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Modes d'invention du mode de production
Les analyses qui suivent tentent de présenter des schémas globaux
d’explication des modes de la modernisation politique, faisant passer la terre enquelques siècles de situations politiques vécues au niveau local ou régional à une
gestion planétaire, sur le plan économique et politique, sous les coups d’une
croissance démographique sans précédent et d’une révolution industrielle
produisant des biens en nombre inimaginable auparavant.
Moore et la modernisation économique
Barrington Moore cherche les Origines de la dictature et de la démocratie et
analyse les Etats qui vont devenir les premiers Etats modernes, unifiésterritorialement entre le XVIème et le XVIIème siècle. Globalement, il y a une série
d'unifications territoriales sous deux formes différentes. D'une part, un absolutisme
royal et, d'autre part, une bureaucratie agraire (Inde, Chine). Cette unification
territoriale apparaît comme une condition de départ pour pouvoir faire fonctionner
un Etat moderne. En quelques siècles, on va assister à une modernisation du
système. Au point de départ de cette évolution se trouve un événement initial précis
et isolable qui remonte aux origines pré-industrielles du capitalisme : le passage
d'une économie agraire traditionnelle à une économie agro-commerciale ouvrant la
voie au capitalisme industriel. La commercialisation du surplus de produits
disponible est rendue possible par la révolution agricole qui s'ébauche dès le XVIIème
siècle en Hollande et qui s'épanouit en Angleterre au siècle suivant. Les régimes
parlementaires peuvent se mettre en place sur les territoires où une élite nouvelle,
alliée éventuellement à des fractions d'élites anciennes, se constitue une base
économique qui la rend indépendante de l'Etat et lui permet à terme de lui disputer
le pouvoir. La dépendance de ces élites par rapport à l'Etat entraîne, à l'inverse,
l'autoritarisme occidental.
Barrington Moore considère qu'il y a trois voies de modernisation. La voie
démocratique est suivie en France, en Angleterre et aux U.S.A.. La voie fasciste, elle,
se constitue en Italie, en Allemagne et au Japon et la voie communiste se retrouve
principalement en Chine et en U.R.S.S..
La voie démocratique
La voie démocratique se caractérise par le fait que la révolution politique
repose sur un groupe social, la bourgeoisie, qui a une base économique indépendantede l'ancien système de fonctionnement : le système agraire de production
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économique, est révolutionné par un groupe social qui développe un autre mode de
production. Ce groupe social monte à l'assaut des anciennes structures par une
révolution violente dont la dynamique vient en grande partie, du commerce et des
manufactures. En Angleterre, c'est l'époque de Cromwell et de la guerre civile; en
France, c'est la révolution française; et aux USA, c'est la guerre d'indépendance
contre l'Etat colonial, et non la guerre de sécession que Barrington Moore appelle
l'écrasement par les classes industrielles du Nord de la classe esclavagiste du Sud qui
n’est pas une aristocratie agraire puisque son rapport avec la classe inférieure n’est
pas du type féodal.
En Angleterre, il y a une aristocratie agraire qui, au XVème et XVIème siècles,
écrase la paysannerie par le biais de la technique des enclosures , technique qui
consiste à fermer les champs qui étaient auparavant des pâtures communes, à mettresur ces terres des moutons qui vont directement rapporter de l'argent aux seigneurs.
Ceux-ci liquident socialement la paysannerie qui vivait sur ces terres. Le pouvoir
royal a perdu sa puissance et son prestige dans la Guerre des Deux Roses et n’a pas
pu empêcher cette autonomisation de l’aristocratie qui se marquera par la révolution
anglaise et le Bill of Rights. L'aristocratie agraire devenant par là même une
aristocratie commerciale ( puisqu'elle a des moutons, elle va les vendre et en vendre
la laine ) va intégrer les moeurs de la bourgeoisie et va, dans le courant du XVIIème
siècle, être à la base de la révolution industrielle qui commencera, comme tout le
monde le sait, dans le secteur textile.
Ce n'est pas le même processus en France où le schéma de Moore montre
une aristocratie agraire qui sera écrasée par une alliance entre la bourgeoisie et la
paysannerie, alliance où la bourgeoisie domine. Le pouvoir d’Etat a réussi à bloquer
toute tentative centrifuge de l’aristocratie par l’écrasement de la Ligue puis de la
Fronde et la publication des édits de dérogeance qui coinçaient l’aristocratie dans le
rôle de faire-valoir de l’appareil d’Etat royal, sans indépendance économique, et
surveillée à la Cour. La bourgeoisie, privée de pouvoir politique utilisera la colèredes paysans victimes de la réaction nobiliaire, pour que le Tiers-Etat, incarnant la
légitimité nationale, prenne finalement le pouvoir.
