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Éric Forest , de l’UMQ, présente le Livre blanc municipal Page 2 MUNICIPALITES ASSISES 2013 Le maire Applebaum sera l’hôte du rendez- vous de l’UMQ Page 3 Le patrimoine est inscrit à l’agenda des Assises Page 4 CAHIER THÉMATIQUE I › L E D E VO I R , L E S SA M E D I 4 E T D I M A N C H E 5 M A I 2 01 3 NEWSCOM Virage jeunesse en politique municipale MARIE-HÉLÈNE ALARIE L a Commission des jeunes élus et élues de l’Union des muni- cipalités du Québec (UMQ) voit le jour en 2007. Depuis sa mise sur pied, on y réalise de nombreux pro- jets ayant pour but d’informer et de sensibiliser les jeunes à la politique municipale, ce qui est le mandat premier de cette commission. En conséquence, on cherche par tous les moyens à susciter la participation ci- toyenne des jeunes, qu’elle soit électorale ou civique, à encou- rager la relève chez les jeunes en politique municipale, à offrir un soutien aux jeunes élus mu- nicipaux, en encourageant no- tamment l’amélioration des re- lations intergénérationnelles au sein des conseils municipaux, à sensibiliser les conseils munici- paux aux questions touchant la jeunesse et à communiquer à l’UMQ le point de vue des jeunes élus municipaux en ma- tière de démocratie et dans cer- tains autres dossiers politiques. Parmi les moyens mis en œu- vre par la commission dans le cadre de son mandat, on re- trouve des ateliers politiques lors des Assises annuelles de l’UMQ, la création du prix Per- sonnalité de la relève munici- pale de l’année. Enfin, en 2011, avait lieu la Course destination villes et villages. David Bousquet, qui à l’aube de ses 35 ans ne se trouve « plus nécessairement très jeune », est le président de la commission des jeunes depuis 2011. « Quand j’ai appris l’exis- tence de cette commission, j’étais impressionné parce qu’elle permettait de faire la connaissance d’autres jeunes élus de milieux variés et de par- tager nos expériences à titre d’élus », raconte celui qui s’est fait élire conseiller municipal à Saint-Hyacinthe pour la pre- mière fois en 2009. Et le réseautage, il y croit : «On se sent beaucoup moins seuls et on est capables de parta- ger les réalités qu’on vit comme jeunes. Par exemple, la concilia- tion travail-famille-politique, c’est un enjeu qui n’est pas facile, mais entre jeunes, quand on en discute, ça nous permet de voir comment les autres se sont orga- nisés, comment ils arrivent à trouver du temps et de l’énergie pour entrer en politique et faire avancer des dossiers locaux. Ç’a été mon premier coup de foudre avec la Commission des jeunes. » Nouvelle vision Si la fonction première de la commission est d’intéresser les jeunes à la politique munici- pale, les élus de la commission se sont aussi donné comme mandat de fournir des avis au conseil d’administration de l’UMQ sur certains enjeux qui touchent la jeunesse. « Si on re- prend l’exemple de la concilia- tion travail-famille dont on par- lait précédemment, c’est un en- jeu particulier en politique mu- nicipal en ce qui a trait au ré- gime d’assurance parentale, puisque le mode de rémunéra- tion des élus est particulier et qu’on ne peut pas arrêter com- plètement de travailler » , ra- conte David Bousquet. Dans ce contexte, la commission prend position et tente d’amener le conseil d’administration de l’UMQ à faire de même sur des enjeux propres aux jeunes. En pourcentage, ce sont 10 % des conseillers municipaux à tra- vers le Québec qui sont âgés de moins de 35 ans. Ce contingent amène des idées neuves et une nouvelle vision de la municipa- lité de demain. « Les jeunes sont réputés pour leur dynamisme et ils veulent du changement, donc ils sont de tous les dossiers qui permettent à leur municipalité de bouger, d’évoluer et de devenir plus proactive», explique David Bousquet. Celui-ci se rappelle que dans sa municipalité de Saint-Hyacinthe, en 2009, lors d’élections qui ont beaucoup ra- jeuni le conseil municipal, l’une des toutes premières initiatives aura été d’instaurer un pro- gramme de subvention aux jeunes parents pour l’achat de couches réutilisables. « Cette ac- tion, qui venait soutenir les jeunes familles, était pour notre nouveau conseil un geste qui re- joignait les valeurs des plus jeunes conseillers sensibles aux enjeux touchant la famille.» Dans le même ordre d’idées, plusieurs chantiers ont aussi été entrepris pour améliorer les structures de loi- sirs dans la région, ce que ré- clamaient les jeunes familles et qui a été entendu par les conseillers municipaux. Le vieillissement de la population devient un enjeu de société majeur. Toutes les municipali- tés ont donc tout avantage à mettre sur pied des incitatifs pour attirer chez elles les fa- milles avec de jeunes enfants. Électeurs municipaux en herbe Aujourd’hui, le monde muni- cipal se fait malmener en raison de toutes les rumeurs de collu- sion et de corruption. Ici aussi, les jeunes désirent faire chan- ger les choses : « On a moins de contraintes en matière de trans- parence, on est plus enclins à partager l’information. À cet égard, les jeunes ont beaucoup à apporter à la municipalité de de- main et à l’UMQ aussi », ajoute M. Bousquet. Quand on sait que dans la po- pulation générale, le taux de participation aux élections mu- nicipales oscille autour du 35 %, on se demande bien comment une commission de jeunes élus peut convaincre les jeunes de s’intéresser à la politique muni- cipale. Depuis la création de la commission, plusieurs actions ont été entreprises. Créée en 2007, tout juste avant les élections de 2009, on en avait donné le coup d’envoi en mettant sur pied une grande tournée dans tout le Québec «pour aller à la rencontre des jeunes afin de leur parler du monde municipal et de la démo- cratie municipale », rappelle Da- vid Bousquet. Ensuite, en 2011, la commission a amené les jeunes à créer des documen- taires vidéo sur leur vision de leur municipalité. « On a pré- senté ces petits films lors des as- sises annuelles de l’UMQ et plu- sieurs élus ont visionné les docu- mentaires pour connaître ce qu’était en effet cette vision qu’avaient les jeunes. » En cette année d’élections, la commission a lancé deux pro- jets : le premier s’appelle Élec- teurs municipaux en herbe. Il s’agit d’une série de capsules vidéo s’adressant aux 13 à 18 ans. Dans ces capsules, on en- tend de jeunes élus parler de leur implication et de leur rôle dans le monde municipal. Ce programme est actuellement distribué dans les écoles secon- daires et plusieurs de ces cap- sules circulent déjà dans les ré- seaux sociaux. Le second pro- jet s’appelle Relève municipale 2.0 et vise les jeunes de 18 à 25 ans. Ce projet utilise lui aussi des capsules vidéo pour rejoindre le jeune électorat. On peut voir ces films dans les cé- geps et les universités dans le cadre de forums jeunesse orga- nisés par ces établissements. « On utilise la vidéo pour amor- cer la discussion, et ensuite, les élus, présents lors de réunions, participent à des échanges avec les jeunes étudiants », nous ex- plique David Bousquet. Lors des dernières élections provinciales, on a vu les jeunes participer en plus grand nombre qu’à l’habitude. David Bousquet souhaite que ce mouvement ci- toyen prenne de l’ampleur et qu’on puisse vérifier une telle participation pour les pro- chaines élections municipales. Collaboratrice Le Devoir En région, l’image qu’on se fait d’un élu municipal est souvent celle d’un homme de plus de cinquante ans. La Commission des jeunes élus et élues de l’Union des municipalités du Qué- bec tente de briser cette image et quand on parle à son président David Bousquet, on réalise qu’une petite révolution anime le monde de la politique municipale. YAN DOUBLET LE DEVOIR Lors des dernières élections québécoises, on a vu les jeunes participer en plus grand nombre qu’à l’habitude. Un conseiller municipal sur 10 est aujourd’hui âgé de moins de 35 ans

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Page 1: MUNICIPALITES - Le Devoir...MUNICIPALIT S I 2 LE DEVOIR, LES SAMEDI 4 ET DIMANCHE 5 MAI 2013 ÇLÕavenir a un lieuÈ. Voil les mots qui coif-fent le Livre blanc municipal d voil en

Éric Forest, del’UMQ, présentele Livre blancmunicipalPage 2

MUNICIPALITESASSISES 2013

Le maireApplebaum seral’hôte du rendez-vous de l’UMQPage 3

Le patrimoineest inscrit àl’agenda desAssises Page 4

C A H I E R T H É M A T I Q U E I › L E D E V O I R , L E S S A M E D I 4 E T D I M A N C H E 5 M A I 2 0 1 3

NEWSCOM

Virage jeunesse en politique municipale

M A R I E - H É L È N E A L A R I E

L a Commission desjeunes élus et éluesde l’Union des muni-cipalités du Québec(UMQ) voit le jour en

