explique Frédéric de Bels, de l’Institut national du cancer (Inca). Avec cet outil, les médecins espèrent faire baisser significativement la mortalité par cancer colorectal, à l’origine de 17 500 décès par an.

l’équipe niçoise a publié de premiers résultats intéressants, qui demandent à être confirmés. « Pour l’instant, tout est très préliminaire. Mais le dépistage sanguin et biologique, c’est l’avenir ! Cette forme de dépistage sera sans doute plus efficace que l’imagerie pour détecter tôt des cancers graves », assure le Dr Delaloge. Des avancées qui posent aussi des questions éthiques : « Ces techniques, si elles deviennent un jour une réalité, pourront détecter un cancer bien avant qu’il ne se manifeste. Et toute la question sera de savoir s’il faudra donner ou pas l’information à la personne », indique Frédéric de Bels.

LE SPORT SUR

ORDONNANCE

UN TEST PLUS SIMPLE

ET FIABLE POUR DÉPISTER

LE CANCER COLORECTAL

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> Se faire endormir avant de passer au bloc opératoire… Tout à fait normal. Sauf qu’à l’institut Cu r ie le Dr  Au rore Ma rcou, anesthésiste, « endort » certains patients sans médicament. Elle

a recours à l’hypnose, une approche douce et apaisante qui pourrait se généraliser à l’avenir pour certaines chirurgies du cancer. « L’hypnose peut être utile pour des chirurgies de surface, pour des interventions d’ORL ou sur la thyroïde, mais aussi pour des mastectomies ou le retrait de ganglion sentinelle », indique le Dr Marcou. Le but est de permettre au patient d’entrer dans un état de conscience naturel entre le rêve et l’éveil. « L’hypnose vise à mobiliser la conscience du patient pour lui permettre un plus grand confort pendant l’intervention », indique-t-elle, en ajoutant que cela permet d’éviter une anesthésie générale. Au bloc, le patient recevra simplement une anesthésie locale et un analgésique de courte durée lui sera délivré.

AU BLOC OPÉRATOIRE SOUS

HYPNOSE

4> C’est un peu comme si on utilisait une minuscule lampe de poche pour suivre un médicament à la trace. Et être certain qu’il arrive au bon endroit. Des scientifiques de l’université de Strasbourg, du CNRS et de l’Inserm ont mis au point une méthode or ig ina le pour déliv rer des molécules anticancéreuses. Ils ont utilisé des nanoparticules, c’est-à-dire de minuscules capsules biodégradables, de faible toxicité. « L’objectif est de se servir de ces petites capsules pour transporter le médicament jusqu’à la tumeur », explique Nicolas Anton, de l ’un iversité de St rasbourg.

NANOPARTICULES LUMINEUSES

QUI AMÈNENT LE MÉDICAMENT À

SA CIBLE

Conçues pour pouvoir cibler rapidement et efficacement une tumeur puis se désintégrer une fois leur objectif atteint, ces nanoparticules sont également « équipées » de molécules fluorescentes très brillantes qui permettent aux chercheurs de suivre leur progression. « Si les molécules gardent la même couleur durant le trajet, cela veut dire que la capsule est restée intacte. Si la couleur change, c’est qu’elles se sont désintégrées avant leur arrivée », souligne Nicolas Anton. Les chercheurs ont injecté ces capsules à des souris porteuses de tumeurs. Grâce à la fluorescence, ils ont constaté que la majorité d’entre elles arrivaient intactes dans la tumeur avant de s’y désintégrer et de libérer leur contenu. Si ce succès se confirme chez l’homme, on aura là un nouveau moyen efficace d’amener un médicament ciblé au bon endroit.5

B L U | SANTÉ

B L U | m a g a z i n e 31

>Certains spécialistes, passionnés de nouvelles technologies, en sont persuadés : la « cyber-chirurgie » va radicalement transformer la façon d’opérer dans le futur. « C’est encore un peu balbutiant mais la réalité augmentée va être une vraie révolution », estime le Dr Sarfati. Ces dernières années, plusieurs chirurgiens dans le monde ont déjà utilisé la « réalité augmentée » pour opérer des patients atteints de cancer. En 2012, des chirurgiens de Strasbourg

ont eu recours à cette technique pour opérer une patiente de 36 ans avec une tumeur du foie. Ils ont alors utilisé des images de réalité virtuelle, conçues par un logiciel 3D. Et ils ont fusionné ces images avec celles données par une caméra introduite dans le corps de la patiente. En 2014, des chirurgiens américains ont utilisé des lunettes de réalité augmentée pour voir des cellules cancéreuses en surbrillance lors d’une opération. Mais est-ce un gadget ou vraiment un progrès ? « La réalité augmentée offre des perspectives, souligne le Dr Sarfati. On peut imaginer qu’à l’avenir un chirurgien pourra utiliser des lunettes spéciales pour superposer les images du scanner et de l’IRM sur le patient. Ce qui lui permettra de localiser très finement la tumeur et de voir apparaître en couleur les nerfs, les artères, les veines, c’est-à-dire toutes les structures qu’il ne faut surtout pas toucher. »

DES GOOGLE GLASS POUR

« AUGMENTER » LE BISTOURI ?

> « Pour un cancer de la prostate, le traitement classique comprend entre 37 et 40 séances étalées sur environ deux mois », indique le Dr Dominique Pontvert, radiothérapeute à l’institut Curie, à Paris. Mais grâce de nouvelles machines plus performantes, on peut désormais réduire la durée du traitement, et donc le temps passé par le patient à l’hôpital, en délivrant une dose plus élevée de rayons lors d’une séance. « On y parvient sans augmenter la toxicité car on cible mieux la tumeur et on irradie moins les organes sains alentour comme le rectum ou la vessie », précise ce médecin. Résultat : un traitement peut se dérouler en seulement 30 séances. C’est ce

que les spécialistes appellent la radiothérapie « hypofractionnée ». Selon l’institut Curie, « ces modes d’irradiation permettent d’obtenir des taux importants de guérison avec un faible taux de récidive locale ou de métastases à distance ». Autre progrès : les médecins peuvent aussi utiliser une « arc-thérapie volumétrique », soit un nouvel appareil de radiothérapie capable de s’adapter à l’emplacement et à la forme 3D de la prostate. « On peut aborder la tumeur sur 360 degrés. Cela augmente la précision et les possibilités d’irradiation », précise le Dr Pontvert.

NÉO-SÉANCES DE RADIOTHÉRAPIE CONTRE LE CANCER

DE LA PROSTATE

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6

32 B L U | m a g a z i n e

B L U | SANTÉ

> C’est le rêve de tout cancérologue : pouvoir délivrer un « traitement » à la carte à chacun de ses patients. Un traitement « ciblé » et conçu dans le cadre d’une médecine de précision. « Ces traitements ciblés ne remplaceront pas les thérapeutiques classiques comme les chimiothérapies. Ils viendront en complément mais, c’est une certitude, ils vont prendre de plus en plus d’importance dans le futur », assure Frédérique Nowak, à l’Institut national du cancer. Pour obtenir ces traitements personnalisés, il faut d’abord faire une analyse des caractéristiques moléculaires de la tumeur.

Un « séquençage », disent les spécialistes. Le but est d’identifier sur la tumeur des altérations génétiques qui pourront ensuite devenir des cibles pour le traitement. Et, dans les années à venir, ce séquençage moléculaire va prendre un vrai coup d’accélérateur. En 2015, 10 000 tumeurs ont été analysées. L’objectif est d’atteindre 60 000 tumeurs en 2018. Et cette évolution se fait déjà sentir dans la recherche. Près de 900 molécules sont actuellement testées dans le cadre d’essais cliniques précoces.

MÉDECINE « À LA CARTE »

ET DE HAUTE PRÉCISION

> « Une vraie révolution », disent les cancérologues à chaque grand congrès international. « C’est quasi miraculeux », renchérissent certains patients qui ont eu la chance de bien répondre au traitement. L’immunothérapie est sans conteste le traitement qui suscite le plus d’espoirs pour les prochaines années. Son principe ? Stimuler les défenses immunitaires du patient pour combattre la tumeur. L’immunothérapie donne déjà des résultats spectaculaires contre le mélanome, le cancer de la peau. Certains patients, à un stade avancé de la maladie, ont vu disparaître leur tumeur en quelques semaines. Des résultats prometteurs ont aussi été obtenus dans le cancer du poumon. Mais, pour l’instant, ils ne concernent encore qu’une minorité de patients. Et tout l’enjeu des années à venir sera de rendre l’immunothérapie efficace pour le plus grand nombre et pour l’ensemble des cancers.