Aux Etats-Unis, il n'y a jamais eu de paysannerie au sens traditionnel du
terme c'est-à-dire dans un rapport de dépendance économique et politique à
l'aristocratie agraire. La lutte qui se passe aux Etats-Unis oppose une bourgeoisie à
un ordre étatique lointain, sans intervention d'une aristocratie locale, puis, presque
un siècle plus tard, une logique industrielle du Nord contre une logique agraire du
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Sud. Dans la mesure où il y aurait eu une aristocratie agraire aux Etats-Unis, elle
aurait été constituée par les grands cotonniers blancs du Sud.
La voie fasciste
La voie fasciste, elle, se caractérise par le fait que l'aristocratie agraire n'a
jamais perdu son pouvoir. Ce qui s'est passé, c'est que la bourgeoisie n'a pas su
développer les instruments d'indépendance économique et dès le moment où la
décision de rentrer dans le système capitaliste industriel a été prise par l'Etat, suite à
la pression extérieure des Etats concurrents , la modernisation a été assumée par
l'Etat et par ses relais directs c'est-à-dire l'aristocratie agraire qui s'est, en quelque
sorte, adjointe une partie de la bourgeoisie. Mais, la bourgeoisie n'a pas agi de façon
indépendante .
Le fascisme est appelé aussi la révolution par " en haut " ou voie capitaliste
réactionnaire car il y a bien une révolution industrielle et une révolution
parlementaire. Il ne faut pas oublier que c'est Bismarck, en Allemagne, qui amène un
régime semi-parlementaire (il y a des élections, il y a suffrage universel même si,
jusqu'en octobre 1918 (!), l'Exécutif n'est pas responsable devant le Législatif...).Le
terme de révolution veut simplement dire changement total et brusque, un
renversement dans la logique d'un système. Dans ce cas, l'aristocratie agraire, aux
leviers de commande de l'appareil d'Etat, décide de modifier la structure économiqueet politique du pays afin de rester au pouvoir dans un pays confronté à la
modernisation des pays voisins. L'alliance du Seigle et du Fer, de la Prusse et de la
Ruhr, en Allemagne; du Piémont et du Mezzogiorno, en Italie, montrent que la
noblesse a pu s’adjoindre une bourgeoisie industrielle pour faire fonctionner l’Etat.
La voie communiste
Dans la voie communiste, le système traditionnel apparaît comme bloqué par
les grandes bureaucraties agraires qui ont pu empêcher l’apparition d’élites urbaines.C'est une révolution paysanne faite dans les deux cas contre un appareil qui était
bureaucratique depuis très longtemps et la paysannerie se révolte contre ce système
mais se fait berner dans cette révolution qu'on lui enlève.
Pour Barrington Moore, le processus de la voie communiste est le suivant.
Les bureaucraties agraires contrôlent le système, lui permettent de fonctionner mais,
par leur fonctionnement même, empêchent toute évolution des agents commerciaux
et industriels. Il n'y a pas d'extension possible du rôle des agents commerciaux dans
ces structures. Donc, sur le plan économique, il n'y a pas d'échanges, pas de marchés.
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Il y a une paysannerie très nombreuse contrôlée par une bureaucratie agraire. Celle-
ci bloque toutes les possibilités d'évolution et donc il faut monter à l'assaut de ces
appareils pour pouvoir changer le système. Les classe urbaines sont trop faibles pour
s'associer même à titre auxiliaire à la modernisation, bien qu'elles s'y soient essayées.
Mais c'est impossible, le système ne bouge pas. La faiblesse de l'élan de
modernisation a laissé subsister une classe paysanne extrêmement nombreuse. La
paysannerie, devient le principal agent de la révolution. Elle renverse l'ordre ancien
et jette ces pays dans le monde moderne, sous une direction communiste qui la brime
ensuite. La paysannerie, dans cette voie, plus encore que dans les autres, sera la
grande victime des exigences du monde moderne.
Tout ceci, c'était le schéma classique. Barrington Moore dit qu'il y a une
quatrième voie. C'est celle utilisée en Inde. Il n'y a pas, comme chez les autres,d'élimination de la paysannerie. Ce qui est frappant en Inde, c'est qu'il y a un régime
parlementaire. Elle voit,par trois fois depuis l'indépendance, le parti du Congrès
largement dominant la plupart du temps, minorisé et qui accepte un moment cette
minorisation. Ce qui est inimaginable dans beaucoup d'autres pays.
