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Séance mensuelle du 12 avril 2013 [email protected] www.amis-de-montlucon.com 1 SOCIÉTÉ DHISTOIRE ET DARCHÉOLOGIE n° 175 - 18 e année HISTORIQUE DE LA CASERNE RICHEMONT : 1913-2013 En ouverture de cette séance mensuelle, le président donne quelques informations sur la vie de la société. L’aménagement de la bibliothèque se poursuit et les rayonnages commandés sont montés. Dans quelques semaines les ouvrages devraient retrouver leur place sur les étagères. Le bulletin n° 63, année 2012, est imprimé et devrait être livré dans les prochains jours. L’expédition aux membres à jour de leur cotisation sera faite rapidement et il sera distribué lors l’excursion du 5 mai aux membres présents. Le trésorier Henri Bourbon prend ensuite la parole pour présenter, à l’aide d’un diaporama, le programme de l’excursion du 5 mai qui se déroulera en pays thiernois avec les visites des châteaux d’Aulteribe et de Vallore et du musée de la coutellerie à Thiers. Il précise que le déjeuner sera pris à Vallore au centre national de la fédération de cyclotourisme qui accueille des groupes dans son restaurant. Pour terminer, il invite les personnes présentes à se faire inscrire rapidement. Le président donne ensuite la parole aux capitaines Thierry Boléat et Pierre Roussel, officiers à l’École de Gendarmerie de Montluçon qui dressent un historique de la caserne Richemont construite en 1913. Vendredi 14 juin 2013, 20 h 30 salle Salicis Dominique LAURENT : L’évolution de l’habitat princier au XV e siècle : le château de Souvigny et Beaumanoir à Yzeure Dimanche 8 septembre 2013 Excursion d’automne Dimanche 13 octobre 2013, 15 h 30 Salle Robert-Lebourg, rue de la Presle Pierre-Marc TÉTY-Dominique LAURENT : De la sorcellerie en général au Bourbonnais en particulier. À noter sur votre agenda… La conférence donnée par les capitaines Thierry Boléat et Pierre Roussel, intitulée Historique de la caserne Richemont, 1913-2013, s’est déroulée devant cinquante personnes dans la salle Salicis. C’est la première des manifestations organisées dans le cadre de la commémoration du centenaire de notre caserne montluçonnaise. Ces célébrations seront réalisées avec différents partenaires, en particulier avec les écoles. La « Caserne Richemont » est ainsi appelée en hommage à Louis Auguste Camus, baron de Richemont, né le 31 décembre 1771 à Montmarault, décédé le 22 août

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Page 1: n° 175 - 18e année Amis de Montluçonamis-de-montlucon.com/lettres/175-avril 2013.pdfSalle Robert-Lebourg, rue de la Presle Pierre-Marc TÉTY-Dominique LAURENT : De la sorcellerie

Séance mensuelle du 12 avril 2013 [email protected]

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La lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desLa lettre desAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonAmis de MontluçonSOCIÉTÉ D’HISTOIRE ET D’ARCHÉOLOGIE

n° 175 - 18e année

HISTORIQUE DE LA CASERNE RICHEMONT : 1913-2013En ouverture de cette séance mensuelle, le président donne quelques informations sur la vie de la société.

L’aménagement de la bibliothèque se poursuit et les rayonnages commandés sont montés. Dans quelques semaines les ouvrages devraient retrouver leur place sur les étagères.

Le bulletin n° 63, année 2012, est imprimé et devrait être livré dans les prochains jours. L’expédition aux membres à jour de leur cotisation sera faite rapidement et il sera distribué lors l’excursion du 5 mai aux membres présents.

Le trésorier Henri Bourbon prend ensuite la parole pour présenter, à l’aide d’un diaporama, le programme de l’excursion du 5 mai qui se déroulera en pays thiernois avec les visites des châteaux d’Aulteribe et de Vallore et du musée de la coutellerie à Thiers. Il précise que le déjeuner sera pris à Vallore au centre national de la fédération de cyclotourisme qui accueille des groupes dans son restaurant. Pour terminer, il invite les personnes présentes à se faire inscrire rapidement.

Le président donne ensuite la parole aux capitaines Thierry Boléat et Pierre Roussel, offi ciers à l’École de Gendarmerie de Montluçon qui dressent un historique de la caserne Richemont construite en 1913.

Vendredi 14 juin 2013, 20 h 30salle Salicis

Dominique LAURENT :L’évolution de l’habitat princier

au XVe siècle : le château de Souvignyet Beaumanoir à Yzeure

Dimanche 8 septembre 2013Excursion d’automne

Dimanche 13 octobre 2013, 15 h 30Salle Robert-Lebourg, rue de la Presle

Pierre-Marc TÉTY-Dominique LAURENT : De la sorcellerie en général

au Bourbonnais en particulier.