LA « RÉVOLUTION » IMMUNOTHÉRAPIE

> C’est une tendance de fond : dans les prochaines années, le cancer sera une maladie qui se soignera de moins en moins à l’hôpital. « Pour le cancer du sein, on a déjà de nombreux traitements sous forme de comprimés. Ce qui est beaucoup plus confortable et moins fatigant pour les patientes », indique le Dr Delaloge. Cette évolution concerne aussi bien les chimiothérapies que les nouveaux traitements ciblés. Aujourd’hui, on estime

que 25 % des traitements médicamenteux, tous cancers confondus, peuvent être pris par voie orale. D’ici à 2020, ce chiffre devrait atteindre 50 % selon Unicancer – structure qui rassemble tous les centres de lutte contre le cancer en France. Et même pour les traitements qui ne peuvent être administrés que par voie intraveineuse, grâce au développement de l’hospitalisation à domicile, le passage à l’hôpital ne sera plus forcément obligatoire. Selon Unicancer, 14 % des traitements intraveineux du cancer du sein se feront à domicile en 2020 – contre 3 % aujourd’hui.

LA « CHIMIO » À LA MAISON

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34 B L U | m a g a z i n e

En aplasie médullaire (absence de globules blancs), vous voilà à l’isolement, dans un espace totalement aseptisé. Mes conseils pour passer le séjour le moins désagréable possible…

> PA R JE A N NERVA

B L U | TÉMOIGNAGE

Guide de survieen chambre stérile…

Participer à Koh-Lanta en

se nourrissant de trucs

bizarres, se retirer un

temps dans un temple

bouddhiste du fin fond de

l’Himalaya, gravir l’Everest

sans oxygène… Autant

d’épreuves qui se préparent

dans la tête et dans le corps. Même chose

pour l’hospitalisation en chambre stérile,

désormais appelée « chambre à flux » (car

c’est un flux d’air pulsé de haut en bas qui

éloigne de vous les méchants microbes,

virus et autres champignons). Principale

difficulté à laquelle vous devrez faire face :

l’isolement physique et sensoriel. Jusqu’à

ce que vos défenses immunitaires se

reconstruisent, vous serez physiquement

coupé du monde. Pendant plusieurs

B L U | m a g a z i n e 35

semaines, votre rayon d’action se limitera aux trois seuls mètres de longueur de vos perfusions, tout juste suffisants pour aller de votre lit à votre table et à votre cabinet de toilette… Certes, vos proches pourront venir vous voir une fois par jour, mais pas longtemps. Heureusement, un énorme progrès a été réalisé ces dernières années : l’équipement des chambres en prises de connexion fixes et/ou wifi. N’hésitez donc pas à appor ter un ordinateur, portable ou non. Une fois aseptisé, il vous permettra non seulement de continuer à travailler un peu, mais aussi d’écrire un journal de bord, de communiquer avec vos proches via e-mails, messageries instantanées, Skype, réseaux sociaux… Et de vous évader (mention spéciale aux émissions de voyage d’Arte qui, dans ce cas précis, prennent toute leur dimension).Prenez aussi de quoi vous divertir « activement », pour ne pas passer votre temps vautré devant la télé. Lecture, instrument de musique, tapis de gym, de yoga, tricot, philatélie, modélisme, recensez tout ce qui vous passionne et demandez au service médical un vélo d’appartement et un step pour vous obliger à faire au moins dix minutes d’exercice par jour. Un tel séjour demande un peu (euh… beaucoup !) de volonté ? Ça tombe bien, guérir d’un cancer, aussi !

COMMUNIQUEZ

L’isolement que vous allez vivre ne sera pas seulement physique mais aussi sensoriel. Donc  : plus de toucher, plus de bisous (snifff)…

De vos visiteurs, vous ne verrez que les yeux (port obligatoire du masque et de la charlotte). Les chimiothérapies vont sans doute altérer votre goût et votre odorat et risquent d’attaquer vos muqueuses buccales (mucites). Votre bouche se transformera alors en éponge à récurer sur laquelle on aurait déversé des chardons et du gravier (top glamour, non ?). Pour minimiser les effets secondaires, une seule solution : maintenir une bonne hygiène dentaire avec des brossages réguliers et se gargariser avec une solution à base de bicarbonate de soude, 8 à 10 fois par jour. Votre goût restera altéré pendant plusieurs mois, vous ressemblerez à un zombie d’un clip de Michael Jackson mais, un jour, tout reviendra !Si vous devez subir une autogreffe de moelle osseuse, la chimiothérapie intensive qui la précédera (et vise à tuer toutes vos cellules malades, mais détruira aussi votre moelle osseuse) sera agressive envers l’ensemble de votre système digestif et vous fera perdre tous vos repères de vie quotidienne. En chambre stérile, on ne prend (presque) plus de repas et on dort quand on peut. D’où l’importance de se

NERVAEn avril 2015, j’ai passé quatre semaines en chambre stérile pour effectuer une autogreffe de cellules souches après destruction de ma moelle osseuse par une chimio intensive. J’ai perdu 17 kg, un peu de confi ance en moi et j’ai mis trois mois à retrouver un système immunitaire à peu près satisfaisant.

INFO +«

LES CONSEILS D’UN “VAMPIRE EN PYJAMA” L’essentiel, pour moi, est de s’encourager. S’encourager à être exac-tement soi-même le plus puissamment possible. Faire appel à sa vie intérieure. Il est des arpents entiers de liberté vierge à explorer dans sa propre tête. S’imaginer comme un Robinson Crusoé, trouver des astuces pour arriver à profi ter malgré tout de ce temps pour soi, de ce cocon protecteur. Mathias Malzieu est le chanteur du groupe de rock français Dionysos et le réalisateur du fi lm d’animation Jack et la mécanique du cœur. Victime d’une aplasie médullaire en 2014, il en a tiré le livre Journal d’un vampire en pyjama (Albin Michel, 2016).

fixer un programme minimum et d’essayer – autant que possible – de s’y tenir. Les prises de sang constituent la base de ce rythme. Mais pas seulement. Continuez par exemple d’écouter vos émissions de radio habituelles pour rester dans « votre » vie. Accordez-vous un temps de repos et communiquez avec le personnel qui entre dans votre chambre, spécialement les « nymph’irmières » (comme les appelle Mathias Malzieu, dans son excellent Journal d’un vampire en pyjama, un livre indispensable à lire avant de se faire « chambrer »). Elles ont de l’empathie et l’habitude des problématiques spécifiques à ces patients particuliers. Les vraies psy, ce sont elles !Quels que soient les états par lesquels vous allez passer, ayez toujours à l’esprit les incroyables capacités d’adaptation et de récupération du corps humain. Lorsque vous aurez l’impression d’avoir 110 ans et d’être au bout du rouleau, pensez que dans quelques mois, vous serez de nouveau en forme, dans votre vie normale, et que tout ça ne sera plus qu’un « mauvais » souvenir. Mais sachez quand même qu’on ne sort pas comme cela d’une telle période d’isolement et qu’il faudra aussi vous préparer au retour dans un monde agressif, où vous devrez vous reconstruire et reprendre confiance en vous pour… renaître ! Note : avant votre entrée en chambre stérile, l’hôpital vous remettra un fascicule d’explication à consulter.

> Article réalisé avec la collaboration de Remy Gressin, hématologue au CHU de Grenoble.

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Quand leur taux

va, tout va. Quand

ils s’envolent, tout

s’affole. Mais, au fait,

que marquent-ils

au juste ?

> PA R CÉLINE DUFR ANC

B L U | KÉSAKO

Les marqueurs

en questions

faux “UN MARQUEUR, C’EST UNE CELLULE SUSPECTE…”

C’est une protéine qui est produite par les cellules cancéreuses et que l’on retrouve dans le sang. Le dosage de ces marqueurs tumoraux reflète le nombre

de cellules cancéreuses présentes dans la tumeur. Il indique également si elles se sont disséminées dans l’organisme pour former des métastases.

vrai “SI LE TAUX AUGMENTE, C’EST INQUIÉTANT.”

Une infection ou une inf lammation, dans les poumons, par exemple, peuvent provoquer l’élévation de ce taux sans que cela soit relié à la tumeur. D’autre part, il n’est pas rare que, au tout début d’une chimiothérapie, celui-ci augmente. Détruites en masse par les produits injectés à ce moment-là, les cellules tumorales libèrent alors dans le sang une forte quantité de marqueurs. Ensuite, cela baisse progressivement. Mais, en l’absence d’infection ou de maladie bénigne, un taux qui progresse est un « signal d’alerte ». Le médecin cherchera alors à compléter cette information par un examen clinique et une imagerie (PET-scan, IRM…). Ce n’est que lorsqu’il disposera de l’ensemble de ces données qu’il pourra établir un diagnostic, et peut-être revoir la stratégie thérapeutique.