"(...)[L'Inde] appartient politiquement au monde moderne. A la mort de Nerhu en
1964, la démocratie était en selle depuis dix-sept ans. Si elle était imparfaite, ellen'était pas de façade. Il y avait un régime parlementaire depuis l'Indépendance en
1947, un pouvoir judiciaire indépendant, et les libertés fondamentales : élections
générales libres à la suite desquelles le parti au pouvoir avait accepté sa défaite dansune grande partie du pays; primat du civil sur le militaire; un chef d'état qui usait très
peu des larges pouvoirs dont il était théoriquement investi." 1
Nous avons donc maintenant une idée globale du schéma de Barrington
Moore. Celui-ci définit le concept de démocratie assez simplement autour de trois
thèmes. D'une part, le principe que l'on peut barrer la route à l'arbitraire du pouvoir.
Deuxièmement, on peut remplacer les pouvoirs arbitraires par des pouvoirs justes et
rationnels et troisièmement, on peut faire participer le peuple à la mise en place du
pouvoir. Nous avons vu que l’évolution historique est déterminée, pour lui, par lastructure de classe de chaque société qui donne à l’Etat sa forme et qu’à l’`échelle de
la longue durée, les affrontements de ces classes expliquent les voies prises par la
modernisation politique.
Skocpol, les classes, l'Etat et l'extérieur
Comme Barrington Moore, Theda Skocpol propose une analyse de sociologie
historique comparative afin de dégager une explication nouvelle aux transformations
1 MOORE, Barrington, Les origines sociales de la dictature et de la démocratie , Paris, La Découverte, 1983,
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profondes de quelques Etats modernes dans le courant des derniers siècles. Les
révolutions sociales ont engendré des nations dont la puissance et l'autonomie sont
devenues nettement supérieures à celles qu’elles détenaient auparavant ou à celle de
pays comparables. Leur portée a été telle que, surtout quand elles avaient
transformé des sociétés vastes, géopolitiquement importantes et représentant de
grandes puissances réelles ou potentielles, elles ont forgé des modèles et des idéaux
dont le retentissement fut immense sur la scène internationale, non seulement par
l’inspiration qu’elles ont apportée à ceux qui ont voulu les imiter, mais aussi à ceux
qui combattaient leurs idéaux et se voyaient contraints de relever les défis ou de faire
face aux menaces provoquées par l’apparition d’une nouvelle puissance nationale.
Ces révolutions sociales s’insèrent dans le cadre de la « Grande Transformation »,
soit le développement à l’échelle mondiale du commerce et de l’industrie, la
naissance des Etats-Nations et l’extension à tout le globe du système d’Etatseuropéens qui a provoqué des convulsions politiques et des bouleversements
socio-économiques. Le processus propre de ces révolutions sociales se caractérise
par une transformation rapide et fondamentale des structures étatiques et de classes
d’une société s’accompagnant et s’accomplissant en partie d’en bas par des révoltes
de classes. La définition de Skocpol de la révolution sociale intègre le facteur de
réussite des changements socio-politiques, donc la réelle transformation des
structures de l’Etat et de classes.
Les révolutions sociales ne peuvent s’appréhender, d’après elle, que dans
une perspective structurale et non volontariste de leurs causes et processus. Elle
considère que la vision volontariste de développement des révolutions suggère que
l’ordre social repose, fondamentalement ou conditionnellement, sur un consensus de
la majorité ou des classes inférieures sur la satisfaction de leurs besoins, hypothèse
" naïve ", " qui se verrait incontestablement contredite par la survie prolongée de régimes
aussi effrontément répressifs et non légitimés que celui de l'Afrique du Sud " , dit-elle,2
ajoutant qu’aucune révolution sociale réussie n’a été « faite » par une mobilisation de
masses ouvertement révolutionnaire, mais plutôt à partir de crises politico-militaires
de l’Etat et des classes dominantes. Les acteurs de ces conflits multiples aux
développements complexes que sont les révolutions sont des groupes différemment
situés et motivés, insérés dans des contextes socio-économiques et internationaux
momentanés qui ont façonné et limité ces conflits. Les conflits révolutionnaires ont
vu leur logique évoluer selon les circonstances pour aboutir à de résultats qu'aucun
des groupes intéressés n’avait prévu ni voulu pleinement. Les conditions
d’apparition d’une crise révolutionnaire dans un ancien régime constituent un
2 SKOCPOL, Theda, Etats et révolutions sociales , Fayard, Paris, 1985, 486 pages, p.37.
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ensemble complexe composé d’une part, de rapports institutionnels et de la situation
des différents groupes dans la société, et d’autre part, des relations qu’entretiennent
entre elles les sociétés dans le contexte mondial du développement des structures
internationales. Les réalisations des révolutions modernes sont liées à la fois à leurs
causes internes et à l'inégale diffusion dans le monde du développement économique
capitaliste et de la formation des Etats-Nations.