2007. Depuis sa mise sur pied,on y réalise de nombreux pro-jets ayant pour but d’informeret de sensibiliser les jeunes à lapolitique municipale, ce qui estle mandat premier de cettecommission. En conséquence,on cherche par tous les moyensà susciter la participation ci-toyenne des jeunes, qu’elle soitélectorale ou civique, à encou-rager la relève chez les jeunesen politique municipale, à offrirun soutien aux jeunes élus mu-nicipaux, en encourageant no-tamment l’amélioration des re-lations intergénérationnelles ausein des conseils municipaux, àsensibiliser les conseils munici-paux aux questions touchant lajeunesse et à communiquer àl’UMQ le point de vue desjeunes élus municipaux en ma-tière de démocratie et dans cer-tains autres dossiers politiques.Parmi les moyens mis en œu-vre par la commission dans lecadre de son mandat, on re-trouve des ateliers politiqueslors des Assises annuelles del’UMQ, la création du prix Per-sonnalité de la relève munici-pale de l’année. Enfin, en 2011,avait lieu la Course destinationvilles et villages.

David Bousquet, qui à l’aubede ses 35 ans ne se trouve

« plus nécessairement trèsjeune », est le président de lacommission des jeunes depuis2011. «Quand j’ai appris l’exis-tence de cette commission,j’étais impressionné parcequ’elle permettait de faire laconnaissance d’autres jeunesélus de milieux variés et de par-tager nos expériences à titred’élus », raconte celui qui s’estfait élire conseiller municipal àSaint-Hyacinthe pour la pre-mière fois en 2009.

Et le réseautage, il y croit :« On se sent beaucoup moinsseuls et on est capables de parta-ger les réalités qu’on vit commejeunes. Par exemple, la concilia-tion travail-famille-politique,c’est un enjeu qui n’est pas facile,mais entre jeunes, quand on endiscute, ça nous permet de voircomment les autres se sont orga-nisés, comment ils arrivent àtrouver du temps et de l’énergiepour entrer en politique et faireavancer des dossiers locaux. Ç’aété mon premier coup de foudreavec la Commission des jeunes.»

Nouvelle visionSi la fonction première de la

commission est d’intéresser lesjeunes à la politique munici-pale, les élus de la commissionse sont aussi donné commemandat de fournir des avis auconseil d’administration del’UMQ sur certains enjeux quitouchent la jeunesse. «Si on re-prend l’exemple de la concilia-tion travail-famille dont on par-lait précédemment, c’est un en-

jeu particulier en politique mu-nicipal en ce qui a trait au ré-gime d’assurance parentale,puisque le mode de rémunéra-tion des élus est particulier etqu’on ne peut pas arrêter com-plètement de travailler », ra-conte David Bousquet. Dans cecontexte, la commission prendposition et tente d’amener leconseil d’administration del’UMQ à faire de même sur desenjeux propres aux jeunes.

En pourcentage, ce sont 10%des conseillers municipaux à tra-vers le Québec qui sont âgés demoins de 35 ans. Ce contingentamène des idées neuves et unenouvelle vision de la municipa-lité de demain. «Les jeunes sontréputés pour leur dynamisme etils veulent du changement, doncils sont de tous les dossiers quipermettent à leur municipalité debouger, d’évoluer et de devenirplus proactive», explique DavidBousquet. Celui-ci se rappelleque dans sa municipalité deSaint-Hyacinthe, en 2009, lorsd’élections qui ont beaucoup ra-jeuni le conseil municipal, l’unedes toutes premières initiativesaura été d’instaurer un pro-gramme de subvention auxjeunes parents pour l’achat decouches réutilisables. «Cette ac-tion, qui venait soutenir lesjeunes familles, était pour notrenouveau conseil un geste qui re-joignait les valeurs des plusjeunes conseillers sensibles auxenjeux touchant la famille.»

D a n s l e m ê m e o r d r ed’idées, plusieurs chantiers

ont aussi été entrepris pouraméliorer les structures de loi-sirs dans la région, ce que ré-clamaient les jeunes familleset qui a été entendu par lesconseillers municipaux. Levieillissement de la populationdevient un enjeu de sociétémajeur. Toutes les municipali-tés ont donc tout avantage àmettre sur pied des incitatifspour attirer chez elles les fa-milles avec de jeunes enfants.

Électeurs municipaux en herbe

Aujourd’hui, le monde muni-cipal se fait malmener en raisonde toutes les rumeurs de collu-sion et de corruption. Ici aussi,les jeunes désirent faire chan-ger les choses: «On a moins decontraintes en matière de trans-parence, on est plus enclins àpar tager l’information. À cetégard, les jeunes ont beaucoup à

apporter à la municipalité de de-main et à l’UMQ aussi», ajouteM. Bousquet.

Quand on sait que dans la po-pulation générale, le taux departicipation aux élections mu-nicipales oscille autour du 35%,on se demande bien commentune commission de jeunes éluspeut convaincre les jeunes des’intéresser à la politique muni-cipale. Depuis la création de lacommission, plusieurs actionsont été entreprises.

Créée en 2007, tout justeavant les élections de 2009, onen avait donné le coup d’envoien mettant sur pied une grandetournée dans tout le Québec«pour aller à la rencontre desjeunes afin de leur parler dumonde municipal et de la démo-cratie municipale», rappelle Da-vid Bousquet. Ensuite, en 2011,la commission a amené lesjeunes à créer des documen-

taires vidéo sur leur vision deleur municipalité. « On a pré-senté ces petits films lors des as-sises annuelles de l’UMQ et plu-sieurs élus ont visionné les docu-mentaires pour connaître cequ’était en ef fet cette visionqu’avaient les jeunes.»

En cette année d’élections, lacommission a lancé deux pro-jets : le premier s’appelle Élec-teurs municipaux en herbe. Ils’agit d’une série de capsulesvidéo s’adressant aux 13 à 18ans. Dans ces capsules, on en-tend de jeunes élus parler deleur implication et de leur rôledans le monde municipal. Ceprogramme est actuellementdistribué dans les écoles secon-daires et plusieurs de ces cap-sules circulent déjà dans les ré-seaux sociaux. Le second pro-jet s’appelle Relève municipale2.0 et vise les jeunes de 18 à 25 ans. Ce projet utilise luiaussi des capsules vidéo pourrejoindre le jeune électorat. Onpeut voir ces films dans les cé-geps et les universités dans lecadre de forums jeunesse orga-nisés par ces établissements.«On utilise la vidéo pour amor-cer la discussion, et ensuite, lesélus, présents lors de réunions,participent à des échanges avecles jeunes étudiants », nous ex-plique David Bousquet.

Lors des dernières électionsprovinciales, on a vu les jeunesparticiper en plus grand nombrequ’à l’habitude. David Bousquetsouhaite que ce mouvement ci-toyen prenne de l’ampleur etqu’on puisse vérifier une tellepar ticipation pour les pro-chaines élections municipales.

CollaboratriceLe Devoir

En région, l’image qu’on se fait d’un élu municipal est souvent celle d’un homme de plus decinquante ans. La Commission des jeunes élus et élues de l’Union des municipalités du Qué-bec tente de briser cette image et quand on parle à son président David Bousquet, on réalisequ’une petite révolution anime le monde de la politique municipale.

YAN DOUBLET LE DEVOIR

Lors des dernières élections québécoises, on a vu les jeunesparticiper en plus grand nombre qu’à l’habitude.

Un conseiller municipal sur 10 est aujourd’hui âgé de moins de 35 ans

Page 2: MUNICIPALITES - Le Devoir...MUNICIPALIT S I 2 LE DEVOIR, LES SAMEDI 4 ET DIMANCHE 5 MAI 2013 ÇLÕavenir a un lieuÈ. Voil les mots qui coif-fent le Livre blanc municipal d voil en

M U N I C I P A L I T É SL E D E V O I R , L E S S A M E D I 4 E T D I M A N C H E 5 M A I 2 0 1 3I 2

« L’avenir a un lieu ». Voilà les mots qui coif-fent le Livre blanc municipal dévoilé en no-vembre dernier par l’Union des municipalitésdu Québec. Qu’est-ce qu’un livre blanc ? Àqui s’adresse-t-il ? Et que propose-t-il aufond ? Le président de l’UMQ et maire de Ri-mouski, Éric Forest, a accepté de répondre ànos questions.