“À CHAQUE TUMEUR SON MARQUEUR.”

Depuis les premières recherches, en 1976, seulement une quinzaine de marqueurs ont été découverts (sein : CA 15.3, ovaire : CA 125, pancréas : CA 19.9…). Certains cancers, comme les lymphomes, n’en produisent pas.

faux

“C’EST UN OUTIL DE DÉPISTAGE.”

Mais seulement pour un petit nombre de cancers. C’est le cas avec la calcitonine, marqueur suivi pour détecter des cancers médullaires de la thyroïde dans les familles à risque, et l’alpha-fœtoprotéine, pour les cancers du foie. Enfin, l’hormone chorionique gonadotrope (hCG) et sa sous-unité bêta libre (bêta-hCG) permettent de dépister le cancer du placenta. Les marqueurs du cancer du sein n’ont pas de sensibilité suffisante pour être utilisés dans le dépistage. Donc, de façon générale, on utilise les marqueurs plus pour surveiller l’évolution de la maladie que pour sa détection.

vrai

M E R C I AU PR BELLET, L ABOR AT OIRE D’ONCOBIOLOGIE DE L’HÔPI TAL RENÉ - HUGUENIN - CURIE

Hugo ne peut pas se souvenir de tous ses états.

Son oncologue lui, doit tout savoir.

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Cette application ne propose pas et ne se substitue pas à un avis médical professionnel. Pour toute question sur votre santé, veuillez consulter votre médecin, infirmière ou pharmacien, et n’oubliez pas de leur mentionner vos symptômes. Vous pouvez également déclarer les e�ets indésirables directement au Centre Régional de Pharmacovigilance (CRPV). L’adresse des CRPV et le formulaire nécessaire à cette déclaration sont sur le site de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé http://www.ansm.sante.fr.

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38 B L U | m a g a z i n e38 B L U | m a g a z i n e

B L U | DÉFI

Au printemps, un équipage prendra le départ de la Transquadra, sous les couleurs de Blu.

> PA R CÉLINE LIS - R A OU X > P H O T O S QUEN T IN S A LINIER

Blu prend le large

e jour-là, ils sont quatre hommes dans un bateau. Dont deux anciens malades. Le bateau, c’est celui de Paolo, médecin bordelais engagé au profit de Rose-association (éditrice de Blu) dans la Transquadra, une course transatlantique réservée aux marins amateurs de 40 ans et plus*. Paolo : « La traversée de la maladie ressemble à une traversée de l’océan. On rencontre des tempêtes, des

moments de découragement – mais aussi des instants de fraternité, d’amitié formidables. C’est tout ce que j’aime dans Blu. Le combat. L’espoir. La résilience. Je voulais dédier cette aventure aux malades de cancer. » En cette fin d’été, l’équipage qui embarque aux côtés de Paolo pour une journée de démonstration connaît à la fois la mer et la maladie. Jean-Yves est en traitement depuis quatre ans pour un cancer du poumon, puis du rein. François est en rémission d’une tumeur à la gorge. Philippe est le mari d’une malade. Ils bordent les voiles, règlent le foc, tiennent ferme la barre. Et parlent. Beaucoup. De souffrance. Mais surtout d’amour de la vie. De plaisir. Avec, à l’horizon, la courbe blonde du Pyla. Et, au-delà, l’océan. Jean-Yves : « Les courses au large, c’était ma vie. J’ai déjà bouclé une transatlantique en solitaire. La

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B L U | DÉFI

“La maladie, c’est comme une régate : il faut passer entre les bouées”

maladie, les opérations, les rendez-vous, les biopsies, c’est comme une régate : il faut passer entre les bouées si on veut arriver au bout. La clef, c’est de ne jamais se décourager. Je me vois encore le jour où on devait m’opérer d’une énorme tumeur sur le rein. La chambre d’hôpital donnait sur le stade de rugby. C’était la demi-finale de la coupe d’Europe entre Bègles et Clermont. Je me suis dit : “Le stade va rester là, les gens vont vieillir, et moi je vais louper la suite.” J’avais envie de pleurer. Le médecin est arrivé. Il s’est assis au bord du lit avec ma biopsie. Il m’a dit : “Allons, le navigateur. Ce n’est pas une cata – ce n’est pas bon non plus. Mais ça reste possible.” Dans ma tête, je me suis dit “la guerre est déclarée”. La volonté de me battre était revenue. C’est impossible de laisser tomber, la vie est trop formidable ! Et puis, il y a les jolis moments qui vous aident à tenir : j’ai reçu une carte de vœux de mes collègues de boulot. Il y avait plus de 100 signatures avec des petits mots d’encouragement partout. J’en ai pleuré. Quand j’ai arrêté la chimio, j’ai retrouvé le goût des choses, c’était formidable. J’ai acheté tout ce que j’aimais, des paquets entiers de bonbons, comme un gamin ! À présent, j’ai un rêve : faire tous les canaux de France sur une péniche. Cela me permettra de naviguer, mais jamais trop loin d’un hôpital, au cas où… »François : « Mon grand bonheur, dans la vie, c’est manger ! Les saveurs, les textures, les parfums… Je suis à la fois un gourmand et un gourmet. C’est dire si ce cancer de la gorge a été cruel. La tumeur est apparue quelque temps après mon divorce. Mes enfants de 13 et 17 ans avaient choisi de rester avec moi. La situation était lourde à gérer. Je me suis mis à fumer et à boire plus que de raison. Un jour, je me souviens, j’étais au volant de ma voiture, j’ai voulu parler à mon voisin – mais je ne pouvais plus dire un mot. Rien. Tout restait bloqué au fond de ma gorge. C’est à ce moment-là qu’on m’a diagnostiqué. Pendant les traitements, j’ai vécu un véritable supplice : l’idée de ne plus pouvoir manger m’était insupportable. Puis les traitements ont cessé. Le goût des choses est revenu. Et celui de la vie aussi. Aujourd’hui, je jouis de chaque seconde qui m’est donnée. »

* Paolo et son complice Jean-Philippe vont tenter de boucler la Transquadra, une aventure en deux parties : Lorient-Madère en juillet 2017, Madère- La Martinique en février 2018. Ils en profiteront pour lever des fonds pour Blu. Pour soutenir ce projet et notre association, rendez-vous sur okpal.com (titre de collecte : transquadra).

JEAN-YVES

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“Le goût des choses est revenu. Et celui de la vie aussi !”

En haut et à gauche : Paolo, médecin et skipper, règle les voiles de son Pogo Vento, qui s’élancera pour Blu.

FRANÇOIS

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B L U | PSYCHO

uand un cancérologue a un cancer, il n’en parle généralement pas. Motif : un médecin malade n’est rassurant pour personne, ni pour ses collègues, ni pour ses patients… Claude-Alain Planchon1, spécialiste de médecine nucléaire et de cancérologie à l’hôpital américain de Neuilly, le reconnaît. Avouer son cancer devant ses pairs au cours d’une émission de radio a été son « plus grand challenge ». Comment trouver les bons mots  ? Dans quel camp se situer ? Médecin ou malade ? Malade ayant le savoir ?

Médecin doté d’une expérience de malade ? Au début, en tout cas, quand le diagnostic tombe, le médecin est surtout un individu lambda, assommé comme les autres. « Pendant nos études, on nous apprend tellement à prendre du

Q

Mon cancéroa un cancer

Quand on est cancérologue, le cancer, c’est avant tout celui des autres.

Sauf quand on passe de la théorie à la pratique. Problème : comment être à la fois médecin et malade ?

> T E X T E CÉLINE DUFR A NC > I L L U S T R AT I O N S M ARTIN JA RRIE

recul par rapport à la maladie qu’on finit par se croire invincible et tout-puissant, reconnaît Claude-Alain Planchon. Résultat, quand la maladie vous rattrape, vous tombez de plus haut. Moi, quand j’ai su, j’ai fondu en larmes en regardant la photo de ma fille de 8 ans ! »Premier enseignement pour ces experts, le savoir ne protège de rien quand l’intime est touché. Le Pr Pascal Hammel2, spécialisé dans les cancers digestifs, se souvient « s’être assis, les jambes soudain très molles », lorsque sa consœur, anapath’, lui a précisé la « haute malignité de son lymphome ». Pas une seconde il n’avait pensé à un cancer. À 45 ans, dit-il, « je n’avais jamais été confronté à la peur de mourir. En tant que médecin, on croit connaître la maladie, la souffrance. Mais en se couchant le soir en tant que malade, on se dit : “Je vais peut-être mourir’’ et, à partir de là, on ne sera plus jamais le même ».Premières interrogations autour du traitement, établi par un confrère. Faut-il l’accepter d’emblée, le discuter ? Peut-on se

B L U | m a g a z i n e 43

contenter d’être un malade comme les autres ? Parle-t-on d’égal à égal avec son médecin ?