" Dès l'origine, les relations internationales ont influencé les structures politiques et
de classe, pour promouvoir et façonner des changements similaires ou divergents dans
différents pays. Ce fut certainement vrai pour l'économie, avec l'essor du commerce et
de l'industrie. A mesure que le capitalisme se répandait sur le globe, les mouvements
transnationaux du commerce et des capitaux ont touché tous les pays - mais
inégalement et souvent de façon différente. Les premières percées de l'Angleterre dansl’agriculture et l'industrie capitalistes tenaient en partie à sa forte position sur les
marchés internationaux dès le XVII e siècle. L industrialisation qui devait s’épanouirdans d’autres pays au XIX e siècle fut en partie forgée - et de manière diverse - par les
mouvements internationaux de biens, d’hommes et de capitaux, ainsi que par les efforts
de chacun des Etats-Nations en vue de les influencer. " 3
Une autre structure transnationale, le système international d'Etats rivaux
intervient : aucun Etat impérial n'a contrôlé, depuis 1450 l’ensemble du continent
européen et de ses conquêtes d’outre-mer. Les échanges dépassaient les frontières
étatiques et l'accroissement de richesses produites par l’expansion géographique et le
développement du capitalisme ne fut donc jamais détournée vers le maintien d'unesuperstructure impériale encombrante couvrant tout un continent, à l’inverse de la
situation qui prévalut à Rome et en Chine. La concurrence entre Etats caractérise
l'évolution de l'économie mondiale européenne.
Les menaces que l'ensemble du système faisait peser sur chaque Etat
expliquent la nécessité de recrutement et de conscription, d'imposition et le besoin de
modernisation technologique des Etats. Cette concurrence jeta les Etats européens
hors du continent, à la recherche d'avantages comparatifs, ce qui encouragea la
diffusion de la « civilisation » occidentale. Après le partage du Nouveau Monde et
de l'Asie, ce fut le tour de l’Afrique à être démembrée. Les rapports de force issus
des mutations économiques et géopolitiques de la seconde guerre mondiale
décomposèrent la colonisation et permit aux Etats nouvellement indépendants de
rejoindre le système des Etats. Skocpol considère que les Etats-Nations sont des
" organisations propres à maintenir le contrôle sur les territoires et sur leurs populations et à
relever le défi d’une concurrence militaire réelle ou potentielle face aux autres Etats dans le
3 Ibidem, p.42.
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système international " 4. Elle refuse la vision réductionniste d’Immanuel Wallerstein
qui limite les visées de l'Etat à l'économique, à l'intérieur au profit de la classe
dominante et à l’extérieur à l’encontre des autres Etats. Pour elle, l'Etat constitue une
réalité interdépendante du capitalisme mondial dans sa structure et sa dynamique,
mais non réductible à celui-ci : l'efficacité administrative, la capacité de mobilisation
des masses, l'emplacement géographique sont des facteurs pertinents. Le sociologue
doit donc tenir compte de l'existence de trajectoires nationales de développement, à
l'intérieur d’un contexte de structures transnationales, économiques et militaires en
mutation. Les révolutions sociales sont liées à des déséquilibres économiques
internes et à des circonstances du système international d'Etats.
L'Etat, constitué essentiellement d’organes administratifs et coercitifs qu’il
crée et entretient, extrait les ressources nécessaires à leur fonctionnement et se trouvede ce fait en contact avec les intérêts socio-économiques de la société dans laquelle il
s’insère, mais l'Etat est potentiellement autonome par rapport au contrôle direct de la
classe dominante. La compétition entre l'Etat et la classe dominante existe au sujet
du problème de l'allocation des ressources de l'économie et de la société, où
l’autonomisation de l’Etat peut menacer les intérêts de la classe dominante ; en
fonction de la situation internationale, il peut être amené à faire des concessions à la
classe dominée aux dépens de la classe dominante.
" Mais le marxisme classique n'a pas prévu ni suffisamment expliqué l'autonomie du pouvoir de l'Etat. Celui-ci agit comme un appareil administratif et répressif, imbriqué
dans un système international et militaire d'Etats. " 5
Le contexte géopolitique peut limiter l'aptitude d’un Etat ou le pousser à des
aventures militaires ou sociales, éventuellement à l’encontre des intérêts
socio-économiques dominants. Elle qualifie son approche d'organisationnelle et de
réaliste, situant l'Etat au carrefour de sa société et des Etats concurrents.