À noter sur votre agenda…

La conférence donnée par les capitaines Thierry Boléat et Pierre Roussel, intitulée Historique de la caserne Richemont, 1913-2013, s’est déroulée devant cinquante personnes dans la salle Salicis. C’est la première des manifestations organisées dans le cadre de la commémoration du centenaire de notre caserne montluçonnaise. Ces célébrations seront réalisées avec différents partenaires, en particulier avec les écoles.

La « Caserne Richemont » est ainsi appelée en hommage à Louis Auguste Camus, baron de Richemont, né le 31 décembre 1771 à Montmarault, décédé le 22 août

Page 2: n° 175 - 18e année Amis de Montluçonamis-de-montlucon.com/lettres/175-avril 2013.pdfSalle Robert-Lebourg, rue de la Presle Pierre-Marc TÉTY-Dominique LAURENT : De la sorcellerie

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1853 au château de la Montée, à Charrin, dans la Nièvre, et inhumé à Montmarault. C’est sur sa tombe que les élèves de l’école de gendarmerie ont pour tradition d’aller se recueillir, et en cette année du centenaire, ils y déposeront une plaque commémorative. Camus de Richemont tenait lui-même son nom du domaine que ses parents possédaient à Bizeneuille.

Ancien élève de l’école militaire d’Effiat (Puy-de-Dôme), Camus de Richemont servit comme lieutenant dans l’armée du Rhin puis comme capitaine au cours des campagnes d’Italie et de l’Empire. Il fut promu général par Napoléon lors du siège de Dantzig en 1813, puis nommé commandant de l’école de Saint-Cyr par Louis XVIII. Ce commandement lui est retiré pendant les « Cent jours », mais lui est rendu sous la « Monarchie de Juillet ». On sait qu’il a été placé à huit ans comme élève militaire. Il totalise soixante années de service dont quarante comme officier général. Il a aussi participé à la vie politique comme député de l’Allier1.

C’est la maréchaussée qui s’implante la première à demeure dans la ville de Montluçon. Cette installation se situe au début du XIVe siècle et va perdurer jusqu’à la révolution où la maréchaussée devient en 1791 Gendarmerie Nationale. Il n’y a pas de casernes et les troupes sont logées chez l’habitant qui fournit le couchage et la nourriture. Pour faciliter son installation et permettre le logement d’une compagnie de maréchaussée pourvue de vingt-quatre chevaux, la ville fait l’acquisition et l’aménagement d’un magasin, d’une maison et d’un jardin le 21 août 1763. D’autres communes possédaient une

1. Il entra dans la vie parlementaire en 1827 comme député du 2e arrondissement de l’Allier (Montluçon).

gendarmerie, comme Ygrande, connue comme carrefour et lieu de brigandage ; Montluçon, ville beaucoup plus importante, méritait bien autant une telle implantation.

Trente ans plus tard, le local est devenu inadapté et probablement trop petit. La gendarmerie est alors transférée dans l’ancien couvent des Ursulines jusqu’en 1909, date de sa démolition pour laisser place à l’actuel hôtel de ville.

Ce n’est qu’au cours de la seconde moitié du XIXe siècle que Montluçon devient une réelle ville de garnison.

En 1859 s’installe dans le château des ducs de Bourbon le 30e Régiment de ligne formé à l’époque de cinq compagnies. Après la guerre de 1870, le 121e régiment d’infanterie remplace le 30e de ligne.

Un lieutenant de gendarmerie ayant attiré l’attention sur l’insuffisance de l’effectif, la municipalité tombe d’accord pour l’augmenter. Le 3 mars 1896, le conseil municipal adopte le projet de construction d’une caserne. Cela peut surprendre que la municipalité prenne les devants.

Un premier projet d’édification est envisagé en 1905, sur l’emplacement des Gilets (actuellement parc des Îlets), mais ne verra pas le jour. Le plan existe et ressemble à celui de la caserne actuelle. Il faut savoir que Rimard, au dessus de l’avenue Kennedy, n’est pas le quartier très urbanisé que l’on connaît actuellement. Il y a eu des écoulements d’eau avec des inondations sur le parc qui ont fait abandonner le projet.