UN SAVOIR ENCOMBRANT

Difficile pour ces blouses blanches, habituées à « tenir les rênes », de les abandonner et de faire confiance à une équipe qui ne sait pas toujours comment réagir face à un confrère malade. « Je souhaitais être un malade lambda, se souvient le Dr Planchon. Je ne disais

pas que j’étais médecin à ceux qui l’ignoraient et je ne discutais pas des traitements. Je faisais abstraction de mon “savoir’’ car je ne pouvais me laisser soigner qu’à une seule condition : être dans une totale relation de confiance. » Même chose pour Sylvie Froucht-Hirsch3, anesthésiste-réanimatrice à la Fondation Rothschild : « Ma blouse, mon savoir et mes compétences ne m’ont en rien servi en tant que patiente. Je les ai mis de côté. J’ai privilégié la relation de confiance, préférant ne me mêler de rien. Que faire

d’un savoir dont on ne peut rien faire et qui angoisse ? » Pascal Hammel, qui a pourtant participé à la réunion de concertation pluridisciplinaire autour de son propre cas, reconnaît que le savoir est parfois encombrant : « Quel soignant, travaillant en oncologie, n’envisage pas une septicémie s’il est en aplasie, une rechute s’il est en rémission, un accident thérapeutique grave – même exceptionnel – qu’il a déjà vu chez un patient ? » Mais « c’est aussi une grande chance de comprendre tout ce que l’on nous explique, tempère Claude-Alain Planchon, parce que, pour la plupart des gens, le cancer, c’est un grand saut dans l’inconnu ». Une connaissance de la maladie qui peut aussi se traduire par une grosse prise de risque. Témoin Jean-Marc Cosset4, longtemps chef du département d’oncologie-radiothérapie à l’institut Curie. Pour soigner son cancer de la prostate, il s’est ordonné des doses de rayon qu’il n’aurait jamais osé prescrire à ses patients. « Je savais que je prenais un gros risque de “rectite radique’’ [inflammation du rectum avec saignements,

44 B L U | m a g a z i n e

ndlr]. J’ai d’ailleurs été ennuyé pendant deux ou trois ans, surtout quand je prenais l’avion sur de longues distances. Un phénomène dont j’informe maintenant mes patients. Comme quoi, il est intéressant d’avoir la ’’double compétence’’ !» « Bon nombre de soignants font plus tard ce qu’ils auraient aimé que l’on fasse pour eux quand ils étaient malades, observe Sarah Dauchy, psychiatre à l’institut Gustave-Roussy (Villejuif). D’autres, au contraire, s’endurcissent, sur le mode “Je suis passé par là, je sais ce que c’est’’. J’ai connu un médecin qui ne prescrivait pas d’antalgiques à ses patients, disant : “Je sais qu’on peut être plus fort que la douleur.’’ Lui avait dû supporter ses traitements jusqu’au bout, en serrant les dents. »

ÉPREUVE INITIATIQUE

Une fois les traitements terminés, les cancéros vivent parfois l’après-cancer plus durement que les autres malades. En permanence cernés par la maladie, diagnostiquant tous les jours des récidives, certains peinent à se croire tirés d’affaire. Pascal Hammel,

par exemple. Ses traitements sont terminés depuis neuf ans et son médecin l’a déclaré guéri trois ans après la fin de sa rémission complète. Pourtant, il a toujours du mal à s’en convaincre. Un travail psychanalytique, puis l’écriture d’un livre l’ont beaucoup aidé. Mais ce n’est pas encore ça. Claude-Alain Planchon comprend lui aussi ce sentiment : « On ne divorce jamais réellement d’un cancer. On est marié à vie avec lui. Disons que je suis un survivor, comme on dit aux États-Unis. En rémission complète depuis plus de vingt ans, je pourrais maintenant attraper quelque chose d’autre ! » Peut-être plus que d’autres sur le qui-vive, la plupart des cancéros vivent en tout cas l’expérience du cancer comme une épreuve initiatique. Dans leur pratique, leur manière d’être, de transmettre, d’aimer, de se projeter, nombre d’entre eux font leur révolution. Claude Boiron, touchée par un cancer du sein il y a dix-sept ans, a ainsi raccroché sa blouse de cancérologue après sa rechute. Mais sa fragilité de malade lui a permis de se trouver et de prendre un nouveau tournant dans sa carrière : « Annoncer les mauvaises nouvelles, prescrire la chimiothérapie, c’était devenu trop difficile. Maintenant, je suis responsable des soins de support à l’hôpital René-Huguenin, à Saint-Cloud. Du traitement de la douleur à la psychologie en passant par la kiné et la nutrition, ces soins aident les patients à vivre mieux. Je me retrouve pleinement

dans ce rôle d’accompagnant que je résume souvent par : “Avant, j’avais l’impression de faire du mal aux patients, maintenant, j’ai le sentiment de leur faire du bien.’’ » Sa consultation dure une heure. Un luxe pour ceux qui en bénéficient… « J’écoute mes patients, je les titille, je cherche à décrypter leurs silences. » Sa plus belle victoire ? Avoir vaincu ce « gros bras » qui lui a gâché la vie pendant des années et créé une consultation en binôme avec Michèle, masseuse-kinésithérapeute.Pascal Hammel estime lui aussi être sorti de la maladie sensiblement transformé. « J’en ai tiré

bien plus d’enrichissements que de souffrances : une meilleure connaissance de moi, une perception plus nette de la chance de vivre et une relativisation irréversible des (petits) soucis de la vie. » Depuis qu’il est passé de l’autre côté, il a l’impression de vivre sur une autre planète ! « Je vis à 200 à l’heure, je fais trois fois plus de sport et de piano. J’en ai même installé un dans mon service. » Est-il devenu « meilleur » cancérologue pour autant ? En tout cas, il pense avoir gagné en empathie et en humanité, se dit bien plus conscient de ce qu’endurent le malade et ses proches. Il pèse chacun des mots qu’il prononce,

B L U | PSYCHO

Bon nombre de soignants font plus

tard ce qu’ils auraient aimé que l’on fasse pour eux quand ils

étaient malades

DR SARAH DAUCHY

B L U | m a g a z i n e 45

3 QUESTIONS Àfait attention au moindre regard, anticipe les angoisses de ses patients et de leurs proches pour travailler sur leurs peurs. Un peu ovni sur la planète cancéro, il parle à ses étudiants de médecine holistique et de communication… Claude-Alain Planchon aussi a changé. La maladie lui a fait comprendre qu’il n’exerçait pas son métier comme il fallait. « J’ignorais que l’on pouvait autant souffrir physiquement et moralement. » Il a du coup introduit en France un groupe de parole américain, Choix vital5, qu’il anime et dans lequel il s’exprime comme les autres. C’est sa résilience. « J’ai vraiment accompli quelque chose grâce à ce cancer. Pour autant, je ne suis pas un gourou. Seulement un homme qui a eu beaucoup de chance. Les véritables héros, ce sont celles et ceux qui se battent actuellement contre cette saloperie de maladie, avec les hauts et les bas que cela sous-entend. »

FAIRE BOUGER LES LIGNES

Avoir un cancer n’est sans doute pas la condition sine qua non pour être un meilleur cancéro. N’empêche que tous ces ex-malades médecins ont fait bouger les lignes. Parfois même sans le vouloir, comme Sylvie Froucht-Hirsch : « À l’école des manipulateurs radio,

on lit maintenant la page de mon livre dans laquelle je décris l’humiliation de la nudité pendant les séances de radiothérapie. Et on apprend aux étudiants comment aider les patients à préserver leur pudeur, en leur proposant une blouse avant que ne commence l’examen. » Pendant sa maladie, elle a eu le sentiment d’être une caméra, enregistrant tout ce qui se passait autour d’elle, consignant chaque détail dans un petit carnet rouge offert par son mari, transformant peu à peu son vécu en récit. Souvent, les médecins écrivent puis passent à la radio, à la télé. Voilà comment les patients découvrent subitement la « vraie vie » de leur praticien. Mon cancéro, mon héros ? « Certainement, estime Marie-Frédérique Bacqué6, psychologue et professeur de psycho-pathologie clinique à l’université de Strasbourg. Nous sommes ici dans la toute-puissance. Difficile d’éviter la projection “mon cancérologue est guéri, donc moi aussi je vais guérir’’. » C’est l’effet miroir, du placebo en barre pour les patients, boostés par des médecins qui ont gagné la partie. Attention juste à ne pas se tromper d’histoire, à ne pas se perdre de vue.