Les conditions des révolutions sociales
La France, la Russie et la Chine avaient en commun, avant leur révolution
sociale, d’être des Etats agraires, riches, politiquement ambitieux, libres de toute
domination coloniale présente ou passée, autocraties protobureaucratiques,
brusquement confrontées à des rivaux militaires plus développés économiquement.
Chaque fois, les circonstances internes et externes se sont combinées pour provoquer
les triples conditions d’une révolution sociale, à savoir :
4 Ibidem, p.44.5 Ibidem, p.373 .
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" 1. La défaillance des appareils étatiques centraux des anciens régimes;
2. De vastes révoltes des classes inférieures et tout particulièrement des paysans;
3. Des tentatives de la part des dirigeants politiques reconnus par les masses
mobilisées de consolider un pouvoir d’Etat révolutionnaire. " 6
L'intégration des masses dans un Etat-Nation centralisé, bureaucratique etdisposant sur la scène internationale d'un pouvoir potentiel de grande puissance s’en
est suivi, au détriment des privilèges de l’aristocratie terrienne, mais permettant un
potentiel de développement nouveau.
A la veille de la révolution de 1789, la France est dirigée par un Etat
autocratique, monarchie absolue dont l'administration centralisée
semi-bureaucratique se trouve aux prises, internationalement avec des défaites
militaires humiliantes et une banqueroute royale. Contrairement à la Hollande et à
l'Angleterre qui, du XVIe au XVIIIe siècle, ont connu une révolution de leur
productivité agricole : culture du fourrage et des racines alimentaires, constitution de
troupeaux de bétail et fertilisation accrue des terres qui n’ont plus besoin d’être
laissées en friche ; la France , en raison des petites tenures cultivées, des coutumes
communales, des droits seigneuriaux, de la taille du pays et de la pénurie de moyens
peu coûteux de transport intérieur de biens, ne réussit pas sa révolution agricole.
L'industrie française s'en trouve bloquée.
La classe dominante en France s'approprie les surplus de l'agriculturepaysanne par des moyens coercitifs institutionnalisés, suivant un mélange de rentes,
d'offices vénaux, de biens immobiliers et de droits seigneuriaux. Les petits paysans
parcellaires détiennent 30 à 40 % des terres, en travaillant plus de 80 %. La propriété
individuelle est reconnue, mais la communauté paysanne s'oppose aux seigneurs qui
collectent des redevances. Les villages se trouvent relativement autonomes sous la
surveillance des agents royaux.
La « géographie amphibie » de la France l'oblige à entretenir une puissante
armée maritime et une puissante armée continentale, devant faire face et à
l'Angleterre et aux forces terrestres des voisins et la France essuie des défaites
importantes lors de la guerre de Sept Ans. Le système fiscal français souffre
d'exceptions au profit d’innombrables élites, l'empêchant d'atteindre l'efficacité du
système anglais. Les parlements, cooptés se sont plusieurs fois opposés aux
tentatives ministérielles de réformer le système fiscal, avec un large appui, et
demandent la convocation des Etats Généraux en 1788.
6 Ibidem, p.70.
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La classe dominante souhaite qu'un organisme représentatif conseille le roi et
donne son consentement à tout nouvel impôt. La résistance s'étend, de toutes les
couches sociales, dirigées par les riches privilégiés, tandis que les officiers répugnent
à écraser la résistance, ce qui accroît les clivages politiques et sociaux.
La Chine des Mandchous peut se diviser en deux mondes : - une économie
agraire et un société de villages enserrés dans des réseaux commerciaux locaux; - une
fonction publique impériale, recrutant et plaçant des lettrés promus par un système
d'examens compliqués ; l'interpénétration de ces deux mondes est assurée par la
gentry chinoise, classe dominante dont le pouvoir est tant politique et culturel
qu'économique, de propriété foncière et d'usure. La Chine connaît déjà une
extension notable du commerce local. Les paysans détiennent plus de 50 % des terres
et travaillent pratiquement toute la terre sur de petites parcelles et paient des rentes àla gentry. La collectivité marchande moyenne comprend douze à dix-huit villages.
La dynastie mandchoue constitue le pivot d'une structure administrative
centralisée et semi-bureaucratique. Les fonctionnaires impériaux constituent un
corps d'élite, affecté loin de son lieu de naissance, suivant la « règle de l'évitement ».
La gentry , coopérant avec les fonctionnaires impériaux, dépend du soutien
administratif et militaire de l'Etat et des possibilités d'emploi qu'il lui offre et cette
classe dominante locale sert d'appui à la dynastie régnante pour étendre le contrôle
sur l'immense espace agraire chinois.