T H I E R R Y H A R O U N

«P ar définition, un livre blanc donne l’occa-sion de poser un diagnostic et de proposer

des avenues qui nous permettront de mieux cir-conscrire les enjeux qui touchent les municipalités.Et généralement, cela se traduit par une politiquegouvernementale», fait valoir d’entrée de jeu ÉricForest. Est-ce à dire qu’il a permis, lors de sonlancement, de mettre la table aux négociationsqui ont cours entre Québec et les municipalitésen vue d’une nouvelle entente fiscale et finan-cière, entente qui devrait être signée d’ici la finde l’été? «Effectivement», admet le maire Forest.

Le Livre blanc municipal a connu un accueilfavorable. «On a été surpris de l’accueil. De fait,le gouvernement du Québec a manifesté beau-coup d’ouverture. Je pense ici à la première mi-nistre [Pauline Marois] et au ministre des Af-faires municipales et des Régions [Sylvain Gau-dreault]. Il a aussi été bien reçu par les partisd’opposition. Écoutez, il n’y a pas une semaine oùje ne donne pas de conférence sur le contenu du li-vre blanc. Vous savez, plus de 120 municipalitésl’ont adopté officiellement», précise M. Forest.

Ce document, qui se lit bien, a ceci de pédago-gique qu’il définit le rôle que doit jouer une muni-cipalité au sein d’une société de plus en plus ou-verte sur le monde. «La mission de la municipa-

lité est d’assurer le bien-être collectif et le vivre en-semble dans la communauté. Pour continuer de laremplir à l’avenir, la municipalité devra tirer sonépingle du jeu dans un monde marqué par quatregrands défis, soit la mondialisation, qui aiguise laconcurrence et renforce l’interdépendance des villesà une échelle mondiale; le réchauffement de la pla-nète, qui impose des stratégies d’adaptation àl’échelle locale; le numérique, qui modifie les com-portements et accélère les transformations socialeset organisationnelles ; [enfin], les changements dé-mographiques, qui accélèrent le vieillissement etaccroissent la diversité culturelle.»

ContenuL’essentiel des propositions du livre blanc de

l’UMQ est énoncé dans deux pièces maîtresses: laCharte des municipalités du Québec ainsi que levolet fiscal et financier. Ainsi, le livre blanc indiqueque «le projet de Charte des municipalités du Qué-bec vise à reconnaître la municipalité comme uneinstance politique autonome et lui conférer les com-pétences, les pouvoirs, les ressources et l’autonomienécessaires pour répondre aux besoins locaux de sapopulation, assujettir efficacement la gouvernancemunicipale aux principes de transparence,d’éthique, de participation citoyenne et d’imputabi-lité, instaurer une nouvelle base de relations entre legouvernement du Québec et les municipalités demême que redéfinir les compétences municipales».

En entrevue, Éric Forest tient à rappeler quel’établissement d’une telle charte vise «à recon-naître un nouveau partenariat et un nouveaupartage des responsabilités basé sur le principede subsidiarité et d’imputabilité. Il s’agit de voirquelle instance est la plus apte à rendre un ser-vice efficace et qui soit le plus près des citoyens».

L’argent, toujours l’argentL’autre volet, et non le moindre, du livre blanc

est celui consacré à l’aspect fiscal et financier. «Laréforme de la fiscalité municipale s’impose poursoutenir la capacité financière de la municipalité àfaire face à la croissance des services fournis. Lastructure fiscale actuelle, essentiellement axée surl’impôt foncier, engendre une érosion du principemême d’équité. Elle s’avère inadaptée à l’aménage-ment durable et dépassée par la transformationprofonde de l’économie qui entraîne le décrochageentre la croissance économique et les valeurs fon-cières», lit-on dans le document municipal.

Les propositions du livre blanc à cet égardportent sur trois éléments. Premièrement, ilfaut contrôler la croissance des dépenses, cequi passe notamment par une révision de l’en-cadrement législatif des relations de travail.Deuxièmement, l’UMQ propose un rééquili-brage fiscal et financier qui passerait notam-ment par un «pacte de cohésion sociale».

Enfin, il y est question d’un réinvestissement« fiscal stimulant la création de richesse collec-tive ». Le document note à cet égard qu’en« ayant accès à une partie des recettes fiscalespermanentes qu’engendrent leurs investisse-ments, les municipalités renforceront leur capa-cité de réinvestissement. Les projets de revitalisa-tion de quartier ou de village, la reconversionéconomique ou urbaine et la mise en valeur despotentiels du territoire et de l’environnementprendront un nouvel envol stimulant l’économiede tout le Québec».

Dans les faits, pour que les municipalitéspuissent mieux respirer, Éric Forest juge que lasolution passe par une diversification «de la fis-calité municipale. Il faut également parler de lacapacité de s’outiller afin que les municipalitéspuissent avoir un meilleur contrôle de leurs coûtsde système. Le régime de retraite [des municipa-lités] en est un bel exemple. Depuis 2010, je de-mande au gouvernement du Québec sur toutesles tribunes de s’occuper de ce problème parce

que ça devient un fardeau intenable ! On sera unjour obligé de taxer les citoyens qui n’ont pas derégime pour assurer la pérennité des régimes ac-tuels », souligne M. Forest.

CollaborateurLe Devoir

L’AVENIR A UN LIEU

Vers une Charte des municipalités du QuébecUn nouveau régime fiscal pour les municipalités est toujours attendu

Le vote à lui seul ne fait pas la démocratie municipaleLe dernier chantier de réflexion a mené au rapport Castonguay en 1976

SOURCE UMQ

Éric Forest, président de l’UMQ

B E N O I T R O S E

«Nous ne sommes pas beau-coup de chercheurs au

Québec à nous intéresser à ladémocratie municipale», lanced’entrée de jeu Sandra Breux,rencontrée à son bureau ducentre Urbanisation, Culture,Société de l’INRS, situé sur larue Sherbrooke, à Montréal.En 2011, avec sa collègue Lau-rence Bherer, elle a dirigé unouvrage collectif, Les électionsmunicipales au Québec : enjeux

et perspectives, publié auxPresses de l’Université Laval.Celui-ci rassemblait une quin-zaine de chercheurs autourd’un même objectif, celui demieux déchiffrer la scène élec-torale locale en scrutant notam-ment ses spécificités.

À cet échelon, les études de-meurent rares et les donnéessont difficilement accessibles,constate Mme Breux : «Si nousavions des données sur plu-sieurs décennies, nous pour-rions en tant que chercheurs es-

sayer d’appliquer un cer tainnombre de théories. » C’estpourquoi elle s’ef force en cemoment de monter un projetd e r e c h e r c h e v i s a n t àconstruire une base de don-nées qui centraliserait les don-nées électorales de toutes lesmunic ipa l i tés du Québec depuis 1978. «Car on ignore en-core beaucoup de choses,note-t-elle. Par exemple, com-ment un parti politique munici-pal fait-il campagne? Combiença coûte? Est-ce la même chosedans toutes les villes ? Quelssont les obstacles ? Et commentl’électeur se comporte-t-il ? Com-ment oriente-t-il sa décision?»

De son côté, la commissionCharbonneau dévoile elle aussiles limites de notre compréhen-sion des dynamiques de lascène municipale, observe San-dra Breux. En effet, si la com-

mission a révélé certaines mé-thodes utilisées pour financerdes activités politiques et électo-rales, comme la création d’unecaisse occulte et les électionsclés en main, ces mécanismesconduisent selon elle à se poserune question importante: pour-quoi aurait-on besoin de tantd’argent pour se faire élire àl’échelon municipal?

Les causes de la corruption

Dans une lettre ouverte pu-bliée le 14 mars dernier dansLe Devoir, les chercheusesBreux et Bherer soulignaientjustement que les causes de lacorruption demeuraient malconnues. Elles invitaient doncà la prudence en matière de ré-forme. Si les moyens déployéspour se faire élire à l’échelle lo-cale sont étonnamment grands

et la corruption si bien ancrée,cela pourrait s’expliquer selonelles par une double difficultéque rencontrent les candidatset les partis politiques. En ef-fet, il semble difficile de « fairesortir le vote » et, ensuite, d’ob-tenir des contributions poli-tiques.

«Cette double difficulté est enpartie liée à la présence d’unfort déficit d’information, qui ades conséquences à la fois surles candidats et les électeurs »,poursuit Mme Breux. D’unepart, les citoyens mal informéstant sur les enjeux locaux quesur les propositions des diffé-rents candidats se présententen très faible nombre auxurnes. En moyenne, la partici-pation électorale à l’échelonmunicipal se situe autour de45 % au Québec. Cette faiblemobilisation démontre le peud’intérêt au sein de la popula-tion pour la politique munici-pale en général. Il devientalors très difficile pour les can-didats de recueillir des fonds,comme l’ont mentionné cer-tains d’entre eux lors de laCommission parlementaire del’aménagement du territoiresur le projet de loi 26.