1 _ Le Cancer maux à mots éd. Josette Lyon2_ Guérir et mieux soigner. Un médecin à l’école de sa maladie éd. Fayard3_ Le Temps d’un cancer. Chroniques d’un médecin malade éd. Erès4_ Des rayons contre le cancer éd. Laffont5_ www.choixvital.fr6_ La Force du lien face au cancer, avec François Baille éd. Odile Jacob

NOTES

Leur savoiraccentue

leur effroiSelon la psychanalyste Yvonne Poncet-

Bonissol, les médecins malades ont une vision dramatisée de ce qui les attend.

ROSE MAGAZINE.

Ces médecins sont-ils des malades comme les autres�?Y. PONCET-BONISSOL. Non, car leur savoir, qui les protège d’un côté, accentue aussi leur effroi. Quand ils apprennent leur maladie, ils ont une vision dramatisée de la suite. Ils voient le film de leurs patients défiler et savent par quel stade ils vont passer. Au début, ils sont plutôt dans le déni, pour tenter de conserver leur savoir indemne. Ils ont tellement l’habitude de devoir rassurer les autres, de tout maîtriser, que leur casquette de médecin les empêche souvent de s’autoriser à être des malades et de se laisser prendre en charge. Ils n’osent pas demander de l’aide, avouer qu’ils souffrent, sauf à leurs proches. C’est un mécanisme de défense. Puis, peu à peu, ils lâchent prise, se détachent de leur blouse pour mettre en place des mécanismes de guérison.

En passant de l’autre côté du miroir, vivent-ils une crise d’identité�? Oui, un monde différent s’ouvre devant eux. Un remaniement profond de leur être s’opère. La rencontre avec la maladie les oblige à aller au fond d’eux-mêmes et à se recentrer. Si certains peuvent aller jusqu’à changer de vie, tous vont travailler autrement. Nombre d’entre eux deviennent plus humains, plus protecteurs car ils ont touché de près la réalité, les manquements, les dysfonctionnements.Ils sont plus à l’écoute, dotés d’une empathie extrême, et leur regard sur l’annonce et la prise en charge psychologique est métamorphosé.

Médecin-sauvé égale médecin-sauveur�? Oui. Ils deviennent une figure d’identification majeure pour leurs patients.

Photos : Stan Fautre/Onlyfrance.fr, Dan Shannon/Onlyfrance.fr

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CHANGEMENT D’EIRE… / OUESSANT /

Posez vos soucis et vos valises : vous êtes à bon port. Tout est somptueux sur cette île. La mer qui vient claquer contre les rochers, les phares, les calvaires.

Et partout la lande, mouchetée de rouge comme un velours dévoré. Des moutons noirs pâturent, et on s’imagine dans le Connemara. Le soir tombé, chacun file au pub Ty Korn, au bourg de Lampaul, pour siroter une bière autour d’un fish and chips. La bonne idée ? Réserver une table un soir de concert.

Ambiance dublinoise garantie ! Vous entendrez des airs celtiques, et peut-être le son de la bombarde, une sorte de hautbois primitif assez proche de la flûte irlandaise. On y sert même un irish stew maison. Mais pour déguster ce délicieux ragoût d’agneau, cuit à l’étouffée sous la motte, il faut passer commande à Marie-Jo…

Se loger : Ti Jan Ar C’hafe, à Kernigou, un joli petit hôtel à prix doux, dès 79 Ð en saison, 02 98 48 82 64, tijan.frDécouvrir : les contes et légendes avec la guide Ondine, kalon-eusa.com, 06 07 06 29 02. S’essayer : à la plongée parmi les épaves (plongeurs aguerris), Subaqua, 02 98 48 83 84.

FRISSONS D’AMAZONIE / AUVERGNE /

Fée des eaux ou bien diable ? L’un des deux a dû créer la cascade d’Anglard… Au cœur du massif du Sancy, une forêt d’herbes géantes et de fougères, Pataugas aux

pieds et bâton à la main, on se prendrait pour Indiana Jones… Le méandre de Queuille est encore plus luxuriant. Tel l’Amazone, la Sioule s’écoule dans des gorges boisées inaccessibles. Du belvédère du Paradis, le point de vue est vertigineux. En contrebas, des pêcheurs taquinent le brochet et le sandre, des carnassiers, comme les aruanã amazoniens… Côté plantes, inutile de traquer le gomphrena des chamans. Mais la pharmacopée locale est riche : ours, pulmonaire ou encore consoude, « très utile en cas de foulure�», précise le botaniste et naturopathe Guy Lalière. Rendez-vous est pris pour une journée de cueillette et de cuisine aux herbes. On repartira avec sa tisane, ou sa pommade maison !

Se loger : Datcha Anastasia, à Besse-et-Saint-Anastaise, à partir de 65 Ð pour 2, 04 73 71 21 84 ; côté Queuille, Les Eydieux, à Saint-Angel, 2 belles suites à partir de 135 Ð, 04 73 86 91 95.S’essayer : à une journée détox, cuisine aux herbes et approche naturopathique, 50 Ð la journée, leseydieux.com ; à la pêche avec David Simon, 06 62 62 21 37.Découvrir : le Sancy et la cascade d’Anglard avec le guide Yves Lartigue, 06 74 68 02 37 ; l’Auvergne depuis le ciel, à partir de 317 Ð en montgolfi ère, 600 Ð en ULM, départs d’Aurillac, 04 71 62 39 02.

Envie d’exotisme sans jet lag ? Voici 5 destinations pour vous évader sans quitter l’Hexagone. Enfi lez les Santiag ou le kimono et… bon voyage !

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VUES DU JAPON / BAIE DE SOMME /

Une longue maison de bois à fleur de jardin. De larges fenêtres et des parois coulissantes en papier de riz pour filtrer la lumière. Un bassin où coasse une grenouille.

Des érables japonais, un cerisier en fleur. Et le potager bio, où poussent shiso vert, salade mizuna, carottes rouge sang… On vit là dans une contemplation paisible. À flâner entre tatami et natte en jonc dans une osmose parfaite avec la nature. « L’idée était de créer un endroit zen, totalement déconnecté de l’espace-temps », précise Tibo Dhermy. Jamais le

Japon n’a semblé aussi proche que dans ce coin de la baie de Somme. Le brunch est à lui seul un voyage : thé vert et jus d’argousier, tofu et pommes compotées au gingembre. Côté bien-être, une baignoire en cèdre massif réinterprète le rituel du bain furo-oké. Et pour nourrir l’âme et l’esprit, une DVD-thèque égrène des films de Kurosawa ou d’Ozu. L’occasion de revoir Fleurs d’équinoxe. Magique !

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COMME AU FAR WEST / VAUCLUSE /

Sortez le Stetson, les Santiag et le ceinturon : le Colorado, c’est à Roussillon-en-Vaucluse, étonnant village dominant des falaises rutilantes. Du début du

XIXe siècle à la fin des années 1920, des ouvriers ont extrait l’ocre des carrières. Jusqu’à l’avènement des colorants chimiques, fabricants de cosmétiques et de pneus s’arrachaient ce minerai pour ses pigments et son onctuosité. Restent ces paysages fabuleux et l’ancienne usine Mathieu. On y vient pour revivre la grande épopée industrielle ou s’initier aux secrets des couleurs. On peut aussi se la jouer cow-boy et parcourir à cheval la région des ocres. Une vraie balade en technicolor…

B L U | ÉVASION

Se loger : Le Bruit de l’eau, Saint-Quentin-en-Tourmont, chambres à partir de 129 Ð, lebruitdeleau.org, 03 22 99 09 02. S’essayer : à la cuisine japonaise, 175 Ð pour 2 ; à la photo avec Tibo, 165 Ð pour 1 h 30.Découvrir : la baie et le parc du Marquenterre. Visites avec Olivier Hernandez, 06 88 90 83 59 ; les jardins de Valloires, baiedesomme.fr

Se loger : Clos de la glycine, Roussillon, à partir de 110 Ð la chambre, 04 90 05 60 13, luberon-hotel.frS’essayer : aux techniques de peinture ou à la dorure à la feuille d’or. Stages courts ou longs dès 11 Ð les 2 heures, okhra.com, 04 90 05 66 69. Découvrir : les carrières de Roussillon (visites guidées tous les jours) et le sentier des ocres, okhra.com ; la région à cheval avec Colorado Aventures, 06 78 26 68 91.