Au XIXe siècle, les intrusions étrangères des nations industrielles
impérialistes se conjuguent avec une évolution interne qui déséquilibre le système et
désarçonnent le pouvoir. Après l’« impérialisme de libre-échange » britannique, la
colonisation des anciennes zones tributaires rogne les ailes de l'empire. A ce
moment, l'économie traditionnelle atteint les limites de ses possibilités d’expansion,
compte tenu de la démographie, sans ouvrir la voie à l’industrialisation et la collecte
des impôts stagne.
De 1901 à 1911, une série de mesures tendant à moderniser le pays sont
prises, sur le plan scolaire, militaire, budgétaire, administratif, politique, mais ces
réformes exacerbent les tensions entre la gentry et l’autocratie mandchoue.
L’Etat tsariste avait construit sa puissance sur une armée permanente,
fournie par des manufactures d’Etat et financées par des impôts perçus par des
fonctionnaires permanents. Depuis sa défaite en Crimée, le pouvoir provoque une
séries de réformes par le haut afin de pouvoir faire face à la concurrence des Etatsrivaux.
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L'émancipation des serfs, malgré l’opposition des nobles propriétaires
fonciers qui pourtant en avaient « hypothéqué » 66 % auprès d’institutions publiques
de crédit, marque la faiblesse de ceux-ci. Les familles anoblies par les tsars avaient
reçu des possessions, mais dispersées sur différentes régions de l’empire, de façon à
casser la formation de solidarités locales ou régionales entre les nobles qui avaient
donc toujours besoin d’emplois d’Etat pour atteindre un niveau de vie convenable.
La répartition des anciennes terres aux serfs émancipés fut cependant confiée à la
noblesse qui en profitera pour maximiser ses intérêts propres au détriment de la
paysannerie. Les paysans finissent par détenir plus de 60 % des terres, en louent
davantage, contrôlent le processus de production sur de petites parcelles, paient des
rentes et des indemnités. La communauté villageoise forte, fondée sur la propriété
collective, se trouve sous le contrôle de la bureaucratie tsariste.
L'industrialisation fut guidée par l'Etat mais ne suffit pas à rattraper le retard
économique par rapport à l'occident et engendra une formidable puissance
populaire capable d'affronter tant l'Etat impérial que les capitaines d’industrie
capitalistes. L'unification et la rapide industrialisation allemande ébranlèrent la
diplomatie européenne et menacèrent la Russie en assombrissant ses visées
balkaniques. La guerre russo-japonaise de 1905 dégarnit la répression interne, et les
tensions sociales s'ajoutèrent aux désillusions des classes supérieures si bien que la
Tsar promit, par le Manifeste d'Octobre, de faire don des libertés civiques et de
convoquer une douma législative sur base d’un suffrage élargi, promesse qu’il reniera
avec le retour des troupes chargées de réprimer grèves et révoltes. La guerre de 1914
mettra encore plus en évidence les lacunes du système économique et militaire russe.
Les dirigeants des organisations représentatives bénévoles nées pour les besoins de
la guerre et du soulagement des soldats malades et blessés, les membres des doumas ,
les ministres et bureaucrates de l’autocratie, nouent des rapports étroits. Les émeutes
de la faim de mars 1917, transformées en insurrection pour l’abolition du tsarisme,
bénéficient de l’assentiment initial des couches privilégiées et du commandement
suprême de l’armée au front, mais la coordination par le haut des rebelles s'avère
impossible et la désorganisation s’installe pendant que les soviets et autres organes
populaires se disputent le contrôle de l’administration et de ses fonctions.
Au Japon, la restauration Meiji en 1868-1873 fait suite à la menace qui pèse
sur la souveraineté de l’Etat de la part des puissances occidentales en voie
d’industrialisation qui forcent l’ouverture des ports nippons aux émissaires et aux
commerçants étrangers. Le coup d'Etat de 1868 est dirigé par des nobles venus pour
la plupart de han éloignés et moins privilégiés ; ils agissent au centre du pouvoir etremplacent à la tête de l'Etat le shôgun Tokugawa par l’empereur. Les statuts et
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privilèges aristocratiques sont abolis pour réaliser l’égalité formelle de tous les
citoyens, puis des organes d’Etat moderne impulseront un processus
d’industrialisation par le haut. Le Japon n’avait pas de véritable classe supérieure
foncière, situation issue de la dissociation presque totale entre la richesse
économique privée et le pouvoir administratif du shôgun , qui interdit le port d’armes
et l’accès au pouvoir extra-local administratif et militaire réservé aux samouraï . C'est
une couche gouvernante bureaucratique existante qui lance la Restauration. Les
menaces étrangères ont donc introduit la nécessité d’une centralisation de l’Etat qui
provoquera l’industrialisation qui facilitera la victoire militaire tant contre la Chine
que contre la Russie. Les communautés agraires étaient dominées par des paysans
riches et de forts contrôles s’exerçaient sur les communautés locales.