« Plusieurs témoignages ont

souligné que les coûts d’informa-tion sont importants, relate lachercheuse. Cer tains ont de-mandé que les journaux soientobligés de fournir des espaces pu-blicitaires gratuits, et d’autresont dit que l’abaissement du seuilde dépenses électorales devait êtrecompensé par des mesures pourbien informer les électeurs lors dela tenue d’une élection.» Autre-ment dit, on peut penser que lerecours à une caisse occultedans le contexte actuel de désin-térêt généralisé et de déficit in-formationnel est perçu commeun moyen incontournable derempor ter un scrutin. Cecontexte serait particulièrementdéfavorable pour les nouveauxcandidats, en particulier les in-dépendants, qui auraient de ladifficulté à se faire connaître àmoindres coûts, ce qui ne favori-serait en rien le renouvellementde notre classe politique.

Mais ce ne sont là que deshypothèses. C’est pourquoi, àmoyen terme, Sandra Breux etsa collègue croient que l’ouver-ture d’un chantier de réflexionsur la démocratie municipalecontemporaine est essentielleafin de comprendre ses enjeux,

ses forces et ses limites. Le der-nier exercice en date remonteau rapport Castonguay en 1976,rappellent-elles. «Ce n’est qu’auprix d’un examen systématiquequ’il sera possible d’éviter lesprises de décisions et jugementshâtifs destinés à enrayer rapide-ment la corruption, mais qui,bien que mus par un désir detransparence, pourraient avoirdes conséquences bien plusgraves sur l’état de la démocratielocale», concluaient-elles récem-ment dans leur lettre.

Qu’est-ce qu’un parti politique?

Il est difficile de savoir si lescitoyens seront massivementau rendez-vous lors des pro-chaines élections en novembre.Les scandales de corruption au-ront-ils pour effet de mobiliserl’électorat ou bien de le rebu-ter ? Mme Breux ne saurait ledire, mais elle croit qu’il y alieu de s’inquiéter.

À court terme, elle et sa col-lègue proposent la créationd’une escouade de contrôle quivérifierait chaque rapport dedépenses des candidats et despartis en lice. Dans une pers-pective plus large, elle ne croitpas que l’abolition des partis

politiques soit unebonne chose, puisqueces derniers joue-raient un rôle structu-rant et informationnelsur la scène politiquelocale. «Ce qui ne veut

pas dire qu’il n’y a pas une ré-flexion à faire au Québec sur cequ’est un par ti politique,avance-t-elle. De nos jours, lespartis locaux sont de nature apo-litique, ils sont faiblement orga-nisés et ont souvent une courtedurée de vie. Il faudrait que lespartis puissent vivre en dehorsdes périodes électorales.»

« Nous nous sommes aussirendu compte qu’il manquaitune véritable culture de la re-cherche au sein des partis qui lesmènerait à se documenter, àcreuser et à mettre de l’avant desenjeux spécifiques. En fait, pour-suit-elle, la tendance est forte auQuébec à considérer que la dé-mocratie municipale est d’ordremanagérial, au sens où il s’agi-rait d’abord de gérer des affaires.Et je pense que c’est à partir dumoment où l’on aura dépassécette idée pour faire du munici-pal une scène où l’on peut discu-ter d’enjeux et du vivre ensembleque l’on va réussir à créer une vi-talité démocratique qui pourrait,d’une certaine façon, faire recu-ler la corruption.»

CollaborateurLe Devoir

Professeure et chercheuse à l’Institut national de recherchescientifique (INRS), Sandra Breux croit que l’ouverture d’unvéritable chantier de réflexion sur la démocratie municipales’impose. Ce n’est qu’au prix d’un examen systématique decette dernière, dit-elle, qu’il nous sera possible de bien cer-ner ses forces et ses limites et d’ainsi orienter les projets deréforme à venir.

En moyenne, la participationélectorale à l’échelon municipal se situe autour de 45 % au Québec

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M U N I C I P A L I T É SL E D E V O I R , L E S S A M E D I 4 E T D I M A N C H E 5 M A I 2 0 1 3 I 3

De retour au sein de l’UMQ, Montréal accueillera ses Assises en 2013Le maire de Montréal, Michael Applebaum, croit que les villes doivent parler d’une même voix

Un maire sur deux a été élu sans opposition en 2009

R É G I N A L D H A R V E Y

M ontréal, Longueuil et laCommunauté métropoli-

taine de Montréal (CMM)s’étaient dissociées de l’UMQen 2004 pour trois raisons, se-lon le maire : «En premier lieu,les désaccords se sont manifestésau sein de ce regroupementdans la formule de partage dela taxe d’accise sur les carbu-rants. Aussi, la Ville assurait su-bir des contraintes qui l’empê-chaient d’exprimer ses proprespoints de vue. Et finalement,elle jugeait que la structure decotisation qui la contraignait àverser annuellement 612000$était inéquitable.»

En 2012, l’administration dumaire Gérald Tremblay a dé-cidé que Montréal avait avan-tage à redevenir membre del’UMQ. M. Applebaum sou-ligne que l’Union avait entre-temps révisé ses conditionsd’adhésion et proposé des ajus-tements sur quatre points :

« Une gouvernance adaptéeaux réalités de la Ville de Mont-

réal: en vertu des récentes modi-fications aux règlements géné-raux de l’UMQ, les grandes villesmembres, qui, jusqu’à mainte-nant étaient membres du Cau-cus des municipalités de la Mé-tropole, sont dorénavant égale-ment membres du Caucus desgrandes villes. Il en sera demême pour la Ville de Montréal.Aussi, Montréal assume la prési-dence du caucus métropolitain.»

« Un secrétariat tenantcompte des besoins propres à laMétropole : une ressource du se-crétariat de l’UMQ est dédiéeaux dossiers de la Ville de Mont-réal afin de tenir compte des be-soins spécifiques à la Métropoleet de ses enjeux politiques.»

« Une délégation à la TableQuébec Municipalités (TQM) inchangée pour Montréal: la délé-gation de la Ville de Montréal àla TQM demeurera la même. Enétant membre de l’UMQ, Mont-réal conserve sa place (commemaintenant); de plus, nos inter-ventions seront mieux coordon-nées face au gouvernement.»

«Cotisation : le niveau de coti-

sation a fait l’objet d’une en-tente et a été déterminé, nonpas sur le nombre de citoyens,mais sur la cotisation de ladeuxième ville la plus populeusedu Québec, en y ajoutant 20%.Le montant estimé d’une cotisa-tion en 2012 est de 302236$.»

Collaboration et solidaritéMichael Applebaum est bien

conscient que les villes parta-gent les mêmes aspirations etdoivent parler d’une mêmevoix pour défendre leurs inté-rêts : « La situation a changé depui s que Montréa l s ’ e s t dissociée de l’UMQ en 2004.Les villes du Québec se rencon-

trent dorénavant sur les mêmesgrands enjeux que sont l’élargis-sement de leurs responsabilités,la diversification des sources derevenus , l e t ranspor t , l e s infrastructures, les régimes deretraite, etc. »

Par conséquent, il ajoute :«Aujourd’hui, à titre de métro-pole et de poumon économiquedu Québec, Montréal veut lan-cer un signal de solidarité auxmaires et mairesses des autresrégions de tout le Québec. Nousvoulons que le maire de la mé-tropole soit avec eux pour défen-dre les intérêts communs detoutes les villes. La meilleure fa-çon pour parler d’une mêmevoix qui soit forte est que Mont-réal travaille avec l’UMQ auxpriorités des villes du Québecdont elle fait partie.»

Le thème des assises an-nuelles de l’UMQ est le suivant:Les élus, des citoyennes et des ci-toyens engagés. Et le maire ap-prouve: «Ce thème découle direc-tement du livre blanc de l’UMQ;d a n s c e d o c u m e n t , o n retrouvait les valeurs que l’organisme veut mettre del’avant, soit : l’imputabilité poli-tique, la participation citoyenne,le respect de la diversité, l’inté-

grité et la transparence, la dura-bilité et l’équité, ainsi que l’inno-vation et la créativité. Ces valeursn’ont qu’un but, soit celui de met-tre les priorités des citoyens aupremier plan.»