On peut s’étonner que pour construire une caserne destinée à loger des militaires, ce ne soit pas le génie militaire qui soit le maître d’œuvre : la responsabilité est confiée à un architecte local, Monsieur Talbourdeau. En 1909, il élabore un projet de construction sur les terrains dits du « Cluzeau », d’une superficie de 10 hectares, au sud-ouest de la ville, qui ont l’avantage d’être plats et placés sur une butte. Ces terrains appartiennent à un châtelain de Bizeneuille qui les vend 5 francs-or le mètre

Portrait de Louis-Auguste Camus de Richemont

Ancienne caserne sur l’esplanade du Château des ducs de Bourbon

La caserne Richemont au début du XXe siècle

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carré. Les archives contiennent une correspondance suivie avec le génie militaire qui fait des remarques telles que : Nous avons contrôlé le chantier et les briques ne sont pas de bonne qualité… et avec le temps elles pourraient se dégrader. Il en va de même pour les pierres de soubassement. Remarquons qu’après cent ans, elles n’ont cependant pas beaucoup bougé. À l’époque on ne parle pas de béton armé mais de ciment armé. À tous les niveaux il y a des fers emboutis autour desquels les gens du Génie trouvent que le ciment n’est pas assez épais ; pourtant ces éléments ont bien résisté et sont encore là ! Les bâtiments ont subi une rénovation en 1993, si bien que nous avons maintenant des bâtiments modernes et tout à fait en état.

C’est sans doute quelque peu étonnant qu’on ait confié ce projet gigantesque d’une quarantaine de bâtiments à un montluçonnais, mais ce fut très valorisant pour Gilbert Talbourdeau. Le choix de cet architecte vient peut-être du fait que ce sont les montluçonnais qui ont payé la caserne, pour un montant d’environ 115 millions de francs de l’époque. Les travaux débutent en 1910 et se terminent en 1913, soit un délai de trois ans qui, pour l’époque, peut être qualifié de rapide. En comparaison, le réseau d’eau a été refait récemment, il a duré un an avec des moyens techniques modernes actuels. Cette construction a sans aucun doute été une bouffée d’oxygène pour les emplois de la région. On ne trouve pas dans les archives d’accidents mortels ; seulement deux ou trois incidents. C’est peu en regard du grand nombre de personnes qui ont travaillé sur le chantier…

Parmi les personnes ayant participé à la construction, on trouve Juliette Caron, la seule femme exerçant à l’époque le métier de charpentier. Selon une carte postale célèbre, il faut l’imaginer en robe, montant aux échelles et surtout dans les charpentes. On trouve des renseignements sur les entreprises qui ont travaillé au chantier, en particulier pour approvisionner en matériaux. Les pierres du soubassement, en granite rose, viendraient de la Creuse et le canal de Berry a sûrement servi au transport de matériaux.

La caserne est réceptionnée le 28 septembre 1913. Elle comprend 41 bâtiments dont 14 bâtiments de vie construits sur le même modèle et 27 bâtiments annexes dont le bâtiment de l’horloge qui, à l’origine, était un manège à chevaux.

La caserne enfin terminée prend l’appellation de « Caserne Richemont ». Cependant les finitions intérieures ne seront achevées qu’en 1915. Tout est intelligemment pensé : la capacité d’oxygène, l’infirmerie, la désinfection des pieds, un jardin pour ceux qui sont contagieux, l’espace pour les chevaux, les latrines de jour et d’autres pour la nuit afin d’éviter les odeurs, l’éclairage au gaz ou à l’électricité. Un militaire de la troupe bénéficie d’une surface au sol avec un crochet pour la capote. Si un soldat a « une tringle et un rideau », ce n’est pas une plaisanterie : il s’agit d’un caporal, qui a plus d’espace car son lit est légèrement plus grand, surmonté d’une étagère supplémentaire ; il a donc droit à un rideau avec une tringle, ce qui lui fait une chambre à part.

Juliette Caron sur le chantier de la future caserne Richemont

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On note quelques particularités :- Chaque bâtiment de vie dispose de balcons côté cour

qui donnent cette particularité à la gendarmerie. Calculés pour supporter dix tonnes, leur accès est maintenant interdit. Ils se trouvent au niveau des salles d’astiquage.

- Les toits sont couverts en tuiles au sommet, surmontant des pentes quasi verticales en brisis d’ardoises. Il paraîtrait que, comme Montluçon est au centre de la France, nous sommes au confluent du pays d’Oc et du pays d’Oil ; d’un côté on est plus « terre cuite » et de l’autre « ardoise », ce qui donne cette technique particulière et permet d’utiliser les ardoises jusque sous le toit.

- Tous les bâtiments sont construits sur des sous-sols comprenant des caves avec un système de chauffage à vapeur basse pression permettant de chauffer le dortoir et la salle de lecture. Des poêles sont prévus en cas de panne du système ; c’est ce qui explique la présence de cheminées aux extrémités des bâtiments.