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CALIFORNIA DREAM / LANDES /

Sea, surf and sun à Biscarrosse, comme à Malibu. Le grand chic ? Louer un combi Volkswagen, comme sur la Côte ouest. Un modèle vintage

(Splitty, Westfalia…), pour ranger sa planche ou tout simplement pour se la jouer « on the road again » à la Kerouac. James Hanberry s’est spécialisé dans la location de ces vans. Sa femme Rachel enseigne le yoga : le Sivananda yoga et le Vinyasa yoga, une pratique plus dynamique, à la californienne. Cerise sur le gâteau : les « salutations au soleil » se font sur la plage, au sunset, ou dans une belle maison d’hôtes. « So Pacific Palisades ! » Tout en bardage de bois blanc, bois flottés

et poissons-lunes aux murs, Côte et Dune résume à elle seule la beach attitude. Dans la chambre Malibu, des plaques minéralogiques et la saga des Chroniques de San Francisco, signées Armistead Maupin, invitent à un voyage immobile. Quelques pages et zou ! Un verre à l’Idylle Café, juste au bout du ponton…

Se loger : Côte et Dune, Biscarrosse, à partir de 116 € en saison, cotedune.fr, 05 58 08 17 29. S’essayer : au yoga avec Rachel, cours collectifs (16 €) ou individuels ; au combi Volkswagen vintage, locationdecombi.fr Découvrir : le surf, avec le club Kiwi Surf, 05 58 07 14 58.

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Les meilleures façons de marcherQue vous choisissiez d’avancer à l’horizontale ou à la verticale, les façons de mettre un pied devant l’autre ne manquent pas !

> PA R PAT RICI A OUDIT

Pour débrancher, échapper au surmenage numérique, la marche apparaît comme le cheminement –  intér ieur  – prov identiel. D’abord parce qu’elle permet de se reconnecter à son propre pouls, à son propre rythme, de lever la tête et d’aller voir ailleurs. Ensuite parce qu’el le peut se prat iquer sous des

formes très diverses. Marcher peut partir dans tous les sens, littéralement : à l’horizontale, certes, mais aussi à la verticale. On peut ainsi progresser à f lanc de paroi sur une via ferrata, gravir un sommet à skis de rando et redescendre aussitôt, s’immiscer au plus profond des vallons en raquette, faire un tour de parc avec des bâtons pour une session de marche nordique, randonner et méditer avec un prof de yoga… Intrépide, contemplatif, expérimenté, débutant : quel que soit votre niveau, la meilleure façon de marcher, ce sera encore la vôtre. P

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Raquettes à neige, esprit “Into the Wild”

Tapis de cristal qui crisse sous les pieds, vallons secrets qui abritent une faune uniquement visible en s’immisçant en silence dans la poudreuse profonde… Se promener en raquettes, c’est de la poésie à l’état pur. La progression est très facile : elle se fait à pas lents, sans modifier sa façon de marcher. Il faut juste lever les genoux un peu plus que d’habitude, poser les raquettes bien à plat. Et se servir de ses bâtons, essentiels pour corriger tous les petits déséquilibres et retarder l’apparition de la fatigue. Pratiquée à un bon rythme, la raquette, excellente pour le cœur, fait fondre le gras comme neige au soleil avec une moyenne de 500 calories brûlées par heure. La descente peut se révéler très ludique, à coups de pas glissés qui font en prime

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Marche holistique, une première

Les lecteurs de Blu pourraient bien être les pionniers de cette nouvelle activité créée par Thierry Bardagi, accompagnateur en montagne, professeur de yoga et thérapeute énergéticien. Soit une initiation douce où se mêlent marche nordique, marche afghane, marche consciente, yoga et réflexologie plantaire. Un cocktail des plus déstressants. L’objectif : être à l’écoute de soi, des autres et de l’environnement, prendre pleinement conscience de l’instant présent, (re)découvrir son corps et dénouer les tensions. Une matinée au milieu d’une nature préservée, sur les sentiers nordiques de Bessans, au cœur de la sublime Vanoise : mieux que n’importe quelle semaine détox !

PRATIQUE 20 €/pers., bâtons nordiques fournis (8 pers. max.). bessans.skimium.fr

Ski de rando, finies les suées à la montée !

Vive la Freerando, qui permet au skieur lambda de prendre les remontées mécaniques jusqu’à leur « terminus » et de terminer l’ascension à pied, ou plutôt à skis. On s’épargne ainsi les poumons et les cuisses qui brûlent lors d’interminables dénivelés positifs. Et ce d’autant plus facilement que le matériel a gagné en légèreté et en simplicité d’utilisation. Désormais, on peut monter des fixations de rando sur ses propres skis, qui ne sont donc plus fins comme des baguettes. Plus d’équilibre, moins d’efforts. Et les peaux

Marche nordique, les hommes aussi

À l’origine, la discipline a été conçue comme un entraînement d’été pour les skieurs de fond finlandais. La plus-value des bâtons ? Soulager les articulations et améliorer l’équilibre général. Cette remise en forme en douceur s’adresse en particulier aux personnes désirant reprendre une activité physique, car elle assure le pas en toutes circonstances. Bénéfices attendus : tonification de la silhouette, maintien de la colonne vertébrale, renforcement musculaire des bras et des épaules, respiration et oxygénation qui s’améliorent de jour en jour. Au final, un travail plus complet que la marche traditionnelle, avec 80 % des chaînes musculaires sollicitées.

PRATIQUE Nouveau, le passeport marche nordique proposé dans les 700 clubs de la Fédération française d’athlétisme permet de passer des niveaux. Rens. : athle.fr

de phoque d’aujourd’hui (en réalité une bande adhésive que l’on fixe à la montée pour ne pas reculer) sont beaucoup plus maniables. « En utilisant en partie les remontées, on accède plus vite et plus facilement à des lieux sauvages et aussi au plaisir de la descente. Parfois, on fait 20 minutes de montée pour 3 heures de descente ! » résume ce guide de Val Thorens, un des paradis de la discipline.

PRATIQUE Le site référence, ultracomplet, sur la pratique : skitour.fr/

Via ferrata, randonnée ludique

et panoramiqueVous avez toujours rêvé de grimper sans crainte, de progresser sur le rocher en toute sécurité ? Les via ferrata, nées dans les Dolomites (Italie) pendant la Première Guerre mondiale, sont votre roche de salut. Ces itinéraires installés

en falaise, équipés de câble, d’échelons, de ponts de singe, de tyroliennes et de passerelles présentent différents niveaux, du plus rassurant, pour ceux qui pourraient souffrir de vertige, au plus aérien, pour les plus téméraires. Pour avancer sans danger à l’horizontale comme à la verticale sur l’une des 150 via ferrata hexagonales, vous serez équipé d’une longe spécifique, avec deux mousquetons de sécurité qui vous relieront au câble ou à la main courante. L’expérience est ludique, mais la démarche responsable : chaque pas et geste doit être réfléchi, comme un éloge à la lenteur. Votre récompense : une autre vision du plancher des vaches, souvent grandiose.

PRATIQUE Conseils et localisation de toutes les via ferrata en France : viaferrata-fr.net/

Rando, trail et yoga de montagne,

inspirez, transpirez ! La plus-value du yoga de montagne : l’osmose avec la nature, un peu d’effort pour beaucoup de réconfort et la vision d’une poignée de bouquetins en prime. On accède au nirvana en marchant d’abord (avec des baskets l’été, avec des raquettes l’hiver). On inspire, on transpire puis, arrivé au sommet, on exécute ses postures de yoga face à la montagne. Autre possibilité, pour les plus sportifs, même débutants : le trail blanc, c’est-à-dire sur la neige (lui aussi suivi de yoga). Avec des minicrampons de basket aux pieds, on trottine en engrangeant de précieux conseils sur la préparation physique et la nutrition.

PRATIQUE Toutes les stations susceptibles de proposer ces activités, parmi lesquelles Chamonix, Samoëns, Arêches-Beaufort (Alpes), Saint-Lary ou Piau (Pyrénées), sont présentées sur france-montagnes.com et savoie-mont-blanc.com/

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énormément travailler les appuis. Autre atout de la raquette : elle est tout-terrain et tout-temps.

PRATIQUE Le site référence (idées de sorties, matériel, conseils…) : altituderando.com/

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Transformer votre salon en home fitness, c’est possible. Et même une excellente solution pour continuer à pratiquer le sport ou vous y remettre sans avoir à pointer le nez dehors.

> PA R M ARIE POIRIER

e nouveaux accessoires, ludiques et simples, se révèlent aujourd’hui diablement efficaces pour ren-forcer votre corps à la maison. Avec, au choix, un travail des bras, des jambes ou de la ceinture abdominale. Des équipements à utiliser indépendamment pour retrouver la forme. Mais aussi, combinés, pour augmenter petit

à petit les difficultés et progresser à coup sûr. Ultra-important pour le moral ! Et comme il n’est pas question de transformer votre intérieur en champ de bataille, toutes ces machines ont également le double avantage d’être faciles à transporter et à ranger. Découvrez ici notre panoplie de choc pour faire de la gym à domicile.