Il propose sa vision de lagouvernance : « Aussi, on sedoit de rapprocher le citoyen desdécisions et surtout revaloriserle rôle du citoyen engagé dansson milieu qui choisit de vouloirdéfendre les intérêts de sa com-munauté en tant qu’élu. Un éluest une personne citoyenne quia été désignée par d’autres ci-toyens du même territoire pourreprésenter et défendre leurs in-térêts face au système décision-nel en place. Cette personne sedévoue au quotidien sans tropcompter ses heures pour faire ensorte d’honorer la confiance deses concitoyens. Son engage-ment est de tout mettre en œu-vre pour tenter le plus possibled’assurer une qualité de viepour les gens de sa collectivité.»

Et de conclure : «Bref, il fautse rappeler qu’un élu est avanttout un citoyen ayant à cœur lesintérêts de ses pairs.»

CollaborateurLe Devoir

L’Union des municipalités du Québec (UMQ) regagne Mont-réal pour la tenue de ses Assises annuelles, un an après quela Métropole a décidé de réintégrer ses rangs. À cette occa-sion, le maire de la ville, Michael Applebaum, répond parécrit aux questions qui lui ont été adressées.

JACQUES NADEAU LE DEVOIR

Pour Michael Applebaum, un élu est avant tout un citoyen qui a àcœur l’intérêt de ses pairs.

COLLABORERPOURRÉUSSIR

Assemblées dans la région du Bas-Saint-Laurent, les nouvelles voitures de métro transformeront le quotidien de plusieurs milliers de Montréalais.

Source : STM / Bombardier, La Pocatière

P I E R R E V A L L É E

Depuis 2005, les élections municipales se dé-roulent le même jour dans toutes les munici-

palités, soit le premier dimanche de novembre,tous les quatre ans. Le choix d’un unique jour descrutin a-t-il influé sur la participation électorale?«Très peu, avoue Jacques Drouin. De 2005 à 2009,l’augmentation n’a été que de 1%. Par contre, ceque l’on a pu constater, c’est une légère augmenta-tion des candidatures et, par conséquent, une légèrebaisse du nombre d’élus par acclamation.»

Selon Jacques Drouin, le taux de participationvarie en fonction de l’enjeu. «Cela est vrai au mu-nicipal comme au provincial ou même au fédéral.Si les citoyens perçoivent qu’il y a un véritable en-jeu lors d’une élection, alors ils iront voter en plusgrand nombre. C’est ce qui s’est produit aux der-nières élections provinciales. J’ose même avancerl’hypothèse que cela se produira au pro-chain scrutin municipal. Je crois que lesrévélations de la commission Charbon-neau auront un impact, que les citoyensvoudront avoir leur mot à dire et irontvoter en plus grand nombre.»

Les candidatures au municipalLe nombre de candidatures aux élec-

tions municipales au Québec pose tou-jours problème. «En 2009, un maire surdeux a été élu sans opposition, et c’est lecas de trois conseillers municipaux surcinq.» Il lui apparaît donc nécessaire d’utiliserdes mesures incitatives afin de pousser davan-tage de citoyens à se lancer en politique munici-pale et d’ainsi augmenter le nombre de candidats.« Il y a déjà des mesures incitatives qui sont enplace. Plusieurs organismes et regroupements ci-toyens offrent des ateliers afin d’aider ceux qui s’in-téressent à la politique municipale à faire le sauten politique active et à poser leur candidature.C’est aussi la responsabilité du ministère des Af-faires municipales, des Régions et de l’Occupationdu territoire, qui mettra en place de nouvelles me-sures afin de favoriser une augmentation des can-didatures. Le Directeur général des élections y par-ticipera, mais ce n’est pas de son ressort.»

Les responsabilités du Directeur général desélections (DGE) concernent plutôt les électeurs.«À l’échelon provincial, la loi nous oblige à met-tre en place une campagne d’information afind’inciter l’électeur à aller voter. À l’échelon muni-cipal, nous ne sommes pas obligés de le faire,mais nous pouvons le faire, et c’est ce que nousavons fait en 2009.»

Et le DGE récidivera en 2013, cette fois en ymettant plus de moyens. En ef fet, le budget

consacré à cette campagne sera de 1,6 million dedollars, une augmentation de presque 50 % encomparaison de celle de 2009. «Si l’on a choisid’investir davantage, c’est que nous croyons quecela peut avoir un impact sur le taux de participa-tion. Aux dernières élections provinciales, nousavons mené une campagne plus grinçante, hors denotre zone habituelle de confort, et nous croyonsque cela a eu un effet positif sur le taux de partici-pation. Nous verrons si cet effet se reproduira lorsdes prochaines élections municipales.»

Le rôle des municipalitésLors d’un scrutin provincial, l’organisation de

l’élection incombe entièrement au DGE. Ce n’estpas le cas à l’échelon municipal, où ce sont les mu-nicipalités qui organisent les élections sur leur ter-ritoire. Elles doivent communiquer avec l’électeuret choisir les lieux de vote. La liste électorale estconfectionnée avec les données fournies par laliste électorale permanente du DGE.

«Il est évident que les municipalités ont un rôle àjouer dans la participation des électeurs à l’élection.La Loi sur les élections et les référendums dans lesmunicipalités oblige les municipalités à faire parve-nir aux électeurs une carte d’information indiquant

s’ils sont inscrits sur la liste électorale. Lacarte peut aussi indiquer le lieu de vote. Ilserait souhaitable que ce lieu soit toujoursindiqué.» De plus, les municipalités de-vraient toujours s’assurer que les lieuxde vote sont facilement accessibles. «Ilne faut pas que le lieu de vote devienneune entrave à l’exercice du droit de vote.»

Qu’en est-il du mode de scrutin? Àl’échelle provinciale, on peut voter lejour même du scrutin en se présentantau bureau de vote, mais aussi voter paranticipation. «À l’échelon municipal, le

vote par anticipation est obligatoire, mais seulementpour une journée. Quelques municipalités l’étendentsur deux jours. Il serait peut-être intéressant de don-ner davantage d’importance au vote par anticipa-tion en augmentant le nombre de jours.»

Il existe aussi au Québec d’autres modes descrutin comme le vote au bureau du président del’élection, le vote itinérant (par exemple en mi-lieux hospitaliers) et le vote à domicile, où unepersonne incapable de se déplacer recevra à do-micile la visite de scrutateurs. «Quelques munici-palités introduiront le vote à domicile cette année.Je crois qu’il faut multiplier et encourager les di-vers modes de scrutin. Par exemple, pourquoi nepas se pencher dès maintenant sur le vote par In-ternet? Si l’on veut faire augmenter le taux de par-ticipation aux élections municipales, tout commeaux élections provinciales, d’ailleurs, il faut évi-demment chercher à convaincre l’électeur qui neparticipe pas de l’importance de son vote. Mais ilfaut aussi lui rendre l’exercice le plus facile possibleen se rapprochant le plus près de lui.»

CollaborateurLe Devoir

Le taux de participation aux élections munici-pales au Québec demeure faible. Que fairealors pour l’augmenter ? Le directeur généraldes élections du Québec, Jacques Drouin,propose quelques pistes de réflexion.

Le nombre decandidaturesaux électionsmunicipalesau Québecpose toujoursproblème

Page 4: MUNICIPALITES - Le Devoir...MUNICIPALIT S I 2 LE DEVOIR, LES SAMEDI 4 ET DIMANCHE 5 MAI 2013 ÇLÕavenir a un lieuÈ. Voil les mots qui coif-fent le Livre blanc municipal d voil en

M U N I C I P A L I T É SL E D E V O I R , L E S S A M E D I 4 E T D I M A N C H E 5 M A I 2 0 1 3I 4

ASSISES 2013 DE L’UMQ

L’engagement comme thème central

À une époque où le gouverne-ment fédéral semble de plusen plus tourner le dos aureste du monde, les munici-palités du Québec dévelop-pent et consolident leurséchanges, leurs engagementset leurs par tenariats avecd’autres villes de la planète.

É T I E N N E P L A M O N D O N É M O N D

Le 11 avril dernier, le Grouped’études sur les relations in-

ternationales du Québec (GE-RIQ) de l’École nationale d’ad-ministration publique (ENAP) aorganisé, en partenariat avecl’Union des municipalités duQuébec (UMQ), le premier Col-loque sur les relations interna-tionales des villes du Québec(CRIVIQ). Cet aspect du mondemunicipal est souvent méconnuet, surtout, peu étudié.

Gopinath Jeyabalaratnam,fondateur du GERIQ, a eu l’idéede ce colloque après avoirconstaté que peu de recherchesuniversitaires se penchaient surle phénomène. Il a vu dans cetévénement un potentiel poursensibiliser les étudiants, leschercheurs et la population àces enjeux. « Les citoyens necomprennent pas que le marchéquébécois est saturé, que les ex-pertises québécoises peuvent êtreexportées et qu’ils peuvent tirerprofit des expertises internatio-nales, soulève M. Jeyabalarat-nam. Les villes et les municipali-tés devraient faire la promotiondes retombées, des résultats posi-tifs que les relations internatio-nales municipales peuvent avoirdirectement sur eux.»