Le mouvement prussien des Réformes ( 1807-1814 ) fait suite aux défaitesprussiennes face à Napoléon et aux nécessités d’équilibre entre la France et la Russie
après 1806. Il supprime le monopole royal du contrôle militaire direct, personnel et
dictatorial par un système de gouvernement plus souple et professionnalisé qui
abolit le système des castes qui ouvraient le monopole à la propriété foncière et à
l’appropriation par occupation des domaines, supprime les incapacités juridiques
liées au système du servage et institue la conscription universelle. La Prusse dispose
d’une classe foncière supérieure, les Junkers , dont beaucoup de membres sont cadres
dans l’armée et dans l’administration civile ; leur participation au contrôle politique
local se fait sous forme d’un agrégat d’individus disciplinés et manipulables par les
appareils administratifs et militaires. La discipline militaire prussienne a donné
naissance à un appareil administratif strict dans lequel les fonctionnaires n’ont pas la
sécurité de l’emploi. Après l’abolition du servage, les Junkers vont s’organiser sur de
grands domaines pour commercialiser les produits de l’agriculture, en adoptant des
techniques innovatrices qui requièrent un travail salarié « libre ». A l'Ouest de l'Elbe,
la structure de classe agraire est semblable à la France.
La Révolution anglaise s’étend de la convocation du Long Parlement en 1640à la Révolution « glorieuse » de 1688-1689. La révolution anglaise n’est pas une
révolution sociale, elle introduit des changements dans les structures politiques du
pays, elle a forcé le roi à ne gouverner qu’avec la confiance et la sanction du
Parlement. Le développement économique ultérieur du pays a été favorisé par la
révolution politique, parce qu’elle a scellé le contrôle d’une classe dont de nombreux
membres étaient déjà lancés dans l'agriculture et le commerce capitalistes. La gentry
anglaise n’a pas subi de révoltes paysannes. La libération du servage, au XIVe-XVe
siècle a été utilisée par l’aristocratie agraire, qui détient plus de 70 % des terres, pourdonner des terres à bail aux paysans riches, les yeomen qui vont se distancier des
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paysans pauvres, bipolarisant ainsi la communauté paysanne. Le gouvernement et
la politique locaux est assuré par la gentry foncière des comtés; il n'y a, en quelque
sorte, pas d’Etat bureaucratique.
Les effets des révolutions
Pour les trois pays qui ont connu une révolution sociale, les effets des crises
sociales révolutionnaires peuvent être synthétisés comme suit : rapidement, il
apparaît qu’une stabilisation libérale est impossible, que les classes dominantes sont
vulnérables et que les groupes populaires sont disponibles pour une mobilisation
politique. En France, les phases libérales existèrent, mais de manière instable. Le
cadre organisationnel des armées de ligne royale survécut, tandis que les révoltes
paysannes abolissaient la seigneurie mais ne redistribuaient pas la propriété foncière.
En Russie, il n’y eu pas de phase libérale réelle. Les armées tsaristes furent
complètement désintégrées, tandis que les paysans, après avoir chassé les
propriétaires fonciers, ont redistribué les terres et se replient sur eux-mêmes au
niveau local. En Chine, l’ère des seigneurs de la guerre marque un éclatement en
divisions politiques et militaires. Les paysans se révèlent incapables de se révolter
seuls et la gentry foncière reste puissante au niveau des localités.
L’héritage socio-économique des anciens régimes se marque dans les trois
pays par une société à prédominance agraire et par une présence majoritaire despaysans. En France, l’économie agraire et commerciale est formée d'unités petites et
moyennes. L’industrie n’est pas mécanisée et il n’y a pas de prolétariat industriel.
Des groupes de petits propriétaires dominent l’économie. En Russie, de grandes
entreprises modernes se développent de manière importante, surtout dans l’industrie
lourde et le prolétariat est concentré dans des lieux stratégiques. En Chine,
l'économie agraire et commerciale reste traditionnelle et ne change pratiquement pas,
mis à part quelques enclaves industrielles modernes marginales, surtout dans
l’industrie légère.