Au rez-de-chaussée, on trouvait entre autres : les bureaux de la compagnie, les chambres des sous-officiers, les magasins, la salle d’étude, les latrines de nuit (celles de jour se trouvant à l’extérieur) et le réfectoire placé côté cuisine. Celle-ci, définie pour cent hommes, était très organisée pour assurer l’hygiène, y compris le sens des évacuations de fumées. La présence d’un architecte civil n’est sans doute pas étrangère à ces détails. Il y avait aussi une armurerie qui pouvait contenir jusqu’à 12 000 fusils.

Au 1er et 2e étage se trouvent les chambres des soldats, les salles d’astiquage et les chambres des sous-officiers.

Les combles pouvaient accueillir des réservistes ou des soldats venant effectuer des périodes.

Le 121e régiment d’infanterie est le premier à occuper la caserne. Cette illustre unité dont les origines remontent à 1669 paye un lourd tribu durant la guerre 14-18. Elle occupe la caserne pendant vingt-et-un ans.

Les quatre bâtiments situés face à l’entrée portent sur leurs pignons des motifs décoratifs sculptés indiquant quatre batailles inscrites sur le drapeau du régiment : Mondovi, Saragosse, Tarragone et Lützen.

Après la participation du 121e RI à la Seconde guerre mondiale, la caserne est cédée en 1939 au 152e régiment d’infanterie, parfois surnommé le Quinze-deux. Cette unité créée sous la Révolution française est également surnommée le « régiment des Diables Rouges » par les Allemands.

Le 11 novembre 1942, l’armée allemande envahit la Zone Libre.

Le 27 novembre 1942, le 152e RI est désarmé à Montluçon et sa dissolution intervient le 1er décembre 1942. La caserne est occupée par les forces allemandes.

Lors de la libération de Montluçon de violents combats se déroulent tout autour de la caserne. Des tirs sont échangés entre les Allemands encore dans la caserne et les FFI postés sur le plateau de Bien-Assis. Vaincus, les Allemands quittent définitivement la caserne Richemont le 24 août 1944 à 20 h 30.

En 1945, après une courte occupation des Forces Française de l’Intérieur, c’est le 92e régiment d’infanterie qui y établit ses quartiers. Il y demeure jusqu’en 1958, date à laquelle il part s’installer à Clermont-Ferrand.

Le 1er mai 1958, le Centre d’Instruction du Service des Matériels n° 1 (CISM) s’installe à son tour à Montluçon et participe à l’approvisionnement en matériels et équipements divers des unités de l’Armée de terre2.

Le 1er août 1976 est créée l’École de Gendarmerie. Elle prend le nom d’École Préparatoire et de Perfectionnement de la Gendarmerie (EPPG).

Le 1er octobre 1984, ce nom devient École de Sous-Officiers de Gendarmerie (ESOG).

Enfin, depuis le 1er juillet 1999, elle prend le nom d’École de Gendarmerie (EG).

Après un début avec seulement 4 compagnies, la capacité de l’école de gendarmerie de Montluçon s’élève actuellement à 11 compagnies d’instruction (120 élèves environ par compagnie) soit 1 300 élèves. 275 personnels permanents sont présents pour l’encadrement et le soutien. Depuis sa création en 1976, l’école a formé près de 35 000 élèves.

En Octobre 1983, elle accueillait la première compagnie féminine de gendarmes qui a terminé son stage en mars 1984.

À ce jour, la vocation de l’École de Gendarmerie est de préparer à leur future vie professionnelle des élèves gendarmes, des gendarmes élèves et des élèves gendarmes adjoints volontaires.

Les Amis de Montluçon présents ont découvert ou redécouvert sous un nouveau jour la caserne de Montluçon et son histoire depuis cent ans. Une journée porte-ouverte aura lieu les 14 et 15 septembre avec des animations et des présentations de matériel et d’archives.

Henri Bourbon

2. Le chanteur Jean-François Grandin, plus connu sous le nom de Frank Alamo, fit son service militaire au CISM n° 1 de Montluçon. Lorsqu’il fut incorporé, les caméras de France 3 Clermont-Ferrand étaient là pour immortaliser la scène !

Le 121e RI quittant la caserne Richemont le 14 juillet 1914pour défiler en ville

RectificationsUn lecteur nous a signalé deux erreurs commises dans la

lettre n° 174 de mars 2013.

- Page 2, note 13, lire : Robert VILLATTE des PRUGNES, né à Montluçon en 1869, décédé à Vallon-en-Sully en 1965. Ingénieur agronome et écrivain, il était correspondant du Museum d’histoire naturelle.

- Page 2, note 16 concernant M. René AUCLAIR. À la suite de son nom, figure une année de décès qui n’a pas lieu d’être puisque M. Auclair n’est pas décédé.

Que nos fidèles lecteurs de la lettre veuillent bien nous excuser pour ces deux erreurs.