M. Jeyabalaratnam croit qu’ilserait intéressant que les rela-tions internationales fassentl’objet de débats lors des cam-pagnes électorales municipalesde l’automne prochain. En effet,les échanges internationaux en-

tre municipalités connaissentune véritable effervescence.

«Il y a moins de protocoles etplus de choses pratiques qui senégocient» entre les villes, ob-serve Louise Duquet, directricedes relations internationales àl’UMQ. Suzanne Roy, mairessede Sainte-Julie, souligne que« traditionnellement, les villesquébécoises étaient très peu im-pliquées à l’international. Onn’en voyait que quelques-unesdans des jumelages culturels. Au-jourd’hui, on est rendus à un au-tre niveau. On parle de réseau-tage et de partenariats entre desmunicipalités de différents pays».

Une nouvelle dynamique queM. Jeyabalaratnam trouve pro-metteuse. «Si je me fie à l’his-toire des pays et des États fédérés,souvent, les résultats ont étébeaucoup plus intéressantsquand ils se sont embarquésdans des relations multilaté-rales. » De plus, les réseauxsont des endroits où des villesde taille équivalente ou dansdes situations similaires peu-vent échanger sur leurs exper-tises en matière de gouver-nance locale, de transport encommun, d’aménagement, etc.

Partenariats et réseauxSainte-Julie est une parfait

exemple de municipalité travail-lant activement dans des ré-seaux internationaux. Elle futl’une des premières villes d’ici àêtre reconnue comme Munici-palité amie des enfants (MAE).Ce projet de l’UNICEF vise àstimuler les initiatives faisant lapromotion de la Convention re-lative aux droits de l’enfant etles échanges sur les pratiquesexemplaires dans les secteursconcernés. Cette mouvances’est répandue depuis long-temps à travers le monde, maiselle reste peu connue en Amé-rique du Nord. Aujourd’hui,une quinzaine de municipalitéset d’arrondissements du Qué-bec ont aussi décroché ce titre.Sainte-Julie tisse un partenariat

inspirant dans ce domaine avecA u b a g n e , e n P r o v e n c e .«Quand nous sommes allés là-bas, on y travaillait à l’élabora-tion du plan stratégique d’unefaçon toute particulière, qui esttrès dif férente de celle qu’onconnaît traditionnellement auQuébec. On s’est vraiment inspi-rés de leurs pratiques en faisantdes sondages auprès de la popu-lation, des rencontres dans tousles quartiers et des séances detravail avec les partenaires et lesemployés municipaux». Une au-tre démarche a été empruntéeà Aubagne: lors de soumissionsrelatives à l’élaboration d’unparc à Sainte-Julie, 10 % despoints sont désormais attribuéspar les enfants. «C’est grâce àMunicipalité amie des enfantsqu’on a changé nos pratiques lo-cales», assure la mairesse.

Mme Roy est aussi impliquéedans le réseau Municipalitésamies des aînés (MADA), missur pied en marge du Guidemondial des villes amies des aî-nés de l’Organisation mondialede la santé (OMS), qui s’arti-cule autour des questions devieillissement de la population.Plus de 500 municipalités qué-bécoises se sont aujourd’hui do-tées d’un plan d’action au seinde ce réseau. «Notre façon defaire est citée à l’internationalcomme un modèle à suivre», as-sure Mme Roy. La deuxièmeconférence internationale desvilles amies des aînés se tiendrad’ailleurs du 9 au 11 septembreprochain à Québec.

Ce type de partenariats enri-chit la société. Mais les liensnoués à l’international produi-sent aussi des bénéfices écono-miques pour les municipalitésd’ici. Drummondville est àmême de le constater. Il y a 30ans, cette municipalité a amorcéun jumelage social avec LaRoche-sur-Yon. Au début desannées 1990, ce jumelage a en-traîné des échanges écono-miques. S’inspirant de ce quiavait été observé outre-Atlan-

tique, Drummondvillea été parmi les pre-mières municipalitésdu Québec à mettreen place des incuba-teurs d’entreprises.De plus, son partena-

riat a favorisé l’implantation surson territoire de l’entreprise depropriété française LaboratoireProvence Canada. Drummond-ville s’est récemment engagédans un partenariat avec la villede Jiaxing, en Chine, avec la-quelle elle organise des mis-sions économiques.

Une commissionIl y a cinq ans, l’UMQ a donné

naissance à une Commissiondes relations internationales, ac-tuellement présidée par le mairede Cowansville, Arthur Fauteux.Cette commission se penche en-tre autres sur les questions d’im-migration, d’emploi et de pénu-rie de main-d’œuvre qualifiéeauxquelles les municipalitéssont confrontées. «Notre com-mission est assez jeune, admetLouise Duquet. On en est tou-jours à faire des études et à ap-profondir nos réflexions. Nos pla-nifications n’ont pas encore néces-sairement débouché sur quelquechose de très concret». Sauf dansle cas, précise-t-elle, d’un projetde solidarité internationale,monté en partenariat avec la Fé-dération canadienne des munici-palités et la Ville de Montréal,pour soutenir des administra-tions municipales en Haïti.

N’empêche, un mouvementde fond semble s’amorcer. Se-lon Louise Duquet, les relationsinternationales, pour les villes,sont « loin d’être un luxe. Ellesdeviennent de plus en plus unenécessité. On est dans un contextede mondialisation. On a uneobligation de s’ouvrir sur lemonde et d’aller voir un peu plusloin comment les choses se pas-sent, ne serait-ce que pour voircomment fonctionnent les admi-nistrations municipales en Scan-dinavie, en Europe, aux États-Unis, en Amérique du Sud». Ettous ont bon espoir qu’undeuxième CRIVIQ puisse êtreorganisé l’année prochaine.

CollaborateurLe Devoir

INTERNATIONAL

« Les expertisesquébécoises peuventêtre exportées »

S A R A H P O U L I N - C H A R T R A N D

P ar leur thème Les élus, descitoyennes et des citoyens en-

gagés, les Assises tiennent àsouligner que les élus sontavant tout des citoyens qui tra-vaillent au sein de leur commu-nauté, pour le bien de leursconcitoyens. «On veut rappelerque les élus et les conseillers mu-nicipaux sont avant des gensqui habitent sur le territoire deleur municipalité et qu’ils tra-vaillent pour le bien de leur ré-gion», explique Luc Berthold,maire de Thetford Mines etprésident de la commissiond e s A s s i s e s p o u r u n edeuxième année consécutive.

Pour illustrer cette idée, ilprend pour exemple l’atelier Nele dites pas à mon maire, mais ilest responsable de ma santé.Même si la santé n’est pas uneresponsabilité municipale, deplus en plus d’élus et deconseillers mettent en placedes mesures pour promouvoirde saines habitudes de vie. Letransport actif, issu d’initiativesmunicipales, est un des exem-ples qui peuvent être mis enplace de façon très locale. L’ate-lier, présidé par Me Marc-AndréLeChasseur, accueillera SylvieBernier, ancienne championneolympique et ambassadrice dessaines habitudes de vie pourQuébec en forme, ainsi que ladirectrice de la Coalition québé-coise sur la problématique dupoids, Suzie Pellerin.

Fiscalité municipaleUn des thèmes les plus im-

portants abordés aux Assises

sera sans contredit la fiscalitédes municipalités. Les mem-bres pourront échanger et ré-fléchir en commun aux grandsdéfis qui se présentent entermes de nouvelle fiscalité.Les taxes foncières, souligneLuc Berthold, ne peuvent plusê t r e a u g m e n t é e s . Q u e l smoyens pourraient être envi-sagés afin de générer plus derevenus au sein des municipa-lités ? Les assises présenterontpar la même occasion la visionde transformation du régimefiscal, tel que proposé par le li-vre blanc. « Pour nous, c’est lethème à aborder cette année,mentionne le maire de Thet-ford Mines. Il faut régler cettequestion le plus rapidementpossible, si on veut pouvoir tra-vailler à d’autres tâches quitouchent nos concitoyens. »

Avec la publication récentedu rapport D’Amours, qui sepenchait sur les défis qui atten-dent les régimes de retraite pu-blics dans la province, la tableest mise pour aborder le sujetau sein des municipalités. L’ate-lier Les régimes de retraite auQ u é b e c : l ’ a p r è s - r a p p o r tD’Amours permettra d’aborderses conclusions. Une tableronde tentera également de ré-pondre à certaines interroga-tions, notamment sur l’équitéintergénérationnelle, les op-tions de modification des ré-gimes de retraite ou la capacitéde payer des citoyens.