Les circonstances internationales et historiques mondiales affrontées par les
révolutions sociales montrent que ces nations sont intensément sujettes aux rivalités
internationales durant et après la révolution. La France s’engagea dans la rivalité
militaire continentale en tant que puissance dominante potentielle. Un contrôle du
développement économique national n’y est pas pensable, faute de modèle
historique qui n’existe pas encore. La Russie reste sur la défensive dans le système
d’Etats européens, de 1917 à la fin de la seconde guerre mondiale. Une
industrialisation façonnée par l’Etat est possible. La Chine fut envahie durant laseconde guerre mondiale, puis fut sur la défensive, vivant dans un monde dominé
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par les superpuissances nucléaires des Etats-Unis et de l’Union des Républiques
Soviétiques Socialistes. L’industrialisation façonnée par l'Etat est possible.
Les processus de construction de l’Etat révolutionnaire se polarisèrent sur la
mobilisation politico-militaire ou soutien populaire dans les guerres contre les rivauxet les contre-révolutionnaires de l’intérieur et les envahisseurs étrangers. En France,
le proto-parti jacobin mobilise des forces populaires urbaines afin de rendre
dynamique l’armée nationale. Sans base durable dans l’industrie ni dans les
campagnes, les Jacobins tombent après les victoires militaires. La consolidation
administrative ne pourra se faire que sous la dictature militaire de Napoléon. En
Russie, le parti bolchévik mobilise le prolétariat industriel, sans posséder de bases
rurales. Devant le vide institutionnel et administratif soudain, le parti reconstruit les
organes de l’Etat en partant de rien, avec des moyens répressifs. Pour survivre parmiles paysans et dans un contexte international hostile, le régime recourt à une
collectivisation forcée et à une industrialisation lourde démesurée. En Chine, après
l’échec d’une consolidation révolutionnaire à partir des villes, le parti communiste
chinois mobilise les paysans dans une guerre de guérilla pour la révolution agraire.
Après 1949, l’Etat-parti contrôle les industries, mais conserve et utilise également de
manière unique une base politique dans les campagnes.
La nature du nouveau régime est chaque fois un Etat plus développé,
centralisé, bureaucratique et incorporateur des masses que sous l’ancien régime.
L’Etat se trouve donc plus autonome dans le pays et face à l’étranger. Les classes
foncières privilégiées disparaissent. En France, l’Etat bureaucratique,
professionnalisé, non contrôlé par un parti promeut la stabilité intérieure de
l’expansion militaire. Dans une société de propriété privée et dans une économie
dominée par le marché, le développement capitaliste est facilité et favorisera les
riches propriétaires. En Russie, un Etat-parti hiérarchique, autoritaire et répressif
développe une économie nationale façonnée par lui, en mettant l’accent sur
l’industrie lourde et sur l’urbanisation rapide. La société se caractérise par de trèsfortes inégalités de statut et de gratifications économiques. En Chine, un Etat-parti
relativement décentralisé et mobilisateur des masses façonne un développement
économique national qui prend en considération l’essor agricole et rural et tente de
stabiliser ou de réduire les inégalités.
A propos de l’interrelation entre la politique intérieure des Etats et la
politique internationale, laissons conclure Theda Skocpol elle-même :
"..Notons d'une part la dynamique compétitive du système d'Etats international. Lescrises révolutionnaires sont nées avec les guerres et les intrusions impérialistes; les
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régimes naissants ont consolidé le pouvoir sous la double menace de luttes intérieures
armées et de défis militaires étrangers. Dans les trois pays, le contexte de rivalité
interétatique donne la prééminence aux dirigeants révolutionnaires désireux et capables de construire des appareils répressifs et administratifs centralisés. Et, pour
les mêmes raisons, leur action jette les bases du pouvoir des agents de l'Etat dans le
nouvel ordre social révolutionnaire." 7 " D'autre part, les révolutions sociales modernes comme la française, la russe ou la
chinoise, se produisent invariablement dans des pays en retard sur les nations
concurrentes plus développées économiquement. " 8
Quant à sa méthode d’analyse qu’elle définit comme structuraliste, ce qui
semble être une manière américaine d’assumer une position proche du matérialisme
historique, elle en présente les caractéristiques principales de cette manière :
"En définitive, la clé de la réussite d'une analyse structuraliste passe par l'examen
attentif des organes de l'Etat et des rapports qu'ils entretiennent à l'extérieur avec leurenvironnement international, à l'intérieur avec les classes et l'économie du pays. Dans
les sociétés périphériques, on verra des facteurs aussi décisifs que la continuité ou
l'effondrement des appareils d'Etat au moment de la décolonisation, le potentiel
répressif et la vulnérabilité internationale des régimes néo-coloniaux, décider du
déclenchement des révolutions ou de leur absence. 9
Elle pense que l’Etat a cependant une autonomie relative par rapport à la
structure économique d’une société, ainsi qu’elle l’a exprimé dans un passage repris
plus haut.
7Ibidem, p.365.8 Ibidem, p.365
9 Ibidem, p.371.