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B L U | FOOD

Vainqueur d’Un dîner presque parfait en 2008, le « top chef »

Grégory Cuilleron signe un livre de conseils et de recettes

fait pour vous : Mieux dans mon assiette avec le cancer.

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Plats CIBLÉS

Réaliser un livre mixant conseils et recettes pour aider les patients à conserver un bon état nutritionnel*  : « une évidence » pour Grégory Cuilleron. De sa participation à Top Chef, il retient la concentration et l’enthousiasme. De son handicap – « Quel handicap ? Je suis né sans avant-bras, alors, certes, je ne grimperai pas à la corde, mais ça ne me

freine en rien, bien au contraire ! » –, il tire une force et un appétit de vie incroyables. Ambassadeur de l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph) depuis 2011, chef au Cinq Mains à Lyon, il trouve encore le temps d’animer des ateliers cuisine pour les petits malades du centre de lutte contre le cancer Léon-Bérard. Autodidacte, ce diplômé de droit défend une cuisine de proximité. Celle que son grand-père, bressan, lui a apprise. Intarissable sur la recette du gratin dauphinois, « n’ajoutez

surtout pas de fromage râpé, sinon, c’est un gratin savoyard », amoureux des bons produits, ce cuisinier passionné s’est amusé avec Alix Mottard-Goerens, diététicienne au centre Léon-Bérard, à réaliser des recettes ciblées en fonction des effets secondaires ressentis : perte d’appétit, difficultés à déglutir, sécheresse buccale, aphtes, mucites, nausées et vomissements, diarrhées, constipation et altération du goût. Objectif ? « Rester en forme, bien se nourrir en se faisant plaisir et, surtout, éviter la dénutrition, qui touche entre 30 et 50 % des patients », explique Alix Mottard-Goerens. Petit plus, pour les « nuls » en cuisine, un QR code permet d’accéder aux recettes en vidéo. Allez hop, au piano !

* Ce livre, gratuit et édité par le laboratoire Biogaran, leader des médicaments génériques en France, est distribué en pharmacie. À retrouver sur mieuxdansmonassietteaveclecancer.fr dès novembre 2016.

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sa recette.

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la poudre d’amande, la levure et le zeste. Incorporer les œufs, le lait, puis la crème et mélanger.

Hacher le basilic et couper la mozzarella en petits dés. Les ajouter à la préparation avec les dés de saumon fumé.

Mélanger le tout. Verser la préparation dans un moule à

cake préalablement beurré et fariné, puis enfourner 50 min.

Laisser refroidir avant de démouler. Déguster, c’est prêt !

Variante : vous pouvez remplacer le saumon par du jambon blanc ou du thon en boîte. Astuce : vous pouvez conserver ce cake sous film plastique trois jours au frais, prédécoupé et prêt à être mangé. Il peut se déguster tiède ou froid. CONSEILS

Éloignez les repas des prises de traitement et évitez de manger seul.

Fractionnez vos repas : mieux vaut consommer de petites quantités d’aliments toute la journée plutôt que faire 4 gros repas. Optez pour des aliments qui apportent de l’énergie, c’est-à-dire ca-lo-ri-ques, et qui vous font envie.

Favorisez les petites portions : les jolies verrines offrent des portions plus adaptées, qui peuvent stimuler l’appétit ! Conservées au frais, elles sont prêtes à consommer dès qu’une petite faim se fait sentir.

Mangez utile : n’hésitez pas à enrichir l’apport calorique de vos aliments, par exemple en ajoutant du miel à votre compote ou de la crème, du jaune d’œuf, du gruyère dans vos plats.

Relevez les plats : citron, épices et herbes aromatiques comme le persil, la ciboulette ou le basilic transforment les saveurs des aliments de base et stimulent l’appétit.

Cake saumon mozzarella au

parfum de citron- PERTE D’APPÉTIT -

Que ce soit à cause des effets secondaires des traitements, de la douleur, de l’anxiété ou de la maladie elle-même, votre appétit est en dents de scie. Pourtant, il va falloir trouver des solutions pour vous alimenter « le plus normalement possible », en répondant aux besoins énergétiques de l’organisme.

Préparation : 15 minCuisson : 50 min

INGRÉDIENTS POUR 4

• 150 g de farine • 50 g de poudre d’amande • 150 g de saumon fumé coupé en dés • 15 cl de lait • 100 g de crème fraîche (ou de fromage à la crème) • 3 œufs • 1 boule de mozzarella • 1 citron jaune non traité • 6 grosses feuilles de basilic • 1 sachet de levure chimique • Beurre et farine pour le moule

ÉLABORATION Préchauffer votre four à 180 °C. Zester le citron jaune.

Dans un saladier, mélanger la farine,

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CONSEILS Favorisez les aliments gras en début de

repas, comme la crème fraîche, le beurre ou l’huile d’olive, afin de lubrifier les parois de votre bouche et ainsi vous aider à avaler

les aliments. Sucez des glaçons mais aussi des bonbons mentholés ou des

chewing-gums sans sucre pour déclencher la salivation et faciliter la

déglutition. Mangez du melon, des concombres… rafraîchissants et riches en eau !

Évitez les aliments farineux ou fermentés : ils peuvent laisser des dépôts sur la muqueuse et favoriser des irritations.

Privilégiez l’eau gazeuse à l’eau plate. Le gaz facilite le processus de déglutition et crée les conditions favorables à la digestion. Variez les sources ou fabriquez-la vous-même, avec une machine type Sodastream.

Préférez les textures lisses et uniformes comme les flans et choisissez des mets onctueux comme les potages, veloutés, fromages blancs, purées…

Panna cotta au lait d’amande

et compotée d’orange

- SÉCHERESSE BUCCALE -

Chimiothérapie et radiothérapie peuvent léser les muqueuses en provoquant des sensations de sécheresse et de brûlure. Ces douleurs, en raison de leur localisation, peuvent entraîner des difficultés à parler, à mastiquer ou à avaler les aliments.

Préparation : 20 minTemps de repos : 50 min

INGRÉDIENTS POUR 4

Pour la panna cotta • 50 cl de lait d’amande • 10 g de crème fraîche • 50 g de sucre • 3 feuilles de gélatine • 2 c. à s. d’eau de fleur d’oranger • 4 c. à s. de miel liquide

Pour la compotée • 3 oranges • 3 c. à s. de miel • 1 bâton de cannelle • 1 étoile d’anis • 4 graines de coriandre • 1 gousse de cardamome • 1/2 c. à s. de gingembre râpé

ÉLABORATION

Lever les suprêmes d’orange (peler à vif l’orange puis couper chaque quartier sans les membranes du fruit). Dans une casserole, porter le miel à ébullition, puis y ajouter les oranges et les épices. Laisser à frémissement une dizaine de minutes, puis refroidir à température ambiante.

Faire ramollir la gélatine dans un sala-dier d’eau bien froide pendant quelques minutes. Dans une casserole, mettre la crème, le lait d’amande, l’eau de fleur d’oranger, le miel et le sucre.

Mettre la casserole à feu doux, remuer pour dissoudre le sucre. Puis faire fondre la gélatine dans la crème après l’avoir bien pressée pour l’égoutter, laisser cuire lentement jusqu’à ébullition. Une fois à ébullition, ôter du feu.

Déposer la préparation au fond des ramequins, laisser prendre quelques heures au frais puis déposer sur le des-sus une cuillère à soupe de compotée d’oranges.

Déguster, c’est prêt !

Variante : vous pouvez remplacer l’eau de fleur d’oranger par de l’eau de rose et la compotée par un autre type de confiture sans pépins. Astuce : vous pouvez conserver la panna cotta au réfrigérateur jusqu’à une semaine sous film plastique.

Priviligiez

l’eau gazeuse

à l’eau plate

B L U | FOOD

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ÉLABORATION Mélanger le jaune d’œuf, le miel, la

cannelle, le curry et la moutarde. Incorporer progressivement l’huile

neutre en battant au fouet comme pour une mayonnaise.

Lorsque la texture est suffisamment épaisse, réserver au frais.

Préchauffer votre four à 180 °C. Mixer grossièrement les corn flakes. Paner les morceaux de

poulet à l’anglaise, en les roulant d’abord dans la farine puis dans les

œufs battus (en égouttant bien le super-flu à chaque fois), et enfin dans les corn flakes grossièrement mixés.

Les cuire au four à 180 °C pendant une dizaine de minutes.

Saler puis servir avec la sauce. Déguster, c’est prêt !