L’enjeu du patrimoineLuc Berthold évoque un au-

tre enjeu important qui se posepour les municipalités québé-coises. « Nos maires sont pris

avec une nouvelle réalité :l’Église délaisse plusieurs bâti-ments religieux. C’est un défi etun problème en même temps.Que doit-on faire de ces bâti-ments? Doit-on les conserver entant que patrimoine religieux,ou les liquider et passer à autre

chose. Dans les deux cas, quelleest la façon de faire ? » La res-ponsabilité de ce patrimoine re-ligieux devrait-elle être l’affairedes municipalités, de l’État, desentreprises privées ? C’est lemaire de Roberval et présidentde la Commission de la culture,des loisirs et de la vie commu-nautaire à l’Union des munici-palités du Québec, Michel La-rouche, qui présidera l’atelier.L’historien de l’architecture LucNoppen et le directeur duConseil du patrimoine religieuxdu Québec, Jocelyn Groulx, se-ront également présents.

Impossible de ne pas abor-der la question environnemen-tale au sein des municipalités.Deux ateliers se pencherontsur la question : Le développe-ment durable municipal démys-tifié por tera sur le potentielméconnu et les bénéfices d’undéveloppement durable, alorsque l’atelier Vers l’exploitationdurable des ressources natu-relles tentera d’exposer lesavantages liés à une exploita-tion responsable.

L’engagementrécompensé

Les Assises, c’est égalementl’occasion rêvée de soulignerl’excellence et l’engagementde conseillers municipaux quise sont démarqués. Pour lapremière fois cette année, onrécompensera le travail accom-pli par une élue ou une conseil-lère municipale, avec le prixFrancine Ruest Jutras. Cetterécompense, explique Luc Ber-thold, répond à une des priori-tés des municipalités, qui estde susciter plus de candida-tures de femmes aux électionsmunicipales. « En récompen-sant l’implication d’une femmeinspirante, on veut donner àd’autres l’envie de s’impliquer»,résume-t-il.

Les Assises récompenserontun jeune impliqué en politiquemunicipale, avec le prix de la Re-lève. «Nous voulons en profiterpour rappeler que le travail d’en-gagement dans la vie municipale,ce n’est pas qu’une affaire de gensà la retraite. Plusieurs jeunescommencent à s’y intéresser, et onrécompensera l’ensemble des réa-lisations d’un de ces jeunes lea-ders, sa vision, son implication»,explique le président de la com-mission. Près d’une dizaine decandidatures ont été reçues.

Autre moment for t des as-sises : la remise du prix du mé-rite Ovation municipale. Cetteannée, près de 70 municipalitésont soumis une candidature. Lalauréate se sera démarquée parses pratiques et ses projets in-novants. On souhaite surtoutrécompenser des idées expor-tables d’une municipalité à uneautre et profiter de l’occasionpour partager les projets d’uneville qui fonctionnent bien.

CollaboratriceLe Devoir

Fiscalité municipale, régimes de retraite ou défis des villesface au patrimoine religieux : plusieurs grands thèmes serontabordés durant les Assises municipales de 2013 de l’UMQ.

JEAN-FRANÇOIS NADEAU LE DEVOIR

Parce que les églises sont parfois délaissées, le patrimoinereligieux devient un enjeu qui préoccupe les municipalités. L’égliseSaint-Vincent-de-Paul à Québec, ci-dessus, a été détruite en 2010.

Les échanges internationaux entremunicipalités connaissent une véritable effervescence

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M U N I C I P A L I T É SL E D E V O I R , L E S S A M E D I 4 E T D I M A N C H E 5 M A I 2 0 1 3 I 5

FEMMES ET GOUVERNANCE LOCALE

« Il faut que ton conseil ressemble à ta communauté»Les femmes doivent oser poser leur candidature, selon le comité Femmes et gouvernance locale de l’UMQ

Les municipalités doivent agir devant les défis de l’avenirMontréal et Sainte-Thérèse sont chacune à leur façon des réussites

M A R T I N E L E T A R T E

« I l n’y a pas si longtemps,ça n’était que des hommes

retraités autour de la table,dans nos municipalités au Qué-bec, et les décisions ne ressem-blaient ni aux jeunes, ni aux fa-milles, ni aux femmes. […]Moi, je pars du principe que situ veux que les décisions ressem-blent à ta communauté, il fautque ton conseil ressemble à tacommunauté. » C’est en cestermes que Vicki May Hamm,mairesse de Magog, expliquepourquoi il impor te que lesfemmes se lancent en poli-tique municipale dans une cap-sule vidéo réalisée par l’UMQ.

« Nous souhaitons que cescapsules vidéo soient dif fuséeslargement dans dif férents ré-seaux comme les tables secto-rielles, les Conférences régio-nales des élus [CRE], le MAM-ROT [ministère des Af fairesmunicipales, Régions et Occu-pation du territoire] et le DGE

[Directeur général des élec-tions du Québec] », indiqueFrancine Ruest Jutras, prési-dente du comité Femmes etgouvernance locale.

Comme mairesse de Drum-mondville, elle s’est elle aussilivrée à la caméra, à l’instar deFrance Auger, conseillère mu-nicipale à Victoriaville, DianeLavoie, mairesse de Belœil, etNathalie Simon, mairesse deChâteauguay. « Ainsi, les genspourront choisir une ou des cap-sules vidéo plus pertinentes se-lon eux pour les présenter dansleur région», affirme FrancineRuest Jutras.

À l’approche de la cam-pagne électorale de 2009, le co-mité avait organisé une tour-née de conférences dans lesrégions du Québec. « On ren-contrait des groupes de femmespour leur dire à quel point ilpouvait être intéressant et sti-mulant de se présenter en poli-tique municipale. Les capsulesvidéo permettront de joindre les

gens plus largement et c’estdans l’air du temps », ajouteMme Ruest Jutras.

On peut regarder les vidéossur le site Internet de l’UMQ.

ActionsL’UMQ remettra également

cette année pour la premièrefois le prix Francine Ruest Jutrasà une élue, lors de ses Assisesannuelles, qui commencerontjeudi. Cet événement sera unmoment important pour le co-mité Femmes et gouvernance lo-cale. «Lors des Assises, nous nousretrouverons entre nous et nousdiscuterons des prochaines élec-tions. C’est important de rappeleraux élus de penser à des femmesqui pourraient souhaiter se pré-senter comme candidates et defaire valoir l’importance de les yencourager », af firme la prési-dente du comité qui concentreses activités dans l’année desélections municipales.

Si peu de femmes, encore au-jourd’hui, se présentent en poli-tique municipale, la mairessede Drummondville croit quec’est pour les mêmes raisonsqu’elles n’investissent pas toutautre poste de pouvoir. «Ellesse font moins confiance, affirmeMme Ruest Jutras. Elles vont

trouver par exemple que leur ré-seau n’est pas suffisamment bienassis, donc qu’il leur manquecertains atouts pour se présenter.Elles vont douter aussi de leurexpérience par rapport à celled’autres collègues.»

La multiplication des his-toires de corruption dans lemilieu municipal encouragera-t-elle les femmes à se présen-ter, ou au contraire, les fera-t-elle fuir davantage ? « Pour lesf e m m e s c o m m e p o u r l e shommes, je crois que ça pourrapencher d’un côté comme de

l’autre, af firme Mme Ruest Ju-tras. Certains se diront qu’il estpréférable de se tenir en retrait,alors que d’autres se diront quec’est le temps d’y aller si on veutque les choses changent. »

Se lancerMairesse de Dr ummond-

ville depuis 26 ans, après avoirété conseillère municipale

pendant quatre ans, FrancineRuest Jutras est pratiquementtombée amoureuse de la poli-tique municipale.

Elle ne se représentera pasaux prochaines élections, maiselle souhaite encourager le plusde femmes possible à devenircandidates. «C’est un beau défide se présenter, remarque-t-elle.Les femmes s’engagent dans pleinde choses, et pour plusieurs, jecrois que la politique municipalepeut être une poursuite de cet en-gagement ou une variante.»

Il faut toutefois savoir que lerôle est très prenant.«Les élus municipauxont beaucoup plus deresponsabilités qu’au-paravant , af f i r meFrancine Ruest Jutras.Maintenant, le déve-loppement social et en-vironnemental est très

présent ; les villes développentdes politiques pour les familles,il y a des villes amies des aînés.Les villes sont aussi de plus enplus porteuses du développementéconomique.»

Les responsabilités s’élargis-sent, les défis sont multiples,mais en même temps, c’est cequi fait aux yeux de la mairesseque les mandats sont de plus

en plus intéressants. « Le rôled’élu municipal est très valori-sant et je le dis avec beaucoup deconviction. Comme élus, on aune prise immédiate sur l’avan-cement des dossiers, on voit leschose s changer » , a f f i r me Francine Ruest Jutras.

Il faut toutefois être prêt àne pas toujours faire l’unani-mité. «Certains pensent que lapolitique municipale est un mi-lieu conflictuel, mais les conflitsne sont pas permanents, pré-cise-t-elle. J’utiliserais plutôt lemot débat. Pour faire de la poli-tique municipale, il faut êtreprêt à débattre. »

Le comité Femmes et gou-vernance locale a été créésuite à une résolution votéeaux Assises annuelles de 2003,alors que Francine Ruest Ju-tras était présidente de l’UMQ.« Il semblait impor tant pourtout le monde à l’époque qu’il yait plus de candidatures fémi-nines pour que les conseils mu-nicipaux soient plus représenta-tifs de la société québécoise, ra-conte la mairesse de Drum-mondville. Il nous fallait unporteur de ballon.»

CollaboratriceLe Devoir

Le comité Femmes et gouvernance locale de l’Union des mu-nicipalités du Québec (UMQ) met en application son pland’action pour susciter l’intérêt des femmes pour la politiquemunicipale et les encourager à briguer les suffrages aux élec-tions de novembre.

«C’est important de rappeler auxélus de penser à des femmes quipourraient souhaiter se présentercomme candidates»

F L O R E N C E S A R A G . F E R R A R I S

«L es villes évoluent aurythme du monde, c’est-à-

dire très vite », lance FlorenceJunca-Adenot, professeure associée au Dépar tementd’études urbaines et touris-tiques à l’Université du Québecà Montréal et membre du co-mité d’experts qui a participé àla rédaction du Livre blanc mu-nicipal. L’avenir a lieu.

Pour celle qui estégalement directricedu Forum URBA 2015— une plateforme deréflexion sur les villesactive depuis la fin del’année 2004 —, les dé-fis qui attendent lesmunicipalités dans lesprochaines annéessont nombreux. « Levieillissement de la population,la désuétude des infrastructures,les nouvelles exigences du déve-loppement durable et le multi-culturalisme sont autant dechangements qui frappent lesmunicipalités [du XXIe siècle],explique-t-elle. Elles les subis-sent, mais elles ne peuvent pasrester les bras croisés. Elles doi-vent agir !»

D’où la nécessité de réflé-chir sur les façons de le faireet de proposer des solutionsconcrètes. « Ces modificationssont liées, elles s’influencent eten entraînent d’autres. Ellesont un impact sur chacun desaspects qui définissent la ville. »Elle cite l’exemple du vieillis-sement de l a popu la t ion .« [Cette transformation démo-graphique] change les besoinsen matière de logement, det r a n s p o r t , d e s y s t è m e d esanté, etc. Cela joue aussi surles capacités de suppor ter lescoûts de la ville. »

Via le livre blanc, adopté àl’unanimité par les municipali-tés québécoises, l’UMQ veutégalement redéfinir les rôles etresponsabilités des villes à uneépoque où elles occupent uneplace de plus en plus impor-tante. « L’idée du livre blanc,c’était d’avoir une vision renou-velée des rôles conférés aux mu-nicipalités par l’État », spécifieFlorence Junca-Adenot. Elleajoute que ces derniers suivent

le mouvement et chan-gent tout autant queles str uctures desvilles. « On n’a qu’àpenser à l’immigration,qui, initialement, de-vrait être prise encharge par le fédéral etle provincial. Concrète-ment, les besoins desnouveaux arrivants semanifestent à l’échelle

des villes [au chapitre des ser-vices, par exemple]. » Danscette optique, le pacte financierqui lie les municipalités à l’Étatdoit également être mis à jour.«Il faut rendre les villes autosuf-fisantes, et ça passe par une cer-taine autonomie financière.»

Montréal, ville idéale?Quand on se compare, on se

console. Ainsi, tant au momentd’élaborer le livre blanc qu’ausein des comités de réflexionque soutient le Forum URBA2015, les spécialistes ont étéamenés à se questionner sur cequi se fait déjà. Et si la capitalesuédoise, Stockholm, est sou-vent citée en exemple, de nom-breuses initiatives bien de cheznous placent la métropole qué-bécoise à l’avant-garde. «On asouvent tendance à critiquerMontréal, admet la professeure.Pourtant, grâce au métro et auxinitiatives de quartiers, on nes’en sort pas trop mal.»

Selon Florence Junca-Ade-not, la clé réside dans le faitque la ville est restée compacte,malgré une tendance à l’étale-ment qui s’observe un peu par-tout depuis la démocratisationde l’automobile dans les an-nées 1950. « Contrairement àplusieurs villes en Amérique duNord, Montréal n’a pas tué soncentre-ville [au profit] de sesbanlieues tentaculaires.»

C’est dans cette optique qu’aété conçu le Plan métropoli-tain d’aménagement et de dé-veloppement. Son but est derestructurer les quartiers dela grande région de Montréalautour des transports en com-mun, à l’image de ce qui faitdans les arrondissements ducentre. « Hochelaga-Maison-neuve est un bon exemple dequar tier montréalais qui se

prend peu à peu en main » ,note la spécialiste, qui évoque,entre autres, le réaménage-ment de la place Valois en2011. Située à l’angle nord-estde la rue Ontario et de l’ave-nue Valois, cette place pu-blique contribue à réhabilitertranquillement la « rue princi-pale» du quartier.

En périphérie de l’île, l’undes meilleurs exemples est laville de Sainte-Thérèse, avanceFlorence Junca-Adenot. De-puis 2000, le conseil municipala entrepris de revitaliser lecentre-ville de cette banlieuede la couronne nord en met-tant fin à la délivrance de per-mis de construction pour desbungalows. Couplée au rachatdes terrains autour de la gareet des entreprises en voie defermeture, cette initiative fait

de la ville, un peu moins de 15ans plus tard, un modèle.« Lorsqu’un quar tier [ou uneville] se redéveloppe et que çafonctionne, il devient un exem-ple que l’on peut appliquer ail-leurs, s’enthousiasme la profes-seure en urbanisme. Idéale-ment, ça peut donner envie àd’autres de faire pareil. »

Les prémisses de Charbonneau

La dernière année a été plu-tôt sombre pour les municipali-tés avec les révélations de lacommission Charbonneau etles nombreuses démissions ausein des conseils municipaux.Or, selon la spécialiste, leschangements qui commencentà s’opérer à la suite de ces évé-nements ne sont pas en porte-à-faux avec les travaux entre-

pris par son équipe du ForumURBA 2015, qui s’est, entre au-tres, penchée sur les pro-blèmes de gouvernance dansles villes. Pas plus qu’avec lesconclusions du livre blanc.

«Cela s’inscrit dans la mêmemouvance, précise FlorenceJunca-Adenot. Ce que fait lacommission d’enquête, c’est met-tre de l’avant le fait qu’il fautréintroduire maintenant uncode d’éthique dans les méca-nismes de gestion. Les change-ments de fond dans la gouver-nance sont au cœur des débatssur les villes depuis un momentdéjà, et ce, par tout dans lemonde. La dif férence, c’estqu’avec la commission, on accé-lère le processus. »

CollaboratriceLe Devoir

Rebâtir la ville sur ses fondations. C’est à cette conclusionque les membres du comité d’experts travaillant sur le livreblanc sur l’avenir des municipalités sont arrivés. Ce dernier,rendu public en novembre dernier par l’Union des municipali-tés du Québec (UMQ), se veut un outil pour les élus afin defaire face aux nouveaux besoins des agglomérations urbaines.

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Un gage de compétence etde transparence en urbanisme

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JACQUES GRENIER LE DEVOIR

Le réaménagement de la Place Valois, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve à Montréal, contribue depuis 2011 à réhabiliter la « rueprincipale» du quartier. Voilà un bon exemple d’aménagement et de développement urbain, selon Florence Junca-Adenot.

FlorenceJunca-Adenot

Page 6: MUNICIPALITES - Le Devoir...MUNICIPALIT S I 2 LE DEVOIR, LES SAMEDI 4 ET DIMANCHE 5 MAI 2013 ÇLÕavenir a un lieuÈ. Voil les mots qui coif-fent le Livre blanc municipal d voil en

VOUS DITES QU’IL FAUT QUE

ÇA CHANGE, NOUS AUSSI.