Variante : vous pouvez remplacer le poulet par des bâtonnets de mozzarella (préalablement congelés). Astuce : cette recette permet de manger des protéines de façon ludique et détour-née. Le poulet est dissimulé sous la panure et son goût est masqué par les épices douces.

CONSEILS En cas de perte de goût, préférez

les aliments forts comme les fromages, charcuteries et certaines viandes, ainsi que les fruits, pour leur acidité.

En cas de goût désagréable, adoptez chewing-gums ou bonbons mentholés. Privilégiez les aliments froids, au goût plus neutre. Rincez-vous régulièrement la bouche avec de l’eau gazeuse, en y ajoutant du jus de citron ou d’orange.

En cas de goût métallique, limitez la viande rouge au profit des viandes blanches, poissons, œufs, laitages et de toutes les protéines végétales.

Croustillants de poulet sauce aux

épices douces - ALTÉRATION DU GOÛT -

Perte de goût totale ou partielle, perception erronée (amplification du sucré, de l’amer ou du salé, goût métallique…) peuvent être liés aux traitements mais aussi à une production de salive insuffisante ou de qualité altérée. Ces désagréments disparaissent à la fin des traitements.

Préparation : 10 minCuisson : 15 min

INGRÉDIENTS POUR 4

Pour les croustillants de poulet • 4 filets de poulet débités en aiguillettes • 100 g de corn flakes • 8 c. à s. bombées de farine • 2 œufs

Pour la sauce • 1 c. à s. de miel • 1/2 c. à c. de curry • 1 pointe de cannelle • 1 jaune d’œuf • 25 cl d’huile neutre • 1 c. à c. de moutarde à l’ancienne

> Merci à Alix Mottard-Goerens, diététicienne au centre Léon-Bérard, à Lyon

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PLAISIRS D’HIVERParce que la meilleure façon de s’oublier, c’est parfois de se plonger dans un bon gros roman, bien noir et bien prenant, notre best of. > PA R HUBER T A R TUS

LA MAIN DE DIEU

Internationalement reconnu pour sa série Bernie Gunther, portant sur l’Allemagne durant et après la Seconde Guerre mondiale, l’Écossais Philip Kerr arrive sur un nouveau terrain avec une série placée sous les auspices du foot-business. Après Le Mercato d’hiver, paru en juin dernier, La Main de Dieu renoue avec le protagoniste Scott Manson, entraîneur de l’équipe (fictive) de London City. Laquelle dispute ici son premier match en Ligue des champions contre l’Olympiakos d’Athènes, en pleine période de manifestation contre le plan d’austérité imposé à la Grèce. Polar, foot-business et politique européenne font ici bon ménage. Par Philip Kerr, trad. Johan-Frédérik Hel Guedj, Le Masque, 22 €.

LA MORT NOMADE

Après Yeruldelgger en 2014 (lauréat notamment du Prix des lectrices de Elle) et Les Temps sauvages en 2015, La Mort nomade clôt la trilogie que Ian Manook consacre aux terres chamans de Mongolie. Personnage aussi inoubliable que son nom est imprononçable, Yeruldelgger est toujours là, même s’il a quitté la police mongole. Retiré dans sa yourte au cœur du Gobi, cet « ex-flic à peine repenti de vingt ans de violences », toujours hanté par le meurtre non élucidé de sa fille, cherche à s’inscrire différemment dans le monde. Voilà qu’une « femme guerrière », une « amazone dans le levant », vient le voir : elle compte sur lui pour punir ceux qui lui ont, à elle aussi, enlevé sa fille. Une autre femme vient ensuite le trouver, pour enquêter sur un cadavre en pleine steppe. Derrière cette double intrigue, tantôt morbide, tantôt lyrique, ce roman part d’une intrigue locale (les lobbys miniers dans la région) pour, ensuite, suivre le parcours international des flux et des corrompus (Canada, New York, Paris, Australie). Puissant. Par Ian Manook, Albin Michel, 21,90 €.

CARTEL

En 2007, La Griffe du chien était le sixième roman de Don Winslow. Ce polar se déroulait entre 1975 et 2000, montrant comment le narcotrafic allait être utilisé dans le cadre de l’Alena, le nouveau traité économique et commercial entre le Mexique et les États-Unis. On y découvrait Keller, ancien agent de la CIA puis de la DEA (le service de police chargé de lutter contre le trafic de stupéfiants). En cet automne 2016, on retrouve l’ex-agent, qui était parvenu faire tomber l’ex-seigneur des cartels, le « Senor de los Cielos ». Mais voilà que ce dernier organise une évasion à grande échelle. Cartel est un roman de même échelle, XXL, qui couvre la période 2004-2014, met en scène des guerres de clans entre barons de la drogue et des luttes intestines au sein des agences de renseignement. Aussi magistral que son prédécesseur par sa mise en scène passant d’un personnage à l’autre, par ses histoires de gangs puissantes mais aussi ses scènes d’amour lyriques, Cartel superpose le roman d’espionnage, le thriller et le récit de rédemption. Lui-même ancien détective, Winslow s’est immergé (enquêtes, rapports, romans et reportages) dans l’univers des narcotrafiquants pour composer la suite de son livre le plus connu à ce jour. Un bonheur ahurissant. Par Don Winslow, trad. Jean Esch, Le Seuil, 23,50 €.

B L U polars

Roche s’inscrit aujourd’hui dans l’ère de l’immuno-

oncologie de précision.

Grâce à l’excellence de sa R&D, Roche a su décrypter les mécanismes du cycle immunitaire anti-tumoral, afin de développer des molécules innovantes pouvant agir seules ou en combinaison sur chaque étape de ce cycle. Parce que chaque patient est unique, notre expertise permettra d’apporter à chacun le traitement le plusefficace en fonction de son profil immunitaire et tumoral.

L’immuno-oncologie de précision

Décoder le cycle de l’immunité

anti-tumorale pour mieux

combiner les traitements

Cytolyse tumorale

Libération des antigènes

Présentation antigénique

Activation lymphocytaire

Migration lymphocytaire

Infiltration lymphocytaire

Fixation à la cellule tumorale

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6

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IDAHO BABYLONE

Américain né à Spokane (Washington) en 1954, d’origine suédoise et finnoise, Theo Hakola vit en France depuis la fin des années 1970. Avec ses groupes Orchestre rouge et Passion Fodder, il fit partie de la scène rock alternative hexagonale des années 1980. Devenu écrivain en 2001 avec La Route du sang (Le Serpent à plumes), il publie cet automne son cinquième roman, Idaho Babylone, qui est aussi son premier polar. Où un personnage de metteur en scène, vivant en France, se voit obligé de revenir sur ses terres natales américaines pour arracher sa fille aînée des tentacules d’une organisation religieuse intégriste. Quand les origines familiales rejoignent celles du pays que l’on dit des libertés… Efficace. Par Théo Hakola, trad. Yoann Gentric, Actes Sud, 23 €.

UN NOUVEAU DANS LA VILLE

Paru en 1950, Un nouveau dans la ville fait partie des « romans américains » de Georges Simenon, écrits pendant que l’auteur habitait en Amérique du Nord (1945-1955 : dix ans et plus de quarante romans). Porté par une écriture factuelle et minimaliste propre au romancier, ce roman traduit une atmosphère ambiguë et pesante qui fait son originalité. Dans une petite ville du Maine, un inconnu arrive, qui s’intègre parfaitement à la communauté, excitant les fantasmes les plus divers chez les habitants, qui enquêtent sur lui. Le roman révèle la véritable identité d’un homme dont on ne dira rien ici car il vous faut lire ! Fin connaisseur de Simenon, qu’il avait déjà illustré, Loustal fait belle œuvre. Par Simenon/Loustal, Omnibus, 28 €.

LA MONTAGNE ROUGE

Correspondant en Suède du journal Le Monde, Olivier Truc est allé plusieurs fois en terres de Laponie et y a rencontré le peuple sami. Occupant un territoire à cheval sur la Norvège, la Suède, la Finlande et la Russie, il est reconnu par l’ONU comme le dernier peuple aborigène d’Europe, et est spolié de ses biens depuis des décennies. Après Le Dernier Lapon (2012) et Le Détroit du Loup (2014), La Montagne rouge est le nouveau polar ethnologique de l’auteur, qui y renoue avec sa « brigade des rennes », et notamment avec Klemet, ce commissaire suédois taraudé par ses origines lapones. Un polar qui commence dans la boue et le sang. Et le roman de mettre en perspective comment une certaine Confédération d’agriculteurs défend coûte que coûte un sol qui recèle des trésors, mais aussi leur histoire. Par Olivier Truc, Métailié, 21 €.

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La vie est un sport magnifique